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ÉDITORIALn° 120 - juin 2009

Directeur de la publication : Patrick EdelRédactrice en chef : Cléo Poussier-CottelAvec la participation de :P. Alamichel, A. Bazaille, M.-L. Bohan, L. Bonnardot,L. et P. Chastin, A. Clouet, A. Cometti, J.-Ch. Crespel, O. et C. Cusin, L. Derussé, S. Desnottes, J. Desserre, D. du Lac, Ch. Edel, N. Fasquerelle, A. George, A.-M. Gibert, Th. Goisque, L. Gourmel, S. Koch-Mathian, A. Landrieux, P. Lavergne, G. Lecarpentier, J.-Ch. L’Espagnol, V. Lequien, C. Lis, D. Locoq, L. Marrec, F. Marquet, D. Massoud, G. Maurin, G. Melin, L. Meunier, P. Montaland, P. Moreno, A. Nogues, Ch. Ollivier, M. Papin, J. Para, C. PingusLozano, Y. Poli, J. Ponsignon, R. Rainis, Ch. Sanchez,Q. Siméao, O. Syll, F. Tabuada, Ch. Tattu, S. Tesson,J. Veyret et C. Vilnet.

Administration, rédaction, abonnements, publicité :Guilde européenne du raid 11 rue de Vaugirard - 75006 ParisTél. : 01 43 26 97 52Fax : 01 46 34 75 45 www.la-guilde.org

Abonnement : 6 numéros / 19 euros

Seuls les articles signés ès-qualité par lesmembres de la Guilde engagent l'association.Tous droits de reproduction réservés.N° CPPAP : 0212 G 83995N° ISSN : 1298-7182Périodicité : trimestrielle

Mise en pages : www.pacopao.infoImprimerie : JOUVE11 bd. Sébastopol, B.P. 273475027 Paris Cedex 01

@ newsRecevez chaque mois

la Newsletter de la Guilde !Inscrivez-vous dès aujourd'hui sur :

www.la-guilde.org

Égrener le sommaire de ce numéro de printemps, c’est participer au meilleur de l’esprit français, tourné vers le monde et s’enrichissant du monde.

Ainsi du volontariat où la Guilde avait de longue date décliné les trois compo-santes d’une conception élargie de celui-ci :volontariat d’initiation et d’échange telle lamission Potosi (p. 10) et les nombreusesmissions de la Guilde cet été ; volontariatd’échange de compétences des artisans du Cosame au Bénin (p. 12)

et en Tunisie (p. 13) et volontariat de solidarité internationale avec les volontaires enseignant le français en Afghanistan (p. 16).Soutenir les micro-projets telle l’association Calao au Mali (p. 6), c’est répondre au vœu d’Annick Lacroix (p . 35) d’une coopération deproximité à taille humaine à l’image de Yves Marre (p. 4) remontantles fleuves du Bangladesh avec une péniche hôpital venue deFrance… que je voyais mal traverser les mers !

Ces aventures prolongent celles de la découverte qui nous font aussirevivre des pages d’histoire tels Cyprien et Damien partis pour leurpremière aventure en ULM sur les traces de l’Aéropostale à traversl’Amérique du Sud (p. 24), ou la recherche de L’Oiseau blanc deNungesser et Coli par Bernard Decré (p. 34) ou encore la pose d’uneplaque au sommet de la Garet-el-Djenoun par Sylvain Tesson etDaniel du Lac commémorant l’ascension de 1935 par Roger Frison-Roche qui présida nos jurys de festivals à plusieurs reprises (p. 17).Que l’aventure tout en étant ailleurs ne soit pas à l’écart des réalités,des éducateurs, anciens de la Guilde, l’affirment sur le chemin desEmerillons en Guyane (p. 18) comme Bruno Pomart le démontre dansles cités (p. 36). C’est aussi une récente campagne scientifique et écologique (p. 32) aux îles Eparses qui contribuent à donner à laFrance un espace maritime considérable.Enfin, si l’esprit d’aventure témoigne toujours d’une certaine insolence face aux pesanteurs et aux fatalités, le combat des deux frères Landrieux (p. 20 et 21) n’en est-il pas la plus admirableillustration ?

Patrick EDEL

SOMMAIRE

2 VISAGES DE LA SOLIDARITÉ

2 Le volontariat de solidaritéinternationale• Une histoire d’hommes et de nature• Zoom Projet Nature• Friendship International

6 L’Agence de Micro-Projets• Des clos d’enfants dans le Mandé

au Mali• La création de clos d’enfants• CERCOOP Franche-Comté• Forum EDUCASPORT 2009• Dotations des solidarités Nord/Sud

10 Solidarités Étudiantes• Mission Potosi• Les programmes VVVSI et JSI• Main dans la main

12 Cosame• Une « tenue française »• Figurines en sucre soufflé

14 Le développement• Ecuasol intègre la Guilde • Ceci n’est pas l’Afghanistan...

17 VISAGES DE L’AVENTURE

17 Objectifs aventure• À la verticale du désert• Le chemin des Emerillons• La myopathie donne des ailes• « En Antarctique, l’homme n’est pas

le bienvenu. »

24 Les bourses de l’aventure 2008• Sur les traces de l’Aéropostale• Voyage à travers la solitude• Duo des cimes

28 Les bourses de l’aventure 2009• 3ème édition des Bourses SPB

de l’aventure• 6ème édition des Bourses de l’aventure

Direct Medica• Parmi les autres projets

32 ACTUALITÉS DE L’AVENTURE• Les îles Éparses• La recherche de L’oiseau Blanc

35 ÉCRITS D’AVENTURE• Une vie à coucher dehors• Douze femmes qui soulèvent le monde• Guide des déserts, une vie au Sahara• Flic d’élite dans les cités• À la conquête du ciel et des abysses,

Auguste, Jacques, Bertrand Piccard

En couverture : Astrid et Alex Bazaille en Uttaranchal (Inde) lors de leur odyssée transhimalayenne (lire article pages 26 et 27). Photo © Duo des Cimes

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L’association Ambassades Animales aété initiée en 2001 par le Bioparc Zoode Doué la Fontaine afin de soutenir,à ses côtés, des projets de conser-vation d'espèces animales menacéesdans les pays d’origine des animaux.

Aujourd’hui, vingt sept projets nature sont soutenus dans le monde par le Bioparc.Ambassades Animales s’est associée àcertains d’entre eux : la protection du dernier troupeau de girafes au Niger, laconservation de la forêt tropicale de l’Estde Madagascar ou encore la préservationde l’écosystème de forêt sèche au Pérou. Pour ces projets, notre travail consiste àcollecter des fonds, assurer le suivi et latransparence des actions. En partenariatavec le Bioparc, nous nous déplaçonsrégulièrement sur le terrain pour des missions précises et développons de nouveaux contacts. Ces voyages nousenrichissent d’expériences humaines et deconnaissances scientifiques.L’association a développé de vraies lignesdirectrices dans le choix des actions sou-tenues. D’abord, ces actions concernentdes espèces animales et des espaces

clés pour lesquels la situation est critiqueet pour lesquels des organismes interna-tionaux de protection de la nature ontconseillé des actions. Elles s’inscriventdans un réel contexte de développementdurable où la solidarité sociale, les besoinséconomiques et les enjeux écologiquessont pris en compte pour obtenir une harmonie entre l’homme et la nature etfaire que les actions s’inscrivent sur dulong terme. Enfin, nous avons choisi de travailler avecdes réseaux d’acteurs locaux qui sont les plus à même de comprendre les pro-blématiques et de prendre les décisionsadéquates. Nous les aidons et les accom-pagnons dans leur démarche. L’animal finalement n’est que le fil conducteur de nos actions… Les hommessont indissociables de la nature. Il est vitalde leur donner la responsabilité de l'initia-tive de la conservation et de les aider àrécolter les bénéfices.

Par exemple, au Niger, nous attribuonsavec l’Association pour la Sauvegarde des Girafes du Niger des micro-crédits àdes groupements de villageois pour leurpermettre de développer des actionsgénératrices de revenus. Au Pérou, nousprotégeons en collaboration avec les auto-rités et populations locales un site côtierpour la richesse de ses oiseaux. S’ajoutentdes études scientifiques, des actions desensibilisation, des missions santé…Sauvegarder la nature, c'est aider leshumains qui l'habitent et la façonnent àretrouver un équilibre socioculturel, ainsique la capacité à protéger leur environ-nement. La double approche homme-animal est à la fois le gage de la pérennitédes actions de sauvegarde et la conditionde leur succès.

par Peggy LAVERGNEAmbassades Animales.

VISAGES DE LA SOLIDARITÉ

2 AVENTURE n°120

Le Volontariat de Solidarité Internationale

Grâce au travail de l’Association Ambassades Animales

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Une histoire d’hommes et de nature

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L’équipe d’Antongil Conservation : Elisé, Alexis, Gaga et Augustin.

Micro-barrage installé par Antongil Conservation. Plage principale de la forêt classée de Farankaraina.

Abri tente construit en forêt de Farankaraina pour développer l’écotourisme.

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AVENTURE n°120 3

Le Volontariat de Solidarité Internationale

Reconnue pour la richesse de sa biodiver-sité, Madagascar est aussi un des pays les plus pauvres au monde, confronté àdes instabilités politiques et une situationsocio-économique difficile. L’avenir desécosystèmes naturels de l’île en est mis à mal, et chaque jour plusieurs centainesd’hectares de forêt partent en fumée audétriment de sa biodiversité et deshommes. Au Nord-Est de Madagascar, près de laville de Maroantsetra, s’étend la dernièregrande forêt tropicale humide de l’île.Nous y avons rencontré il y a dix ans lapetite équipe de l’ONG malgache AntongilConservation, à qui nous avons décidéd’apporter notre soutien.

Antongil Conservation est née d’unevolonté locale pour protéger le patrimoinenaturel de sa région. Elle s’est d’abordattachée à sensibiliser les villageois. Et,comprenant que leur survie à long termedépend des ressources naturelles, Antongila développé des alternatives porteuses dedéveloppement et d’amélioration desconditions de vie. Parmi elles : meilleuregestion de l’eau et réduction de la culturesur brûlis par installation de micro-barrages et de canaux d’irrigation, banquealimentaire, valorisation de l’artisanat… En 2006, le gouvernement malgache aconfié à l’ONG la conservation de mille six cent hectares de forêt. C’est pour l’aider à remplir ces objectifs, que l’ONG a souhaité la présence à leurs côtés d’unepersonne qualifiée, de profil scientifique.Déjà connue de l’ONG, Lucie Derussé était la personne idéale…

Depuis mars 2007, Lucie est responsablescientifique du projet. Elle s’est attachée à mettre en œuvre la protection et la valo-

risation de Farankaraina, et bien au-delà,elle a aidé l’ONG à se structurer et à travailler de manière beaucoup plus effi-cace. La protection, elle s’est faite en collaboration avec les autorités locales,par délimitation de la zone et la créationde patrouilles de surveillance. La valori-sation relève quant à elle de plusieursdomaines : transferts de gestion de parcelles forestières pour permettre auxvillages riverains de continuer à utiliserdurablement le bois, études faunistiqueset floristiques pour évaluer l’état de la biodiversité et mettre en œuvre desactions de conservation, développementd’une activité écotouristique ! Pour Lucie, c’est aujourd’hui l’heure dubilan… Déjà deux ans de mission effectuésen tant que VSI à Madagascar. À l’aube dece départ, nous en profitons tous pour laremercier très chaleureusement !

par Peggy LAVERGNEChargée de conservation & de médiation scientifique

[email protected]

Ambassades AnimalesBioparc Zoo de Doué la Fontaine

www.zoodoue.fr

Conservation durable de l’une des dernières forêts primaires de l’Est de Madagascar

Zoom Projet Nature

Un précieux atout pour le développement de nos actions

Cherchant des solutions pour envoyer en mission Lucie, nous avons alors découvert la Guilde et

le statut de Volontaire de Solidarité Internationale. Dès le premier contact, les choses semblaient

plus simples à organiser et nos questions sur les conditions de travail et la couverture sociale

trouvaient des réponses.

Depuis, la Guilde nous a permis d’envoyer deux VSI : en plus de Lucie Derussé, Clément Laronde

est en poste au Pérou pour deux ans, en charge de la mise en protection d’une zone côtière,

emblématique pour la présence d’oiseaux rares.

LA GUILDE EUROPÉENNE DU RAID

Trois questions à

Lucie DERUSSÉVolontaire de Solidarité Internationale

à Madagascar

Ambassades Animales : Tu t’apprêtes à

quitter ta seconde maison, qu’est-ce qui te

manquera le plus ?

Lucie Derussé : C’est mon voisin malgache qui

m’a fait comprendre, lors de ma fête de départ,

ce qui manquera le plus.

Il m’a dit que parmi les vertus de la vie

malgache, j’avais particulièrement celle de

siahara monina, qui signifie vivre ensemble !

La fraternité et l’entraide sont très présentes

à Madagascar, c’est bien cette vie-là, collective

et solidaire, qui me manquera le plus.

A. A. : La Guilde nous a permis de t’envoyer

en mission à Madagascar. Que t’a apporté

le statut de VSI ?

L. D. : Ce statut m’a vraiment apporté la

proximité avec les gens. Il m’a permis aussi de

m’intégrer plus facilement, de connaître les

réalités de terrain et de mieux comprendre la vie

locale. En tant que volontaire, tu acceptes de

te détacher de tout un confort et de te mettre

au service des gens.

A. A. : Ton travail de coordination scienti-

fique et d’organisation générale est repris

par Thorel Alexis, un Malgache de

Maroantsetra. Qu’est-ce que cela signifie

pour toi ?

L. D. : J’ai le sentiment d’avoir atteint mes

objectifs ! Ce projet est d’initiative malgache créé

pour des Malgaches. Je suis ravie de les avoir

aidés à porter le projet plus haut et le fait

qu’il devienne 100 % local montre bien qu’il

fonctionne. J’ai confiance en leur avenir et Thorel

saura aller beaucoup plus loin !

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Lucie Derussé

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Les ONG françaises présentes auBangladesh sont rares. Pourtant lesbesoins de ce pays, dont la densité depopulation est la plus forte du monde,et souvent touchée par les inonda-tions, sont importants. Yves Marre etson épouse bangladaise y ont créél’ONG Friendship International.

Né à Toulouse en 1951, Yves Marre agrandi près du terrain d’aviation deMontaudron célèbre pour avoir vu passerSaint-Exupéry. Jeune, ses rêves sont alorsde voler et voyager.Les 23 ans qu’il passera comme steward àAir France lui permettront de réaliser enpartie ce projet, mais Yves est un « aven-turier humaniste » dont les ambitions nepeuvent s’arrêter là.Passionné et toujours prêt à repousser leslimites, il enchaîne alors prouesses etpéripéties. Pour ne citer que quelquesexemples :

- En 1985, il traverse l’Atlantique en solitaire sur un ketch de 11 mètres.- Trois ans après il recommence l’exploitavec une péniche en réalisant un Paris-Miami en 38 jours seulement ;- En 1988, il est le premier à traverser laManche en « Propulsar » (parachutemotorisé).- En 1991, son engagement pour AviationSans Frontière l’amène à piloter un hydra-vion en Amazonie.- En 1992, il participe à l’essai d’un ballondirigeable à pédales, avec Nicolas Hulot etGérard Feldzer (actuel directeur du Muséede l’air et de l’espace)…La liste est longue ! Et quel plaisir d’écouterYves conter les histoires qui constituent savie d’aventurier, sachant que la plus bellereste, sans aucun doute, celle qu’il a etqu’il continue à mener chaque jour auBangladesh, avec sa femme Runa. Tout commence en 1993, quand Yvesrachète pour un prix symbolique, une

péniche vouée au déchirage, avec le projet de la transformer en hôpital flottantau Bangladesh.C’est donc avec le soutien de MichelRocard qu’il quitte la France en péniche,pour rejoindre Dacca (capitale duBangladesh). Durant plus de trois mois,

L’initiative d’Yves Marre, un « aventurier humaniste »

Friendship InternationalVISAGES DE LA SOLIDARITÉ

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Yves convoie cette embarcation censéenaviguer uniquement en fluvial en traver-sant la Méditerranée, le canal de Suez, lamer Rouge, le golfe d'Aden, l'océanIndien, le Sri Lanka et le golfe du Bengalepour finalement atteindre sa destination,en même temps qu’un cyclone. Une fois sur place, la péniche est transfor-mée et devient le « Lifebuoy - Friendshiphospital » qui aujourd’hui accueille enmoyenne 150 personnes par jour.C’est en 1998 que le couple franco-banglafonde l’association « Friendship », dontl’objectif est de venir en aide aux popula-tions les plus défavorisées.Au fil des années et de leurs actions, Yves et Runa composent avec la réalité du Bangladesh où le contexte climatiqueet géographique impose sans cesse d’ima-giner des solutions fluviales innovantes.C’est ainsi que pour répondre aux besoinsde Friendship, dont Runa a pris la tête en

s’occupant notamment des domaines de lasanté, de l'éducation, du développementéconomique et de l'aide d'urgence, qu’unchantier naval dirigé par Yves, Tara Tari,s’est progressivement mis en place. Au sein du chantier, Yves s’investit chaquejour sur deux engagements : d’une partcelui d’un « chantier traditionnel » dontl’objectif est la préservation du patrimoinefluvial local par la création du « musée desvoiles anciennes du Bangladesh » près de Dacca, et d’autre part un « chantiermoderne » qui cherche à trouver les solu-tions navales les plus adaptées, pour êtrele plus efficace auprès des populationsreculées.Grâce au travail acharné et à la persévé-rance de Yves, un second bateau hôpital aainsi été inauguré, le 16 novembre 2008,après deux ans de construction.Actuellement le chantier travaille en parte-nariat avec le cabinet d’architecte naval

VPLP sur le programme « 500 bateauxpour 500 familles », afin d’apporter uneréponse à la détresse des marins pêcheursdu golfe du Bengale, touchés par le cyclone SIDR fin 2007.Le partenariat avec la Guilde a permis àCorentin, un jeune ingénieur motivé etimpliqué par la cause que défend Yves,d’aller le rejoindre pour l’aider sur le chantier durant un an sous statut deVolontaire de Solidarité Internationale.Malgré cela, l’une des difficultés rencon-trées est bien sûr le financement, car cesprojets ne sont réalisables que par le soutien de dons et de subventions. En contribuant chaque jour à changer lacondition des plus pauvres, Yves noustémoigne une belle leçon d’humanité.

par Céline LISFriendship International France

11, boulevard Bourdon75004 Paris

[email protected]

AVENTURE n°120 5

Le volontariat de solidarité internationale

www.friendship-fr.org

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6 AVENTURE n°120

L’association Calao Ile de France apour objectif principal « d’aiderceux qui sont à côté du chemin »c'est-à-dire d’aider les structureséducatives ou d’encadrement dejeunes qui sont isolés des voiesclassiques d’acquisition du savoir.

