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Yvon Le Men : Il fait un temps de poème dossier : Le livre et le corps Gwen Le Gac, brodeuse de livres Éric Legret, photographe en Bretagne intérieure Elyzad, éditeur en Tunisie Bibliothèques : Les premiers contrats territoire lecture Brezhoneg : Diwar-benn ar re vouzar Édition : Création de Locus Solus Géoculture : Armelle Lavalou et Jeanne Nabert Divertimento : spectacles et lecture à l’hôpital © Éric Legret Mars Miz Meurzh Mouâz d’marr 2013 #32 Pages de Bretagne Pajennoù Breizh Paij de Brtêgn Revue trimestrielle Kelaouenn drimiziek Gâzètt su touâz mouâz

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Yvon Le Men : Il fait un temps de poèmedossier : Le livre et le corps

Gwen Le Gac, brodeuse de livresÉric Legret, photographe en Bretagne intérieureElyzad, éditeur en TunisieBibliothèques : Les premiers contrats territoire lecture

Brezhoneg : Diwar-benn ar re vouzar

Édition : Création de Locus Solus

Géoculture : Armelle Lavalou et Jeanne Nabert

Divertimento : spectacles et lecture à l’hôpital

© É

ric

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MarsMiz Meurzh

Mouâz d’marr2013

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Pages de BretagnePajennoù BreizhPaij de Brtêgn¶

Revue trimestrielleKelaouenn drimiziek

Gâzètt su touâz mouâz

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« Entre huit et dix ans, j’ai lu tous les San Antonio de mon fran-gin, même si je ne comprenais pas tout. Ma scolarité a été écour-tée, puisque je suis entré en apprentissage peinture au niveau de la classe de quatrième. Mais j’ai toujours eu ce goût de la lecture. Mes parents n’étaient pas de gros lecteurs, mais on avait une voisine qui nous prêtait ses bouquins. Plus tard, avec les potes, on était branchés musique. Mais je lisais aussi. Quand je me suis retrouvé en foyer de jeunes travailleurs, à Laval ou à Soissons, j’ai dévoré la bibliothèque, je me suis inscrit à la bibliothèque de la ville et j’ai découvert Camus, Mauriac… Même quand je suis devenu artisan, ça m’intéressait. Je n’avais pas beaucoup le temps de lire, mais j’achetais en me disant : je lirai quand j’aurai le temps.

J’ai eu mon accident en 1988. Tombé du quai un jour de fête mari-time… J’avais trente ans. Hôpital de Brest. Et puis le centre spé-cialisé de Kerpape. Tétraplégique. L’oisiveté. À Kerpape, j’avais toujours un bouquin sur les genoux. Pour l’évasion, bien sûr. Pour oublier le quotidien. Je lisais un bouquin par jour. Ce n’était pas si courant. Les autres lisaient plutôt des magazines de foot. J’étais un bon client de la bibliothèque de l’établissement, mais aussi de la boutique. Je lisais des romans et des biographies de grands per-sonnages comme Magellan, Gengis Khan, Mike Horn, Le Voyage de saint Brendan, Marco Polo. Les récits de voyage m’ont toujours passionné. Avant mon accident, j’avais un petit voilier et je rêvais de retaper un vieux gréement, de laisser tomber l’entreprise et de partir. Dans mon village, à Saint-Pierre-de-Plesguen, deux per-sonnes avaient fait ça, déjà. C’était sans doute dans l’imaginaire de ce pays de Saint-Malo, terre de picotous [tailleurs de pierre] et de paysans, mais aussi de recrutement des terre-neuvas. Mon grand-père paternel s’est perdu en mer, à Terre-Neuve, et mon grand-père maternel était paysan. J’ai été élevé par mes grands-parents. On parlait le gallo. Mes parents sont partis travailler à Paris. Mais là-bas, dans le IXe arrondissement, l’école, c’était trop violent pour moi qui ne connaissais que la liberté, les veillées autour de la che-minée, les contous, les disous, les mentous, la moisson, le cidre, le bouilleur de cru. D’où mon aversion pour Paris et pour l’école. Je savais que j’étais breton, mais ça ne voulait pas dire grand-chose pour moi. C’est à Soissons que j’ai lu pour la première fois un livre sur l’histoire de la Bretagne. Une révélation. À Paris, je me suis mis à fréquenter le quartier Montparnasse, la danse bretonne, à apprendre la langue bretonne.

Mon histoire, j’ai commencé à la mettre par écrit. Ça s’appelle La Naissance du têtard, surnom du tétraplégique que je suis. Si j’arrive à en faire un bouquin, ça pourrait être un levier pour le projet qui me tient le plus à cœur, An Aocher [le caboteur]. L’idée est de mettre au point un voilier adapté pour partir faire du cabo-tage et sensibiliser le public à la fois à la question du handicap et à l’éconavigation. Actuellement, le plan du bateau est fait, conçu par un ingénieur. Si le projet se réalise, je peux imaginer un second

tome qui s’appellerait Le Voyage du crapaud ! En attendant qu’une princesse… Mais ça… Ça m’a beaucoup plu d’écrire. D’ailleurs, maintenant que c’est fini, ça me manque.

Avant mon accident, j’étais très sportif. Je faisais du vélo, de la course à pied, du triathlon. Mais quand je suis devenu artisan, c’était boulot, boulot, boulot. Mon handicap m’a ouvert les yeux. Fini la petite vie égoïste. D’abord, en soins intensifs, j’ai découvert le travail admirable des infirmières, leur dévouement à cent pour cent pour les gens. À Kerpape, j’ai pu rencontrer les délinquants routiers qui venaient effectuer des peines de substitution.

Pour se procurer les livres, lorsqu’on est handicapé ou personne isolée, c’est beaucoup plus facile aujourd’hui. Les bibliothèques sont accessibles. Pour les achats, il y a Internet, qui permet aussi de trouver des livres à petits prix. Indispensable, parce qu’il faut gérer au plus près quand on est en dessous du seuil de pauvreté. Lorsqu’une nouvelle librairie a ouvert à Douarnenez, on m’a appelé pour tester l’accessibilité.

Ma dernière lecture, c’est Tamata et l’Alliance, de Bernard Moitessier. J’aime beaucoup sa façon d’envoyer paître la société. Le prochain, ce sera Pêcheurs d’Islande, de Pierre Loti, que je n’ai jamais lu. »G. A.

Le projet de Marc Dufeil est sur :

www.an-aocher.comº

Douarnenez

Marc Dufeil, têtard

t ê t u

Portrait d’un lecteur / Poltred ul lenner / Portrèt d’un lizou

ÉditoPennad-stur

Biyèt d’la redijri

« La lecture commence quand on ne lit plus seulement pour se distraire et se fuir, mais pour se trouver » - Jean Guéhenno, Carnets du vieil écrivain

Vous lisez comment ? Engoncé dans votre fauteuil ? Appuyé contre un réverbère en attendant le bus ? Au fond d’une salle de spectacle quand la représentation est ennuyeuse ? Dans votre lit à la lueur d’une lampe de chevet ? Dans tous ces moments, le corps est entièrement sollicité par une activité qui n’est pas exclusivement intel-lectuelle. Il adopte alors de multiples pos-tures et n’utilise pas seulement la vue, mais tous les sens. Maintenir le goût pour la lec-ture oblige à tenir compte de cette impli-cation totale du corps. D’ailleurs, pour mieux en comprendre le fonctionnement, ne serait-il pas judicieux d’être attentif aux « corps empêchés » ? Comment lisent ces corps quand ils sont touchés par la surdité, la cécité ou l’immobilité ? Leur rapport à l’espace, leur usage de tous les sens rendent perceptibles la complexité et la richesse de l’acte de lecture. « Le livre et le corps » est le sujet, vous l’avez deviné, de ce deuxième numéro de Pages de Bretagne dans sa nouvelle présentation.

Nous vous emmenons également à la rencontre de la Tunisie. Où en sont le livre et la lecture aujourd’hui dans un pays qui, débarrassé d’un dictateur, n’en a peut-être pas, pour autant, terminé avec la cen-sure ? Vous découvrirez enfin une nouvelle rubrique consacrée à un projet de mise en valeur du patrimoine et de la création lit-téraire en Bretagne : Géoculture. En dres-sant la carte de la Bretagne vue par les écri-vains, nous voulons proposer une lecture sensible de la Bretagne qui pourrait servir à développer son attractivité cultuelle et, pourquoi pas ? des actions touristiques liant les œuvres littéraires et la découverte de notre région. Nous savons que les plus grands peintres ont su capter les nuances de ses lumières, mais nous n’avons peut-être pas suffisamment connaissance de ce que les écrivains ont capté des nuances de ses paysages, de ses habitants, de ses cultures. Découvrir une région par le regard de ses écrivains ou des voyageurs qui y sont passés : une belle manière de s’imprégner de l’instant présent et d’incar-ner différemment la lecture.

Yannik Bigouin, président de Livre et lecture en Bretagnekadoriad Levrioù ha lennadennoù e Breizh

« Kregiñ a ra an den da lenn da vat pa vez o lenn neket hepken evit en em ziduañ ha treiñ diwarnañ e-unan, evit en em gavout en e-unan ne lavaran ket » - Jean Guéhenno, Karnedoù ar skrivagner kozhPenaos e vezit o lenn ? Marvasennet e deun ho kador-vrec’h ? Harp ouzh ur post gouloù, da c’hortoz ar bus ? E penn pellañ ur sal-arvestoù pa gavit hir an amzer gant an abadenn ? En ho kwele e skleur ul lutig pennwele ? En holl zegouezhioù-se e vez lakaet ar c’horf en e bezh da gemer perzh en un ober hag a ya en tu all da labour ar spered nemetken. En em zelc’her a ra ar c’horf neuze e nouspet doare disheñvel hag a laka an holl skiantoù da labou-rat, ouzhpenn ar gweled. A-benn delc’her da blijadurioù al lenn ez eo arabat disoñjal eta penaos e vez lakaet ar c’horf en e bezh da c’hoari e-giz-se. Daoust ha ne zlefemp ket alato sellet pizh ouzh ar « c’horfoù dalc’het » evit kompren an doare ma’z a an traoù en-dro ? Penaos e vez ar c’horfoù-se o lenn, dalc’het en o c’hleved, en o gweled pe en o divhar. Gant ar mod ma vezont e-keñver ar pezh a zo en-dro dezho, ar mod ma reont gant ar pemp skiant, e c’hel-ler santout pegen luziet ha pinvidik eo an ober-mañ : lenn. Divinet ho peus, al levrioù hag ar c’horf eo danvez an niverenn-mañ eus Pajennoù Breizh, an eil embannet er stumm nevez.Kaset e vezoc’h ganeomp ivez d’ober anaoudegezh gant Tunizia. E peseurt stad emañ al levrioù hag al lenn en dervezh a hiziv en ur vro hag he deus taolet un diktatour er-maez, met daoust da se e talc’her marteze da gontrolliñ pep tra enni bepred ? Hag erfin ho po tro da welet ur rubrikenn nevez diwar-benn ar pezh emaomp e-sell d’ober evit degas brud war ar glad hag ar c’hrouiñ el lenne-gezh e Breizh : Douarlennegezh. Gant ur gartenn eus Breizh hervez sell ar skrivagnerien e fell deomp reiñ deoc’h da santout Breizh dre al lennegezh, ar pezh a c’hellfe sachañ an dud war-zu seve-nadur Breizh, ha marteze a-walc’h reiñ lañs da obererezhioù war dachenn an touristerezh hag a rafe ul liamm etre an oberennoù lennegel hag ar baleadennoù en hor bro. Gouzout a reomp mat o deus gouezet al livourien veur adtapout livioù lies ar gouloù a gaver e Breizh, ’toare ne ouezomp ket a-walc’h penaos eo deuet ar skrivagnerien a-benn da intent tresoù disheñvel ar vro-mañ, an dud a zo enni, he sevenadurioù. Ober anaoudegezh gant ur vro dre ar mod ma’z eus bet sellet outi gant he skrivagnerien pe ar veajou-rien a zo tremenet enni : sed aze un digarez a-feson da santout ar bed emeur o vevañ ennañ ha da lenn en un doare disheñvel.

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ViNGT ANS, C’ÉTAiT L’âGE DE LA GRâCE ET Du PREmiER ouVRAGE, PouR LE JEuNE PoèTE YVoN LE mEN. ViNGT ANS, C’EST AuSSi L’âGE DE LA mANifESTATioN « iL fAiT uN TEmPS DE PoèmE », qu’iL A iNiTiÉE ET qui S’offRE AuJouRD’hui uN BEL ANNiVERSAiRE.

Avoir vingt ans. Yvon Le Men n’en avait guère plus lorsque sa frêle silhouette émergea pour la première fois des brumes des années 1970. Il a commencé à écrire à l’âge de dix-huit ans et a publié son pre-mier livre à vingt ans, chez P. J. Oswald, la maison qui abritait Keineg, Malrieu. « Quand j’ai commencé à écrire, j’étais un ignorant. Et c’est tant mieux. J’avais envie d’apprendre par moi-même. La querelle sur le formalisme, je m’en foutais pas mal. D’ailleurs, aujourd’hui, chez Flammarion, je suis toujours “hors collection”. La poé-sie, au fond, c’est assez simple, et tout le monde peut écrire un poème, au moins une fois dans sa vie. Le second poème, c’est déjà plus compliqué. Même les poèmes nés dans la douleur procurent une joie, la joie de la consolation. »

À l’atelier, à l’usine, sur le podium de la salle des fêtes du village, il imposait sa poésie, de préférence là où on ne l’atten-dait pas. Fraîcheur et gravité. Ses mots simples prenaient à la gorge et déconte-nançaient ceux qui auraient tant aimé lui botter le derrière. Inconscience ou culot ? Yvon Le Men se pose encore la question, au moment de fêter d’autres vingt ans. « En 1981, j’avais été invité en Finlande. L’occasion de côtoyer Günter Grass, Jean-Edern Hallier, de passer trois heures avec George Steiner et de rencontrer le poète finnois Pentti Hollapa, dans son village, là-bas. Cela me rappelait bien des choses, à moi qui suis né dans un autre village où, là aussi, on faisait tout à pied. Je trou-vais ce qui m’arrivait formidable, et je me rendais compte que je le devais à la poé-sie. Je me disais déjà qu’il faudrait orga-niser ce genre de rencontre, chez moi.

Onze ans plus tard – c’était il y a vingt ans, encore vingt ans, oui − j’allais avoir quarante ans ; j’ai repensé à mes débuts, à l’époque de la coopérative Nevenoë, à Morlaix, avec Melaine Favennec, Gérard Delahaye, Kristen Noguès et tant d’autres. Le moment était venu de revivre une aven-ture collective. Dans ma ville. À Lannion *. Et c’est comme ça qu’est né “Il fait un temps de poème”, avec la complicité de Roger Le Roux, le directeur du Carré magique. » Andrée Chédid, Mona Ozouf, Per Jakez Hélias, Jean Rouaud, François Bon, Christian Bobin, Alain Kervern, Georges Walter à propos d’Edgar Poe, Bernard Noël… Les écrivains se succè-dent, dans des soirées marquantes, au cours desquelles Yvon Le Men et l’invité dialoguent, « entrent » en littérature comme on part en voyage. Soirées aux-quelles il faut ajouter la participation de poètes inconnus : des gens « ordinaires » venus mettre leur grain de sel. « Le public d’“Il fait un temps de poème” provient de tous les milieux sociaux. C’est un événe-ment populaire, pas par le nombre, peut-être, mais assurément par la diversité. »

Au bout de cinq ans d’activité, la mani-festation a pris son autonomie. Et l’aven-ture s’est poursuivie. « Il y a eu des hauts et des bas, mais personne n’a jamais refusé de venir. Le principe est toujours le même : l’invité arrive à 15 heures. Je l’accueille et nous partons en promenade. Un moment important, sans doute, car, lorsqu’il va repartir, il s’en souviendra et aura envie de revenir. Quand je passe

* Lannion vient de recevoir le label « Ville en poésie » attribué aux communes qui donnent à la poésie une place prépondérante dans la vie culturelle locale.

avec l’un d’entre eux dans la rue où j’ha-bitais, je pense à mon père cantonnier et je dis : Regarde, c’était là. Ces poètes, je les ai souvent rencontrés au cours de mes voyages, et c’est une chance de pou-voir ainsi “creuser” la relation. Je pense à François Cheng, par exemple. Il a vingt ans de plus que moi. À la lecture d’un texte sur la beauté des laids, il pleure. Il dit : “La beauté et la bonté, c’est la même chose.” Un jour, il m’envoie un poème,

Lannion

Yvon Le Men, vingt temps de poésie

Portrait d’un auteur / Poltred ur skrivagner / Portrèt d’un’ecrivou

qui m’est dédié, écrit de sa main. Je suis bouleversé. Il y a trois semaines m’est parvenue une troisième version retravail-lée, accompagnée de ces mots : “Je crois que c’est la meilleure, mais n’hésitez pas à me suggérer des modifications… des améliorations…” En fait, je vis seul dans un endroit où l’on entendrait une mouche voler. Si je ne cassais pas ça de temps en temps pour aller vers les autres, je devien-drais fou. »

Yvon Le Men a une actualité consi-

dérable, en ce début d’année 2013. Un deuxième volume de l’anthologie Il fait un temps de poème paraît aux éditions Filigranes. « J’ai toujours gardé le désir d’interroger, à la façon du commissaire Maigret quand il veut à tout prix com-prendre l’assassin qu’il va arrêter. Je veux comprendre d’où vient le courage de Boualem Sansal d’affronter à la fois les islamistes et un pouvoir algérien totalement corrompu. D’où vient le nom de Claude Vigée – vie, j’ai –, qu’il a pris pour viatique lors de son entrée dans la Résistance en 1939. D’où vient le sourire d’Azouz Begag qu’assombrit parfois une goutte de mélancolie. D’où vient la capa-cité de Seyhmus Dagtekin et de Björn Larsson à changer de langue comme on change de cheval au poste frontière. D’où vient la paix qui se dégage de la violence des poèmes de Bernard Noël. D’où viennent la voix chaude du Peul Souleymane Diamanka et celles, envoû-tantes, de Benat Achiary, Yann-Fanch Kemener et Maram al-Masri. »

En janvier est sorti, aux Éditions Bruno Doucey, Sous le plafond des phrases, un recueil de textes dédiés au poète haï-tien Bonel Auguste et écrits à la suite du séisme qui a ravagé Haïti en 2010.

[Extrait : « Gardés par un homme armé d’un fusil qui ressemble à un jouet, très léger, mais très efficace, nous pénétrons dans les bureaux où attendent, en pile

et tout chaud sortis du four, les recueils de Bonel : Dève lumineuse. C’est le titre et c’est la moitié du prénom de sa moitié. Ce livre est une victoire pour lui, pour son île, pour nous. Un poème contre une balle de fusil qui peut atteindre n’importe qui, n’importe quand. L’énergie couve en couleurs sur les tableaux des peintres, en vers dans les histoires, en réel-mer-veilleux, comme ils disent, quand tout va bien. En cadavres, quand tout va mal. Mais si le réel est à sa place, le merveil-leux l’est aussi. »]

Chez Diabase, vient de paraître un livre d’entretiens avec Cypris Kophides inti-tulé La Langue fraternelle, qui s’inscrit dans la collection « Liens et Résonance » qui a accueilli l’entretien avec Charles Juliet, D’une rive à l’autre, ou celui avec Georges Bahgory, Le Regard amoureux. « La langue fraternelle », qui a donné son titre au livre, est une expression utilisée par Yvon Le Men dans la présentation du Tour du monde en 80 poèmes.

Enfin, il y a eu la sortie, chez Flammarion, d’Existence marginale mais ne trouble pas l’ordre public, recueil de récits autobiographiques auxquels s’ajoutent quelques textes de fiction. Le lecteur y cherchera – peut-être en vain – le souffle du poète de vingt ans. Autres temps, autres mots. Ici, la prose, guère lyrique, colle à un quotidien somme toute assez banal. Vers la fin de l’ouvrage, notamment, avec Elle n’est pas morte dans mes yeux, Le Men donne ce qu’il a de meilleur, quand il touche au sensible sans verser dans la sensiblerie.

Il reste que cet homme, pour sa ténacité lorsqu’il lui fallut « bouffer de la vache enragée » et aussi pour son travail d’am-bassadeur de la poésie, mérite la recon-naissance qu’il a su obtenir de ses pairs. Ceux qui le jalousent méditeront ses paroles : « J’ai appris à ne pas envier les autres, et c’est aussi à cause de ça que je peux inviter tous ces auteurs. Il suffit de se poser la question : ce type, est-ce que j’ai-merais avoir écrit ses livres ? Est-ce que j’aimerais vivre avec sa femme ? Est-ce que j’aime l’endroit où il vit ? La réponse est claire : Non. Sa vie c’est sa vie, et ma vie c’est ma vie. »

Au moment où nous bouclons ce numéro de Pages de Bretagne, Yvon Le Men s’ap-prête à partir au Congo, où se déroule une édition d’Étonnants Voyageurs à Brazzaville. Il nous apprend qu’il va y présenter un spectacle en compagnie de l’écrivain calédonien Paul Wamo, qui sera l’auteur mis à l’honneur dans le prochain numéro de notre revue consacré aux litté-ratures d’Océanie.G. A.

