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1 Über die Demokratie in Amerika ALEXIS DE TOCQUEVILLE 1835/1841 (Originalsprache: Französisch) Deuxième tome, Deuxieme partie CHAPITRE I Pourquoi les peuples démocratiques montrent un amour plus ardent et plus durable pour l'égalité que pour la liberté 2. Band, II. Teil ERSTES KAPITEL Weshalb die demokratischen Völker die Gleichheit leidenschaftlicher und beharrlicher lieben als die Freiheit La première et la plus vive des passions que l'égalité des conditions fait naître, je n'ai pas be- soin de le dire, c'est l'amour de cette même égali- té. On ne s'étonnera donc pas que j'en parle avant toutes les autres. (1) Die erste und stärkste Leidenschaft, die aus der Gleichheit der gesellschaftlichen Bedingun- gen hervorgeht, ist, ich brauche es nicht zu sagen, die Liebe zu ebendieser Gleichheit. Man wird also nicht erstaunt sein, dass ich von ihr vor allen andern spreche. Chacun a remarqué que, de notre temps, et spéci- alement en France, cette passion de l'égalité pre- nait chaque jour une place plus grande dans le cœur humain. On a dit cent fois que nos contem- porains avaient un amour bien plus ardent et bien plus tenace pour l'égalité que pour la liberté; mais je ne trouve point qu'on soit encore suffisamment remonté jusqu'aux causes de ce fait. Je vais l'es- sayer. (2) Jedermann hat bemerkt, dass in unserer Zeit und namentlich in Frankreich diese Leidenschaft für die Gleichheit einen immer grösseren Platz im menschlichen Herzen einnimmt. Hundertmal hat man gesagt, dass unsere Zeitgenossen die Gleichheit viel leidenschaftlicher und weit aus- dauernder lieben als die Freiheit; ich finde aber, dass man den Ursachen dieser Erscheinung nicht genügend nachgegangen ist. Ich will es versu- chen. On peut imaginer un point extrême où la liberté et l'égalité se touchent et se confondent. (3) Man kann sich einen äussersten Punkt vor- stellen, wo Freiheit und Gleichheit sich berühren und verschmelzen. Je suppose que tous les citoyens concourent au gouvernement et que chacun ait un droit égal d'y concourir. (4) Ich setze voraus, dass alle Bürger an der Re- gierung teilhaben und dass jeder einen gleichen Anspruch auf diese Mitwirkung besitzt. Nul ne différant alors de ses semblables, person- ne ne pourra exercer un pouvoir tyrannique; les hommes seront parfaitement libres, parce qu'ils seront tous entièrement égaux; et ils seront tous parfaitement égaux parce qu'ils seront entière- ment libres. C'est vers cet idéal que tendent les peuples démocratiques. (5) Da keiner sich demnach von seinen Mitmen- schen unterscheidet, wird niemand eine tyranni- sche Macht ausüben können; die Menschen wer- den vollkommen frei sein, weil sie alle völlig gleich sind; und sie werden alle vollkommen gleich sein, weil sie alle völlig frei sind. Dies ist das Ideal, dem die demokratischen Völker nach- streben. Voilà la forme la plus complète que puisse prendre l'égalité sur la terre; mais il en est mille autres, qui, sans être aussi parfaites, n'en sont guère moins chères à ces peuples. (6) Es ist dies die vollständigste Form, die die Gleichheit auf Erden annehmen kann; es gibt jedoch unzählige andere, die zwar nicht so voll- kommen, den Völkern jedoch nicht weniger teuer sind. L'égalité peut s'établir dans la société civile, et ne point régner dans le monde politique. On peut avoir le droit de se livrer aux mêmes plaisirs, d'entrer dans les mêmes professions, de se ren- (7) Die Gleichheit kann in der bürgerlichen Ge- sellschaft bestehen und in der politischen Welt nicht herrschen. Man kann das Recht haben, sich denselben Vergnügungen hinzugeben, die glei-

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Über die Demokratie in Amerika

ALEXIS DE TOCQUEVILLE

1835/1841

(Originalsprache: Französisch)

Deuxième tome, Deuxieme partie

CHAPITRE I

Pourquoi les peuples démocratiques montrent un amour plus ardent et plus durable pour l'égalité que pour la liberté

2. Band, II. Teil

ERSTES KAPITEL

Weshalb die demokratischen Völker die Gleichheit leidenschaftlicher und beharrlicher lieben als die Freiheit

La première et la plus vive des passions que l'égalité des conditions fait naître, je n'ai pas be-soin de le dire, c'est l'amour de cette même égali-té. On ne s'étonnera donc pas que j'en parle avant toutes les autres.

(1) Die erste und stärkste Leidenschaft, die aus der Gleichheit der gesellschaftlichen Bedingun-gen hervorgeht, ist, ich brauche es nicht zu sagen, die Liebe zu ebendieser Gleichheit. Man wird also nicht erstaunt sein, dass ich von ihr vor allen andern spreche.

Chacun a remarqué que, de notre temps, et spéci-alement en France, cette passion de l'égalité pre-nait chaque jour une place plus grande dans le cœur humain. On a dit cent fois que nos contem-porains avaient un amour bien plus ardent et bien plus tenace pour l'égalité que pour la liberté; mais je ne trouve point qu'on soit encore suffisamment remonté jusqu'aux causes de ce fait. Je vais l'es-sayer.

(2) Jedermann hat bemerkt, dass in unserer Zeit und namentlich in Frankreich diese Leidenschaft für die Gleichheit einen immer grösseren Platz im menschlichen Herzen einnimmt. Hundertmal hat man gesagt, dass unsere Zeitgenossen die Gleichheit viel leidenschaftlicher und weit aus-dauernder lieben als die Freiheit; ich finde aber, dass man den Ursachen dieser Erscheinung nicht genügend nachgegangen ist. Ich will es versu-chen.

On peut imaginer un point extrême où la liberté et l'égalité se touchent et se confondent.

(3) Man kann sich einen äussersten Punkt vor-stellen, wo Freiheit und Gleichheit sich berühren und verschmelzen.

Je suppose que tous les citoyens concourent au gouvernement et que chacun ait un droit égal d'y concourir.

(4) Ich setze voraus, dass alle Bürger an der Re-gierung teilhaben und dass jeder einen gleichen Anspruch auf diese Mitwirkung besitzt.

Nul ne différant alors de ses semblables, person-ne ne pourra exercer un pouvoir tyrannique; les hommes seront parfaitement libres, parce qu'ils seront tous entièrement égaux; et ils seront tous parfaitement égaux parce qu'ils seront entière-ment libres. C'est vers cet idéal que tendent les peuples démocratiques.

(5) Da keiner sich demnach von seinen Mitmen-schen unterscheidet, wird niemand eine tyranni-sche Macht ausüben können; die Menschen wer-den vollkommen frei sein, weil sie alle völlig gleich sind; und sie werden alle vollkommen gleich sein, weil sie alle völlig frei sind. Dies ist das Ideal, dem die demokratischen Völker nach-streben.

Voilà la forme la plus complète que puisse prendre l'égalité sur la terre; mais il en est mille autres, qui, sans être aussi parfaites, n'en sont guère moins chères à ces peuples.

(6) Es ist dies die vollständigste Form, die die Gleichheit auf Erden annehmen kann; es gibt jedoch unzählige andere, die zwar nicht so voll-kommen, den Völkern jedoch nicht weniger teuer sind.

L'égalité peut s'établir dans la société civile, et ne point régner dans le monde politique. On peut avoir le droit de se livrer aux mêmes plaisirs, d'entrer dans les mêmes professions, de se ren-

(7) Die Gleichheit kann in der bürgerlichen Ge-sellschaft bestehen und in der politischen Welt nicht herrschen. Man kann das Recht haben, sich denselben Vergnügungen hinzugeben, die glei-

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contrer dans les mêmes lieux; en un mot, de vivre de la même manière et de poursuivre la richesse par les mêmes moyens, sans prendre tous la mê-me part au gouvernement.

chen Berufe zu ergreifen, sich an den gleichen Orten zu treffen; mit einem Wort, auf die gleiche Art zu leben und mit den gleichen Mitteln nach Reichtum zu streben, ohne dass alle denselben Anteil an der Regierung haben.

Une sorte d'égalité peut même s'établir dans le monde politique, quoique la liberté politique n'y soit point. On est l'égal de tous ses semblables, moins un, qui est, sans distinction, le maître de tous, et qui prend également, parmi tous, les agents de son pouvoir.

(8) Es kann sich sogar eine Art Gleichheit in der politischen Welt bilden, ohne dass es in ihr poli-tische Freiheit gibt. Man ist allen Menschen gleichgestellt, von einem einzigen abgesehen, der unterschiedslos der Herr von allen ist und der ebenso aus allen die Vertreter seiner Macht wählt.

Il serait facile de faire plusieurs autres hy-pothèses suivant lesquelles une fort grande quan-tité pourrait aisément se combiner avec des insti-tutions plus ou moins libres, ou même avec des institutions qui ne le seraient point du tout.

(9) Es wäre leicht, mehrere andere Möglichkeiten zu ersinnen, in denen sich eine grosse Gleichheit leicht mit mehr oder minder freien Einrichtungen oder sogar mit Einrichtungen verbände, die über-haupt nicht frei sind.

Quoique les hommes ne puissent devenir abso-lument égaux sans être entièrement libres, et que par conséquent l'égalité, dans son degré le plus extrême, se confonde avec la liberté, on est donc fondé à distinguer l'une de l'autre.

(10) Obwohl die Menschen nicht völlig gleich werden können, ohne ganz frei zu sein, und die Gleichheit in ihrem äussersten Grade infolgedes-sen mit der Freiheit eins wird, ist man mithin berechtigt, die beiden voneinander zu unterschei-den.

Le goût que les hommes ont pour la liberté et celui qu'ils ressentent pour l'égalité sont, en effet, deux choses distinctes, et je ne crains pas d'ajou-ter que, chez les peuples démocratiques, ce sont deux choses inégales.

(11) Die Vorliebe, welche die Menschen für die Freiheit hegen, und die, welche sie für die Gleichheit empfinden, sind in der Tat zwei ver-schiedene Dinge, und ich scheue mich nicht hin-zuzufügen, dass sie bei den demokratischen Völ-kern zwei ungleiche Dinge sind.

Si l'on veut y faire attention, on verra qu'il se rencontre dans chaque siècle un fait singulier et dominant auquel les autres se rattachent; ce fait donne presque toujours naissance à une pensée mère, ou à une passion principale qui finit ensuite par attirer à elle et par entraîner dans son cours tous les sentiments et toutes les idées. C'est comme le grand fleuve vers lequel chacun des ruisseaux environnants semble courir.

(12) Wenn man darauf achten will, wird man sehen, dass jedes Jahrhundert etwas Eigentümli-ches und Vorherrschendes aufweist, auf das alles andere sich bezieht; aus diesem einen entsteht fast immer ein Hauptgedanke oder eine Hauptlei-denschaft, die schliesslich alle Gefühle und alle Gedanken an sich zieht und sie alle mit sich reisst. Es ist wie der grosse Strom, dem alle Bä-che der Umgebung zuzueilen scheinen.

La liberté s'est manifestée aux hommes dans différents temps et sous différentes formes; elle ne s'est point attachée exclusivement à un état social, et on la rencontre autre part que dans les démocraties. Elle ne saurait donc former le carac-tère distinctif des siècles démocratiques.

(13) Die Freiheit offenbarte sich den Menschen zu verschiedenen Zeiten und unter verschiedenen Formen; sie war nicht ausschliesslich mit einer bestimmten Gesellschaftsform verbunden, und man trifft sie auch anderswo als in Demokratien. Sie kann also nicht das Kennzeichen der demo-kratischen Zeitalter sein.

Le fait particulier et dominant qui singularise ces siècles, c'est l'égalité des conditions; la passion principale qui agite les hommes dans ces temps-là, c'est l'amour de cette égalité.

(14) Die besondere und vorherrschende Erschei-nung, die diese Zeitalter auszeichnet, ist die Gleichheit der gesellschaftlichen Bedingungen; die Hauptleidenschaft, die in solchen Zeiten die Menschen bewegt, ist die Liebe zu dieser Gleich-heit.

Ne demandez point quel charme singulier trou- (15) Man frage weder nach dem eigentümlichen

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vent les hommes des âges démocratiques à vivre égaux, ni les raisons particulières qu'ils peuvent avoir de s'attacher si obstinément à l'égalité plutôt qu'aux autres biens que la société leur présente: l'égalité forme le caractère distinctif de l'époque où ils vivent; cela seul suffit pour expliquer qu'ils la préfèrent à tout le reste.

Reiz, den die Menschen der demokratischen Zeitalter darin finden, in Gleichheit zu leben, noch nach den besonderen Gründen, die sie ha-ben mögen, soviel zäher der Gleichheit anzuhän-gen als vielen anderen Gütern, welche die Gesell-schaft ihnen bietet: die Gleichheit bildet das Kennzeichen der Zeit, in der sie leben; das allein genügt, um zu erklären, dass sie sie allem übrigen vorziehen.

Mais, indépendamment de cette raison, il en est plusieurs autres qui, dans tous les temps, porte-ront habituellement les hommes à préférer l'égali-té à la liberté.

(16) Unabhängig von diesem Grund gibt es aber mehrere andere, die zu allen Zeiten die Menschen dazu drängen, der Freiheit die Gleichheit vorzu-ziehen.

Si un peuple pouvait jamais parvenir à détruire ou seulement à diminuer lui-même dans son sein l'égalité qui y règne, il n'y arriverait que par de longs et pénibles efforts. Il faudrait qu'il modifiât son état social, abolît ses lois, renouvelât ses idées, changeât ses habitudes, altérât ses mœurs. Mais, pour perdre la liberté politique, il suffit de ne pas la retenir, et elle s'échappe.

(17) Wäre ein Volk jemals imstande, selber die in ihm herrschende Gleichheit zu zerstören oder bloss zu vermindern, so gelänge ihm dies nur in langen und mühsamen Anstrengungen. Es müsste seine Gesellschaftsordnung ändern, seine Gesetze abschaffen, seine Vorstellungen erneuern, seine Gewohnheiten wandeln, seine Sitten umgestalten. Um jedoch die politische Freiheit zu verlieren, genügt es, sie nicht festzuhalten, und sie entflieht.

Les hommes ne tiennent donc pas seulement à l'égalité parce qu'elle leur est chère; ils s'y atta-chent encore parce qu'ils croient qu'elle doit durer toujours.

(18) Den Menschen liegt an der Gleichheit also nicht nur, weil sie ihnen teuer ist; sie hängen an ihr auch, weil sie glauben, sie müsse immer wäh-ren.

Que la liberté politique puisse, dans ses excès, compromettre la tranquillité, le patrimoine, la vie des particuliers, on ne rencontre point d'hommes si bornés et si légers qui ne le découvrent. Il n'y a, au contraire, que les gens attentifs et clairvoy-ants qui aperçoivent les périls dont l'égalité nous menace, et d'ordinaire ils évitent de les signaler. Ils savent que les misères qu'ils redoutent sont éloignées, et ils se flattent qu'elles n'atteindront que les générations à venir, dont la génération présente ne s'inquiète guère. Les maux que la liberté amène quelquefois sont immédiats; ils sont visibles pour tous, et tous, plus ou moins, les ressentent. Les maux que l'extrême égalité peut produire ne se manifestent que peu à peu; ils s'insinuent graduellement dans le corps social; on ne les voit que de loin en loin, et, au moment où ils deviennent les plus violents, l'habitude a déjà fait qu'on ne les sent plus.

