ThornHeartM.indd 10 11-01-13 15:51 · 2018-04-13 · — Diane Noble, auteure de Heart of Glass « J’ai aimé l’histoire et j’avais l’impression d’être réellement en Écosse

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Des éloges pour Une épine dans le cœur

« Liz Curtis emporte le lecteur dans un remarquable voyage au cœur des Lowlands de l’Écosse. Un lumineux sentiment d’espoir brille à travers l’his-toire émouvante de personnages tous plus grands que nature et, en même temps, si humains. Cette saga inoubliable est aussi complexe, mystérieuse et joyeuse que l’amour et la foi peuvent l’être. »

— Susan Wiggs, auteure d’ouvrages à succès du New York Times

« Avec Une épine dans le cœur, Liz Curtis Higgs s’établit comme l’une des meilleures romancières contemporaines. L’histoire m’a envoûtée du début à la fin, capturant mon cœur et refusant de le libérer. »

— Robin Lee Hatcher, auteure de Firstborn

« Absolument admirable ! Ces personnages sont de vraies personnes. La trame historique se tisse à travers une intrigue captivante. Intelligent, émouvant et finalement triomphant. Je ne pouvais m’en détacher. »

— Francine Rivers, auteure de Redeeming Love

« Écrivant avec esprit, talent et un souci constant du détail historique, Liz Curtis Higgs brille avec éclat dans Une épine dans le cœur. Liz a su prendre le joyau d’un beau conte et le sertir dans un cadre émouvant et pittoresque. »

— Angela Elwell Hunt, auteure de The Shadow Women

« Une histoire de passions et de trahisons, de désirs et d’amour. Liz Curtis Higgs a écrit un récit qui éblouit les sens, aussi enchevêtré que les mau-vaises herbes arrachées du potager de son héroïne. Un roman si riche en détails, des personnages si vrais. Vous serez enchanté d’avoir laissé une auteure de talent vous transporter dans cette histoire émouvante et authentique. »

— Jane Kirkpatrick, auteure de A Name of Her Own

« Liz Curtis Higgs insuffle une vitalité nouvelle à un conte ancien de cupi-dité, de trahison, d’amour et de triomphe ultime. Des éclairs de compréhen-sion et de lucidité surgissent tout au long de ce récit, qui se déroule dans l’Écosse du dix-huitième siècle, grâce à l’écriture passionnée et sensible de Liz, et à ses méticuleuses recherches. »

— Donna Fletcher Crow, auteure de The Fields of Bannockburn


« Mêlant l’histoire à un merveilleux talent de conteuse, Liz Curtis Higgs nous offre un émouvant récit de passions, de duplicité, de rédemption et d’espoir. J’ai été captivée dès la première page, et je me suis trouvée totalement prise par les déchirements et les triomphes de ses personnages. »

— Tracie Peterson, auteure de Treasures of the North

« Une histoire forte écrite avec un talent exceptionnel, Une épine dans le cœur vous emportera au cœur d’un paysage imaginaire que vous ne voudrez plus quitter. Ne vous étonnez pas si vous versez quelques larmes en traversant les pâturages et les collines magnifiques de Galloway, sur les pas de Leana, Rose et Jamie. »

— Diane Noble, auteure de Heart of Glass

« J’ai aimé l’histoire et j’avais l’impression d’être réellement en Écosse. Mon cœur se brisait, en même temps que celui de ces personnages, prisonniers de leurs mensonges et ne voyant aucune issue, car le salaire de la tromperie est toujours la tromperie. Que le bien puisse en émerger est vraiment un miracle, et ce roman de Liz l’illustre brillamment. »

— Lauraine Snelling, auteure de The Healing Quilt

« Liz possède un merveilleux talent pour peindre des histoires. Son canevas est mon pays natal et elle le connaît bien. Cette histoire continuera de vous habiter et changera votre paysage intérieur pour toujours. »

— Sheila Walsh, auteure de All That Really Matters

« Liz Curtis Higgs touche nos cœurs avec une histoire émouvante si authenti-quement écossaise que j’avais l’impression d’entendre des cornemuses à l’arrière-plan. Vous n’oublierez jamais Leana et Rose. »