Vous retrouverez le programme des vingt ans d’ « Il fait un temps de poème » dans la rubrique « Écritures contemporaines » page 32. Livre et lecture en Bretagne orga-nise, dans le cadre de cette manifestation, une journée professionnelle « Poésie sans frontières » le jeudi 21 mars à la biblio-thèque des Ursulines de Lannion (voir page 34).

© Éric Legret

© Éric Legret

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SANS JAmAiS RENiER SES oRiGiNES, GwEN LE GAC SuiT uN PARCouRS oRiGiNAL, ENTRE TiSSu, BRoDERiE ET ÉDiTioN JEuNESSE, N’hÉSiTANT PAS à BouSCuLER LES CoDES ESThÉTiquES DE BRETAGNE ET D’AiLLEuRS. SA CoLLABoRATioN AVEC ChRiSToPhE hoNoRÉ S’AVèRE TRèS fÉCoNDE, DE mêmE quE SA fiDÉLiTÉ à LA mAiSoN LE miNoR.

Gwen Le Gac est née en 1971, à Carhaix. De son enfance passée en Bretagne intérieure, du côté de Poullaouen, elle a gardé une attirance pour la nature, ses couleurs, les fleurs, les feuilles et le dessin. « Disons que c’est plus l’effet de ma personnalité, plutôt portée sur la rêverie et la solitude, qu’une affaire de passion pour la technique du dessin proprement dit. Je dessinais, mais je n’avais pas de don particulier. » Fille d’un notaire très connu dans la région et d’une mère attirée par le domaine artistique, elle n’a pas connu la moindre contrariété dans sa vocation, mais a au contraire été accompagnée par ses parents. Après une licence d’arts plastiques à Rennes, Gwen s’est spécialisée dans les arts décoratifs et le dessin textile. Installée à Paris, elle travaille tout de suite dans ce domaine, en tant qu’indépendante. Son amitié avec Christophe Honoré, le réalisateur et auteur, originaire lui aussi du centre Bretagne, lui offre dès 1998 une première occasion d’entrer dans le monde de l’édition, avec l’illustration d’un roman pour adolescents. « Un hasard complet. Mais tout de suite, j’ai trouvé ça intéressant de signer son travail, que celui-ci soit ainsi directement reconnu. » Parallèlement à son activité éditoriale, Gwen Le Gac poursuit ses créations textiles pour de grandes marques comme Descamps ou Sonia Rykiel, et sa collaboration avec la maison Le Minor de Pont-l’Abbé, connue entre autres par ses broderies traditionnelles. Elle avait commencé à fréquenter cette dernière dès sa sortie de l’école. « Il y a eu dès le début une grande complicité avec M. Le Minor,

qui a manifesté beaucoup d’enthousiasme. Cela m’a amenée, par exemple, à réaliser une collection de linge de table qui a obtenu le prix de la création Produit en Bretagne et une bonne couverture de presse. Il est vrai que cela a été l’occasion pour moi d’innover. En brodant sur des rayures, par exemple, ce qui ne s’était jamais fait à ma connaissance. » Après les sardines brodées nageant à contre-courant parmi les rayures est paru le dernier

ouvrage de Gwen Le Gac, édité chez Actes Sud. Douze explore les douze premiers mois de la vie, à travers douze moments et les bouleversements qu’ils occasionnent chez l’enfant comme chez les parents. Un fil fait le lien entre les illustrations. Ce livre brodé apparaît comme un prolongement de la collaboration avec Le Minor. « En fait, j’essaie toujours de sortir des sentiers battus, ce qui n’est pas facile en Bretagne, où certains codes esthétiques sont très établis. J’aime, par exemple, associer des couleurs inattendues ou contradictoires en apparence. Je suis très touchée par la Bretagne, même si je n’y vis plus. J’habite aux Lilas, en région parisienne, et mon compagnon est argentin. Mon travail est

donc le résultat d’un métissage, avec un moteur qui reste le patrimoine breton. Ces racines sont profondément sincères. Elles modèlent mon identité et ma sensibilité, même si je ne sépare pas ça vraiment de mon identité française. » Pour porter le projet de Douze, Gwen a pu bénéficier de la notoriété de son précédent ouvrage, La Règle d’or du cache-cache, prix Baobab du meilleur album en 2010, au salon de l’édition jeunesse de Montreuil. Dans le personnage de Katell, la petite héroïne créée par Christophe Honoré, certains ont cru reconnaître Gwen elle-même. D’autres ont cru déceler un clin d’œil à l’imaginaire et à la curiosité un brin surréaliste des petits Bretons. Quand ceux-ci ont la chance de baigner dans un légendaire très riche, en tout cas.En projet, une nouvelle collaboration avec Christophe Honoré pour un livre inti-tulé L’Une belle l’autre pas et explorant cette notion du « moche », qui interroge tout autant les enfants que les adultes. Ça promet ! Couleurs pastel, dessin épuré « enfantin » d’apparence, mais intelligem-ment travaillé, sujets ambitieux tels que la maladie, le divorce, la mort… Gwen Le Gac continue de tracer un sillon origi-nal dans l’édition jeunesse. En projet aussi, deux web-documentaires pour Arte et Radio-France, histoire d’élargir le champ d’action. « Après Douze, une résidence de six mois, organisée par le conseil général de Seine-Saint-Denis, a vu le jour dans une

crèche. J’ai travaillé avec le personnel et les parents, et cela a abouti à l’installation de douze bébés brodés en volume dans les médiathèques du département, exposition accompagnée d’un parcours sensoriel, visuel, sonore et tactile. » Gwen Le Gac apprécie ces interventions, et l’anima-tion d’ateliers, notamment en milieu sco-laire. Mais elle remarque qu’elle est rare-ment invitée, que ce soit par des écoles, des salons ou des médiathèques, dans sa région d’origine, à laquelle son travail s’intéresse pourtant de si près. Avis aux amateurs.G. A.

Portrait d’un illustrateur / Poltred un treser / Portrèt d’un’imaijou

Les Lilas

Gwen Le Gac : broder, dessiner, métisser

BibliographieDouze, Actes Sud Junior, 2012La Règle d’or du cache-cache, avec Christophe Honoré, Actes Sud Junior, 2010o Garoto et les chercheurs d’or, avec Caroline Laffon, Actes Sud Junior, 2009Amrita et la fin de la mousson, avec Caroline Laffon, Actes Sud Junior, 2009Avant avant, avec Kéthévane Davrichewy, Actes Sud Junior, 2009Le Rêve d’hinako, avec Caroline Laffon, Actes Sud Junior, 2008Le Cheval d’Ernesto, avec Caroline Laffon, Actes Sud Junior, 2008Le terrible six heures du soir, avec Christophe Honoré, Actes Sud Junior, 2008Breizh Bazar. Petit inventaire breton, avec Caroline Laffon, Le Seuil, 2007Cahier du temps, avec Laura Wittner, Actes Sud Junior, 2006Noël, c’est couic !, avec Christophe Honoré, L’École des loisirs, 2005J’aurai une ferme en Afrique, avec Kéthévane Davrichewy, L’École des loisirs, 2005Torse nu, avec Christophe Honoré, L’École des loisirs, 2005Lili, avec Agnès Lacor, Éditions Thierry Magnier, 2003La Sirène du « Titanic », avec Daniel Meynard, L’École des loisirs, 2000Bretonneries, avec Christophe Honoré, Éditions Thierry Magnier, 1999Les nuits où personne ne dort, avec Christophe Honoré, L’École des loisirs, 1999Zéro de lecture, avec Christophe Honoré, L’École des loisirs, 1998L’Affaire P’tit marcel, avec Christophe Honoré, L’École des loisirs, 1998

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Portrait d’un photographe/ Poltred ul luc’hskeudenner / Portrèt d’un fotograf

Carhaix

Éric Legret ne roule pas en Porsche... et il s’en fout !

BibliographieLéo ferré, Vents d’Ouest/Glénat, 2002Soïg Sibéril « Guitar Partitions »,Coop Breizh, 2002Brest, Éditions Palantines, 2004 (contribution)Gouren. Lutte et défis d’un sport breton, Coop Breizh, 2005Agenda 2008 « Bretagne en scène », Coop Breizh, 2007Breiz o kana, Emgleo Breiz, 2008 (contribution)L’Étonnante Scène musicale bretonne, Éditions Palantines, 2008 (contribution)Coreff. Légende, Coop Breizh, 2010 (élu meilleur livre au monde sur la bière aux Gourmand World Cookbook Awards 2011)Les Vieilles Charrues, Coop Breizh, 2011 (contribution)L’Air du temps. musiques populaires dans le monde, Éditions Apogée, 2012 (contribution)

pas voulu être embauché définitivement. L’aspect administratif me pesait trop. Une agence se montait. J’y suis entré et j’y ai travaillé pendant six ans. C’était très “people”. On travaillait directement pour des artistes reconnus, des chefs d’entre-prises, des politiques. J’ai photographié François Mitterrand. J’ai suivi Badinter pendant une semaine. Moi qui venais de la banlieue, je me suis retrouvé à fréquenter la jet-set ! Mais le soir, je retournais dans mon HLM, à Bagneux. Le contraste était un peu violent. J’ai failli péter un câble ! En fait, ce n’était pas ce que je voulais faire en photo, mais ça fait aussi partie de l’apprentissage. »

Le déclic, pour Éric, se produit en 1996, de façon tout à fait inattendue. « Une voi-sine de Bagneux, qui était originaire de Carhaix et bénévole du festival des Vieilles Charrues, m’a permis d’y entrer en tant que photographe. D’emblée, je trouvais ça un peu bizarre, ce président de festival omniprésent et en même temps directeur d’un hebdomadaire local. Mais bon… Ça a débouché sur ma première exposition et la rencontre avec pas mal de musiciens bretons, ainsi qu’avec Erwan Puillandre, champion de lutte bretonne, un sujet qui allait me passionner. Il se trouve que

Nekepell, le journal concurrent de celui du fameux président m’intéressait beaucoup plus par sa ligne éditoriale engagée. Je n’ai pas tardé à y publier une photo. C’était en 1997, sur des réfugiés kurdes à Loudéac. Cela m’a valu d’être grillé à vie auprès du président-directeur-futur maire de la ville et de ses amis. »

Jusqu’à fin 1997, Éric alterne quelques piges à Paris et des projets en Bretagne. Ses travaux sur Léo Ferré ou Hubert-Félix Thiéfaine lui offrent une belle carte de visite. Éric Legret impose son savoir-faire professionnel aux maisons de production de disques bretonnes, pour la confection de pochettes de CD. Parallèlement, il poursuit son travail de fond sur la lutte bretonne. « Vivre en centre Bretagne, cela signifiait pour moi un train de vie normal, et pas du tout les mêmes prétentions qu’à Paris. Là-bas, certains m’ont pris pour un fou. Ils rêvaient d’avoir une Porsche à trente ans. Pas moi. Si je suis resté, c’est aussi parce que je me suis passionné pour le projet de La Grande Boutique, à Langonnet, et pour le travail des artistes qui y par-ticipent, comme Erik Marchand, Jacky Molard et tant d’autres. Cela devrait déboucher bientôt sur un livre. »

En 2006, Éric Legret ouvre un café-images, L’Atelier, à Treffrin, près de Carhaix. Lieu improbable et magique de création et de diffusion pluridisciplinaire, où un photo-box remplace le juke-box. « C’était vraiment très intéressant, un lieu de rencontre incroyable. Certaines per-sonnes qui s’y sont croisées travaillent ensemble aujourd’hui. Malheureusement, c’était trop difficile économiquement. » En 2009, le café ferme ses portes. Depuis, Éric se consacre à cent pour cent à la photo. « Quand j’y suis revenu, je me suis rendu compte que ça avait beaucoup changé, avec le passage généralisé au numérique. Aujourd’hui, je m’en sors grâce à mes reportages dans la presse maga-zine bretonne ou spécialisée musique, à des commandes d’entreprises, et à mes contributions à des ouvrages, ainsi qu’à mes interventions dans les établissements scolaires ou universitaires. Finalement, la fatwa du maire de Carhaix n’a eu aucune incidence auprès des militants bretons. On a même obtenu un prix international aux Gourmand Awards, celui de meilleur livre du monde sur la bière ! » Éric Legret a mis son talent au service de ce pays et de ses habitants qu’il a choisis, des gens qu’il aime et apprécie : lutteurs, artistes, musiciens. Il ne regrette pas son choix et le justifie avec l’humour qui le caractérise : « De toute façon, je n’aime pas les voitures de sport. »

Éric Legret est également l’auteur des photos qui illustrent le dossier de ce numéro de Pages de Bretagne. Elles pro-viennent d’une exposition réalisée en 2003, à la demande de Jean-Luc Le Naour, alors directeur de la bibliothèque de Carhaix, sous le titre « Une journée de lecture ». Un vrai défi puisqu’il s’agissait de surprendre trente et une situations de lecture dans la petite ville de Carhaix.G. A.

www.ericlegret.frº

APRèS uNE CARRièRE DÉBuTÉE DANS LES AGENCES PARiSiENNES, ÉRiC LEGRET A fAiT LE Choix D’uN PAYS, LE CENTRE BRETAGNE. LES NomBREux muSiCiENS qui Y ViVENT Lui oNT TRANSmiS LEuR PASSioN. mêmE S’iL N’ouBLiE PAS LES JouRNÉES PASSÉES AVEC BA-DiNTER ou LÉo fERRÉ, LA LuTTE BREToNNE ET SES mAGNifiquES ENVoLÉES Lui oNT offERT SES PLuS BEAux CLiChÉS.

En 1968, Éric Legret est né contesta-taire et a su le rester. Au lycée, à Paris, c’est d’abord l’écriture qui le tente. En 1986, il suit ses premières manifestations étudiantes contre la loi Devaquet et parti-cipe à la naissance du journal lycéen anar-chiste Cactus. « D’autres écrivaient mieux, et moi, je faisais de meilleures photos, alors… » Les journalistes en herbe ne font aucun complexe. Ils frappent à toutes les portes. Plantu et Cabu leur font cadeau de leurs dessins refusés ailleurs, Le Canard enchaîné et son dessinateur Kerleroux leur donnent aussi un sacré coup de main. Et voilà que Cactus remporte le concours national des journaux lycéens. En prime, une page leur est offerte dans Libération. Pour l’occasion, Cactus, avec Éric à la photo, effectue l’une des pre-mières enquêtes sur les SDF dans le métro. « À côté du lycée, à Montrouge, il y avait le labo de Doisneau. On y faisait de belles rencontres. » Après un bac littéraire et un passage éclair par la Sorbonne, Éric Legret est assistant pour des agences comme Sipa Press ou Gamma. Il n’a que dix-neuf ans. « J’y ai appris l’art du reportage, comment se comporter, comment garder les yeux ouverts et cultiver sa curiosité. Il y avait alors une véritable notion de transmis-sion chez les photographes. Au moment de faire mon service militaire, il était hors de question que je me fasse réformer. Je suis devenu objecteur de conscience, par conviction. C’est dans ce cadre que je me suis retrouvé au Centre Georges-Pompidou pendant deux ans. Je bossais sur les expos et la communication, avec le philosophe Michel Piquet. Là aussi, j’ai rencontré énormément de gens et connu mes pre-mières commandes de photos. Mais je n’ai

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C’EST EN 2005 qu’ÉLiSABETh DALDouL, ANCiENNE JouRNALiSTE, PRofESSEuR DE fRANçAiS ET LiBRAiRE, foNDE LES ÉDiTioNS ELYZAD à TuNiS. AuJouRD’hui, CETTE mAiSoN D’ÉDiTioN fRANCoPhoNE ChERChE à SE DÉVELoPPER EN fRANCE, où ELLE fAiT uNE BELLE PERCÉE.

Lors de la création d’Elyzad, on est encore en pleine dictature, et la censure est bien présente. On ne doit pas critiquer le Président, bien sûr, ni parler de religion ou de sexe. La nouvelle maison choisit la littérature en langue française, évitant de défier le pouvoir, ce qui aurait signifié son arrêt de mort. Les auteurs jouent avec les mots et pratiquent l’autocensure. Certes, la révolution du 14 janvier 2011 a changé la donne. Les livres jadis interdits sont à présent autorisés et les créateurs laissent libre cours à leur imagination. Mais il est toujours difficile pour une maison d’édi-tion de survivre uniquement avec le mar-ché intérieur tunisien. Elyzad tente de se faire connaître à l’étranger et notamment en France, où Yves Torrès est chargé de son développement. Ses ouvrages à la cou-verture soignée ne passent pas inaperçus, grâce aussi à des auteurs reconnus, comme Leïla Sebbar. « Au début, il s’agissait de faire connaître au-delà des frontières la littérature tunisienne, qui était bien moins connue que celle du Maroc ou d’Algérie. » Il s’agissait aussi pour Elyzad – comme le précise sa fondatrice – d’enrichir la littéra-ture de langue française d’un regard venu du Sud, alors que l’espace francophone est trop souvent tributaire d’un regard venu du Nord. Aujourd’hui, la maison publie huit à dix titres par an, et compte arriver bientôt à une douzaine de publications. Ainsi, en décembre 2012 a été lancée une nouvelle collection, « Sous les remparts » (Taht Essour, en arabe), qui reprend le nom d’un groupe tunisien progressiste, désar-genté et fêtard, qui se réunissait dans un

café éponyme de Bab Souika, un quartier populaire de Tunis, entre les deux guerres. Elyzad a également la volonté de propo-ser des livres accessibles, au prix du mar-ché tunisien, en dinars. Et les livres sont imprimés en Tunisie. Les mêmes livres, lorsqu’ils sont vendus en France, le sont en euros, au prix du marché français. En France, la diffusion est assurée par la mai-son Pollen. Évidemment, les événements considérables qu’a connus la Tunisie ne peuvent qu’inspirer les auteurs. Et pour-tant… « Elyzad ne publiant pas d’essais, il faudra attendre encore un peu avant que la fiction s’empare de la révolution. » Même si, en janvier, Elyzad a publié un livre signé Dora Latiri sur les lendemains de la révolution, Un amour de tn. Carnet pho-tographique d’un retour au pays natal. En Tunisie, l’édition était très liée au pou-voir. Il existe aujourd’hui un peu plus de quatre-vingt-dix maisons d’édition dans le pays. Nombre d’auteurs arabisants et francophones, comme Tahar Bekri, ont dû s’exiler sous Ben Ali. Aujourd’hui, Elyzad leur donne la parole – comme à d’autres auteurs du monde entier, dont les écrits peuvent rencontrer la ligne éditoriale de la maison. C’est le cas du Mauritanien M’Barek Ould Beyrouk, par exemple.

Dernière parution chez Elyzad, L’Œil du jour, de Hélé Béji. La narratrice d’origine tunisienne, qui vit à Paris, décrit, à travers ses retrouvailles avec la maison de l’en-fance, l’acculturation et ses déchirures.

www.elyzad.comº

foire du livre de Tunis

La libération du secteur de l’édition en Tunisie a provoqué un essor des échanges commerciaux dans ce domaine, où l’éco-nomie parallèle a aussi sa place. À la Foire du livre de Tunis, en novembre dernier, ce sont les livres religieux qui ont tenu la vedette, après des années d’interdiction. Les livres d’art y étaient rares. On y trou-vait un panorama de livres pour enfants, de livres scolaires et parascolaires, de jeux éducatifs, les principales œuvres de la lit-térature classique, arabe et francophone, avec l’apparition d’un nouveau rayon consacré aux livres sur la révolution, à la qualité diverse, la plupart publiés à compte

d’auteur. Des éditeurs se sont plaints des remises accordées par certains. Cette 29 e Foire internationale du livre de Tunis proposait surtout une variété de rencontres, de colloques, d’ateliers et d’es-paces destinés aux enfants. Les nouvelles tendances littéraires y sont apparues très minoritaires au regard de la pléthorique littéra-ture religieuse.

Cérès Éditions

Cette maison d’édition historique en Tunisie a été créée en 1964 par Mohamed Ben Smaïl, ex-rédacteur en chef de l’hebdoma-daire Jeune Afrique. À travers une vingtaine de collections, Cérès édite en moyenne 45 nouveaux titres par an et possède un cata-logue de plus de 700 titres dans des domaines aussi divers que la fiction, l’histoire, la philosophie, la littérature, le parascolaire, les sciences sociales et les guides touristiques. Ses plus grands suc-cès sont les ouvrages de référence sur les mosaïques de Tunisie, sur Carthage et sur les peintres tunisiens. Éditant en langue fran-çaise et arabe, Cérès distribue ses livres à travers le Maghreb, la France et les pays francophones. Cérès est également distributeur et imprimeur.

www.ceres-editions.comº

Littérature tunisienne

La littérature tunisienne naît vraiment avec l’installation du pro-tectorat français en 1881. Auparavant, les intellectuels tunisiens contribuaient à la littérature arabe en général.

