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Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017 FORUM ECOBIZ 2017 L'ENTREPRISE DE DEMAIN "FAIRE DU LIEN, FAIRE DU BIEN" 17 OCTOBRE 2017 Deux conférences proposées par le Club RH & Management En partenariat avec Groupama Rhône-Alpes Auvergne "ON A TOUS DES SUPER POUVOIRS" FLORENCE SERVAN-SCHREIBER " Si le bonheur ne s’apprend pas, il se travaille et la bonne nouvelle c’est que nous avons la main sur 40 % de notre capacité à être heureux, ce qui est énorme ! Se concentrer sur le meilleur nous donne une nouvelle lecture de nous-mêmes et de notre relation aux autres". "ALLIER SAGESSE ET BUSINESS" DENIS COCQUET "Développer l’entreprise et faire grandir les hommes : la rencontre inattendue". LES INTERVENANTS Florence SERVAN-SCHREIBER "Professeur de bonheur, diplômée en psychologie transpersonnelle et en développement durable d’universités californiennes, Florence s’est formée à la psychologie positive auprès de Tal Ben Shahar en 2009, Elle a créé une académie de psychologie positive en ligne, la "3 kifs académie". Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages, 3 kifs par jour, Dîner de Kifs, Power patate, et de la Fabrique à Kifs qu'elle interprète sur scène avec Isabelle Pailleau et Audrey Akoun. Denis COCQUET Coach Consultant en conseil de direction, Denis accompagne des dirigeants d'entreprise dans leurs enjeux de pilotage de l’entreprise et de management des hommes. Ami de l'Arche, il manifeste que la "fragilité ", notamment issue du handicap, peut être un levier pour un management inspiré. Il prône un leadership alliant puissance, présence et sens.

17 OCTOBRE 2017 Deux conférences proposées par · 3 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017 Le bonheur et ses bénéfices A la suite de ce test, la chercheuse Sonja Lyubomirsky

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Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

FORUM ECOBIZ 2017

L'ENTREPRISE DE DEMAIN

"FAIRE DU LIEN, FAIRE DU BIEN"

17 OCTOBRE 2017

Deux conférences proposées par

le Club RH & Management

En partenariat avec Groupama Rhône-Alpes Auvergne

"ON A TOUS DES SUPER POUVOIRS"

FLORENCE SERVAN-SCHREIBER

" Si le bonheur ne s’apprend pas, il se

travaille et la bonne nouvelle c’est que nous

avons la main sur 40 % de notre capacité à

être heureux, ce qui est énorme ! Se

concentrer sur le meilleur nous donne une

nouvelle lecture de nous-mêmes et de notre

relation aux autres".

"ALLIER SAGESSE ET BUSINESS"

DENIS COCQUET

"Développer l’entreprise et faire grandir les

hommes : la rencontre inattendue".

LES INTERVENANTS

Florence

SERVAN-SCHREIBER

"Professeur de bonheur, diplômée en psychologie transpersonnelle et en développement durable d’universités californiennes, Florence s’est formée à la psychologie positive auprès de Tal Ben Shahar en 2009, Elle a créé une académie de psychologie positive en ligne, la "3 kifs académie". Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages, 3 kifs par jour, Dîner de Kifs, Power patate, et de la Fabrique à Kifs qu'elle interprète sur scène avec Isabelle Pailleau et Audrey Akoun.

Denis COCQUET

Coach Consultant en conseil de direction, Denis accompagne des dirigeants d'entreprise dans leurs enjeux de pilotage de l’entreprise et de management des hommes. Ami de l'Arche, il manifeste que la "fragilité ", notamment issue du handicap, peut être un levier pour un management inspiré. Il prône un leadership alliant puissance, présence et sens.

1 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

Alain BORTOLIN

Vice-président de la CCI de Grenoble

Ce forum a été créé en 2003. J'ai le plaisir de vous souhaiter la bienvenue à sa 14e édition. Il est l'occasion de rappeler qu'Ecobiz, ce sont 18 000 abonnés recevant notre newsletter et réunis en 6 clubs à travers lesquels

vous êtes régulièrement conviés à vous retrouver autour de thématiques diverses : ►RH & Management, ►Performance Industrielle ►Commercial, Marketing et Communication ►Entrepreneuriat et Innovation ►Tourisme, Montagne et Club euro alpin . C'est aussi un portail de l'emploi qui facilite vos recrutements. C'est enfin 100 entreprises partenaires dont plusieurs nous ont rejoints aujourd'hui même. Dans le cadre d'un monde qui s'accélère, une transformation à laquelle participe la technologie, nous avons besoin d'être ensemble et de partager pour être plus pertinents et plus profitables sur le plan économique. Fare du lien, c'est un peu ce que nous faisons dans le cadre des clubs Ecobiz, des Journées Portes Ouvertes organisées dans vos entreprises, où nous partageons des moments conviviaux qui aident à faire face aux défis d'aujourd'hui.