(19) Es gibt keine Menschen, die so beschränkt und so leichtsinnig wären, um nicht herauszufin-den, dass die politische Freiheit in ihren Ausar-tungen die Ruhe, das Erbe, das Leben der einzel-nen Bürger gefährden kann. Dagegen bemerken nur aufmerksame und klarblickende Leute die Gefahren, die uns durch die Gleichheit drohen, und gewöhnlich vermeiden sie es, auf sie hinzu-weisen. Sie wissen, dass die befürchteten Nöte noch weit weg sind, und sie reden sich ein, dass diese bloss die künftigen Geschlechter treffen werden, um die das gegenwärtige Geschlecht sich nicht sorgt. Die Übel, die die Freiheit manchmal herbeiführt, treten sofort ein; sie sind allen sichtbar, und alle spüren sie mehr oder we-niger. Die Übel, die das Übermass an Gleichheit verursachen kann, zeigen sich nur nach und nach; sie dringen allmählich in den Gesellschaftskörper ein; man sieht sie nur hin und wieder, und im Zeitpunkt, da sie am heftigsten werden, fühlt man sie aus Gewöhnung nicht mehr.

Les biens que la liberté procure ne se montrent qu'à la longue, et il est toujours facile de mécon-naître la cause qui les fait naître.

(20) Die Wohltaten, die die Freiheit verschafft, zeigen sich erst mit der Zeit, und die Ursache ihres Entstehens ist immer leicht zu verkennen.

Les avantages de l'égalité se font sentir dès à présent, et chaque jour on les voit découler de leur source.

(21) Die Vorteile der Gleichheit werden sofort spürbar, und täglich sieht man sie aus ihrer Quel-le fliessen.

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La liberté politique donne de temps en temps, à un certain nombre de citoyens, de sublimes plai-sirs.

(22) Die politische Freiheit schenkt einer gewis-sen Anzahl von Bürgern von Zeit zu Zeit erhabe-ne Freuden.

L'égalité fournit chaque jour une multitude de petites jouissances à chaque homme. Les char-mes de l'égalité se sentent à tous moments, et ils sont à la portée de tous; les plus nobles cœurs n'y sont pas insensibles, et les âmes les plus vul-gaires en font leurs délices. La passion que l'égalité fait naître doit donc être tout à la fois énergique et générale.

(23) Die Gleichheit verschafft jedermann täglich eine Menge kleiner Genüsse. Der Reiz der Gleichheit ist jederzeit spürbar und allen zugäng-lich. Die edelsten Herzen sind für ihn nicht un-empfindlich, und er ist die Wonne der gewöhn-lichsten Seelen. Die durch die Gleichheit erregte Leidenschaft wird also ebenso kräftig wie allge-mein sein.

Les hommes ne sauraient jouir de la liberté politique sans l'acheter par quelques sacrifices, et ils ne s'en emparent jamais qu'avec beaucoup d'efforts. Mais les plaisirs que l'égalité procure s'offrent d'eux-mêmes, Chacun des petits inci-dents de la vie privée semble les faire naître, et, pour les goûter, il ne faut que vivre.

(24) Der politischen Freiheit können sich die Menschen nicht erfreuen, ohne sie durch manche Opfer zu erkaufen, und sie erringen sie immer nur mit vielen Anstrengungen. Die Freuden aber, die die Gleichheit bereitet, bieten sich von selber dar. Jedes kleine Ereignis des Privatlebens scheint sie hervorzurufen, und um sie zu genies-sen, braucht man bloss zu leben.

Les peuples démocratiques aiment l'égalité dans tous les temps, mais il est de certaines époques ou ils poussent jusqu'au délire la passion qu'ils ressentent pour elle. Ceci arrive au moment où l'ancienne hiérarchie sociale, longtemps menacée, achève de se détruire, après une dernière lutte intestine, et que les barrières qui séparaient les citoyens sont enfin renversées. Les hommes se précipitent alors sur l'égalité comme sur une con-quête et ils s'y attachent comme à un bien pré-cieux qu'on veut leur ravir. La passion d'égalité pénètre de toutes parts dans le cœur humain, elle s'y étend, elle le remplit tout entier. Ne dites point aux hommes qu'en se livrant ainsi aveuglé-ment à une passion exclusive, ils compromettent leurs intérêts les plus chers; ils sont sourds. Ne leur montrez pas la liberté qui s'échappe de leurs mains, tandis qu'ils regardent ailleurs; ils sont aveugles, ou plutôt ils n'aperçoivent dans tout l'univers qu'un seul bien digne d'envie.

(25) Die demokratischen Völker lieben die Gleichheit zu allen Zeiten, es gibt aber gewisse Epochen, wo sie die Leidenschaft für sie bis zur Besessenheit steigern. Das geschieht im Augen-blick, wenn die alte gesellschaftliche Hierarchie, seit langem bedroht, sich nach einem letzten Bürgerkrieg vollends vernichtet, und die Schran-ken, die die Bürger trennen, endlich fallen. Die Menschen stürzen sich dann auf die Gleichheit wie auf eine Eroberung, und sie klammern sich an sie wie an ein kostbares Gut, das man ihnen rauben will. Die Leidenschaft nach Gleichheit dringt von allen Seiten in das menschliche Herz ein, breitet sich darin aus, erfüllt es ganz. Man sage den Menschen nicht, dass sie durch diese blinde, ausschliessliche Hingabe an eine Leiden-schaft ihre teuersten Anliegen aufs Spiel setzen; sie sind taub. Man zeige ihnen nicht die Freiheit, die ihren Händen entschlüpft, während sie an-derswo hinblicken; sie sind blind, oder vielmehr, sie erblicken im ganzen All nur ein Gut, das des Begehrens würdig ist.

Ce qui précède s'applique à toutes les nations démocratiques. Ce qui suit ne regarde que nous-mêmes.

(26) Das bisher Gesagte gilt für alle demokrati-schen Völker. Was folgt, geht nur uns an.

Chez la plupart des nations modernes, et en parti-culier chez tous les peuples du continent de l'Eu-rope, le goût et l'idée de la liberté n'ont commen-cé à naître et à se développer qu'au moment où les conditions commençaient à s'égaliser, et comme conséquence de cette égalité même. Ce sont les rois absolus qui ont le plus travaillé à niveler les rangs parmi leurs sujets. Chez ces peuples, l'égalité a précédé la liberté; l'égalité

(27) Bei den meisten Völkern der Neuzeit und insbesondere bei allen Völkern des europäischen Erdteils setzte die Entstehung und die Entfaltung des Freiheitssinnes und der Idee der Freiheit erst in dem Zeitpunkt ein, als die gesellschaftlichen Bedingungen sich auszugleichen begannen und als Folge dieser Gleichheit selbst. Es sind die unumschränkten Könige, die am meisten zur Einebnung der Rangstufen bei ihren Untertanen

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était donc un fait ancien, lorsque la liberté était encore une chose nouvelle ; l'une avait déjà créé des opinions, des usages, des lois, qui lui étaient propres, lorsque l'autre se produisait seule, et pour la première fois, au grand jour. Ainsi, la seconde n'était encore que dans les idées et dans les goûts, tandis que la première avait déjà pé-nétré dans les habitudes, s'était emparée des mœurs, et avait donné un tour particulier aux moindres actions de la vie. Comment s'étonner si les hommes de nos jours préfèrent l'une à l'autre?

beigetragen haben. Bei diesen Völkern ging die Gleichheit der Freiheit voraus; die Gleichheit war also eine alte Erscheinung, als die Freiheit noch eine neue Sache war; jene hatte schon die ihr eigentümlichen Anschauungen, Bräuche, Gesetze geschaffen, als diese allein und zum ersten Male ins volle Licht trat. So lebte diese lediglich in den Vorstellungen und Neigungen, während jene bereits in die Gewohnheiten eingedrungen war, die Sitten erfasst und den geringfügigsten Hand-lungen des Lebens einen besonderen Anstrich verliehen hatte. Kann es verwundern, wenn die Menschen unserer Zeit jener vor dieser den Vor-zug geben?

Je pense que les peuples démocratiques ont un goût naturel pour la liberté; livrés à eux-mêmes, ils la cherchent, ils l'aiment, et ils ne voient qu'a-vec douleur qu'on les en écarte. Mais ils ont pour l'égalité une passion ardente, insatiable, éternelle, invincible; ils veulent l'égalité dans la liberté, et, s'ils ne peuvent l'obtenir, ils la veulent encore dans l'esclavage. Ils souffriront la pauvreté, l'as-servissement, la barbarie, mais ils ne souffriront pas l'aristocratie.

(28) Ich denke, dass die demokratischen Völker einen natürlichen Sinn für die Freiheit haben; sie suchen sie, sie lieben sie, sobald sie sich selbst überlassen sind, und sie sehen es nur mit Schmerz, wenn man sie von ihr entfernt. Für die Gleichheit aber nähren sie eine feurige, unersätt-liche, ewige, unbesiegbare Leidenschaft; sie wol-len die Gleichheit in der Freiheit, und können sie diese nicht erlangen, so wollen sie sie noch in der Knechtschaft. Die Armut, die Knechtung, die Barbarei werden sie ertragen, die Aristokratie aber werden sie nicht dulden.

Ceci est vrai dans tous les temps, et surtout dans le nôtre. Tous les hommes et tous les pouvoirs qui voudront lutter contre cette puissance ir-résistible seront renversés et détruits par elle. De nos jours, la liberté ne peut s'établir sans son appui, et le despotisme lui-même ne saurait ré-gner sans elle.

(29) Das trifft für alle Zeiten zu und vor allem für die unsrige. Alle Menschen und alle Gewalten, die gegen diese unwiderstehliche Macht kämpfen wollen, werden durch sie gestürzt und vernichtet. In unseren Tagen kann die Freiheit nicht ohne ihre Hilfe begründet werden, und selbst der Des-potismus könnte ohne sie nicht regieren.

Deuxième tome, Deuxieme partie

CHAPITRE II

De l'individualisme dans les pays démocrati-ques

2. Band, II. Teil

ZWEITES KAPITEL

Über den Individualismus in den demokrati-schen Ländern

J'ai fait voir comment, dans les siècles d'égalité, chaque homme cherchait en lui-même ses croy-ances; je veux montrer comment, dans les mêmes siècles, il tourne tous ses sentiments vers lui seul.

(1) Ich habe dargelegt, wie in den Zeitaltern der Gleichheit jeder seinen Glauben in sich selber sucht; ich will zeigen, wie er in denselben Zeital-tern alle seine Gefühle auf sich allein richtet.

L'individualisme est une expression récente qu'u-ne idée nouvelle a fait naître. Nos pères ne con-naissaient que l'égoïsme.

(2) Der Individualismus ist ein noch junger Aus-druck, der aus einer neuen Vorstellung hervorge-gangen ist. Unsere Vorfahren kannten nur die Selbstsucht.

L'égoïsme est un amour passionné et exagéré de soi-même, qui porte l'homme à ne rien rapporter qu'à lui seul et à se préférer à tout.

(3) Die Selbstsucht ist eine leidenschaftliche und übersteigerte Liebe zu sich selber, die den Men-schen dazu treibt, alles nur auf sich zu beziehen und sich selbst vor allem den Vorzug zu geben.

L'individualisme est un sentiment réfléchi et pai-sible qui dispose chaque citoyen à s'isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l'écart

(4) Der Individualismus ist ein überlegendes und friedfertiges Gefühl, das jeden Bürger drängt, sich von der Masse der Mitmenschen fernzuhal-

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avec sa famille et ses amis; de telle sorte que, après s'être ainsi créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même.

ten und sich mit seiner Familie und seinen Freunden abzusondern; nachdem er sich eine kleine Gesellschaft für seinen Bedarf geschaffen hat, überlässt er die grosse Gesellschaft gern sich selbst.

L'égoïsme naît d'un instinct aveugle; l'individua-lisme procède d'un jugement erroné plutôt que d'un sentiment dépravé. Il prend sa source dans les défauts de l'esprit autant que dans les vices du cœur.

(5) Die Selbstsucht entspringt einem blinden Trieb; der Individualismus geht mehr aus einem irrigen Urteil als aus einem entarteten Gefühl hervor. Er entspringt ebenso sehr den Mängeln des Geistes wie den Fehlern des Herzens.

L'égoïsme dessèche le germe de toutes les vertus, l'individualisme ne tarit d'abord que la source des vertus publiques; mais, à la longue, il attaque et détruit toutes les autres et va enfin s'absorber dans l'égoïsme.

(6) Die Selbstsucht dörrt alle Tugenden im Keim aus, der Individualismus legt vorerst nur den Quell der öffentlichen Tugenden trocken; mit der Zeit aber greift er alle andern an und zerstört sie und versinkt schliesslich in die Selbstsucht.

L'égoïsme est un vice aussi ancien que le monde. Il n'appartient guère plus à une forme de société qu'à une autre.

(7) Die Selbstsucht ist ein Laster, das so alt ist wie die Welt. Sie ist allen Gesellschaftsformen in der gleichen Weise eigen.

L'individualisme est d'origine démocratique, et il menace de se développer à mesure que les condi-tions s'égalisent.

(8) Der Individualismus ist demokratischen Ur-sprungs, und er droht sich in dem Grade zu ent-falten, wie die gesellschaftliche Einebnung zu-nimmt.

Chez les peuples aristocratiques, les familles restent pendant des siècles dans le même état, et souvent dans le même lieu. Cela rend, pour ainsi dire, toutes les générations contemporaines. Un homme connaît presque toujours ses aïeux et les respecte; il croit déjà apercevoir ses arrière-petits-fils, et il les aime. Il se fait volontiers des devoirs envers les uns et les autres, et il lui arrive fréquemment de sacrifier ses jouissances person-nelles à ces êtres qui ne sont plus ou qui ne sont pas encore.

(9) In den aristokratischen Völkern bleiben die Familien während Jahrhunderten im gleichen Stande und oft am gleichen Orte. Das verleiht allen Generationen eine Art von Gleichzeitigkeit. Ein Mensch kennt fast alle seine Ahnen, und er achtet sie; er glaubt schon seine Urenkel zu er-spähen, und er liebt sie. Willig nimmt er Pflich-ten gegenüber den einen wie den andern auf sich, und häufig widerfährt es ihm, dass er persönliche Freuden den Wesen opfert, die nicht mehr oder die noch nicht da sind.

Les institutions aristocratiques ont, de plus, pour effet de lier étroitement chaque homme à plu-sieurs de ses concitoyens.

(10) Die aristokratischen Einrichtungen haben überdies zur Folge, dass sie jeden eng mit mehre-ren seiner Mitbürger verbinden.

Les classes étant fort distinctes et immobiles dans le sein d'un peuple aristocratique, chacune d'elles devient pour celui qui en fait partie une sorte de petite patrie, plus visible et plus chère que la grande.

(11) Weil die Klassen in einem aristokratischen Volke stark voneinander abgehoben und unbe-weglich sind, wird jede für ihre Angehörigen eine Art kleines Vaterland, das sichtbarer ist und mehr geliebt wird als das grosse.

Comme, dans les sociétés aristocratiques, tous les citoyens sont placés à poste fixe, les uns au-dessus des autres, il en résulte encore que chacun d'entre eux aperçoit toujours plus haut que lui un homme dont la protection lui est nécessaire, et plus bas il en découvre un autre dont il peut réclamer le concours.

(12) Da in den aristokratischen Gesellschaften fast alle Bürger ihre feste Rangordnung inneha-ben, ergibt sich ferner, dass jeder von ihnen im-mer einen Mann über sich wahrnimmt, dessen Schutz ihm notwendig ist, und unter sich ent-deckt er einen andern, dessen Mitarbeit er bean-spruchen kann.

Les hommes qui vivent dans les siècles aristocra-tiques sont donc presque toujours liés d'une ma-nière étroite à quelque chose qui est placé en dehors d'eux, et ils sont souvent disposés à

(13) Die Menschen, die in aristokratischen Zeit-altern leben, sind daher fast immer eng an etwas gebunden, das sich ausserhalb von ihnen befin-det, und sie sind oft bereit, sich selbst zu verges-

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s'oublier eux-mêmes. Il est vrai que, dans ces mêmes siècles, la notion générale du semblable est obscure, et qu'on ne songe guère à s'y dévouer pour la cause de l'humanité; mais on se sacrifie souvent à certains hommes.

sen. Allerdings ist in den gleichen Zeitaltern der allgemeine Begriff des Nächsten unklar, und man denkt nicht daran, sich für die Sache der Menschheit einzusetzen; aber man opfert sich häufig für bestimmte Menschen.

