AN15-2005-Tristant - Le delta du Nil avant les pharaons. Entre originalités locales et influences...

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Le delta du Nil dans la prehistoire

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ARCHÉO-NIL 75●n°15 - décembre 2005

Par Yann Tristant, EHESS, Centre d’anthropologie, Toulouse

Fig. 1 • Fouille du cimetière prédynastique de Kôm el-Khilgan

Fig. 3 • Les fouilles du site de Tell el-Samara s’effectuent aupied des maisons d’un village qui s’étend de plus en plus sur lazone arc h é o l o g i q u e

Fig. 2Couteau en silex au nom du roi Den L. 48 cmet palette décoréed é c o u v e rts dans la nécropole deMinshat EzzatH. 35 cm

Q u’il s’ a gisse d’arch é o l ogie gr é co - rom a i n e , ph a ra on i que ou pr é h i s tori qu e , i lf a ut recon n a î tre au delta du Nil un po ten ti el éton n a n t , mais trop lon g tem p ss o u s - e s ti m é . Ces vingt dern i è res années ont marqué une étape import a n tedans la connaissance de l’archéologie de la région, et plus particulièrement des on passé le plus ancien (f i g . 1 et 2) . E lles ont aussi mon tré les dangers qu im en acent les site s , les vivants ra ppelant to u j o u rs plu s , dans un con tex ted é m ogra ph i que alarm a n t , l eur droit à dispo s er de l’espace (f i g . 3) . Au j o u rd ’hu ih a bité par près de 20 mill i ons de pers on n e s , avec des densités de pop u l a ti onp a rfois su p é ri eu res à 1800 habitants au kilom è tre carr é , le delta du Nil est lar é gi on la plus peuplée d’Egypte . A l’heu re où la vi lle dispute to u j o u rs plus deplace à la campagne, le patrimoine archéologique du Nord est menacé de dis-paraître. Et parce que les sites les plus anciens sont aussi les plus fugaces, qu’ilsne marqu ent pas le pays a ge à la manière des temples et des tom beaux plu sr é cen t s , les dern i ers ve s ti ges pr é dy n a s ti ques sont inexora bl em ent reco uvert spar le ti s su urb a i n , n oyés sous la nappe ph r é a ti que (f i g . 4) et rongés par les

Le delta du Nil avant les pharaonsEntre originalités locales et influences étrangères

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rem ontées de sel s . Le co ll oque de To u l o u s e , en septem bre 2005, a été l’occ a-s i on pour de nom breux ch erch eu rs de ra ppel er à qu el point les sites du del t as o u f f rent de cet état de fait et néce s s i tent d’importants proj ets de sauvega rde .Le pr é s ent arti cle se propose de faire le bilan des con n a i s s a n ces acquises su rl’archéologie prépharaonique du delta du Nil et des perspectives de recherchesconcernant les hautes époques.

Un intérêt archéologique très récentAux grands monu m ents de Moyenne et de Ha ute - Egypte , qui ont bénéficiédans la va llée du Nil d’un envi ron n em ent très favora ble à leur con s erva ti on ,on oppose trad i ti on n ell em ent les qu el ques ruines qui pars è m ent en core ledelta égypti en , considérée trop souvent comme une régi on dénuée d’intérêta rch é o l ogi qu e , mais qui ra ppell ent su rto ut à qu el point les inon d a ti ons duNil et les sebakhs ont détruit les établ i s s em ents ancien s . Dès les prem i è re srech erches initiées dans le pays , le delta a souffert de cet te mauvaise réput a-ti on . Po u rt a n t , dès 1777, Ch a rl e s - Ni co l a s - Si gi s bert Sonnini de Ma n on co u rt ,n a tu ra l i s te et corre s pondant du Ca bi n et d'histoi re natu rell e , notait l’éton n a n ted i s po s i ti on de la régi on à fo u rnir des ve s ti ges arch é o l ogi qu e s : « l’on peut j u ger de la ri ch e s se de cet te mine d’anti q u i t é s , re couvertes par une cou che peué pa i s se de terre et de déco m b re s , pu i sq u’un homme, en moins d’une dem i - h eu re ,et sans autre instru m ent que ses mains, dont il gratta le sol au hasard , d é couvri tun morceau pr é ci eu x » (Son n i n i , 1 7 9 9 : 3 9 8 ) . Et si les monu m ents pre s ti gi eu xdu Sud ont attiré dès le 19e s i è cle les plus grands noms de l’égypto l ogi e , l e sp i on n i ers de la discipline se sont aussi essayés à l’arch é o l ogie du del t a . C ’ e s tpar exemple le cas de Je a n - Jacques Ri f a u d , qui voulait retro uver l’Egypte« pa rtout où elle a existé et où elle exi s te en co re » et a établi une liste pr é c i eu s e

Fig. 4Les remontées de la nappephréatiqueinondentrégulièrement les tombeauxprotodynastiquesde Minshat Ezzat

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de tous les kôms qu’il a vi s i t é s , m a i n tenant disparus pour la plu p a rt (Yoyo t te ,1958 : 14) ; d’Auguste Mariette, qui entreprit les premières fouilles d’envergu-re à Ta n i s ; ou de W. M . F. Petri e , qui fit à Tell el - Ya h o u d iyeh , Na u c ra tis ou Tellel-Fara'un ses premières armes sur le sol égyptien. Mais déjà Georges Foucards’insurgeait contre la disparition des sites archéologiques, littéralement rongéspar une agriculture en pleine expansion : « le développement subit de la cultureintensive a littéralement effacé du sol, depuis moins de dix ans, nombre de butteset de coms anci ens (…). J’ai donc renoncé à donner une liste de localités, d é so r-mais inu tiles à expl o rer (…). Il n’y a plus qu’à rayer ces noms de la carte , et ilm’a paru utile de le dire ici en passant » (Foucart, 1898 : 162, n.1 et 164).Cet te situ a ti on n’était pas pour déco u ra ger les plus intr é p i des ch erch eu rs , etdans les années 1920, Paul Bovi er- L a p i erre fut le prem i er à do ter la Ba s s e -Egypte d’un passé pr é h i s tori qu e . In l a s s a ble pro s pecteur (f i g . 5) , il mit en évi-den ce une indu s trie paléolithique (f i g . 6) dans la banlieue du Ca i re (Bovi er-L a p i erre , 1 9 2 5 ; 1926a) et déco uvrit le site néolithique d’el - O m a ri (1926b).Hermann Ju n ker con f i rmait au même mom ent la pr é s en ce d’une com mu-

Fig. 5Eléments defaucilles ramasséspar P. Bovier-Lapierre lors deses prospectionsdans le Fayoum

Fig. 6Abbasieh. Coupede la vallée du Nilau niveaud’Abassieh,schémagéologique de lasablière et bifacetriédrique duPaléolithiqueancien d’après P. Bovier-Lapierre(Alimen H.,Préhistoire del’Afrique, 1955 :fig. 30 et 35)

