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Pages de Bretagne Pajennoù Breizh Paij de Brtêgn Novembre Miz Du Mouâz d'novenb 2014 #38 Revue trimestrielle Kelaouenn drimiziek Gâzètt su touâz mouâz Numéro spécial : le livre, la lecture et la littérature demain...?

¶ Paij de Brtêgn - Livre et lecture en Bretagne · 2015-01-14 · Vous pourrez y retrouver un panorama des missions de Livre et lecture en Bretagne : laboratoire des auteurs, langues

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Pages de BretagnePajennoù BreizhPaij de Brtêgn¶

NovembreMiz DuMouâz d'novenb2014

#38Revue trimestrielleKelaouenn drimiziekGâzètt su touâz mouâz

Numéro spécial : le livre, la lecture et la littérature demain...?

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Ce numéro spécial a été réalisé en collaboration avec la Fédération interrégionale du livre et de la lecture (Fill). Plusieurs structures régionales adhérentes ont apporté leur contribution, qu’elles en soient ici remerciées. Nombre d’autres structures auraient pu témoigner d’expériences qui indiquent qu’elles concourent activement à une réflexion sur le devenir du livre, de la lecture et de la littérature ; la place manquait tout simplement pour les accueillir toutes. Nous vous incitons donc à consulter régulièrement le site internet de la Fill qui rend compte des initiatives nombreuses et de l’ampleur du travail des structures régionales pour le livre et la lecture.

º www.fill.fr

Sommaire

Édito 5

Programme des Rencontres Le livre, la lecture et la littérature demain 6

Présentation des intervenants 10

Portrait d’un auteur / Olivia Rosenthal, un pas de plus... 18

Portrait d’un photographe / Alain Bujak, du tireur au tirailleur 20

Le livre, la lecture et la littérature demain 22

Livre et lecture, réforme territoriale et coopération 23

Livre et territoire 29

Pour une vraie démocratisation de la lecture, du livre et de la littérature 32

Le numérique : évolution ou révolution ? 41

On a encore oublié les auteurs ! 44

Le livre, un territoire sans frontières ? 48

Ailleurs c’est ici / Le livre en Europe 52

Actualités de la lecture publique 54

Actualités de la librairie 57

Actualités de l’édition en langues de Bretagne 58

Actualités de l’édition 60

Actualités de la vie littéraire et des écritures contemporaines 62

Publics « éloignés » du livre et de la lecture 64

Histoires de voix, résidence de Frédérique Niobey 66

Agenda 68

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Dès 2008, à la création de Livre et lecture en Bretagne, il nous était apparu nécessaire de vous proposer régulièrement des grands rendez-vous sur l’avenir de cet « écosys-tème » (du livre, de la lecture, de la littéra-ture…) riche, complexe, souvent fragile, qui concerne non seulement des profes-sionnels mais tout citoyen, y compris les non-lecteurs.L’état des lieux du livre et de la lecture que nous avions présenté lors des journées orga-nisées en mars 2010 avait servi de socle à une multitude d’échanges sur le devenir économique de cet « écosystème ».Depuis, nous avons élargi notre réflexion, ne limitant pas l’économie à la seule circu-lation de l’argent, mais y intégrant celle des savoirs, des émotions : de la pensée tout simplement. Le mouvement qui permet cette circulation permanente et vitale est impulsé par les écrivains. Eux-mêmes vont chercher matière dans nos vies, dans nos représentations du monde. Nous sommes des machines à narrations, et c’est à partir de cette faculté que les écrivains travaillent pour nous redonner une liberté d’interpréta-tion, nous bousculer pour que le sens qui se fabrique ne soit pas seulement une affaire de minimum commun, mais d’ouverture vers de vastes contrées.Nous avons donc voulu donner la parole à de nombreux écrivains lors de ces journées, et, à partir d’eux, interroger ce qui n’est pas qu’une pratique mais aussi une expérience : la lecture. Nous remercions tous les intervenants et les partenaires, notamment la Bibliothèque des Champs Libres et la Fédération inter-régionale pour le livre et lecture qui ont contribué à vous offrir ces deux journées d’échanges qui seront, nous l’espérons, une source d’inspiration pour votre action au quotidien en faveur du livre, de la lecture et de la littérature.

Yannik Bigouin, président de Livre et lecture en Bretagne kadoriad Levrioù ha lennadennoù e Breizh

E 2008 dija, pa oa bet krouet Levrioù ha Lennadennoù e Breizh, hon doa soñjet e rankemp kinnig deoc’h ingal emgavioù meur diwar-benn amzer da zont ar bed-se (hini al levrioù, al lenn, al lennegezh…), ur bed puilh ha luziet an traoù ennañ, bresk alies, hag a sell ouzh an holl en tu all d’an dud a vicher, ar re na lennont ket hag all.Diwar stad an traoù evit al levrioù hag al lenn hon doa kinniget da-geñver an devezhioù a oa bet dalc’het e miz Meurzh 2010, e oa bet eskemmet soñjoù e-leizh war amzer-da-zont ekonomikel ar bed-se.Abaoe omp aet pelloc’h gant hor preder pa soñjomp ez a ouzhpenn red an arc’hant d’ober an ekonomiezh, met monedone ar gouiziegezhioù hag ar fromoù ivez : ar preder hepmuiken. Roet e vez lañs d’ar monedone dibaouez-se, hag a zo pouezus-kenañ, gant ar skrivagnerien. Int o-unan a ya da glask danvez o oberoù en hor buhezioù, en hon doare da welet ar bed. Mekanikoù danevelliñ omp, diwar ar galloud-se e labour ar skrivagnerien evit rentañ deomp hor fran-kiz da intent ar bed, evit hejañ ac’hanomp abalamour d’ar ster emeur o sevel da vont en tu all d’ar pep retañ boutin ha da zigeriñ tachennoù ledan dirazomp.Gant se ez eus fellet deomp lezel ar gaoz gant meur a skrivagner e-kerzh an devezhioù emgav-se ha, diwar o zestenioù, kas gouzout hiroc’h war ar pezh a zo un arnod estreget un dudi : lenn.Trugarez a lavaromp d’an holl o deus kemeret perzh en devezhioù-se ha d’hor c’hevelerien, dreist-holl Levraoueg ar Maezioù Frank hag ar C’hevread etreran-nvroel evit al levrioù hag al lennadennoù o deus sikouret ac’hanomp da ginnig deoc’h an daou zevezh divizout-se ha fiziañs hon eus ez eus bet kavet ganeoc’h, e-kerzh an devezhioù-se, peadra da heñchañ hoc’h obererezh war ar pemdez evit mad al levrioù, al lenn hag al lennegezh.

Édito / Pennad-stur / Biyèt d’la redijri

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Les Champs Libres, Rennes

Le livre, la lecture et la littérature demainLivRE Et LECtuRE EN BREtAGNE EN COLLABORAtiON AvEC LA BiBLiOtHèquE dE RENNES MÉtROPOLE (LES CHAMPS LiBRES) Et AvEC LE SOutiEN dE LA FÉdÉRAtiON iNtERRÉGiONALE du LivRE Et dE LA LECtuRE Et dE LA MAiSON du LivRE dE NOuvELLE-CALÉdONiE.

Les deux journées sont animées par Xavier debontride et Anne Chevrel.

Jeudi 20 novembre 2014Matinée

Salle de conférences Hubert-Curien, Les Champs Libres

9 h - 9 h 30Accueil des participants / café

9 h 30 - 10 hMots d’accueil par Sébastien Sémeril, vice-président de Rennes Métropole et président de la commission culture et cohésion sociale ; Yannik Bigouin, président de Livre et lecture en Bretagne ; Jean-Michel Le Boulanger, vice-président du conseil régional de Bretagne en charge de la culture et des pratiques culturelles et un représentant de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac)

Programme des Rencontres

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10 h - 11 h« On n’est pas là pour disparaître », entretien avec Olivia Rosenthal, écrivain et dramaturge.La littérature est-elle un art élitiste ?Les nouvelles formes d’écritures littéraires (et donc de lectures).La porosité entre les différentes formes artistiques.

11 h 15 - 12 h 15Conférence de Roberto Casati, directeur de recherche au CNRS, rattaché à l’École polytechnique et auteur de Contre le colonialisme numérique, éditions Albin Michel, 2013.

Maison des associations – 6, cours des Alliés à Rennes (près des Champs Libres)

12 h 15 - 14 hBuffet

Après-midi

Salle de conférences Hubert-Curien, Les Champs Libres

14 h - 15 h 30Des « récits ordinaires », table rondeLa littérature est-elle indispensable pour rendre visible l’existence des personnes « ordinaires » ?Que peut faire l’artiste-écrivain avec les « récits ordinaires » ?

– Pauline Miel, web éditrice du projet « Raconter la vie » fondé par Pierre Rosanvallon et publié aux éditions Le Seuil ;

– Gérard Alle, écrivain et documentariste et Laurence Pelletier, metteur en scène, pour le projet théâtral Circulez ! Y’a tout à voir !, à Séné (Morbihan) ;

– Marie Dilasser, écrivain, pour Paysage Intérieur Brut, écrit dans le cadre de « Portrait avec paysage », action menée par le Théâtre de la Folle Pensée, à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) ;

15 h 45 - 17 h 15« Bibliothèques : et la culture dans tout ça ? », table rondeQuand les bibliothèques mettent la littérature au cœur de leurs actions.

– Cécile Morel-Chevalier, responsable du service culturel de la Ville de Landivisiau, pour le festival Moi les Mots ;

– François Rosfelter, directeur des médiathèques de Quimper Communauté, pour le festival L’Odyssée des mots ;

– Guénaëlle Closier, chargée de l’animation culturelle à la Bibliothèque des Côtes-d’Armor, pour « Des formes littéraires impromptues : Escales poétiques, Ciao Italia… » ;

– Éric Pessan, écrivain.

Salle de la Borderie, Bibliothèque des Champs Libres

14 h - 15 h« Rencontre avec »… Bruno Dartiguenave, conseiller livre et lecture à la Drac Bretagne et auteur de Pour une médiathèque de l’imaginaire. Une alternative à l’utopie gestionnaire, éditions du Cercle de la librairie, 2012.

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16 h - 17 h« Rencontre avec »…Manaïg Thomas et Nelly Blanchard, maîtres de conférences à l’Université de Bretagne occidentale (Brest) : La littérature périphérique : l’exemple de la langue bretonne.

Petit salon, café des Champs Libres

16 h - 17 h« Rencontre avec »…Yves Pagès, éditeur (Éditions Verticales) et écrivain : le métier d’éditeur et les relations auteur/éditeur.

Le Triangle, salle de l’Archipel Boulevard de Yougoslavie, Rennes (métro direction La Poterie – station Triangle)

18 h 30Lectures d’ici et d’ailleurs, par Camille Kerdellant, comédienne, compagnie KF.Lectures d’extraits de textes des auteurs invités lors de ces deux journées.

19 h 15Cocktail apéritif

Vendredi 21 novembre 2014Matinée

Salle de conférences Hubert-Curien, Les Champs Libres

9 h 30 - 10 hAccueil des participants/café

10 h - 11 h« Transmission et littérature », intervention de Bertrand Leclair, écrivain et essayiste.

11 h 15 - 12 h 30« Donner voix aux invisibles », table rondeRetour sur la résidence d’auteur et les actions des bibliothèques en faveur des publics éloignés de l’écrit en pays de Morlaix dans le cadre du Pacte d’Avenir 2014 pour la Bretagne.

Diffusion de quelques extraits du film À la lettre, de Marianne Bressy.

– Hélène Fouéré, directrice de la médiathèque Per-Jakez-Hélias de Landerneau ;

– Sébastien Portier, responsable culture-animation au centre hospitalier de Lanmeur ;

– Frédérique Niobey, écrivain.

12 h 30 - 14 hDéjeuner libre

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Après-midi

Salle de conférences Hubert-Curien, Les Champs Libres

14 h - 15 h« La librairie, un lieu culturel ? », table ronde Comment concilier commerce et culture ?

– Vincent Monadé, président du Centre national du livre ;

– 5 libraires de Bretagne - Gaël Mahé, Le Grenier, librairie généraliste (22) - Gaëlle Maindron, Livres in Room, librairie-salon de thé (29) - Éric Marcelin, Critic, librairie spécialisée (35) - Chantal Dufief, Quand les livres s’ouvrent, librairie spécialisée (56) - Benoît Le Louarn, La librairie du Renard, librairie généraliste (22)

– Delphine Le Bras, chargée de mission économie du livre à Livre et lecture en Bretagne.

15 h - 16 h« Rencontre avec »…Des directeurs des affaires culturelles de plusieurs collectivités de Bretagne autour de la place du livre, de la lecture et de la littérature dans les politiques culturelles.

– Helga Sobota, directrice de la culture de Rennes Métropole ;

– Thierry Le Nédic, directeur de la culture du conseil régional de Bretagne ;

– Sandrine Kerlidou, directrice des affaires culturelles du conseil général d’Ille-et-Vilaine ;

– Isabel Pugnière-Saavedra, directrice de la culture du conseil général du Morbihan.

– Emmanuelle Castel-Granteral, directrice de la culture, des sports et de la vie associative du conseil général des Côtes-d’Armor.

Tout au long de ces deux jours, un forum thématique se tiendra au Foyer bas de la salle de conférences des Champs Libres. Vous pourrez y retrouver un panorama des missions de Livre et lecture en Bretagne : laboratoire des auteurs, langues (des signes, bretonne, etc.), papier et numérique, témoignages…

Si vous ne pouvez pas assister à ces journées, si vous souhaitez visionner à nouveau les interventions ou si vous voulez partager le contenu de ces rencontres, une Web TV spéciale est mise en place pour les retransmettre et les archiver depuis le site Internet de Livre et lecture en Bretagne :

º www.livrelecturebretagne.fr

Spécial FLASHMOBÀ l’occasion de ces rencontres, Livre et lecture en Bretagne organise un grand flash mob en langue des signes, avec la Compagnie 10 Doigts (Rennes).

C'est quoi un flash mob ?

Littéralement traduit par « mobilisation éclair », il s’agit du rassemblement d’un groupe de personnes dans un lieu public pour y effectuer des actions convenues d’avance, avant de se disperser rapidement !

Rendez-vous le vendredi 21 novembre à 12 h 40 sur l’esplanade Charles de Gaulle (près du cinéma Gaumont) pour venir signer un texte choisi.

Les vidéos de préparation au flashmob sont disponibles sur le blog http://lalecturedemain.wordpress.com. Le jeudi 20 novembre, des séances de répétitions seront organisées par la compagnie 10 Doigts.

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Olivia Rosenthal

Olivia Rosenthal est née à Paris en 1965. Depuis 1999, elle a publié neuf récits aux Éditions Verticales, dont Mécanismes de survie en milieu hostile en 2014. Sa première pièce, Les félins m’aiment bien, a été créée en janvier 2005 à Saint-Denis, dans une mise en scène d’Alain Ollivier, avec Valérie Crunchant (Cérès) et Florence Payros (Marianne). Depuis, elle a écrit Les Lois de l’hospitalité, qui a été mise en scène par Marie Vialle aux Subsistances, à Lyon, en avril 2008 (reprise en avril 2011).Par ailleurs, elle réalise régulièrement, en collaboration avec des cinéastes (Olivier Ducastel, Laurent Larivière), des écri-vains (Denis Lachaud, Michaël Batalla, Patrick Chatelier), des chorégraphes (Julia Cima) ou des metteurs en scène (Robert Cantarella, Chloé Moglia), des performances pour divers lieux et festivals (Festival d’Avignon, Les Correspondances à Manosque, Ménagerie de verre, Les Subsistances à Lyon, Le Lieu unique à Nantes, TAP – Scène nationale de Poitiers, Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine…).En 2008, elle achève une pièce sonore intitulée Viande froide pour le Centquatre, lieu culturel (ouvert à l’automne 2008 à Paris) où elle a été accueillie en résidence en 2006-2007. Elle est auteure invitée au Grand R (Scène nationale de La Roche-sur-Yon), durant la saison 2008-2009, en résidence à Bobigny (dans le cadre du programme « Écrivains en Seine-Saint-Denis ») en 2009-2010, et en résidence à l’Espace 1789 de Saint-Ouen pour l’écriture de son livre Ils ne sont pour rien dans mes larmes. Elle enseigne la littérature à l’Université Paris 8 (Vincennes-Saint-Denis) où elle a créé en 2013, avec Lionel Ruffel et Vincent Message, un des premiers masters de création littéraire de l’enseignement supérieur français.

Bibliographie

RomansDans le temps, Éditions Verticales, 1999Mes petites communautés, Éditions Verticales, 1999Puisque nous sommes vivants, Éditions Verticales, 2000L’Homme de mes rêves ou les Mille Travaux de Barnabé le sage devenu Barnabé le bègue suite à une terrible mésaventure qui le priva quelques heures durant de la parole, Éditions Verticales, 2002Les Sept Voies de la désobéissance, Éditions Verticales, coll. « Minimales », 2004Les Fantaisies spéculatives de J. H. le sémite, Éditions Verticales, 2005On n’est pas là pour disparaître, Éditions Verticales, 2007 (prix Wepler 2007, prix Pierre-Simon « Éthique et réflexion » 2007)Viande froide : Reportages, Centquatre Éditions/Nouvelles Éditions Lignes, 2008« Maison d’arrêt Paris-La Santé, 42, rue de la Santé 75014 Paris », dans L’Impossible Photographie. Les prisons parisiennes 1851-2010, Paris-Musées, 2010Que font les rennes après Noël ?, Éditions Verticales, 2010 (prix Alexandre-Vialatte 2011, prix du Livre Inter 2011, prix Ève-Delacroix 2011)Ils ne sont pour rien dans mes larmes, Éditions Verticales, 2012Mécanismes de survie en milieu hostile, Éditions Verticales, 2014

ThéâtreLes félins m’aiment bien, Actes Sud Papiers, 2004Forêt vierge. Théâtre(s), Presses universitaires de Rennes, no 24, 2006Les Lois de l’hospitalité, Inventaire/Invention, 2008Des cochons et des hommes, Grand R – Scène nationale de La Roche-sur-Yon, 2008Safety First, livret d’un opéra créé avec Eryck Abecassis, Reims Scènes d’Europe, 2013

PerformancesLes Auteurs n’aiment pas qu’on les confonde avec leurs personnages, créée au festival Les Correspondances de Manosque en septembre 2005 (performance reprise aux Subsistances à Lyon, au Lieu unique à Nantes, au TAP – Scène nationale de Poitiers)Le Vertige 15 min 30 s, créée avec le cinéaste Olivier Ducastel pour le festival Tous coupables, organisé à la Ménagerie de verre en janvier 2006 (reprise au Lieu unique à Nantes, au TAP – Scène nationale de Poitiers et au festival Actoral en 2007-2008). Cette performance a été entièrement transformée grâce à une collaboration avec Chloé Moglia (disciplines aériennes). Le spectacle tiré de cette collaboration (Le Vertige) a été créé dans le cadre des Sujets à Vif (Festival d’Avignon/SACD) en juillet 2012 (repris en avril 2013 au Centquatre)Écrivains en colère, avec Denis Lachaud, créée au marché du théâtre, place Saint-Sulpice à Paris, en juin 2006Olivia Rosenthal et Denis Lachaud dépassent les bornes, avec Denis Lachaud, créée à l’Escale du Livre, Bordeaux, en mars 2008Olivia Rosenthal et Denis Lachaud parlent de l’autre sexe, avec Denis Lachaud, créée au Grand R – Scène nationale de La Roche-Sur-Yon, mars 2009Aura compris 6, avec Robert Cantarella, créée au Festival d’Avignon en juin 2007Es-tu là ?, avec Patrick Chatelier, créée à l’Anis Gras à Arcueil, en juin 2008Les Larmes chantier, avec Laurent Larivière, créée au festival Actoral, septembre 2008La Peur, avec Laurent Larivière, créée au festival Actoral, septembre 2009

Présentation des intervenants

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Petite pièce avec Olivia, avec Carlotta Sagna, créée pour le festival Concordan(s)e à Bagnolet, en 2009Les Larmes performance, avec Laurent Larivière, créée au Trident – Scène nationale de Cherbourg en avril 2010Le Vertige, spectacle conçu et réalisé avec Chloé Moglia pour les Sujets à Vifs (Festival d’Avignon/SACD), juillet 2012Noise india, lecture musicale conçue et réalisée avec Eryck Abecassis (compositeur et vidéaste), créée en 2012 au Générateur à Gentilly

EssaisDonner à voir. Écriture de l’image dans l’art de poésie au xvie siècle, Honoré Champion, 1998(dir.), À haute voix. Diction et prononciation aux xvie et xviie siècles, Klincksieck, 1998

Court-métrageLes Larmes, fiction de 26 minutes, réalisation de Laurent Larivière, production Senso Films, 2010

Autres« La Maladie de A. », exposition multimédia en collaboration avec Philippe Bertin (photographe) (à Limoges, Lille, Dijon, etc.)Retombée, installation photographique et vidéo, en collaboration avec Philippe Bertin pour l’exposition « Le Suicide en face » à la Cité des sciences et de l’industrie, Paris, 2007« Recette pour ne pas », in Seize nouvelles, Éditions Thierry Magnier, 2008« Sacha s’en va », nouvelle cinématographique, in Sacha Lenoir, Capricci, 2010Signes de vie, création d’un mur graphique et typographique en collaboration avec Philippe Bretelle (Brest, quartier de Pontanézen), commande de Brest Métropole Océane

Roberto Casati

Milanais d’origine, directeur de recherche au CNRS, Roberto Casati est aujourd’hui rattaché à l’École polytechnique.Intéressé par la recherche interdisciplinaire en tant que philosophe des sciences cognitives, il a publié dans de nombreuses revues scientifiques et a enseigné dans différentes universités en Italie, aux États-Unis et en France.

Bibliographie

39 petites histoires philosophiques d’une redoutable simplicité, Albin Michel, 2005La Découverte de l’ombre, Albin Michel, 2002Contre le colonialisme numérique, Albin Michel, 2013

Pauline Miel

Pauline Miel a été assistante éditoriale chez Alma, Fleuve Noir et Rowohlt Verlag (Hambourg). Elle est aujourd’hui web éditrice chez « Raconter la vie », fondé par Pierre Rosanvallon et publié aux éditions Le Seuil.

Gérard Alle

Après avoir été, successivement ou en même temps, facteur, boulanger, céramiste, comédien, metteur en scène de théâtre, restaurateur, apiculteur et conseiller municipal, Gérard Alle se consacre depuis quinze ans à sa passion de toujours : l’écriture.Rédacteur de la revue Pages de Bretagne, pigiste pour divers magazines, romancier, auteur de polars et de livres documentaires sur le monde rural et la Bretagne, il a publié une trentaine d’ouvrages. On peut citer Il faut buter les patates (Le Seuil, puis Locus Solus), Commerces de campagne (Le Télégramme), Les Papys féroces, Les jeunes tiennent pas la marée, et la trilogie Lancelot fils de salaud (Coop Breizh), des livres jeunesse : La Sieste du taureau et Il pleut, il pleut, Berbère ! (Locus Solus). Auteur de films documentaires, il a réalisé, en 2013, Mon lapin bleu (Tita Productions), un film qui met en scène le quotidien d’un petit café. Il anime des ateliers d’écriture, écrit également pour le théâtre. En 2012, il fut l’auteur référent pour la création de Circulez ! Y'a tout à voir !, une pièce qui l’a beaucoup marqué, basée sur la rencontre avec des habitants de Séné, dans le Morbihan.

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Laurence Pelletier

Électron libre, elle a toujours été passionnée par le lien que le théâtre tissait avec le monde civil. A vécu une expérience théâtrale déterminante avec Armand Gatti et le projet Adam Quoi ?, à Marseille, en 1993.A poursuivi pendant une dizaine d’années avec le Théâtre Incarnat, une compagnie qui, à côté de ses mises en scène d’auteurs contemporains, créait des spectacles avec des habitants dans les banlieues parisiennes.A travaillé aussi dans un foyer de jeunes travailleurs, dans un accueil de jour de personnes sans domicile…A finalement quitté la capitale pour des aventures bretonnes. Un passage à l’Adec56 (pôle ressources du théâtre amateur dans le Morbihan) pendant un an, puis c’est la découverte du projet de centre culturel à Séné, avec cette envie forte d’y impliquer les habitants.Elle y propose immédiatement une aventure artistique, dont le mot d’ordre est : les habitants accueilleront les habitants pour l’ouverture de l’équipement.Pendant deux ans, avec une équipe artistique, dont Gérard Alle à l’écriture et Anne Le Joubioux à la comise en scène, elle monte un spectacle avec trente-cinq habitants : Circulez ! Y’a tout à voir ! En septembre 2012, ils sont les premiers à fouler les planches du centre culturel Grain de Sel pour cinq représentations devant mille spectateurs.Aujourd’hui, elle est toujours attachée à Séné et coordonne les Journées « Aux œuvres, citoyens ! », sous-titrées : « Quand les habitants créent avec les artistes », un événement qui se déroulera en novembre 2014.Quelle que soit son activité, l’humain est au cœur de ses préoccupations, et la rencontre récente avec Jean-Michel Lucas et la dimension des Droits culturels a relié tous les points, dessinant la carte de son parcours.

Marie dilasser

Née à Brest en 1980, elle est diplômée de L’Ensatt (École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre), à Lyon, dans le département « écriture » (première promotion) dirigé par Enzo Cormann. Elle s’est occupée de truies et de petits cochons et, dans le même temps, elle a écrit Écho-Système, mis en espace par la Comédie-Française en 2011. Le Sous-locataire, commande d’écriture du Préau – centre dramatique régional de Vire, a été mis en scène par Michel Raskine et représenté en 2010 au Préau de Vire et, en 2011, au théâtre Le Point du jour à Lyon.En ce moment, elle tient un café-épicerie dans une petite commune des Côtes-d’Armor, Saint-Gelven, et vient d’écrire Paysage Intérieur Brut, pièce créée à la La Passerelle – Scène nationale de Saint-Brieuc du 13 au 16 mai 2014.Paysage Intérieur Brut a été écrit dans le cadre de « Portraits avec paysage », « un feuilleton de formes, d’histoires, écrites et mises en scène par les jeunes artistes du lama, le labo auteurs-metteurs en scène du Théâtre de Folle Pensée (Saint-Brieuc). »

Bibliographie

Décomposition d’un déjeuner anglais, Les Solitaires Intempestifs, 2005Me zo gwin ha te zo dour ou Quoi être maintenant ?, Les Solitaires Intempestifs, 2007, pièce mise en scène par Michel Raskine à la Comédie de Valence« Le chat de Schrödinger en Tchétchénie », in Le monde me tue, Éditions Espace 34, 2008, pièce mise en scène par Simon Delétang et jouée à L’EnsattCrash Test, L’Act Mem, 2008, pièce mise en scène par Nicolas Ramond au Théâtre de Vénissieux

Cécile Morel-Chevalier

Responsable du service culturel de la Ville de Landivisiau.

Bruno dartiguenave

Conseiller livre et lecture à la Drac Bretagne et auteur de Pour une médiathèque de l’imaginaire. Une alternative à l’utopie gestionnaire, aux Éditions du Cercle de la librairie (2012).

Guénaëlle Closier

Chargée de l’animation culturelle à la Bibliothèque départementale des Côtes-d’Armor.

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Éric Pessan

Auteur de romans, de fictions radiophoniques, de textes de théâtre, ainsi que de textes en compagnie de plasticiens, il anime également des rencontres littéraires et des débats, ainsi que des ateliers d’écriture. Il collabore au site Remue.net.Il a été rédacteur en chef de la revue d’art et de littérature Éponyme, publiée par les éditions Joca Seria (quatre numéros parus).En compagnie de Nicole Caligaris, il a codirigé l’ouvrage collectif Il me sera difficile de venir te voir, correspondances litté-raires sur les conséquences de la politique d’immigration française, publié en octobre 2008 aux éditions Vents d’ailleurs.Il a été rédacteur en chef invité du no 123 de la Revue 303, numéro consacré au travail des écrivains. Il est membre du comité de rédaction de la revue Espace(s) éditée par l’Observatoire de l’Espace (Centre national d’études spatiales).

Bibliographie

RomansL’Effacement du monde, La Différence, 2001Chambre avec gisant, La Différence, 2002Les Géocroiseurs, La Différence, 2004Une très très vilaine chose, Robert Laffont, 2006Cela n’arrivera jamais, Éditions du Seuil, coll. « Fiction et Cie », 2007Incident de personne, Albin Michel, 2010Muette, Albin Michel, 2013

Textes en compagnie de plasticiensSage comme une image, avec Françoise Pétrovitch, coéditions Pérégrines/Le temps qu’il fait, 2006Ne bouge pas poupée, avec Françoise Pétrovitch et Hervé Plumet, CIAV éditions, 2008L’Écorce et la Chair, avec Patricia Cartereau, Éditions du Chemin de fer, 2008Le Livre parfait, avec Pierrick Naud, Circa 1924, 2009Un matin de grand silence, avec Marc Desgrandchamps, Éditions du Chemin de fer, 2010La Fête immobile, avec Hervé Plumet, Éditions Presque Lune, 2010N, avec Mikaël Lafontan, Les Inaperçus, 2012

NouvellesLa Nuit de la comète suivi de Ce matin, la lune, Éditions Cénomane, 2009Sexie conférencière, Éditions derrière la salle de bains, 2011Croiser les méduses, Éditions de l’Atelier In8, 2011Monde profond, Éditions de l’Atelier In8, 2012

ThéâtrePièces publiées :Tout doit disparaître, Éditions Théâtre Ouvert/Tapuscrits, 2010La Grande Décharge, Éditions de l’Amandier, 2011Les Inaboutis, Éditions Théâtre Ouvert/Tapuscrits, 2011Dépouilles, Éditions de l’Attente, 2012Le Syndrome Shéhérazade, Éditions de l’Attente, 2014

Pièces jouées :Dépouilles, pièce pour 3 à X personnages. Lecture et mise en espace en mars 2007 au Grand T (Nantes) par le Théâtre du RefletChambre avec gisant – adaptation. Création au Grand R – Scène nationale de La Roche-sur-Yon en novembre 2006, Festival Off Avignon 2007. Mise en scène de Nicole TurpinInventaire des biens et des actes de Sauveur Marin, marchand français du Levant, création en mars 2009 au Théâtre national de Chypre, mise en scène de Charles TordjmanTout doit disparaître, mise en voix par Jean-Christophe Saïs, février 2010, à Théâtre Ouvert (Paris)La Grande Décharge, mise en voix par Charles Tordjman, février 2010, Théâtre du Rond-Point (Paris)Tout doit disparaître, mise en espace par Frédéric Maragnani, juillet 2011, chapelle des Pénitents Blancs, Festival d’AvignonAlles muss raus (Tout doit disparaître, traduction Cordula Treml et Franck Weigand), lecture au Deutsches Theater mise en voix par Leyla-Claire Rabih, Berlin, novembre 2011Nao ha de quedar res (Tout doit disparaître, traduction Joan Casas), mise en voix à la Sala Beckett par Thomas Sauerteig, Barcelone, décembre 2011

Fictions radiophoniquesLa Signature, 2003Le Syndrome de Münchhausen, 2004Demain matin, la lune, 2005Seuls mes yeux, 2005Dépouilles, 2006La Grande Enseigne, 2008

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La plus heureuse entre toutes les mères, 2009La Grande Décharge, 2011Toutes les fictions ont été créées sur France Culture.

PoésieMoi, je suis quand même passé, Cousu Main, 2010Interdiction absolue de toucher les filles même tombées à terre, avec Claude Favre, Cousu Main, 2011

Livres d’artistesDoudous, avec Patricia Cartereau, Éditions Joca Seria, 2004Peau d’oignon, livre lithographié, Le Petit Jaunais, 2005Je suis mon monde, avec André Jolivet, Éditions Voltije, 2011

Livres jeunesseQuelque chose de merveilleux et d’effrayant, avec Quentin Bertoux, Éditions Thierry Magnier, 2012Plus haut que les oiseaux, L’école des loisirs, 2012Et les lumières dansaient dans le ciel, L’école des loisirs, 2014

EssaisÔter les masques (d’après Shining de Stephen King), Éditions Cécile Defaut, 2012Demande de remboursement des livres pour cause de non-conformité avec ce que l’on peut attendre de la littérature, Éditions de L’Attente, 2014 (hors commerce)

Mannaig thomas et Nelly Blanchard

Mannaig Thomas est maître de conférences en breton et celtique et enseigne à l’université de Brest. Elle a soutenu une thèse sur Le Cheval d’orgueil, de Pierre-Jakez Hélias, et travaille sur la littérature de langue bretonne des xxe et xxie siècles. Nelly Blanchard, également maître de conférences en breton et celtique à l’université de Brest, a soutenu une thèse sur le Barzaz-Breiz d’Hersart de La Villemarqué, et une habilitation à diriger des recherches sur l’image du peuple dans la littérature de langue bretonne. Elle travaille également sur la littérature de langue bretonne des xixe et xxe siècles. Depuis 2012, elles mènent ensemble un projet de recherche intitulé Le Point de vue périphérique, qui vise à mieux comprendre le fonctionnement de la littérature de langue bretonne en tant qu’espace périphérique.

Bibliographie

Des littératures périphériques, direction Mannaig Thoms (dir.) et Nelly Blanchad (dir.), Presses universitaires de Rennes, coll. « Plurial », 2014.