Dans les siècles démocratiques, au contraire, où les devoirs de chaque individu envers l'espèce sont bien plus clairs, le dévouement envers un homme devient plus rare : le lien des affections humaines s'étend et se desserre.

(14) In demokratischen Zeitaltern hingegen, wo die Pflichten eines jeden gegen die Gattung sehr viel deutlicher sind, wird die Hingabe an einen Menschen seltener; das Band menschlicher Zu-neigungen dehnt und lockert sich.

Chez les peuples démocratiques, de nouvelles familles sortent sans cesse du néant, d'autres y retombent sans cesse, et toutes celles qui demeu-rent changent de face; la trame des temps se rompt à tout moment, et le vestige des générati-ons s'efface. On oublie aisément ceux qui vous ont précédé, et l'on n'a aucune idée de ceux qui vous suivront. Les plus proches seuls intéressent.

(15) In den demokratischen Völkern entstehen unaufhörlich neue Familien aus dem Nichts, an-dere fallen fortwährend dahin zurück, und die, welche überdauern, wandeln sich alle; das Ge-webe der Zeiten wird fortwährend zerrissen, und die Spur der Geschlechter verwischt sich. Leicht vergisst man die, die uns vorausgingen, und von denen, die uns folgen werden, hat man keine Vorstellung. Man kümmert sich allein um die Nächststehenden.

Chaque classe venant à se rapprocher des autres et à s'y mêler, ses membres deviennent indiffé-rents et comme étrangers entre eux. L'aristocratie avait fait de tous les citoyens une longue chaîne qui remontait du paysan au roi; la démocratie brise la chaîne et met chaque anneau à part.

(16) Da jede Klasse sich den übrigen nähert und mit ihnen vermischt, werden ihre Angehörigen gleichgültig und einander gleichsam fremd. Die Aristokratie bildete aus allen Bürgern eine lange Kette, die vom Bauern bis zum König hinauf-reichte; die Demokratie zerbricht die Kette und sondert jeden Ring für sich ab.

A mesure que les conditions s'égalisent, il se rencontre un plus grand nombre d'individus qui, n'étant plus assez riches ni assez puissants pour exercer une grande influence sur le sort de leurs semblables, ont acquis cependant ou ont conservé assez de lumières et de biens pour pouvoir se suffire à eux-mêmes. Ceux-là ne doivent rien à personne, ils n'attendent pour ainsi dire rien de personne; ils s'habituent à se considérer toujours isolément, et ils se figurent volontiers que leur destinée tout entière est entre leurs mains.

(17) Mit der fortschreitenden gesellschaftlichen Einebnung wächst die Zahl der einzelnen Men-schen, deren Reichtum und Macht zu gering ist, als dass sie einen grossen Einfluss auf das Ge-schick ihrer Mitmenschen ausüben könnten, die jedoch genügend Bildung und Güter erworben oder behalten haben, um sich selber genügen zu können. Diese sind niemandem etwas schuldig, sie erwarten sozusagen von niemandem etwas; sie gewöhnen sich daran, stets von den andern gesondert zu bleiben, sie bilden sich gern ein, ihr ganzes Schicksal liege in ihren Händen.

Ainsi, non seulement la démocratie fait oublier à chaque homme ses aïeux, mais elle lui cache ses descendants et le sépare de ses contemporains; elle le ramène sans cesse vers lui seul et menace de le renfermer enfin tout entier dans la solitude de son propre cœur.

(18) So lässt die Demokratie jeden nicht nur sei-ne Ahnen vergessen, sie verbirgt ihm auch seine Nachkommen und trennt ihn von seinen Zeitge-nossen; sie führt ihn ständig auf sich allein zu-rück und droht ihn schliesslich ganz und gar in der Einsamkeit seines eigenen Herzens einzu-schliessen.

Deuxième tome, Quatrième partie

CHAPITRE VI

Quelle espèce de despotisme les nations démo-cratiques ont à craindre

2. Band, IV. Teil

SECHSTES KAPITEL

Welche Art von Despotismus die demokrati-schen Nationen zu fürchten haben

J'avais remarqué durant mon séjour aux États-Unis qu'un état social démocratique semblable à

(1) Während meines Aufenthaltes in den Verei-nigten Staaten hatte ich bemerkt, dass eine de-

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celui des Américains pourrait offrir des facilités singulières à l'établissement du despotisme, et j'avais vu à mon retour en Europe combien la plupart de nos princes s'étaient déjà servis des idées, des sentiments et des besoins que ce même état social faisait naître, pour étendre le cercle de leur pouvoir.

mokratische Gesellschaftsordnung in der Art der amerikanischen die Errichtung des Despotismus besonders erleichtern konnte, und bei meiner Rückkehr nach Europa hatte ich gesehen, wie sehr die meisten Fürsten bei uns bereits die Vor-stellungen, Gefühle und Bedürfnisse, die diese selben Gesellschaftsordnung erzeugte, benützt hatten, um den Bereich ihrer Macht zu erweitern.

Cela me conduisit à croire que les nations chrétiennes finiraient peut-être par subir quelque oppression pareille à celle qui pesa jadis sur plu-sieurs des peuples de l'Antiquité.

(2) Das brachte mich darauf zu glauben, dass die christlichen Völker zuletzt vielleicht irgendeiner Unterdrückung erliegen könnten, ähnlich jener, die einstmals auf mehreren Völkern des Alter-tums lastete.

Un examen plus détaillé du sujet et cinq ans de méditations nouvelles n'ont point diminué mes craintes, mais ils en ont changé l'objet.

(3) Eine eingehendere Untersuchung der Frage und fünf Jahre weiteren Nachdenkens haben meine Befürchtungen nicht vermindert, aber sie haben deren Gegenstand geändert.

On n'a jamais vu dans les siècles passés de sou-verain si absolu et si puissant qui ait entrepris d'administrer par lui-même, et sans les secours de pouvoirs secondaires, toutes les parties d'un grand empire; il n'y en a point qui ait tenté d'as-sujettir indistinctement tous ses sujets aux détails d'une règle uniforme, ni qui soit descendu à côté de chacun d'eux pour le régenter et le conduire. L'idée d'une pareille entreprise ne s'était jamais présentée à l'esprit humain, et, s'il était arrivé à un homme de la concevoir, l'insuffisance des lumières, l'imperfection des procédés administra-tifs, et surtout les obstacles naturels que suscitait l'inégalité des conditions l'auraient bientôt arrêté dans l'exécution d'un si vaste dessein.

(4) In den früheren Zeitaltern hat man nie einen Herrscher gesehen, der so unumschränkt und so mächtig gewesen wäre, dass er es unternommen hätte, allein und ohne die Mithilfe mittelbarer Gewalten sämtliche Teile eines grossen Reiches zu verwalten; es gibt keinen, der je versucht hat, alle seine Untertanen den Einzelvorschriften ei-ner einheitlichen Regel zu unterwerfen, oder der zu jedem hinabgestiegen wäre, um ihn zu schul-meistern und zu lenken. Der Gedanke eines sol-chen Unterfangens war dem menschlichen Geist nie gekommen, und hätte ein Mensch ihn zu he-gen vermocht, so hätten die unzureichende Bil-dung, die Unvollkommenheit der Verwaltungs-verfahren und die natürlichen Hindernisse, die die gesellschaftliche Ungleichheit erzeugt, ihm bald die Ausführung eines so umfassenden Pla-nes verwehrt.

On voit qu'au temps de la plus grande puissance des Césars, les différents peuples qui habitaient le monde romain avaient encore conservé des cou-tumes et des mœurs diverses: quoique soumises au même monarque, la plupart des provinces étaient administrées à part; elles étaient remplies de municipalités puissantes et actives, et, quoique tout le gouvernement de l'empire fût concentré dans les seules mains de l'empereur, et qu'il restât toujours, au besoin, l'arbitre de toutes choses, les détails de la vie sociale et de l'existence individu-elle échappaient d'ordinaire à son contrôle.

(5) Man sieht, wie zur Zeit der grössten Macht der Cäsaren die verschiedenen Völker, die die römische Welt bewohnten, noch unterschiedliche Bräuche und Sitten bewahrt hatten: wenn die Provinzen auch dem gleichen Alleinherrscher unterstanden, wurden sie doch gesondert verwal-tet; es gab in ihnen viele mächtige und unterneh-mende Gemeinden, und obwohl die gesamte Regierung des Reiches in der Hand des Kaisers allein vereinigt war und er nach Bedarf immer der Schiedsrichter in allem blieb, entzogen sich die Einzelheiten des sozialen Lebens und des Einzeldaseins gewöhnlich seiner Aufsicht.

Les empereurs possédaient, il est vrai, un pouvoir immense et sans contrepoids, qui leur permettait de se livrer librement à la bizarrerie de leurs pen-chants et d'employer à les satisfaire la force entiè-re de l'État; il leur est arrivé souvent d'abuser de ce pouvoir pour enlever arbitrairement à un ci-

(6) Die Kaiser besassen freilich eine unermessli-che Macht, der ein ebenbürtiges Gegengewicht fehlte und die ihnen erlaubte, ungehemmt den Launen ihrer Neigungen zu folgen und zu deren Befriedigung die gesamte Kraft des Staates auf-zubieten; sie haben diese Macht oft missbraucht,

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toyen ses biens ou sa vie: leur tyrannie pesait prodigieusement sur quelques-uns; mais elle ne s'étendait pas sur un grand nombre; elle s'atta-chait à quelques grands objets principaux, et négligeait le reste; elle était violente et restreinte.

um einem Bürger willkürlich Besitz oder Leben zu rauben; ihre Tyrannei lastete ungeheuerlich auf einigen; sie erstreckte sich aber nicht auf eine grosse Zahl; sie richtete sich auf einige Haupt-dinge und vernachlässigte den Rest; sie war ge-walttätig und begrenzt.

Il semble que, si le despotisme venait à s'établir chez les nations démocratiques de nos jours, il aurait d'autres caractères : il serait plus étendu et plus doux, et il dégraderait les hommes sans les tourmenter.

(7) Käme es in den demokratischen Nationen unserer Tage zum Errichten des Despotismus, so besässe er andere Merkmale; er wäre ausgedehn-ter und milder, und die Entwürdigung der Men-schen vollzöge er, ohne sie zu quälen.

Je ne doute pas que, dans des siècles de lumières et d'égalité comme les nôtres, les souverains ne parvinssent plus aisément à réunir tous les pou-voirs publics dans leurs seules mains, et à pénétrer plus habituellement et plus profondé-ment dans le cercle des intérêts privés, que n'a jamais pu le faire aucun de ceux de l'Antiquité. Mais cette même égalité, qui facilite le despotis-me, le tempéré; nous avons vu comment, à mesu-re que les hommes sont plus semblables et plus égaux, les mœurs publiques deviennent plus hu-maines et plus douces; quand aucun citoyen n'a un grand pouvoir ni de grandes richesses, la ty-rannie manque, en quelque sorte, d'occasion et de théâtre. Toutes les fortunes étant médiocres, les passions sont naturellement contenues, l'imagina-tion bornée, les plaisirs simples. Cette modérati-on universelle modère le souverain lui-même et arrête dans de certaines limites l'élan désordonné de ses désirs.

(8) Ich bezweifle nicht, dass in einem Zeitalter der Bildung und der Gleichheit wie dem unsrigen die Souveräne es leichter fertigbrächten, alle öffentlichen Gewalten allein in ihrer Hand zu vereinigen und in die privaten Bereiche gewohn-heitsmässiger und tiefer einzudringen, als es je-mals irgendeiner des Altertums zu tun vermoch-te. Dieselbe Gleichheit aber, die den Despotismus erleichtert, mässigt ihn; wir haben gesehen, wie die öffentlichen Sitten mit zunehmender Ähn-lichkeit und Gleichheit der Menschen freundli-cher und sanfter werden; wenn kein Bürger gros-se Macht oder grossen Reichtum besitzt, so fehlt der Tyrannei gewissermassen die Gelegenheit und der Schauplatz. Da die Vermögen alle mit-telmässig sind, halten sich die Leidenschaften naturgemäss zurück, die Einbildungskraft bleibt beschränkt, die Vergnügungen sind bescheiden. Diese allgemeine Mässigung mässigt auch den Souverän und gebietet dem ungeregelten Unge-stüm seiner Begierden durch gewisse Schranken Einhalt.

Indépendamment de ces raisons puisées dans la nature même de l'état social, je pourrais en ajou-ter beaucoup d'autres que je prendrais en dehors de mon sujet; mais je veux me tenir dans les bor-nes que je me suis posées.

(9) Unabhängig von diesen Gründen, die sich aus dem Gesellschaftszustand selbst ergeben, könnte ich noch viele andere ausserhalb meines Gegens-tandes anführen; ich will mich aber an die Gren-zen halten, die ich mir gezogen habe.

Les gouvernements démocratiques pourront de-venir violents et même cruels dans certains mo-ments de grande effervescence et de grands périls; mais ces crises seront rares et passagères.

(10) Die demokratischen Regierungen können in gewissen Augenblicken grosser Aufregung und grosser Gefahren gewalttätig und grausam wer-den; diese Krisen werden jedoch selten und vo-rübergehend sein.

Lorsque je songe aux petites passions des hommes de nos jours, à la mollesse de leurs mœurs, à l'étendue de leurs lumières, à la pureté de leur religion, à la douceur de leur morale, à leurs habitudes laborieuses et rangées, à la rete-nue qu'ils conservent presque tous dans le vice comme dans la vertu, je ne crains pas qu'ils ren-contrent dans leurs chefs des tyrans, mais plutôt des tuteurs.

(11) Wenn ich mir die kleinen Leidenschaften der heutigen Menschen vorstelle, die Verweichli-chung ihrer Sitten, den Umfang ihrer Bildung, die Reinheit ihrer Religion, die Sanftheit ihrer Moral, ihre fleissigen und geregelten Gewohnhei-ten, die Zurückhaltung, die nahezu alle im Laster wie in der Tugend üben – dann befürchte ich nicht, dass sie in ihren Staatsoberhäuptern Ty-rannen finden, sondern eher Vormünder.

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Je pense donc que l'espèce d'oppression, dont les peuples démocratiques sont menacés ne res-semblera à rien de ce qui l'a précédée dans le monde; nos contemporains ne sauraient en trou-ver l'image dans leurs souvenirs. Je cherche en vain moi-même une expression qui reproduise exactement l'idée que je m'en forme et la renfer-me; les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point. La chose est nouvelle, il faut donc tâcher de la définir, puisque je ne peux la nommer.

(12) Darum denke ich, dass die Art der Unterdrü-ckung, die die demokratischen Völker bedroht, in nichts der früheren in der Welt gleichen wird; unsere Zeitgenossen könnten deren Bild in ihrer Erinnerung nicht finden. Ich suche selbst vergeb-lich nach einem Ausdruck, der genau die Vorstel-lung, die ich mir davon mache, wiedergäbe und sie enthielte; die früheren Worte Despotismus und Tyrannei passen dafür nicht. Die Sache ist neu, ich muss also versuchen, sie zu umschrei-ben, da ich sie nicht benennen kann.

Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde: je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres: ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce hu-maine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux, mais il ne les voit pas; il les tou-che et ne les sent point; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul, et, s'il lui reste encore une fa-mille, on peut dire du moins qu'il n'a plus de patrie.

(13) Ich will mir vorstellen, unter welchen neuen Merkmalen der Despotismus in der Welt auftre-ten könnte: ich erblicke eine Menge einander ähnlicher und gleichgestellter Menschen, die sich rastlos im Kreise drehen, um sich kleine und gewöhnliche Vergnügungen zu verschaffen, die ihr Gemüt ausfüllen. Jeder steht in seiner Verein-zelung dem Schicksal aller andern fremd gegen-über: seine Kinder und seine persönlichen Freun-de verkörpern für ihn das ganze Menschenge-schlecht; was die übrigen Mitbürger angeht, so steht er neben ihnen, aber er sieht sie nicht; er berührt sie, und er fühlt sie nicht; er ist nur in sich und für sich allein vorhanden, und bleibt ihm noch eine Familie, so kann man zumindest sagen, dass er kein Vaterland mehr hat.