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nauté néolithique à Mérimdé Béni-Salâmé (Junker, 1929), sur les marges occi-dentales du del t a , tandis que les ch erch eu rs de l’In s ti tut all emand rep é rait dum a t é ri el pr é h i s tori que sur la lisière ori en t a l e , dans le Ouadi Toumilat (Sch o t tet al., 1932). Le Père Bovier-Lapierre (1926c) est aussi l’inventeur de la localitépr é dy n a s ti que de Ma ad i , qui bénéficia des campagnes de fo u i lles menées parl ’ u n iversité du Ca i re (f i g . 7) (Men gh i n , 1 9 3 1 - 1 9 3 4 ; Ri z k a n a , Seh eer, 1 9 8 7 -1 9 9 0 ) . Le matéri el mis au jour, par son ori ginalité qui con trastait tell em en tavec le mobi l i er issu des tom bes de l’aire nagad i en n e , dotait la Ba s s e - Egypted’une culture prédynastique propre (fig. 8). Alors que les archéologues anglaisd é ga ge a i ent du sable de Sa q q a ra les tom beaux des prem i ers rois de l’Egypte( Q u i bell , 1 9 1 3 ; 1 9 2 3 ; E m ery, 1938-1958) et bi en que Pierre Mon tet regret t â tque plus d’ef forts ne soi ent déployés dans le delta lui-même pour évi ter qu e« (…) l ’ E gypte pharaonique amputée de la moitié de son terri to i re co m m en ceaux Pyramides » (Montet, 1942 : 7), la première moitié du 20e siècle avait per-mis aux scientifiques de démontrer que le delta du Nil avait été occupé depuisles époques les plus lointaines de la pr é h i s toi re et qu’il po uvait ju s ti f i er à ceti tre d’un intérêt parti c u l i er dans la com pr é h en s i on des époques de form a-tion : « il faut même aller plus loin, et se demander si tout ce que l’on sait de l’his-to i re et de la rel i gion pri m i tive de l’Egypte peut s’ expl i q u er dans l’hypot h è sed’une civilisation qui se serait développée exclusivement en Haute Egypte, un peucomme dans un vase clos. Pour notre part, nous ne le croyons pas. Le Delta a cer-tainement joué un rôle important dans les origines de l’Egypte, et il semble qu’ond o ive admet tre , j u sq u’à preuve du co n tra i re , que certaines te chniques ont pun a î tre dans le No rd antéri eu rem ent aux civi l i s a tions évoluées de Ha u te Egypte »(Vandier, 1952 : 182).Les années d’apr è s - g u erre vi rent dans le delta comme parto ut aill eu rs enEgypte une ef ferve s cen ce ori ginale animer une jeune généra ti on d’égyptologues.Tandis que Labib Ha b achi ex humait les ve s ti ges ph a ra on i ques de Sa ï s ,

Fig. 7Mustafa Amer etOswald Menghindurant la premièrecampagne defouille à Maadi(d’après Rizkana,Seeher, 1989: pl. VII, fig. 1)

Fig. 8Céramiques detradition Basse-

Egypte provenantdu cimetière de

Ouadi Digla, prèsde Maadi (d’aprèsRizkana, Seeher,1990 : pl. XXVI)

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Herm opolis ou Qanti r, Zaki Yo u s s ef Sa ad retro uvait les centaines de sépultu re sde la 1è re et 2e dy n a s ties du cimeti è re d’Hélouan (Sa ad , 1 9 6 9 ) . A la fin de sannées 1960, dans le delta ori en t a l , une roc a m bo l e s que en qu ê te po l i c i è re perm i tde démantel er un trafic d’anti quités pr é dy n a s ti ques reven dues aux mu s é e seu rop é ens et de déco uvrir des sites aussi importants que celui Minshat Abo uOmar (Müll er, 1 9 6 6 ) , fo u i llé en su i te par une équ i pe mu n i ch oise (f i g . 9) sousla directi on de Di etri ch Wi l dung et Ka rla Kroeper (Kroeper, Wi l du n g,1985-2000). L’attention de la communauté scientifique portée à laconstruction du Haut Barrage d’Assouan et aux projets des a uvega rde des monu m ents de Nu bie ne dimi-nu a i ent pas pour autant le dy n a m i s m ea rch é o l ogi que du del t a , avec lesfo u i lles menées par Ma n f red Bi et a kà Tell el - D a b’ a , celles de Mo h a m m edBakr à Bu b a s tis ou de l’équ i pe améri-caine de Men d è s . Les rech erches pr é dy-n a s ti ques con nu rent dans les deux der-n i è res décennies du 20e s i è cle un élanen core inédit. Sous la directi on de Th om a svon der Way puis de Dina Fa l ti n gs (von derWay, 1 9 9 3 ; 1 9 9 7 ; K ö h l er, 1 9 9 8 ) , l ’ é tu de de ss tru ctu res et du matéri el de Tell el - Fa ra’ i n ,l ’ a n c i enne Bo uto, permis de mieux définir lependant septen tri onal de la cultu re de Na gad a ,d ’ a bord nommé « c u l tu re de Ma ad i - Bo uto » enr é f é ren ce aux deux sites éponym e s , qu’ on qualifie aujourd ’ hui plutôt de « c u l tu res de Ba s s e - Egypte » pour mieux marqu er les va ri a bilités locales de cecomplexe culturel. Le delta oriental a été un terrain privilégié pour de grandesc a m p a gnes de pro s pecti on s , p a rmi lesqu elles le programme de l’Am s terd a mUniversity Survey Expedition, dirigé par Edwin van den Brink de 1984 à 1987( van den Bri n k , 1 9 8 6 ; 1 9 8 8 ; 1993) puis celui de l’Italian Arch aeo l ogical Mi s-s i on of the Liga bue Stu dy and Re s e a rch Cen ter of Ven i ce dirigé par R. Fa t tovi chdu rant l’automne 1987 (Ch l od n i cki et al., 1 9 9 2 ) . Près d’une centaine de site sont ainsi été repérés, parmi lesquels une vingtaine de localités prédynastiques.Depuis 1997, l ’ Egypt Ex p l ora ti on Soc i ety a en trepris de recen s er tous les site sa rch é o l ogi ques du delta (Spen cer, S pen cer, 2 0 0 0 ) . Deux grands co ll oqu e si n tern a ti onaux ont fait le point sur la pro to h i s toi re de la régi on (van denBrink éd., 1 9 8 8 ; 1 9 9 2 ) , rel ayés depuis par les ren con tres intern a ti onales deCracovie (Hendrickx et al., 2004) et de Toulouse (Midant-Reynes, Tristant éd.,2 0 0 5 ; à para î tre) con s acrées aux ori gines de l’Egypte . Avec les fo u i ll e s

Fig. 9Tombe 1590 de Minshat AbouOmar, 1ère dynastie(d’après Kroeper in Bard K.A. éd.,Encyclopedia ofthe Archaeology of Ancient Egypt,1999 : 529-531)

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actu elles menées à Bo uto (U. Ha rtu n g ) , Hélouan (C. K ö h l er ) , Kôm el - Kh i l-gan (B. Mi d a n t - Rey n e s ) , Minshat Ezzat et Tell el - Sa m a ra (S. G a br el - Bogh d ad i ) ,Saïs (P. Wi l s on ) , Tell el - Fa rkha (M. Ch l od n i cki et K. Ci a l owi c z ) , Tell el -Ma s h a’la (S. Ra m pers ad) et Tell Ibrahim Aw ad (f i g . 1 0) (W. M . Van Ha a rl em )la recherche prédynastique connaît dans le delta égyptien une vitalité toujoursplus accrue.

La répartition des sites prédynastiques du delta : une image fausséeA l’idée trop répandue que le delta du Nil n’a pas fo u rni une doc u m en t a ti ontrès abon d a n te aux arch é o l og u e s , les déco uvertes réalisées sur le terra i ndu rant les deux dern i è res décennies perm et tent donc aujourd ’ hui der é pon d re qu e , avec plus d’une soixantaines de sites répertoriés pour lesp é ri odes pr é ph a ra on i ques (f i g . 1 1) , on dispose désormais d’un en s em ble dedonnées con s é qu ent et aussi import a n te du point de vue scien ti f i que que lesi n form a ti ons issues de Ha ute Egypte . La carte de réparti ti on des localités estto utefois très marquée par l’histoi re de la rech erch e , avec deux foyers où secon cen trent la majorité des gi s em en t s , l’un dans la régi on mem ph i te , l ’ a utredans le delta ori en t a l . Ce déséqu i l i bre s’ ex p l i que d’abord par l’intérêt port édepuis la naissance de l’égypto l ogie à la zone des gra n des pyra m i de s , d ’ Abo uRawach à Saqqara, où les monuments protodynastiques ont été retrouvés lorsde la fo u i lle des tom beaux ph a ra on i qu e s , et par l’idée que le delta ori en t a lcon s ti tuait par sa po s i ti on une zone d’éch a n ges privi l é giée avec le Leva n t . E nf a i t , la majorité des sites ont été repérés là où on les a ch erch é s . Q u’il s’ a gi s s edes gisements d’el-Omari ou de Maadi, découverts par P. Bovier-Lapierre lorsde ses pro s pecti ons dans les grands ouadis du sud du Ca i re ; M é rimdé Béni-Sa l â m é , repéré dans les années 1920 au co u rs d’une ex p é d i ti on menée su rto ute la bordu re du delta ori en t a l ; ou des sites du Ouadi Toumilat iden ti f i é spar une expédition allemande en 1930 puis par le survey organisé en 1983 parCa rol Redmount (Sch o t t et al. , 1 9 3 0 ; Red m o u n t , 1 9 8 6 ) . Les grands su rveys