PATRICK ARTAUD

Directeur régional

GROUPAMA Rhône-Alpes Auvergne

Je suis très heureux d'être, parmi les100 partenaires Ecobiz, le sponsor de cette manifestation. Faire du bien et faire du lien, c'est une thématique qui

nous est chère. Ecobiz est un réseau d'entreprises qui permet de développer du lien. Comme le dira Florence SERVAN-SCHREIBER, nos super pouvoirs s'expriment au quotidien. J'aimerais partager ce que nous avons pu modestement mettre en place au sein de Groupama en matière de qualité de travail : prévention, partenariats, développement du télétravail, espaces de coworking pour favoriser la transversalité, journée de partage entre entreprises, parfois de manière ludique autour d'une thématique. L'entreprise est de venu un lieu nécessaire de performance mais générer également du bonheur auprès de ses collaborateurs est essentiel. J'espère que cette thématique pourra, dans le cadre d'un réseau Ecobiz, aller au-delà de cette conférence.

Alain BORTOLIN

J'accueille Florence SERVAN-SCHREIBER qui a fait une longue route depuis Epinal pour nous rejoindre et Denis COCQUET de l'ARCHE qui vont nous apporter leurs témoignages sur le bonheur et le "bien vivre ensemble". Formée à la psychologie aux Etats-Unis, Florence SERVAN-SCHREIBER est l'une des premères à avoir enseigné en France la PNL, Programmation Neuro-linguistique. Grande

prêtresse de la psychologie positive, elle est aussi l'auteur de Power Patate- vous avez des super pouvoirs, du Dîner de Kifs, de 3Kifs par jour...Je lui laisse maintenant la parole.

2 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

INTERVENTION DE FLORENCE

SERVAN-SCHREIBER

"Mon métier au quotidien ?

Je suis professeur de bonheur !"

Question de Florence SERVAN-SCHREIBER à

l'assistance : "Combien d'entre vous ont-ils déjà

entendu parler de psychologie positive ? "

Toutes les mains se lèvent dans l'assistance. La psychologie positive est une discipline universitaire qui analyse et tente de comprendre les pratiques qui améliorent notre niveau de satisfaction globale. Elle se définit comme l'étude scientifique des forces et des

qualités qui permettent aux individus et aux communautés de s'épanouir. La psychologie positive s'intéresse aux traits de personnalités, aux comportements et aux organisations qui "marchent". Lorsqu'on a envie de s'épanouir, de prendre sa place, de se libérer de notre enveloppe... c'est ça la psychologie positive.

"Quand le vent tourne, nous sommes équipés"

Qu'est-ce qu'un professeur de bonheur ? Plus notre culture est large, plus nous avons le choix et plus nous éprouvons une sensation de contrôle. A l'inverse, il a été démontré que ce qui nuit le plus à notre bien-être est l'impuissance. La psychologie positive nous aide à récupérer un peu de contrôle sur certaines situations. L'intention de la psychologie positive est d'être une psychologie préventive. Nous pouvons faire plus ou moins pour vivre mieux et plus longtemps. Bien sûr, nous prendrons des autobus dans la figure. On ne sait jamais à quelle heure passent ces autobus, mais nous pouvons nous y préparer. Ainsi, quand le vent tourne, nous sommes équipés.

Qu'est-ce que le bonheur ?

Tout d'abord, le bonheur n'est pas le contraire du malheur, et rien ne permet de le prédire. Même si notre journée a très bien commencé, personne d'entre nous n'est à l'abri de recevoir un texto effroyable. Inversement, chacun de nous peut s'être levé du mauvais pied, et pour autant n'être pas à l'abri d'un coup de foudre. Le bonheur nous donne de l'énergie pour continuer. Le malheur aussi, pour que ça s'arrête. En fait, l'inverse du bonheur est l'apathie et sa version clinique, la dépression. Il faut que l'on soit bien ou que ça "pique", car cela signifie qu'on est en vie.

Question de Florence SERVAN-SCHREIBER à l'assistance : "Qui pense que notre capacité

au bonheur est génétique préprogrammée ?"

Environ la moitié de l'assistance se manifeste. Vous êtes apparemment très partagés sur cette question. La seule façon de procéder pour savoir, est de mener une analyse sur de vrais jumeaux monozygotes -donc avec le même patrimoine génétique- séparés à la naissance puis adoptés par des familles très différentes. C'est ce qui a été réalisé en 1990. Cela paraît incroyable, mais dans le Minnesota, on a trouvé 700 paires de vrais jumeaux qui répondaient à ces conditions, et qui étaient âgés de plus de 40 ans. (L'une des paires concernait même des jumelles âgées de 93 ans, à qui la vérité a été révélée après le test). Comment apprécier leur niveau de bonheur ? C'est toujours auto-déclaratif, car chacun est le seul à savoir comment il se sent. On mesure donc les scores sur 10 des réponses à une batterie de questions : "Comment vous sentez-vous par rapport à vos pairs, par rapport à vos rêves d'enfant ? ... Résultats du test sur les paires de jumeaux : à 90%, ils déclarent le même "niveau" de bonheur. Bien sûr, les questions conditionnent les réponses, car lorsqu'on cherche ce qui ne va pas dans votre vie... on trouve. Donc les questions ont été posées à l'envers, et les résultats ont montré qu'à 10%, les jumeaux séparés avaient des vues différentes sur le bonheur. Les chercheurs publient aussitôt Le bonheur c'est génétique !"