Au-dessus de ceux-là s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sut leur sort. il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il res-semblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plai-sirs, conduit leurs. principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages, que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

(14) Über diesen erhebt sich eine gewaltige, be-vormundende Macht, die allein dafür sorgt, ihre Genüsse zu sichern und ihr Schicksal zu überwa-chen. Sie ist unumschränkt, ins einzelne gehend, regelmässig, vorsorglich und mild. Sie wäre der väterlichen Gewalt gleich, wenn sie wie diese das Ziel verfolgte, die Menschen auf das reife Alter vorzubereiten; statt dessen aber sucht sie bloss, sie unwiderruflich im Zustand der Kindheit fest-zuhalten; es ist ihr recht, dass die Bürger sich vergnügen, vorausgesetzt, dass sie nichts anderes im Sinne haben, als sich zu belustigen. Sie arbei-tet gerne für deren Wohl; sie will aber dessen alleiniger Betreuer und einziger Richter sein; sie sorgt für ihre Sicherheit, ermisst und sichert ihren Bedarf, erleichtert ihre Vergnügungen, führt ihre wichtigsten Geschäfte, lenkt ihre Industrie, ord-net ihre Erbschaften, teilt ihren Nachlass; könnte sie ihnen nicht auch die Sorge des Nachdenkens und die Mühe des Lebens ganz abnehmen?

C'est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l'emploi du libre arbitre; qu'il renferme l'action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu à chaque citoyen jusqu'à l'usage de lui-même. L'égalité a préparé les hommes à toutes ces choses : elle les a disposés à les souf-frir et souvent même à les regarder comme un

(15) Auf diese Weise macht sie den Gebrauch des freien Willens mit jedem Tag wertloser und seltener; sie beschränkt die Betätigung des Wil-lens auf einen kleinen Raum, und schliesslich entzieht sie jedem Bürger sogar die Verfügung über sich selbst. Die Gleichheit hat die Menschen auf dies alles vorbereitet: sie macht sie geneigt,

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bienfait. es zu ertragen und oft sogar als Wohltat anzuse-hen.

Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puis-santes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uni-formes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.

(16) Nachdem der Souverän auf diese Weise den einen nach dem andern in seine mächtigen Hände genommen und nach seinem Gutdünken zurecht-geknetet hat, breitet er seine Arme über die Ge-sellschaft als Ganzes aus; er bedeckt ihre Ober-fläche mit einem Netz verwickelter, äusserst ge-nauer und einheitlicher kleiner Vorschriften, die die ursprünglichsten Geister und kräftigsten See-len nicht zu durchbrechen vermögen, um sich über die Menge hinauszuschwingen; er bricht ihren Willen nicht, aber er weicht ihn auf und beugt und lenkt ihn; er zwingt selten zu einem Tun, aber er wendet sich fortwährend dagegen, dass man etwas tue; er zerstört nicht, er hindert, dass etwas entstehe; er tyrannisiert nicht, er hemmt, er drückt nieder, er zermürbt, er löscht aus, er stumpft ab, und schliesslich bringt er jedes Volk so weit herunter, dass es nur noch eine Her-de ängstlicher und arbeitsamer Tiere bildet, deren Hirte die Regierung ist.

J'ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu'on ne l'imagine avec quelques-unes des formes extérie-ures de la liberté, et qu'il ne lui serait pas impos-sible de s'établir à l'ombre même de la souverai-neté du peuple.

(17) Ich war immer des Glaubens, dass diese Art geregelter, milder und friedsamer Knechtschaft, deren Bild ich eben gezeichnet habe, sich mit einigen der äusseren Formen der Freiheit meist besser, als man denkt, verbinden liesse, und dass es ihr sogar nicht unmöglich wäre, sich geradezu im Schatten der Volkssouveränität einzunisten.

Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies: ils sentent le besoin d'être conduits et l'envie de rester libres. Ne pou-vant détruire ni l'un ni l'autre de ces instincts contraires, ils s'efforcent de les satisfaire à la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple. Cela leur donne quelque relâche. Ils se consolent d'être en tutelle, en songeant qu'ils ont eux-mêmes choisi leurs tuteurs. Chaque individu souffre qu'on l'attache, parce qu'il voit que ce n'est pas un homme ni une classe, mais le peuple lui-même, qui tient le bout de la chaîne.

(18) Unsere Zeitgenossen werden immerfort durch zwei feindliche Leidenschaften bedrängt: sie haben das Bedürfnis, geführt zu werden, und das Verlangen frei zu bleiben. Da sie weder den einen noch den andern dieser entgegengesetzten Triebe ausrotten können, trachten sie beide zu gleicher Zeit zu befriedigen. Sie denken sich eine einzige, schützende, allmächtige Macht aus, die jedoch von den Bürgern gewählt wird. Sie ver-quicken die Zentralisierung und die Volkssouve-ränität. Das verschafft ihnen eine gewisse Er-leichterung. Sie nehmen die Bevormundung hin, indem sie sich sagen, dass sie ihre Vormünder selber ausgewählt haben. Jeder duldet, dass man ihn fessle, weil er sieht, dass weder ein Mann noch eine Klasse, sondern das Volk selbst das Ende der Kette in Händen hält.

Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent.

(19) Bei dieser Ordnung der Dinge treten die Bürger einen Augenblick aus ihrer Abhängigkeit heraus, um ihren Herrn zu bezeichnen, und keh-ren wieder in sie zurück.

Il y a, de nos jours, beaucoup de gens qui s'ac-commodent très aisément de cette espèce de compromis entre le despotisme administratif et la souveraineté du peuple, et qui pensent avoir assez

(20) Es gibt heutzutage viele Leute, die sich mit dieser vermittelnden Form zwischen Verwal-tungsdespotie und Volkssouveränität sehr leicht abfinden und die wähnen, die Freiheit der einzel-

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garanti la liberté des individus, quand c'est au pouvoir national qu'ils la livrent. Cela ne me suffit point. La nature du maître m'importe bien moins que l'obéissance.

nen gesichert zu haben, wenn sie sie der Natio-nalgewalt ausliefern. Mir genügt das nicht. Es kommt mir auf die Art des Herrn weit weniger an als auf den Gehorsam.

Je ne nierai pas cependant qu'une constitution semblable ne soit infiniment préférable à celle qui, après avoir concentré tous les pouvoirs, les déposerait dans les mains d'un homme ou d'un corps irresponsable. De toutes les différentes formes que le despotisme démocratique pourrait prendre, celle-ci serait assurément la pire.

(21) Ich will indessen nicht bestreiten, dass eine solche Verfassung bei weitem den Vorzug ver-dient vor einer, die nach der Konzentration aller Gewalten diese in die Hände eines nicht verant-wortlichen Mannes oder einer ebensolchen Kör-perschaft legte. Unter all den verschiedenen Formen, die der demokratische Despotismus annehmen könnte, wäre dies gewiss die ärgste.

Lorsque le souverain est électif ou surveillé de près par une législature réellement élective et indépendante, l'oppression qu'il fait subir aux individus est quelquefois plus grande; mais elle est toujours moins dégradante parce que chaque citoyen, alors qu'on le gêne et qu'on le réduit à l'impuissance, peut encore se figurer qu'en obéis-sant il ne se soumet qu'à lui-même, et que c’est à l'une de ses volontés qu'il sacrifie toutes les autres.

(22) Ist der Souverän wählbar oder wird er durch eine tatsächlich wählbare und unabhängige ge-setzgebende Gewalt genau überwacht, so ist die Unterdrückung, die er die einzelnen erdulden lässt, manchmal grösser; sie ist aber stets weniger entwürdigend, weil sich jeder Bürger, während man ihn bedrückt und zur Ohnmacht verurteilt, noch einbilden kann, dass er sich nur sich selber unterwirft, wenn er gehorcht, und dass er der einen seiner Willensäusserungen sämtliche an-dern opfert.

Je comprends également que, quand le souverain représente la nation et dépend d'elle, les forces et les droits qu'on enlève à chaque citoyen ne ser-vent pas seulement au chef de l'État, mais profi-tent à l'État lui même, et que les particuliers reti-rent quelque fruit du sacrifice qu'ils ont fait au public de leur indépendance.

(23) Ebenso verstehe ich, dass da, wo der Souve-rän das Volk vertritt und von ihm abhängig ist, die Kräfte und Rechte, die man jedem Bürger wegnimmt, nicht allein dem Staatsoberhaupt, sondern dem Staate selbst zugute kommen und dass die einzelnen aus dem Opfer ihrer Selbstän-digkeit, das sie der Öffentlichkeit gebracht haben, einen gewissen Nutzen ziehen.

Créer une représentation nationale dans un pays très centralisé, c’est donc diminuer le mal que l'extrême centralisation peut produire, mais ce n'est pas le détruire.

(24) In einem stark zentralisierten Lande eine Volksvertretung einführen heisst also das Übel vermindern, das die übertriebene Zentralisierung verursachen kann, nicht aber es beseitigen.

Je vois bien que, de cette manière, on conserve l'intervention individuelle dans les plus importan-tes affaires; mais on ne la supprime pas moins dans les petites et les particulières. L'on oublie que c’est surtout dans le détail qu'il est dangereux d'asservir les hommes. Je serais, pour ma part, porte a croire la liberté moins nécessaire dans les grandes choses que dans les moindres, si je pen-sais qu'on pût jamais être assuré de l'une sans posséder l'autre.

(25) Ich sehe wohl, dass man auf diese Weise die Einmischung des einzelnen in die wichtigsten Angelegenheiten beibehält; aber in den kleinen und in den privaten Anliegen hebt man sie nicht minder auf. Man vergisst, dass vor allem in den Einzeldingen die Knechtung der Menschen ge-fährlich ist. Ich wäre persönlich geneigt zu glau-ben, dass die Freiheit in den grossen Dingen we-niger nötig ist als in den kleinen, wenn ich däch-te, man könne je der einen gewiss sein, ohne die andere zu besitzen.

La sujétion dans les petites affaires se manifeste tous les jours et se fait sentir indistinctement à tous les citoyens. Elle ne les désespère point; mais elle les contrarie sans cesse et elle les porte à renoncer à l'usage de leur volonté. Elle éteint ainsi peu à peu leur esprit et énerve leur âme, tandis que l'obéissance, qui n'est due que dans un

(26) Die Abhängigkeit in den kleinen Angelegen-heiten des Lebens zeigt sich jeden Tag und wird allen Bürgern unterschiedslos fühlbar. Sie bringt sie nicht zur Verzweiflung; aber sie ärgert sie fortwährend und verleidet ihnen die Betätigung ihres Willens. Sie löscht sie geistig allmählich aus und zermürbt sie seelisch, wogegen der Ge-

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petit nombre de circonstances très graves, mais très rares, ne montre la servitude que de loin en loin et ne la fait peser que sur certains hommes. En vain chargerez-vous ces mêmes citoyens, que vous avez rendus si dépendants du pouvoir cen-tral, de choisir de temps à autre les représentants de ce pouvoir; cet usage si important, mais si court et si rare, de leur libre arbitre, n'empêchera pas qu'ils ne perdent peu à peu la faculté de pen-ser de sentir et d'agir par eux-mêmes, et qu'ils ne tombent ainsi graduellement au-dessous du nive-au de l'humanité.

horsam, der nur für eine kleine Zahl sehr ernster, jedoch äusserst seltener Anlässe geschuldet wird, die Knechtschaft nur ab und zu sichtbar macht und bloss auf bestimmten Menschen lastet. Ver-geblich gibt man diesen gleichen Bürgern, die man derart von der Zentralgewalt abhängig wer-den liess, den Auftrag, von Zeit zu Zeit die Ver-treter dieser Gewalt zu wählen; diese so notwen-dige, aber so kurze und so seltene Betätigung ihres freien Willens verhindert nicht, dass sie die Fähigkeit selbständigen Denkens, Fühlens und Handelns nach und nach einbüssen und dass sie dergestalt Schritt für Schritt unter die Stufe des Menschentums hinabsinken.

J'ajoute qu'ils deviendront bientôt incapables d'exercer le grand et unique privilège qui leur reste. Les peuples démocratiques qui ont introdu-it la liberté dans la sphère politique, en même temps qu'ils accroissaient le despotisme dans la sphère administrative, ont été conduits à des sin-gularités bien étranges. Faut-il mener les petites affaires où le simple bon sens peut suffire, ils estiment que les citoyens en sont incapables; s'agit-il du gouvernement de tout l'État, ils con-fient à ces citoyens d'immenses prérogatives; ils en font alternativement les jouets du souverain et ses maîtres, plus que des rois et moins que des hommes. Après avoir épuisé tous les différents systèmes d'élection, sans en trouver un qui leur convienne, ils s'étonnent et cherchent encore; comme si le mal qu'ils remarquent ne tenait pas à la constitution du pays bien plus qu'à celle du corps électoral.

(27) Ich füge hinzu, dass sie bald ausserstande sein werden, das grosse und einzige Vorrecht auszuüben, das ihnen verbleibt. Die demokrati-schen Völker, die die Freiheit in den politischen Bereich einführten, während sie gleichzeitig den Despotismus im Verwaltungsbezirk steigerten, sind auf recht seltsame Absonderlichkeiten ver-fallen. Geht es um die Erledigung kleiner Ange-legenheiten, wo der einfache, gesunde Men-schenverstand ausreicht, so halten sie die Bürger dazu für unfähig; handelt es sich um die Regie-rung des ganzen Staates, so übertragen sie diesen Bürgern gewaltige Vorrechte; sie machen aus ihnen abwechselnd Spielzeuge des Souveräns und seiner Herren, mehr als Könige und weniger als Menschen. Nachdem sie die sämtlichen ver-schiedenen Wahlverfahren erschöpft haben, ohne ein geeignetes zu finden, verwundern sie sich und suchen weiter; als ob das Übel, das sie bemerken, nicht weit mehr von der Verfassung des Landes als von der des Wahlkörpers abhinge.

Il est, en effet, difficile de concevoir comment des hommes qui ont entièrement renoncé à l'habi-tude de se diriger eux-mêmes pourraient réussir à bien choisir ceux qui doivent les conduire; et l'on ne fera point croire qu'un gouvernement libéral, énergique et sage, puisse jamais sortir des suffra-ges d'un peuple de serviteurs.

(28) In der Tat ist es schwer, sich auszudenken, wie es Menschen, die auf die Gewohnheit eigener Lenkung völlig verzichtet haben, gelingen könn-te, diejenigen richtig auszuwählen, die sie führen sollen; und man wird uns nicht glauben machen, dass eine freiheitliche, tatkräftige und weise Re-gierung jemals aus den Wahlen eines Volkes von Knechten hervorgehen kann.

Une constitution qui serait républicaine par la tête, et ultra-monarchique dans toutes les autres parties, m'a toujours semblé un monstre éphémère. Les vices des gouvernants et l'imbécil-lité des gouvernés ne tarderaient pas a cri amener la ruine; et le peuple, fatigué de ses représentants et de lui-même, créerait des institutions plus libres, ou retournerait bientôt s'étendre aux pieds d'un seul maître.

(29) Eine Verfassung, deren Spitze republika-nisch und deren sämtliche übrige Teile ultra-monarchisch wären, ist mir immer als ein kurzle-biges Ungeheuer erschienen. Die Laster der Re-gierenden und die Dummheit der Regierten hät-ten sehr bald ihren Untergang zur Folge; und das Volk, seiner Vertreter und seiner selbst überdrüs-sig, schüfe freiheitlichere Einrichtungen oder würfe sich bald erneut einem einzigen Herrn vor die Füsse.

Deuxième tome, Quatrième partie 2. Band, IV. Teil

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CHAPITRE VII

Suite des Chapitres Précédents

SIEBENTES KAPITEL

Fortsetzung der vorangehenden Kapitel

Je crois qu'il est plus facile d'établir un gouver-nement absolu et despotique chez un peuple où les conditions sont égales que chez un autre, et je pense que, si un pareil gouvernement était une fois établi chez un semblable peuple, non seule-ment il y opprimerait les hommes, mais qu'à la longue il ravirait à chacun d'eux plusieurs des principaux attributs de l'humanité.