Fig. 10Mobilier

céramiqueprovenant

des tombesprotodynastiques

de la zone B à TellIbrahim Awad

(d’après BelovaG.A., Sherkova

T.A., AncientEgyptian Temple

at Tell IbrahimAwad :

Excavations andDiscoveries in

the Nile Delta,2002 : photo 6)

Le delta du Nil avant les pharaons

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des années 1980 ont permis la déco uverte de la plu p a rt des sites con nu sa u j o u rd ’ hui dans le delta ori en t a l , dans les provi n ces de Daqahliy ya et deS h a rq iy ya : Tell el - Ai n , Tell el - Is wi d , Tell Gandiya , Tell Gezira el - Fa ra s , TellG h eri er, Tell Ibrahim Aw ad , Tell Umm el - Za iya t , Kôm Umm el - Si r, Tell Abo uHu s a , Tell Abou Shiei s a n , Tell ed - Di b a , Tell el - Fa rk h a , Tell el - Ma s h a’la et Tellel-Dab’a el-Qanan. Si on enlève du corpus les découvertes faites au hasard desfo u i lles en treprises sur les grands sites ph a ra on i qu e s , Bo uto, Sa ï s , Tell el -Fa ra’ u n , Kôm Abou Bi ll o u , Kôm el - Hisn ou Men d è s , les déco uvertes inop i-nées se rédu i s ent à seu l em ent une douzaine de site s , comme Kafr Ha s s a nD a o u d , el - Am i d , Kôm Milis ou Minshat Ezzat, repérés lors de travaux agri-co l e s . La carte de distri buti on des localités du delta corre s pondant parf a i te-ment à la logique des campagnes de prospections et à l’histoire des recherchesdans la régi on , on peut espérer, si le dével oppem ent urbain et les aménage-m ents agri coles le perm et ten t , que d’autres secteu rs du delta con s ervent en coredes témoins insoupçonnés du passé préhistorique de la région.O utre l’histoi re de la rech erch e , l ’ a utre facteur à pren d re en com pte dans lad i s tri buti on des sites et la po s s i bilité de les retro uver est celui de la géom or-phologie du territoire. Le delta du Nil est un terrain relativement jeune, formédu rant le 6e m i ll é n a i re avant notre ère . C’est en ef fet à partir de cet te époqu eque le système des bra n ches anti ques du fleuve s’est créé et que le limon de sc rues a com m encé à ferti l i s er les terres égypti en n e s . E n tre 20 000 et 8 0 0 0 B P,la plaine alluviale qui occupait l’em p l acem ent du delta actu el , re s s em blait àune steppe sabl euse stéri l e , pon ctuée ici et là d’une végétati on très ra re , d a n sl a qu elle serpen t a i ent les ch enaux du Ni l , à sec une bonne partie de l’année. Ara i s on d’envi ron 9 mm par an, le niveau de la mer a augm enté très ra p i de-ment entre 18 000 et 8 000 BP, entraînant une progression de la bande côtièrede cinquante kilomètres vers l’intérieur des terres. Le climat était plus humidequ’ a u j o u rd ’ hu i , mais le delta restait en core une régi on de steppe sabl eu s e ,d é nu d é e , i n ondée régulièrem ent par des crues catastroph i qu e s . K . But zercon s i d è re to utefois que l’envi ron n em ent n’était pas com p l è tem ent hostile àl ’ occ u p a ti on hu m a i n e , et que des ve s ti ges paléolithiques po u rra i ent très bi en

Fig. 11Carte derépartition dessites pré- etprotodynastiquesdu delta égyptien

Yann Tristant

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y être retro uv é s , mais sous une épaisseur de plus de 10 m d’argile (But zer,2 0 0 2 : 8 5 ) . Vers 6000 BC, le niveau de la mer, s i tué alors à 12 m sous le nive a uactu el , com m ençait à s’ é l ever vers ses limites modernes (f i g . 1 2) . Pour la pre-mière fois le taux d’accumulation des sédiments fluviatiles, dont le dépôt étaitf avorisé par une pen te plus faible des bras du Ni l , dépassa les ef fets de l’éro-sion marine. Au gré des crues annuelles, les limons pouvaient dès lors s’amon-celer et constituer le sol du delta tel que nous le connaissons (fig. 13) (Stanley,Warne, 1993 : 437-438 ; Butzer, 2002 : 85-89). A raison d’un millimètre par anen moyenne, les limons des inondations ont recouvert les sites sous une chapede sédiments que seuls des moyens d’inve s ti ga ti ons perfecti onnés perm et ten td ’ a t tei n d re . C’est ainsi que des son d a ges profonds ont récem m ent révélé de sco u ches néolithiques à Sa ï s , à une profon deur de pre s que 7 m (Wi l s on ,G i l bert , 2 0 0 2 : 1 2 ; Wi l s on , 2 0 0 3 : 571) ou que les niveaux pr é dy n a s ti ques deTell el - Fa ra’ i n / Bo uto ont été fo u i llés à plu s i eu rs mètres sous le niveau du solavec l’aide de pom pes très puissantes pour évac u er les rem ontées d’eau de lanappe phréatique (fig. 14).

Fig. 12Le delta du Nil

durant la périodeprédynastique

(d’après Butzer,2002 : 88,

fig. 4.5)

Fig. 14Installation de

pompes à Tell el-Fara’in/Bouto pourpermettre la fouille

des niveauxprédynastiques

(d’aprèsvon der Way,

1997 : pl. IIIa)

Le delta du Nil avant les pharaons

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Un mode d’occupation privilégié de l’espace : les gezirasAvec une pen te très do u ce vers la Méditerra n é e , le delta du Nil fait partie de ce s« plats pays » où la moi n d re dénivell a ti on modifie les con d i ti ons de l’occ u p a ti onhu m a i n e . Dans un pays tra n s formé en un gi ga n te s que étang au mom ent de lac ru e , les seuls ref u ges of ferts aux habitants du delta étaient de peti tes lev é e ss a bl euses formées par les bras du Ni l . Les auteu rs grecs ont été les prem i ers àrem a rqu er l’étra n geté de ces habi t a ti ons installées sur des levées natu relles et à lesqu a l i f i er d’îles, un sens que la term i n o l ogie ara be « ge z i ra » con s erve en corea u j o u rd ’ hu i . Ces but tes sabl euses sont des form a ti ons géologi ques con s ti tu é e sdu rant le Pléistocène Moyen , en tre 700 000 et 200 000 BP. Lors de la cru e , l’eau duNil déposait sur les ber ges de ses ch enaux le sable de sa ch a r ge de fon d , le limon etl ’ a r gile en su s pen s i on , p lus légers , étant en traînés be a u coup plus loin dans lesplaines d’inon d a ti on (f i g . 1 5 a) . De lon gs bo u rrel ets sabl eux se sont ainsi con s ti-tués le long des bras et des ch enaux niloti qu e s , au bord de larges plaines d’inon d a-ti on . Du rant le Pléistocène Final (200 0 0 0 - 1 0 000 BP), ces sédiments ont su bi lesef fets de l’éro s i on provoquée par un niveau très bas de la mer, qui forçait les ch e-naux à creu s er leur lit. L’ a b a n don de certains d’en tre eux a en traîné une ex ten s i onm a s s ive des plaines, au détri m ent des bo u rrel ets sabl eu x . Lors que la Méditerra n é es’est stabilisée à son niveau pr é s en t , et que le delta actu el s’est formé pendant l ’ Ho l oc è n e , les bras récents du Nil ont progre s s ivem ent reco uvert d’argiles et del i m ons les levées rédu i tes alors à de petits îlots sabl eu x . La sédimen t a ti on a en fo u iles ge z i ras les plus peti tes sous une épaisse co u che d’alluvi ons laissant seules lesp lus gra n des émer ger en core au-de s sus des inon d a ti ons (f i g . 1 5 b ).