À l’époque coloniale, les écrits sont abondants, en majorité en langue arabe et publiés essentiellement dans des périodiques. Au début du XXe siècle, la poésie prédomine, diffusée par le Journal officiel. Seul moyen de s’adresser au pouvoir et au peuple, elle aborde des thèmes politiques, religieux, sociaux dans un but réformiste. Les genres jusque-là inconnus de la littérature arabe – comme le théâtre, la nouvelle ou le roman – émergent, mais peinent cependant à se développer. Dans les années 1920, le Destour, mouvement nationaliste tunisien, et sa revue El-Badr publient les écrits des arabophones et de la Société des écrivains d’Afrique du Nord, et se font l’écho des productions francophones, celles des israélites tunisiens au départ, les premiers à s’expri-mer dans la langue du colonisateur. Leurs textes racontent leur malaise et leur besoin de s’affirmer à la fois en tant que Tunisiens et en tant que juifs. Si les écrivains sont, à cette période, majori-tairement conservateurs, le poète Abou el Kacem Chebbi, quant à lui, bataille contre le classicisme, tandis que Tahar Haddad tente de prendre en charge la pensée nationale. Des années 1930 aux années 1950, c’est la fin du règne des zitouniens et l’apparition de deux mouvements, l’un moderniste porté par la revue Al-âlam al-adabi (Le Monde littéraire) de Zine el-Abidine Senoussi, et le second d’influence occidentale, soutenu par le groupe Taht Essour (« sous les remparts », en français), regroupant des auteurs un peu bohèmes s’exprimant dans les deux langues. La presse, le théâtre, la littérature populaire s’épanouissent. Dans les années 1950, l’in-telligentsia tunisienne s’interroge sur le rôle de l’écrivain dans la société.

Après l’indépendance, proclamée en 1956, la production lit-téraire arabe reste modeste, essentiellement de la poésie : 270 recueils de 1956 à 1990 et à peine une centaine de romans, tan-dis que la presse privilégie la nouvelle. Le théâtre fait une percée remarquable dans les années 1970, en s’intéressant aux mutations de la société.

À la fin du XXe siècle et au début du suivant, les écrivains tuni-siens explorent tous les genres, puisant dans les légendes ber-bères, puniques, romaines, arabes, musulmanes ou africaines pour contourner la censure. La diaspora tunisienne (Tahar Bekri, Abdelwahab Meddeb, Habib Selmi, Fawzi Mellah) dit l’amertume de l’exil, la fracture entre la tradition tunisienne et la vie occiden-tale. Particularité de la société tunisienne dans le monde arabe, les femmes puisent dans l’actualité et la vie quotidienne (Hélé Béji, Azza Filali, Sophie El Goulli, Alia Mabrouk, Alia Babou, Nine Moati, Faouzia Zouari).

La littérature tunisienne ne jouit pas de la même reconnaissance que celle de ses voisins algériens et marocains. De nombreuses initiatives tentent de la promouvoir, comme le prix annuel des Assurances Comar ou les rencontres littéraires. Peu médiatisée et mal diffusée, elle a du mal à émerger.

Édition numérique

Après avoir étudié le développement informatique et travaillé dans le numérique éducatif, le jeune Tunisien Nadhir Douma a créé sa structure d’édition numérique, ISLAMeBooks, durant l’été 2012. Ciblant un lectorat de musulmans et de non-musulmans, il prévoit de publier une dizaine de livres par an sur l’Islam, avec des versions arabes, anglaises, indonésiennes, hindies et turques. Il s’intéresse aussi aux ouvrages universitaires, en plein déve-loppement en Tunisie. L’édition numérique dans le monde arabe concerne en effet deux principaux domaines : la religion, avec la possibilité de lire le Coran sur tablette, et le secteur éducatif. Le numérique est ainsi devenu un enjeu dans les foires aux livres du monde arabe, à Abu Dhabi, à Alger ou encore à Tunis. À la Foire du livre de Tunis, une table ronde débattait des « Problématiques de la numérisation du fonds documentaire national ». Il est cepen-dant encore difficile d’avoir des chiffres sur le numérique dans le monde arabe, le principal frein à son développement étant une langue arabe arrivée tard sur Internet à cause d’une calligraphie un peu difficile à traduire en format numérique et d’un commerce électronique encore balbutiant.

Les bibliothèques en Tunisie

Si la production en arabe est plus importante en termes de volume, parce que plus ancienne, elle s’essouffle depuis quelques années. En 2002, la bibliographie nationale ne dénombrait que 885 titres publiés en arabe. On est cependant passé de 1 249 livres non scolaires en 2002 à 1 700 ouvrages en 2007. En 2002, un tiers de ces ouvrages concerne la littérature jeunesse, financée par l’État à hauteur d’un milliard six cent mille euros. La Bibliothèque nationale de Tunis date de 1885. Elle se constituait alors de collec-tions offertes par la Direction de l’instruction publique française. Lors de l’indépendance, en 1956, les ouvrages en langue arabe ne représentaient que le sixième de l’ensemble du fonds. Ce qui allait changer avec le regroupement des manuscrits conservés dans les établissements religieux. Ainsi, les fonds datant du XvIe siècle et du XIXe siècle. La Bibliothèque nationale possède aujourd’hui des ouvrages dans plus de cinquante langues, les deux principales étant les deux langues essentielles de la production littéraire en Tunisie : l’arabe et le français.

Le réseau des bibliothèques publiques compte 369 bibliothèques, dont 29 mobiles, et 500 000 ouvrages, 180 000 adhérents pour moins de 11 millions d’habitants, une majorité étant des étudiants. La bibliothèque de la grande mosquée de Kairouan et celle de la grande mosquée Ez-Zitouna à Tunis furent les premières à voir le jour en Tunisie et possèdent des fonds importants de manuscrits

Ailleurs c’est ici / Amañ hag ahont / âyou s’ée issi

Tunisie

Elyzad des deux côtés de la Méditerranée

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Émanation de la Région, le Centre de ressources du livre est un lieu d’échanges et de réflexion, incitateur et accompagna-teur des acteurs et des actions autour du livre et de la lecture. De plus, la Région développe sa politique sur l’ensemble du territoire régional par des aides financières aux éditeurs et aux libraires indépendants, et par des dispositifs d’accompagnement sur des salons internationaux, des aides aux manifestations autour du livre, aux résidences d’écrivains et aux structures littéraires d’aides au patrimoine écrit. La Région finance également la revue cultu-relle 303. Arts, recherches et création, qui existe depuis 1985, avec un effort impor-tant (300 000 euros par an sur un budget total de 1,5 million d’euros). Le CRL édite par ailleurs Encres de Loire, revue trimes-trielle du livre créée en 1996 et diffusée à 3 500 exemplaires.

Chargée du secteur livre et lecture à la Région, Christine Marzelière est éga-lement responsable du CRL. Parmi ses fiertés, un programme de formation effi-cace depuis la création de la structure, en 2009. « Comme tous les CRL, nous avons une forte demande de formation en ce qui

concerne le numérique. Cette année, nous organisons quatre journées profession-nelles, dans quatre lieux différents, sur le thème “Lire et écrire numérique”. Ces formations sont également ouvertes aux étudiants. Trois autres journées seront consacrées au thème “Comment accueillir un auteur”, s’appuyant sur le travail de Yann Dissez pour Livre et lecture en Bretagne. “Lire, écrire en Pays de la Loire” est une formation à l’animation d’ateliers d’écriture destinée aux médiateurs du livre. Une jour-née sera dédiée à la bande dessinée, à Mazé, ville qui dispose d’une médiathèque spécia-lisée. Un temps sera ouvert au grand public. L’après-midi sera consacré à la présentation du projet de revue BD numérique portée par des auteurs nantais. » Outre Christine Marzelière, le CRL compte deux employées. La région totalise 3,2 millions d’habitants, soit à peu près autant que la Bretagne, une trentaine d’éditeurs professionnels (sur 80 structures d’édition), environ 130 librairies et 500 bibliothèques, et une cinquantaine de manifestations littéraires. « Nous avons beaucoup d’auteurs – une centaine – dans la région, notamment de BD, mais aussi romanciers, poètes, dramaturges. Outre le

dynamisme des manifestations littéraires, il faut signaler l’importance chez nous des résidences d’auteurs, comme la maison Gueffier à La-Roche-sur-Yon, la MEET de Saint-Nazaire, la Maison des écrivains, Lecture en tête à Laval, et bientôt la mai-son Gracq, ainsi que des structures plus modestes. L’une des missions du CRL est d’ailleurs de les mettre en réseau. En 2013, le CRL créera également un prix littéraire des Lycéens et Apprentis. »

Les rencontres Écrivains en bord de mer existent depuis 1998, sous l’égide de Bernard Martin, l’éditeur nantais de la maison Joca Seria. « Le but, dès le départ, était de faire découvrir des écri-vains français que nous trouvions insuffisamment reconnus. Je lis beaucoup et il y a des auteurs que j’ai envie de faire se rencon-trer. J’ai envie aussi de faire entendre leurs textes. » Au début, les rencontres faisaient appel à des comédiens, mais, petit à petit, les auteurs ont pris en charge la lecture de leurs œuvres. « Certains auteurs sont aujourd’hui plus connus, mais nous leur sommes restés fidèles et nous tenons à ce réseau qui s’est créé. » Comme au début, les rencontres invitent au maximum une quinzaine d’au-teurs, qui interviennent maintenant sur des thématiques. « Mais ces thématiques sont issues des préoccupations des auteurs, nous ne les imposons pas, de même que nous ne choisissons pas les auteurs en fonction de thématiques. » Celles-ci peuvent s’attacher à des villes, comme New York et Tokyo, ou à des écrivains, comme avec Marguerite Duras. « Les rencontres ont lieu dans la chapelle Sainte-Anne qui peut accueillir 250 à 300 personnes. Des séances

de dédicaces peuvent avoir lieu, mais elles ne sont pas program-mées. » Écrivains en bord de mer se déroule chaque année au début de la seconde quinzaine du mois de juillet (en 2013, du 17 au 21 juillet), du mercredi soir au dimanche midi. Les auteurs restent les cinq jours, devenant tour à tour acteurs et spectateurs de la manifestation, où chacun d’entre eux intervient à deux reprises. Une petite communauté s’installe ainsi dans la durée, où auteurs et lecteurs se mélangent et conversent.

Le livre en région / Al levrioù er rannvroioù / Le livr den la contrée

Centre de ressources du livre en Pays de la Loire

La Baule

Écrivains en bord de mer

et de documents rares et précieux. Les associations des amis des bibliothèques et du livre en Tunisie sont également très actives dans la mise en valeur du livre et de la lecture. On en compte 27, réparties dans tout le pays. Elles proposent en outre des journées de formation pour les personnels des bibliothèques. La Tunisie compte près de 200 bibliothèques universitaires, ins-crites pour la plupart dans le réseau infor-matisé des bibliothèques universitaires tunisiennes depuis 2004.

Les écrivains tunisiens et la censure

En Tunisie, le souvenir est encore brû-lant de la censure exercée par le régime de Ben Ali, et des intellectuels expriment leur crainte de la censure que pourraient exercer les islamistes au pouvoir. En février 2012, un colloque organisé par la romancière Azza Filali, avec le concours de l’Institut français, portait sur les enjeux de l’écriture dans cette sorte d’entre-deux. L’écrivain et journaliste Sophie Bessis fit ainsi remarquer : « On a plusieurs apparte-nances, mais une seule identité ; or, nous sommes toujours renvoyés à une seule appartenance et elle est toujours confes-sionnelle. » Lire un livre reste une aventure quand un discours avance des certitudes.

Le romancier, nouvelliste et traducteur Hassouna Mosbahi se livra alors à un éloge passionné de ces écrivains qui – à l’ins-tar de Beckett – considéraient les mots comme leur vraie patrie. Du dehors par-venaient les échos de l’avenue Bourguiba, où des dizaines de milliers de syndicalistes manifestaient contre les méthodes du parti Ennahda. Tous convinrent qu’une identité figée n’avait pas de sens. Reste, en Tunisie, l’absence de grands romans, au contraire de la littérature algérienne ou marocaine. Il y a inflation d’écrits politiques dans un désert de fiction. Les éditeurs tunisiens pensent parfois que la révolution donnera ses fruits littéraires dans quelques années, surtout une fois le poison de l’autocensure disparu. « Nous l’avions si parfaitement intégrée, reconnaissent certains, qu’elle est toujours là, avec cette obsédante ligne imaginaire à ne pas dépasser. » Azza Filali, à l’origine de ces débats, invitait également les participants à réfléchir à la nécessité pour la Tunisie de se doter de héros. Rauf Seddik, chroniqueur des pages culturelles de La Presse, lui emboîta le pas, consa-crant Bourguiba en incarnation du héros nationaliste : « En s’entourant de poètes de cour, le héros politique se transforme en dictateur. Ben Ali, successeur de Bourguiba, a eu le mérite de hâter ce pro-cessus de dégradation : plus il sollicitait la louange de ses faux poètes, plus écla-tait la fausseté de son héroïsme. Cette évolution a connu son moment critique avec l’irruption de Mohamed Bouazizi [celui qui, en s’immolant, déclencha la révolution], qui, par son geste, a déplacé tout d’un coup le pôle de l’héroïsme. » Le poète cherche son héros. Mais c’est peut-être le poète, le héros… G. A.

Le qatar emprisonne un poète

Le 30 novembre dernier, le poète qatari Mohammed al-Ajami a été condamné à la réclusion à perpétuité pour incitation au renversement du régime, insulte au monarque, atteinte à la Constitution, au terme d’un procès à huis clos. L’accusation vise un poème s’adressant au Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi. Dans Nous sommes tous la Tunisie, le poète critique la situation post-Printemps arabe. Il compare tous les pays arabes à la Tunisie en lutte contre une élite despotique. Ibn al-Dhib – de son nom de poète – met en cause l’influence de l’émir du Qatar, et demande au président de la République française d’inter-venir : « L’émir du Qatar, qui est parfois présenté comme un libéral, soutient le Printemps arabe quand il se produit chez ses voisins, mais n’en veut pas chez lui […]. La puissance financière de cet émirat, troisième producteur de gaz au monde, ses investissements en France [dans le PSG et ailleurs], les services qu’il a rendus aux dirigeants américains et français lors des guerres en Irak et en Libye ne sauraient justifier le silence et la complicité des autorités françaises envers ce déni de justice. »

La pétition pour soutenir Mohammed al-Ajami :

https://12383.lapetition.beº www.paysdelaloire.fr/services-en-ligne/publications/encres-de-loireº

DouarnenezDeux poètes tunisiens à L’IvraieDans le cadre du Printemps des poètes, la librairie L’Ivraie invite Aymen Hacen et Walid Soliman, deux jeunes poètes et écrivains tunisiens. Thème de la rencontre : Comment écrire et éditer au milieu des bouleversements de l’histoire ?

Vendredi 22 mars, à 20 h

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An teuliad

Le corps du lecteur

Dans L’intime et l’Étrange, fran-çoise Gaudet s’est intéressée à la lecture de la fiction en biblio-thèque, qui n’apparaît pas tou-jours comme un lieu propice au plaisir de la lecture. Particulière-ment à la BPi, qui ne propose que des ouvrages en consultation sur place, aux heures d’ouverture de la bibliothèque. D’une part, celle-ci est considérée comme une biblio-thèque d’étude par ses usagers, les étudiants venant en grand nombre occuper les lieux pour travailler sur place en apportant leurs docu-ments personnels. D’autre part, elle ne propose au lecteur que de grandes tables alignées avec des chaises au confort acceptable, mais qui sont souvent prises d’as-saut. De ce fait, certains lecteurs vont se réfugier dans des recoins plus inattendus.

« On remarquera que les lecteurs-pour-le-plaisir vont d’eux-mêmes plus volon-tiers se nicher dans des lieux informels et

déploient ainsi des techniques et straté-gies de personnalisation de l’espace. Un observateur masqué pourra alors étudier ces pratiques d’appropriation “à l’état sau-vage”. Tout d’abord, il faut bien dire que ces pratiques ne posent pas de frontières étanches, et que l’on va parfois obser-ver des usagers lire pour le plaisir sur les tables, et d’autres travailler assis ou allon-gés par terre. […] Les croquis montrent un rapport naturel qui s’instaure entre le corps et le livre, et non pas seulement entre l’œil et la page. On pourrait même dire que le corps prend ici le rôle d’un signe : il devient peut-être plus loquace en bibliothèque que dans l’intimité, incité ainsi, dans un lieu public, à s’affirmer, à signifier son statut, sa fonction ou son action. On peut donc lire sur les longues tables grises, au milieu des étudiants, on peut lire dans les rayon-nages, et on peut aussi lire dans les cou-loirs situés à l’arrière du bâtiment. Il est étrange de remarquer qu’il ne semble pas y avoir de lieu spécialement attribué à la lec-ture-plaisir dans la bibliothèque, à part les quelques fauteuils mis à disposition dans l’espace presse.

Les trois parties du corps observées en mouvement sont les mains, les jambes et le torse. Les mains semblent tenir un rôle important dans ces mouvements, les

doigts s’agitent de la tête à la bouche et à la page, serait-ce le signe de l’oralité conte-nue ? Les doigts viennent se glisser à l’in-térieur des pages, ou se coincer entre les cuisses, viennent tenir le livre par sa cou-verture, ou en son intérieur. Les jambes se croisent et se décroisent, supportent le livre puis s’étirent. Le torse s’avance et s’éloigne du livre, ouvrant, fermant, obs-truant ou libérant l’intervalle entre le corps et l’objet. La lecture qui mettrait le corps en mouvement me semble un terrain plus complexe, mais riche, qu’il me sera inté-ressant d’aborder plus en profondeur. »

questionnaire

Préférez-vous lire :Assis dans un bon fauteuil, sous une bonne lampe, avec votre boisson préférée à por-tée de main ?En vacances ou dans les transports en commun ?Allongé dans votre lit ou sur le canapé ?Aux cabinets ?Dans un café ?Dans un jardin public ?En cachette ?

La lecture se fait avec tous les sens

Certaines régions cérébrales, comme l’aire de Broca et l’aire de wernicke, sont impliquées dans la compréhension des mots écrits. C’est une découverte déjà ancienne. mais nous savons aussi, mainte-nant, que la lecture de certains mots peut déclencher des réactions d’autres zones du cerveau, en prin-cipe non concernées par la lecture.

Ainsi, des mots comme « cannelle » ou « savon » déclenchent des réactions dans des zones vouées à l’odorat, comme l’ont démontré, en 2006, des chercheurs espagnols. De leur côté, les chercheurs de l’université Emory ont prouvé que les métaphores qui impliquent des notions de textures font également réagir notre cortex sensoriel. Les poètes ne seront pas surpris d’apprendre que « Le chan-teur avait une voix de velours » active une zone sensorielle, alors que « Le chanteur avait une voix agréable » ne l’active pas. Mieux encore, une étude menée par le Laboratoire dynamique du langage affirme que lire des phrases évoquant un mouve-ment physique stimule l’activité de notre cortex moteur, celui-là même qui coor-donne les mouvements de notre corps.

Keith Oatley, spécialiste de psychologie cognitive à l’université de Toronto et par ailleurs romancier, affirme pour sa part

« que la lecture fonctionne sur les esprits des lecteurs comme des simulations infor-matiques qui s’exécutent sur des ordina-teurs ». La fiction offrirait donc à notre corps une réplique sensible de la réalité. « La littérature, les mots écrits sont un moyen inégalé pour l’exploration de la vie sociale et émotionnelle de l’homme », rappelle Annie Murphy Paul. Ses travaux démontrent que le cerveau réagit plus à certaines stimulations littéraires qu’à d’autres. C’est le cas, par exemple, pour les métaphores liées à des odeurs, des textures ou des mouvements. Alors que la réflexion purement intellectuelle à la lec-ture d’un texte développe nos capacités d’abstraction, les sens, mis en action par les mots, semblent avoir un impact plus immédiat sur notre compréhension.

