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Persépolis
Générique artistique et techniqueGénérique artistique et techniqueGénérique artistique et techniqueGénérique artistique et technique Long-métrage d’animation, 2007, 95 minutes, France.
Réalisation : MARJANE SATRAPI, VINCENT PARONNAUD ; d’après la bande dessinée Persépolis de MARJANE
SATRAPI, tomes 1-4. Interprètes (voix) : CHIARA MASTROIANNI (Marjane), CATHERINE DENEUVE (sa mère),
DANIELLE DARRIEUX (sa grand-mère), SIMON AKBARIAN (son père). Production : MARC-ANTOINE ROBERT,
XAVIER RIGAULT. Prix du jury, Cannes 2007.
Âge légal : 10 ans. Âge conseillé : 14 ans
L’auteurL’auteurL’auteurL’auteur MARJANE SATRAPI est née en 1969 à Téhéran où elle a étudié au Lycée français. Elle a poursuivi ses études
à Vienne et s’est installée en France en 1994. A Paris, elle rencontre des dessinateurs qui la font entrer
à l’Atelier des Vosges. Elle publie les 4 tomes de « Persépolis » entre 2000 et 2003, avec un grand
succès tant auprès des critiques que du public – au final plus d’un million de livres vendus à travers le
monde. L’adaptation de la série au cinéma avec VINCENT PARONNAUD obtient le Prix du Jury au festival
de Cannes ainsi que 2 Césars. MARJANE SATRAPI continue à faire de la bande dessinée, notamment
« Broderies » et « Poulet aux Prunes » qu’elle adaptera aussi à l’écran.
« L’abstraction du décor et du trait permet à n’importe qui de s’identifier. Tout orientalisme a été
gommé de la partie iranienne, la musique n’est pas de là-bas. On a préféré mettre de l’orientalisme
dans la partie viennoise, avec du Strauss et de la Sacher Torte. » - MARJANE SATRAPI.
L’histoireL’histoireL’histoireL’histoire Marjane, petite Iranienne de 8 ans, vit à Téhéran en 1978. Aimée et élevée par des parents modernes et cultivés, particulièrement attachée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les événements qui conduisent à la révolution et à la chute du Shah. Avec l’instauration de la République islamique commence un temps de contrôle des tenues et des comportements des Iraniens et Iraniennes. La guerre contre l’Irak avec ses bombardements entraîne privations et morts. La répression intérieure se fait de plus en plus sévère et les parents de Marjane, qui a la langue trop bien pendue, décident de l’envoyer en Autriche. C’est là que Marjane vit la deuxième partie de son adolescence, avec la découverte de l’exil, de la solitude, de la différence, mais aussi de l’amour et de la liberté…
CommentaireCommentaireCommentaireCommentaire « Basé sur la bande dessinée de MARJANE SATRAPI, Persepolis fait une chronique de la révolution iranienne, qui transcende le cadre de l’événement politique et historique en s’attachant au vécu de l’enfant, puis de la jeune fille déracinée, seule aux prises avec les affres de l’adolescence. Le dessin en noir et blanc sans fioritures réduit le message à son essentiel et lui donne une grande force. De nombreuses transitions stylisées ponctuent le récit, qui égrène des épisodes-souvenirs comme des perles sur un rang. L‘humour acéré de l’artiste et la personnalité bien trempée de son personnage créent une distanciation avec les événements dramatiques. MARJANE SATRAPI présente son histoire personnelle avec pudeur, surtout là où il est question d’émotions : elle se dévoile sans détour, mais opte pour une forme ironique et elliptique. Un récit puissant, résolument touchant, ne tombant jamais dans le misérabilisme. »- BRIANA BERG
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LLLL’Iran de la révolution à la République islamique ’Iran de la révolution à la République islamique ’Iran de la révolution à la République islamique ’Iran de la révolution à la République islamique
La fin de l’empire du SHAH :
Soutenu par les Etats-Unis, le régime du SHAH est secoué à partir de 1978 par des manifestations de
plus en plus importantes qui entraînent finalement sa chute en février 1979.