Les origines du projet

Pour avoir séjourné plusieurs fois auMali, nous avions remarqué que dans lescommunes rurales isolées, il n’y avaitaucune structure pour la petite enfance.Un constat récurrent dans les écolesmaliennes est que les enfants quientrent en première année ont du mal às’adapter pour plusieurs raisons, lesprincipales étant le grand nombred’élèves par classe et l’absence de préscolarisation. Si, au Mali, les pouvoirspublics sont convaincus de la nécessitéd’une préscolarisation, 1 à 2 % seule-ment des enfants bénéficient d’unestructure éducative, toujours payante, le plus souvent dans les villes ou dansles bourgs accessibles facilement.

Les objectifs du projet

Former des femmes volontaires issuesd’associations de femmes de villagesafin de préparer les enfants à la scolari-sation par le développement de leursociabilité et de leur capacité d’appren-tissage. La solution retenue : la créationde « clos d’enfants », structures légèresqui accueillent quinze enfants de trois à six ans encadrés chaque jour par deuxfemmes différentes. Les femmes ne sontainsi prises qu’une journée par semaineet peuvent vaquer à d’autres occupa-tions. Les effectifs sont limités à quinzeenfants pour que ces femmes, qui nesont pas des professionnelles, ne setrouvent pas surchargées et ne fassentpas de la garderie.

Historique

En 2003, le maire de la commune ruralede Kaniogo fait une demande pour l’ouverture d’un clos d’enfants dans levillage de Kéniégoué. Le clos ouvre enjanvier 2004, les femmes forméesdemandent et obtiennent un jardin pour

des activités génératrices de revenus.En 2005 le maire de Siby fait unedemande pour Ténéya. Ouverture duclos en 2006.En 2006 le maire de la commune ruralede Kaniogo demande l’ouverture d’unautre clos pour son village : Salamalé.Formation et ouverture du clos en janvier 2007.Petit à petit, dans les réunions de l’asso-ciation des Maires du Mandé (AMUMA),on parle des clos et en 2007 les mairesadressent à notre association unedemande pour l’ouverture de vingt cinqclos. C’est le projet répondant à cettedemande qui a fait l’objet d’un finance-ment (4 000 €) dans le cadre de la session d’automne 2007 des Dotationsdes Solidarités Nord/Sud, dispositif definancement géré par l’Agence desMicro-Projets de la Guilde.

Réalisation

La région du Mandé se situe au sud-ouest de Bamako le long du fleuve Niger.Elle compte deux cercles administratifs :Kangaba et Kati, dix huit communesrurales, soit cent quatre vingt cinq villages. Six communes rurales sontconcernées par le projet.Octobre 2007 : six femmes monitricesrepérées parmi les femmes déjà forméeset trois hommes suivent une formationde formateurs à Bamako.Janvier et octobre 2008 : stage de baseau cours duquel sont formées en troissemaines deux cent cinquante femmesqui seront les monitrices des vingt cinqclos.De janvier à juin 2008 et d’octobre 2008à mars 2009 : les femmes sont en stage

pratique accompagnées par les respon-sables de secteur qui ont été formés et sont indemnisés.Janvier 2009 : stage de perfection-nement et de régulation pour centquatre vingt femmes, réflexion sur lesactivités génératrices de revenus pos-sibles. Le stage de perfectionnementpour les soixante dix femmes restantesest prévu en octobre.

Aujourd’hui où en sommes nous ?

Le bilan est très positif car tous les closont été suivis et ont fonctionné. Il existepar ailleurs une forte demande.L’engagement des femmes ne fait aucundoute mais elles aimeraient voir leur travail reconnu financièrement, c’estpourquoi il reste à mettre en place desactivités génératrices de revenus, ce quin’est pas simple. Pour avancer demanière concrète, nous avons demandédes projets chiffrés. Je dois reconnaître que le quotidien,quand on est sur place, n’est pas toujours aussi rose que sur le papier. Lesbudgets ont beau être étudiés avecsérieux, on doit faire face à pas mald’imprévus et on se débat parfois avec des contingences matérielles quiprennent le pas sur la pédagogie du projet. La construction d’une relationsaine et équilibrée avec le partenairelocal s’avère parfois également difficile.Pourtant je suis toujours aussi enthou-siaste et je dis bravo aux deux cent cinquante femmes du projet.

par Anne-Marie GIBERTResponsable du projet Clos d’enfants pour l’association Calao Ile de France

Sous titre.L’Agence des Micro-Projets

Des clos d’enfants dans le Mandé au Mali

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Le projet clos d’enfants, initié par la FICEMEA (Fédération Internationale desCentres d’Entraînements aux MéthodesActives) et l’UNESCO dès les années 1996,vise une action qui s’inscrit dansl’EDUCATION POUR TOUS, donnant uneplace particulière à l’école et à la scolari-sation des filles. Il s’inscrit égalementdans un projet de développement plusglobal puisque le clos d’enfant est l’affairede tout le village ou de tout le quartier…Anne-Marie Gibert, chef de projet pourl’association Calao Ile de France énonceparfaitement ces objectifs et tente de

les mettre en œuvre dans cette région du Mandé au Mali où j’ai pu me rendre en mars 2009. Tout un travail de sensibili-sation est fait au niveau des autorités etde la population. Il faut noter que depuis2003 les associations Calao Ile de Franceet Karamba Touré agrègent leurs efforts etqu’aujourd’hui sur un territoire d’environdix huit communes rurales, vingt huitstructures sont ouvertes accueillant prèsde cinq cent enfants de trois à six ans sanssatisfaire toutes les demandes. Ce constatnous permet de penser que ce projetrépond bien à un besoin. Pourtant nous

sentons combien il est fragile parce qu’ilrepose trop sur des bonnes volontés etdes implications de personnes et pasencore suffisamment sur des pouvoirspublics, des collectivités locales… Mais il faut du temps pour permettre aux communautés d’avancer ensemble etd’améliorer la qualité de leur vie et il mesemble que les résultats atteints à ce joursont très encourageants.

par Yvette POLIChargée de mission à la FICEMEA

pour la petite enfance

La création de clos d’enfants

L’Agence des Micro-Projets

AVENTURE n°120 7

Un projet toujours d’actualité

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Restructuré en juillet 2008, après unepériode de mise en veille, le Centre de Ressources pour la COOPérationdécentralisée en Franche-Comté(CERCOOP F-C) est désormais devenuune association Loi 1901.

L’équipe dirigeante a été entièrementrenouvelée, accueillant respectivementpour président et directeur MM. ÉricDurand et Ousmane Syll. Le CERCOOP F-C, anciennement implanté à l’InstitutClaude Nicolas Ledoux à la Saline royaled’Arc-et-Senans, dont il était un départe-ment, est maintenant situé à Besançon,capitale régionale, dans les locaux duCentre de Linguistique Appliquée.

Sa création en 1999 s’inscrivait dans unedynamique nationale de mise en place deréseaux régionaux multi acteurs pour lacoopération et la solidarité internationale,amorcée dès le début des années 1990dans plusieurs régions de France.Aujourd’hui, dix dispositifs similaires auCERCOOP F-C existent. Citons, entreautres, Resacoop en Rhône-Alpes, Lianes-Coopération en Nord-Pas-de-Calais et Capcoopération en Aquitaine.

L’objectif du CERCOOP F-C est d’améliorerla qualité des actions de coopération et de solidarité internationale des acteursfranc-comtois, tout en favorisant dessynergies entre eux.

Pour cela, son action s’organise principalement autour de quatre axes :

- Recenser les acteurs franc-comtois de lacoopération et de la solidarité internatio-nale et leurs actions (constitution d’unebase de données consultable sur le siteInternet) ; identifier et animer un réseaude bénévoles, susceptible de les appuyerdans leurs démarches.

- Développer les activités des porteurs de projets à travers la veille, la diffusion et la production d’informations utiles (siteinternet, bulletin de liaison trimestriel,lettre électronique…), l’organisation deformations techniques courtes, la sensi-bilisation, etc.

- Accompagner les porteurs de projets(collectivités locales, associations, établis-sements scolaires…) dans le montage deleurs dossiers, la recherche de parte-

naires, de financements, la mise en œuvred’actions.

- Mutualiser les pratiques par la capitali-sation d’expériences et l’organisation deréunions, de rencontres, de groupes de travail… entre les différents acteurs en vue de favoriser les échanges et dedévelopper des projets communs et descoopérations de territoire à territoire.

Ainsi, le CERCOOP F-C anime les échangeset la concertation entre acteurs. L’idée estde favoriser une plus grande cohérencedes actions de coopération de ces dernierset de leur donner une plus grande visibilité.

Notons qu’en Franche-Comté, il existeaussi un collectif associatif d’éducation au développement (Réseau CitoyennetéDéveloppement - RéCiDev) et une plate-forme des associations de solidarité inter-nationale qui fonctionnent en parfaitecomplémentarité avec le CERCOOP F-C.Par ailleurs, les réseaux régionaux multiacteurs ont initié depuis 2000 une rencontreannuelle d’échanges et de réflexions. Encette année 2009, la 6ème rencontre duréseau des réseaux, qui s’est doté d’unSecrétariat technique, se tiendra à Lyon àl’automne et sera organisée par leResacoop. Ils développent aussi entre euxdes synergies et mettent leurs expé-riences à la disposition des acteurs desautres régions. Ces réseaux travaillentdans un esprit de service public, en faveurdes acteurs de la coopération et de la solidarité internationale. Ils bénéficient en majorité d'un soutien financier annueldu Ministère des Affaires Étrangères et Européennes, via la Délégation pourl'action extérieure des collectivités territoriales.

par Ousmane SYLLDirecteur et Capucine Renault, stagiaire.

[email protected].

www.cercoop.org

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Nouveau départ et nouvelles équipes

CERCOOP Franche-Comté VISAGES DE LA SOLIDARITÉ

M. Ousmane SYLL

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Franche-Compté

M. Éric DURAND, Président du Cercoopet Conseiller régional Franche-Comté.

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Pour renforcer le lien entre les acteursde l’éducation par le sport, l’Agencepour l’Education par le Sport organiseles 25, 26 et 27 juin 2009 au Palais du Pharo à Marseille, la 5ème édition du Forum EDUCASPORT(1). Congrès etexposés permettant d’échanger autourde dix thématiques actuelles, etnotamment celle de la solidarité internationale par le sport, pour laquelle la Guilde européenne du Raidest partenaire.

Le rassemblement des acteurs de l’éducation par le sport

Les acteurs du sport (associations, clubs)agissent pour renforcer et améliorer lacohésion sociale en développant la fraternité, en procurant du bonheur auxpersonnes. Ces valeurs prennent leur sens aujourd’hui dans un monde en crise. Pourtant, le développement des projetsassociatifs reste fragile, particulièrementen cette période. Pour concrétiser l’inno-vation et le potentiel éducatif de ces projets,ce secteur a besoin d’une réelle recon-naissance de l’opinion publique et d’une

valorisation médiatique plus importante.Mais surtout, il a besoin d’outils et deconnaissances pour développer et péren-niser ses projets citoyens.L’ambition du Forum EDUCASPORT 2009est de répondre à ces préoccupations enproposant des échanges et des débats,alimentés par des exemples de pratiquesinnovantes en lien avec des thèmes d’actualité. Ce rassemblement interna-tional des acteurs de l’éducation par lesport réunit plus de mille personnesautour de congrès, de tables rondes, d’exposés interactifs et de démonstrationssportives.

La solidarité internationale par le sport

L'APELS a pu mesurer depuis de nom-breuses années l’intérêt que pouvait avoirle sport dans des initiatives de coopérationinternationale. Cette année, l’angle choisi pour traiter ce thème est celui de son impact sur les jeunes. Construire des projets socio-sportifs à dimension internationale ad’abord été l’occasion dans les années 80

de permettre à des jeunes Français en difficultés de sortir de leurs quartiers et de se reconstruire en se confrontant àd’autres réalités du monde dans les pays« en développement ». Des méthodo-logies de projets internationaux ont étéconstruites par l’Etat, les collectivités territoriales, le mouvement sportif et lesfédérations d’Education Populaire pouréviter le piège de « l’assistanat » et de « la substitution » et pour construire laréciprocité de l’échange. Aujourd’hui,quelle est la pertinence des séjours « sportifs » à l’étranger ? Quels en sont les effets attendus sur les jeunes Françaiscomme sur les jeunes étrangers ?

par Aurélie COMETTIChargée de mission scientifique et technique

Agence pour l'Education par le Sport

1 - Organisé en partenariat avec le Ministère de la Santé et desSports, le Ministère de la Justice, l’ACSÉ, GDF Suez, la Ville deMarseille et le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur.

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Inventons de nouvelles solidarités par le sport

Forum EDUCASPORT 2009L’Agence des Micro-Projets

Jusque-là cofinancées par le Ministère desAffaires Etrangères et Européennes, lesDotations des Solidarités Nord/Sud sontdésormais cofinancées par l’AgenceFrançaise de Développement (AFD). La dernière session des Dotations s’est parailleurs distinguée par le nombre de dossiers éligibles (108, soit une augmen-tation de 42 % par rapport à la sessiond’automne 2008) et la qualité d’un grandnombre d’entre eux. L’enveloppe disponibleétant malheureusement limitée, seuls 14 projets se sont vus décerner un finan-cement. Les voici :

- C.I.E.L.O. (Bordeaux) pour un projet d’éduca-

tion et d’accompagnement de jeunes défavorisés

touchés par le conflit armé en Côte d’Ivoire par le

biais de l’aménagement d’un terrain multi-sport.

- Agir Abcd Paris Petite Couronne (Paris) pour

un projet de création d’un centre de santé à Sagné

Dieri en Mauritanie.

- L’Orme pour un double projet d’accès à l’eau

et de mise en place d’activités génératrices de

revenus pour les femmes de Douira au Maroc.

- Bibliothèques Sans Frontières (Paris) pour

la création de bibliothèques dans deux centres

d’accueil d’enfants des rues gérés par l’Association

Graine de Bitume à Madagascar.

- Babakoto (Saint-Ambroix) pour la construction

d’une école et l’aménagement d’un terrain sportif

dans le village d’Ambalavevo, Commune Rurale

d’Antoetra à Madagascar.

- La Fédération Régionale CIVAM Auvergne

(Ambert) pour un projet de développement d’une

gamme de produits mêlant fruits et légumes

des terroirs auvergnats et fruits et légumes

provenant du Bénin et du Burkina par le biais de

filières équitables.

- Actes (Lyon) pour la mise en place d’une banque

céréalière à Maroua dans le nord du Cameroun en

vue du financement du centre de santé.

- Momavali-France (Versailles) pour des travaux

d’aménagement en vue de la réduction des

risques sanitaires encourus par les enfants de

l’orphelinat de Saguramo en Géorgie.

- Horizons Partagés (Lyon) pour le renforcement

d’une coopérative d’épargne et de crédit au Bénin.

- Pain et Eau pour l’Afrique (Montreuil) pour la

mise en place de formations professionnelles à

destination des jeunes filles d’un quartier défavo-

risé de Bujumbura au Burundi.

- Acer-Russie (Paris) pour un projet d’insertion

professionnelle de femmes tchétchènes à Grozny.

- Greebees (Corbie) pour sa participation au

programme d’accompagnement pédagogique

péruvien dans les régions andines du Pérou.

- Orange Fleur d’Espoir pour la mise en oeuvre

d’ateliers thérapeutiques de poterie-céramique

et de couture dans le Centre de rééducation

fonctionnelle et d’éducation des enfants handi-

capés de NhaTrang au Vietnam.

- Agir Abcd National (Paris) pour la création d’un

atelier de couture à destination de femmes en

difficulté de la banlieue d’Asunción au Paraguay.

Informations : [email protected]

Pour la prochaine session d’automne,

la date limite de dépot des dossiers est

le 30 septembre 2009.

Session de printemps 2009

Dotations des Solidarités Nord/Sud

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Mission Potosi est une associationde solidarité étudiante qui vient enaide aux enfants et parents mineursde Potosi en Bolivie. On dénombreprès de trois mille enfants exploités dans les mines de Potosi. Face à ce constat édifiant, Mission Potosimène une action plurielle et prag-matique : les projets sanitaire, éducatif, social, microentrepreneu-rial sont autant de volets de notreaction.

Valerio, 17 ans, raconte : « Lorsquej’avais 13 ans, mon père qui travaillait à la mine est décédé des suites d’unesilicose. Pour subvenir aux besoins dema famille, j’ai donc dû le remplacer à la mine. » Ce genre de récit est hélasassez courant pour nombre d’adoles-cents de Potosi.

Qui aurait pu prédire un tel avenir àcette ville, longtemps considérée commel’Eldorado par les colons espagnols. Pluspeuplée que Paris en 1750, elle s’est peuà peu éteinte à mesure que ses filonsd’argent s’épuisaient. Aujourd’hui, Potosiporte les stigmates de son exploitationminière : les mines concentrent prèsd’un tiers des emplois de la ville et sont

à l’origine du développement du travailinfantile : selon les ONG locales, près detrois mille enfants travailleraient dansles mines de Potosi. Les mines sont aussi à l’origine de la mortalité directe et indirecte de nombreux travailleurs :l’espérance de vie d’un mineur n’excèdepas 45 ans.