(1) Ich glaube, eine unumschränkte und despoti-sche Regierung lässt sich leichter in einem Volke einsetzen, wo die gesellschaftlichen Bedingungen gleich sind, als in einem andern, und ich denke, dass eine derartige Regierung, wenn sie einmal in einem solchen Volke bestünde, nicht nur dessen Menschen unterdrücken, sondern mit der Zeit jeden von ihnen mehrerer Haupteigenschaften des Menschentums berauben würde.

Le despotisme me parait donc particulièrement à redouter dans les âges démocratiques.

(2) In den demokratischen Zeitaltern ist daher, wie mir scheint, der Despotismus besonders zu furchten.

J'aurais, je pense, aimé la liberté dans tous les temps; mais je me sens enclin à l'adorer dans le temps où nous sommes.

(3) Ich hätte, denke ich, die Freiheit in allen Zei-ten geliebt; in der heutigen Zeit aber neige ich dazu, sie zu vergöttern.

Je suis convaincu, d'autre part, que tous ceux qui, dans les siècles où nous entrons, essaieront d'ap-puyer la liberté sur le privilège et l'aristocratie, échoueront.

(4) Anderseits bin ich überzeugt, dass alle, die in dem Zeitalter, in das wir eintreten, die Staatsge-walt auf das Vorrecht und die Aristokratie zu stützen versuchen werden, zum Misserfolg verur-teilt sind. Alle, die die Staatsgewalt innerhalb einer Klasse errichten und auf sie beschränken wollen, werden scheitern.

Tous ceux qui voudront attirer et retenir l'autorité dans le sein d'une seule classe échoueront. Il n'y a pas, de nos jours, de souverain assez habile et assez fort pour fonder le despotisme en rétablis-sant des distinctions permanentes entre ses sujets; il n'y a pas non plus de législateur si sage et si puissant qui soit en état de maintenir des institu-tions libres, s'il ne prend l'égalité pour premier principe et pour symbole. Il faut donc que tous ceux de nos contemporains qui veulent créer ou assurer l'indépendance et la dignité de leurs sem-blables se montrent amis de l'égalité; et le seul moyen digne d'eux de se montrer tels, c’est de l'être: le succès de leur sainte entreprise en dé-pend.

(5) Es gibt gegenwärtig keinen Souverän, der ge-schickt und stark genug wäre, den Despotismus auf eine Wiederherstellung dauernder Standesun-terschiede zwischen seinen Untertanen zu grün-den; ebensowenig gibt es einen so weisen und mächtigen Gesetzgeber, der imstande wäre, frei-heitliche Einrichtungen aufrechtzuerhalten, wenn er nicht die Gleichheit als obersten Grundsatz und als Sinnbild wählt. Deshalb müssen alle die-jenigen unserer Zeitgenossen, die die Unabhän-gigkeit und Würde ihrer Mitmenschen begründen oder sichern wollen, sich als Freunde der Gleich-heit erweisen; und das einzige würdige Mittel, sich als solche zu erweisen, ist, es zu sein: der Erfolg ihres erhabenen Unternehmens hängt da-von ab.

Ainsi, il ne s'agit point de reconstruire une socié-té aristocratique, mais de faire sortir la liberté du sein de la société démocratique où Dieu nous fait vivre.

(6) Nicht um den Wiederaufbau einer aristokrati-schen Gesellschaft handelt es sich also, sondern darum, aus dem Schoss der demokratischen Ge-sellschaft, in der Gott uns leben heisst, die Frei-heit hervorgehen zu lassen.

Ces deux premières vérités me semblent simples, claires et fécondes, et elles m'amènent naturelle-ment à considérer quelle espèce de gouvernement libre peut s'établir chez un peuple où les conditi-ons sont égales.

(7) Diese zwei Grundwahrheiten erscheinen mir einfach, klar und fruchtbar, und sie veranlassen mich selbstverständlich zu überlegen, welche Art freier Regierung in einem Volke mit gleichen gesellschaftlichen Bedingungen eingeführt wer-den kann.

Il résulte de la constitution même des nations (8) Aus der Beschaffenheit der demokratischen

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démocratiques et de leurs besoins, que, chez el-les, le pouvoir du souverain doit être plus uni-forme, plus centralisé, plus étendu, plus pénétrant, plus puissant qu'ailleurs. La société V est naturellement plus agissante et plus forte, l'individu plus subordonné et plus faible: l'une fait plus, l'autre moins; cela est forcé.

Nationen selbst und ihrer Bedürfnisse geht her-vor, dass die staatliche Herrschgewalt bei ihnen einheitlicher, zentralisierter, ausgedehnter, durch-dringender, mächtiger sein muss als anderswo. Die Gesellschaft ist da natürlich betriebsamer und stärker, der einzelne untergeordneter und schwächer: jene tut mehr, dieser weniger; das ergibt sich zwangsläufig.

Il ne faut donc pas s'attendre à ce que, dans les contrées démocratiques, le cercle de l'indépen-dance individuelle soit jamais aussi large que dans les pays d'aristocratie. Mais cela n'est point à souhaiter; car, chez les nations aristocratiques, la société est souvent sacrifiée à l'individu, et la prospérité du plus grand nombre à la grandeur de quelques-uns.

(9) Man kann also nicht erwarten, dass in demo-kratischen Ländern der Bereich der persönlichen Unabhängigkeit je so weit gezogen sei wie in denen der Aristokratie. Das ist aber nicht wünschbar; denn bei den aristokratischen Natio-nen wird die Gesellschaft häufig dem einzelnen und die Wohlfahrt der grössern Zahl der Grösse weniger geopfert.

Il est tout à la fois nécessaire et désirable que le pouvoir central qui dirige un peuple démocrati-que soit actif et puissant. Il ne s'agit point de le rendre faible ou indolent, mais seulement de l'empêcher d'abuser de son agilité et de sa force.

(10) Es ist ebenso notwendig wie erwünscht, dass die Zentralgewalt, die ein demokratisches Volk lenkt, unternehmend und mächtig sei. Nicht dar-um geht es, sie schwach oder untätig zu machen, sondern lediglich, sie am Missbrauch ihrer Be-weglichkeit und ihrer Kraft zu hindern.

Ce qui contribuait le plus à assurer l'indépendan-ce des particuliers dans les siècles aristocratiques, c’est que le souverain ne s'y chargeait pas seul de gouverner et d'administrer les citoyens; il était obligé de laisser en partie ce soin aux membres de l'aristocratie; de telle sorte que le pouvoir so-cial, étant toujours divisé, ne pesait jamais tout entier et de la même manière sur chaque homme.

(11) Was in den aristokratischen Zeitaltern die Unabhängigkeit der Privatleute am besten sichern half, war der Umstand, dass der Herrscher nicht allein das Regieren und Verwalten der Bürger besorgte; er war gehalten, diese Aufgaben teil-weise den Mitgliedern der Aristokratie zu über-lassen; da die Staatsgewalt immer aufgeteilt war, lastete sie infolgedessen nie als Ganzes und in gleicher Art auf jedem.

Non seulement le souverain ne faisait pas tout par lui-même, mais la plupart des fonctionnaires qui agissaient à sa place, tirant leur pouvoir du fait de leur naissance, et non de lui, n'étaient pas sans cesse dans sa main, Il ne pouvait les créer ou les détruire à chaque instant, suivant ses caprices, et les plier tous uniformément à ses moindres vo-lontés. Cela garantissait encore l'indépendance des particuliers.

(12) Nicht nur machte der Herrscher nicht alles allein, sondern da die meisten Beamten, die in seinem Auftrag handelten, ihre Vollmacht von ihrer Geburt und nicht von ihm herleiteten, waren sie nicht immerwährend in seiner Hand. Er konn-te sie nicht jederzeit nach Laune ernennen oder beseitigen und sie gleichmässig allen seinen kleinsten Willensregungen unterwerfen. Auch das verbürgte die Unabhängigkeit der einzelnen.

Je comprends bien que, de nos jours, on ne sau-rait avoir recours au même moyen, mais je vois des procédés démocratiques qui les remplacent.

(13) Ich begreife wohl, dass man heutzutage nicht zum gleichen Mittel greifen kann, ich sehe aber demokratische Verfahren, die es ersetzen.

Au lieu de remettre au souverain seul tous les pouvoirs administratifs, qu'on enlève à des corpo-rations ou à des nobles, on peut en confier une partie à des corps secondaires temporairement formés de simples citoyens; de cette manière, la liberté des particuliers sera plus sûre, sans que leur égalité soit moindre.

(14) Statt dem Herrscher alle Verwaltungsbefug-nisse zu übertragen, die man den Körperschaften oder den Adligen entzieht, kann man einen Teil mittelbaren, aus einfachen Bürgern vorüberge-hend gebildeten Körperschaften zuweisen; auf diese Weise wird die persönliche Freiheit besser gewährleistet sein, ohne dass ihre Gleichheit gemindert wäre.

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Les Américains, qui ne tiennent pas autant que nous aux mots, ont conservé le nom de comté à la plus grande de leurs circonscriptions administra-tives; mais ils ont remplacé en partie le comté par une assemblée provinciale.

(15) Die Amerikaner, die den Worten nicht so viel Gewicht beilegen wie wir, haben für ihren grössten Verwaltungsbezirk den Namen Graf-schaft beibehalten; sie haben jedoch die Graf-schaft teilweise durch eine Provinzialversamm-lung ersetzt.

Je conviendrai sans peine qu'à une époque d'éga-lité comme la nôtre, il serait injuste et déraison-nable d'instituer des fonctionnaires héréditaires; mais rien n'empêche de leur substituer, dans une certaine mesure, des fonctionnaires électifs. L'élection est un expédient démocratique qui assure l'indépendance du fonctionnaire vis-à-vis du pouvoir central, autant et plus que ne saurait le faire l'hérédité chez les peuples aristocratiques.

(16) Ich gebe ohne weiteres zu, dass es in einer Zeit der Gleichheit wie der unsrigen ungerecht und unvernünftig wäre, erbliche Ämter zu schaf-fen; aber nichts hindert, dass statt dessen in ge-wissem Umfang gewählte Beamte eingesetzt werden. Die Wahl ist ein demokratisches Hilfs-mittel, das die Unabhängigkeit des Beamten ge-genüber der Zentralgewalt ebenso und besser verbürgt, als es in den aristokratischen Völkern die Erblichkeit vermöchte.

Les pays aristocratiques sont remplis de particu-liers riches et influents, qui ne savent se suffire à eux-mêmes, et qu'on n'opprime pas aisément ni en secret; et ceux-là maintiennent le pouvoir dans des habitudes générales de modération et de rete-nue.

(17) Die aristokratischen Länder sind voll von reichen und einflussstarken Privatleuten, die sich nicht selbst genügen können und die man weder leicht noch insgeheim unterdrückt; und diese halten die Staatsgewalt im Rahmen allgemeiner Gewohnheit von Mässigung und Zurückhaltung.

Je sais bien que les contrées démocratiques ne présentent point naturellement d'individus semblables; mais on peut y créer artificiellement quelque chose d'analogue.

(18) Ich weiss wohl, dass es solche Menschen in den demokratischen Ländern von Natur nicht gibt; aber man kann da künstlich etwas Ähnliches schaffen.

Je crois fermement qu'on ne saurait fonder de nouveau, dans le monde, une aristocratie; mais je pense que les simples citoyens en s'associant, peuvent y constituer des êtres très opulents, très influents, très forts, en un mot des personnes aristocratiques.

(19) Ich bin fest überzeugt, dass man in der Welt keine Aristokratie von neuem begründen kann; ich denke aber, dass die einfachen Bürger durch Zusammenschluss sehr vermögende, sehr ein-flussreiche, sehr kraftvolle Wesen, mit einem Wort, aristokratische Persönlichkeiten bilden können.

On obtiendrait de cette manière plusieurs des plus grands avantages politiques de l'aristocratie, sans ses injustices ni ses dangers. Une association politique, industrielle, commerciale ou même scientifique et littéraire, est un citoyen éclairé et puissant qu'on ne saurait plier à volonté ni op-primer dans l'ombre, et qui, en défendant ses droits particuliers contre les exigences du pou-voir, sauve les libertés communes.

(20) Auf diese Weise gewänne man mehrere der grössten Vorzüge der Aristokratie ohne deren Ungerechtigkeiten oder Gefahren. Eine politi-sche, industrielle, kommerzielle oder sogar wis-senschaftliche und literarische Vereinigung ist wie ein gebildeter und mächtiger Bürger, den man weder nach Gutdünken niederhalten noch im Dunkeln unterdrücken kann und der dadurch, dass er seine privaten Rechte gegen die Ansprü-che der Staatsgewalt verteidigt, die Freiheiten der Gemeinschaft rettet.

Dans les temps d'aristocratie, chaque homme est toujours lié d'une manière très étroite à plusieurs de ses concitoyens, de telle sorte qu'on ne saurait attaquer celui-là, que les autres n'accourent à son aide. Dans les siècles d'égalité, chaque individu est naturellement isolé; il n'a point d'amis hérédi-taires dont il puisse exiger le concours, point de classe dont les sympathies lui soient assurées; on le met aisément à part, et on le foule impunément

(21) In den Zeiten der Aristokratie ist jeder Mensch stets sehr eng mit mehreren seiner Mit-bürger verbunden, so dass man den einen nicht angreifen kann, ohne dass ihm die andern zu Hilfe eilen. In den Zeitaltern der Gleichheit ist jeder naturgemäss vereinzelt; er besitzt keine erblich angestammten Freunde, deren Hilfe er beanspruchen kann, kleine Klasse, deren Zunei-gung ihm gewiss wäre; man stellt ihn abseits und

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aux pieds. tritt ihn ungestraft mit Füssen.

De nos jours, un citoyen qu'on opprime n'a donc qu'un moyen de se défendre; c'est de s'adresser à la nation tout entière, et, si elle lui est sourde, au genre humain; il n'a qu'un moyen de le faire, c'est la presse. Ainsi la liberté de la presse est infini-ment plus précieuse chez les nations démocrati-ques que chez toutes les autres; elle seule guérit la plupart des maux que l'égalité peut produire. L'égalité isole et affaiblit les hommes; mais la presse place à côté de chacun d'eux une arme très puissante, dont le plus faible et le plus isolé peut faire usage. [,'égalité ôte à chaque individu l'ap-pui de ses proches; mais la presse lui permet d'appeler à son aide tous ses concitoyens et tous ses semblables. L'imprimerie a hâté les progrès de l'égalité, et elle est un de ses meilleurs correc-tifs.

(22) Deshalb hat ein unterdrückter Bürger heut-zutage nur eine Möglichkeit der Verteidigung: sich an das ganze Volk zu wenden, und will die-ses ihn nicht hören, an die Menschheit; er hat hierzu nur ein Mittel, die Presse. Demnach ist bei den demokratischen Nationen die Pressefreiheit unvergleichlich wertvoller als in allen andern; sie allein heilt die meisten Übel, die die Gleichheit erzeugen kann. Die Gleichheit trennt die Men-schen voneinander und schwächt sie; die Presse aber stellt jedem eine sehr mächtige Waffe zur Seite, von der der Schwächste und der Einsamste Gebrauch machen kann. Die Gleichheit entzieht jedem die Hilfe seiner Nächsten; aber die Presse gestattet ihm, seine sämtlichen Mitbürger und Mitmenschen zu Hilfe zu rufen. Der Buchdruck hat die Fortschritte der Gleichheit beschleunigt, und er ist eines der besten Mittel für ihre Verbes-serung.

Je pense que les hommes qui vivent dans les aristocraties peuvent, à la rigueur, se passer de la liberté de la presse; mais ceux qui habitent les contrées démocratiques ne peuvent le faire. Pour garantir l'indépendance personnelle de ceux-ci, je ne m'en fie point aux grandes assemblées politi-ques, aux prérogatives parlementaires, à la pro-clamation de la souveraineté du peuple.

(23) Menschen, die in den Aristokratien leben, können, denke ich, zur Not der Pressefreiheit entraten; die Bewohner demokratischer Länder aber können das nicht. Um deren persönliche Unabhängigkeit zu gewährleisten, verlasse ich mich nicht auf grosse politische Körperschaften, auf parlamentarische Vorrechte, auf die Verkün-dung der Volkssouveränität.

