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Haïti: De l’Urgence au Relèvement Durable Rapport de Deux Ans de l’OIM Haïti (2010‐2011)
www.iomhaiti.net
Des Migrations dans l’Intérêt de Tous
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L'OIM pose le principe selon lequel les migrations s'effectuant en bon ordre et dans le respect de la dignité humaine sont bénéfiques pour les migrants et la société. En tant que princi‐pale organisation internationale dans le domaine de la migra‐tion, l'OIM agit avec ses partenaires de la communauté inter‐nationale en vue de : contribuer à relever concrètement les défis croissants que pose la gestion des flux migratoires ; fa‐voriser la compréhension des questions de migration ; pro‐mouvoir le développement économique et social à travers les migrations ; et œuvrer au respect de la dignité humaine et au bien‐être des migrants. EDITEUR Organisation Internationale pour les Migrations Haïti Minustah Logistics Base Blvd Toussaint Louverture, Port‐au‐Prince, Haïti © 2012 Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) Photographies: Leonard Doyle, OIM, pp. 4; 6; 8; 9; 10; 11; 12; 13; 16; 17; 19; 21; 25; 28; 31; 34; 35; 38; 41; 47; 54 Ministre des Affaires Etrangères de la République d’Haïti, p. 5 Avec la gracieuse permission de Mike Taylor, Giga Pan, Carne‐gie Mellon, pp. 14‐15 Mark Turner, OIM, p. 23 Emmett Fitzgerald, OIM, p. 32 Les photographies restantes sont la propriété de l’OIM .
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Table des Matières
Préface 5 La Mission de l’OIM Haïti Axée sur les Personnes 7 Différents Programmes avec des Objectifs Complémentaires 8 Deux Ans Après le Séisme, l’OIM Aide Haïti à Faire Face à une Multitude de Défis 9 Opérations de Gestion de Camp 12 Retour dans les Communautés, Relocalisation, et Défense Contre les Expulsions Forcées 14 Renforcement des Capacités en Gestion de Camp 16 Protéger les Plus Vulnérables 18 Suivi du Déplacement et Gestion des Données 20 Surmonter les Problèmes du Droit Foncier (OLTB) 22 Recensement des Quartiers et Populations Touchés par le Séisme 22 Distribution d’Articles Non‐Alimentaires (NFI) 23 Eau, Assainissement et Hygiène (WASH) 24 Santé 26 Soutien Psychosocial 28 Réponse au Choléra 30 La Sensibilisation Sauve des Vies 32 Abri 34 Planification de Sites 36 La Communication au Service du Changement 38 Moyens de Subsistance et Soutien aux Communautés d’Accueil des Déplacés 40 Préparation et Réduction des Risques et Désastres 42 Stabilisation Communautaire et Décentralisation 46 Lutte Contre la Traite des Etres Humains 48 Etre à Nouveau un Enfant Comme les Autres 49 Gestion de la Migration 50 La Réintégration Sociaux‐économique des Haïtiens Revenant des Etats‐Unis 51 Présentation Financière 53 L’OIM et le Cluster d’Abris d’Urgence et de Coordination de Camp et Gestion de Camp (CCCM) 54 Partenariats 55
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Au‐dessus: Cité Soleil. Commémoration du séisme du 12 janvier 2010. Les ballons lancés dans les airs représentent les âmes de ceux morts lors de cette tragédie.
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Haïti: De l’Urgence au Relèvement Durable Rapport de Deux Ans de l’OIM Haïti 2010‐2011
Nous avons un dicton en créole haïtien: « men anpil chay pa lou », que vous pourriez traduire en fran‐çais par, « quand les mains sont nombreuses, le poids est moins lourd ». En ma qualité de Ministre des Affaires Etrangères, il est de ma responsabilité de m’assurer que les nom‐breuses mains de la Communauté Internationale œuvrent avec le peuple pour construire un pays meil‐leur, plus lumineux, pour nos enfants. Après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, la solidarité et générosité du monde entier a porté beaucoup de personnes sur nos côtes. Une aide extraordinaire a été apportée à la suite du séisme, et entrant aujourd’hui dans la phase de relèvement, nous appelons nos partenaires à nous accompagner dans ce périple. La reconstruction et le développement nécessitent autant de coopération que la réponse à l’urgence. Nous continuerons de compter fortement sur nos partenaires, telle l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), pour continuer à soutenir notre vision dans cette phase. Fournir des solutions et réponses aux plus vulnérables est un immense défi qui ne peut être relevé que par un engagement commun dans la construction d’une Haïti meilleure pour sa population.
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Au‐dessus: Mangeoire, Paco. Bénéficiaire d’un abri de l’OIM.
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La Mission de l’OIM Haïti Axée sur les Personnes Il y a deux ans, le monde se réveillait apprenant qu’Haïti avait été frappé par l’une des catastrophes naturelles les plus dévastatrices de tout les temps. Des centaines de personnes perdaient la vie, écrasées sous des tonnes de débris, et plus d’un million trouvaient refuge dans les espaces ouverts, ayant tout perdu si ce n’est les habits qu’ils portaient. La communauté internationale s’est mobi‐lisée pour répondre au maximum de sa capacité afin de fournir des services sauvant des vies et des abris à plus d’un million de personnes étant dans les rues, devenues sans‐abris dans les jours et mois suivant le séisme. En tant que leader global du cluster pour la coordination et gestion des camps en situation de catastrophe naturelle, et avec une présence en Haïti depuis plus de 15 ans, l’OIM était en bonne position – avec des experts locaux et staff interna‐tionaux – pour rapidement augmenter ses efforts de secours et d’assistance, aidant ainsi a la protec‐tion des membres les plus vulnérables de la population s’étant retrouvée sans‐abris. Dans la foulée du séisme est arrivé l’ouragan Tomas, rapidement suivi par le choléra, phénomènes qui avaient demandé des efforts additionnels en termes de réponse humanitaire, et a laquelle l’OIM était partie intégrante. Pour le second anniversaire de cette catastrophe, un demi‐million de personnes sont toujours dans les camps, abrités par des bâches en plastique et vivant précairement. Les défis d’Haïti comprennent les risques de santé publique des bidonvilles urbains et de la déforestation des zones rurales qui poussent les populations pauvres à fuir, que ce soit vers des villes déjà surpeuplés du pays ou vers l’étranger. L’OIM est engagée dans le soutien au Gouvernement d’Haïti alors que celui‐ci redouble d’efforts pour reconstruire les quartiers et fournir des solutions durables à son peuple. Dans les prochains mois, l’OIM transférera la responsabilité de fourniture des services essentiels aux autorités nationales et locales. Nous entendons renforcer nos partenariats institutionnels, approfondir notre coopération, et s’adapter aux besoins des populations affectées par le séisme et des migrants en Haïti et à l’étranger. En 2012, l’OIM aidera la relocalisation des personnes des camps vers les communautés, tout en s’assu‐rant que leurs droits humains de base soient respectés. A cette fin, nous protégerons de manière indé‐fectible les personnes vulnérables, porterons une attention particulière a la violence sexuelle liée au genre, et dénoncerons le traitement injuste de ceux expulsés des camps sans procédure en bonne et due forme. Comme elle l’a toujours fait, l’OIM continuera d’accompagner les plus vulnérables du peuple Haïtien, les aidants à affronter les défis à venir. Luca Dall’Oglio Chef de Mission, OIM Haïti
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L’OIM est présente en Haïti depuis 1994, quand l’organisation a commencé un partenariat avec le Gouvernement d’Haïti sur des programmes de gestion de la migration et de renforcement des capacités à la suite d’années d’agitation ayant causé un déplacement interne et international, une migration forcée et un déclin économique considérable. Plus tard, l’OIM a étendu sa coopé‐ration pour aborder et atténuer les effets que les catastrophes naturelles ont sur les sections les plus vulnérables de la population. Une telle coo‐pération a inclue la gestion des conséquences de la tempête tropicale Jeanne et des inondations massives a Fonds‐Verettes, auxquelles l’OIM a répondu par l’ajout au portfolio de son projet d’activités de drainage, de reforestation et de gestion des bassins versants. A travers le monde, l’OIM répond aux urgences qui ont pour résultat un déplacement massif. L’OIM agit en tant qu’agence première du cluster d’Abris d’Urgence et de Coordination de Camp et Gestion de Camp (CCCM) dans les cas de crises de déplacement causées par une catastrophe natu‐relle. A la suite du séisme de 2010 en Haïti, le personnel de l’OIM a répondu en 24 heures, four‐nissant et coordonnant des services sauvant des vies, puis en formant un partenariat avec le Gou‐
vernement d’Haïti et la communauté internatio‐nale humanitaire dans la recherche de solutions durables à la crise du déplacement. Durant les saisons des pluies de 2010 et 2011, l’OIM a agi en tant qu’agence de dernier recours pour la fourni‐ture d’abris d’urgence et d’articles non‐alimentaires pour plus d’un million de déplacés résidants dans les camps et les communautés. Pour la période de deux ans ayant suivi le séisme, les dépenses de l’OIM Haïti s’élèvent à 191 mil‐lion de dollars américains, divisés en 43 projets actifs dans les domaines programmatiques sui‐vants: • Operations de Gestion de Camp, WASH, Plani‐
fication de Sites, Protection; • Gestion des Données, Recensement, Enumé‐
ration; • Santé, Psychosocial; • Communications; • Abri Temporaire, Articles Non‐Alimentaires; • Stabilisation Communautaire et Relèvement
Précoce; • Réduction des Risques liés aux Désastres; • Lutte contre la Traite des Etres Humains; et • Renforcement des Capacités en Gestion de la
Migration.
Différents Programmes avec des Objectifs Complémentaires
Gauche: Port‐au‐Prince, Champs de Mars, en face du Palais National. Statut du ‘Nègre Marron’, symbole de la liberté haïtienne
Haïti: De l’Urgence au Relèvement Durable Rapport de Deux Ans de l’OIM Haïti 2010‐2011
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Droite: Champs de Mars. Le Palais Natio‐nal, endommagé par le séisme de 2010, fait face à une place publique accueillant des populations dé‐placées.
Deux ans après le séisme dévastateur du 12 Jan‐vier 2010, une litanie de défis subsistent. Une des crises les plus importantes du monde per‐siste; la reconstruction des zones affectées est lente; le risque d’une épidémie de choléra per‐siste; et la dégradation environnementale conti‐nue d’aggraver l’exposition du peuple haïtien et de leurs propriétés aux risques naturels. Malgré ces défis importants, il y a des raisons de garder espoir car le pays a montré des signes d’amélio‐ration depuis le 12 Janvier 2010. La population déplacée est tombée à un tiers de sa taille origi‐nale, et ces personnes se sont vues fournir di‐verses solutions foncières; le taux de mortalité du choléra est passé de 8% à son pic, à un taux actuel de 1% ‐ un taux de mortalité considéré gérable par les standards internationaux; et il y a une variété de mesures importantes prises pour gérer le problème de la dégradation envi‐ronnementale et pour la gestion du risque de désastres dans tout le pays, mené par le Gou‐vernement d’Haïti. Autant dire que des obsta‐cles existent quoique surmontables.
Il y a eu une diminution importante du nombre de déplacés résidants dans les camps : de 1,5 million à 520 000. Cela est en partie lié à la dé‐térioration des conditions dans les camps dû à la diminution des services dans les camps, mais aussi à la détermination du peuple Haïtien ainsi que la fourniture de solutions de logement du‐rables, et autres efforts de secours fournis dans les communautés. A cette date, 6 500 maisons endommagées ont été réparées, 4 500 nouvel‐les maisons ont été construites (ou reconstrui‐tes) , et plus de 100 000 abris transitionnels (T‐shelters) ont été fournis. 5 000 familles supplé‐mentaires sont en train de quitter certain des camps les plus visibles d’Haïti à travers le pro‐gramme “16 Quartiers, 6 Camps” du Gouverne‐ment d’Haïti— une initiative soutenue par l’OIM et ses partenaires. Le 16/6 a pour but de reloca‐liser les résidants de 6 camps de la zone métro‐politaine de Port‐au‐Prince vers 16 quartiers reconstruits.
Deux ans Après le Séisme, l’OIM Aide Haïti à Faire Face à une Multitude de Défis
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Au‐dessus: Croix‐des‐Bouquets. Site Santo 17 ou l’OIM a construit des abris pour la population déplacée.
Malgré ces diverses initiatives qui attaquent les conditions de vie précaires des déplacés inter‐nes vivant dans les camps, les besoins fonciers dépassent très largement les accomplissements. Une telle carence n’est pas viable étant donné que la majorité des déplacés vivant toujours dans les camps sont parmi les populations les plus vulnérables du pays en termes d’accès au logement, des risques face aux expulsions, et de dangers liés aux conditions de vie dans des sites surpeuplés. Alors que la distribution originale des déplacés résidants dans les camps montrait une division approximative de 60%/40% parmi les propriétaires et locataires, ce dernier groupe représente aujourd’hui environ 80%. De même, il y a un manque important des stocks de loge‐ments locatifs disponibles en Haïti. Contribuant un peu plus à la vulnérabilité des déplacés vi‐
vant dans les camps est la surpopulation et les risques sanitaires et sécuritaires en résultant. Avec des risques infinis et un manque de solu‐tions disponibles pour le moment, le profil de ces déplacés vivant dans les camps a évolué avec le temps vers une vulnérabilité accrue. Ce‐pendant, avec l’établissement de la nouvelle entité de logement, L’Unité de Construction et Logement de Bâtiments Publiques, le Gouverne‐ment d’Haïti a clairement pris la tête de l’effort de gestion de la crise du déplacement, et créé une impulsion significative. Malgré des signes de progrès vers la fin du dé‐placement et la fourniture de solutions fonciè‐res, la vulnérabilité post‐séisme a augmenté de manière similaire du fait de l’épidémie de
Gauche: Croix‐des‐Bouquets. Camp Marassa 14.