Face à ce constat accablant, MissionPotosi, association de solidarité étu-diante, qui réunit des étudiants del’ESSEC, de la faculté de médecine Paris V Descartes, de l’ENSAE, de l’EcolePolytechnique et de l’ENS Cachan, mènede multiples actions pour venir en aide à ses populations affectées par le mondede la mine. Dans les centres financés parle partenaire local KNH (Kindernothilfe),les étudiants bénévoles apportent uneaide à environ quatre cent cinquanteenfants et deux cent vingt cinq familles.

Les projets appartiennent au domainede la santé (prévention, consultationsdentaires et ophtalmologiques…), del’éducation (soutien scolaire, achats defournitures, équipement informatique…),du social (visites chez les familles, achatsde vêtements chauds, aménagement d’in-frastructures…) et de la micro-entreprise(interventions de professionnels, micro-crédits et dons pour soutenir la micro-entreprise). Pour ce dernier projet desoutien à la microentreprise, MissionPotosi a été lauréat du PID (Prix Istomdu Développement) décerné en mai2009 pour récompenser et soutenir lemeilleur projet à destination des pays endéveloppement.

L’apport de Mission Potosi aux enfants etparents de Potosi n’est pas uniquementmatériel. C’est une incroyable relation et un lien inoubliable qui se tissent entre les membres de la mission et leshabitants, qui se côtoient en perma-nence pendant près de trois mois. Unlien qui s’établit grâce à la générositédes habitants, qui malgré leurs diffi-cultés socio-économiques, vous accueillentchaleureusement, dévoilant au fur et àmesure les fêlures et épreuves qu’ils onttraversé. Potosi vous montre alors sonvrai visage : des mines certes, maisbeaucoup de sourires.

par Christophe SANCHEZ

Sous titre.Solidarités Étudiantes

Mission Potosi

VISAGES DE LA SOLIDARITÉ

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Des mines et des sourires

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Le Ministère des Affaires Étrangèreset Européennes soutient depuis 1991pour l’un et 1997 pour le second,deux programmes en direction desjeunes vivant en France et désireuxde s’impliquer dans des actions desolidarité internationale :

- D’une part au travers du dispositif inter-ministériel Ville, Vie, Vacances/SolidaritéInternationale (VVVSI), en soutenant laréalisation de projets de développementdans les pays relevant de sa compétence

et mis en œuvre par des jeunes vivant enFrance « en difficulté » ou issus des quartiers difficiles.

- Et, d’autre part, à travers le programmeJeunesse Solidarité Internationale (JSI)visant à soutenir la rencontre des jeunesdu Nord et du Sud par la réalisation deprojets communs au Sud ou en France.

Les dossiers soumis au Ministère concer-nent essentiellement des projets deconstruction ou de réhabilitation mais

aussi des projets à caractère sportif ouculturel. Ils mobilisent en général dix àseize jeunes encadrés par un ou deux animateurs et durent environ trois àquatre semaines. Chaque projet doit êtreparrainé par une association de solidaritéinternationale française telle que la Guilde.

Pour plus d’informations : [email protected]

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Les programmes VVVSI et JSISolidarités Étudiantes

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Ce projet de cinq jeunes lycéens ettrois accompagnateurs avait pourbut de sensibiliser les jeunes deDiapaga au Burkina Faso et leurfamille à la protection de l’environ-nement : collecte des déchets etsurtout des sacs plastiques dans la ville de Diapaga, protection de la faune et de la flore sauvage, plantation de manguiers dans lesécoles de Diapaga.

Ce projet s’est déroulé pendant lesvacances scolaires de février 2009.Après huit mois de préparation à LaGacilly et à Diapaga, de nombreuxweek-ends d’actions menées à La Gacillypour récolter des fonds, de nombreusesréunions de travail pour monter le dossier de subvention, le moment dudépart est enfin là !

Dès son arrivée à Diapaga et tout desuite après les visites protocolaires, legroupe s’est rendu dans quatre lycéesainsi que l’école primaire de l’Amitiépour présenter un diaporama sur leseffets néfastes des ordures qui jonchentle sol et la nécessité de collecter lesdéchets et les recycler. Ce diaporama estissu du projet « collecte et recyclage desdéchets à Diapaga », initié par le comitéde jumelage à la demande des autoritésde Diapaga. Après cette première sensi-bilisation, le groupe a organisé unejournée collecte dans un des quatrelycées et sur le marché en compagnie de leurs camarades de Diapaga. Cetteopération a été suivie d’un débriefing oùchacun a pu poser ses interrogationsdiverses et variées. Les jeunes Gacilienset leurs encadrants ont aussi réaliséavec leurs camarades de Diapaga des

jeux-questionnaires sur l’environnementqui serviront à la démultiplication decette sensibilisation à la protection del’environnement.Le projet comportait aussi une planta-tion de manguiers dans chaque lycée etécole concernés. Le manguier est unarbre qui donne beaucoup d’ombre dansla cour des écoles et qui apporte aussibeaucoup de fruits. Les élèves deDiapaga ont donc pour mission de bienprendre soin de leurs manguiers en lesarrosant chaque jour afin qu’ils grandis-sent avec succès.Enfin le projet voulait sensibiliser lesélèves de Diapaga et leurs homologuesGaciliens à l’importance de la protectionde la faune et de la flore sauvage.Diapaga est à proximité d’un grand parcnaturel sauvage : le parc du W frontièreentre le Bénin, le Niger et le Burkina.Malheureusement peu de Diapagais ontla chance de pouvoir aller dans ce parcfaute de moyens. Les Gaciliens ont doncemmené dix élèves et cinq professeursde Diapaga à la découverte des animauxet fleurs sauvages dans le parc du W. Le projet a donc été réalisé dans sonensemble et chacun doit maintenanttransmettre cette expérience à sescamarades de classe.

par Chantal OLLIVIER

Main dans la mainAgissons pour l’environnement à Diapaga

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12 AVENTURE n°120

Conjointement organisée par leCOSAME et AID/ONG, une organi-sation locale, la formation qui m’a étéconfiée rassemblait une trentained’artisans, désireux de perfectionnerleur savoir-faire pour mieux valoriserleur profession.

J’arrive à Cotonou un dimanche au petitmatin. Je suis accueillie par Henri, le directeur d’AID/ONG et par Rigobertson adjoint, qui me conduisent à ce quisera ma maison pour les trois prochainessemaines. Elle est située à Akpakpa, loindu centre de Cotonou, dans un quartiertrès animé. Le confort y est simple etl’accueil très chaleureux. Tout le mondeest très bien habillé, nous sommesdimanche et chacun se prépare pour la messe.

AID/ONG qui me reçoit existe depuis2004. Son but est d’aider au Bénin, lescouches sociales les plus défavorisées,en organisant des actions qui visent àdévelopper leur autonomie économique.

Première réunion de cadrage, elle a lieule jour de mon arrivée, en présence du président d’une association de coutu-riers du Bénin. Je leur expose mes projets et nous procédons aux premiersajustements en fonction du nombre departicipants et des besoins exprimés par les artisans, du moins pour ce qu’en connaissent mes interlocuteurs.

La profession de couturier au Bénin est très développée. L’apprentissage sefait « sur le tas », le jeune est confié autonton ou au cousin couturier, pour ledevenir à son tour. Le « centre d’appui » d’Ayelawaje est une sorte de centre de formation pourartisans et c’est là que nous nous retrou-verons tous les matins. Nous y disposonsd’une dizaine de machines, toutes àpédales, deux surjetteuses un peurouillées, des fers à repasser à charbon,des règles, pistolets, etc. Tout ce qu’ilfaut pour travailler, même si le tout estrecouvert de poussière…

Ils seront vingt en moyenne pendanttoute la formation, dont huit femmesseulement, à raison d’une (bonne) demi-journée chaque jour. Les après-midi, jevisite un ou deux ateliers. Clémence meconduit à moto. Ma seule carrosserie estun casque, et il semble que je sois laseule à le porter…

Les deux premiers jours, Valère, un desartisans traduit le cours en Fon (c’est lalangue usuelle au Sud du Bénin), afin des’assurer que chacun suive bien. Celasemble un peu difficile pour certains.

Mes élèves sont tous très attentifs, trèsassidus et ils expriment volontiers leurcontentement. Ils découvrent l’intérêtd’une certaine rigueur, habitués qu’ilssont à tracer directement sur le tissu,

sans patron, à couper et monter le vête-ment en une seule fois, sans essayage…et ça va « des fois »…Alors nous avons appris, à partir d’unpatron en papier, à transformer le modèle de base, à reporter des mensu-rations précises pour avoir un vêtementplus ajusté. On apprend à faire unessayage, à effectuer les derniersréglages pour que le vêtement aillebien… Toujours.

Nous sommes bien là dans l’objectif de cette mission : dynamiser la profes-sion, en améliorant les pratiques engénéral, mais sans trop bouleverser leshabitudes, et en renforçant la capacitédes artisans à aborder des domainesnouveaux.

Cette rencontre a été très riche endécouvertes, particulièrement d’uneAfrique béninoise très attachante, parl’accueil et les liens tissés avec des genssimples et chaleureux, reconnaissants etdébordants de gentillesse. Quant àAID/ONG qui m’a reçue, ce sont avanttout des amis qui ont été toujours pré-sents, attentionnés et disponibles. Avectous les artisans, ils ont su meconvaincre de retourner les visiter et quisait, partager encore avec eux d’autresmoments autour de la couture.

De la « tenue française », thème de leurformation, mes amis auront sans douteenrichi leur savoir-faire. Gageons quecelle-ci n’envahira pas les rues deCotonou et laissera sa place pour long-temps encore aux magnifiques tenuestraditionnelles, portées avec tant degrâce.

par Michèle PAPIN

Sous titre.Cosame

Une « tenue française »

VISAGES DE LA SOLIDARITÉ

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à la mode Béninoise

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AVENTURE n°120 13

Cosame

À l'occasion du jour de l'an Hégire, lesartisans de la ville de Nabeul, enTunisie, perpétuent la tradition deconfectionner des figurines en sucre.Ces figurines se vendent comme porte-bonheur ou cadeaux du Nouvel An.

Dans le but de sauvegarder cette coutumenabeulienne, nous souhaitons associeraux fabrications traditionnelles, desméthodes modernes, grâce au sucre tiré et soufflé français. Il s’agit d’aboutir à une technique efficace donnant la possibilité de modèles variés et de qualitésupérieure.

J’ai 18 ans et je suis étudiant à l’écoleGrégoire Ferrandi en section Bac propâtisserie. Je travaille à l’Hôtel desMinistres du Ministère de l’Economie. J’aipris connaissance, par le Cosame, d’uneassociation en Tunisie qui recherchait unformateur pour enseigner aux artisansl’Art Français du sucre coulé tiré et soufflé.Cette perspective m’a particulièrementstimulé. Je me suis donc présenté pourcette mission bénévole d’une semainependant mes vacances de Noël du 22 au30 décembre 2008.

Nous avons mis en parallèle les différentsprocédés de fabrication des sujets ensucre. Les artisans utilisent pour la plupartdes moules similaires, non variés. Audémoulage, le sujet est blanc, opaque,creux et lourd, les détails ne sont pas trèsnets. Les figurines sont ensuite peintes àla main. C’est une technique artisanale,idéale pour une grosse production.

J’ai enseigné aux artisans et au public inté-ressé, le travail du sucre tiré et soufflé. J’airéalisé des sujets simples grâce à ce sucresatiné et tiré. Comme des feuilles puis desfleurs, pour aboutir à de belles compositionsflorales. Et au fur et à mesure, nous avonsconfectionné des sujets plus complexes.

En insufflant de l'air à l’aide d’une petitepompe, dans une masse de sucre tiré, on

assure des motifs divers : c'est la particu-larité du sucre soufflé, qui est similaire autravail du verre soufflé… Cela permet deréaliser des fruits de taille réelle en sucre :de la pomme à l'ananas en passant par lapêche, la poire…

Pour enfin l'ultime réalisation de person-nages en sucre, où nous associons aucorps soufflé des vêtements et accessoiresen sucre tiré. Cette méthode de fabrica-tion est minutieuse, en revanche elledonne un résultat net et une multitude deformes, de couleurs, et de détails surpre-nants. Cette semaine a permis aux artisans de comparer deux méthodes de fabrication.

Des enquêtes de satisfaction destinéesaux participants ont été faites. Les résul-tats sont très positifs, ce qui constitue unegrande satisfaction et permet d’envisagerune suite logique à cette première action.Il ressort de cette enquête que les artisanspensent utiliser ces nouveaux procédés de fabrication ou les associer à leurméthode de coulage en moule de plâtre.Le but étant de créer d’autres nouveauxmodèles de figurines pour assurer unmeilleur choix au public tenant compte del’authenticité, de la tendance etc.Néanmoins ce sucre est sensible à l'humi-dité, il faut donc prendre des mesuresétant donné le fort taux d'humidité àNabeul, cette ville côtière en Tunisie, berceau des figurines en sucre.

Je pense que ce genre d'expériencedemeure primordiale. En effet, elle assureun perfectionnement et un acquis tant surle plan professionnel que sur le planhumain. Le travail de chacun desmembres de l'association de Nabeul étaitremarquable, ce qui a rendu l’ambiancesérieuse. Les élèves et les artisans formésétaient agréables et très motivés dedécouvrir ces nouvelles techniques.

Pour conclure sur cette mission, je tiens àremercier très sincèrement tous lesmembres du programme Cosame qui ontgaranti la réussite de cet échange franco-tunisien qui s’est déroulé parfaitementgrâce au grand sérieux et profession-nalisme de chacun.

par Quentin SIMÉAO

Les développements d’une coutume tunisienne

Figurines en sucre soufflé

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COopération et Soutien aux Artisans

et Micro-Entreprises du Sud.

Pour fêter les 10 ans d’actions du Cosame en

faveur de l’artisanat et de la petite entreprise

mais aussi pour reconnaître les efforts

solidaires des artisans sans frontières, qui

ont traversé tous les continents et mis leurs

compétences au service de la formation

professionnelle et de l’entreprise artisanale,

l'Assemblée Permanente des Chambres

de Métiers et la Guilde ont réuni leurs parte-

naires, le 18 mars 2009 au siège de l’APCM.

Trois tables rondes ont permis de retracer les

principales étapes de l’histoire du Cosame,

depuis les premières missions de volontariat

en appui, conseil et formation, jusqu’au déve-

loppement du compagnonnage artisanal et la

mise en place d’un dispositif innovant de suivi,

évaluation, capitalisation.

Ensuite, la 3ème remise des passeports

d'artisans sans frontières a traduit la recon-

naissance du réseau français des chambres de

métiers et de l’artisanat et de la Guilde aux

artisans sans frontières pour leur rôle dans la

richesse et la diversité des actions du Cosame.

10 ANS DU COSAME !

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VISAGES DE LA SOLIDARITÉ

14 AVENTURE n°120

Le 31 mars 2009, la GuildeEuropéenne du Raid a accueilli unnouveau programme, Ecuasol, dontl’objet est de proposer aux enfants de Pisuli, bidonville situé au nord de Quito, une structure d’accueil desoutien scolaire et de suivi psycho-logique des enfants et de leur famille.Cette action a vu le jour en 2001, et aujourd’hui une soixantaine deniños bénéficient de ce programme.

Le bidonville de Pisuli

Pisuli appartient à un vaste groupementde quartiers situés au nord-ouest deQuito qui sont le résultat des invasions,phénomène d’agglutinement massif despopulations rurales aspirant à trouverdu travail en ville.Des milliers de familles « envahissent »illégalement les terrains situés en péri-phérie de la ville, et vivent dans desconditions extrêmement précaires :entassés dans des cabanes, sans eau ni électricité, cherchant du travail dansla capitale.Ces familles vivent de petits boulots,rarement déclarés, et leur emploi esttrès précaire. Les problèmes d’alcoo-lisme et de violences conjugales dans lesfoyers trouvent un terrain propice danscet environnement.

Sans ressources, sans instruction, cesfamilles déstructurées n’ont pas lesmoyens de scolariser leurs enfants qui, àleur tour, vivent comme leurs parents depetits boulots précaires.

Le projet Ecuasol

Ecuasol est un programme de parrainageoffrant aux enfants de Pisuli l’accès àl’instruction, la santé, la culture et l’alimen-tation pour leur permettre de choisir plustard un métier qui leur permettra devivre dans des conditions décentes.

Le parrainage collectif ou individuel (cor-respondance avec un filleul) permet àl’association d’aider une soixantained’enfants de Pisuli et leurs familles selonquatre axes majeurs :

• Un soutien scolaire : les enfantsbénéficient de cours de soutien scolaireles demi-journées où ils n’ont pas cours,par 3 volontaires (VSI) et trois profes-seurs équatoriens. Un suivi personnaliséde leur éducation est une aide efficace etadaptée à chacun pour leur permettre decomprendre et de progresser. Les coursde soutien leur évitent également derester à ne rien faire dans le bidonville lamoitié du temps, et d’être exposés auxrisques de la rue.

• Soins de santé primaire : Tous lesans, les enfants bénéficient d’un contrôlemédical complet. Ecuasol prend en chargefinancièrement les soins nécessairespour chacun d’entre eux et nos béné-voles accompagnent chez les médecinset spécialistes les enfants qui néces-sitent un suivi médical prolongé. Ecuasolfinance également le repas de midi et ungoûter pour qu’ils puissent manger demanière équilibrée et qu’ils aient aumoins un repas complet par jour.