3 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

Le bonheur et ses bénéfices

A la suite de ce test, la chercheuse Sonja Lyubomirsky s'est interrogée sur les "bénéfices complémentaires du bonheur, et notamment : - être plus engagée dans ses projets - être plus relié aux autres - vivre plus longtemps et en meilleure santé. - et pour les USA seulement... : gagner davantage

La génétique détermine notre aptitude au bonheur à 50%

Le résultat de ces recherches montre que 50% sont prédéterminés par le gène 5HTT favorisant le taux d'ocytocine, d'endorphine... cela doit vous évoquer quelque chose. Tout ce qui est en –ine nous fait du bien ! Plus le gêne est long, plus nous sécrétons ces neurotransmetteurs favorisant l'aptitude au bonheur. Mais on s'habitue à son propre niveau de bonheur et surtout, on n'a aucune idée de ce qui se passe dans la tête des autres. C'est une loterie, comme notre taille !

Question de Florence SERVAN-

SCHREIBER à l'assistance : "Que

faut-il pour être heureux ?"

Les réponses de l'assistance : - L'éducation - Etre reconnu, respecté, être aimé - Avoir des amis - Avoir du fromage (!) - Avoir une augmentation - Que nos besoins essentiels soient satisfaits - Etre en bonne santé

Même notre état de santé qui paraît si essentiel fait partie des conditions extérieures, lesquelles ne comptent que pour 10% de notre bonheur. En revanche, nous conditionnons tous notre bonheur au fait de changer beaucoup de choses.

Il reste donc 40 % sur lesquels nous pouvons agir

100% - 50% d'ordre génétique – 10% liés aux conditions extérieurs : il reste donc 40% qui sont conditionnés par l'interprétation de ce que nous vivons. Par exemple, certaines personnes qui subissent un revers n'ont pas la sensation de reculer mais d'avancer : ils s'ajustent et continuent à avancer. Ce qui compte n'est pas ce qui nous arrive mais ce que nous en faisons. Et nous ne sommes jamais le même d'un soir au matin... ce qui est également vrai de la personne avec laquelle nous vivons ! Du reste, si cette personne avait toujours la même tête, nous péririons d'ennui ! Quant à moi, je suis devenue professeur de bonheur car mon emploi précédent m'a quittée... Si cet événement ne s'était pas produit, je ne serais pas retournée à l'Université. Une parenthèse sur le bonheur au travail : lorsqu'on pense au bonheur au travail, nous avons un spectre qui s'étend de "masser les gens" à "entreprise libérée". Mais entre les deux, que fait-on avec les "vrais" individus ?

Mon apprentissage de la psychologie positive

Donc j'ai appris la psychologie positive et, comme j'avais du temps, j'a tout essayé : la méditation, l'exercice physique, écrire des choses à des gens... Et j'ai raconté cela dans 3 kifs par jour. L'ouvrage a eu beaucoup de succès. Nous sommes tous différents, mais avec davantage d'informations, j'ai réalisé nous sommes davantage libres de nos décisions. Entretemps j'ai vécu une catastrophe, la disparition de mon cousin David.SERVAN-SCHREIBER. Médecin, psychiatre, attient d'une tumeur au cerveau, il a changé la vie de milliers de gens. Il avait créé une école de formation de psychiatres, l'Institut Français d'EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) .Comme ses enfants étaient à l'époque très jeunes, je leur ai racheté l'école. Pourtant, quelques petites voix me disaient "Tu ne sais pas compter", et "Tu as déjà déposé un bilan"....

4 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

C'était il y a cinq ans. Depuis, nous "fleurissons". Non seulement nous nous sommes développés, mais nous nous sommes aussi apprivoisés. En effet, je n'avais pas choisi cette équipe et elle ne m'avait pas choisie. Et mes seules compétences étaient au départ la connaissance de l'anglais et de la psychologie. Je me suis intéressée aux ressorts qui agissent lorsque le vent tourne et aux travaux de chercheurs, notamment ceux qui se sont penchés au début des années 2000 sur les "qualités humaines universelles" : les professeurs Seligman, Mayerson et Peterson. Ces qualités ou forces de caractère, pour être universelles, doivent être valables dans toutes les cultures et partout sur la planète. Donc, une équipe est allée voir des guerriers Massaïs pour leur demander s'ils étaient familiers avec le concept de leadership. Une autre a rencontré des Inuits en Alaska pour vérifier aussi auprès de cette population l'existence de cette qualité. Ils ont ainsi ressorti 24 qualités, "universelles" retranscrites dans un questionnaire.

Nous avons tous des super pouvoirs

Un super pouvoir, c'est une qualité qui est la vôtre. Bien entendu, on peut se corriger mais c'est beaucoup mieux de se servir de nos qualités naturelles.

Question de Florence SERVAN-SCHREIBER à l'assistance : Parmi vous, qui

est drôle, qui est créatif, qui a le sens de la justice, qui est intelligent, qui

est persévérant, qui est honnête ?

Les mains tour à tour se lèvent, particulièrement nombreuses en réponse à "Qui est persévérant ?". La force de caractère, est-ce aussi banal que ça ? Lorsque je me suis attelée au livre 3 kifs par jour, et comme dans ma famille plusieurs personnes ont écrit des livres, il est ressorti le conseil suivant : "Tu t'assieds à 8h et tu ne bouges plus jusqu'à 12h". Je me suis assise de 8h à 12h mais plus le temps passait, moins ça allait et je me suis sentie comme un tas de poussière. Heureusement, le 2e chapitre du livre abordait le fameux questionnaire et ses 24 qualités. Vous qui semblez persévérants en grand nombre, j'ai le regret de vous dire que la persévérance n'arrive qu'en 24e position pour moi. Je n'en ferai pas l'expérience dans cette vie et ça n'a aucune importance, car je suis dotée d'autres choses. Voici le Top 5 de ma liste personnelle de qualités :

- la curiosité - la créativité - la capacité à aimer et à être aimé - la reconnaissance de la beauté - la joie de vivre

Donc je m'assieds et quand ça coince, je me fais du thé, je dessine une comète (la couverture du livre), je sors en ville... et si ça coince encore, j'appelle quelqu'un. Une fois que je me suis autorisée à travailler comme ça, j'ai pu rendre mon livre avec 24h d'avance mais surtout j'ai éprouvé du plaisir à le faire.