Indéniablement, ce régime était une dictature qui emprisonnait, voire liquidait ses opposants,
recourait à la torture et surveillait étroitement la population grâce à sa redoutable police secrète, la
Savak. Le SHAH avait été installé sur le trône par la Grande-Bretagne pendant la Deuxième Guerre
mondiale. Pendant la « Guerre froide », il jouit de l’appui inconditionnel des Etats-Unis. Aux yeux des
nationalistes iraniens, il n’était qu’une marionnette de l’Occident. En 1977, la timide libéralisation
initiée à l’instigation de JIMMY CARTER entraîne rapidement la chute du régime et la perte du plus fidèle
allié des Etat-Unis au Moyen-Orient.
Il faut rappeler que les importants revenus du pétrole ont favorisé le développement de la société
iranienne depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Non seulement la population a fortement
augmenté (grâce aux progrès de l’hygiène et de la médecine), mais la réforme de l’agriculture a
provoqué un exode rural massif vers les villes avec son lot de difficultés rendant très sensibles les
inégalités sociales entre enrichis du pétrole et nouveaux arrivants. Ces derniers constituèrent
rapidement le gros des troupes révolutionnaires.
Par ailleurs, les efforts de modernisation du SHAH dans le domaine de l’économie, de la culture, de
l’éducation et du mode de vie favorisèrent certes l’éclosion d’une bourgeoisie occidentalisée, mais
suscitèrent aussi de fortes résistances dans les populations pauvres plus traditionnelles et plus
attachées à la religion islamique.
La Révolution islamique :
Malgré des motivations diverses (nationalisme, lutte pour la démocratie et pour l’égalité, haine de la
modernité…), les grandes manifestations firent émerger la figure incroyablement populaire de l’imam
KHOMEINY qui réussit à unifier les oppositions pour mettre progressivement en place un régime dominé
par le clergé chiite et soumis à son autorité suprême de Guide de la Révolution. Les libéraux, partisans
des droits de l’homme et de la démocratie, furent progressivement éjectés de tous les appareils d’Etat
et des entreprises récemment nationalisées. La censure et la répression se firent de plus en plus
cruelles et le président démocratiquement élu fut contraint à l’exil en juin 1981.
D’autres opposants au régime comme les MOUDJAHIDINES du peuple (qui rêvaient d’un islam socialiste
même au prix d’une guerre civile) furent éliminés en même temps que les « libéraux », les Kurdes
iraniens, les Bahaïs, etc… par une répression d’une violence inouïe de juin 1981 à mars 1982.
La mise au ban du reste du monde de l’Iran, après la prise en otage des diplomates de l’Ambassade
américaine, accéléra la fuite en avant, encore renforcée par le déclenchement par l’Irak de la guerre
irako-iranienne en septembre 1980. La rapide victoire escomptée par les partisans de l’Irak se mua en
terrible guerre d’usure, des villes comme Téhéran furent bombardées par des missiles… En juillet 1988,
KHOMEINY et SADDAM HUSSEIN durent accepter le cessez-le-feu imposé par l’ONU.
Cette guerre qui fit un nombre incroyablement élevé de victimes (jeunes surtout) laisse aujourd’hui
encore des traces terribles dans ces deux grands pays du Moyen-Orient.