— Lawana Blackwell, auteure de The Maiden of Mayfair

« Richement documenté, écrit avec cœur, ce grand bouillon romanesque est rempli d’assez de viandes, d’épices et de potages à la mode des Lowlands pour satisfaire le palais du plus difficile des amateurs de romans historiques écos-sais. Saisissante, brisant les barrières du temps avec une imagerie souvent étonnante et toujours bien racontée, Une épine dans le cœur se mesure aux meilleures fictions historiques contemporaines. »

— Lisa Samson, auteure de Women’s Intuition


Traduit de l’anglais par Patrice Nadeau

Une épine dans le cœur

Liz Curtis Higgs

Tome 1


Copyright © 2003 Liz Curtis HiggsTitre original anglais : Thorn in my HeartCopyright © 2011 Éditions AdA Inc. pour la traduction françaiseCette publication est publiée en accord avec Random House Inc., New York, NYTous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

Éditeur : François DoucetTraduction : Patrice NadeauRévision linguistique : Féminin PlurielCorrection d’épreuves : Nancy Coulombe, Suzanne TurcotteMontage de la couverture : Tho QuanImage de la couverture : Pam FrancisCouverture arrière : Allen Wright/Cauldron Press Ltd.Mise en pages : Sébastien MichaudISBN papier 978-2-89667-240-0ISBN PDF numérique 978-2-89683-056-5ISBN ePub 978-2-89733-312-6 Première impression : 2011Dépôt légal : 2011Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque Nationale du Canada

Éditions AdA Inc.1385, boul. Lionel-BouletVarennes, Québec, Canada, J3X 1P7Téléphone : 450-929-0296Télécopieur : [email protected]

DiffusionCanada : Éditions AdA Inc.France : D.G. Diffusion Z.I. des Bogues 31750 Escalquens — France Téléphone : 05.61.00.09.99Suisse : Transat — 23.42.77.40Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

Imprimé au Canada

Participation de la SODEC. par l’entremise du Programme d’aide au

développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.


À Sara Fortenberry,qui comprend ma passion

pour l’écriture romanesquemieux que quiconque.

Tu étais là dès le commencement,ces jours d’hiver d’il y a bien des années,

lorsque ce petit conte est né.Merci de m’avoir encouragée,

de m’avoir fait confiance, d’avoir cru en moi.Je t’aime, petite sœur.





D’un cœur léger, je plaçai une roseSi douce sur sa tige épineuse !

Et mon faux amant vola ma rose —Mais, ah ! il m’en laissa les épines.

— Robert Burns



Prologue

Ma mère gémissait ! Mon père pleurait.Dans le monde dangereux, je sautai.

— William Blake

Vallée de Loch TroolÉté 1764

Ne souffle pas un mot de ma visite, Jean. À personne.La sage-femme hocha simplement la tête, tout en

ouvrant la porte de son cottage pour accueillir sa visiteuse inattendue. Rowena McKie entra précipitamment en la frôlant, puis laissa choir son corps embarrassé sur un banc grossier. Sa jupe s’accrocha dans le bois rugueux et elle la libéra d’un geste impatient. Un autre accroc à repriser pour l’aiguille beso-gneuse d’Ivy.

— Dis-moi que le bébé se présentera bientôt, Jean. Monsieur McKie n’en dort plus la nuit, tant l’inquiétude le ronge.

Porter l’héritier de son mari pendant les longs jours d’un été des Lowlands avait écrasé Rowena comme le maïs sous la pierre du moulin de McCracken. Ses pieds étaient enflés, ses genoux la faisaient souffrir, et même la fraîche reine-des-prés ne pouvait apaiser ses brûlures d’estomac. Rowena appuya ses paumes moites sur le chêne mal raboté et respira aussi profon-dément qu’elle le put. Elle était venue voir la sage-femme pour obtenir des réponses, et il n’était pas question qu’elle s’en retourne bredouille.

— Allez, allez. La vieille femme se pencha et pressa l’épaule de Rowena

d’une main aussi douce que sa voix.— C’sont les nerfs. C’est vot’ premier, ça s’voit.

