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LES CREOLES À BASE

FRANÇAISE

Essai de définition

• Les langues que l’on appelle « créoles » correspondent d’abord à des langues parlées dans des zones géographiques où s’est exercée la colonisation européenne.

ce sont des variétés de langues qu’on rencontre dans certaines anciennes colonies européennes et qui, tout en étant manifestement issues des langues des colonisateurs, constituent des systèmes linguistiques particuliers et autonomes

• On peut aussi dire qu’un créole c’est un

pidgin « nativisé », c’est-à-dire devenu

langue maternelle commune à une partie

au moins des locuteurs.

Origine du mot « créole »

• La plus ancienne forme du mot « créole » est la forme espagnole criollo

(dans les écrits de l’époque, le mot date de 1590, ce qui laisse penser que le phénomène du métissage des langues est ancien).

• Le terme a ensuite pris en portugais la forme crioulo ou criolo, dérivé vraisemblablement de criado (du verbe « criar » signifiant: élevé dans le foyer du maitre, domestique).

• Le terme pénètre pour la première fois dans un dictionnaire français en 1680 sous la forme criole;

• la forme moderne créole apparait dans un dictionnaire français en 1732;

La formation des créoles

• Les créoles ne se sont pas formés dès

l'apparition de l'esclavage, mais un peu

plus tard, lorsque les plantations se

développèrent et firent appel à une main

d'œuvre massive.

• Les créoles se sont formés au XVII°

siècle, par la suite de la traite des

esclaves noirs par les puissances

coloniales de l’époque (particulièrement la

Grande-Bretagne, la France, le Portugal,

l’Espagne et les Pays-Bas).

• Aussi trouve-t-on surtout des créoles à

base anglaise, française, portugaise,

espagnole et néerlandaise.

La genèse des créoles

• A’ la base, les créoles sont nés d’une situation sociolinguistique bien précise:

la cohabitation dans les plantations de canne à sucre de nombreux esclaves d’origine africaine et des maîtres blancs

Diffusion des langues créoles

• A’ l’exception de l’Europe, les créoles sont parlés sur tous les continents.

• La population créolophone la plus importante se trouve aux Antilles (Haïti, Guadeloupe, Martinique, Dominique etc.).

• Un second groupe de créolophones se trouve en Afrique (les iles du Cap-Vert, la Guinée-Bissau, les Comores, l’Ile Maurice etc.)

• Le 3° groupe est localisé en Asie du Sud-Est (Philippines, Singapour)

Des caractéristiques

semblables

• L’aspect le plus fascinant de l’apparition

des créoles est qu’ils présentent des

caractéristiques très semblables, peu

importe la langue européenne qui en est la

base.

Caractéristiques générales des

créoles

• Les traits typiques des créoles du point de

vue interne en font les exacts opposés des

pidgins.

• En effet ils sont caractérisés par:

- La complexification et l’expansion de la

forme interne(plus d’opposition phonologique que

les pidgins + conjugaison très riche)

- L’expansion des domaines d’emploi

A’ propos de l’expansion des

domaines d’emploi

• Les créoles sont appelés à être employés dans divers domaines de l’activité humaine, et donc de développer le vocabulaire approprié.

• Ils sont beaucoup plus susceptibles que les pidgins d’être le véhicule privilégié d’un folklore et d’une littérature orale et écrite

• Il va sans dire qu’ils ont aussi une valeur affective et identitaire plus forte que celle des pidgins. (En Haïti, le créole a été déclaré langue co-officielle avec le français)

En outre . . .

Sur le plan sociolinguistique

• Les créoles se caractérisent dans la

plupart des cas par la situation de

diglossie dans laquelle ils s’insèrent.

Cette diglossie peut être accompagnée ou

non de bilinguisme.

• Répartition fonctionnelle entre le créole et

le français,

• ce dernier monopolisant les fonctions de

« langue haute » et laissant au créole les

fonctions de « langue basse ».