Sous titre.Le développement

Ecuasol intègre la GuildeUne ONG qui agit dans les bidonvilles d’Equateur

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Le développement

• La protection infantile : les volon-taires visitent les familles régulièrementet suivent l’évolution sociale et familialede chaque enfant. Ils veillent à ce quel’enfant vive dans un environnement non dangereux pour lui. Dans le cascontraire, il fait appel aux organismesspécialisés dans les domaines concernés :violences conjugales, viols, aides judi-ciaires, etc. Le gouvernement équa-torien a mis en place divers organismesefficaces pour répondre à ces probléma-tiques et notre association est en contactavec plusieurs d’entre eux pour le suivide certains enfants.Les bénévoles organisent dans l’annéetrois sorties en dehors du bidonville etdes vacances pendant l’été : cela permetaux enfants non seulement d’éveillerleur curiosité et leur ouverture d’esprit,mais aussi de les éloigner de l’environ-nement du bidonville.

• La responsabilisation parentale :Les parents doivent voir cette aidecomme un soutien et non comme uneassistance. Ce regard sera celui qu’ilstransmettront à leurs enfants. L’assis-tanat empêche en effet les parents, etplus tard leurs enfants, de se prendre en main pour subvenir à leurs besoins en les habituant à faire appel aux asso-ciations humanitaires pour vivre. Aussi,la participation des parents dans l’édu-cation de leurs enfants est indispensablepour qu’ils ne se sentent pas déres-ponsabilisés de leur rôle éducatif etfinancier. Pour cela, nos bénévoles lesimpliquent systématiquement dans lesactivités organisées : les parentsdeviennent accompagnateurs lors des

sorties. Ecuasol fait appel à eux pourrestaurer les locaux prêtés par la paroisse et abîmés par les enfants. Ilsdoivent procéder eux-mêmes auxdémarches auprès des écoles, accom-pagner les enfants chez le médecin sic’est nécessaire… Ecuasol ne financejamais entièrement tout et demandetoujours un minimum de participationfinancière ou matérielle, même symbo-liques, aux parents. Enfin, chaqueannée, les parents élisent parmi euxleurs délégués pour les représenterauprès de l’association. Toutes cesactions émanent d’idées des parentseux-mêmes et des besoins qu’ils expri-ment. C’est la condition essentielle d’uneaction efficace.

Aujourd’hui, Ecuasol accueille soixanteenfants mais ne peut en recevoir plus,faute d’espace alors que la demande etles besoins ne faiblissent pas. C’estpourquoi Ecuasol lance un projet deconstruction d’une nouvelle structured’accueil qui permettrait d’accueillir unecentaine d’enfants.

L’intégration à la Guilde

Dès 2005, la Guilde signe une conventionde portage de Volontariat de SolidaritéInternationale (VSI) avec Ecuasol etenvoie chaque année entre deux etquatre volontaires à Quito.Forts de ce partenariat, et soucieux devoir leur action se pérenniser et se professionnaliser, les membres béné-voles d’Ecuasol décident de déléguer lagestion de leur association à la Guilde.L’intégration a été effective au 31 mars2009 et a donné lieu à la création d’uncomité de pilotage composé essen-tiellement d’anciens bénévoles d’Ecuasolet de salariés de la Guilde. Celui-ci apour fonction de décider des grandesorientations d’Ecuasol comme la construc-tion du nouveau centre, les missions desVSI, le développement du programme…tout en assurant la gestion de certainestâches (affectation des parrains, suiviterrain…).L’objectif principal est d’offrir à Ecuasolune structure plus grande et plus profes-sionnelle afin que se développe dura-blement leur action grâce notamment à l’expérience, la reconnaissance, l’ex-pertise et le réseau de la Guilde et de ses membres.

par Pauline ALAMICHEL

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David Massoud, enseignant de FLE(Français Langue Etrangère) à Kaboulest l'un des 10 volontaires Guilde,présent dans ce pays, pour dévelop-per le français dans les lycées d'excel-lence afghans et à l'université deKaboul. Il nous livre ses impressionssur l'enseignement du français dansce contexte.

Un matin sur l’un des sentiers du campusde l’Université de Kaboul. Le parfum desroses fraîchement écloses s’évapore dansles entrelacs boisés de ce havre de paix.Un groupe d’étudiants arborent un sourirefranc, les yeux rivés sur le fantôme quihantera leur nuit : une silhouette élancée,tunique et jean serrés, coquettementmaquillée, au regard malicieux et déli-cieux défiant fièrement le monde afghan.Soudain, la nature sauvage ou apprivoisées’ouvre poliment sur le chemin du dépar-tement de français. A quoi bon enseigner le français enAfghanistan ? L’intention est de miser sur le potentiel de l’Afghanistan. La France a depuis long-temps soutenu les lycées Esteqlal etMalalai de Kaboul, au bénéfice des garçons et des filles privilégiés de ce pays, et tissé des liens très forts avec lesinstitutions universitaires. La langue française est une porte d’entrée vers laformation d’une petite élite de profession-nels afghans aptes à prendre en main la destinée de la République Islamique. La coopération touche les domaines de la médecine, la pharmacie, le droit, l’archéologie, la diplomatie et l’armée.Outre un soutien matériel et logistique,c’est proposer des actions de formationd’enseignants en appuyant les organismesde formation afghans, à Kaboul et en pro-vince. Concrètement, c’est mettre enœuvre des cycles de formation (techniqueet pédagogique) pour leurs formateurs,puis les bénéficiaires, et soutenir la réno-vation des curricula. Et vu les sommesdépensées dans ce pays, le rapport qualité/prix n’est pas si mal, plutôt bon même.C’est un choix : reproduire le systèmeméritocratique élitiste à la française avecl’octroi de bourses et la sélection desmeilleurs éléments pour des postes à res-ponsabilité. Ce n’est donc plus seulementdéfinir des politiques de développementambitieuses à court terme mais plutôt unpari : miser sur une poignée d’Afghanspour entraîner le reste du pays à moyenou long terme. En matière d’éducation,

l’évaluation prend du temps. Dans lesannées 60 et 70, il semble que cela aitmarché en Afghanistan et si le contexteest aujourd’hui différent, l’objectif reste defaire des deux lycées une référence dansla qualité des enseignements et les modesd’organisation. Le chantier est énormemais le défi excitant.Et le prof français de français dans tout ça ? Volontaire de Solidarité Internationalede surcroît ! Il n’a qu’un espoir : partir leplus vite possible ! Cela signifierait qu’il apu former des professeurs de françaisafghans ayant le niveau suffisant pourprendre la relève. En attendant, son ambition est d’inculquer de la rigueur etde la méthode, comme partout fina-lement. Il sait qu’il vaut mieux ne pasaborder certains sujets sensibles maistente malgré tout de forger des esprits critiques et ouverts. Il fait face à des

jeunes femmes et des jeunes hommesambitieux, souriants, relativement privi-légiés pour la plupart, optimistes quant à leur sort, qui allient naïvement les tradi-tions inculquées et les nouveaux modesde consommation importés, sans pourautant être si dupes que cela sur lesenjeux qui se trament en Afghanistan.Le soir en sortant du campus del’Université de Kaboul. Une odeur âcre etnauséabonde pourrit les artères de la ville.Des vibrations bientôt sonores viennentaltérer et couvrir l’orchestration anar-chique du brouhaha de la cité, deux hélicoptères américains de l’ANA surgis-sent au-dessus de nos têtes, menaçant de fendre ces montagnes si fières.Ceci n’est pas l’Afghanistan…

par David MASSOUDEnseignant de français en Afghanistan,

Volontaire Guilde

VISAGES DE LA SOLIDARITÉ

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Ceci n’est pas l’Afghanistan...

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L’aube livide envahit l’Atakor. Les herses d’une citadellevolcanique apparaissent. Le soleil échoue à égayer ceslaves. C’est à cette désolation que le père de Foucauldfit face pendant sa retraite, perché dans son abri duplateau de l’Assekrem, au cœur du désert algérien. Lechampion d’escalade Daniel du Lac, multiple vainqueurde coupe du monde, est monté de nuit à l’ermitagepour saluer le fantôme du prieur solitaire. Du haut de son « Bordj », l’ermite au cœur sacré, sedoutait-il - lorsqu’il usait ses yeux sur le dictionnairefranco-tamachek qui l’occupa toute sa vie autant que laprière - que moins de trois décennies après sa mort,une aiguille rocheuse porterait son nom et que leHoggar deviendrait un haut lieu de l’alpinisme ? Mysté-rieuses sont les voies de l’élévation.L’écrivain savoyard Frison-Roche ouvrit le ban en 1935accompagné du capitaine Coche, l’un de ces officiersméharistes chargés de faire régner « la paix française »jusqu’aux tumultueux confins de l’empire national. Lesdeux grimpeurs enfoncèrent quelques pitons métal-liques dans les fissures basaltiques, se hissèrent enhaut d’une ou deux aiguilles et parvinrent au sommetde la Garet el Djenoun, la « montagne des génies »,mythique portique de 2 330 mètres où la plupart desTouaregs refusent toujours de monter aujourd’hui. Lemythe était né, les alpinistes y succombèrent, la portedu Hoggar était ouverte. Elle se referma en 1991quand les fanatiques du GIA prouvèrent que l’Islamn’était pas soluble dans la dictature algérienne et firentrégner la terreur d’Alger à Tamanrasset.D’une pression des doigts, du Lac s’assure que la prisetient. Il arque les phalanges sur le graton de phonolitheet gagne les centimètres qui le séparent d’une fissureaccueillante. Sous ses pieds : trois cents mètres devide. Une écaille de patine assure un bon appui pour lebout du chausson gauche. Encore trente mètres etc’est le sommet. À la pointe du Tizouyag, en face del’ermitage foucaldien, l’Atakor se révèle, lunaire, crevéde cratères. Dans le Hoggar, à chaque rocher, son style. Sur lesplaques lisses de Tesnou, à quelques encablures de latranssaharienne, on grimpe à la pointe des chaussons,comme sur des œufs, tout en finesse et en intelli-gence. Dans les cheminées basaltiques de l’Atakor ce

sont les contorsions de ramoneurs qui prévalent tandisqu’il faut passer en force les fissures déversantes de laGaret. L’alpinisme est l’hommage que la gymniquerend à la géologie. Dixième jour : sommet de la Garet. Le soleil s’échouederrière les crêtes du Tefedest. Vénus brille déjà dansle ciel, annonçant des ruissellements d’étoiles. La mèchede la perceuse stridule dans le granit. Encore un foretet du Lac peut fixer la plaque de laiton « à la mémoirede Frison-Roche et du capitaine Coche, premiersascensionnistes de la Garet-el-Djenoun en avril 1935 ».Le lendemain, après un bivouac au sommet de l’immensechâteau de granit, du Lac et ses compagnons de cordéegagnent en rappel le pied d’une aiguille de cent mètresaccolée au flanc oriental de la Garet. De loin, on diraitle fuseau d’une quenouille mais les Touaregs, à l’imagi-nation martiale, la nomment la Takouba, « l’épée ». En1966, Pierre Mazeaud atteignit le sommet au prix d’uneescalade très exposée. Du Lac a repéré une autre voieà ouvrir, une fissure large et déversante qui mènedirectement à la pointe : une belle ligne sur le fil del’épée. Le champion bataille près de deux heures dansl’atmosphère desséchée pour enlever les 50 derniersmètres. Les feux d’un second crépuscule se prennentdans les plissements de la Garet. Du Lac se dresse enhaut de la Takouba et déloge de leur emplacement lesdeux pitons de rappel plantés par Mazeaud quarante-trois ans plus tôt. À sept heures de marche du sommet de la Takouba, aupied des éboulis de la Garet, El Mouloud allume un petitfeu, verse le thé touareg dans son verre et se prépareà attendre les grimpeurs français qui s’aventurent pourdes raisons obscures sur les parois, au risque de serompre le cou et - pire - de déranger les Djinns…

par Sylvain TESSON

VISAGES DE L’AVENTUREObjectifs aventure

À la verticale du désertEscalades sur les parois du Hoggar algérien

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Remerciements particuliers à ThomasDulac (guide de haute montagne :www.thomasdulac.com) pour saconnaissance précieuse du Hoggar età nos amis touareg : El MouloudBrahim et Ahmed Boubacker del’agence Tagrera ([email protected]).

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Sylvain Tesson et Daniel du Lac dans l'immensesocle de la Garet-el-Djenoun avant de rejoindre

l'aiguille de la Takouba pour la gravir.

Daniel du Lac en tête,Jean-Christian Kipp et

Sylvain Tesson au massif de Tesnou,

voie Rezzou (400 m, 7a).

El Mouloud, Sylvain, Daniel, Thomas Goisque et Jean-Christianau massif de Tissalatine, après avoir grimpé la voie « le poids et la mesure ».

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Raymond Maufrais disparaît le 13 janvier 1950. Ce jeune hommepoussé par l’obsession de la conquête,apparaissait comme un être destiné à découvrir des terres inconnues. Son but : approcher des populationsignorées et apporter du nouveau à la science. Sur trois colonnesL’Intransigeant titrait : « Sac au dosdans la brousse guyanaise, Maufrais,explorateur solitaire de 23 ans, va tenter de percer le secret des Tumuc-Humac et compte séjourner huit moisdans ces territoires inconnus. » Il n’enreviendra pas.

Ce 17 mars 2009 deux équipes guyanaisespartent sur ses traces. Un projet orchestrépar le CER Guyane (Centre ÉducatifRenforcé de Guyane). Ces deux équipes,l’une partant de Camopi à l’est et l’autrede Maripasoula à l’ouest doivent seretrouver à mi-parcours sur la crique « petit Tamoury », au lieu dit « SautTamoury », avant de poursuivre leur progression jusqu'à rejoindre leurs desti-nations finales respectives. L’objectif :créer la rupture pour 8 jeunes placés auCER de Guyane. Une manière de les aider à se remettre sur le droit chemin encommençant par celui des Emerillons.Les CER sont des structures de la protec-tion judiciaire de la jeunesse gérées par le service public ou par une associationhabilitée. Ces établissements ont vocationà prendre en charge sur le fondement del’ordonnance du 2 février 1945 desmineurs délinquants en grandes difficultésou en voie de marginalisation.

Dans le cas du CER de Guyane, cette priseen charge se fait pour une durée de cinqmois. Les mineurs sont suivis en perma-nence par une équipe éducative composéed’autant d’éducateurs que de jeunes. Ils’agit de créer une rupture dans lesconditions de vie de mineurs venant deGuyane, de Martinique et de Guadeloupe.Les projets qui leur sont proposés sont enrapport avec l’environnement local : laforêt et les fleuves. Différents types d’activités leur sont proposées : des chantiers de construction et d’entretien en forêt, l’entretien du littoral et la pêche, l’élevage et les cultures vivrières,l’orpaillage à l’ancienne et des expéditionsen forêt.C’est en rapport avec ce dernier thèmeque s’est construit, pour cette nouvellesession, le projet de traversée du sud dela Guyane, « sur les traces de RaymondMaufrais ». Après une première nuit à « saut Maripa »,site d’exception sur l’Oyapock, l’équipe del’Est (qui doit réaliser la boucle en partantde Saint Georges de l’Oyapock versMaripasoula, alors que celle de l’Ouest laréalisera en sens inverse) composée deIsman (éducateur au CER et porteur duprojet en tant que guide de forêt, Bruno,Philippe, Bernard et Patrick (les quatrejeunes mineurs), l’équipe médicale avecVincent et Christian et moi-même embar-quons très tôt sur deux pirogues pour rallier notre première étape Camopi (petitvillage amérindien peuplé d’Oyampi etd’Emerillon, sur la rive française del’Oyapock). Vers 15 h, nous atteignonsnotre destination. Juste le temps de

réaliser les formalités administratives(présentation des différentes autorisationsnécessaires pour pénétrer sur le territoire)et nous repartons pour nous installer dansun carbet (construction typique, adaptéeaux conditions de vie locales) légèrementen amont. Le lendemain à la première heure, c’est levéritable grand départ. Le temps de réunirpiroguiers, takaristes amérindiens et lesderniers accessoires nécessaires puis nousembarquons pour l’inconnu. La premièrejournée se résume à la remontée de la « Camopi ». Le lendemain après unbivouac à l’embouchure du grandTamoury, les choses sérieuses s’annoncent.C’est d’abord un premier saut qu’il fautfranchir à la cordelle (technique consistantà haler les pirogues pour les faire passer en amont du saut). L’esprit d’équipe est indispensable. Une premièremise à l’épreuve pour les jeunes dont le fonctionnement est le plus souvent individualiste. En fin de journée ce sont lestakaristes qui entrent en scène et c’est àcoup de machette et de tronçonneusequ’ils nous frayent un passage dans cemur végétal. À la mi-journée, nous nousengageons sur le petit Tamoury, l’isole-ment commence à être pesant. Nous installons le campement à l’embouchured’une petite crique. Dans ces moments,c’est l’entraide qui prévaut, les quatrejeunes se répartissent les tâches collectives.L’organisation commence à être rôdée.