—


2 Liz Curtis Higgs

Les yeux de Jean étaient cerclés de rides et bleus comme des myosotis. Sa robe était faite de droguet rayé, et son corsage un peu trop serré aurait mieux convenu à une femme plus jeune. Sous l’ourlet effiloché surgissaient ses pieds nus brunis par le soleil et aux ongles piqués de taches d’herbes, mais soignés.

— V’z’avez bien fait d’cogner à ma porte. Qu’est-ce que les gens du comté diraient, si j’m’occupais pas du premier-né de m’sieur McKie ? Vot’ temps arrive dans un mois, mais quand y viendra…

— Un mois ? Les yeux de Rowena s’écarquillèrent. As-tu perdu la tête, femme ? Je ne pourrai supporter cela une semaine de plus ! Ne vois-tu pas comment l’enfant s’agite en moi ?

Et pour prouver son assertion, elle se cambra pour inviter la sage-femme à s’en assurer elle-même.

— Vois par toi-même. C’est comme un bouc sauvage qui rue d’un côté, puis de l’autre.

— Et plus qu’un p’tit bouc.Jean déplaça ses mains sur le tissu de la robe, prenant la

mesure du corps distendu avec des gestes experts. — Deux, j’dirais.La bouche de Rowena demeura grande ouverte. — Des jumeaux ?La sage-femme hocha la tête d’un air pensif.— Des garçons, j’gagerais. Sans voix, Rowena fixa son ventre. Son mari, Alec, avait

prié le Tout-Puissant pour qu’il bénisse ses entrailles stériles d’un fils. Mais deux à la fois ? C’était une autre histoire. Elle massa ses flancs douloureux, sentant l’enfant — les enfants, si la sage-femme avait raison — se mouvoir sous la délicate pression de ses mains. Les murs de Glentrool avaient été érigés en vue de loger de grandes familles. Mais, est-ce que son corps mûrissant se montrerait aussi hospitalier ?

Un coup vif dans son abdomen lui parut une réponse plutôt inquiétante.


3Une épine dans le cœur

— Dis-moi la vérité, Jean. L’agitation incessante, les dou-leurs vives dans les côtes, cela ne peut être le cours normal des choses, même pour des jumeaux ?

La sage-femme se mordilla les lèvres, tout en continuant de presser et d’explorer le ventre de Rowena.

— Des bessons, c’toujours difficile à porter pour la mère. Mais y a une chose qui va pas, dit-elle d’une voix compatis-sante. V’z’avez quel âge, maîtresse McKie ?

— Je suis trop vieille pour porter un premier enfant, si c’est ce que tu veux dire.

C’était là la pire de ses craintes, qui la frappait en plein cœur.

— J’aurai trente-huit ans en novembre.Jean émit un tss-tss entre ses dents.— Si j’tais pas si sûre qu’c’est l’œuvre du Seigneur, j’glane-

rais des pierres pour vot’ tumulus funéraire. Mais à voir com-ment l’Tout-Puissant a mis les mains su’ vot’ ventre, j’vais prendre ceci, plutôt.

Elle porta une main à la bourse attachée à sa ceinture et ouvrit ensuite les doigts pour révéler deux pièces d’argent dans sa paume.

— Prête à les serrer dans vos poings ? V’connaissez la coutume ?

Rowena hocha la tête, soulagée par le ton confiant de la sage-femme. Jean était une femme qui craignait le Tout-Puissant, mais elle n’avait rien d’une vulgaire sorcière. Les pièces d’argent ne jetaient aucun sort ; elles ne servaient qu’à apporter bonheur et prospérité. Il semblait que Jean avait bon espoir que les enfants vivraient. Et la mère aussi, à Dieu plaise.

Rowena se mit maladroitement sur pied, espérant qu’un changement de position lui apporterait quelque soulagement. Cela lui valut plutôt un autre vigoureux coup de pied de sa descendance invisible et un élancement de douleur au coccyx. Le commentaire précédent de Jean grimpait dans ses os comme un brouillard humide, lui donnant la chair de poule.


