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Le cheminement delAkido dans lesprit deson fondateur MoriheiUeshiba est pass pardiffrentes tapes avantdaboutir la voie dharmonie que nouspratiquons aujourdhui. Gillles Rettel, 5e dan, BE 2e degr, voquelvolution fondamentale du jutsuvers le do.

Q1- Que voit-on dans Budo ?1.1 Un enracinement profondLes textes crits par O Sensei sont souvent dune lectu-re difficile. Les assertions du fondateur, souvent expri-mes dans un style sotrique qui lui tait personnel,nont pas toujours une signification trs claire. recon-nat, lui-mme, Kisshomaru Ueshiba, son propre fils etsecond doshu. Les lves directs avaient, eux aussi, par-fois du mal comprendre comme le raconte NobuyoshiTamura : Il disait : Ame no ukihashi ni tatete, se tenirsur le pont flottant du paradis. A lpoque on se deman-dait ce quil voulait dire. Aujourdhui, je comprendsmieux [] . Ce pont flottant du ciel (Ame noUkihashi) cest le pont dont parle O Sensei dans sa dcla-ration dHawa en 1961 : Je construirai Hawa unpont dargent. Lutilisation de cette image provientdu mythe fondateur du Japon relat dans le Kojiki(Chronique des faits anciens) et le Nihonshoki ou Nihongi(Annales ou Chroniques du Japon). Ces deux ouvrages les deux premiers livres du Japon - mlangent cos-mogonie et narration de la naissance, mi-mythologique,mi-historique de larchipel nippon. Tout au dbut desouvrages, Izanagi (ou Izanaki) et Izamani, deux kamis setrouvent sur ce pont, au dessus de la mer primordiale : ils plongrent la hallebarde divine, lagitrent en fai-sant clapoter leau. ce moment-l, les gouttes salesqui tombaient de la hallebarde se superposrent et devin-rent des les. Cest la naissance de larchipel japonais.Cette image du pont est primordiale dans la pense dO Sensei et deviendra de plus en plus importante dansson discours vers la fin de sa vie. Le pont permet de relier

deux rives, deux mondes. Il est la manifestation de lajonction de leau et du feu . Celui qui se tient sur cepont est un intermdiaire qui voque lide du chaman(signifiant celui qui connat ), et qui plonge aux racinesdu shint. Le rle de celui se trouvant sur ce pont estdtablir une relation, une communication sur un modepacifi, de crer ou de rtablir lharmonie entre deuxmondes. Pour O Sensei, le pratiquant dAkido tente derevivre cette scne originelle et ralise lunion parfaite etultime : en fait tout commence en se tenant sur lePont Flottant du Ciel. Dans le premier chapitre deBudo Les enseignements de la voie les mots ciel et terre sont cits et associs six fois sur une demiepage. Cette concentration dmontre limportance accor-de par O Sensei cette relation entre deux mondesmais il ne parle pas encore du pont. Cette image nesemble stre impose lui que plus tard. Les exemplespourraient tre multiplis quasiment linfini mais vouslaurez compris, lenseignement dO Sensei senracineprofondment dans lhistoire du Japon et de sa cultu-re. Les allusions et rfrences explicites et implicites auxKojiki et Nihonshoki, aux kamis, au shint, au Kototama, lhistoire du Japon, au Yamato (Japon ancien), au yin

et au yang, au bouddhisme, au confucianisme, et mmeau christianisme sont permanentes dans ses propos.Cest partir de cet enracinement culturel, spirituel,intellectuel quil va exprimer les valeurs et principes delAkido. Sans forcment le matriser, tous les akidokasont confronts cet arrire plan dans la pratique.

1.2 Des signes objectifs dvolution1.2.1 Les principes et les valeursUn des premiers chapitres de Budo sintitule : Le Principede lUnification de lEsprit et du Corps. Tout est dit. Cestlun des principes qui va revenir le plus frquemment.Il tait dj prsent dans Budo Renshu : Le but du bu-jutsu est de former un homme sincre qui a lunitcomplte entre le corps et lme sans aucune ouvertu-re dans lesprit et le corps . Ds ses dbuts, le pratiquantactuel est averti, inform de ce fondement de notre dis-cipline. O Sensei donne des exemples concrets pour incar-ner cette ide dunification. Un des plus clairants estcelui de la main-sabre (te-gatana). Le dos de la main est ngatif , la paume est positif . Les deux cts repr-sentent deux attributs dun mme principe unifi par letranchant de la main. Ce sens est toujours bien prsent

le passage du jutsu au do dans lenseignement deMorihei Ueshiba2e partie : vers le do

AKIDO jutsu et do

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(ou devrait ltre) dans notre pratique aujourdhui.Entre les deux livres, spars pourtant seulement de cinqans, lvolution est vidente. Dans le premier, le langa-ge est plus archaque et trs li au contexte japonais.Beaucoup de mtaphores guerrires sont prsentes, parexemple : Le corps humain est un chteau fort . Latoute premire phrase de Budo est : Le budo est unchemin divin tabli par les dieux, qui conduit la vrit, la bont et la beaut ; un chemin spirituel qui refl-te labsence de limite, la nature absolue de lunivers etles ultimes secrets de la cration . Il est clair quO Senseina plus comme seul objectif lefficacit du jutsu.