Le chemin des Emerillons

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VISAGES DE L’AVENTURE

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Le lendemain, à la première heure, nouveau départ et nouveau défi. La criquese resserrant, elle est de plus en plusencombrée. Il faut déployer une énergietitanesque pour avancer de quelquesmètres, le tout à la merci des locataires dusite, nos amis les insectes (fourmis,guêpes, taons), les serpents et biend’autres, qui nous tombent du ciel commepar enchantement. Avec notre pirogue,nous partons en éclaireurs. À quelquesencablures de Dégrad Claude (endroit où disparut Raymond Maufrais), nous attendons nos amis qui ne sauraient tarder.Une demi-heure plus tard, toujours personne en vue, l’inquiétude commenceà se faire sentir. Nous faisons demi-tour,pour constater que la deuxième pirogueest en panne quelques centaines demètres en aval. J’ai juste le temps de jeterun coup d’œil au moteur et c’est reparti. À16 h nous atteignons ce lieu de « calvaire ».Le campement est vite monté, demainnous abordons la première journée demarche. Elle nous mènera jusqu'à « sautTamoury » où nous retrouvons l’équipe del’Ouest. C’est un moment d’échange entreles deux groupes d’adolescents, desretrouvailles et le partage des sensations.Sur ce site, une équipe précédente du CERa bâti un carbet. Déjà suroccupés, nousdevons nous installer à l’extérieur en utilisant nos bâches pour nous protéger de la pluie. Pas le temps de récupérer, il nous fautpoursuivre notre chemin dès le lendemain.En effet à l’origine une journée de repos

était prévue, mais compte tenu de la distance qu’il nous reste à parcourir, ilsemble plus sage de lever le camp sansattendre. Ce tronçon est le plus pénible,nous devons nous séparer en deuxgroupes afin d’être plus rapide. De plus ilest judicieux d’envoyer une premièreéquipe en avant-garde afin de dépêcherles guides amérindiens qui attendent sur l’autre rivière (la Ouaki) pour aider auportage des sacs. Je suis du premier groupeet nous atteignons « saut Verdun » à 17 h,alors que le reste de la troupe bivouaqueen pleine forêt. Ils atteindront l’objectif le lendemain midi avec l’aide de nosguides. À ce moment des boulever-sements s’opèrent dans l’esprit de nosjeunes. Malgré la fatigue maintenant bienprésente et des blessures aux pieds, ilssouhaitent être de la partie pour apporterde l’aide à leurs camarades. Ce sont lesmiracles de ces situations et les résultatssont bien palpables. Alors que dans leurvie antérieure, ils n’avaient jamais imaginése retrouver dans de telles circonstances,aujourd’hui ils doivent s’entraider. Après des retrouvailles émouvantes, nousreprenons notre route pour maintenantdescendre la Ouaki. Néanmoins il nousfaut de la même façon nous frayer un passage à travers la végétation, en effetles eaux sont montées depuis deux jours

et les tunnels dégagés par nos amis de ladeuxième équipe sont maintenant sousl’eau. Le travail est à refaire. Deux jourssont nécessaires pour rejoindre Kayodé (levillage amérindien sur le Tampock). Deuxjours où les échanges sont nombreux et sincères. Deux jours pour mettre à profit et tirer les enseignements de cetteépreuve, deux jours pour construire unprojet en s’appuyant sur cette expérienceet deux jours enfin pour entrevoir le chemin qui permettra à ces jeunes de sortir de ce « faux-pas ».Pour l’équipe pédagogique, l’expérienceest unique et servira de base pourconstruire les projets futurs de ces jeunes.Un bilan entre éducateurs du CER etDirection Départementale de la jeunesseet des sports sera aussi l’occasion de bâtirde nouveaux projets en direction despublics sensibles. La mise en place d’uneécole de l’aventure en relation avec laGuilde, pourquoi pas !

par Pascal MORENOSportif de haut niveau, spécialiste des descentes de rivières

(canoë, kayak, raft...), ancien de l'expédition Marañon 89 pour la descente de l'Amazone ; expédition tragiquement terminée

qu'il relate dans un manuscrit à paraître. Aujourd'hui conseiller àla direction départementale Jeunesse et Sports de Guyane.Ph

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Plus que quelques mois avant que nosailes ne fassent de l’ombre aux dunesdu Sahara. Les maladies neuromus-culaires tiendront la dragée haute àl’aridité légendaire de ce désert. À bordd’un frêle ULM, Alexandre et NicolasLandrieux tenteront de populariser leurmaladie.

Pas question de contredire notre amiCharles Darwin et sa sulfureuse théorie del’évolution. Au contraire, je suis bluffé parl’extraordinaire faculté d’adaptation del’être humain. Cette force est d’autantplus impressionnante lorsqu’entre enscène la maladie et/ou l’handicap. Les ressources de l’être humain sont sidé-rantes, avec cette soif de toujours vouloirplus, de reculer les frontières toujours unpeu plus loin.La myopathie, un mot qui effraye. À justeraison, elle est le calvaire d’environ trenteà quarante mille malades en France selonl’AFM (Association Française contre laMyopathie). Dans ses pires aspects, elles’appelle la myopathie de Duchenne.L’enfant naît en bonne santé, avec desmuscles identiques à ceux de tout nouveau-né bien portant, mais ses cellules vontpetit à petit mourir à cause d’un manquede dystrophine (protéine musculaire).Cette maladie paralyse l’enfant dès sonplus jeune âge, lui interdit la marche versdix ans, et le condamne à une espérancede vie ne dépassant guère vingt ou trenteans. Les complications cardio-respiratoiresont malheureusement raison de ces êtresinjustement touchés. À ce jour, aucun traitement ne parvient à enrayer cet inévi-table processus de destruction musculairegravé au fer rouge dans l’ADN. La myo-pathie est une maladie génétique actuelle-ment incurable.La myopathie de Duchenne n’est pas laseule au catalogue. Il en existe un trèsgrand nombre. Chacune étant plus ou

moins sévère. Mais pourquoi diable est-ce que j’aborde la phase obscure de lamaladie ? Tout simplement parce que jesuis moi-même touché par ce moteffrayant. Une bonne nouvelle n’arrivejamais seule : mes deux frères souffrentaussi de ce fléau ! Une injustice, pire, uneerreur dans les lois mathématiques sur lesprobabilités fait qu’il est impossible que la fratrie entière soit porteuse de cette déficience génétique. Et pourtant… ! La nôtre se dénomme myopathie des cein-tures… Charmant, moi je m’appelleAlexandre !Impossible de faire autrement que d’accepter cette réalité, de vivre avec etde contrecarrer le mal par le bien en saisissant tous les plaisirs de la vie. Seuleune drogue parvient à anesthésier ce malqui me ronge : l’adrénaline. Je ne peuxvivre sans. Je suis sans cesse à larecherche de cette hormone. La myopa-thie me prive chaque jour un peu plus dema liberté de mouvements, je développealors de nouveaux stratagèmes pour mefournir l’antidote salvateur.

L’appel du Grand Nord

Après avoir usé jusqu’à la corde mes BMX,je me retrouve perché sur les grandesroues d’un VTT. Tout va bien dans lemeilleur des mondes. Histoire d’épancher

ma soif, je crée même mon propre titre depresse VTT. Pourtant, un beau jour, jepeine à enrouler la mécanique. Mes cellules musculaires se font la belle au furà mesure que le temps passe. Le remèdeà ce mal grandissant s’appelle Oumiak,une chienne husky de Sibérie. Prenez unchien de traîneau, une ligne de trait, unharnais, un VTT et un myopathe et vousobtiendrez un cocktail détonnant. Il n’y apas un seul jour où nous ne dévalons lessous-bois en quête d’une bonne boufféed’oxygène. Le regard admiratif, mais aussiun brin ahuri, des badauds nous réchauf-fent le cœur. L’envie de fouler ces espacesimmaculés, cette poudreuse vierge, com-mence à prendre possession de mon âme.Mais une variable indissociable m’oblige àfaire une croix sur ces pulsions nordiques :le froid. En effet, il me paralyse et medérobe le peu de force musculaire restant.Adieu mes rêves auprès de Nicolas Vanier.

VISAGES DE L’AVENTURE

La myopathie donne des ailes

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Nicolas Landrieux

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Errances sahariennes

Et puis un beau jour, l’évolution faisantson petit bonhomme de chemin, impos-sible de me hisser sur mon vélo. Fortedétonation psychologique, l’heure de tour-ner une nouvelle fois la page assombritmes humeurs. Un énième subterfuge doit être mis en place. Oui, mais lequel ?Dans quelle direction aller ? C’est mondeuxième husky qui m’offre sans le savoirla solution. Il ne tient pas en place dans lavoiture, sautant de la banquette arrièreaux sièges avant et vice-versa. Je décidede calmer ses ardeurs en le cloisonnantdans le coffre d’un 4x4 spécialementacheté pour l’occasion. Grand mal meprend, en moins de temps qu’il ne fautpour le dire, je me retrouve dans le plusgrand bac à sable du monde : le Sahara.Un bout de continent délaissé des dieuxoù les températures jouent au yoyo avecdes records enregistrés de 58°C à -18°C.Totalement novice, je fais mes classesdans l’assistance de la TransTunisia.S’enchainent six années de désert, sixannées d’intenses émotions. La quête de l’immensité où les mots humilité etadaptation prennent toute leur valeur. La notion de défi se dessine, telles lestraces de mon 4x4, sur les ergs que noustraversons. À l’assaut de ces hauteurs,nous nous engageons dans des méharéesen totale autonomie. L’investissement desoi est total. Progressivement la marchefiche le camp, la canne s’impose commegarde-fou de mon équilibre devenu précaire. Ne pouvant plus piloter sereine-ment, la notion de plaisir s’échappe, unepage se tourne non sans peine.

De Newton à Icare

Pas question de rester les bras croisés àattendre sagement l’arrivée du fauteuilroulant électrique. Que me reste-t-il àfaire ? Le Sahara coule encore dans mesveines. La magie de ces espaces viergesme tiraille. Du haut de mon nuage, j’imagine leur beauté vue du ciel, la complexité des enchevêtrements dedunes... Ni une ni deux, je m’attaque à un pari audacieux : traverser le Sahara en ULM. Une chose m’agace : la méconnaissancedes gens sur ma pathologie. Je marchedifficilement chutant à la moindre aspéritésur le sol, je ne parviens plus à me

lever d’une chaise… Autant d’éléments qui suscitent l’interrogation. Les regards sefigent sur moi dans l’incompréhension laplus totale. Je ressens alors le besoin dem’exposer publiquement pour expliquer laréalité des maladies neuromusculaires.Mon plus jeune frère, Nicolas, me rejointdans l’entreprise de ce projet : « défi myo-pathie ». Plus un projet est fou et plus ilmarque les gens, voilà notre leitmotiv.Notre folie à nous est de provoquer lesgens avec des images et des idées à priori en opposition avec la myopathie.Notre défi est de tirer vos zygomatiquesvers le haut tout en vous exposant la réalité d’une maladie neuromusculaire.Le cadre est fixé, il nous reste encore àmaîtriser la loi de Newton et défier lemythe d’Icare : s’approprier les airs sansse brûler les ailes. En quelques mois nousdevons boucler les budgets, nous occuperde la médiatisation de l’aventure, et leplus important de tout : apprendre à piloter. Le temps défile à toute vitesse,j’en ai presque le vertige. Moi qui aime lessensations fortes, je suis servi ! N’étant pas né avec des ailes, contraire-ment à d’autres hurluberlus de l’espècehumaine, nous nous entourons dequelques ténors de la discipline. OlivierAubert devient notre mentor, il nous aideà mettre au point cette folle épopée, tandis que Thierry Barbier nous accompa-gnera à bord d’un second ULM, nousapportant ainsi la richesse de son expé-rience.

Le projet grandit, une évidence nousapparaît : nous devons partager cettemagie aérienne avec des enfants malades.Suspendre le temps, la souffrance d’unêtre touché par une maladie neuromus-culaire, l’espace d’un vol au-dessus deschâteaux de sable du Sahara.Ma dernière lubie est bel et bien née,Rendez-vous au mois d’octobre 2009, dateà laquelle nous déploierons l’envergure dedéfi-myopathie au-dessus du territoiretunisien et libyen. En attendant de vouslivrer sur un plateau les images lors dufestival du film d’aventure de Dijon, jevous invite à déambuler sur notre siteinternet.

par Alexandre LANDRIEUX

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Alexandre Landrieux

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VISAGES DE L’AVENTURE

Construite sur les plans d’une baselunaire, la station polaire européenneConcordia est un lieu unique pour larecherche scientifique et permetchaque année de mener à terme des programmes dans différentes disciplines : glaciologie, science del’atmosphère, sismologie, géomagné-tisme, astronomie, biologie humaine et médecine.

Mais s’aventurer pendant l’hiver polaire ne s’improvise pas. Outre uneexcellente santé physique et mentale,les hivernants bénéficient d’un suivitrès régulier et disposent d’une infra-structure médico-chirurgicale perfor-mante. L’équipe médicale de la stationpolaire Concordia nous propose uneprésentation générale de leur missionen Antarctique.

La médecine à Concordia

Peu de lieux sur terre sont aussi isolés entemps et en espace que la station polaireConcordia. Située à plus de 1 100 km descôtes, à plus de 3 200 m d’altitude, aucœur du continent le plus froid, le plussec, le plus haut… le plus extrême de tous,Concordia fait partie d’une des trois basescontinentales permanentes de l’Antarc-tique avec les bases russe Vostok et américaine Pôle Sud.La principale contrainte de ces basescontinentales est leur inaccessibilité absolue pendant la période d’hivernage defévrier à novembre. En effet, avec destempératures moyennes oscillant entre -70°C et -80°C, aucun engin motorisé ne peut circuler dans ce vaste désert blanc.L’impossibilité de transférer un patientvers un centre spécialisé oblige alorsl’équipe médicale à devoir faire face sur place à toutes les urgences médico-chirurgicales possibles.Ne disposant que de moyens limités enmatière de communications (téléphone,email) ou d’examens complémentaires(radiologie, biologie), la médecine àConcordia revient aux sources d’une « médecine générale » aussi passionnantequ’exigeante. Immergé à la vie quotidienne de sespotentiels patients, le médecin retrouveainsi sa place d’antan avec une forte impli-cation sociale et une mission qui dépassede loin les portes de l’hôpital.

L’équipe médicale

L’équipe médicale de Concordia est formée de deux médecins. Bien qu’ilsaient tous deux des missions différentesréparties entre la médecine opérationnelleet les protocoles de recherche scientifique,leur collaboration est fondamentale pourassurer la meilleure qualité des soins et lesuivi optimal des hivernants.Les conditions d’exercice en situationd’isolement exigent une formation la pluscomplète possible qui nécessairementdépasse le clivage classique entre lamédecine et la chirurgie.Ainsi, outre la médecine générale et lamédecine d’urgence, le médecin doit pouvoir assumer la place du dentiste, del’anesthésiste, du chirurgien… Neuf moisd’hivernage sans évacuation sanitaire possible imposent de pouvoir gérer toutesles pathologies y compris celles qui nerelèvent pas de l’urgence.A ces compétences médico-chirurgicales,s’ajoutent celles paramédicales et techniques, le médecin réalisant ainsi lui-même les examens biologiques etradiologiques.

Le rôle du médecin en milieu isolé

Il dépasse largement le cadre habituel desa fonction médicale. Même si sa missionpremière est d’assurer la bonne santé deshivernants, il doit veiller à garantir lacohésion du groupe et le bon déroulementde l’hivernage.Responsable de la sécurité, l’équipe doitmener une action de prévention continued’autant que les conditions climatiquespolaires extrêmes associées à l’hypoxiechronique liée à l’altitude (équivalent à 4 000 m) représentent un danger vitalpermanent.Ainsi des exercices pratiques et théoriquesde secourisme sont régulièrement organi-sés. Cette vigilance quotidienne s’étendnaturellement sur le lieu du travail où sepasse une grande partie des accidents.Afin de pouvoir faire face à une éven-tuelle intervention chirurgicale ou mêmesuppléer un des deux médecins, une formation continue des hivernants, estproposée dans différents domaines :l’anesthésie, la chirurgie, l’asepsie… pourleur permettre d’aider efficacement en cas de nécessité.

« En Antarctique, l’homme n’est pas le bienvenu. » Sir Ernest Shackleton

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Tout ce qui concerne l’hygiène, l’alimen-tation et la production d’eau est égale-ment contrôlé par l’équipe médicale. L’eauest ainsi prélevée et analysée régulière-ment pour s’assurer de sa qualité.Avec un effectif allant de 70 personnesl’été à 13 personnes l’hiver, l’activité clinique en hivernage est relativementréduite et reste dominée par la pathologiedentaire, la traumatologie, les lésions liéesà l’exposition au froid.

La recherche scientifique

En revanche, celle-ci occupe une partimportante de l’activité de l’équipe. Compte tenu des conditions de vie trèsparticulières à Concordia et les similitudesavec le milieu spatial et les vols habités,l’Agence Spatiale Européenne (ESA) s’estinvestie dans plusieurs programmes derecherche en psychologie, en biologiehumaine, en médecine mais aussi dans lestechniques de recyclage de l’eau.En effet, la base est implantée sur un plateau désertique où aucune vie n’existe,ni animale ni végétale. Bien que face àl’horizon la liberté soit sans limite, lesconditions climatiques quasi lunairesentraînent un certain confinement. Demême, l’isolement géographique oblige le groupe à une autonomie logistiquecomplète avec des ressources limitées.

La vie du groupe fait ainsi l’objet de plusieurs programmes de recherche com-binant plusieurs approches (psycho-logique, ethologique et anthropologique)et visant à analyser les différents types de comportement et les mécanismesd’adaptation face à l’isolement en milieuextrême.D’autres programmes existent notammenten biologie humaine comme l’étude deseffets à long terme de l’hypoxie hypoba-rique sur la coagulation sanguine. Le suivimédical fait aussi l’objet d’un programmede recherche développé par l’ESA. Enfin,afin d’optimiser la prise en charge médi-cale en situation d’isolement, plusieursprotocoles de télémédecine sont à l’étude.

L’hôpital de Concordia

Il est situé au rez-de-chaussée du bâtiment« calme » et possède une annexe sur lesite du camp d’été. Le bureau scientifiqueest situé au troisième étage avec lesautres laboratoires de recherche (glacio-logie, astronomie…).L’hôpital possède, à son échelle, toute l’infrastructure d’un petit hôpital de campagne performant. Il est composé de5 pièces : un cabinet de consultation avecla pharmacie générale, une chambred’hospitalisation jouxtant celle du médecinavec lit orthopédique, un cabinet dentaireavec un laboratoire pour les examens sanguins et la stérilisation du matériel(autoclaves) et enfin un bloc opératoiredisposant d’un respirateur récent et detout le matériel indispensable à une inter-vention chirurgicale. Enfin une chambrenoire permet le développement des radio-graphies. Cette structure possède tous les équipements médicaux nécessaires à une bonne pratique médicale : électro-cardiographe, radiologie, poste d’écho-graphie portable…

par le Dr Laurent BONNARDOTLauréat des bourses de l’aventure en 1997 pour un projet sur l’île de Tristan da Cunha

et le Dr Roberto RAINIS

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Aux lueurs de Dôme C...