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choléra, apparue en Octobre 2010. Depuis l’au‐tomne 2010, plus d’un demi‐million d’haïtiens ont été infectés par la maladie et plus de 6 634 en sont morts. L’OIM a et continue de travailler en proche collaboration avec le Ministère de la Santé et de la Population pour dispenser des traitements et entreprend des efforts de pré‐vention afin de maintenir un taux d’infection bas dans les camps de déplacés. Cependant, malgré les efforts du Gouvernement et de la communauté internationale pour contenir le taux d’infection‐ particulièrement dans les camps de déplacés‐ une forte augmentation des cas de choléra a tout de même suivi le début de la saison des pluies en mai 2011, et continue de causer des décès. La tragédie, et en même temps l’espoir, de l’épidémie du choléra est que cette maladie est facile à prévenir, par la sensi‐bilisation et des traitements minimaux. Pour préparer les Haïtiens contre une résurgence de la maladie lors de la prochaine saison des pluies, l’OIM Haïti a mis en place des campagnes de sensibilisation des masses et formé deux milles brigadiers de santé sur la détection précoce et la réponse au choléra. Cependant, avec un sys‐
tème de santé aux capacités limitées, la résur‐gence du choléra, et d’autres maladies trans‐missibles, reste un défi critique qui nécessite un renfort des activités de sensibilisation et de ren‐forcement des capacités tant comme réponse que mesure de prévention. Le déplacement interne massif actuel, renforcé par l’épidémie de choléra et une vulnérabilité environnementale dans une région sujette aux catastrophes naturelles, démontre que la crise post‐séisme n’est pas encore arrivée à sa fin. Au contraire, des besoins urgents persistent et les mesures sauvant des vies composent toujours la majeure partie de la réponse humanitaire en Haïti. Cela étant dit, les défis qui précédaient le séisme doivent être relevés en tandem, et de manière similaire, à la fourniture d’assistance sauvant des vies. L’OIM Haïti est prête à accom‐pagner les autorités nationales dans leur ré‐ponse aux besoins humanitaires les plus ur‐gents, ainsi que dans les actions à plus long ter‐mes permettant d’atteindre les exigences de relèvement posées par la complexité de la situa‐tion post‐séisme.
Au‐dessus: Port‐au‐Prince. Une employée de l’OIM mène une visite dans une maison choisie par une résidente de camp, sous le programme du Gouvernement d’Haïti, “16/6”. Cette maison n’a été acceptée du fait de préoccupations liées à la protection de la potentielle locataire. L’OIM l’a aidé à trouver une autre maison, plus adéquate, et fourni une subvention pour une location d’un an.
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Les conditions de vie dans les camps continuent de se détériorer avec la réduction des fonds dis‐ponibles, mais des méthodologies de retour effi‐caces ont été développées, et pourraient permet‐tre la gestion du problème si les ressources suffi‐santes étaient mises à disposition. Réunies et déployées peu après le séisme, les équipes de l’OIM ont été responsables de la ges‐tion du plus grand nombre de camps en Haïti, agissant comme fournisseur de services en der‐
nier recours pour le Cluster d’Abris d’Urgence et CCCM. Présente dans les douze communes où les camps se situent, l’OIM a coordonné la réponse globale dans les camps en travaillant en proche partenariat avec les agences de gestion de camp, les fournisseurs de services, les populations des camps, et le Gouvernement d’Haïti, tout en s’en‐gageant de même dans la mise en œuvre directe d’activités sauvant des vies.
Au‐dessus: Camp Vilam Beta, Port‐au‐Prince. Beaucoup de camps sont sous pression, alors que les fonds diminuent pour la fourniture des services de base, comme la vidange des toilettes et réparation des tentes.
Opérations de Gestion de Camp
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Au‐dessus: Petion‐Ville. Des résidents de la Place St. Pierre heureux alors qu’ils se préparent à quitter le camp.
10 077 Interventions de secours effec‐
tuées dans les camps
3 174 Familles relocalisées vers des
camps avec meilleures conditions
4 884 Familles assistées à quitter les camps pour une meilleure solu‐
tion foncière
18 820 Individus sous la menace d’une éviction ayant bénéficié d’une
résolution de leur cas par l’OIM dans 100 camps
Dans le but de répondre aux besoins les plus urgents de la popula‐tion des camps, les équipes de l’OIM ont mené des opérations jour‐nalières de gestion des camps, s’assurant que les services de base étaient fournis, y compris la distribution d’articles non‐alimentaires (NFIs); l’amélioration des infrastructures des camps; le transfert des cas vulnérables à nos partenaires Santé et Protection; le soutien à la collecte de données statistiques; le soutien aux opérations de ré‐ponse au choléra dans les camps; et la réponse d’urgence (e.g. pen‐dant l’ouragan Tomas et plusieurs autres tempêtes). Tout en mettant en œuvre des actions sauvant des vies pour apaiser la situation compliquée des déplacés Haïtiens depuis le début de l’urgence, l’OIM a aussi orienté ses efforts vers la recherche de solu‐tions de logement plus dignes pour les personnes devenues sans‐abris du fait du séisme, avec pour objectif de limiter la durée de vie des camps.
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Retour dans les Communautés Jusqu'à présent, l’OIM a assisté 4 884 familles de déplacés haïtiens à retourner volontairement aux en‐droits qu’elles habitaient avant le séisme. Ces familles sont retournées dans leur maison si celle‐ci avait été évaluée comme “sure” par le Gouvernement d’Haïti; ou, si cela n’était pas le cas, dans des abris transitionnels construits dans les quartiers ou autre endroit de leur choix, ou dans des maisons louées. Les solutions temporaires incluent la distribution de matériaux liés aux abris et autres articles, maisons transitionnelles, transport, et d’une subvention en liquide pour le paiement de leur loyer. Toutes les opérations de retour ont été mises en œuvre en collaboration avec nos partenaires et le Gouvernement d’Haïti. L’OIM soutient actuellement le programme « 16 Quartiers/ 6 Camps » du Gouvernement d’Haïti, ainsi que d’autres initiatives qui fourniront des solutions de logement à des milliers de familles dans les camps pour qu’elles puissent retourner dans leur quartier d’origine.
Relocalisation Les opérations de relocalisation ont eu lieu pour reloger les résidents des camps vers des sites plus surs, quand ceux‐ci devenaient disponibles. Durant les premiers mois de l’urgence, ces opérations ont permis de transférer des familles de déplacés haïtiens de camps spontanés où elles faisaient face à des risques d’inondation, d’expulsion, et où les services étaient inexistants, vers des sites planifiés se conformant aux standards internationaux minimums. Ces opérations ont permis la relocalisation de 3 174 familles, et la fermeture officielle de 89 camps.
Défense Contre les Expulsions Forcées Les expulsions forcées continuent d’ajouter une pression supplémentaire sur les personnes déplacées pour qu’elles quittent les terrains occupées. L’OIM estime qu’environ 100 000 personnes sans‐abris (1 personne déplacée sur 5) vivent actuellement sous une menace d’expulsion. Par le biais de ses équipes mobiles déployées dans les camps, l’OIM intervient dans les cas d’expulsions pour éviter que les familles aient à quitter le camp, et pour négocier avec les propriétaires des terrains l’obtention d’un délai afin d’explorer les autres possibilités disponibles en matière de logement dura‐ble.
Au‐dessus: Petion‐Ville. Panorama de la célèbre Place Saint Pierre qui est devenue un camp après le séisme. Sur la photo, familles ont depuis été assistées et le parc a été vidé en Novembre 2011.
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le coté gauche du parc est déjà vide, après l’aide au retour des déplacés, le reste des personnes attend toujours. Toutes les
Au‐dessus: Le dessinateur Chevelin Pierre a créé ce flyer de l’OIM pour les bénéficiaires peu lettrés. Ce document explique de manière graphique l’importance de choisir une « Maison verte » comme définie par le MTPTC (Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications), plutôt qu’une mai‐son « Jaune » (devant être réparée), ou « Rouge » (condamnée à être démolie).
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Peu de temps après le tremblement de terre, l'OIM a mis en œuvre une stratégie visant à aider les partenaires impliqués dans la coordination et la gestion des camps à renforcer l'efficacité de leurs actions dans les camps en mettant à leur disposition des connaissances pertinentes et des outils pratiques divers. Le renforcement des capa‐cités des autorités nationales et locales, ainsi que les conseils et assistances techniques délivrés à nos différents partenaires, ont permis de s’assu‐rer que les normes internationales étaient systématiquement appliqués dans tous les domaines d’intervention.
S'appuyant sur l’expérience mondiale de l’OIM, plusieurs modules de formation portant sur des sujets liés à la gestion des camps ont rapidement été élaborés et délivrés en créole haïtien (198 formations), en français (70 formations), et en anglais (4 formations) dans toutes les communes d'intervention, au profit des fonctionnaires du gouvernement (principalement de la Direction de la Protection Civile ‐ DPC), des membres des co‐mités de camp, du personnel militaire et policier de la Mission des Nations Unies pour la stabilisa‐tion en Haïti (MINUSTAH), et des membres des agences des Nations Unies, des organisations in‐ternationales et ONG.
Renforcement des Capacités en Gestion de Camp
Au‐dessus: Morne Hercule, Port‐au‐Prince. Emmanuel Gay de l’OIM conduit la première plateforme communautaire de l’histoire d’Haïti.
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6 867 Personnes formées en coordination de camp et
gestion de camp, dont:
3 675 Membres de comités de camps
1 813 Personnels d’ONG ou d’OI
619 Agents de la DPC
558 Fonctionnaires gouvernementaux
202 Personnels militaires ou policiers de
l’ONU.
272 Formations dispensées, dont:
224 Dispensées à Port‐au‐Prince, et
48 Dispensées dans d’autres zones touchées par
le séisme.
Des sujets divers ont été abordés au cours des forma‐tions, tels que les principes et acteurs humanitaires, la coordination, l'enregistrement et gestion de l'informa‐tion, la planification de sites, l'eau, l'assainissement et l'hygiène (WASH), la prévention des violences basée sur le genre et le sexe (VBGS), la protection, l'accessi‐bilité des camps aux personnes handicapées, la main‐tenance et l'entretien des camps, leur fermeture, et la résolution des conflits. Grâce à la diffusion de lignes directrices, de messages clés et de bonnes pratiques, les acteurs impliqués dans la gestion des camps ont amélioré leurs compétences afin de répondre aux besoins des personnes dépla‐cées, renforçant ainsi l'impact de leurs actions et ré‐duisant les carences en termes de réponse dans les camps.
Au‐dessus: Port‐au‐Prince. Chiara Milano de l’OIM mène une session de formation visant à renforcer les capacités de l’OIM à soutenir les bénéficiaires.
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L'ampleur et la nature de l'urgence, combinée avec des inégalités profondes préexistantes ba‐sées sur le genre, et les défis de survie auxquels doivent faire face les personnes qui ont perdu leurs proches, maisons et biens, ont sévèrement exposé à la violence, aux violations des droits de l'homme et aux abus une population déjà vulné‐rable. L’OIM a identifié la protection des femmes, des enfants, des personnes âgées ayant des be‐soins spécifiques, et des personnes handicapées ou ayant des problèmes de santé, comme une priorité dans sa stratégie de réponse. L’OIM a mené ses activités de protection au sein des camps, répondant de manière immédiate aux cas de violences basées sur le genre ou sur le sexe. L’OIM a également répondu aux problèmes de protection de l’enfance, aux expulsions forcées et autres cas de vulnérabilité auxquelles les per‐sonnes déplacées pouvaient être confrontés. Ces activités ont été réalisées en étroite collaboration avec les acteurs des Nations Unies (les unités genre et droits de l’homme de la MINUSTAH et de UNPOL), les autorités gouvernementales, le Mi‐nistère de la Condition Féminine et aux Droits de la Femme, la Concertation Nationale de Lutte Contre la Violence Faite aux Femmes, ainsi que
d’autres ONG. L'OIM a joué un rôle important dans le dévelop‐pement de procédures et stratégies intégrant la protection dans les opérations d'intervention d'urgence, en particulier concernant la protection des femmes et des jeunes filles, et a de même participé à leur mise en œuvre directe dans les camps. Ces efforts ont rendu possible la collection de données ventilées concernant les femmes dé‐placées victimes de violence, ainsi que des infor‐mations sur les lieux de ces agressions, et leur incorporation à l'outil de collecte de données na‐tionale sur les violences faites aux femmes. L’ob‐tention de données complètes sur les cas repor‐tés de violence contre les femmes et les jeunes filles vivant dans les camps a permis de conduire des évaluations de sites et d’identifier les lacunes en matière de protection afin d'adapter les méca‐nismes d'intervention en conséquence. Les actions concrètes menées ont inclus des for‐mations communautaires sur la prévention, le renvoi et le suivi des cas de VBGS. Ces initiatives de renforcement des capacités ont notamment ciblé les agents de gestion des camps, les associa‐tions et autorités locales, le Département de la Protection Civile et les comités de protection des
camps (13 comités des femmes, 9 co‐mités de jeunes, et 66 comités de sécu‐rité). Ces formations ont permis de renforcer les mécanismes de coordina‐tion pour la gestion des cas de violen‐ces à l’intérieur des camps, de mieux informer la population sur les causes et conséquences de tels actes, ainsi que sur les services d’assistance disponibles pour les survivantes aux violences.
Gauche: Croix‐des‐Bouquets. Natha‐lie Adolphe de l’OIM lors d’une visite de suivi au Camp Corail.
Protéger les Plus Vulnérables
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En étroite coopération avec les partenaires locaux et internationaux, la gestion des cas des survivan‐tes de VBGS ont impliqué différents niveaux d’en‐gagement des équipes protection de l’OIM, no‐tamment l'identification des cas, la conduite d’en‐tretiens, l’orientation vers des organismes com‐pétents (tels que l'assistance médicale, les servi‐ces de police, les services de conseil), l’accompa‐gnement des victimes vers et à partir des fournis‐seurs de services, la relocalisation de survivants, la surveillance, et le suivi. L’OIM a également conduit des évaluations plus poussées, y compris des évaluations sécuritaires en coopération avec l’UNPOL et la composante militaire de la MINUSTAH, afin d’identifier et de faire face aux préoccupations relatives à la pro‐tection durant les opérations de relocalisation, lors de menaces d’éviction, avant la construction d’abris temporaires, ainsi que pour permettre la production de cartes de risques des sites visant à la planification des patrouilles UNPOL. La mise en place de lampes solaires dans les camps a été une stratégie particulièrement réus‐site de prévention des cas de VBGS. Cette straté‐gie à non seulement renforcer les communautés, particulièrement impliquées dans la planification et l’installation de ces lampes, mais a également
consolidé la synergie entre les acteurs locaux et internationaux de sécurité, et ce sous la direction des équipes de protection de l’OIM.
309 Personnes ayant bénéficiée d’un soutien gé‐
néral en protection
148 Personnes avec des besoins spécifiques ayant
reçu une assistance (protection de l’en‐fance, personnes avec un handicap etc.)
161 Cas de violences basées sur le genre ou sur le sexe rapportés et assistés (54 en‐
tre février 2010 et mars 2011 et 107 entre avril et décembre 2011)
569 Membres de comités de camps formés
sur la prévention des VBGS (249 femmes et 220 hommes, dans 13 comités de
femmes, 9 comités de jeunes, et 66 co‐mités de sécurité)
60 Points focaux pour les VBGS (47
femmes, 13 hommes) formés sur les mécanismes de transfert
dans 13 camps.
Droite: Ana Juarez, agent de terrain de protection de l’OIM, conseille les rési‐dents des camps sur les violences basées sur le genre.
