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RédactionRectorat HES-SO
Dicastère qualité
2800 Delémont
Crédits photographiques1ère et 4ème de Couverture © Gunnar Pippel
Page 4 © StockLite
Page 9 © Wrangler
Pagen 12 © Pressmaster
Mise en pagestructo.ch
Contenu
Introduction 5
Un guide et des boussoles : objectif, utilisations et publics cibles 6
Plan du guide 6
1 Eléments théoriques 7
1.1 Analyser les environnements 7
1.2 Analyse PESTEL 8
1.3 Des besoins à la pertinence– principes généraux de l’approche proposée 9-10
1.4 Quatre niveaux d’analyse de la pertinence 11-12
2 Démarche générale proposée 13
2.1 Premier palier : se poser les bonnes questions 13
2.2 Deuxième palier : savoir où chercher les réponses 14
2.3 Troisième palier : choisir les méthodes 14-15
3 Pistes de questionnements 16-17
4 Recommandations 18
5 Ressources à disposition 19
Références 19
5
Introduction
Avec l’entrée en vigueur de la Loi sur l’encouragement et
la coordination des hautes écoles (LEHE) le 1er janvier
2015, des changements s’opèrent et touchent directement
les hautes écoles universitaires (HEU), hautes écoles
spécialisées (HES) et hautes écoles pédagogiques (HEP)
et la HES-SO en particulier. La réforme met notamment
l’accent sur les aspects suivants :
• l’importance des HEU, HES et HEP à être compétitives
face à l’intense concurrence internationale ;
• le renforcement de la coordination tout en préservant
l’autonomie des HEU, HES et HEP ;
• l’obligation pour toutes les HEU, HES et HEP de mettre
en place un système d’assurance qualité qui leur per-
mette de garantir le développement de leurs missions ;
• le passage de l’accréditation de filières d’études à l’ac-
créditation institutionnelle. Les filières HES ne sont
donc plus accréditées formellement par le DEFR (Dépar-
tement fédéral de l’économie, de la formation et de la
recherche), excepté les filières du domaine de la santé,
mais se soumettent à une auto-évaluation périodique.
Dans ce contexte, la HES-SO a inscrit dans sa Stratégie
générale 2015-2020 (HES-SO, 2014a) et son Plan d’in-
tentions 2015-2020 (HES-SO, 2015a) l’importance de la
mise en place d’un système d’assurance qualité cohérent
à tous les niveaux de l’institution.
Aucun projet d’activité académique ou institutionnelle
ne saurait être conçu en vase clos. En effet, pour rester
compétitif tant sur le plan national qu’international, il est
primordial de positionner au mieux les activités d’ensei-
gnement et de recherche, ainsi que les prestations de
services et la politique institutionnelle la HES-SO. De ce
fait, la réalisation systématique d’une analyse environ-
nementale du contexte dans lequel s’inscrit toute activité
académique ou institutionnelle est nécessaire.
Guide théorique
6
Le présent guide est conçu dans l’objectif de présenter
les éléments théoriques et l’approche qui sous-tendent
toutes entreprises d’analyse environnementale à la
HES-SO. Il présente des repères théoriques ainsi qu’une
démarche globale auxquels se rapportent les boussoles
développées elles dans un souci opérationnel et non
théorique (voir Figure 1).
Ce guide s’adresse à toute personne concernée par
une analyse environnementale et qui souhaiterait com-
prendre sur quelles bases reposent les pratiques de la
HES-SO. Le public cible est large et varié. Il a pour objectif
de contribuer à assurer une cohérence dans les pratiques.
Il s’inscrit dans l’approche évaluative de la HES-SO décrite
dans le Cadre de référence en évaluation (HES-SO, 2015b).
Il ne prétend pas définir « la bonne » méthode scien-
tifique, ni figer de façon exhaustive le déroulement d’une
démarche. Les personnes en charge d’entreprendre une
analyse environnementale sont libres d’en faire usage
ou non. Cependant, il importe de garder à l’esprit que
plus une analyse tend vers le concret, plus la prise de
décision concernant la réalisation de l’activité projetée
est pertinente et correspondra à la réalité des besoins.