Fig. 15Schéma deformation desberges sableusesd’un chenalnilotique dans le delta. a : pendant lacrue, le sable se dépose à proximitéimmédiate, le limon et l’argile plus loindans la plained’inondation. b : au fur et àmesure desinondations, laplaine d’inondations’étend et leslevées sableusessont enfouies sousle limon et l’argile.

Fig. 13Croquismorphologique dudelta du Nil actuel.Seules deuxbranchesnilotiques sontencore actives(d’après SanlavilleP., Le Moyen-Orient arabe. Le milieu etl’homme, 2000 :156, fig. 63)

a b

Yann Tristant

Fig. 16Reconstitution de

la gezira deMinshat Abou

Omar dans sonenvironnementnaturel. Coupe

géologique de labordure de la

gezira (d’aprèsAndres W.,

Wunderlich J. invan den Brink éd,

1992 : 160 et162, fig. 3 et 5)

In s t a llées sur ces ge z i ras (f i g . 1 6) , à l’abri des crues de s tru ctri ce s , les com mu-n a utés pr é dy n a s ti ques bénéficiaient d’une eau en qu a n tité dans les ch en a u xenvi ron n a n t s , ainsi qu’une gra n de diversité d’espèces animales et végétales,dont on retro uve les re s tes lors des fo u i lles arch é o l ogi qu e s . Dans ce milieum a r é c a geu x , elles prof i t a i ent des re s s o u rces natu relles dispon i bles qu’ ell e scom p l é t a i ent avec une produ cti on agri cole sem ble-t-il rédu i te . L’ é l eva ge(f i g . 1 7) occupait une place pr é pon d é ra n te , avec des tro u peaux de porcs etd ’ ovi c a pri d é s , de bovidés dans une moi n d re proporti on , qui dispo s a i ent degra n des zones de pâtu res en péri ode de basses eaux. Mais il n’ en re s te pasm oins que les marais con s ti tu ent des milieux plutôt hostiles à l’hom m e , o ùl’on ne trouve pas toutes les ressources nécessaires. C’est par exemple le cas dus i l ex , de la pierre , des métaux et autres mati è res prem i è res qui provi en n en ti n du bi t a bl em ent de gîtes souvent très éloi gn é s . Les éch a n ges étaient fac i l i t é spar les mu l tiples ra m i f i c a ti ons des bras du Ni l , f acilitant la navi ga ti on et lescon t act s , d ’ a utant que l’inon d a ti on tra n s formait la régi on en un gi ga n te s qu eétang.

Fig. 17Scène pastoraledans le delta duNil. Mosaïqueromaine dePalestrina, musée PrenestinoBarberiniano(d’aprèsVercoutter J., A la recherche del’Egypte oubliée,1986 : 23)

Le delta du Nil avant les pharaons

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Des industries résiduelles très anciennes sur les margesH é ri ti er d’une histoi re lon g u e , dans laqu elle le fleuve a joué un rôle tr è si m port a n t , et d’une histoi re plus co u rte , m a rquée pri n c i p a l em ent par l’an-t h rop i s a ti on progre s s ive du milieu , le delta égypti en con s ti tue de par sa natu reun espace mouva n t , prop i ce aux mut a ti ons les plus va ri é e s , et qui of f rea u j o u rd ’ hui une phys i on omie qui n’a pas to u j o u rs été la même. Les tra n s for-m a ti ons qu’il a su bies depuis la pr é h i s toi re ont profon d é m ent modifié sestraits les plus caract é ri s ti qu e s . On com prend mieux dès lors que les seuls ve s-ti ges paléolithiques retro uvés en Ba s s e - Egypte se con cen trent uniqu em en tsur la péri ph é rie du del t a . Si des pop u l a ti ons de ch a s s eu rs cuei ll eu rs ont puf r é qu enté un espace alors ex tr ê m em ent marécageu x , les indices qu’ils on tlaissés sont aujourd ’ hui en fouis à gra n de profon deur sous peut - ê tre plu s i eu rsdizaines de mètres d’alluvi on s . C’est donc sur les marges déserti ques et dansla régi on cairo te qu’il faut rech erch er la plus ancienne pr é s en ce hu m a i n edans le nord de l’Egypte . A 10 m de profon deur dans une carri è re d’Abb a s i eh(f i g . 6) , près du Ca i re , P. Bovi er- L a p i erre mit en évi den ce , en 1925, de sbi f aces massifs de forme tri é d ri qu e , qu’il attri bua à une indu s trie du Pa l é o l i-t h i que ancien (Bovi er- L a p i erre , 1 9 2 5 ) . Il a aussi iden tifié dans les dépôts degravi ers pléistoc è n e s , datés par R. Saïd en tre 120 000 et 90 000 ans ava n tn o tre ère , des pièces arch é o l ogi qu em ent in situ, avec des nu cléus à peti te sf acet tes et en l è vem ents tri a n g u l a i re s , ainsi que des éclats all ongés à plan def ra ppe facet t é , sur lesqu els ont été taillés des gra t toi rs convexes ou con c ave s ,des lames à coches et des per ç oi rs . Sur la péri ph é rie ori en t a l e , les ch erch eu rsde l’In s ti tut all emand ont retro uvé dans les années 1930 qu el ques pièces ens i l ex qu’ils ont attri bué au Pa l é o l i t h i que moyen (Schott et al., 1 9 3 2 ; Va n d i er,1 9 5 2 : 4 2 ) . Une autre stati on fut plus tard repérée en 1940 à Abou So uwei r,près d’Is m a ï l iya , au débo u ché du Ouadi Toumilat (Bovi er- L a p i erre , 1 9 3 9 -1 9 4 0 ) . Son matéri el se ra t t ache au Pa l é o l i t h i que moyen et su p é ri eu r, to utcomme celui du gi s em ent d’Héliopo l i s , pro s pecté en tre 1939 et 1942 (Mon tet -Wh i te , 1 9 5 7 ) . P lus récem m en t , en 1977, c’est sur la bordu re occ i dentale dudelta qu’une équ i pe américaine a repéré deux autres sites du Pa l é o l i t h i qu em oyen (Ha s s a n , 1 9 7 8 : 6 ) .La régi on mem ph i te a quant à elle été le cad re de déco uvertes singulières qu ilaissent encore aujourd’hui en suspens la question des relations entre l’Egypteet le Levant à la vei lle de l’épanouissem ent du Néolithique dans la va llée duNi l . Au sud de la capitale, la peti te bo u r gade d’Hélouan, d é s ormais intégrée àla grande banlieue du Caire, était réputée à la fin du 19e siècle pour l’établisse-ment thermal du Dr W. Reil. Celui-ci identifia dans les environs, entre 1871 et1 8 7 2 , des peti tes poi n tes de flèches à en coches latéra l e s , qui ont ga rdé dep u i sl ’ a ppell a ti on de « poi n tes d’Hélouan » (f i g . 1 8) . Ces pièces font partie auProch e - O ri ent des éléments les plus caract é ri s ti ques du Néolithique pr é c é ra-mique (Pre-Pottery Neolithic ou PPN). Elles ont été ramassées dans le secteurpar les co ll ecti on n eu rs de curiosités au co u rs des vingt dern i è res années du1 9e s i è cl e , p a rmi lesqu els des pr é h i s tori ens de ren om comme G. S chwei n f u rt hou J. de Morgan. Ce n’est qu’en 1918 que P. Bovier-Lapierre (1926b) entrepritla prem i è re pro s pecti on méthod i que de la régi on , su ivi par G. Ca ton - Th om p s on(1922), K.S. Sandford (1934) et F. Debono (1948 ; Debono, Mortensen, 1990).Ce dern i er a sans do ute rec u ei lli les dern i ers témoins de cet te indu s tri e , ava n tqu’une base militaire et l’ex p a n s i on urbaine con d a m n ent définitivem ent l’accès aux sites. Le lithicien allemand K. Schmidt a eu l’opportunité d’étudierles 3000 pièces de la co ll ecti on Debon o, dont la loc a l i s a ti on est aujourd ’ hu i