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Cyprien Andres et Damien VanEeckhout avaient à peine plus de vingtans quand ils ont « constaté qu’ils étaientbranchés aventure » et ont envisagé dereprendre une route célèbre. Ils n’avaientjamais piloté, n’avaient pas d’ULM, pasd’argent et ne connaissaient pas les paysd’Amérique du Sud à survoler. En moinsde 12 mois, ils apprirent à piloter unULM, s’endettèrent pour en acheter un,enquêtèrent sur l’aérologie locale, cher-chèrent et trouvèrent des sponsors (mercinotamment à SPB).De novembre 2008 à mai 2009, ils ontparcouru l’Amérique du Sud en ULM pendulaire, en suivant le tracé de laLigne de l’Aéropostale, de Buenos Airesà Natal, aller et retour.« Les premiers vols en Argentine furentdifficiles à cause des vents, presque toujours vifs en Patagonie, et de la diffi-culté à trouver du carburant dans deszones inhabitées. Puis vinrent les ennuissérieux : une hélice fendue par des pierresqui ricochèrent à l’atterrissage. Un habitant se propose de nous emmenerchez le garagiste du coin. Nous avonsbesoin de serre-joints pour réparer l’hélice, et la discussion avec le garagiste

atteint de la maladie de Parkinson estlaborieuse. Nous réparons, et au matin,procédons au test moteur. Mais la répa-ration n’a pas bien tenu. Il nous fautimpérativement changer d’hélice ! Plustard, un câble de tension de l’aile serompt au décollage (incident rarissime)à 60 mètres d’altitude. Heureusement,en virant sur l’autre aile, on pouvait garder un peu de rigidité et Cyprien seposa. Mais ce fut chaud ! »En février survient un évènement plus sérieux : « Cyprien s’installe auxcommandes pour décoller aux aurores.Mais, la couche nuageuse atteint alors 3 000 pieds d’épaisseur, rendantpérilleux le franchissement du cordonmontagneux. Nous prenons la décisionde passer sous les nuages Nous avionsprévu une étape carburant, mais à notre arrivée, la route se trouve êtretrop fréquentée pour atterrir. Nous repérons alors un chemin de terre. Àl’atterrissage, le chariot heurte violem-ment le chemin, rebondit, dévie sur lebas côté, la roue se bloque et le charioteffectue une volte-face de 180° à l’hori-zontale et l’aile droite touche terre. Toutse passe à une vitesse folle… Nous

reprenons nos esprits et constatons lesdégâts. Pas la moindre égratignure, lemoteur et le charriot ne sont pas touchésmais l’aile droite s’est entièrementdéchirée sous le choc. Il faut se rendre àl’évidence : il nous faut renoncer à notrevoyage. »Ils ne vont pas renoncer, mais trouverune autre aile, l’adapter au chariot etpoursuivre pour gagner le Brésil et letraverser jusqu’à Natal avant de reveniren vol à Buenos Aires où ils arriverontaprès 200 heures de vol et 16 000 kmparcourus. Au retour, après cinq mois de voyage, les Brésiliens apprécient à sa justevaleur l’exploit de cette odyssée et leurréservent un accueil haut en couleur :« Notre radio fourmille de drôles debruits… cris, chants de la Marseillaise,comptine de Frère Jacques ou encoreéclats de voix au ton joyeux ! La surpriseest totale ! Apparaissent de la brumelointaine un, puis deux, trois, quatretrikes… Ils sont finalement 12 à nous rejoindre en vol ! Tel un essaimd’abeilles, ils se jettent sur nous dans unélan joyeux et tournoient, pressés les unsles autres de nous souhaiter le bonjouren actionnant leurs puissants klaxons ou leurs jets de fumée blanche ! C’estune pagaille incroyable mais tellementdivertissante, pleine de fraîcheur et despontanéité !»Il n’était pas question de vouloir toutrelater dans un article bref, mais de vousdonner envie d’aller lire leur blog et d’yretrouver leur description des momentsforts de leur expédition : le vol au borddes Andes à Mendoza, le survol de Riode Janeiro et l’évocation des personnesrencontrées pour lesquelles le souvenirde l’Aéropostale est toujours bien vivant.

par Jean PONSIGNON

VISAGES DE L’AVENTURE

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Sous titre.Les bourses de l’aventure 2008

Sur les traces de l’Aéropostale

Lauréats des Bourses SPB de l’aventure 2008

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Les bourses de l’aventure 2008

Jusqu’à la dernière minute, un doute énorme m’a taraudé l’esprit : qu’allais-jechercher là-bas dans l’extrême ouest de la Chine ? Partir une première fois avaitdéjà été difficile. Pourquoi me jeter à nouveau sur les chemins incertains etinconfortables de l’aventure ? Après lesvaines tentatives depuis l’Inde du nord etl’ouest népalais, j’ai choisi l’extrême ouestde la Chine comme nouveau point dedépart pour tenter de gagner le sanctuairesacré du Mont Kailash, au Tibet. Cettefois, j’avais la solitude pour seule com-pagne de voyage.

À Urumqi, capitale du Xinjiang que j’attei-gnis au terme de 42 heures de trajet entrain depuis Pékin, j’ai fait l’acquisitiond’un vélo. Le principe de me déplacer mûpar ma propre énergie restait essentiel à mes yeux. J’étais prêt pour sillonnerl’immense bassin du Tarim et le désert duTaklamakan, deuxième plus grand désertde dunes au monde.

Je ne connaissais rien ou presque de cetterégion du monde. L’hiver était encore bienprésent. J’ai dû m’acharner pour quitter laville et franchir la chaîne des Tian Shan.La neige, les tempêtes de vent et le froidcinglant avaient rendu l’endroit hostile.Puis le vide géographique immense m’as-pira. Ici les rôles du ciel et de la terreétaient inversés. Je vécus un voyage fabuleux. Je lévitais entre deux mondes : l’horizontalité et le vide sidéral qui sedéroulaient sous mes pneus. Dans cet univers étrange, mon esprit vaquait versdes horizons nouveaux. De ce néant terrestre, il tirait une substance nouvelle.Comme le poète anglais William Blake,allais-je « voir un univers dans un grain desable et le ciel dans une fleur des champs »et « tenir l’infini dans ma paume et mettrel’éternité dans une heure » ?

Chaque jour, je pédalais de longuesheures, traversant des paysages immo-biles à en devenir fou. Aller loin, ce n’estpas aller vite mais aller longtemps.L’infinitude de l’horizon me plongeait dans un état d’oubli de soi. Durant cetteprogression lancinante, j’ai fini par apprivoiser celle qui m’effrayait tant : la solitude. La traversée du désert duTaklamakan agit comme un révélateur. Aucœur d’étendues arides, le vent arrivait de partout et anesthésiait tous mes sens.Je n’étais plus porté que par l’euphorie de l’effort extrême. Voyager dans la vasti-tude permet d’élargir son champ de vision.Le monde est si grand. Encore fallait-il leparcourir pour admettre cette évidence.En route, je me nourrissais de pain, debrochettes de mouton ruisselantes degraisse, de raisins secs et d’arachides queles gens m’offraient. Dans les villages, lesOuïghours tentaient de démystifier lefonctionnement du compteur du vélo.

Visions de visages de gavroches à casquette et de faces de dompteursd’ours. La curiosité était réciproque. Onme prenait pour un Russe. La halte s’éternisait. Le moment était bon, et lerire l’emportait sur la frustration de nepouvoir communiquer davantage.Au 35ème jour de voyage, une mauvaisepiste militaire plongeant dans l’enfer desentrailles de la Terre m’enleva mes dernières forces. J’étais à plus de deuxmille kilomètres de Lhassa et progressaisà la vitesse d’un marcheur. Je payais monimpatience à gagner la montagne. Je bifur-quais finalement vers Kashgar, célèbreoasis Ouïghour que j’atteignis après deuxmille sept cent kilomètres, rempli d’uneénergie intérieure nouvelle, ayant expéri-menté avec succès les effets bénéfiquesde la pérégrination en solitaire. N’était-ce pas ce que j’étais parti chercher enchemin ? Une transformation du corps etdes pensées par les expériences vécues ?Le Mont Kailash ne s’était toujours pasoffert à mes yeux, mais j’avais acquis lacertitude qu’après les voies infructueusesde l’ouest, du sud et du nord, la route del’est me délivrerait de mon obsession.Apercevoir la montagne la plus sacréed’Asie est devenu une raison de vivre. En septembre, je repartirai vers l’est. Pour la 4ème fois.

par Christophe TATTULauréat des Bourses SPB de l’aventure 2008

http://lechantdutibet.over-blog.fr

Voyage à travers la solitude

Photos © Le Chant du Tibet

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VISAGES DE L’AVENTURE

Une indigestion de récits de voyage ? Unamour inconditionnel de la montagne ?Une furieuse envie de « vivre » l'aventureet non de la consommer à raison de cinqsemaines par an ? Ou bien un grain defolie génétique ?C'est plus vraisemblablement un cocktailde tous ces ingrédients qui nous a poussésà partir un an traverser l'Himalaya inté-gralement à pied !Nous, c'est un frère et une sœur, de 27 et28 ans, tous les deux tombés dans lamontagne quand nous étions petits. Aprèsdiverses expéditions en France et ailleurs,nous avons décidé de vivre un rêve. Unrêve d’un an, fait de rencontres, d’aven-tures, de paysages grandioses et… deplongée dans l’inconnu ! Ce voyage, nous avons mis dix-huit moisà le préparer : des centaines d’heurespassées à récolter des informations, s’initier à l’hindi, tenter de dénicher descartes de la région un tant soit peu précises,se battre avec les formalités administra-tives, trouver les financements… Premièreconstatation : la route qui mène à l’Hima-laya est semée d’embûches.Enfin, en mai 2008, c’est le grand départ.

Alex, jamais à court de bonnes idées pourcorser le périple, a récolté une belle fracture de la clavicule à VTT quinze joursavant de partir. Port d’anneaux obligatoireet repos complet préconisé pendant unmois. On n’ose pas avouer aux médecinsque notre programme risque d’être un poilplus chargé…

Eté 2008Himachal Pradesh et Ladakh

Nous faisons nos premiers pas enHimalaya accompagnés de Lalu et Sunil,deux jeunes porteurs à l’incompétencelargement compensée par un humourdécapant. Aux portes du Ladakh, Alex estenfin capable de porter son sac : le duoprend forme. Nous entrons désormais en terrain connu… et aimé ! Nous nousattardons le plus possible dans cetterégion à la beauté indescriptible, où,paraît-il, même la mousson n’ose paspointer le bout de son nez (nous ne seronspas aussi catégoriques…). Nous arpentonsle Ladakh en long, en large et en travers,le cœur battant la chamade (altitude ouexcitation ?) et les yeux écarquillés : ici,les cols et les sommets s’enchaînent et nese ressemblent jamais.

Septembre-octobre 2008Himachal Pradesh et Uttaranchal

Après le franchissement totalement illégald’un col situé à quelques encablures de lafrontière tibétaine, nous nous retrouvonsen pleine mousson dans la région dessources du Gange. La caillasse et les glaciers laissent désormais la place à lajungle et à la boue ! La présence des pèlerins donne une dimension nouvelle ànotre marche. De mythique, le parcoursdevient mystique. Enfin, si les moustiquesarrêtaient de perturber nos pérégrinationsmentales… Les occasions de rencontres se font plus nombreuses en ces terreshabitées. Nous découvrons le sens véri-table du mot « accueil »…

Novembre-décembre 2008Le grand ouest népalais

Avec la récente entrée des Maoïstes augouvernement, la rébellion n’est plus de mise dans cette vaste région peuaccessible : un nouveau paradis pour letrekkeur avide de belles rencontres s’offreà nous ! Région de l’Api, parcs nationauxde Khaptad et de Rara, Dolpo : nous remplissons nos yeux des plus beaux paysages et vivons des instants de partage hors du commun. Avec l’entrée de l’hiver, on apprécie d’autant plus l’accueil au coin du feu pour réchauffernos petits petons frigorifiés…

Duo des cimes L’Himalaya au rythme des pas

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Les bourses de l’aventure 2008

Janvier-février 2009Entre Annapurna et Everest

Retour au trek à l’occidental : les lodgestout confort dans ces sites touristiquesoffrent un contraste détonnant avec lesrégions de l’ouest népalais, mais on nes’en plaint pas. En hiver, au-dessus dequatre mille mètres, passer une nuit sous la tente devient une véritable épreuve de force contre le froid. Au petitmatin cependant, le décor nous donnetoujours l’énergie qu’il faut pour repartiren forme. Ces hautes régions monta-gneuses, hors saison, sont un parfait terrain de jeu pour nos organismes désormais « shootés » à l’oxygène pur : à chaque pas, l’ivresse des montagnesnous enivre !

Mars 2009Est népalais et Sikkim (Inde)

Que rêver de mieux pour terminer notreaventure ? L’Est népalais et la tongmalocale (bière à base de millet qui nedésemplit jamais…) nous laissent un souvenir mémorable. Le Sikkim ne se laisse pas approcher aussi facilement,mais lorsque nous venons enfin à bout dela montagne de formalités qui permet aupèlerin d’approcher ses cimes, le ciel secharge de gros nuages noirs et c’est lespieds dans la neige que nous retrouvonsl’Himalaya indien. Une rencontre inopinéeavec un sage bouddhiste en plein cœur dela tempête achève de nous ensorceler.Belles montagnes + échanges forts +chutes de neige = Duo des cimes content !Il y a un an, nous quittions la France enquête d’aventures, de rencontres et desommets… et nous n’avons pas été déçus.Chaque région traversée nous a offert sonlot de sourires inoubliables et de décorssomptueux. Plusieurs erreurs d’orientationet quelques grosses frayeurs – dans certaines zones reculées, la moindre blessure peut se transformer en véritablecauchemar – n’ont jamais réussi à

entamer notre soif de découvertes, ni à fragiliser la solide cordée que nous formions. Après dix mois de marche non-stop à travers l’Himalaya, notre rêveprend fin et laisse la place à d’autres… Et si on remettait ça dans les Andes ?

par Astrid et Alex BAZAILLELauréats des Bourses SPB de l’aventure 2008

www.duodescimes.fr

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VISAGES DE L’AVENTURE

COMPLETEMENT A L’EST !du 30 juin au 30 août 2009

C’est au Kamchatka, en extrême-orientRusse, que Olivier et Cécile Cusin souhaitent relier à pied plusieurs volcansactifs. Frère et sœur passionnés par lamontagne et les grands espaces, ils ont été attirés par cette région monta-gneuse très peu peuplée et encoremoins parcourue.Leur itinéraire, inédit et engagé, seraréalisé sur un axe nord-ouest/sud-est.Ils évolueront en autonomie complète à travers deux parcs nationaux. Cette traversée de plus de 300 km et 20 000 m de dénivellé passera par plusieurs volcans classés au patrimoinemondial de l’UNESCO - dont le Kliuchevs-koy et le Kronotsky, qui sont les pointsculminants des réserves nationales dumême nom.Si les conditions météorologiques et volcaniques sont favorables, ils gravirontces derniers ainsi que le Tobalchik, leTumrok et le Visokiy. Les ascensions des trois plus hauts volcans serontcaractérisées par la dimension glaciairedu terrain.Pour les relier, ils emprunteront delarges vallées et de hauts plateaux. Cesétapes de transition seront jalonnées de franchissements de rivières, de maré-cages, de forêts, de cols…

http://completementalest.free.fr

DÉFI-MYOPATHIE « LORSQUE LA MYOPATHIE LEUR DONNE DES AILES »

du 4 au 25 octobre 2009

Alexandre et Nicolas Landrieux sontcloués au sol par la myopathie. Bientôtirrévocablement calés dans un fauteuilroulant. Pour échapper à cette dure réalité et se gorger d'espoir, ils tententun ultime challenge : traverser le Saharaaux commandes d'un ULM. À contre-cœur, ils ont dû abandonner l’idée desurvoler l’Algérie car il semble difficile,voire même impossible, d'y faire entrerun ULM dans leur espace aérien.Leur défi s’articulera donc autour de deuxaxes : le premier consiste à partager cetteaventure avec d'autres malades dans lenord de la Tunisie. Puis l’aventure sepoursuivra à Tozeur, dans le sud dupays. Les deux frères seront à quelquesminutes de vol des différents chotts(dépression saline) dont le plus grandcouvre un territoire de plus de 5 000 km2 :le Chott el-Jérid.Le second axe, plus « aventure », sedéroulera en Libye, les 9/10e du payss'étendant sur une des parties les plusarides du Sahara. La plus grande diffi-culté consiste à établir un parcours encohérence avec l'armada de 4x4 plaquéeau sol qui seront nécessaires pour assisterAlexandre et Nicolas. Car traverser uncordon de dunes en voiture n'est pasexactement du même acabit qu'avec

l'insoutenable légèreté d'un ULM…En attendant le départ, les deux frèresenchaînent les cours de pîlotage et s’en-tourent d’une belle équipe d’assistanceavec notamment Thierry Barbier, un desgrands noms de l’ULM en France.

www.defi-myopathie.com

EQUIAVENTURASdu 2 juin 2009 au 30 juin 2010

Un rêve de gamin, une rencontre et le début d'un beau projet... GwladysLecarpentier et François Tabuadasont partis, direction le Mexique pourtrois mois de préparation à l'issue desquels ils traverseront l'Amérique centrale à cheval... Un périple d’environ5 000 km en un an, à la découverte duMexique, Guatemala, Salvador, Honduras,Nicaragua, Costa Rica et Panama.A cheval, c'est avant tout une questiond'amour. L'amour de la liberté - qui n'apas rêvé de chevaucher la steppe àperte de vue - et la volonté d'être en symbiose avec la nature. Découvrirde nouveaux horizons et s'enrichir denouvelles rencontres au rythme dessabots retentissant sur le sol. Le voya-geur à cheval n'est pas un homme pressé. Cependant, il doit posséder une qualité indispensable : le sens des

Sous titre.Les bourses de l’aventure 2009

3ème édition des Bourses SPB de l’aventureAvec une dotation de 20 000 € pour soutenir des projets d’aventure et d’exploration,

pour jeunes de tous âges.