En fait, notre corps tout entier est engagé dans la compréhension de la lecture. D’où la tentation, pour les créateurs, de s’empa-rer des sciences cognitives. Raymond Mar, psychologue à l’université York au Canada, décrit un chevauchement important entre les réseaux cérébraux utilisés pour com-prendre les histoires et les réseaux cogni-tifs utilisés pour interagir avec les autres, en particulier lorsque nous essayons de comprendre leurs pensées et leurs senti-ments. C’est la fameuse « théorie de l’es-prit », la capacité de notre cerveau à com-prendre les intentions des autres comme

de nous-mêmes. Les récits jouent ici un rôle essentiel. Selon des études publiées par Raymond Mar et Keith Oatley, les individus qui lisent souvent de la fiction sont plus en mesure de comprendre les autres et de comprendre le monde à partir d’autres points de vue. Une étude réalisée en 2010 auprès de jeunes enfants montre également que plus on leur a lu ou raconté des histoires, plus leur théorie de l’esprit est effective. Idem avec des enfants qui vont au cinéma avec leurs parents, mais pas pour les enfants regardant seuls la télévision. Comme quoi, les conversations après le spectacle nous cultivent sans doute plus que la consommation de pro-duits culturels… Si l’effet produit par la lecture est si fort, c’est peut-être parce que la lecture elle-même induit la réflexion, contrairement à d’autres médias.

Pour Keith Oatley, « la fiction est une stimulation particulièrement utile, car la négociation de l’univers social est effecti-vement extrêmement délicate, nous obli-geant à peser une myriade de cas d’inte-raction de cause à effet. Tout comme les simulations informatiques peuvent nous aider à nous familiariser avec les pro-blèmes complexes tels que le vol d’un avion ou les prévisions météorologiques, la lecture de romans, d’histoires, de drames, peut nous aider à comprendre la complexité de la vie sociale. »

La cadèrnn

Dossier

LiRE EST uNE ACTiViTÉ PhYSiquE ET PAS SEuLEmENT iNTELLECTuELLE. LA foRmE Du LiVRE N’EST ELLE-mêmE PAS ANoDiNE. EN foNCTioN DE SA DimENSioN, DE SoN PoiDS, DE SoN ÉPAiSSEuR, oN NE L’ABoRDERA PAS DE LA mêmE mANièRE, Ni Au mêmE ENDRoiT.

La plupart des lecteurs, quand on les interroge sur le livre électronique, mettent en avant leur attachement à l’aspect phy-sique du livre papier. La sensualité des livres… Aujourd’hui, des fabricants nous annoncent l’arrivée de parfums « livre neuf » ou « livre ancien », afin de nous émoustiller. Et comme ils ont appris que tous les sens interfèrent dans la lecture, ils se proposent d’y ajouter des sons, des images. Jusqu’où aller et ne pas aller ? On traque nos yeux devant les ordinateurs, nos mains sur les souris, afin de guider notre lecture.

On connaît le succès des bébés bouqui-neurs, et derrière celui-ci pointe comme une évidence la nécessité de la présence du livre, en tant qu’objet familier, depuis la plus tendre enfance. Alan Duff, écrivain néo-zélandais d’origine maorie, auteur de L’Âme des guerriers, a appris à écrire en prison. Une fois célèbre, il s’est rappelé que le livre était inexistant dans la plupart des maisons maories. Il a collecté quantité d’ouvrages, dans le seul but que chaque maison maorie possède au moins un livre. Le succès de l’opération l’a conduit à la reproduire chez les Aborigènes d’Australie.

Et le corps de l’écrivain ? On se demande parfois s’il en a un, tellement on a porté aux nues certains d’entre eux, sortes de demi-dieux, tellement on s’est ingéniés à effacer leur corps pour magnifier leur âme. Ou alors, ils sont représentés comme

des maniaques ou des outres à whisky, absorbant toutes sortes de drogues, sacri-fiant leur corps sur l’autel de leur œuvre. D’autres, pourtant, font tout le contraire, affirmant que l’œuvre n’est que le reflet du corps, vantant les mérites du sport ou de l’ascétisme. L’écrivain ne peut-il décidé-ment être un individu comme les autres ?

Bien sûr, il y a d’autres façons d’écrire, pour la danse, pour le théâtre, pour le cinéma, quand les mots et le langage des corps se croisent.

Et puis, il y a ces autres corps, qui lisent et écrivent eux aussi, mais à leur manière, appartenant à des minorités que la majo-rité ignore ou se contente de prendre en pitié. Et pourtant, les Sourds, par exemple, ont beaucoup à apprendre à ces enten-dants engoncés dans le carcan de la norme sociale. Quant aux gens « ordinaires », comme on dit, ni écrivains, ni artistes, pour peu qu’on sache leur offrir un moyen d’expression, ils nous montrent qu’il n’y a pas de raison de placer les érudits et les écrivains sur un piédestal. Plutôt que de parler à leur place de leur condition, on peut aider leur corps à prendre la parole. Au risque qu’alors leurs propos deviennent par trop renversants ?

Le livre& le corps« Chez moi, ce doit être aussi l’une des raisons des longues phrases de mes premiers livres. Elles sont un fil avec lequel je tisse cette membrane qui va recouvrir la peau qui saigne. Dans les Essais de Montaigne, on voit bien cette image du cocon protecteur et exploratoire. On se protège pour pouvoir explorer et on explore pour protéger au mieux celui que l’on devient. L’étonnant, c’est que cette enveloppe nouvelle multiplie la sensibilité. On entend de mieux en mieux, on perçoit de mieux en mieux. Et même si le corps devient sourd et que les yeux ont des problèmes, on peut s’arranger pour que le texte écoute et voie. »Michel Butor

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réalisé par Gérard Alle, avec le concours de l’équipe de Livre et lecture en Bretagne

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Des livres augmentés

Booktrack propose d’ajouter aux livres des bruits ambiants qui augmentent la lecture. Bruits de pas, souffle du vent, cris d’oiseaux vont-ils devenir le quotidien du lecteur du XXIe siècle ? Malgré – ou à cause – des controverses, Booktrack est l’une des applications les plus téléchargées du moment. C’est l’éternelle question : est-ce que l’ajout d’éléments sonores diminue ou augmente notre capacité d’imagination ? Selon Liel Leibovitz, professeur de communication à l’univer-sité de New York, chargé d’enquêter sur le sujet, les lecteurs qui ont lu ces livres augmentés les ont trouvés plus faciles à suivre et plus faciles à mémoriser.

Nous savons qu’un excès d’images vidéo perturbe la lec-ture. Mais l’ajout de quelques sons, de quelques images, voire d’images animées, semble au contraire la stimuler. C’est sans doute là tout l’enjeu de l’édition augmentée : trouver la bonne mesure.

Paper Passion

Le couturier Karl Lagerfeld, également photographe, éditeur (7L) et libraire (rue de Lille, à Paris), polyglotte et féru de litté-rature, lance Paper Passion, un projet de fragrance inspiré de l’odeur des vieux livres, présenté dans un écrin-livre, c’est-à-dire un livre évidé en son centre, conçu par l’éditeur Steidl. Le parfum a été qualifié « d’intellectuello-sensuel ».

Le livre et l’odeur

Depuis le mois d’août dernier, un site internet de livres électroniques états-unien propose des versions agrémentées d’odeurs de bibliothèque. L’initiative découle d’une étude effectuée auprès de 600 étudiants en université. Celle-ci montre que, pour 43 % des personnes interrogées, l’odeur d’un livre neuf ou ancien était la principale qualité recher-chée pour un ouvrage. D’ailleurs, six étudiants sur dix pré-fèrent acheter des livres imprimés d’occasion plutôt que des livres neufs ou au format électronique, bien que les e-books soient un tiers moins chers que leurs équivalents papier. Les ventes d’ouvrages électroniques peinent à décoller, mais le site CafeScribe.com pense avoir trouvé la parade en lançant le « premier e-book odorant au monde ». La société expédie à toutes les personnes achetant un livre en ligne un autocollant sentant le « vieux livre » suranné. L’étude révèle en outre que trois étudiants sur dix associent l’odeur de renfermé au livre qu’ils aiment le plus et 16 % à l’odeur de café frais.

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murakami

Le travail d’écrivain est assez statique et pas très phy-sique, il faut bien le dire. Par exemple, quand mura-kami a décidé de vendre son club de jazz pour écrire un roman, il s’est mis à fumer soixante cigarettes par jour et à prendre du poids. il a alors décidé de s’imposer une discipline, la course à pied, ce qui lui a permis, en outre, de cultiver la patience, la persévé-rance et de combler les manques dus à ses différentes addictions. Courir est devenu une métaphore de son travail d’écrivain.Dans Corps, comment traverses-tu cette vie ?, Régine Detambel analyse cet étrange rapport au corps de l’écrivain japonais. En voici quelques extraits.

« Haruki Murakami court dans la solitude, dans un vide bien à lui. Il court en méditant ou plutôt il médite puisqu’il court chaque jour : toute opération qui se répète quotidiennement est de la méditation. Il court le marathon, en se répétant des mantras pour tenir le coup : Pain is inevitable, suffering is optional. Il est heureux quand il court et il s’efforce de garder intacte pour demain la jubilation qu’éprouve son corps aujourd’hui. C’est que courir permet de se découvrir d’étonnantes propriétés : “Quand on a le courage de continuer à courir sous le soleil, on par-vient à faire sortir de soi une sorte de fraîcheur désespérée…” Murakami court chaque jour, sans une seule interruption, depuis plus de vingt ans. Il court pour ne pas sombrer dans l’alcool et

l’obésité, il court pour surmonter les états de manque. Ce qui l’intéresse, c’est la lutte contre lui-même, c’est devenir plus fort physiquement et intellectuellement, c’est franchir les obstacles petit à petit, c’est se grandir soi-même, “du moins, aspirer à se grandir”. Et puis courir et écrire, c’est du pareil au même : “Dans la course comme dans l’écriture, la victoire ou la défaite n’ont aucun sens. Les prix et les critiques ne sont que des critères apparents. L’essentiel est de savoir si vos écrits ont atteint le niveau que vous vous êtes assigné.”

Chez Murakami, courir n’est pas seulement un style de vie, mais courir prépare à écrire : “Je suis devenu très efficace, à la fois techniquement et physiquement, pour forer un rocher très dur et y découvrir une nouvelle source.” Les veines romanesques des jeunes auteurs sont en surface. Mais, avec le temps, et si l’on veut écrire toute sa vie, il faut savoir descendre profondément en soi-même pour dénuder d’autres filons, plus difficiles à rejoindre. Courir le prépare à cela, à (se) creuser de plus en plus loin. Du coureur de fond au mineur de fond, il n’y a pas loin.

J’ignore tout de la sagesse et de la philosophie japonaises, mais je crois que l’expérience de Murakami s’ancre aussi dans ce qu’enseigne notre philosophie antique, la grecque, avec ses pri-vations physiques et autres rituels de purification : que l’homme complet, le philosophe, le sage, doit prendre soin à la fois de son expérience imaginaire, par la méditation qui exerce sa pensée, et de son corps, par la gymnastique qui l’entraîne à faire face à une situation gestuelle. »

oculométrie

L’oculométrie (eye-tracking, en anglais), dévelop-pée en particulier à l’université Rennes 2, est une technologie qui permet de suivre les mouvements des yeux d’une personne face à un écran. Cette tech-nique permet d’identifier les zones dites « chaudes » des pages web, c’est-à-dire celles qui seront lues par les internautes, et par conséquent de repérer celles qui seront ignorées.

On utilise des diodes installées sur un écran, qui émettent de la lumière infrarouge (eye-tracker). Des caméras, intégrées à l’ordinateur, permettent de capter et d’analyser les mouvements de l’œil. Les mouvements de la souris sont également l’objet d’études (mouse-tracking). Car ce que lit l’œil n’est pas forcé-ment visité par la souris.

Par exemple, on peut remarquer que les internautes vont davan-tage chercher des informations dans les contenus situés à gauche, que dans les liens commerciaux. Par ailleurs, on remarque que l’internaute lit en diagonale les pages web, qu’il y cherche une information bien précise, ou qu’il navigue au gré du vent. Un pâté de texte aura donc peu de chance d’être lu, et il est important de mettre en avant les points sur lesquels on veut attirer l’attention avec des couleurs, du gras, des icônes, mais avec modération, ou l’internaute s’y perdra.

L’effet Stroop

John Ridley Stroop a découvert ce que l’on appelle depuis l’« effet Stroop » lors de l’expérience suivante : les sujets devaient identifier la couleur d’un mot sans lire le mot lui-même. Or, le temps nécessaire à l’identification de la couleur avec laquelle le mot est écrit est beaucoup plus long lorsque le mot est incon-gruent (le mot « bleu » écrit en rouge, par exemple) que lorsque le mot est congruent (le mot « rouge » écrit en rouge) ou neutre. Le pourcentage d’erreurs est également plus élevé en présence des mots incongruents. Il existe donc un effet d’interférence séman-tique, provoqué par la lecture automatique du mot. D’autres expé-riences sont venues par la suite compléter cette découverte. Des chercheurs ont analysé la couleur des mots liés par leur significa-tion, ce qui les a conduits à la conclusion que le cerveau reconnaît les mots sans effort. Ils ont appelé ce phénomène l’« hypothèse de la reconnaissance automatique du mot », qui induit que le processus de lecture automatique ne peut pas être « désactivé ». La compréhension du sens des mots dans la lecture se fait donc inconsciemment. Ils ont aussi constaté que le fait de nommer des couleurs requiert plus d’efforts pour le cerveau que la lecture, car c’est une pratique à laquelle les gens sont moins habitués.

« Deviens, ne cesse de devenir qui tu es : le

maître et le formateur [c’est-à-dire le sculpteur]

de toi-même ! »Nietzsche

« Pour faire quelque chose, pour écrire un livre, ou faire un tableau où il y ait de la vie, il faut être soi-même bien vivant […]. Veille donc à

t’entretenir en santé, à développer tes forces, à améliorer ta vie. La meilleure étude, la voilà ! »

Vincent Van Gogh

Kafka à Oskar Pollak, le dimanche 24 août 1902 : « Je suis assis à ma petite table de travail. Tu ne la connais pas. Comment le pourrais-tu ? C’est… un beau bureau bourgeois…, fait pour enseigner. Il a, là où se trouvent en général les genoux de l’écrivain, deux effroyables pointes de bois. Et maintenant, attention. Quand on est assis calmement, prudemment, et qu’on écrit quelque chose de bien bourgeois, alors tout va bien. Mais hélas, si on s’excite, si on remue tant soit peu son corps, on heurte inévitablement ses genoux contre les pointes, et quelle douleur ! Je pourrais te montrer les bleus. Et qu’est-ce que cela signifie d’autre : “N’écris rien d’excitant et n’autorise pas ton corps à remuer.” »Kafka

Le corps de l’écrivain

La revue Sociologie de l’art présente le second volet de son dossier hors série intitulé Le Corps de l’écrivain. Le numéro s’ouvre sur un article de Jérôme Meizoz sur Jean-Jacques Rousseau. On y découvre comment Rousseau passe d’une repré-sentation de soi en pauvre vertueux à un discours où l’accent postural est mis sur le corps malade et la souffrance. Les deux contributions suivantes élargissent l’enquête sur la présence du corps de l’écri-vain dans ses œuvres. Le corps apparaît en filigrane comme l’instrument et l’enjeu

de l’écriture. Marie Doga montre ainsi que, chez Francis Ponge, le pro-cessus d’écriture prend sa source dans le corps, impliquant son propre corps écrivant, transgres-

sant ainsi les notions classiques d’auteur, d’écriture, d’inspiration, et modifiant la notion de corps d’écrivain et de corps tout court. Enfin, Émilie Saunier, se penchant sur la romancière belge Amélie Nothomb, tente non seulement de cerner dans les œuvres les traces laissées par le corps écri-vant, mais aussi le bénéfice que ce même corps semble retirer de l’écriture qu’il engendre.

Le Corps de l’écrivain, sous la direction de Paul Dirkx, Sociologie de l’art, Nouvelle Série – OPuS 20

Pierre Michon © Éric Legret

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Compagnie Lasko

Le spectacle one Shoot de la compagnie Lasko s’appuie sur le témoi-gnage d’un ancien soldat en Afghanistan, sur la difficulté d’exprimer un traumatisme et sur la force du silence. Le spectacle est construit en deux parties. Dans la première partie, c’est le corps qui s’exprime. Dans la seconde, il s’agit de poser des mots pour passer de l’intime au collectif.

« Dans ma famille, on disait souvent : on ne parle pas des choses qui fâchent », se souvient Isabelle Elizéon, metteur en scène. « L’histoire de Mr P. et mes propres expériences auraient pu faire pencher ce travail sur la seule urgence de transmettre une parole intime. Mais si ces expériences “personnelles” relevaient de l’intime, elles soulevaient aussi de manière directe la question de la personne face au monde, la question de la trace que cette personne laisserait ou avait laissée sur le monde. Et alors comment le monde pourrait la rece-voir ? En ce sens, et selon moi, l’intime tend à rejoindre le collectif. Et le particu-lier peut prétendre à aller vers le commun, dans le sens de “communauté” et cela par le biais de l’expérience théâtrale. »

Le spectateur est invité à aller de l’un à l’autre au travers des axes suivants : du silence à la parole, du langage corporel au langage verbal, l’un étant le complément

nécessaire de l’autre. Le spectateur est d’abord invité à regarder ce qui se passe par le biais des actions quotidiennes du per-sonnage, de ses rituels, de ses cauchemars. Puis dans la seconde partie, le monologue – ou plutôt le récit – adressé au public per-mettra d’entrer en relation et en empathie, avec une compréhension de l’expérience du personnage. Le travail de mémoire et la trace se dessinent alors. Traces physiques et traces psychiques. « C’est ma façon de travailler. Je commence par le travail du corps, sorte d’écriture de plateau, puis les mots viennent enrichir le spectacle. Je m’appuie sur le corps pour écrire. » Les axes qui se sont imposés d’abord dans le travail de recherche sur le plateau puis dans l’élaboration de la dramaturgie sont les suivants : la souffrance du corps, les stigmates, les bouleversements physiques. C’est le corps qui parle d’abord. Le corps, ses actions, le quotidien dans leur plus

simple appareil. Ce n’est qu’ensuite que la parole naît, dans un second temps ; l’intime ayant réussi dans ce processus théâtral à se frayer un chemin de l’intérieur vers l’extérieur. D’une intimité indicible vers une parole intime, témoignage des premiers symptômes post - traumatiques, qui se donne et ouvre à une éventuelle prise de conscience collective. Cette éven-tuelle prise de conscience collective étant un des moteurs du travail de création d’Isa-belle. Les deux « paroles » (physique et verbale) se relient mais ne se juxtaposent pas. On peut dire que du mouvement naît la parole, de manière littérale. Cette parti-tion vocale montre l’individu face au col-lectif, au moment où la parole peut enfin circuler. On entre ainsi dans le dire après avoir voyagé dans l’indicible.

Après des résidences à La Caille Qui Rit, à Poullaouen, et chez Tro Heol, à Quéménéven, puis la première à la Maison du Théâtre, à Brest, One Shoot sera donné le 17 mai 2013 à l’UBO, à Brest, dans le cadre d’un séminaire sur le geste.

www.isabelle-elizeon.orgº

Djenebou, slameuse Sourde

Créé en 2006, Slam&Cie est un collectif à géométrie variable. L’association emmène les slameurs vers de nouveaux publics comme vers de nouveaux espaces de créa-tion et de diffusion. Chaque projet est une expérience, une tentative unique pour trouver l’alchimie entre un lieu, son public, les slameurs et créer un moment de ren-contre poétique.

Slam&Signes, création 2012, mêle les deux langues françaises, langue des signes et français oral. Née de la rencontre entre deux slameuses, Djenebou Bathily, Sourde, et Ella Dilafé, entendante, Slam&Signes est à la fois création d’un spectacle et mise en œuvre d’ateliers et de scènes slam pour entendants et Sourds.

