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Le lien de confiance :
Posture professionnelle et accompagnement du jeune enfant et de sa famille
Mémoire professionnel
Formation en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat d’éducateur de
jeunes enfants
2015-2018
MADRANGE Gwénaëlle
R e m e r c i e m e n t s
Un grand merci à
Ma mère,
Mes collègues et amies de la formation,
Anne-Marie m’a voisine EJE
Pour leur soutien, leur aide et leur patience
S o m m a i r e
Liste des sigles utilisés
Introduction.……………………………………………………………………...1
1ère partie de la relation nait la confiance………………………………….4
1 Le lien entre confiance et relation
1.1. L'être en relation……………………………………………………………….4
1.2 La naissance du lien de relation………………………………………………...5
1.3 De la relation à la confiance donnée ou acquise ……………………………….6
2 De l'individu à la personne
2.1 Le regard vers soi…………………………………………………………….…7
2.2 Des représentations aux positionnements professionnels………………………9
2ème partie Le lien de confiance dans la relation enfants-
professionnels:………………………………………………………...13
1 Le portage psychique et physique
1.1 De l'attachement à la sécurité de l'enfant……………………………………….13
1.2 La référence dans la notion de confiance……………………………………….17
1.3 La sécurité affective et le lien de confiance…………………………………….18
1.4 Parole et regard outils de confiance……………………………………………..20
1.5 La pose d'un cadre………………………………………………………………21
2 La confiance un lien indispensable pour l'accompagnement au quotidien
2.1 La prise en compte de l'enfant par le langage…………………………………..23
2.2 L'activité comme support de lien qui contribue à la confiance……...………….24
2.3 Par les gestes…………………………………………………………………....26
2.4.Par l'aide à la motricité…………………………………………………....…….27
3ème partie Le lien de confiance dans la relation parents-
professionnels………………………………………………………….31
1 Donner une place au parents pour co-construire
1.1 Leur laisser une place dans la structure……………...………………………….32
1.2 Les échanges professionnels-parents……………………………………………33
2 La co-éducation
2.1 Qu'est-ce que c'est…………...………………………………………………….36
2.2 Le soutien à la parentalité………………………..……………………………..38
3 Prendre en compte le parent pour le valoriser dans ses compétences
3.1 Le prendre en compte dès l'adaptation…………………………………….……41
3.2 La confiance au quotidien………………………………………………………42
3.3 L'accompagnement à la parentalité……………………………………………..44
Conclusion………………………………………………………………………..49
Bibliographie
L i s t e d e s s i g l e s u t i l i s é s
Par ordre alphabétique
AED : aide éducative à domicile
AEMO : Aide éducative en milieu ouvert
CADA : centre d’accueil des demandeurs d’asile
DC : Domaine de compétence
EAJE : Etablissement d’accueil du jeune enfant
EJE : éducateur de jeunes enfants
ES : éducateur spécialisé
LAEP : Lieux d’accueil enfants parents
PFS : placement familial spécialisé
PMI : protection maternelle et infantile
UTAS : Unité territoriale d’action sociale
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MADRANGE Gwénaelle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Introduction
L’accueil et l’accompagnement des familles, de leurs enfants font partie du travail
quotidien des professionnels de la petite enfance. Ces missions nécessitent d’être
dans la relation à l’autre. Les parents sont parfois pris dans la problématique de la
nécessité de confier leur enfant et la difficulté de se séparer de lui. De leur côté, les
enfants doivent s’adapter à un nouveau milieu, des façons de faire différentes, et se
sentir suffisamment en sécurité pour se construire comme personnes à travers leurs
relations avec leur environnement
La mise en place d’un lien de confiance est une base essentielle à tout cela.
Lors de mon voyage d’étude en Hongrie, ma promotion et moi avons la chance
d’aller dans une école maternelle à la rencontre d’enfants de trois ans à cinq ans. Je
peux partager un temps de jeux extérieurs et entrer en contact avec eux.
Je rejoins un groupe d’enfants dans le bac à sable. Tout d’abord, je m’assois à
proximité, sans rien faire, pour laisser un temps d’échange de regards se produire.
Puis je commence à toucher, à jouer avec le sable entre mes doigts, à adresser de
grands sourires aux enfants qui m’observent. Je décide d’entrer en relation avec eux
au travers du jeu et non du langage. Petit à petit, un rapprochement se fait, nous
commençons à communiquer par gestes, mimiques, à jouer ensemble.
Je cache une voiture dans le sable, les enfants la déterrent et attendent que je
recommence. Ils rient. Malgré une langue différente, les enfants et moi pouvons
partager, échanger et entrer en relation.
Comment ces enfants qui ne me connaissaient pas m’ont permis d’entrer en relation
avec eux et d’une certaine façon, me faire confiance ? Comment cette confiance s’est
établie au-delà des mots. ?
2
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Un autre évènement a nourri ma réflexion :
Maëlys est un bébé de cinq mois. C’est le seul enfant du couple, ses parents l’ont eue
sur le tard après de nombreux essais. Ils demandent beaucoup d’explications, lors des
temps de transmissions sur le quotidien. Ils me semblent curieux, et se tournent
régulièrement vers les professionnels pour des conseils.
Un soir, son père arrive alors que je suis dans l’espace bébé avec Maëlys, en train de
lui montrer les bouteilles sensorielles. L’enfant joue, tend ses bras pour attraper les
bouteilles, ouvre grand ses yeux en se remuant sur le tapis d’éveil. Le père observe la
scène et souriant, vient s’assoir avec nous. Il me demande comment je fais mes
bouteilles, si le bouchon n’est pas dangereux, ne risque pas d’être avalé, ce que je
mets comme colle pour que cela ne s’ouvre pas. Je le rassure, lui explique. Quelques
jours plus tard, ce père vient chercher sa fille sur un temps où je suis présente. Il me
parle avec enthousiasme des bouteilles sensorielles qu’il a créées, mais aussi de la
réaction de sa fille jouant avec elles. Il s’en est servi pour calmer Maëlys et
notamment pour la faire patienter avant le repas.
Dans cet échange, je vois la confiance que le parent m’accorde à travers les conseils
qu’il me demande, la façon dont il s’est saisi de cette idée pour se l’approprier et la
reproduire ensuite à la maison.
Je retrouve dans ces deux situations un thème commun : La mise en place d’une
relation de la confiance.
C’est l’objet de ce mémoire et, de façon plus centrale, je tenterai de répondre à la
question suivante :
En quoi la mise en place de la confiance dans les modalités
d’accueils et d’accompagnements est-elle étroitement liée au développement de
l’enfant et participe à la co-éducation?
Afin de tenter de répondre à cette interrogation, je propose deux hypothèses :
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
-Si la confiance est un élément nécessaire et parfois évident à la relation
d’accompagnement, que veut-elle dire, comment celle-ci se construit, s’établit, dans
le cadre de mon travail ?
Si l’adulte assure une posture sécurisante, la relation de confiance avec l’enfant peut
se mettre en place et lui permettre d’exister comme sujet à part entière.
-Les familles sont les premiers éducateurs de leurs enfants. Certaines familles ont
besoin de se sentir en confiance pour être confortées dans leur rôle parental.
L’accompagnement des parents est une des missions importantes de mon rôle de
futur éducateur de jeunes enfants.
Dans un premier temps, je vais développer des concepts théoriques, afin de
comprendre et de définir le lien entre la confiance et la relation. L’impact de la
confiance sur les enfants fera l’objet de la deuxième partie. En dernier point,
j’expliquerai mon travail d’accompagnement de la coparentalité grâce à la relation de
confiance.
Pour garantir l’anonymat, le nom des structures a été enlevé, et les prénoms ont été
modifiés.
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
1ère partie : De la relation nait la confiance
1 Le lien entre relation et confiance
Lorsque je suis professionnellement dans l’accompagnement de l’enfant et sa
famille, je suis dans une relation avec eux. Cette relation est d’autant plus porteuse si
elle s’appuie, se construit grâce à un lien de confiance. Mais que recouvrent ces
notions, De quoi parle-t-on ? Que veut dire « être en relation », Ne faut-il pas être
en lien avec soi-même avant de chercher à construire une relation aux autres ?
Qu’est-ce que la confiance ? Est-ce que l’un va sans l’autre ?
1.1 L’Etre en relation
Petit à petit, le monde prend conscience de l’importance de l’enfant et de ce qui se
joue, en termes de développement. On est loin de l’enfant du moyen âge, simple
« tube digestif emmailloté » qui ne ressentait pas la douleur et devenait très
rapidement un adulte miniature avec des responsabilités en conséquence. Les
pratiques ont évolué, se diversifient. Les professionnels ne sont plus là pour éduquer
l’enfant à la place des parents, mais pour leur donner des conseils et les
accompagner. Leurs postures et leurs gestes sont indissociables de la relation de
confiance.
Dans la vidéo nommée les mémoires d’un bébé :1Bernard Golse (pédopsychiatre,
psychanalyste), Françoise Dolto (pédiatre, psychanalyste), Geneviève Appell
(psychologue) et autres professionnels autour de la question de l’enfant, nous parlent
du fait que le bébé a de nombreux besoins pour survivre : d’amour, d’affection, de
valorisation. Ces spécialistes expliquent que les bébés comprennent avant de savoir
parler. Ils ont besoin de cadres et de limites. Cette vidéo montre également
1 https://www.youtube.com/watch?v=3075CuCQy98 (31/03/18)
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
l’évolution de la place de chacun : le père, qui s’occupe à présent de l’enfant, la mère
qui est active dans le monde du travail. Enfin, la vidéo présente la création des
maisons vertes par Dolto, lieux où professionnels, parents et enfants viennent pour se
rencontrer et chercher des conseils.
Cette évolution de la prise en compte du développement et du besoin de l’enfant
montre bien l’importance des interactions et du lien entre enfants et professionnels.
1.2 La naissance du lien de relation
Le dictionnaire Larousse définit la relation comme un « Ensemble des rapports et des
liens existants entre personnes qui se rencontrent, se fréquentent, communiquent
entre elles »2
Cela semble être une évidence mais, je dois entrer en relation pour créer du lien avec
l’autre, pour accompagner. Cela ne garantit pas la façon ni le type de relation que
j’établis pour autant.
Au début de ma formation, je n’osais pas m’affirmer, j’étais assez timide, aussi bien
en formation que dans mes stages. J’étais assez introvertie. Petit à petit, les choses
ont évolué. J’ai observé les façons de faire des autres éducateurs de jeunes enfants
(EJE). J’ai pris confiance en moi, et en mes capacités, pour m’approprier un savoir-
faire.
Mes expériences antérieures d’accompagnement des enfants étaient en lien avec un
centre de loisirs, où tout était planifié à l’avance pour l’enfant, et non pas décidé en
fonction de ses besoins.
Mes stages, effectués pendant ma formation EJE, m’ont permis de comprendre que
créer un lien de confiance, c’est créer du lien. Le lien implique forcement la relation
à l’autre.
L’éducatrice de jeunes enfants, ou la responsable de la structure, reçoit, dans un
premier temps, les parents pour discuter et échanger sur les modalités d’accueil de
leur enfant. C’est un moment de rencontre ou chacun se forge une idée, une
2 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/relations/67845 (31/03/18)
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
représentation de l’autre. Lorsque la place est attribuée à l’enfant, un contrat est fixé
comme support d’un engagement commun, basé sur une durée et défini par un
règlement de fonctionnement. C’est le début du lien de la relation avec la famille et
son enfant. L’adaptation, puis les transmissions quotidiennes, les échanges, sont des
supports du développement de cette relation.
La régularité de la venue de l’enfant à la crèche permet de construire
progressivement une relation autour d’attentes communes, par exemple. « J’aimerais
que mon enfant se familiarise à la collectivité avant d’aller à l’école en septembre
…..je suis contente qu’il vienne à la crèche pour apprendre à écouter, chez moi c’est
compliqué en ce moment »
De nos réponses éducatives, s’établit un lien dont la confiance devient un élément
primordial, pour avancer ensemble vers un objectif commun : Le développement de
l’enfant.
1.3 De la relation à la confiance donnée ou acquise
Confiance vient du latin confidere, qui se décompose en cum qui veut dire avec et
fidere pour se fier. Si on se réfère à la définition du Dictionnaire le Larousse sur
internet, la confiance c’est le : « Sentiment de quelqu'un qui se fie entièrement à
quelqu'un d'autre, à quelque chose »3
Pour le dictionnaire le Larousse 2013 il s’agit d’un : « sentiment de sécurité de celui
qui se fie »4
La confiance c’est lorsqu’on « remet quelque chose de précieux à quelqu’un, en se
fiant à lui et en s’abandonnant ainsi à sa bienveillance et à sa bonne foi »5
Pouvoir se fier à l’autre est la base de notre survie, depuis notre naissance, et fait
appel à la toute première expérience de confiance que nous avons pu établir avec nos
parents ou nos référents éducatifs, pour apprendre à exister par et pour nous-même.
Un enfant en qui personne n’a fait confiance, qui a été blessé ou trahi étant petit,
3 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/confiance/18082?q=confiance#17971 (31/03/18) 4 Larousse poche 2013 5 MARZANO Michela (chercheuse, philosophe écrivaine) « Qu’est-ce que la confiance » dans la revue : Etudes
tome 412 2010/1 édition S.E.R p 53 à 63 ou sur https://www.cairn.info/revue-etudes-2010-1-page-53.htm
(31/03/18)
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
risque d’être impacté dans son estime personnelle et aura sans doute plus de
difficultés à accorder sa confiance à autrui, à renvoyer une image positive de lui, et à
inspirer de ce fait de la confiance aux autres. Catherine GUEGEN (pédiatre)
l’exprime dans son livre: Pour une enfance heureuse« l’adulte reste marqué très
profondément par son enfance »6
De nombreux parents travaillent, ou reprennent une vie active par nécessité. Confier
son enfant à une structure petite enfance, c’est, dans la plupart des situations, un
choix qui nécessite d’avoir un minimum de confiance dans la prise en charge de son
enfant par les professionnels de la crèche.
Pour certains parents, les premiers temps de séparation sont un déchirement. Il est
nécessaire d’ajuster autant que possible le temps de la familiarisation aux besoins de
la famille et de l’enfant, à leur rythme d’adaptation.