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A la suite du tremblement de terre, l'OIM Haïti a joué un rôle de meneur parmi les acteurs humanitaires en ce qui concerne la consolidation, l'analyse et la diffu‐sion d’informations essentielles concernant les per‐sonnes déplacées et les sites spontanés qui s’étaient créés pour les accueillir. Les activités de gestion des données ont commencé en février 2010 afin de fournir des données de base per‐mettant de soutenir la planification et la mise en œu‐vre de programmes ciblés et efficaces dans les camps, et de fournir rapidement des informations statistiques précises aux différents clusters, notamment le Cluster d’Abris d’Urgence et CCCM. Les efforts se concentrent désormais sur le retour et la reconstruction, et non plus sur l'intervention d'urgence. Les activités de ges‐tion des données ont été ajustées en conséquence et visent désormais à fournir des informations plus préci‐ses sur les mouvements de population. En outre, des initiatives ont été développées afin de collecter des données sur les conditions de vie dans les quartiers dévastés par le séisme ainsi que sur la population vi‐vant dans ces zones, et cela afin d’identifier des straté‐gies de long terme proposant des solutions alternati‐ves de logement aux personnes déplacées menant, in fine, à la fermeture des camps.
Les opérations de suivi du déplacement de l'OIM ont nécessité le développement d'outils et de méthodolo‐gies, constamment révisés pour répondre aux défis spécifiques posés par l’impact du tremblement de terre dans les camps et les communautés, par le contexte urbain et par la nature prolongée du dépla‐cement, ainsi que par les retards dans la reconstruc‐tion. La matrice de suivi du déplacement interne (DTM – Displacement Tracking Matrix), un outil institutionnel élaboré par l'OIM pour recueillir des données sur les camps et les sites, a été développée en Haïti en parte‐nariat avec le Département de la Protection Civile afin de fournir des informations régulièrement mises à jour sur la population déplacée et les conditions de vie dans les camps. La DTM est une évaluation rapide ba‐sée sur les camps, qui rassemble des informations gé‐nérales et couvre tous les sites identifiés grâce à l'ob‐servation, le comptage physique et des entretiens per‐sonnels. Elle comprend des données sur l'identifica‐tion du camp (nom du site, coordonnées GPS et em‐placement), la classification du site et son statut fon‐cier, les services et le niveau de sécurité fournis, le type et le nombre d’abris, le nombre de personnes déplacées y vivant ainsi que leur lieu d’origine. Un ou‐
til distinct mais complémen‐taire, a désormais été intégré à la DTM. Il s’agit de l'enregis‐trement qui est une opération visant à établir un profil détail‐lé des personnes et ménages déplacées. Ces enregistre‐ments sont effectués au cours d’interventions planifiées, sur des sites ciblés, à la demande de nos partenaires, et visent à recueillir des données démo‐graphiques, et à savoir si les personnes déplacées étaient propriétaires ou locataires avant le tremblement de terre, ainsi que la situation ac‐tuelle du logement qu’elles occupaient auparavant.
Au‐dessus: Exemple de fichier KMZ. Il s’agit d’un extrait d’une carte créée par notre Unité de Gestion des Données par l’utilisation d’imagerie satellite. La carte identifie les sites de déplacés dans une portion de la commune de Delmas, et fournit des infor‐mations sur la taille de la population vivant dans les camps listés.
Suivi du Déplacement et Gestion des Données
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Au‐dessus à gauche: Les rapports DTM de l’OIM fournissant des données pertinentes fiables ; Droite, Port‐au‐Prince. L’enregistrement de quelques 4 641 familles commence au camp Champs de Mars.
Ce que la DTM offre:
L'ensemble des données sur les personnes dépla‐cées vivant sur les sites identifiés recueillies et mi‐
ses à disposition pour être utilisées en tant que données de comparaison depuis Juillet 2010.
Profils démographiques détaillées pour tous les sites de PDI identifiés, disponibles sur demande.
Données recueillies, analysées et rendues publi‐
ques sur le site web http:\\iomhaitidataportal.info
et sur d’autres support (rapport narrative, rapports sous forme de tableaux, cartes et autres formats de
données spatiales)
Le recoupement de ces données permet aux utili‐sateurs d’établir un profil de la population ac‐tuelle déplacée, qui est composée à 78% de loca‐taires (60% en mars 2010) et à 19% de propriétai‐res de maison (34% initialement). 10% de ces der‐niers possèdent une maison qui ne peut être ré‐parée, et seulement 9% possède une maison qui pourrait être réparée si les ressources étaient disponibles. En ce qui concerne l'occupation de terres publiques et privées, la DTM montre qu'il y a eu une diminution de 42% du nombre de camps situés sur des terrains privés comparée à une di‐minution de 18% des camps situés sur des ter‐rains publics entre 2010 et 2011. Ce type de don‐nées et d’analyses des tendances est diffusé au‐près de nos partenaires par le biais d'un site web spécifique et de rapports réguliers, conformes aux politiques de l'OIM en matière de protection des données visant à garantir la confidentialité des renseignements personnels. Un an après le tremblement de terre, les acteurs humanitaires ont dû faire face à des retards im‐portants dans la mise en œuvre des activités de reconstruction à cause notamment de l’absence d’informations concernant le régime foncier et la population. Les données démographique datent d’un recensement national de 2003, et les infor‐mations foncières existantes sont, pour la majori‐
té d’entre elles, obsolètes, ou ont été perdues et/ou compromises lors de la catastrophe. Afin de faciliter le relogement et la reconstruction des quartiers, les équipes de gestion de l'informa‐tion de l'OIM sont mobilisées pour faciliter la pro‐duction et l'accessibilité de données précises sur le statut des maisons, les infrastructures et la pro‐priété des parcelles de terrains et bâtiments si‐tués dans les zone affectées par le séisme, et cela à travers le projet Surmonter les Problèmes du Droit Foncier (OLTB).
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Surmonter les Problèmes du Droit Foncier (OLTB)
En collaboration avec le Gouvernement d'Haïti et d'autres acteurs de la reconstruction, l'OIM a élabo‐ré, en janvier 2011, une méthodologie comprenant trois volets visant à remédier aux obstacles impor‐tants posés par l'absence d'un système cadastral en Haïti. Adoptant une approche communautaire ap‐pelé recensement, les activités identifient le statut foncier, en terme de propriété et location, des pro‐priétés situées dans les zones sinistrées de Port‐au‐Prince. Le premier volet consiste à cartographier la zone à travers la collecte de données SIG (Système d'Information Géographique), ce qui conduit à la création d'un inventaire de tous les bâtiments, et des parcelles existants au sein d'une communauté. Le deuxième volet est l'enregistrement des ména‐ges, grâce auquel des informations essentielles sur
la démographie et l’occupation, nécessaires à la reconstruction, sont recueillies pour chaque bâti‐ment. Par la suite, une validation par les commutés permet de s’assurer de l’exactitude des informa‐tions recueillies grâce à la cartographie et à l'enre‐gistrement. En cas de conflit foncier, le projet met en place une médiation juridique ainsi qu’un service de renvoi. Les données recueillies par ce projet sont partagées avec les acteurs de la reconstruction, et des activités d’information au public permettent de s’assurer que les communautés sont informées et conscientes de ce processus.
Recensement des Quartiers et de la Populations Touchés par le Séisme En partenariat avec le FNUAP, l'OIM s'emploie à renforcer les capacités de l'Institut Haïtien de Statis‐tique et d'Informatique (IHSI) afin d’effectuer un recensement, et de faire en sorte que les données concernant les bâtiments et les ménages vivants dans les zones touchées par le séisme soient mises à disposition des acteurs impliqués dans les efforts de la reconstruction. A ce jour, l’OIM a réhabilité le bureau de l’IHSI en rénovant le bâtiment, amélio‐rant le service internet ainsi que le système électri‐que, et en fournissant des équipements indispensa‐bles tels que des ordinateurs et des véhicules. L'OIM a également facilité le développement d’une méthodologie de recensement et a dispensé une formation aux employés de l’IHSI, incluant des for‐mations sur la cartographie, afin de s'assurer qu'ils soient qualifiés pour exercer leurs activités d’appui à la reconstruction nationale. La production de car‐tes précises des zones sinistrées, qui est en cours de réalisation, guidera les équipes dans la collecte de données en 2012.
80 Employés de l’IHSI formés pour effectuer des
activités de cartographie
Le bâtiment de l’Institut Haïtien de Statisti‐que et d’Informatique rénové.
La méthodologie du recensement créée
Plus de 9 000 Bâtiments ou parcelles cartographiés
Plus de 9 000 Ménages associés à un bâtiment ou une parcelle
cartographié Les données recueillies sont disponibles sous
forme de rapports tabulaires, de cartes et de fi‐chiers de données spatiales
Des mécanismes de médiation et de transfert visant à
régler les conflits fonciers mis en place
Au‐dessus: Tabarre. Les équipes de terrain OLTB préparent leurs opérations, utilisant les cartes développées par les experts SIG de l’OIM.
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À la suite du tremblement de terre, et lors des crises ultérieures qui ont frappé Haïti au cours des deux dernières années, l’appui logistique extérieur a été un des aspects essentiels de l'aide humanitaire. L'ac‐quisition et la distribution rapide de biens et d’équi‐pements indispensables, tels que des couvertures, des comprimés de purification de l'eau (Aquatabs), des matériaux pour les abris d'urgence, des produits d’hygiène de base, et des ustensiles de cuisine ont contribué à sauver des vies et à maintenir la dignité de ceux qui avaient tout perdu. Grâce à son expertise et à sa présence sur le terrain, l'OIM a pu rapidement mobiliser ses ressources et commencer la distribution d’articles non‐alimentaires indispensables en moins de 24 heu‐res, atteignant ainsi les régions les plus reculées d’Haïti. Les articles ont été pré‐positionnés dans 6 régions stratégiques, à savoir Gonaïves, Jacmel, Cap‐Haïtien, Port‐de‐Paix, Les Cayes, et Petit‐Goâve. Cette approche décentralisée a permis de s’assurer que les personnes et ressources dans les zones de réception n’étaient pas épuisées par un important afflux de personnes dans ces zones. Cela a égale‐
ment permis d’éviter d’éventuels conflits entre les communautés hôtes et les personnes déplacées, ré‐sultants d’une rivalité pour l’obtention des ressour‐ces dans ces régions. En outre, la disponibilité d’arti‐cles non‐alimentaires a facilité les efforts de relève‐ment par le soutien apporté aux personnes dépla‐cées migrant vers les lieux qu’ils habitaient avant le déplacement. L'Organisation a également été en mesure d'établir et d’entretenir un canal logistique qui a pris en charge l’envoi par fret, le transport et le stockage d’articles non‐alimentaires. L'importance de ce canal de distribution a été prouvée par la mobilisation des contributions en nature des divers bailleurs de fonds et le soutien logistique à nos différents partenaires humanitaires. Afin d’assurer une livraison efficace et rapide de l’aide, et de minimiser le risque de duplication, l'OIM a entretenu d'étroites relations de travail avec les autorités nationales, les agences partenaires et les acteurs militaires tout au long de son intervention d'urgence.
1 112 326 Familles soutenues
3 209 164 Articles non‐alimentaires distribués lors de la
réponse au tremblement de terre
40 027 571 Articles non‐alimentaires distribués pour
prévenir le choléra
107,547 Articles non‐alimentaires distribués pour
répondre aux ouragans
432 Organisations partenaires aidées grâce aux
canaux de distribution logistiques
6 Plateformes logistiques établies en différen‐
tes régions Au‐dessus: Bolosse, Port‐au‐Prince. L’OIM distribue des bâches, jerrycans et kits d’hygiène à une communauté de 1 000 familles déplacées par le séisme.
Distribution d’Articles Non‐Alimentaires (NFI)
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Le droit à l'eau et à l'assainissement est un droit hu‐main fondamental, et l'accès à ces services est es‐sentiel après une catastrophe naturelle. En étroite collaboration avec la Direction Nationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement d'Haïti (DINEPA), l'OIM fournit de l'eau et des services d’assainisse‐ment à des milliers de personnes déplacées par le tremblement de terre dans les zones difficiles d’ac‐cès, les espaces publics et les zones non constructi‐bles de Port‐au‐Prince et dans les régions de Jacmel, Léogâne, Gressier, Petit Goâve et Grand Goâve. Deux ans après le tremblement de terre, fournir un niveau minimal de ces services de base est toujours indis‐pensable pour les gens continuant de vivre dans les camps, et pour lesquels aucune solution de loge‐ment n'a pu être trouvée pour l’instant. L'entretien et la désaffectation appropriée des in‐frastructures WASH après la fermeture d’un camp sont d'une importance capitale pour éviter tous ris‐ques en matière de santé publique que pourrait cau‐ser une éventuelle contamination de l'environne‐ment. C'est pourquoi le soutien financier, technique ainsi que le renforcement de capacités fournis ac‐tuellement aux comités de camp qui gèrent ces in‐frastructures doivent être assurés jusqu'à la ferme‐ture définitive des camps en Haïti. Présent dans plus de 100 camps, l'OIM y a construit des toilettes d'urgence accompagnés des stations de lavage des mains et de collecte des eaux pluviales,
desservant environ 32 400 familles. 48 points tem‐poraires d’accès à l’eau ont également été cons‐truits, répondant aux besoins quotidiens de 192 000 personnes. Afin de favoriser la durabilité des activi‐tés de l'OIM, et de promouvoir le sentiment d'appro‐priation par les résidents des camps, des groupes de bénévoles ont été formés et équipés pour entretenir ces infrastructures d'urgence. Pour limiter le risque de maladies transmises par l'eau et l'assainissement dans les camps, des travaux de mitigation ont été mis en œuvre dans le cadre des activités de lutte anti vectorielle. Parallèlement à ces interventions structurelles, plusieurs initiatives ont été menées afin de sensibiliser la population aux questions sanitaires et environnementales essentiel‐les. 117 groupes d'action communautaire ont été mis en place et formés pour effectuer de manière régulière des activités de promotion de l'hygiène et pour former des éducateurs supplémentaires. Plu‐sieurs camps ont été équipés de bennes pour les dé‐chets solides et des services réguliers de collecte ain‐si que des campagnes de recyclage ont été lancés dans les quartiers adjacents aux camps afin de col‐lecter les bouteilles en plastique, qui sont ensuite directement vendues à une société privée par les personnes déplacées. Tout en maintenant ces services dans les camps, l'OIM intervient également dans les quartiers où les populations déplacées trouvent progressivement des
solutions foncières, mais où l'accès à l'eau potable et à l'assainissement est insuffisant. S'appuyant sur une approche hautement participative, l’amé‐lioration des infrastructures dans les zones de ré‐installation et de retour vise également à atténuer les conflits, à stabiliser les communautés et à ren‐forcer leur détermination face aux catastrophes grâce à la prévention des risques d’inondation et autres risques environnementaux.