Ella et Djenebou se sont rencontrées à l’occasion de « La semaine de la langue française » en 2011, où Ella animait un atelier slam et vidéo. « Tous mes projets artistiques sont couplés avec des ateliers et des scènes ouvertes, rappelle Ella. La particularité d’un atelier associant Sourds et entendants, c’est que chaque participant doit faire des efforts pour aller vers l’autre. Chaque Sourd est différent, bien sûr, comme chaque entendant. La condescen-dance n’a pas de place là-dedans. Si l’on cherche un peu, chacun d’entre nous est handicapé quelque part, se traîne quelque chose. Mais chacun cache ses fragilités et a un a priori sur l’autre. C’est l’oppression de la norme sociale. En fait, les Sourds ont modifié la vision que l’on pouvait avoir du handicap, parce qu’ils se définissent en

tant que communauté, pas individuelle-ment en tant que handicapés. Même si ça ne fait pas plaisir à tout le monde, c’est une réalité. » Djenebou est Sourde, femme et noire, et elle a envoyé balader toutes ces catégories pour créer. « Les personnes en situation de handicap ne sont pas dans la complaisance, elles se moquent de ceux qui s’apitoient sur leur sort. Elles n’ont pas le choix. » Lors des répétitions, la com-munication entre Sourds et entendants qui composent l’équipe se fait par gestes, par le dessin, l’écriture, des photos. « Et les Sourds sont obligés de faire autant d’efforts que les autres, pour se faire com-prendre. Moi, j’ai un niveau assez faible en langue des signes, mais je ne veux pas d’interprète. Et on y arrive. Djenebou, contrairement à beaucoup de Sourds, lit beaucoup. Je chante Barbara et je lui fais toucher ma gorge. Djenebou a bouleversé ma façon de travailler. Elle sait ce qu’elle veut et elle va très loin. Au début, personne

ne comprenait ce qu’elle disait, le metteur en scène non plus. Toutes les deux, on a croisé nos paroles et nos gestes, nos mots et nos corps. On travaille sur une forme de communication universelle qui est en train de s’inventer. Il faut arrêter de faire des efforts surhumains pour essayer de ressembler à l’autre. Ce sont les autres qui nous disent qui nous sommes vraiment. Les gens trop bien élevés parlent sans bou-ger leur corps. C’est une sorte de handicap. N’ayons pas peur d’être ridicules. N’ayons pas peur de nos différences. La société occidentale nie le corps, nie la part d’ani-malité en nous. Le langage du corps nous est aussi naturel que la parole. Il faudrait une initiation à la langue des signes dans toutes les écoles. »Le mot Sourd est ici écrit avec une majuscule car il s’agit d’un nom propre que Djenebou utilise pour parler de la communauté sourde.

www.slam-cie.comº

Territoires d’écriture en mouvement

TEEM, héritière de la compagnie de danse Patrick Le Doaré, pro-pose un autre point de vue sur la place de l’artiste aujourd’hui : sa démarche, sa connaissance du terrain, son développement, sa pratique vis-à-vis de la société et du public, son ancrage sur le ter-ritoire, à travers le travail du corps et l’écriture chorégraphique.

TEEM développe son projet autour de cinq pôles : le compagnon-nage, proposé en priorité aux compagnies de danse émergentes, mais aussi aux danseurs ou aux artistes du spectacle vivant qui travaillent sur le corps en mouvement ; les projets européens liés à « l’écriture en mouvement » et aux compagnonnages ; les projets de Territoires prenant en compte un quartier, une commune, une communauté de communes, un pays. Il s’agit de construire des projets artistiques, de s’inscrire sur ces territoires en impliquant ses habitants ; le pôle Ressources danse organise et coordonne la mise en place d’actions d’éducation artistique sur la danse à l’école dans la région Bretagne.

TEEM propose des outils pédagogiques et des ressources docu-mentaires, dont une vingtaine d’ouvrages et un programme vidéo.

Projet de Territoires en Pays glazik

Ce projet de Territoires fait partie d’un projet artistique inter-communal développé sur les cinq communes du Pays glazik (Briec, Landrevarzec, Landudal, Edern et Langolen). Le but est d’effectuer un travail de collectage de l’identité culturelle de chaque commune : mémoire, paroles, histoire. Ces collectages doivent apporter de la matière destinée à se transformer, dans un second temps, en gestes artistiques. Dix-huit habitants de Briec participent à des ateliers organisés par TEEM (Territoires d’écriture en mouvement) et Arthémuse, le centre culturel de la commune. En parallèle, une danseuse, dans le cadre d’un projet européen « assistanat Grundtvig » (qui permet à un formateur ou à un futur éducateur de se confronter à un autre système d’édu-cation des adultes pour améliorer sa connaissance d’une langue et d’une culture européenne, ainsi que ses propres compétences pédagogiques), réalise des collectages de gestes sur chacune des communes qu’elle transformera ensuite en chorégraphie.Partenaires du projet : TEEM, Arthémuse, la Ville de Briec, les communes de Landrevarzec, Landual, Edern et Langolen.

www.le-teem.frº

« Il y a le corps éternel des rois de plume, que le texte intronise et sacre et qu’on appelle arbitrairement Shakespeare, Joyce, Beckett, et le corps mortel, relatif, la défroque, qui va à la charogne, qui s’appelle et s’appelle seulement Dante et porte un petit bonnet sur un nez camus, seulement Joyce et alors il a des bagues et l’œil myope, ahuri, seulement Shakespeare et c’est un bon gros rentier à fraise élisabéthaine. »Pierre Michon

100 Voix

100 Voix est une compagnie théâtrale qui met en scène des écri-tures contemporaines mêlant langue des signes et langue fran-çaise orale. Parole et visuel, son et silence offrent à voir et à entendre les œuvres en leur donnant ampleur et relief.

« Notre objectif de départ était de partager la langue des signes en utilisant notre pratique artistique. De nombreuses rencontres ont ouvert des possibilités d’interventions qui n’avaient pas été envisagées. Nous avons donc diversifié nos actions au fil du temps. Nous sommes fiers de contribuer à la diffusion et à la reconnais-sance de la langue des signes, et de participer à la réflexion autour de l’accessibilité à la culture. »

Si 100 Voix intervient beaucoup auprès des enfants, elle propose également un atelier de « chant-signe », où des adultes peuvent apprendre à chanter des chansons du répertoire français avec le corps et les mains. 100 Voix propose, à la demande, des ateliers artistiques en langue des signes. Du théâtre à la création plastique en passant par la musique ou l’écriture, les ateliers sont adaptés dans leur contenu et leur durée suivant le projet envisagé et le

public. Depuis 2007, la compagnie intervient auprès de structures accueillant des publics dits « empêchés ». Compagnies et associa-tions d’artistes font appel à sa double compétence, artistique et langagière, afin d’intégrer la langue des signes à des spectacles. L’intervention ne se limite pas à une simple traduction de textes, mais débouche sur une interprétation « artistique » pensée et adaptée spécifiquement pour le spectacle concerné.

100 Voix a aussi publié un livre, Monsieur L’Ému, en collabo-ration avec les éditions Grammata et le Cartif du Lycée Albert-Bayet à Tours. Il s’agit d’un album jeunesse, créé à partir d’un récit original d’Olivia Le Divelec. Il peut être lu de plusieurs façons, à la fois par les entendants et les sourds, grâce au graphisme qui intègre la langue des signes. Les livres jeunesse adaptés aux enfants sourds sont rares. Le but de cette édition est de créer un support d’échanges entre l’adulte et l’enfant, support en lien avec le monde qui l’entoure, qu’il soit réel ou imaginaire.

www.cie100voix.frº

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© Delphine Bedel

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Lecture en braille

Le braille, procédé de lecture tactile pour aveugles, est un système d’écriture et de lec-ture à partir de points en relief, qui peuvent être « lus » par la pulpe du doigt. Ce sys-tème présente un certain nombre de difficultés et de contraintes. D’abord, le volume des productions est en moyenne de 30 à 50 fois supérieur à celui des imprimés ordinaires, ce qui fait que Le Petit Larousse occupe, en braille, une armoire pleine. Autre problème, la vitesse de lecture. Le braille est lu lettre à lettre, alors que, pour les voyants, le mot est reconnu dans sa globalité. Dans le premier cas, la vitesse moyenne de lecture est de l’ordre de 100 mots par minute. Dans le second, elle est d’environ 250 mots par minute. Enfin, le braille est une technique complexe qui suppose un apprentissage long et des capacités cognitives et tactiles adaptées. Cette exigence explique sans doute que le braille reste peu pratiqué par les déficients visuels et que le niveau moyen de ceux qui l’utilisent demeure faible.

L’écriture du braille est possible soit de manière automatique (transcription informa-tique d’un texte en mémoire), soit manuellement grâce à l’aide d’une tablette ou d’une machine. L’écriture du braille à la machine est assez pratique. Le sujet n’a pas d’inversion à réaliser et peut relire ce qu’il vient de taper.

Le braille occupe une position importante dans la maîtrise par les déficients visuels des moyens de communication. Il constitue toujours l’un des outils majeurs de leur intégration.

Pour la deuxième année consécutive, Livre et lecture en Bretagne a proposé en 2013 une carte de vœux transcrite en braille par le Groupement des intellectuels aveugles ou amblyopes (GIAA). N’hésitez pas à vous adresser à nous pour toute question relative à ce type de démarche.

Dictionnaire fou du corps

Katy Couprie et Alessandro Ruggeri, Dictionnaire fou du corps, Paris, Thierry Magnier, 2012, 248 p., 33 $€

Katy Couprie, plasticienne et illustra-trice diplômée des Arts-Déco, explore tout le lexique consacré au corps avec un esprit de sérieux qui n’exclut jamais la fantaisie…

Le projet de Katy Couprie, sensible et bourré de connaissances, consiste en une utilisation poétique de la forme diction-naire qu’elle détourne un peu de ses fonc-tions. Ses définitions, par exemple, sont souvent savoureuses et fantaisistes. Au

mot « dent », elle écrit entre autres ceci : « Les dents de lait sont collectionnées par les souris qui en font des colliers. Les autres sont les vraies. Elles sont plus belles et plus grandes, ce qui est une consolation de la perte des premières. »

Elle a conçu elle-même les définitions, sauf certaines, signalées par une petite main rouge et qui sont dues à un anato-miste chevronné de Bologne. Katy Couprie s’amuse sérieusement, mais n’oublie pas de signifier que le corps humain est une denrée périssable et qu’au bout de tout ça, il y a la mort. Avec ses niveaux de lecture multiples, cet ouvrage conséquent, magni-fique livre d’art construit à la manière d’une encyclopédie décalée et inattendue, devrait vite devenir un indispensable !

Laurence Pelletier

Laurence Pelletier est metteur en scène de théâtre. En 2012, avec Anne Le Joubioux, elle a mis en scène une pièce écrite par Gérard Alle à partir d’un collec-tage auprès des habitants de la commune. Ces derniers jouaient leur propre rôle, devenant avec le recul des personnages inspirés de leur propre histoire. Une formi-dable alchimie entre le corps et le texte qui ne doit rien au hasard.

« Ça surprend les gens quand je leur dis que j’ai surtout une formation dans le social. En fait, ça a toujours été dans ma tête : le texte et le social. Certes, j’ai fait la fac de théâtre. Mais le thème de mon mémoire, c’était : Quel théâtre pour quelle société ? Ensuite, j’ai travaillé sur des spectacles avec Armand Gatti, en suivant la même idée. Quand j’ai eu l’occasion de travailler avec des comédiens profession-nels, ça m’a moins intéressée. Je préfère bosser avec des gens qui ne maîtrisent pas encore la technique théâtrale d’un côté, et avec un écrivain, de l’autre. On a beau dire, la figure de l’écrivain est singulière dans la société. Pour des gens prétendument “ordinaires”, ce n’est pas rien, de livrer son histoire à un écrivain. L’écrivain, lui, il écoute, il garde sa liberté de dire. Ensuite, moi, je fais cheminer le texte dans le corps des participants. Pour cela, je passe beau-coup de temps avec eux. D’abord, il faut leur faire prendre conscience de leurs tics et leur donner la possibilité d’agir dessus. En parallèle à ce travail sur le corps, il y a l’écriture par l’écrivain, qui est déjà une première prise de distance, puis la lecture par le participant, qui permet de solidifier sa place dans le projet. Dans le projet de Séné, au bout de deux ans de travail, les gens n’ont pas acquis une technique de comédien professionnel, ils ont acquis autre chose. La technique n’est pas inter-venue comme un masque protecteur. Avec Anne, l’autre metteur en scène, nous les avons armés pour qu’ils ne soient pas à nu. Nous les avons d’abord fait travailler indi-viduellement, sur les mots de l’écrivain, mais en leur mettant dans la bouche des mots initialement destinés à d’autres par-ticipants. Ensuite, quand ils ont découvert leur propre texte, ils se sont reconnus : “C’est exactement ce que j’ai dit.” Alors, que le texte avait été digéré et réinterprété, “mis en littérature” par l’écrivain. Animaux sociaux, sans doute que nous n’exis-tons que par l’autre, le regard de l’autre. D’ailleurs, la rencontre avec les autres participants est devenue un désir, qui a stimulé le travail individuel. Peu à peu, les participants ont acquis une maîtrise et une conscience de leurs mouvements. Je pense que c’est cela, la création : agir sur le corps pour dépasser les contraintes. Les mots. Le corps. Il y a un moment où ça bascule. En fait, cela n’a rien à voir avec

un atelier de théâtre amateur. D’ailleurs, ceux qui “savent” un peu avant de com-mencer, ceux qui ont déjà fait du théâtre, ne vont pas aussi loin que les néophytes. On se rend compte que le discours intel-lectuel comme la technique théâtrale, ce sont parfois des masques. Autre curio-sité : les gens les plus éloignés de ce qu’on appelle la « culture » sont aussi les plus sincères et ceux qui donnent l’impression de mieux comprendre les enjeux. Les mots de l’écrivain semblent entrer en eux ; ils les libèrent. On peut amener à ce niveau la plupart des gens. Pas tous. Mais beau-coup. La méthode de travail a été inventée par Alain Brugnago et Bruno Stéphant, avec qui j’ai commencé à travailler en 1994, dans la banlieue parisienne. Ils ne travaillaient jamais sur des textes dits “de théâtre”, mais toujours sur la parole des gens digérée par un écrivain. On a travaillé avec Olivier Cadiot, Leslie Kaplan, Nicolas Fargues. Quand le texte entre en jeu, il y a un moment où il faut casser le côté méca-nique. Un silence ? Que se passe-t-il pen-dant ce silence ? Quel est le mouvement de la pensée qui s’invente à ce moment-là ? Quel est ce sous-texte ? Il faut entrer en scène en se racontant une histoire, s’inven-ter une raison d’entrer, à ce moment-là, et le corps trouve dans le texte sa liberté. Le texte évolue en fonction du moment, et pourtant il ne change pas. À Séné, il y a des participants qui n’ont pas joué deux fois de la même manière, sans rien chan-ger au texte. Et pourtant, ils étaient justes à chaque fois. Ils étaient totalement dans le théâtre, là où le corps et le texte se rencontrent. »

Notre cerveau à l’heure des nouvelles lectures

Maryanne Wolf, directrice du Centre de recherche sur la lecture et le langage de l’université Tufts, est l’auteur de Proust and the Squid (Proust et le calmar, en référence à la façon dont ces animaux développent leurs réseaux de neurones). Sur la scène des Entretiens du Nouveau Monde industriel au Centre Georges-Pompidou, la spécialiste du développement de l’enfant est venue évoquer « la modification de notre cerveau-lecteur au XXIe siècle ».

http://internetactu.blog.lemonde.fr/2013/01/11/notre-cerveau-a-lheure-des-nouvelles-lecturesº

Les Rencontres de Sophie : le corps

Du 15 au 17 février 2013, Lieu Unique à Nantes

Si le corps est bien au cœur de la condition humaine, qui est d’être incarnée, pendant des siècles et même des millénaires la primauté a le plus souvent été accordée à l’âme, le corps représentant un obstacle à son édification morale et, surtout, à son salut spirituel.

En février dernier, le Lieu Unique de Nantes consacrait ses Rencontres de Sophie à la thématique du corps.

Avec : Jacques Arène, Jean-Michel Besnier, Edwige Chirouter, Gérard Dabouis, Guillaume Durand, Jean-Marc Ferry, Éric Fiat, Barbara Formis, Marie Gaille, Isabelle Koch, David Le Breton, Denis Moreau, Isabelle Quéval, Franck Robert, Gérald Sfez, Irène Théry, Loïc Touzé…

Pour en savoir plus : association Philosophia

www.philosophia.frº

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Le mans

Divertimento

Divertimento est un projet d’action culturelle exemplaire en milieu hospitalier, qui a vu le jour grâce à des fonds privés, et qui perdure aujourd’hui, sept ans après sa nais-sance, due à l’enthousiasme d’une poignée de personnes.Divertimento est née d’une proposition de la Caisse d’épargne Bretagne-Pays de la Loire, en 2005. La banque apportait trois enveloppes de 100 000 € sur trois ans et lançait un appel à projets destiné à aider la politique culturelle au sein d’établissements hospitaliers. L’hôpital était ainsi choisi et l’association Divertimento

créée. Elle faisait appel aux Ateliers de la Grande Ourse, et à Valérie Poirier, chargés de la mise en place et du suivi de la program-mation. « L’idée était dès le départ d’accueillir des spectacles au sein de l’hôpital, explique Valérie, d’être dans la pluridisciplinarité et d’ouvrir à des publics extérieurs à l’hôpital, celui-ci étant considéré comme un lieu de vie et pas seulement de souffrance. Divertimento intègre le patient dans sa dimension de citoyen, pour lui faciliter l’accès à des manifestations culturelles sur le site de son hospitalisation et permettre au centre hospitalier du Mans de s’inscrire pleinement dans la dynamique cultu-relle locale. » Le choix était très clair, puisque les Ateliers de la Grande Ourse sont un centre de ressource du spectacle vivant, et pas du tout une structure hospitalière. « On n’est pas dans l’amateurisme, insistait Béatrice

Munari, la présidente à l’époque. Ce sont les mêmes spectacles que l’on trouve à l’hôpital et dans les salles de la ville. » Le conservatoire, l’Europa Jazz, le forum Jeunes, le Festival de l’Épau, Puls’art, La 25e Heure du Livre… Tous les grands événements culturels manceaux passaient par l’hôpital via Divertimento. Plus quatre rendez-vous par mois (lecture, musique, exposition, projection de film), et un temps fort à Noël. Fin 2009, la banque, comme prévu, a cessé son financement. Divertimento conti-nue cependant, avec moins de moyens, donc moins d’événements. Les lectures mensuelles se poursuivent. Auprès des patients en hémo-dialyse, ou des gens en soins palliatifs. Une comédienne arrive avec un panier et demande au patient ce qu’il veut entendre. Margot Charon, l’une des intervenantes, choisit plutôt de faire découvrir un auteur à travers son œuvre. Une seconde lecture a lieu dans la foulée, ouverte à tous les publics, dans un salon de famille. Patients et gens de l’exté-rieur s’y mêlent. Parfois, ce sont des malades qui lisent une partie des textes. Les spec-tacles ont lieu à 15 heures. On y retrouve les enfants d’une école voisine, les pensionnaires d’un établissement pour handicapés et d’une maison de retraite, des gens socialement en difficulté. C’est gratuit. « Une fois, j’ai assisté à une performance de danse contemporaine. L’une des intervenantes parlait fort au télé-phone, mais quand un infirmier s’est approché pour lui demander de se taire, elle a commencé à danser. Sa complice aussi, qui s’était glissée parmi les gens assis dans la salle d’attente. Un grand moment, même si ce n’est pas toujours facile de convaincre le personnel soignant, accaparé par son travail, de l’utilité de ces interventions. »Fort heureusement, le projet Divertimento perdure en grande partie grâce à la conven-tion « culture et santé » signée avec la Drac et l’Agence régionale de santé, grâce aussi au soutien de la Ville du Mans et du conseil général, qui utilise l’hôpital pour la diffusion de spectacles dans le cadre des grands festi-vals. Un autre fonds privé, celui de la mutuelle Prévadiès, va permettre bientôt une opération de sélection et de programmation de courts métrages, en présence d’un réalisateur. Des contes seront également écrits, à la suite d’un collectage d’histoires de vie auprès des patients.Lors du Salon Hôpital Expo, qui s’est tenu à Paris du 18 au 21 mai 2010, la FHF a attribué le prix de la Politique culturelle à Divertimento, association culturelle du CH du Mans, pour son projet « Portes ouvertes à la curiosité ».

Publics « éloignés » du livre et de la lectureAr re zo « pell » diouzh al levrioù hag al lennLéz publliq « elouêgnë » du livr e d’la liri

Annaig An Naou, yezh ar sinoù.

Annaig An Naou zo anezhi plac’h ar sinoù. Labourat a ra evel jubennourez LSf (langue des signes française) e Penn ar Bed. Dre se e vez ingal etre daou ved, hini an dud a glev ha hini ar re vouzar.

« Pa oan bihan ‘m boa kejet ouzh ur plac’hig bouzar, ha c’hoariet ganti, soñj ‘m eus bezañ kavet plijus eskemm hep komz. Ar vugale ‘oar ober se, n’eo ket diaes dezhe. Pemzek vloaz war-lerc’h, ‘keit ‘oan studierez war al lennegezh klasel hag ar brezhoneg ‘m oa soñjet : hudu ‘h an da glask ! » Hag en ur delc’hen gant he studioù, ‘deus Annaig desket yezh ar sinoù, betek ober he micher eus se. « Yezh ar re vouzar » pe yezh ar sinoù ?Un diforc’h a ra Annaig An Naou etre « yezh ar re vouzar » hag an LSF. Un diforc’h bet lakaet war-wel gant Rachid Mimoun, kelenner yezh ar sinoù gouiziek-bras, bet kelennet yezh ar sinoù da vugale vouzar e vuhez pad, ha bremañ klasker war yezh ha sevenadur ar re vouzar.