Fig. 18Exemples de pointes re t rouvées à Hélouan(d’après Schmidt, 1996 : 130, fig. 2)

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i n con nu e , et a fo u rni un bilan com p l et sur le su j et (Sch m i d t , 1 9 9 6 ) . Sel on lu i ,le matériel réunit plusieurs complexes du Paléolithique supérieur ainsi que dum a t é ri el épipaléolithiqu e , dominé par des outils sur lamell e s , des dem i - lu n e s(ou « c roissants de type Hélouan ») et des pièces tri a n g u l a i res à reto u ch eabrupte. Il rattache ce matériel aux industries récentes du PPN dans le Levant,en insistant sur la faible pr é s en ce de poi n tes d’Hélouan dans les assem bl a ge s .Ces dern i è res se ra pproch era i ent des déco uvertes faites sur les sites du Leva n tSu d , à Nahal Lavan 109, Nahal Bo ker, Abu Madi III ou Ujrat el - Meh ed , to u sdatés du PPNB. Pour K. S ch m i d t , le matéri el d’Hélouan est très proche de latrad i ti on PPNB du Si n a ï . Le schéma de diffusion proposé par A . G oph er(1994) con f i rme la po s s i bilité d’une intru s i on PPNB en Egypte aux alen to u rsdu 9e m i ll é n a i re . La déco uverte d’une peti te poi n te de flèche près d’Is m a ï l iya( Al bri gh t , 1947) su gg è re une voie de passage par le del t a , même si le Désertoriental reste aussi un candidat possible.

Les premières communautés agricolesLes atterri s s em ents du Nil ont com p l è tem ent bro u i llé le passé pr é h i s tori qu edu delta, et c’est une fois de plus sur son pourtour qu’il faut chercher les tracesdu prem i er Néolithique égypti en . Ces ve s ti ges provi en n ent d’abord du

Fig. 19Matériel lithique

provenant duFayoum (d’aprèsCaton-ThompsonG., Gardner E.W.,

1934 : pl. 11)

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Fayoum, à 80 km au sud-ouest du Caire. Entre 5400 et 4400 BC, un millénairea près les gro u pes de ch a s s eu rs - c u ei ll eu rs qui fréqu en t a i ent déjà les rives dul ac Qaro u n , les prem i ers agri c u l teu rs du Fayo u m i en ava i ent adopté tous lesc a ract è res du Néolithiqu e : c u l tu re des céréales (blé et or ge ) , é l eva ge des ani-maux (bœuf, porc , ovi c a pri n é s , ch i en) et céra m i qu e . La chasse et la pêch econ s ti tu a i ent en core une part import a n te des re s s o u rces alimen t a i re s . Ce spop u l a ti ons con s erva i ent leu rs produ cti ons dans de va s tes install a ti ons degren i ers , où les arch é o l ogues bri t a n n i ques ont mis au jour dans les années1920 plu s i eu rs centaines de fo s s e s , des foyers et des récipients de stock a ge( Ca ton - Th om p s on , G a rd n er, 1 9 3 4 ) . Leur outi ll a ge lithique (f i g . 5 et 19) , avecdes éléments de faucill e s , des poi n tes de flèches à base con c ave et des hach e spo l i e s , se distingue rad i c a l em ent des indu s tries épipaléolithiques à lamell e s .La po terie regro u pe des formes ouverte s , réalisées dans une pâte gro s s i è re ,jamais décorée (f i g . 2 0) . Le Néolithique du Fayoum synthétise des trad i ti on strès différen te s . Les ovi c a prinés app a rti en n ent à un co u rant de néolithisati onvenu du Proch e - O ri ent mais l’indu s trie lithiqu e , avec ses poi n tes de flèch e s ,de petits obj ets réalisés sur des coqu i lles d’œuf d ’ a utru ch e , ra ppelle plutôt leNéolithique du Sahara oriental.E n tre 5000 et 4100 BC, c’est sur la bordu re ouest du delta égypti en , que ses i tue le deuxième foyer néolithique de Ba s s e - Egypte . On retro uve sur la loc a-lité de Merimdé Ben i - Salâmé (Eiw a n ger, 1984-1992) les caract è res d’une éco-n omie de produ cti on to ut aussi abo uti e , les stru ctu res de stock a ge et le maté-ri el su gg é rant une écon omie to u rnée vers l’agri c u l tu re , l ’ é l eva ge et la pêch e .Les poteries étaient peu décorées, le mobilier funéraire très rare (fig. 21). Maislà en core , on re s s ent dans les trad i ti ons locales un ti ra i ll em ent en tre unedo u ble influ en ce . Les espèces ori entales dom e s ti quées (mouton s , ch è vre s ,

Fig. 21Sépulture deMerimdé Beni-Salâmé (d’aprèsEiwanger J.,MDAIK, 35,1979 : 27, fig. 2)

Fig. 20Céramique duFayoum. H. 8 cm ;diam. 16,5 cm.University CollegeLondon, UC 2500

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porc s ; blé et or ge ) , un décor en « a r ê tes de poi s s on s » (f i g . 2 2) sur la céra-m i que ou de peti tes statu et tes modelées dans la terre crue (f i g . 2 3) ra ppell en tle Néolithique du Levant ; mais le matériel lithique et les harpons en os à bar-belu res sont plutôt issus d’un arri è re - fond sahari en (Eiw a n ger, 1 9 8 4 : 5 3 ;1988 : 42-46).Au sud du Caire, la localité d’el-Omari constitue le troisième foyer néolithiquede la péri ph é rie del t a ï que (Debon o, Morten s en , 1 9 9 0 ) . On retro uve ici lesmêmes espèces animales et végétales dom e s ti qu é e s , avec un attach em en tpeut - ê tre plus grand aux re s s o u rces halieuti qu e s . Mais la localité se différen-cie des deux complexes précédents par une évolution locale de ses traditions àp a rtir d’un fond épipaléolithique indigène et une influ en ce exogène moi n sm a rqu é e . Dans la nécropo l e , les défunts étaient inhumés au fond de fo s s e sova l e s , en po s i ti on fœtale sur le côté ga u ch e , dans des nattes ou des peaux a n i m a l e s . Le mobi l i er funéra i re , l ors qu’il ex i s te , se réduit à un petit pot enc é ra m i qu e , qu el ques coqu i ll a ges perc é s , des perles en coqu i lle d’œuf d ’ a utru ch e ,en os ou en ivoi re . Le faible inve s ti s s em ent des com mu n a utés néolithiques deBa s s e - Egypte en mati è re funéra i re marque déjà au 5e m i ll é n a i re la différen ce

Fig. 22Céramique de la

phase la plusancienne

(Urschicht) deMérimdé Beni-

Salâmé (d’aprèsEiwanger J.,MDAIK, 35,

1979 : 33, fig. 3)

Le delta du Nil avant les pharaons

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la plus flagra n te avec les pop u l a ti ons du Su d . En Moyen n e - Egypte , la cultu reb ad a ri en n e , prem i er élément du Pr é dy n a s ti qu e , se distingue en ef fet à lamême époque par l’opulence de ses sépultures et des objets qui accompagnentles mort s : po teries ro u ges polies à bord noir aux formes très va ri é e s , mu l ti tu ded ’ obj ets en os et en ivoi re (statu et tes zoom orphes ou anthropom orph e s ,cuillères, peignes, godets, bracelets), palettes en schiste, instruments en cuivre,etc . La qu a n tité et la va riété des of f ra n des faites aux défunts caract é ri s ent unu n ivers sym bo l i que d’une ri chesse inouïe, ref l et de l’émer gen ce d’une élitesociale qui contrôle les productions agricoles.