Toutes ces choses se concilient, jusqu'à un certain point, avec la servitude individuelle; mais cette servitude ne saurait être complète si la presse est libre. La presse est, par excellence, l'instrument démocratique de la liberté.

(24) Alle diese Dinge lassen sich bis zu einem gewissen Grade mit der persönlichen Knecht-schaft vereinen; diese Knechtschaft kann aber nicht vollständig sein, wenn die Presse frei ist. Die Presse ist im wahrsten Sinne das demokrati-sche Werkzeug der Freiheit.

Je dirai quelque chose d'analogue du pouvoir judiciaire.

(25) Etwas Ähnliches werde ich von der richterli-chen Gewalt sagen.

Il est de l'essence du pouvoir judiciaire de s'oc-cuper d'intérêts particuliers et d'attacher volon-tiers ses regards sur de petits objets qu'on expose à sa vue; il est encore de l'essence de ce pouvoir de ne point venir de lui-même au secours de ceux qu'on opprime, mais d'être sans cesse à la dispo-sition du plus humble d'entre eux. Celui-ci, quel-que faible qu'on le suppose, peut toujours forcer le juge d'écouter sa plainte et d'y répondre: cela tient à la constitution même du pouvoir judiciai-re.

(26) Es gehört zum Wesen der richterlichen Ge-walt, sich mit privaten Interessen zu befassen und ihre Blicke gerne auf kleine Dinge zu heften, die man ihr vorlegt; ebenso ist es dieser Gewalt ei-gentümlich, dass sie den Unterdrückten nicht von sich aus zu Hilfe eilt, dass sie aber dem Gerings-ten unter ihnen ständig zur Verfügung steht. Man mag diesen für noch so schwach halten, er kann den Richter jederzeit zwingen, seine Klage anzu-hören und darauf zu antworten: das hängt mit der Beschaffenheit der richterlichen Gewalt selbst zusammen.

Un semblable pouvoir est donc spécialement applicable aux besoins de la liberté, dans un temps où l’œil et la main du souverain s'introdui-sent sans cesse parmi les plus minces détails des actions humaines, et où les particuliers, trop faib-

(27) Deshalb ist eine solche Gewalt für die Be-dürfnisse der Freiheit besonders geeignet in einer Zeit, da Auge und Hand der Staatsmacht in die geringfügigsten Einzelheiten des menschlichen Tuns eindringen und da die Privatleute, zum

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les pour se protéger eux-mêmes, sont trop isolés pour pouvoir compter sur le secours de leurs pareils. La force des tribunaux a été, de tout temps, la plus grande garantie qui se puisse offrir à l'indépendance individuelle, mais cela est sur-tout vrai dans les siècles démocratiques; les droits et les intérêts particuliers y sont toujours en péril, si le pouvoir judiciaire ne grandit et ne s'étend à mesure que les conditions s'égalisent.

Selbstschutz zu schwach, einander zu fern stehen, um auf die Hilfe ihrer Mitmenschen zählen zu können. Zu allen Zeiten ist die Stärke der Gerich-te die grösste Sicherheit gewesen, die sich der Unabhängigkeit des einzelnen bieten kann, aber vor allem trifft dies für die demokratischen Zeit-alter zu; hier sind die privaten Rechte und Inte-ressen stets in Gefahr, falls die richterliche Ge-walt nicht in demselben Masse wächst und sich ausbreitet, wie die gesellschaftliche Einebnung zunimmt.

L'égalité suggère aux hommes plusieurs pen-chants fort dangereux pour la liberté, et sur les-quels le législateur doit toujours avoir l’œil ou-vert. Je ne rappellerai que les principaux.

(28) Die Gleichheit flösst den Menschen einige äusserst freiheitsgefährdende Neigungen ein, die der Gesetzgeber stets im Auge behalten muss. Ich will nur an die wichtigsten erinnern.

Les hommes qui vivent dans les siècles démoc-ratiques ne comprennent pas aisément l'utilité des formes; ils ressentent un dédain instinctif pour elles. J'en ai dit ailleurs les raisons. Les formes excitent leur mépris et souvent leur haine. Comme ils n'aspirent d'ordinaire qu'à des jouis-sances faciles et présentes, ils s'élancent impétu-eusement vers l'objet de chacun de leurs désirs; les moindres délais les désespèrent. Ce tempéra-ment, qu'ils transportent dans la vie politique, les indispose contre les formes qui les retardent ou les arrêtent chaque jour dans quelques-uns de leurs desseins.

(29) Die Menschen, die in den demokratischen Zeitaltern leben, haben für den Nutzen der For-men kein grosses Verständnis; sie verachten sie instinktiv. Die Gründe hiefür habe ich anderswo genannt. Die Formen erregen ihre Geringschät-zung und oft ihren Hass. Da sie gewöhnlich nur nach bequemen und sofort greifbaren Genüssen verlangen, stürzen sie sich heftig auf den Gegens-tand jedes ihrer Wünsche; die geringste Verzöge-rung bringt sie ausser sich. Diese ungeduldige Einstellung, die sie in das politische Leben hi-neintragen, macht sie den Formen abgeneigt, durch die sie immerfort in irgendeinem ihrer Pläne verzögert oder behindert werden.

Cet inconvénient que les hommes des démocra-ties trouvent aux formes est pourtant ce qui rend ces dernières si utiles à la liberté, leur principal mérite étant de servir de barrière entre le fort et le faible, le gouvernant et le gouverné, de retarder l'un et de donner à l'autre le temps de se reconna-ître, Les formes sont plus nécessaires à mesure que le souverain est plus actif et plus puissant et que les particuliers deviennent plus indolents et plus débiles. Ainsi les peuples démocratiques ont naturellement plus besoin de formes que les autres peuples, et naturellement ils les respectent moins. Cela mérite une attention très sérieuse.

(30) Dieses Unangenehme, das die Menschen der Demokratien an den Formen finden, macht diese jedoch gerade für die Freiheit so nützlich, denn ihr Hauptverdienst besteht darin, dass sie als Schranke zwischen dem Starken und dem Schwachen, dem Regierenden und dem Regierten wirken, den einen aufhalten und dem andern Zeit zur Besinnung lassen. Die Formen sind um so notwendiger, je tätiger und mächtiger die Staats-gewalt ist und je lässiger und kraftloser die Pri-vatleute werden. Somit benötigen die demokrati-schen Völker die Formen naturgemäss mehr als die anderen Völker, und naturgemäss achten sie sie weniger. Das verdient sehr ernstlich bedacht zu werden.

Il n'y a rien de plus misérable que le dédain su-perbe de la plupart de nos contemporains. pour les questions de formes; car les plus petites ques-tions de formes ont acquis de nos jours une im-portance qu'elles n'avaient point eue jusque-là. Plusieurs des plus grands intérêts de l'humanité s'y rattachent.

(31) Es gibt nichts Kläglicheres als die hochmü-tige Verachtung der meisten unserer Zeitgenos-sen für die Formfragen; denn die kleinsten Form-fragen haben heute eine Bedeutung erlangt, die sie bisher nicht besassen. Mehrere der allergröss-ten Interessen der Menschheit sind damit ver-knüpft.

Je pense que, si les hommes d'État qui vivaient dans les siècles aristocratiques pouvaient quel-quefois mépriser impunément les formes et s'éle-

(32) Wenn die Staatsmänner, die in aristokrati-schen Zeitaltern lebten, manchmal ungestraft die Formen verachten und sich oft über sie hinweg-

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ver souvent au-dessus d'elles, ceux qui condui-sent les peuples d'aujourd'hui doivent considérer avec respect la moindre d'entre elles et ne la négliger que quand une impérieuse nécessité y oblige. Dans les aristocraties, on avait la supersti-tion des formes; il faut que nous ayons un culte éclairé et réfléchi pour elles.

setzen konnten, so sollen, denke ich, die Führer der heutigen Völker die geringste unter ihnen achten und sie nur vernachlässigen, wenn eine gebieterische Notwendigkeit sie dazu zwingt. In den Aristokratien war man vom Formaberglau-ben beherrscht; wir brauchen eine einsichtige und überlegte Pflege der Formen.

Un autre instinct très naturel aux peuples démoc-ratiques, et très dangereux, est celui qui les porte à mépriser les droits individuels et à en tenir peu de compte.

(33) Eine andere Neigung, die den demokrati-schen Völkern sehr natürlich und für sie sehr gefährlich ist, besteht darin, dass sie die Rechte der einzelnen gering achten und sie nur wenig berücksichtigen.

Les hommes s'attachent en général à un droit et lui témoignent du respect en raison de son impor-tance ou du long usage qu'ils en ont fait. Les droits individuels qui se rencontrent chez les peuples démocratiques sont d'ordinaire peu im-portants, très récents et fort instables; cela fait qu'on les sacrifie souvent sans peine et qu'on les viole presque toujours sans remords.

(34) Gewöhnlich hängen die Menschen an einem Recht, und sie zollen ihm Achtung wegen seiner Bedeutung oder des langen Gebrauchs, den sie davon gemacht haben. Die persönlichen Rechte, die sich in den demokratischen Völkern finden, sind meist unbedeutend, sehr jung und höchst unbeständig; deshalb gibt man sie oft leichthin preis und verletzt man sie fast immer ohne Ge-wissensbisse.

Or, il arrive que, dans ce même temps et chez ces mêmes nations 0ù les hommes conçoivent un mépris naturel pour les droits des individus, les droits de la société s'étendent naturellement et s'affermissent, c'est-à-dire que les hommes de-viennent moins attachés aux droits particuliers, au moment où il serait le plus nécessaire de rete-nir et de défendre le peu qui en reste.

(35) Nun geschieht es, dass in denselben Zeiten und bei denselben Völkern, in denen die Men-schen eine natürliche Verachtung für die Rechte des einzelnen hegen, sich die Rechte der Gesell-schaft natürlicherweise erweitern und befestigen; das heisst, die Menschen werden in dem Augen-blick den Privatrechten gegenüber gleichgültiger, da die Beibehaltung und Verteidigung des weni-gen, das davon übrigbleibt, am nötigsten wird.

C'est donc surtout dans les temps démocratiques où nous sommes que les vrais amis de la liberté et de la grandeur humaine doivent, sans cesse, se tenir debout et prêts à empêcher que le pouvoir social ne sacrifie légèrement les droits particu-liers de quelques individus à l'exécution générale de ses desseins. Il n'y a point dans ces temps-là de citoyen si obscur qu'il ne soit très dangereux de laisser opprimer, ni de droits individuels si peu importants qu'on puisse impunément livrer à l'arbitraire. La raison en est simple: quand on viole le droit particulier d'un individu dans un temps où l'esprit humain est pénétré de l'impor-tance et de la sainteté des droits de cette espèce, on ne fait de mal qu'à celui qu'on dépouille; mais violer un droit semblable, de nos jours, c'est cor-rompre profondément les mœurs nationales et mettre en péril la société tout entière; parce que l'idée même de ces sortes de droits tend sans cesse parmi nous à s'altérer et à se perdre.

(36) Daher müssen die wahren Freunde der Frei-heit und der menschlichen Grösse vor allem in den demokratischen Zeiten, in denen wir leben, unaufhörlich bereitstehen, um zu verhindern, dass die Sozialgewalt leichtfertig die Privatrechte einiger Menschen der allgemeinen Ausführung ihrer Pläne opfere. In diesen Zeiten gibt es keinen noch so unbedeutenden Bürger, den man ohne Gefahr unterdrücken lassen darf, und keine noch so unwichtigen persönlichen Rechte, die man ungestraft der Willkür preisgeben kann. Der Grund hierfür ist einfach: verletzt man das Pri-vatrecht eines Menschen in einer Zeit, da der menschliche Geist von der Bedeutung und der Heiligkeit solcher Rechte durchdrungen ist, so fügt man nur dem ein Übel zu, dem man sie raubt; aber ein ähnliches Recht heutzutage miss-achten, heisst die nationalen Sitten im Tiefsten verderben und die ganze Gesellschaft in Gefahr bringen; denn ebendie Idee dieser Art von Rech-ten neigt bei uns fortwährend dazu, entstellt zu werden und verlorenzugehen.

Il y a de certaines habitudes, de certaines idées, de certains vices qui sont propres à l'état de révo-

(37) Es gibt bestimmte Gewohnheiten, bestimmte Ideen, bestimmte Laster, die dem revolutionären

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lution, et qu'une longue révolution ne peut man-quer de faire naître et de généraliser, quels que soient d'ailleurs son caractère, son objet et son théâtre.

Zustand eigentümlich sind und die eine lange Revolution unvermeidlich hervorruft und verbrei-tet, welches auch ihr Wesen, ihr Ziel und ihr Schauplatz im übrigen sein möge.

Lorsqu'une nation quelconque a plusieurs fois, dans un court espace de temps, changé de chefs, d'opinions et de lois, les hommes qui la compo-sent finissent par contracter le goût du mouve-ment et par s’habituer à ce que tous les mouve-ments s'opèrent rapidement à l'aide de la force. Ils conçoivent alors naturellement (lu mépris pour les formes, dont ils voient chaque jour l'im-puissance, et ils ne supportent qu'avec impatience l'empire de la règle, auquel on s'est soustrait tant de fois sous leurs yeux.

(38) Hat irgendeine Nation mehrmals innerhalb kurzer Zeit ihre Führer, Anschauungen und Ge-setze gewechselt, so beginnen die Menschen, aus denen sie besteht, Geschmack am Verändern zu finden und sich daran zu gewöhnen, dass alle Wandlungen mit Hilfe von Gewalt rasch vor sich gehen. Alsdann verachten sie natürlich die For-men, deren Ohnmacht sie täglich sehen, und sie ertragen nur mit Ungeduld die Herrschaft der Vorschrift, der man sich so oft vor ihren Augen entzogen hat.

Comme les notions ordinaires de l'équité et de la morale ne suffisent plus pour expliquer et justi-fier toutes les nouveautés auxquelles la révoluti-on donne chaque jour naissance, on se rattache au principe de l'utilité sociale, on crée le dogme de la nécessité politique, et l'on s'accoutume volon-tiers à sacrifier sans scrupule les intérêts particu-liers et à fouler aux pieds les droits individuels, afin d'atteindre plus promptement le but général qu'on se propose.

(39) Da die gewöhnlichen Begriffe der Recht-lichkeit und des Sittlichen nicht mehr genügen, um alles Neue zu erklären und zu rechtfertigen, das jeden Tag aus der Revolution entsteht, so klammert man sich an den Grundsatz der sozia-len Nützlichkeit, man erfindet das Dogma von der politischen Notwendigkeit, und man gewöhnt sich daran, die privaten Ansprüche ohne Gewis-sensbisse zu opfern und die persönlichen Rechte mit Füssen zu treten, um das allgemeine Ziel, das man sich gesetzt hat, schneller zu erreichen.

Ces habitudes et ces idées, que j'appellerai révo-lutionnaires, parce que toutes les révolutions les produisent, se font voir dans le sein des aristocra-ties aussi bien que chez les peuples démocrati-ques; mais chez les premières elles sont souvent moins puissantes et toujours moins durables, parce qu'elles y rencontrent des habitudes, des idées, des défauts et des travers qui leur sont contraires. Elles s'effacent donc d'elles-mêmes dès que la révolution est terminée, et la nation en revient à ses anciennes allures politiques. Il n'en est pas toujours ainsi dans les contrées démoc-ratiques, où il est toujours à craindre que les in-stincts révolutionnaires, s'adoucissant et se régu-larisant sans s'éteindre ne se transforment gradu-ellement en mœurs gouvernementales et en habi-tudes administratives.