« La sélection 2009 était tout à fait enthousiasmante :beaucoup plus de projets qu’en 2008, une réelle variétédans les motivations et les objectifs, sans compter davantage de projets de « moins jeunes », ce à quoinous tenions également. » explique Jean-Marie-Guian,Président de SPB.

81 dossiers ont été adressés fin mars à SPB/la Guildepour cette bourse. À partir d’une présélection qui avaitretenu 26 dossiers, le jury, après les avoir étudiés endétail, a décerné des bourses à 7 projets dont les montants varient de 2 000 € à 3 500 €

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Les bourses de l’aventure 2009

responsabilités. Le défi relevé dans ceprojet n'est pas d'ordre sportif, il nes'agit pas d'une course contre la montremais bel et bien de gérer : approvision-nement, hébergement, gestion de lalogistique, contrôle du budget, gestionde l’effort et de la sécurité pour tous leséquipiers.Pour ce projet, Gwladys et François sesont formés pendant plus d’un an carpour voyager à cheval, il ne suffit pas d’être cavalier mais égalementmaréchal-ferrant, vétérinaire, bourrelier,éthologue…

www.equiaventuras.com

LA BELLA DURMIENTE1er août au 1er octobre 2009

À partir de techniques de cordes spéci-fiques, Guillaume Maurin, SandraDesnottes et Cesar Pingus Lozano vontaccéder au toit de la forêt péruvienneamazonienne (50 m), dans le Parc national Tingo Maria (18 000 hectares).Une fois dans la canopée, l’installationd’un campement nomade sert de posted’observation, en général pour 2 ou 3 jours. Grâce à d’autres techniques, illeur est ensuite possible d’évoluer enautonomie dans la canopée sans toucherle sol. Le but de ce projet est de récolter unmaximum de données sur la biodiver-sité, de photographier la faune et la florespécialisée dans cet écosystème et depromouvoir cette technique douceauprès des scientifiques. Certaines espèces sont difficiles à observeret d’autres sont encore sûrement incon-nues ; en cela une photographie, unevidéo sont de grandes importances pours'assurer de l’existence de ces individuset de leurs habitats.Sandra sera responsable photo, Césarresponsable dans l’identification desespèces et Guillaume sera responsablevidéo et gérera les déplacements arborés.

ODYSSEE CANADIENNEdu 6 juin au 23 août 2009

Pierre Montaland, Loïc Gourmel,Gilles Melin et Loïc Marrec naviguentdans le Grand Nord canadien : deYellowknife (dans les Territoires du Nord-Ouest) à Kugaaruk au Nunavut à bord de 2 canoës, en totale autonomie.« Le parcours de 2 200 km que nousavons choisi est très engagé. Il va nous falloir adopter un rythme à mi-cheminentre celui du marathonien et du randon-neur. À nous ensuite de nous montrer à la hauteur pour le tenir pendant aumoins 60 jours ! » nous disait l’équipeavant le départ. « Notre planning esttrès serré, entre le début et la fin de lafonte des glaces. À Yellowknife, la fontedes glaces est très rapide et la datemédiane de libération est début juin.Notre itinéraire nous fait passer par lebras est qui est le dernier à être libéré,en général vers le 20 juin. Nous seronsdonc prêts à partir à la mi-juin, afind’avancer dans notre périple en mêmetemps que la libération du lac.Nous profiterons de la fonte des glacesafin d’avoir un niveau suffisant sur lesrivières. Toutefois si nous ne sommes passuffisamment rapides le niveau dans lesrivières risque de baisser considérable-ment, empêchant ainsi notre progression. Pour aller au bout de notre parcours nousdevrons réaliser une moyenne de 40 kmpar jour, avec des variations journalièresimportantes. Il va falloir enchaîner desjournées de 10 heures de navigation, desportages longs (avec 100 kg de matérielchacun), de la navigation en eau-vive, letout dans un environnement assez rude.Nous ne nous permettrons pas de jour-nées de repos. Notre objectif est deprendre de l’avance sur les parties dites« faciles ». Il s’agit donc d’une véritablecourse contre la montre. À nous de pro-fiter au maximum de l'été et du dégel,afin de mener à bien notre projet ! »

http://odysseecanadienne.free.fr

LE BAINTHA BRAKKdu 5 août au 27 septembre 2009

Aymeric Clouet, Jérôme Para etJulien Dusserre vont tenter l’ouvertured’une nouvelle voie au Pakistan sur leBaintha Brakk à 7 285 m suivi de la réalisation d’un topo exhaustif du bassinglaciaire de Choktoï.« Aujourd’hui l’enjeu de l’alpinisme dehaut niveau consiste moins à enfiler unecollection de 8 000 sur un fil de cordefixe, qu’à suivre une éthique pure ou la manière d’atteindre le sommet prévaut sur les moyens employés »déclare Aymeric. Avant de continuer : « Le sommet était l’ambition, le style estdevenu l’obsession » disait l’explorateuret alpiniste anglais Doug Scott. « Inscritsdans cette mouvance actuelle en tantque membres ou futurs membres desprestigieux GHM (Groupe de HauteMontagne), nous souhaitons à notre tourapporter une contribution au monde del’alpinisme moderne tant sur le planexploratoire que sur la transmission des connaissances sur ce massif duKarakorum. »

Depuis 1977, et la première du sommetcentral réussie par Doug Scott et ChrisBonington, le sommet du Baintha Brakkn’a été atteint qu’une seconde fois et par le même versant par des très fortsgrimpeurs allemands dont ThomasHuber. La quantité de tentatives parquelques versants que ce soit démontrepourtant un engouement certain etinternational pour ce 7 000 particulière-ment complexe. Son sommet est restevierge et la voie que le trio compteouvrir a pour ambition d’aboutir à celui-ci, avant de traverser sur le pointculminant, le sommet central.

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VISAGES DE L’AVENTURE

LES AFGHANS AU SOMMETdu 20 juin au 31 juillet 2009Soutenu par SPB et Direct Medica

Le Noshaq, le plus haut sommet d’Afgha-nistan, n’a encore jamais été gravi par unAfghan. Parce que c’est une montagnedifficile qui culmine à 7 492 mètres, maisaussi parce que l’on n’a jamais donné sa chance à un Afghan. Pour l’association« Les Afghans au sommet », c’est uneanomalie de l’histoire à laquelle il fallaitremédier…Gurg Ali, Amrudin, Afiat Khan et Malangviennent de passer un mois en Francepour se préparer à cette ascension historique. A Chamonix, sous l’égide del’Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme,ils ont suivi un stage de perfection-nement aux techniques alpines : neige,

glace et rocher. Encadrés par JeanAnnequin et Simon Destombes, les deuxguides de l’expédition, ils ont enchaînéles sorties en montagne et réalisé deux courses : l'arrête des Cosmiques etl’ascension de la face sud-est desCourtes. Ils ont aussi suivi quelquescours théoriques : acclimatation à lahaute altitude, gestion des campements,sauvetage... Si leur endurance physiqueet leur motivation ne faisaient aucundoute, il fallait donner à ces 4 jeunesAfghans toutes les armes pour leur permettre d’atteindre le sommet duNoshaq et devenir, à terme, de véri-tables guides de montagne.Au-delà du caractère symbolique du projet, les alpinistes afghans entendentmontrer au monde entier que les trekset les expéditions sont à nouveau

possibles. Très vite, ils espèrent guiderdes groupes de touristes pour leur fairedécouvrir les belles montagnes del’Hindu Kush afghan.Cette expédition franco-afghane est àl’initiative de 3 jeunes Français : LouisMeunier, Nicolas Fasquelle et JérômeVeyret.

www.noshaq.com

6ème édition des Bourses de l’Aventure Direct MedicaAvec une dotation de 5 000 € pour soutenir des expéditions à caractère sportif

Depuis 2004, la société Direct Medica associe son nom à celui de l’aventure. Forte de son nouveau règlement : « pourtoutes personnes à partir de 18 ans », nous avons reçu 55 projets pour cette édition 2009. Après délibération du jury, trois projets ont été retenus. Les Afghans au sommet (ci-dessus), Périple en Asie autour des énergies renou-velables et De la Garonne au Danube (ci-dessous).

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PÉRIPLE EN ASIE AUTOUR DES ÉNERGIES RENOUVELABLES

de juillet 2009 à juin 2010

De Mongolie jusqu’à l’Inde, SylvainKoch-Mathian va aller à vélo, à pied, àcheval, à la rencontre de projets exem-plaires mettant l’architecture bioclima-tique et les énergies renouvelables au service des peuples de montagne.« On associe souvent les pays en voie dedéveloppement aux seules régionschaudes du globe, or plusieurs centainesde millions de personnes vivent dans des régions froides et arides dans denombreuses régions montagneuses. C’estl’une des raisons pour laquelle je souhaiteparticiper à des projets de développementcentrés sur ces régions situées en dehorsde tout axe de circulation principal et souvent oubliées des médias et des ONG

dans les régions montagneuses d’Asie centrale.Ayant déjà vécu deux expériences enAmérique Latine, je souhaite maintenantpartir à la découverte des pays de l’Asie etnotamment de l’Inde. Ces pays sont entrain de prendre une place de plus en plusprépondérante sur la scène internationaletant du point vu économique et politiquequ’en ce qui concerne les grands enjeuxenvironnementaux de notre siècle.Enfin, ma passion pour l’alpinisme, mepousse naturellement à aller à la décou-verte de ces montagnes mythiques. Latraversée de l’Himalaya sera donc l’ultimeétape du voyage. »

www.habitat-solaire-asie.fr

DE LA GARONNE AU DANUBEdu 15 juin 2009 au 30 juillet 2010

Laurence et Pascal Chastin ont réaliséun grand voyage à vélo il y a vingt ans.Les rencontres et les découvertes faiteslors de ce périple ont bouleversé leurfaçon d’envisager la vie. Ils s'étaient promis de repartir un jour avec leursenfants afin de les ouvrir à la découvertedes autres. Après plusieurs voyagescourts à vélo et en famille, le moment est venu de tenir la promesse d’une grande aventure...

À l’heure des préparatifs, la question dumoyen de locomotion ne s’est même pasposée, tellement le vélo est apparucomme une évidence. Ils vont donc partirpendant un an à vélo pour découvrirl’Europe du Sud et de l’Est avec leursquatre enfants : Clara (15 ans), Maël (13 ans), Joachim (11 ans) et Zoé (9 ans). 9 000 km à vélo durant lesquels lesenfants suivront leur scolarité par correspondance.Le cadre du voyage en Europe s’est aussiimposé assez logiquement : limitation desfrais de transport (aucun avion ne serautilisé) ; possibilité de revoir plus tard les amis rencontrés lors du voyage ; exis-tence d’un réseau routier secondaire (trèsimportant pour pouvoir rouler en sécuritéavec des enfants) ; grande concentrationde lieux chargés d’histoire.

http://garonnedanube.blog.free.fr

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Les bourses de l’aventure 2009

INDOCHINEsur le chemin de la liberté

Cécile Clocheret et François Picard veulent être les premiersEuropéens à reconstituer la piste Ho Chi Minh en la parcourantà pied d'une extrêmité à l'autre pour rendre hommage auxcombattants de la liberté d’hier, mais aussi d’aujourd'hui et dedemain. En quatre mois, ils sillonneront plus de 2 000 km dedédales de sentiers, de collines, de torrents et de rizières, surcet axe qui balafre du nord au sud l’ancienne Indochine(Vietnam, Laos et Cambodge).

http://bourses-expe.com/bourses2009

SAINT-MALO/BAMAKOLa Méridienne du griot blanc

Fin mai, Marc Roger est parti à pied, sur les chemins d’uneMéridienne imaginaire qui va de Saint-Malo à Bamako, pouraller lire à voix haute, tout au long des 5 000 km qui séparentles deux villes, romans, poèmes et nouvelles, d’auteurs delittérature française et étrangère.

www.saintmalobamako.net

AU SON DU DAMARÛTraversée à pied du Tibet occidental

Dès la fin de l’hiver 2009-2010, après un premier temps d’im-mersion physique et culturelle de quatre mois au Ladakh et au Zanskar, puis un séjour de quatre mois à Dharamsala pour apprendre le tibétain, Mélanie Pinato et Romain Chartierentameront à pied (accompagnés d’un animal de bât) les 5 000 km de traversée des hauts plateaux tibétains. Ce parcours devrait leur permettre de rallier Yecheng à Lhassa.

http://ausondudamaru.blogspot.com

AMAZONE DE LA PAIX

Laurence Bougault, cavalière au long cours, a entrepris depuisle 1er avril, un défi ambitieux à cheval : relier en moins de six mois, Ispahan à Paris avec une jument turkmène. Àtravers ce périple de 7 000 km, cette cavalière veut relever legrand défi des antiques migrations d’Asie Centrale vers l’Europe.La fin de ce raid équestre est prévu pour le 30 septembre.

http://amazonedelapaix.blog4ever.com/

blog/index-279051.html

HIMALAYA EXPRESS

Elisabeth Revol, Antoine Girard et Ludovic Giambiasi veulentenchaîner plusieurs sommets de 8 000 m en technique alpine(sans oxygène, sans porteur) dans la vallée du Karakoram au Pakistan : le Broad peak (par la voie normale pour s’accli-mater et ensuite faire une tentative d’ouverture), puis le K2(par une variante et une ouverture entre deux voies). Enfin,en fonction des conditions météo, ils termineront leur péripleen enchaînant les arrêtes du G1 au G2.

www.himalaya.pro/broad-peak_k2

DYNAMO SOLIDAIRE

Partis début avril d’Orléans, Loïc Debray, Tanguy de Belmontet Thomas Heinry veulent rejoindre l’Inde à vélo et mettre enlumière, tout au long de leur traversée, les initiatives localesde développement respectueuses de l’environnement. Chaquekilomètre pédalé est vendu pour soutenir le projet de déve-loppement d’une association indienne au Tamil Nadu dans lesud de l’Inde. Cet argent permettra à 200 familles d’acquérirdes techniques agricoles traditionnelles, les aidant ainsi àacquérir des revenus complémentaires.

www.dynamosolidaire.fr

PROJET EXPLORATIONPunta Arenas-Ushuïa via Darwin

Antoine Collardot et Emilie Demond veulent rallier les deux villes australes de Punta Arenas et Ushuaïa en empruntantle détroit de Magellan et le canal de Beagle. Le projet seraréalisé en kayak bi-place et à pied. Le but est de parcourir une partie du mythique détroit, puis de rejoindre le canal de Beagle en forçant au rythme de leurs pas l’un des verrousde la presquîle Darwin.

PORTRAITS-ATLANTIQUES

De septembre 2009 à juin 2010, Benjamin Lemerle, RaphaëlLoosfelt et Émilien Gruet partiront traverser l’Atlantique surun voilier qu’ils ont entièrement remis en état et réaménagéeux-mêmes. Autour de ce projet, ils veulent initier un réseaud’échanges interculturels et de partage des savoirs entre dix écoles francophones situées sur leur route. Ils gravirontaussi les points culminants de chaque étape et escaladerontles falaises situées sur les bords de l’Atlantique.

www.portraits-atlantiques.org

EXPÉDITION KYANJIN TONIC

Antoine Bletton et Thomas Gautheron partiront en octobreprochain en direction de Kyanjin dans le massif du Langtangau Népal. Au programme : escalade puis descentes à ski en pente raide et en haute altitude depuis deux sommetshimalayens exceptionnels. Tout comme l’avait fait avant euxMarco Siffredi, cette expédition en Himalaya est la suitelogique de leur première aventure dans les Andes.

ENVOLÉE AU CANADA

Amoureuse des grands espaces, Odile Rablat va parcourir le Canada d’Est en Ouest, en ULM pendulaire, seule et sansassistance. « Après un mois de préparation administrative et mécanique près de Montréal et quelques vols au Québec, le voyage débutera à la mi-juillet par l’Ontario. Il se pour-suivra au gré des relations aéronautiques réalisées versl’ouest puis le retour me ramènera jusqu’aux côtes est en septembre. » O. Rablat.

http://envoleeaucanada.free.fr

appréciés par les jurys SPB et Direct MedicaParmi les autres projets

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Les Taaf (Terres australes et antarc-tiques françaises) organisaient pour la première fois, du 18 avril au 13 mai, une expédition dans les îles Éparses (Europa, Juan deNova, Glorieuses et Tromelin) àbord du navire logistique et océano-graphique le Marion Dufresne.

Cette mission exceptionnelle avait deux objectifs

- L’enlèvement des déchets lourds,accumulés pendant cinquante ans sur lesîles Eparses. Une quantité considérable de déchets a été évacuée (1 300 m3) :600 tonnes de déchets ferreux, 14 tonnesde batteries, 2 tonnes d’huile, 6,5 tonnesde kérosène. Cette évacuation a néces-sité 1 350 rotations d’hélicoptère entreles différentes îles et le navire, et un travail considérable de préparation parles équipes techniques des Taaf dans desconditions climatiques éprouvantes. Àcet égard, le concours des détachementsmilitaires de souveraineté présents surles îles a été précieux.Ces différents déchets ont été ramenés àLa Réunion pour recyclage et valorisation.Cette opération exemplaire menée àbien constituait un des engagements des Taaf au titre de leur plan d’actionpour la biodiversité.