Mannaig ThomasPierre-Jakez Hélias et Le Cheval d'orgueil, Le regard d'un enfant, l'œil d'un peintre, Brest, Emgleo Breiz, 2010.Mannaig Thomas (dir.), La Bretagne Linguistique, n° 17, Brest, CRBC-UBO, 2013.En collaboration :Nelly Blanchard, Ronan Calvez, Yves Le berre, Daniel Le Bris, Jean Le Dû, Mannaig Thomas (dir.), La Bretagne Linguistique, no 14, Brest, CRBC-UBO, 2009Nelly Blanchard, Ronan Calvez, Yves Le berre, Daniel Le Bris, Jean Le Dû, Mannaig Thomas (dir.), La Bretagne Linguistique, no 15, Brest, CRBC-UBO, 2010Nelly Blanchard, Ronan Calvez, Yves Le berre, Daniel Le Bris, Jean Le Dû, Mannaig Thomas (dir.), La Bretagne Linguistique, no 16, Brest, CRBC-UBO, 2011

Nelly BlanchardUn agent du Reich à la rencontre des militants bretons : Leo Weisgerber, Brest, Emgleo Breiz – Brud Nevez, coll. « Leoriou bihan », no 11, 2003Barzaz-Breiz. Une fiction pour s’inventer, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2006Histor eur famill eus Breïs-izel / Histoire d’une famille de Basse-Bretagne, manuscrit d’Hervé Burel. Établi, traduit et présenté par Nelly Blanchard, Skol-Vreizh/CRBC, 2011

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Yves Pagès

Dans sa jeunesse, Yves Pagès a été pion, veilleur de nuit, libraire, pigiste, magasinier, vacataire à l’Université Paris 8 (Saint-Denis), tout en préparant sa thèse de doctorat sur Louis-Ferdinand Céline. Il fut pensionnaire à la villa Médicis en 1996-1997.Depuis 1990, comme écrivain, il a publié une dizaine d’œuvres de fiction et publié divers textes courts dans des revues et journaux tels que NRV, TIJA, Les Inrockuptibles, La Quinzaine littéraire, R de Réel, Inculte… Il a contribué à de nombreux ouvrages collectifs comme Douze et amères (Fleuve noir, 1997), Le Siècle rebelle (dir. Emmanuel de Waresquiel, Larousse, 1999), Doubles jeux (Seuil, 2000), Lettres de ruptures (Pocket, 2002), L’Entreprise (La Découverte, 2003), La France invisible (La Découverte, 2006), et « Toi aussi, tu as des armes » Poésie & politique (La Fabrique, 2011). Il a également produit quelques articles universitaires sur Louis Guilloux, Victor Serge ou Céline et collabore occasionnellement à diverses revues de pensée critique, notamment Lignes, Vacarme ou Il Manifesto.Auteur d’un essai sur les énoncés politiques dans l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline écrit à partir de sa thèse de doctorat, il a également conçu l’appareil critique de plusieurs recueils d’écrits politiques comme Le Rétif. Articles de Victor Serge parus dans « L’Anarchie », 1909-1912 (Librairie Monnier, 1989), Sorbonne 68, graffiti (Éditions Verticales, 1998) et Carnet de route de l’incendiaire du Reichstag (en collaboration avec Charles Reeve, Éditions Verticales, 2003).De sa complicité (comme dramaturge, assistant artistique et même comédien) avec le metteur en scène François Wastiaux sont nés, depuis 1990, six spectacles :quatre adaptations : Les Carabiniers (1991), Les Gauchers (1993), Labo-Lubbe (2005) et Portraits crachés (2006) ;une pièce créée au Festival d’Avignon : Les Parapazzi, Les Solitaires Intempestifs, 1998 ;une « vraie-fausse conférence » audiovisuelle : « Pouvoir Point », en association avec le graphiste Philippe Bretelle, 2008.Il est l’auteur de plusieurs fictions radiophoniques pour France Culture et a coscénarisé le moyen-métrage de César Vayssié, Elvis de Médicis (1998). Il a également signé le livret d’un oratorio pour le compositeur Luis Naón, Sainte-Nitouche, la fille ni bien ni mal (2002), et coécrit le spectacle à la fois filmique et scénique du metteur en scène Benoît Bradel, L’Invention de la girafe (2004).En 1998, il rejoint l’éditeur et écrivain Bernard Wallet qui venait de fonder les Éditions Verticales, en tant qu’assistant. Après le départ à la retraite de son fondateur en 2009, Pagès assume la responsabilité de Verticales avec Jeanne Guyon et sous la prési-dence d’Antoine Gallimard.En 2009, il est, avec Philippe Bretelle et Alexandre Mouawad, le cocréateur du site archyves.net, sur lequel il anime le blog « pense-bête » où sont mis en regard textes de fiction, images et essais de circonstance.

Bibliographie

FictionsLa Police des sentiments, Denoël, 1990Les Gauchers, Julliard, 1994Plutôt que rien, Julliard, 1995Prière d’exhumer, Éditions Verticales, 1997Petites natures mortes au travail, Éditions Verticales, 2000 ; Gallimard, coll. « Folio », 2007Le Théoriste, Éditions Verticales, 2001, prix WeplerPortraits crachés, Éditions Verticales, 2003, rééd. 2013Le Soi-disant, Éditions Verticales, 2008Souviens-moi, L’Olivier, 2014

EssaisL’Homme hérissé. Liabeuf, tueur de flics, L’Insomniaque, 2002 ; Baleine noire, 2009Les Fictions du politique chez L.-F. Céline, Seuil, coll. « Univers historique », 1994 ; rééd. Gallimard, coll. « Tel », 2010

Camille Kerdellant

Comédienne, Chanteuse, elle participe à la conception et interprète les mises en scène de Rozenn Fournier avec qui elle fonde la compagnie KF association en 1999. Leur dernière création Ma Famille de Carlos Liscano est en tournée depuis 2011. Conçoit et interprète avec le pianiste Henri Jégou le spectacle Grisélidis ou la Passe Imaginaire en tournée depuis 2010.Elle travaille sous la direction de plusieurs metteurs en scènes de théâtre : Bernard Lotti théâtre de l’Instant, Thierry Beucher, Benoit Gasnier Théâtre à L’Envers, Cédric Gourmelon Réseau Lilas, Guillaume Doucet Groupe Vertigo …Elle poursuit son compagnonnage avec la Compagnie Udrolik et depuis 2010 collabore au projet chorégraphique d’Emmanuelle Vo Dinh directrice du CCN du Havre .Lectrice, elle conçoit et interprète de nombreuses lectures spectacles (poésie et roman) en compagnie de musiciens. (Contrebassiste, claquettiste , pianiste , percussionniste…) présente dans les bibliothèques et théâtres ; participe à de nombreux évènements tels : le Printemps des Poètes , le festival de la Correspondance Scriludes , Étonnants Voyageurs …

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Bertrand Leclair

Né à Lille en décembre 1961, Bertrand Leclair est essayiste et romancier. Il a longtemps été journaliste puis critique littéraire, de 1994 à 2007, pour des supports aussi différents que La Quinzaine littéraire ou Le Nouvel Économiste. Il est depuis 1998 l’auteur d’une douzaine de livres. Il est également l’auteur de nombreuses dramatiques radiophoniques et d’une pièce de théâtre mêlant le français à la langue des signes, Héritages, créée à l’International Visual Theater dans une mise en scène d’Emmanuelle Laborit en janvier 2010, et en tournée depuis.

Bibliographie

L’Industrie de la consolation. La littérature face au « cerveau global », Paris, Éditions Verticales, 1998Movi Sévaze, Éditions Verticales, 1999Théorie de la déroute, Éditions Verticales, 2001La Main du scribe, Mercure de France, 2002Disparaître, Éditions Farrago/Léo Scheer, 2004Le Bonheur d’avoir une âme, Maren Sell Éditeurs, 2005Verticalités de la littérature. Pour en finir avec le jugement critique, Champ Vallon, coll. « L’esprit libre », 2005L’Amant liesse, Champ Vallon, coll. « Détours », 2007Une guerre sans fin, Libella-Maren Sell Éditeurs, 2007L’Invraisemblable histoire de Georges Pessant, Flammarion, 2010Petit éloge de la paternité, Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2010Dans les rouleaux du temps. Ce que nous fait la littérature, Flammarion, 2011Malentendus, Actes Sud, coll. « Un endroit où aller », 2013Le Vertige danois de Paul Gauguin, Actes Sud, coll. « Un endroit où aller », 2014

Hélène Fouéré

Directrice de la médiathèque Per-Jakez-Hélias de Landerneau.

Sébastien Portier

Responsable culture-animation au centre hospitalier de Lanmeur.

Helga Sobota

Directrice générale de la culture, Ville de Rennes – Rennes Métropole.

thierry Le Nédic

Directeur de la culture, conseil régional de Bretagne.

Sandrine Kerlidou

Directrice des affaires culturelles du conseil général d’Ille-et-Vilaine.

isabel Pugnière-Saavedra

Directrice de la culture, conseil général du Morbihan.

Emmanuelle Castel-Granteral

Directrice de la culture, des sports et de la vie associative, conseil général des Côtes-d’Armor.

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Frédérique Niobey

Frédérique Niobey explore le monde de l’adolescence comme on découvre un nouveau pays dans lequel on a pourtant l’impres-sion d’avoir déjà vécu. Et dans son travail d’écrivain, les ateliers d’écriture occupent une place importante, auprès des jeunes, souvent en souffrance, comme des adultes, dans le pays de Fougères.Frédérique Niobey est née il y a cinquante ans, dans la Manche. La Bretagne, qu’elle adore – et plus précisément le pays de Fougères –, est devenue son pays. « Très tôt, j’étais une grande lectrice. Ce n’est pas dû à une ambiance familiale, mais à une démarche personnelle. J’ai conservé mon premier livre, Oui-Oui au pays des jouets, qu’on m’a offert quand j’ai perdu mes premières dents de lait. » Son premier travail sera celui d’employée de librairie, à Cherbourg. Puis elle enseignera en école primaire, durant quinze ans. « J’ai quitté l’enseignement à la parution de mon premier livre, Loeïza. À l’époque, je croyais que c’était un prénom polonais, avant de découvrir que c’était aussi un prénom breton. » À l’origine de l’écriture de ce roman jeunesse, une autre passion de Frédérique, pour le théâtre. Elle animait alors un atelier d’écriture et de théâtre, à la demande de jeunes qui souhaitaient parler d’eux sur scène. « J’ai eu envie d’écrire ce que j’avais ressenti de l’ambiance du quartier sans toutefois m’inspirer directement de leur vie personnelle. »

Bibliographie

Loeïza, Éditions du Rouergue, 2001 En roue libre, Éditions du Rouergue, 2004P’tit mec, Éditions du Rouergue, 2005Léonore, Éditions du Rouergue, 2007En cas d’absence, Éditions Thierry Magnier, 2008Trop loin la mer, Éditions du Rouergue, 2011Sur le toit, Éditions du Rouergue, 2013

Depuis mai et jusqu’en décembre 2014 , Frédérique Niobey est en résidence de création en pays de Brest et de Morlaix. Elle consacre un temps de présence auprès des populations en partenariat avec les médiathèques de Landerneau, Lampaul-Guimiliau, Lesneven, Morlaix, Landivisiau et les établissements de santé de Pérharidy et Lanmeur sur le thème de la voix. (Lire en page 66)

º http://residence2014.wordpress.com

Xavier debontride

Xavier Debontride est le rédacteur en chef de Place Publique Rennes depuis juillet 2013. Créée en septembre 2009, cette revue bimestrielle de réflexion et de débats s’intéresse aux questions urbaines au sens large. Par son format et son contenu, elle entre-tient un rapport singulier avec son lectorat, et s’inscrit dans la catégorie des magazine books (mooks).

Anne Chevrel

Anne Chevrel est ingénieure de la concertation, indépendante. Elle est journaliste depuis près de vingt ans. Après avoir été rédactrice-reporter généraliste puis rédactrice en chef des journaux à TV Rennes, elle pige régulièrement pour FR3 Ouest où elle a notamment collaboré à l’émission « Y’a pas que la télé », présentée par William Leymergie et à « C’est mieux le matin » (2007 – 2009).Une part importante de son activité professionnelle concerne la conception, la préparation et l’animation de colloques, débats, tables rondes et séminaires. Les domaines qu’elle aborde vont de la littérature à l’aménagement du territoire en passant par la santé et les questions d’environnement. Elle travaille régulièrement pour les collectivités territoriales, les services de l’État, des entreprises et des associations, nationales et locales.Elle est également réalisatrice de documentaires avec Oussama, ou la naissance d’un doute produit par Vivement Lundi ! en octobre 2005, Aurélie Nemours, une femme entre ciel et terre en mai 2006 et Creusez votre sillon ! Les jeunes Charrues 2011 en septembre 2011.

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EN SEPtEMBRE, OLiviA ROSENtHAL PRÉPARAit SA RENtRÉE LittÉRAiRE. AvEC uN BRiN d’iNquiÉtudE. L’ÉCRivAiN ESt uN FuNAMBuLE. ENtRE dEuX LivRES, iL A PARFOiS tENdANCE à REvENiR SuR SES PAS, à S’ACCROCHER à SES FONdAMENtAuX POuR NE PAS tOMBER. OLiviA PRÉFèRE LAiSSER LE tEMPS S’ÉtiRER, AvANt dE REtOuRNER jONGLER SuR LE FiL qu’ELLE A tENdu ENtRE L’iNdividu Et SA COMMuNAutÉ. L’HuMOuR GRiNCE, LA PAROLE MuLtiPLE dES tÉMOiNS, FiLtRÉE PAR L’AutEuR, SE FAit ROMAN. POuRtANt, CHEz ELLE, LA FiCtiON NE NOuS GuÉRit PAS tOut à FAit dE LA PEuR du vidE qu’ENGENdRE LE RÉEL. ELLE NOuS AidE juStE à FAiRE uN PAS dE PLuS Ou PLutôt uN PAS dE CôtÉ.

Comme beaucoup d’écrivains, Olivia Rosenthal fait remonter son désir d’écrire à l’enfance. « Cette impression d’avoir toujours écrit, même si cela a pu prendre des formes diverses, avec des choses plus élabo-rées à partir de 1999, date de la parution de mon premier roman. On devient réellement écrivain à partir du moment où on publie un livre. J’avais plus de trente ans, donc j’ai mis du temps. J’écrivais, pourtant. Soit mes textes n’avaient pas trouvé d’éditeur, soit je ne les avais pas proposés. » Au cœur

des préoccupations d’Olivia Rosenthal, on trouve la relation entre l’individu et la communauté, partie prenante de cette ques-tion de l’identité dont on débat beaucoup aujourd’hui ; peut-être parce que celle-ci s’avère de plus en plus mouvante et multiple. Dans Les Fantaisies spéculatives de J. H. le sémite se pose la question de comment vivre sa judéité. J. H. doit-il obéir aux lois de sa communauté ou les transgresser ? « L’identité est déterminée par des facteurs intérieurs et extérieurs qui agissent sur chacun d’entre nous. Il y a des injonctions à être comme ceci ou comme cela, qu’il faut parfois savoir conjurer. » Dans l’œuvre d’Oli-via Rosenthal, il y a aussi cette touche d’hu-mour, un humour parfois grinçant, qui ne doit pas plaire à tout le monde. « C’est vrai, mais ça me paraît indispensable, parce que ça allège le propos, quand je parle de choses pas très gaies, comme la mort ou la mala-die. Et puis, je trouve que c’est un moteur de transformation de l’écriture, une façon d’aller plus loin. »

« Je peux continuer le chemin jusqu’à un endroit où, eux, ils n’iraient pas »

L’écriture d’Olivia passe par la rencontre et l’entretien avec des témoins, expériences qui nourrissent ensuite ses fictions. « J’ai

établi une sorte de protocole qui précède l’écriture proprement dite. Pour me docu-menter, je rencontre des gens qui me parlent de leur vie, de leur travail. C’est ce maté-riau qui va me servir par la suite, que je vais transformer, triturer, monter. Pour mon dernier livre, Mécanismes de survie en milieu hostile, j’ai rencontré des gens qui ont eu l’expérience de la mort imminente et ont conservé le souvenir du moment du passage, l’image de la frontière entre la vie et la mort. Mes interlocuteurs sont prévenus que je vais m’approprier leurs témoignages. Je ne peux pas leur dire ce que je vais en faire, puisque je ne le sais pas moi-même. Parfois, il m’arrive de les remercier à la fin, parfois je ne le fais pas. Parfois, je change les noms. Parfois, je ne les change pas. Si je transforme leur parole, en même temps, je respecte ce qu’ils m’ont dit et leur façon de le dire. J’essaie de ne pas les trahir. En fait, je peux continuer le chemin jusqu’à un endroit où, eux, ils n’iraient pas. » Sans doute Olivia les entraîne-t-elle au bout du compte dans son sillage. Dans la plupart des expériences de ce genre, on peut parier que les premiers intéressés se reconnaissent dans le livre, malgré le filtre de la fiction ou peut-être grâce à lui. Miracle de la littérature… « Le fait de fixer la parole, sans doute, donne un côté un peu magique à la chose. Et puis, il y a l’aspect symbolique de l’objet-livre. »

Un temps de latence

Depuis quelque temps, Olivia Rosenthal réalise des performances qui lui permettent d’entrer en contact direct avec le public. « Cela a commencé par la proposition d’un organisateur. Un hasard, même si j’avais envie de faire vivre mes écrits autrement. J’en suis venue à écrire spécifiquement

Olivia Rosenthal, un pas de plus...

Portrait d’un auteur / Poltred ur skrivagner / Portrèt d’un’ecrivou

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pour la scène et à apprendre à m’y exprimer le mieux possible. Cela a eu un impact sur ma manière d’écrire, l’envie de perfection-ner ma façon de m’adresser directement au lecteur. J’ai toujours travaillé mes textes en les disant à haute voix, mais les perfor-mances ont amplifié le phénomène. »En ce qui concerne ses projets d’écriture, Olivia, occupée par la rentrée littéraire et la promotion de son dernier ouvrage, préfère ne pas y penser : « Je ne peux pas enchaî-ner d’un ouvrage à l’autre. Écrire un livre me demande un engagement trop fort pour que je puisse me lancer tout de suite dans un nouveau projet qui va prendre un an de ma vie, voire plus. J’ai besoin d’un temps de latence. Je mets à profit ces périodes pour participer à des projets collaboratifs. » Moments de croisement des imaginaires, vers la scène ou le cinéma, de rencontres qui nourriront des écritures futures. « Il y a aussi la rencontre avec les lecteurs. C’est pour ça qu’on écrit. Même si l’effervescence qui accompagne la rentrée littéraire n’est pas facile à vivre pour les auteurs. Il y a toujours une part d’inquiétude : comment les lecteurs vont-ils réagir ? Est-ce que les critiques vont suivre ? »

En exergue de son nouveau roman, Mécanismes de survie en milieu hostile, on peut lire ceci :Les faits ne se contentent pas d’arriver, ils reviennent. Qu’on les accepte ou non, ils sont plus insistants et plus entêtés que les stratagèmes qu’on invente pour les éviter. Écrire fait partie de ces stratagèmes. On croit contrôler, répartir, organiser et tenir le réel sous sa coupe et la plupart du temps on se laisse déborder. On avance aveuglé-ment vers le dénouement pour découvrir in extremis qu’en fictionnant le monde on a seulement essayé de retrouver ce qui avait eu lieu et qu’on avait oublié.Chez elle, rien ne semble fait pour nous rassurer : les mots, pas la peine de les laisser

infuser, ils ne cherchent même pas à imiter la douceur trompeuse d’un poison. Le trouble vient d’ailleurs, d’une écriture dépourvue de sentimentalisme, au service d’une machine infernale qui nous broie pour mieux nous renvoyer l’image crue du monde absurde dans lequel nous vivons. Animaux captifs, la mort terrasse nos rêves d’évasion. Une tragédie ? Pas sûr. Dans un sourire grinçant, Olivia Rosenthal nous renvoie vers d’innom-brables questions dérangeantes et passion-nantes qui piquent un peu beaucoup… Et si mourir n’était pas si terrible ? Et si c’était la peur, avant tout, qui nous emprisonnait ? Et pourquoi avons-nous tant besoin de nous raconter des histoires ?…G. A.

Bibliographie :

RomansDans le temps, Éditions Verticales, 1999Mes petites communautés, Éditions Verticales, 1999Puisque nous sommes vivants, Éditions Verticales, 2000L’Homme de mes rêves ou les Mille Travaux de Barnabé le sage devenu Barnabé le bègue suite à une terrible mésaventure qui le priva quelques heures durant de la parole, Éditions Verticales, 2002Les Sept Voies de la désobéissance, Éditions Verticales, coll. « Minimales », 2004Les Fantaisies spéculatives de J. H. le sémite, Éditions Verticales, 2005On n’est pas là pour disparaître, Éditions Verticales, 2007 (a obtenu le prix Wepler Fondation La Poste et le prix Pierre Simon « éthique et société »)Viande froide : Reportages, Centquatre Éditions/Nouvelles Éditions Lignes, 2008« Maison d’arrêt Paris-La Santé, 42, rue de la Santé 75014 Paris », dans L’Impossible Photographie. Les prisons parisiennes 1851-2010, Paris-Musées, 2010Que font les rennes après Noël ?, Éditions Verticales, 2010 (a obtenu le prix Alexandre Vialatte et le prix du Live Inter 2011)Ils ne sont pour rien dans mes larmes, Éditions Verticales, 2012Mécanismes de survie en milieu hostile, Éditions Verticales, 2014

ThéâtreLes félins m’aiment bien, Actes Sud Papiers, 2004Forêt vierge. Théâtre(s), Presses universitaires de Rennes, no 24, 2006Les Lois de l’hospitalité, Inventaire/Invention, 2008Des cochons et des hommes, Grand R – Scène nationale de La Roche-sur-Yon, 2008Safety First, livret d’un opéra créé avec Eryck Abecassis, Reims Scènes d’Europe, 2013.

EssaisDonner à voir. Écriture de l’image dans l’art de poésie au xvie siècle, Honoré Champion, 1998(dir.), À haute voix. Diction et prononciation aux xvie et xviie siècles, Klincksieck, 1998

EntretiensOlivia Rosenthal parle des Éditions Verticales, éd. Université Paris X

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Portrait d’un photographe/ Poltred ul luc’hskeudenner / Portrèt d’un fotograf

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Alain Bujak, du tireur au tirailleurENtRE EXPLORAtiON dES CAMPAGNES d’AuvERGNE Et PHOtO CORPORAtE, tiRAGES EN NOiR Et BLANC Et PROjEtS dE LivRES, ALAiN BujAK A REtROuvÉ LA BANdE dESSiNÉE, dÉjà FRÉquENtÉE dANS SA jEuNESSE. uN PROjEt NÉ d’uNE BELLE RENCONtRE, iNAttENduE, dANS uN FOYER dE dREuX, AvEC uN tiRAiLLEuR MAROCAiN.

Alain Bujak vit à Dreux, loin du Massif central de son enfance. « Gamin, j’étais passionné par l’image, d’abord par le dessin, la BD. J’en ai gratté, des feuilles et des feuilles !… Mais j’ai vite compris qu’il y avait un inconvénient : c’est un travail solitaire, et je ne me voyais pas en ermite. Un jour, on m’a prêté un appareil photo et je me suis éclaté : j’étais toujours dans un univers visuel, mais la photo me permettait de sortir, d’être en contact permanent avec l’humain et de chercher des modes de narration. »

« Plus la misère est grande, plus la photo est belle »

Adolescent, Alain Bujak trouve naturellement son premier sujet dans les campagnes d’Auvergne. « Je suis parti avec une vieille bagnole dans les fermes les plus reculées, à la rencontre des derniers paysans, de leurs tracteurs rouillés, de leur mode de vie en train de disparaître. J’ai compris aussi que je n’avais pas une âme de grand voyageur, que les conflits, les guerres, ce n’était pas mon truc, que je n’étais pas fait pour devenir photographe de presse, qu’il me fallait du temps pour trouver une proximité avec les gens. Je crois que ce qui me gêne dans le reportage, c’est que plus la misère est grande, plus la photo est belle. » Alain s’oriente donc plutôt vers l’édition, cherche des livres de commande. Ainsi naît un premier ouvrage, Sapeurs-Pompiers, le secours au quotidien, accompa-gné d’un premier passage à l’écriture. « Jusqu’alors, je pensais que l’écriture était réservée aux écrivains, mais j’y ai pris beaucoup de plaisir. » Parallèlement, pour gagner sa vie, Alain exerce le métier

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de tireur de photos en noir et blanc pendant vingt ans. Aujourd’hui, il effectue toujours des tirages en argentique, pour lui ou pour des photographes de mode. « Je n’ai quand même jamais fait ça à plein temps. À être enfermé tout le temps, je ne voulais pas devenir une endive ou une taupe. » En complément, il devient photographe corporate – comme on dit dans le métier –, c’est-à-dire au service des entreprises et des institutions. Et en numérique.

Retour à la BD

Une commande, émanant des foyers de la Sonacotra, lui apporte l’un de ses plus grands bonheurs d’édition. « J’étais chargé de photographier la vie quotidienne de ces immigrés, dans les foyers de Dreux, quand j’ai fait la rencontre d’anciens tirailleurs maro-cains, ayant combattu pour la France au cours de la Seconde Guerre mondiale, au Monte Cassino, en Indochine… » Pensions au rabais, abandon, solitude, logements précaires. L’injustice est flagrante. Alain Bujak retourne voir Abdesslem, qui vit dans une chambre sans lumière. Sous son pyjama, une grande cicatrice. Abdesslem raconte. Alain écrit. Il recoupe la conversation avec les documents compulsés aux archives militaires du fort de Vincennes et les photos du centre photographique des armées, qu’il a connu lors de son service militaire. Le projet intéresse Futuropolis. « Un vrai bonheur, ce retour vers la BD de mes premières amours. » Des essais sont effectués avec plusieurs dessinateurs. Finalement, l’album verra le jour en mai 2014, sous le titre Le Tirailleur, avec Piero Macola au dessin. « Quand j’ai voulu revoir Abdesslem, il était reparti au Maroc, lassé de sa vie ici sans espoir, préférant renon-cer à sa pension de misère. J’ai réussi à le retrouver, presque par miracle. Il m’a invité dans son village, dans la montagne, où j’ai fait un reportage photo qui complète l’album. »

En projet, un périple en toute liberté, un jour : prendre le temps, toujours, des rencontres et des paysages grand format que l’on regarde comme des tableaux. « C’est peut-être la cinquantaine, qui me fait ça… »En projet aussi, un travail sur l’insularité, l’envie d’interroger les îles et les îliens : dans un monde qui change, fierté et réclusion, identité et acculturation.En projet encore, avec Futuropolis, une extension d’un travail commencé depuis des années avec le camp du Rond, un camp de Manouches du côté de Mont-de-Marsan. « Deux cent cinquante

personnes sédentarisées depuis longtemps qui vont être relogées dans un quartier, malgré la levée de boucliers qu’on imagine, et avec tout ce que ça représente : plus de confort, mais aussi la crainte de perdre l’essentiel. La joie des plus jeunes ; celle, plus secrète, des anciens ; l’inquiétude des autres d’avoir à se mêler à ces gadjé qui ne les aiment pas, qui ne les aimeront jamais ; et les évangélistes à l’affût. »G. A.

Alain Bujak sera présent à librairie La Droguerie de Marine de Saint-Malo le samedi 6 décembre 2014, où il contribuera à un débat sur l’identité avec Edwy Plenel et Jean-Michel Le Boulanger.

Bibliographie :

Le Piéton de Dreux, avec Philippe Bujak, Gouju, 1997Vernouillet, Eure-et-Loir, éd. Mairie de Vernouillet, 2003Une ville, un élan, Linéa Pica, 2006Vivre L’hôpital, Ad Litteram, 2000Sapeurs-Pompiers, le secours au quotidien, Éditions Ouest-France, 2007La Maison du possible, Linéa Pica, 2008La Loire. Un fleuve vivant, Éditions Ouest-France, 2008Le Tirailleur, dessins de Piero Macola, Futuropolis, 2014

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Le livre, la lecture et la littérature demain

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Livre et lecture, réforme territoriale et coopérationdÉCENtRALiSAtiON : LES ACtEuRS du LivRE, dE LA LECtuRE Et dE LA CRÉAtiON LittÉRAiRE SE quEStiONNENt SuR LA COHÉRENCE dES POLitiquES EN FAvEuR dE CEt ÉCOSYStèME à L’ORÉE dES CHANGEMENtS iNduitS PAR LA RÉFORME tERRitORiALE. C’ESt POuRquOi NOuS AvONS iNtERROGÉ dES ASSOCiAtiONS d’ÉLuS.

décentralisation : la place du livre et de la lecture

Le livre, la lecture et la littérature ne sont pas, ou rarement, évoqués, dans les débats autour de la réforme territoriale, pourtant cet « écosystème » dépend de politiques émanant de diverses collectivités et de l’État. Cette réforme ne serait-elle pas une occasion de décloisonner les politiques, d’agir avec une vision globale ? Florian Salazar-Martin, président de la FNCC (Fédé-ration nationale des collectivités territoriales pour la culture), répond à ces questions.

Le livre et la lecture publique bénéficient d’un statut particulier dans le processus de la décentralisation culturelle. Et d’une image de modèle tant ce domaine de l’action publique présente les condi-tions d’une remarquable coconstruction entre collectivités et avec l’État. Alors que l’État, via le CNL et, d’un point de vue financier, via notamment la dotation générale de décentralisation (DGD) continue d’être moteur, initiateur et garant, les Départements ont intégralement pris en charge le réseau des BDP, indispensable notamment en milieu rural. De leur côté, les Régions sont souvent actives vis-à-vis de l’édition (selon leur compétence économique). Enfin, les bibliothèques/médiathèques sont les premiers équipe-ments culturels transférés aux intercommunalités.La focalisation du projet de loi de Nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe) sur les intercommunalités et les Régions entre en écho avec cette structuration alors qu’il suscite beaucoup plus d’interrogations et d’inquiétudes dans d’autres domaines culturels. Seule la perspective de disparition des départements risque de mettre le schéma actuel à l’épreuve.Pour autant, la « possibilité de construire une politique globale » pour le livre et la lecture pose, d’une part, la question de la place de l’État et, de l’autre, celle de la volonté politique qui doit sous-tendre les initiatives, tout particulièrement dans le contexte de la muta-tion numérique.

La connaissance, la langue, l’enseignement constituent des dimen-sions par essence nationales. Dans la mesure où la réforme territo-riale, conjuguée à la crise et à la baisse programmées des dotations de l’État aux collectivités (-11 Mds€e en trois ans), va contraindre notamment les municipalités à opérer des choix et où le réseau des bibliothèques relève de dépenses quasi fixes, l’engagement de l’État ne doit pas faiblir. Sinon, ce seront d’autres initiatives culturelles et artistiques, plus fragiles que le réseau des équipements de la lecture publique, qui seront mises à l’épreuve. La lecture publique est la preuve que la décentralisation culturelle exige plus, et non moins, de soutien national.Enfin, la vraisemblable montée en puissance de la prise en charge de la lecture publique par les intercommunalités pose la question du rôle du politique, de sa capacité d’impulsion, d’invention. Les volontés politiques plurielles qui s’entrecroisent, au risque de s’immobiliser, dans les assemblées communautaires pourraient tendre à dépolitiser les enjeux. Les intercommunalités doivent rester des outils au service des communes. La mobilisation des élus sera plus que jamais nécessaire. Il serait dommageable que s’opère une sorte de glissement trop administratif des décisions. C’est toute la question du renouvellement des missions des bibliothèques, et notamment de leur articulation avec les autres acteurs culturels, qui en dépend.

Florian Salazar-Martin

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décentralisation : une coopération nécessaire

Les questions de livre et de lecture sont à peine évoquées dans les débats sur la décentralisation et la nouvelle organisa-tion politique et administrative des terri-toires. Pourtant, c’est un « écosystème » qui touche à de multiples secteurs : l’éco-nomie, le social, la culture, l’enseigne-ment. Une politique réellement efficace de soutien au livre et à la lecture ne peut donc exister sans la coopération entre plusieurs collectivités, et, au sein de ces collectivités, plusieurs services, sans compter une nécessaire articulation avec l’État. Aujourd’hui, la lecture publique n’est une compétence obligatoire que pour l’État et les départements ; les Régions soutiennent, pour la plupart, l’économie du livre (éditeurs et libraires) ; quant aux salons et festivals, ils sont souvent cofinan-cés par plusieurs collectivités et l’État (via les Drac). Cet écosystème fragile est aussi très poreux : le numérique le modifie en permanence, tous les arts et les domaines du savoir et de la connaissance le nour-rissent. Comment organiser un débat permanent autour de l’avenir du livre et de la lecture ? Et, surtout, comment mettre en œuvre une véritable coopération ? En

2002, une proposition de loi (réactualisée en 2006) fut votée à l’unanimité par l’As-semblée nationale pour créer des établis-sements publics de coopération culturelle (EPCC). Conçu comme un espace d’éla-boration de partenariats entre des collec-tivités et l’État, mais aussi avec la société civile, l’EPCC est aujourd’hui peu utilisé dans le secteur du livre et de la lecture ; seules les régions Centre et Bretagne ont opté pour ce statut concernant leur struc-ture régionale pour le livre et la lecture.Jugé parfois très lourd dans sa gestion, ne laissant pas suffisamment de place à l’avis des professionnels, l’EPCC peut pourtant rendre les politiques en faveur du livre et de la lecture cohérentes et donner une vision globale de cet écosystème, tout en rappelant que l’unique préoccupation des pouvoirs publics doit être l’émancipation du citoyen.