Le bonheur au travail passe par cette question : "quel est votre ressort ?"

Non seulement je réussis ce que j'entreprends et j'y prends plaisir, et ce d'autant plus que je le fais avec fantaisie. Cela veut dire que si j'appelle mon livre Manuel de psychologie posiive appliquée, eh bien je peux aller m'asseoir. Voilà pouquoi il s'apppelle 3 kifs par jour. ... et connaître ses qualités, bien sûr, c'est aussi savoir les reconnaître chez les autres.

Les 24 forces de caractère

■ Créativité, ingéniosité et originalité ■ Curiosité et intérêt accordé au monde ■ Discernement, pensée critique et ouverture

d'esprit ■ Amour de l'étude, de l'apprentissage ■ Perspective : considérer les choses avec du recul

et donner des conseils ■ Courage et vaillance ■ Assiduité, application et persévérance ■ Honnêteté, intégrité et sincérité ■ Joie de vivre, enthousiasme, vigueur et énergie ■ Capacité à aimer et à être aimé ■ Gentillesse et générosité ■ Intelligence sociale ■ Citoyenneté, travail d'équipe et fidélité ■ Impartialité, équité et justice ■ Leadership, capacité à diriger ■ Pardon ■ Modestie et humilité ■ Précaution, prudence et discrétion ■ Maîtrise de soi et autorégulation ■ Reconnaissance de la beauté ■ Gratitude ■ Espoir, optimisme et anticipation du futur ■ Humour et enjouement ■ Spiritualité, religiosité, but dans la vie et foi

5 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

3 manivelles à actionner

Ensuite, je me suis demandé s'il n'y avait pas des "manivelles" (quelque chose à actionner). Voici celles que j'ai trouvées.

1 - Un état d'esprit positif

Une expérience. Un groupe de médecin a été rassemblé. Un médecin sur deux est envoyé dans une pièce à côté, puis ils sont tous réunis ensemble et on distribue à chacun un dossier médical. On constate que 50% ont travaillé plus vite et ont été plus synthétiques, donc plus créatifs. Lesquels ? Ceux qui ont passé du temps dans la pièce à côté. Qu'on-ils fait de leur temps ? Ils ont joué aux Légo, bu un café, profité du silence. En fait, c'est comme si on leur avait donné une "sucette". Cela suffit à provoquer un phénomène d'élargissement. Pourquoi sont-ils plus compréhensifs, plus synthétiques, plus créatifs ? Parce que pour eux, tout a bien commencé. De la même manière, il est maintenant attesté que rire ensemble nourrit le cerveau.

2- Les autres

Nous sommes sensibles au fait d'être regardés, come formidables ou comme minables. Une autre expérience : des questionnaires sont distribués aux élèves d'une classe, puis ils sont tous jetés. Mais on dit aux enseignants : "vous avez des élèves à fort potentiel" en pointant, au hasard "celui-ci, celle-ci, celui-ci et encore celle-ci". Il est démontré que les élèves ainsi désigné ont mieux réussi et ont fait des études plus longues, par le simple fait que pendant un an, on les a regardés comme ça, on leur a porté une attention particulière. On ne peut pas contrôler ce que les gens disent de nous, mais on peut en revanche choisir les gans à qui on parle, et de quoi. Il faut sélectionner ceux qui vous encouragent, qui vous disent "vas-y, fonce !" Dans un monde idéal, les parents comme les managers devraient être comme ça. ... mais moi-même, lorsque mon jeune fils Arthur m'a annoncé son intention de partir en Australie, je lui ai répondu "même pas en rêve !", alors que d'autres lui ont dit ""vas-y, fonce !"

3- L'expérience optimale

On doit à Mihàly Csikszentmihalyi la définition de l’une de nos plus grandes source de bonheur : l’expérience optimale qu’il appelle aussi le flux (flow en anglais). Il s’agit d’une mobilisation de nos ressources et compétences psychiques. L'expérience : Mihàly Csikszentmihalyi a équipé son équipe de chercheurs de bippers qui se déclenchaient de manière alatoire. A chaque instant, il s'agissait de noter comment on se sent, puis de ne garder que les notes "hautes". L'expérience optimale, c'est quand on engage ses compétences, c'est-à-dire ce qu'on sait faire, avec un bon niveau de difficulté (ni ptrop facile, ni trop difficile, juste à notre portée), vers un objectif sur lequel on va recevoir un feed-back (je sais à quoi ça sert et à qui ça sert). Durant ces moments, on perd la notion du temps et de soi. C'est lorque nous faisons ce qui nous engage le plus que l'on se sent le mieux. Pour moi, l'expérience optimale est d'être devant vous. Pour d'autres, ce sera de remplir des tableaux Excel (pourtant, moi aussi je dois le faire...). Cela veut dire que lors d'un entretien d'évaluation, il est essentiel de vous demander ce qui vous procure de la satisfaction.