Pour certains, une venue progressive sur une semaine sera suffisante pour créer un
début de climat de confiance, pour d’autre quinze jours ou trois semaines seront
nécessaires.
Faire confiance, c’est accepter de se mettre dans un état de vulnérabilité pour s’en
remettre à l’autre. La confiance ne se décide pas, elle se construit sur la régularité du
lien, sur la vérification que les réponses éducatives données sont adaptées et celles
attendues, sur la relation qui s’établit.
2 De l’individu à la professionnelle
2.1 Le regard vers soi
Pour entrer en relation avec l’enfant et sa famille, les accueillir et les accompagner au
mieux, il faut être conscient de ce qui se joue dans cette relation. Ce qui me semble
primordial, c’est que je me connaisse pour me faire confiance.
6GUEGEN Catherine Pour une enfance heureuse édition Robert Laffont P33
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
« Un homme qui ne se fie pas à soi-même ne se fie véritablement à personne. » Jean-
François Paul de Gondi, Cardinal de Retz extrait des Mémoires rédigés entre 1675 et
1677.
Il me semble compliqué d’être dans l’accompagnement, sans avoir fait au préalable
un travail sur mes représentations, mes préjugés, mon éducation, et l’impact de ceux-
ci sur la construction de mon identité personnelle et professionnelle.
Il a été compliqué pour moi de voir certains parents qui, pour semble-t-il se faire
écouter et montrer leur autorité, en venaient à frapper leur enfant.
Dans un premier temps je me suis sentie révoltée, jugeant ces parents sur leur
incapacité à garder le contrôle. Par la suite, avec l’aide de la responsable EJE, je me
suis posée les bonnes questions : faut-il intervenir ? Que dire ? Comment aider le
parent en difficulté ? Que faire ?
Si j’étais restée à l’état de jugement, je n’aurais pas pu être dans l’accompagnement.
Cette prise de recul est indispensable pour me rendre compte de ce que je peux
véhiculer au quotidien malgré moi, et sur l’influence que cela peut avoir dans mon
positionnement éducatif.
Lors d’un stage en micro-crèche, une professionnelle me confie que parfois ses
gestes et ses mots dépassent ce qu’elle souhaiterait, et notamment lors des temps où
elle est plus fatiguée, ou stressée par une accumulation de choses à faire en peu de
temps.
Au moment du repas elle se met à crier sur un enfant. « Mais va plus vite y’en a
pleins qui attendent ! » Elle réalise aussitôt ce qu’elle vient de dire et s’excuse
auprès de l’enfant.
Savoir resituer les choses dans leur contexte permet de prendre du recul : « arriver à
faire tout en même temps. » sans rendre l’enfant responsable de cela. Poser des mots,
expliquer et s’excuser montre à l’enfant que malgré tout, il peut nous faire confiance.
Ma formation professionnelle durant ces trois années a contribué à la construction de
la qualité des liens que j’ai établis par la suite.
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
2.2 De mes représentations à mes positionnements professionnels
Les cours m’ont apporté de nombreuses connaissances théoriques qui m’ont permis
de comprendre les situations de terrain.
Mes stages m’ont permis de comprendre que créer un lien de confiance, c’est créer
du lien. Ce dernier implique forcement la relation à l’autre. On peut être ensemble
côte à côte sans forcément être dans l’accompagnement, ni dans la confiance. La
base de toute relation commence par l’observation, l’analyse et l’échange.
Ma première mise en relation, en tant que future professionnelle, est avec Lucie.
Elle a trois ans et va bientôt rentrer à l’école. Elle semble s’ennuyer à la crèche. Elle
demande beaucoup l’attention des adultes et rentre peu en interaction avec les autres
enfants. Elle aime les jeux de constructions. Je lui propose une activité Lego. Elle me
demande de l’aider à construire une maison, puis change d’avis. Il s’agit maintenant
d’un « musée des animaux ». Je l’aide à faire les murs, les escaliers. Elle me dirige
« ça, ça va là ». Elle fait et défait « ça va pas, c’est trop petit pour le cheval ».
Lucie est très concentrée. Elle sait déjà parfaitement de ce qu’elle souhaite. Lorsque
d’autres enfants s’approchent, elle râle et leur dit « non ! c’est pas pour toi ». Tout au
long de l’activité, j’ai l’impression qu’elle a vraiment besoin qu’un adulte s’occupe
d’elle et adapte les activités à son évolution, qui ne correspond pas forcement à son
âge, mais à son développement intellectuel. Cette première activité, en lien avec mes
observations ainsi que des échanges avec l’équipe, me conforte dans mes
observations et dans ma réponse éducative.
En observant les besoins de Lucie, j’ai su proposer des réponses adaptées à ses
besoins et nouer ainsi une relation de confiance avec elle, qui s’est poursuivie tout au
long de mon stage dans des échanges réguliers.
En tant que future professionnelle, j’observe au quotidien les enfants jouer à des jeux
symboliques. Je joue avec eux et accompagne mes gestes de la parole : « tu me
prépares du café ? Hum c’est bon (en portant le verre proche de ma bouche) ».
L’enfant parle souvent de ce qu’il voit à la maison « Tu sais, mon papa il boit tout le
temps du café ». Donc, je dois prendre en compte ma posture (gestes et mots) car
l’enfant imite ce qu’il entend et voit. Et m’adapter ainsi pour l’accompagner dans cet
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
apprentissage, permet de l’aider à se sentir en confiance. Confiance en moi, mais
aussi en lui-même.
J’accompagne donc l’enfant dans son développement en utilisant comme outil :
l’observation.
Cet outil me permet d’en apprendre plus sur l’enfant et de le prendre en compte dans
sa globalité. Ainsi, je peux répondre plus facilement à ses besoins en adaptant ma
posture. Chaque enfant est diffèrent. Mon but est d’individualiser mes pratiques. Je
suis à l’écoute de chaque enfant. Je vais tenter de lui apporter une réponse pour
m’adapter à ses besoins. Chaque enfant les manifeste de façon différente. Mon
travail, en tant que professionnelle, grâce à l’observation, est de repérer ces signes de
manière à individualiser mon accompagnement. Etre observatrice me permet d’être
vigilante et de ne pas m’enfermer dans le quotidien, afin d’être à l’affut d’éventuels
changements qui peuvent alerter, comme un enfant qui voit mal ou entend mal, pour
orienter ensuite l’enfant si nécessaire. L’observation me permet de m’adapter à
l’enfant. Cela permet à ce dernier de le ressentir et se sentir considéré. Cela favorise
le lien de confiance.
Au tout début de ma formation, j’ai eu beaucoup de mal avec l’observation : quoi
observer, comment, dans quel but ? Mes tutrices de stage m’ont guidée pour
comprendre et en voir l’intérêt.
Premier stage de première année, je suis assise dans un coin de la pièce et regarde ce
que font les enfants. Ma tutrice me demande d’observer. Je suis perdue. Il y a
beaucoup d’actions qui se passent. Noter que tel enfant joue à tel jeu m’indiffère un
peu, puisque je n’en comprends pas le sens. J’exprime mon ressenti à ma tutrice.
L’après-midi qui suit, une professionnelle met en place une activité « le petit
jardin ». Chaque enfant a un petit bol de fleurs et doit créer son petit jardin. Sandra,
une petite fille d’un an et demi, prend un autre bol vide et transvase les fleurs de l’un
à l’autre. Ma tutrice se pose à côté de moi et me demande ce que je vois. « Je vois tel
enfant forcer sur son pique pour mettre sa fleur, je vois tel enfant regarder les fleurs
avec attention pour ne prendre que les jaunes et je vois Sandra vider ses fleurs …. »
Ma tutrice m’exprime alors que, oui, Sandra vide ses fleurs, mais elle fait plus que
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
ça, elle transvase. Elle me demande alors, en tant que future EJE, quelle activité je
pourrais mettre en place pour répondre au besoin de Sandra de transvaser. Je réponds
« le bac à sable ». Elle me dit : « d’accord, alors essaie ». Le lendemain, je mets donc
l’activité « bac à sable » en place. Je mets des gobelets, cuillères, bouteilles dans le
sable. Emma est ravie. Elle transvase d’une main à l’autre, puis d’un verre à l’autre,
parfois avec la petite cuillère. Ma tutrice revient me voir et me dit :« tu vois, tu as
observé qu’Emma est dans la période de transvasement, et qu’elle a besoin d’activité
adaptée pour transvaser. Tu as répondu à ce besoin, en proposant une activité
adaptée. Donc, observer sert à prendre en compte l’évolution du développement de
l’enfant, prendre en compte ses besoins, pour ensuite pouvoir s’adapter et adapter sa
posture. L’observation sert aussi à répondre aux besoins de l’enfant, en mettant en
place notamment des activités. Cela te permet aussi d’individualiser tes pratiques.».
A partir de là, je n’ai plus trouvé l’observation ennuyeuse mais intéressante, et
comme étant un support utile pour moi dans ma recherche d’établir un lien de
confiance.
Au cours de ma formation, j’ai pu également faire des stages en protection de
l’enfance, que ce soit dans le cadre administratif aide éducative à domicile (AED) ou
dans le cadre judiciaire aide éducative en milieu ouvert (AEMO) et placement
familial (PFS).
Ces stages m’ont permis d’acquérir des compétences d’échanges et d’analyse pour
voir l’accompagnement et le soutien à la parentalité sous un autre angle. En effet, j’ai
pu voir la famille dans sa globalité, mais aussi la notion de contrainte.
Dans ces situations, le lien de confiance peut être plus compliqué à mettre en place,
quand le travail de lien est imposé.
Durant ces stages, et les expériences que j’ai eu (inauguration de l’école, conférence
européenne du travail social), j’ai également pu travailler en équipe avec des
éducateurs spécialisés, des assistantes sociales, des puéricultrices et d’autres corps de
métiers, notamment en unité d’action sociale (UTAS). Ces professionnels, avec
leurs expériences, m’ont permis de croiser nos points de vue, nos regards. Tout cela
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
m’a permis de prendre confiance en moi, de m’affirmer dans le travail d’équipe, dans
mon soutien en accompagnant l’enfant et sa famille.
C’est cette notion d’empathie que l’on retrouve dans tous les domaines
professionnels de l’EJE.
L’empathie c’est la « Faculté intuitive de se mettre à la place d'autrui, de percevoir
ce qu'il ressent »7. C’est donc se mettre à la place de l’autre pour comprendre ses
sentiments, tout en sachant que nous ne sommes pas cette personne. C’est
accompagner un parent qui se met à pleurer en évoquant sa séparation et sa peur des
répercussions sur son enfant, sans pleurer pour autant avec lui.
Tout cela m’a permis de me rendre compte que, pour moi, être EJE, c’est être à
l’écoute des besoins, c’est s’adapter en permanence aux situations. L’échange,
l’observation pour guider, soutenir la fonction parentale, orienter si besoin, sont
indispensables pour créer une relation de confiance.
A mon sens, mes valeurs, mon éthique professionnelle, sont indispensables pour
penser l’accompagnement, me positionner dans une équipe et créer une relation de
confiance avec les usagers.
Entrer en relation, créer un lien de confiance, part de sa propre confiance en soi et de
sa propre construction. Tout cela a pour but de questionner la place des parents et la
prise en compte de l’enfant dans la relation et dans le lien de confiance.
Pour créer une relation sur le long terme, il faut nécessairement de la confiance.
L’une ne va pas sans l’autre.
La relation de confiance se crée à partir de ma posture professionnelle. Elle est
primordiale dans le quotidien. L’évolution de la prise en compte des besoins de
l’enfant et de la place des parents dans les structures, montre l’importance de la prise
en compte de chacun pour la construction de ce lien. Ma posture : (gestes, mots)
semble avoir un impact positif ou négatif dans la relation avec l’enfant et sa famille.
7 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/empathie/28880?q=empathie#28755 (31/03/18)
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Dans ce mémoire, je parle de ce lien de confiance au quotidien dans les relations
enfants-professionnels et parents-professionnels.
2ème partie : Le lien de confiance dans la relation enfants-
professionnels
1.Le portage psychique et physique
1.1 De l’attachement à la sécurité de l’enfant
L’enfant se développe progressivement tout au long de sa vie : sens, langage,
motricité ...Dès sa venue au monde, il est dépendant de l’adulte. En effet, il est
incapable de survivre seul et de répondre à ses besoins.
D’après le biologiste Konrad Lorenz « le petit humain (…) est extrêmement
vulnérable et reste de ce fait longtemps dépendant des adultes. Il ne peut en effet
survivre, grandir et devenir mature, que grâce à l’attachement d’une mère ou à
défaut d’un autre adulte « référent ». »8 Il a donc besoin d’une figure
d’attachement.
Dans un premier temps, je vais définir le concept d’attachement :
Nicole Guédeney (pédopsychiatre, clinicienne) explique que « 9dès qu’il vient au
monde le bébé a besoin d’attachement ». Cela signifie que le bébé ne peut pas vivre
sans encrage, sans lien d’attachement. Il est indispensable pour moi de tenir compte
de ce besoin dans mon travail auprès des tout jeunes enfants.
Pour Bowlby « le système d’attachement a un avantage sélectif : la proximité qu’il
permet de garder auprès des figures adultes protectrices sert dans la lutte contre les
8 http://www.crechemploi.fr/quest-ce-que-la-personne-de-reference-en-creche/ ou Métiers de la petite enfance n°
212-213 – Août / Septembre 2014 édition Masson 9 EJE journal n’22 avril mai 2010 édition Duval page 45
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
dangers de l’environnement »10. Il évoque des émotions telles que l’angoisse, la peur
la colère, et la tristesse, comme « réactions émotionnelles aux ruptures
d’attachement ». 11 Donc, le lien d’attachement est indispensable à l’enfant pour se
sentir en sécurité. Il aide ce dernier à appréhender son environnement.
L’attachement c’est donc « ce qui influence le bien être émotionnel et les interactions
sociales du sujet lorsqu’il est dans un contexte de stress, d’alarme et de manière
générale d’émotions négatives »12. Cela signifie qu’il est indispensable au bien être
de l’enfant.