Les structures régionales pour le livre et la lecture – peu importe leur statut – ont vocation à rappeler cette évidence, en particulier dans un moment où les débats pourraient porter à croire qu’il y a concur-rence entre les collectivités. L’avenir du

livre et de la lecture nécessite un projet commun, et donc une concertation permanente.En septembre 2013, le Comité national de liaison des EPCC éditait un texte intitulé Pas de politique culturelle sans coopéra-tion, dont le dernier paragraphe semble toujours d’actualité :« La question de savoir s’il faut plus ou moins de décentralisation (administra-tive) dans le secteur culturel ne trouvera sa pertinence que si elle ne se traduit pas seulement dans un principe de gestion, comme le simple transfert des subventions de l’État aux collectivités territoriales. La réponse s’inscrit nécessairement dans une approche plus globale en termes d’enjeux et d’articulations entre les différentes échelles de territoires, de discernement des logiques industrielles et/ou sociétales, et de responsabilités partagées entre les acteurs en présence. »

º www.culture-epcc.fr

un espace de coopération : la Fédération interrégionale du livre et de la lecture (Fill)

À la rencontre des politiques du livre des Régions et de la politique menée par l’État, la Fill est à la fois espace d’obser-vation, de débat, d’analyse, de proposition et d’action.En 2014, elle rassemble 22 structures régionales pour le livre, des établissements nationaux (BnF, BPI), des asso-ciations (comme Images en Bibliothèques) et des conseils régionaux (Aquitaine, Île-de-France, Limousin, Pays-de-la-Loire, Paca).Lieu de l’interprofession, plate-forme unique fondée sur la concertation et la mutualisation, en liaison notamment avec les associations nationales d’élus et les services culturels de l’État, la Fill a pour objet de travailler au développement équilibré de l’accès au livre et à la lecture, à l’évaluation et à l’optimisation des politiques culturelles, autour de 3 missions principales : mettre en valeur au niveau national des politiques régionales du livre et de la lecture dans leurs diversités ; favoriser et enrichir le dialogue entre les élus, les

services culturels des collectivités territoriales et de l’État, les institutions nationales et l’ensemble des professionnels du secteur ; susciter et animer le débat sur l’accès au livre et à la lecture, autour de problématiques communes, en proposant des solutions pragmatiques.

La Fill réunit ses membres autour de commissions théma-tiques régulières et rassemble sur son site internet de nombreux outils et ressources réalisés ensemble :

º www.fill.fr.

Vous y trouverez également la liste et les coordonnées des structures adhérentes, ainsi que des partenaires institutionnels.

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Les Régions et la culture : nouveau contexte, nouveaux enjeux

Karine Gloanec Maurin, vice-présidente de la Région Centre, ancienne comédienne et adminis-tratrice dans le spectacle vivant, préside la Commission Culture de l’ARF (Association des Régions de France). Elle répond ici à nos questions concernant la réforme des Régions et ses futurs effets.

Pages de Bretagne : Le livre, la lecture et la littérature ne sont pas, ou rarement, évoqués dans les débats autour de la réforme territo-riale, pourtant cet « écosystème » dépend de politiques émanant de diverses collectivités et de l’État. Comment l’ARF voit-elle la possi-bilité de construire une politique globale et cohérente en faveur de ce secteur qui touche à la culture, à l’économie, au social, à l’enseignement ?

Karine Gloanec Maurin : Cela soulève la question épineuse de la présence de la dimension culturelle dans les textes présentés au Parlement. Dans le texte sur la nouvelle organisation territoriale de la France, la clause de compétence générale est supprimée sauf pour la culture, le sport et le tourisme. Durant l’été 2014, à l’occasion du CCTDC (Conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel), la commission culture de l’ARF a rédigé un texte sur l’utilité des compétences obligatoires des Régions. Ce texte très important contribue à l’élaboration de la future loi sur la création et le patri-moine. La loi de décembre 2013 a ouvert la possibilité de déléguer

des compétences de l’État aux collectivités territoriales. Ainsi, la Bretagne, qui est en pointe dans ces revendications, a demandé de prendre en charge le livre, le cinéma et le patrimoine culturel immatériel.

PdB : Comment la coopération peut-elle être effective et efficace entre des collectivités et l’État, mais aussi entre des secteurs qui n’ont pas, ou peu, l’habitude de collaborer (la culture, l’économie, le social, etc.) ?KGM : Les relations entre les collectivités et l’État passent aujourd’hui notamment par le CCTDC, qui regroupe onze associa-tions d’élus et permet à la fois le dialogue avec l’État – notamment avec la ministre en fonction – et le dialogue entre les différentes collectivités. Les Régions ont déjà les compétences économiques, la gestion des lycées, de la jeunesse et la formation professionnelle, la promotion des langues régionales. Elles sont très attentives à la ques-tion de l’intermittence, dans le but de conforter l’emploi des artistes. Nous sommes au travail et extrêmement vigilants face à toutes ces

Livre et lecture en Bretagne, un outil de coopération culturelle

Livre et lecture en Bretagne est un établissement public de coopération culturelle (EPCC) fondé en 2008 par la Région Bretagne, l’État (Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne), les départements des Côtes-d’Armor, du Morbihan, du Finistère, d’Ille-et-Vilaine, de Loire-Atlantique et la communauté d’agglomération de Rennes Métropole.Livre et lecture en Bretagne intègre concrètement les profession-nels dans la construction de ses projets par le biais d’un comité d’émergence. Constitué de 21 professionnels représentatifs de la filière du livre et de la lecture, il donne son avis sur les orienta-tions et les activités de l’établissement.Les questions relatives à l’organisation et au fonctionnement de l’établissement sont traitées par un conseil d’administration composé de 17 membres : 12 représentants des institutions fondatrices, 3 personnalités qualifiées et 2 représentants du personnel.Livre et lecture en Bretagne est adhérent à l’Association du Comité national de liaison des EPCC qui a été créée le 9 avril 2013 après avoir fonctionné durant 10 ans sous forme d’un grou-pement professionnel. L’association regroupe aujourd’hui une vingtaine de structures, associant les directeurs et les admi-nistrateurs, dont la vocation est d’échanger, de confronter et de partager leurs expériences, en particulier avec les collecti-vités territoriales. Sa configuration interdisciplinaire (tous les secteurs culturels et artistiques y sont présents) facilite la mise en commun des réflexions autour d’une question centrale : le service public de la culture :

º http://www.culture-epcc.fr

Le statut de d’établissement public de coopé-ration culturelle a été créé par une loi du 4 janvier 2002, réactualisée en 2006. Il permet d’associer plusieurs collectivités territoriales et l’État dans l’organisation et le financement d’équipements culturels ou de centres de ressources.

Livre et lecture en Bretagne est également adhérent :

à la Fédération interrégionale du livre et de la lecture (FILL)

º http://www.fill.fr

à Images en bilbliothèques

º http://www.imagesenbibliotheques.fr

à l’Association des bibliothécaires de France

º http://www.abf.asso.fr

à l’Association pour la coopération des professionnels de l’infor-mation musicale

º http://www.acim.asso.fr/

à Films en Bretagne

º http://www.filmsenbretagne.com

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Karine Gloanec Maurin

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Bretagne

vers une délégation de compétences

jean-Michel Le Boulanger, vice-pré-sident de la Région en charge de la culture, a bien voulu répondre à nos questions concernant les déléga-tions de compétences culturelles à venir pour la Bretagne, une grande première en France.

« Tout d’abord, je ne voudrais pas saucis-sonner les choses. Les futures délégations de compétences s’inscrivent dans une logique globale, celle d’une volonté poli-tique décentralisatrice, affirmée par la Région, en Bretagne. Cela touche divers domaines. En ce qui concerne la culture, les discussions avec le ministère de tutelle

ont commencé en 2013. Il en est ressorti que la Bretagne aurait un rôle de Région pion-nière pour la décentralisation culturelle. Nous avons ensuite profité de la discussion autour du Pacte d’avenir pour la Bretagne pour concrétiser ces avancées. L’accord de principe a été obtenu du Premier ministre, le 13 décembre 2013, à Rennes. Ce que nous considérons comme une première phase de cette régionalisation concerne la déléga-tion de compétences à la Région Bretagne des secteurs du livre, du cinéma et du patri-moine culturel immatériel. Si tout va bien, la convention, qui comprendra la définition d’objectifs partagés et de moyens accordés, sera signée avec la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, à l’automne prochain, et ce sera une grande première en France. Les moyens jusqu’alors alloués à la Drac Bretagne dans ces secteurs seront délé-gués à la Région. Concrètement, cela signi-fie pour les porteurs de projets dans ces

domaines une simplification administra-tive évidente, puisqu’ils auront un dossier à déposer au lieu de deux. Certains peuvent y voir un risque. Mais il s’agit d’une délégation de compétences, donc l’État peut toujours être sollicité. Sur le fond, on rapproche le centre de décision des partenaires et cela permet à la Région de prendre plus de poids. C’est une bonne chose, car, si l’on peut comprendre qu’un État garde la maîtrise des grandes politiques régaliennes, il est absurde qu’il ait à décider quant à l’octroi d’une subvention de 1 500 euros à un salon du livre, par exemple. Mais je le répète, pour nous, il s’agit d’une première étape dans un processus de régionalisation et de décen-tralisation bien plus vaste. Par ailleurs, la Région Bretagne a décidé de sanctuariser son budget de la culture, pour la seconde année consécutive, en 2015. Elle sera l’une des seules Régions dans ce cas. »

évolutions. À propos d’économie, rappelons que des études ont mis en évidence l’impact énorme de la culture sur le développement local.

PdB : La réforme territoriale ne serait-elle pas une occasion de décloi-sonner les politiques, d’agir avec une vision globale ? Le citoyen n’est pas fractionnable, il forme un tout et, pour rester dans le domaine du livre et de la lecture, il a non seulement besoin d’apprendre à lire et à écrire, mais aussi de se construire grâce à la rencontre avec des œuvres, de pratiquer la lecture et l’écriture. 7 % de la population fran-çaise âgée de 18 à 65 ans est touchée par l’illettrisme et pourtant ces personnes ont bien appris à lire et à écrire à l’école.Les politiques culturelles des Régions prennent-elles suffisamment en compte l’affaiblissement de la pratique de la lecture approfondie qui permet de structurer une pensée au-delà de l’immédiateté ?

KGM : Basés sur le seul volontariat des élus locaux, les financements conjoints ont permis la construction d’un modèle culturel que beau-coup nous envient. Mais avec la crise, ce qui, hier, a fait sa force, peut demain faire sa faiblesse. Notre souhait est de profiter de la réforme pour aller de l’avant en clarifiant les compétences, pour plus d’effica-cité, mais aussi pour que le citoyen s’y retrouve. La fragilité grandis-sante des acteurs de l’économie de la culture agit comme un signal d’alarme. La compétence partagée, c’est-à-dire la possibilité pour chacun d’agir, ou plutôt de ne pas agir, a vécu ! Nous recherchons les moyens juridiques pour associer partage de compétences et obliga-tions. La Région a vocation à se positionner sur la structuration du secteur et l’aménagement culturel du territoire. Les établissements publics de coopération intercommunale et les communes sont appe-lés à gérer les structures culturelles et les services de proximité, et à accompagner les initiatives citoyennes.Les départements étant appelés peu à peu à s’effacer, la question se pose : quid de la lecture publique ? Les Régions sont aptes, je le crois, à prendre cette compétence, quitte à la déléguer aux intercommuna-lités qui le désirent. Les Régions sont toutes impliquées depuis des années dans le livre et la lecture. Leurs interventions s’appuient sur un réseau structuré d’agences ou d’associations. Je salue le rôle de

la Fill, qui permet la mutualisation des initiatives et avec qui nous travaillons en étroite collaboration.De la création à la diffusion, les Régions soutiennent donc la chaîne du livre (première industrie culturelle en France !), l’économie du livre et la vie littéraire : les résidences d’artistes, les éditeurs, les imprimeurs et les librairies indépendantes, les prix littéraires… Allez sur les salons du livre, vous y verrez des stands sous des bannières régionales. Enfin, l’achat des livres dans les lycées constitue un réel soutien économique.Les Régions revendiquent dès lors de pouvoir gérer les crédits du CNL ou des Drac. Cela aura également l’intérêt de limiter les doublons. C’est ce que permettrait la délégation de compétences.Un mot sur le numérique. Bien des questions se posent sur l’évolu-tion du livre et de la lecture face aux nouvelles technologies. Toutes les Régions ont mis en œuvre des dispositifs de recherche dans ce sens. Beaucoup reste à faire, à élaborer et à inventer. Et quand il faut inventer, trouver des moyens de faire autrement en faisant bouger les lignes, j’ai tendance à dire que c’est tant mieux !Les Régions sont concernées par l’illettrisme, notamment autour des actions d’insertion. Les missions locales ont la possibilité d’agir grâce aux FSE (Fonds sociaux européens). Les Régions font de la lecture un outil essentiel sur leurs territoires. Grâce, par exemple, aux nombreuses résidences d’artistes, avec des auteurs qui interviennent auprès des jeunes les moins « lettrés ». Je connais les difficultés que rencontrent les associations de lutte contre l’illettrisme, du fait de la contrainte des appels d’offres qui les mettent parfois en concurrence. Mais c’est une obligation légale qui nous est faite, et les difficultés sont inhérentes au lancement d’une compétence formelle.D’une manière générale, dans cette période d’incertitude, je tiens à rassurer les artistes et la filière du livre et de la lecture. Les Régions considèrent la culture comme un enjeu majeur, et tout sera fait pour que non seulement elle soit toujours considérée comme telle, mais qu’elle se développe.

Propos recueillis par Gérard Alle

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Politiques municipales du livre

Comment les municipalités prennent-elles en compte l’évolution du secteur du livre et de la lecture dans un contexte économique difficile ? david Constans-Martigny, chargé de mission de l’AMGvF (Association des maires des grandes villes de France) répond à nos questions.

Pages de Bretagne : On constate depuis plusieurs dizaines d’années un affaiblissement de la pratique de la lecture chez les Français. Estimez-vous que les politiques culturelles des villes prennent suffisamment en compte cette donnée ?

David Constans-Martigny :Absolument ! Les dispositifs nombreux de soutien aux librairies indépendantes mis en œuvre par les grandes villes viennent complé-ter les dispositifs mis en œuvre par l’État par le biais du CNL. Ces dispositifs couvrent l’essentiel des difficultés des libraires, par la structuration de la profession (accompagnement individuel des libraires – implantation, transmission, plafonnement des loyers, construction d’un dispositif d’aide à l’emploi qui tienne compte de la spécificité des libraires, aide à l’association locale des librairies afin d’accomplir un rôle d’accompagnement) ou par l’adaptation et la correction des effets de marché (Chèques-Livres, régulation par des médiateurs, accompagnement en termes de communication en direction du grand public pour expliquer le rôle des librairies indépendantes, partenariats sur une carte de remise ciblée sur un public spécifique). L’action des villes passe aussi par une réponse urbaine qui implique la maîtrise des valeurs commerciales, les poli-tiques de préemption, les exonérations fiscales et la délimitation de secteurs sauvegardés.Toulouse, par exemple, à la suite de la fermeture, en février 2012, de la librairie Castela, a ainsi développé un ensemble de mesures très complet. Des mesures commerciales ont été adoptées, qui ont pour objectif de maintenir des équilibres entre centre et périphérie, dans le cadre de la révision du Plan local d’urbanisme (Plu) ; et le contenu des cahiers des charges ou la lourdeur des procédures lors de l’attribution de marchés publics ont été repensés. Des réflexions sont par ailleurs en cours sur le plafonnement des loyers pour les librairies labellisées, en fonction de la spécificité de leur activité et non de l’offre et de la demande, sur le modèle des baux ruraux.L’agglomération de Clermont-Ferrand exonère, quant à elle, les librairies indépendantes de la taxe professionnelle depuis plusieurs années.La Ville de Paris, enfin, a mis en place le plan « Vital’Quartier » dans l’objectif de maintenir le commerce de proximité, et de lutter contre les quartiers dégradés. La Ville de Paris s’appuie sur un aménageur qui est chargé de l’acquisition des murs commerciaux, de la rénovation, de la mise aux normes et de la commercialisation avec un loyer adapté (la moitié du prix du marché).Ces actions en faveur des librairies indépendantes viennent confor-ter les actions en faveur de la lecture publique mises en œuvre par les bibliothèques municipales, dont les agents (fonctionnaires de la Ville ou de l’État) multiplient les dispositifs d’accès au livre, notam-ment vers les écoles.

PdB : L’accès au livre, à la lecture et à la littérature pour les citoyens dépend de l’action de plusieurs secteurs : l’éducation, la lecture publique, l’économie (les librairies…), le social (la lutte contre l’illet-trisme…). Comment les villes et les agglomérations peuvent-elles prendre en compte cette transversalité ?

DCM : Les outils commencent de se mettre en place : le Projet éduca-tif territorial (PEDT), pour le primaire, est venu compléter les outils existants dédiés à mettre ensemble les différents acteurs publics dont le rôle est le service aux citoyens le plus en difficulté (le Contrat urbain de cohésion sociale (Cucs), par exemple, qui assure la cohé-rence des projets mis en œuvre par différents acteurs sur un même territoire). Ce n’est cependant en général pas seulement l’accès au livre qui préoccupe les élus, mais l’ensemble des actions culturelles, sportives, associatives… qui va rendre la vie des habitants des villes plus facile et favoriser leur vie ensemble sur un espace partagé.

PdB : N’y a-t-il pas une tentation, quand les élus se préoccupent de lecture publique, de construire des bibliothèques, parce qu’un bâti-ment, surtout s’il est conçu par un architecte de renom, ça se voit, mais en oubliant qu’une bibliothèque, ce sont des services et que cela nécessite un budget de fonctionnement ?

DCM : Se poser cette question revient à méconnaître la diversité des décisions d’un conseil municipal : le maire, ses adjoints et ses conseillers traitent d’un très grand nombre de questions qui peuvent être dédiées, de manière plus ou moins ciblée, plus ou moins impor-tante, à la lecture publique. La construction d’une bibliothèque – qui ne se fait tout de même pas chaque année – ne peut occulter les actions nombreuses engagées par les maires en faveur de toutes les composantes de la lecture publique [cf. la première question].

PdB : Ne risque-t-on pas de renoncer à la démocratisation de la culture faute de moyens, en particulier dans le secteur du livre et de la lecture, qui n’a rien de « spectaculaire », alors que 7 % de la popula-tion française âgée de 18 à 65 ans est touchée par l’illettrisme ?

DCM : La démocratisation de la culture prend diverses formes, dont la lecture publique est l’un des ferments. La lecture publique vient coconstruire un réseau très complexe d’accès aux œuvres sensibles et de génération de la création dont les tenants relèvent aussi bien de l’État que des collectivités, des professionnels, que des utilisateurs de ce bien public qu’est la culture. Il semble donc restrictif de n’asso-cier à l’accès de tous à la culture que la lecture publique, comme de considérer que l’on renonce à la démocratisation de la culture parce qu’on consacre des moyens (certes, en diminution, mais il s’agit là d’un autre débat, lié à la baisse des dotations de l’État aux collectivi-tés) à d’autres expressions de la culture.Les opérations « spectaculaires », lorsqu’elles sont lancées, corres-pondent par ailleurs à des besoins bien précis, identifiés au terme de nombreuses études d’intérêt général. Elles relèvent bien souvent de la mutualisation de ces besoins à l’échelle de l’agglomération (ou même, plus largement, de la mise en réseau de ces besoins à l’échelle de plusieurs villes ou agglomérations) de manière à en partager les coûts entre tous les utilisateurs, et ne viennent pas au détri-ment d’autres actions mais le plus souvent en complémentarité de l’existant.

Propos recueillis par Christian Ryo

david Constans-Martigny

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Perpignan

Livre numérique et territoire

Le 16 juin 2014 s’est déroulée au palais des Rois de Majorque, à Perpignan, une journée organisée par Languedoc-Roussillon livre et lecture, destinée aux professionnels du livre et aux élus, afin d’échanger et de débattre à partir d’expériences régionales en matière de livre numérique, mais aussi sur la façon dont la filière livre dans ses multiples dimensions irrigue le territoire. Emmanuelle Massart, directrice du réseau intercommunal de lecture publique - médiathèque Georges Canguilhem (Castelnaudary Lauragais Audois), nous en fait le compte rendu.

La matinée, consacrée aux impacts du livre numérique sur les professionnels et les publics, est introduite par Christine Ferrand, de Livres Hebdo, qui évoque autant les perspectives funestes de frac-tures numériques que celles d’un avenir radieux permettant un accès au livre partout et pour tous. Elle replace la ques-tion du livre numérique dans le contexte global d’un recul des pratiques de lecture et pointe la région Languedoc-Roussillon comme un bon observatoire, un laboratoire de tendances. Six intervenants de la famille du livre – libraires, bibliothécaire, éditeurs et auteur – ont témoigné sur leur expé-rience, leur questionnement et leur analyse de la place du livre numérique dans leur pratique. Si les interventions successives ont bien montré des problématiques spéci-fiques de chaque activité, elles ont aussi fait apparaître des analyses et des préoccupa-tions communes aux différents maillons de la chaîne du livre, souvent présentes

également dans la présentation du prési-dent du Centre national du livre, Vincent Monadé.

Des pratiques encore limitées

Les pratiques d’achat et de lecture de livres numériques sont encore très limitées en France : elles représentent 3 % du marché de l’édition (contre 20 % aux États-Unis) et les usages sont essentiellement liés à l’empêchement d’accéder au livre papier (pour des raisons physiques ou géogra-phiques). ou à des temps de mobilité. Si les achats de livres numériques augmentent rapidement, ils restent principalement le fait de grands lecteurs qui ne suffisent pas à créer un marché. La complexité technique d’une « guerre de standards » a pu être un frein et il demeure, en bibliothèque, des réticences professionnelles à travailler à l’introduction ou au développement du livre numérique. Mais ce sont avant tout

les restrictions des DRM (liées à une peur professionnelle infondée, selon Marion Mazauric, directrice des éditions Au diable vauvert, qui s’y oppose en inscrivant l’uni-vers du livre dans une culture du partage) et le problème du prix (qui reste supérieur à celui d’une édition de poche) qui sont poin-tés comme freins. In fine, c’est surtout l’éro-sion générale du lectorat dans un contexte de concurrence des loisirs qui représente le principal problème posé à la chaîne du livre, un enjeu qui dépasse donc le numérique.

Un modèle économique qui se construit

Tous les intervenants font le constat d’une économie instable, mais les libraires appa-raissent comme les plus fragiles dans le bouleversement numérique qui tendrait à supprimer les intermédiaires. La menace du monopole d’Amazon est souvent revenue dans les discours ; une situation qui serait

Livre et territoiredivERSitÉ dES tERRitOiRES, AdAPtAtiON AuX tERRitOiRES...Si LES quEStiONS qui AGitENt LE MONdE du LivRE Et dE LA LECtuRE dÉBORdENt tRèS LARGEMENt LES FRONtièRES tANt NAtiONALES quE RÉGiONALES, EN PARtiCuLiER POuR tOut CE qui tOuCHE Au NuMÉRiquE, iL ESt AuSSi iMPORtANt dE CONStAtER quE LA viE LittÉRAiRE Et L’ÉCONOMiE du LivRE S’iNSCRivENt dANS dES RÉALitÉS tERRitORiALES tRèS vARiÉES. C’ESt LA CAPACitÉ d’AdAPtAtiON à CES « PARtiCuLARitÉS LOCALES » qui CONtRiBuE à LA vitALitÉ dE CEt ÉCOSYStèME. EN LANGuEdOC-ROuSSiLLON Et EN ALSACE, LES StRuCtuRES RÉGiONALES PROPOSAiENt RÉCEMMENt dES RENCONtRES SuR LE tHèME : « LivRE Et du tERRitOiRE ». MAiS C’ESt AuSSi à tRAvERS dES dÉMARCHES qui CONduiSENt à iNitiER dES CONtRAtS dE PROGRèS Et, SuRtOut, à MAiNtENiR uNE COOPÉRAtiON ENtRE tOutES LES iNStitutiONS qui OEuvRENt à SOutENiR LE SECtEuR du LivRE, dE LA LECtuRE Et dE LA CRÉAtiON LittÉRAiRE quE CEttE vitALitÉ SE MAiNtiENdRA.

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Emmanuelle Massart

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améliorée par une solution globale, comme en Allemagne où libraires indépendants et Amazon jouent à égalité. Cette fragilité est compensée par la démarche de sécuri-sation juridique (loi sur le prix unique du livre et TVA à taux réduit) qui a un temps fait de la France une réfractaire au livre numérique. Vincent Monadé précise que c’est au niveau européen que doivent inter-venir les grandes batailles, avec un risque réel pour la chaîne du livre lié aux clauses des traités internationaux sur la protection des investissements. Dans une économie du livre numérique qui n’est pas encore installée, qu’ils fassent le choix d’un projet personnel – comme Jean-Marie Sevestre pour Sauramps – ou jouent la carte du regroupement (Leslibraires.fr) – comme Yves Mandagot à la librairie Le Parefeuille, à Uzès (Gard) –, les libraires ont pointé aussi l’achat cumulatif : livre numérique et livre papier ne se concurrencent pas mais se renforcent.Les maisons d’édition ont très vite intégré les formats numériques et, qu’elles soient tout en ligne (pure player) – comme EBK (collectif fondé par quatre éditeurs pour un logiciel de création et de diffusion d’ebooks, à Montpellier) – ou « hybrides » – comme Au diable vauvert –, elles sont une vingtaine (sur les 110 de la région) à avoir un cata-logue numérique en Languedoc-Roussillon. La présence de certaines d’entre elles sur le salon numérique a permis de tester la mani-pulation de ressources et de rencontrer des bibliothécaires utilisateurs. Marion Mazauric souligne que le marché du livre numérique est marqué par une grande complexité (ainsi, avec l’application de trois TVA différentes), mais aussi par une grande disparité de poids selon les éditeurs : plus important dans les sciences humaines, il représente, pour Au diable vauvert, 10 % de ventes supplémentaires. Pour tous, il a un impact en termes de masse salariale et de renégociation de contrats, et nécessite un investissement de départ parfois violent mais qui a été largement accompagné par le CNL et la région Languedoc-Roussillon.

Un territoire d’expérimentation

Émergeant, le livre numérique est un champ d’expérimentation, subi ou choisi, pour tous les acteurs.Le Web est un territoire d’écriture pour les

auteurs, comme le montre Serge Bonnery, qui, au-delà de son blog L’Épervier incas-sable 1, a présenté quelques exemples de sites d’auteurs : François Bon, Laurent Margantin, Isabelle Pariente-Butterlin, dont les expériences ne relèvent pas forcé-ment du livre mais ne se situent pas contre lui, sont « à ses côtés ».L’expérimentation marque évidemment les éditeurs, dans l’enrichissement des livres (liens hypertextes, audio ou audio-visuels, manuels scolaires interactifs, enrichissements en langue des signes ou répondant à d’autres besoins spécifiques, etc.), dans leurs formats (élaboration de feuilletons, formats courts adaptés aux usages de lecture actuels), mais aussi dans leur promotion (conception d’événements, interviews d’auteurs, « bandes-annonces », etc.). Expérimentateurs et novateurs, les éditeurs se positionnent résolument du côté du livre et non de l’application ou du jeu.La question de la recommandation apparaît particulièrement cruciale pour rendre le livre visible dans un univers numérique où elle se fait de pair à pair, où les canaux de prescription habituels ne sont pas opérants et nécessitent d’inventer de nouveaux modes, notamment grâce au recrutement de gestionnaires de communauté (commu-nity managers).Les bibliothèques, elles aussi, expérimen-tent, dans le mode de prêt (expérimentation PNB [prêt numérique en bibliothèque] à Grenoble et Montpellier, prêts de liseuses, etc.), mais aussi dans les médiations (à Narbonne, heures du conte avec des tablettes), pour lesquelles Sylvain Panis, directeur du réseau du Grand Narbonne, souligne un enjeu de séduction du jeune public.

Préserver la famille du livre, développer les relations

Au premier rang des points de rencontre entre ces différents acteurs apparaît le souci de préserver la famille du livre, le constat d’un renforcement mutuel du papier et du numérique, ainsi que d’un renouvellement des échanges autour du livre. Le renforcement des liens librairies/bibliothèques (elles représentent 5 % du

1 – http://sergebonnery.wordpress.com

marché du livre au plan national), mais aussi éditeurs/librairies, dans le mouve-ment d’avènement du livre numérique est plusieurs fois relevé. Au-delà de ces liens interprofessionnels, les intervenants soulignent l’importance de la librairie et de la bibliothèque comme lieux d’échanges, de rencontres et de sociabilité autour du livre, numérique ou non, un enjeu de lien social qui dépasse la possibilité du numérique de s’affranchir des contraintes physiques. Pour Olivier Tourtois, d’EBK, la « protec-tion » du livre papier est largement liée au maillage territorial en librairies et biblio-thèques. Après un état des lieux et une signature de la charte des manifestations littéraires en Région, l’après-midi était organisé en quatre ateliers permettant d’ap-préhender les enjeux du livre sur le terri-toire régional : Économie du livre, Emploi et formation dans le secteur livre, Portails et outils numériques, Intercommunalité et bibliothèques 2.À l’heure des réformes territoriales, ce dernier atelier a largement désigné l’éche-lon intercommunal comme pertinent et comme une chance de développement pour la lecture publique. Mais élus et bibliothé-caires ont aussi fait état de la complexité et de la diversité des solutions dans le cadre intercommunal : prise de compétence sur un établissement central uniquement ou sur l’ensemble des bibliothèques du terri-toire, mission de coordination, aide sur l’informatique ou l’animation... A été souli-gnée aussi la nécessité de ne s’emparer de la lecture publique qu’avec un projet et des moyens pour la mise en réseaux ainsi que la réflexion essentielle sur l’intercon-nexion des réseaux départementaux et intercommunaux.Christine Ferrand clôt la journée avec optimisme, notant que le temps du rejet et de la fascination face au numérique semble dépassé, mais que demeurent de nombreuses interrogations concernant la préservation du droit d’auteur, de la diversité de la création, de la place des médiateurs.C’est sans doute là, dans la médiation et dans l’importance donnée à la sociabilité autour du livre, numérique ou non, que peut se faire la reconquête du lectorat, enjeu principal pour toute la famille du livre.

2 – www.lr2l.fr/actualites/retour-sur-la-journee-le-livre-et-le-territoire.html

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Les contrats de progrès

En septembre 2012, la Fédération interrégionale pour le livre et la lecture proposait, en partenariat avec le service Livre et lecture du ministère de la Culture et de la Communication, un séminaire intitulé « Les contrats de filière du livre en régions ». Il s’agissait de faire le point sur ces contrats très usités dans certains secteurs (agroalimentaire, industrie, nouvelles technologies), mais encore peu fréquents dans le secteur de la culture, et du livre en particulier. Le Limousin, l’Alsace, l’Aquitaine et le Languedoc-Roussillon ont pu témoigner de contrats mis en œuvre ou en préparation, ce qui a permis de mettre en évidence que le mot « filière » n’était pas le mieux adapté au secteur du livre et de la lecture, dont les acteurs sont souvent très hétérogènes. Néanmoins, l’intérêt de formaliser les articulations entre ces acteurs, de mettre en évidence leurs interactions, d’agir de manière concertée pour le maintien et le développement de leurs activités est apparu. Une publication a fait suite à ce séminaire, intitulée Contrat de progrès pour le livre, mode d’em-ploi ; éditée par la Fill, elle donne des éléments de méthode pour aboutir à ce type de contractualisation.Depuis, la Bourgogne, la Lorraine et le Nord–Pas-de-Calais se sont engagés dans la mise en œuvre de contrats de progrès.

Pour en savoir plus :

º www.fill.fr/fr/contrat_de_progres_pour_le_livre_mode_d_emploi

Alsace

La Confédération de l’illustration et du livre – Région Alsace (Cil) organisait à Sélestat, les 14 et 15 octobre 2014, la première édition des Journées alsaciennes du livre, intitulées « Le livre et le terri-toire », et dédiées à tous les acteurs de la filière. Au programme, des débats et des communications sur les structures régionales pour le livre, la propriété intellectuelle, la diffusion-distribution, les biblio-thèques en tant qu’acteurs économiques, la diversité du travail édito-rial, numérique et proximité, l’illustration comme outil d’enquête et de reportage, communiquer autrement autour du livre par les événe-ments et les réseaux sociaux, littérature jeunesse et questions de société. La conférence inaugurale était assurée par Fatou Diome.

º www.cilalsace.com

Le Centre national du livre contractualise avec les Régions

Dès sa nomination en tant que président du CNL, Vincent Monadé s’est engagé à contractualiser avec les Régions qui le souhaitent. Cette contractualisation porte prioritairement sur le soutien à la librairie indépendante. Conscient que les critères exigés pour béné-ficier des aides actuelles du CNL pouvaient ne pas convenir à de nombreuses librairies indépendantes de proximité installées dans des zones éloignées de toute offre de livres, il a entamé un tour des Régions. La Bretagne, l’Aquitaine, le Centre sont les trois premières qui, très probablement avant la fin de l’année 2014, signeront un contrat de ce type avec le CNL.