4 Liz Curtis Higgs

— Tu disais que quelque chose n’allait pas.La sage-femme hocha la tête lentement.— C’sont des jumeaux… mais pas identiques. Des garçons

très différents. L’un est plus fort que l’aut’. L’moment venu, le plus vieux servira l’plus jeune.

La bouche de Rowena s’assécha de nouveau. Des jumeaux qui n’en sont pas vraiment. Un mauvais présage, en fin de compte. Elle les ferait baptiser par le ministre de la paroisse le plus rapidement possible. Et c’est le plus vieux qui devrait servir le plus jeune ? Ce n’était pas dans les coutumes écossaises. Regar-dant droit dans les yeux bleus de la femme, qui ne cillaient pas, Rowena essaya de trouver un peu de réconfort dans ce visage ridé.

— Est-ce la parole du Tout-Puissant ?— Tout comme, dit Jean en hocha lentement sa tête grise.

L’temps m’donnera raison.— Je n’en doute aucunement.Pour l’instant, elle allait s’en tenir là. Jean Wilson était la

meilleure sage-femme de tout Galloway. Rowena savait qu’elle serait entre bonnes mains quand le temps viendrait.

— Je ferais mieux de rentrer, avant que monsieur McKie découvre que je suis partie et qu’il se fasse du mauvais sang. Je me suis faufilée hors de la maison sans lui dire où j’allais.

Elle haussa les épaules, sachant que Jean comprendrait. — Il est très irritable, ces jours-ci, à la vue de mon ventre

qui grossit, termina-t-elle.Rowena se déplaça vers la porte, replaçant son plaid autour

de ses épaules. Été ou pas, les vents de soirée soufflaient une brise piquante sur le Loch Trool.

— Ne t’éloigne pas, Jean. Je t’enverrai ma domestique Ivy Findlay bien assez tôt. Tu seras là quand elle viendra ?

— J’n’ai jamais raté un accouchement dans l’comté durant toutes ces années, maîtresse McKie.

— Au revoir. Dieu veuille que le mien ne soit pas le premier.



En faisant ses adieux à Jean, Rowena laissa le cottage au toit de chaume derrière elle et choisit d’emprunter le sentier sinueux pour rentrer. Lourdaude comme elle l’était depuis quelque temps, elle savait que monter à cheval lui était impos-sible, et utiliser une voiture était hors de question, sans route convenable et avec des marécages à chaque tournant.

Rowena ralentit, se sentant plus fatiguée que jamais elle ne l’avait été. Et ce n’était pas étonnant. Des jumeaux ! C’était très bien pour Alec, qui approchait de la soixantaine, de prier pour un héritier. Mais ce n’était pas lui qui avait le fardeau de porter les bébés.

— Ni les dangers que cela comporte, confia-t-elle à un tra-quet qui vola au-dessus de son épaule, sa queue noir et blanche s’agitant comme l’éventail d’une demoiselle.

Elle releva la tête, regardant le paysage accidenté tout autour, si différent des collines ondulantes de l’est de Galloway, où elle avait passé son enfance. À sa droite s’élevait Mulldonach, où Robert de Bruce avait remporté sa première victoire sur les troupes anglaises, en faisant dévaler de grosses pierres sur ses pentes abruptes pour écraser l’armée ennemie. Devant elle s’élevait Buchan Hill, autrefois le terrain de chasse de Comyn, comte de Buchan, où broutaient aujourd’hui les troupeaux de McKie. Tourmentées et escarpées à leur sommet, les montagnes s’étalaient en étroites bandes d’herbes et de conifères clairsemés le long du loch sinueux.

