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L’ AUTONOME La revue de la Fédération autonome de l’enseignement Volume 5 u Numéro 3 u Février 2012

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L’AUTONOMELa revue de la Fédération autonome de l’enseignement

Volume 5 u Numéro 3 u Février 2012

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TABLE DES MATIÈRES3MOT DU PRÉSIDENTUn pour toutes, tous pour une

4wEB 2.0Toute vérité n’est pas bonne à dire… ou à partager !

5DOSSIERFemmes et pouvoir

6-10DOSSIERFemmes et pouvoir : une association qui ne va pas de soi

11DOSSIERParce que nous pouvons toutes… contribuer

12DOSSIERTout est dans la manière

13-14DOSSIERLe pouvoir d’influencer

15DOSSIERUn outil essentiel pour poursuivre la lutte

16« Un vrai programme de français, c’est essentiel »

17JUSTE POUR LIRESouffrir pour être prof ?

18-19BRèVES

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COLLABORATION SPÉCIALENicole FrascadoreJacques GoldstynNathalie MorelÉlise Prioleau

PHOTOSGuy Desmarais et Martine Doyon

RÉVISION LINGUISTIQUESylvie Pelletier

GRAPHISMEMardigrafe inc.

IMPRESSIONImprimerie Philippe Lévesque inc.

DÉPÔT LÉGALBibliothèque et Archives nationales du Québec, 2012Bibliothèque et Archives Canada, 2012ISSN : 1923-5488

RÉDACTEUR EN CHEFGuy Desmarais

RÉDACTIONPierre-André ChampouxYves CloutierWilfried CordeauGuy DesmaraisArmand DuboisSophie FabrisNancy HénaultNatacha LecompteMarie PelchatPierre St-GermainElyse Turcotte

100 % PC

Cette revue est imprimée sur un papier certifié Éco-Logo, blanchi sanschlore, contenant 100 % de fibres recyclées postconsommation, sans acide et fabriqué à partir de biogaz récupérés.

La reproduction de cette revue, en tout ou en partie, est autorisée à condition de mentionner la source.

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l’Autonome vol. 5 no 3 Février 20123

MOT DU PRÉSIDENT

Chaque année, le 8 mars, nous célébrons la Journéeinternationale des femmes. Outre la célébration qu’ellereprésente, cette fête est généralement l’occasion de faire

le point sur la situation des femmes aux plans social, économiqueet politique. La FAE n’y échappe pas, comme en fait foi ce numérode L’Autonome.

Tout le monde est en mesure de constater que la situationglobale des femmes dans notre société a nettement évolué aucours des cinquante dernières années et que d’importantesavancées ont été réalisées. Pensons, notamment, aux congésde maternité, aux retraits préventifs et même à l’équité salarialequi, bien qu’il reste encore beaucoup à faire, a amené d’importantscorrectifs.

Malgré ces progrès, beaucoup de chemin reste à parcouriren matière d’égalité des sexes. De plus, il y a encore place pours’indigner du sort réservé aux femmes dans notre société etmême si certains, voire certaines, considèrent le féminismecomme un mouvement dépassé, sa pertinence et sa nécessitédemeurent une évidence. Faut-il rappeler qu’à compétenceségales, le salaire des femmes demeure globalement inférieurà celui des hommes? Qu’une femme doit souvent être plusperformante qu’un homme, faire davantage ses preuves afind’accéder à un même poste? Que les emplois à prédominanceféminine sont encore moins bien rémunérés que leur équivalentmasculin ? Que la place des femmes sur le marché du travail oudans diverses organisations de la sphère sociale, politique oudu monde syndical, n’est pas représentative de leur poidsdémographique. Qu’ainsi, leur point de vue n’est pas entenducomme il le devrait, et c’est encore, en majorité, des hommesqui décident pour elles?

Si nous pouvons et devons continuer de revendiquer desmesures particulières, des modifications légales ou réglementairespour faire reconnaître pleinement les droits des femmes, nousne pouvons négliger la sphère personnelle où la difficile conciliationfamille-travail empêche trop souvent les femmes d’aspirer àcertaines fonctions ou à les exercer. Certes, nos revendicationspeuvent contribuer à améliorer la situation. Mais la véritableréponse se trouve dans la répartition des tâches au sein ducouple, et cela, aucune législation n’y pourra quoi que ce soit.