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Picardie

La littérature, un remède contre l’illettrisme ?

En 1981, le vocabulaire français s’enrichissait d’un nouveau mot : illettrisme. Ce néologisme, créé par Atd quart Monde, découvrait alors une réalité insupportable dans une société héritière des trente Glorieuses, où depuis près d’un siècle l’instruction était obligatoire et où la politique culturelle se structurait sur les territoires depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. trente ans après, l’illettrisme n’est pas enrayé, et les mutations sociétales amènent à toujours adapter les moyens de la lutte.

En 1981, des populations invisibles d’ou-bliés étaient ainsi révélées au grand jour, sans pour autant que chacun puisse leur donner un nom, un visage. Les études qui se sont succédé depuis vont mettre en évidence les causes et les conséquences de l’illettrisme en France, et identifier les typologies d’individus. Longtemps, derrière l’illettrisme, étaient identifiées des situa-tions, certes proches, mais dont les origines et les résultantes étaient différentes. Encore aujourd’hui, la confusion est maîtresse dans les esprits. Se retrouvent ainsi assimilés à l’illettrisme l’analphabétisme et le français langue étrangère (FLE).

Un échec collectif

L’illettrisme désigne les personnes qui, après avoir été scolarisées en France, n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, des compé-tences de base, pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante 1. À la différence de l’analphabétisme, qui concerne les personnes qui n’ont jamais

1 – Source ANLCI – Agence nationale de lutte contre l’illettrisme.

été scolarisées. On parlera également de FLE (français langue étrangère) pour les nouveaux arrivants qui ne parlent pas la langue. Il s’agit alors pour eux d’apprendre la langue du pays où ils résident. L’illettrisme concerne donc des personnes qui sont passées au travers des dispositifs éducatifs. Regarder l’illettrisme, c’est alors regarder notre propre échec collectif.Il est bon de rappeler que, selon la dernière enquête, 7 % des personnes de 18 à 65 ans sont en situation d’illettrisme en France, soit 2 500 000 personnes en 2011 contre 3 100 000 en 2004. Cette nouvelle étude précise que 15 % des personnes interrogées et scolari-sées en France ont de graves difficultés de calcul, et 18 % pour au moins un des quatre domaines mesurés (lecture, compréhen-sion, écriture et calcul) 2.Cela étant posé, il convient de préciser que, tout en étant en situation d’illettrisme, il est possible de vivre en société et d’avoir un emploi (51 % des personnes en situation d’illettrisme ont un emploi). Seulement, l’as-censeur social se grippe fortement, faute de pouvoir suivre une formation appropriée à

2 – Enquête Information et Vie quotidienne (IVQ), ANLCI, 2011-2012.

l’acquisition de nouvelles compétences.Longtemps, pour parler d’illettrisme, le vocabulaire usité se voulait très proche du monde médical. On parlait alors de maux, de malaise, de fléau, ou encore de handicap. Et pour résoudre le mal, étaient employés les termes de soins, remèdes, solutions ou actions curatives.

La littérature comme médiation

Si aujourd’hui nous parlons de personnes en situation d’illettrisme, il s’agit non pas de verser dans une novlangue qui épure-rait le sens des mots et cacherait le drama-tique d’une situation, mais bien au contraire d’éclairer la capacité d’une personne à quit-ter la condition dans laquelle elle se trouve pour aller à la rencontre de l’autre et donc d’elle-même.Comme en témoigne la multiplicité des informations qui nous parviennent, notre monde est fondé sur l’écrit. Ne pouvoir être en capacité de comprendre et de sélection-ner ces informations ramène la personne à un état de dépendance d’un tiers et plus généralement d’exclusion du champ social.

Pour une vraie démocratisation de la lecture, du livreet de la littérature

thierry ducret

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Dans une société où la tradition de la littérature tient une place de premier plan, l’illettrisme est vu comme une tache inacceptable et contre laquelle il convient de lutter. Or, la littérature, au-delà de la tradition qu’impose un regard historique, nous est inaccessible si nous n’en maîtrisons pas les codes linguistiques et narratifs.Sans posséder ces codes, sans être en contact avec l’altérité, comment la littérature peut-elle être bénéfique pour une personne en difficulté avec l’écrit ?La littérature porte en elle une dimension de médiation. Si lire, c’est aller à la rencontre de l’autre, de son univers et de soi-même, c’est aussi faire apparaître des voyages en soi et prendre conscience que ces voyages sont soi-même. Il est manifeste que les ateliers d’écriture sont le lieu d’une expression proche d’une démarche psychologique. Pour autant, tout l’enjeu est de passer du « je » autocentré au « il », signe d’ouverture, afin d’amener chacun à se porter vers un ailleurs.

Pour une dynamique d’intégration

Dans le cadre d’une démarche d’apprentissage de la lecture, l’objectif est de faire naître le sentiment d’appropriation des textes. La tenta-tion serait grande d’aller sur un champ connu et pratique (décoder des formulaires administratifs, par exemple). Mais pour aller vers la lecture, il faut mener la personne vers le plaisir et l’évasion, mettant le réel à distance. Pour autant, l’étude des œuvres est l’occasion d’un dialogue et d’un retour sur soi et son environnement.La place de la lecture à haute voix est, à cet effet, tout aussi singu-lière. Il ne s’agit pas de conduire une lutte efficace contre l’illet-trisme, mais de permettre la rencontre, au travers d’une histoire, d’un imaginaire, avec soi-même. La lecture à haute voix permet ainsi de mobiliser l’écoute, de générer un dialogue autour d’une histoire, de créer un raisonnement. Ces actions visant des personnes de tous âges, éloignées de l’écrit et du livre, concourent à porter de l’émotion et du partage. À partir de cela, la lecture à voix haute contribue à amener les adultes à affronter leurs difficultés face à l’écrit. Le choix de la littérature enfantine n’est pas anodin, car, devant les difficul-tés, c’est l’enfant en chacun qui s’exprime, dans ce qu’il a de plus lumineux comme de plus obscur. Or, pour la personne qui ne sait pas lire, l’illettrisme est honteux. Sont donc utilisées des stratégies de contournement. Tout l’enjeu (et la difficulté), pour les structures d’accompagnement, est alors de repérer ces personnes, de les faire venir dans une démarche volontaire.Fondamentalement, à cette logique d’exclusion doit répondre une dynamique d’intégration qui s’exprime dans un environnement ouvert avec l’ensemble des acteurs de la médiation et de l’inser-tion. Il s’agit de montrer que ces écosystèmes peuvent interagir les uns avec les autres et que la mise en réseau des acteurs permet une

réponse efficace à l’illettrisme (mission locale, association de remé-diation, rectorat, bibliothèque, etc.). Si la littérature n’est certes pas le remède absolu à l’illettrisme, elle permet d’apporter du sens et à la personne de se construire un appareillage critique pour mieux abor-der le monde.

Si, comme nous l’avons rappelé, l’illettrisme conduit à une exclu-sion du champ social et culturel, l’ensemble des acteurs joue un rôle essentiel dans la coconstruction et la mise en œuvre des pratiques de lutte. À tel point que l’on peut considérer que l’objectif est alors de faire mentir Béralde, qui déclare dans Le Malade imaginaire : « Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leurs maladies. »

Thierry Ducret, directeur du CR2L PicardieAvec Julien Dollet, chargé de mission Développement de la vie littéraire

Franche-Comté

illectronisme, café-lecture et précarité

L’Accolad (Agence régionale de Franche-Comté, lecture, audiovi-suel et documentation) a réalisé un état des lieux des structures d’aides contre l’exclusion concernant la lecture et la culture, ainsi qu’un état des lieux des bibliothèques municipales et de leurs actions menées auprès des publics en situation pré-caire, ouvrant sur la question : quels partenariats et interactions possibles seraient à mettre en place entre ces bibliothèques et ces structures d’aides ?

À la suite de cet état des lieux, un colloque « Illettrisme, illec-tronisme : déceler, prévenir, agir » a été organisé, pour tenter de répondre à ces questions :1 – Comment la maîtrise des TIC peut-elle faciliter l’accès à l’écrit et à la connaissance ? En quoi son absence peut-elle constituer un risque de discrimination sociale ?2 – Comment lutter contre l’illettrisme et l’illectronisme, et favori-ser l’insertion des populations en situation d’exclusion sociale ou professionnelle ?

Leitura furiosa – lectures sur la scène de la Maison de la culture d’Amiens © JM Faucillon

Chantal Fontaines

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Fracture électronique

Il est avéré que les fractures sociales, socié-tales et électroniques sont une réalité, véri-table barrière d’insertion et d’intégration dans la vie publique des citoyens en situa-tion de précarité.Quelques exemples suffisent pour comprendre le simple manque d’accès à l’information :Les populations marginales ou étrangères parlent le français mais ne le lisent pas, d’où l’existence d’une fracture entre le parler et la lecture/écriture au quotidien : faire les courses, recevoir des courriers, etc. Réalité d’une fracture électronique : aujourd’hui, tous les citoyens sont incités à utiliser l’e-administration dans chacune de leurs démarches, notamment les services de Pôle emploi ; or, peu d’entre eux y sont formés ou peuvent l’utiliser ; de même, le parler avec accent (étranger) peut aboutir à un rejet lorsqu’il s’agit d’une boîte vocale.La représentation que ces personnes en situation précaire se font de l’attitude à adopter, du comportement à avoir, de la tenue vestimentaire adaptée, pour entrer dans un lieu culturel compte énormé-ment pour eux en tant que barrière. Les commerces sont beaucoup plus directs dans leur communication (se référer, comme exemple, à la publicité pour les McDonald’s : « Venez comme vous êtes » !). Il est donc nécessaire de casser les codes d’accès que

les personnes en situation d’exclusion se représentent avant de pouvoir pénétrer dans un tel lieu, d’autant plus, pour eux, s’il s’agit d’un endroit « culturel ».

Cultures du cœur ?

Un autre exemple significatif, celui de « Cultures du cœur » : des billets d’entrée pour des spectacles (théâtre, cinéma, concerts, etc.) sont offerts aux personnes inscrites dans les structures d’aide : les responsables se sont vite aperçus qu’ils n’étaient pas utilisés à cet effet, par défaut de médiation. Là encore, il faudrait inté-grer les codes de pénétration des lieux de « culture », ce qui ne se fait pas de façon innée : on doit tenir compte du déplace-ment à faire (quel trajet, en bus, etc.), des parents qui accompagnent et doivent payer leur(s) places(s), etc. Les moindres investis-sements financiers deviennent importants lorsqu’on dispose de très peu de ressources. Par contre, des prestations non program-mées, comme celle du Centre chorégra-phique national (danse contemporaine et sans « folklore ») ou une lecture de contes se déroulant à l’intérieur de la structure d’aide et pendant les heures d’ouverture de la banque alimentaire, éveillent la curiosité voire la participation de quelques-unes des personnes présentes.Les rencontres avec les associations travaillant en direction des personnes en

situation précaire ainsi que l’état des lieux ont permis de mettre en place une biblio-thèque « solidaire ». L’Accolad a suggéré aux bibliothèques de Franche-Comté de réserver des ouvrages en très bon état, d’in-térêt général et actuel lors de leurs désher-bages, afin de les collecter pour constituer une bibliothèque « solidaire ». La première bibliothèque sise aux Restos du Cœur a ainsi été ouverte à tous les bénéficiaires de cette structure d’accueil. La création du « café-lecture », situé près de la distribution de café, a engendré une certaine convivialité du lieu. Les bibliothèques se sont jointes à cette action, notamment par l’acquisition spéci-fique de livres et revues en langue étrangère ; en effet, une évolution récente fait qu’un grand nombre de nouveaux demandeurs arrivent des ex-pays de l’Est. Différents ateliers (informatique, par exemple) ont été mis en place.Il apparaît qu’un accompagnement, une médiation sont absolument nécessaires pour aider les bénéficiaires à profiter simple-ment des offres qui leur sont présentées (que ce soit un livre, une lecture, une danse, une expression artistique). Il faut tenir compte du besoin des personnes « d’exister » avant d’atteindre le besoin de « se cultiver ».

Chantal Fontaines, Accolad

Suggestion bibliographiqueLa Fracture numérique, Pascal Plantard, FYP éditions, 2011

Champagne-Ardenne

Le livre et la lecture en prison : une nécessité ?

Lire est un droit, que l’on conserve même lorsqu’on est privé de liberté. En prison plus qu’ailleurs, la lec-ture offre un espace

de contemplation, une « bulle » dans un environnement où l’on n’est jamais seul. Plus qu’ailleurs, la lec-ture y nourrit l’esprit autant qu’elle remplit les heures1. ici, le témoi-gnage de delphine Henry, chargée de mission et coordinatrice inter-bibly, en Champagne-Ardenne.

Lire est aussi un vecteur de réinsertion, ce qui est d’autant plus vrai lorsque la bibliothèque est attractive et accueille

des rencontres d’écrivains ou des ateliers d’écriture. Or, renouveler et faire vivre une bibliothèque en prison n’est pas chose aisée. Les partenariats avec les bibliothèques publiques permettent au moins le prêt de livres et la formation des détenus bibliothé-caires. Selon les disponibilités du personnel et les conditions d’accès en détention, ce service est rendu de manière inégale, bien souvent remis en cause malgré les textes réglementaires, mais absolument néces-saire là où les services pénitentiaires d’in-sertion et de probation (Spip), chargés de l’acquisition des livres, disposent de moyens dérisoires.La mutualisation est une réponse à ces difficultés, et, là où elles ont conservé cette mission, les structures régionales pour le

livre jouent un rôle essentiel : espace de partage d’expériences et de dialogue, elles sont naturellement le lieu où des projets communs peuvent se mettre en place.

Un écrivain en prison

En Champagne-Ardenne, l’association Interbibly intervient depuis vingt ans en faveur de la lecture en prison : d’abord direc-tement puis en accompagnant les biblio-thèques territoriales. En 2013-2014, à la suite d’une enquête de la Fill sur les dispositifs d’aide du CNL en faveur des bibliothèques carcérales, Interbibly a proposé à ses parte-naires de travailler à la constitution de dossiers régionaux de demandes de subven-tions au CNL, à raison de trois bibliothèques bénéficiaires par dossier. Les bibliothèques

1 – Emprunt à la lettre ouverte d’écrivains britanniques à Chris Grayling, secrétaire d’État, qui a proposé en novembre 2013 que les envois de livres aux prisonniers soient interdits.

delphine Henry

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de Châlons-en-Champagne, Chaumont et Bar-sur-Aube (pour Clairvaux) se sont mobilisées aux côtés des Spip pour le montage du premier dossier, porté par Interbibly. L’important soutien du CNL a permis à chaque bibliothèque carcérale de recevoir 220 livres. Le partage des tâches et la constitution d’une liste commune d’acquisi-tions ont permis de dépasser le problème du manque de temps.Ce travail collectif a également réservé de belles surprises. En 2013, un écrivain, lui-même ancien détenu, a été accueilli dans les trois établissements pénitentiaires durant le festival Parcours d’auteurs d’Interbibly. Ses livres avaient été achetés dans le cadre du dossier CNL et mis à la disposition des détenus.À Châlons, il a fourni l’occasion de mettre en place tout un programme autour d’un axe « dedans/dehors » : grâce à l’obtention d’autorisations de sortie, des détenus (accompagnés) ont pu se rendre à la bibliothèque du centre-ville pour visiter deux expositions.

Par la suite, les détenus bibliothécaires du quartier des hommes ont bénéficié d’un cycle de formation à la bibliothèque municipale, où ils ont été identifiés comme des stagiaires ordinaires et bien accueillis par les agents sensibilisés au préalable par leurs collègues. Témoignage de Caroline Oudart, bibliothécaire à Châlons-en-Champagne : « Autour d’un café, avant qu’ils ne repartent le dernier jour, ils nous disent : “Merci, vous êtes vraiment très gentilles”. Est-ce gentil, vraiment ? Oui, car toute occasion de sortir est bonne à prendre. Non, car c’est un projet construit qui leur a permis de mieux comprendre le travail à faire dedans. »Si nécessité il y a, elle est à chercher du côté des acteurs du livre et de la lecture : il faut agir, selon ses moyens et malgré les obstacles, pour faire respecter le droit de l’accès aux livres en prison, pour que la lecture soit partout publique.

º www.interbibly.fr

Paca

L’interculturalité en question

depuis les années 1980, la « diversité » occupe le devant de la scène. Exception culturelle, diversité culturelle, dialogue interculturel, multiculturalisme… Ces expressions, parfois source de confusion, témoignent de l’effort des politiques publiques à prendre en compte la complexité des réalités sociales contemporaines, en France et dans le monde. Ameline Habib, assistante d’information à l’Agence régionale du Livre de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, revient ici sur les actions menées en ce sens en Paca.

Située au cœur d’une région traversée par de multiples cultures, l’Agence régionale du Livre Paca a initié un travail au long cours sur l’interculturalité comme moyen de promouvoir le dialogue entre les cultures, la compréhension mutuelle et le respect des spécificités (individuelles et collectives) – bref, un meilleur « vivre ensemble ». Il s’agit d’identifier les contours d’un sujet majeur souvent considéré avec distance par les professionnels du livre, et d’encourager ces derniers à s’interroger sur leurs pratiques, leurs métiers et leurs rôles en tant qu’acteurs culturels.Par diversité culturelle, on entend la reconnaissance de toutes les particularités attribuées à une culture (langues, religions, traditions, histoires, modes de vie, etc.). Facteur de cohésion sociale, de déve-loppement durable et de stabilité, elle se trouve aujourd’hui au cœur des préoccupations politiques nationales et internationales.La notion d’interculturalité dépasse cette seule reconnaissance de la diversité. Elle met l’accent sur ce qui peut être mis en commun, ce qui est « entre », ce qui relie, circule, s’hybride… L’interculturalité désigne un processus dynamique d’échanges qui survient lorsque deux ou plusieurs cultures interagissent de façon horizontale et synergique ; la différence culturelle n’est plus envisagée comme

La mission Lecture/justice au sein de Livre et lecture en Bretagne

Au sein de Livre et lecture en Bretagne une chargée de mission travaille auprès des sept établissements pénitentiaires : elle veille au bon fonctionnement des bibliothèques et des partenariats avec les bibliothèques municipales et départementales. Par ailleurs, des actions de médiation sont aussi menées. En 2012 et 2013, des auteurs de bande dessinée ont ainsi pu rencontrer les personnes détenues et leur proposer des ateliers. Publications et expositions (en partenariat avec le festival Quai des Bulles de Saint-Malo, lire en page 39) ont permis de rendre visible hors-les-murs ce travail mené sur plusieurs mois. D’autres actions sont lancées ou en cours : prêt de liseuses, mise en place d’espaces Facile à lire, résidence d’écrivain...

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Ameline Habib

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une menace, mais comme un enrichissement réciproque. « Ce sont des hommes qui dialoguent, dans le flux de leur vie quotidienne et professionnelle » (Hélène Hatzfeld 1). Et de préciser avec Sylvie Grange : « “Interculturel” désigne ce qui se joue dans un monde en mouvement : des pratiques sociales et culturelles qui se mixent, des métiers qui évoluent dans la mise en œuvre de processus partagés, des acteurs qui acquièrent une nouvelle légitimité. »

Des textes de référenceLes acteurs socioculturels et institutions patrimoniales peuvent s’appuyer sur des textes de référence (disponibles en ligne) :– Unesco : Déclaration universelle sur la diversité culturelle (2001) ; Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (2005) ; Déclaration de Hangzhou – Mettre la culture au cœur des politiques de développement durable (2013).– Conseil de l’Europe : Convention-cadre du Conseil de l’Europe sur la valeur du patrimoine culturel pour la société (2005), dite « convention de Faro ».Dans son Plan d’action 2014-2015, le Conseil de l’Europe se fixe notamment de « tirer parti de la diversité culturelle afin de générer une citoyenneté locale et européenne ».Au niveau national, le ministère de la Culture et de la Communication a largement contribué à la définition de la diversité culturelle. Ainsi, depuis 2010, un groupement d’intérêt scientifique intitulé « Institutions patrimoniales et pratiques interculturelles » (GIS Ipapic) est chargé de mettre en réseau des institutions patri-moniales (archives, musées, bibliothèques, médiathèques), labora-toires de recherche et associations, pour mener – à partir du levier interculturel – un travail collectif de réflexion critique.Mais ces démarches ne se font pas sans poser de questions, en particulier celle de la compatibilité avec le modèle républicain : comment concilier la reconnaissance d’une diversité de cultures avec l’esprit universaliste qui guide le service public ?

Interculturalité et monde du livre

La diversité culturelle est aujourd’hui communément admise et défendue, mais le concept d’interculturalité doit encore se traduire en actions concrètes. C’est pourquoi l’ArL Paca a établi en 2013 – en partenariat avec la médiathèque d’Aubagne, la Bibliothèque départementale des Bouches-du-Rhône (BDP 13), l’ABF Paca et le Cobiac – un cycle triennal intitulé « Interculturalité et monde du livre ». Dans ce cadre, plusieurs actions ont été menés :– une journée interprofessionnelle (mars 2013) en présence de

bibliothécaires et d’acteurs associatifs ;– un dossier thématique paru dans Dazibao no 38, revue profession-

nelle de l’ArL Paca (automne 2013) ;– un voyage d’études à Paris à la découverte du festival Le Maghreb

des livres et du musée de l’Histoire de l’immigration et sa média-thèque spécialisée (février 2014) ;

– une formation intitulée « L’interculturel : intégrer cette dimen-sion dans le projet de la bibliothèque » organisée par la BDP 13 (juin 2014) ;

– un voyage professionnel à Lyon pour le 80e congrès mondial de l’Ifla (août 2014) ;

– une rubrique « Interculturalité » sur le site internet de l’ArL Paca : bibliographie, ressources, initiatives…

1 – Hélène Hatzfeld est chercheuse, spécialiste des questions interculturelles au minis-tère de la Culture et de la Communication, initiatrice du GIS Ipapic. Toutes ses citations sont issues des dossiers « L’interculturel en actes », paru dans Culture et Recherche no 128 (printemps-été 2013), et « Interculturalité et monde du livre », paru dans Dazibao no 38 (automne 2013).

Des professionnels peu concernés

Si l’interculturalité préoccupe largement le milieu associatif en Paca (en particulier au sein de l’agglomération marseillaise), les professionnels du livre semblent peu concernés. À la question : « Comment favorisez-vous les relations interculturelles dans vos pratiques professionnelles ? », rares sont les réponses…Citons néanmoins, côté édition, quelques structures repérées pour leurs activités à caractère interculturel : Actes Sud (collections de littératures étrangères), Noir au blanc (auteurs francophones d’Océanie), L’Atinoir (écrivains d’Amérique latine), Vents d’ail-leurs (livres venus des cultures d’ailleurs), Le Port a jauni (albums jeunesse bilingues français-arabe). Sans oublier L’Oiseau Indigo, diffuseur des éditeurs du monde arabe et africain.En bibliothèque, l’interculturalité constitue un angle d’approche pertinent pour appréhender les collections, l’action culturelle, la médiation, etc., à condition toutefois d’y associer les publics (ou usagers-citoyens) et de reconnaître la dimension culturelle dont ils sont porteurs. Donc, de développer une médiation qui ne soit pas seulement descendante, mais qui agisse dans les deux sens. À condition aussi de réfléchir à la façon dont les établissements constituent et animent leurs fonds (livres en quelles langues ? Ou quelles traductions ?), de porter attention aux langues comme vecteurs de culture et non comme simples outils de communica-tion. Enfin, il convient d’insister sur l’importance du travail avec les associations et acteurs de terrain. À cet égard, signalons l’initiative de la médiathèque de La Penne-sur-Huveaune, près de Marseille : depuis quinze ans, en collaboration étroite avec le centre de culture ouvrière (CCO), qui gère une aire d’accueil des gens du voyage, les bibliothécaires proposent sur le terrain des activités régulières autour du livre (espace livres pour les enfants, heure du conte, ateliers éducatifs, etc.). Ces animations, qui s’adressent à tous, favorisent le croisement entre cultures sédentaire et nomade. Le but étant de tisser des liens avec la population tzigane pour l’inciter à « oser » se rendre à la médiathèque.

En réalité, les initiatives citoyennes, associatives et profession-nelles à portée interculturelle ne manquent pas ; ce sont surtout les publications analysant et relayant ces expériences qui font défaut. Quant aux collectivités publiques et établissements culturels, ils se trouvent bien souvent pris dans une réalité complexe, entre appel à la tolérance et tentation du repli identitaire. Au point que certaines bibliothèques œuvrent pour l’interculturalité sans pouvoir l’affir-mer ouvertement, privilégiant des expressions consensuelles telles que le « développement des publics ».En l’absence de mobilisation tangible du monde du livre en faveur de l’interculturalité, l’ArL Paca a fait le choix de poursuivre son modeste travail de fonds consistant à sensibiliser, informer, accom-pagner les professionnels, à défendre le livre et la lecture comme expérience de l’altérité et ouverture sur le monde.

ArL Paca :

º www.livre-paca.org

GIS Ipapic :

º www.ipapic.eu

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Nouvelle-Calédonie

des militants du livre

La politique de la lecture publique en Nouvelle-Calédonie, confrontée à un environnement complexe et contrai-gnant, se heurte à un ensemble de difficultés, liées principalement au déséquilibre entre les zones urbaines et ru-rales. des points lecture existent depuis plusieurs années, néanmoins, ceux-ci se révèlent fragiles et insuffisants. il a fallu mettre en place des structures pérennes et mieux adaptées aux besoins du terrain. C’est le cas avec la bibliothèque Bernheim et la Maison du livre de Nouvelle-Calédonie, qui encouragent et initient un foisonnement d’initiatives.

Née en 2007 et opérationnelle depuis 2009, la MLNC (Maison du livre de Nouvelle-Calédonie) est une association qui regroupe les principaux acteurs du livre du territoire (associatifs, privés ou publics) pour déve-lopper une politique concertée en faveur du livre et de la lecture, la filière étant dans une situation préoccupante. Son siège est à Nouméa, dans la Maison Célières, une demeure centenaire classée et entièrement rénovée. La MLNC y développe les missions d’une structure régionale du livre : promou-voir les écrivains, publications et évène-mentiels littéraires, aider à l’instruction des demandes d’aides, favoriser l’utilisation

des langues du pays. Plus globalement, la MLNC développe une action à l’export et favorise la mise en réseau avec des struc-tures similaires : adhésion à la Fédération Interrégionale du livre et de la lecture depuis 2012 et approche « de territoire à terri-toire », notamment avec Livre et lecture en Bretagne.L’action de la MLNC rayonne sur l’ensemble du territoire (les trois provinces) en s’ap-puyant sur son réseau d’associations, les acteurs de la lecture publique et des outils dédiés comme le pôle « Lire un pays… la Nouvelle-Calédonie » avec sa librairie itiné-rante, mais également les paniers littéraires,

le passe livres (bookcrossing), les rési-dences, les ateliers et stages de formation.

Un réseau de lecture publique efficace

Après avoir connu un essor considérable pendant quelques années, le secteur du livre calédonien rencontre de grandes difficultés : peu de structures professionnelles d’édition, un marché trop exigu et des difficultés à s’ex-porter (les faibles tirages rendent les livres trop chers), et plus largement un manque de moyens. La MLNC a pour partenaires le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, les

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trois provinces (Sud, Nord, îles Loyauté), la Mission aux affaires culturelles (représen-tant le ministère de la Culture) et la Ville de Nouméa. Elle travaille en lien avec de nombreux acteurs du livre, dont les princi-paux relais de lecture publique sur le terri-toire que sont la bibliothèque Bernheim, les médiathèques du centre culturel Tjibaou, Rivière-Salée, Koonnê et Poindimié/Pwêêdi Wiimîâê, les organisations de lutte contre l’illettrisme, les libraires, les associations d’écrivains, d’éditeurs et de diffuseurs, etc. Elle a la chance de pouvoir s’appuyer sur un réseau de lecture publique très dynamique et efficace. Les accords de Nouméa ont acté l’administration du pays en trois provinces, ce qui a permis le développement de projets territoriaux spécifiques. Par exemple, la Province Nord dispose aujourd’hui de plus d’ouvrages par habitant que les autres régions, et bénéficie de la présence de deux bibliobus et d'une librairie itinérante qui vont jusque dans les villages les plus reculés. Les initiatives se multiplient pour l’accès au livre des tout-petits, notamment en langues kanak.

Les mercredis à la case

Pôle associé à la BnF, bibliothèque patrimo-niale de Nouvelle-Calédonie, la bibliothèque Bernheim aide l’ensemble des bibliothèques du pays à se développer. Dans ce cadre, les bibliothèques du réseau Bernheim initient ou accompagnent de remarquables actions de proximité, notamment en direction des

tribus et des tout-petits, dans le sillage de Marie-Adèle Jorédié, pionnière de ce type d’initiatives.À l’université, Simeï Paala, directrice de la médiathèque du Nord (qui fête ses 10 ans cette année), se prédestinait à être profes-seure d’histoire ou documentaliste. Après la licence, elle a postulé à un job d’été, en tant qu’aide-bibliothécaire au sein de la bibliothèque Bernheim, à Nouméa. Une équipe se constituait, qui allait faire vivre la future médiathèque en construction à Poindimié/Pwêêdi Wiimîâê, en Province Nord, sa province d’origine. Quand on lui a proposé de faire partie de l’aventure, elle n’a pas hésité une seconde : « Aujourd’hui, mon travail consiste avant tout à “désacra-liser” le livre, à rendre la lecture et l’objet-livre accessibles à tous. Par exemple, nous travaillons dans les centres médico-sociaux, les garderies, dans les médiathèques, à des séances “Bébé-lecteur”. » Les lectures se font en langues kanak, les traductions d’al-bums sont effectuées avec les enfants et les mamans. Un abécédaire en langue xârâcùù, AbcderKaasé, a été édité. La desserte en livres vise les écoles de la Province Nord, là où il n’y a pas de bibliothèque. Elle se fait en deux phases : le dépôt de livres, et un moment de lecture partagée avec les enfants, des classes de maternelle, princi-palement. Les agents locuteurs lisent ou content en langues vernaculaires. « Une fois par mois, on effectue des prêts directs, grâce au bibliobus, dans la tribu de Câbâ, qui habite dans une vallée, à 30 km de Poindimié/

Pwêêdi Wiimîâê. Une autre desserte aboutit au village de Hienghène, sur le marché du mardi matin. » « Les mercredis à la case » sont des activités manuelles autour du livre et de la lecture, proposées en tribu. Cette action est essentiellement menée sur la côte ouest et dans la zone de la deuxième annexe de la bibliothèque Bernheim, implantée dans la ville de Koné/Koohnê. « Nous desservons également des points lecture qui sont des petites bibliothèques en tribu, gérées par des associations. Nous organisons des tour-nées de contes, de théâtre, d’auteurs, des projections de films, des concours de slam, des débats, des concours d’écriture et des activités manuelles. » Ainsi, un concours de contes et de nouvelles à destination des classes de maternelle et du primaire. Le but est de publier deux textes (écriture et illus-trations produites par les élèves), traduits en « langues », avec l’aide de la Defij (la Direction de l’enseignement, de la forma-tion, de l’insertion et de la jeunesse). « Nous recevons, depuis 2004, Ânûû-rû âboro (“l’ombre de l’homme”, en langue paîci), Festival international du cinéma documen-taire, et nous participons également à l’or-ganisation du Silo (Salon international du livre océanien). Les principales difficultés auxquelles nous sommes confrontés sont l’étendue du territoire de la Province Nord et l’accès parfois difficile, à cause de l’état de la route, à certaines écoles dans les montagnes et les vallées. Pas facile pour notre petite équipe. Mais nous sommes encouragés par l’accueil que nous réservent les enfants et les instits. Cela fait dix ans que la média-thèque du Nord existe et nous voyons l’effet de nos actions. Par exemple, les 12-13 ans qui étaient inscrits à la médiathèque et parti-cipaient aux différentes activités, on ne les a plus revus à l’adolescence, mais quand ils ont vingt ans, on les voit revenir. »

G. A. (avec l’aide précieuse d’Anne Bihan et Jean-Brice Peirano)

º www.bernheim.nc

º www.maisondulivre.nc

Lectures d’albums lors des dessertes dans les écoles©Bibliothèque Bernheim

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Échappées bulles

L’exposition de bandes dessinées « Échappées bulles » est le résultat d’interventions d’auteurs de BD auprès des détenus. Elle a été réalisée en 2013 par Livre et lecture en Bretagne, dans le cadre du dispositif culture/justice, et circule toute l’année. De janvier à décembre, elle visite les sept établissements pénitentiaires bretons, dans les services pénitentiaires d’insertion et de probation (Spip), dans les bibliothèques partenaires et autres lieux liés à la culture et à la vie des prisons. Après avoir été présentée à Saint-Malo, Rennes et Saint-Brieuc, elle est actuellement à la biblio-thèque du centre pénitentiaire de Brest. L’exposition a été également présentée à Saint-Brieuc, dans le cadre du salon

de la bande dessinée Bulles à croquer, partenaire du projet.À Rennes-Vezin, « Échappées bulles » était durant tout le mois d’avril en même temps au sein de la prison et dans les locaux de la médiathèque de Vezin-le-Coquet, où elle a donné lieu à l’organisation d’une soirée débat sur la question de la culture en prison, en partenariat avec l’association Génépi.