Des boussoles, « outils de poche » ciblés, sont pro-
posées aux personnes chargées de mener des analyses
environnementales à la HES-SO. Il peut s’agir par exemple
de porteuses et porteurs d’un projet de filière d’études/
orientation HES-SO (HES-SO, 2015c), de responsables
de domaines, ou encore de directions d’écoles. A titre
d’exemple, la boussole Analyse environnementale –
boussole pour les porteuses et porteurs d’un projet de
filière d’études/orientation HES-SO se veut pragmatique,
de lecture facile et maniable. Tel un outil d’orientation,
elle donne les directions à suivre et propose des repères
à ses utilisatrices et ses utilisateurs sous la forme de
questions et de pistes recommandées par la HES-SO pour
la réalisation d’une analyse environnementale précisé-
ment dans le cadre d’une ouverture de filières d’études/
orientation. Guide et boussoles ciblées ont été réalisés
dans un esprit de soutien et d’exemplarité.
Un guide et des boussoles : objectif, utilisations et publics cibles
BoussoleBoussole
Tout public
Public ciblé
Guide ThéoriqueEléments et démarche
pour une analyse à la HES-SO
Public ciblé Porteuses
et porteurs
de projet
de filières d’études /
orientations
Fig.1
7
Le présent guide se compose de cinq chapitres. Le premier énonce les différents
éléments théoriques à prendre en considération lors de la réalisation d’une
analyse environnementale. Le deuxième expose une démarche générale visant
l’opérationnalisation et la constitution de la banque d’informations nécessaires
à une analyse environnementale. Le troisième chapitre propose des pistes
générales d’opérationnalisation. Une quatrième partie rappelle les risques qui
peuvent être encourus lors du lancement d’une telle analyse et suggère quelques
recommandations. Enfin, le chapitre 5 signale certaines ressources du Rectorat
HES-SO qui sont mises à disposition pour accompagner ces démarches.
La présentation des quelques éléments théoriques
ci-après permet de saisir les bases de l’approche choisie
et, partant, de comprendre sur quoi repose la démarche
proposée.
1.1 Analyser les environnements
Historiquement, l’analyse environnementale, ou l’ana-
lyse de marché, est issue du domaine du marketing. Elle
découle des études de sondages et des enquêtes qui ont
émergé au début du 20e siècle.
Les études de marché, point de départ des actions de
marketing, ont été initiées afin de mieux comprendre et
maîtriser le marché, notamment les comportements des
consommateurs et consommatrices.
L’analyse environnementale doit être considérée
comme un outil d’observation stratégique qui va per-
mettre d’affiner la vision d’une situation et de déterminer
la faisabilité ainsi que la viabilité d’un projet.
Selon Johnson et al. (2014), il est possible d’aborder un
contexte selon deux niveaux :
• Le macro-environnement consiste en l’environnement
général dans lequel l’institution évolue. Il se compose
d’elle-même, de son marché, de ses concurrents, de
ses fournisseurs, de ses bailleurs de fonds, de ses
partenaires, etc. Si ce macro-environnement agit sur
l’institution, cette dernière peut aussi exercer sur cette
couche une certaine influence, par ses modes de rela-
tions, négociations ou pressions.
• L’environnement externe, où l’influence ou l’impact sur
une institution peut être décisif, mais où son pouvoir
d’influencer le cours des choses est très faible, voire
nul. C’est cet environnement que l’on peut analyser
sous un angle PESTEL présenté ci-dessous.
1 Eléments théoriques
Guide théorique
8
1.2 Analyse PESTEL
L’analyse du contexte PESTEL (voir Figure 2) est un
modèle issu de la stratégie d’entreprise permettant
d’identifier l’influence (positive ou négative) que peuvent
exercer, sur une organisation, les facteurs environne-
mentaux (Johnson et al., 2014). Le mot « PESTEL »
est une succession de lettres qui représente la division
de l’environnement externe en six grandes catégories
de facteurs d’influence sur l’organisation :
• L’environnement Politique intervient à plusieurs
niveaux, du régional à l’international. Il comporte éga-
lement tout ce qui concerne l’engagement citoyen et
le comportement politique de la société ;
• L’environnement Economique comprend toutes les
variables et tous les facteurs qui jouent non seulement
sur le pouvoir d’achat et les dépenses de consommation
des différents client-e-s, mais aussi sur la représen-
tation de facteurs socio-économiques ;
• L’environnement Social ou Socioculturel comporte les
différentes caractéristiques de la population (taille,
pyramide des âges, structure familiale, culture, tra-
ditions, etc.) tout comme les accès à l’éducation, à
l’information, ou encore les modes et tendances qui
peuvent influencer l’obtention ou l’acquisition de ser-
vices ou produits ;
• L’environnement Technologique correspond aux forces de
recherche et développement et leurs soutiens financiers,
qui créent de nouvelles technologies, de nouveaux pro-
duits ou qui influencent directement ou indirectement
la capacité des entreprises à innover ;
• Le contexte Ecologique (ou environnemental) définit
l’ensemble des facteurs liés à la nature, au développe-
ment durable et ses politiques, qui influencent l’activité
d’une organisation. Certains influencent directement la
production d’une institution, par exemple des pénuries
énergétiques, alors que d’autres sont des réactions au
développement économique, telles les réglementations
ou des subventions ;
• Enfin, l’environnement Légal influence directement l’or-
ganisation par des mécanismes complémentaires tels
que des lois, des réglementations et des normes, des
contrôles et un système judiciaire. Il influence également
les individus et donc l’organisation de manière indirecte.