Au quotidien, en tant que future professionnelle, je m’en sers pour accompagner
l’enfant. Je le câline lorsqu’il en a besoin, je le rassure avec mes mots : « tout va
bien »… Je peux aussi lui proposer son doudou. Mais surtout, j’accompagne l’enfant
pris par ses émotions, afin qu’il les comprenne petit à petit. « tu pleures….tu te sens
triste, ….tu t’es fait mal…..tu n’es pas content…. »
Lorsqu’on commence à se pencher sur « le lien d’attachement », on comprend que la
mère est la première figure d’attachement de l’enfant. Puis, la revue Devenir dans
son article sur La théorie de l’attachement explique que « les jeunes enfants peuvent
ensuite établir une hiérarchie de ces figures d’attachement, quand il existe plusieurs
personnes s’occupant du bébé. Les bébés montrent des comportements
d’attachement (p. ex. : pleurer, s’approcher) et obtiennent de la sécurité à partir de
figures d’attachement secondaires quand les figures primaires ne sont pas
disponibles (Harlow, 1963). »13
A l’entrée en crèche, une séparation a lieu avec la figure d’attachement principale
(primaire), en général la mère. Cette dernière reste présente pour le bébé mais n’est
10TERENO Susanna (docteur en psychologie clinique)et autres article la théorie de l’attachement : son
importance dans un contexte pédiatrique
dans la revue Devenir volume 19 2007/2 édition Médecine et Hygiène page 90 11 EJE journal n’22 avril mai 2010 édition Duval p45 12GUEDENEY Nicole et GUEDENEY Antoine (pédopsychiatre)L’attachement approche théorique du bébé à la
personne âgée 3ème édition MASSON 2009 psychopathologie p14 13TERENO Susanna et autres article la théorie de l’attachement : son importance dans un contexte pédiatrique
dans la revue Devenir volume 19 2007/2 édition Médecine et Hygiène page 90
15
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
pas présente physiquement tout au long de la journée. Le bébé va chercher à créer
des liens d’attachement avec les professionnels petite enfance de la structure où il est
accueilli pour combler ce manque.
Au cours de mon premier stage en Multi-accueil, je m’investis auprès du groupe des
bébés durant une semaine.
Parmi les trois bébés, présents dans l’unité, je passe du temps avec Emma, douze
mois, je l’accompagne dans les temps de soins : changes, repas, couchers, activités
sensorielles, lecture. Je crée un lien d’attachement avec elle.
La mère d’Emma me signifie qu’elle est contente que sa fille partage ses journées
avec une personne avec laquelle un lien de confiance s’est créé. Elle m’accorde sa
confiance en retour.
A l'approche de la fin de mon stage, nous discutons, avec les professionnels, de la
préparation de mon départ. Il est nécessaire que je me détache progressivement
d'Emma, afin de ne pas entraîner une séparation brutale et douloureuse pour elle, un
état de manque.
Cette séparation est compliquée pour moi. J’informe la mère de mon proche départ et
qu’il a été décidé que je m’occuperai moins d’Emma pour lui permettre de se
détacher progressivement de moi et vice versa.
Néanmoins, cela me met mal à l’aise. Je me sens « coupable » vis-à-vis de ces
personnes qui me faisaient confiance. Je me sens aussi « triste ». Je me rends alors
compte que le lien d’attachement que l’on crée avec l’enfant n’est pas à sens unique.
Je me rends compte de façon encore plus significative, et en me servant de mes
propres émotions, de la nécessité, le moment venu, du « détachement progressif ».
Autant pour l’enfant, que pour le parent qui nous fait confiance, que pour nous,
professionnels.
Pour moi, le détachement progressif, c’est verbaliser à l’enfant et aux parents. C’est
aussi prendre en compte mes émotions et celles de l’enfant. Ce détachement n’est pas
seulement un travail de l’enfant, c’est aussi un travail sur moi.
Cette expérience me fait aussi prendre conscience d’un autre fait : le lien
d’attachement aide et contribue, voir fait partie même, du lien de confiance.
16
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Le lien d’attachement avec Emma s’est créé très rapidement. Je pense qu’Emma a
aussi été en confiance avec moi car sa maman (première figure d’attachement de
l’enfant) me faisait confiance. Et pour établir et consolider ce lien, j’ai adapté mes
postures et mes gestes pour répondre aux besoins d’Emma pour qu’elle se sente prise
en compte.
Le lien d’attachement secondaire est important pour l’enfant, afin qu’il se sente en
sécurité même lorsque sa mère n’est pas présente. En effet « la confrontation avec un
nouvel environnement, la séparation d’avec ses figures d’attachement principales
sont susceptibles de provoquer de l’angoisse chez l’enfant »14. Il est donc nécessaire
d’accompagner l’enfant progressivement, afin qu’il se sente en sécurité.
Dans ma posture professionnelle, il est nécessaire aussi que je sache m’engager vers
l’autre, vers Emma en l’occurrence, mais que je garde aussi une certain distance
émotionnelle pour ne pas oublier que je suis là uniquement pour accompagner
l’enfant vers son avenir, sa prise de confiance en lui, son autonomie. Les films de
Bernard Martino15 montrent l’approche Picklérienne et notamment cette
accompagnement. Les nurses prennent du temps pour chaque enfant. Leurs gestes
sont précis et leurs paroles accompagnent ces derniers. Les nurses sont présentes
pour aider l’enfant mais interviennent le moins possible afin de favoriser l’autonomie
de l’enfant. Cela favorise également le développement des compétences de l’enfant.
Il y a donc une grande importance d’un lien de confiance entre les enfants et moi.
L’attachement est nécessaire pour l’enfant, pour qu’il se sente en sécurité.
14 HIRN Frédérique Eduquer avec bienveillance outils et pièges de la relation parents-professionnels édition
Philippe Duval 2016 page 16 15 MARTINO Bernard (écrivain réalisateur) films: Loczy une maison pour grandir et Loczy une école de
civilisation
17
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
1.2 La référence dans la notion de confiance
Au cours de mes stages, j’ai pu voir la notion de référence : le fait que ce soit le
même professionnel présent sur tous les temps d’adaptation, puis qu’au quotidien ce
soit lui qui s’occupe davantage de l’enfant que les autres professionnels. Cette
référence permet à l’enfant (et aussi à ses parents) d’avoir un repère dans la structure.
Néanmoins, il me semble important que ce dernier apprenne à connaitre les autres
professionnels et que ceux-ci puissent s’occuper de l’enfant au quotidien au même
titre que le référent.
Mon expérience la plus marquante, sur cette notion de référence, s’est faite en multi-
accueil. Alex, un petit garçon de dix-huit, mois pleure dès que sa professionnelle
référente n’est plus dans son champ de vision. J’essaie de le calmer, en lui proposant
des jeux, des livres. Le plus souvent, lui lire un livre fonctionne. Durant ce temps,
Alex a besoin de son doudou, sa tétine, et de se mettre sur mes genoux, entouré de
mes bras. Il me semble qu’il a besoin de se sentir rassuré et contenu. Je lui propose
ce qui me semble le plus adapté. Dès que la professionnelle référente passe pour
récupérer quelque chose qu’elle a oublié, avant de repartir dans une autre pièce, ou
qu’elle revient, Alex se remet à pleurer et court vers elle.
Depuis cette expérience-là, je pense que la notion de référence est intéressante durant
le temps d’adaptation, mais il me semble nécessaire que tous les professionnels
puissent s’occuper de l’enfant au quotidien. Le référent peut également accompagner
l’enfant progressivement vers les autres professionnels. Ainsi, s’il n’est pas présent,
l’enfant, peut tout de même passer une bonne journée et se sentir en sécurité. En
effet, le fait de tisser des liens avec les autres professionnels permet à l’enfant de ne
pas se sentir perdu en son absence. La référence est intéressante, puisqu’elle permet
aux enfants et aux parents d’établir un lien plus fort avec un professionnel en
particulier, qui connait davantage l’enfant : besoins, évolution, rythme ; puisque c’est
lui qui échange le plus avec les parents.
L’enfant a besoin de se sentir en sécurité au quotidien, afin de se sentir assez libre
pour jouer, tester de nouvelles choses et donc se développer. Il a besoin d’une «
18
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
figure de soutien protectrice (qui) sera accessible et disponible en cas de besoin »16.
Isabelle Filliozat exprime que « lorsque ma figure d’attachement est là je me sens en
sécurité »17 .
En tant que future professionnelle, je me rends disponible pour l’enfant, j’adapte ma
posture afin de répondre à ses besoins. Je me rends compte que parfois, seul le fait
d’être présente dans la pièce rassure l’enfant.
Au cours de mes stages en EAJE je peux voir les enfants se « réfugier » auprès de
l’adulte en cas de fatigue, colère, peur, bobos ...
1.3 La sécurité affective et le lien de confiance
Depuis le début, je parle de l’attachement en lien avec la sécurité. Mais qu’est-ce que
la sécurité pour un enfant ?
Les mots et les gestes des professionnels sont indispensables pour garantir la sécurité
affective de l’enfant. Cette dernière favorise le lien de confiance. En effet, si un
enfant se sent en sécurité, c’est qu’il se sent aussi en confiance
« Pour qu’un enfant se sente en confiance pour qu’il agisse par lui-même et devienne
autonome, il faut qu’il soit suffisamment sécurisé », voici la phrase d’ouverture d’une
vidéo nommée : comprendre la sécurité affective faite par Babylou en lien avec 1001
bébés18.
Dans cette même vidéo, la sécurité affective est définie comme « un sentiment positif
qui donne à l’enfant suffisamment confiance en lui pour oser prendre des risques et
faire de nouvelles expériences ». Donc, un enfant qui n’est pas en sécurité ne pourra
pas faire les activités, jeux et autres que je lui propose.
Ici, je retiens que la sécurité physique, ainsi que sécurité affective, sécurisent l’enfant
dans son quotidien. Cela va passer notamment par des repères et des rituels, mais
aussi par le doudou (objet transitionnel). Winnicott (pédiatre, psychiatre et
16 GUEDENEY Nicole et GUEDENEY Antoine l’attachement : approche théorique du bébé à la personne âgée
3ème édition Masson collection les âges de la vie (psychopathologie)Page 13 17 https://www.parentalite-consciente.com/la-conference-inedite-isabelle-filliozat/ (31/03/18)
18 https://www.youtube.com/watch?v=yfiKzXsMVt8 (31/03/18)
19
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
psychanalyste) explique que le doudou « c’est un morceau de sa maison et de sa
mère »19. Pour moi, le doudou est donc indispensable à l’enfant. Il doit pouvoir aller
le chercher quand il veut, afin de se rassurer.
Il est seize heures trente, Mina, dix-huit mois, n’a pas dormi de la journée. A la
sieste, elle n’a pas réussi à s’endormir. Elle est fatiguée et court partout. Elle tombe
et vient se réfugier dans mes bras. Elle a besoin d’un câlin. Petit à petit, Mina se
calme et finit par s’endormir dans mes bras. Je pense qu’elle avait besoin d’être
sécurisée pour cela. C’est-à-dire qu’ici, je pense que Mina avait besoin de se poser,
d’être rassurée dans les bras, et d’être contenue. Je pense qu’elle n’arrivait pas à
dormir parce qu’elle n’avait pas cette contenance et cet apaisement qu’elle a trouvé,
me semble-t-il, dans mes bras. Dans cette situation, j’ai donné à Mina ce dont elle
avait besoin. J’ai adapté ma posture, ici mes gestes, pour qu’elle puisse se laisser
aller, s’abandonner vers le sommeil en toute confiance.
Lors de mes expériences en EAJE, je peux voir des rituels, notamment avant les
temps forts : repas, sieste. Cela peut être un temps de lecture pour se poser avant
d’aller dormir, un temps de chanson calme pour se recentrer après un temps de jeu
libre. Au travers de tous ces rituels, je vois vraiment la nécessité pour l’enfant
d’avoir des repères afin de se sécuriser et de se repérer dans le temps. En tant que
future professionnelle, je suis particulièrement attentive à ces moments de la journée.
La vidéo parle également des gestes et de la parole qui apportent un sentiment de
sécurité. La manière de porter un enfant le sécurise, l’enveloppe.
Je fais attention à toujours mettre ma main sous la tête d’un bébé, de l’envelopper de
mes bras. J’ai également pu essayer l’écharpe de portage, qui permet une grande
proximité physique avec l’enfant, notamment lorsque celui-ci est tout petit et a
besoin de ce contact pour dormir. Cette écharpe permet un confort, aussi bien pour
l’enfant que pour le professionnel, qui est plus libre de ses mouvements et a moins
19 http://www.psychologies.com/Culture/Maitres-de-vie/Donald-Woods-Winnicott le « doudou » transitionnel
(31/03/18)
20
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
mal au dos. Néanmoins, cette dernière n’est pas toujours possible, du fait du nombre
d’enfants, mais aussi du projet de la structure (continuité avec la maison). Cette
question doit être réfléchie en équipe, mais aussi avec les parents. « Portez-vous
votre enfant en écharpe ? …Connaissez-vous ce mode de portage ? ….acceptez-vous
que nous portions votre enfant en écharpe quand il a besoin d’un contact physique
prolongé ?... »
1.4 Parole et regard, outils de confiance
La parole accompagne l’enfant dans ses expérimentations et ses émotions. Elle
l’encourage et le valorise. Lorsque je mets une activité en place, j’observe les enfants
et les encourage à essayer « vas y, tu vas y arriver ». Lorsqu’ils ne connaissent pas ce
que je leur propose, je pose également des mots « qu’est-ce que c’est ? Regarde,
c’est tout doux. Tu vois, ça ne fait pas mal. Tu veux essayer ?» exemple avec une
activité sensorielle et différentes matières. Le regard rassure l’enfant. J’ai pu le
remarquer notamment chez les bébés, qui cherchent le contact du regard de l’adulte
qui s’occupe de lui. Donc, la posture d’un professionnel (gestes, mots) participe au
lien de confiance.
Durant mon stage dans une micro-crèche rurale, les professionnels ont pour habitude
d'emmener les enfants se promener dans un parc. Un jour, nous allons au marché, où
nous croisons le boulanger, accompagné de son chien. Il nous dit qu'il n'est pas
méchant et que les enfants peuvent venir le caresser. Théo, trente mois, n’ose pas
s'approcher. Sans dire de mots, je lui montre mon approbation en lui souriant et je
l'accompagne vers le chien. Théo le caresse, il semble content. A son retour à la
micro-crèche, il s'empresse de raconter aux adultes présents, son aventure au marché
et sa rencontre avec le chien du boulanger.