Bretagne

Les espaces Facile à lire

Facile à lire est un concept qui vient des pays du nord de l’Europe et du Canada où il est très présent. il a pour but de mieux intégrer les publics en difficulté avec la lecture dans les bibliothèques. deux espaces Facile à lire ont été mis en place en 2013 en Bretagne, dans les bibliothèques de quimper Communauté. En 2014, l’expérience s’étend dans la région.

Les Easy to read squares sont des espaces bien identifiés à l’intérieur de la bibliothèque et pourvus d’un mobilier adapté (livres en facing, pas de cote, des livres de fiction identifiés par thèmes, une collection de livres et autres documents choisis : livres audio, magazines).Il s’agit d’abord d’identifier les freins à l’accès au livre et à la lecture pour les publics les plus en difficulté avec l’écrit. Les codes de la bibliothèques sont souvent des « repous-soirs », il faut donc non seulement agir sur le choix des ouvrages présentés, mais aussi sur la manière de les « mettre en scène », et, surtout, expérimenter de nouvelles formes de médiation avec des partenaires en contact direct avec les personnes les plus « éloignées » du livre et de la lecture (associations de réinsertion, maisons des familles, centre sociaux-culturels, CCAS...)La démarche, soutenue par Livre et lecture en Bretagne, laisse place à pas mal de souplesse, chacun l’adaptant au lieu et au public. Par exemple, en ce qui concerne les biblio-thèques de Quimper Communauté, les ouvrages concernés ne sont pas regroupés dans toutes les bibliothèques, mais ils sont toujours signalés par un logo. Ainsi, à la bibliothèque de Penhars, Facile à lire concernera plutôt les adultes. Comme l’indique François Rosfelter, chargé de sa mise en

œuvre, « la constitution de cet ensemble doit faire une large part à l’expérimentation : c’est un laboratoire ». La sélection des ouvrages pour cet espace est difficile : il s’agit d’un vrai travail de professionnel. À Quimper, on a choisi de présenter sans distinction documentaires et romans, le plus possible en facial sur les tablettes inclinées des rayonnages.« Facile à lire est avant tout destiné au grand public, ce n’est pas un lieu spécifiquement constitué pour les personnes handicapées ou en situation d’illettrisme, même si elles peuvent facilement y trouver leur place. Les ados peuvent aussi y trouver nombre d’ouvrages les intéressant. »La politique documentaire concernant Facile à lire fait l’objet d’une fiche jointe aux autres fiches thématiques dans le cadre du travail de redéfinition de la politique documen-taire. Pour ce faire, il s’inspire de nombre des préconisa-tions qui figurent dans le document Des espaces Facile à lire dans les bibliothèques de Bretagne ?, créé par Bibliopass, entreprise bretonne spécialisée dans le conseil en matière d’accessibilité.

º www.livrelecturebretagne.fr/facile-a-lire

Médiathèque de Penhars, Quimper

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Le livre numérique au coeur de la diversité littéraire

La révolution numérique fait entrer le monde du livre dans une situation d’urgence en multipliant les questionnements. Comment la diversité éditoriale – cette fameuse bibliodiversité – pourra-t-elle s’épanouir dans un nouvel environnement contrôlé par des géants de l’informatique et du commerce en ligne ? Comment les libraires et les bibliothécaires, ces fameux prescripteurs de la diversité, seront-ils des relais dans l’univers numérique ? quels chemins empruntera la création pour travailler aux livres de demain ? quelle place pour le livre et la lecture dans la concurrence frontale entre les produits culturels ? Aurélia Bollé, chargée du numérique au MOtif, se fait ici l’écho de tous ces questionnements.

Comme avant lui la musique, le livre connaît la dématérialisation sous l’effet des innovations technologiques. La manière de le produire, de le promouvoir et de le vendre change complètement. À l’heure des réseaux sociaux, de l’immédiateté, de l’accessibilité, on travaille la recommanda-tion, la visibilité sur le Net, la tarification, les métadonnées, l’enrichissement. On ne parle plus de livre mais de contenus, on lui adjoint des vidéos, des liens hypertextes, des interviews, de l’image animée… On remodèle des contenus éditoriaux. Les maisons d’édition embauchent de nouveaux profils, des personnes formées au webmar-keting et au community management. Le livre numérique serait-il porteur d’une révo-lution en gestation ? En apparence, car le grand chambardement se situe davantage dans l’apparition de nouveaux acteurs qui bousculent l’industrie du livre, contrôlent les canaux de vente, et dans l’ADN du numérique qui est défavorable au livre. Le monde virtuel est une vaste plate-forme d’échanges, de services et de sollicitations qui laisse peu de place à l’immersion dans la lecture et avive la concurrence entre les produits culturels. Le livre y trouvera-t-il sa place ?

Une transition en douceur

Du côté de l’offre, les éditeurs mettent progressivement en place les nouveaux process pour diffuser une offre attractive en numérisant leurs fonds et en proposant simultanément leurs nouveautés en papier et en numérique. L’offre commerciale dispo-nible est évaluée à 200 000 titres en 2013 par le SNE. Selon le cabinet KPMG, toutes les grandes maisons d’édition (de plus de 20 M€ de CA) ont une offre de livres numé-riques. Les autres suivent le mouvement, surtout celles dont le CA est compris entre 5 et 20 M 1.L’interprofession s’attelle par ailleurs à la question du prêt en bibliothèque de livres numériques, avec la mise en place du PNB (prêt numérique en bibliothèque), qui est en phase de test. La clause numérique est désor-mais intégrée dans les contrats d’édition. Les circuits de production et de commercia-lisation sont opérationnels. Les éditeurs ont en grande partie rempli le cahier des charges qui leur a été dicté par l’avènement du numé-rique. Du livre papier au livre dématéria-lisé, qu’il s’agisse des modes de fabrication ou de promotion, l’offre a entamé sa mue numérique.

1 – Source KPMG : Baromètre 2014 de l’offre de livres numériques en France, mars 2014 www.kpmg.com/FR/fr/IssuesAndInsights/ArticlesPublications/Documents/Barometre-2014-KPMG-Offre-de-livres-numeriques-en-France.pdf

Les stratégies d’adaptation

Les entretiens qui ont nourri notre dernière étude, Pratiques d’éditeurs : 50 nuances de numérique 2, nous livrent plusieurs ensei-gnements sur les stratégies éditoriales pour s’adapter à l’environnement numérique. Que nous disent les éditeurs interviewés ? Que c’est un moyen de diffusion supplémentaire à leur disposition et qu’ils sont en mesure de proposer leurs nouveautés dans les deux formats (papier/numérique). Ils voient aussi dans le numérique la possibilité de donner une seconde vie à des titres et à des auteurs oubliés de leur fonds. C’est là une réelle opportunité : valoriser un catalogue, travail-ler sur les œuvres complètes des auteurs de la maison, réfléchir à des corpus de textes et à la syndication de contenus à partir de ce fonds. À noter également, les incursions et les expérimentations éditoriales du format court qui s’inscrivent dans une réflexion sur la lecture en mobilité dans un contexte de forte concurrence entre les offres de divertissement.À l’heure actuelle, le livre numérique pour les maisons de littérature générale est majo-ritairement un livre numérisé avec, au cas par cas, des enrichissements (liens hyper-textes, images, voire bonus vidéo). Les livres

2 – Source Le MOTif, mars 2014www.lemotif.fr/fr/etudes-et-donnees/etudes-du-motif/pratiques-d-editeurs-50-nuances-de-numerique/

Le numérique : évolution ou révolution ?Aurélia Bollé

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enrichis, ceux qui offrent une nouvelle expé-rience de lecture, restent une exception en l’absence d’un modèle économique éprouvé.

Acquisition progressive de nouvelles compétences

Le numérique implique l’acquisition de nouvelles compétences professionnelles liées à l’univers internet. Les éditeurs se rapprochent de leur lectorat via les réseaux sociaux et les communautés de lecteurs, décortiquent les goûts de lecture et attentes de leur clientèle, suscitent les interactions : lancement de concours pour recruter des auteurs, jeux-concours pour fidéliser le lectorat, etc. Ils se forment au marketing digital, internet community manage-ment, digital analysis, et embauchent des profils web. Ils proposent des offres promotionnelles pour séduire une clien-tèle d’internautes rétive à payer pour les biens culturels sur le Web. Ils développent leur image et leur visibilité avec des sites dotés de nombreuses fonctionnalités et très éditorialisés qui deviennent un pivot de leur communication. Dans le monde virtuel, où la place pour présenter des ouvrages est bien plus restreinte que dans les devantures des librairies physiques, la visibilité est la clé du succès. Disposer d’un site à jour et bien référencé, organi-ser des campagnes promotionnelles pour s’afficher en une des plates-formes d’e-commerce, développer les métadonnées sur les fichiers, stimuler la demande par des opérations de communication, travail-ler sur le buzz et la recommandation en se rapprochant des blogs influents et des sites de partage de lecture, constituer des bases de données clients… ce sont quelques-unes des nouvelles compétences nées de l’ère

numérique et indispensables pour vendre sur le Web. Côté fabrication, ils ont intégré ce nouveau circuit dans leur programme de production. Le chantier de la formation ne fait que commencer. Mais plus encore que les nouvelles compétences liées au numé-rique, certains pensent que c’est la concep-tion du métier d’éditeur qui doit évoluer.

« La vraie révolution, c’est l’accélération du temps. Le processus éditorial pouvait s’offrir le luxe de la lenteur, mais Internet est un média ultraréactif où une offre peut être constamment améliorée, modifiée, supprimée, réinventée. En caricaturant, le perfectionnisme de l’éditeur peut y devenir mortel », nous a confié un éditeur.

Le numérique : évolution ou révolution ?

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Un chiffre d’affaires ténu sans effet de substitution pour le moment

Du côté de la demande, le marché progresse, mais si lentement qu’on ne peut pas y voir une révolution. Le numérique s’invite à tous les débats : sur l’avenir de la librairie, le droit d’auteur, le poids de la distribution, le piratage, les pratiques de lecture, etc., mais ne pèse aujourd’hui qu’une goutte d’eau dans le marché du livre. Pour rappel, les revenus de l’édition numérique plafonnent à 105 M€e en 2013, ce qui ne représente que 4,1 % du chiffre d’affaires des éditeurs, et seulement 2,3 % si on ne comptabilise que l’édition numérique grand public (hors scolaire, sciences et techniques, médecine et droit) 1.GfK annonce des résultats tout aussi malingres. Selon l’institut, le chiffre d’affaires du numérique s’établit à 44 M€e en 2013 et ne repré-sente que 1,1 % du chiffre d’affaires total du marché du livre 2.L’édition professionnelle est beaucoup plus avancée dans ce chan-tier en raison de la forte concurrence internationale dans le domaine des savoirs, avec des groupes éditoriaux qui proposent des abonne-ments sous la forme de bouquets aux universités et aux institutions. Le portail Cairn créé par un consortium d’éditeurs propose ainsi une offre éditoriale d’envergure et francophone, sous forme numérique, destinée à un public universitaire et de professionnels en France et à l’international.On est encore loin en France d’une déferlante numérique empor-tant dans son sillage le monde éditorial, même si la situation est très variable d’un secteur à l’autre. Ce qui rend notre position singulière par rapport à d’autres pays.En effet, outre-Atlantique, la donne n’est pas la même. Le groupe Hachette estime le marché américain de l’e-book à 22 % en 2013, contre 21 % pour le marché britannique et 1,5 % pour la France. Les deux marchés anglo-saxons sont en phase de stabilisation, explique le groupe. L’absence de forts taux de croissance depuis 2012 semble indiquer les premiers signes de maturité d’un marché qui laisse encore de beaux jours à l’économie du papier. Toujours d’après les prévisions d’Hachette, la pénétration du numérique se situera entre 25 et 35 % aux États-Unis, et à 35 % au Royaume-Uni, en 2017. En France, les livres numériques représenteront entre 10 et 15 % du marché à cette date. La crainte d’une substitution des ventes de livres physiques par le numérique n’est pas avérée. Hachette montre d’ailleurs que ce n’est pas la tendance sur les marchés anglo-saxons. En France, la courbe descendante de l’industrie du livre a de toute façon précédé l’émergence du numérique 3.

Mais ce sont les acteurs du numérique qui imposent leurs règles

C’est une vraie rupture par rapport à la chaîne de valeur du livre telle qu’on la connaît. L’écosystème numérique est détenu par les géants

1 – Source SNE : Repères statistiques 2014 – données 2013www.youscribe.com/catalogue/tous/actualite-et-debat-de-societe/actualite-evenements/statistiques-de-l-edition-du-sne-annee-2013-2462355

2 – Source GfK : Le livre prépare sa mutation, mars 2014www.gfk.com/fr/news-and-events/press-room/press-releases/pages/le-march%C3%A9-du-livre-pr%C3%A9pare-sa-mutation.aspx

3 – Source Hachette Livre Investor Day, mai 2014 (via Aldus)http://aldus2006.typepad.fr/files/invest_day_lagardere_lag_publishing.pdf

de l’informatique, des télécoms et du commerce en ligne, qui font la pluie et le beau temps. Ils imposent leurs technologies et leurs formats, contrôlent les canaux de vente et considèrent que le livre est un produit comme un autre qui n’est pas au cœur de leur business. La multiplication des écrans (ordinateurs, tablettes, liseuses, smart-phones), qui marque l’essor de cette ère digitale, n’est pas favorable à la lecture tant ils proposent de multiples distractions. Les écrans pourraient accélérer une tendance de fond qui voit le lectorat fondre au fil des générations 4.Enfin, l’absence de monétisation probante dans le numérique freine la capacité des éditeurs et des créateurs à proposer des contenus originaux spécifiquement dédiés aux nouveaux terminaux. Pour l’in-dustrie du livre, le défi sera de trouver un modèle économique viable dans ce contexte défavorable.

Quel lectorat demain ?

Qui lit sur les nouveaux supports de lecture ? Les gros lecteurs principalement, répondent en cœur les études sur le sujet. « Les personnes interrogées présentent majoritairement un profil de “grand lecteur” (environ 6 livres par mois) et la moitié, en moyenne, des livres qu’elles lisent sont au format numérique. Plus de la moitié de l’échantillon est composée d’“adopteurs précoces” (lecture de livres numériques depuis plus d’un an). Leur conversion au numé-rique est justifiée par des avantages techniques : quantité de livres embarqués, accès permanent 5. »Un an après cette étude, le baromètre de la Sofia/SGDL/SNE publié pour le Salon du livre reste sur les mêmes tendances : 15 % de la population française déclare avoir lu au moins un livre numé-rique, et les utilisateurs de livres numériques confirment leur profil de grand lecteur puisque 21 % des grands lecteurs lisent des livres numériques 6.La base du lectorat numérique reste très étroite et ne gagne pas de nouvelles catégories de lecteurs. Et ce, malgré la large diffusion des équipements. GfK répartit le marché français des outils de lecture numérique en 2014 de la manière suivante : achat de smart-phones (17 millions d’unités attendues), tablettes (7,5 millions), PC portables (4,1 millions) et liseuses (400 000 unités attendues) 7.La liseuse, meilleur outil de lecture, décroche par rapport aux autres équipements connectés. Quand on sait que sur les tablettes les usages sont très multiples et ludiques, la concurrence ne joue pas en faveur de la lecture. L’industrie du livre rejoint les autres produits culturels sur un terrain déjà fortement concurrentiel et dans un contexte d’érosion structurelle de la lecture. Sur le moyen terme, on peut tout de même parier sur un accroissement naturel des pratiques

4 – Source ministère de la Culture : Les Pratiques culturelles des Français à l’ère numérique, octobre 2009 www.pratiquesculturelles.culture.gouv.fr/doc/08synthese.pdf

5 – Source Le MOTif : Pratiques de lecture et d’achat de livres numériques, janvier 2013 www.lemotif.fr/fr/etudes-et-donnees/etudes-du-motif/pratiques-de-lecture-et-d-achat-de-livres-numeriques

6 – Source 4e baromètre, mars 2014www.sne.fr/img/pdf/Evenements/Assises/Assises-21mars2014/Barometre-SNE-Sofia-SGDL-des-usages-du-livre-numerique-21-03-2014.pdf

7 – Source GfK : Le livre prépare sa mutation, mars 2014www.gfk.com/fr/news-and-events/press-room/press-releases/pages/le-march%C3%A9-du-livre-pr%C3%A9pare-sa-mutation.aspx

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de lecture numérique avec les jeunes géné-rations, dites digital natives. Mais parvien-dra-t-on à les séduire alors que depuis des décennies le lectorat diminue ?

Le dilemme : inventer une nouvelle offre sans modèle économique probant

Si le lectorat tarde à émerger, créateurs et éditeurs sont conscients qu’il faut repenser l’offre à l’aune des nouvelles technologies pour rester dans la course. La montée en puissance de l’équipement des personnes en matériel hautement technologique propice aux usages de lecture en mobilité offre des débouchés pour des offres éditoriales inno-vantes qui font une large place à l’animation et à l’interactivité.Encore embryonnaire, le secteur de la jeunesse et du ludo-éducatif numérique est prometteur. Pour l’instant, l’offre des éditeurs est majoritairement orientée sur des livres homothétiques ; mais un petit catalogue d’applications, emmené par des acteurs pure players et des éditeurs tradi-tionnels, commence à se constituer. Ce format est particulièrement adapté à la lecture sur écran et favorise l’interactivité. L’enjeu pour les éditeurs résidera dans leur capacité à concevoir des contenus spécia-lement adaptés aux nouveaux supports et qui proposeront une alternative crédible à la lecture traditionnelle. Dans le secteur de la bande dessinée, les expérimentations sont nombreuses et le Web devient un maté-riau de création. « La bande dessinée entre dans une nouvelle ère : sur les tablettes, elle devient tactile, sensible. Un terrain de jeux inédit pour des auteurs en recherche de nouveaux modes d’expression », annonce dans son préambule une revue de bande dessinée en ligne. C’est en inventant de nouvelles formes de récit en images, en créant les conditions d’une lecture dyna-mique, que la bande dessinée numérique trouvera son public. Fait étonnant, la créa-tion devient dépendante des évolutions technologiques. Comme le dit un éditeur : « C’est l’arrivée du Kindle d’Amazon qui a créé le marché de la littérature générale ; c’est celle de l’iPad d’Apple, quatre ans plus tard, qui ouvre l’ère numérique pour les livres de photos, jeunesse ou la bande dessi-née. Les évolutions se font hors du champ de

contrôle des éditeurs et des créateurs, mais aussi elles s’accélèrent. »Tous ces projets très séduisants se heurtent cependant à la réalité économique. Les coûts de développement et de maintenance sont élevés et la monétisation des contenus culturels sur Internet aléatoire. L’absence de rentabilité ne permet pas à une offre vaste et diversifiée de s’épanouir. Outre l’absence de modèle économique avéré, le format appli-catif pose une autre question : l’éditeur est-il légitime dans des métiers fortement tournés vers l’animation et les nouveaux médias ?

Des canaux de vente verrouillés

Des acteurs étrangers au secteur du livre accaparent le secteur et disposent d’une force de frappe incomparable. Amazon, qui capterait, selon Xerfi, déjà 70 % de la vente en ligne d’ouvrages imprimés, occupe une position incontournable dans la distribution de livres numériques grâce au succès de sa tablette Kindle et de sa plate-forme de vente d’e-books 1.Le trio Amazon, Apple et Kobo se partage les recettes de la vente de livres numé-riques. Google, avec son système Google Play, est sur les rangs. Ces mastodontes fixent les remises ou les taux de commis-sion, contrôlent les contenus et imposent leurs formats et leurs normes. Ils exigent des producteurs de contenus un investissement technologique lourd en interfaces de gestion, mises à jour, impératifs techniques. Ce sont eux qui mènent la danse… et rendent si diffi-ciles des alternatives portées par des librai-ries numériques indépendantes. Réclamée à grands cris par les acteurs du livre, l’intero-pérabilité des formats pourrait être une solu-tion pour contourner les concentrations du secteur. Mais elle tarde à se mettre en place.

Peu importe le flacon…

Plus que jamais, dans un environnement incertain et versatile, les médiateurs et pres-cripteurs que sont les acteurs de la lecture publique ainsi que les libraires doivent apporter des repères et jouer à plein leur rôle. L’enjeu n’est pas tant dans la mise à

1 – Source étude Xerfi : La Distribution de livres face aux enjeux du numérique, juillet 2014, www.journaldunet.com/ebusiness/commerce/marche-livre-internet-selon-xerfi.shtml (via Journal du Net).

disposition de ressources numériques que dans leur capacité à insuffler le goût de la lecture à un public qui s’en éloigne. Peu importe le flacon pourvu qu’il y ait le rêve…

Contact : [email protected]

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Midi-Pyrénées

Promouvoir les auteurs et diffuser leurs oeuvres

Conscient de l’importance de préserver une offre culturelle diversifiée, le Centre régional des Lettres (CRL) Midi-Pyrénées souhaite – au moment où le Centre national du livre (CNL) affiche son intérêt pour un conventionnement avec les territoires – relever le défi pour une filière du livre dans la région. Les nombreuses rencontres engagées avec les professionnels plaident pour des mesures renforcées en faveur de la

librairie, de l’édition, mais aussi de la création, avec une réflexion sur la place de l’auteur.

Sans auteur, pas de création littéraire ! Une évidence ? Et pour-tant celui qui est à l’origine de la chaîne du livre et au cœur de l’univers littéraire est finalement très marginal économiquement, et c’est là tout le paradoxe. Les instances publiques ont un rôle à jouer sur les liens entre culture, identité, démocratie, ou encore sur le soutien accordé à la création ; aussi, le Centre régional des lettres Midi-Pyrénées, agence partagée par le conseil régional et la Direction régionale des affaires culturelles, met en œuvre une poli-tique volontariste portant sur l’ensemble de la filière du livre. Les actions menées visent toutes à créer les conditions d’existence d’un écosystème du livre respectueux de chacun de ses acteurs et des interactions qu’ils entretiennent.Conscients de l’importance de préserver une offre culturelle diver-sifiée, nous souhaitons – au moment où le CNL affiche son intérêt pour un conventionnement avec les territoires – relever le défi pour une filière du livre en Midi-Pyrénées. Les nombreuses rencontres engagées avec les professionnels plaident pour des mesures renfor-cées en faveur de la librairie, de l’édition , mais aussi de la création.Une des orientations importantes cette année est le soutien finan-cier et logistique aux librairies indépendantes désireuses de mettre

en place une politique d’animation culturelle ; les auteurs y auront toute leur place et seront « justement rémunérés ». Dans un univers marchand où certains pensent uniquement « ventes » en négligeant l’« échange », ou seulement « produit » en oubliant la « culture », l’auteur manque bien souvent de soutien. Aussi, l’affirmation du droit d’auteur comme garant des conditions de la création et la défense d’une rémunération juste et équitable, y compris en rési-dence, est notre priorité.

Laurent Sterna, directeur du CRL Midi-Pyrénées

Pourquoi soutenir les auteurs ?

Tout d’abord, pour empêcher de laisser s’installer « une création et une culture à deux vitesses ». Nos institutions doivent contri-buer à la création de conditions qui permettent une émergence d’œuvres exigeantes, libres, « sourdes aux sirènes du marketing ». Il est certes difficile d’inventer des politiques d’aide « sur mesure » pour les écrivains tant leurs situations sont diverses, mais, parce qu’ils jouent un rôle essentiel dans la vie litté-raire et intellectuelle, ils doivent être intégrés à une structuration économique de la filière du livre.Ensuite, parce qu’ils ont des droits ! Si le devoir de l’auteur est de se donner tout entier à son œuvre, les droits qui le protègent doivent être respectés : droits d’auteur, droit à une rémunération, droit à la formation. D’où l’importance de faire valoir le point de vue et les intérêts légitimes des auteurs, de participer à la consolidation de leur statut, de mettre en place un plan de formation efficace.Et, enfin, parce que le manque de visibilité est réel. Les auteurs ont besoin d’être valorisés, d’être en lien avec d’autres professionnels et artistes, d’être soutenus dans leurs démarches innovantes et interdisciplinaires.

On a encore oublié les auteurs !

Car ils en bavent, mais je n’oublie pas que c’est grâce à eux qu’on lit !Bénédicte Malaurent

Laurent Sterna

Eunice Charasse

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Par une série d’initiatives, sans cesse révisées, le CRL – prenant en compte les évolutions technologiques, économiques et sociétales – accompagne les auteurs dans leur parcours professionnel et les aide à « inventer de nouvelles pratiques » au service de la diversité culturelle. Le dispo-sitif en faveur des auteurs en Midi-Pyrénées s’articule essentiellement autour de trois axes, qui sont le renforcement de l’aide directe à la création littéraire, la profes-sionnalisation et la formation et, enfin, la promotion et la diffusion des œuvres auprès d’une grande variété de publics.

L’aide directe à la création littéraire : un luxe appelé « temps » !

Entre jeu littéraire et vie professionnelle, entre élan créateur et second métier, les auteurs s’inscrivent dans un monde souvent fait d’incertitudes et parfois de préca-rité. Les différentes études menées sur les conditions socio-économiques des auteurs (travaux de Nathalie Heinich, Bernard Lahire) soulignent combien leur situation est délicate.

Les bourses et résidences permettent de reprendre le souffle, de s’isoler pour travail-ler, d’obtenir un encouragement face à une activité qui s’accomplit dans la solitude la plus grande… Ces aides jouent sur l’iden-tité et le fameux statut de l’auteur revendi-qué avec pudeur par les écrivains 1.

Le CRL, depuis vingt ans déjà, poursuit sa politique d’aide via des bourses d’écriture attribuées chaque année à des auteurs domi-ciliés en Midi-Pyrénées. Elles sont une aide financière non négligeable. Considérées comme relevant du droit d’auteur, elles permettent parfois à un auteur non éligible d’accéder à la formation professionnelle 2.Inscrit dans la durée, ce dispositif vise un double objectif : permettre aux lauréats de bénéficier de conditions optimales pour

1 – Brigitte Giraud, écrivain : www.arald.org/pdf/dossier-senligne/GIRAUD_etre_ecrivain.pdf

2 – Les auteurs de poésie, de théâtre, d’essais peuvent rarement atteindre le seuil fixé par l’Afdas pour l’acces-sion à la formation continue – Afdas : www.afdas.com/

écrire, mais aussi contribuer à l’essor et à la reconnaissance de la création littéraire en région.Une enquête – à laquelle les auteurs ont répondu massivement – a été menée sur les attributions de ces onze dernières années 3 : 78 bourses ont été allouées à 71 auteurs de 2002 à 2012, pour un montant de 506 188 €.« Obtenir une bourse d’écriture, dira un de nos lauréats, c’est enfin avoir du temps, cette liberté matérielle qui permet un virage intérieur remarquable ; le bénéfice est pour l’œuvre elle-même, plus que pour l’auteur. »Projets d’écriture, mais aussi traductions d’œuvres étrangères, créations artistiques, graphiques ou numériques… Il est ques-tion de diversité et d’ouverture envers des projets parfois atypiques, novateurs, origi-naux, même si cela représente une prise de risques par rapport aux réalités du marché éditorial.Quel que soit le moment où ils se situent dans leur parcours artistique, les auteurs de Midi-Pyrénées sont ainsi accompagnés et repérés ensuite par des professionnels.Anne Letuffe en est un exemple éclairant. Encouragée par l’obtention d’une bourse d’écriture en 2011 pour son album Le Tout Petit, elle se tourne vers son éditeur habituel en vue d’une publication, mais l’attente sera longue : le projet est ambitieux, onéreux… Elle ne désespère pas, elle l’imagine mieux, autrement, et l’adapte en jeu.Le CRL va l’accompagner, créer du lien, orga-niser des temps de médiation et de promo-tion… et le projet séduit, suscite d’autres initiatives. Anne est invitée sur tout le terri-toire, dans des établissements scolaires, crèches ou bibliothèques, pour des débats, ateliers, résidences. Le livre paraît enfin en 2013, mûr de tant de rencontres. Si le jeu a trouvé sa genèse dans le livre, ils se sont réciproquement nourris dans leur longue phase de gestation 4.

Les bourses d’écriture favorisent l’émer-gence de nouveaux talents, soutiennent la diversité des écritures et contribuent

3 – Enquête : www.crl-midipyrenees.fr/creation-et-vie-litteraires/aide-a-la-creation/enquete-2002-2012-les-auteurs-boursiers-en-midi-pyrenees

4 – Anne Letuffe : http://minisites-charte.fr/sites/anne-letuffe/expos-jeu-spectacle/article/le-tout-petit-jeu

au rayonnement des œuvres des auteurs présents sur le territoire. Optimiser leur mise en œuvre est un de nos axes. Un montant annuel plus élevé cette année (56 000 € au lieu de 48 000 €) a permis d’en augmenter le nombre. Pour la première fois, l’une d’entre elles a été assortie d’une résidence.D’autres pistes d’aide à la création se dessinent. Une réflexion sur l’accompa-gnement de structures dédiées à l’accueil d’écrivains en résidence est en cours 5, car ces lieux offrent aux auteurs des possi- bilités de ressourcement et de création en leur donnant accès à un milieu culturel nouveau et souvent stimulant.

Connaître ses droits et avoir accès à des formations de qualité

Être attentif à la singularité des auteurs, comprendre combien il leur est difficile de concilier activité créatrice et rémunération stable, les aider à défendre leur statut, les respecter, tout simplement… Telle est notre volonté. C’est pourquoi le suivi au quotidien via des entretiens personnalisés est essen-tiel. Les questions sont souvent les mêmes : comment trouver le « bon éditeur » ? Comment négocier son contrat ? Nombre d’entre eux déclarent ne pas avoir d’avances sur droits, certains sont même prêts à renon-cer aux droits d’auteur au profit du forfait. Ces dérives sont à éviter. Seul le contrat constitue la base d’un projet commun entre l’auteur et l’éditeur.Les questions plus complexes sont portées à la connaissance d’un avocat, surtout en cas de différend. Ce service gratuit d’assis-tance juridique, qui existe depuis sept ans, est en cours d’évolution. Un partenariat avec la SGDL – référence incontestable pour les auteurs – sera mis en œuvre à l’automne 2014 pour un suivi sous forme de consul-tations individualisées dans les locaux du CRL tout au long de l’année. Une journée d’information décentralisée sera également proposée dès novembre 2014, avec Geoffroy Pelletier et Marie Sellier, sur la question des

5 – Maison d’écrivains De Pure Fiction : http://depurefic-tion.fr/le-site/index.html et Maison des Écritures Lombez Midi-Pyrénées : www.maison-ecritures.fr

Car malgré le développement d’un véritable marché littéraire, ceux qui sont au cœur de l’économie du livre – les écrivains – ne comptent généralement pas parmi ceux que l’on appelle les « professionnels du livre ».

Bernard Lahire

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réformes qui fragilisent la situation sociale, fiscale et économique des auteurs 1.De même, notre offre de formation s’intensifie et près d’une dizaine de stages sont prévus en 2014-2015. Les attentes sont importantes et le nombre d’auteurs concernés bien supérieur à celui des « ayants droit » du dispositif existant.

L'œuvre comme événement

Lieu ressource et structure fédératrice, le CRL joue un rôle de mise en réseau des acteurs du livre et de visibilité des auteurs.Promouvoir leurs publications (presse, réseaux sociaux), faire découvrir des textes lors de colloques, via des temps de lecture ou des performances (partenariat avec l’université), mettre à l’honneur la rentrée littéraire lors de petits déjeuners destinés aux professionnels, favoriser la circulation d’expositions… autant d’ac-tions de promotion utiles.Créer des passerelles entre les différents langages artistiques est une forme de valorisation à ne pas négliger. Les exemples de réussite sont nombreux. Des commandes auprès de compagnies théâtrales – à l’initiative du CRL – ont favorisé la création et la diffusion de spectacles remarquables adaptés d’œuvres d’auteurs de la région (Olivier Douzou, Thomas Scotto) 2. Un partenariat avec la Fondation Écureuil pour l’art contemporain a permis à la litté-rature de rencontrer les arts visuels (Laurent Mauvignier, Ronald Curchod) 3.Une création partagée entre un auteur et un plasticien ou un cinéaste, ou encore l’accueil dans un lieu de spectacle : autant de pistes d’élargissement des publics et d’un rayonnement plus grand de l’auteur et de son travail.

Repérer toutes les animations qui visent à mettre les auteurs au cœur d’événements littéraires est un enjeu réel. Au-delà des mani-festations littéraires, qui jouent certes un rôle essentiel dans la vie artistique, économique et sociale d’une région, tous les lieux doivent être investis (librairies, bibliothèques, écoles, musées, plateaux de théâtre, etc.).Les auteurs aspirent à des temps d’échanges avec d’autres créa-teurs et avec leurs lecteurs, pour nourrir leurs œuvres et leurs réflexions, d’où la nécessité également de confronter « les auteurs d’ici à des auteurs d’ailleurs » pour un projet littéraire commun, dans un esprit de partage et d’ouverture. Les actions organisées par le CRL dans le domaine de la vie littéraire (rendez-vous litté-raires, opération Chemin Faisant) permettent cela.

L’accompagnement des auteurs n’a de sens que s’il conjugue tous ces aspects. Aides directes, professionnalisation, cellule d’accom-pagnement de projets et actions de formation continue, mise en visi-bilité des auteurs et valorisation des œuvres… Toute une palette d’initiatives qui témoigne de notre volonté d’améliorer la condition des écrivains et de permettre que le livre soit mis en avant en tant que vecteur universel de découverte et d’échanges.