10 trucs pour être plus heureux

1- Savourez

Lorsqu'on est bien, on se tourne vers l'autre et on lui dit "on est bien là".

2- Cessez de vous comparer

C'est comme vous êtes qu'on a besoin que vous soyez. C'est ce qui vous prend le moins d'effort et c'est ce qui vous rend le plus attachant, le plus singulier.

3- Faites baisser le rang de l'argent dans vos

priorités

L'accumulation de biens n'a jamais rendu quelqu'un heureux... à une exception près : les chaussures !

4- Demandez-vous "A quoi ça sert ?"

Il faut allier plaisir et sens.

5- Nous ne sommes jamais aussi heureux que

lorsque nous choisissons ce que nous avons envie de faire

Une règle notamment attestée et utilisée par l'école Montessori.

6 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

6- Chérissez vos familles, vos amis et vos collaborateurs

L'université de Harvard a chois de suivre toute la promotion de 1938 : des personnes qui, année après année, ont accepté de répondre à des questions sur le bonheur. Au bout de 30 ans, un chercheur peut dire qu'il sait tout sur ces personnes, et que pour leur boheur, une seule chose compte : l'amour, c'està-dire la qualité des relations entetenues avec les autres.

7- Comptez vos kifs jusqu'à 3

Ce dont il s'agit, c'est la puissance de la gratitude qui permet de vivre plus vieux et en meilleure santé. Un kif, c'est s'émerveiller, s'arrêter un instant et dire "Pour ça, merci !"

8- Bougez !

Dépensez-vous, faites de l'exercice. Plus nous bougeons, moins nous risquons la dépression. Bougez 3 fois 30 minutes par semaines pour votre cerveau et pour votre humeur.

9- Donner est toujours plus fort que de recevoir

Alors, que faire pour qu'aujourd'hui, vous vous endormiez en étant bien ?

10- Le sourire !

C'est démontré : lorsque tous les muscles du visage sont engagés, il est impossible d'éprouver des idées noires.

Xavier D'ESQUERRE

Directeur de l'Etablissement

et des sites de Schneider Electric

Président de l'Arche à Grenoble

A l'Arche, nous ne sommes pas du tout experts de la rentabilité ni de la sélection des talents. Nous sommes experts du vivre ensemble et nous avons des choses à dire sur les 3 kifs par jour. Lorsqu'on voit que la recherche de sens est importante et que l'engagement est très précieux, nous nous disons que l'Arche, où nous proposons d'accueillir les gens avec nos forces et nos faiblesses, a quelque chose à dire à l'entreprise. Denis, que vous allez entendre, est un passeur. Il conseille des dirigeants, il est coach et il a un message sur l'entièreté de l'homme : qui suis-je en tant que personne ?

www.arche-grenoble.org

Fondée par Jean VANIER, ancien officier de marine et docteur en philosophie, L'Arche compte 140 communautés dans 40 pays. Elle regroupe en France 26 associations en charge de 32 communautés, sur tout le territoire. Berceau historique de L'Arche, la France accueille environ 2000 personnes dont 600 externes dans ses 100 foyers, Centre d'activités de jour (CAJ,/SAJ) ou en Etablissements et services d'aide par le travail (ESAT). L'Arche a 3 foyers à Meylan et à La Tronche (l'Etoile des Glaciers, la Rosée du soleil, le Lys des montagnes) où des personnes avec handicap mental et leurs assistants (salariés, volontaires, bénévoles et en service civique) partagent leur quotidien, les tâches, les temps festifs, permettant à chacun de se responsabiliser et de s'épanouir à son rythme, dans une ambiance chaleureuse.

7 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

INTERVENTION DE DENIS COCQUET

Question de Denis COCQUET : "Qui sont ces

personnes sur cette photo de l'Arche?

- Adrien et Luc. - Qui est Adrien ? - Le plus grand des deux."

Le lien et le bien dans l'entreprise

L'entreprise est un milieu qui a su comme jamais créer des biens, les vendre et les distribuer. On est sur ce point à un sommet. Mais on n'a jamais été aussi peu capable de faire du bien. Merci Florence de nous faire entrevoir un chemin. Etre un dirigeant, un leader, to lead en anglais, c'est conduire, mener, c'est exercer l'autorité, mais on n'aime pas beaucoup ça. Nous craignons l’autoritarisme.

Pourtant en latin, augere, veut dire faire grandir. Mais qu'est-ce qu'un dirigeant fait grandir ? Il fait grandir l'activité pour ses clients et en étant rentable. La première réalité du dirigeant est donc la croissance (du chiffre d'affaires, des compétences, du portefeuille client, de la maîtrise technique...) dans sa matérialité. Mais aimeriez-vous être considéré uniquement à travers la croissance de la dimension matérielle ? C’est court. L'entreprise est parvenue à un carrefour entre grossir (matérialité) et grandir (mes personnes et les relations entre elles.). L'enjeu du dirigeant n'est-il pas de passer à une troisième dimension pour devenir un "Leader 3D" ? En conciliant la dynamique matérielle (le chiffre), le champ relationnel et le champ personnel (les hommes) ? Nous avons parlé de mal-être, ce qui veut peut-être dire, que l’être a mal. Il réclame d’éclore. Le mal-être n'est pas forcément un mauvais signe. Les femmes qui ont accouché en ont fait l'expérience, si éprouvante soit-elle. Pour citer Pindare, le poète grec présocratique, véritable auteur de la maxime "Deviens qui tu es" reprise par Nietzsche, qu'est-ce qui vous a aidés à devenir qui vous êtes ? Ce sont les rencontres. Rencontres scolaires, professeur, mentor, ami, amoureuse, l’expérience que l'autre détient les clés qui nous ouvrent à nous-mêmes. Camus aimait dire : « le bonheur est le simple accord entre un être et l'existence qu'il mène ».