Dans cette situation, Théo m’a regardée pour voir ma réaction. Mon sourire lui a
permis de se rassurer, pour avoir la confirmation qu’il pouvait y aller.
Lors des différents moments de la journée, un geste ou un regard signifient
beaucoup. De nombreuses interactions peuvent se passer sans parole, mais
simplement avec un regard. Un enfant a besoin d’être vu, et sentir qu’une personne
21
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
s’intéresse à ce qu’il fait pour continuer à jouer et à expérimenter… tout cela est
important dans l’accompagnement du jeune enfant. « Avoir les adultes dans le champ
visuel, renvoie au besoin fondamental d’attachement à une base de sécurité affective
pour les jeunes enfants. Le besoin de proximité physique n’est pas aussi fort à 2-3
ans que dans les deux premières années, mais le lien visuel de sécurité avec les
adultes est encore très important, surtout pour certains enfants. »20.
Avec mes stages, je prends conscience de l'importance d'offrir à l'enfant une relation
de confiance et un environnement sécurisé, lui permettant de se développer en
l'absence de son parent. Par exemple, j’aménage l’espace en fonction de là où il en
est dans son développement, pour lui permettre d’expérimenter. De plus,
l’aménagement de l’espace pensé en équipe, permet d’avoir des matériaux adaptés
pour plus de sécurité. Pour nouer ce lien de confiance, j’accompagne également
l’enfant au travers de la verbalisation et de mes gestes, pour qu’il se sente pris en
compte. Cela passe du « bonjour » le matin, à la proposition de participer à un atelier,
mais aussi en le valorisant. Par exemple, un enfant qui réussit à faire un puzzle plus
compliqué que d’habitude, je le félicite, l’encourage. « Tu peux être fier de toi, ça
c’est de l’habileté ! »
1.5 La pose d’un cadre
Au-delà de la sécurité affective, la sécurité physique est importante. Elle permet de
sécuriser l’espace pour que l’enfant puisse librement faire ses expériences,
nécessaires à son développement. Cette sécurité passe aussi par le fait de « poser un
cadre » à l’enfant, pour lui poser des règles et des limites. Ces dernières sont
nécessaires à sa construction. Claude Halmos psychanalyste exprime que « Repères
et interdits sont nécessaires au développement de l’enfant. Ne pas les lui donner,
c’est, (…) l’exposer à de graves difficultés. »21
20
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Moins_de_3_ans/46/3/Ress_c1_Moins3ans_amenagement_456463.
pdf (31/03/18) 21http://www.psychologies.com/Famille/Education/Autorite-Transmission/Articles-et-Dossiers/Parents-aimer-et-
punir/Education-l-indispensable-besoin-de-limites (31/03/18)
22
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Au cours de mon stage en micro-crèche, Annie, une petite fille de deux ans, met les
deux mains dans son assiette et renverse son contenu sur la table. Je lui exprime que
je ne suis pas d’accord et que si elle n’a plus faim, elle peut sortir de table, ou si elle
n’aime pas, je peux lui donner son dessert. Annie sort de table et se met dans un coin
mécontente. J’attends un petit moment, puis je reviens vers elle pour lui demander si
elle veut son dessert. Elle répond « oui » et revient à table. Elle voit un enfant de
vingt mois qui met sa main dans son assiette. Elle lui exprime que ce n’est pas bien.
Je constate qu’Annie a compris qu’il ne fallait pas renverser son assiette.
L’enfant a besoin de l’adulte au quotidien pour lui montrer comment faire,
l’accompagner dans ses expériences et ses apprentissages. Il en a besoin pour
l’encourager et le féliciter, mais aussi pour lui poser des limites. Les limites
participent au fait de sécuriser l’enfant. Elles l’aident également à comprendre les
normes sociales de notre société.
Donc, l’enfant a besoin de figures d’attachement pour se sentir en sécurité et se
développer. Les adultes, notamment les professionnels de la petite enfance, sont
présents pour garantir sa sécurité affective et sa sécurité globale au quotidien. Ils sont
là pour le guider, et l’accompagner. Ma posture (gestes, mots) est importante pour
favoriser le sentiment de sécurité de l’enfant. Tout cela favorise le lien de confiance
entre enfants et professionnels, ce qui me semble indispensable pour
l’accompagnement au quotidien.
2 La confiance, un lien indispensable pour l’accompagnement
au quotidien
L’enfant se développe progressivement tout au long de sa vie : sens, langage,
motricité.
23
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Pour moi, un lien de confiance est à double sens. Il n’y a pas que l’enfant qui doit
avoir confiance en moi, moi aussi je dois montrer ma confiance en lui et en ses
capacités. Je dois laisser l’enfant agir, faire ses expérimentations, s’exprimer.
Dans le livre le bébé en service éducatif, l’auteur nous parle du fait de laisser à
l’enfant une place dans les échanges « il faut que l’enfant comprenne que les
échanges verbaux sont semblables à un jeu de balle avec ses règles bien définies :
lorsque deux personnes se lancent la balle à tour de rôle, un individu lance la balle,
l’autre la reçoit, puis la lui renvoie. Si une personne garde longuement la balle dans
son camp, l’autre peut se désintéresser du jeu ou se sentir exclue. » 22Ainsi, l’enfant
comprend qu’il a le droit de parler, mais qu’il doit également laisser les autres parler.
2.1 La prise en compte de l’enfant par: Le langage
La parole introduit le bébé avant sa naissance. Lacan exprime que « la parole
détermine, dès avant sa naissance, non seulement le statut du sujet, mais la venue au
monde de son être biologique »23. Après sa naissance, l’enfant va progressivement
apprendre à parler par imitation du monde qui l’entoure. Les adultes aident au
développement du langage de l’enfant du fait qu’ils l’écoutent, lui parlent et
reformulent ce qu’il exprime. Tout cela participe au fait de prendre en compte
l’enfant.
Plus tôt nous parlons à l’enfant, plus tôt il apprendra à parler. En tant que future
professionnelle, je prends le temps d’adapter ma posture, et ici mon langage, et de
reformuler. Je pense que voir que je fais l’effort de le comprendre, aide l’enfant à me
faire confiance.
22 MARTIN Jocelyne et autres Le bébé en service éducatif édition presse de l’université du Québec 2009 page
309
23 LACAN Jacques( psychiatre, psychanalyste) fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse
édition Paris le seuil 1996 page 354
24
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Il est important de me mettre à hauteur de l’enfant et de ne pas m’adresser à lui le
dos tourné, afin de le prendre en compte. Cela montre également que je suis
disponible pour lui et lui donne de l’importance. J’entre en relation avec lui et me
soucie de ce dernier.
Je trouve nécessaire de prendre en compte l’enfant et de valoriser ses compétences.
L’enfant est avant tout une personne que je me dois de respecter. Je pense que les
mots positifs et le fait d’encourager un enfant participent à lui donner confiance en
lui. Catherine GUEGUEN dans son livre Pour une enfance heureuse exprime cela
« (un enfant) a besoin impérativement pour se construire harmonieusement d’avoir
autour de lui des adultes qui lui montrent le chemin, l’encouragent, lui donnent
confiance en lui et qui sont capables de présence empathique, chaleureuse et
cohérente reflétée non seulement par les mots mais aussi par l’attitude, les gestes, le
regard, le ton de la voix ».24 Donc, cela lui confirme qu’il est en capacité de faire
d’autres expériences.
Avec la routine du quotidien, certaines « douces violences » peuvent apparaître,
comme l’exprime Christine Schuhl dans son livre vivre en crèche remédier aux
douces violences « ce n’est pas de la maltraitance. Ce n’est pas non plus de l’abus.
Ce sont des instants éphémères où le professionnel n’est plus dans la relation à
l’enfant (…) Sorte de ‘ressenti immédiat’ que l’adulte va faire vivre à l’enfant, sans
forcément prendre conscience de ses conséquences »25
2.2 L’activité comme support de lien qui contribue à la confiance
Lors d’une réunion d’équipe en micro-crèche, nous (les professionnels et moi-même)
abordons l’intérêt des activités. La référente technique EJE de la micro-crèche amène
les professionnels à réfléchir sur « pourquoi mettre une activité en place ? » Tout cela
dans le but de questionner le quotidien et les pratiques professionnelles.
24 GUEGUEN Catherine Pour une enfance heureuse repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes
sur le cerveau édition Robert Laffont 2014 Page 86 25 SCHUHL Christine (EJE, formatrice) vivre en crèche remédier aux douces violences édition chroniques
sociales octobre 2014 page 13
25
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Il me parait nécessaire de donner du sens à mes activités. Ces temps doivent être
pensés, en fonction des besoins, et de l’intérêt de l’enfant. Le but ici est que ce soit
l’enfant qui fasse, et pas les professionnels. Certains professionnels peuvent sentir
une pression de la part des parents, et un besoin de reconnaissance par
l’intermédiaire de la production de l’enfant.
Au cours de mon premier stage en micro-crèche, je souhaite mettre en place une
activité adaptée à chaque enfant.
Après plusieurs jours d’observation, je décide de mettre en place un atelier : lapin
pantin, le mois d’avril ayant débuté. Je propose mon idée à ma tutrice, en lui
exprimant que je vais prendre les enfants un par un pour individualiser l’activité.
J’explique que je ne ferai qu’avec les enfants qui le souhaitent. De plus, je propose
plusieurs matériaux pour que l’enfant choisisse. Des matériaux qui ne sont pas
souvent utilisés (crépon, gommette) et un autre dont ils ont l’habitude (peinture avec
pinceau ou éponge). Je propose mon activité le matin à ceux qui arrivent tôt, et le
soir, pour ceux qui partent plus tard. En effet, sur ces deux plages horaires il y a
beaucoup moins d’enfants et la structure est plus calme. Cela me permet donc de
prendre les enfants individuellement plus facilement. A ma grande surprise, cet
atelier a duré dans le temps, puisque quasiment tous les enfants ont souhaité
participer. Certains ont pu découvrir le crépon et se sont amusés à souffler dessus, à
le toucher, à appréhender le fait que cela colle aux doigts avec la colle ... D’autres
ont préféré garder la peinture qu’ils connaissaient. Je n’ai pas prévu cette activité
pour des moins de deux ans.
Certains enfants, plus jeunes, me permettent de me requestionner, et de l’adapter en
leur proposant des feutres, des crayons … Ces temps individuels me permettent de
partager avec chacun, de prendre du temps, d’établir un lien privilégié. J’ai
conscience que faire une activité avec un seul enfant, sur une durée aussi longue, est
complexe à mettre en place en structure, de par le nombre d’enfants, et le nombre de
professionnels présents pour assurer le taux d’encadrement. Ma posture : gestes,
mots, et ma disponibilité ont permis aux enfants d’apprécier d’avantage cet atelier
créatif. Cela a renforcé le lien de confiance entre les enfants et moi.
26
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
L’individualisation des activités me semble importante, j’espère donc la conserver
dans ma future profession. J’ai conscience que cela demande du temps et un
aménagement spécifique. Pourtant, il me semble nécessaire de la mettre en place
régulièrement.
2.3. Par les gestes
Lors d’une consultation nourrisson, au cours de mon stage long DC1 au Conseil
Départemental, une petite fille que l’on nommera Allie, deux ans et demi (30 mois),
est dans la salle d’auscultation. Cette famille est d’origine étrangère et parle très peu
français. La maman a également une autre petite fille de quelques mois. Allie bouge
beaucoup. Je propose alors au médecin de venir pour l’occuper, le temps que sa
maman discute et le temps que le médecin voit la petite sœur. Allie est la première
auscultée, puis elle attrape le poupon du médecin. Ce dernier a des pansements et des
taches blanches. Allie me parle. Je ne comprends pas mais la regarde. Je lui exprime
avec des mots « Tu vois, le poupon aussi il vient chez le médecin pour se faire
soigner » même si elle ne comprend pas. Elle me donne le poupon, me fixe. Elle fait
des grands mouvements et remonte ses manches. Elle me montre ses « bobos » et
pointe ceux du poupon. Je lui exprime « Oui, le poupon a les mêmes bobos que toi ».
Je lui laisse le temps de parler dans sa langue maternelle. Je comprends alors ce
qu’elle me dit sans comprendre ses mots, je décrypte ses intentions. La relation,
l’écoute, sont importantes pour tous les enfants. Ma posture corporelle est d’autant
plus importante dans ma relation avec les enfants d’origine étrangère. En effet,
comme ils ne me comprennent pas, ils prennent encore plus appui sur mes gestes.
Mon attitude influe sur ma relation avec les enfants.
Lors de mon stage long, je peux voir des familles accompagnées par le CADA.
L’une des enfants, que l’on nommera Carlie, a treize mois. Après une activité « bac à
riz », elle vient vers moi la main pleine de riz qu’elle fait tomber au sol. Elle me
regarde, regarde le sol et fait « oh ». Elle m’observe pour voir ma réaction et je la
rassure par des paroles, mais aussi par des gestes : je lui dis que ce n’est pas grave,
que l’on va ramasser, je lui souris et la regarde. Carlie revient vite vers moi, me tend
27
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
sa main, que j’attrape, et danse. Je fais l’effet miroir et répète tous ses gestes. Elle
rigole et recommence. Là, je ne dis rien mais je la regarde, je bouge, je souris ce qui
l’encourage à continuer. J’accompagne cette enfant avec ma posture, ici les gestes.
J’entre en relation avec elle malgré la barrière de la langue.
2.4 Par l’aide à la motricité26
J’accompagne également l’enfant dans le développement de sa motricité. Mon but
est de faire avec lui et non pas à sa place.
En tant que professionnelle je me dois de lui proposer des activités et un espace
adaptés à ses capacités, ses besoins, afin de ne pas le mettre en situation d’échec. Il
me parait tout de même important de faire confiance à l’enfant et en ses capacités
pour favoriser l’estime de soi de ce dernier. Pour moi, cela passe par le regard qui est
sécurisant et encourageant, mais aussi par une attitude calme. Celle-ci invite à la
découverte et la prise de risque dans un environnement sécurisé. Cela favorise
également la confiance que l’enfant a en moi. A mon sens, l’accompagnement passe
également par ma posture que j’adapte en fonction des capacités de l’enfant et de ce
qu’il ressent. Il est important pour moi d’encourager les compétences de l’enfant.
