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SAISON 13 14 2R BERNSTEIN | GRIEG | HINDEMITH | STRAUSS RÉCITAL ILKKA PAANANEN SOILE ISOKOSKI PIANO

1314 - Programme récital - Soile Isokoski - 11/13

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Grand Théâtre de Genève Programme de salle Récital Soile Isokoski

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Directeur de la publication : Tobias RichterResponsable de la rédaction : Daniel Dollé Responsable de l’édition : Aimery Chaigne

Révision : Christopher Parkont collaboré à ce programme : Sandra Gonzalez, Isabelle Jornod, Benoît Payn

Impression : SRO-Kundig GenèveAchevé d’imprimer en octobre 2013

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cercle du Grand théâtre de GenèVe

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2 Grand ThéâTre de Genève • récital | soile isokoski

Soile Isokoski est Elsa de Brabant dans la production de Lohengrin du Grand Théâtre de Genève en 2008 mise en scène par Daniel Slater, sous la direction musicale de Leif Segerstam avec comme partenaires : Petra Lang (Ortrud), Christopher Ventris (Lohengrin) et Jukka Rasilainen (Friedrich von Telramund).©

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3récital | soile isokoski • Grand ThéâTre de Genève

Soile Isokoski est la Maréchale dans la

production historique du Rosenkavalier d’Otto Schenk

du Bayerische Staatsoper de Munich, reprise au Grand

Théâtre de Genève en 2012 avec pour partenaires : Alice

Coote (Octavian), Kerstin Avemo (Sophie) et Alfred

Reiter (Baron Ochs). ©G

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Dimanche 17 novembre 2013 à 19 h 30Au Grand Théâtre

réciTAl

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Dimanche 17 novembre 2013 à 19 h 30Au Grand Théâtre

réciTAl

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Paul hindemithdas marienleben (extraits)

Geburt MariäMariä Verkündigung

Argwohn JosephsGeburt Christi

Rast auf der Flucht nach ÄgyptenPietà

Stillung Mariä mit dem AuferstandenenVom Tode Mariä - III

Entracte

edvard griegSechs lieder op. 48

GrussDereinst, Gedanke mein

Lauf der WeltDie verschwiegene Nachtigall

Zur RosenzeitEin Traum

leonard bernSteini hate music !

My name is BarbaraJupiter has seven moons

I hate music!A big Indian and a little Indian

I’m a person too

richard StrauSSAllerseelen

Schön sind, doch kalt die HimmelssterneMein Herz ist stumm, mein Herz ist kalt

Cäcilie

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Dans le domaine du lied, le chef-d’œuvre d’Hindemith est sans doute le cycle monumental Das Marienleben (La Vie de Marie), d’après le recueil de poèmes de Rainer Maria Rilke,

publié en 1912. Composé au début des années 1920, profondément remanié à partir de 1935 et publié dans une nouvelle version en 1948, ce cycle est l’une de ses œuvres les plus personnelles, une œuvre profondément mystique et d’une rare puis-sance visionnaire. Avec les mots sublimes de Rilke, le cycle retrace la vie de la Vierge Marie depuis sa naissance jusqu’à sa mort et son Assomption, évo-quant également l’Annonciation, la naissance du Christ, la Fuite en Egypte, les Noces de Cana et la Crucifixion. La soprano finlandaise Soile Isokoski est l’une des rares cantatrices actuelles à s’être appropriée cette œuvre épurée et intense. Cette grande soprano a notamment chanté au Grand Théâtre de Genève la Maréchale du Rosenkavalier, ou encore Elsa de Brabant dans Lohengrin. Elle a enregistré ce chef-d’œuvre de Hindemith pour la firme finlandaise Ondine.

Des poèmes…Das Marienleben (La Vie de Marie) est un recueil de poèmes de Rainer Maria Rilke, conçu pour illustrer les gravures de son ami Heinrich Vogeler (à qui il

L’esprit créatif ne se laisse pas guider par des règles. Chaque individu développe l’attitude qui lui convient.PAul HinDEmiTH

Das Marienleben Un chef d’œuvre trop rare dans les salles de concert…

Paul hindemith est l’un des rares créa-teurs à avoir abordé tous les genres et à y avoir excellé. du piano à toutes les com-binaisons possibles d’instruments, de l’alto seul (son instrument fétiche) à la sympho-nie, du lied à l’opéra, hindemith a compo-sé nombre d’œuvres majeures, hélas rare-ment jouées. et hindemith fut son propre interprète, devant l’orchestre comme à l’alto. ses enregistrements sont d’ailleurs sans cesse réédités, de même que ses interprétations de beethoven, bruckner ou même de L’Orfeo de monteverdi. mais rappelons que ces mêmes œuvres furent défendues par des interprètes comme herbert von Karajan, Gustav Klemperer, bruno Walter ou Wolfgang sawallisch, sviatoslav richter, Glenn Gould, david oistrakh ou dietrich Fischer-dieskau.

par Daniel Dollé

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7récital | soile isokoski • Grand ThéâTre de Genève

sion semble être d’une traite, sur le même ton, avec une prosodie un peu plate, presque psalmo-diante (on pourrait rapprocher ça de la manière Poulenc, voire spécifiquement de Dialogues des Carmélites), où la voix se trouve très à découvert tandis que le piano, assez indépendant, ménage de petits contrepoints discrets (souvent une note par main, parfois même à l’unisson l’une de l’autre). Hindemith a renié la version origi-nale de 1923 qu’il jugeait comme une collection décousue de lieds. Dans son éloge funèbre, Carl Orff honore Hindemith de la qualité de « Maître de Marienleben ». Et dans son prestigieux livre d’histoire de la musique moderne, Die moderne Musik seit der Romantik (1928), Hans Mersmann considère cette œuvre comme la « première réa-lisation de musique contemporaine des années vingt ». Bien qu’il ait déjà une bonne connais-sance des poèmes de Rilke, ce n’est qu’après avoir pu admirer le célèbre tableau [ Voir ci-dessus ] de la « Madonne de Stuppach » (env. 1517-19), peint par Matthias Grünewald, que Hindemith ose se lancer dans l’adaptation musicale de ce recueil particu-lièrement saisissant. En composant cette œuvre, il évoque régulièrement les difficultés auxquelles il est confronté. Au pied du texte du dernier lied « Vom Tode Mariä - II », il cite – comme soulagé – la dernière phrase du poème « Argwohn Josephs » :

refuse finalement de livrer son travail), ne se limite pas, bien entendu, à une série de vignettes pieuses. Il était déjà courant dans la tradition allemande, luthéranisme aidant, d’effectuer des relectures actualisées de la mythologie religieuse, dans les-quelles on place les affects de son temps – comme par exemple Auf ein altes Bild d’Eduard Mörike.Rilke va assez loin dans ce sens, puisqu’il propose un parcours très subjectiviste du mythe : il fait régulièrement parler la Vierge (et même l’Étoile aux bergers...), explore ses pensées secrètes, ses incohérences, ses doutes, et jusqu’à ses amertumes presque blasphématoires – sans bien sûr altérer la figure sacrée. Les trois ultimes poèmes consacrés à la mort de Marie rapportent même des épisodes qui ne figurent pas dans le canon. La figure tuté-laire de la pureté nous devient familière, elle agit en femme simple, certes douée de qualités à un haut degré, mais toujours humaine, très proche de nous. Certaines introspections sont très belles, comme l’assimilation de la petite fille à la structure du temple qu’elle parcourt, ou encore le raisonne-ment a posteriori qui fait de « Von der Hochzeit zu Kana » le premier pas de la Passion : en priant son fils de résoudre le problème de la pénurie lors de ce mariage, elle hâte sa révélation comme faiseur de miracles et précipite donc son enfant vers le sacri-fice qui l’attend. Les poèmes sont réalisés dans une versification dotée de rimes très rigoureuses (sans utiliser les licences prévues par la tradition allemande), mais dans un style assez rhétorique, construisant des phrases complexes, longues et balancées, dans l’ordre de la parole, plutôt que cherchant l’allu-sion poétique. Il y a là quelque chose du style de démonstration philosophique présent dans cer-tains poèmes de Hölderlin. Cependant chez Rilke, la construction est à la fois sophistiquée et très directe, car ses propos sont psychologiquement concrets, organisés sans inversions poétiques, dans un flux de parole assez explicite.