Diskouezet en deus splann an diforc’h etre yezh ar sinoù « komzet » gant tud a glev, hag an hini graet ganti gant tud vouzar. Diouzh ret eo levezo-net mod ober an dud a glev gant ar fed a glevont end-eeun, ha pa vefent ampart-kaer war an LSF. Muioc’h mui a dud a glev a gomz yezh ar sinoù. An darn vrasañ eus an dud zo o teskiñ yezh ar sinoù dre gentelioù e kevredigezhioù zo tud a glev, ar re vouzar a zesk muioc’h etreze. Un dra zo dibar ken ha ken, e bed ar re vouzar : peurliesañ n’eo ket yezh ar sinoù ur yezh familh, an darn vrasañ eus ar vugale vouzar a zeu eus famil-hoù ma glev an dud. Dre se ne vez ket degaset ar yezh er gêr. Gwezhall, en ugentvet kantved bepred, e veze treuzkaset e skolioù bugale vouzar,

Actualités de l’édition en langues de BretagneKeleier an embann e yezhoù BreizhLéz nouvèl de la banisri den léz lang de Brtêgn

Tugdual Carluer

Plérin

illettrisme

Le film de la journée « Prévention de l’illettrisme, quels moyens pour agir ? » du 13 septembre 2012 à Plérin (22) est disponible sur le blog des journées professionnelles de Livre et lecture en Bretagne.

Rennes

Lire en prison

Le Service pénitentiaire d’insertion et de probation d’Ille-et-Vilaine (SPIP 35) a acquis treize liseuses pour les détenus hospitalisés au sein de l’unité hospitalière sécurisée interrégionale de Rennes, sur le site de Pontchaillou. L’idée, à terme, est d’équiper chaque chambre d’une liseuse, et de proposer aux personnes hospitalisées des contenus attractifs et adaptés à leurs demandes de lecture ainsi que des contenus musicaux. La Médiathèque départementale d’Ille-et-Vilaine et Livre et lecture en Bretagne accompagnent ce projet.

Rennes

Livre et handicap

Un espace Lire autrement sera ouvert sur le salon Rue des Livres à Rennes, qui aura lieu les 16 et 17 mars 2013.Lorsque le handicap ne permet pas de lire de manière standard, l’im-primé noir sur papier blanc, il y a de multiples possibilités de lire autre-ment : lire en écoutant, lire en touchant du braille ou des illustrations tactiles, lire grâce à la langue des signes, lire grâce à des textes simpli-fiés, lire enfin grâce aux outils numériques. Le stand Lire autrement

permettra de découvrir les éditions adaptées disponibles à la vente auprès des libraires et en prêt dans les bibliothèques d’Ille-et-Vilaine.Samedi : présence sur le stand d’Abder Ragui, créateur du service Multimed de l’association AAHVB (handicap visuel de Bretagne) ; démonstrations d’outils numériques et jeux autour de l’écriture braille.

http://lesjourneesllb.wordpress.com/archives-2012/journee-prevention-de-lillettrisme-le-13-septembre-2012-a-plerinº

Guide de l’accessibilité à la vie culturelle rennaise

Le guide est disponible en braille sur demande et en version numérique ou audio sur le site :

http://metropole.rennes.frº

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gant ar vugale etreze, dre guzh dre ma oa difennet abaoe kendalc’h Milan, e miz Gwengolo 1880. Difennet eo bet betek diwezh ar bloavezhioù 1970, met treuzkaset er gumuniezh, dre gentelioù kuzh… Chomet eo bev met dianav, mezh o doa an dud vouzar o komz o yezh en diavaez. E 2005 eo bet anavezet da-vat diouzh lezenn. Diwar neuze zo bet krouet kalz kentelioù, hag a zesach tud a glev. Bremañ moarvat ez eus kement a dud a glev a ra gant yezh ar sinoù evel a dud vouzar. Met daoust-hag-eñ eo ar memes yezh ? Aze ‘mañ an dalc’h !« Akademek hag unvan eo ar yezh desket er c’hentelioù. Ar yezh komzet gant tud vouzar zo muioc’h a skeudennoù enni, muioc’h a vlaz. Da skouer, bez’ zo tud a gomz ur yezh familh, tud war an oad, a gomz gant traoù muioc’h personel, muioc’h a skeudennoù. Pa n’anavezont ket un nevezc’her e reont gant un dro-lavar bennak. E brezhoneg e adkavan an dra-mañ: etre brezhoneg ar skolioù hag ar skolioù-meur, ha brezhoneg desket er gêr. Kemend-all ‘vez gant an LSF. »« Pa labouran evit un den bouzar kozh ‘m bez ezhomm da dreiñ en ur mod disheñvel. N’implijan ket an nevezc’her, ingal ‘vez ret din kavout un dro lavar bennaket. Da skouer evit “pediatr”, ‘lec’h ober gant an nevezc’her e rin gant “medesin evit ar vugale” evel ‘vez kavet e brezhoneg un tamm. Ha sur zo un diforc’h etre ma yezh hag an hini a blij ar muiañ din. Divyezhek on, met desket er skol, gant tud vouzar, gwir, met ur yezh etre unan akademek, hag unan “boblek”.Un diforc’h zo etre treiñ ar yezh ha komz gant an dud. Ur yezh standard a vez graet ganti el labour, hag ur yezh muioc’h livet war ar pemdez. Gwir eo ivez gant yezhoù all, ma vez ret azasaat al live yezh.« Ar gumuniezh »Pa vez kaoz eus « ar gumuniezh » eo hini ar re vouzar a ra gant an LSF. Bihan ‘walc’h eo, war-dro da 200 000 a dud. Met liammoù start-mat zo etre an dud. Savet eo diwar ar yezh, hag ar fed bezañ bouzar. Stank eo ar re vouzar na reont ket gant an LSF. Hag er c’hontrol e ra bugale ar re vouzar gant yezh ar sinoù, evel ar jubennourien, pe tud o deus desket, met hep bezañ er gumuniezh. Etre daou sevenadur emaint, bugale ar re vouzar a lâr alies bezañ hironed, etre bed an dud a glev ha bed ar re vouzar. Ur yezh vinorelaetEvel d’ar brezhoneg ha kalzig ar re all eo bet difennet an LSF er skolioù, met bepred e veze komzet er gêr. Bremañ n’eo ket difennet er skol, met… n’eus ket a skolioù ! E Frañs ez eus pemp skol dre soubidigezh hepken, e Breizh, unan abaoe miz Gwengolo. Mont ar ra an dud a-ratozh da chom e-kichen ar skolioù.Hag un dra dibar c’hoazh da yezh ar sinoù : an hini nemeti eo ma vez ar jubennourien diouzh ret tud a dro en ur yezh ha n’eo ket o hini gentañ.

Le gallo dénâché

Pour s’insulter et s’invectiver, décidément, rien ne vaut la langue gallèse. L’ouvrage qui vient de paraître, signé Claude et Michèle Bourel, en apporte la preuve. On y retrouvera avec plaisir les busot, bedâ, grignou, avène de recteû, veille margate, restant de gélée, tchu de hourd, ou autre chasse-galants ! Vous y apprendrez peut-être ce que signifie « avoir un bon pillot », « pisse pâs dans mon ourée », « j’ons le temps », « être enheûdé d’une patte », « tout boués treû sa hârt », ou « vér les étaïles à través des ridiaos ». Sur un ton vif et piquant, épicé par les dessins malicieux de Nono, les auteurs, à travers une moisson de mots familiers, subliment cette langue à la saveur inimitable.

Le gallo dénâché. Injures et abominations en Haute-Bretagne, de Claude et Michèle Bourel, éditions Rue des Scribes. Peut être commandé auprès de Rue des Scribes ou de Bertaèyn Galeizz.

www.bertaeyn-galeizz.comº

www.rue-des-scribes.comº

Rennes

Levrioù e brezhoneg, mar plij !

Le 8 décembre dernier, les associations de parents d’élèves des écoles bilingues de Rennes, Bruz et La Mézière accueillaient des auteurs, illustrateurs et éditeurs au collège Anne-de-Bretagne. Il s’agissait de présenter trois ouvrages sélectionnés à la suite d’un appel à projets intitulé « Levrioù e brezhoneg, mar plij ! » (Des livres en breton, s’il vous plaît !) pour la création de nouveaux livres en breton, lancé par les associations Div Yezh, Dihun et Diwan et les ensei-gnants, et soutenu par l’EPCC Livres et lecture en Bretagne, le conseil régional de Bretagne et la Ville de Rennes. L’objectif est d’aider l’édition en achetant un nouvel ouvrage pour chaque enfant bretonnant scolarisé en maternelle et en primaire dans les trois filières, soit environ 500 ouvrages en tout.Trente-six projets de livres, tous de très grande qualité et venant de toute la Bretagne, ont été reçus pour cette première édition. Le jury, composé d’enseignants, de l’EPCC Livre et lecture en Bretagne et de parents d’élèves, a sélectionné les lauréats suivants :

Skol Kael, de Florence Drenou, illustré par Fañch Ar Ruz et édité par Jean-Marie Goater. La vie d’un petit garçon qui raconte sa journée d’école sous la forme d’une bande dessinée.

Istor Du Ar Familh Yar, d’Erwan Hupel, illustré par Emmanuelle Bredoux et édité par Jean-Marie Goater. Les déboires de parents poules avec leur fils à travers des jeux de mots entre le breton et le français.

Dindan selloù Grallon, de Laurence Lavrand, illustré par Christophe Babonneau et édité par Keit Vimp Bev. La visite de la cathédrale de Quimper par un grand-père et son petit-fils nous plonge dans le Moyen Âge.

ul Lec’hienn plijus

Sed amañ ul lec’hienn nevez evel n’eus ket stank anezhe e brezhoneg. Lennegezh, lakaomp… tuet a-walc’h evel e c’hellit divi-nout. N’eus ket kaoz amañ eus plijadur ar spered, kredit ac’hanon! Ha n’eo ket paotred a zalc’h penn an traoù, evel alies pa vez kistion eus lennegezh vrezhonek, nann, merc’hed. Evit merc’hed… ha paotred ivez memes tra, n’it ket d’ober gwad fall. Tammoù danevelloù, gant sell ar merc’hed, hag o c’hoant c’hoari… Tammoù barzhonegoù ivez. Hag ur banne avel fresk bepred ! « Plijadur digoust, ekolo-gel, simpl. Plijadur ar c’horf hag an ene ». Emañ al lec’hienn o c’hortoz brasaat diwar oc’h awen bremañ. Pegit krog en ho pluennoù ‘ta ha diskuilhit ho soñjoù ha c’hoantoù…

www.plijadur.netº

cours se sont ouverts, et sont fréquentés par des entendants. Mais peuvent-ils pratiquer la LSF tels des sourds ? La langue enseignée est académique, celle des sourds plus imagée. Annaig Le Naou dit retrouver cela dans son rapport au breton, entre la langue enseignée, et celle de bretonnants « traditionnels ». On parle de « communauté sourde » en faisant référence aux sourds pratiquant la LSF, ce qui crée des liens forts entre eux. Les sourds n’utilisant pas la LSF sont très nombreux, et, à l’inverse, sont très nombreux les entendants la connaissant. Mais ceux-ci ne sont pas dans la communauté. Les enfants de sourds se disent ainsi parfois « métisses », vivant entre deux mondes, deux cultures. La LSF n’est plus interdite à l’école… Mais les écoles manquent, seulement cinq en France à l’heure actuelle. Les familles doivent ainsi s’adapter et beaucoup s’installent volon-tairement à proximité.

Annaig et la LSf

Annaig Le Naou est interprète français/LSf (langue des signes française). Elle s’est attachée à l’ap-prentissage de la LSf en parallèle de ses études de lettres classiques et de breton. A l’instar de Rachid Mimoun, enseignant cher-cheur spécialiste de la langue et la culture des sourds, elle fait une différence entre « la langue sourde » et la langue des signes, cette dernière étant pratiquée par des entendants, de plus en plus nombreux au demeurant. Elle n’est pas alors aussi porteuse de l’aspect culturel propre au « monde des sourds », à la « famille » des sourds, ainsi qu’ils désignent eux-mêmes leur communauté. La majorité des personnes appre-nant la LSF dans des cours est entendante, les sourds apprenant le plus souvent par la pratique entre eux. Un point particulièrement remarquable chez les sourds est qu’ils n’apprennent la langue des signes que très rarement au sein de leur famille, la plupart étant de familles entendantes. La transmission de la langue ne se fait donc pas à la maison, mais au contact d’autres sourds. La langue des signes est restée interdite jusqu’à la fin des années 1970, dans les institutions spécia-lisées, et n’est réellement reconnue officielle-ment que depuis 2005 ! Depuis, beaucoup de

Annaig Le Naou

Présentation des projets Levrioù e brezhoneg, mar plij !

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Armelle Lavalou présente trois auteures

Géoculture, opération qui consiste à valoriser les territoires par des parcours liés aux auteurs qui les ont servis, commence ses travaux en Bretagne. Des géoculteurs vont proposer des thématiques et des citations d’auteurs en lien avec des territoires. une occasion rêvée pour articuler patrimoine littéraire, création, action de terrain, outils numériques et débat sur le droit d’auteur. L’un de ses membres, Armelle Lavalou, nous confie trois coups de coeur.

Armelle Lavalou, qui partage sa vie entre le Pays bigouden et Paris, a été sollicitée pour participer à ce comité. Elle est l’au-teure, chez Robert Laffont, du Voyage en

Bretagne. De Nantes à Brest, de Brest à

Saint-Malo, ouvrage de « géographie litté-raire » consacré à la Bretagne à travers des auteurs « nés ou venus y séjourner », et qui ont écrit à propos de cette « province de

l’âme ». On y croise Stendhal et Flaubert bien sûr ; Proust, à Beg-Meil ; Maupassant, de Vannes à Douarnenez ; Pierre Loti, Julien Gracq en Pays bigouden. Mais aussi de moins connus, dans des endroits moins huppés de la Bretagne intérieure.« La Bretagne a choisi de mettre l’accent sur les écrivains femmes, dans le cadre de Géoculture. Personnellement, je n’aime pas

trop faire de distinction de sexe, entre les auteurs. De plus, dans mon livre, il y a très peu de femmes, trois seulement, car dans la période à laquelle je me suis intéressée, peu de femmes écrivaient : la marquise de Sévigné, que les Bretons n’aiment pas trop à cause de ses déclarations à propos de la révolte des Bonnets rouges. Mais c’est un peu injuste. Avec son humour féroce, lorsqu’elle demande que chaque arbre porte un pendu, c’est parce qu’elle préfère ça, plutôt que de les voir écartelés ! Et elle se considérait comme bretonne. J’ai aussi découvert Marie Lenéru, une Brestoise, fille de lieutenant de vaisseau, née en 1875 et morte en 1918 de la grippe espa-gnole. Elle a écrit des pièces de théâtre qui ont été données à Paris et un remarquable Journal en deux tomes, publié chez Grasset, plus un essai sur Saint-Just. La troisième est la remarquable Jeanne Nabert, femme de philo-sophe et fille d’un médecin du cap Sizun. Son Cavalier de la mer est une pure merveille. Un grand roman, dans lequel elle décrit la socié-té de Pont-Croix et qui lui a valu un procès, ainsi que l’interdiction du livre. » Éditée chez Calligrammes, Jeanne Nabert a été rééditée chez Coop Breizh, sous la forme d’un ouvrage qui rassemble ses œuvres majeures.G. A.

GéocultureDouarlennegezh Joqhulturr

Le Cavalier de la mer (extrait)

C’était bien la plus extraordinaire des

créatures. Une petite noiraude, remuante,

maigre et sèche comme un sarment, les

yeux de charbon, toujours prêts à lancer des

flammes, le nez camus, le menton en galoche

accentué par le dentier qu’elle portait

– grand luxe en ce temps-là – et qui lui

donnait l’air de discuter perpétuellement

avec quelque invisible client ou de ruminer,

du matin au soir, ses malices. Avec sa robe

de mérinos et son tablier d’alpaga noir, ses

bas mal tirés sur ses talons, vous l’eussiez

prise pour une artisane peu soigneuse, sans

l’énorme diamant qu’elle portait au petit

doigt et qui vous aveuglait au moindre de

ses gestes. Une maîtresse femme, en tout cas, Jeanne Nabert - © Coop Breizh

Aides aux bibliothèques

Les aides à l’investissement des collectivités territoriales pour leurs bibliothèques sont l’objet d’un concours financier, au sein de la dotation générale de décentralisation (DGD). Celles-ci favorisent la construc-tion, l’extension ou la rénovation des bibliothèques municipales, inter-communales ou départementales. Elles sont accordées sous trois conditions : une surface minimale, des perspectives de fonctionnement suffisantes et l’inscription du dossier dans la programmation annuelle. La date limite de dépôt des dossiers est fixée au 30 avril 2013.

www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/Drac-Bretagne/Aides-et-demarches/Subventions/Livre-et-lecture

º

Contrat territoire lecture

Deux contrats territoire lecture ont été signés en Bretagne : le 30 avril 2012, par le conseil général d’ille-et-Vilaine, et le 3 juillet 2012 par le conseil général du finistère.Les contrats territoire lecture (CTL) entrent dans le cadre de l’accom-pagnement de projets innovants en milieu rural ou périurbain. Ils visent à relancer la politique contractuelle entre l’État et les collecti-vités territoriales dans le domaine de la lecture, sur la base des orien-tations définies par la loi du 16 décembre 2010 de réforme des collecti-vités territoriales. Ces dispositifs de partenariat sur trois ans, ouverts et modulables, doivent favoriser la dimension intercommunale des politiques de lecture publique, en priorité dans les territoires souf-frant d’un déficit d’offre de lecture, ainsi que l’ouverture vers d’autres champs de l’action publique (politiques sociales, petite enfance, liens intergénérationnels, etc.). Ils peuvent compléter des dispositifs initiés par le ministère de la Culture, notamment en ce qui concerne l’accès au numérique.La méthodologie repose sur un diagnostic préalable prenant la mesure des besoins et des attentes du public. Un chef de projet anime un comi-té de pilotage chargé de la mise en place, du suivi et de l’évaluation du CTL. Les crédits des CTL sont déconcentrés et peuvent financer les charges du personnel, comme l’acquisition d’équipements qui ne seraient pas pris en charge par la DGD bibliothèques. L’apport de l’État peut atteindre 50 % du coût du projet. En 2012, la Drac a pu inscrire 15 000 e de crédits pour chacun des deux contrats territoire lecture validés par l’administration centrale.Par exemple, le contrat territoire lecture en Finistère s’articule autour de 3 axes :

• Le développement des bibliothèques municipales et intercommu-nales du Finistère ;

• le renforcement du projet « Ados d’mots » et du partenariat avec une scène nationale autour d’une sensibilisation aux textes théâtraux ;

• l’élargissement et l’adaptation de l’offre documentaire, en particulier à destination des « publics empêchés ».

horaires d’ouverture des bibliothèques

L’Inspection générale des bibliothèques a fait paraître, en novembre 2012, un nouveau rapport sur la question de l’extension des horaires d’ouverture en bibliothèques universitaires ou de lecture publique. Dominique Arot y analyse les différentes possibilités d’ou-verture, relève les différents obstacles que rencontrent les établisse-ments et suggère des pistes pour les surmonter.

www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/document-60169º

mouvements dans les bibliothèques bretonnes

ChâteaubourgPascale Le Bozec est la nouvelle responsable de la bibliothèque municipale de Châteaubourg (35). Elle a exercé, pendant douze ans, le métier de libraire, avant d’entamer une reconversion dans la fonction territoriale. Dans les cartons de la nouvelle directrice : le catalogage des fonds, l’évolution du logiciel documentaire, la rénovation de la bibliothèque.

PloemeurAlain Larrivé a pris ses fonctions à la médiathèque municipale de Ploemeur le 7 janvier 2012. Il sera chargé d’assurer la transition vers le nouvel espace culturel. Après une formation en histoire et en lettres, et après avoir obtenu le diplôme de bibliothécaire, Alain Larrivé a travaillé dans le secteur jeunesse. Il a participé à la mise en place de la média-thèque de Lorient, puis de celle de Quéven, où il occupait le poste de responsable depuis neuf ans.

LannionGisèle Montlouis est la nouvelle directrice de la médiathèque munici-pale de Lannion. Elle prend la direction de la médiathèque par suite du départ à la retraite, après trente-cinq ans de service, de Maryvonne Massart.

une bibliothèque Yvon-Le-men

Le 3 février dernier, Corlay a inauguré sa bibliothèque Yvon-Le-Men, en présence du poète et d’une foule de Corlaysiens.

Actualités de la lecture publiqueKeleier al lenn foranLéz nouvèl de la liri publliq

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Actualités de l’éditionKeleier an embann Léz nouvèl de la banisri

Lopérec

Locus Solus, la nouvelle maison de florent Patron

Directeur d’édition durant treize années chez Coop Breizh, flo-rent Patron vole désormais de ses propres ailes. Locus Solus, sa mai-son d’édition, vient de voir le jour.