1.2.2 Le cadre gnral, le mode opratoireLa situation dtude de la discipline na pas chang. Ilsagit toujours dun combat, dun affrontement rituali-s mais O Sensei insiste de nombreuses fois : Il faut tra-vailler dans la joie ! Cette indication tait dj prsen-te dans Budo renshu : Le vrai budo ce nest pas seule-ment danantir les ennemis. Il faut faire disparatrevolontairement leur antagoniste avec joie. O Sensei estle premier mettre en application son prcepte : il exis-te une photo dans la srie dite Noma dojo o il raliseune technique en tant franchement hilare.Mais ce qui apparat clairement sur les photos de Budocest la prsence des atemi sur pratiquement toutes lestechniques. Parfois, il sagit mme dun double atemi(face et cte) comme cest le cas sur shomen uchi ikkyoomote (nom actuel). O Sensei crit propos de iriminage : En combat rel, frappez de toute votre forcele visage de ladversaire . Latemi peut tre galementdonn lors de limmobilisation comme cest le cas pourikkyo. Limmobilisation est ralise en passant une jambesur le bras du partenaire. Le poids du corps pse alorssur le bras par lintermdiaire du tibia. Tadashi Abe pr-cise : Il mest trs facile si besoin dassner un atmidfinitif uke si ce dernier reste encore agressif.

Attention coup mortel. pr-cise t-il plus loin. Ces sont dessignes relevant plutt du jutsu,de fait Morihiro Sato voquelvolution de la ralisation deikkyo : Dans les derniresannes, le fondateur [] sai-sissait donc le coude du parte-naire sans porter au pralableun atemi dans les ctes et ga-lement en parlant de limmobi-lisation mais plus tard le fon-dateur modifia cette faon defaire. Mais il ne faudrait pas setromper, si latemi nest plusmarqu, car la destruction nestplus lobjectif, il est prsentpotentiellement. Loublier seraitne plus tre dans un art martialet perdre une dimension essentielle de la discipline.Les termes utiliss vont galement voluer. Hanmi nestpas utilis par O Sensei pour parler du kamae. Il parlede position roppo qui signifie : six directions. Les termesemploys dans les deux ouvrages pour dsigner les deuxpartenaires sont shite et uke. Les plus communs aujour-dhui sont tori et uke ; certains utilisent galement ate.Ils sont galement le signe dune volution. Cela mri-terait un dveloppement part.

1.2.3 Les techniquesLe nombre de techniques dmontres dans Budo esttrs petit par rapport lensemble de celles possibles.Mme en ajoutant les techniques prsentes et diff-rentes de Budo renshu et du Noma dojo, le nombre totalest assez limit. 166 techniques sont prsentes dansBudo renshu : 22 en suwari waza, 13 en hanmi han dachiwaza, 98 en tachi waza et 33 en ushiro waza. 50 exercices

sont prsentes dans Budo incluant des dplacements, desmouvements dtirement, du travail darmes : tanto, ken,juken (baonnette), yari (lance). Entre les deux ouvrages,la diffrence est norme : 18 techniques dtranglement(kubishime) et 25 attaques la poitrine avec ou sansfrappe (mune, mune men uchi, mune to te) sont pr-sentes dans Budo renshu et absentes de Budo. Cesannes 30 sont donc fondamentales dans lvolutionde la discipline. Si lon compare aux techniques pratiques aujourdhui,les enveloppes c'est--dire la forme gnrale des tech-niques sont les mmes. Par contre, la ralisation des tech-niques prsente parfois des diffrences notables : la forteprsence des atemi dj discute ; sur shomen uchi ikkyoomote, cest shite (tori) qui initie la technique en mena-ant dune double frappe uke ; sur la forme de travailushiro waza, uke vient saisir directement par derrire, etc.Les armes sont absentes de Budo renshu, par contre dansBudo O Sensei dmontrent des mouvements avec tanto,bokken, yari (lance) et juken (baonnette). O Sensei note Contre la lance, la base, les mouvements sont lesmmes que ceux quon utilise contre la baonnette .Aprs 1942, le jo remplacera yari et junken. Ce choixest cohrent avec le cheminement du jutsu vers le do.

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La bonnehumeur estessentielle

dans la pratique (page

de gauche).

Immobilisationen posant un

tibia sur lebras de Uke(ci-contre).

MoriheiUeshiba, le

fondateur, endiscussion avec

KisshomaruUeshiba le

2e doshu.

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Il est clair que laspect martial est trs marqu avec leyari et le juken et que le jo permet une plus granderichesse de situations en travaillant avec les deux extr-mits de larme. O Sensei y ajoutera une dimension spi-rituelle de plus en plus marque comme le kata miso-gi-no-jo. Quelle illustration de cette volution que lesphotos de O Sensei pratiquant avec un ventail contreun ken la fin de sa vie ! La mise en avant du jo est unchoix pdagogique. Cest une arme parfaitement com-plmentaire du bokken et plus riche en situations pda-gogiques que le yari et le juken. Pour le bokken : gardeclassique droite, deux mains quasiment fixes, armetranchante donc pas besoin de puissance et orientationde larme dans lespace, distance spcifi