Eau, Assainissement et Hygiène (WASH)
Gauche: Croix‐des‐Bouquets. Il n’existait pas d’infrastructures d’assainissement dans cette communauté de retour avant la construction de ces blocs de latrines par l’OIM .
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En 2011, 175 toilettes communautaires ont été construites dans des zones densément peuplées où le manque d'espace ne permettait pas de construire de toilettes familiales, puis remises aux organisations communautaires afin de fournir des solutions d'assainissement durables aux bénéfi‐ciaires. 320 toilettes familiales ont également été construites pour parfaire des abris temporaires, et 1 600 autres sont actuellement en construc‐tion. En vue de faciliter l'accès à l'eau dans les quar‐
tiers, le programme WASH se concentre égale‐ment sur la réparation de pompes à main et le forage de puits. Une attention particulière sur les activités de gestion des déchets solides permet d’ajouter de la valeur à la chaîne de production (déchets ‐ réutilisation ‐ recyclage), et comprend des formations spécialisées sur les opportunités économiques recyclant des matériaux et utilisant des matières considérées comme des déchets afin de les transformer en nouveaux produits uti‐lisables. Les maladies liées à l’eau et à l’assainissement sont parmi celles qui peuvent être évitées le plus facilement, sous réserve que des règles élémen‐taires d'hygiène soient respectées. Grâce à la mise à disposition d’infrastructures nécessaires, comme des toilettes, des stations de lavage des mains, de l'eau potable et le renforcement des capacités en matière d’hygiène et de respect des règles, les personnes déplacées sont soutenues dans les camps ainsi que tout au long du proces‐sus de retour, pour réduire leur vulnérabilité face aux risques de santé publique, très présents dans les camps et les quartiers densément peu‐plés n’ayant pas accès aux services de base d'as‐sainissement.
30 Camps de PDI équipés d’un système de gestion des déchets
solides
45 800 Bénéficiaires du processus de retour et de réinstallation ayant ac‐cès à l'eau et à des infrastructures d'assainissement améliorées
117 Groupes communautaires formés à la promotion de l'hygiène et
déployés dans les camps et les quartiers
648 Toilettes d'urgence construites et entretenues dans les camps
3 000 Gallons d’eau potable livrés
Gauche: Petit Goave. Pompe manuelle ins‐tallée par l’OIM.
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Le séisme a détruit les établissements de santé, et gravement endommagé un système de santé déjà fragile et sous‐financé. Cela a considérablement accru la vulnérabilité des survivants et des popu‐lations hôtes en matière de santé physique, men‐tale et sociale. Les dommages subis par le système de santé, as‐sociés à une diminution constante de la présence des partenaires internationaux fournissant des soins de santé, ont créé un environnement de risques accrus pour la santé de la population vi‐vant à l'intérieur et à l'extérieur des camps. Ceux qui continuent de vivre dans une situation de dé‐placement sont peut‐être les plus vulnérables. Pour ces derniers, le risque d’un accident ou de devoir payer des soins médicaux constitue un obstacle majeur à la recherche d'une solution de logement durable en dehors des camps, et au
retour dans leurs quartiers d’origine. Il est essen‐tiel de prendre en considération les obstacles liés à la santé et aux besoins psychosociaux dans le processus de retour, et de fournir une assistance spécifique aux plus vulnérables. Immédiatement après la catastrophe, les équipes de santé de l'OIM sont intervenues pour désen‐gorger les hôpitaux et mettre en relation les survi‐vants du tremblement de terre (par exemple les personnes handicapées, les personnes âgées, les femmes et les enfants) avec des services de san‐té. Jusqu’à présent, et grâce à une coordination avec les partenaires nationaux et locaux de santé, un transfert coordonné, une assistance lors d’un tel transfert, une aide au transport, ou encore un accompagnement lors du renvoi à la maison, 2 431 patients et membres de leurs familles ont pu être assisté et recevoir des soins médicaux.
Au‐dessus: Fond Parisien. Evaluation médicale suivant la décharge de l’hôpital des survivants du séisme.
Santé
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Se dirigeant vers la phase de relèvement, l'OIM assiste les personnes vulnérables vivant dans 40 camps prioritaires à identifier et surmonter les nombreux obstacles les empêchant d’accéder à des soins de santé. Un certain nombre de facteurs convergents empêchent les personnes d'accéder aux services de santé dans cette période post‐séisme, auxquels viennent s’ajouter un mauvais fonctionnement du système de santé, une mobili‐té limitée, des centres de santé endommagés, un manque de connaissance des services et de leur emplacement, et un manque de ressources éco‐nomiques nécessaires au paiement des frais de transport et de santé. S’ils ne sont pas pris en compte, ces facteurs pourraient interférer avec la durabilité de la stratégie de retour et de relocali‐sation. Pour remédier à cette situation complexe, l'OIM a formé 137 agents communautaires de santé , vi‐vant dans des camps, sur l’éducation liée à des sujets de santé préventive, notamment la tuber‐culose, le VIH, les maladies diarrhéiques, la santé maternelle et infantile, et les maladies vectoriel‐les. Les agents communautaires de santé sont la première source d'information des personnes déplacées en matière de santé, fournissant des
informations sur l’accès aux services de santé de base. En coordination avec ses partenaires, l'OIM mène des activités de promotion de la santé, vi‐site régulièrement les familles à leur domicile, enregistre les femmes enceintes et les oriente vers des établissements de santé situés à proximi‐té de leur résidence afin qu’elles y reçoivent des soins prénatals, identifie les potentiels cas de tu‐berculose, et réfère certain de ces cas médicaux pour soins spécialisés. En plus des services reçus dans les camps, les familles dans le besoin sont également assistées pendant et après le proces‐sus de retour et de réinstallation grâce à un appui direct à l'éducation et à l’information sanitaire, des services médicaux, un aiguillage vers des mé‐decins spécialisés, et une aide au transport. Au cours des deux dernières années, les équipes santé de l’OIM ont aidé 218 000 personnes, ré‐pondant aux différentes crises et contribuant ain‐si à combler les vides les plus importants existant en matière de santé publique.
2 500 Renvois, retours et transferts facilités
(accompagnement des patients et familles)
131 781 Personnes dans les camps de PDI touchées par les
activités d'éducation à la santé
137 Agents communautaires de santé formés
140 “ Matrones” / Accoucheuses formées dans les
camps
74 711 Visites à domicile
314 Femmes enceintes transférées à cause de compli‐
cation
300 Cas de tuberculose transférés
Gauche: Port‐au‐Prince. Pavillon pédiatrique transitionnel construit par l’OIM a l’Hôpital Uni‐versitaire Général.
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Les sentiments individuels et collectifs de perte, de chagrin, de dépression non‐clinique, de retrait, de déni, de culpabilité envers ceux qui sont morts, de confusion, d'anxiété quant à l'avenir et de colère sont caractéristiques de la vie actuelle de beaucoup d’Haïtiens, résultants du séisme et de ses effets. Dans de nombreux cas, un senti‐ment de peur et d'angoisse, et des symptômes de détresse, représentent des obstacles concrets et significatifs au départ des camps au profit du re‐tour des familles chez elles, et cela même lorsque cette option est disponible. Dans le cadre des efforts de relèvement, et pour permettre une réinstallation, une relocalisation ou un retour des personnes vivant dans les camps, l'OIM accorde une attention particulière à la nécessité de prendre en considération les fac‐teurs psychologiques, sociaux et anthropologi‐ques liés à ce processus de réhabilitation. L'OIM a commencé ses premières activités d'as‐sistance psychosociale d'urgence dans les en‐droits prioritaires de Port‐au‐Prince en février 2010 afin de fournir un soutien psychosocial aux
victimes du séisme vivant dans les camps, ainsi qu’une aide humanitaire prenant en considéra‐tion les questions psychosociales. Depuis juillet 2011, les activités se concentrent de même sur les victimes qui quittent les camps et retournent dans leurs communautés. Les activités psychosociales de l'OIM se concen‐trent sur trois éléments. Le premier est le soutien à la coordination nationale. En tandem avec nos partenaires humanitaires, les services disponibles de santé mentale sont cartographiés, et des mé‐canismes d'orientation mis au point. Des matrices de cartographie des acteurs et des mécanismes d'orientation sont mises à la disposition des par‐tenaires et des bénéficiaires en fonction de leurs besoins en services spécialisés, psychologiques et psychiatriques. En outre, des messages clés com‐muns ont été développés pour les communautés, les éducateurs et les chefs religieux. De plus, des formations sur la prise en compte des questions psychosociales dans l’assistance humanitaire, et destinées au personnel humanitaire travaillant pour des organisations locales et internationales, sont également organisées.
Au‐dessus: Cité Soleil. Volontaires soutenus par l’OIM et CARICOM au centre communautaire “Kool Haïti”.
Soutien Psychosocial
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La deuxième composante est un soutien psycho‐social offert directement à la population. Afin de répondre aux besoins immédiats qui ont suivi le séisme, l'OIM a mis en place six équipes mobiles psychosociales fournissant les premiers soins psy‐chosociaux, des conseils, et organisant des grou‐pes de soutien et des activités récréatives pour la population touchée. Les membres des équipes multidisciplinaires (composées de psychologues, travailleurs sociaux, animateurs, éducateurs artis‐tiques et chefs d'équipe) sont choisis parmi les diplômés de l'Université d'Etat d'Haïti, puis for‐més par des experts psychosociaux de l'OIM ; une supervision technique leur est également fournie par leurs superviseurs universitaires. Les activités des équipes psychosociales comprennent la diffu‐sion de messages communautaires, des activités de médiation artistique, des séances récréatives, un soutien aux familles, et des services de conseil. Les équipes psychosociales de l'OIM intègrent également des messages du Ministère de la Santé Publique et de la Population, des démonstrations de lavage des mains et la gestion du stress dans le cadre de leurs activités régulières. Des séances de conseil et de premiers soins psychologiques sont organisées auprès des personnes déplacées qui ont perdu des membres de leur famille ou des proches au cours de la catastrophe. La troisième composante du programme psycho‐social est le soutien aux professionnels. Des for‐mations spécialisées sont organisées en coordina‐tion avec le Ministère de la Santé Publique et de
la Population, et conduites par des experts inter‐nationaux des questions psychosociales pour des professionnels de la santé mentale, des étudiants en psychologie, et les équipes psychosociales de l'OIM.
Au‐dessus: Les enfants des camps expriment leur anxiété par la représentation artistique.
35 Camps prioritaires (y compris 2 établissements psychiatriques) représentant 150 000 personnes déplacées ayant
bénéficié de séances de soutien psychosocial et de sessions de mobilisation communautaire
Plus de 21 200 Personnes ayant bénéficié de conseils individuels ou de soutien familial
Plus de 1 500 Travailleurs humanitaires et 100 étudiants en psychologie formés pour apporter un soutien psychosocial en situa‐
tion d’urgence et pour délivrer des services d’aide humanitaire tenant compte des besoins psychosociaux
1 Evaluation inter‐agence menée à grande échelle sur les besoins psychosociaux, menée par l’OIM, impliquant 18 agences et 950 personnes interrogées. Le rapport a été publié et diffusé et a servi à informer sur les stratégies
actuelles et futures en matière d’initiative psychosocial
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À la fin du mois d’octobre 2010, une épidémie de choléra a été officiellement déclarée par le Ministère de la Santé. Publique et de la Population Au jour d’aujourd’hui, 573 000 cas de choléra ont été rapportés, et 6 634 décès en‐registrés. À la fin de l’année 2011, les partenaires fournissant des services de santé se sont largement retirés des camps, provoquant une détérioration des conditions de vie sur ces sites et laissant des vides importants quant à la ré‐ponse apportée à l’épidémie de choléra. Malgré une baisse du nombre de cas depuis la déclaration de la mala‐die, il est fort probable que des vagues épidémiques aient lieu au cours des prochaines années, avant de finalement devenir endémique avec un taux inférieur stable. Avec des services de santé nationaux sous‐financés et surchar‐
gés, un soutien continu aux efforts nationaux visant à pré‐venir le choléra est encore nécessaire, de même qu'une amélioration des capacités d'intervention dans les camps et dans les communautés vulnérables. L'OIM a contribué à la réduction de la mortalité et de la morbidité de l'épidémie de choléra en Haïti grâce à un partenariat avec le Gouvernement d'Haïti, et les acteurs locaux et internationaux, et cela à travers une diversité d'initiatives répondant au choléra mises en place dès les premiers jours de l’épidémie. Grâce aux efforts conjoints des équipes de l’OIM spéciali‐sées en santé, WASH, et gestion de camp, des postes de réhydratation orale ont été mis en place dans 250 camps, communautés rurales vulnérables, et points clés de pas‐sage frontalier, fournissant ainsi les premiers soins à 25 000 patients présentant les symptômes du choléra, avant qu’ils ne soient transportés vers les centres de traite‐ment. De plus, dans les camps, 2 000 brigadiers ont été formés à la prévention communautaire du choléra et aux premiers soins. Des sessions régulières de formation sur le lavage des mains et la construction d’installations simples de lavage des mains sont essentielles dans la prévention de la pro‐pagation du choléra. En outre, une éducation à l'hygiène et des campagnes de sensibilisation menées à travers le pays ont atteint près de 1 million de personnes.
Plus de 200 Postes de Réhydratation Orale mis en place
Plus de 2000 Brigadiers formés
Plus de 25,000 Patients auscultés
Plus de 800,000 Personnes touchées par les activités de sensibilisation
85 Camps de PDI équipés d’infrastructures sanitaires
25 Camps de PDI équipés de points d’accès à l’eau
500 000 Prospectus distribués
51 stations radio 300 tap‐taps Ayant diffusés des programmes radio
1 086 Activités de gestion de choléra dans les camps (notamment
distributions, fournitures)
6 Entrepôts de stockage supplémentaires construits
31 587 906 Aquatabs distribués
8 359 529 Autres articles permettant de répondre au choléra distribués
Réponse au Choléra
Au‐dessus: Camp Capva, Cité Soleil. Un des Postes de Réhydratation Orale mis en place par l’OIM dans les camps, les communautés rurales vulnérables, et les frontières.
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L'OIM a mobilisé ses équipes de communication de masse et utilisé diverses technologies multimédias pour diffuser des messages sur la prévention et le traitement du choléra dans les camps et à travers le pays, utilisant les journaux bandes dessinées (notamment le Chimen Lakay), SMS, stations de radio locales, soirées de projec‐tion de films, défilés de chars, et un programme de di‐vertissement éducatif innovateur lors des trajets quoti‐diens "Radyo Tap‐Tap".