Les cultures de Basse-EgypteAlors qu’en Haute-Egypte la culture de Nagada se caractérise dans la premièrem oi tié du 4e m i ll é n a i re par un form i d a ble proce s sus d’acc é l é ra ti on soc i a l e ,dont témoignent des sépultures qui reflètent l’émergence d’une élite nouvelle,les cultu res de Ba s s e - Egypte se singulari s en t a co n tra ri o par leur rel a tive uni-form i t é . Ce com p l exe cultu rel corre s pond à l’en s em ble du delta et se retro uveju s qu’à Sed m ent (Petri e , Bru n ton , 1 9 2 4 : 9) et Ha ra geh (Wi ll i a m s , 1 9 8 2 : 2 2 0 ,n . 2 8 ; E n gel b ach , 1 9 2 3 : p l . 3 0 - 3 ) , à 80 km au sud du Ca i re . Les fo u i ll e sm enées ces dern i è res années sur les sites de Bo uto, Tell el - Fa rk h a , Kôm el -Kh i l ga n , Tell el - Is wi d , H é l i opolis et Ma adi ont permis de recon n a î tre de spop u l a ti ons d’agri c u l teu rs et d’éleveu rs faibl em ent hiéra rch i s é e s , peu inve s-ties dans les pra ti ques funéra i re s . Le cimeti è re de Kôm el - Kh i l gan (Mi d a n t -Reynes et al. , 2003) a livré pour cet hori zon cultu rel des sépultu res tr è sm ode s te s , simples fosses creusées dans le sable d’une ge z i ra , dans lesqu ell e sles défunts étaient déposés sur le côté, en position contractée, sans orientationpr é f é ren ti ell e , envel oppés dans une natte ou une envel oppe en cuir, accom p a-

Fig. 23Visage modelé ena rgile provenant de Merimdé Beni-Salâmé. H. 12 cm.Musée Egyptien, Le Caire, JE 97472(d’après Eiwanger,1 9 9 2 : pl. C)

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gnés dans de ra res cas par une céra m i qu e , p a rfois deux (f i g . 2 4) , d ’ u ncoqu i ll a ge niloti que (f i g . 2 5) ou d’une lame en silex . Les mêmes pra ti ques seren con trent dans les nécropoles de Ouadi Di gla (f i g . 2 6) , près de Ma ad i , etd ’ H é l i opolis (f i g . 8 et 27) . Les seules va ri a n tes con cern ent la pr é s en ce dansquelques cas seulement de palettes et de vaisselle en pierre, ainsi que de sépul-tu res de ch è vres (f i g . 2 8) et de ch i ens (Debon o, Morten s en , 1 9 8 8 : 1 0 - 2 2 ;Rizkana, Seeher, 1990 : 97-105).Les sites d’habitat dom i n ent dans un mon de où les nécropoles font figure dep a rent pauvre . Q u’il s’ a gisse de Ma ad i , de Tell el - Fa ra’ i n / Bo uto ou de Tell el -Is wi d , les types d’install a ti on les plus co u rants sont de peti tes stru ctu re sl é g è re s , con s tru i tes avec des parois en matériaux péri s s a bl e s , n a t tes ou trei ll i s

Fig. 24Sépulture S264 de tradition Basse-Egypte àKôm el-Khilgan

Fig. 25Sépulture S277 de tradition Basse-Egypte àKôm el-Khilgan. Le mobilier de latombe se réduit à une valve demoule du Nilplacée derrière la tête du défunt

Fig. 26Extrait du plan

des tombes de tradition

Basse-Egypte du cimetière de

Ouadi Digla,secteur Ouest.

Les défunts ont été inhumés

sans position ou orientationpréférentielle

(d’après Rizkana,Seeher, 1990 :

fig. 11)

2 4 2 5

en boi s , su pportées par des po te a u x . E lles carac-térisent un univers domestique dont l’emprise ausol est plutôt faibl e , avec qu el ques dispo s i ti fs decom bu s ti on et de stock a ge (f i g . 2 9) . Les stru c-tu res sem i - s o uterraines de Ma adi (f i g . 3 0) , c reu-sées dans la roche ju s qu’à 3 m de profon deu r,accessibles par des escaliers, et aménagées pour certaines avec un parement enp i erre sur les paroi s , s’ oppo s ent com p l è tem ent à ce mode d’appropri a ti on del’espace. Ce type d’excavation, unique en son genre sur le sol égyptien, rappel-le plutôt les maisons con tem poraines du Sud Levant (Levy et al., 1 9 9 1 ; Perro t ,1 9 8 4 ) . Le matéri el trahit lui aussi des rel a ti ons avec cet te régi on dans la pr é s en ce de céra m i ques palesti n i ennes (f i g . 3 1) , à la pâte et aux formes bi ens p é c i f i qu e s , d ’ en cen s oi rs , de belles lames régulières en silex mais su rto utd’une très importante quantité de cuivre (Rizkana, Seeher, 1989 : 13-18). Qu’ils’ a gisse de lingots ou de petits obj ets (hach e s , h a m e ç on s , a n n e a u x , etc . ) ,aucun autre site pr é dy n a s ti que n’a révélé une pr é s en ce de métal aussi impor-

Le delta du Nil avant les pharaons

ARCHÉO-NIL 91●n°15 - décembre 2005

Fig. 28 • Sépulture de chèvre dans le cimetière d’Héliopolis(d’après Debono & Mortensen, 1988 : pl. 12,1)

Fig. 27Céramiques de tradition

Basse-Egypteprovenant

d’Héliopolis, de Ouadi Digla

et de Maadi(d’après Seeher J.,

PraehistirischeZeitschrift, 65,2,

1990 : 136, fig. 5)

Fig. 29Fosses et vases de stockages surle secteur d’habitatde Maadi (d’aprèsRizkana, Seeher,1 9 9 0 : pl. XI,2)

Fig. 30Structure

semi-souterrainede Maadi

(d’après Dossiersd’Archéologie,

307, 2005 : 12)

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ARCHÉO-NIL ● n°15 - décembre 200592

Fig. 31Formescéramiquespalestiniennesretrouvées àMaadi (d’aprèsSeeher J.,PraehistirischeZeitschrift, 65,2, 1990 : 140, fig. 8)

Le delta du Nil avant les pharaons

ARCHÉO-NIL 93●n°15 - décembre 2005

Fig. 33Clous en terrecuite provenant de Tell el-Fara’in/Bouto (d’après von der Way,1997 : pl. XX)

Fig. 34Brasserie de Tell el-Farkha(d’après CialowiczK., Dossiersd’Archéologie,307, 2005 : 33)

tante (fig. 32). On ne retrouve pas à Bouto les installations excavées de Maadi,mais des liens avec la Pa l e s tine sont to utefois attestés dans les stra tes les plu sa n c i ennes du site , avec des récipients d’ori gine gh a s s o u l i enne et d’autre sformes étra n g è re s , comme des ja rres à large ouvertu re , des bols et des va s e sdécorés de spirales. Outre le matériel céramique et lithique de facture autoch-tone qu’ on retro uve aussi à Ma ad i , de grands gra t toi rs en silex évoqu ent de sl i ens avec le Proch e - O ri en t , to ut comme les peti tes qu a n tités de cuivre qu ipo u rra i ent provenir du Si n a ï . Des rel a ti ons en core plus lointaines sont atte s-tées par la pr é s en ce d’un éclat d’ob s i d i enne provenant d’An a tolie mais su r-to ut par une série de clous en terre cuite d’ori gine mésopo t a m i enne (f i g . 3 3)(von der Way, 1993 : 34-35 et 67-75 ; Guyot, 2004). A Tell el-Farkha, des cuvesen terre cuite su pportées par des ch en ets se tro uva i ent dans un grand bâti-ment rectangulaire, détruit par une inondation. Il s’agit de la plus ancienne etde l’unique bra s s erie (f i g . 3 4) déco uverte ju s qu’à pr é s ent dans le delta du Ni l(Chlodnicki, Cialowicz, 2003).Q u’il s’ a gisse de l’univers dom e s ti que ou du mon de funéra i re , les cultu res deBa s s e - Egypte pr é s en tent des traits cultu rels très peu con tra s t é s . Si une hiéra r-ch i s a ti on peut éven tu ell em ent se déga ger du statut plus « ri ch e » de cert a i n e ss é p u l tu re s , m i eux po u rvues que les autres en matéri el funéra i re , on n’ a pproch epas ici le do u ble ph é n omène d’acc u mu l a ti on et d’osten t a ti on vi s i ble à lamême époque en Ha ute - Egypte . Il re s s ort su rto ut de l’analyse du mobi l i erf u n éra i re que les produits et les matériaux qui font l’obj et d’éch a n ges en tre les