Les principaux créoles, classés

selon la langue qui leur a fourni la

plus grande part de leur

vocabulaire

Créoles à base lexicale anglaise

• le créole de la Jamaïque

• Le créole des îles des caraïbes colonisés

par les Anglais (la Barbade, la Grenade,

les Bahamas etc.)

• Le créole de la Guyane britannique

• Le krio de la Siera Leone

Créoles à base lexicale

portugaise • Le créole de l’archipel du Cap-vert, au

large du Sénégal

• Le créole de la Guinée-Bissau (située

entre le Sénégal et la Guinée)

• Le créole de São Tomé et Principe

(Archipel sur l’équateur dans le Golfe e

Guinée)

Créoles à base lexicale

espagnole

• Le papiamento, parlé a Curago, île des

Antilles néerlandaises, au large du

Venezuela

• Le chabacano, aux Philippines

Créoles à base lexicale

française • Le créole de Louisiane appelé Negro-French

par les habitants de la région. Il est considéré comme créole « conservateur », c’est-à-dire relativement proche du français en comparaison avec d’autres créoles plus innovatifs.

• Le créole de la Dominique et de Sainte Lucie dans les Antilles anglaises, qui bien que sous dépendance britannique ont conservé jusqu’aujourd’hui un créole à base lexicale française.

• Le créole d’Haïti, démographiquement le

plus important car il est parlé par la quasi-

totalité de la population de ce pays

d’environ 8 millions d’habitants.

• Le créole des Antilles françaises:

principalement les départements de la

Martinique (environ 388.000 hab.) et de

Guadeloupe (environ 430.000 hab.)

• Le créole de la Guyane française, autre

DOM (environ 145.000 hab.)

• Le créole de la Réunion (appelée autrefois

l’ile Bourbon), autre DOM français (environ

660.000 hab.)

• Le créole de l’ile Maurice (environ

1.220.000 hab.)

• Le créole des Seychelles: première langue

officielle de ce petit archipel de 80.000

hab., suivie par l’anglais et le français.

Les créoles à base française:

contexte historique et

caractéristiques

Contexte historique

• Les créoles à base française sont nés

dans diverses zones de la colonisation

française au cours des XVIIe et XVIIIe

siècle, par évolution accélérée de formes

régionales et populaires du français

utilisé dans le contexte des contacts de

populations au cours de l’esclavage,

sans doute avec l’influence des langues

des locuteurs, dans le cadre d’un usage

strictement oral.

Deux grandes aires

géographiques

• La zone américano-caraïbe avec le

louisianais, l’haïtien, le créole des petites

Antilles (Guadeloupe, Martinique, Sainte-

Lucie, Dominique), le Guyanais.

• La zone de l’Océan Indien avec le

réunionnais, le mauricien, le seychellois

• De forts contrastes existent entre les

deux zones, et l’intercompréhension

est souvent très limitée:

ainsi un paysan guadeloupéen presque

unilingue aura de la peine à comprendre

un paysan haïtien unilingue.

Sur la diversité des créoles à base

française

• Le français est sans doute la base (surtout

lexicale) des créoles dont il est question

ici, mais certains termes pour désigner les

réalités locales peuvent diverger

profondément.

Et pour cause…

• Les esclaves de la Caraïbe étaient

originaires principalement de l’Afrique de

l’Ouest, tandis que ceux de l’Océan Indien

provenaient en majorité de l’Afrique de

l’Est et de Madagascar.

Des esclaves d’origines différentes

Caractéristiques linguistiques

des créoles à base française

Phonétique

• Réduction des groupes consonantiques

• Préférence pour les structures syllabiques CV ou CVC

Traitement du « r » français

• Réduction des groupes consonantiques

• Préférence pour les structures syllabiques CV ou CVC

Traitement du « r » français

Océan Indien: conservé, même faible.

Caraïbes: éliminé. Ainsi en Haiti, en Guadeloupe ou en Martinique on ne retrouve jamais de « r » en position finale de syllabe.

exemples: «fini » (finir), « kouri » (courir), « palé » (parler), « sè » (sœur), « monpè » (prêtre, mon père)

D’autres transformations

• (tourner) = « touné » (en Martinique par

exemple)

• (manger) = « manzé » (zone américano-

caraïbe)

• (rue) = « lari » (avec agglutination de l’article)

• (cheveux) = « chivé »

• (monsieur) = « misyé »

• (sœur) = « sè », (cœur) = « kè »

• (queue) = « ké » ou « laké »

Systèmes vocalique et consonantique d’une

langue créole: le créole français d’Haïti.