… une musiqueÀ l’image de ce cycle poétique, l’œuvre qu’en tire Hindemith est très singulière. Toute la progres-

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impression que la première exécution en public a produite sur les auditeurs – je ne m’y attendais pas du tout – m’a fait prendre conscience, pour la première fois dans mon existence de musi-cien, des nécessités éthiques de la musique et des obligations morales du musicien ». Ces respon-sabilités éthiques et morales – tant à l’égard des auditeurs, de l’œuvre elle-même qu’envers ses propres talents de compositeur – ont rapidement convaincu Hindemith de reprendre, pour l’amé-liorer dans toute la mesure du possible, la concep-tion musicale de Marienleben. Il veut parfaire encore une œuvre à laquelle il est profondément attaché. Aussi, dès 1924, il commence à apporter des modifications à certaines des mesures figu-rant dans la partition. Et vers 1935, il entreprend une révision complète du cycle. En mars 1941, il élabore à nouveau un plan de révision fonda-mental de l’œuvre : tous les moyens relevant de la composition doivent être mis à la disposition de l’interprétation du texte. Hindemith en vient ainsi à lier les lieds dans un réseau de thèmes et de motifs. Et, tout en les mettant en valeur, il donne aux nœuds de tonalité des dimensions extra-musicales. Il attribue dès lors au person-nage du Christ la tonalité de Mi (la note principale Mi constituant le noyau autour duquel gravitent les rapports de tonalité dominants) et à Maria la tonalité de La. À de tels groupes de timbre cor-respondent également certaines atmosphères ou des sentiments exprimés dans les vers de Rilke comme le « mystère », le « tumulte terrestre », l’« infini » ou l’« églogue ». Hindemith parvient ainsi à éclairer et illustrer la portée du texte sans vider de son sens ni restreindre l’autonomie de la phrase musicale. Simultanément, il vise à soula-ger les voix des contraintes de la technique vocale pour leur permettre d’accéder à une plus grande liberté mélodique.Il affirme lui-même qu’il a remis certains lieds presque vingt fois sur le métier pour les ajuster à ses nouveaux objectifs et les accorder aux exi-gences morales aussi croissantes que fermes qu’il a fait siennes. Seule la partition de « Stillung Mariä mit dem Auferstandenen » est laissée entièrement

« Puis il rendit grâce en chantant... ». Et dans une lettre adressée à son éditeur, il avoue : « J’apprécie beaucoup ces lieds et suis certain de n’avoir rien composé de mieux jusqu’à présent. Je ne crois pas non plus qu’il existe actuellement un seul recueil de cette envergure. »Dans l’évolution du langage musical de Hindemith, ce corpus revêt une signi-fication toute particulière dans la découverte progressive qu’il fait de ses capacités créatrices. Il marque le passage de l’expressionnisme musical à celui de la Nouvelle Objectivité (Neue Sachlichkeit), évolution tout à fait décisive tant pour Hindemith que pour l’histoire de la musique au début du XXème siècle. Si « Pietà » et son architecture musi-cale totalement libre, extraordinairement sug-gestive, éclatante et d’une grande sensibilité à l’égard du poème, témoigne de l’expressionisme de Hindemith, le discours musical qui lui succède relève, sans détour, de la Nouvelle Objectivité en se pliant, scrupuleusement, à la forme du texte poétique. Citons comme exemple la tournure his-torique, dans un style néo-baroque, donnée à la phrase musicale qui fait écho à « la posture pas-séiste » des poèmes de Rilke ; ou, encore, l’adap-tation de l’inflexion musicale au vocabulaire et expression poétique que sont le récit, la plainte, l’aveu, la berceuse, l’hymne, etc.  ; et, enfin, le choix d’une certaine forme musicale rendant jus-tice au sens et à la tournure somptueuse des vers de Rilke. Une telle métamorphose de l’expression et de son langage se manifeste ainsi pour la pre-mière fois dans le répertoire du lied comme un révélateur idiomatique du sens du texte, en parti-culier, de manière significative, dans la passacaille (« Die Darstellung Mariä im Tempel »), dans le fugato (« Von der Hochzeit zu Kana »), dans la basse obstinée (« Rast auf der Flucht in Ägypten ») ou, encore, dans la variation (« Vom Tode Mariä »).

Deux versionsÀ vrai dire, la portée et la signification que Hindemith lui-même attribue à cette œuvre dépassent de très loin le développement de nouveaux principes d’expression musicale. Il reconnaît quelques années plus tard : « La forte

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intacte et sans retouche. Ce n’est qu’en 1948 que cette nouvelle version de l’œuvre est achevée. Hindemith la fait publier avec une préface dans laquelle il explique les raisons qui l’ont amené à en revisiter la composition. Il y expose également les principes et les objectifs qui ont dominé la révision de la partition. À cette occasion, il lâche même quelques remarques polémiques à l’en-contre de « la nouvelle musique » écrites par ses contemporains : « Cette “nouveauté” est devenue bien fade après les milliers de variantes qu’elle a empruntées ; pourtant, les aspirations éternelles vers un approfondissement de l’intelligence de la musique restent plus que jamais d’actualité. Avec tout l’intérêt que l’on peut porter, à juste titre, aux nouveautés techniques destinées à nous faciliter la tâche, il faut toutefois faire remarquer que, dans l’expression “Art Nouveau”, il convient de réduire l’accent mis sur le qualificatif “Nouveau” et mettre davantage en évidence le mot “Art” ».Plus de soixante ans plus tard, Paul Hindemith a eu gain de cause. La nouvelle version de Das Marienleben s’est imposée avec succès et compte désormais au nombre des défis aussi ambitieux que stimulants que le répertoire propose aux interprètes de lieds. dd

en 2009, soile isokoski se confiait à susanne schaal-Gotthardt pour la revue Hindemith Forum.

comment situeriez-vous La Vie de Marie dans l’histoire de la musique du XXème siècle ? Je considère pour ma part que ce cycle fait partie des œuvres majeures de son

temps : c’est un classique, fût-ce un classique oublié, que je défendrai toujours. même si, par leur difficulté, ces lieds représentent à chaque fois un nouveau défi pour moi, je suis à chaque fois séduite par les enchantements de cette œuvre grandiose.

D’où vient votre fascination pour cette œuvre ? la musique d’hindemith est d’une extrême délicatesse. elle permet notamment de développer une relation très fine entre la soprano et le pianiste. Je ne peux me contenter de chanter les bonnes notes, mon timbre doit être en harmonie avec celui du piano. l’épaisseur polyphonique vous oblige à explorer, dans chaque air, la verticalité des mélodies : c’est un véritable défi. Plus j’apprends à connaître cette musique, plus l’art de la polyphonie me paraît merveilleux. quant à la poésie de rilke, je crois que je pourrais vouer ma vie à la lecture de ces pages sans jamais en épuiser la richesse. Je suis fascinée par la sensibilité de rilke qui parvient à se glisser dans la peau d’une femme et à comprendre son rôle.

Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec La Vie de Marie de Paul Hindemith ? la façon dont j’ai découvert ce cycle de lieds est plutôt inhabituelle. avec la grande ballerine italienne carla Fracci et son époux, le metteur en scène beppe menegatti, nous présentions un ballet d’après ce cycle au Festival maggio musicale de Florence en 1994. le spectacle retraçait la véritable histoire d’une Juive hollandaise déportée dans un camp de concentration. Pendant que carla Fracci dansait tout en récitant les poèmes de rilke mêlés à des lettres écrites par la prisonnière, je me tenais à droite de la scène et chantais l’œuvre en version de concert. ce spectacle avait connu un immense succès. c’est ainsi que nous avons découvert avec ma pianiste marita Viitasalo une œuvre que nous devions par la suite inscrire à notre répertoire. nous avons remporté un succès extraordinaire au Konzerthaus de Vienne et je l’ai récemment chantée au Wigmore hall de londres. À plusieurs reprises, nous avons présenté l’ensemble du cycle en Finlande où les auditeurs lui ont réservé un accueil très chaleureux.

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Das Marienleben op. 27 (1922-23, rév. 1948)Rainer Maria Rilke (1875-1926)

Geburt mariä

O was muss es die Engel gekostet haben,nicht aufzusingen plötzlich, wie man aufweint,da sie doch wussten : in dieser Nacht wird dem Knaben ]die Mutter geboren, dem Einen, der bald erscheint.

Schwingend verschwiegen sie sich und zeigten die Richtung, ]wo, allein, das Gehöft lag des Joachim,ach, sie fühlten in sich und im Raum die reine Verdichtung, ]aber es durfte keiner nieder zu ihm.

Denn die beiden waren schon so ausser sich vor Getue. ]Eine Nachbarin kam und klugte und wusste nicht wie, ]und der Alte, vorsichtig, ging und verhielt das Gemuhe ]einer dunkelen Kuh. Denn so war es noch nie.

La Vie de MarieTraduction : Claire Lucques

naissance de marie

Oh, comme il dut en coûter aux angesde n’éclater soudain en chant, comme on éclate en pleurs, ]alors qu’ils savaient : en cette nuit va naîtrela mère à l’enfant, à l’Unique qui bientôt sera là.

Tout vibrant, ils entrèrent en silence et désignèrentau loin l’enclos solitaire de Joachim.Ah ! En eux-mêmes et dans l’espace, ils sentirent la pure densité ]mais à aucun d’eux il ne fut donné de descendre vers lui. ]

Car déjà le couple, affairé, était comme hors de soi.Vint une voisine, elle avisa puis ne sut plus trop comment ]et prudent, le vieil homme sortit, et dérangea l’obscure ]rumination d’une vache. Car jamais il n’y avait rien eu de tel. ]

Paul Hindemith (1895-1963)

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La Vie de MarieTraduction : Claire Lucques

naissance de marie

Oh, comme il dut en coûter aux angesde n’éclater soudain en chant, comme on éclate en pleurs, ]alors qu’ils savaient : en cette nuit va naîtrela mère à l’enfant, à l’Unique qui bientôt sera là.

Tout vibrant, ils entrèrent en silence et désignèrentau loin l’enclos solitaire de Joachim.Ah ! En eux-mêmes et dans l’espace, ils sentirent la pure densité ]mais à aucun d’eux il ne fut donné de descendre vers lui. ]

Car déjà le couple, affairé, était comme hors de soi.Vint une voisine, elle avisa puis ne sut plus trop comment ]et prudent, le vieil homme sortit, et dérangea l’obscure ]rumination d’une vache. Car jamais il n’y avait rien eu de tel. ]

mariä Verkündigung

Nicht dass ein Engel eintrat (das erkenn),erschreckte sie. Sowenig andre, wennein Sonnenstrahl oder der Mond bei Nachtin ihrem Zimmer sich zu schaffen macht,auffahren -, pflegte sie an der Gestalt,in der ein Engel ging, sich zu entrüsten ;sie ahnte kaum, dass dieser Aufenthaltmühsam für Engel ist. (O wenn wir wüssten,wie rein sie war. Hat eine Hirschkuh nicht,die, liegend, einmal sie im Wald eräugte,sich so in sie versehn, dass sich in ihr,ganz ohne Paarigen, das Einhorn zeugte,das Tier aus Licht, das reine Tier.)Nicht, dass er eintrat, aber dass er dicht,der Engel, eines Jünglings Angesichtso zu ihr neigte : dass sein Blick und der,mit dem sie aufsah, so zusammenschlugenals wäre draussen plötzlich alles leerund, was Millionen schauten, trieben, trugen,hineingedrängt in sie : nur sie und er ;Schaun und Geschautes, Aug und Augenweidesonst nirgends als an dieser Stelle - : sieh,dieses erschreckt. Und sie erschracken beide.

Dann sang der Engel seine Melodie.

Annonciation

Qu’un ange entrât, ce n’est (comprends-le)ce qui la fit tressaillir. Non plus que d’autres,quand un rayon de soleil – ou quand de nuit, la lune – en leur chambre s’affaire, ne sursautentelle n’était de nature à se troublerde l’aspect qu’un ange pour son entrée revêt ;elle pressentait à peine que pareil séjourfût malaisé aux anges. (Oh, si nous savionscombien elle était pure. Une biche qu’un jourelle vit reposant dans la forêtde son regard ne fut-elle si pénétréeque sans accouplement en elle s’engendra la licorne,l’animal fait de lumière, l’animal pur ?)Qu’un ange entrât, non, mais que tout prochevers elle s’inclinât un visage d’adolescentet qu’ainsi son regard et celuiqu’elle élevait à lui s’accordassentcomme si soudain tout était vide,et ce que voyaient, cherchaient, portaient des millions d’hommes, ]concentré en elle : seulement elle et lui ;la vision et le vu, l’œil et la joie de l’œil,en nul autre lieu qu’ici : Vois !Cela fait peur. Et tous deux tressaillirent.

Alors l’Ange chanta sa mélodie.

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12 Grand ThéâTre de Genève • récital | soile isokoski

Argwohn Josephs

Und der Engel sprach und gab sich Mühan dem Mann, der seine Fäuste ballte :Aber siehst du nicht an jeder Falte,dass sie kühl ist wie die Gottesfrüh.

Doch der andre sah ihn finster an,murmelnd nur : Was hat sie so verwandelt ?Doch da schrie der Engel : Zimmermann,merkst du’s noch nicht, dass der Herrgott handelt ?

Weil du Bretter machst, in deinem Stolze,willst du wirklich den zu Rede stelln,der bescheiden aus dem gleichen HolzeBlätter treiben macht und Knospen schwelln ?

Er begriff. Und wie er jetzt die Blicke,recht erschrocken, zu dem Engel hob,war der fort. Da schob er seine dickeMütze langsam ab. Dann sang er lob.

Soupçon de Joseph

Et l’Ange parla comme il pouvaità l’homme qui serrait les poings :Ne lis-tu donc sur chacun de ses traitsqu’elle est fraîche comme le matin de Dieu ?

Mais l’autre regardait d’un œil sombreet murmurait seulement : Qu’est-ce qui l’a changée ainsi ?Alors l’Ange s’écria : Charpentier,ne reconnais-tu pas encore l’œuvre du Seigneur Dieu ?

Parce que tu travailles les planches, voudrais-tudans ton orgueil forcer à la paroleCelui qui du même bois, secrètement,fait croître les feuilles et gonfler les bourgeons ?

Il comprit. Et comme à présent, justement effrayé,il levait vers l’Ange ses regards,celui-ci avait disparu. Alors, lentement,il retira sa lourde toque. Puis il chanta l’hymne de louange.