L’analyse PESTEL est un outil très prisé, particulièrement
chez les managers du secteur privé. Tout comme l’analyse
MOFF (Menaces, Opportunités, Forces, Faiblesse, abré-
viation anglophone « SWOT »), l’analyse PESTEL devrait
être considérée comme un outil de stratégie utilisé pour
analyser l’environnement externe.
Pour aborder une analyse environnementale d’un point
de vue plus sociologique, peut-être moins managérial ou
économiste, la grande majorité des auteurs ont choisi de
tisser un lien étroit avec la notion de besoin.
Organisation
Politique
Techno- logique
Economique
SocialEnviron-
nemental
Légal
Fig.2
9
1.3 Des besoins à la pertinence Principes généraux de l’approche proposée
Dans le domaine de l’enseignement supérieur, selon plu-
sieurs auteurs, dont Rothwell & Kazanas (1998), Lawton
(1999) ou encore Lapointe (1992), la notion de besoin
est liée à un écart entre une situation actuelle, considérée
comme insatisfaisante, et une situation future, considérée
comme idéale :
Analyse du besoin de formation
Appliquée au monde de l’éducation, l’analyse de besoins
s’est souvent limitée à l’analyse du besoin de formation
qui résulte de l’écart entre les caractéristiques des can-
didats à la formation et les compétences attendues chez
les diplômé-e-s.
Selon Labesse (2008), il existe différents types de
besoins de formation :
• Les besoins normatifs. Ils sont généralement définis
par des expert-e-s, des associations professionnelles
ou encore des chercheurs ou chercheuses reconnu-e-s.
Les besoins normatifs dépendent du développement de
la science, de la culture et de la technologie et reposent
sur la nécessité de mettre à jour des compétences. Ils
découlent d’un écart entre les pratiques actuelles et
les nouvelles normes ;
• Les besoins institutionnels. Ils dépendent de la volonté
de développement de l’institution de formation, de sa
stratégie, de ses objectifs prioritaires et des compé-
tences qu’elle définit comme essentielles à développer
auprès des étudiant-e-s pour remplir sa mission ;
• Les besoins comparatifs. Ils résultent d’un benchmar-
king régional, national ou international, d’une compa-
raison entre différents établissements de formation
ou groupes d’étudiant-e-s avec comme conclusion un
écart de compétences ;
• Les besoins ressentis. Ces derniers constituent l’écart
entre les compétences qu’un individu se reconnaît et
celles qu’il souhaite acquérir. Ce type de besoin concerne
donc principalement le corps estudiantin et le corps
professionnel qui, suite à un exercice d’autocritique,
déterminent eux-mêmes leurs besoins. Ils sont issus
du cadre de référence de l’individu, influencés par sa
connaissance, ses perceptions de l’environnement dans
lequel il évolue. La limite de ce niveau d’analyse est le
fait que les professionnel-le-s ou les étudiant-e-s ne
peuvent ressentir un besoin pour quelque chose dont
ils ignorent l’existence ou la nécessité.
Selon Potter et al. (2003), l’analyse du besoin de formation
doit précéder l’organisation d’activités de formation parce
qu’elle en garantit le succès.
Guide théorique
10
Analyse de besoins
Dans un cadre académique ou institutionnel, l’analyse
de besoins doit être comprise dans un sens plus large et
permettre ainsi d’assurer une synergie entre les besoins
des utilisatrices et utilisateurs et bénéficiaires, l’impératif
d’améliorer la qualité, la nécessité de soutenir le développe-
ment stratégique d’une institution et l’intérêt de répondre
aux demandes du marché (voir Figure 3).