Par exemple, au cours de mon stage au Conseil Départemental, faute de structure de
motricité, ma tutrice et moi avons créé un parcours de motricité à l’aide de chaises.
Certains enfants ont peur de monter. D’autres ont à peine fini qu’ils recommencent.
Je propose donc aux enfants qui ont peur de leur tenir la main. Certains acceptent,
d’autres non. Je laisse ces derniers jouer avec d’autres jeux. Je ne les «force » pas.
L’enfant, du moment où il prend des risques, essaie de nouvelles choses, est un
enfant qui se sent suffisamment en sécurité dans son environnement et dans les
personnes qui l’accompagnent. La pédagogie Montessori explique qu’il est important
d’ «aider l’enfant à faire seul ».
26 Yves CHAIX (professeur et docteur) Extrait du développement psychomoteur du nourrisson et de l’enfant :
aspects normaux et pathologique (psychomotrice, langage, intelligence) trouble de l’apprentissage page 19 et 20
http://www.medecine.ups-tlse.fr/dcem3/pediatrie/Item_32_Developpement_psychomoteur.pdf (31/03/18)
28
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Tout au long de son développement, j’accompagne l’enfant au travers de mes gestes.
Lors de groupe parents-enfants, une petite fille de sept mois, Soraya, vient avec ses
parents. Elle est très raide au niveau des membres. Elle ne bouge pas beaucoup. Ma
tutrice et moi montrons aux parents des gestes pour détendre Soraya : petits massages
pour détendre les membres. Egalement pour la stimuler : mettre peu d’objets autour
d’elle et ne pas les coller à elle, de sorte qu’elle ait envie d’aller les chercher. De
plus, je l’encourage « aller vas-y, tu vas y arriver » pour la conforter dans ses
capacités. Ses parents appliquent nos conseils à la maison et, en quelques semaines,
Soraya fait d’énormes progrès : elle se retourne dos-ventre/ventre-dos, a les membres
plus détendues et bouge plus. Les parents sont très contents et viennent nous
remercier pour nos conseils. L’accompagnement à la motricité est indissociable de la
relation avec l’enfant. Il me semble qu’il ne peut y avoir d’apprentissage de qualité,
qui permet à l’enfant la découverte, sans relation. Dans cette situation, la confiance a
permis à Soraya de se développer.
Durant mes stages, j’ai pris conscience qu’un professionnel peut être observateur
mais aussi observé. En effet, l’enfant imite les actions, les paroles des adultes qui lui
sont proches (en premier lieu ses parents) et en qui il a confiance.
Marcel Mauss, anthropologue, nous dit que c’est « une imitation prestigieuse.
L'enfant, l'adulte, imite des actes qui ont réussi et qu'il a vu réussir par des
personnes en qui il a confiance »27. L’enfant ne sait pas qu’il apprend, puisqu’il
imite. C’est le fait d’apprendre en imitant. L’enfant se construit progressivement
grâce à son entourage.
Un père que j’accompagne me dit qu’il a acheté à sa fille Jade, deux ans et demi, une
petite brouette et un petit arrosoir et qu’elle vient avec lui lorsqu’il jardine. Il
m’exprime que sa fille aime l’accompagner et « fait comme ‘lui’ dans le jardin ».
Plus tard, Jade me demande de regarder un livre avec elle. C’est une revue pour
enfant, avec un petit garçon et son doudou (un singe). Dans cette courte histoire, le
27http://classiques.uqac.ca/classiques/mauss_marcel/socio_et_anthropo/6_Techniques_corps/techniques_corps.pd
f page 8 (31/03/18)
29
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petit garçon aide ses parents à faire le jardin et le singe doudou tombe dans la terre. Il
est tout sale. Jade me dit qu’elle n’emmène pas doudou dans le jardin pour arroser les
légumes avec son papa. Je lui demande si elle aime jardiner, et elle me parle de son
arrosoir jaune avec un soleil qui est de la même couleur que sa brouette. Elle me dit
qu’au début, elle mettait trop d’eau sur la plante. Puis, que son papa lui a montré
comment faire pour ne pas en mettre trop et ne pas « faire couler la cayotte dans
l’eau ».
Dans cette situation, Jade fait comme son père. Elle l’imite pour faire le jardin et
apprend les gestes pour cultiver les légumes. Ici, Jade imite une personne en qui elle
a confiance.
Accompagner l’enfant dans son développement, c’est l’accompagner (faire avec), et
non pas faire à sa place, grâce à des gestes et des mots pour l’encourager. C’est
l’aider à faire des expériences pour qu’il appréhende le monde qui l’entoure. Et je
constate que c’est ainsi aussi, l’aider dans le lien de confiance. En moi, qui prends en
compte son besoin. En lui, parce qu’en l’encourageant et l’accompagnant, en le
laissant faire seul, je lui montre ma confiance en lui. Et lui, grâce à ça, acquiert sa
propre confiance en lui-même.
Lors d’un de mes stages en micro-crèche, je rencontre de nombreux enfants, dont un
petit garçon que l’on va nommer Jacques. Ce dernier a 24 mois. Il ne parle pas avec
des mots, mais avec son corps: pointe du doigt, grimaces…. Il reste à l’écart des
autres enfants, les mains souvent dans le dos, et les observe. Il est très calme. Lors
d’une transmission, sa tante et sa grand-mère rient de la situation puisque le
comportement de Jacques est très diffèrent à la maison: grimpe partout, rigole… Sa
grand-mère parle du fait qu’il aime la musique et qu’il aime manipuler les
chaussettes.
A la micro-crèche, il y a un petit étendoir à linge pour les enfants. Cela me rappelle
le fait que sa grand-mère ait parlé des chaussettes. Je prends les petites chaussettes
qui y sont pendues et les mets sur mes mains. Je les anime, pour les transformer en
marionnettes. Je parle, mais uniquement en faisant une voix à la marionnette. Puis, je
m’adresse à Jacques, en lui demandant s’il veut faire les marionnettes. Je me mets
30
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
proche de lui et il souris. Petit à petit, il joue. Il essaye de prendre les chaussettes,
court et se retourne, puis revient vers moi. Je lui demande à nouveau s’il veut faire
les marionnettes ou s’il veut les chaussettes. Je lui en mets une sur la main et il me
tend sa deuxième main pour faire de même. Je pense que durant cet échange, Jacques
est content que je me préoccupe de lui, que je lui donne de l’importance, et que
j’utilise quelque chose qu’il adore. Le lien de confiance se met réellement en place.
Plus tard, lors d’une activité musique, j’ai l’idée de mettre des jeux à billes (ex :
balles) dans les chaussettes. Elles deviennent des maracasses, ce qui plait beaucoup à
Jacques. Ce dernier est fier de montrer ses chaussettes aux autres enfants de la
structure. Cela devient un rituel toute la durée du stage : Jacques arrive et tend les
chaussettes pour faire des marionnettes, avec régulièrement les jeux à billes dedans
pour faire de la musique. Si les chaussettes ne sont pas sur l’étendoir, Jacques les
cherche partout.
Ce que j’ai pu comprendre de cette situation, c’est que Jacques est un petit garçon
qui a besoin d’attention et qui a envie d’aller vers les autres, mais préfère être en
retrait. Le fait d’être rassuré par un rituel, de lui donner de l’attention, cela l’a aidé à
aller vers les autres, à se sentir assez en sécurité pour jouer en toute tranquillité.
Grâce à mes observations, au temps d’échange avec sa famille, j’ai pu répondre aux
besoins de Jacques afin qu’il se sente pris en compte, qu’il puisse mieux appréhender
son environnement en s’ouvrant aux autres. Qu’il se sente en confiance.
Dans cette situation, j’ai pris en compte Jacques en tant que personne. Je me suis
mise à sa hauteur et je me suis intéressée à ce qu’il aime. Je me suis adaptée à lui afin
d’individualiser mon accompagnement.
Je pense que prendre en compte l’enfant, s’adapter à lui, notamment dans mes gestes
et mes mots, favorise également le lien de confiance.
Pour moi, en tant que future éducatrice de jeune enfant, il est important de prendre en
compte la sécurité affective, le lien d’attachement, les besoins de l’enfant, ainsi que
son développement pour adapter ma posture. Il est nécessaire de questionner en
équipe le quotidien. Cela permet d’accueillir et d’accompagner au mieux l’enfant, en
le respectant et en lui apportant ce dont il a besoin, dans son développement et sa
sécurité, pour créer et maintenir un lien de confiance avec lui.
31
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Pour moi, le lien de confiance est aidé par mon langage et mes attitudes. Cela me
permet, en tant que future professionnelle, d’accompagner l’enfant au quotidien et de
lui montrer qu’il est respecté. Les mots peuvent valoriser, mais aussi dévaloriser
l’enfant. Ce dernier est dépendant de l’adulte, c’est un être fragile. Chaque enfant à
ses gestes, ses postures qui font qu’il est unique. La parole et les gestes permettent à
l’enfant de se sentir sécurisé et lui permettent d’appréhender son quotidien. Ils
permettent aux professionnels d’apporter une réponse adaptée aux besoins de
l’enfant.
Mais pour favoriser le lien de confiance avec l’enfant ce dernier doit sentir que ses
parents font aussi confiance aux professionnels. La relation de confiance parents-
professionnels est également indispensable au quotidien.
3ème partie le lien de confiance dans la relation parents-
professionnels
« Un enfant seul cela n’existe pas »28 . Cette phrase célèbre de Winnicott (pédiatre,
psychiatre et psychanalyste) met en avant le fait que l’enfant vient d’une famille.
1 Donner une place aux parents pour co-construire
Le rôle des parents est d’apporter à leur enfant les outils nécessaires pour que ce
dernier se développe pour le mieux, afin qu’il devienne un adulte épanoui, autonome
et responsable. C’est ce qu’exprime l’article 371-1 du code civil « jusqu'à la
majorité ou l'émancipation de l'enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et
28WINNICOTT Donald l’enfant et le monde extérieur édition Payot 1989 sciences de l’homme page 107
32
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le
respect dû à sa personne ».29 Ils ont donc une grande responsabilité et des devoirs.
Les parents ont l’autorité parentale. D’après le site du service public « L'autorité
parentale confère aux parents des droits et met à leur charge des devoirs vis-à-vis de
leur enfant mineur. Ces droits et obligations se traduisent de différentes manières :
veiller sur l'enfant, sa santé, son éducation, son patrimoine...Selon les cas, l'autorité
parentale peut être exercée conjointement (par les deux parents) ou par un seul
parent. »30. « L’autorité parentale » appuie aussi le fait que les parents sont les
premiers éducateurs de l’enfant.
1.1 Leur laisser une place dans la structure
Au premier contact, c’est la famille qui aborde les professionnels au téléphone :
renseignements, papiers d’inscriptions, inquiétudes sur ce qu’est un EAJE (besoin
d’être rassurée), adaptation pour leur(s) enfant(s)… Ce sont les parents, principaux
responsables de l’enfant, qui décident de l’inscription en EAJE. Tous les parents ont
besoin de temps pour eux. Ils ne sont pas que parents, ce sont des hommes et des
femmes avant tout. Ceux qui ne travaillent pas peuvent donc avoir besoin de mode de
garde ponctuel. Les besoins des familles diffèrent. Parfois, il arrive qu’en tant que
professionnel, on ne voit plus les parents comme homme et femme, mais juste
comme des parents. Il est important de travailler en équipe ce regard porté sur ces
derniers, afin d’éviter des jugements qui pourraient les culpabiliser.
En effet, être parent demande du temps, de la patience et beaucoup d’énergie. Les
parents ont besoin de prendre du temps pour eux.
Pour tous les parents, trouver un mode de garde dans lequel ils ont confiance c’est
savoir que leur enfant passera une bonne journée au cours de laquelle il s’épanouira,
favorisera son développement, mais sera également accueilli dans de bonnes
conditions qui garantiront sa sécurité... C’est une priorité.
29
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070721&idArticle=LEGIART
I000006426467&dateTexte=&categorieLien=cid (31/03/18) 30 https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F3132 (31/03/18)
33
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
La place des parents en EAJE doit être pensée en équipe. Cette place est obligatoire
depuis le décret d’août 2000, qui a été renforcé par la loi du 2 janvier 2002, rendant
les usagers acteurs de leur accompagnement. Les parents ont longtemps été refusés
en EAJE. Ce n’est que depuis la circulaire du 16 décembre 1975 31, qui vise à
« supprimer l’interdiction d’accès aux parents des structures », que les structures
s’ouvrent. La circulaire ministérielle de 198332 affirme que « la participation accrue
des parents à la vie quotidienne des établissements d’accueil des jeunes enfants,
notamment les crèches, a pour objectif d’améliorer la qualité de l’accueil des
enfants ». Cette évolution montre l’importance de la place des parents dans les
structures. Cette place est également notée dans le projet d’établissement.
1.2 Les échanges professionnels-parents
En tant que future professionnelle petite enfance, je travaille au quotidien avec
l’équipe pour parler de l’inclusion des parents dans la structure. Cela se concrétise
par : leur proposer de participer à des sorties, à des temps conviviaux (spectacles de
fin d’année, réunion de rentrer), au jardinage, à la récupération de matériaux ou
encore à des activités (lecture, cuisine).
Au cours de mon premier stage en multi-accueil, une mère propose de venir faire un
gâteau au yaourt avec les enfants. J’accompagne cette dernière sur cet atelier avec six
enfants âgés de deux à trois ans. Les enfants aiment faire ce gâteau et sont très fiers
de le manger au goûter. Durant ces temps où elle vient proposer une activité, cette
mère peut échanger avec les professionnels, partager avec les enfants, et donc
participer au quotidien.