Florent Patron était-il déjà programmé, étant petit, pour devenir éditeur ? C’est du moins l’impression qu’il en a, aujourd’hui. « Je détes-tais ces histoires d’orientation, cette pression qu’on nous mettait à l’école, pour choisir un métier. Mon père était chauffeur routier, ma mère était vendeuse aux Galeries Lafayette, elle aimait lire, mais mon prof, à la maison, l’ouverture sur le monde, c’était France Inter. Vraiment, je crois que je ne pouvais faire que ça, travailler dans l’édition. » Après la classe préparatoire de lettres et la fac de Nantes, où il participe au journal des étudiants, il y a eu les voyages, la découverte de ce monde entrevu à la radio, et même l’installation pour quelque

temps, en Écosse, d’abord, aux îles Fidji, ensuite. « J’ai toujours travaillé. J’ai quitté ma petite commune à l’âge de quinze ans, pour Nantes. Mes parents n’avaient pas d’argent. Pour vivre et payer mes études, j’ai dû faire mille et un jobs. » Pion, enseignant en fran-çais, animateur d’ateliers d’écriture… Fan de Georges Perec, Florent participe aux travaux de l’association Hurluberlubu, oulipienne et pataphysicienne, au début des années 1990. Après une formation « Pro Libris » au Cecofop, à Nantes, ce regretté institut plébiscité par de nombreux éditeurs de l’Ouest, et un passage chez des éditeurs parisiens, Florent Patron est embauché comme secrétaire d’édition puis éditeur chez Coop Breizh. Il y restera treize années, publiant plus de 450 ouvrages, déve-loppant considérablement le secteur édition de la maison, créant le label jeunesse Beluga, avec de jolis succès et une production à la qualité unanimement reconnue. Aujourd’hui,

il aborde un virage important avec la fonda-tion d’une maison d’édition baptisée Locus Solus. L’entreprise est née avec son associée et co-gérante Sandrine Pondaven. Elle a une solide expérience, elle aussi, notamment dix-sept ans en arts graphiques et huit sur le terrain en tant que commerciale pour la maison Cloître, imprimerie leader dans la région. Elle s’occupait, entre autres, des contacts auprès des auteurs et des éditeurs. Forts de leur carnet d’adresses, tous deux peuvent s’appuyer sur de solides relations auprès des auteurs, des collectivités, ainsi que des points de vente, médias, musées… Sandrine est plus particuliè-rement chargée, chez Locus Solus, de la gestion commerciale et administrative, de l’organisa-tion générale et du suivi de fabrication. Autre associé, Stéphane Hervé, graphiste, marque la production de son empreinte artistique. « Notre objectif est de développer un catalogue généraliste d’une centaine de titres en trois ans, avec un secteur jeunesse important. Ce seront des ouvrages de portée régionale et nationale. » Dès 2013, Locus Solus annonce 25 titres, avec des premières parutions en mars, puis deux ou trois nouveautés par mois. La diffusion exclu-sive a été confiée à Cap Diffusion. Tous les ouvrages seront accessibles en version numé-rique epub, en parallèle à la version papier. « Nous n’attendons pas de recettes dans ce secteur. Nous entendons privilégier le livre papier en offrant des passerelles vers le numé-rique : livres hybrides, QR codes ou reconnais-sance d’image pour des suppléments audio-vidéo-archives. Par exemple, dans l’ouvrage sur Petit Navire, on pourra accéder à une publi-cité de 1952. Parfois, ce sera un teaser avec une interview de l’auteur. »Locus Solus, qui signifie « lieu unique » en latin, évoque le roman culte éponyme de Raymond Roussel (1914), à l’univers particu-lier puisqu’il présente notamment des situa-tions de « réalité augmentée » insolites qui résonnent aujourd’hui avec les NTIC * au cœur des livres de la nouvelle génération. « En tout cas, nous avons reçu un très bon accueil lors des démarches pour la création de l’entre-prise, et une bonne écoute de la part des finan-ceurs, y compris chez des gens qui avouaient ne rien connaître au milieu de l’édition. » La ligne éditoriale s’affinera au fil des parutions. Elle reflète les goûts de l’éditeur, son environ-nement mental, ses rencontres. « Le plus diffi-cile, c’est la littérature. On ne l’abordera que la seconde année, même s’il y a un manque dans ce domaine, en Bretagne. »

* Nouvelles technologies de l’information et de la communication

Actualités de la librairieKeleier ar stalioù-levrioù Léz nouvèl de la liverri

et qui faisait la politique comme une autre

aurait fait l’amour. Un esprit d’homme ambi-

tieux qui s’était trompé de corps. Il nous avait

fallu, bon gré mal gré, nous accommoder de

son despotisme ; mais pour les étrangers, ce

ne devait pas être, je pense, chose ordinaire

que de voir une ville de mille habitants, le Cap

et tout le département, obéir à ce petit bout de

femme endiablée. Ce n’est pas, vous le pensez

bien, qu’elle eut jamais porté l’écharpe trico-

lore, ni même qu’elle eut jamais été inscrite

sur une liste d’élections municipales. Mais à

force de prêter son argent, de saouler les élec-

teurs, de verser du café aux bonnes femmes,

de flatter, de menacer, elle y avait fait mettre,

puis élire son mari, un blond tranquille de

Tréguier, qui pourtant n’entendait rien à la

politique.

Le pauvre homme pensait que, lorsqu’il

serait maire, elle se tiendrait pour satis-

faite et le laisserait en repos. Mais elle le fit

bientôt conseiller général. Encore quelques

mois, elle l’eût fait député, sénateur, peut-

être bien ministre, si la mort qu’on n’invite

pas aux élections n’avait mis son bulletin

noir dans l’urne. Le Trégorois fut tué peu

après son premier conseil général, dans un

accident de chasse du côté de Châteaulin où

nos messieurs faisaient l’ouverture.

La nuit tombait déjà quand on apprit en

ville la tragique nouvelle. Toutes les dames

du Bourg-le-Cap partirent en voiture

rejoindre le cortège funèbre sur la route. On

allait au pas, à la lueur des torches, tandis

que le glas tintait dans les villages. Croyant

à un incendie, les gens se jetaient à bas du

lit, couraient à demi vêtus à la croisée des

chemins et voyaient passer un char plus

sinistre que celui de l’Ankou. Accroupie

sous la bâche, couverte de sang, la mairesse

tenait dans son giron la tête ballante, aux

yeux vitreux, du défunt, et continuait de lui

parler comme s’il pouvait encore l’entendre,

comme elle avait fait si souvent pour l’arra-

cher aux bons sommeils du matin et aux

siestes de l’après-midi.

– Octave ! Octave ! Écoute-moi ! Ouvre

les yeux ! Redresse-toi, je t’en prie, n’aie

pas peur… Ce n’est rien, ça va passer ! Tu

seras élu quand même, élu sans ballottage,

mais, pour Dieu ! ne laisse pas pendre

ainsi tes mains sur les roues. Les gens

nous regardent. Tiens-toi ! Tu es député.

Les blancs auront beau faire, ils perdront

toutes les voix. Dans huit jours, tu seras au

Parlement…

Mais il était déjà au parlement des morts.

GéoCulture – La France vue par les écrivains sera présenté au Salon du livre de Paris du 22 au 25 mars prochain.Plus d’infos :

http://www.fill.fr/images/documents/lafrancevueparlesecrivains.pdfº

La grogne monte contre Amazon

En France et en Angleterre, on observe une vague de protestation contre Amazon et son optimisation fiscale. En France, des libraires indépendants, comme Frédéric et Jean-Pierre Delbert, de la librairie Martin Delbert à Agen, et le Syndicat des distributeurs de loisirs cultu-rels (SDLC) ont lancé des actions de communication afin de susciter chez les lecteurs une prise de conscience des méthodes de la plate-forme de vente en ligne qui bénéficie d’aides publiques tout en ne payant que très peu de taxes.

Journées nationales de la librairie

Les deuxièmes Rencontres nationales de la librairie, organisées par le Syndicat de la librairie française (SLF) et la fédération Libraires en Régions, se tiendront les 2 et 3 juin 2013 au Théâtre national de Bordeaux sur le thème de l’économie de la librairie.L’Association des librairies indépendantes de Bretagne (Alib) y enver-ra une délégation.

mouvements dans les librairies bretonnes

RennesCréation de la librairie Le Pécari amphibie, spécialisée en histoire, par Monsieur Aubin – 1, rue Saint-Louis – 02 23 35 01 99Création du bar culturel-librairie Le Dahlia noir – 18, quai Émile-Zola – 02 99 79 49 12Arrêt officiel de l’activité librairie pour le café-librairie Le Papier timbré.

Saint-NazaireFermeture de la librairie Voix au chapitre.

QuimperFermeture de la Librairie de l’Odet, dont le libraire était âgé de 83 ans. Elle cède la place à un restaurant.

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Baromètre des usages du livre numérique en france

Lors des assises du livre numérique, l’enquête réalisée par Opinion Way à la demande du SNE, de la Sofia et de la SGDL a été rendue publique. Le second baromètre des usages du livre numérique en France révèle que la lecture de livres numériques a augmenté de manière significative en six mois : 14 % de la population française âgée de 15 ans et plus déclare avoir déjà lu, en partie ou en totalité, un livre numérique. De plus, la mise à disposition d’une quantité plus importante de livres semble avoir favorisé l’adoption des e-books. Cependant, les lecteurs d’e-books ne délaissent pas pour autant le livre papier : 65 % des lecteurs interrogés ont lu un ouvrage papier il y a moins d’un mois. 58 % des lecteurs achètent leurs livres numériques et 41 % optent pour le gratuit. La littérature est la catégorie la plus lue (66 %) et la plus achetée (60 %).

un logiciel gratuit pour produire des livres Daisy

Obi est un logiciel gratuit de production de livres audio au format Daisy. C’est un projet open-source du Consortium Daisy, qui évolue régulièrement. La version 2.5 vient d’être publiée.Obi est simple d’utilisation et totalement accessible. On peut créer son premier livre audio Daisy en quelques dizaines de minutes grâce au très court manuel de prise en main rapide.Obi a été traduit en français par l’Association Valentin Haüy !

Rennes

La Part Commune prend un nouveau départ

Fin octobre 2012, les professionnels du livre en Bretagne appre-naient, non sans stupeur, le décès d’Yves Landrein, qui avait donné une place particulière aux éditions de La Part Commune. Ils étaient nombreux à s’interroger quant à l’avenir de la maison. Mireille Lacour, sa compagne, et Irène Landrein, sa fille, ont décidé de relever le défi, en annonçant le 15 mars, à l’Espace Ouest-France, à Rennes, la poursuite des activités éditoriales. Six nouveaux titres sont ainsi prévus dès le printemps :La Dernière Interview de Federico García Lorca, d’Antonio Otero SecoAprès ce long silence, de William Butler Yeats (traduction de Thierry Gillybœuf)Le Crépuscule celtique, de William Butler Yeats (traduction de Thierry Gillybœuf)In absencia, de Jean-Louis Coatrieux (coédité en livre numérique par les Éditions Chemins de tr@verse)Un drame au bord de la mer, d’Honoré de BalzacLe Prophète, de Khalil Gibran (réédition)

Suivront, au second semestre :Débordement sur l’aile et tir dans la lucarne, de Pierre TanguyButin, d’Olivier PouzetMes Chats, d’Athénaïs Michelet (réédition)Hiroshima Cap-Sizun, de Jean-Pierre NedelecCorrespondance, entre Maupassant et ZolaUn nid dans les ronces, de Cécile A. Holdban

www.lapartcommune.com/dhtml/home.phpº

mise à jour du module « Parutions »

Nous procédons à une mise à jour du module « Parutions » du site de Livre et lecture en Bretagne. Le module étant une extraction de la base Electre, nous ne pouvons faire apparaître dans cette base que les éditeurs qui y sont référencés. Si vous n’êtes pas déjà référencés, vous pouvez le faire gratuitement sur le site d’Electre :

http://ee.electre.com/EspaceEditeurs.aspº

Ne sont pas référencés dans Electre :– Les publications qui ne correspondent pas à la définition Afnor d’un livre, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas un « document formé par l’assemblage

de plus de 48 pages constituant une unité bibliographique », exception faite des livres pour enfants ou de poésie.– L’imagerie (autocollants, livres de coloriage, gommettes, etc.).– Les titres ne bénéficiant pas d’une distribution régulière dans les points de vente du livre tels que les éditions club et les ouvrages, revues et

titres multimédias diffusés exclusivement par courtage ou par correspondance.– Les titres multimédias qui ne correspondent pas aux univers de l’éducation, la forma-

tion, l’art, la culture et la vie pratique.– Les livres qui ne possèdent pas d’achevé d’imprimer, dont ceux réalisés par des moyens

de reproduction artisanaux.– Les ouvrages ne possédant pas d’EAN (ou code à barres).– Les livres et revues dont le tirage est inférieur à 500 exemplaires.– Les livres autoédités.– Les publications en ligne et leur version sous forme d’ouvrage papier, qu’elles soient par

ailleurs commercialisées ou non par le circuit traditionnel des librairies, ce qui inclut celles qui sont proposées en ligne et imprimées à la demande.

– Tous les ouvrages publiés par des éditeurs dont l’activité est notamment l’édi-tion à compte d’auteur et qui se fondent sur l’article L. 132-2 du Code de la propriété intellectuelle.

– Tous les ouvrages publiés par des éditeurs qui pratiquent l’édition en compte à demi avec leurs auteurs.

Pour tout renseignement complémentaire, vous pouvez contacter Delphine Le Bras : [email protected]

Outre des ouvrages jeunesse, Locus Solus proposera des livres documentaires illustrés, des beaux-livres et des livres d’art, des livres sur le sport, ainsi que de la littérature générale sous forme de grands formats, livres de poche, essais, livres d’histoire, ainsi que des ouvrages pratiques. Locus Solus affiche sa volonté de développer les partenariats avec les institu-tions, collectivités, associations, entreprises, en activant son réseau, mais aussi en répondant à des consultations et appels d’offres.Bon vent à Locus Solus et bonne chance à ses premières parutions !G. A.

Rennes

Le Soleil du jaguar

La maison d’édition associative Le Soleil du jaguar a publié en décembre 2012 son premier ouvrage bilingue, Chants cosmiques, poèmes, chants & prières des Indiens de Bolivie. L’association a pour objectif de favoriser la découverte des littératures de l’imaginaire en lais-sant une large place aux peuples indigènes de la Bolivie et d’Amérique du Sud. Elle s’intéresse aux textes fondateurs de la littérature imaginaire d’Amérique latine et entend favoriser les échanges culturels entre la Bretagne, la Bolivie et l’Amérique latine.

Le Soleil du Jaguar

3, place de Prague à Rennes

[email protected].

Nantes

L’Atalante devient coopérative

La maison d’édition et librairie Atalante est devenue une coopérative en novembre 2012.Pour assurer la transmission de son entreprise et la protéger d’un éventuel rachat par un groupe, Pierre Michaut, son fondateur, l’a transformée en société coopérative et participative. Ses neuf employés et quatre autres personnes ont racheté la librairie et la maison d’édition, en apportant chacun 3 500 euros au capital, afin de fonder une Scop.

Saint-Brieuc

La fin des éditions mLD

Les éditions MLD ont mis un terme à leurs parutions à la fin de l’année 2012, après cinq années d’activité. Le catalogue reste disponible et les commandes sont donc toujours possibles, que ce soit auprès des libraires ou de la maison d’édition. Auteur de deux livres parus chez Folle Avoine : Les Eaux noires, en 2008 (poésie) et Polska, en 2010 (récit), ainsi que de plusieurs textes inédits, Mérédith Le Dez entend désormais se consacrer pleinement à l’écriture.

Les chiffres de l’économie du livre en Europe

La Fédération des éditeurs européens a publié les chiffres de l’économie du livre papier en 2011. Le revenu global de 22,8 milliards d’euros accuse une baisse de 0,7 milliard d’euros par rapport à 2010. 530 000 nouveaux ouvrages ont été publiés (+1 % vs 2010).Le Royaume-Uni (149 800), l’Allemagne (82 048), l’Espagne (44 000), la France (41 902) et l’Italie (39 898) sont les pays ayant publié le plus de nouveaux titres.Le secteur emploie 135 000 personnes en Europe.

un syndicat national de l’édition jeunesse indépendante

Le SNEJI (syndicat national de l’édition jeunesse indépendante) a vu le jour à l’automne 2012. Font partie du bureau Ludovic Berneau, des éditions Les Lucioles, Florence Brillet, des éditions Abadam, Albert de Pétigny, des éditions Pour penser à l’endroit, et Valérie Rocheron, des éditions Plume en herbe.Le syndicat regroupe des éditeurs jeunesse indépendants ainsi que leurs partenaires liés à la littérature jeunesse, tels que des libraires, auteurs, illustrateurs ou bibliothécaires.

Premières parutions 2013 :

Dans la collection destinée aux tout-petits, « Locus Solus Minus », cinq titres sortent en mars : Oh les belles couleurs !/Gwen la Bigoudène, de Delphine Garcia ; Pour quelques noisettes

de plus et Un œuf disparaît/Les Enquêtes

de John Dœuf, où un raton-laveur exerce son esprit de déduction pour résoudre des énigmes « policières », par Christophe Boncens. Une expo itinérante de vingt panneaux avec planches originales et circuit enquête/indices est créée pour l’occasion, à destination des écoles et bibliothèques. Et des cahiers-jeux avec coloriages, stickers, liés à ces deux collec-tions. De Tristan Pichard, Le Chevalier des

gros mots, roman illustré pour les 10-13 ans, et Contes de Bretagne, poche illustré.Trois titres sont prévus en septembre : Le Trésor de Papy Pêchou (H. Rublon), Victorine et le mangeur de lettres (T. Pichard et C. Boncens), La Sieste du taureau (G. Alle et M. Larvol), début d’une collection où chaque album personnifie une région du monde à forte identité, ici l’Andalousie.En sport : Les 30 ans du Tro Bro Léon et Plumelec ; 50 ans de Grand Prix.

En art : Éphémérides atlantiques. De

Savannah à New York, par Râmine, Le Tour

de Bretagne en aquarelles, de Philippe Gloaguen. Les Plus Belles Côtes. Ports du

Croisic à Cancale, Le Chantier du Guip,

Ciels de nuit en Bretagne.

En documentaire : Petit Navire. De Paul

Paulet aux Amériques ; Graphisme et

Politique, sur la relation entre Bernard Poignant (maire de Quimper) et son communicant, graphiste-affichiste, Alain Le Quernec ; des catalogues pour les musées de Pont-l’Abbé, Vannes, etc.

Locus Solus est située à mi-chemin de Brest et de Quimper, à Lopérec, petite bourgade où l’on fête saint Perec, clin d’œil à l’écrivain Georges Perec, grande figure du panthéon littéraire de Florent Patron.

Locus Solus

6, place de l ’Église

29590 Lopérec

02 98 81 70 56

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Actualités de Livre et lecture en BretagneKeleier Levrioù ha lennadennoù e Breizh Léz nouvèl de Livr e liri en Brtêgn

Rennes

Twit’haïku : gazouillez, c’est le printemps !

Le Printemps des Poètes devient, le temps d’une soirée, un événement plein de « carac-tères » où le haïku sera à l’honneur. Il prendra différentes formes et couleurs pour séduire vos yeux et vos oreilles. Cette soirée fera la part belle aux plus beaux haïkus twittés pendant le concours Twit’haïku : un croi-sement étonnant entre poésie et nouveaux usages du numérique.Soirée animée par Hugues Aubin, chargé de mission aux technologies de l’information et

de la communication à la Ville de Rennes et à Rennes Métropole, ponctuée de haïkus speed

build proposés par la Bibliothèque franco-phone du métavers et d’interventions d’Alain Kervern, auteur spécialiste du haïku. Les lots seront remis lors de cette soirée.

Le mercredi 20 mars, à 18 h 30,

salle de conférences Hubert-Curien

Les Champs Libres.

Réservation conseillée au 02 23 40 66 00

Guide des manifestations littéraires 2013

Comme chaque année, vous trouverez avec ce no 32 de Pages de Bretagne la nouvelle édition du Guide des manifestations littéraires, publié par Livre et lecture en Bretagne. Ce livret recense les salons et les rencontres autour du livre dans la région. C’est l’illus-trateur Fred Salsedo qui en a réalisé la couverture.

http://salsedo-kcs.blogspot.frº

Rennes

Déménagement de Livre et lecture en Bretagne

Livre et lecture en Bretagne change de locaux. Courant avril, l’EPCC déménage et pourra vous accueillir dans ses nouveaux locaux situés au 61, boulevard Villebois-Mareuil, à Rennes (près du cimetière de l’Est).Vous retrouverez la date précise et le plan d’accès sur le site internet de Livre et lecture en Bretagne très bientôt.