Par exemple, lorsqu’il s’agit d’un projet de filière
d’études/orientation, l’analyse de l’environnement doit
permettre de recueillir le plus d’informations possible sur la
nature des compétences optimales requises pour corres-
pondre aux besoins du marché du travail, le niveau actuel
des compétences des étudiantes et étudiants concernés,
l’opinion de ces derniers sur leurs besoins de formation,
les causes possibles de l’écart entre la situation actuelle
et celle qui est désirée ainsi que les différentes pistes de
solution. Et cela, selon plusieurs perspectives (Rossett,
1987 cité in Labesse, 2008).
Autrement dit, l’analyse environnementale doit être
vue comme un moyen de recueillir des informations perti-
nentes au regard des différents contextes afin d’appuyer
un projet d’activité. Si le degré d’analyse des divers aspects
peut varier, les questions fondamentales restent toujours
les mêmes. Il s’agit de chercher à comprendre le bien-
fondé du projet, soit les raisons qui justifient sa mise en
place et de savoir s’il n’y a pas mieux que ce projet.
Le guide de référence pour la création de nouveaux
programmes de l’Université de Québec à Montréal (UQAM,
2014) souligne que l’analyse de besoins prise au sens
large dans l’enseignement supérieur doit viser à établir
la pertinence du projet, c’est-à-dire à démontrer l’adé-
quation aux besoins scientifiques, socio-économiques,
systémiques et institutionnels qu’il entend combler.
La situation à changer est-elle pertinente ?
Quel est le public cible de ce projet (utilisatrices
et utilisateurs, bénéficiaires) ?
Cible-t-on les bons publics pour répondre aux objectifs
que se fixe ce projet ?
Des besoins non satisfaits justifient-ils ce projet ?
Quels besoins ce projet vise-t-il à satisfaire ?
Fig.3
11
1.4 Quatre niveaux d’analyse de la pertinence
Différents niveaux d’analyse sont à prendre en compte
dans la réflexion sur la pertinence qui conduit à l’élaboration
d’une analyse environnementale (voir Figure 4).
Pertinence scientifique
Le projet d’activité doit répondre à un intérêt du point de
vue scientifique. Le projet s’inscrit dans un domaine en
émergence ou mutation pour lequel il n’existe peu ou pas
d’activité similaire. Le caractère innovant et unique du
projet pourra alors être clairement établi.
Pertinence socioéconomique
Démontrer la pertinence socioéconomique d’un projet quel
qu’il soit est un élément clé dans le domaine des hautes
écoles, en particulier spécialisées et orientées vers la
pratique, car ce niveau d’analyse est intimement lié à la
société et à l’économie en général L’objectif est d’expliciter
les besoins des utilisatrices et utilisateurs potentiels ou
bénéficiaires et de prouver que le projet peut rapidement
les attirer et les retenir.
En d’autres termes, l’analyse doit mettre en exergue
la valeur ajoutée du projet en regard de l’existant et doit
démontrer la congruence entre la finalité et les objectifs
du projet et les besoins objectifs de la société et/ou des
milieux économiques (marché du travail, besoins sociétaux,
marché de l’innovation, etc.).
Ces réflexions doivent tenir compte des échéances à
court, moyen et long terme, sachant qu’en formation il y a
toujours une certaine latence entre l’idée de formation et
le moment où les premiers diplômés arrivent sur le marché
du travail.
Une prise en compte de toutes les personnes concernées
par le projet est nécessaire que ce soit à l’extérieur de l’ins-
titution (entreprises, industries, politiques) et à l’intérieur
de celle-ci (corps estudiantin, corps enseignant, personnel,
chercheuses et chercheurs, services, directions).
Pertinence systémique
Les réflexions liées à un projet doivent pouvoir s’inscrire
dans une analyse globale qui fait part de l’existant et des
liens entre ce projet et son environnement proche ou éloigné.
Cette analyse permet notamment de mettre en lumière ce
qui se fait déjà ailleurs (comme les programmes similaires
offerts par d’autres hautes écoles de la HES-SO, HES, HEU,
HEP et instituts), que ce soit sur le plan régional, national
ou international. Une analyse environnementale doit pou-
voir démontrer que le projet se distingue de l’existant par
ses axes stratégiques, ses objectifs, ses approches ou sa
population cible.