Eunice Charasse, chargée de la vie littéraire et de la formation

1 – www.crl-midipyrenees.fr/formation/formations-specifiques-auteurs

2 – Catherine Vaniscotte : http://catherinevaniscotte.com ; Un chat dans la table de nuit : http://unchatdanslatabledenuit.wordpress.com

3 – www.caisseepargne-art-contemporain.fr/les-cadavres-sont-exquis_455.php

Lorraine

Olivier dautrey et les résidences d’auteurs

La vie quotidienne, avec son lot d’habitudes et de contraintes, n’offre peut-être pas le recul suffisant, l’« ensauvagement » nécessaire à l’écrivain. La rési-dence, temps et espace(s) réunis, tente d’apporter un début de réponse à ce besoin. Olivier dautrey relate ici la genèse et l’évolution de son projet de « Pensée sauvage ».

Olivier Dautrey, vous avez créé, il y a sept ans, la première résidence d’écrivains « pérenne » en Lorraine, La Pensée sauvage. Quelle a été alors votre motivation ?

Le goût de la chambre obscure, à partir de laquelle tous les possibles s’inventent, se révèlent. Chambre photographique, scène de théâtre, ou cabinet d’écriture. Dans tous les cas, il s’agit de faire entrer le monde par un passage étroit, puis de l’accompagner de l’autre côté. Peut alors commencer l’interprétation. Comme un spectre de lumière d’autant plus dense qu’il aurait été contraint.Parce que mon arrière-grand-père se dissimulait derrière les persiennes de sa maison de ville pour photographier la sortie de la messe. Et que dans l’œil de mon père, homme scientifique et pragma-tique, cet acte était extraordinaire.Parce que j’ai eu la chance de voir préservée, à la table de mes grands-parents, la « place du pauvre ». Certes, peu de vaguants l’occupaient, mais parfois des compagnons du Tour de France, des apprentis, ou bien même des représentants à qui mes grands-parents n’achetaient rien, mais à qui ils offraient cependant le couvert. Et ainsi, le monde entrait chez nous. Parce que la bibliothèque, chez eux, logeait dans le grenier.

Est-ce que toutes ces « raisons », pour poétiques qu’elles soient, ne sont pas un peu éloignées de la réalité de la tâche que représente une telle entreprise culturelle, dans une société où la place du livre et de l’écrit est en pleine mutation ?

Oui, et cependant, elles en sont, pour moi, le prétexte indispen-sable. Si je me permets, de temps en temps, cet écart, c’est pour mieux « m’ensauvager », comme le disait justement Thierry Hesse 1, lorsque nous sommes allés lui rendre visite à la résidence d’auteurs du Pont d’Oye, en Belgique. C’est ainsi qu’il nous confiait sa difficulté de vivre en société et en écriture. Comme si la vie quotidienne, avec son lot d’habitudes et de contraintes, n’offrait pas le recul suffisant, l’« ensauvagement » nécessaire à l’écrivain. La résidence, temps et espace(s) réunis, tente d’apporter un début de réponse à ce besoin.

Vous dites : « temps et espace ». Pouvez-vous préciser, chemin faisant, votre conception d’une résidence d’écrivains et votre rôle dans l’écriture contemporaine ?

Je dois beaucoup au théâtre, au T.N.S, à la Comédie française. Aux auteurs et aux traducteurs. Aux ethnographes. Aux poètes qui ne s’affichent pas. À la radio qui émet jour et nuit. La scène est le lieu de l’espace et du temps enchantés, comme me l’ont appris Copeau,

1 – Thierry Hesse, L’Inconscience, Éditions de l’Olivier, 2012.Démon, Éditions de l’Olivier, 2009.

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Dullin ou Lassalle. L’écriture, sous ses diverses formes, est d’abord un espace de liberté. Je l’ai goûté au théâtre, en navigation (d’un rôle à l’autre), et maintenant en accompagnant les auteurs. Se posait donc à moi la question passionnante de l’espace que j’allais donner à ce temps accordé aux auteurs pour écrire (tous les auteurs que je reçois sollicitent du Centre national du livre un « crédit de rési-dence » et je défends sans cesse leur rémunération). Je fis mon « Tour de France » des diverses résidences répertoriées par la Maison du livre et des écrivains de Montpellier (CNL, 2003), de Mont-Noir à Médicis. Fasciné par certaines, agacé par d’autres, je louai ensuite une ancienne mercerie de village, perchée dans les Hautes-Vosges, à l'ombre des noirs sapins et de la présence chthonienne de Pierre Pelot 1. Les montagnes, là-haut, ressemblent à des vagues arrêtées. J'y reçus successivement trois écrivains en besoin de retraite et de compagnonnage : Luc Tartar, Philippe Fenwick et Mathias Énard. Premiers pas dans cette profession qui n’en est pas une : « directeur artistique », dit l’Assedic. « Guide de haute montagne », je préfère. Premiers bonheurs, surtout : d’assister à la genèse d’une écriture, dans la pudeur nécessaire entre l’auteur reçu et son hôte. Entre ombre et lumière ; préférer l’auteur qui ne se dévoilera pas trop vite, ni trop familièrement, celui qui rôdera à pas de chat autour du gîte, humant le fumet qui s’en échappe avant de franchir le seuil. Celui-là sait ma porte ouverte.S’ensuivra alors une longue promenade, chemin faisant, à travers livres et visages, voix et lieux aimés. Il faut concevoir des temps de « médiation » avec le public, à la mesure de l’auteur. Et redire encore que celui-ci, qui fait profession d’écrire et qui ne garnit pas les gondoles des supermarchés, entre salaisons et écrans plasma, est à sa juste place. Que l’éditeur « en sa maison » – Georges Monti, Guy Lévis Mano, Skira, Seghers, Minuit, POL, Cheyne, Fata Morgana, Apogée, Le bruit des autres, La Dragonne, Isolato… (leurs noms sont déjà des appels !) – , le libraire de quartier qui ne capitalise pas sur son pas-de-porte et tous les lecteurs désireux de textes choisis pour leur variété, leurs sources, leurs vocations diverses, que tous ceux-là ont à voir avec cette écriture en marge de la grande diffusion, du tout dématérialisé et des autoroutes de l’information. Rappeler

que l’accès aux textes et leur diffusion ne doit pas être le monopole de quelques marchands que l’esprit et la lettre laissent de marbre. Qu’il y a des savoirs, des confidences, qui requièrent temps et discré-tion, humanité et passion ; des matières premières qui ne se livrent pas facilement. Enfin, rassurer la voisine, qui, tous les matins, nous lance, de son vélo : « Alors, combien de pages écrites cette nuit ? » Les gens gagnent à être connus. « Ils y gagnent en mystère », disait Jean Paulhan. Puissions-nous être les garants de ce mystère-là.

Et puis, vous avez, récemment, franchi une nouvelle étape…

Fort de cette première expérience et du bon accueil réservé aux auteurs sauvages, mes partenaires institutionnels m'accompagnent vers une nouvelle déclinaison de la résidence, itinérante et axée sur la diffusion, déjà expérimentée avec Sylvain Coher, Jacques Laurans, Antoine Mouton et Arnaud Friedmann. Je sollicite des lieux hospita-liers, dans toute la Lorraine, pour héberger les auteurs. Ils peuvent toujours accoster à la maison-mère – camp de base de la résidence –, mais ils demeurent là où ils ont élu retraite, qui dans un monastère, qui dans une école, qui dans une maison forestière. Ce n’est pas une résidence « à la carte », c’est une résidence qui s’écrit sur une carte, géographique et humaine à partir des besoins intimes et littéraires de chaque auteur. C’est aussi, pour moi, la continuité de la première version imaginée de la résidence et qui s’accomplira peut-être un jour à bord d’un bateau…

Car la mer et la Bretagne, je crois, tiennent une place impor-tante dans votre vie…

Oui, un oncle rennais, prof de droit, retour du Liban, avait élu domi-cile à Saint-Malo et m’en a transmis le désir. Désir de presqu’île, d’horizon et de lumières. D’étranger et de familier. De ville close et ouverte ensemble. Influence de mes lectures lorraines aussi : de Frison-Roche aux récits de naufrages, en passant par la « recons-truction », que nous partageons, à l’autre bout du même socle grani-tique. Ainsi, jeune marin d’eau douce, formé tardivement à l’école de la batellerie, je gagnai, il y a peu, les bancs du lycée maritime de Saint-Malo, afin de mériter mes « sardines »… Je perche maintenant place du Marché-aux-Légumes, entre deux escales terriennes, et j’y convierai bientôt un nouvel écrivain qui aura sûrement de bonnes raisons de s'arrêter là, entre deux môles, celui des Noires et celui de la librairie de Jean-Louis Duquesnoy.

Votre parcours personnel, votre curiosité me donnent envie de vous demander ce que vous recommanderiez le plus à un jeune homme, aujourd’hui ?

Il est toujours temps d’apprendre et si tu aimes la liberté, apprends !

Et quel est votre souhait le plus intime ?

Ressentir encore longtemps ce sentiment de sûreté et de démocratie que m'inspirent la présence d'un écrivain ou d'un libraire dans la cité : ils me rassurent et me guident, comme un phare dans la nuit.

Propos recueillis par Solange D.

La Pensée sauvage, résidence d’écrivains en Lorraine20, rue de Charmes88130 Bouxurulles

º www.pensee-sauvage.fr

1– Pierre Pelot, Maria et Les Normales saisonnières, Éditions Héloïse d'Ormesson

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Le livre, un territoire sans frontières ?Aquitaine

Littérature et cinéma, de la cohabitation aux objectifs partagés

Écla (Agence pour l’écrit, le cinéma, le livre et l’audiovisuel en Aquitaine) procède d’une volonté politique du conseil régional, qui a choisi de regrouper les industries culturelles du livre et du cinéma dans une seule

agence où les métiers peuvent s’enrichir au contact des pratiques propres à chaque secteur d’activité, et dans leurs prises en compte respectives par les politiques publiques.

Ecla est née en 2009 de la fusion de deux associations sectorielles, Aquitaine Image Cinéma (AIC) et l’Agence régionale pour l’écrit et le livre (Arpel). Elle s’est structurée autour de deux départements (le livre et le cinéma) et de deux pôles supports : administration et communication. Deux départements cohabitent au sein de l’agence dans le respect de la spécificité et des identités de chacun des profes-sionnels et médias : le film d’un côté, le livre de l’autre. Cette fusion, et donc cette cohabitation décidée politiquement et qui a parfois pu paraître forcée, constitue une feuille de route stimulante dès lors qu’on s’y penche intelligemment de façon pragmatique, au service des professionnels régionaux et de l’intérêt général.

Apprendre à connaître les autres secteurs

Un constat initial s’impose : la méconnaissance des professionnels vis-à-vis des autres secteurs. L’une des premières tâches consiste donc à favoriser la connaissance et la compréhension mutuelles. Au-delà, des parallèles peuvent être dessinées entre les filières (et ce qui relève plus en région de communautés professionnelles artisa-nales et indépendantes que de réelles industries structurées) : ainsi, le département du cinéma est très mobilisé en faveur de la création, de la production et de la diffusion des films soutenus par la Région ; de même, l’économie du livre constitue un pôle primordial pour ©Alain Bujak

Olivier du Payrat

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accompagner les éditeurs, les libraires et les politiques régionales, tout en tenant compte de la création et la vie littéraires. L’attention portée aux auteurs du côté du cinéma a faci-lité une prise en considération accrue de ceux-là dans le champ de l’écrit, jusqu’à les intégrer à la dynamique du contrat de filière État-Région.L’éducation artistique et culturelle est un objectif partagé pour l’accès des jeunes à l’art et à la culture. Les publics sont iden-tiques : enseignants, scolaires (principa-lement lycéens et apprentis) et jeunes. Mais les modalités diffèrent : pour l’édu-cation à l’image, des dispositifs modélisés et pilotés au plan national ; pour le livre et l’écrit, des programmes émanant d’Ecla et formalisés au niveau régional. Le rappro-chement s’opère petit à petit et doit être construit méthodologiquement. Il a pu déce-voir lorsqu’il a été forcé : ainsi de la mise en place d’un module audiovisuel (court-métrage) dans la structure mobile « Range ta chambre ! » destinée aux CDI des lycées et CFA, initialement vouée à la promotion du livre et au développement de la lecture. L’immédiateté de la culture de l’image, la facilité et l’attrait de celle-ci ont donné un « coup de vieux » aux livres et à la lecture (pourtant plus simple d’accès puisque indi-viduelle, silencieuse, et ne mettant en jeu aucune technologie).

Toutes les fusions ne sont pas possibles

Les environnements professionnels sont distincts. Il n’est qu’à voir, en termes de diffu-sion, où le cinéma a des salles, là où le livre a des libraires et des bibliothèques. L’expertise et la technicité doivent donc primer dans l’agence de manière à accompagner et faire valoir des politiques publiques adaptées à chacun des secteurs et métiers sans tomber dans l’illusion d’une uniformisation, mais en favorisant les passerelles. Certains rappro-chements ou croisements sont vertueux et bénéfiques (pour exemple, l’une des princi-pales « faiblesses » du livre étant de ne pas être « sexy », il peut trouver une aide dans la puissance médiatique de l’image – mais la qualité « intimiste » de la lecture, qui en fait aussi sa force, n’en perdurera pas moins). D’autres posent question : ainsi, les profes-sionnels du livre, dont l’économie dépend d’abord de ressorts privés (la vente de livres aux particuliers, de préférence en librai-rie !) n’ont pas la même proximité que ceux de l’audiovisuel avec la puissance publique ; les moyens mis en œuvre et les modalités ne sauraient être identiques. D’autres, enfin, peuvent poser problème si l’on ne tient pas compte de la spécificité des pratiques, des métiers et médias.

Bref ! Ecla permet une réflexion « transver-sale » au service des professionnels régio-naux et des politiques publiques qui leur sont adressées. En découlent parfois des croi-sements féconds, par exemple sur l’image animée en bibliothèques ou encore la prise en compte des incidences liées aux techno-logies numériques, qu’il s’agisse de création, de production ou de diffusion. Des passe-relles sont parfois lancées, tels la délégation emmenée au Festival international du film d’animation d’Annecy qui a fait la part belle à des professionnels de la BD et de l’illustra-tion, donc de l’écrit, ou le développement des résidences d’auteurs au chalet Mauriac à Saint-Symphorien qui, favorisant la conco-mitance de résidents des deux milieux, stimule les rencontres interprofession-nelles et permet de dépasser d’éventuelles situations de concurrence entre auteurs du même univers. Finalement, le succès tient surtout dans l’écoute, la conscience des différences, une intelligence collective et l’élaboration d’un projet d’ensemble : soit un projet d’agence partagé autour d’objectifs communs en matière de politiques publiques et de services aux professionnels.

Olivier du Payrat, directeur du livre, Ecla Aquitaine

Centre

Littérature et cinéma : mariage d’amour ou de raison ?

Ciclic, l’agence régionale du Centre pour le livre, l’image et la culture numérique, est née en 2012 de la fusion de deux établissements publics de coopération culturelle (EPCC) régionaux sectoriels, Livre au Centre et Centre images. La coopération entre ces deux secteurs de l’action culturelle s’avère très enrichissante, comme l’explique ici isabelle Maton, responsable du livre à Ciclic.

Le secteur Image au sein de l’agence se décline en différents pôles : le pôle Cinéma et Audiovisuel, en charge des aides sélec-tives et de l’accueil des tournages, le pôle Diffusion, qui travaille notamment à la visi-bilité des films soutenus, le pôle Patrimoine, dont la mission est la conservation et la valo-risation des films amateurs en région Centre, et le pôle Éducation, qui initie et coordonne les différents dispositifs d’accompagnement des regards.Au-delà des problématiques communes liées au numérique, avec cependant des impacts différents sur les métiers, la transversalité de l’agence permet des rapprochements et

un partage de compétences. Le pôle Livre de Ciclic a expérimenté récemment ce croise-ment dans deux domaines : l’aide à l’édition et l’éducation artistique et culturelle.

Une réforme du fonds d’aide

Une réforme des aides à l’édition, aupara-vant liées aux projets (aide à la diffusion, avec le soutien aux déplacements sur des salons du livre hors région, aide aux projets éditoriaux et aide aux projets collectifs et innovants) et désormais axées sur la struc-turation globale des entreprises, a été mise en œuvre en 2014. Cette réforme du fonds d’aide est le fruit d’un travail en concertation

avec les professionnels du livre et l’agence Ciclic. Elle répond par ailleurs au souhait d’une nouvelle politique de la Région en faveur du livre et de la lecture. En effet, de manière plus structurante que l’aide au projet, ce nouveau dispositif est un soutien à l’entreprise et au projet entrepreneurial. Il vise désormais à aider les maisons d’édi-tion à se consolider, à franchir des caps de développement et à investir dans des projets innovants.Le modèle de l’aide aux industries audiovi-suelles en région Centre, mis en œuvre et observé depuis quelques années au sein de Ciclic, a été riche d’enseignements : principe

isabelle Maton

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du dossier unique, appréhension et aide globale à l’entreprise, entretien du profes-sionnel avec les membres de commission et évaluation à n+1 ont été directement inspi-rés du soutien au secteur de l’audiovisuel, grâce à l’expertise du pôle Cinéma de Ciclic.L’appliquer au secteur du livre nous a paru particulièrement pertinent, car il permet à l’éditeur de présenter sa maison et ses projets en termes de promotion et de diffu-sion, de programme éditorial, mais aussi au regard de ses projets d’investissements, de ses changements de stratégie, de sa politique d’emploi, de sa communication, de ses expé-rimentations, etc. Cette réforme a également permis la mise en place d’un accompagne-ment à l’attention des déposants, de façon similaire à ce qui se pratique dans l’audiovi-suel. D’ailleurs, depuis la mise en place de cet accompagnement pour les producteurs audiovisuels en région Centre, l’échange à propos des variables entre le prévisionnel et le réel s’est avéré très constructif et struc-turant pour les entreprises. Nous faisons le pari qu’il en sera de même pour les éditeurs.

Un dispositif régional d’éducation artistique et culturelle

Contrairement au secteur du livre, le cinéma bénéficie d’une structuration ancienne de l’éducation à l’image, déclinée en différents dispositifs nationaux et mise en œuvre par le pôle Éducation artistique de Ciclic en région Centre.Dans le cadre de son développement, le pôle Livre de Ciclic élabore un dispositif régional d’éducation artistique et culturelle qui verra le jour en 2015-2016. Là encore, l’expertise du pôle Éducation est précieuse en termes de conseils, de méthodologie et d’écueils à éviter, tout en nous accompagnant sur les valeurs de l’éducation artistique et culturelle, sans éviter les débats de fond ! En effet, l’ex-périence, depuis 1995, dont la Région fut l’un des créateurs, de la coordination en région Centre du dispositif Lycéens et apprentis au cinéma permet d’appréhender au mieux les fondamentaux de l’accompagnement, la rencontre sensible avec les artistes et les professionnels, la formation des ensei-gnants et l’édition de documents supports.

L’expérience de la conception des dossiers

et fiches à destination des enseignants et

des élèves est riche d’enseignements, afin

de proposer des ressources documentaires

dans une approche non strictement péda-

gogique. De plus, la connaissance du réseau

institutionnel et les relations tissées avec le

rectorat sont un atout pour la mise en place

possible d’une formation à destination des

enseignants, intégrée dans le plan annuel de

formation. Et enfin, le repérage des ensei-

gnants potentiellement intéressés par un

nouveau dispositif est un avantage appré-

ciable pour un lancement confortable.

Au-delà des projets transversaux (carte

blanche offerte à des écrivains à propos de

films d’archives amateur, à propos de films

soutenus dans le cadre des dispositifs d’aide

mis en place par le pôle Cinéma, résidence

croisée littérature et cinéma en univer-

sité, etc.), le périmètre de l’agence Ciclic

permet la mise en œuvre d’un projet global

de la structure en accord avec une politique

publique cohérente et transverse.

Auvergne

Livre, lecture, littérature et spectacle vivant : quels croisements possibles ?

depuis les années 1980, les expériences de croisements interdisciplinaires se sont multipliées en Auvergne. Aussi, à la création du transfo, en 2006, le Centre régional du livre a trouvé naturellement sa place dans cette nouvelle agence culturelle régionale, voulue par la Région et la direction des affaires culturelles (drac) Auvergne. Le transfo regroupe aujourd’hui cinq structures régionales préexistantes, dont trois chargées de la musique ou des pratiques vocales et une dédiée au théâtre. Françoise dubosclard, chargée des politiques territoriales, du livre et de la lecture au transfo, nous éclaire sur l’historique de ces croisements.

Au départ, il y a les mots

Couchés sur le papier, il arrive qu’ils forment un contenu à finalité esthétique, qu’on appelle « littérature ». Jusqu’à l’invention des outils numériques, le contenant de cette infi-nie imagination est le livre : un simple assemblage de feuilles impri-mées et réunies en un volume, broché ou relié.Et puis, il y a ce que l’on veut faire des mots : les savourer dans la solitude de la lecture silencieuse ou les entendre et les partager avec d’autres dans le même espace-temps. Et là – par la coprésence de ceux qui donnent à voir et à entendre et d’un public – opère la magie du « vivant » (lecture, spectacle, concert, opéra…).

L’émergence des croisements en Auvergne

Dans les années 1980, diverses compagnies de la région Auvergne : Brut de béton, le Wakan Théâtre, la Compagnie DF, organisaient régulièrement des lectures en public.Et puis, à la fin du siècle dernier, l’Auvergne a vu émerger des manifestations littéraires centrées sur la mise en voix de la poésie contemporaine : Les lectures sous l’arbre, créées par Jean-François Manier, de Cheyne éditeur, au Chambon-sur-Lignon et, à Clermont-Ferrand, La Semaine de la poésie de Jean-Pierre Siméon (alors enseignant à l’École normale).

Françoise dubosclard

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Ailleurs, Les Rencontres pour lire, créées par François de Cornières à Caen, faisaient entendre les textes d’auteurs vivants ou morts. Ces trois manifestations ont servi de modèle… au Centre régional du livre pour créer Littinérance, cycles de lectures itinérantes sur l’ensemble de la région Auvergne. Des textes sont lus en public par des comédiens professionnels, en présence de leurs auteurs.Ces rencontres entre auteurs, comédiens lecteurs et public avaient lieu principale-ment dans les bibliothèques, les librairies, mais aussi dans des centres de détention, des centres sociaux, des bars, etc.À plusieurs reprises, les liens noués pendant Littinérance entre comédiens et écrivains ont trouvé leur prolongement dans des colla-borations : par exemple, avec Mon petit garçon, de Richard Morgiève, mis en scène par Bruno Marchand, du Cylindre Théâtre, ou encore avec Nid douillet, tendre foyer, d’Emmanuel Darley, né d’une commande de Laurence Cazazux pour Acteurs, Pupitres & Cie.En plus de ce volet événementiel, le CRL organisait tous les deux ans des rencontres professionnelles « Lire & dire » sur la problématique de la mise en voix des textes.À la même période, le CRL participait au festival À suivre ! porté par La Comédie – Scène nationale de Clermont-Ferrand et centré sur les « écritures pour le plateau ». Les textes de jeunes auteurs d’Auvergne ou de Rhône-Alpes, pour la plupart comédiens, sont sélectionnés pour être lus en public et par la suite bénéficier d’une première mise en scène.

Installation des croisements

À l’aube du xxie siècle, la lecture à voix haute devient une pratique revendiquée par de nombreuses compagnies et, en Auvergne, se créent Lectures à la carte et

Acteurs, Pupitres & Cie, portées par des comédiens qui intervenaient dans le cadre de Littinérance. Ces compagnies sont toujours régulièrement invitées dans les médiathèques.En 2006 est créé Le Transfo, et c’est presque tout naturellement que le Centre régional du livre trouve sa place dans la nouvelle agence culturelle régionale, voulue par la Région et la Drac Auvergne. L’agence réunit cinq structures régionales préexistantes, dont trois chargées de la musique ou des pratiques vocales et une dédiée au théâtre. En son sein sont regroupées des struc-tures initialement centrées sur le spectacle vivant.Au fil des années, les lectures en public se sont multipliées partout en France, mais aussi en Auvergne.La Comédie – Scène nationale de Clermont-Ferrand ou le Centre dramatique national de Montluçon ont développé des cycles de lectures autour de la littérature contempo-raine. Le département du Cantal organise le festival Par Monts et par Mots porté par la médiathèque départementale et le festi-val de musique Hibernarock, qui invite régulièrement des écrivains contempo-rains (Jean-Marc Ligny, Arnaud Catherine, Marie Darrieussecq, Stéphane Guibourgé). Toujours dans le Cantal, le Théâtre munici-pal d’Aurillac programme des lectures dans le cadre de sa saison culturelle en partena-riat avec la médiathèque communautaire.Le Transfo a vu émerger des projets, asso-ciant de plus en plus souvent des comé-diens et des musiciens autour de spectacles plutôt que de concerts ; par exemple, tout récemment, Peau éthique rend gaine, d’une jeune comédienne poète, Émilie Gandois.Les croisements d’univers sont aussi au cœur du travail de Nadège Prugnard, comédienne, auteur et metteur en scène de Magma Performing Théâtre. Elle monte régulièrement des projets associant musique rock et théâtre et, en 2009, dans le cadre des projets « Tandem » initiés par le Festival international de théâtre de rue d’Aurillac, la Compagnie Kumulus lui a commandé un texte, Les Pendus, publié par L’Entretemps.Des musiciens chanteurs créent leur maison d’édition, comme Alexandre Rochon, du label Kütu Folk avec A+E éditions et sa collection « Le Cahier bleu » ;

ou, depuis plus longtemps, Jean Lenturlu, « aphoriste », compositeur-interprète, avec les éditions Privé de désert.Sans doute l’association spectacle vivant et Livre et lecture au Transfo a-t-elle permis aux musiciens, chanteurs, comédiens d’obtenir plus facilement des conseils et un accompagnement pour leurs projets édito-riaux. Peut-être que cette association légi-time leur envie de « mixer » des esthétiques, de s’autoriser à entrer dans l’univers du livre – qui est encore sacralisé.Parallèlement, bien que ce ne soit pas propre à l’Auvergne, des cafés-librairies et épiceries culturelles, accueillant des mini-concerts ou des « petites formes » en théâtre, ont vu le jour depuis quelques années dans les territoires très ruraux, en particulier en Haute-Loire avec La Maison vieille à Rosières, le Café Grenouille à Langeac, La Clef à Brioude.

D’autres croisements à venir ?

Pendant que les écrivains et leurs éditeurs aimeraient rendre « vivantes » leurs publi-cations, que leur diffusion soit « boostée » par des adaptations scéniques ou cinéma-tographiques, un certain nombre d’artistes du spectacle vivant voient l’édition, bien sûr, comme le moyen de préserver leurs textes, mais pensent aussi naïvement, par méconnaissance du secteur, que la publi-cation peut être une source de revenus complémentaires.Dans le contexte de fragilité qui touche l’en-semble des acteurs culturels, Le Transfo informe et accompagne pour une meilleure interconnaissance des acteurs du spec-tacle vivant et ceux du livre. Assumant sa fonction de courroie de transmission, il aide à l’émergence de projets transversaux entre spectacle vivant et Livre et lecture. Il y aura encore longtemps des croisements possibles !

Nadège Prugnard © Daniel Aimée

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52L’Europe, avenir du livre

Le Centre national du livre (CNL) intervient auprès de la Commission et des institutions de l’union européenne pour défendre la position française sur la chaîne du livre et le droit d’auteur. des avancées peuvent déjà être constatées auprès des partenaires. Aurélie Latchimy, chargée de la coordination internationale au CNL, détaille ici les actions en cours.

Le CNL a pour mission de soutenir l’ensemble des acteurs de la chaîne du livre : auteurs, traducteurs, éditeurs, libraires, biblio-thécaires, organisateurs de manifestations littéraires. Il exerce sa mission à l’échelle nationale et internationale et contribue ainsi au rayonnement du livre français à l’étranger et au rayon-nement du livre étranger en France. Selon Vincent Monadé, son président, « le rôle fondamental du CNL, celui qui le fonde, c’est de soutenir et de défendre la chaîne du livre. Il le fait par des méca-nismes éprouvés de soutien à l’ensemble de la chaîne du livre. Ainsi, grâce à nos aides à la traduction, grâce à notre soutien au BIEF [Bureau international de l’édition française], grâce à notre appui aux librairies francophones dans le monde, chaque année nous consacrons plus de 6 Me à l’action internationale. Et j’ajou-terai que lorsque nous soutenons des festivals qui accueillent des écrivains étrangers, nous sommes aussi dans ce soutien à la créa-tion internationale et à l’Europe. » Désormais, estime-t-il, « il doit aussi le faire en créant des liens étroits avec les autres organismes européens du livre, avec les professionnels de toute l’Europe, car nous avons le devoir collectif de conduire une action d’influence auprès des institutions européennes pour que ce qui fonde notre existence collective même, le droit d’auteur, ne soit pas remis en cause par les thuriféraires du tout gratuit. »

Ailleurs c’est ici

Le livre en Europe

Aurélie Latchimy

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Une présence affirmée au niveau européen

Les organismes professionnels français, partenaires réguliers du CNL, ont, pour la plupart, fait de l’Europe un axe important de leur action. Ainsi, le BIEF est présent chaque année dans les foires du livre des métropoles européennes. Il y organise de nombreuses rencontres professionnelles (rencontres d’éditeurs jeunesse et BD pendant les foires de Varsovie et Prague, séminaire de libraires francophones d’Eu-rope à Berlin et Madrid, etc.).L’élection récente d’un éditeur français, Pierre Dutilleul (Editis), à la présidence de la Fédération des éditeurs européens est un autre point fort. Cet organisme d’influence est en effet chargé d’expli-quer aux autorités et représentants euro-péens le rôle des éditeurs, l’importance du droit d’auteur et la valeur, à la fois écono-mique et culturelle, du secteur du livre en Europe.Des projets naissent à l’échelle euro-péenne, notamment un « fonds européen » lancé par les libraires francophones d’Europe qui vise à repérer et à mettre en valeur un certain nombre de livres et d’au-teurs représentatifs de l’idée européenne et de sa culture.Le CNL a donc décidé d’agir en direction des institutions de l’Union européenne. Les 4 et 5 avril derniers, dans le cadre du Forum de Chaillot voulu par Aurélie Filippetti, il a organisé les premières Rencontres des organismes européens du livre.Ces deux jours de rencontres ont rassem-blé plus de 150 participants et des

représentants d’organismes du livre venus de 18 pays différents de l’espace européen (Allemagne, Belgique, Bulgarie, Croatie, Espagne, France, Grèce, Italie, Islande, Lettonie, Lituanie, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie et Suisse) autour notamment des questions de réglementation, de diffu-sion, de traduction, de lobbies. Les orga-nismes professionnels français (ATLF, BIEF, Fill, IF, SGDL, SLF, SNE, Sofia) y ont joué un rôle actif, ainsi que les regroupe-ments professionnels européens, comme la Fédération des libraires européens et internationaux (EIBF– European and International Booksellers Federation), le Conseil des auteurs européens (EWC – European Writers Council), le Conseil européen des associations de traducteurs littéraires (CEATL) et la Fédération des éditeurs européens (Fep – Federation of European Publishers).

La défense du droit d’auteur

Depuis 2001, le CNC et ses homologues européens ont constitué le réseau EFAD (European Film Agency Directors), un outil très efficace de défense des inté-rêts du cinéma européen ; on l’a constaté lors de la négociation du traité de libre-échange entre les États-Unis et la France en 2013. Pour le livre, un tel réseau doit permettre, d’une part, de systématiser les échanges d’informations et de bonnes pratiques, et, d’autre part, de favoriser l’émergence de positions européennes communes en faveur de la promotion et du maintien de la diversité culturelle dans le domaine du livre.

À la suite de ces rencontres, le CNL a proposé un projet de déclaration commune aux différents organismes représentés, afin qu’il puisse être discuté et amélioré en vue de leur signature conjointe à l’occa-sion de la Foire du livre de Francfort, qui a eu lieu le 9 octobre. Cette déclaration vise à nous fédérer autour de positions communes sur la défense du droit d’auteur, un taux de TVA réduit sur les livres impri-més et numériques, et le libre choix du lecteur, soit l’interopérabilité permettant de lire n’importe quel ouvrage sur l’appa-reil de son choix.Le CNL a dorénavant l’ambition d’annua-liser ces rendez-vous, mais aussi de conduire des actions spécifiques avec les professionnels, les institutions, les politiques, les parlementaires et commis-saires européens, les fonctionnaires de la Commission. En 2014 et 2015, cette action verra le jour.

Si, demain, l’un des organismes européens du livre décidait d’organiser, à son tour, des Rencontres européennes ; si, dans un an ou deux, nous partagions des posi-tions communes et une action d’influence collective auprès de la Commission et des institutions de l’Union ; alors, nous aurions gagné notre pari. Celui d’un livre dont la voix est entendue, d’un droit d’au-teur sauvegardé, d’une concurrence non faussée.Un premier pas a été fait. C’est beaucoup, mais il en faudra bien d’autres pour trans-former ce pas en mouvement, et ce mouve-ment en actes.

Pour lire la synthèse des rencontres :

º http://centrenationaldulivre.fr/fr/actualites/aid-459/compte_rendu_des_premieres_rencontres_des_organismes_europeens_du_livre

Retrouvez la déclaration signée par 14 pays en octobre 2014 :

º www.centrenationaldulivre.fr/fichier/p_ressource/4145/ressource_fichier_fr_declaration.europa.enne.pour.le.livre.pdf

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Clohars-Carnoët

un bonheur de médiathèque

Pour beaucoup de professionnels, la médiathèque Robert-Badinter de Clohars-Carnoët est un exemple de création et d’implantation. il est vrai qu’on s’y sent très bien dès la première visite et que l’on a envie d’y revenir.