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La condition des femmes en Iran (tiré du dossier Les Grignoux):
Il est incontestable que la Révolution islamique a entraîné une dégradation de la situation des femmes
en Iran : les religieux conservateurs sous la direction de l’imam Khomeyni ont rapidement pris des
mesures juridiques les considérant comme des mineures et les plaçant sous l'autorité masculine (des
pères ou des frères). On leur a d'abord imposé le port d'une « tenue islamique », c'est-à-dire le voile
(ou hedjab). On a reconnu par ailleurs aux hommes le droit de répudier leur épouse ou d'en prendre
une deuxième. Désormais, le témoignage d'une femme devant un tribunal a moitié moins de valeur
que celui d'un homme. Les femmes doivent également avoir l'autorisation de leur mari pour voyager
à l'étranger, et certains postes leur sont interdits (par exemple celui de juge). Par ailleurs, sur le plan
pénal et civil, l'âge de la majorité est plus bas pour les filles (9 ans) que pour les garçons (13 ans), ce
qui signifie qu'une fille entre 9 et 13 ans n'aura pas l'excuse de la minorité comme un garçon du même
âge (par exemple pour de « petites» affaires comme le vol à la tire). Enfin, le régime a imposé une
stricte séparation - on peut parler de ségrégation - entre les sexes dans l'espace public : les femmes
sont ainsi exclues des terrains de sport ou des piscines, que ce soit comme pratiquantes ou comme
simples spectatrices.
Toutes ces mesures reposent sur une conception traditionnelle de la femme comme épouse et mère
au foyer ou au contraire comme séductrice et «corruptrice». Dans les faits cependant, une telle
conception, qui reste partagée par de nombreux Iraniens et (sans doute) Iraniennes, entre en
contradiction avec l'évolution générale de la société. Le niveau d'éducation des femmes ne cesse de
s'élever, ce qui constitue d'ailleurs le facteur essentiel de la baisse de la natalité observée depuis la fin
des années 1980. Les Iraniennes retardent en effet de plus en plus l'âge de leur mariage et ont
aujourd'hui en moyenne moins de deux enfants par femme. Alors qu'elles sont aujourd'hui
majoritaires à l'Université, elles restent cependant en général cantonnées dans des emplois
subalternes, et seulement 20% des femmes ont un emploi.
Depuis plusieurs années ont par ailleurs émergé en Iran des mouvements « féministes », même si leurs
représentantes évitent en général ce terme trop « occidental» : ces femmes (comme le prix Nobel de
la paix, SHIRIN EBÂDI) essaient de montrer que les lois sur la condition des femmes en Iran sont
incohérentes ou abusives, et que d'autres interprétations de la charia (le droit islamique), plus
favorables aux femmes, sont possibles. Beaucoup de voix s'élèvent également, notamment dans la
presse féminine, pour dénoncer le poids des traditions et la mentalité « machiste » des hommes en
Iran. Ces revendications ou protestations n'ont pas pour le moment permis d'améliorer de manière
sensible la condition des femmes dans la mesure où les hommes détiennent la grande majorité des
postes de pouvoir.
Beaucoup de femmes iraniennes, notamment les jeunes, sont ainsi contraintes de vivre dans un
univers familial très contraignant et dans une société où toute liberté leur est publiquement refusée.
Une telle situation de contrainte et d'infériorité explique sans doute le taux très élevé de suicides
féminins en Iran qui sont deux fois plus nombreux que ceux des hommes (en 1988, 69 % des suicides
étaient le fait de femmes alors qu'en Europe la proportion est inverse, les hommes se suicidant trois
ou quatre fois plus que les femmes) : le taux de suicides a d'ailleurs nettement augmenté depuis la
Révolution, essentiellement à cause des femmes mariées dont on devine ainsi la détresse.
De manière générale, comme le montre bien Persépolis, beaucoup d'Iraniennes vivent dans le
mensonge et la dissimulation, que ce soit dans l'espace public où elles doivent se conformer aux
normes « islamiques » en matière de tenue et de conduite, ou dans le cercle familial qui reste souvent
extrêmement traditionaliste sur la question des rôles masculin et féminin. Et, actuellement, on ne
perçoit pas d'évolution réellement positive en ce domaine.