Le canal logistique choléra Face à l’épidémie de choléra, l’OIM a mis en place un canal de distribution logistique efficace et rapide qui ga‐rantissait l’envoi par fret, le transport et le stockage d’ar‐ticles non‐alimentaires spécifiques au choléra. Ce canal a mobilisé les contributions en nature des bailleurs de fonds et apporté un soutien logistique à nos partenaires humanitaires. Le canal a été établi en six endroits diffé‐rents, ou centres logistiques, à travers Haïti afin de stoc‐ker et distribuer les articles non‐alimentaires pour la pré‐vention et le traitement du choléra à nos partenaires,
ainsi que dans les zones à risques. Afin de répondre à l’épidémie de choléra, la capacité cumulée des entrepôts de stockage de l'OIM a atteint 8 299 mètres carrés. Cela représentait une augmentation considérable comparée à la zone de stockage de 2 500 mètres carrés de l'entrepôt de Port‐au‐Prince, mis en place pour la réponse au séisme. Chaque entrepôt a également maintenu une ca‐pacité standard de véhicules pouvant être utilisés pour déployer les articles non‐alimentaires aux endroits né‐cessaires. La capacité cumulée de transport d’articles non‐alimentaires de l'OIM était de 731,4 tonnes métri‐ques. La combinaison des espaces de stockage disponibles, des capacités de transport et de la disponibilité du personnel logistique sur toutes ses plateformes ont permis à l’OIM de distribuer 40 027 571 articles non‐alimentaires à tra‐vers Haïti pour répondre à l’épidémie de choléra, et ce en coopération avec un réseau de 137 organisations par‐tenaires. Ces articles comprenaient notamment 31 587 906 comprimés de purification de l'eau, 1 417 281 sa‐vons, 20 266 gallons de chlore, et 5 367 715 sachets de sels de réhydratation orale. Tout au long de ce processus, l'OIM a travaillé en étroite collaboration avec le Ministère de la Santé, le Cluster WASH, et le cluster d’Abris d’Urgence et CCCM (pour la distribution dans les camps) afin d'identifier les zones prioritaires et d’évaluer les besoins en articles non‐alimentaires des populations vulnérables. De cette fa‐çon, l'OIM a soutenu les partenaires impliqués dans la réponse à l'épidémie à travers la distribution d'articles non‐alimentaires essentiels au traitement des symptô‐mes le plus tôt possible, et à la mise en place de campa‐gnes massives de sensibilisation sur l'eau, l'assainisse‐ment et l'hygiène.
Au‐dessus: Terre Neuve. Un travailleur médical formé par l’OIM dans la zone montagneuse isolée de Terre Neuve, tenant dans ses mains un flyer anti‐choléra.
Au‐dessus: Carte montrant les entrepôts de l’OIM à travers Haïti.
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La Sensibilisation Sauve des Vies Magalie, une mère de trois enfants, vit dans le camp Place Fierté situé à Cité Soleil. Au pic de l’épidémie de choléra, un samedi soir, sa fille âgée de 7 ans est tombée malade, présentant des symptômes de vomisse‐ment et diarrhée. « Je sentais que ma fille était en train de mourir. Ma grand‐mère a suggéré qu’elle pouvait être atteinte d’un mal mystique, mais je me suis souvenue de ce que m’avaient dit les brigadiers de l’OIM sur le choléra pen‐dant la visite qu’ils m’avaient rendue sous ma tente et j’ai donné à ma fille deux sachets de sel de réhydrata‐tion orale qu’ils m’avaient laissé pour le cas oú quelqu’un tomberait malade. J’ai décidé de l’emmener au Point de Réhydratation Orale. Il était presque minuit. Ils ont continué de l’hydrater et de la surveiller. Ce‐pendant après 30 minutes, ils ont décidé de l’emmener au Centre de Traitement du Choléra à l’hôpital CHOSCAL. J’avais peur de me rendre là‐bas, car je n’avais que cinq gourdes en poche, mais les brigadiers m’ont expliqué que tout était gratuit. Ils nous ont accompagné au centre et ma petite fille a été hospitalisée pendant trois jours. Quand je suis rentrée à la maison, ma famille m’a dit qu’un brigadier était venu et avait procédé à une décontamination. Ils nous ont rendu visite plusieurs fois depuis que ma fille est rentrée à la maison. Je n’oublierai jamais le soutien que j’ai reçu de la part de l’équipe de l’OIM. Grâce à eux ma fille est en vie. »
Au‐dessus: Morne Hercule, Port‐au‐Prince. Des enfants à un cinéma en plein air organisé par l’OIM, regardant un dessin animé servant la prévention du choléra.
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Au‐dessus: La réponse rapide de l’OIM au choléra a été renforcée par des messages visuels. Chimen Lakay— le chemin vers la maison— est dessiné par l’artiste haïtien Chevelin Pierre. Ce numéro apprend entre autre à préparer la solution orale à prodiguer aux victimes du choléra.
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Abri En 2010‐2011, plus de 114 000 matériaux servant à la construction des tentes et 100 000 abris transitionnels ont été fournis par les acteurs humanitaires, dont l’OIM, au profit des personnes déplacées en Haïti. Malgré un rythme lent, les efforts fournis pour la recherche de solu‐tions permanentes, comprenant les réparations de mai‐sons et la construction de nouveaux logements, conti‐nuent. Les dernières statistiques disponibles de l’OIM montrent que 127 658 familles vivent toujours dans les camps de déplacés internes dans les zones affectées par le tremblement de terre. Selon les estimations basées sur les engagements actuels, il devrait y avoir un man‐que d’environ 74 405 maisons pour les familles vivant dans les camps à la fin de l’année 2012. Par conséquent, environ 312 501 personnes resteront dans les camps en 2012 si aucune solution supplémentaire n’est trouvée en matière de logement. Les abris transitoires demeurent une solution viable pour résoudre temporairement la situation de déplacement prolongé en 2012. En date de décembre 2011, l’OIM a délivré 10 428 abris transitionnels aux familles déplacées et sans‐abris. De manière complémentaire à la fourniture d’abris, l’OIM soutient la réhabilitation des communautés affectées par l’enlèvement des débris des routes et des terrains, la construction de murs de soutènement, de canaux de drainage et des sentiers, ainsi qu’un appui WASH, per‐mettant de créer un meilleur environnement pour vivre. Afin d’aider les personnes à refaire leur vie, des articles non‐alimentaires sont distribués. Ces articles non‐
alimentaires incluent des kits de cuisine et d’hygiène, des outils de jardinage et de ménage, ainsi que des lam‐pes solaires. Un abri standard de l’OIM (18m²) comporte une base en ciment, une charpente de bois ou de métal, des murs en contreplaqué ou en ciment, et des plaques de métal pour le plafond. Les abris transitionnels de l’OIM sont majoritairement placés dans les quartiers affectés d’où proviennent les bénéficiaires ; certains abris ont aussi été construits dans des sites planifiés fournis par le gouvernement. L’aide fournie par l’OIM en matière d’abris transitionnels a bé‐néficié à environ 43 797 personnes dans dix communes en Haïti, à savoir Croix‐des‐Bouquets, Port‐au‐Prince, Pétion‐ville, Delmas, Léogane, Petit‐Goave, Grand‐Goave, Jacmel, Les Cayes‐Jacmel et Bainet. Un des obstacles majeurs à la fourniture de solutions au problème foncier en Haïti, dans le contexte post trem‐blement de terre, est la faible disponibilité de terres, et la complexité du régime foncier. Afin d’atténuer les conflits fonciers et de permettre la fourniture rapide d’a‐bris, les experts légaux de l’OIM mènent des enquêtes sur la propriété foncière et, si besoin est, facilitent les négociations entre les bénéficiaires et les propriétaires. En plus des 10 428 abris transitionnels construits, l’OIM a construit trente‐six abris permanents aux Cayes afin de soutenir l’initiative de logement social du gouvernement. Au‐dessus: Plan d’un abri (18m2).
Au‐dessus: Camp Mayard, Jacmel. Logement semi‐permanent construits par l’OIM.
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Les visites de contrôle confirment que 98.3% des abris sont occupés par les bénéficiaires désignés. Le taux élevé d’occupation suggère que la qualité générale des services fournis, comprenant les abris, le service d’information et l’approvisionne‐ment en articles non‐alimentaires, sont satisfai‐sants. Les abris temporaires ont permis à 10 428 ména‐ges de trouver un lieu de vie décent et leur ont permis de se concentrer sur la réhabilitation de leurs moyens de subsistance dans un contexte difficile, sans qu’ils aient à se préoccuper de sa‐voir s’ils auraient un toit au‐dessus de leur tête à la fin de la journée. L’aide a priorisé les ménages les plus vulnérables, dont les familles sans reve‐nus, les personnes âgées, les familles à charge de personnes handicapées ou chroniquement mala‐des, et les femmes enceintes.
Les abris transitionnels de l’OIM peuvent résister à des vents violents et conviennent aux climats chauds, assurant par conséquent aux bénéficiai‐res d’être protégés contre les risques environne‐mentaux, récurrents en Haïti. En janvier 2012, l’OIM a visité des abris transitionnels construits en mai‐juin 2010 pour observer l’état de leur structure. Cette visite de contrôle a confirmé que, malgré leur exposition à deux saisons d’ouragan, tous les abris transitionnels étaient en bon état et devraient pouvoir survivre au‐delà de leur durée de vie minimale de trois ans. Les abris transitionnels sont construits par des entreprises locales de petite et de moyenne taille, contribuant par là même à la création d’emplois et au renforcement des capacités des travailleurs locaux à travers le transfert de connaissances.
10 428 Abris transitionnels construits
36 Abris permanents construits
258 003 m³ De débris déblayés par les unités abris, planification de sites
et relèvement précoce
901 Mètres linéaires, soit 120 murs de soutènement construits
43 948 Personnes ayant bénéficié d’un abri
15 000 Personnes ayant bénéficié de travaux de réhabilitation
1 613 familles/ 6 774 personnes Relocalisées dans des sites planifiés de PDI
965 familles / 4 053 personnes Assistées pour sortir des camps
290 En moyenne d’emplois par jours dans les communautés
soutenues entre mai 2010 et décembre 2011
6 964 Lampes solaires installées/distribuées
98.3% Taux d’occupation des abris visités
Au‐dessus: Mangeoire, Paco. Une personne âgée, vic‐time du séisme, en face de son abri transitionnel, cons‐truit par l’OIM.
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Planification de Sites Une vue d’ensemble des zones affectées par le tremble‐ment de terre à Port‐au‐Prince et dans les autres régions montre un paysage urbain altéré. Les villes tapissées du blanc et de bleu des bâches racontent l’histoire com‐plète de la crise de déplacement qui a suivi le séisme. Les communautés, infrastructures, bâtiments résidentiels et commerciaux, et institutions ont été sévèrement endom‐magées ou détruits durant le tremblement de terre. A défaut de solution alternative en matière de logement, les familles se sont installées dans les espaces disponi‐bles, en plein air . Les camps spontanés de personnes déplacées internes sont rapidement apparus sur les ter‐rains publics auparavant inoccupés, les sites industriels, les bas‐côtés des routes, les aires sportives et les flancs escarpés des collines. Dans bien des cas, ces terrains ne sont pas propices à l’habitat humain. En conséquence, les populations déplacées sont souvent vulnérables aux risques naturels et aux désastres ainsi qu’aux menaces sécuritaires et d’éviction, et vivent dans des conditions sanitaires difficiles. En raison de l’importance de la croissance urbaine des trois dernières décennies, l’état des infrastructures ur‐baines et le nombre d’habitations dans les zones métro‐politaines sont insuffisants pour répondre aux besoins de la population haïtienne, ce qui était déjà le cas avant le tremblement de terre. Les acteurs humanitaires s’effor‐cent de trouver des alternatives durables de retour et de relocalisation pour les populations déplacées en fournis‐sant un soutien à la reconstruction, aussi bien dans les nouvelles communautés que celles déjà existantes. Depuis le séisme, l’équipe de planification des sites de l’OIM s’est engagée dans la planification et la mise en
place de sites de relocation temporaires, la planification urbaine et la reconstruction dans les communautés, en soutenant des solutions durables de relocalisation et de retour pour les personnes déplacées internes vivant dans les camps spontanés. L’équipe a aussi fourni une assis‐tance technique aux partenaires dans la conduite d’éva‐luation d’usage de terrains, d’évaluation des risques phy‐siques et de travail de mitigation dans les camps de dé‐placés, à Port‐au‐Prince et dans les communes avoisinan‐tes affectées. L’équipe est constituée d’architectes et d’ingénieurs, d’un analyste SIG, d’un enquêteur foncier, de mobilisa‐teurs communautaires et de personnel légal spécialisé dans les questions foncières. De nouveaux sites planifiés de relocation L’OIM a développé cinq sites planifiés de relocation, en collaboration avec les autorités locales, et avec d’autres partenaires des secteurs WASH et abris. Cela a permis de reloger plus de 11 400 individus des camps vers de nou‐velles communautés planifiées selon les standards hu‐manitaires internationaux minimums.
5 Nouveaux sites de relocalisation planifiés et construits à
Port‐au‐Prince et à Jacmel
10 320 Personnes relocalisées des camps de PDI dans les nouvelles
communautés planifiées
730 Evaluations techniques menées dans les camps et les com‐munautés, évaluant les besoins en travaux de mitigation, adaptées au développement des terres et aux besoins de
reconstruction de la collectivité
Au‐dessus: Croix‐des‐Bouquets. L’évolution du camp planifié de Santo 17, au profit des victimes du séisme. Le site accueille aujourd’hui 380 familles.