Paul hindeMith

naissance du christ

N’était ta simplicité, comment te serait-il advenuce qui maintenant illumine la nuit ?Vois : ce Dieu qui grondait au-dessus des peuplesse fait doux et vient en toi au monde.

L’avais-tu imaginé plus grand ?

Qu’est-ce que la grandeur ? À travers toutes les massesqu’il parcourt, il va sa droite destinée.Même une étoile n’a semblable route.Vois-tu, ces rois sont grands

et devant tes genoux ils traînent

les trésors qu’ils tiennent pour les plus grands,et tu es étonnée peut-être de ce don –mais vois dans les plis de ta robecombien lui, déjà, surpasse toute chose.

Tout l’ambre que l’on embarque au loin,

les parures d’or et l’arômequi répand son trouble dans les sens,tout cela a été de brève durée,et finalement on n’en a eu que regret.

Mais Lui, tu verras, Il donne la joie.

Geburt christi

Hättest du der Einfalt nicht, wie solltedir geschehn, was jetzt die Nacht erhellt ?Sieh, der Gott, der über Völkern grollte,macht sich mild und kommt in dir zur Welt.

Hast du dir ihn grösser vorgestellt ?

Was ist Grösse ? Quer durch alle Masse,die er durchstreicht, geht sein grades Los.Selbst ein Stern hat keine solche Strasse.Siehst du, diese Könige sind gross,

und sie schleppen dir vor deinen Schoss

Schätze, die sie für die grössten halten,und du staunst vielleicht bei dieser Gift - :aber schau in deines Tuches Falten,wie er jetzt schon alles übertrifft.

Aller Amber, den man weit verschifft,

jeder Goldschmuck und das Luftgewürze,das sich trübend in die Sinne streut :alles dieses war von rascher Kürze,und am Ende hat man es bereut.

Aber (du wirst sehehn) : Er erfreut.

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Soupçon de Joseph

Et l’Ange parla comme il pouvaità l’homme qui serrait les poings :Ne lis-tu donc sur chacun de ses traitsqu’elle est fraîche comme le matin de Dieu ?

Mais l’autre regardait d’un œil sombreet murmurait seulement : Qu’est-ce qui l’a changée ainsi ?Alors l’Ange s’écria : Charpentier,ne reconnais-tu pas encore l’œuvre du Seigneur Dieu ?

Parce que tu travailles les planches, voudrais-tudans ton orgueil forcer à la paroleCelui qui du même bois, secrètement,fait croître les feuilles et gonfler les bourgeons ?

Il comprit. Et comme à présent, justement effrayé,il levait vers l’Ange ses regards,celui-ci avait disparu. Alors, lentement,il retira sa lourde toque. Puis il chanta l’hymne de louange.

Paul hindeMith

repos durant la Fuite en égypte

Eux qui encore hors d’haleinefuyaient le massacre des innocents,ô comme en ce pèlerinageils avaient secrètement grandi.

À peine en un timide regard en arrièrel’étreinte de leur frayeur s’était-elle relâchéeet déjà, sur leur mule grise, ils mettaientdes cités entières en danger.

Tandis que, si petits en ce vaste pays– presque un néant – ils s’approchaient des temples solennels,toutes les idoles, comme trahies, se brisaientet se vidaient de leur sens.

Comment concevoir qu’à leur passagetoute chose se consumât ainsi de désespoir ?Et d’eux-mêmes, ils prenaient peur,seul l’enfant était indiciblement consolé.

Toutefois, il leur fallait après tant de hâtes’asseoir un instant. Alors vint à eux ...vois : l’arbre, qui silencieusement les abritait,vint à eux comme un serviteur :

il s’inclina. L’arbre mêmedont les guirlandes, pour l’éternité,préservaient le front des Pharaons mortss’inclina. Il sentait de nouvelles couronneséclore. Et eux étaient assis là, comme en un rêve.

rast auf der Flucht in Ägypten

Diese, die noch eben atemlosflohen mitten aus dem Kindermorden :o wie waren sie unmerklich grossüber ihrer Wanderschaft geworden.

Kaum noch dass im scheuen Rückwärtsschauenihres Schreckens Not zergangen war,und schon brachten sie auf ihrem grauenMaultier ganze Städte in Gefahr :

denn so wie sie, klein im grossen Land,– fast ein Nichts – den starken Tempeln nahten,platzten alle Götzen wie verratenund verloren völlig den Verstand.

Ist es denkbar, dass von ihrem Gangealles so verzweifelt sich erbost ?und sie wurden vor sich selber bange,nur das Kind war namenlos getrost.

Immerhin, sie mussten sich darübereine Weile setzen. Doch da ging -sieh : der Baum, der still sie überhing,wie ein Dienender zu ihnen über :

er verneigte sich. Derselbe Baum,dessen Kränze toten Pharaonenfür das Ewige die Stirnen schonen,neigte sich. Er fühlte neue Kronenblühen. Und sie sassen wie im Traum.

Pietà

Maintenant, ma détresse est à son comble, et indicible,m’emplit. Je suis glacée comme est glacé le cœurde la pierre.Dure comme je suis, je ne sais qu’une chose :Tu as grandi –... tu es devenu si grandque, comme une douleur trop grande,de toute part tu débordesla mesure de mon cœur.Maintenant te voici étendu en travers de mes genoux,maintenant je ne puis pluste donner le jour.

Pietà

Jetzt wird mein Elend voll, und namenloserfüllt es mich. Ich starre wie des SteinsInneres starrt.Hart wie ich bin, weiss ich nur Eins :Du wurdest gross –... und wurdest gross,um als zu grosser Schmerzganz über meines Herzens Fassunghinauszustehn.Jetzt liegst du quer durch meinen Schoss,jetzt kann ich dich nicht mehrgebären.

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Paul hindeMith

consolation de marie auprès du ressuscité

Ce qu’alors ils éprouvèrent, n’est-ceplus doux que tout mystèreet pourtant encore de cette terre :quand, un peu pâle encore du tombeau,il s’approcha d’elle, allégé,en tout son être ressuscité.Oh d’elle en premier. Ils se tenaient là,indiciblement en guérison.Oui, ils guérissaient. C’était cela. Ils n’avaient pas mêmeà se toucher bien fort.À peine une seconde posa-t-ilsur l’épaule de femme sa main,éternelle bientôt.

Et tous deux commencèrenten silence, comme les arbres au printemps,ensemble infiniment,cette saisonde leur ultime union.

Sur la mort de marie - 3

Mais avant l’apôtre Thomas, qui ne vintque trop tard, l’Ange rapide,depuis longtemps préparé à ce jour,arriva au lieu de la sépulture et ordonna :

Roule la pierre sur le côté ! Veux-tu savoiroù est celle pour qui ton cœur s’afflige ?Vois : ici, comme un bouquet de lavande,elle fut déposée un instant,

pour que la terre désormais conserve son odeuren ses plis, comme un tissu précieux.Toute mort (le sens-tu ?), toute souffrancesont enivrées de son parfum.

Regarde le linceul : qui pourrait le blanchir,qui, le rendre éblouissant sans le rétrécir ?La lumière qui émane de ce cadavre immaculél’a rendu plus éclatant que le soleil.

N’es-tu surpris que, si doucement, elle s’en soit échappée ? Un peu comme si elle était encore ici, rien n’est déplacé.Pourtant là-haut les cieux sont ébranlés :Homme, à genoux ! Contemple avec moi, et chante.