Comment peut se mettre en mouvement cet accord ?

A 18 ans, j'ai rencontré un mur en moto. Tous les nerfs reliant mon bras droit à la moelle épinière ont été arrachés. Or, je suis droitier et je suis resté droitier. Bien souvent la vie nous parle une langue d'addition. D’expériences enrichissantes, de compétences acquises, de rencontres éclairantes. Ma vie me devient alors lisible. Mais est-ce un processus additionnel qui a conduit Florence devant nous ? Non, c'est effectivement le chômage, pas une addition mais une soustraction, qui l'a amenée là. C'est un langage que l'entreprise connaît car elle vit mille et une soustractions. J'ai un ami qui rentre du Japon. A la question, "qu'est-ce qui nous distingue le plus de l'Extrême Orient ?", il répond le rapport que nous entretenons avec "le vide". En Occident, nous mettons en effet une extrême vigueur à le remplir, alors qu'en Extrême Orient, le vide est un espace vacant, ouvert, qui peut accueillir ce qui va être donné. Etonnamment, l'éclosion de l'être passe par des phases additionnelles et de soustraction. Naître, c'est se séparer. « Florence, ce travail ne te méritait pas ! »

8 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

Quel est le lien entre ce que je viens de dire et le leadership ? Il s'agit d'un triple regard :

1) Traditionnellement, le leadership est un leadership de puissance qui consiste à partir d'un projet, à mobiliser un groupe pour à terme transformer et obtenir un résultat. J'assiste en entreprise au radical essoufflement de ce leadership car il instrumentalise et, à terme, il épuise. Comment pourrions-nous donner à grandir à ce leadership de puissance ? A l'hôpital, si un protocole de soins est mis en marche après un bon diagnostic, qui vient vous voir ? Le médecin, grande figure de la puissance. Mais si on a du mal à vous diagnostiquer et à trouver un protocole de soins, qui vient vous rendre visite ? La famille, les infirmières, qui apportent leur présence. Ce qui permet d'approfondir le leadership de puissance est le leadership de présence. Donc, s'il vous semble que votre dirigeant a "pris le melon", parlez-lui de ses enfants. L'expérience de l'autorité pour faire grandir les enfants est en effet différente du leadership de puissance, on n'en a pas le mode d'emploi, il appelle la présence.

2) Un exemple du leadership de présence. J'ai discuté avec un dirigeant rétif à la démarche de conseil par un tiers extérieur, il me dit que c'est la qualité qu’il attend de son bras droit, son DG récemment recruté. Je lui dis que mon bras droit, lui, est paralysé, et lui demande quelle est la capacité de mouvement du sien ? Cet échange l’a conduit à me solliciter pour accompagner l’intégration de ce directeur général, afin de réussir cette greffe. Heureusement, ce DG n'était pas un clone du PDG, les deux hommes étaient dans une altérité très forte. Lors d’une séance de travail avec eux deux, j'avais développé mon propos pendant trois quarts d'heure à une heure, et tout le monde se tendait sur ses prérogatives fonctionnelles statutaires de propriétaire d’un côté de responsable opérationnel de l’autre. Comment sortir de cette impasse de non coopération ? Une idée s’impose : il fallait que le PDG et le DG se rencontrent en tant qu’hommes en amont du socle professionnel pour parvenir à coopérer. Idée séduisante mais comment la mettre en œuvre ? Or... on frappe à la porte et une assistante arrive avec des plateaux repas. Et là, il y a pour moi une seule chose à regarder... la viande ! Parce qu'avec la viande blanche, c'est à peu près possible de se débrouiller avec une main,, mais avec du bœuf... J'ai donc regardé mon steak et j'ai levé les yeux humides du chat botté dans Shrek. Demander à une femme de couper ta viande, ça ne fait pas un pli, mais à un homme... Le DG m'a coupé ma viande au pied à coulisse, puis il a reconstitué méticuleusement le steak dans mon assiette ! Je le remercie, et je dis : "Il y a une chose dont on n'a pas encore parlé, c'est la compétence de votre DG pour couper la viande", et le DG de répondre "Il y a une chose dont on n'a pas encore parlé, c'est la place de vos enfants dans l'entreprise"... Le PDG opine : "Oui, il faut qu'on en parle". Et là le ton change, la puissance lâche en domination, et émerge dans une présence mutuelle la formulation d’un visage de l’essentiel. D’homme à homme. Voici un exemple où la fragilité et l'ouverture ont permis la coopération au moment où j'ai mis en avant mon manque de leadership de puissance, ce qui a ouvert un espace à l’autre pour exercer une autorité de service.