Mon rôle de future éducatrice de jeunes enfants est de veiller au bon déroulement des
échanges entre parents et professionnels, de sorte que chacun puisse trouver son
compte. Au cours de mes stages, je peux travailler sur la feuille de transmission pour
31 JESU Frédéric (médecin, pédopsychiatre)Accueil de la petite enfance : principes et enjeux démocratiques de la
co-éducation dans la revue Le Furet n60 2009 32RAMEAU Laurence (Puéricultrice, formatrice) « Ces parents qui nous agacent… »dans EJE journal n’32
décembre 2011 édition Duval
34
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
voir ce qu’il est intéressant d’écrire dedans, afin que les parents aient une vision
complète de la journée de leur enfant, et comprennent ce qu’il s’est passé pour ce
dernier. Cela les rassure sur le quotidien de leur enfant, mais aussi sur ses
compétences, ou encore son évolution. Cela les valorise également dans leur rôle de
parents. « Les professionnels reconnaissent unanimement que c’est la qualité des
échanges entre eux et les parents qui permet de construire la confiance à propos de
l’enfant « confié »»33. Il est donc nécessaire de discuter en équipe de la place et de
l’accueil des parents au quotidien, notamment dans les temps d’échange. Rassurer les
parents, c’est aussi favoriser la confiance qu’ils ont en moi, future professionnelle.
Pour moi, cela signifie notamment que le parent est rassuré lorsqu’il me confie son
enfant.
Lors de mes stages, je peux voir et faire des transmissions aux parents. Certains
d’entre eux ont le droit d’en faire aux autres parents (structures parentales). Certains
peuvent voir la feuille de transmission, d’autres non, cela dépend si la feuille de
l’enfant est individuelle.
Au cours de mon premier stage en Multi-accueil, j’en fais donc auprès des parents.
Tout d’abord accompagnée d’une professionnelle de la structure, puis seule. Dans un
premier temps, je vais vers les parents qui me semblent plus ouverts : souriants,
détendus. Tout de suite, je m’aperçois que les attitudes et réactions des parents me
renvoient des signes. Au début, je suis un peu stressée, j’ai peur de dire une
« bêtise ». Je pense que cela doit se voir : je cherche sur la feuille nerveusement les
informations, j’ai les yeux rivés sur celle-ci. Je ne suis donc pas du tout dans
l’échange avec les parents. Une maman me dit gentiment que cela ne doit pas être
simple au début, avec tous les enfants de la structure, pour s’y retrouver et se
rappeler de tout. Elle me sourit. Je vois qu’elle essaie de me rassurer. Ma tutrice EJE
vient me voir en me disant que les parents savent que je suis stagiaire, que
j’apprends. Elle me donne des conseils : « regarde-les, regarde la feuille dans la
33 BOSSE-PLATIERE Suzon Accueillir les parents des jeunes enfants soutien à la parentalité édition ERES 2012
page 192
35
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
journée pour voir vers quelle heure les enfants partent, pour savoir quand la relire
pour t’imprégner des informations. Prends confiance, détends-toi, tu as participé au
quotidien de l’enfant. Tu sais ce qu’il a fait. Tu l’as observé, détache-toi de la
feuille ».
Petit à petit, je me détends et je vois une réelle différence dans mes transmissions et
dans ma relation avec les parents. Ces derniers viennent plus vers moi, me sourient
davantage, j’ai l’impression qu’ils me font plus confiance.
Les temps d’échange entre parents et professionnels sont importants. La feuille de
transmission est la trace écrite de ce que l’enfant a fait dans la journée. Elle n’est pas
faite pour justifier les professionnels, mais bien pour rassurer le parent sur le
quotidien de l’enfant. Ce support sert d’appui à l’échange entre parents et
professionnels.
Au quotidien, les professionnels petite enfance entrent dans la vie privée des parents.
C’est-à-dire que j’en apprends sur eux et sur l’éducation qu’ils donnent à leurs
enfants. En effet, les professionnels « doivent faire avec l’intimité de l’autre, ainsi
dévoilée, sur leur lieu et leur temps de travail » ce qui « leur demande une grande
délicatesse, dans les actes et dans les propos »34 . Les professionnels de la petite
enfance ne sont que de passage dans la vie de l’enfant, mais ses parents le suivront
toute sa vie. Il est donc important qu’une relation de confiance soit mise en place
entre parents et professionnels au travers d’échanges, de soutien, d’écoute et si
besoin d’aide et de conseil. Les parents ne doivent pas se sentir jugés.
Il est important de travailler avec les parents pour co-construire ensemble
l’accompagnement et le quotidien de leurs enfants, tout cela dans un principe de co-
éducation. Dans les missions des éducateurs de jeunes enfants, on peut retrouver
accueil du jeune enfant et de sa famille, mais aussi soutien à la parentalité.
34 BOSSE-PLATIERE Suzon Accueillir les parents des jeunes enfants soutien à la parentalité édition ERES 2012
page 91
36
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
2 La co-éducation
2.1 Qu’est-ce que c’est ?
Avant d’aller plus loin, je tiens à définir la co-éducation et le soutien à la parentalité.
La co-éducation signifie éduquer ensemble. Pour moi, la co-éducation c’est travailler
avec le parent pour accompagner au mieux l’enfant dans son développement et le
préparer à sa vie d’adulte. C’est également prendre en compte l’éducation que
donnent les parents à l’enfant. Mais c’est aussi travailler en direction des parents
pour les aider à répondre à leurs questions et à leurs doutes, et pour les rassurer sur
leur rôle de parent. C’est mettre nos compétences en commun pour cheminer dans le
respect les uns des autres.
Chaque famille est différente, c’est aux professionnels de s’adapter à chacune d’elle.
L’éducation que la famille donne à l’enfant lui crée une partie de son identité.
L’enfant a besoin que les professionnels et les parents travaillent ensemble pour faire
du lien entre la maison et la structure. Les professionnels de la petite enfance ne sont
pas là pour se substituer aux parents. Ils ont besoin d’eux pour savoir où l’enfant en
est dans son rythme: développement, sommeil, alimentation... Pour savoir si l’enfant
a des habitudes, des préférences, ou tout simplement pour connaitre son humeur du
jour, s’il a bien dormi la veille, ou bien mangé, ou s’il y a eu un évènement
particulier… et ainsi être plus à même de comprendre certaines attitudes ou paroles
de l’enfant . Nous (professionnels) travaillons avec les parents pour le bien être de
leur(s) enfant(s). Ce sont eux qui le connaissent mieux que personne. Nous devons
faire attention à ne pas être dans un modèle moralisateur « il faut faire …. », éducatif
énonçant des « normes » en cherchant à éduquer parents et enfants « en général on
fait comme cela …..un enfant de x mois ne dort plus avec ses parents… », allant
jusqu’à être culpabilisants « si vous faites cela, votre enfant pourra être marqué par
votre attitude … ». Le rôle de l’EJE, c’est surtout cheminer avec les parents pour leur
permettre de trouver eux même la solution qui leur convient le mieux, pour que leur
décision prenne un sens.
Les échanges entre parents et professionnels sont donc indispensables dans la co-
éducation et dans la relation de confiance.
37
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Par exemple, ce sont les parents qui nous disent quand l’enfant commence à être
propre et quand faut-il commencer à enlever la couche la journée, puis à la sieste, et
donc, quand faut-il commencer à proposer le pot régulièrement. Cette étape du
développement de l’enfant fait l’objet d’une discussion avec les parents. Les
professionnels ne se permettent pas de commencer la propreté sans l’accord des
parents.
Pour moi, co-construire l’accompagnement et co-éduquer commence dès les
premiers rendez-vous, et notamment dès les temps d’adaptation. Les parents ont un
rôle essentiel dans la confiance entre professionnel et enfant, puisque si le parent a
des doutes et des à priori, l’enfant le sentira aussi. Les temps d’adaptation sont
nécessaires aux parents et aux enfants afin de découvrir la structure : lieux,
professionnels, autres enfants. Cela montre aux parents comment les professionnels
travaillent, ce qui peut les rassurer. Les enfants, eux, apprennent à connaitre les
professionnels qui l’accompagneront. Les parents sont au centre de cette adaptation.
En effet, en tant que future professionnelle petite enfance, je leur pose un tas de
questions, afin d’en savoir plus sur l’enfant, pour individualiser mes pratiques. Ces
informations permettent de créer une continuité pour l’enfant entre la structure et la
maison. Elles sont également indispensables afin de ne pas aller à l’encontre de
l’éducation des parents. Ces temps d’adaptation permettent également
d’accompagner le parent sur ce temps de séparation, qui peut être compliqué à vivre :
« Le parent c’est celui qui consent à se séparer, celui qui assume la perte et renonce
à la toute puissance »35. Beaucoup de parents laissent leur enfant pour aller travailler.
Parfois ils ne sont pas prêts à reprendre leur activité, mais ils n’ont pas le choix. Le
lien parent-enfant est aussi très fort. Laisser leur enfant aussi longtemps, dans ce lieu
nouveau pour eux, alors qu’ils ont passé les premiers mois avec leur enfant, peut
s’avérer compliqué pour les parents.
35BEN-SOUSSAN Patrick « de la difficulté à être parents » dans la revue Spirale « ces bébés qui nous font mal »
2008/1 n’45 édition ERES p15 à 32
38
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2.2 Le soutien à la parentalité
Dans l’extrait de la vidéo d’accompagnement à la parentalité, le soutien de cette
dernière est défini comme : « donner aux parents tout ce dont il a besoin pour aider
son enfant à grandir, à s’épanouir »36
Lors de mon stage long au Conseil Départemental, en consultation nourrisson, un
père arrive avec son bébé d’un mois et demi. Au moment de le changer, il me semble
mal à l’aise. Je m’approche et lui demande s’il a besoin d’aide. Il m’exprime que,
d’habitude, c’est sa compagne qui change leur enfant, car elle est en congé maternité
et que lui travaille. Il vient aujourd’hui sans elle, pour la consultation avec le
médecin, mais en voyant que je lui porte de l’intérêt, me demande des conseils sur le
change. Je l’accompagne par mes mots en lui expliquant quoi faire, comme par
exemple : « allongez-le doucement en gardant une main derrière sa tête pour le
soutenir ». Accompagner le parent dans ses gestes, le conseiller, fait partie de mes
missions de future EJE. Pour moi, c’est cela le soutien à la parentalité, c’est ce qui
favorise également le lien de confiance entre le parent et moi.
Il me semble important de montrer aux parents que je ne suis pas là pour les
remplacer. Je suis présente pour faire avec eux. Je leur montre également que je suis
professionnelle, dans le sens où j’ai acquis des pratiques et des notions que je mets à
leur disposition. Cela participe au lien de confiance.
Au cours de mon stage long, j’ai créé des cadres d’habillage d’inspiration
Montessori. La première fois que je propose les cadres, il n’y a qu’une petite fille et
sa mère de présentes. Anna a deux ans et demi, c’est une enfant très vive et curieuse.
Elle vient au groupe parents-enfants pour voir d’autres enfants et s’amuser. La mère
d’Anna sourit. Elle adore ce qui est fait main ainsi que les activités ludiques dit-elle.
Cette dernière fait l’école à la maison et aime accompagner sa fille dans son
développement, tout en s’amusant. Elle explique que, par exemple pour les
mathématiques, elle aime faire de la cuisine (peser, nombres d’ingrédients etc).
36 https://www.youtube.com/watch?v=2KFRy-86Bek (31/03/18)
39
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
J’explique mon activité. Ici, il s’agit de découvrir en s’amusant. Le but n’est pas
d’apprendre mais de découvrir. Je parle à la mère du fait que cette activité est aussi
une manière de faire avec l’enfant, et que c’est à elle d’aider sa fille, pour partager ce
moment avec elle. Pour expliquer mon positionnement, je leur fais comprendre que
je suis là si besoin.
Anna prend le cadre à fermeture éclair. Je lui montre, lui explique comment ça
marche. Elle hésite un instant et commence à jouer avec la fermeture éclair. Elle la
monte et la descend. J’invite sa mère par des gestes et des mots « vous pouvez
l’aider » à le faire avec elle. Elle lui explique et lui remontre « on met dedans, on tire
pour remonter ». Durant ce temps j’échange avec elles deux. Anna râle « mais heu »,
est contente « ha voilà ». Je l’encourage et lui dis que sa mère est aussi là. Cette
dernière me sourit et me parle : « Comment avez-vous fais ces cadres ? Oui c’est vrai
que ce n’est pas simple, mais c’est ludique et intéressant etc. » Au bout d’un
moment, je leur propose les deux autres cadres et je les laisse choisir. La mère
d’Anna propose à sa fille de prendre celui avec le lacet. Je montre donc à Anna
comment défaire le nœud. Elle comprend vite comment faire et demande à sa mère
de refaire. Cette dernière refait le nœud en lui expliquant chaque étape et le fait
autour d’une carotte, puis d’une courgette de la dinette. J’interagis avec les idées de
la mère : « très bonne idée », « c’est vrai que c’est plus simple avec un objet à lacet »
et j’encourage Anna « et bien, tu y arrives très bien à défaire ce nœud, tu persévères
…». Je vois qu’elle commence à se lasser, alors je propose d’arrêter, mais sa mère
demande à essayer le cadre avec les boutons. Je leur laisse donc d’essayer. J’explique
à Anna, comme pour les autres cadres, comment ça fonctionne. La mère d’Anna est
très douce et très calme. Elle parle à sa fille de façon imagée « comme le ver de terre
qui sort de son trou ». Anna fait la moue, alors je lui remontre en lui expliquant
comme sa mère « On met le bouton debout comme un bonhomme, on le cache et on
le trouve ». En effet, je trouve cela intéressant de rentrer dans leur méthode pour les
accompagner et guider Anna.
Dans cette situation, j’accompagne leur relation en proposant une activité et en
intervenant de temps en temps, mais je ne fais pas à la place de la mère. Cela favorise
le lien de confiance parents-professionnels, puisque le parent voit que je ne suis pas
là pour prendre sa place. J’adapte ma posture, afin de favoriser le lien enfant-parent.
40
MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Je pense qu’il est nécessaire pour les parents de voir comment j’accompagne les
compétences de leurs enfants et de leur laisser s’approprier des façons de faire.
La co-éducation peut également permettre d’accompagner la relation parents-enfants,
qui parfois n’est pas simple. Dans plusieurs situations, j’ai pu entendre d’une mère
par exemple, que les femmes de sa famille lui avaient toutes donné des conseils
différents. Parfois, il arrive que les parents soient un peu perdus dans une
accumulation de conseils, notamment lorsqu’il s’agit de leur premier enfant. Il y a
donc toute une famille qui gravite autour des parents et des enfants que
j’accompagne. Je remarque que dans ces cas, je sens aussi qu’ils me font confiance
lorsqu’ils se tournent alors vers moi pour me demander ce que moi, je leur conseille.