Stillung mariä mit dem Auferstandenen

Was sie damals empfanden : ist es nichtvor allen Geheimnissen süssund immer noch irdisch :da er, ein wenig blass noch vom Grab,erleichtert zu ihr trat :an allen Stellen erstanden.O zu ihr zuerst. Wie waren sie daunaussprechlich in Heilung.Ja sie heilten, das war’s. Sie hatten nicht nötig,sich stark zu berühren.Er legte ihr eine Sekundekaum seine nächstensewige Hand an die frauliche Schulter.

Und sie begannen still wie die Bäume im Frühling,unendlich zugleich,diese Jahreszeitihres äussersten Umgangs.

Vom Tode mariä - iii

Doch vor dem Apostel Thomas, derkam, da es zu spät war, trat der schnellelängst darauf gefasste Engel herund befahl an der Begräbnisstelle :

Dräng den Stein beiseite. Willst du wissen,wo die ist, die dir das Herz bewegt :Sieh : sie ward wie ein Lavendelkisseneine Weile da hineingelegt,

dass die Erde künftig nach ihr riechein den Falten wie ein feines Tuch.Alles Tote (fühlst du), alles Siecheist betäubt von ihrem Wohl-Geruch.

Schau den Leinwand : wo ist eine Bleiche,wo er blendend wird und geht nicht ein ?Dieses Licht aus dieser reinen Leichewar ihm klärender als Sonnenschein.

Staunst du nicht, wie sanft sie ihm entging ?Fast als wär sie’s noch, nichts ist verschoben.Doch die Himmel sind erschüttert oben :Mann, knie hin und sieh mir nach und sing.

Entracte

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consolation de marie auprès du ressuscité

Ce qu’alors ils éprouvèrent, n’est-ceplus doux que tout mystèreet pourtant encore de cette terre :quand, un peu pâle encore du tombeau,il s’approcha d’elle, allégé,en tout son être ressuscité.Oh d’elle en premier. Ils se tenaient là,indiciblement en guérison.Oui, ils guérissaient. C’était cela. Ils n’avaient pas mêmeà se toucher bien fort.À peine une seconde posa-t-ilsur l’épaule de femme sa main,éternelle bientôt.

Et tous deux commencèrenten silence, comme les arbres au printemps,ensemble infiniment,cette saisonde leur ultime union.

Sur la mort de marie - 3

Mais avant l’apôtre Thomas, qui ne vintque trop tard, l’Ange rapide,depuis longtemps préparé à ce jour,arriva au lieu de la sépulture et ordonna :

Roule la pierre sur le côté ! Veux-tu savoiroù est celle pour qui ton cœur s’afflige ?Vois : ici, comme un bouquet de lavande,elle fut déposée un instant,

pour que la terre désormais conserve son odeuren ses plis, comme un tissu précieux.Toute mort (le sens-tu ?), toute souffrancesont enivrées de son parfum.

Regarde le linceul : qui pourrait le blanchir,qui, le rendre éblouissant sans le rétrécir ?La lumière qui émane de ce cadavre immaculél’a rendu plus éclatant que le soleil.

N’es-tu surpris que, si doucement, elle s’en soit échappée ? Un peu comme si elle était encore ici, rien n’est déplacé.Pourtant là-haut les cieux sont ébranlés :Homme, à genoux ! Contemple avec moi, et chante.

Edvard Grieg (1843-1907)

Salut

Un charmant carillonPénètre doucement mon cœur,Sonne, petite chanson de printemps,Sonne au loin là-bas.

Sonne jusqu’à la maison là-basOù les fleurs sortent,Si tu vois une rose,Porte-lui mon salut.

un jour, mes pensées

Un jour, un jour,Mes pensées,Vous serez en paix.

Le feu de l’amourNe te laisse aucun repos,Dans la terre fraîche,Là, tu dormiras bien,Là-bas sans amourEt sans souffranceTu seras en paix.

Ce que dans la vieTu n’as pas trouvé,Quand elle aura disparu,Ceci te sera donné,Alors sans blessuresEt sans douleurTu seras en paix.

Sechs Lieder op.48 (1889)

GrussHeinrich Heine (1797-1856)

Leise zieht durch mein GemütLiebliches Geläute,Klinge, kleines Frühlingslied,Kling hinaus ins Weite.

Kling hinaus bis an das Haus,Wo die Blumen spriessen,Wenn du eine Rose schaust,Sag, ich lass sie grüssen.

Dereinst, Gedanke meinEmanuel von Geibel (1815-1884) d’après Cristóbal del Castillejo (1490-1550)

Dereinst, dereinst,Gedanke mein,Wirst ruhig sein.

Lässt LiebesglutDich still nicht werden,In kühler Erden,Da schläfst du gut,Dort ohne Lieb’und ohne PeinWirst ruhig sein.

Was du im LebenNicht hast gefunden,Wenn es entschwunden,Wird’s dir gegeben,Dann ohne WundenUnd ohne PeinWirst ruhig sein.

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la course du monde

Chaque soir je sors et vaisSur le petit pont de la prairie.Elle regarde, de son pavillonQui est au bord du chemin.Nous n’étions convenu de rien,C’est ainsi que va le monde.

Je ne sais pas comment c’est arrivé,Je l’embrasse depuis longtemps,Je ne lui demande pas, elle ne dit pas : oui !Elle ne dit pourtant jamais : non !Lorsque des lèvres aiment à se poser sur des lèvres,Nous ne nous y opposons pas, ça nous semble bon.

Le zéphyr joue avec la rose,Il ne demande pas : m’aimes-tu ?La petite rose se rafraîchit à la rosée,Elle ne demande pas longtemps : donne !Je l’aime, elle m’aime,Pourtant personne ne dit : je t’aime !

lauf der WeltJohann Ludwig Uhland (1787-1862)

An jedem Abend geh’ ich ausHinauf den Wiesensteg.Sie schaut aus ihrem Gartenhaus,Es stehet hart am Weg.Wir haben uns noch nie bestellt,Es ist nur so der Lauf der Welt.

Ich weiss nicht, wie es so geschah,Seit lange küss’ ich sie,Ich bitte nicht, sie sagt nicht : ja !Doch sagt sie : nein ! auch nie.Wenn Lippe gern auf Lippe ruht,Wir hindern’s nicht, uns dünkt es gut.

Das Lüftchen mit der Rose spielt,Es fragt nicht : hast mich lieb ?Das Röschen sich am Taue kühlt,Es sagt nicht lange : gib !Ich liebe sie, sie liebet mich,Doch keines sagt : ich liebe dich !

edvard grieg

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Die verschwiegene nachtigallKarl Joseph Simrock (1802-1876), d’après Walther von der Vogelweide (1170-1228)

Unter der Linden,An der Heide,Wo ich mit meinem Trauten sass,Da mögt ihr finden,Wie wir beideDie Blumen brachen und das Gras.Vor dem Wald mit süssem Schall,Tandaradei !Sang im Tal die Nachtigall.

Ich kam gegangenZu der Aue,Mein Liebster kam vor mir dahin.Ich ward empfangen,Als hehre Fraue,Dass ich noch immer selig bin.Ob er mir auch Küsse bot ?Tandaradei !Seht, wie ist mein Mund so roth !

Wie ich da ruhte,Wüsst’ es Einer,Behüte Gott, ich schämte mich.Wie mich der GuteHerzte, keinerErfahre das als er und ich.Und ein kleines Vögelein,Tandaradei !Das wird wohl verschwiegen sein.

le rossignol secret

Sous les tilleuls,Sur la lande,Où j’étais assise avec mon bien-aimé,Là on pouvait trouverComment nous deuxNous écrasions les fleurs et l’herbe.Hors du bois avec un doux chant,Tandaradei !Chantait le rossignol dans la vallée.

Je venais à piedJusqu’à la prairie,Mon bien-aimé arrivait avant moi,J’étais reçueComme une noble dame,Ce qui encore me rend heureuse,M’offrait-il des baisers ?Tandaradei !Regarde comme mes lèvres sont rouges !