(40) Diese Gewohnheiten und diese Ideen, die ich als revolutionär bezeichne, weil alle Revolu-tionen sie erzeugen, treten ebenso in den Aristo-kratien wie in den demokratischen Völkern zuta-ge; bei jenen aber sind sie häufig weniger mäch-tig und immer von geringerer Dauer, weil sie da auf entgegengesetzte Gewohnheiten, Ideen, Feh-ler und Absonderlichkeiten stossen. Sie ver-schwinden daher von selbst, sobald die Revoluti-on beendet ist, und das Volk kehrt zu seinem früheren politischen Verhalten zurück. In den demokratischen Ländern verhält es sich nicht immer so, denn dort muss man stets befürchten, dass die revolutionären Instinkte, während sie milder und geordneter werden, ohne zu erlö-schen, sich nach und nach in Regierungssitten und Verwaltungsgewohnheiten wandeln.

Je ne sache donc pas de pays où les révolutions soient plus dangereuses que les pays démocrati-ques, parce que, indépendamment des maux ac-cidentels et passagers qu'elles ne sauraient Jamais manquer de faire, elles risquent toujours d'en créer de permanents et, pour ainsi dire, d'éternels.

(41) Ich wüsste daher keine Länder, in denen die Revolutionen gefährlicher wären als in den de-mokratischen Ländern, weil sie, abgesehen von den zufälligen und vorübergehenden Übeln, die sie stets unvermeidlich erzeugen, immer Gefahr laufen, dauernde und sozusagen ewige Übel her-vorzurufen.

Je crois qu'il y a des résistances honnêtes et des rébellions légitimes. Je ne dis donc point, d'une manière absolue, que les hommes des temps démocratiques ne doivent jamais faire de révolu-

(42) Ich glaube, es gibt ehrenvolle Widerstände und rechtmässigen Aufruhr. Ich sage es also nicht in unbedingtem Sinne, dass die Menschen der demokratischen Zeiten niemals Revolutionen

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tions; mais je pense qu'ils ont raison d'hésiter plus que tous les autres avant d'entreprendre, et qu'il leur vaut mieux souffrir beaucoup d'incom-modités de l'état présent que de recourir à un si périlleux remède.

machen sollen; aber ich denke, sie tun gut, mehr als alle andern zu zögern, ehe sie solche unter-nehmen, und es ist für sie besser, vieles Lästige des gegenwärtigen Zustandes zu ertragen, als zu einem so gefährlichen Heilmittel zu greifen.

Je terminerai par une idée générale qui renferme dans son sein non seulement toutes les idées par-ticulières qui ont été exprimées dans ce présent chapitre, niais encore la plupart de celles que ce livre a pour but d'exposer.

(43) Ich schliesse mit einem allgemeinen Gedan-ken, der nicht nur alle Einzelgedanken des vor-liegenden Kapitels, sondern auch die meisten von denen umfasst, die dieses Buch darzulegen beab-sichtigt.

Dans les siècles d'aristocratie qui ont précédé le nôtre, il y avait des particuliers très puissants et une autorité sociale fort débile. L'image même de la société était obscure et se perdait sans cesse au milieu de tous les pouvoirs différents qui régis-saient les citoyens. Le principal effort des hommes de ce temps-là dut se porter à grandir et à fortifier le pouvoir social, à accroître et à assu-rer ses prérogatives et, au contraire, à resserrer l'indépendance individuelle dans des bornes plus étroites, et à subordonner l'intérêt particulier à l'intérêt général.

(44) In den aristokratischen Zeitaltern, die dem unsrigen vorangingen, gab es sehr mächtige ein-zelne und eine äusserst schwache Sozialgewalt. Das Bild der Gesellschaft selbst war schwer er-kennbar und löste sich immerzu in all die ver-schiedenen Gewalten auf, die den Bürger regier-ten. Die Hauptanstrengung der Menschen jener Zeit musste sich darauf richten, die Sozialgewalt zu vergrössern und zu stärken, ihre Vorrechte zu vermehren und zu sichern und dagegen die Un-abhängigkeit des einzelnen in engere Schranken zu weisen und den Privatvorteil dem Gemein-wohl unterzuordnen.

D'autres périls et d'autres soins attendent les hommes de nos jours.

(45) Andere Gefahren und andere Sorgen harren der Menschen unserer Tage.

Chez la plupart des nations modernes, le souve-rain, quels que soient son origine, sa constitution et son nom, est devenu presque tout-puissant, et les particuliers tombent, de plus en plus, dans le dernier degré de la faiblesse et de la dépendance.

(46) Bei den meisten Nationen der Neuzeit ist der Träger der obersten Gewalt, gleichgültig wo-her er stammt, wie er beschaffen ist und wie er heisst, fast allmächtig geworden, und die einzel-nen Menschen verfallen mehr und mehr der äus-sersten Schwäche und Abhängigkeit.

Tout était différent dans les anciennes sociétés. L'unité et l'uniformité ne s'y rencontraient nulle part. Tout menace de devenir si semblable dans les nôtres, que la figure particulière de chaque individu se perdra bientôt entièrement dans la physionomie commune. Nos pères étaient tou-jours prêts à abuser de cette idée, que les droits particuliers sont respectables, et nous sommes naturellement portés à exagérer cette autre, que l'intérêt d'un individu doit toujours plier devant l'intérêt de plusieurs.

(47) In den früheren Gesellschaften war alles anders. Nirgends gab es da Einheit und Einför-migkeit. In den unsern droht alles so gleichartig zu werden, dass die eigentümliche Gestalt jedes einzelnen in der Erscheinung der Gesamtheit bald völlig aufgehen wird. Unsere Vorväter waren stets bereit, den Gedanken der Achtung vor den privaten Rechten zu überspannen, und wir neigen naturgemäss dazu, jenen andern zu übertreiben, wonach das Wohl eines einzelnen sich immer dem Wohl mehrerer unterzuordnen habe.

Le monde politique change; il faut désormais chercher de nouveaux remèdes à des maux nou-veaux.

(48) Die politische Welt wandelt sich; man muss fortan gegen neue Übel neue Heilmittel suchen.

Fixer au pouvoir social des limites étendues, mais visibles et immobiles; donner aux particuliers de certains droits et leur garantir la jouissance in-contestée de ces droits; conserver à l'individu le peu d'indépendance, de force et d'originalité qui lui restent; le, relever à côté de la société et le

(49) Der Sozialgewalt weitgezogene, aber sicht-bare und unveränderliche Grenzen setzen, den Privaten bestimmte Rechte gewähren und ihnen den unangefochtenen Genuss dieser Rechte ver-bürgen, dem einzelnen das wenige erhalten, was ihm an Unabhängigkeit, Stärke und Eigenart

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soutenir en face d'elle: tel me parait être le pre-mier objet du législateur dans l'âge où nous entrons.

übrigbleibt; ihn neben der Gesellschaft erhöhen und ihm eine Stütze gegen sie bieten: das scheint mir im Zeitalter, in das wir eintreten, die erste Aufgabe des Gesetzgebers zu sein.

On dirait que les souverains de notre temps ne cherchent qu'à faire avec les hommes des choses grandes. Je voudrais qu'ils songeassent un peu plus à faire de grands hommes; qu'ils attachassent moins de prix à l’œuvre et plus à l'ouvrier et qu'ils se souvinssent sans cesse qu'une nation ne peut rester longtemps forte quand chaque homme y est individuellement faible, et qu'on n'a point encore trouvé de formes sociales ni de combinai-sons politiques qui puissent faire un peuple éner-gique en le composant de citoyens pusillanimes et mous.

(50) Es ist, als suchten die Träger der Staatsge-walt unserer Zeit mit den Menschen nur grosse Dinge zu vollbringen. Ich möchte, dass sie ein wenig mehr daran dächten, grosse Menschen zu machen; dass sie weniger Wert auf das Werk als auf den Arbeiter legten und sich stets daran erin-nerten, dass eine Nation nicht lange stark bleiben kann, wenn jeder als einzelner schwach ist, und dass man bisher weder die Gesellschaftsformen noch die politischen Gestaltungen gefunden hat, die aus kleinmütigen und schlaffen Bürgern ein tatkräftiges Volk bilden könnten.

Je vois chez nos contemporains deux idées con-traires mais également funestes.

(51) Bei unseren Zeitgenossen sehe ich zwei entgegengesetzte, aber gleich verhängnisvolle Vorstellungen.

Les uns n'aperçoivent dans l'égalité que les ten-dances anarchiques qu'elle fait naître. Ils re-doutent leur libre arbitre; ils ont peur d'eux-mêmes.

(52) Die einen bemerken in der Gleichheit nur die ihr entspringenden anarchischen Neigungen. Sie fürchten ihren freien Willen; sie haben Angst vor sich selbst.

Les autres, en plus petit nombre, mais mieux éclairés, ont une autre vue. A côté de la route qui, partant de l'égalité, conduit à l'anarchie, ils ont enfin découvert le chemin qui semble mener in-vinciblement les hommes vers la servitude. Ils plient d'avance leur âme à cette servitude néces-saire; et, désespérant de rester libres, ils adorent déjà au fond de leur cœur le maître qui doit bien-tôt venir.

(53) Die andern, kleiner an Zahl, aber gebildeter, sehen die Dinge anders. Neben der Strasse, die von der Gleichheit zur Anarchie führt, haben sie endlich den Weg entdeckt, der die Menschen unwiderstehlich der Knechtschaft zuzuleiten scheint. Sie unterwerfen sich im voraus dieser notwendigen Knechtschaft; und da sie die Hoff-nung aufgeben, frei zu bleiben, beten sie im Grund ihres Herzens bereits den Herrn an, der bald kommen muss.

Les premiers abandonnent la liberté parce qu'ils l'estiment dangereuse; les seconds parce qu'ils la jugent impossible.

(54) Die ersten geben die Freiheit auf, weil sie ihnen gefährlich erscheint; die zweiten, weil sie sie für unmöglich halten.

Si j'avais eu cette dernière croyance, je n'aurais pas écrit l'ouvrage qu'on vient de lire; je me se-rais borné à gémir en secret sur la destinée de mes semblables.

(55) Wäre ich dieser zweiten Überzeugung gewe-sen, ich hätte das Werk nicht geschrieben, das man eben gelesen hat; ich hätte mich darauf be-schränkt, im verborgenen das Los meiner Mit-menschen zu bejammern.

J'ai voulu exposer au grand jour les périls que l'égalité fait courir à l'indépendance humaine, parce que je crois fermement que ces périls sont les plus formidables aussi bien que les moins prévus de tous ceux que renferme l'avenir. Mais je ne les crois pas insurmontables.

(56) Ich wollte die Gefahren, denen die Unab-hängigkeit des Menschen durch die Gleichheit ausgesetzt wird, ins helle Licht rücken, weil ich bestimmt glaube, dass diese Gefahren die furcht-barsten wie auch die wenigst erkannten von allen denen sind, welche die Zukunft birgt. Ich halte sie jedoch nicht für unüberwindlich.

Les hommes qui vivent dans les siècles démoc-ratiques où nous entrons ont naturellement le goût de l'indépendance. Naturellement ils suppor-tent avec impatience la règle: la permanence de

(57) Die Menschen, die in den demokratischen Zeitaltern leben, in die wir eintreten, lieben na-türlich die Unabhängigkeit. Selbstverständlich ertragen sie die Ordnung mit Ungeduld: gerade

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l'état même qu'ils préfèrent les fatigue. Ils aiment le pouvoir; mais ils sont enclins à mépriser et à haïr celui qui l'exerce, et ils échappent aisément d'entre ses mains à cause de leur petitesse et de leur mobilité même.

das Immerwährende des von ihnen bevorzugten Zustandes ermüdet sie. Sie lieben die Macht; aber sie neigen dazu, den, der sie ausübt, zu verachten und zu hassen, und sie schlüpfen leicht zwischen seinen Händen hindurch dank eben ihrer Klein-heit und ihrer Beweglichkeit.

Ces instincts se retrouveront toujours, parce qu'ils sortent du fond de l'état social, qui ne changera pas. Pendant longtemps, ils empêcheront qu'au-cun despotisme ne puisse s'asseoir, et ils fourni-ront de nouvelles armes à chaque génération nouvelle qui voudra lutter en faveur de la liberté des hommes.

(58) Diese Neigungen wird man immer antreffen, denn sie entspringen dem gesellschaftlichen Zu-stand, der sich nicht ändern wird. Während lan-ger Zeit werden sie verhindern, dass irgendein Despotismus sich festsetzen kann, und sie wer-den jedem Geschlecht, das zugunsten der Freiheit der Menschen kämpfen will, neue Waffen liefern.

Ayons donc de l'avenir cette crainte salutaire qui fait veiller et combattre, et non cette sorte de terreur molle et oisive qui abat les cœurs et les énerve.

(59) Geben wir uns also jener heilsamen Furcht vor der Zukunft hin, die uns wachen und kämp-fen heisst, und nicht jener weichlichen und untä-tigen Angst, die die Herzen bedrückt und sie zermürbt.

Deuxième tome, Quatrième partie

CHAPITRE VIII

Vue générale du Sujet

2. Band, IV. Teil

ACHTES KAPITEL

Allgemeiner Ausblick

Je voudrais, avant de. quitter pour jamais la car-rière que je viens de parcourir, pouvoir embrasser d'un dernier regard tous les traits divers qui mar-quent la face du monde nouveau, et juger enfin de l'influence générale que doit exercer l'égalité sur le sort des hommes; mais la difficulté d'une pareille entreprise m'arrête; en présence d'un si grand objet, je sens ma vue qui se trouble et ma raison qui chancelle.

(1) Ehe ich die nunmehr zurückgelegte Bahn endgültig verlasse, möchte ich einen letzten Blick auf all die verschiedenartigen Kennzeichen wer-fen, die das Gesicht der Neuen Welt prägen, und zuletzt den allgemeinen Einfluss der Gleichheit auf das Schicksal der Menschen beurteilen; aber die Schwierigkeit eines solchen Vorhabens lässt mich innehalten; angesichts eines so grossen Gegenstandes fühle ich, wie mein Blick sich trübt und mein Denken unsicher wird.

Cette société nouvelle, que j'ai cherché à Peindre et que je veux juger, ne fait que de naître. Le temps n'en a point encore arrêté la forme; la grande révolution qui l'a créée dure encore, et, dans ce qui arrive de nos jours, il est presque impossible de discerner ce qui doit passer avec la révolution elle-même, et ce qui doit rester après elle. Le monde qui s'élève est encore à moitié engage sous les débris du monde qui tombe, et, au milieu de l'immense confusion que présentent les affaires humaines, nul ne saurait dire ce qui restera debout des vieilles institutions et des an-ciennes mœurs, et ce qui achèvera d'en disparaî-tre.

(2) Diese neue Gesellschaft, die ich zu schildern suchte und beurteilen will, ist eben erst entstan-den. Die Zeit hat ihr noch kein festes Gepräge gegeben; die grosse Revolution, aus der sie her-vorging, dauert weiter an, und im gegenwärtigen Geschehen lässt sich fast unmöglich erkennen, was mit der Umwälzung selbst vergehen und was nach ihr bleiben soll. Die aufsteigende Welt ist noch halb in den Trümmern der sinkenden Welt gefangen, und inmitten der unerhörten Wirrnis, in der sich die menschlichen Dinge befinden, ver-möchte keiner zu sagen, was von den alten Ein-richtungen und den früheren Sitten stehenbleiben und was davon völlig verschwinden wird.

Quoique la révolution qui s'opère dans l'état soci-al, les lois, les idées, les sentiments des hommes, soit encore bien loin d'être terminée, déjà on ne saurait comparer ses oeuvres avec rien de ce qui s'est vu précédemment dans le monde. Je remonte de siècle en siècle jusqu'à l'Antiquité la plus recu-lée; je n'aperçois rien qui ressemble à ce qui est sous mes yeux. Le passé n'éclairant plus l'avenir,

(3) Obwohl die Umwälzung, die in der Gesell-schaft, in den Gesetzen, Gedanken, Gefühlen der Menschen vor sich geht, noch lange nicht abge-schlossen ist, kann man ihr Werk doch bereits mit nichts vergleichen, das man in der Welt zu-vor gesehen hat. Ich gehe von Jahrhundert zu Jahrhundert bis ins fernste Altertum zurück; ich sehe nichts, das dem gleicht, was ich vor Augen

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l'esprit marche dans les ténèbres. habe. Da die Vergangenheit die Zukunft nicht mehr erhellt, tappt der Geist im Dunkeln.