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Groupe de travail mitigation et réduction des risques dans les camps L’OIM a participé au groupe de travail mitigation (MTF – Mitigation Task Force), une initiative établie pour déter‐miner les risques environnementaux dans les camps et mettre en relation les évaluations d’ingénierie et organi‐sations pour entreprendre des travaux de mitigation. Cette opération conjointe a été réalisée en coopération entre l’OIM et l’UNOPS. Les évaluations sont conduites par des ingénieurs des deux organisations. OCHA préside un meeting hebdomadaire avec les organisations poten‐tiellement intéressées. Sous cette officine, le groupe de travail MTF a mené 248 évaluations entre mai et octobre 2010. Répondre aux besoins de reconstruction dans les communautés L’accès limité aux terres propices au développement a constitué un facteur de ralentissement de mise en place de nouveaux sites de relocation durant les deux derniè‐res années. C’est pourquoi l’OIM a inclus un appui à la planification urbaine et à la préparation des sites afin de faciliter la reconstruction dans les communautés existan‐tes. Programme de retour dans les communautés Afin de faciliter le retour permanent et sécurisé des rési‐dents dans leurs lieux d’habitation antérieurs au trem‐blement de terre, le programme de retour dans les com‐munautés (CRP) a été établi et fournit une aide à la re‐construction là où l’enlèvement de débris et la prépara‐tion des sites constituaient un défi important pour les
ménages individuels. Un projet pilote est en cours dans la communauté de Morne Hercule (Mon Ekil en créole haïtien), un quartier particulièrement affecté situé dans la zone métropolitaine de Port‐au‐Prince et dont les rési‐dents vivent dans les camps avoisinants. 80% des mai‐sons se sont écroulées ou ne remplissent pas les condi‐tions de sécurité suffisantes pour y habiter. Une enquête exhaustive du quartier a été préparée – comprenant une énumération – afin de faciliter la reconstruction et la mise en place d’abris. Les résidents d’avant le tremble‐ment de terre ont été enregistrés selon les méthodes d’enregistrement développées par l’Unité d’enregistre‐ment de l’OIM. Des cartes aériennes et des enquêtes foncières sur les parcelles de terrain de Morne Hercule documentent précisément la délimitation et le statut légal des terrains et des bâtiments endommagés. Une évaluation détaillée des besoins en reconstruction a été conduite sur l’ensemble des parcelles de la communau‐té, permettant d’identifier les besoins en termes d’enlè‐vement de débris, d’amélioration des accès, de murs de soutènement, et des besoins en WASH. Cette évaluation a résulté en une analyse précise des besoins nécessaires afin de reconstruire une communauté sure. L’informa‐tion collectée est utilisée pour générer un plan commu‐nautaire basé sur les besoins, utilisé comme outil de dé‐cision pour déterminer les priorités en termes de ré‐ponse. Afin d’améliorer l’accessibilité (jusqu’ici réduite) dans la communauté, de préparer et de stabiliser les terrains pour la reconstruction de logements, l’OIM reconstruit des chemins et installe des murs de soutènement. Morne Hercule est désormais une des communautés qui connaitra une reconstruction extensive à travers le pro‐jet 16/6 mené par le gouvernement d’Haïti.
Gauche: Port‐au‐Prince. Un quartier vulnérable ou l’unité de Planification de Sites de l’OIM soutient l’amélioration des infras‐tructures.
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Alors qu’Haïti passe de l’urgence au relèvement, il est essentiel que les haïtiens aient accès aux ou‐tils nécessaires pour continuer cette transition. Dans un pays ayant un fort taux d’analphabé‐tisme, les communications représentent une part vitale de cette activité de passation. L’OIM Haïti a développé une série de produits visant à établir une communication efficace avec la population. Ces produits incluent la bande‐dessinée Chimen Lakay, des programmes préenregistrés et diffusés lors de longs voyages en transport en commun et désormais une série télévisée de haute qualité réalisée par des haïtiens, Tap‐Tap. Les médias publics non‐commerciaux qui mettent l’accent sur la responsabilité civile et l’éducation représentent une partie vitale de toute stratégie souhaitant réduire la dépendance à l’aide en Haïti. Afin de communiquer avec plus de 1.5 millions d’haïtiens déplacés, l’OIM a construit des kios‐ques d’information dotés de boites aux lettres pour encourager la communication bilatérale. La réponse était impressionnante – plus de 3 000 lettres de requêtes relative au logement, au tra‐
vail et à l’éducation. En parallèle, l’OIM a dévelop‐pé un journal bande‐dessinée en créole (Chimen Lakay) dont l’apogée de la distribution dans le pays a atteint les 400 000 copies. Chimen Lakay bénéficie d’un mécanisme d’approvisionnement par la foule et les lecteurs reçoivent un prix s’ils appellent et fournissent des réponses aux ques‐tions posées. Ce système permet de fournir des preuves de distribution aux bailleurs de fonds car les appels sont géo‐localisés. Un programme parallèle cible les dizaines de mil‐liers d’haïtiens parcourant de longues et courtes distances dans les Tap Taps multicolores. Les pro‐grammes radio sont enregistrés en studio et vi‐sent à transmettre des messages précis, que cela soit sur la prévention du choléra, la violence do‐mestique, ou les droits des enfants. Radio Tap Tap est appuyée par un centre d’appel que les auditeurs sont incités à appeler. Le programme de retour 16/6 du gouvernement d’Haïti a permis a l’OIM de développer de nou‐veaux outils visant à encourager un état d’esprit coopératif pour reconstruire le pays.
Gauche: Port‐au‐Prince. Des enfants lisent sur la préparation à la saison des ouragans dans le journal Chimen Lakay, produit par l’OIM.
La Communication au Service du Changement
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La série télévisée Tap Tap et les court‐métrages réalisés par l’équipe de l’OIM ciblent les person‐nes vivant dans les camps et les communautés qui bénéficieront de la reconstruction. Les projec‐tions en plein air apportent à la fois du divertisse‐ment et des informations clés dans des zones tou‐jours ravagées par le tremblement de terre. Enfin, en tant que partie intégrante de cette série d´activités, l’OIM a développé des prospectus contenant des dessins explicatifs « étape par étape », dont le contenu peut être ajusté aux cir‐constances, ciblant les haïtiens ayant un niveau d’alphabétisation faible, vivant dans les camps et les communautés. En centrant nos activités de communication sur la prévention et la protection, et en utilisant la lan‐gue créole et des publications et médias ne né‐cessitant pas un niveau élevé d’alphabétisme, nous souhaitons informer les populations extrê‐
mement vulnérables. En démontrant l’impact de cette forme de média, nous renforçons en outre le besoin de communiquer directement avec les populations en utilisant des moyens de communi‐cation bilatéraux. Les outils utilisés pour soutenir les communications – le centre d’appel et le mé‐canisme d’approvisionnement à grande échelle– fournissent des indicateurs clés dans des zones vulnérables aux besoins humanitaires importants.
400 000 Exemplaires de Chimen Lakay distribués
35 Séance de projection en plein air, atteignant
10 300 personnes
Plus de 5 000 Trajets en tap tap pendant lesquels ont été
diffusés radio Tap Tap
Diffusion Nationale De Radio Tap tap sur Minustah FM
Une Série Télévisée Pour Egayer le Moral d’Haiti Réalisé par le jeune et talentueux réalisateur Zaka, avec le soutien de l’OIM et financé par le pro‐gramme de retour du gouvernement, Tap Tap est une série télévisée centrée sur les vies des travail‐leurs haïtiens. Le but de la série Tap Tap est de présenter de véritables interactions de vie dans lesquelles les haïtiens peuvent se reconnaitre et retrouver leurs défis quotidiens tout en célébrant leur culture vibrante. Le tap tap symbolise les mouvements et la vie quotidienne haïtienne. C’est un véhicule conçu avec l’in‐génuité, la débrouillardise et l’esthétique artisanale haïtienne. Dans les épisodes, le tap tap fraye son chemin à travers des zones dévastées par le tremblement de terre, des ravins et des collines aux bords desquels les camps sont agrippés, des zones aisées, et le cœur de la capitale. Nous suivons les aventu‐res du conducteur et propriétaire Mercidieu, son fils accroc à Face‐book, et du gestionnaire qui a connu les épreuves d’une vie de restavek, ou d’enfant domesti‐que. Pour voir le film : www.facebook.com/TapTapHaiti
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Au lendemain du tremblement de terre, environ 600 000 personnes déplacées en raison de la des‐truction de leur logement sont allées s’installer avec leurs amis et leurs familles dans les régions n’ayant pas été directement touchées par le séisme. Si les haïtiens ont une forte tradition d’ac‐cueil, cet afflux de personnes supplémentaires a pesé sur les ressources locales. En décembre 2010, environ 150 000 personnes déplacées inter‐nes demeuraient en dehors des zones affectées par le tremblement de terre. A travers des pro‐grammes ciblés visant à stabiliser les communau‐tés accueillant les haïtiens déplacés, l’OIM a tra‐vaillé avec les personnes déplacées, les familles d’accueil, les membres de familles d’accueil et le gouvernement local afin de répondre aux besoins des survivants du séisme et des communautés d’accueil d’une manière équivalente. Alors que la communauté internationale a été en mesure de répondre à certains des besoins d’un
peu plus de la moitié de la population déplacée, beaucoup de ménages et de communautés d’ac‐cueil n’ont pas pu retrouver le niveau de vie qu’ils avaient antérieurement au tremblement de terre. L’OIM fournit de l’aide aux personnes qui ont fui les zones affectées par le tremblement de terre et leurs familles d’accueil dans les départements du Nord, du Sud et de l’Artibonite. En travaillant étroitement avec les autorités locales et les mem‐bres de la communauté dans l’identification des besoins prioritaires, l’OIM s’est engagée dans plu‐sieurs projets visant à créer des emplois de courte durée et des opportunités génératrices de reve‐nu, pour les déplacés et leurs hôtes, pour l’amé‐lioration des infrastructures dans les domaines de l’agriculture, de l’éducation, de systèmes hydrau‐liques et environnementaux, et visant à restaurer un niveau de revenu minimum pour ceux qui ont tout perdu.
Au‐dessus: Ba Mon près des Cayes. La population discute un projet communautaire.
Moyens de Subsistance et Soutien aux Communautés d’Accueil de Déplacés
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7 500 Ménages de PDI ayant reçu des articles non‐
alimentaires afin d’améliorer leurs condi‐tion de vie
Plus de 8 500 PDI ayant été employés à court terme sur des pro‐
jets visant à améliorer leur communauté
Plus de 14 000 Membres des familles et communautés d’accueil
ayant été employés à court terme
En travaillant avec les communautés d’accueil pour construire de nouvelles écoles et améliorer l’accès à l’eau propre, les personnes déplacées entament le processus d’intégration dans leur nouvelle communauté. Relogée dans le départe‐ment de l’Artibonite, Helene Eliston déclare : « Avant de travailler sur ce projet, je ne connais‐sais pas beaucoup de personnes ici. Désormais, les gens m’invitent chez eux ». Les canaux traditionnels d’irrigation creusés à la main sont améliorés et cimentés, permettant aux fermiers locaux de doubler leurs récoltes et de vendre le surplus agricole ; de nouveaux canaux de drainage sont construits afin d’éviter les inon‐dations durant la saison des pluies et les domma‐ges aux maisons et routes ; les écoles sont agran‐dies avec des classes supplémentaires et reçoi‐vent des bancs pour accueillir approximativement 150 enfants supplémentaires. Pour les familles de déplacés internes qui ont per‐du la plupart de leurs biens durant le séisme, la distribution de produits non périssables améliore leurs conditions de vie dans leur nouveau foyer. Réinstallé dans le département du Sud, Sonson
Prival a choisi une table et des chaises comme kit familial d’articles non‐alimentaires : « Je suis heu‐reux maintenant. Je peux désormais accueillir les gens chez moi ». De par la création de possibilités de revenu, l’a‐mélioration de la productivité du secteur agricole, l’augmentation de la capacité de réception des écoles, et la fourniture d’un accès à l’eau potable, ces initiatives sont cruciales au maintien des com‐munautés qui peuvent ainsi recevoir de nou‐veaux arrivants, allégeant la pression placée sur leurs ressources limitées.
Au‐dessus: Les Cayes. Micro‐canal aidant au partage de l’eau entre les agriculteurs et ayant un im‐pact immédiat sur la production.
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Haïti a plusieurs fois connu des désastres naturels qui ont couté la vie de plusieurs milliers de per‐sonnes et causé des dommages sévères aux mai‐sons, aux infrastructures, à l’agriculture et aux moyens de subsistance. La situation du pays s’est considérablement aggravée avec le tremblement de terre de janvier 2010. Bien avant les destructions causées par le trem‐blement de terre, les principales raisons expli‐quant ce niveau de vulnérabilité actuel sont le manque d’arbres recouvrant les zones de hautes montagnes du fait d’une déforestation impor‐tante, la capacité limitée de l’Etat en termes de planification et de réponse aux désastres, les in‐frastructures inadéquates, le manque de connais‐sance en matière de gestion des risques naturels parmi les populations, le blocage des canaux de drainage par les ordures, et un manque critique d’espace pour les abris d’évacuation. Répondre à cette vulnérabilité extrême aux ris‐ques naturels doit être considéré comme un pré‐requis pour qu’Haïti puisse sortir de la crise liée au tremblement de terre mieux construit, mieux géré et plus sûr pour sa population. Les efforts fournis par l’OIM en termes de Réduc‐tion des Risques et des Désastres ces deux derniè‐res années englobent un large panel d’activités pouvant être divisé en trois principaux domaines
interconnectés : 1) la gestion de l’évacuation ; 2) la préparation aux désastres au niveau des com‐munautés ; et 3) la prévention et le contrôle des inondations. De telles activités ont été mises en œuvre dans les départements de Port‐au‐Prince, St‐Marc, Gonaïves, Port‐de‐Paix, Jacmel, Petit‐Goave, Cap Haitien et des Cayes. Elles ont été mi‐ses en œuvre en collaboration étroite avec le Mi‐nistre de l’Intérieur (y compris la Direction de la Protection Civile ‐ DPC), le Ministère de l’Environ‐nement, le Ministère de l’Agriculture, le Ministère des Travaux Publics, les autorités locales (aux ni‐veaux départemental, communal et sous‐communal) et la société civile haïtienne. En 2010 et 2011, l’OIM a construit dix nouveaux abris d’évacuation et réhabilité dix‐neuf autres abris. Parce que les infrastructures sont l’une des composantes de la gestion de l’évacuation et afin d’assurer des évacuation sécurisées, ordonnées et bien gérées en cas d’urgence, l’OIM et le Comi‐té Thématique sur la Gestion des Abris d’Evacua‐tion (le forum gouvernemental de politique géné‐rale pour les évacuations, dont l’OIM est mem‐bre) ont créé une politique générale sur les éva‐cuations de courte durée, couvrant les étapes de la préparation, l’évacuation préalable, l’évacua‐tion et l’évacuation postérieure. L’Etat a officielle‐ment adopté le Guide de Gestion des sites et abris d’évacuation le 16 décembre 2011.
Préparation et Réduction des Risques et Désastres
Au‐dessus: Croix‐des‐Bouquets. L’ouragan Tomas s’approchant de camp Corail, près Port‐au‐Prince. Haïti est parti‐culièrement vulnérable aux ouragans et, du fait de la déforestation, aux glissements de terrain et inondations.