Fig. 32 • Matériel en cuivre provenant de Maadi (d’après Rizkana, Seeher, 1989 : pl. 3-4)

pop u l a ti ons du delta et le Leva n t , comme le cuivre , le vin ou l’hu i l e , ne se retro u-vent pas dans les tom be s , t é m oi gnant sinon d’une société éga l i t a i re comme onl’a peut - ê tre trop souvent décri te , d’une autre po l i ti que funéra i re , dans laqu ell en’ en trent pas les produits pr é c i eux (Mi d a n t - Rey n e s , 2 0 0 3 : 2 2 4 ) . La qu a n tité et lad iversité du matéri el étra n ger retro uvé sur les localités néolithiques et pr é dy n a s-

ti ques trahit to utefois une intégra ti on très pr é coce du delta égypti en dans unréseau d’éch a n ges à longue distance , vers la Pa l e s tine et la Méditerra n é e , m a i saussi vers la va llée du Nil et les désert s . A la liste des produits importés duLevant dans le delta (céra m i ques à pied , à co l , à anse (f i g . 3 5) , à décor enm a m el on s , lames en silex dites « c a n a n é en n e s » , vases en basalte , obj ets en

c u ivre , etc.) on peut assoc i er celle des produits égypti ens déco uverts dansl’aire proch e - ori entale (arêtes de nageoi res de poi s s on s - ch a t s , p a l et te s , t ê tes de

m a s su e , co uteaux en silex et vases nagad i en s , etc.) qui con f i rme le statut d’inter-m é d i a i res des localités du delta dans les rel a ti ons en tre le mon de nagad i en et leProch e - O ri en t .

Le delta du Nil à l’époque nagadiennePour autant, les liens entre les cultures de Basse-Egypte et la sphère nagadien-ne sont eux aussi anciens et bi en atte s t é s . Si on ne retro uve que très ra rem en tles produ cti ons typ i ques du Nord sur les sites de Ha ute - Egypte , le matéri elméridional est quant à lui importé ou copié sur l’ensemble du delta. C’est parexemple le cas des palettes et des têtes de massue coniques retrouvées à Maadi.La céramique de cette localité est décorée pour quelques spécimens de formesvégétales et, sur un récipient seulement, d’une figure masculine pourvue d’uné tui ph a ll i que (f i g . 3 6) . Ces pei n tu res ra ppell ent les vases décorés du sud del ’ Egypte à la même époque (Ri z k a n a , Seeh er ; 1 9 8 7 : p l . 4 6 , n ° 8 ; p l . I V. 1 ) . Le sMaadiens ont aussi copié la technique du black-topped, sans en maîtriser com-p l è tem ent les su btilités de cuisson , et , dans un cas, un vase ger z é en (Ri z k a n a ,Seeher, 1987 : 27-28). Les vases en pierre, réalisés dans un matériau local, rap-pell ent par leu rs formes les vases barils à anses tu bu l a i res de Ha ute - Egypte(fig. 37). Les imitations marquent aussi le matériel lithique, avec des couteauxsur lames con nus dans la sph è re nagad i enne sous le nom de « co uteau d’Hemamieh ».

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ARCHÉO-NIL ● n°15 - décembre 200594

Fig. 35Jarre à ansed’originepalestinienne avecgraffiti découverteà Minshat EzzatH. 13,5 cm

Fig. 36Tesson peintd’inspirationnagadiennedécouvert à Maadi(d’après Rizkana,Seeher, 1987 : pl. 46)

Fig. 37Vases en pierre de

Maadi (d’aprèsRizkana, Seeher,1988 : pl. 104)

On assiste au milieu du 4e m i ll é n a i re à une fusion discrète des trad i ti on sa utoch tones et nagad i ennes sans qu’ on puisse vra i m en t , dans l’état actu el de srech erch e s , percevoir les moti fs et les dy n a m i ques de ces mut a ti on s . A la finde la phase Na gada II, la cultu re nagad i enne s’ é tend progre s s ivem ent à l ’ en s em ble de la va llée du Ni l , vers le nord ju s qu’au del t a , et au-delà de la Pre-m i è re cataracte dans le su d . Les trad i ti ons autoch tones de Ba s s e - Egypte dispa-ra i s s en t , rem p l acées définitivem ent par le matéri el et les pra ti ques cultu relles de sNa gad i ens (f i g . 10 et 38) . On con s t a te ainsi sur les habitats des tra n s form a ti on sdu mode d’occ u p a ti on de l’espace : les bâti m ents en bri ques crues (f i g . 3 9) seg é n é ra l i s ent au détri m ent des install a ti ons légères pr é c é den te s . Ce ph é n om è n eest perceptible dès Nagada IIC-D à Tell el-Farkha ou à Tell el-Fara’in (Bouto).On dispose malheu reu s em ent d’une doc u m en t a ti on insu f f i s a n te con cern a n tles habitats pour ju ger conven a bl em ent du ph é n om è n e . Il est to utefois é vi dent qu’à partir de Na gada III certains sites acc u ei ll ent des bâti m en t si m port a n t s , peut - ê tre même des com p l exes d’en trepôts et de résiden ce s ,fortem ent marqués par les éch a n ges à longue distance . C’est le cas à Bo uto,vers la Mésopotamie et la Palestine, et à Tell el-Farkha, avec le Levant. Mais ce

Le delta du Nil avant les pharaons

ARCHÉO-NIL 95●n°15 - décembre 2005

Fig. 38S é p u l t u re S188

de traditionnagadienne à Kôm

el-Khilgan. Ledéfunt était inhumé

dans un coff re ent e r re cuite fermépar un couverc l e

Fig. 39Bâtiment nagadienen briques cruessur le KômOccidental de Tellel-Farkha (d’aprèsCialowicz K. inHendrickx et al.éd., Egypt at itsOrigins. Studiesin Memory ofBarbara Adams,2004 : 381, fig. 5)

b a s c u l em ent est plus net tem ent vi s i ble en core dans la place pr é pon d é ra n tequ’ occ u pent alors les cimeti è res dans la doc u m en t a ti on arch é o l ogi qu e . L’ uti-l i s a ti on de la bri que crue pour la con s tru cti on des tom bes (Minshat Abo uO m a r ) , l ’ a u gm en t a ti on de leur taille (f i g . 4 0) et l’acc roi s s em ent du nom bredes of f ra n des (Minshat Ezzat) témoi gn ent du ren forcem ent du poids de sélites. Du point de vue des nécropoles, c’est à partir de Nagada IIIA, mais sur-to ut de Na gada IIIC, que se situ ent les ch a n gem ents les plus import a n t s . Seu lle site de Minshat Abou Omar a livré du matéri el funéra i re Na gada IIC-D. Ma i squand on con s i d è re cet te dern i è re localité sous l’angle des trad i ti ons funé-ra i re s , on rem a rque que la po s i ti on pr é f é ren ti elle de dépôt des cad avres sur lecôté droit, prépondérante pendant les deux premières phases d’activité du site( M AO I et II), corre s pondant aux cultu res de Ba s s e - Egypte et au début del’influence nagadienne selon les archéologues allemands, change avec la phaseM AO III, corre s pondant à Na gada IIIA. C’est le côté ga u che qui est en su i teprivi l é gi é . L’ i n hu m a ti on sys t é m a ti que sur ce côté est un trait nagad i en , qu’ onretro uve sur to utes les nécropoles de cet te trad i ti on (Ki rs ch en bi l der, 2 0 0 5 :2 9 - 3 0 ) . D’ a utre part , le dépôt dans les tom bes MAO I et II de va lves decoqu i ll a ges et de céra m i ques en forme de citrons caract é ri s ent plutôt les c u l tu res de Ba s s e - Egypte . La pr é s en ce de mobi l i er nagad i en dans ces tom be spo u rrait donc plutôt rel ever seu l em ent d’import a ti ons d’obj ets de Ha ute -Egypte que de marqueurs d’un changement culturel plus important, la transi-ti on se situant plutôt vers Na gada IIIA (MAO III). C’est d’aill eu rs à ce