Comment j’étais allongée,Si quelqu’un le savait,À Dieu ne plaise, j’aurais honte.Comment mon chéri me caressait,Personne ne le découvrira,À part lui et moi,Et un petit oiseau,Tandaradei !Qui saura certainement garder un secret.

edvard grieg

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18 Grand ThéâTre de Genève • récital | soile isokoski

edvard grieg

Au temps des roses

Vous vous fanez, chères roses,Mon amour ne vous soutenait pas ;Ah, fleurissez ! Pour le désespéré,À qui le chagrin brise l’âme !

Je pense tristement à chaque jour,Où, mon ange, je m’accrochais à toi,Quand, guettant le premier petit bourgeonJ’allais de bonne heure dans mon jardin ;

Toutes ces fleurs, tous ces fruits,Je les apportais à tes piedsEt devant ton visageL’espoir faisait battre le cœur.

un rêve

Un jour j’ai fait un joli rêve :Une jeune fille blonde m’aimait ;C’était dans une verte clairière,Il faisait un doux temps de printemps :

Les bourgeons fleurissaient, le ruisseau enflait, Au loin les cloches du village sonnaient –Nous étions remplis d’une grande joie,Plongés complètement dans le bonheur.

Et encore plus beau que ce rêve,Cela arriva dans la réalité –C’était dans une verte clairière,Il faisait un doux temps de printemps :

Le ruisseau enflait, les bourgeons fleurissaient, Les cloches du village sonnaient jusqu’ici –Je te tins fort, je te tins longtempsEt maintenant je ne te laisserai jamais plus partir !

Ô verte clairière de printemps !Tu vis en moi tout le temps –Là, la réalité devint un rêve.Là, le rêve devint réalité !

Zur rosenzeitJohann Wolfgang von Goethe (1749-1832)

Ihr verblühet, süsse Rosen,Meine Liebe trug euch nicht ;Blühtet, ach ! Dem Hoffnungslosen,Dem der Gram die Seele bricht !

Jener Tage denk’ ich trauernd,Als ich, Engel, an dir hing,Auf das erste Knöspchen lauerndFrüh zu meinem Garten ging ;

Alle Blüten, alle FrüchteNoch zu deinen Füssen trugUnd vor deinem AngesichteHoffnung in dem Herzen schlug.

Ein TraumFriedrich Martin von Bodenstedt (1819-1892)

Mir träumte einst ein schöner Traum :Mich liebte eine blonde Maid ;Es war am grünen Waldesraum,Es war zur warmen Frühlingszeit :

Die Knospe sprang, der Waldbach schwoll,Fern aus dem Dorfe scholl Geläut - Wir waren ganzer Wonne voll,Versunken ganz in Seligkeit.

Und schöner noch als einst der TraumBegab es sich in Wirklichkeit -Es war am grünen Waldesraum,Es war zur warmen Frühlingszeit :

Der Waldbach schwoll, die Knospe sprang,Geläut erscholl vom Dorfe her - Ich hielt dich fest, ich hielt dich langUnd lasse dich nun nimmermehr !

O frühlingsgrüner Waldesraum !Du lebst in mir durch alle Zeit -Dort ward die Wirklichkeit zum Traum,Dort ward der Traum zur Wirklichkeit !

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19récital | soile isokoski • Grand ThéâTre de Genève

Au temps des roses

Vous vous fanez, chères roses,Mon amour ne vous soutenait pas ;Ah, fleurissez ! Pour le désespéré,À qui le chagrin brise l’âme !

Je pense tristement à chaque jour,Où, mon ange, je m’accrochais à toi,Quand, guettant le premier petit bourgeonJ’allais de bonne heure dans mon jardin ;

Toutes ces fleurs, tous ces fruits,Je les apportais à tes piedsEt devant ton visageL’espoir faisait battre le cœur.

un rêve

Un jour j’ai fait un joli rêve :Une jeune fille blonde m’aimait ;C’était dans une verte clairière,Il faisait un doux temps de printemps :

Les bourgeons fleurissaient, le ruisseau enflait, Au loin les cloches du village sonnaient –Nous étions remplis d’une grande joie,Plongés complètement dans le bonheur.

Et encore plus beau que ce rêve,Cela arriva dans la réalité –C’était dans une verte clairière,Il faisait un doux temps de printemps :

Le ruisseau enflait, les bourgeons fleurissaient, Les cloches du village sonnaient jusqu’ici –Je te tins fort, je te tins longtempsEt maintenant je ne te laisserai jamais plus partir !

Ô verte clairière de printemps !Tu vis en moi tout le temps –Là, la réalité devint un rêve.Là, le rêve devint réalité !

Leonard Bernstein (1918-1990)

Je déteste la musique ! Cycle de cinq chansons enfantines pour sopranoTraduction : Christopher Park

Je m’appelle BarbaraMaman dit que les bébés viennent en bouteille ;mais la semaine dernière elle disait qu’ils poussent sur des buissons-à-bébé spéciaux. ]Les cigognes, j’y crois pas non plus !Elles sont toutes au zoo à s’occuper de leurs petits !Et un buisson-à-bébé, c’est quoi, de toutes façons ? !Je m’appelle Barbara.

Jupiter a sept lunesJupiter a sept lunes, ou était-ce neuf ?Saturne en a un million de milliards de million et soixante-neuf ;Chacune d’elles est un petit soleil, avec six petites lunes à son tour ! ]Alors que nous, on n’en a qu’une !Imaginez comme ce serait marrant s’il y en avait neuf !On pourrait simplement être neuf fois plus romantique !Les chiens hurleraient à en perdre la tête !L’Atlantique aurait neuf marées !Jean-de-la-Lune serait gigantesque !Mais on n’en a qu’une ! Juste une !

Je déteste la musique !Je déteste la musique ! Mais j’adore chanter :la di da da di ; la di da di.Mais ça n’est pas ce que j’appelle de la musique.Pas du tout. La musique c’est beaucoup d’hommes, tous en frac, qui font beaucoup de bruit comme beaucoup de femmes ;La musique, c’est beaucoup de gens dans une grande salle sombre, où ils n’ont pas du tout envie d’être ;plein de fauteuils, plein de grands airs,plein de fourrures et de diamants !La musique, c’est bête ! Je déteste la musique !Mais j’adore chanter :la di da da di ; la di da di : la di la di.

I Hate Music!A Cycle of Five Kid Songs for Soprano (1943)Textes du compositeur

my name is BarbaraMy mother says that babies come in bottles ;but last week she said they grew on special baby-bushes. ]I don’t believe in the storks, either !They’re all in the zoo, busy with their own babies !And what’s a baby-bush, anyway ! ?My name is Barbara.

Jupiter has seven moonsJupiter has seven moons or is it nine ?Saturn has a million, billion, trillion sixty-nine ;And ev’ry one is a little sun, with six little moons of its own ! ]But we have only one !Just think of all the fun we’d have if there were nine !Then we could be just nine times more romantic !Dogs would bay ‘til they were frantic !We’d have nine tides in the Atlantic !The man in the moon would be gigantic !But we have only one ! Only one !

i hate music !I hate music ! But I like to sing :la dee da da dee ; la dee da dee.But that’s not music, not what I call music.No, sir. Music is a lot of men in a lot of tails,making lots of noise like a lot of females ;Music is a lot of folks in a big dark hall,where they really don’t want to be at all ;with a lot of chairs and a lot of airs,and a lot of furs and diamonds !Music is silly ! I hate music !But I like to sing :la dee da da dee : la dee da dee : la dee da dee. 