Cependant, au milieu de ce tableau si vaste, si nouveau, si confus, j'entrevois déjà quelques traits principaux qui se dessinent , et je les indi-que:

(4) Immerhin erspähe ich in diesem so umfassen-den, so neuen, so verworrenen Gemälde schon einige Hauptzüge, die sich abzeichnen, und ich halte sie fest:

Je vois que les biens et les maux se repartissent assez également dans le monde. Les grandes richesses disparaissent; le nombre des petites fortunes s'accroît; les désirs et les jouissances se multiplient; il n'y a plus de prospérités extraordi-naires ni de misères irrémédiables. L'ambition est un sentiment universel, il y a peu d'ambitions vastes. Chaque individu est isole et faible; la société est agile, prévoyante et forte; les par-ticuliers font de petites choses, et l'État d'immen-ses.

(5) Ich sehe, dass Gutes und Übles sich in der Welt ziemlich gleichmässig verteilen. Die gros-sen Reichtümer verschwinden; die Zahl der klei-nen Vermögen wächst; die Vielfalt der Wünsche und der Genüsse nimmt zu; es gibt weder ausser-gewöhnlichen Wohlstand noch untilgbare Not. Der Ehrgeiz herrscht als Gefühl allgemein, ein Streben nach grossen Zielen ist selten. Jeder ist vereinzelt und schwach; die Gesellschaft ist rüh-rig, voraus blickend und stark; die einzelnen tun kleine Dinge, und der Staat deren gewaltige.

Les âmes ne sont pas énergiques; mais les mœurs sont douces et les législations humaines. S'il se rencontre peu de grands dévouements, de vertus très hautes, très brillantes et très pures, les habi-tudes sont rangées, la violence rate, la cruauté presque inconnue. L'existence des hommes devi-ent plus longue et leur propriété plus sûre. La vie n'est pas très ornée, mais très aisée et très paisi-ble. Il y a peu de plaisirs très délicats et très grossiers, peu de politesses dans les manières et peu de brutalité dans les goûts, On ne rencontre guère d'hommes très savants ni de populations très ignorantes. Le génie devient plus rare et les lumières plus communes. L'esprit humain se développe par les petits efforts combinés de tous les hommes, et non par l'impulsion puissante de quelques-uns d'entre eux. Il y a moins de perfec-tion, mais plus de fécondité dans les oeuvres. Tous les liens de race, de classe, de patrie se détendent; le grand lien de l'humanité se resserre.

(6) Die Seelen sind nicht willensstark; die Sitten aber sind mild, und die Gesetzgebungen mensch-lich. Trifft man wenig grosse Hingabe, hochge-mute, glänzende und sehr reine Tugenden an, so sind dafür die Gewohnheiten geregelt, Gewalttä-tigkeit ist selten, Grausamkeit fast unbekannt. Die Menschen leben länger und ihr Besitz ist besser gesichert. Dem Leben fehlt fast jeglicher Glanz, aber es ist sehr bequem und friedlich. Es gibt wenige sehr verfeinerte und ganz grobe Ver-gnügungen, Höflichkeit im Benehmen kommt wie Roheit im Geschmack selten vor. Man be-gegnet weder hochgelehrten Menschen noch völlig unwissenden Volksschichten. Das Genie wird seltener und die Bildung volkstümlicher. Der menschliche Geist entwickelt sich dank den kleinen, zusammenwirkenden Bemühungen sämtlicher Menschen und nicht durch den mäch-tigen Antrieb einiger weniger. Die Vollkommen-heit der Werke ist geringer, aber ihre Fruchtbar-keit grösser. Alle Fesseln der Rasse, der Klasse, des Vaterlandes lockern sich; das grosse Band der Menschheit schliesst sich enger.

Si parmi tous ces traits divers, je cherche celui qui nie parait le plus général et le plus frappant, j'arrive à voir que ce qui se remarque dans les fortunes se représente sous mille autres formes. Presque tous les extrêmes s'adoucissent et s'émoussent; presque tous les points saillants s'effacent pour faire place à quelque chose de moyen, qui est tout à la fois moins haut et moins bas, moins brillant et moins obscur que ce qui se voyait dans le monde.

(7) Wenn ich unter all diesen verschiedenen Merkmalen das allgemeinste und das auffallends-te suche, so sehe ich, dass das für die Vermögen Kennzeichnende in unzähligen anderen Formen vorkommt. Die Gegensätze sind fast durchweg gemildert und verwischt; fast alle hervorragenden Punkte verschwinden, um einem Mittelmass zu weichen, das weniger hoch und weniger niedrig zugleich ist, weniger glanzvoll und weniger ruhmlos, als was die Welt bisher aufwies.

Je promène mes regards sur cette foule in-nombrable composée d'êtres pareils, où rien ne s'élève ni ne s'abaisse. Le spectacle de cette uni-formité universelle m'attriste et me glace, et je

(8) Ich lasse meine Blicke über die zahllose Mas-se schweifen, wo nichts sich erhebt, nichts tiefer steht. Das Schauspiel dieser allumgreifenden Einförmigkeit stimmt mich traurig und kalt, und

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suis tenté de regretter la société qui n'est plus. ich fühle mich versucht, der Gesellschaft nachzu-trauern, die nicht mehr ist.

Lorsque le monde était rempli d'hommes très grands et très petits, très riches et très pauvres, très savants et très ignorants, je détournais mes regards des seconds pour ne les attacher que sur les premiers, et ceux-ci réjouissaient ma vue; mais je comprends que ce plaisir naissait de ma faiblesse: c'est parce que je ne puis voir en même temps tout ce qui m'environne qu'il m'est permis de choisir ainsi et de mettre à part, parmi tant d'objets, ceux qu'il me plait de contempler. Il n'en est pas de même de l'Être tout-puissant et éternel, dont l’œil enveloppe nécessairement l'ensemble des choses, et qui voit distinctement, bien qu'à la fois, tout le genre humain et chaque homme.

(9) Als die Welt von sehr grossen und sehr klei-nen, sehr reichen und sehr armen, sehr gelehrten und sehr unwissenden Menschen erfüllt war, wandte ich meine Blicke von den zweiten ab, um sie nur auf die ersten zu heften, und diese erfreu-ten mein Auge; ich begreife jedoch, dass diese Freude aus meiner Schwäche kam: weil ich in meiner Umgebung nicht alles auf einmal sehen kann, darf ich aus so vielen Dingen diejenigen wählen und herausheben, deren Betrachtung mir zusagt. Anders ist es für das allmächtige und ewige Wesen, dessen Auge notwendig die Ge-samtheit der Dinge umfasst und das deutlich und zu gleicher Zeit sowohl die ganze Menschheit und jeden einzelnen Menschen sieht.

Il est naturel de croire que ce qui satisfait le plus les regards de ce créateur et de ce conservateur des hommes, ce n'est point la prospérité singuliè-re de quelques-uns, mais le plus grand bien-être de tous: ce qui me semble une décadence est donc à ses yeux un progrès; ce qui me blesse lui agrée. L'égalité est moins élevée peut-être; mais elle est plus juste, et sa justice fait sa grandeur et sa beauté.

(10) Natürlich glaubt man, dass nicht das beson-dere Wohlergehen einiger weniger, sondern der grösste Wohlstand aller den Blick dieses Schöp-fers und Erhalters der Menschen am meisten befriedigt: was mir als Niedergang erscheint, ist also in seinen Augen ein Fortschritt; was mich verletzt, findet er gut. Die Gleichheit ist vielleicht weniger erhaben; sie ist aber gerechter, und ihre Gerechtigkeit macht ihre Grösse und ihre Schön-heit aus.

Je m'efforce de pénétrer dans ce point de vue de Dieu, et c'est de là que je cherche à considérer et à juger les choses humaines.

(11) Ich bemühe mich, diese Anschauungsweise Gottes zu begreifen, und von ihr aus suche ich die menschlichen Dinge zu betrachten und zu beurteilen.

Personne, sur la terre, ne peut encore affirmer d'une manière absolue et générale que l'état nou-veau des sociétés soit supérieur à l'état ancien; mais il est déjà aisé de voir qu'il est autre.

(12) Noch kann niemand auf Erden unbedingt und allgemein behaupten, dass die neue Gesell-schaftsordnung der früheren überlegen sei; aber schon ist leicht zu erkennen, dass sie anders ist.

Il y a de certains vices et de certaines vertus qui étaient attachés à la constitution des nations a-ristocratiques, et qui sont tellement contraires au génie des peuples nouveaux qu'on ne saurait les introduire dans leur sein. Il y a de bons penchants et de mauvais instincts qui étaient étrangers aux premiers et qui sont naturels aux seconds; des idées qui se présentent d’elles-mêmes à l'imagi-nation des uns et que l'esprit des autres rejette. Ce sont comme deux humanités distinctes, dont chacune a ses avantages et ses inconvénients particuliers, ses biens et ses maux qui lui sont propres.

(13) Es gibt bestimmte Laster und bestimmte Tugenden, die mit der gesellschaftlichen Be-schaffenheit der aristokratischen Nationen ver-knüpft waren und die dem Geist der neuen Völ-ker so entgegengesetzt sind, dass man sie bei ihnen nicht einführen kann. Da sind gute Nei-gungen und schlechte Regungen, die jenen fremd waren und die bei diesen natürlich sind; Vorstel-lungen, die im Geist der einen von selbst auftau-chen und die der Geist der andern verwirft. Sie sind wie zwei verschiedene Menschheiten, deren jede ihre besonderen Vorzüge und Nachteile, ihr Gutes und Schlechtes hat, das ihr eigentümlich ist.

Il faut donc bien prendre garde de juger les socié-tés qui naissent avec les idées qu'on a puisées dans celles qui ne sont plus. Cela serait injuste, car ces sociétés, différant prodigieusement entre

(14) Man muss sich also sehr hüten, die werden-den Gesellschaften auf Grund von Ideen zu beur-teilen, die man den verschwundenen Gesellschaf-ten entnimmt. Das wäre ungerecht, denn diese

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elles, sont incomparables. Gesellschaften, die voneinander in höchstem Masse verschieden sind, lassen sich nicht ver-gleichen.

Il ne serait guère plus raisonnable de demander aux hommes de notre temps les vertus particuliè-res qui découlaient de l'état social de leurs an-cêtres, puisque cet état social lui-même est tom-bé, et qu'il a entraîné confusément dans sa chute tous les biens et tous les maux qu'il portait avec lui.

(15) Es wäre kaum vernünftiger, von den Men-schen unserer Zeit die besonderen Tugenden zu fordern, die sich aus der Gesellschaftsordnung unserer Ahnen ergaben, da diese Ordnung selbst untergegangen ist und in ihrem Sturz alles Gute und Schlechte, das in ihr war, in wirrem Durch-einander mitgerissen hat.

Mais ces choses sont encore mal comprises de nos jours.

(16) Aber heutzutage werden diese Dinge noch schlecht verstanden.

J'aperçois un grand nombre de mes contempo-rains qui entreprennent de faire un choix entre les institutions, les opinions, les idées qui naissaient de la constitution aristocratique de l'ancienne société; ils abandonneraient volontiers les unes, mais ils voudraient retenir les autres et les trans-porter avec eux dans le monde nouveau.

(17) Ich bemerke eine grosse Zahl von Zeitge-nossen, die unter den Einrichtungen, Ansichten, Ideen, die der aristokratischen Verfassung der ehemaligen Gesellschaft entstammten, eine Wahl zu treffen versuchen; sie gäben gerne die einen preis, möchten aber die andern bewahren und sie mit sich in die neue Welt hinübernehmen.

Je pense que ceux-là consument leur temps et leurs forces dans un travail honnête et stérile.

(18) Ich meine, diese vergeuden ihre Zeit und ihre Kräfte an eine ehrenwerte und unfruchtbare Arbeit.

Il ne s'agit plus de retenir les avantages particu-liers que l'inégalité des conditions procure aux hommes, mais de s'assurer les biens nouveaux que l'égalité peut leur offrir. Nous ne devons pas tendre à nous rendre semblables à nos pères, mais nous efforcer d'atteindre l'espèce de grandeur et de bonheur qui nous est propre.

(19) Es handelt sich nicht mehr darum, die be-sonderen Vorteile, die die Ungleichheit der ge-sellschaftlichen Bedingungen den Menschen verschafft, zu bewahren, sondern das neue Gute zu sichern, das ihnen die Gleichheit bieten kann. Unser Ziel kann nicht darin bestehen, unsern Vätern gleich zu werden, sondern wir müssen um die Art von Grösse und Glück ringen, die uns angemessen ist.

Pour moi qui, parvenu à ce dernier terme de ma course, découvre de loin, mais à la fois, tous les objets divers que j'avais contemplés à part en marchant, je me sens plein de craintes et plein d'espérances. Je vois de grands périls qu'il est possible de conjurer; de grands maux qu'on peut éviter ou restreindre, et je m'affermis de plus en plus dans cette croyance que, pour erre honnêtes et prospères, il suffit encore aux nations démoc-ratiques de le vouloir.

(20) Was mich angeht, der ich am Ende meiner Wanderung angelangt, aus der Ferne, aber alle die verschiedenen Gegenstände gleichzeitig über-schaue, die ich auf meinem Wege einzeln be-trachtet habe, so erfüllt mich Furcht und Hoff-nung. Ich sehe grosse Gefahren, die sich bannen lassen; grosse Übel, die man vermeiden oder verringern kann, und ich sehe mich mehr und mehr im Glauben bestärkt, dass die demokrati-schen Nationen in Ehre und Wohlstand leben können, wenn sie es nur wollen.

Je n'ignore pas que plusieurs de mes contempo-rains ont pensé que les peuples ne sont jamais ici-bas maîtres d'eux-mêmes, et qu'ils obéissent nécessairement à je ne sais quelle force insur-montable et inintelligente qui naît des événe-ments antérieurs, de la race, du soi ou du climat.

(21) Ich verkenne nicht, dass mehrere meiner Zeitgenossen der Ansicht huldigen, die Völker seien auf Erden nie ihre eigenen Herren, und notwendig gehorchten sie irgendeiner unüber-windbaren und vernunftlosen Kraft, die den frü-heren Geschehnissen, der Rasse, dem Boden oder dem Klima entspringt.

Ce sont là de fausses et lâches doctrines, qui ne sauraient jamais produire que des hommes faibles et des nations pusillanimes: la Providence ris créé

(22) Das sind falsche und feige Lehren, aus de-nen stets nur schwache Menschen und kleinmüti-ge Nationen hervorgehen können: die Vorsehung

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le genre humain ni entièrement indépendant, ni tout à fait esclave. Elle trace, il est vrai, autour de chaque homme, un cercle fatal dont il ne peut sortir; mais, dans ses vastes limites, l'homme est puissant et libre; ainsi des peuples.

hat das Menschengeschlecht weder ganz unab-hängig noch völlig sklavisch geschaffen. Freilich zieht sie um jeden Menschen einen Schicksals-kreis, dem er nicht entrinnen kann; aber inner halb dieser weiten Grenzen ist der Mensch mäch-tig und frei; so auch die Völker.

Les nations de nos jours ne sauraient faire que dans leur sein les conditions ne soient pas égales; mais il dépend d'elles que l'égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, aux lumières ou à la barbarie, à la prospérité ou aux misères.

(23) Die Nationen unserer Tage können nicht bewirken, dass bei ihnen die gesellschaftlichen Bedingungen nicht gleich seien; von ihnen je-doch hängt es ab, ob die Gleichheit sie in die Knechtschaft oder in die Freiheit, zur Gesittung oder in die Barbarei, zum Wohlstand oder ins Elend führt.

Quelle: DE TOCQUEVILLE ALEXIS, De la démo-cratie en Amérique II (1840). Paris: Les Éditions Gallimard, 1992. Collection: Bibliothèque de la Pléiade.

Quelle der deutschen Übersetzung: DE TOCQUE-

VILLE ALEXIS, Über die Demokratie in Amerika, 2. Band (1841), übers. v. H. Zbinden, Zürich 1987, S. 141-150, 460-487.