Pour avoir mon point de vue. Ici je n’ai pas à juger. J’emmène la mère à se
questionner sur ce qu’on lui a dit « et vous, qu’en pensez-vous ? Qu’avez-vous envie
de faire ? » Je peux également apporter du soutien aux parents qui ont des
convictions différentes de leurs familles. Enfin, si besoin, je peux conseiller «
éventuellement vous pouvez … »
Au cours d’un groupe parent-enfant, une famille est présente. Il y a trois sœurs ayant
chacune des enfants d’âge diffèrent. L’une d’elle a une petite fille, Marie, vingt-
deux mois. Cette petite fille est qualifiée de méchante par ses tantes. Elle est certes
un peu brusque dans ses gestes (tire fort les cheveux quand elle coiffe, arrache les
lunettes) et a beaucoup d’énergie (elle bouge beaucoup). Mais c’est une petite fille
agréable et souriante. J’observe que sa mère reste dans un coin et ne dit rien. Ses
sœurs parlent pour elle.
Au groupe suivant, ma tutrice de stage EJE exprime à ces trois sœurs que
dorénavant, on arrête de parler de Marie comme étant une fille méchante. Ce jour-là,
la mère de Marie discute avec d’autres parents et commence à s’ouvrir. Elle vient
vers moi et m’exprime que cela la soulage, qu’elle n’en pouvait plus d’entendre
qualifier sa fille de « méchante ». Elle me parle de son quotidien, pas toujours
simple, à la maison. Je lui propose, avec ma tutrice, de prendre un rendez-vous pour
avoir un temps seul avec elle, sans ses sœurs, pour qu’elle puisse s’exprimer
librement, pour que l’on puisse l’accompagner selon ses besoins.
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
J’observe aussi que sa relation avec Marie a changé. En effet, durant ce temps de
groupe, cette mère a pu partager avec sa fille l’activité musique mise en place ce
jour.
Les mots posés sur cette situation ont contribué à l’ouverture de cette mère et à la
relation de confiance qui s’est créée petit à petit entre elle et moi. Dans cette
situation, cette mère était enfermée dans le ressenti de ses sœurs et culpabilisée par
l’image véhiculée de sa fille. Cette situation montre l’importance de la parole de la
famille. Auparavant, les jeunes parents se tournaient vers leurs familles, notamment
vers leurs mères, pour avoir des conseils. Aujourd’hui, les parents peuvent également
trouver des réponses ailleurs : livres, professionnels, lieux ressources (PMI, médecin,
LAEP).
Il est nécessaire de ne pas voir le parent qu’en tant que parent, mais aussi en tant que
personne qui a besoin d’être rassurée et qui a des compétences.
3 Prendre en compte le parent pour le valoriser dans ses
compétences
Il n’y a pas de mode d’emploi pour les futurs parents. Ces derniers apprennent à le
devenir au fil du temps. Ils ont besoin d’être rassurés, pris en compte, guidés,
écoutés… En tant que future Educatrice de Jeunes Enfants, accompagner les parents
dans leur fonction parentale est une de mes missions. Pour moi, prendre en compte le
parent est indispensable dans la relation de confiance.
3.1 Le prendre en compte le parent dès l’adaptation
Je pense qu’il est important de les rassurer, et cela commence dès le temps
d’adaptation. Cela pose des bases dans la relation et le lien de confiance.
Plus haut, j’ai parlé du temps d’adaptation qui est utile aux enfants. Ces temps sont
également importants pour les parents. Par exemple, lors de l’un de ces temps une
mère me pose plein de questions sur les autres bébés présents. Nous discutons de tout
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
et de rien. Mon but ici est de ne pas l’interroger d’emblée, mais de la mettre à l’aise.
Je lui pose ensuite des questions sur sa fille : a-t-elle un doudou ? Comment s’endort-
elle ? A-t-elle des habitudes ? Ces petites questions aident les professionnels à
accompagner l’enfant au quotidien. Je lui demande aussi comment elle même va, si
elle n’appréhende pas trop cette séparation. Mon but est aussi d’accompagner la mère
au travers de cette épreuve de séparation. Je constate que je réussis aussi à établir ce
début de lien de confiance, car le fait de demander des informations sur l’enfant
montre mon intérêt, ma volonté de le connaitre pour mieux l’accompagner. Je sens la
mère plus rassurée grâce à cela, plus encline à me faire confiance et me confier sa
petite fille.
Prendre en compte le parent sur les temps d’adaptation, c’est aussi prendre le temps
de mieux le connaître pour l’aider à appréhender le quotidien de son enfant. Cette
période dite « d’adaptation » sert autant à l’enfant qu’au parent dans le processus de
séparation. L’adaptation sert aussi à créer le lien de confiance, en lui montrant que je
suis présente, que je vais faire en sorte que tout se passe au mieux. Pour cela, j’ai une
attitude calme, et je suis disponible. En tant que future professionnelle, je me dois
d’être transparente et de ne pas cacher d’informations aux parents, cela participe à les
mettre en confiance dès le début.
3.2 La confiance au quotidien
La confiance est pour moi indispensable pour l’accueil du jeune enfant et de sa
famille au quotidien. En effet, comme Suzon Bosse-Platière dans son livre Accueillir
les parents des jeunes enfants un soutien à la parentalité le dit : « Pour les parents,
ces relations entre adultes semblent avoir un réel impact sur la confiance qu’ils
acquièrent en la personne ou en l’équipe à qui ils confient leur enfant (…) des
relations entre adultes ressenties comme difficiles rendent difficile le quotidien des
parents, des enfants et des accueillantes »37.
Il m’est arrivé une fois d’avoir une relation difficile avec des parents, qui pensaient
que j’étais de la PMI. La relation de confiance était absente. Les professionnels ont
37 BOSSE-PLATIERE Suzon accueillir les parents des jeunes enfants un soutien à la parentalité édition ERES
2012 page 11
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
posé des mots, réexpliqué ma présence (cela avait été fait le premier jour de mon
arrivée). Petit à petit, j’ai pu les accompagner sur les temps de transmissions, d’abord
sans rien dire, puis en donnant des précisions sur la journée de leur fille : « elle a très
bien mangé », « elle aime beaucoup les gommettes ». La relation de confiance s’est
mise en place très difficilement, mais a fini par se faire, grâce à mes mots, mais aussi
grâce à ma patience.
Dans d’autres situations, la confiance que j’établis avec les parents peut m’aider à
l’accompagner :
Une mère vient chercher son fils à la crèche. Elle m’exprime qu’elle est contente que
son fils puisse venir et être en collectivité avant d’entrer à l’école, mais qu’elle est
d’autant plus contente de le retrouver en fin de journée. Puisque nouvelle venue sur
la région, cette famille ne connait personne. Madame est donc seule et s’ennuie. Ma
collègue et moi discutons en équipe de cette maman. A la prochaine rencontre, je lui
propose plusieurs brochures, avec des lieux d’activités et des groupes dédiés aux
parents, et aussi aux parents accompagnés de leurs enfants. Cette mère semble ravie.
Elle exprime, par la suite, avoir gardé contact avec des mamans rencontrées sur un
lieu d’accueil parents-enfants. Les EAJE sont des lieux ressources pour accompagner
et soutenir les parents.
Il arrive qu’il soit un peu plus délicat, de dire à un parent que la journée de son enfant
a été compliquée. Cela peut être difficile à entendre pour le parent. Les paroles
négatives peuvent impacter la relation de confiance. L’énoncer avec douceur permet
aux parents de mieux l’accepter.
Lors de mes expériences en centre de loisir, j’ai été responsable de point d’accueil.
J’accueillais les enfants et les parents matin et soir. Mon rôle était d’informer les
parents sur la journée de l’enfant, sur les repas, les sorties et activités prévus. Parfois,
je n’avais eu qu’un rapide retour de mes collègues. En effet, durant la journée j’étais
animatrice des petits (3-5 ans), je ne voyais donc pas les plus grands. Parfois, les
parents me posaient des questions auxquelles je ne savais pas répondre. Je tentais de
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
me renseigner le lendemain, mais la relation de confiance était de ce fait plus
compliquée avec les enfants que je ne suivais pas au quotidien. Ensuite, lorsque
j’exprimais aux parents que la journée ne s’était pas très bien passée, la parole
négative me semblait également affecter le parent. J’ai donc constaté que c’est
encore plus difficile pour eux d’entendre des paroles négatives lorsque le lien de
confiance n’est pas établi.
Enfin, à partir de ces deux exemples, je peux signifier qu’en tant que future
professionnelle, j’informe le parent et je l’oriente, si nécessaire dans son intérêt et
celui de son enfant, toujours dans le but de répondre à leurs besoins et de les
accompagner.
L’enjeu du soutien à la parentalité est également de pouvoir accompagner le parent
dans la compréhension du développement de leur enfant.
3.3 L’accompagnement à la parentalité
Ninon, une petite fille de douze mois, est présente avec sa maman au groupe parent-
enfant. A côté d’elles, une mère et sa fille Emma, de onze mois et demi. La mère de
Ninon observe Emma qui est très éveillée. Cette dernière marche et va vers les
autres enfants. Ninon est plus timide, reste en retrait et se met à pleurer lorsque
Emma crie. La mère de Ninon fait des réflexions à sa fille « allez feignasse, lève-toi
et va vers les autres », « tu es une trouillarde quand même ». Je reprends ses
paroles en formulant sans jugement : « tu peux toi aussi te lever et aller vers les
autres enfants », « Tu as eu peur, je comprends, mais tu sais, c’est comme ça
qu’Emma s’exprime ». La mère se reprend aussitôt et vient vers sa fille : « mais oui,
il ne faut pas avoir peur, toi aussi tu cries parfois ». Elle la prend dans ses bras pour
la rassurer. Dans cette situation, j’observe la mère de Ninon qui semble inquiète que
sa fille ne fasse pas comme Emma. Alors, pour la rassurer, j’exprime que Ninon a
fait beaucoup de progrès dans d’autres domaines, que chaque enfant est diffèrent, et
se développe à son rythme. A la fin du temps de groupe, elle vient me voir et semble
désolée. Elle me dit « j’y suis allée un peu fort, non, sur mes mots ». Je lui exprime
que c’est très bien d’en avoir conscience, et que c’est important qu’elle le verbalise
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
à sa fille aussi lorsqu’elle s’en rend compte. Cette mère est très soucieuse des effets
de ses gestes et de sa parole sur sa fille. Je lui explique qu’une parole bienveillante
favorise la confiance en soi de l’enfant, et qu’il nous arrive à tous, en tant qu’adulte,
d’avoir des mots et des gestes qui nous dépassent, suite à un agacement par
exemple. Cependant, c’est important que l’adulte reconnaisse ses torts auprès de
l’enfant et d’aller s’excuser.C’est l’attitude que l’on attend d’un enfant qui a
commencé à intégrer les notions de « bien » et de « mal » lorsque c’est lui qui n’a
pas eu un comportement adapté.
Dans cette situation, je ne me pose pas d’affront avec la mère, qui pourrait le prendre
mal. Je tente de reformuler ses propos pour qu’elle prenne conscience de ses paroles,
sans pour autant la juger. J’attends qu’elle réfléchisse et qu’elle vienne vers moi,
pour lui expliquer l’impact que cela peut avoir sur sa fille. Si je lui avais directement
parlé de ma façon de voir les choses, elle aurait pris ça comme une leçon d’une
professionnelle a un parent. Or, mon rôle est d’emmener le parent à se questionner,
se positionner et de le soutenir. Il n’y a pas de rapport hiérarchique entre un parent et
moi. Je ne dois pas le dévaloriser de sorte à dire « c’est moi la professionnelle, j’ai le
savoir », mais plus « je suis formée, je suis diplômée, et expérimentée, je peux vous
guider ». Je dois valoriser le parent dans son rôle, l’aider à comprendre et trouver ses
propres solutions.
Mon rôle est également d’accueillir les émotions des parents, de les valoriser et non
pas de les culpabiliser.
Au cours de mon stage long, je vais en consultation nourrisson. Une mère me
demande les principes de précaution pour un lit de bébé. Elle m’indique avoir discuté
avec une amie qui lui a donné une multitude d’informations sur ce qu’il faut faire ou
ne pas faire. Elle semble angoissée, perdue. Je lui demande ce qu’on lui a dit et ce
qu’elle en pense. Elle me demande ce qui est préconisé. Je lui explique donc qu’il
vaut mieux éviter les tours de lit, les couvertures, les peluches, les coussins, que la
température idéale est de dix-neuf degrés etc. Elle semble rassurée. Je lui exprime
que je suis là pour ça et que si elle a besoin, de ne pas hésiter à revenir vers moi. Le
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
fait qu’elle vienne me demander conseil me montre aussi que j’ai réussi à établir un
lien de confiance avec elle.
Mon but est de valoriser le parent dans sa fonction parentale.
Un père me dit une fois qu’il aimerait partager des moments privilégiés avec ses
enfants, mais que jouer n’est pas vraiment ce qu’il aime. En discutant avec lui, je me
rends compte que ce père adore faire la cuisine. Je lui propose donc de partager des
moments cuisine avec ses enfants. La fois d’après, il me raconte son atelier
« cookies » avec eux. Il est très souriant et fier. Il me montre des photos. Je le félicite
et lui exprime qu’il y a toujours des solutions pour partager avec les enfants, sans se
forcer à faire des choses que l’on n’aime pas. Je l’encourage et valorise ce qu’il sait
faire pour lui montrer qu’il en est capable. Je lui explique que « jouer », c’est prendre
du plaisir et partager avec l’enfant. Je lui exprime donc que c’est ce qu’il a fait sous
une autre forme, ici la cuisine, et le renforce dans ses propres compétences.