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20 Grand ThéâTre de Genève • récital | soile isokoski

un grand indien et un petit indienUn grand Indien et un petit Indien marchaient dans la rue. Le petit Indien était le fils du grand Indien ; mais le grand Indien n’était pas le père du petit Indien :La devinette, vous voyez, c’est si le petit Indien est le fils du grand Indien, et si le grand Indien n’est pas le père du petit Indien, alors qui est-il ?Je vous le donne en deux mesures : sa mère !

Je suis une personne aussiJe viens d’apprendre aujourd’hui que je suis une personne aussi, comme vous :J’aime les ballons, plein de gens aiment les ballons :Et tout le monde dit : « Comme elle est mignonne ! Elle aime les ballons ! »Je suis une personne aussi, comme vous ! J’aime les choses que tout le monde aime :Les choses douces, le cinéma, les chevaux, les choses chaudes et les choses rouges, pas vous ?Je pense à plein de choses : ce qu’il y a derrière le ciel, par exemple ;Et ce qu’il y a derrière ce qu’il y a derrière le ciel ;Et tout le monde dit : « Comme elle est adorable ! Elle veut tout savoir ! » Pas vous ?Bien sûr, je suis très jeune pour dire ce genre de choses devant tous ces gens comme vous, mais je suis une personne aussi !J’ai beau n’avoir que dix ans, je suis une personne aussi, comme vous !

A big indian and a little indianA big Indian and a little Indian were walking down the street. The little Indian was the son of the big Indian ;but the big Indian was not the father of the little Indian:You see the riddle is, if the little Indian was the son of the big Indian, but the big Indian was not the father of the little Indian, who was he?I’ll give you two measures: His mother !

i’m a person tooI just found out today that I’m a person too, like you:I like balloons; lots of people like balloons:But ev’ryone says, “Isn’t she cute ? She likes balloons!”I’m a person too, like you ! I like things that ev’ryone likes:I like soft things and movies and horses and warm things and red things: don’t you ?I have lots of thoughts ; like what’s behind the sky;and what’s behind what’s behind the sky:But ev’ryone says, “Isn’t she sweet? She wants to know ev’rything!” Don’t you?Of course I’m very young to be saying all these things in front of so many people like you; but I’m a person too!Though I’m only ten years old ; I’m a person too, like you!

leonard BernStein

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21récital | soile isokoski • Grand ThéâTre de Genève

Jour des morts

Pose sur la table les résédas parfumésApporte ici les derniers asters rouges,Et laisse-nous à nouveau parler d’amourComme jadis en mai.

Donne-moi la main, que je la serre secrètementEt si on le voit, cela m’est égalJette-moi seulement un de tes doux regards,Comme jadis en mai.

Aujourd’hui chaque tombe est fleurie et resplenditUn jour par an les morts ont quartier libre,Viens près de mon cœur, que je t’aie à nouveauComme jadis en mai.

les étoiles du ciel sont belles mais froides

Les étoiles du ciel sont belles mais froides,Les présents qu’elles offrent sont maigres ;Pour un de tes regards, avec plaisirJe donnerais leur lumière dorée.

Nous avons éternellement faimCar elles ne conduisent là que séparémentL’automne et ses gerbes de blé,Et la splendeur fleurie du printemps ;

Mais de tes yeux, oh, le bonheurDe toute une année jaillit avec profusionComme une pluie douce et constante,Tout à la fois fleurs et fruit.

Allerseelen op. 10 (1882-83)Hermann von Gilm zu Rosenegg (1812-1864)

Stell auf den Tisch die duftenden Reseden,Die letzten roten Astern trag herbei,Und lass uns wieder von der Liebe reden,Wie einst im Mai.

Gib mir die Hand, dass ich sie heimlich drückeUnd wenn man’s sieht, mir ist es einerlei,Gib mir nur einen deiner süssen Blicke,Wie einst im Mai.

Es blüht und duftet heut auf jedem Grabe,Ein Tag im Jahr ist ja den Toten frei,Komm an mein Herz, dass ich dich wieder habe,Wie einst im Mai.

Schön sind, doch kalt die Himmelssternetiré des Sechs Lieder aus « Lotosblätter » (1888)Adolf Friedrich Graf von Schack (1815-1894)

Schön sind, doch kalt die Himmelssterne,Die Gaben karg, die sie verleihn ;Für einen deiner Blicke gerneHin geb’ ich ihren goldnen Schein.

Getrennt, so dass wir ewig darben,Nur führen sie im JahreslaufDen Herbst mit seinen Ährengarben,Des Frühlings Blütenpracht herauf.

Doch deine Augen — o, der SegenDes ganzen Jahres quillt überreichAus ihnen stets als milder Regen,Die Blüte und Frucht zugleich !

Richard Strauss (1864-1949)

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22 Grand ThéâTre de Genève • récital | soile isokoski

mon cœur est muet, mon cœur est froid

Mon cœur est muet, mon cœur est froid,Figé dans les glaces de l’hiver ;De temps en temps dans ses profondeurs, il enfleTremble et bouge doucement.Puis c’est comme si une douce roséeBrisait la couverture de gel ;Par les vertes forêts, les prairies fleuries,Les ruisseaux murmurent à nouveau.Et le son du cor, de feuilles en feuilles,Porté par les vents du printemps,Venant des ravins, arrive assourdi à mes oreillesComme un appel des jours bienheureux.Mais le cœur vieillissant à jamais ne sera jeune,L’écho des sons qui se meurentRetentit de plus loin, toujours de plus loin,Et à nouveau tout se fige.

cécile

Si seulement tu savais,Ce que signifie rêver de baisers brûlants,De balades et de repos avec sa bien-aimée,Les yeux dans les yeux,Se câlinant et bavardant,Si seulement tu savais,Tu inclinerais ton cœur ! Si seulement tu savais,Ce que signifie trembler dans la nuit solitaire,Cerné par la tempête, là où personne ne consoleD’une douce bouche l’âme fatiguée de lutter,Si seulement tu savais,Tu viendrais vers moi.Si seulement tu savais,Ce que signifie de vivre enlevé par le souffle divinCréateur de l’univers,En suspens dans les hauteurs, porté par la lumière,Vers les cieux bienheureux,Si seulement tu savais,Tu vivrais avec moi !

mein Herz ist stumm, mein Herz ist kalttiré des Sechs Lieder aus « Lotosblätter » (1888)Adolf Friedrich Graf von Schack (1815-1894)

Mein Herz ist stumm, mein Herz ist kalt,Erstarrt in des Winters Eise ;Bisweilen in seiner Tiefe nur walltUnd zittert und regt sich’s leise.Dann ist’s, als ob ein mildes Tau’nDie Decke des Frostes breche ;Durch grünende Wälder, blühende Au’nMurmeln von neuem die Bäche.Und Hörnerklang, von Blatt zu BlattVom Frühlingswinde getragen,Dringt aus den Schluchten ans Ohr mir matt,Wie ein Ruf aus seligen Tagen.Doch das alternde Herz wird jung nicht mehr,Das Echo sterbenden SchallesTönt ferner, immer ferner her,Und wieder erstarrt liegt alles.

cäcilietiré des Vier Lieder op. 27 (1893-94)Heinrich Hart (1855-1906)

Wenn du es wüsstest,Was träumen heisst von brennenden Küssen,Von Wandern und Ruhen mit der Geliebten,Aug in Auge,Und kosend und plaudernd,Wenn du es wüsstest,Du neigtest dein Herz !Wenn du es wüsstest,Was bangen heisst in einsamen Nächten,Umschauert vom Sturm, da niemand tröstetMilden Mundes die kampfmüde Seele,Wenn du es wüsstest,Du kämest zu mir.Wenn du es wüsstest,Was leben heisst, umhaucht von der GottheitWeltschaffendem Atem,Zu schweben empor, lichtgetragen,Zu seligen Höhn,Wenn du es wüsstest,Du lebtest mit mir !

