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OMNICANAL : VERS UNE GUERRE DE POSITION ENTRE FONCTIONS CENTRALES ET MAGASINS ? Par Matthieu Gallot et Lucio Betancourt, Stanwell Consulting Extrait de l’ouvrage « La révolution du merchandising – La nécessaire transformation du secteur retail » de Philippe Lachaize et Marc Lemarignier, éditions Eyrolles La montée en puissance de l’omnicanal et des nouveaux modes d’achat pousse les enseignes click & mortar à s’interroger sur l’articulation à mettre en œuvre entre fonctions centrales et magasins. Une des conséquences des stratégies omnicanal est d’élargir l’offre produits accessible au client, ce qui se traduit en magasin par l’utilisation d’outils digitaux présentant une de offre virtuelle ; l’offre produit proposée au client allant ainsi au-delà de l’assortiment physique « classique » du magasin. Pour le client dans son expérience omnicanal avec l’enseigne, l’offre reste toutefois perçue comme unique quel que soit le canal. L’arrivée des nouveaux acteurs pure players ou hyperspécialistes et leurs modèles de « longue traîne » poussent les distributeurs historiques à élargir la profondeur et la largeur de leur offre, à inscrire celle-ci dans une stratégie omnicanal et à la rendre accessible en magasin. Les vendeurs sont alors confrontés à l’appréhension d’une offre produit 10, 100 parfois 1 000 fois plus importante qu’historiquement. Cette problématique de la connaissance de l’offre par les magasins est évidemment amplifiée par les habitudes déjà installées des clients à préparer leur achat sur le web avant leur visite en magasin. L’organisation historique et centralisée de la formation des vendeurs magasin, à l’offre produits (la fréquence, le contenu, les modalités,…) devient inadaptée à ces nouveaux défis. Une stratégie omnicanal amène une véritable « révolution » de la politique commerciale. La cohérence de l’expérience client, spécialement sur les dimensions prix et promotions de la politique commerciale de l’enseigne, impose de revoir le périmètre « d’action » du magasin par rapport à la politique prix et aux actions d’animation commerciale poussées par le central. L’omnicanal déplace insidieusement la promesse « classique » du distributeur sur la notion de service. Les magasins sont au cœur de ces nouvelles promesses : respect de la promesse faite au client on line sur la disponibilité d’un produit en magasin, respect de la promesse d’un retrait en magasin (temps d’attente, complétude de la commande…), respect de promesse de service « après-vente » en magasin (échange/retour marchandise…), respect de la promesse d’un parcours X-canal (préliste on line transformée en magasin…)… L’homogénéité du respect de ces promesses, quels que soient les magasins, et donc le pilotage de ces nouveaux indicateurs de « performance » des magasins vus par le central sont des transformations managériales et culturelles. Enfin, il faut souligner les opportunités offertes aujourd’hui de réaliser une personnalisation de plus en plus fine de la relation entre l’enseigne et le client. Pour les distributeurs ayant fait le choix d’une relation client de proximité, souvent pilotée par les magasins (ou au niveau régional), il faut savoir que ces approches nécessitent des compétences spécifiques et des investissements conséquents..

La Révolution du Merchandising - Encart M. Gallot et L. Betancourt

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OMNICANAL : VERS UNE GUERRE DE POSITION ENTRE FONCTIONS CENTRALES ET MAGASINS ?

Par Matthieu Gallot et Lucio Betancourt, Stanwell ConsultingExtrait de l’ouvrage « La révolution du merchandising – La nécessaire transformation du secteur retail » de Philippe Lachaize et Marc Lemarignier, éditions Eyrolles 

“ La montée en puissance de l’omnicanal et des nouveaux modes d’achat pousse les enseignes click & mortar à s’interroger sur l’articulation à mettre en œuvre entre fonctions centrales et magasins. Une des conséquences des stratégies omnicanal est d’élargir l’offre produits accessible au client, ce qui se traduit en magasin par l’utilisation d’outils digitaux présentant une de offre virtuelle ; l’offre produit proposée au client allant ainsi au-delà de l’assortiment physique « classique » du magasin. Pour le client dans son expérience omnicanal avec l’enseigne, l’offre reste toutefois perçue comme unique quel que soit le canal.

L’arrivée des nouveaux acteurs pure players ou hyperspécialistes et leurs modèles de « longue traîne » poussent les distributeurs historiques à élargir la profondeur et la largeur de leur offre, à inscrire celle-ci dans une stratégie omnicanal et à la rendre accessible en magasin. Les vendeurs sont alors confrontés à l’appréhension d’une offre produit 10, 100 parfois 1 000 fois plus importante qu’historiquement. Cette problématique de la connaissance de l’offre par les magasins est évidemment amplifiée par les habitudes déjà installées des clients à préparer leur achat sur le web avant leur visite en magasin. L’organisation historique et centralisée de la formation des vendeurs magasin, à l’offre produits (la fréquence, le contenu, les modalités,…) devient inadaptée à ces nouveaux défis.

Une stratégie omnicanal amène une véritable « révolution » de la politique commerciale. La cohérence de l’expérience client, spécialement sur les dimensions prix et promotions de la politique commerciale de l’enseigne, impose de revoir le périmètre « d’action » du magasin par rapport à la politique prix et aux actions d’animation commerciale poussées par le central. L’omnicanal déplace insidieusement la promesse « classique » du distributeur sur la notion de service. Les magasins sont au cœur de ces nouvelles promesses : respect de la promesse faite au client on line sur la disponibilité d’un produit en magasin, respect de la promesse d’un retrait en magasin (temps d’attente, complétude de la commande…), respect de promesse de service « après-vente » en magasin (échange/retour marchandise…), respect de la promesse d’un parcours X-canal (préliste on line transformée en magasin…)… L’homogénéité du respect de ces promesses, quels que soient les magasins, et donc le pilotage de ces nouveaux indicateurs de « performance » des magasins vus par le central sont des transformations managériales et culturelles.

Enfin, il faut souligner les opportunités offertes aujourd’hui de réaliser une personnalisation de plus en plus fine de la relation entre l’enseigne et le client. Pour les distributeurs ayant fait le choix d’une relation client de proximité, souvent pilotée par les magasins (ou au niveau régional), il faut savoir que ces approches nécessitent des compétences spécifiques et des investissements conséquents..Tout le défi des distributeurs sera de faire les bons choix dans la transformation de leurs organisations, processus métiers et de leur culture managériale entre le central et le local, sans jamais oublier que pour un acteur historiquement brick & mortar la différenciation face aux nouveaux acteurs pure players passe par

la réalisation d’un commerce réalisé au final, en local. ”