La prise en compte du principe des vases communicants
est un élément important de l’analyse environnementale.
En effet, la réalisation d’un projet, même de petite enver-
gure, ne peut se faire sans répercussion sur le système
global dans lequel elle s’inscrit. Il convient par conséquent
d’analyser l’impact, positif ou négatif, que peut avoir le
projet sur son environnement.
Enfin, il est important de démontrer que le projet s’ins-
crit dans la continuité ou le prolongement par rapport à
d’autres projets ou activités.
En résumé, le défi de l’analyse systémique est de mettre
en lumière qu’un projet se positionne à la fois dans une
continuité du système auquel il appartient, tout en se
distinguant de ce qui se fait
Pertinence
Scientifique
Symétrie
Socio- economique
Institutionnelle
Fig.4
Guide théorique
12
Guide théorique
Pertinence institutionnelle
La réflexion ne saurait se faire sans prendre en compte
l’articulation entre le projet en question et l’univers plus
large que le système dans lequel elle s’inscrit, à savoir, la
haute école, le domaine concerné et la HES-SO. Les liens
avec le plan de développement de la haute école, la stratégie
académique du domaine et, plus globalement, le plan d’in-
tentions de la HES-SO devraient être interrogés. L’analyse
de la pertinence institutionnelle permet de démontrer de
quelle manière le projet contribue au développement de
l’institution à laquelle il appartient.
La pertinence institutionnelle se conçoit également à
travers l’étude des collaborations et synergies possibles
et envisagées, ainsi que le caractère interdisciplinaire du
projet, si la question se pose.
L’analyse du point de vue institutionnel prend aussi
en compte les aspects liés aux ressources humaines et
matérielles. Un projet s’élabore parallèlement à une étude
détaillée des ressources à disposition ou à acquérir. Une
analyse des coûts directs et indirects du projet permet de
mieux anticiper la pérennité de cette dernière.
Dans une perspective de qualité, la question se pose
d’avoir suffisamment de personnel compétent à disposition
(masse critique suffisante) et possédant les qualifications
requises pour mener à bien les activités prévues par le
projet. Enfin, il faut veiller à pouvoir mettre à disposition des
locaux adéquats et toutes les infrastructures nécessaires.
S’engager dans l’analyse de la pertinence selon les
4 niveaux décrits ci-dessus implique de se doter d’une
démarche simple et cohérente. Le chapitre suivant pro-
pose une démarche générale pour toute personne qui
souhaiterait être guidée.
13
2 Démarche générale proposée
Afin de constituer une banque d’informations utiles, valides,
fiables et cohérentes, une démarche générale par paliers
est proposée ici (voir Figure 5). Il est entendu qu’un travail
d’analyse et d’interprétation des informations collectées
est attendu à la suite de cette démarche. Cependant, ce
guide ne s’y penche pas.
2.1 Premier palier : se poser les bonnes questions
Il n’est pas toujours facile de savoir par où débuter une
analyse. Identifier une problématique, c’est se poser les
bonnes questions de recherche. Ce point de départ est crucial
car il oriente ensuite le choix des informations à trouver et
les méthodes qu’il est possible d’utiliser pour les collecter.
« Bonne » question
Par « bonne » question, il faut tout d’abord comprendre
une question adaptée à la situation particulière du
projet (contexte, haute école, domaine, intentions, etc.).
La haute école, le domaine, les dicastères Enseigne-
ments et Qualité de la HES-SO sont autant de ressources
qui peuvent aider à choisir les questions adaptées à la
situation. Les coordonnées des ressources particulières
des dicastères Enseignement et Qualité sont listées au
chapitre 5 du présent guide.
Une « bonne » question, c’est aussi: (Giroux & Tremblay,
2005, p. 34)
• Une question exempte de toute présupposition ;
• Une question circonscrite de façon à ce que la collecte
d’information permette d’y répondre ;
• Une question qui ne doit pas porter sur des situations
hypothétiques.
Se poser les bonnes questions
Savoir où chercher les réponses
Choisir les méthodes et techniques
de collectes de données
Vers
l’op
érat
ionn
alis
atio
n
Fig.5
Guide théorique
14
2.2 Deuxième palier : savoir où chercher les réponses
Une fois que les questions ont été identifiées, il faut savoir
où chercher les réponses. Il faut donc établir une stratégie
de recherche. De nombreux ouvrages portant sur la stratégie
de recherche scientifique ou de recherche-action peuvent
être utiles (par ex. Giroux & Tremblay, 2005).