La commune de Clohars-Carnoët ne dispo-sait pas d’une médiathèque municipale avant l’inauguration de celle-ci, en mai 2013. Elle a pris le nom de Robert Badinter, en hommage à celui qui rédigea les premières lignes de sa plaidoirie pour l’abolition de la peine de mort à Doëlan, le joli petit port situé sur la commune. Intégrée dans le réseau des bibliothèques de la Cocopaq (communauté de communes du pays de Quimperlé), elle bénéficie du logiciel documentaire et d’un catalogue communs (portail Matilin). Trois bibliothécaires y travaillent, dont la direc-trice Florence Brulay qui a conduit le projet de création pendant trois ans. La média-thèque s’est installée sur l’emplacement d’un ancien supermarché et de ses dépen-dances. De plain-pied, elle est spacieuse et lumineuse, présentant des espaces tota-lement ouverts et convertibles au besoin, permettant une grande souplesse d’organi-sation. On sent sa directrice très impliquée dans les choix, jusque dans celui du mobi-lier, au design fin, esthétique et familier. « Le choix s’est fait à partir d’une démonstration de fournisseurs et des propositions qu’ils pouvaient nous faire. Nous avons choisi, par exemple, de casser les rayonnages pour qu’ils attirent l’œil, soient modulables et moins austères. » Les fauteuils et les tables basses, copies de meubles des années 1950, apportent une touche de fantaisie en même temps qu’un excellent confort. Des ouvrages peuvent être mis en valeur par leur couverture, avec des plans de travail qui permettent de les feuilleter. Malgré l’espace ouvert, chaque recoin trouve son intimité : kiosque à journaux et revues isolé par un mur en demi-cercle, disposant d’une machine à café, cabane à histoires avec son trône bleu et son ciel étoilé, alcôves réali-sées par les frères Bouroullec, salle d’écoute et de jeux pour ados avec sofa et coussins,

Actualités de la lecture publiqueKeleier al lenn foranLéz nouvèl de la liri publliq

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salle multifonctions, salle informatique ; on passe sans transition d’un espace à l’autre, ce qui donne une impression d’agora où les publics différents peuvent se croiser et se rencontrer. « Nous sommes une petite médiathèque, dimensionnée pour une commune de 5 000 habitants, mais nous essayons de mettre au mieux en valeur ce que nous avons. » Parmi les particularités, un fonds spécialisé Gauguin, qui séjourna au Pouldu, station balnéaire de la commune. La banque d’accueil, en retrait de l’entrée, ne s’impose pas au visiteur, bien qu’ayant une vue sur l’ensemble de l’espace. À l’extérieur,

un patio ensoleillé où les enfants viennent prendre leur goûter, près d’un petit jardin zen dessiné par les employés des services techniques. « Dans la cabane à histoires, parfois des gamins s’assoient dans le trône pour raconter des histoires à leurs copains. Dans les alcôves, je suis contente quand je vois des pieds qui dépassent à peine. Cela veut dire que les lecteurs se sentent chez eux, et qu’ils sont absorbés par ce qu’ils lisent. » En effet, les lecteurs n’ont pas mis longtemps à s’approprier l’endroit. La médiathèque est même envahie durant l’été (8 000 visiteurs en juillet-août 2014 !).

La médiathèque participe à diverses anima-tions, comme l’heure du conte, les initia-tions à l’informatique, les bébés lecteurs, un comité de lecture, le ciné pop-corn, le Festival de la parole poétique, le festival Les Rias, des expositions et spectacles, des lectures à voix haute…

G. A.

Médiathèque Robert-Badinter25, rue Lannevain – 29360 Clohars-Carnoët02 98 96 22 53

La plate-forme audiovisuelle « Bretagne et diversité »

inaugurée lors du 37e Festival de cinéma de douarnenez, la plate-forme audiovisuelle « Bretagne et diversité » donne un accès libre à plus de 400 films issus de Bretagne et d’ailleurs.

Ce projet, produit par Bretagne Culture Diversité, a été réalisé par Caroline Troin, de l'association Rhizomes, programmatrice et codirec-trice pendant vingt ans du Festival de cinéma de Douarnenez, en partenariat avec les associations Daoulagad Breizh et Festival de cinéma de Douarnenez.La plate-forme rassemble des films emblématiques de la diversité culturelle. La simple mise à disposition ne suffit pas pour autant et une importante documentation a été rassemblée proposant :

Une fiche descriptive pour quelque 370 films ;140 films directement accessibles ;66 portraits de réalisateurs ;9 peuples présentés ;Le rappel de la programmation du Festival de cinéma de Douarnenez de ces trente-six dernières années.Cette plate-forme gratuite s’adresse à tout un chacun et permet de découvrir les problématiques propres aux peuples minorisés.

º | http://bretagne-et-diversite.net

º | www.mediathequecloharscarnoet.blogspot.com

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Finistère

Ouverture d’antennes

La Bibliothèque départementale du Finistère a ouvert ses antennes du pays de Morlaix (Sainte-Sève) et du pays de Brest (Saint-divy).

À travers son plan de développement de la lecture publique (2014-2015), le conseil général du Finistère a souhaité favo-riser l’accès du plus grand nombre de Finistériens à la pratique du livre, en luttant contre les inégalités territoriales d’accès à la lecture. Afin de créer plus de proximité avec le réseau des 224 bibliothèques municipales présentes sur le territoire départemental, il a décidé de renforcer son offre en créant trois nouvelles antennes de la Bibliothèque départementale, à Saint-Divy, Sainte-Sève et Plonévez-du-Faou.Après l’inauguration de son antenne morlai-sienne à Sainte-Sève, le 3 juillet dernier, la BdF a ouvert son antenne dans le pays de Brest, à Saint-Divy, le 5 septembre. L’antenne emploie sept bibliothécaires. Elle est l’interlocutrice de bibliothèques muni-cipales de 60 communes des pays de Brest, Landerneau, Lesneven, Le Faou et Crozon.La décentralisation de la Bibliothèque départementale représente un inves-tissement de 11 millions d’euros, dont 2,6 millions pour l’antenne de Saint-Divy. À l’occasion de l’inauguration du bâtiment, une convention a été signée entre la Ville de Brest et le département pour mieux coor-donner les actions de lecture publique. Ce partenariat veut anticiper le rôle métropo-litain qui sera joué par la médiathèque des Capucins, à Brest, d’ici 2016.

Sainte-Sève

Surface : 1 745 m2, dont 420 m2 pour l’espace des collections et 190 m2 pour le hall d’accueilCollections : 78 000 livres, dont 42 000 en rayon ; 9 500 CD, dont 5 250 en rayon ; et 3 400 DVD, dont 1 650 en rayonÉquipe : 6 salariésNombre de bibliothèques desservies : 61Architectes : Patrice Liard et Christine Tanguy

Bibliothèque départementale du Finistère – Antenne du pays de MorlaixZone d’activité de Pen Prat29600 Sainte-SèveTél. : 02 98 60 25 85

Saint-Divy

Surface : 1 285 m2, dont 410 m2 pour l’espace des collections et 190 m2 pour le hall d’accueil

Collections : 83 865 livres, dont 42 220 en rayon ; 9 295 CD, dont 3 950 en rayon ; et 3 840 DVD, dont 1 375 en rayon6 chariots RFIDÉquipe : 8 salariésNombre de bibliothèques desservies : 61Architecte : Michel Grignou

Bibliothèque départementale du Finistère – Antenne du pays de BrestZone de Penhoat29800 Saint-DivyTél. : 02 98 60 25 80

Mouvements dans les médiathèques

DouarnenezMarc Moutoussamy est le nouveau responsable de la médiathèque Georges-Perros, à Douarnenez, depuis le 1er septembre. Il était auparavant responsable de la médiathèque Étienne-de-Caux, à Saint-Nazaire.

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Librairies – Chiffres – septembre 2014

départementPts de vente indés

(critères guide : 1 500 titres, 25 % ca, cde à l’unité)

Avec de la

presse

Label LiR

Cafés-librairies affiliés à Calibreizh

Cafés-librairies non affiliésou proposant un espace salon de thé

Librairies spécialisées

22 26 5 7 1 0 6

29 43 7 8 8 5 16

35 47 4 8 3 1 15

56 37 5 4 3 3 17

44 42 3 13 1 3 17Bretagne

administrative 153 21 27 15 9 54

Bretagne 5 départements 195 24 40 16 12 71

Ouvertures :

– François Guéguen ouvre une librairie généraliste à Lamballe : Librairie La Cédille, 20 rue Lourmel, 02 96 30 98 51

– Bérengère Lebrun a lancé Liliroulotte sur les routes cet été. Pour tout savoir sur cette librairie jeunesse itinérante-lieu d’animation et d’accompagnement parental :

º | www.liliroulotte.com

– Marie Bouget ouvre une librairie généraliste à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu : Les Mots doux, 4 rue Félix-Platel, 02 40 78 91 15

Fermetures :

Le Triangle blanc, au CroisicLes Vents m’ont dit, à QuimperLibrairie Gribouille, à MuzillacLibrairie Alphagraph, à RennesLibrairie Bulle d’air, à HuelgoatLibrairie Au Bouquin malin, à LandivisiauLibrairie L’expression en liberté, à La Baule-Escoublac

transmissions :

La librairie Tournez la page, à Combourg, est reprise par Frédéric Talfer.

Actualités de la librairieKeleier ar stalioù-levrioù Léz nouvèl de la liverri

Guide des librairies indépendantes de Bretagne

Livre et lecture en Bretagne publie un Guide des librairies indépen-dantes de Bretagne.Ce Guide recense les librairies indépendantes- qui possèdent 25 % de livres neufs dans leur chiffre d’affaires ;- qui ont un minimum de 1 500 titres référencés ;- et qui proposent à leur clientèle la commande à l’unité.Ce document est disponible au format numérique sur le site de Livre et Lecture en Bretagne, à la rubrique « Nos publications ».

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quimper Communauté

Les médiathèques de quimper Communauté travaillent (aussi) en breton

Depuis l’année scolaire 2010-2011, les animations en breton font l’objet d’un projet de réseau, mené à bien par trois bibliothécaires bretonnants : Pierre Mens-Pégail, Maryse Évrain et Ronan Debel. L’idée est de mettre en valeur l’édition en langue bretonne, prin-cipalement celle destinée aux enfants, pour laquelle la demande est bien plus importante que celle pour adultes. Diverses activités sont mises en place : accueil de classes bilingues (des trois filières : public, privé et Diwan), principalement à la médiathèque d’Ergué-Gabéric et à celle des Ursulines ; organisation de séances, à raison de deux ou trois par an, autour du thème « Je lis en breton avec mon enfant ». Celles-ci permettent, autour de textes simples, de créer un lien à travers la langue, entre des enfants apprenant le breton à l’école et des parents n’étant pas nécessairement bretonnants. Il est également organisé des visites de la médiathèque des Ursulines en breton, pour enfants et adultes. Élément central de la présence du breton dans le réseau des médiathèques, l’exposition d’illustrations

originales de livres pour enfants. Celles-ci sont systématiquement bilingues, l’idée étant de mettre les visiteurs à l’aise, sans exclusion aucune. La prochaine exposition permettra de découvrir les illus-trations de l’album War bord ar mor, de Gwenole Le Dors, à Ergué-Gabéric, du 12 au 28 novembre 2014.

Kemper KumuniezhBrezhoneg e mediaouegoù bro gKemper

Gant ar rouedad mediaouegoù e kumuniezh kêrioù bro gKemper zo lañset a-bep seurt obererezhioù e brezhoneg abaoe 2010. Gant tri den eo kaset an traoù : Pierre Mens-Pégail e mediaoueg an Erge Vras, Maryse Evrain en Ursulinezed war-dro d’al lennadennoù foran, ha Ronan Debel war-dro d’ar glad. Gant Pierre Mens-Pégail eo kenurzhiet al labour, displeget en deus deomp penaos eo aozet.

Actualités de l’édition en langues de BretagneKeleier an embann e yezhoù BreizhLéz nouvèl de la banisri den léz lang de Brtêgn

par Tugdual Carluer

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Mennozhioù kreiz ar rouedad war-dro d’ar brezhoneg

Abaoe ar bloavezh-skol 2010-2011 eo lañset ar raktres-mañ, er mediaoue-goù an tostañ d’ar skolioù brezhonek diwar abegoù pleustrek : An Erge Vras, An Ursulinezed, Penharz ha Pluguen. Degouezhout a ra aozañ abadennoù war-eeun evit ar skolioù, da skouer kejaden-noù gant skrivagnerien, evel zo bet graet gant Pierre-Emmanuel Marais, bet e 2013 e mediaoueg An Erge Vras o komz eus e levr evit ar vugale Deomp slowly. Ur wezh bennaket zo bet labouret gant Ti Ar Vro e Kemper ivez. Ar soñj eo lakaat an embann brezhonek da dalvezout, da gentañ penn evit a sell al levrioù evit ar vugale, a vez muioc’h a c’houlenn warne. Kaset e vez gweladennoù evit ar c’hlasoù divyezhek e brezhoneg, seul taol ma vez goûlet. Hag e mediaoueg an Ursulinezed, mediaoueg kreiz Kemper, e oa bet aozet gweladen-noù e brezhoneg arlene, evit ar vugale hag an dud deut, ar pezh a vo adkaset evit ar bloaz. E-kichen an dra-mañ eo kreizen-net ar raktres rouedad abaoe 2011 war-dro d’un diskouezadeg, hag a ro da welet skeudennoù orin un oberenn, kinniget e div vediaoueg er rouedad. Savet e vez pep tra evit ma vo pep hini en e vleud, brezho-neger/ez pe get, daoust ma vo broudet an dud d’ober gant ar brezhoneg.

Diskouezadegoù skeudennoù orin

Un dra eus ar pouezusañ eo an diskoueza-degoù bep bloaz, divyezhek anezhe.Ur wezh adarre eo muioc’h tuet ar gwela-dennoù da-gaout ar vugale, evit an dud deut e vez kinniget abadennoù diouzh an noz kentoc’h. Bewezh e teu bugale da gejañ ouzh ar skeudenner pe skeudenne-rez, ma ne gomz ket brezhoneg e vez rannet ar c’hlasad e div lodenn, an eil o sevel ar gaoz gant an arzour/ez, e-keit emañ eben oc’h heuliañ ur weladenn e brezhoneg gant Pierre Mens-Pégail. Bep bloaz e vez klasket cheñch an ti-embann a vez labou-ret gantañ. Er bloavezh-skol 2010-2011 ‘oa bet labouret war Alanig, Rouzig hag an irvinenn, gant an tiez-embann Sav-heol, An Alarc’h ha Keit Vimp Bev, hag an drese-rien Mael Verot ha Christophe Babonneau. Ar bloavezh war-lerc’h e oa gant TES ha skeudennoù orin gant Marie Diaz evit al levr 1,2 3, rimadelloù a ri. E 2013-2014 e oa diskouezadeg tresadennoù Arzhig Du gant Danièle Bour, gant meur a levrig

azasaet e brezhoneg gant an ti-embann Bannoù-heol. Digarez da gas ul labour pelloc’h gant ar skolidi…

Arzhig du

Gant an diskouezadeg diwezhañ-mañ, savet war-dro d’al levrioù Arzhig Du evit ar vugale vihan, e oa bet soñjet lakaat ar re yaouank da dreiñ levrioù e brezhoneg. Labouret e oa bet war c’hwec’h levr gant c’hwec’h klasad, eus an eil kelc’hiad betek ar skol-veur war al lizhiri. Un disoc’h plaen gant ul labour disheñvel hervez ar rummadoù, anat deoc’h ! Embannet e oa bet e miz Mae gant Bannoù-heol, hag e fin ar bloavezh-skol tremenet e oa bet dasparzhet al levrioù etre ar vugale, gant an embanner, war leurenn mediaoueg an Ursulinezed.

Ouzhpenn-se tout zo savet tammoù emgavioù da harpañ an dud da lenn e brezhoneg gant o bugale. Rannet e vez ar strollad e daou : ar vugale eus an eil tu, da gaout plijadur o lenn pe o c’hoari gant ar yezh, hag o zud eus egile, kement ha deskiñ pelloc’h gant ar brezhoneg, dista-gañ aesoc’h, a-wezhioù gant tud n’eus ket brezhonegerien anezhe. Hag e fin an abadenn e vez bodet an holl. Ar pal eo lakaat an dud en o bleud. Betek tregont a dud zo bet betek bremañ.

Abaoe miz Even e vez enrollet abaden-noù lennegezh e Radio Kerne, skignet bep gwener beure, pe e podkast war radiobreizh.net, gant an tri levraoueger a ra gant ar brezhoneg. Kinniget e vez a-bep seurt levrioù, brezhoneg pe get, pe ve romantoù, bannoù treset pe c’hoazh teullevrioù.

Amzer da zont

E miz Du, etre an 12 hag an 28, e vo roet lañs d’un diskouezadeg nevez, o kinnig skeudennoù al levr War bord ar mor, gant Gwenole Le Dors. Da-heul e vo da welet e mediaoueg Pluguen. Ha lakaet zo emgav gant Yann Fañch Jacq, en deus savet an destenn, a-benn an 13 a viz Du. Lakaet eo bet an deizioù abalamour da glotaat gant sizhunvezh vroadel digresk al losta-joù, evit mont da-heul an tem-mañ, a vo labouret warnañ a-hed an diskar-amzer er mediaouegoù. Ha sur deoc’h zo kaoz eus lostajoù War bord ar mor !Un dra ouzhpenn kinniget gant ar mediaouegoù e bro gKemper, gallout a

ra neb a gar deskiñ tammoù bommoù brezhonek war al lec’hienn internet, dre gentelioù kizidikaat d’ar yezh.

Aesoc’h eo aozañ abadennoù e brezhoneg bremañ evit na oa dek vloaz zo. Kaset zo un tamm mat a hent abaoe, brav eo goût ! Ha c’hoazh bremañ ‘vez klevet : « N’eus ket trawalc’h a draoù e brezhoneg er mediaouegoù ! » Dav goulenn ‘ta ! Hag e vo klasket pourveziañ, sevel ar pezh a ra diouer. Soñj zo bremañ da glask prenañ levrioù eus ar simplañ zo tout, a-sort gant Spot, ar pezh a ra diouer alies. Remerket zo e vezent amprestet muioc’h pe ve gant ar vugale, pe ve gant tud deut.

Abadennoù e podcast war :

º | www.radiobreizh.net

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Le juch

Yil Édition se fait une place

Pas facile de trouver un éditeur aujourd’hui, pour les jeunes auteurs de bande dessinée. dans ce domaine de l’édition comme dans bien d’autres, de nouveaux modèles économiques tentent de faire leur place. C’est le cas avec Yil (Yanouch industrie lourde), implanté au juch, près de douarnenez.

Yanouch, Yannick Bunel pour l’état civil, est né dans la région parisienne. Après dix ans dans le Pas-de-Calais, ce ferronnier compa-gnon du devoir, amoureux de la mer et de la Bretagne, a posé son sac dans le petit village du Juch. Lui-même a pu mesurer la diffi-culté pour un auteur de trouver un éditeur, lorsqu’il a voulu lancer son projet de BD, Entre-Monde. « Les éditeurs m’avaient pourtant encouragé, j’avais même reçu un coup de téléphone de Tardi qui voulait me faire entrer chez Casterman. Finalement, je me suis tourné vers l’autoédition. J’ai fini par rembourser mon investissement, mais on se fatigue vite, quand on est tout seul. »

Une maison d’édition fédérative

Dans les années 2008-2009, avec d’autres amoureux de la BD, Yanouch croit beau-coup à Internet et à la mise en ligne des nouvelles œuvres, comme une possibi-lité pour les auteurs n’ayant pu publier dans une major de trouver leur public. « Malheureusement, en France, ce n’est pas un modèle économique viable, et on est loin du compte. » Finalement, le projet a émergé peu à peu autour d’une maison d’édition fédérative, éditant à compte d’éditeur, mais ne dépendant pas de la pression des action-naires et des banques. « Nos albums coûtent cinq fois plus cher à produire, mais au moins, nous ne sommes pas pompés par des sangsues. De toute façon, qui peut prévoir le projet qui aura autant de succès que Titeuf ? Personne. Nous avons décidé d’éditer des albums sans penser à un possible succès commercial, juste en cherchant l’équilibre, en optimisant les coûts. Nous imprimons nous-mêmes et les auteurs s’occupent de la diffusion de leurs bouquins dans les salons et divers événements. On n’a pas de ligne éditoriale. On dit oui à condition que

l’auteur soit capable de mener son projet à bien. » Les tirages sont limités : 200 à 500 exemplaires, puis retirage éventuel selon la demande. Cependant, contrairement aux éditeurs à compte d’auteur, Yil rédige des contrats d’édition en bonne et due forme, avec des droits relativement avantageux : 10 % pour l’auteur, et 25 % lorsqu’il les vend directement. « Et nous les défrayons

lorsqu’ils vont sur des grands salons. » À côté de cette prestation de service amélio-rée, Yil envisage de lancer un secteur plus « pro », avec un investissement éditorial dans certains projets, et un diffuseur. « Même si je trouve que le modèle actuel de diffusion, avec les représentants qui rendent visite aux libraires, complètement obsolète. »

Actualités de l’éditionKeleier an embann Léz nouvèl de la banisri

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Le catalogue, fort aujourd’hui d’une trentaine de titres, devrait en présenter une centaine en 2015. « De plus en plus d’auteurs, refusés dans les majors, nous rejoignent. Nous allons bientôt éditer Monsters, de Paskal Millet, une œuvre de qualité qui ne trouvait pas sa place dans la ligne éditoriale des Humanoïdes asso-ciés. Nous allons signer des gens comme Mancini, et bien d’autres. Les tirages sont faibles, mais les livres peuvent continuer à exister pendant plusieurs années, ce qui est loin d’être le cas dans les grandes maisons. Et nous proposons aux libraires une remise de 38 %. Lorsque nous parvenons à financer un projet par les préventes et le crowdfun-ding, nous pouvons même proposer un à-valoir à l’auteur. »Yil Édition a ouvert le 15 août dernier un café-librairie, au Juch. Le local va également servir à organiser des expositions, des veillées, et accueillera une antenne de Dastum bro Gerne, l’association de collectage. Après avoir connu le RSA, Yanouch et sa compagne parviennent à se payer au Smic, cinq ans après avoir imaginé leur projet. Dans ses rêves les plus chers, relancer un jour le mythique magazine breton des années 1980, Frilouz. « Cela nous permettrait de payer nos auteurs à la planche, ce que nous ne pouvons nous permettre actuellement. »G. A.Librairie-café-édition Yil, 4, rue de la Gare, Le JuchTél. : 09 60 41 78 87Ouvert du mardi au samedi de 10 h à 12 h et de 14 h à 19 h

º | www.yil-edition.com

Synthèse de l’« Observatoire du dépôt légal »

La BnF publie l’édition 2014 de l’Observatoire du dépôt légal : reflet de l’édition contempo-raine, synthèse et statistiques annuelles sur la production éditoriale nationale en France. Des analyses sur les langues de publication et sur les langues de traduction ont été ajoutées dans cette troisième édition. Il en ressort que la production éditoriale a augmenté depuis 2012, avec un tirage initial en diminution et un nombre de déposants en augmentation. Près de quatre livres sur dix sont des ouvrages de fiction.Cette publication est téléchargeable à cette adresse :

º | www.fill.fr/images/documents/dl_observatoire_2013.pdf

Rappel sur le dépôt légal

Le dépôt légal est l’obligation pour tout éditeur, imprimeur, producteur, importateur, de déposer chaque document qu’il édite, imprime, produit ou importe en France à la BnF ou auprès de l’organisme habilité à recevoir le dépôt en fonction de la nature du document.Le dépôt légal à la BnF est organisé pour permettre la collecte et la conservation des livres, périodiques, documents cartographiques, documents iconographiques, documents sonores et multimédias, logiciels, vidéogrammes, sites web et de la musique imprimée. Le dépôt de ces documents permet de constituer une collection de référence consultable dans les salles de la Bibliothèque de recherche. Il permet également l’établissement et la diffusion de la Bibliographie nationale française.

º | www.bnf.fr/fr/professionnels/depot_legal.html

Rapport social du SNE

La commission sociale du SNE a publié son rapport social annuel sur la branche édition. Il ressort de cette étude que sur 85 entreprises répondantes, environ un tiers comptent moins de 10 salariés, un peu moins d’un quart entre 10 et 49 salariés, un peu plus d’un tiers entre 50 et 300 salariés, environ 8 % plus de 300 salariés. En 2013, 68 % des salariés travaillaient à temps plein. 74 % des employés sont des femmes.Le rapport social de la branche de l’édition est disponible en version numérique sur demande auprès de Tiphaine Duchenoy : [email protected]

Les réseaux sociaux à l’usage des éditeurs

Le Centre régional des lettres de Basse-Normandie a publié un vade-mecum, Les Réseaux sociaux à l’usage des éditeurs. Des outils pour aller plus loin. Il est téléchargeable à cette adresse :

º | www.crlbn.fr/wp-content/uploads/2014/07/vadémécum-Réseaux-sociaux-à-lusage-des-éditeurs.pdf

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douarnenez

Femmes écrivaines d’indonésie

La journée littérature du Festival de cinéma de douarnenez était consacrée cette année aux femmes écrivaines d’indonésie. quatrième pays le plus peuplé du monde, avec 256 millions d’habitants, l’indonésie demeure peu connue en France, tant pour son histoire que pour sa et ses cultures. Sa littérature est absente de nos librairies, peu traduite, et on ignore qu’elle se conjugue souvent au féminin. Au cours de cette journée, c’est donc en terra incognita que la plupart des participants se sont aventurés, guidés par les deux auteures indonésiennes invitées. une mise en bouche réussie si l’on en croit le succès des livres indonésiens à la librairie du festival.

Tout d’abord, il convient de saluer le travail des bénévoles de la commission littérature du festival, dont les membres passionnés lisent, partagent, sélectionnent les ouvrages liés au thème choisi, durant toute l’année. D’échange en échange, se constituent ainsi, peu à peu, une bibliographie et un fonds qui viendra enrichir la librairie mise à la disposition des festivaliers. Ce sont plus de 700 titres dédiés aux peuples invités, mais aussi aux minorités en géné-ral et à la Bretagne, qui permettent d’approfondir les divers sujets de réflexion que le festival aborde. Outre la gestion de la librairie, la commission organise des lectures liées au thème, réalise une notice bibliographique et anime la journée littérature. En ce mois d’août, elle avait choisi d’inviter deux écrivaines indonésiennes.Auteure et journaliste, Okky Madasari est née à Java en 1984. Ses ouvrages, marqués par de saisissants portraits emblématiques de l’Indonésie contemporaine, de sa diversité et de ses contradictions, témoignent de son engagement contre toute forme de répression et d’oppression. Son dernier roman, Maryam, a reçu en 2012 le prix le plus prestigieux du pays.Auteure, éditrice, productrice et activiste politique, originaire de l’île de Florès, Olin Monteiro a publié des essais ainsi que des antho-logies de poésie. Elle est coordinatrice de l’organisation féministe PWAG, qui édite des livres et produit des films à partir des témoi-gnages de femmes victimes de violences.C’est en 2010 que Okky Madasari publie son premier roman, qui sera traduit en anglais en 2013, sous le titre de The Years of the Voiceless (Les années des sans voix). « J’ai eu beaucoup de chance que mon premier roman séduise le principal éditeur du pays, Gramedia, car il est très difficile de se faire éditer, en Indonésie. » En toile de fond du roman, un conflit de générations entre deux femmes, qui se cris-tallise sur la question religieuse. Finalement, la lutte contre le tota-litarisme les réunira. « Aujourd’hui, reconnaît Okky, on peut parler plus facilement de l’époque de la dictature, même si ça ne plaît pas à tout le monde. Ma génération ouvre les yeux et elle a envie de parler, de dire ce que nos parents ne pouvaient dire. Pour autant, cela ne signifie pas que l’on ne parle que du passé, mais plutôt de ses conséquences aujourd’hui. » En 2011 paraît 86 (traduit en anglais sous le titre The Outcast), qui dénonce la corruption en Indonésie, en particulier chez les fonctionnaires. Maryam, paru en 2012, relate les injustices faites aux Ahmadis, des musulmans influencés par le

bouddhisme et l’hindouisme, considérés comme hérétiques, expul-sés de leurs habitations et privés de tous droits. « Cette minorité vit un enfer dans un pays où la beauté est partout », aime rappeler Okky, qui considère la défense des minorités comme quelque chose d’essentiel pour son pays. Son dernier roman, paru en anglais en 2014 sous le titre de Bound (Limite), aborde le combat de l’individu pour se libérer des contraintes imposées par l’État, la religion, les traditions, les normes, l’économie. En Indonésie s’affrontent deux visions de l’Islam, l’une moderniste, l’autre plus fondamentaliste. « C’est récent que l’Islam, religion majoritaire en Indonésie, soit devenu un problème. L’autorité des religieux se substitue parfois à celle des politiques. Ils voudraient décider de la vie des autres. Pour l’instant, cela se ressent à travers des petites menaces, des reproches concernant tel ou tel comportement et une pression accrue qui influence le pouvoir politique. C’est comme si quelqu’un essayait de nous empêcher d’avancer en nous tirant en arrière. Mais nous résis-tons. » Bound aborde la question des transgenres et des discrimina-tions dont ils sont victimes. « Quand j’ai commencé à travailler sur cette question, je me suis aperçue que moi aussi, j’avais des préju-gés. Je crois que l’écriture de ce roman m’a changée. La littérature sert aussi à ça, à modifier le point de vue de l’auteur, parfois. » En Indonésie, il y a cinq religions qui sont reconnues et l’appartenance religieuse est inscrite sur la carte d’identité. Récemment, un garçon

Actualités de la vie littéraire et des écritures contemporainesKeleier ar vuhez lennegel hag ar skridoù a vremañLéz nouvèl de la vi déz lètr e dl’ecrivaij d’astourr

Okky Madasari

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qui s’était déclaré athée via Facebook s’est retrouvé en prison. « Alors, quand on leur demande quelle est leur religion, certains répondent “encarté musulman”, ce qui n’est pas tout à fait la même chose que de dire “je suis musulman”. Il y a un amalgame entre athéisme et marxisme, et comme le communisme reste interdit… » Pour l’ins-tant, les romans de Okky Madasari n’ont toujours pas été traduits en français. Avis aux éditeurs…Olin Monteiro était poète avant d’être jour-naliste. Ses principaux centres d’intérêt sont la poésie des femmes et l’injustice. La critique a beaucoup insisté sur le fait que les nouvelles auteures parlaient de sexe. Comme le souligne Olin, « dès qu’une femme parle librement de sexualité, ça fait beaucoup de bruit, alors que quand c’est un homme, on ne le remarque même pas ». Dans une société marquée par le poids des traditions, une femme écrivain, rebelle de surcroît, est considérée comme une femme qui n’aime pas assez son foyer. « Ou alors, on nous imagine jeunes et belles. Nous avons besoin d’être jugées pour la qualité de ce que nous écrivons, pas sur notre genre ou sur notre apparence. » Sur le blog de sa

maison d’édition, Olin a lancé un appel à des femmes poètes. Les réponses sont venues de tout l’archipel, et un jury a finalement choisi 17 écrivaines pour les publier. « Le but est de donner un espace d’expression aux femmes. » Olin a toujours lu en anglais, en indonésien et en néerlandais. Mais l’Indo-nésie, c’est plus de 750 langues, des cultures orales pour la plupart, une population qui a des problèmes avec la lecture, et des livres qui restent chers. Sans parler de l’essor d’Internet. « Les gens sont passés direc-tement de l’oralité au smartphone ! » Les enfants apprennent l’indonésien à l’école, parlent leur langue maternelle à la maison, mais ça s’arrête là. Okky, par exemple, parle javanais dans sa famille, mais ne sait pas l’écrire. « Je ne pense même plus en java-nais », ajoute-t-elle. À l’université, à Jakarta, il existe une possibilité d’apprendre le java-nais ancien, mais cela intéresse très peu d’étudiants. D’innombrables langues d’In-donésie sont donc en danger.Les éditeurs sont assez nombreux, mais dominés par ceux qui, comme Gramedia, disposent de leurs propres imprimeries et librairies. Comme l’explique Olin, « il y a des éditeurs qui impriment mais n’ont pas de

librairies, et des indépendants comme moi qui n’ont ni imprimerie, ni magasins. Pour vendre en dehors de Java, je suis obligée de collaborer avec Gramedia. Heureusement, par le biais de Facebook et d’Internet, les jeunes qui s’y intéressent savent ce qui se passe dans le domaine de l’édition. Mais il n’y a pas à l’école de lectures imposées de tel ou tel auteur, comme en France, alors c’est aux parents de donner le goût de la lecture à leurs enfants. C’est ce que j’essaie de faire avec mon fils de 14 ans. Vous, en Europe, vous avez une tradition de lecture depuis une centaine d’années. Chez nous, c’est encore tout neuf. Mais on voit beau-coup de jeunes se diriger vers des métiers artistiques, et, comme la population est très jeune, j’ai beaucoup d’espoir. »

La bibliographie sur la littérature indoné-sienne établie par la commission littérature du Festival de cinéma de Douarnenez est disponible sur :

º | www.festival-douarnenez.com/fr/edition/2014/litterature

Vous y trouverez aussi les bibliographies des éditions précédentes.