- La mise en place d’une plateformescientifique flottante : une trentainede scientifiques réunionnais et métropo-litains ont mené, à cette occasion, diffé-rentes recherches terrestres et marines.En tout, 17 programmes concernantl’étude des tortues marines, mesuresd'aérosols, observation des récifs coral-liens… Quatre hydrophones pour l’étudedes cétacés ont été mis à l’eau dans lecanal du Mozambique et à proximité deTromelin en partenariat avec l’Agencedes aires marines protégées. Deuxmarégraphes ont été installés surEuropa et Juan de Nova. L’intérêt excep-tionnel de ces îles va conduire à la miseen œuvre de programmes pérennesdans les années à venir.Cette opération exceptionnelle, qui

constituait un défi logistique et tech-nique, a donc pleinement atteint sesobjectifs. Elle confirme l’importancestratégique et écologique de ces îles,sentinelles de la biodiversité mondiale.Les îles Éparses ont été rattachées aux Terres australes et antarctiquesfrançaises en 2007 dont elles constituentle 5ème district. Les îles Éparses n’appar-tiennent pas à l’Union Européenne.

Activités

La France a implanté dans les îlesÉparses des stations météorologiquesdestinées à la surveillance et à la prévi-sion des phénomènes cycloniques, troisont été automatisées (Glorieuses, Juande Nova et Europa). Une base météodemeure sur Tromelin (4 personnes).Depuis 1973, un détachement militairede 15 hommes est implanté surGlorieuses, Juan de Nova et Europa.Bassas da India, recouverte à maréehaute, est inhabitée.Il n’existe plus d’activité économique sur les îles Éparses. Les activités halieu-tiques sont, elles, développées etcontrôlées dans les ZEE. Elles sont le faitde thoniers océaniques, principalementfrançais et espagnols, qui parcourent lecanal du Mozambique.

VISAGES DE L’AVENTURE

Les actualités de l’aventure

Les îles ÉparsesRetour de la rotation du Marion Dufresne dans les îles Éparses

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Le Marion Dufresne est un navire polyvalentlancé en 1995. Il assure la logistique des îles australes françaises sous la responsabilité desTaaf et la logistique de recherche océanogra-phique sur la majeure partie des océans sous laresponsabilité de l’IPEV.Photo © Institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV)

Le Marion Dufresne à Tromelin.Photos © A. George

Chargement des déchets sur le Marion Dufresne.Photo © A. George

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L’environnement

Les îles Éparses, qualifiées de sanctuairesocéaniques, disposent d’un patrimoinebiologique terrestre et marin remarquable.L’isolement géographique, le caractèreinsulaire, une occupation humaine histo-riquement très limitée les ont protégées.Certaines ont une végétation quasi origi-nelle, en particulier Europa qui disposed'une mangrove intacte, et présententune grande richesse patrimoniale. Cesîles abritent des populations d’oiseauxmarins importantes : Frégate du Pacifique(Fregata minor), Frégate ariel (Fregataariel), Fou masqué (S.dactylatra), Fou à pieds rouges (S.sula), Fou brun (S.leucogaster), Phateon (P.rubricauda,P.lepturus ssp europae)...Certaines colonies d’oiseaux commecelles des sternes fuligineuses (Sternafuscata) de Juan de Nova sont considé-rées comme les plus importantes aumonde (2 millions de couples repro-ducteurs). La faible activité anthropique sur les îlesa préservé le récif corallien des atteintesliées aux activités humaines (piétine-ment, pollution par rejet d’engrais oud’eaux polluées…). À ce titre, il est uniqueet sert de témoin pour les comparaisonsà l'échelle de l'océan Indien.La zone nord du canal du Mozambique àlaquelle appartiennent les îles Éparsesest reconnue comme un des hauts lieux de la biodiversité marine (cétacés, poissons, récif corallien, hydraires…).Europa constitue probablement le plusgrand lieu de ponte de tortues marinesau monde (tortues vertes Cheloniamydas et tortues à écailles ou imbri-quées Eretmochelys imbricata). Cesdeux espèces sont réciproquement classées dans la liste rouge UICN (Unionmondiale pour la nature) respectivementen tant qu’espèces menacées d’extinc-tion et gravement menacées.

Glorieuses, Europa, Tromelin etBassas da India sont classées enréserves naturelles par un arrêtépréfectoral de 1975, leur accès eststrictement contrôlé.

Souveraineté de la France sur les îles Éparses

Historiquement, le pavillon français futplanté pour la première fois en 1776, sur l’île de Tromelin. La prise de posses-sion officielle des Glorieuses, eut lieu le23 août 1892, date à laquelle le pavillonnational fut arboré sur la GrandeGlorieuse. Enfin, la souveraineté de laFrance sur les îles Juan de Nova, Europaet Bassas da India fut notifiée au JournalOfficiel du 31 octobre 1897. Il est écrit « en exécution de la loi du 6 août 1896,notifiée aux puissances et déclarantcolonies françaises Madagascar et sesdépendances, le pavillon français a étéplanté sur les îles Juan de Nova, Bassasda India et Europa situées dans le canaldu Mozambique. »

Les missions scientifiques

Différents partenaires (Université de laRéunion – laboratoire d'Écologie Marine(Ecomar), Muséum national d’histoirenaturelle, Kélonia, Ifremer, IRD…)mènent actuellement de nombreusesétudes sur l’ensemble des îles dans lecadre de programmes de recherche(océanographique, halieutique, sédimen-tologie, biodiversité…). Cinq à six missionsscientifiques regroupant différents programmes sont menées chaqueannée, malgré l’inexistence d’instal-lations d’accueil adaptées. Une étudevient de débuter concernant, l’étude dela pellicule d’eau douce qui existe surchaque îlot corallien, ce bio-indicateurétant largement utilisé pour suivre l'évolution du réchauffement climatique.

Les Taaf ont souhaité donner un coupd'accélérateur à ces différentes étudesen profitant d'une rotation du MarionDufresne dans les îles Eparses.A cet effet, les Taaf ont lancé début 2008un appel à projet proposant de mettre laplate-forme logistique et scientifiqueunique que constitue ce bateau à la disposition de scientifiques (une quaran-taine de places) qui mènent ou souhaiteraient mener des programmesscientifiques sur les îles Éparses.

La sélection des projetsLes critères de qualité scientifique et de faisabilité logistique ont prévalu lorsde la sélection des projets. L’InstitutPolaire Français Paul-Émile-Victor (IPEV),partenaire habituel des Taaf en matièrescientifique dans les îles australes et en terre Adélie, a apporté son aide à lagestion de cet appel à projets.

www.taaf.fr

www.institut-polaire.com

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Les actualités de l’aventure

À Europa : étude d'un Paille à queue et enlèvement des déchets.Photos © A. George

À Juan de Nova : baguage d'une tortue verte.Photo © A. George

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Le 15 mai dernier, Yves Jégo,Secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer, a officialisé le départ de l’expédition(du 20 mai au 10 juin) menée parBernard Decré.

« La Marine nationale, la DirectionGénérale de l’Aviation Civile, le ConseilTerritorial de Saint-Pierre-et-Miquelon,la ville de Saint-Pierre, le Secrétariatd’Etat à l’Outre-Mer et quelques parte-naires privés dont Aigle, se sont rassemblés pour faire partir à Saint-Pierre-et-Miquelon une équipe de quinzepersonnes composée du régisseur PierreLenormand, cinq plongeurs de Brest, leréalisateur Louis-Pascal Couvelaire avecson équipe de tournage et quelques spécialistes recrutés sur place et moi-même. Ils sont tous réunis autour de lamême quête : la recherche de L’OiseauBlanc, l’avion de Charles Nungesser etFrançois Coli, disparu en 1927. Et pourles aider dans cette aventure, ils n’ontque deux « fausses pistes » et une hypo-thèse.

Deux « fausses pistes »

En France, jusqu’à peu de temps encore,des autorités de la politique et de l’infor-mation affirmaient que l’avion, tropchargé, était tombé dans la Mancheaprès Etretat, avec le mauvais temps…Le frère de Charles Nungesser en était

lui-même persuadé. La Marine Nationaleavait fait de nombreuses recherchesdans la Manche, mais sans succès !Aux USA, pendant plus de trente ans,reprenant l’avis d’une importante asso-ciation de chercheurs (TIGAR) avec lesoutien de Roland Nungesser ancienministre et neveu de Charles, desrecherches relativement approfondieseurent lieu dans le Maine autour duRound Lake, car un chasseur affirmaitavoir découvert un moteur (impossible àlocaliser) dans la forêt !Plusieurs autres pistes mènent versHalifax ou les lacs du sud de TerreNeuve, mais sans preuve.

Une hypothèse

Depuis trois ans, je réfute la piste duMaine que je connais bien. Pour moi,deux grands pilotes ne se sauraient pas aventurer avec un avion mariniséau-dessus du brouillard et des forêts.Cela aurait été suicidaire, d’autant qu’ilne leur restait pas assez d’essence,après la navigation de nuit du 9 mai enplein mauvais temps.Ils ont franchi la Manche dans la brume,le matin du 8 mai 1927. Des témoins lesaperçoivent près des Needles et enIrlande. La traversée de l’Atlantique s’estfaite par beau temps, vent arrière. Ilssont arrivés de nuit à l’entrée du Saint-Laurent après 22 h à 23 h de vol. Là, ilsse heurtent à la dépression de Terre-Neuve, car Nungesser avait tout misésur une route directe : « orthodromie etvent arrière ! »Ils sont donc obligés de descendre lescôtes de Terre-Neuve. C’est 650 km, 5 bonnes heures non prévues, secouéspar des rafales de vent, des orages de

neiges fondues. En volant à 100 m dehaut, ils sont obligés de se référer auxbrisants, seules marques visibles la nuit.Vers 6 h, le jour se lève, la tempête estderrière eux. Près de douze témoins lesvoient ou les entendent sur les côtessud-est de Terre-Neuve, vers Saint-Jean.Ils décident alors de longer la presqu’îlede Burin, pour se poser à Saint-Pierre-et-Miquelon, n’ayant plus que deux outrois heures de carburant. Mais c’estsans compter sur les garde-côtes quifont la chasse aux trafiquants d’alcool.L’Oiseau Blanc serait abattu comme unbootlegger… Témoignages et archivesmentionnent la découverte de boutsd’ailes sur Saint-Pierre et le souvenird’un bruit d’avion. Perdant leurs réfé-rences dans le brouillard, en s’alignantdans le 340° dans la passe sud-est duPort, les pilotes se détendent, ils sont lespremiers à faire cette traversée mythique,à établir le record de distance. À l’amer-rissage, l’hélice touche l’eau et l’avionbascule, se disloque. Les pilotes s’agrip-pent à une aile et crient « au secours ! »lorsque les débris s’enfoncent dans l’eauglacée. Le chien de Pierre-Marie LeChevalier leur répond, mais sans se fairecomprendre de son maître. Ce matin-là, à deux nautiques du Port de Saint-Pierre, L’Oiseau Blanc disparaît par trente mètres de fond… »

par Bernard DECRÉ Président de l’expédition et de l’association

« La recherche de L’Oiseau Blanc »

La recherche de L’Oiseau BlancMission à Saint-Pierre-et-Miquelon

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GUIDE DES DÉSERTS, UNE VIE AU SAHARAde Jean-Louis BERNEZAT, Ed. Guérin.

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UNE VIE À COUCHER DEHORSNouvelles de Sylvain TESSON Ed. Gallimard, 2009

« Tout ça finira mal », était l’un des titres pressentis pour le dernier recueil de nouvelles de Sylvain. Car à y regarder de plusprès, aucune de ces nouvelles qui couvent dans sa tête lorsqu’ilglobetrotte au gré de ses humeurs, n’offre une heureuse issue.Qu’il nous promène sur les bords des lacs gelés de Sibérie ou dans les abysses de la mer Egée, on ne s’en sort jamais. Et l’on se surprend à imaginer à l’avance, à notre tour, commedans un bon polar, comment tout cela pourrait-il finir.

Echappe-t-on à son destin, tel pourrait s’intituler l’hallucinantehistoire à répétition qui, sur fond de toile hellène, met en scène,à 2 000 ans de distance, des jumeaux teutons en prise avec un fabuleux trésor…. Fa-ta-li-té, dirait l’ami Sylvain avec un inimitable accent germano-russe, une impassibilité à la BusterKeaton – plus un zest d’ironie dans le regard. Et avec un brind’humour noir : « Rien ne sert à l’homme de trop s’agiter dansla toile de l’existence, car la vie, même quand elle ne commencepas très bien, finit toujours mal. »

Dans ce précieux recueil,Sylvain Tesson met, commetoujours, ses connaissances degéographe et d’ethnologue auservice d’une bien belle plume.Il bénéficie d’une doublereconnaissance littéraire parsa publication dans la fameusecollection à couverture blanchede Gallimard et par le Goncourtde la nouvelle couronnant – déjà – une « carrière »d’écrivain prometteur.

DOUZE FEMMES QUI SOULÈVENT LE MONDEde Annick LACROIXEd. Albin Michel

Annick Lacroix est certainement une des journalistes ayant lemieux suivi l’action des ONG sur le terrain puisque, notammentà travers le Grand prix humanitaire créé par la Guilde avecMadame Figaro, elle se rendait chaque année auprès de plusieursfemmes engagées qu’elle révélait par ses reportages. Dans ce livre, outre les visages qu’elle nous rappelle et desdémarches émouvantes, l’intérêt est de revenir, sans en cacherles problèmes personnels, sur le parcours de ces généreuses toutà leur action, dont l’une se reconnaît même égoïste.Elle illustre par ces douze histoires cette « stupéfiante évidence : ilsuffit d’un, d’une personne, d’un destin, de la volonté d’un seul,pour que ça change », conviction fondatrice du Forum d’Agen etde la Guilde, très à l’honneur.Annick Lacroix, a contrario, exprime son scepticisme – son hostilité ? – à la professionnalisation croissante de l’humani-taire, affirmant avec force ce « détail incontournable… : le gestehumanitaire est geste de fraternité qui s’exerce de personne(s) à personne(s)...le reste, c’est autre chose : dela politique, du social. »Un avertissement aux « pro-fessionnels » pour qu’ils gardent leur esprit initial et unéloge des petites structurespar nature au contact des réalités humaines.

ÉCRITS D’AVENTURE

Arêtes enneigées ou dunes dorées, ce sont les immensités qu’il aime, les chemins de solitude qu’il parcourt depuis quarante ans. Celui qu’on appelle « Bernouze » n’a fina-lement changé ni de décor, ni de métier. Combien de randonneurs et de grimpeurs, ceguide de haute montagne a-t-il emmené dans le Sahara ?Comme montagnard, il a d’abord tracé des « premières » dans les Alpes, en Himalaya,et participé à une expédition en Alaska, dirigée par son ami Lionel Terray. Moniteur de ski, il s’est vite écarté des foules pour inventer les premiers « raids à skis », avant des’atteler à la grande passion de sa vie : l’exploration des déserts dans lesquels il a tracéles plus grands itinéraires, jamais accomplis en professionnel.Avec les Bernezat, deux mondes se découvrent : faire un campement, un feu, creuser lelit d’un oued pour trouver un puits, grimper les dunes et préparer à la pelle le passage

des chameaux, retrouver les gestes simples… les « etourissen » partagent la vie des nomades. Ils se frottent aux mêmes aventures,se chauffent aux mêmes flammes, dorment sous les mêmes ciels.Et le lecteur, plongé dans la méharée, peut surprendre, au passage des caravanes, le « tambour des sables », ce mystérieux grondement provoqué par le mouvement des grains de sable… la musique des déserts. C’est un très beau livre - comme tous ceux desÉditions Guérin - qui est aussi un hommage à un parcours exceptionnel.

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Nom. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code Postal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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VISAGES DE L’AVENTURE

FLIC D’ÉLITE DANS LES CITÉS de Bruno POMARTEd. Anne Carrière

« Pari insensé : un flic du RAID pour aider les jeunes de banlieueen difficulté ! » Cette première phrase du livre de Bruno Pomart« Flic d’élite dans les cités » résume son parcours l’ayant conduità la fondation des Raids-Aventure inspirés des Raids Gauloise de Gérard Fusil auxquels il participa et de sa connaissance desbanlieues. Un bel exemple - qui nous rappelle le Grand Raid de la Guilde dans les Pyrénées - où l’esprit et les techniques de l’aventure sont mises au service de la réinsertion des jeunes.

de Arnaud SCHWARTZ et Jean-François RUBINpréface de Neil Armstrong

Ed. Gallimard Loisirs, 2009

Le physicien Auguste Piccard (1884-1962) – qui inspira à Hergéle personnage du professeur Tournesol –, son fils Jacques (1922-2008) et son petit-fils Bertrand (né en 1958) forment à eux trois une dynastie unique en son genre. Depuis plus d'un siècle,cette étonnante famille suisse s'emploie à repousser les limitesdu connu et du possible, dans un subtil alliage de rigueur scientifique, de goût de l'innovation et de soif d'exploration. Uneambition qui nécessite l'engagement du corps autant que celui del'esprit et a fait des Piccard des personnages dignes de JulesVerne. Auguste et ses vols stratosphériques en ballon, Jacques etses plongées abyssales, Bertrand et son projet de tour du mondeen avion solaire... Ces trois hommes ont, l'un après l'autre, préfiguré les grands défis de leur temps. Raconter leur histoire,c'est évoquer le siècle de la conquête du ciel et des abysses.C'est aussi pénétrer au cœur d'une famille portée par un belhumanisme et très tôt sensibilisée à la nécessité de préserver la planète.

À LA CONQUÊTE DU CIEL ET DES ABYSSES. Auguste, Jacques, Bertrand Piccard

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Festival International du film d’Aventure

LES ÉCRANS DE L’AVENTUREDIJON DU 22 AU 24 OCTOBRE 2009

Olivier Föllmi

Le célèbre photographede l’Hymalaya et du Tibetassurera la présidencede cette 18ème édition dufestival de toutes lesaventures sous le signe de l’image.

Venez rencontrer les professionnels de l’image et les aventuriers qui collaborent à la réalisation des meilleurs documentairesinternationaux et qui vous entraînent à travers le monde dans leurs quêtes de découvertes et d’aventure. Ph

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