Retenons ici deux clés d’orientation pour établir sa stra-
tégie de recherche, les critères et les indicateurs :
Critères
Connaître et comprendre les critères sur lesquels vont se
baser les décisions, si tant est qu’ils aient été définis, donne
des pistes sur où trouver les réponses.
Indicateurs
Déterminer les indicateurs c’est aussi savoir où chercher
les réponses. La notion d’indicateur est à comprendre ici
comme une dimension tangible. C’est-à-dire une information
concrète, qualitative ou quantitative, qui est représentative
d’un phénomène. Un élément observable qui confirme un
phénomène et permet en plus d’en mesurer le niveau. (Figari
et Remaud, 2014, p. 90-94)
Un « bon » indicateur est un marqueur performant, utile
et pertinent. Les critères pour choisir un « bon » indicateur
varient en fonction des contextes. Cependant, il est possible
d’en reconnaître un certain nombre: (MacDonald, 2011)
• La pertinence de l’indicateur par rapport aux ques-
tionnements ;
• La qualité des données qui construisent l’indicateur ;
• La clarté de la signification de cet indicateur ;
• La formulation impartiale de l’indicateur ;
• La disponibilité des données sur cet indicateur
• L’adéquation et la pertinence culturelle
de l’indicateur ;
• L’applicabilité de l’indicateur dans différents
contextes ;
• La charge de la collecte de données
pour cet indicateur ;
• La prise en compte des possibilités d’obtenir des
résultats inattendus ou imprévus avec cet indicateur ;
• Les pratiques acceptées pour l’utilisation
de cet indicateur.
2.3 Troisième palier : choisir les méthodes
L’opérationnalisation de la démarche prend tout son sens
dans cette phase d’instrumentation. Si les travaux des paliers
précédents de la démarche ont été menés avec soin, alors les
méthodes de collectes paraissent souvent en toute logique.
Les méthodes de collectes de données sont en général
assez largement connues. Elles comprennent toutes les
méthodes scientifiques de la recherche-action en sciences
humaines. Pour n’en citer que quelques-unes, on retrouve
l’observation, l’expérimentation, l’entrevue, le Focus Group,
l’enquête par questionnaire, le sondage, l’analyse de traces
(comme l’analyse de document, analyse de discours,),
l’appel à des experts, etc.
Techniques
Pour chaque méthode, plusieurs techniques existent (obser-
vation participante ou non, dissimulée ou non ; entrevue
directive ou semi-directive ; analyse de contenu diachronique
ou comparative ; ateliers, questionnaires en ligne, etc.).
Le choix de la technique d’échantillonnage est impor-
tant. Pour être efficace, le porteur ou la porteuse de projet
devrait toujours se demander :
15
• Quelle est la population cible (corps estudiantin,
corps enseignant, etc.) ?
• Que lui demander ?
• Combien de participants sélectionner ?
• Quand sélectionner ?
• Où sélectionner ?
• Quel engagement éthique considérer (confidentia-
lité, valeurs particulières, etc.) ?
Outils
En fonction de la méthode et des techniques choisies,
il s’agit ensuite de construire l’outil de collecte. Les res-
sources à mobiliser pour la construction par exemple d’un
questionnaire en ligne en vue d’une enquête ne sont pas
négligeables. Les choix des questions, la compréhension
des critères, ou encore les réflexions sur les méthodes qu’il
convient d’employer et sur la création des outils de collectes
(par exemple : administration d’un questionnaire, types de
questions, formulation de questions et de réponses, orga-
nisation et la structure de l’ensemble, prétests, éventuel
manuel de codage, etc.) peuvent nécessiter beaucoup de
temps et d’énergie.
Les porteuses et porteurs de projets devraient en être
conscients.
La HES-SO propose des formations afin de familiariser
les porteuses et porteurs de projets aux questions métho-
dologiques. Le dicastère Enseignement et le dicastère Qua-
lité de la HES-SO offrent également d’autres ressources de
soutien (voir chapitre 5).
Dans le chapitre suivant, une liste non exhaustive de
questions générales est proposée pour chaque niveau
d’analyse de la pertinence (première colonne du tableau).