Rennes

Journée professionnelle

Journée BPI « La bibliothèque émancipa-trice », le jeudi 4 avril 2013 aux Champs Libres Cette journée se concentrera sur le rôle que la bibliothèque peut jouer, avec ses partenaires, à l’heure où un socle minimal de connais-sances est devenu indispensable pour s’insé-rer socialement, dans un contexte général de renouvellement permanent des savoirs et des compétences. Comment la mission éducatrice et formatrice traditionnelle des bibliothèques intègre-t-elle les besoins des publics qui mettent en œuvre une démarche volontaire d’autoformation ? Comment la bibliothèque répond-elle à la nécessité de maîtriser les outils numériques ? Quelles ressources peut-elle déployer pour accompagner ces apprentissages dans la perspective de contribuer à la cohésion sociale ?Les initiatives présentées seront le reflet de ces tentatives d’ajustement : la bibliothèque dispensatrice de formation ou boîte à outils libres d’usage, donnant des repères pour la navigation sur la Toile, chemin d’accès aux savoirs…Mises en place auprès de publics divers, ces initiatives interrogent l’image de la biblio-thèque en tant qu’espace de mise à disposi-tion mais aussi de partage des savoirs pour tous, ainsi que le positionnement des biblio-thécaires et la diversification nécessaire de leurs compétences.Entrée libre, inscription obligatoire

www.bpi.fr/fr/professionnels.htmlº

Salon du livre de Paris

Pour la deuxième année consécutive, c’est la Fédération des cafés-librairies qui représen-tera les éditeurs bretons et animera le stand Région Bretagne lors du Salon du livre de Paris, du 22 au 25 mars 2013.

Le contrat dont vous êtes le héros

Comment négocier (seul dans la forêt) avec un (dragon) éditeur est un « guide de négociation à destination des auteurs et illustrateurs en quête de clés pour négocier équitablement avec leurs éditeurs ». Brochure en ligne sur le site de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse et sur le site de Livre et lecture en Bretagne.

formation des artistes auteurs

Dès aujourd’hui, les artistes auteurs peuvent s’abonner à une liste de diffusion pour être tenus informés des nouveautés concernant leurs droits à formation et recevoir les futures offres de stages.

www.afdas.com/auteurs/newsletterº

Résidence à l’institut français du maroc

À destination de jeunes artistes marocains, européens et internatio-naux, notamment de l’espace francophone. L’objectif étant de soute-nir la création, une attention particulière est portée à la capacité des artistes à s’enrichir de leur environnement, à partager leurs savoir et savoir-faire avec les publics français et marocains. Prise en charge du transport, hébergement, défraiements. Une aide à la création peut être accordée. Date limite 2e session : avril 2013.

Villes et villages en poésie

Vingt-deux villes et villages de France ont obtenu le label « Ville en poésie » ou « Village en poésie », qui distingue les communes donnant à la poésie une place prépondérante dans la vie culturelle locale. Les communes labellisées ont répondu à cinq des quinze critères exposés dans la charte, disponible sur le site du Printemps des Poètes.En Bretagne, les six communes choisies sont Daoulas, Landivisiau et Morlaix pour le Finistère, Plouhinec pour le Morbihan, Saint-Brice-en-Coglès pour l’Ille-et-Vilaine, et Lannion pour les Côtes-d’Armor.

Prix régional de la Bande dessinée des Comités d’entreprise

Les amateurs de bandes dessinées peuvent devenir, grâce à leur CE, jurés du prix régional de la Bande dessinée des Comités d’entreprise. Une douzaine de BD récentes et éclectiques, dont trois albums coups de cœur bretons, sont en lice. Il faut s’engager à lire au moins six BD de la sélection 2013 et remettre son bulletin de vote le 31 mai au plus tard.Emprunt des livres, retrait des bulletins de vote, renseignements auprès de votre CE ou de Cezam Morbihan.

Le Volapük, promotion des écritures contemporaines

Du langage à la voix, à l’écriture et au corps : Le Volapük cherche à faire entendre certaines voix, celles d’artistes qui usent d’une langue néces-sairement singulière, c’est-à-dire propre à révéler, à percer, à inventer, le réel contemporain. En tant que lieu de création, Le Volapük accueille des artistes en résidence tout au long de l’année.

www.levolapuk.orgº

Actualités de la vie littéraire et des écritures contemporainesKeleier ar vuhez lennegel hag ar skridoù a vremañLéz nouvèl de la vi déz lètr e dl’ecrivaij d’astourr

www.ambafrance-ma.org/Residences-artistiquesº

www.cezam-bretagne.com/aceva_56º

Lannion

il fait un temps de poème

La manifestation initiée par Yvon Le men fête ses vingt ans. Dans le cadre du Printemps des Poètes, dans la semaine du 19 au 23 mars, elle accueille vingt-deux invités à Lannion et alentour, et s’achèvera par une pro-metteuse fête de clôture.Les rencontres auront lieu en tous lieux : écoles, bibliothèques, librairies, théâtres, MJC, bars. Lors de rencontres tous publics, deux écrivains dialoguent autour d’un thème. « L’aventure Étonnants Voyageurs », avec Michel Le Bris et Yvon Le Men. « Les poètes morts n’écrivent pas de romans policiers », avec Björn Larsson et Yvon Le Men. « De la musique avant toute chose », avec Alexis Gloaguen et Guy Darol. « Une vie poétique », avec Jean Rouaud et Maram al-Masri. « Écrire et peindre. Mots et images », avec Jacques Darras et Daniel Kay. « Les mots qui restent », avec Patrice Baron et Thérèse Bardaine. « Écrire à voix haute », avec Alain Chopin et Souleymane Diamanka. « J’imagine, donc je suis », avec Nathalie Papin et François Place.Il fait un temps de poème se terminera par « La fête au carré ou Le

chemin des voix », le vendredi 22 mars en soirée. On y parlera fran-çais, allemand, arabe, breton, espagnol, grec ancien, peul, suédois… Il y aura du chant, des contes, du théâtre, des performances, des lectures, du rap, du slam, de la musique, de la calligraphie, des poupées russes, des boîtes à malices et autres niches à poèmes, et L’Or noir, un spectacle d’Arthur H et de Nicolas Repac.

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Agenda / Deiziataer / Calenderier mars-juin 2013

mars

du 10 janvier au 29 marsSaint-Brieuc, Côtes-d’Armor

Exposition de flip books : « Complètement flippé » à la maison Louis-Guilloux www.fol22.comFacebook Maison Louis-Guilloux

du 26 janvier au 16 marsLanderneau, Finistère

Emmanuel Guibert, « Japonais» : exposition sur le Japonhttp://mediatheque.mairie-landerneau.fr/blog/

3 marsLe Cloître-Saint-Thégonnec, Finistère

Salon et foire aux livres « Le loup dans l’encrier : production littéraire des monts d’Arrée, du finistère, de Bretagne »www.museeduloup.fr

du 8 mars au 20 avrilBretagne

Le Printemps des Poètes : thé, café et poésie Calibreizh La fédération des cafés-librairies 5, rue Skell var Ker – 29 000 QuimperTél. : 02 98 55 00 94

du 9 au 13 marsChâteaubriant, Loire-Atlantique

Poiesis #6 : la [email protected]

14 marsSaint-Brieuc, Côtes-d’Armor

un jeudi, un écrivain chez Louis Guilloux (rencontres mensuelles, 2e édition)La littérature, c’est capital : rencontre avec Philippe Vasset (Journal d’une pré-datrice)www.fol22.comFacebook Maison Louis-Guilloux

du 8 au 15 marsQuimperlé, Finistère

festival de la parole poétique : l’espace poétique méditerranéen www.maisonpoesiepaysdequimperle.blogs-pot.fr

du 15 au 17 marsBinic, Côtes-d’Armor

festival littéraire mer et aventurehttp://escales-de-binic.over-blog.com

16 et 17 marsRennes, Ille-et-Vilaine

Rue des Livreswww.festival-ruedeslivres.orgSaint-Gildas-des-Bois, Loire-Atlantique

Salon de la BD « Partage ta bulle » : la gourmandisehttp://partagetabulle.over-blog.comhttp://omc.stgildasdesbois.over-blog.com

17 marsGuidel, Morbihan

Le Printemps des écrivains : la fête en Bretagnewww.mediathequeguidel.fr

Rédéné, FinistèreSensibilisation à la [email protected]

du 19 au 26 marsLannion, Côtes-d’Armor

il fait un temps de poème, 20 ans après20e éditionYvon Le menAncienne bibliothèque des UrsulinesCentre Jean-Savidan, pour les films sur les poètesCarré magique de Lannion

24 marsPlomelin, Finistère

Salon Livr’ArtsTél. : 02 98 52 55 75

du 30 mars au 1er avrilBécherel, Ille-et-Vilaine

fête du livre : merveilleux imaginaireswww.becherel.com

avril

du 16 février au 28 avrilBécherel, Ille-et-Vilaine

Exposition « Le vent dans les saules »www.becherel.com

du 2 au 13 avrilPont-Péan, Ille-et-Vilaine

Salon du livre et de la BD polars. Le 13 avril : le polar sous toutes ses formes : littérature, cinéma, jeux, arts…www.pontpean.fr

4 avrilSaint-Brieuc, Côtes-d’Armor

un jeudi, un écrivain chez Louis Guilloux (rencontres mensuelles, 2e édition)La littérature, c’est capital : rencontre avec Jean-marc Sérékian (Le Coeur d’une ville… hélas !)www.fol22.comFacebook Maison Louis-Guilloux

du 5 au 7 avrilLe Pouliguen, Loire-Atlantique

Les belles rencontres : libre de lirehttp://le-sel-des-mots.over-blog.com/http://lesbellesrencontreslitteraires.over-blog.com/

6 et 7 avrilTrégunc, Finistère

Salon du livre petite enfance : 0-6 answww.tregunc.fr

Sucé-sur-Erdre, Loire-AtlantiqueSalon du livre Empreinteswww.salondulivre.cceg.fr

Rennes, Ille-et-VilaineSalon du livre et de la culture maç[email protected]

7 avrilLoperhet, Finistère

« Loperhet en ébullition » : festival de bande dessinée www.brestenbulle.fr

du 7 au 14 avrilBrest et sa région

festival du conte « Petite marée », dédié à la toute petite enfance (0-5 ans)www.adao.net

du 8 au 14 avrilCouëron, Loire-Atlantique

Salon du livre jeunesse de Couëron : hymne à la [email protected]

du 11 au 13 avrilBrest, Finistère

Salon du livre scientifique : horizons lointains, nouvelles explorations2e éditionwww.sciences-metisses.infini.fr

13 avrilQuimper, Finistère

Équivoxeshttp://potauxroses.hautetfort.com/ateliers_de_lectures

13 et 14 avrilLe Hinglé, Côtes-d’Armor

Les mots et la [email protected]

Perros-Guirec, Côtes-d’Armorfestival de la BDwww.bdperros.com

Mauves-sur-Loire, Loire-Atlantiquemauves en noir : cinémawww.mauvesennoir.com

du 17 au 20 avrilFougères, Ille-et-Vilaine

Les journées en poésiewww.mediatheque-la-clairiere.fr

18 avrilSaint-Brieuc, Côtes-d’Armor

un jeudi, un écrivain chez Louis Guilloux (rencontres mensuelles, 2e édition)La littérature, c’est capital : rencontre avec Aurélien Bernier (Comment la mon-dialisation a tué l’écologie)www.fol22.comFacebook Maison Louis-Guilloux

du 19 au 21 avrilConcarneau, Finistère

festival Livre et mer : univers maritimewww.livremer.orgFacebook Livre et Mer

27 et 28 avrilVitré, Ille-et-Vilaine

Salon du livre de Vitréwww.les-sportiviales.com

Espace Tissier, Le Conquet, FinistèreSalon La mer en livreswww.la-mer-en-livres.fr

Rouans, Loire-AtlantiqueLes journées de la BD : les sports mécaniqueswww.journeesbd.fr

28 avrilBotmeur, Finistère

Salon du livre sur les contes et légendeswww.yeun-elez.com

Rennes

Journées interprofessionnelles

Une nouvelle année commence et c’est l’occasion pour Livre et lecture en Bretagne d’annoncer son programme 2013. Un programme dense et riche, et des journées professionnelles variées : 21 mars : Il fait un temps de poème – à Lannion 28 mars : Archives et écriture – à Rennes, en partenariat avec l’UFR arts, lettres,

Communication de l’Université de Rennes 24 avril : À la bibliothèque émancipatrice – à Rennes, en partenariat avec la BPI, la bibliothèque

Les Champs Libres et les bibliothèques de Rennes23 mai : Festivals de cinéma et d’audiovisuel en Bretagne – lieu à déterminer 6 juin : Évolution des manifestations littéraires (3e édition) – à Rennes 10 juin : La librairie de demain – lieu à déterminer 27 juin : Médiathèques et films documentaires – lieu à déterminer 16 septembre : Résidences d’écrivains – à Saint-Brieuc 26 septembre : Littératures d’Océanie : La Nouvelle-Calédonie – lieu à déterminer 24 octobre : Bibliothèques et intercommunalité – lieu à déterminer 21 novembre : Lire autrement – lieu à déterminer 26 novembre : Journée professionnelle dans le cadre du Salon du livre jeunesse – à LorientRetrouvez tous les détails de ces journées toute l’année sur :

www.livrelecturebretagne.frº

Rennes

Archives et écriture

Livre et lecture en Bretagne propose, en partenariat avec l’UFR Arts, Lettres, Communication de l’Université de Rennes 2, une journée interprofessionnelle « Archives et écriture ».L’archive n’a pas pour seul objet de servir à la sauvegarde de la mémoire. Elle peut égale-ment constituer un matériau des créations à venir. Comment et pourquoi archiver ces actes d’écriture ? Quelle relation entre la mémoire et la création ? Comment un artiste peut-il créer à partir d’archives ? Comment les archives peuvent-elles devenir un moyen de valorisation de la création contemporaine ?Les questions qui seront abordées lors de cette journée rejoignent les préoccupations

de nombre d’acteurs du livre et de la lecture en Bretagne, mais également celles d’autres disciplines artistiques comme le spec-tacle vivant ou encore la recherche en art et littérature.Le partage de points de vue, d’expériences constituera le cœur de cette journée.

Retrouvez le programme complet dans la rubrique « Actualités » du site de Livre et lecture en Bretagne :

www.livrelecturebretagne.frº

Renseignements auprès de Florence Le Pichon : [email protected]

Lorient

La création phonographique aujourd’hui

Livre et lecture en Bretagne, en partenariat avec la médiathèque municipale de Lorient, a proposé le 14 février une journée d’étude interprofessionnelle sur la création phonogra-phique aujourd’hui. Cette journée a permis de présenter les différentes étapes entrant dans la production d’un disque, mais aussi de dresser un panorama de l’évolution du marché de l’édi-tion phonographique en France aujourd’hui, ainsi qu’un état des lieux de l’offre de musique enregistrée et du renouveau des usages.Retrouvez toutes les informations relatives à cette journée sur le blog de Livre et lecture en Bretagne :

http://lesjourneesllb.wordpress.comº

Évolution des manifestations littéraires

Le 6 juin, Journée professionnelle autour de l’évolution des manifestations littéraires, au Triangle. Thème principal de la journée : le bénévolat. Rencontres et échanges le matin, suivis d’un minisalon l’après-midi.Inscription par courrier et courriel auprès de Marie-Joëlle Letourneur : [email protected]

La librairie de demain

Le lundi 10 juin, Livre et lecture en Bretagne propose une journée d’étude interprofession-nelle consacrée à la librairie. Quelle sera la librairie de demain ? Quels services propo-sera-t-elle ? Comment sera-t-elle agencée et comment s’inscrira-t-elle sur son territoire. Retrouvez le programme complet dans la rubrique « Actualités » du site de Livre et lecture en Bretagne :

www.livrelecturebretagne.frº

Lannion

il fait un temps de poème

Le 21 mars, Journée d’étude dans le cadre des vingt ans d’Il fait un temps de poème, à la bibliothèque des Ursulines de Lannion. Journée autour de la poésie contemporaine sans frontières, avec Maram al-Masri, Björn Larsson, Yvon Le Men et l’éditeur Bruno Doucey.Inscription par courrier et courriel auprès de Marie-Joëlle Letourneur : [email protected]

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Directeur de publication / Rener an embann / Mnou d’bani : Yannik Bigouin

Rédacteur / Skridaozer / Redijou : Gérard Alle

Coordination de la publication / Kenurzhierezh an embann / Organizment d’la bani : Mathilde Lepioufle

Ont collaboré à ce numéro / Kemeret o deus perzh en niverenn-mañ / Il’on të enbzognë su l’limerot-si : Tugdual Carluer, Annie Chevalier,

Delphine Le Bras, Éric Legret, Florence Le Pichon, Mathilde Lepioufle, Marie-Joëlle Letourneur, Christine Loquet et Christian Ryo.

Ce numéro a été relu par / Adlennet eo bet an niverenn-mañ gant / L’limerot-si a të rlu parr : Bénédicte Trocheris-Jobbé Duval de l’association

Correcteurs en Bretagne.

Maquette / Maketenn / Maqhètt : À l’encre bleue

Impression / Moullañ / Moulri : Cloître Imprimeurs (29) Tiré à 3 700 exemplaires.

Livre et lecture en Bretagne / Levrioù ha lennadennoù e Breizh

14, rue Guy-Ropartz – BP 3040735704 Rennes Cedex 7Tél. 02 99 37 77 57 – Fax 02 99 59 21 [email protected]

www.livrelecturebretagne.frºSiret : 200 013 977 00026 – APE : 9101Z – ISSN : 1771-6896

Gratuit

Agenda / Deiziataer / Calenderier mars-juin 2013

mai

du 13 mai au 15 juinSaint-Donan, Saint-Julien, Hillion, Loudéac, Merdrignac, Bourbriac, Plénée-Jugon,

fête des mots familiers : ateliers arts du livre, artiste-auteur marc Lizano, compagnie à vue de nezwww.fol22.comFacebook Maison Louis-Guilloux

du 16 au 20 maiSaint-Malo, Ille-et-Vilaine

Étonnants Voyageurs : mers du Sud, Belgiquewww.etonnants-voyageurs.com

du 18 au 20 maiÎle-Tudy, Finistère

Si la mer monte – pays à l’honneur : les Pays-Baswww.silamermonte.com

Penmarc’h, Finistèrefestival du Goéland masqué : le roman et la BD noirs – littérature jeunessewww.goelandmasque.fr

19 maiLa Trinité-sur-Mer, Morbihan

fête du livre jeunesse avec les auteurs et illustrateurs d’iciwww.notredame-latrinite.com

23 maiSaint-Brieuc, Côtes-d’Armor

un jeudi, un écrivain chez Louis Guilloux (rencontres mensuelles, 2e édition)La littérature, c’est capital : rencontre avec Vincent Petitet (Les Net-toyeurs)www.fol22.comFacebook Maison Louis-Guilloux

du 23 au 25 maiQuestembert, Morbihan

Salon du livre jeunessewww.mediatheques.pays-questembert.fr

24 et 25 maiDol-de-Bretagne, Ille-et-Vilaine

Lir’à Dol : Salon du livre pour la jeunesse et fête du jeuwww.dol-de-bretagne.fr

25 maiSaint-Aubin-du-Cormier, Ille-et-Vilaine

Lectures buissonnières : la part de soi, la part communewww.mediatheque-staubinducormier.fr

26 maiLoudéac, Côtes-d’Armor

Salon du livre à chacun ses héroswww.omc-loudeac.com

juin

du 31 mai au 2 juinNantes, Loire-Atlantique

festival Atlantide : les mythes dans le présent

5 juinRennes, Ille-et-Vilaine

Prix Ados Rennes/ille-et-Vilaine21e éditionwww.bibliotheques.rennes.fr

du 7 au 9 juinFontevraud, Loire-Atlantique

Les rencontres de fontevraud : hommage à Aimé Césaire (sous réserve)www.maisonecrivainsetrangers.com

8 et 9 juinSaint-Brieuc, Côtes-d’Armor

Bulles à croquerwww.bullesacroquer.net

15 et 16 juinPort de Doëlan, Clohars-Carnoët, Finistère

festival du livre jeunesse Rêves d’océans : rêves de vacances, rêves d’océanswww.reves-doceans.fr

20 juinSaint-Brieuc, Côtes-d’Armor

un jeudi, un écrivain chez Louis Guilloux (rencontres mensuelles, 2e édition)La littérature, c’est capital : rencontre avec Nathalie Kuperman (Nous étions des êtres vivants)www.fol22.comFacebook Maison Louis-Guilloux

Saint-Brieuc – Côtes-d’Armor