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Dans une activité conjointe avec le Département de la Protection Civile (DPC), la Banque Mondiale et le Gouvernement d’Haïti, 500 sites potentiels d’évacuation ont été évalués à Port‐au‐Prince afin de déterminer la stabilité de la structure et possi‐ble utilisation comme abris d’évacuation. Ceci est d’une importance primordiale en raison des in‐quiétudes relatives à la stabilité des structures à la suite du tremblement de terre. Les autres acti‐vités allant dans le même sens incluent des for‐mations à la gestion des abris destinés, entre au‐tres, à la Protection Civile et aux groupes de tra‐vail sur les politiques générales. Au niveau communautaire et en coordination avec le mouvement de la Croix Rouge et du Crois‐sant Rouge et la Direction de la Protection Ci‐vile, l’OIM a formé et équipé 81 comités de ges‐tion des risques dans les camps des zones affec‐tées par le tremblement de terre. Cette méthodo‐logie, tout comme celle des activités de l’OIM de préparation aux désastres dans les communautés, incluent des formations aux premiers secours, l’identification des dangers potentiels, des risques et des routes d’évacuation (comprenant la carto‐graphie des risques dans les communautés), la santé et l’hygiène en situation d’urgence, l’éta‐blissement de systèmes locaux d’alerte, la mitiga‐tion et le drainage dans les communautés, la sen‐sibilisation de la population à travers une variété de médias et d’autres activités liées à la prépara‐tion et à la réponse aux urgences dans le contexte haïtien.
En termes de prévention et de contrôle des inon‐dations, les programmes de l’OIM contribuent aux processus de minimisation des risques physi‐ques auxquels fait face la population. Cela inclue l’amélioration du drainage dans les zones à basse altitude (construction, réhabilitation enlèvement/nettoyage des débris) et la gestion de lignes de partage des eaux dans les montagnes surplom‐bantes afin de réduire en amont la quantité d’eau arrivant dans les zones peuplées. Dans les zones où elle a été mise en œuvre (comprenant certai‐nes sections d’Artibonite, Martissant et Petit‐Goâve), cette approche complémentaire a porté ses fruits dans la réduction des inondations et des glissements de terrain. Considérant cependant la portée et la gravité du problème (par exemple, une déforestation du pays s’élevant a 98%, et des infrastructures de gestion de l’eau particulière‐ment inadéquate), un travail colossal doit encore être effectué pour réduire ces risques à des ni‐veaux acceptables dans les zones vulnérables en Haïti.
81 Comités de gestion des catastrophes formés et
équipés
28 Abris d’évacuation construits ou réhabilités
1 382 725 Arbres plantés
155 159 Mètres de canaux de drainage construits ou ré‐
habilités
En bas et à droite: Petit Goave. Activités de gestion des bassins versants dans les monta‐gnes, réduisant les risques d’inondations.
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Au‐dessus: Numéro 5 du Chimen Lakay sur la préparation à l’urgence pendant la saison des pluies et cyclones.
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Une fragilité des infrastructures, une urbanisation non‐planifiée, une agriculture sous‐développée, un fort taux de chômage, un accès difficile à l’éducation, un manque d’investissements, des institutions étatiques faibles et une sévère dégradation de l’environnement sont parmi les problèmes récurrents du développe‐ment d’Haïti. En outre, le pays fait face depuis long‐temps à des éléments déstabilisants ayant détourné les efforts entrepris pour s’attaquer à ces problèmes structurelles ; parmi ses éléments : la violence des gangs, l’instabilité politique et l’incapacité à gérer les risques récurrents dues aux saisons des pluies et des ouragans. En 2010, le taux de chômage était estimé à 41% de la population, et le sous‐emploi est un vérita‐ble problème de société. 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et 60% dans une pauvre‐té extrême. Les équipes de stabilisation communautaire et décen‐tralisation de l’OIM travaillent avec les communautés au sein de six régions d’Haïti afin d’identifier des petits projets ayant un impact fort et réalisables par la com‐munauté elle‐même. Ce programme facilite la coopé‐ration entre le gouvernement et les communautés marginalisées en créant des opportunités de dialogue et de collaboration autour de la réhabilitation des in‐frastructures publiques. La réhabilitation des écoles, routes secondaires, canaux, ponts, parcs public, systè‐mes d’eau, d’agriculture périurbaine et d’irrigation, et autres infrastructures rentre dans une large campagne visant à promouvoir la participation civique, la cohé‐sion communautaire et la réconciliation. Ces activités sont créées afin de mettre en lumière l’importance de la participation de la communauté dans le processus de paix, de réconciliation et de développement. Ces activités ont réduit les conflits et promu un développe‐ment économique durable. En outre, des milliers d’emplois ont été créés de par ces projets mis en œu‐vre par des centaines d’entrepreneurs locaux. En réponse au tremblement de terre, le programme de stabilisation communautaire – qui existait avant le séisme – a immédiatement été mobilisé pour répondre à la destruction des infrastructures, créant ainsi des milliers d’emplois courts tant dans les zones affectées par le séisme que pour des milliers de déplacés dans les provinces. Dans le département de l’Ouest, ces ac‐
tivités ont notamment porté sur le déblayage de 50 écoles endommagées par le séisme dans la zone mé‐tropolitaine de Port‐au‐Prince en seulement cinq se‐maines, et la restauration de l’approvisionnement en eau pour 150 000 personnes. Coordonnant avec le Mi‐nistère de l’Education afin de prioriser les écoles ba‐sées sur les inscriptions, l’OIM a commencé le dé‐blayage des débris dans les écoles dès le 8 février 2010. Grâce à ce partenariat, un volume total de 184 319 mètre cube de débris a été retiré des écoles publi‐ques et congréganistes. La réouverture des écoles était une étape fondamentale dans le relèvement de la ville de Port‐au‐Prince. Dans les départements du Sud,
Nord et de l’Artibonite, le programme a rapidement développé ces projets à forte intensité de main‐d’œuvre afin de garantir un emploi aux populations déplacées et aux familles les accueillants. Ces projets ont non seulement fourni des emplois et injectés des liquidités dans l’économie locale – aidant les popula‐tions à satisfaire leurs besoins quotidiens – mais ont également permis aux populations déplacées d’investir dans de petits commerces et de s’installer dans de nouvelles zones. Dans le processus, ces vastes projets à forte création d’emplois ont permis la construction d’infrastructures durables et productives telles que des structures de conservation des sols, des canaux d’irri‐gation, des systèmes de drainage, et des routes entre les fermes et les marchés qui contribueront au déve‐loppement pour les années à venir.
Au‐dessus: Petit Goave. Un agriculteur apprécie la croissance de la productivité au bord d’un pe‐tit canal d’irrigation.
Stabilisation Communautaire et Décentralisation
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L’attention particulière portée sur le dévelop‐pement d’infrastructures durables, sur les pro‐grammes ruraux intégrés ainsi que sur l’effet stabilisateur de l’approche de renforcement communautaire a généré d’excellents résul‐tats en termes de développement économi‐que et social. Les revenus et le nombre de commerces au sein des communautés rurales et urbaines ciblées ont augmenté. Les associa‐tions communautaires ont été renforcées à travers des formations sur la gestion des conflits, la transparence et la gestion. Les ca‐pacités des entrepreneurs locaux ont été dé‐veloppées à travers des milliers de petits pro‐jets de construction. La fourniture de services de base au sein de quelques‐unes des zones les plus dépourvues de la nation a de même été gran‐dement améliorée. Les populations fortement vulnérables, comme les personnes vivant avec le virus du VIH/SIDA ou attein‐tes de handicaps physiques ont également été sup‐portées à travers la création d’opportunités d’emploi sur les projets communautaires. Ces projets ont parti‐cipé à la fourniture de source de revenus sur le court‐terme, ainsi que dans la dé‐stigmatisation et le ren‐forcement de l’estime de soi en permettant à ces groupes traditionnellement marginalisés de contri‐buer à des projets communautaires prioritaires.
La hausse des revenus ruraux à travers des investisse‐ments agricoles de base (irrigation, route menant de la ferme au marché, infrastructures de traitement et de stockage) a permis d’améliorer la sécurité alimen‐taire en rendant les ménages plus résistants, et a ré‐duit l’exode urbaine et vers la République Domini‐caine. Ces investissements dans les infrastructures ont fourni une protection contre les aléas climati‐ques : les canaux d’irrigation ont réduit les risques de sécheresse et d’inondation, et les routes et ponts ont réduit les risques de pertes et d’isolation en cas d’i‐nondation. Les captages d’eau et les puits ont réduit les risques de maladies hydriques. Les canaux de drai‐
nage ont réduit les pertes en vies hu‐maines et risques de maladie par la gestion des eaux pluviales. Les activi‐tés de reforestations et de terrasse‐ment dans les zones montagneuses ont réduit la fréquence et l’intensité des inondations et des glissements de terrain, et limité les sécheresses loca‐les par le réapprovisionnant des nap‐pes phréatiques et eaux de surface.
1 039 644 Emplois homme/jours créés
125 Salles de classes réhabilitées ou construites
83 058 Mètres d’infrastructures de transport construits ou réhabilités
275 300 Personnes ayant un accès facilité à l’eau potables
188 300 Personnes habitants dans les zones cibles ayant accès à des instal‐
lations sanitaires améliorées
56 185 Mètres linéaires de canaux d'irrigation réhabilités ou construits.
Gauche: Petit Goave. Mise en terre d’arbres par la communauté.
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Lutte Contre la Traite des Etres Hu‐mains La traite des personnes en Haïti détient un aspect unique comparé aux formes que peut prendre le phénomène dans les pays voisins. Un système local de servitude do‐mestique des enfants, connu sous le nom de restavek, est endémique en Haïti. Les estimations basées sur un travail de terrain indiquent qu’environ 250 000 enfants sont ac‐tuellement exploités comme employés domestiques en Haïti. A la suite du séisme de 2010, les enfants nouvelle‐ment orphelins ont fait augmenté de manière dramatique le nombre de personnes vulnérables à la traite des per‐sonnes. De plus, un nombre important d’enfant traverse illégalement la frontière pour aller en République Domini‐caine où ils sont exploités sexuellement ou utilisés comme mendiants. Haïti est de même un pays de destina‐tion pour des centaines de travailleuses du sexe domini‐caines, beaucoup d’entre elles étant recrutées par l’utili‐sation de la coercition ou de la tromperie. Une partie im‐portante de ces dominicaines deviennent victimes de la traite une fois arrivées en Haïti.
Depuis 2010, l’OIM Haïti a assistée plus de 774 victimes de la traite, principalement des enfants restavek. Une protection et assistance immédiate a été fournie aux victi‐mes, incluant notamment la réunification avec les familles ou tuteurs légaux de l’enfant, et la réintégration sociale pour les adultes (incluant des formations sur les moyens de subsistance, et des subventions). L’OIM Haïti travaille avec un réseau de 12 ONG locales pour fournir de tels services. Toutes les opérations sont entreprises en coopé‐
ration avec le Ministre des Affaires Sociales, l’Institut du Bien‐Etre Social et de Recherche (IBESR) et la Brigade de Protection des Mineurs (BPM) de la Police Nationale Haï‐tienne. Si ce n’est pour les cas de restaveks, l’OIM Haïti a aussi assisté 32 enfants qui étaient exploités en Républi‐que Dominicaine, que ce soit une exploitation sexuelle ou de mendicité dans la rue. Plus récemment, l’OIM Haïti a travaillé avec l’OIM Répu‐blique Dominicaine pour enquêter sur la problématique des femmes Dominicaines victimes de la traite en Haïti à des fins d’exploitation sexuelle. Après des mois de recher‐che, de visites de terrain et d’entretiens, cette dynamique complexe de la migration apparait sous un nouveau jour. L’OIM a aussi travaillé avec ses partenaires régionaux pour faciliter les mesures de protection pour le retour des mineurs non‐accompagnés. 92 sessions de sensibilisation ont eu lieu, avec une partici‐pation de plus de 5 000 citoyens dans les dix provinces d’Haïti. Ces sessions se concentraient sur les dangers liés à l’envoi des enfants travailler loin de chez eux, les droits des enfants, et la nature de la traite des êtres humains. Par la réduction des facteurs économiques de départ et autres facteurs corollaires perçus comme attractifs, tels l’espoir de bénéficier d’une éducation gratuite et d’une « vie meilleure », l’OIM Haïti vise à établir un environne‐ment familial stable ou un enfant peut pleinement se dé‐velopper. La famille biologique de la victime fait l’objet, avant la réunification avec l’enfant, d’une évaluation des risques, et reçoit une formation sur les activités génératri‐ces de revenus, résultant d’un plan commercial, ainsi qu’une micro‐subvention pour renforcer un commerce déjà existant, ou pour en commencer un nouveau. L’OIM soutient la Table Sectorielle sur les enfants restavek, qui est une plateforme essentielle de coordination de déve‐loppement à long terme, et qui a fait l’objet d’efforts ré‐cents visant à sa revitalisation. Actuellement, l’OIM tra‐vaille avec ses partenaires gouvernementaux et non‐gouvernementaux pour produire une ébauche d’un plan national d’action pour combattre le phénomène des res‐taveks.
774 Victimes assistées en 2010‐2011
6 599 Personnes ayant participé à des activités de sensibilisa‐
tion communautaires
Droite: Mirebalais. L’agent de lutte contre la traite, Rodrigue Joseph, accompagne un enfant victime de la traite (restavek) durant la réunifi‐cation familiale.
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Etre à Nouveau un Enfant Comme les Autres A l’âge de quatre ans, A. a dû quitté sa maison, située dans une zone rurale du département de l’Ouest, et a été envoyée par ses parents pour vivre dans un « orphelinat » car il ne pouvait plus la nourrir. Alors qu’elle avait neuf ans, cet orphelinat a fermé, et son père l’a envoyée travailler chez une de ses connaissances à Port‐au‐Prince. Elle devait aller chercher l’eau, nettoyer la maison, emmener les enfants à l’école, cuisiner les repas, et faire la lessive et la vaisselle. N’étant jamais allée à l’école, A. était victime de mauvais traitements physiques chaque jour. Après 3 ans, elle ne pû plus supporter cette vie, et s’échappa. Plusieurs jours après qu’elle se soit échappée, un adulte l’a trouvé et emmené au commissariat le plus proche. La police a alors travaillé en collabo‐ration avec l’Institut du Bien‐Etre Social et de Recherches pour la loger, et demanda à l’OIM son aide. L’OIM Haïti a recherché sa famille, lui a apporté un soutien psycho‐social et a payé ses frais scolaires pendant un an pour qu’elle puisse recevoir une éducation. L’OIM a également dispensé à la famille de A. une formation sur les activi‐tés génératrices de revenu, avant que cette dernière ne revienne chez elle. Ses proches ont été choqués d’ap‐prendre ce qui lui était arrivé, alors qu’ils pensaient qu’ils lui avaient permis d’avoir une meilleure vie. Grâce à une micro‐subvention de l’OIM, sa famille a pû établir un plan commercial d’expansion de leur terrain agricole. Ils ont acheté une mule pour pouvoir transporter leurs produits et les vendre au marché. Un travailleur social de l’OIM rend visite à A. tous les mois pour s’assurer que sa réintégration se passe bien, et qu’elle bénéficie à nou‐veau d’une enfance et d’une vie familiale normale. Aujourd’hui, elle rattrape le retard accumulé à l’école, et es‐père un jour pouvoir aller à l’université et y étudier la médecine.