Au cœur de la vallée s’élevaient les murs de granit de Glentrool, la seule demeure seigneuriale à des milles à la ronde et son foyer des vingt dernières années. Les visiteurs s’émer-veillaient devant l’imposant manoir avec ses tourelles circu-laires et ses hautes cheminées, qui s’élevaient à l’ombre de l’abrupte Fell of Eschoncan. Quand on lui demandait comment le manoir avait pu être construit dans un endroit aussi isolé, Alec empruntait une histoire au Bruce lui-même et répondait « Les rochers ont dévalé la montagne et la maison s’est construite toute seule ! »


6 Liz Curtis Higgs

Lorsqu’Archibald McKie, le père d’Alec, était allé mar-chander une épouse pour son fils dans la paroisse voisine de Newabbey, Glentrool l’avait accueillie à bras ouverts dans son enceinte à l’odeur de pin. « Marchander » n’était pas vraiment l’expression juste, se remémora Rowena en souriant, mais ce n’était pas si loin de la vérité. Son frère, Lachlan, l’avait exhortée à épouser Alec, et elle avait accepté sans même l’avoir vu. Ce n’étaient pas seulement les vastes terres de McKie qui avaient excité la nature cupide de Lachlan. Les bracelets d’or fin que l’envoyé de McKie avait glissés autour de ses poignets avaient été des appâts non moins séduisants. « Une jolie fiancée est vite parée », avait murmuré le jeune Lachlan à son oreille, en empo-chant l’argent que l’homme de McKie avait déposé dans sa main. « Dépêche-toi de l’épouser, jeune fille, et fais-lui voir ce que son or a acheté ».

Deux semaines plus tard, Rowena et Alec devenaient mari et femme avec la bénédiction enthousiaste de leur famille respective.

Comme elle était jeune, alors ! Dix-huit ans, innocente comme l’agneau qui vient de naître dans les pâturages de Galloway. Que connaissait-elle du mariage, de la vie dans une vallée isolée, loin de son village et de ses amis ? Elle avait appris à s’occuper de son mari plus âgé, au tempérament égal, et même à l’aimer, au fil des ans. Le respect ne lui était pas venu aussi facilement. Alec cédait trop facilement à ses désirs. Il tenait davantage du saule qui plie que du chêne inflexible, un homme très bon au demeurant. Rowena secouait la tête, en repensant à toutes les fois où sa nature déterminée l’avait emporté sur son caractère passif. « Quelle jeune rebelle ai-je accueillie sous mon toit ! » disait-il, en lui pinçant la joue un peu plus fort que nécessaire. Entêtée, elle l’était peut-être, mais avant la fin de l’été, elle lui ferait présent non pas d’un héritier, mais bien de deux. C’était un secret trop doux à garder, mais encore trop dangereux à révéler, du moins jusqu’à ce que les



bébés soient enfouis dans ses bras, hors d’atteinte des mau-vaises fées.

— Aïe ! s’écria Rowena en dégageant d’un petit coup sec sa robe d’un buisson épineux alors qu’elle pensait aux saisons à venir avec deux petits garçons turbulents.

Qui l’aiderait à les élever, quand leur père serait devenu trop vieux ou trop faible pour lui être d’aucune aide ? Ses parents n’étaient plus de ce monde. Et son frère vivait dans la distante Newabbey, séparé d’elle par les montagnes et les landes.

— J’aurai besoin de votre aide, mon Dieu ! murmura- t-elle en avançant péniblement à travers les monticules moussus. Si je dois élever deux fils dignes de la bénédiction de leur père, je ne pourrai le faire toute seule.

Rowena était tout sauf seule, quand le moment arriva.Une demi-douzaine de femmes étaient rassemblées dans

sa chambre pour assister à la naissance de l’héritier de McKie. Rowena reconnaissait vaguement leur visage à travers la dou-leur qui flottait au-dessus d’elle comme un nuage, pourtant elle n’arrivait à se rappeler aucun de leurs noms. Était-ce la veuve McTaggart, sous ce rigide bonnet gris ? Ou l’une des McMillan de Glenhead ? Chacune de ses voisines clamerait bientôt qu’elle était présente à l’accouchement. Rowena les entendait murmurer et sentait leur regard braqué sur elle. Pour l’instant, elles prodiguaient davantage de commérages que de réconfort.

Elle était adossée à un oreiller, au milieu de l’énorme lit qu’elle partageait avec Alec, les lourds rideaux solidement retenus à l’arrière. Le soleil d’automne ruisselait par la fenêtre à battants et sur son oreiller, réchauffant la pièce. Dans le foyer flambait un feu qui servirait à faire bouillir de l’eau le moment venu et à combattre la fraîcheur que l’air du soir apporterait.