Les porteuses ou porteurs de projets sont libres d’orienter
leurs questionnements différemment en tenant compte
de leurs contextes particuliers.
Guide théorique
16
Pertinence scientifique
Quels sont les orientations du domaine d’études,
les champs de recherche ou les champs de création
novateurs directement liés au projet ?
De quelle manière le projet répond-il aux développe-
ments académiques, scientifiques, institutionnels
du champ dans lequel il s’inscrit ?
Quelles sont les relations entre le projet et la
recherche et l’innovation ?
Quelles compétences transférables dans les champs
de recherche et de création sont visées par ce projet ?
Pertinence systémique
Quels sont les projets similaires déjà existants ?
A quelles activités similaires les utilisatrices et utilisa-
teurs ou bénéficiaires ont-ils actuellement accès ?
En quoi le projet se distingue-t-il
de ce qui est déjà proposé ?
Comment les activités projetées s’inscrivent-elles
dans l’offre d’activités offertes ?
Quel sera l’impact, positif ou négatif,
du projet sur l’ensemble du système ?
Pertinence institutionnelle
De quelle manière le projet s’insère-t-il dans le plan
d’action (plan de développement, stratégie acadé-
mique ou plan d’intention) de l’institution?
Comment le projet contribue-t-il au rayonnement
des activités de l’institution ?
Quelles sont les collaborations futures envisagées
que ce soit avec des HES, des instituts, des universités
ou autre ?
Quelles sont les procédures mises en place pour
s’assurer que les personnes chargées des activités du
projet auront les compétences adéquates ?
Dans quelle mesure les locaux et le matériel technique
mis à disposition sont-ils suffisants et adéquats pour
répondre aux besoins des activités projetées ?
3 Pistes de questionnements
17
Pertinence socio-économique
Quelles sont les exigences et besoins des milieux
économiques et sociaux ?
De quelle manière pouvez-vous montrer que le champ
d’activité du projet est une priorité pour l’économie et
la société en général ?
De quelle manière le projet pourrait-il offrir une
plus-value à l’économie et à la société en général ?
Quel est le marché concerné par le projet ?
Quelles sont les exigences (politiques, académiques,
budgétaires, cantonales, fédérales, européennes, inter-
nationales, etc.) qui ont une influence sur le projet ?
Quelles sont les perspectives en matière de politique
qui pourraient avoir un impact sur le projet ?
Quel est le positionnement du projet au sein du pay-
sage suisse de l’enseignement supérieur ?
Quel est le positionnement du projet au sein du pay-
sage suisse de l’enseignement supérieur ?
En quoi le projet répond-il aux préoccupations des
politiques de formation ?
Comment se positionne le projet dans un contexte
européen et international ?
Quels éléments vous permettent de déclarer qu’il
existe des lacunes observées actuellement dans le
champ où sont projetées les activités ?
Quel est le marché (emploi, recherche, innovation,
etc.) concerné par le projet ?
Comment pouvez-vous vous assurer que le marché
sera suffisamment important pour rendre le projet
pérenne?
Quelles sont les caractéristiques socioéconomiques
des utilisatrices et utilisateurs ou bénéficiaires du
projet ?
Quels facteurs socio-économiques ont une influence
sur le projet ?
Quelles sources complémentaires de financement
pourraient être sollicitées pour ce projet ?
Quel est l’ancrage du projet dans son environnement
socio-économique ?
De quelle manière le projet s’inscrit-il dans une logique
d’égalité des chances ?
Guide théorique
18
Il importe de garder à l’esprit que la réalisation d’une ana-
lyse environnementale peut comporter certains risques,
notamment :
Un « bon » indicateur est un marqueur performant, utile
et pertinent. Les critères pour choisir un « bon » indicateur
varient en fonction des contextes. Cependant, il est possible
d’en reconnaître un certain nombre : (MacDonald, 2011)
• La prise en compte du contexte global est primordiale
et va de pair avec la consultation de tous les acteurs
et parties prenantes pour éviter qu’une analyse soit
« déconnectée » de la réalité.
• Une analyse environnementale comporte un recueil
d’informations sur les plans socioéconomique, institu-
tionnel, scientifique et systémique. L’analyse de ces
différents contextes et leur mise en relation permet
d’obtenir une vision complète de l’environnement dans
lequel s’inscrit un projet qu’il soit de nature académique
ou institutionnel. L’analyse doit engager des ressources
proportionnelles par rapport à l’objectif visé. Elle doit
s’adapter aux moyens à disposition et doit faire preuve
de cohérence quant aux ressources mises en œuvre.