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Fig. 40 • Tombe en briques crues de Minshat Abou Omar (Tombe 2275 d’après Kroeper K. in van den Brink éd, 1992 : 135, fig. 7)

m om ent là que le matéri el autoch tone disparaît com p l è tem ent sur l’habi t a tde Tell el - Fa rk h a . On peut donc se dem a n der si le ph é n omène d’unificati onc u l tu relle de l’Egypte co u ra m m ent situé vers Na gad a IIC n’est pas en fait plu st a rd i f , et ne doit pas plutôt être ra t t aché à la phase Na gada III. C’est en ef fetdu rant cet te péri ode qu’ on assiste à l’écl o s i on de tous les grands cimeti è re sn a gad i ens du delta ori ental et que le com m erce leva n tin prend to ute sonampleur. Quand on considère les nécropoles de Basse-Egypted’un point de vue diach ron i qu e , en écartant Mi n s h a tAbou Omar pour les ra i s ons évoquées pr é c é dem-m en t , c’est d’abord dans la régi on mem ph i te , du ra n tla séqu en ce Na gada IIIA- B, qu’ a pp a ra i s s ent les pre-m i ers cimeti è res de trad i ti on nagad i en n e , avecHélouan et les nécropoles de la rive occ i den t a l e . D a n sle delta du Ni l , s eules les localités de Minshat Abo uO m a r, Kôm el - Kh i l ga n , Beni Am i r, Kafr Hassan Daoudet Tell el - Fa ra’un atte s tent d’une activité à cet te époqu e .Al ors que d’Abousir à Abou Raw ach se con s tru i s ent lesgrands tom beaux mem ph i tes du rant la phase Na gada IIIC,on assiste dans le delta ori ental à un dével oppem ent sans pr é-cédent des sites nagadiens. Avec Minshat Abou Omar, Beni Amir,Kafr Hassan Daoud, Tell el - Fa ra’ u n , Kôm el - Kh i l ga n , Mi n s h a tEzzat, Ezbet et-Tell, Tell Abou Daoud, Tell el-Dab’a el-Qanan, Tell el-Fa rk h a , Tell el - Is wid (Su d ) , Tell el - Ma s h a l ’ a , Tell el - Sa m a ra , Tell Ibra-him Aw ad et Men d è s , ce ne sont pas moins de qu i n ze site s , en ne com p-tant ici que ceux pour lesqu els la doc u m en t a ti on est su f f i s a n te , qu ifon cti on n ent simu l t a n é m en t . L’ ad m i n i s tra ti on et le po uvoir royal (f i g . 4 1)jouent en arrière plan un rôle fondamental dans cette expansion et on ne peutd é t ach er cet te ef ferve s cen ce d’une vo l onté po l i ti que de favori s er le po ten ti ela gri cole de la régi on et de dével opper le com m erce avec le Leva n t . Les établ i s-sements du delta oriental sont peut-être alors liés à la présence de grands per-s on n a ges inve s tis de po uvoi rs ad m i n i s tra ti fs qui s’ i n s t a ll ent dans le delta etcon tri bu ent à rel ayer l’autorité du roi dans la régi on . Dans ce sen s , o utre lesf acteu rs natu rels et l’histoi re de la rech erche arch é o l ogi qu e , la su rrepr é s en t a-ti on des sites dans le delta ori ental peut se com pren d re comme l’une de scon s é qu en ces de l’ex p a n s i on du com p l exe nagad i en et le ren forcem ent del’autorité administrative régionale.Les dével oppem ents récents de la rech erche sur le terrain en ga gent plus qu ejamais à continuer les travaux dans le delta et à multiplier les opérations avantque ne disparaissent inéluctablement les derniers vestiges de l’occupation pré-pharaonique du nord de l’Egypte. La recherche des sites bénéficie aujourd’huide méthodo l ogies nouvelles alliant à la fois une réflex i on arch é o l ogi que etg é ogra ph i qu e . La géo-arch é o l ogi e , ou l’étu de des proce s sus sédimen t a i res qu iont affecté les ve s ti ges arch é o l ogi qu e s , des pays a ges du passé et des proce s su sgéomorphologiques liés, propose l’élaboration de modèles associant l’hommeet son envi ron n em en t , ainsi des qu e s ti ons rel a tives à la natu re , l ’ é vo luti on etles impacts re s pecti fs de l’homme et des ph é n omènes natu rels sur le pays a ge .A la charnière des sciences naturelles et des sciences humaines, cette disciplineutilise les méthodes et les techniques de la géologie appliquées à l’archéologie.Dans le delta du Ni l , ce type de démarche fac i l i te l’analyse des proce s sus àl ’ ori gine des stra t é gies de peu p l em ent et d’occ u p a ti on de l’espace , les réseauxet les territoires, ou encore les structures hiérarchiques qui les sous-tendent.

Le delta du Nil avant les pharaons

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Fig. 41Empreinte desceau en terrecrue découverte à Tell el-Samaramentionnant peut-être le nom du roiHor-Aha. H. 5 cm

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Fig. 42Prospection géo-électrique à Kôm el-Khilgan

Fig. 43 Carte magnétiquede Tell el-Farkhafigurant les zonesfouillées entre1998 et 2002(d’après Herbich T.in Hendrickx et al.éd., Egypt at itsOrigins. Studiesin Memory ofBarbara Adams,2004 : 390, fig. 1)

Des outils performants de pro s pecti on , tels que les son d a ges géo-électri qu e s(f i g . 4 2) ou géo-magn é ti ques (f i g . 4 3) , f ac i l i tent la loc a l i s a ti on de con tra s te ssédimentaires ou de vestiges archéologiques profondément enfouis. Des cam-pagnes de prospections systématiques dans le delta central et occidental pour-ra i ent seules con f i rm er si la con cen tra ti on de sites dans la régi on est correspond à une réalité ou à une déformation archéologique. L’enfouisse-m ent des gi s em ents à gra n de profon deur dans ces régi on s , du fait d’une sédi-m en t a ti on plus import a n te dans le delta moyen , peut être pallié par la miseen place d’une méthodo l ogie de pro s pecti on com binant à la fois de sm é t h odes trad i ti on n elles de rech erche et des tech n i ques géophys i ques plu sé l a bor é e s . E n f i n , l ’ é l a bora ti on d’un véri t a ble Système d’In form a ti on géogra-ph i que (SIG) doc u m en t a i re regroupant l’en s em ble des données arch é o l o-gi qu e s , g é om orph o l ogi ques et paléo-envi ron n em entales con cernant les site spré- et pro tody n a s ti ques du delta du Ni l , perm et trait de dre s s er une carted é t a i llée de l’arch é o l ogie de la régi on , afin de mieux répon d re aux probl é m a-ti ques de rech erche des différen tes missions intern a ti onales qui co ll a boren tsur le terrain.

Dans des pers pectives plus arch é o l ogi qu e s , le su j et principal des étu de sactu elles con cerne les qu e s ti ons liées à l’acc u l tu ra ti on des trad i ti ons autoch-tones et des rythmes auxqu els cet te fusion de l’univers nagad i en sur l’en s em bl edu delta s’est op é r é e . La doc u m en t a ti on re s te en core silen c i euse à ce propo s ,mais la con f ron t a ti on des données ra s s em blées sur les localités voisines deKôm el - Kh i l gan et de Tell el - Fa rkha perm et tra peut - ê tre bi entôt de mieu xpercevoir les proce s sus d’acc u l tu ra ti on qui ont con duit à la généra l i s a ti on dum odèle nagad i en sur l’en s em ble du terri toi re égypti en (f i g . 4 4) . ■

Le delta du Nil avant les pharaons

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Fig. 44 A Kôm el-Khilgan,la tombe S128 detraditionnagadienne(Nagada IIIA-B)recoupe la tombeS69 de traditionBasse-Egypte

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Yann Tristant

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