La littérature indonésienne en quelques mots

L’histoire de la littérature indonésienne est fortement liée aux différentes périodes qui ont marqué l’histoire de ce pays : diver-sité des langues et des cultures à l’origine, colonisation, indé-pendance, dictature, démocratisation. Elle reflète les tensions entre tradition et modernité, identité nationale et influences occidentales, nationalisme et diversité.À Java et à Bali, le Nagarakertagama et le Pararaton, grandes épopées du royaume de Majapahit, sont datés du xve et du xvie siècle, précédant la Serat Centhini, épopée mystique donnant lieu à certaines interprétations libertines, voire paillardes. Les Sundanais, les Bugis, les Makassar ont aussi leurs monuments épiques, écrits dans leurs propres langues, alors que l’essor de l’Islam accompagne celui de la littérature et de la poésie en malais – le pantun –, langue du commerce qui sera plus tard choisie comme langue nationale, histoire de ne frois-ser personne. Bien entendu, les traditions orales sont très riches et aussi diverses que le sont ces milliers d’îles aux centaines de langues, aux religions et aux peuplements différents. À signaler, en 1860, la parution de Max Havelaar, le roman du Hollandais Eduard Douwes Dekker dénonçant le système colonial à Java, qui aura un succès considérable.En 1908, les colonisateurs néerlandais fondent une première maison d’édition, Balai Pustaka, dont les ouvrages, favorables à la vision occidentale, traitent des traditions, des conflits de géné-rations. Les premiers auteurs viennent en majorité de Sumatra.Après l’indépendance, en 1945, qui voit la littérature nationale

s’épanouir, les années 1960 sont marquées par l’opposition entre deux mouvements littéraires : les « neutres », humanistes, influencés par Sartre et Camus, et le Lekra, d’inspiration communiste, dont l’auteur le plus connu est Pram 1, plusieurs fois proposé comme prix Nobel de littérature.En 1965, l’Ordre nouveau instauré par Soeharto conduit à la mort, à l’emprisonnement ou à la fuite des partisans du Lekra, dont les œuvres sont interdites. La période de la dictature sera propice au retour à l’individualisme, aux romans d’amour et d’aventures, ainsi qu’à l’expérimentation formelle au théâtre et en poésie, tout autant qu’en prose, avec, par exemple, les nouvelles absurdes de Budi Darma.La démocratisation du pays, à partir de 1998, déclenche une vague de créativité, avec une liberté de ton pour parler de poli-tique, de sexualité, de problèmes sociaux ou de religion. Parmi les auteurs remarqués, Ayu Utami et son roman Saman. Il s’agit d’une femme et ce n’est pas un hasard, tant les écrivaines, pour-tant moins nombreuses que les écrivains, proposent la produc-tion littéraire indonésienne la plus innovante, revendiquant, bousculant les tabous, parfois avec humour. Elles représentent une alternative face au succès d’ouvrages populaires liés à l’Islam, ou traitant de l’ascension sociale d’Indonésiens exilés à Paris et à New York.G. A.

1– Pramoedya Ananter Toer

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Séné

Aux oeuvres, citoyens !

Les journées « Aux oeuvres, citoyens ! » auront lieu du 15 au 22 novembre 2014. Elles sont consacrées aux « Formes artistiques participatives : quand les habi-tants créent avec les artistes ».

Collectages, créations collec-tives, collaborations artistes/habi-tants… À Séné comme ailleurs, naissent des initiatives où les artistes se nourrissent de l’histoire ou de la part créative des « gens » pour imaginer des aventures artis-tiques nouvelles. Effet de mode ? Signe d’un temps où l’on ressent le besoin de requestionner le sens du collectif et du vivre ensemble ? Contraintes économiques qui amènent l’artiste à chercher (petite) fortune auprès des collec-tivités territoriales en flirtant

avec la notion de « proximité » et de « participation » ? Ou véritable lame de fond qui témoigne de la nécessité de s’extraire parfois de la notion de « public » pour proposer à l’habitant une place nouvelle, une autre fonction dans le champ artistique ? Et d’imaginer ensuite coconstruire avec lui (et non plus pour lui) les fondements des poli-tiques culturelles publiques…Les Journées « Aux œuvres, citoyens ! » sont l’occasion de décou-vrir des formes artistiques participatives venues d’ailleurs (projec-tions, spectacles vivants, expositions…).Tous ceux qui ont inventé, programmé, soutenu ou envisagé une ou plusieurs expériences artistiques participatives sont invités à une journée de réflexion sur la question de la place des habitants dans

les projets culturels et artistiques, le samedi 22 novembre, à Grain de Sel, le centre culturel de Séné.En outre, au programme de ces Journées :– Spectacle dansé avec la compagnie Pied en Sol (15 à 20 habitants)– La TV d’ici avec Avis d’Éclaircies (10 habitants)– Création graphique avec Hélène Gerber (10 habitants)– Création d’une œuvre monumentale avec Sophie Prestigiacomo– Fanfare participative avec la Fanfare de la Touffe (50 habitants ou

plus)– Écriture à plusieurs mains avec les Arts PaisiblesTarif : Apporter un objet rouge !

Contact : [email protected] – 02 97 67 56 70ou Laurence Pelletier, coordinatrice : 06 86 18 85 90

º | www.facebook.com/pages/Aux-Oeuvres-Citoyens/798620340159933

Répertoire des médiateurs du livre et de la lecture en Bretagne

Après sa mise à jour à l’été 2014, le Répertoire des médiateurs est à disposition dans sa nouvelle version, en ligne sur le site de Livre et lecture en Bretagne ou sur papier, au prix de 10 euros, port compris.Les demandes sont à adresser à Marie-Joëlle Letourneur : [email protected]

Guide des événements et des manifestations littéraires

Pour les porteurs de projets souhaitant y figurer, la date butoir est le 15 janvier 2015.Pour plus de renseignements, contacter Marie-Joëlle Letourneur : [email protected]

Publics « éloignés » du livre et de la lectureAr re zo « pell » diouzh al levrioù hag al lennLéz publliq « elouêgnë » du livr e d’la liri

Paris

des livres numériques accessibles

L’Université Pierre-et-Marie-Curie et l’association BrailleNet ont organisé les 22 et 23 août derniers deux journées de colloque à l’occasion du congrès 2014 de l’Ifla, sur le thème « Des livres numé-riques accessibles ! Une chance pour des bibliothèques accessibles à tous les publics ». Cette manifestation a rassemblé près de 150

bibliothécaires venus de tous les coins de la planète, des profes-sionnels et des particuliers intéressés par la question de l’accès aux livres pour les personnes empêchées de lire du fait d’un handicap. Ces deux journées, très axées sur la question du numérique, ont été très riches tant du point de vue des interventions que des débats suscités.Les actes du colloque sont disponibles sur le site de BrailleNet, organisateur des conférences.

º | http://ifla-lpd2014.braillenet.org

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à la lettre

Le film de Marianne Bressy, à la lettre, fait le point sur la situation de l’illettrisme en Bretagne. La Région étant prétendument moins touchée que d’autres, le phénomène aurait tendance à être minimisé. Ce sont pourtant au moins 150 000 personnes qui sont tou-chées et, comme les moyens octroyés pour lutter contre ce fléau sont en baisse, les professionnels ne sont pas très optimistes.

À la lettre donne la parole à de nombreux acteurs de la lutte contre l’illettrisme. L’animatrice d’Acces Armor, dans le Mené (Côtes-d’Armor), raconte son action auprès des enfants venus d’un peu partout, de Turquie ou du Mali pour ceux dont les parents travaillent aux abattoirs de Kermené. « Quelles que soient leurs origines, on trouve un même amour des histoires. » Et quand cela débouche sur l’amour des livres, quelle meilleure prévention contre l’illettrisme ? Mais les financements sont en baisse et on sent poindre l’inquiétude : « Aurons-nous toujours les moyens d’agir ? » Tribu en Filigrane, dans le Morbihan, intervient auprès des familles qui ne vont pas en médiathèque, les enfants à qui on ne raconte jamais d’histoires. Une salariée et des bénévoles, mais pas de financement public. « On ne rentre pas dans les clous. Pourtant, on peut aider à repérer ceux qui échappent à la lecture publique, et les aider. » Identifier assez tôt les problèmes de lecture devrait être en effet une priorité. Comme l’indique une chercheuse en sciences du langage : « C’est précurseur de l’échec scolaire. » Et d’enfoncer le clou : « Un élève sur cinq est en difficulté par rapport à l’écrit à l’entrée en sixième et 30 % des CP n’ont pas un niveau suffisant. Les formations que nous avons réussi à mettre en place pour les enseignants en collège ont donné des résultats spectaculaires : des enfants qui avaient le niveau CE1 à l’entrée en sixième avaient rattrapé tout leur retard en fin d’année. » Déni de la réalité, échec de l’Éducation nationale à intégrer 20 % de ses élèves, une langue française trop difficile, le rejet social des illet-trés, tout cela est bien connu. « Comment peut-on suivre une scola-rité jusqu’à 17 ans sans que personne ne se soit aperçu qu’on est en situation d’illettrisme ? » Les cas ne sont pas rares, pourtant, et le film agit comme un lanceur d’alerte : « Attention ! En Bretagne, il y a beaucoup de métiers qui disparaissent et qui ne demandaient pas beaucoup de compétences à l’écrit. Ce ne sera pas le cas pour les emplois de demain, et on risque d’avoir de mauvaises surprises. »Chez les élus, le film a pu faire grincer quelques dents. Interrogée,

Marianne Bressy ne mâche pas ses mots : « Quand on sait, par exemple, que personne n’a été missionné pour la lutte contre l’illettrisme pendant un an et demi en Bretagne, la question du désen-gagement politique est posée. » La réalisatrice reconnaît aussi qu’elle a réalisé un film qui est presque un film de commande : « Pas tout à fait un documentaire comme je l’entends ; disons un film mili-tant avec des axes prédéfinis par la chargée de mission régionale de la lutte contre l’illettrisme, à l’époque. » Les gens du voyage et les détenus ont cependant disparu du montage final, à la demande du comité de pilotage. Dommage !Aujourd’hui, la formation Compétences clés tente de faire face. Une animatrice pointe du doigt un système fragilisé : « On a mis en concurrence les organismes de formation choisis sur appel d’offres et instauré un système de paiement à l’heure par stagiaire. Le taux d’absentéisme étant très grand dans cette catégorie de population, on fragilise les organismes et on leur met la pression. » Les activités culturelles sont abandonnées et le travail en réseau entre les orga-nismes qui existait à l’échelle de la Bretagne a disparu. En résulte chez ceux qui combattent l’illettrisme un sentiment de solitude et de gâchis. Mais aussi le sentiment qu’il faut continuer à se battre. Plus que jamais. Dans le film de Marianne Bressy, produit par la société rennaise Les Films de l’Autre Côté, on voit aussi des gens progresser et sortir de l’ornière. Raison de plus pour insister et utiliser ce docu-mentaire pour débattre et informer les élus. À signaler également les suppléments documentaires thématiques accessibles sur le DVD, à partir d’un ordinateur.Actuellement, Marianne travaille, également avec Les Films d’à côté, sur un projet avec Gérard, personnage-clé de À la lettre, en voie de résilience. « Je l’accompagne pour tenter de saisir une défi-nition intime de l’illettrisme. Quelle personnalité cela a créé ? Quelle image de soi-même ? » Dans cette aventure à deux, la réalisatrice influe sur l’évolution du personnage.G. A.

À la lettre, de Marianne BressyLes Films de l’Autre Côté, 15 avenue Winston-Churchill, 35000 [email protected] – 02 90 78 29 63Pour visionner gratuitement le film entier en ligne :

Bretagne

Groupe régional « Lecture et dyslexie »

Faisant le constat partagé d’un nombre important et croissant de sollicitations en bibliothèque et dans les autres lieux du livre autour de la dyslexie, la Bibliothèque de Rennes Métropole et Livre et lecture en Bretagne ont décidé de s’associer pour lancer un groupe de travail régional autour de la thématique « Lecture et dyslexie ». L’objectif est simple : réunir des professionnels du livre et/ou des

spécialistes de la question de la dyslexie afin de constituer un socle de ressources communes autour des « dys », dans le domaine du livre et de la lecture. Le groupe de travail s’est réuni pour la première fois jeudi 9 octobre dans les locaux des Champs Libres à Rennes.

Contacts :Lucie Beauchamps, Bibliothèque de Rennes Mé[email protected] Loquet, Livre et lecture en [email protected]

Marianne Bressy, la réalisatrice

º | http://crdp2.ac-rennes.fr/blogs/illettrisme/2014/01/30/a-la-lettre-film-de-marianne-bressy/

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depuis mai dernier, l’écrivaine Frédérique Niobey est en résidence « nomade » dans le pays de Morlaix. Cette action a été mise en place par Livre et lecture en Bretagne, dans le cadre du Pacte d’Avenir, contractualisé avec l’État et la Région.

Frédérique Niobey a été reçue par les bibliothèques de Landerneau, Lampaul-Guimiliau, Lesneven, Landivisiau et Morlaix, et est allée à la rencontre des résidents des centres hospitaliers de Lanmeur et de Pérharidy – à Roscoff. Elle tient un journal, dont nous vous propo-sons ici quelques extraits qui, mieux qu’un long discours, disent

ce qui peut parfois advenir de « merveilleux » entre un écrivain et des personnes qui semblent, ou croient être, loin de la littérature. Ce sont des voix qui émergent, des textes qui circulent, des vies qui se construisent et se tissent par le récit.

« Je leur dis que ce qui m’intéresse, ce sont les voix, les voix qui me parleront, et que j’écrirai à partir de ces voix.Je leur pose la question : est-ce qu’il y aurait un lieu, important pour vous, que vous aimeriez me montrer ?Il y a un temps d’hésitation, et puis Nana commence à raconter qu’elle a été touchée par un endroit, sur une route…[…]La première fois quand je suis arrivée en Bretagne, je ne savais pas si j’allais rester. Quand j’ai vu cet endroit, je me sentais heureuse.Marievic lit à voix haute. Nous sommes chez elle, assises à la table de la cuisine. Marievic a écrit un texte pour parler de Kerhuel, où elle est arrivée il y a six ans des Philippines.

Elle lit, je l’écoute. Elle repose le texte, elle rit. Elle dit : Pour moi, ce qui est difficile, c’est la prononciation.[…]Régulièrement vient cette remarque : Moi, l’écriture, vous savez… ça n’est pas pour moi…[…]Plusieurs m’ont parlé déjà de leur expérience professionnelle chez Gad, mais Yvette est la seule à m’emmener sur les lieux. Elle y a travaillé trente-huit ans avant le licenciement collectif. Nous restons dans la voiture, regardant les bâtiments à travers le pare-brise. Pendant que nous parlons, quelques camions, bétaillères vides ou tanks à déchets pleins, entrent sur le site.[…]Sandrine ne peut plus s’arrêter d’écrire. C’est ce qu’elle me dit.Je lis son travail, je lui dis : Je mettrais peut-être quelques points.Elle me répond : Oh, oui, tu peux. Moi, je n’en mets pas, j’ai un problème de point, je le sais.[…]J’ai souvent remarqué qu’avec la marche, les mots entassés dans le sombre se délient et en viennent à former des phrases.Il s’agit de ne pas les perdre.Je les répète mentalement, les affine, au rythme de mes pas.Je sens le mouvement de l’écriture dans le mouvement du corps en marche.[…]Et je leur demande de faire un inventaire des voix qui ont pu les traverser, ou d’écrire sur leur propre voix. Certains travaillent seuls, d’autres ont besoin d’aide. Mais tous écrivent, c’est mon exigence. Que nous soyons accompagnateur, bibliothécaire, animatrice,

Histoires de voix, résidence de Frédérique Niobey

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éducateur ou public participant au projet, il est bon de mélanger les gens, les genres, d’abolir les différents rôles sociaux et de se retrou-ver autour d’une même table, pour écrire.[…]Les mouettes sont revenues ! Cette phrase de Rachel, dite hier dans un éclat de rire, tourne et retourne dans ma tête. Elle pourrait peut-être devenir le fil conducteur du chœur parlé de Lampaul. À voir…[…]On revient sur les entretiens enregistrés et retranscrits. La retrans-cription de la parole orale les interpelle. C’est comme ça que je parle ? Je me demande si ça n’est pas trop brutal.[…]Je passe le seuil de la maison de retraite avec ma valise pleine de livres.Entrer ici avec une valise. Je ne peux m’empêcher de penser… Est-ce que moi aussi, un jour… ?[…]Je retrouve Lanmeur avec plaisir.En suis-je partie ? Ce que j’y ai vécu en juillet, lors de ma première semaine de résidence, m’a suivie, poursuivie. J’ai gardé en tête la question : Qu’est-ce que vous faites ? Vous prenez nos vies ? Et je cherche à y répondre.[…]Ce matin, je propose la lecture de Lambeaux, de Charles Juliet, dans un service où les résidents sont atteints de la maladie d’Alzheimer.

Je ne sais rien de cette maladie. Je veux dire, je ne l’ai pas encore côtoyée de près. Est-ce que ça changera quelque chose à ma pratique ? Non.L’échange dure aussi longtemps que la lecture.On me dira ensuite que c’est rare qu’ils restent aussi longtemps sans s’agiter. Sans partir.[…]Elle a les yeux au bord des larmes, mais elle sourit. Elle dit : Quand je lis, quand je suis impressionnée, je pleure. Tout cela me rappelle la vie de mes parents, de mes grands-parents, la vie n’était pas si belle.Quand je lis… J’aime le fait qu’elle dise cela, elle écoute le texte et c’est comme si elle lisait.Elle dit aussi : Une lecture comme ça, ça fait du bien à tout le monde.C’est la première fois que je pense la lecture à voix haute comme un moment où nous lisons tous le même livre en même temps. »À suivre… sur le blog : http://residence2014.wordpress.comOutre cette résidence, Livre et lecture en Bretagne accompagne la mise en place d’espaces Facile à lire dans les bibliothèques de Landerneau, Lampaul-Guimiliau, Lesneven, Landivisiau et Morlaix, et dans les centres hospitaliers de Lanmeur et Pérharidy (à Roscoff.)

Pour en savoir plus :

º | www.livrelecturebretagne.fr/livre-et-lecture-en-bretagne/notre-actualite/voir-notre-actualite/?evt_id=2867

© F. Niobey

© F. Niobey© F. Niobey

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jusqu'au 22 février Bécherel, Ille-et-Vilaine

Exposition : A comme Albertine, z comme zullo – 1re édition Aude Oster – Maison du livre et du tourisme 4, route de Montfort 35190 Bécherel [email protected] www.becherel.com

Novembre

du 1er au 27 novembreSaint-Avé, Morbihan

Exposition « Louis Armstrong, le souffle du siècle » de zaüMédiathèque Germaine-Tillion1, rue des Droits-de-l’Homme56890 Saint-Avé – Tél. : 02 97 44 45 25www.declic-vannesagglo.fr

20 novembreRennes, Ille-et-Vilaine

Rencontre avec Seyhmus dagtekin à 19 h 30 à la Maison internationale de RennesMaison de la Poésie de Rennes47, rue Armand-Rébillon – 35000 RennesTél. : 02 99 51 33 32maisondelapoesie.rennes@gmail.comwww.maisondelapoesie-rennes.org

du 21 au 26 novembreLorient, Morbihan

Salon du livre jeunesse du pays de Lorient 13e éditionEmmanuelle Le MénachLigue de l’enseignement, fédération du [email protected]

22 et 23 novembreGuérande, Loire-Atlantique

Festival du livre en Bretagne de Guérande11e éditionMichel RivallandGourenez-Fédération des acteurs culturels du pays gué[email protected]:/festivaldulivreenbretagnedeguerande.overblog.com

23 novembrePluguffan, Finistère

Salon multilingue du livre jeunesse de Pluguffan – 21e éditionGweltaz Ar FurAssociation Salons Levrioù [email protected]

du 23 novembre au 5 décembreBrest et sa région, Finistère

Festival du conte Grande marée16e éditionSylvie PétronAssociation pour le développement des arts de l’oralité (Adao)[email protected]

26 novembreRennes, Ille-et-Vilaine

La pub est déclarée, rencontre avec didier daeninckx à 18 h 30Les rencontres de la bibliothèqueAstrid Massiot, Christine CordonnierSalle de conférences Hubert CurienLes Champs Libres10, cours des Alliés – 35000 Rennesaction.culturelle-bibliothè[email protected]

27 novembreRennes, Ille et Vilaine

Champs Libres au Goncourt un Automne littéraire à 20 h 30Astrid Massiot, Christine CordonnierSalle de conférences Hubert-CurienLes Champs Libres10, cours des Alliés – 35000 Rennesaction.culturelle-bibliothè[email protected]

27 novembreSaint-Brieuc, Côtes-d’Armor

un jeudi un écrivain : jean-Claude Kaufmann – identités : la bombe à retardement, rencontres littérairesSoizic LandreinLigue de l’enseignement des Côtes-d’Armor89, boulevard Édouard-Prigent22000 [email protected]

27 et 28 novembreRennes, Ille-et-Vilaine

Goncourt des lycéens – 27e éditionJeannie Le VillioAssociation Bruit de [email protected]

28 novembreSaint-Brieuc, Côtes-d’Armor

un auteur un livre – (littérature, essais…) : Étienne KleinHélène Dontenville, directriceBibliothèque André-Malrauxpmaille@mairie-saint-brieuc.frwww.mairie-saint-brieuc.frhttp://bmsaintbrieuc.wordpress.com

30 novembreLe Relecq-Kerhuon, Finistère

Salon du livre de Lennvor15e éditionMarie-Janick Michel – Association [email protected]://lennvor.e-monsite.com

décembre

du 2 au 20 décembreSéné, Morbihan

Exposition « Ce livre-là » de Malika dorayMédiathèque Grain de Sel5 ter, rue des Écoles 56860 SénéTél. : 02 97 67 56 70www.declic.vannesagglo.fr

3 décembreRennes, Ille-et-Vilaine

Rencontres avec Nathalie Kuperman et Yves PagèsSabine HélotLe TriangleBoulevard de YougoslavieBP 90160 – 35201 Rennes Cedex [email protected]

du 3 au 6 décembrePloufragan, Côtes-d’Armor

Salon du livre jeunesse de Ploufragan16e éditionJean-Yves DoualanSection culturelle de l’Amicale laïque de [email protected]:livrejeunesse.canalblog.com

6 et 7 décembreMorlaix, Saint-Martin-des-Champs, Finistère

Salon du livre jeunesse du pays de Morlaix 3e éditionJulia ThatjeAssociation La Baie des [email protected]

11 décembreSaint-Brieuc, Côtes-d’Armor

un jeudi un écrivain : Karim Ressouni-demigneux – La Cité (tome 4), rencontres littérairesSoizic LandreinLigue de l’enseignement des Côtes-d’Armor89, boulevard Édouard-Prigent22000 [email protected]

Agenda / Deiziataer / Calenderier avril-juin 2014

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11 décembreRennes, Ille-et-Vilaine

Soirée consacrée à Alain jégou à 19 h 30 à la Péniche SpectacleMaison de la poésie de Rennes47, rue Armand-Rébillon – 35000 RennesTél. : 02 99 51 33 32maisondelapoesie.rennes@gmail.comwww.maisondelapoesie-rennes.org

13 décembre 2014Daoulas, Finistère

Cabaret Poétique : les 40es délirants adaptation de et avec Yves-Marie Le texier d’après Raymond devos – 3e éditionChristine NicolasAssociation Prim’Vers et Prose37, route de Brest – 29460 [email protected]

16 et 20 décembreSéné, Morbihan

Atelier, le 16, et échanges, le 20, avec Malika doray, à 15 hMédiathèque Grain de Sel5 ter, rue des Écoles – 56860 SénéTél. : 02 97 67 56 70www.declic.vannesagglo.fr

17 décembreRennes, Ille-et-Vilaine

Le xviiie se livre, une autre manière de réviser ses classiques : le libertinage à 18 h 30Un automne littéraireAstrid Massiot, Christine CordonnierSalle de conférences Hubert-CurienLes Champs Libres10, cours des Alliés – 35000 Rennesaction.culturelle-bibliothè[email protected]

janvier

de janvier à mars Rennes, Bretagne

Rencontres avec des auteurs du prix des découvreurs Lucien Suel, Marie Huot et Patrick dubost (rencontres, ateliers d’écritures, soirées-lectures, formations)Gwenola Morizur – Maison de la Poésie de Rennes47, rue Armand-Rébillon – 35000 RennesTél. : 02 99 51 33 32communication.mp.rennes@gmail.comwww.maisondelapoesie-rennes.org

8 janvierQuimper, Finistère

Rendez-vous de Max… avec Nicole Laurent-Catrice : rencontre-lecture de 18 h à 19 h3e éditionLouis Bertholom, Marie-Josée Christien, Gérard Cléry – Les Éditions [email protected]://editionssauvages.monsite-orange.fr

14 janvierRennes, Ille-et-Vilaine

Lecture débat : le travail #2 et l'engagement politique : Éric Pessan invite Mariette Navarro & Philippe Malone à 19 hSabine Hélot – Le TriangleBoulevard de YougoslavieBP 90160 – 35201 Rennes Cedex [email protected]

du 15 janvier au 8 février Quimperlé, Moëlan-sur-Mer,

Bannalec, Le Trévoux…

(8 communes de la Cocopaq), Finistère

Festival taol Kurun 21e édition Lenig an Duigou Ti ar Vro – 29300 Kemperlé[email protected] www.tiarvro-brokemperle.org/?page_id=52

18 janvierTheix , Morbihan

Salon du livre – 11e éditionLionel Lamour, Rachel MatécatMairie de TheixSalles Pierre-Dosse – Rue Le Digabel56450 [email protected]

22 janvierNantes, Loire-Atlantique

Poèmes en cavale – Pierre Bergounioux : lecture et entretien avec l’auteurMagali BrazilMaison de la Poésie de Nantescontact@maisondelapoesie-nantes.comwww.maisondelapoesie-nantes.com

22 janvierSaint-Brieuc, Côtes-d’Armor

un jeudi un écrivain : Emmanuel Adely – La très bouleversante confession de l'homme qui a abattu le plus grand fils de pute que la terre ait porté, rencontres littérairesSoizic LandreinLigue de l’enseignement des Côtes-d’Armor89, boulevard Édouard-Prigent22000 [email protected]

24 janvierPort-Louis, Morbihan

Rencontres poétiques – lectures de Bruno Geneste et Marie-josée Christien, accompagnées en musique – 4e éditionLydia PadellecLa Lune bleue et L’Éphémè[email protected]

http://editionslunebleue.com

28 janvierRennes, Ille-et-Vilaine

Poésie et fiction : rencontre avec Bernard Noël et jacques Abeille animée par Alain RousselLes Champs Libres et la Maison de la Poésie de Rennesaction.culturelle-bibliothè[email protected]

Février

4 févrierRennes, Ille-et-Vilaine

Rencontre littéraireLes Champs Libres, Travelling Osloaction.culturelle-bibliothè[email protected]

5 févrierNantes, Loire-Atlantique

Poèmes en cavale, « à suivre… » – à la découverte de nouvelles voix : lecturesMagali Brazil – Maison de la Poésie de Nantescontact@maisondelapoesie-nantes.comwww.maisondelapoesie-nantes.com

5 févrierQuimper, Finistère

Rendez-vous de Max… avec Xavier Bazin : lecture du Funambule, de jean Genet, de 18 h à 19 h – 3e éditionLouis Bertholom, Marie-Josée Christien, Gérard Cléry – Les Éditions [email protected]://editionssauvages.monsite-orange.fr

26 févrierNantes, Loire-Atlantique

Poèmes en cavale – jean-Marie Gleize : lecture de l’auteur et projection de Noir écran, d’Éric PelletMagali Brazil – Maison de la Poésie de Nantescontact@maisondelapoesie-nantes.comwww.maisondelapoesie-nantes.com

26 févrierSaint-Brieuc, Côtes-d’Armor

un jeudi un écrivain : delphine Panique – Orlando, rencontres littérairesSoizic LandreinLigue de l’enseignement des Côtes-d’Armor89, boulevard Édouard-Prigent22000 [email protected]

www.fol22.com

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Directeur de publication / Rener an embann / Mnou d’bani : Yannik BigouinRédacteur / Skridaozer / Redijou : Gérard AlleCoordination de la publication / Kenurzhierezh an embann / Organizment d’la bani : Mathilde LepioufleOnt collaboré à ce numéro / Kemeret o deus perzh en niverenn-mañ / Il’on të enbzognë su l’limerot-si : Alain Bujak, Laurent Bonzon (infographie page 28), Tugdual Carluer, Annie Chevalier, Delphine Le Bras, Florence Le Pichon, Mathilde Lepioufle, Marie-Joëlle Letourneur, Christine Loquet, Office public de la langue bretonne (traductions en breton), Christian Ryo et toutes les structures régionales pour le livre qui ont bien voulu contribuer en prenant part à la rédaction des textes.Ce numéro a été relu par / Adlennet eo bet an niverenn-mañ gant / L’limerot-si a të rlu parr : Bénédicte Trocheris-Jobbé Duval, de l’association Correcteurs en Bretagne.Maquette / Maketenn / Maqhètt : À l’encre bleueImpression / Moullañ / Moulri : Cloître Imprimeurs (29). Tiré à 4 000 exemplaires.

Livre et lecture en Bretagne / Levrioù ha lennadennoù e Breizh61, boulevard Villebois-Mareuil – 35000 RennesTél. 02 99 37 77 57 – Fax 02 99 59 21 [email protected]

º | www.livrelecturebretagne.frSiret : 200 013 977 00034 – APE : 9101Z – ISSN : 1771-6896

Gratuit

Mars

Au printemps Région Bretagne et Loire-Atlantique

thé, café et poésie – 3e éditionValérie Fèvre, Présidente Gaëlle Pairel,Coordination littéraire et culturelleFédération des Cafés-librairies de BretagnePlace Marcel-Pagnol – 35170 BruzTél. 06 10 59 56 04 – Tél. 02 23 50 35 85 [email protected]

4 marsRennes, Ille-et-Vilaine

Le xviiie se livre, une autre manière de réviser ses classiques : les émotionsLes Champs Libresaction.culturelle-bibliothè[email protected]

4 marsRennes, Ille-et-Vilaine

Éric Pessan invite Geneviève Brisac et valerie zenatti à 19 hSabine Hélot – Le TriangleBoulevard de YougoslavieBP 90160 – 35201 Rennes Cedex [email protected]

4 marsNantes, Loire-Atlantique

Poèmes en cavale – james Noël : lecture de l’auteurMagali Brazil – Maison de la Poésie de Nantescontact@maisondelapoesie-nantes.comwww.maisondelapoesie-nantes.com

du 4 au 10 marsPays de Quimperlé, Finistère

Festival de la parole poétique – débordements, insurrection poétique10e éditionBruno GenesteMaison de la Poésie du pays de Quimperlé2, quai Surcouf – BP 37 – 29300 Quimperlé[email protected]

5 marsQuimper, Finistère

Rendez-vous de Max… avec Guy Allix : rencontre-lecture de 18 h à 19 h3e éditionLouis Bertholom, Marie-Josée Christien, Gérard Cléry – Les Éditions [email protected]://editionssauvages.monsite-orange.fr

du 6 au 10 marsPays de Quimperlé (Moëlan, Quimperlé,

Clohars, Riec), Finistère

Festival de la Parole Poétique : débordement (S) insurrection poétique autour de la Belgique – 10e éditionBruno GenesteMaison de la Poésie du Pays de Quimperlé2, quai Surcouf – 29300 Quimperlé[email protected]

8 marsRédéné, Finistère

Salon du livre – (re)donner le goût de la lecture – 3e éditionLions Club Quimperlésalonlamouetteliseuse@orange.frwww.salonlamouetteliseuse.123siteweb.fr

du 9 au 15 marsPays du roi Morvan (Cantons de Gourin-Le faouët – Guémené), Morbihan

Pritemps des poètes : brigades d’interventions poétiques partout – 12e éditionAgnès Labeausse – Association culturelle et sportive et centre d’animation pédagogiquecentre d’animation pédagogique du pays du Roi Morvan – Espace LohéacRue Jacques-Rodallec – 56110 [email protected] – Tél. : 02 97 23 00 69

du 9 au 25 marsGuémené-sur-Scorff, Gourin, Morbihan

Salon du livre jeunesse du pays du Roi Morvan – 12e éditionAgnès Labeausse – Association culturelle et sportive et centre d’animation pédagogiquecentre d’animation pédagogique du pays du roi Morvan – Tél. : 02 97 23 00 [email protected]

14 et 15 marsRennes, Ille-et-Vilaine

Festival Rue des livres – album de famille8e éditionAnaïs Billaud, directrice artistiqueAtelier culturel de Maurepascontact@festival-ruedeslivres.orgwww.festival-ruedeslivres.org

14 et 15 marsLe Hinglé, Côtes-d’Armor

Route du livre – le voyage – 5e éditionFrançoise LanglaisBibliothèques et écoles du sud de [email protected]

Mars et avrilPort-Louis, Riantec, Gâvres et Locmiquélic, Morbihan

Printemps des poètes – insurrection, poésie et arts – 1re éditionLydia Padellec – La Lune bleue et L’Éphémè[email protected]://editionslunebleue.com