9 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

Les fragilités des hommes dans l'entreprise peuvent permettre de gagner en leadership de présence, de fédérer. A l'Arche, vous n'êtes pas juxtaposés mais véritablement reliés. Dans l'entreprise, si les métiers risquent d’être des cloisons, tous dans la même piscine, chacun dans sa ligne d’eau, les fragilités sont "trans-cloisons" et sont en capacité d’ouvrir de l’interdépendance dans un espace collaboratif. 3) Le troisième visage du leadership, est le leadership de sens. C’est celui qui permet d’orienter, de finaliser la puissance, en l’ouvrant au-delà de la logique des résultats à la mise en lumière de l’adn de l’entreprise, et du sens donné à ce qui est réalisé. Et c’est celui qui offre au leadership de présence, de situer sa place et faire de la place, et dans la relation d’affiner la juste distance, ni trop loin, ni trop proche, les deux empêchant l’exercice de l’autorité. Arrêtons de fragmenter les personnes mais cherchons la croissance de leur entièreté : a. La puissance : - projeter : toute la logique projet. - embarquer : les hommes et les équipes. - transformer : les résultats chiffrés et techniques b. La présence : - écouter : faire de la place pour que l'autre trouve son espace. - habiter : capacité à être présent et pas simplement là. - aimer : voir le bien et veiller à son bien. c. Le sens : - voir : vision de l’ADN et de la finalité de l’entreprise. Signification :

- éclairer : la lumière sur les pas à franchir et non dans les yeux de l’interlocuteur. - orienter : donner les caps et permettre de les tenir.

Un leader 3D gagne en capacité de se projeter, d'écouter, d’être présent pour être capable de voir, d'éclairer et d'orienter pour une transformation qui allie la création de richesses matérielles et de richesses humaines.

10 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

QUESTIONS DE L'ASSISTANCE

Une personne de l'assistance : Merci profondément et sincèrement.

Denis COCQUET

Ce que nous venons de vous dire est accessible et possible. Je vois des entreprises, leurs collaborateurs et leurs clients aller vraiment dans ce sens. Quand on leur ouvre le chemin, ils en sont capables.

Florence

SERVAN-

SCHREIBER

Je vais répondre à une question

que l'on ne m'a pas posée. Vous allez recevoir chez vous un mail qui vous permettra de vous inscrire à de réaliser des autodiagnostics. C'est un parcours de 5 e-mails. N'hésitez pas à les faire faire à vos enfants.

http://3kifsacademie.com/

3kifsacademie.com est une création de Florence Servan-Schreiber et de l’équipe du Groupe Essentia qu’elle préside. La première académie en ligne et en français, dédiée à l’enseignement, l’exercice et l’application des découvertes et des pratiques de la psychologie positive dans la vie de tous les jours. "Nous aimons : l’apprentissage, la gratitude, l’expertise, le décalage, l’inspiration, créer du lien, les couleurs, les références scientifiques, les expériences de vie, la transformation, le sourire, tenir nos promesses et nous rappeler que nous faisons tous du mieux que nous pouvons. Nous n’aimons pas : ennuyer et nous ennuyer. La 3 Kifs Académie n’est pas un centre de soin ou de thérapie et les cours, bien que fondés sur des expertises validées ne sont ni scolaires, ni universitaires. Il n’y a aucun prérequis pour participer. Ce sont des programmes accessibles à tous, en ne renonçant jamais à notre exigence pédagogique."

11 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

Question : J'aimerais votre commentaire sur le bonheur et le monde numérique

/virtuel. C'est mon quotidien, mes collaborateurs étant à Barcelone et mes supérieurs

dans un autre pays. Le bonheur est-il possible dans ces drôles d'équipes ?

Denis COCQUET

Le virtuel est un merveilleux allié de la puissance. Sur la question de la présence, il est fragile voire inexistant, et il est pauvre sur le sens. Le virtuel ne peut pas se substituer à la rencontre. Mais chez les jeunes, je vois une grande aptitude à faire usage du virtuel pour potentialiser le fait de se rencontrer.

Florence SERVAN-SCHREIBER

Et cet environnement virtuel de votre travail, vous convient-il ? - Non, ça rend effectivement très créatif mais au bout de quatre ans, on a besoin d'autre chose.

Florence SERVAN-SCHREIBER : Il faut se retrouver avec d'autres humains. J'ai moi-

même une fille "virtuelle" qui vit aux Etats-Unis. J'ai avec elle des échanges plus importants qu'avec mes autres enfants à Paris.

Question : J'ai été touché par vos épreuves qui semblent avoir joué un rôle important

dans vos recherches. J'ai aussi traversé des choses difficiles. Peut-on accéder au

bonheur sans ces drames ?

Denis COCQUET

Je ne suis pas d'accord avec la phrase de Nietzche "Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort". Au contraire, ça peut nous rendre très cons, sans se trouver forts ni grandis mais "racrapotés" comme dit Jacques Brel. L’enjeu est de parvenir à faire le lien entre être éprouvé et être initié, en quoi ce qui m’a

éprouvé me permet-il d’avantage d’entrer en moi et de me déployer ? Faut-il en baver pour être heureux ? La question me met mal à l'aide car je vois deux écoles de dirigeants, ceux dont la croissance est dans la continuité, avec des vies linaires, et d'autres marqués par des accidents, des maladies. Mais pour gagner en profondeur, il faut s'affronter à plus grand que soi.