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Pistes pédagogiques pour l’enseignantPistes pédagogiques pour l’enseignantPistes pédagogiques pour l’enseignantPistes pédagogiques pour l’enseignant Après la projection du film
1. Travailler sur les représentations de l’Iran :
a. « Qu’avez-vous appris sur l’Iran après avoir vu ce film ? » Le professeur pourra
éclaircir les points restés obscurs et terminer par un résumé des grands moments
historiques, en faisant le lien avec ce qui se passe aujourd’hui.
b. « Quelles sont les ressemblances et les différences entre le quotidien de Marjane en
Iran et le vôtre ? » Attirer l’attention des élèves sur les différences et similitudes sur
le plan culturel et du vécu personnel.
c. « En quoi la vie et les droits des femmes dans le film sont-ils différents des nôtres ? »
2. La démarche autobiographique : Persépolis est un objet autobiographique très particulier.
D’abord une BD en 4 tomes, rassemblés en un film d’une heure et demie, il décrit une période
historique récente vue à travers les yeux d’une enfant, puis d’une jeune fille, et raconté par la
femme adulte. Il y a donc une distanciation entre l’auteur et le personnage, et une évolution
de celui-ci.
a. « Comment la réalisatrice crée-t-elle une distance entre son récit et son vécu ? »
Demander aux élèves d’évoquer les différents moments où l’on sent cette distance
(par exemple, quand Marjane enfant dit qu’elle sera le dernier prophète de la
galaxie ; cela nous fait sourire en tant que spectateur, nous prenons le point de vue
de l’adulte). Donner des indices de cette prise de distance que SATRAPI crée d’avec
son personnage. Se souvenir des épisodes qui montrent l’évolution de ce
personnage.
b. Décrire les différentes manières de parler de soi et de se mettre en scène
aujourd’hui. Qu’est ce qui peut donner envie de parler de soi ? Quels sujets sont
intéressants à partager avec des gens que vous ne connaissez pas ? Qu’est-ce qui est
trop intime, qu’est ce qui vaut la peine d’exposer de soi ?
c. Travailler les éléments de différentes démarches autobiographiques avec les
élèves et les différentes sphères publiques : journal intime, parler à des amis, les
réseaux sociaux, les blogs, les films autobiographiques amateurs, les
autobiographies, les plateaux télé. Quelle est la spécificité de chacun de ces médias ?
d. Décrire en quoi Persépolis diffère de tous ces médias en travaillant sur la manière
dont SATRAPI raconte son histoire.
3. Travailler sur les planches de Persépolis (annexe 1) et/ou la bande dessinée :
a. Mettre en évidence la stylisation des personnages, le style du dessin. Que peut-on
dire de la bande-dessinée, du film ? Quelle sont les différences principales que vous
remarquez entre les deux ?
b. Dans le film, comment SATRAPI crée-t-elle un mouvement, une identification, à
travers ce dessin très épuré et en noir et blanc ? (musique, transitions, couleur, etc.)
4. Travailler avec la fiche pour élèves :
a. A quelles scènes du film vous font penser ces images d’œuvres qui ont influencé le
travail de la réalisatrice ? Qu’ont-elles en commun avec Persépolis sur le plan
graphique ? Quelles émotions, états intérieurs, situations extérieures permettent
elles d’exprimer ?
b. S’inspirer de l’annexe 2 pour préciser les influences artistiques de MARJANE SATRAPI.