Lors de mes stages, je peux accompagner des parents qui demandent de l’aide. Je
peux les rassurer sur leur rôle de parent. C’est aussi là que je comprends que certains
parents ont besoin de soutien, mais ne le demandent pas forcement. C’est donc à moi,
future éducatrice de jeunes enfants, d’être vigilante, d’observer les parents pour leur
proposer un accompagnement adapté. Lorsque certains parents posent des questions,
ou semblent inquiets sur un sujet, je peux leur proposer d’en discuter. Il peut arriver
que plusieurs parents aient besoin de discuter d’un même sujet. Pour cela, je peux
notamment proposer des « cafés parents », ou des réunions à thème, pour partager
avec eux, mais aussi qu’ils puissent partager entre eux leurs expériences. Je peux
également leur demander leur avis sur les thèmes qu’ils aimeraient aborder au travers
de questionnaires.
En tant que future éducatrice de jeunes enfants, je dois prendre en compte tous les
parents. En effet, certains parents peuvent se sentir stigmatisés. C’est le cas
lorsqu’une famille est suivie par la PMI, en AED, ou dans le cadre judiciaire. Je dois
faire avec l’histoire de chacun et travailler le lien parent-enfant. Il est d’autant plus
important, lors de ces situations, d’avoir un lien de confiance avec les parents, pour
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
qu’ils n’aient pas le sentiment d’être jugés. C’est d’autant plus nécessaire dans ce
type de situation (quand c’est possible) de valoriser le parent et le faire déculpabiliser
pour pouvoir avancer dans la « bonne direction ».
Au cours de mon stage en AEMO/PFS, je peux suivre une famille qui vient de passer
de l’AEMO au PFS. Les parents sont séparés et ne s’entendent pas. Les deux filles,
de quatre ans et dix-huit mois, sont placées dans la même famille d’accueil. Avant
cette expérience j’avais beaucoup d’apriori sur le placement. Je me demandais ce que
moi, en tant que future EJE, je pouvais faire, puisque pour moi, placement signifiait
pas de retour possible à la maison. Je me trompais. Dans cette situation, les enfants
sont placés le temps que les parents trouvent un « terrain » d’entente, mais aussi
pour créer plus de lien père-filles et mère-filles, au travers d’activités. Les parents
peuvent aussi travailler sur leurs difficultés, en rencontrant les travailleurs sociaux. Je
peux assister à un temps d’activité : couronne des rois entre la mère et la plus grande
de ses filles. Lors de ce temps, elles sont contentes de se retrouver. Nous discutons
de tout, sauf du placement. La mère peut discuter avec sa fille et partager un temps
avec elle. Cette mère a tendance à se dévaloriser. Je peux, tout au long de ce temps
d’activité, lui exprimer qu’elle sait faire beaucoup de choses et la valoriser. Certes,
tous les placements ne se passent pas comme cela et il n’est parfois pas possible n’y
envisageable que les enfants reviennent chez leur parent.
Accompagner « signifie se joindre à quelqu’un pour aller dans la même direction en
même temps que lui »38. C’est donc le parent « qui fixe la direction ».39
L’accompagnement que l’on propose aux parents n’est pas « contrainte ». En EAJE,
le but est de travailler avec eux pour leur bien-être et le bien-être de l’enfant. Pour
cela, j’adapte ma posture en fonction du parent.
38 Frédérique HIRN Eduquer avec bienveillance outils et pièges de la relation parents-professionnels édition
Philippe Duval 2016 page 74 39 Frédérique HIRN Eduquer avec bienveillance outils et pièges de la relation parents-professionnels édition
Philippe Duval 2016 page P77
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
J’observe, pendant mon stage en micro-crèche, une professionnelle qui dit « bonne
journée » à un parent sur un ton froid, en lui tournant le dos. Cette professionnelle est
en pleine activité avec les enfants et a peu de temps pour le parent. Son ton ne
semble plus signifier « bonne journée », mais « j’arrête cet échange je n’ai pas le
temps ». Cela peut renvoyer des signes négatifs au parent, qui peut avoir du mal à
échanger avec ce professionnel les fois suivantes. Cela peut donc avoir un mauvais
impact sur le lien de confiance, parfois difficilement établi, en cassant même ce lien
à terme : si l’on a peur de s’exprimer, qu’on se heurte à quelqu’un de trop fermé ou
peu souriant, on a beaucoup moins envie instinctivement de faire confiance.
Prendre en compte le parent dans sa globalité. Lui laisser une place, adapter ma
posture (mots, gestes, écoute, conseil, orientation, valorisation, information ….).
Adapter les outils du quotidien (observation, transmission, réunions, café parents,
activités), ne pas faire à sa place mais avec lui pour lui montrer que je ne suis pas là
pour le remplacer. Mais aussi, montrer comment je m’occupe au quotidien de ses
enfants. C’est tout cela qui contribue au fait que je vais pouvoir construire un lien de
confiance avec les parents. Ce lien est indispensable pour co-construire et co-éduquer
et ainsi répondre à mes missions de futur éducateur de jeunes enfants qui sont :
l’accueil et l’accompagnement du jeune enfant et de sa famille, et soutien à la
parentalité.
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Conclusion
Mon hypothèse de départ était de savoir en quoi mes modalités d’accueil et
d’accompagnement sont étroitement liées au développement de l’enfant et
participent à la co-éducation.
Nous avons pu voir, tout au long de ce mémoire, que la confiance est un élément
indissociable de la relation et d’un lien constructif. Pour établir ce lien de confiance,
plusieurs étapes sont nécessaires.
Il faut d’abord être en confiance avec soi-même. Il y a pour cela un travail personnel
à faire pour se connaître en tant qu’individu, mais aussi comme professionnelle.
Un lien de confiance s’établit petit à petit, en apprenant à connaître l’autre.
Au quotidien, j’accompagne l’enfant au travers de ma posture : gestes et mots
adaptés, en respectant ses rythmes et son développement, mais aussi en
l’encourageant et le valorisant dans ses compétences. Un lien de confiance est
nécessaire afin de l’accompagner au mieux.
Les parents restent les premiers éducateurs de leurs enfants. A chaque moment
d’échange, je les prends en compte, mets en valeur leurs compétences et leur rôle
parental. Je veille à ne pas être moralisatrice avec eux.
Ce lien d’accompagnement est d’autant plus efficace s’il est à double sens. C’est-à-
dire, je fais confiance à l’autre et l’autre me fait confiance, qu’il soit enfant ou
adulte.
En effet, gagner la confiance d’un enfant me permet de mieux répondre à ses
besoins, de l’accompagner de façon efficace dans son développement. De même,
acquérir la confiance de ses parents leur permettra de me confier plus facilement
leur enfant. Ce dernier, le ressentant, établira d’autant plus facilement ce lien avec
moi. Ainsi la co-éducation sera plus simple à mettre en place. Je dois donc, dès le
début, m’employer à établir ce lien essentiel de confiance. Je le fais, en m’appuyant
sur mon observation, dans le respect de chacun et de ses particularités, pour mieux
remplir mon rôle, établir une véritable co-éducation, dans l’intérêt et le bien-être de
l’enfant. Et pour aider et contribuer à cela, il est aussi essentiel de donner une place
aux parents dans la structure, afin de créer et travailler ce lien de confiance au
quotidien.
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MADRANGE Gwénaëlle Mémoire professionnel d’éducateur de jeunes enfants 2015-2018
Ma formation m’a permis d’acquérir des compétences, des valeurs, mais surtout une
identité professionnelle qui me sont propres et qui m’aident à accueillir et à
accompagner l’enfant et ses parents au quotidien. Mon cheminement m’a confortée
dans ma prise de conscience que de toute évidence, la confiance est un lien qui se
construit et se travaille tous les jours.
Mon expérience dans des structures fonctionnant différemment m’amène à réfléchir
sur le fait qu’il existe plusieurs manières de procéder, pour développer et entretenir
au mieux ce lien. Essentiellement sur sa mise en place avec les parents.
Cela me conduit à me demander, est ce qu’il serait possible d’associer chacun des
modes de fonctionnements qui m’ont parus porteurs et positifs ?
Bibliographie
Livres
- BOSSE PLATIERE Suzon Accueillir les parents de jeunes enfants édition ERES pages 11, 91 et 192
- CHAIX YVES Extrait du développement psychomoteur du nourrisson et de l’enfant : aspects
normaux et pathologique (psychomotrice, langage, intelligence) trouble de l’apprentissage du
professeur Yves Chaix pages 19 et 20 ou sur http://www.medecine.ups-
tlse.fr/dcem3/pediatrie/Item_32_Developpement_psychomoteur.pdf
-DAVID Myriam et autres Accueillir édition 1001 bébés n’32 édition ERES
- DAVID Myriam et APPELL Geneviève Loczy ou le maternage insolite collection 1001 bébé éd
eres 2011 page 75
- DOLTO Françoise tout est langage édition Gallimard folio/essais 1994 page 86
-GUEDENEY Nicole et GUEDENEY Antoine l’attachement : approche théorique du bébé à la
personne âgée 3ème édition édition Masson 2009 collection les âges de la vie (psychopathologie) page
9 à 14
-GUEGUEN Catherine pour une enfance heureuse repenser l’éducation à la lumière des dernières
découvertes sur le cerveau édition robert Laffont 2014 collection réponses p33, 86
- HIRN Frédérique Eduquer avec bienveillance outils et pièges de la relation parents-professionnels
Edition Philippe duval 2016 page 16,74,77
- LACAN Jacques fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse Paris le seuil 1996
p354
-Larousse poche 2013 édition 2012
- MARTIN Jocelyne et autres le bébé en service éducatif préface de Richard CLOUTIER presse de
l’université du Quebec 2011 pages 303, 309
- SHUHL Christine vivre en creche remédier aux douces violences page 13
- WINNICOTT Donald l’enfant et le monde extérieur page 107
Revues
-BEN SOUSSAN Patrick « de la difficulté d’être parents » dans la revue Spirale ces bébés qui nous
font mal 2008/1 n’45 édition ERES p15 à 32
- JESU Frédéric Accueil de la petite enfance : principes et enjeux démocratiques de la co-éducation
dans la revue Le Furet n60 édition Le furet 2009
-MOREL Marie-France « La mort d’un bébé au fil de l’histoire » dans la revue Spirale 2004/3 n’31
édition ERES p 15 à 34
-RAMEAU Laurence « Ces parents qui nous agacent… » dans la revue EJE journal n’32 décembre
2011 édition Duval
- TERENO Susana la théorie de l’attachement : con importance dans un contexte pédiatrique dans la
revue Devenir volume 19 2007/2 édition Médecine et Hygiène page 90
- EJE journal n’22 avril mai 2010 p45
- MARZANO Michela (chercheuse, philosophe écrivaine) « Qu’est-ce que la confiance » dans la
revue : Etudes tome 412 2010/1 édition S.E.R p 53 à 63 ou sur https://www.cairn.info/revue-etudes-
2010-1-page-53.htm (31/03/18)
Site internet
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/confiance/18082?q=confiance#17971 (31/03/18)
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/relations/67845 (31/03/18)
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/empathie/28880?q=empathie#28755 (31/03/18)
http://www.crechemploi.fr/quest-ce-que-la-personne-de-reference-en-creche/ (31/03/18) ou Métiers de
la petite enfance n° 212-213 – Août / Septembre 2014 édition Masson
http://www.psychologies.com/Culture/Maitres-de-vie/Donald-Woods-Winnicott (31/03/18)
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Moins_de_3_ans/46/3/Ress_c1_Moins3ans_amenageme
nt_456463.pdf (31/03/18)
http://www.psychologies.com/Famille/Education/Autorite-Transmission/Articles-et-Dossiers/Parents-
aimer-et-punir/Education-l-indispensable-besoin-de-limites (31/03/18)
http://classiques.uqac.ca/classiques/mauss_marcel/socio_et_anthropo/6_Techniques_corps/techniques
_corps.pdf (31/03/18)
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F3132 (31/03/18)
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070721&idArticle
=LEGIARTI000006426467&dateTexte=&categorieLien=cid (31/03/18)
Vidéo / Film
https://www.canal-u.tv/video/cerimes/enfants_en_pouponnieres_demandent_assistance.10275
(31/03/18)
https://www.youtube.com/watch?v=3075CuCQy98 (31/03/18)
https://www.parentalite-consciente.com/la-conference-inedite-isabelle-filliozat/ (31/03/18)
https://www.youtube.com/watch?v=yfiKzXsMVt8 (31/03/18)
https://www.youtube.com/watch?v=2KFRy-86Bek (31/03/18)
https://www.youtube.com/watch?v=F0qpeiLiKhM (31/03/18)
MARTINO Bernard « Loczy une maison pour grandir » 2000
MARTINO Bernard « Loczy une école de civilisation- de la pouponnière à la crèche » 2014
MADRANGE Gwénaëlle 2015-2018
Mémoire professionnel en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat d’Educateur de Jeunes
Enfants
Le lien de confiance : Posture professionnelle et accompagnement du jeune enfant et de
sa famille
Au cours de ma formation me préparant à devenir EJE, et à travers mes stages, j’ai pris
conscience que pour remplir au mieux ma mission d’accompagnement de l’enfant, il m’était
nécessaire d’établir un lien avec lui. Un lien de confiance. Puis, j’ai compris que ce lien, je
devais aussi le créer avec ses parents, pour que puisse se mettre en place une véritable co-
éducation. Je me suis alors interrogée sur la meilleure façon de mettre en place cette
confiance. Grâce à l’accompagnement de mes tutrices, à l’expérience que j’ai acquise petit à
petit, j’ai pu découvrir quels étaient les moyens mis à ma disposition, pour m’y aider. Et
comment moi-même, je devais m’y prendre pour établir ce lien. A travers mon cheminement,
je découvre ainsi l’importance de ces différents moyens, et de mes propres capacités. Je
prends conscience des enjeux, de la nécessité, de ce lien de confiance, aussi bien dans les
relations professionnels-enfant, que professionnels-parents, pour une réussite de la co-
éducation. Grâce à plusieurs actions et activités que j’ai pu moi-même mettre en place, j’ai
réussi à créer, et consolider ce lien si important à mes yeux, aussi bien avec les enfants,
qu’avec leurs parents….
Mots clés :
Accueil, Accompagnement, Enfants, Parents, Famille, Co-éducation, Lien, Confiance,
Relation, Sécurité,
POLARIS Formation n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les mémoires : ces opinions doivent
être considérées comme propres à leurs auteurs.
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