• Le système vocalique

Si l’on compare avec le système vocalique français, on remarque que la créolisation a procédé:

1- par simplification du système vocalique du français (absence de certaines articulations vocaliques)

2- par introduction de phonèmes vocaliques étrangers au français, sans doute provenant des langues-substrats

• Le système des consonnes

Si l’on compare avec le système

consonantique du français, langue-base:

on remarque la présence de consonnes

étrangères au français, et sans doute

provenant des langues-substrats

(exemples: /tS; dZ/)

Morphologie

• De façon générale, les langues créoles

présentent des faits limités de morphologie et

l'accord y est largement absent

De façon générale, la nature du mot créole est identifiable seulement selon le contexte.

Le même mot peut être substantif, verbe, adjectif ou adverbe selon le contexte d’utilisation.

Exemple: « manjé » est verbe dans la phrase « I ka manjé » (=il

est entrain de manger), il est nom dans « manjé la sa bon » (= le repas est bon).

- On note aussi une nette préférence pour les mots courts, une ou deux syllabes.

Le mot créole

- presque invariable.

- temps et mode déterminés par des particules

préverbales.

Le verbe créole

en général, pas de marque de genre ni de

nombre.

Quelques exceptions: Dansè (danseur) / dansèz (danseuse)

Nèg (négre) / nègès (négresse)

Milat (mulâtre) / milatrès (mulâtresse)

Jalou (jaloux) / jalouz (jalouse)

Le substantif créole

• Le pluriel

Généralement marqué par une particule antéposée

ou postposée selon les créoles:

- « sé » dans les petites Antilles

- « yo » en Haïti

- « bann » dans l’Océan Indien

Exemples: Pour dire « les enfants », on dira

« sé ich-la » en Martinique,

« pitit-la-yo » en Haiti,

« bann zanfan » à Maurice.

• L ’adjectif possessif

Il est toujours placé après le verbe

Exemples:

- « Kaz an-mwen » = ma maison

(littéralement « case à moi »

- Kaz a-vou

- Kaz a-y (littéralement « case à lui », mais

veut dire aussi « case à elle »

Prépositions

• Utilisation réduite, et souvent élimination des

prépositions.

Exemple: je donne le livre à Pierre/ Je parle à Pierre

« moin ka doné pyè liv-la », / « moin ka palé pyè »

Pronoms

Je – mwen notre - nou

Tu – ou le votre – pa ou

Il – li

Elle – li

Nous – nou

Ils – yo

Leur – yo

Mon – mwen

Votre – ou

Son / sa (à lui) – li

Son / sa (à elle) – li

La syntaxe du créole

• Le créole marque les fonctions dans la phrase par la position.

• La position des éléments de la phrase est décisive pour indiquer le nom et l’adjectif (déterminé et déterminant)

Exemples:

1- Timoun fwè-moin = le fils de mon frère

- Fwè timoun-moin = le frère de mon fils

2- Manman-zanfan=mère de famille

- Zanfan manman = les enfants de la mère

le lexique d’un créole: le créole

réunionnais

• Presque 90% du lexique provient de la

langue-base

Le lexique créole issu de la langue-base met en

évidence un phénomène de transformation par

simplification-restructuration.

1- différences de sens entre le mot créole et son correspondant

français

Exemples: mouyé (=finir, terminer une tache)

Mal (= maladie), montré (enseigner, apprendre quelque chose à

quelqu’un)

2- Condensation d’expressions françaises en un seul mot créole:

Exemples:

« maloker » (=mal au cœur, nausée)

« malsoufran » (=de mauvaise humeur)

« matant » (= ma tante)

3- Des mots français écourtés

Exemple: mamzèl (=mademoiselle)

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