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Fiche élèvesFiche élèvesFiche élèvesFiche élèves : les sources d’inspiration artistique : les sources d’inspiration artistique : les sources d’inspiration artistique : les sources d’inspiration artistique du travail de Marjane du travail de Marjane du travail de Marjane du travail de Marjane
SatrapiSatrapiSatrapiSatrapi
Le personnage et l’auteurLe personnage et l’auteurLe personnage et l’auteurLe personnage et l’auteur
FÉLIX VALOTTON
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Pour aller plus loinPour aller plus loinPour aller plus loinPour aller plus loin
Références de dRéférences de dRéférences de dRéférences de dossiers pédagogiquesossiers pédagogiquesossiers pédagogiquesossiers pédagogiques sur le filmsur le filmsur le filmsur le film ::::
http://www.grignoux.be/dossiers/233
http://droitcultures.revues.org/741
Influences esthétiques dans le film d’animation Persépolis :
http://www.bulleentete.com/Externe/perse/13-seance13.pdf
Dossier sur la représentation du corps dans Persépolis : http://www.enseigner-
autrement.com/PDF/corps_dans_Persepolis.pdf
Les références artistiques détournées par Marjane Satrapi dans Persépolis :
http://hdasimoneveil.blogs.laclasse.com/files/2014/01/R%C3%A9f%C3%A9rences-artistiques-
Persepolis.pdf
Dossier pédagogique d’arts plastiques : http://e-cours-arts-plastiques.com/analyse-de-persepolis-de-
marjane-satrapi/
Liens Liens Liens Liens ::::
Le site du film sur My space : www.myspace.com/persepolislefilm
Sur l'Iran :
Un dossier complet de l'Université de Laval (Canada) : http://www.axl.cefan.ulaval.ca/asie/iran.htm
La révolution iranienne : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_iranienne
Le regard sur la révolution d'un ancien ministre du SHAH : http://www.canalacademie.com/Un-temoin-de-la-revolution-en-lran.html
BibliographieBibliographieBibliographieBibliographie ::::
MARJANE SATRAPI, Persepolis (bande dessinée en 4 tomes) ; édité par l’Association, Paris, 2000-2003.
Résumé des 4 tomes de la bande dessinée Persepolis : http://littexpress.over-blog.net/article-
marjane-satrapi-persepolis-63432228.html
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Le jour de la projectionLe jour de la projectionLe jour de la projectionLe jour de la projection : proposition de débat: proposition de débat: proposition de débat: proposition de débat
Autour des trois scènes liées à l’effondrement psychologique du personnage (rupture avec Markus, dépression après son retour en Iran, mariage raté avec Reza). Comment les élèves comprennent-ils ce qui s’est passé ?
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Annexe 2Annexe 2Annexe 2Annexe 2 : les influences : les influences : les influences : les influences sur sur sur sur Marjane Marjane Marjane Marjane Satrapi Satrapi Satrapi Satrapi Document pour les enseignants : commentaires de la fiche pour les élèves
Il y a de nombreuses influences et références dans le travail de Marjane Satrapi, à l’histoire de l’art,
mais aussi au cinéma ou au travail de ses contemporains. La liste ci-dessous n’est de loin pas
exhaustive, il ne s’agit que d’un nombre de propositions limitées pour montrer aux élèves la
profondeur du versant artistique de cette œuvre.
Couverture du film et des bandes dessinCouverture du film et des bandes dessinCouverture du film et des bandes dessinCouverture du film et des bandes dessinéeséeséesées
Calligraphie et Calligraphie et Calligraphie et Calligraphie et basbasbasbas----reliefreliefreliefrelief persanspersanspersanspersans
Fresques du site archéologique de PersepolisFresques du site archéologique de PersepolisFresques du site archéologique de PersepolisFresques du site archéologique de Persepolis
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FÉLIX VALLOTTON (1865-1925) est un artiste peintre, graveur, illustrateur, sculpteur et romancier
d’origine Suisse. Ses gravures sur bois, une technique qui l’amène à une simplification des motifs,
concentrés en surfaces noires et blanches le font rapidement connaître sur un plan international.
Il est aussi remarqué comme illustrateur, puis laissera de côté ces formes artistiques pour se consacrer
à la peinture. L’influence de ses larges aplats noirs est très perceptible dans le dessin de SATRAPI, de
même que ses déformations expressives. Il utilise aussi des titres pour ses gravures (par exemple
« L’argent »), une façon de faire qu’on retrouve dans la bande dessinée « Persepolis » où chaque récit
a un titre (par exemple « La clef ») et où les pages ne sont pas numérotées, de tel sorte que chaque
récit tient seul, comme chaque gravure de Valotton.