8 Liz Curtis Higgs

Pour l’instant, la chaleur s’ajoutait seulement aux autres tour-ments de Rowena.

— Jean, murmura-t-elle, la bouche sèche, soif.La sage-femme trempa son doigt dans une coupe d’eau

froide et le passa sur les lèvres de Rowena pour les humecter. — J’peux rien vous donner tout d’suite, maîtresse McKie.

Après, j’vous promets qu’vous pourrez boire tout vot’ content.Jean mit la tasse de côté, puis se pencha vers elle et lui

parla d’une voix presque chantante, lente et rythmique.— Respirez, là. V’là. Et encore. Très bien.Elle dégagea les cheveux de Rowena de ses sourcils et

ajusta l’oreiller, puis tendit la main vers un bout de laine bleue déposé sur la table de chevet.

— Donnez-moi vot’ doigt, maîtresse McKie.Rowena obéit, levant la main des draps amoncelés autour

d’elle dans une vaine tentative de protéger sa pudeur. Comme on le lui avait dit, elle respira profondément tandis que Jean nouait adroitement le fil bleu autour de son doigt, juste au-dessus de la grosse alliance en argent.

— Protégez-la d’la fièvre, Dieu tout-puissant, entonna Jean tout en faisant un joli nœud, puis elle serra les doigts de Rowena sur celui-ci. C’tait l’fil de vot’ mère et de vot’ grand-mère avant vous, c’est ça ? demanda-t-elle.

Rowena hocha la tête. Ses deux devancières avaient brave-ment survécu à leur accouchement sans succomber aux fièvres puerpérales — protégées, selon la croyance populaire, par la banale ficelle bleue. Frottant son pouce sur la laine usée, Rowena pria pour qu’elle lui porte bonheur à son tour. Si peu de choses dans le processus de la naissance étaient dans le pouvoir de la femme. Jean avait placé la Bible familiale sous ses oreillers, comme le voulait la coutume, et une vieille aiguille sous le lit, pour éviter qu’une fée ne remplace son enfant sain par un autre. Dieu seul savait comment cette journée se terminerait.



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« Une saga inoubliable… aussi complexe, mystérieuse et joyeuse que l’amour et la foi elles-mêmes peuvent l’être. »

— Susan Wiggs, auteure de best-sellers du New York Times

« Intelligent, émouvant et fi nalement triomphant.Je ne pouvais déposer ce livre. »

— Francine Rivers, auteure de Redeeming Love

En automne 1788, au cœur des landes et des vallées des Lowlands écossais,deux frères s’affrontent pour obtenir la bénédiction de leur père,

deux sœurs cherchent à conquérir le cœur d’un homme.

Leana se glissa sous ses couvertures de laine, laissant une seule bougie brûler sur la haute armoire, d’où elle ne pourrait troubler son sommeil.

Les nuages s’étaient accumulés et masquaient la lune, car la fenêtre était noire et toute sa chambre, à l’exception de la petite fl amme, était plongée dans les ténèbres. « Aussi noire qu’un minuit de Yule », aurait dit Neda.

Il n’y avait rien à craindre de la noirceur. Des peurs plus grandes rongeaient l’âme de Leana. Une vie sans amour, sans mari, sans enfants. Pour elle, ce n’était pas une vie du tout. Mais si c’était la vie que le Tout-Puissant avait choisie pour elle ? Si cela Lui plaisait, pourrait-elle l’accepter ?

« Un témoignage émouvant d’amour, de trahison, de rédemption et d’espoir. J’ai été captivée dès la première page. »

— Tracie Peterson, auteure de Treasures of the North

Guide de lecture et de discussion inclus.

Liz Curtis Higgs est l’auteure de vingt ouvrages, incluant le best-seller non-romanesque, Les Mauvaises Femmes de la Bible, une série pour les enfants gagnante du prix Gold Medallion et deux romans contempo-rains : Mixed Signals, fi naliste du Rita Award, et Bookends, fi naliste du prix Christy.

ISBN 978-2-89667-240-0

[email protected]

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