• L’analyse environnementale peut également déboucher
sur un constat que le projet ne répond pas à un besoin
existant, n’est pas en lien, en l’état, avec les dévelop-
pements institutionnels actuels ou ne rencontrerait
pas ses utilisatrices et utilisateurs ou bénéficiaires
potentiels. Il convient de garder la distance nécessaire
en cas d’éventuelle conclusion négative.
Il est recommandé aux porteuses et porteurs de projets de
toujours bien documenter leurs démarches, d’une part, afin
de faciliter les contrôles de validité éventuels, et d’autre part,
de garantir aux futurs responsables des activités de pouvoir
mettre à jour certaines informations sur la pertinence et
les besoins, lorsque sera venu le temps d’entreprendre une
auto-évaluation. Une analyse environnementale qui a été
menée de manière rigoureuse sert en effet non seulement
au moment de la conception du projet mais est précieuse
tout au long de la vie du projet et de ses activités selon la
démarche qualité d’amélioration en continu adoptée par
la HES-SO.
Par ailleurs, il est utile de noter qu’une analyse environne-
mentale - même parfaitement réalisée, prenant en compte
toutes les personnes et les milieux concernés, étudiant de
manière poussée les niveaux macro et micro - ne saurait
mettre les porteuses ou porteurs de projets à l’abri d’un échec
au moment de la mise en œuvre à proprement parler. En
effet, la mise sur pieds du projet peut répondre à un besoin
avéré, mais dans la réalité, les décideurs, utilisatrices et
utilisateurs ou bénéficiaires ne suivent pas. Un décalage
peut exister entre le dire qui est de l’ordre de l’intentionnel
et le faire qui concrétise dans la réalité une intention.
4 Recommandations
En résumé, si mener une analyse environne-mentale est devenu une exigence du cycle stratégique de la HES-SO, il faut bien comprendre que c’est pour augmenter les chances de succès du projet qu’elle doit être entreprise.
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Intranet
-> Enseignement -> Bachelor -> Ouverture bachelor
-> Enseignement -> Master -> Ouverture master
-> Qualité et accréditation -> Conseil à l’évaluation
Dicastère Enseignement
Adjoint au dicastère Enseignement : [email protected]
Unité de soutien à l’évaluation des filières : [email protected]
Figari, G. et D. Remaud. (2014)
Méthodologie d’évaluation en éducation et formation,
ou l’enquête évaluative. Bruxelles : De Boeck, pp. 90 - 94
Giroux, S. et G. Tremblay. (2005)
Méthodologie des sciences humaines. La recherche en action. 3e édition. Saint-Laurent : ERPI
HES-SO, (2014a)
Stratégie générale 2015-2020, version 6 du 21 octobre 2014
HES-SO, (2015a)
Plan d’intentions de la HES-SO 2015-2020,
version finale adoptée par le Rectorat (v4.2) du 26 mai 2015
HES-SO, (2015b)
Cadre de référence en évaluation, version en projet, à paraître
HES-SO, (2015c)
Analyse environnementale — Boussole pour les porteuses et porteurs
d’un projet d’une filière d’études/orientation HES-SO, version 1 du 1er septembre 2015
HES-SO, (2015d)
Processus relatif au dépôt d’une demande d’ouverture d’une filière d’études/orientation
(Bachelor / Master y compris les orientations et MAS/EMBA) au Rectorat HES-SO,
version du 25.09.2014. Disponible sur Intranet : -> Enseignement -> Bachelor ou Master
HES-SO, (2015e)
Dispositions pour l’ouverture de nouvelles filières d’études/orientations HES-SO,
version du 26.05.2015. Disponible sur Intranet : -> Enseignement -> Bachelor ou Master
Johnson, G, Whittington, R, Scholes, K, Angwin, D, Regnér, P. & Fréry, P. (2014)
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La conduite d’une étude de besoins en éducation et en formation,
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Guide de référence, création d’un programme d’études.
Québec : Université du Québec à Montréal, 2 - 41.
5 Ressources à disposition
Références
Dicastère Qualité
Appui au Développement académique et professionnel : [email protected]
Chef du Service Accréditation, pilotage et évaluation : [email protected]
Unité d’Aide au pilotage : [email protected]
Conseil à l’évaluation : [email protected]