EEEEDVARD DVARD DVARD DVARD MMMMUNCHUNCHUNCHUNCH (1863-1944) est un peintre, graveur norvégien considéré comme le pionnier de
l’expressionnisme dans la peinture moderne. Une de ses œuvres la plus connue est Le Cri (ici en
peinture à l’huile, 1893). Il en a effectué une cinquantaine de représentations différentes, comme une
obsession. Le Cri est devenu une image emblématique de l’angoisse. Dans le film, SATRAPI l’utilise pour
exprimer son horreur et sa peur de la mort devant les décombres lors du bombardement de son
quartier. Dans la BD, cette scène est exprimée autrement, mais l’idée du cri est néanmoins présente :
la planche est noire avec pour texte : « Aucun cri au monde n’aurait suffi pour exprimer ma souffrance
et ma colère. » Satrapi cite aussi Le Cri dans la bande dessinée, en une multitude de figures
fantomatiques qui évoque les nombreuses victimes de la répression.
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AAAART RT RT RT SSSSPIEGELMANPIEGELMANPIEGELMANPIEGELMAN (1948- ) est un dessinateur et un illustrateur américain reconnu, figure phare de la BD
underground des années 1970-1980 et fils de juifs polonais rescapés des camps de concentration. Sa
bande dessinée « Maus », qui raconte leur histoire et la sienne, a obtenu le Prix Pulitzer en 1992. Il
traite de la persécution des Juifs dans les années 30-40 et de la Shoah, en transposant le récit dans un
univers animalier où les nazis sont représentés par des chats et les Juifs par des souris (d’où le titre).
La bande dessinée mêle l’histoire de la déportation du père, à celle des relations père-fils. Outre la
proximité de la thématique de la répression et des abus exercés par le pouvoir en place, les deux
œuvres utilisent un texte descriptif et des images au graphisme simple, en noir et blanc, dont le
message est tout de suite identifiable.
La double page ciLa double page ciLa double page ciLa double page ci----dessous montre les influences à la fois de dessous montre les influences à la fois de dessous montre les influences à la fois de dessous montre les influences à la fois de VVVVALOTTONALOTTONALOTTONALOTTON,,,, de de de de MMMMUNCHUNCHUNCHUNCH et de «et de «et de «et de « MausMausMausMaus »»»» ; selon ; selon ; selon ; selon
SSSSATRAPIATRAPIATRAPIATRAPI, la lecture de «, la lecture de «, la lecture de «, la lecture de « MausMausMausMaus » fut pour elle une véritable révélation.» fut pour elle une véritable révélation.» fut pour elle une véritable révélation.» fut pour elle une véritable révélation.
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PPPPABLO ABLO ABLO ABLO PPPPICASSOICASSOICASSOICASSO (1881-1973), est un peintre et sculpteur espagnol, et l’un des artistes majeurs du XXe
siècle. Il a traversé différents styles, de l’expressionisme au surréalisme. C’est le cubisme, dont il est à
l’origine avec GEORGES BRAQUE, dans lequel l’objet est déconstruit et sa représentation fragmentée, que
SATRAPI cite dans Persépolis pour dépeindre la croissance brutale de la jeune Marjane dont le corps se
déforme.
DDDDAVID AVID AVID AVID BBBB (1959-) est un auteur français de bande dessinée, co-fondateur de l’atelier des Vosges ; il
encouragera MARJANE SATRAPI à raconter l’histoire de sa vie et de l’Iran par la bande dessinée et tout
comme les autres dessinateurs du lieu (par exemple JOANN SFAR et son « Chat du Rabbin), lui donne le
goût pour ce média. On perçoit l’influence en particulier de la série autobiographique de DAVID B,
« L’Ascension du Haut Mal », consacrée à l’épilepsie de son frère aîné.
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