Au‐dessus: Croix‐des‐Bouquets. Le foyer l’escale, soutenu par l’OIM, un centre de transit accueillant d’an‐ciens restaveks et leur fournissant éducation et logement.
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Gestion de la Migration L’OIM Haïti a un engagement historique dans les pro‐gramme de gestion des migrations notamment au niveau des problématiques de mobilités traditionnelles comme la traite des êtres humains, l’assistance pour la migration de retour et la gestion des frontières. De telles initiatives à long‐termes sont devenues plus importantes à la suite des effets déstabilisateurs du tremblement de terre et des contraintes auxquelles le gouvernement d’Haïti a eu à faire face en conséquence. Le programme d’assistance au retour volontaire et à la ré‐intégration, basé dans la région Nord d’Haïti, atténue les dangers liés à la migration clandestine. L’un des premiers
outils d’intervention de ce programme est la campagne de prévention publique sur les risques liés à ce type de migra‐tion. Les migrants qui retournent en Haïti reçoivent un soutien immédiat par la fourniture d’articles alimentai‐res, d’eau et de vê‐tements, et se voient offrir une se‐conde chance en Haïti en devenant bénéficiaires des programmes de réinté‐gration, notamment par le biais des projets de microcrédit ou de formations agricoles. Le programme de l’OIM de renforcement des capacités en gestion des migrations vise également à renforcer la capa‐cité du gouvernement d’Haïti à gérer les migrations et à améliorer la sécurité des frontières haïtiennes en encoura‐geant une approche unifiée de la gestion des migrations et des frontières, et de la coordination des activités des insti‐tutions publiques pertinentes dans ce domaine. En partenariat avec le Ministère de l’Intérieur et les Collec‐tivités Territoriales (MICT), ce programme vise à renforcer les capacités techniques et humaines du gouvernement haïtien. Concernant les ressources techniques, les activités du programme incluent: l’extension du système d’informa‐tion de gestion de frontières (BMIS) afin de contrôler les flux entrants et sortants de migrants sur les principaux points d’accès aériens, terrestres et maritimes, la révision et la mise à jour de la législation nationale existante en termes de migration, ainsi que l’organisation de consulta‐tions régulières sur la gestion des frontières entre les auto‐rités frontalières haïtiennes et dominicaines. En relation avec le développement humain, les activités se concentrent sur la création d’une unité permanente de formation à la gestion des frontières au sein du MICT pour les officiers des trois agences de gestion des frontières haï‐tiennes (Immigration, Police, et Douanes), et des forma‐tions sur la lutte contre la traite des êtres humaines et le trafic des migrants pour les officiers d’application des lois aux frontières.
170 Agents de l'immigration, de la police et des douanes formés à la
Gestion Intégrée des Frontières (GIF), niveau 1
10 Agents de l'immigration, de la police et des douanes formés pour
être formateurs sur les 3 formations GIF
183 Agents de l'immigration ayant reçu des formations en anglais, es‐
pagnol et informatique
4 Ateliers techniques mis en place pour les agences frontalières haï‐
tiennes et dominicaines pour résoudre les problèmes de ges‐tion de frontières;
35 Opérations de contrôle menées aux postes frontières pour faire face à l’urgence et lutter contre la criminalité transnationale;
4 919 Migrants assistés dans leur retour vers Haïti
Plus de 18 000 Personnes ayant bénéficié d’une aide dans le cadre des projets d'in‐
frastructures communautaires financés par le programme AVRR
1 500 Micro‐subventions versées aux propriétaires de petites entreprises
5 500 Emplois «Cash for Work» et «Food for Work» créés
10 000 Personnes ayant bénéficié d’une aide à l’agriculture dans le nord
d’Haïti
Au‐dessus: Malpasse. L’Equipe Spéciale d’Intervention DIP (Douanes, Immigration, Police) en action à un poste frontière.
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Dans le cadre des opérations d’assistance au retour des mi‐grants, l’OIM travaille en partenariat avec l’Office National des Migrations (ONM) pour s’attaquer aux principales causes de l’immigration illégale au sein des communautés à risque, afin de maîtriser et atténuer ce phénomène. Les activités se concentrent dans le département du Nord‐Ouest qui inclue d’importants quartiers urbains défavorisés. La ville de Port‐de‐Paix est caractérisée par une pauvreté généralisée, un dé‐veloppement socio‐économique très faible, et des infrastruc‐tures délabrées voire inexistantes. De tels facteurs poussent de nombreux habitants de cette zone à considérer l’immigra‐tion illégale par la mer vers d’autres îles des Caraïbes ou vers l’Amérique du Nord comme l’unique option de survie. Cette zone est également notoirement connue pour son trafic de drogues et de biens, en plus du trafic des migrants. Dans le but de réduire le flux de l’immigration clandestine dans cette zone, le projet se concentre à la fois sur les migrants haïtiens de retour en Haïti, et les Haïtiens risquant de devenir des im‐migrants clandestins.
Les activités du programme de gestions de la migration de l’OIM visent à améliorer les capacités des institutions haïtiennes responsables pour la gestion des flux migratoires légaux et illégaux à travers la fourniture de formations poussées en gestion des frontières, ainsi que la distribution d’équipements de sécurité spécifiques à la gestion des flux migratoires, à promouvoir le respect des droits des migrants, à permettre la communication et l’échange d’information entre les postes frontières, et à créer une base de données fiable sur la migration. Le programme vise également à réduire les risques de départs dan‐gereux par la mer à travers la stabilisation des communautés de la région de Port‐de‐Paix sujettes à l’immigration en les engageant dans un processus visant à créer un environnement favorable au déve‐loppement durable et générateur de revenu, par l’accès au capital et l’amélioration des structures communautaires. Ce programme contribue directement à l’augmentation de la sécurité au niveau national et des frontiè‐res terrestres, aériennes et maritimes, réduisant ainsi l’occurrence du crime organisé transnational en Haïti ainsi que sur l’ensemble de l’île Hispaniola.
La Réintégration Socio‐économique des Haïtiens Revenant des Etats‐Unis Mr Metellus Tellilor est revenu des Etats‐Unis en juillet 2011 mais a subi l’ostracisme de sa famille en Haïti du fait de son ancien style de vie aux Etats‐Unis. Lorsqu’il a pris connais‐sance du programme USAID/OIM d’assistance au retour volontaire et à la réintégration, il a fait acte de candidature pour obtenir une subvention afin de mettre en œuvre ses compé‐tences de coiffeur/barbier en achetant l’équipement nécessaire pour gagner sa vie dans son propre salon de coiffure, et en vendant des produits de soins pour hommes. Accompagné d’un interprète de DIPS Org NGO, Mr Metellus a trouvé une formation appro‐priée chez Fritzners Barbershop et un local afin de commencer sa petite entreprise. Derniè‐rement, Mr Metellus a accompli sa formation de cinq semaines, il attend désormais les outils et équipements nécessaires pour ouvrir « Zoe Cuts » à Delmas, Port‐au‐Prince.
Au‐dessus: Port‐au‐Prince. Makenson Jean Louis, étant revenu en Haïti avec l’aide de l’OIM, et ayant bénéficié d’un pack de réintégration, reçoit son certi‐ficat de formation professionnelle des mains d’Amélie Dormevil (Travailleur social de l’ONM).
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Au‐dessus: Camp Mayard, Jacmel. Un bénéficiaire des abris de l’OIM jardine en face de sa nouvelle maison.
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Présentation Financière Les bailleurs de fonds se sont engagés auprès de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) à un financement total de 230,9 millions de dollars en 2010‐2011 afin de soutenir ses activités en Haïti, et notamment sa réponse à l’urgence ayant suivi le tremblement de terre. Pour la même période, un total de 190,67 millions de dollars a été dépensé par l’OIM Haïti pour la mise en œuvre de ses activités.
Le deuxième graphique présente les dépenses par programme an sein du programme de coordination de camp et de gestion des camp (CCCM).
Graphique 2 : Dépenses CCCM par activités pour 2010‐2011*.
* Le deuxième graphique renseigne sur les dépenses par activités dans les camps. Les pourcentages sont liés aux activités de l’OIM dans les camps uniquement, divisant entre les diffé‐rentes composantes du CCCM et ne se référant ainsi pas aux activités globales de l’OIM Haïti.
Haïti: De l’Urgence au Relèvement Durable Rapport de Deux Ans de l’OIM Haïti 2010‐2011
Graphique 1 : Financement de l’OIM Haïti pour 2010‐2011, par bailleurs*.
* Le premier graphique représente les financements confirmés par les bailleurs pour 2010 et 2011. Les dépenses de l’OIM pour cette même période (2010‐2011) sont de 190,67 millions de dollars américains.
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L’OIM et le Cluster d’Abris d’Urgence et de Coordination de Camp et Gestion de Camp (CCCM) L’Organisation Internationale pour les Migrations est le leader du cluster Coordination de Camp et Ges‐tion des camps (CCCM) depuis le tremblement de terre de janvier 2010 et du cluster unifié d’Abris d’Urgence et CCCM depuis septembre 2011. Les 40 partenaires du cluster comprennent, entre autres, des organisations non‐gouvernementales internationales et nationales, des organisations internationa‐les, des représentants de la communauté des bailleurs et le Gouvernement d’Haïti. Les activités sur lesquelles se concentre le cluster d’Abris d’Urgence et CCCM sont : la gestion de camp, la provision d’abris d’urgence et transitoires et la distribution d’articles non‐alimentaires. Les fonctions premières de ce cluster sont : la coordination avec les différentes parties prenantes, la préparation en cas d’urgence et le renforcement des capacités, l’évaluation des besoins du secteur et la planification, la gestion de l’information et sa dissémination, la mise en application des standards internationaux, le suivi des problématiques transversales, le plaidoyer et la mobilisation des ressources nécessaires. Le cluster d’Abris d’Urgence et CCCM concentre ses efforts dans deux directions principales : s’assurer que les populations déplacées aient accès à une solution de retour ou relocalisation durable, et main‐tenir des conditions de vie décentes et protéger ceux qui restent encore dans les camps. Le cluster d’Abris d’Urgence et CCCM est actuellement co‐présidé par l’Unité de Construction de Loge‐ments et des Bâtiments Publics (UCLBP), récemment installée par le Gouvernement Haïtien. Le cluster travaille également au transfert de ses responsabilités vers l’UCLBP, la Direction de la Protection Civile (DPC) et le Centre National de l’Information Géo‐spatiale (CNIGS) d’ici à la fin 2012. Pour continuer dans ses efforts pour remédier à la crise du déplacement, le cluster d’Abris d’Urgence et CCCM réalise un travail de plaidoyer en faveur de l’approvisionnement de près de 75 000 solutions de relogement supplémentaire à destination de populations qui, autrement, seraient amenées à de‐meurer dans les camps à la fin de l’année 2012. Pour plus d’information, visitez : http://www.eshelter‐cccmhaiti.info/
Gauche: Port‐au‐Prince. Le conseil stratégique du Cluster en réunion aux bureaux d’ECHO.
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Partenariats La coopération avec les partenaires est une part essentielle de l’engagement de l’OIM et de la mise en œuvre de ses activités, particulièrement dans le contexte de réponse à l’urgence et de relèvement où une collaboration étroite avec les autorités locales, la société civile et les acteurs humanitaires est la clé de toute opération durable et efficace. En tant qu’organisation intergouvernementale travaillant au sein de la structure humanitaire inter‐agence menée par les Nations‐Unies, l’OIM Haïti a une responsabilité de maintien de relations proches avec le gouvernement et ses institutions, de même qu’avec les organisations communautaires de base et autres réseaux sociaux. Conscient que le partenariat est essentiel pour capter les avantages comparatifs techniques et opéra‐tionnels, l’OIM estime que l’amélioration des aptitudes des populations affectées contribue à prévenir les crises, améliore l’assistance humanitaire à travers la création de mécanismes de réponses des po‐pulations, et facilite un développement durable. En Haïti, l’OIM fait preuve d’un engagement à long‐terme en accompagnant et s’engageant avec le gouvernement et la population haïtienne à renforcer la capacité à faire face à la problématique du dé‐placement, de la mobilité et du développement. Par ces partenariats, l’OIM assure la participation et l’appropriation des membres de la communauté, sa responsabilité vis‐à‐vis des bénéficiaires, et une transparence des pratiques en permettant, notamment, un partage de l’information et la coordination. Une grande partie des efforts de l’OIM se concentrent sur le soutien à la population haïtienne à faire face aux effets du tremblement de terre et de l’épidémie de choléra. Toutefois, en tandem avec les autres agences et organisations, les partenaires du cluster, les agences des Nations‐Unies, les organisa‐tions gouvernementales et la société civile, l’OIM passe désormais à la phase suivante de réhabilitation et reconstruction. Les activités de l’OIM ne seraient possibles sans les initiatives complémentaires d’autres organisations et les relations coopératives avec les contributeurs financiers. L’OIM souhaite ainsi remercier les généreuses contributions de l’ensemble de ses donneurs – institu‐tions gouvernementales et intergouvernementales, les Nations Unies et autres organisations et pro‐grammes, les entités financières privées – qui ont rendu possible la réalisation des activités présentées dans ce rapport, nommément :
AECID‐ESPAGNE, AMERICARES, BEHAVIORAL SCIENCE RESEARCH INSTITUTE (BSRI), CARICOM, CERF‐ONU, CHEMONICS, CIDA‐CANADA, CROIX ROUGE AMERICAINE (ARC), COMMUNITY CHEST OF KOREA (CCK), CORPORATION COMMERCIALE CANA‐DIENNE (CCC), DFAIT‐CANADA, DFID‐GB, ECHO‐UE, ERRF‐ONU, FAO, FOND DE RE‐CONSTRUCTION D’HAITI, FONDATION CLINTON, FRANCE, JAPON, MDG‐F/ESPAGNE, MINUSTAH‐CVR, MINUSTAH‐QIPS, MULTI‐BAILLEURS, OCHA, OIM, ONUSIDA, PAM, PNUD, SIDA‐SUEDE, START‐CANADA, UE, UN STAFF ASSOCIATION, UNICEF, USA‐GTIP, USA‐USAID, USA‐OFDA, USA‐PRM, and USAIM.
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Organisation Internationale pour les Migrations
MINUSTAH, Log Base (Area 5)
Boulevard Toussaint Louverture
Port‐au‐Prince, Haïti
Tel: +509 38 86 47 45
E‐mail: oim_pap@iom.int
Site Internet de l’OIM Haïti : www.iomhaiti.net
Site Internet de l’OIM Genève : www.iom.int
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