richard StrauSS

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23récital | soile isokoski • Grand ThéâTre de Genève

BiograPhieS

Soile IsokoskiSoprano ©

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liNée en Finlande, Soile Isokoski étudie au conser-vatoire Sibelius d’Helsinki. Sa carrière débute à l’opéra de Finlande où elle remporte de nombreux succès, se construisant peu à peu une renommée internationale. Rapidement, elle voyage à tra-vers l’Europe pour se produire dans les salles les plus prestigieuses et travailler avec les chefs les plus réputés : à l’opéra, en concert et en récital, la chanteuse finlandaise fait l’unanimité. Si certains apprécient tout particulièrement ses prestations dans les rôles mozartiens, ses interprétations de la Maréchale ou d’Ariadne font d’elle une soprano straussienne d’exception.La critique internationale loue la qualité de son interprétation des Vier letzte Lieder de Strauss, enre-gistré sous la direction de Marek Janowski (Prix Gramophone 2002). Elle a également enregistré deux CD consacrés à Sibelius sous la direction de Leif Segerstam. À noter, sa participation à l’enre-gistrement des deux poèmes symphoniques de Sibelius : Luonnotar (La Fille de l’air) (MIDEM « clas-sique », BBC Music Magazine « voix » et « disque de l’année 2007 ») et Kullervo avec Tommi Hakala (Diapason d’or 2008). Sur le label Ondine, elle a gravé plus récemment deux enregistrements dédiés à Richard Strauss : le premier en compa-gnie de l’Orchestre philharmonique de Helsinki placé sous la direction d’Okko Kamu et le second avec la pianiste Marita Viitasalo. Elle apparaît également dans l’enregistrement vidéo de la pro-duction munichoise de Dialogues des Carmélites mise

en scène par Dmitri Tcherniakov et dirigée par Kent Nagano.Ces dernières saisons, on a pu l’entendre, entre autres, en Madame Lidoine (Dialogues des Carmélites) aux Münchener Festspiele, en Cio-Cio-San (Madama Butterfly) à Tampere, en Donna Elvira (Don Giovanni) à Tanglewood, Vienne et Los Angeles, en Desdemona (Otello) au Staatsoper de Vienne et au Deutsche Oper de Berlin, en Alice Ford (Falstaff) à Toulouse, Marguerite (Faust) au Met de New York, au Staatsoper de Vienne et à Helsinki, en Comtesse Almaviva (Le Nozze di Figaro) au Met, à Tokyo, au Staatsoper de Vienne et au Royal Opera House de Londres, en Rachel (La Juive) à New York et Vienne, en Elsa de Brabant (Lohengrin) à Dresde et Los Angeles, en Ariadne (Ariadne auf Naxos) à Glyndebourne, en Maréchale (Der Rosenkavalier) à Dresde, Helsinki, Cologne, San Francisco, Vienne et Munich. Parmi ses projets : la Maréchale au Staatsoper et aux Festwochen de Munich, ainsi qu’au Théâtre des Champs-Élysées.En 2002, elle reçoit la médaille Pro-Finlandia pour sa contribution à la musique finlandaise, et en 2007 la médaille Sibelius ; elle est aussi honorée en 2008 du titre d’Österreichische Kammersängerin. En 2011, elle est nommée docteur honoris causa de l’université d’Helsinki.

Au Grand Théâtre de Genève : récital (03-04), Lohengrin (Elsa de Brabant) 07-08, Der Rosenkavalier (La Maréchale) 11-12.

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24 Grand ThéâTre de Genève • récital | soile isokoski

Ilkka Paananen suit les cours de piano de Jarmo Räty au conservatoire de Kuopio et d’Eero Heinonen à l’Académie Sibelius. À Londres, il est l’élève de Phyllis Sellick et suit les classes de maître de Dmitri Baskirov, Ralf Gothoni et Dalton Baldwin. Il a remporté le premier prix de la Maj-Lind Piano Competition en 1982 et bénéficie en 1985 de la bourse de la Fondation Léonie-Sonning au Danemark.Artiste indépendant, il se produit en Finlande, à travers l’Europe, l’Extrême-Orient et les États-Unis. Ses tournées l’ont emmené au Mexique, au Chili et il s’est produit plus récemment dans les principales villes de Chine. Reconnu pour ses qualités d’accom-pagnateur, Ilkka Paananen travaille avec Jorma Hynninen, Dilber Yunus, Elīna Garanča, Kaludi Kaludow, Jaakko Kortekangas, Jaakko Ryhänen, Matti Salminen et Gabriel Suovanen. Depuis peu a débuté une collaboration privilégiée entre le pia-niste finlandais et sa compatriote Soile Isokoski. En dehors de ses collaborations avec des chanteurs, Ilkka Paananen se produit également en soliste et avec des formations de musique de chambre.Ayant participé à de nombreuses productions crossover, Ilkka Paananen n’hésite pas à mêler les genres musicaux, notamment sur scène, dans des films et à la télévision. Il a enregistré un grand nombre de CD, parmi lesquels certains sont consa-crés à des compositeurs nordiques tels que Jean Sibelius, Armas Järnefelt et Einojuhani Rautavaara.Débuts au Grand Théâtre de Genève.

Ilkka PaananenPiano

BiograPhieS

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07 : 00 AM 12 : 30 PM09 : 00 PMLa vie peut se traduire par dolce vita. Ces moments rares où vous faites le vide, vous offrant un cocktail de bien-être et de détente au cœur de lieux d’exception. Dans ces instants particuliers, où vous n’emportez avec vous que ce qui vous plaît vraiment, Le Temps est un compagnon de choix qui, grâce à ses contenus de haute tenue, contribue à ravir votre esprit, tout en répondant à votre sensibilité du moment : sensualité du papier ou éclat d’un écran.

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Directeur de la publication : Tobias RichterResponsable de la rédaction : Daniel Dollé Responsable de l’édition : Aimery Chaigne

Révision : Christopher Parkont collaboré à ce programme : Sandra Gonzalez, Isabelle Jornod, Benoît Payn

Impression : SRO-Kundig GenèveAchevé d’imprimer en octobre 2013

prochainement

La chauve-sourisReprise en français de la production de 2008du Grand Théâtre de Genève Au Grand Théâtre13, 17, 21, 28, 30, 31 décembre 2013 à 19 h 3015, 12 décembre 2013 à 15 hDirection musicale Theodor GuschlbauerMise en scène Stephen LawlessDécors Benoît DugardynCostumes d’après les modèles d’Ingeborg BernerthLumières Simon TrottetChorégraphie Nicola BowieAvec Noëmi Nadelmann, Nicolas Rivenq,Teodora Gheorghiu, Marie-Claude Chappuis, Olivier Lallouette, René Schirrer, Marc Laho, Fabrice Farina, DimitriOrchestre de la Suisse Romande

Conférence de présentationpar Alain Perroux En collaboration avec l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet.Jeudi 12 décembre 2013 à 18 h 15au Grand Théâtre

OPéRA RéCITAL

Leo nucciBaryton

Au Grand ThéâtreVendredi 20 décembre 2013 à 19 h 30Direction et piano Paolo MarcariniViolon Pierantonio CazzulaniAlto Christian SerazziVioloncelle Massimo RepelliniHarpe Marta PettoniRécital Verdi : « La parola scenica »

Ferruccio FurlanettoBaryton

Au Grand ThéâtreDimanche 12 janvier 2014 à 19 h 30Piano Igor TchetuevRachmaninov / Moussorgski

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