Florence SERVAN-SCHREIBER

Vive les contrastes qui nous enrichissent !

Denis COCQUET

Lorsque tu as un peu l'expérience acquise d'épreuves, regarde autour de toi qui a besoin de ton regard pour traverser les siennes. Lorsque quelqu'un est dans l'épreuve, il écoute celui qui la connaît de l’intérieur.

Question : Sur les 40%, quelle la place de l'interprétation des choses et de la relativité ?

Mon chat est mort, ce n'est pas grave. Mon père est mort, c'est grave. Est-ce qu'on est

fondé à remonter le moral à quelqu'un quand on n'a pas vécu une situation similaire, ou

des personnes qui ont vécu des drames ?

Florence SERVAN-SCHREIBER

Le point de comparaison doit être choisi avec minutie. Vais-je comparer la situation à celle d'un réfugié syrien ou à celle de ma voisine de palier ? La seule chose que l'on attend de nous est peut-être juste d'être là, la présence.

12 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

Denis COCQUET

Je suis en écho avec Florence. Face à une personne en difficulté, on a envie de trouver la solution mais bien souvent on ne peut pas solutionner, car l’enjeu de notre réelle contribution est peut-être ailleurs. Par exemple, à l'Arche, j'ai appris que vous accueillez des trisomiques. J'espère que vous allez

remédier à ça très vite ! Murmure de compréhension dans la salle devant la force de l'image. Faut-il réagir avec puissance ? On a toutes les chances d'être maltraitants. Mais avec du sens, on ne peut être vraiment à côté. Si l'on renoncer à la puissance, que l'on ne trouve pas tout de suite du sens car la personne n'est pas forcément en état de le comprendre, mais que l'on est présent avec une qualité de présence, de bienveillance et d'écoute, c'est étonnamment l'autre qui souvent trouve des ressources. .

Question : Quels sont le rôle et la place des femmes dans tout ça ?

Denis COCQUET

Quand vous parlez de dirigeant, de DG, c'est effectivement encore très masculin. Vous, que voyez-vous dans les organisations où la proportion de femmes est plus intense ? Voyez-vous des généralités, une accumulation de cas particuliers ? Avez-vous envie d'être leader ? - Je le suis.

Denis COCQUET : Le féminisme, c'est un peu dépassé. J'ai mené un séminaire sur le leadership féminin

mais ça n'est pas le leadership de femmes, c'est alternativement mobiliser la part masculine et la part féminine du leadership. L'enjeu est de parvenir à être entièrement soi avec ces deux visages, et surtout avec des alliés. Car on parle de dirigeants mais il faudrait surtout parler d'équipes. En revanche, chez les jeunes dirigeants, la place de la femme est une évidence.

Florence SERVAN-SCHREIBER

Oui mais le féminisme n'est pas mort, il reste encore beaucoup de combats à mener. Je participe à un programme durant trois jours avec 80% de femmes puissantes, chaleureuses, et 20% d'hommes qui ont réalisé ce que c'est que de vivre des proportions inversées. Et il y a encore des "croûtons"...

Question d'Alain BORTOLIN, Vice-président de la CCI de Grenoble : Cherchez un travail

qui vous convienne et vous n'aurez plus besoin de travailler ! Florence, quand avez-vous

travaillé pour la dernière fois ?

Florence SERVAN-SCHREIBER

J'ai été quelqu'un de paresseux, j'ai beaucoup "glandé", mais je ne sais plus faire ça. Je ne travaille donc plus.... tout en n'ayant jamais autant travaillé.

Question : Je travaille dans une organisation qui essaie de rendre les employés acteurs

de leur bien-être. Comment embarquer les salariés les moins sensibles à ce sujet, ceux

que je voudrais voir venir aux formations, etc... ?

Denis COCQUET

Si on savait comment réveiller le désir de l'autre, son désir de sens ! Aristote souligne la volonté est capable de se mettre en mouvement pour quelque chose lorsque mon intelligence me dit qu'elle est bonne pour moi. Il faut attaquer en trois bandes avec ce type de salarié, il faut que quelqu'un qui est bien pour lui, quelqu'un qui est au même rang

que lui, et non sa hiérarchie, lui indique le bénéfice qu'il peut en retirer, et en cela suscite son désir. Sachant que nous ne ferons jamais l'unanimité !

Florence SERVAN-SCHREIBER

Il ne faut pas oublier qu'il y a des gens qui adorent la contrariété ou le malheur. C'est aussi notre bienveillance que de ne pas le prendre personnellement.

13 Compte-rendu Grenoble Ecobiz - 17/10/2017

Denis COCQUET

Je travaille avec un musicien qui permet par sa pratique (clapping en groupe et pieds nus au sol) de faire descendre les repères dans le corps. Quelquefois, ça ne prend pas. Lors d’un séminaire, une personne est restée un jour et demi au bord de la piscine, les bras croisés. A aucun moment il a "mis les pieds dedans" et a été bénéficiaire, mais jamais il ne s'est senti

exclu. A l'Arche, le collectif a la souplesse bienveillante de permettre de dire non à l'intérieur du collectif, tout en restant membre de ce collectif. En entreprise, on parle de l'émergence de l'être personnel. Quelquefois, la seule façon de dire Je , c'est de dire Non. Et la prudence peut consister à essayer de le permettre, pour lui offrir de se situer tout en étant membre de l’entreprise.