Il n’est pas rare d’entendre, à travers les questionnementset les débats que cette réflexion amène, l’expression de ce quenous pourrions appeler le « malaise masculin ». Un malaiseengendré par l’attention particulière à la cause des femmes qui,aux yeux de certains, banaliserait les problèmes des hommes.Il est vrai qu’il existe des problèmes propres aux hommes (tauxde suicide élevé, taux de décrochage supérieur, pour ne nommerque ceux-là), mais il est possible de travailler à résoudre et à

améliorer le sort de toutes et tous, sans opposer les hommeset les femmes.

Sur certaines tribunes, il n’est pas non plus inhabitueld’entendre des commentateurs considérer les revendicationsdes groupes de femmes comme une menace à l’intégritémasculine. Cette opposition est souvent le fait de ceux quidétiennent le pouvoir et qui voient dans ces revendications laperte de leur propre pouvoir ou une atteinte à leur masculinité.Donner plus de pouvoir aux femmes peut être interprété commele retrait de certains pouvoirs à ceux qui le détiennent actuellement,tout comme il peut aussi être vu… comme un juste partage decelui-ci.

Il est aussi important, pour les hommes, de réaliser queles gains et les avancées réalisées par nos mères, nos sœurs,nos conjointes et nos filles font avancer les droits sociaux engénéral et mènent à une société plus juste et équitable. Ceciest d’autant plus vrai dans le monde de l’éducation où notreprofession est soumise aux évaluations et mesures propres àun emploi féminin. En ce sens, notre sort, comme enseignantmasculin, est intimement lié à celui de nos collègues féminineset conséquemment à celui de toutes les femmes. On pourraitdire que leur intérêt est donc le nôtre, mais la justice et l’équitésont dans l’intérêt de toutes et de tous.

UNISSONS NOS FORCES ET NOS EFFORTS.BON 8 MARS À TOUTES ET TOUS.

PIERRE ST-gERMAIn

Un pour toutes, tous pour une

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l’Autonome vol. 5 no 3 Février 20124

Natacha Lecompte

TOUTE VÉRITÉ N’EST PAS BONNE À DIRE… OU À PARTAGER!

L’engouement pour les médias sociaux,que ce soit Facebook, Twitter ou encoreles blogues, est venu bouleverser notre

façon de communiquer et de s’informer. Lesmédias sociaux permettent au commun desmortels d’exprimer ses opinions, de partagerde l’information et même de renouer desamitiés. Pour les employeurs cependant,ils peuvent constituer « de vrais outils defilature » 1. Que ce soit pour connaître lespersonnes qu’ils souhaitent embaucher, outout simplement pour vérifier le comportementde personnes déjà à leurs services, le Web estune véritable mine d’informations, à peu defrais, et facile d’accès pour les employeurs.

ToUT fInIT PAR SE SAvoIR…

Malgré les paramètres de sécurité qui peuventêtre mis en place, personne n’est à l’abri durisque que l’information partagée se propage.Vos amis, sont-ils réellement vos amis? Peut-être n’ont-ils pas de mauvaises intentions,mais il peut arriver qu’une information se glissedans une conversation avec l’employeur etvous mettra dans l’embarras. Vos amisresteront-ils vos amis toute la vie? Une querellepourrait être à l’origine de la divulgationd’une information à votre sujet qui aura delourdes conséquences sur votre parcoursprofessionnel. Êtes-vous amis avec votreemployeur ou encore avec vos élèves? À vousde juger si le jeu en vaut vraiment la chandelle…

Un AccIDEnT EST SI vITE ARRIvé!

Avant de livrer ses états d’âme et de publierdes photos via les réseaux sociaux, il estimpératif de réfléchir aux répercussions quecela pourrait engendrer sur votre travail. Vospropos nuisent-ils à l’employeur, à voscollègues ou à vos élèves? Vos photos vousdévoilent-elles rayonnant de santé alors quevous êtes en congé d’invalidité? Sachez quedans le cadre d’un litige, ce que vous dévoilezsur les réseaux sociaux pourrait être admisen preuve et utilisé contre vous.

oUI, MAIS, c’EST MA vIE PRIvéE?

Il est difficile de parler d’atteinte à la vie privée,lorsque le profil d’un utilisateur est public.Ce dernier a fait le choix de partagerinformations et photographies à toutes ettous. Même dans les cas où le profil del’utilisateur est privé, tout porte à croire quela vie privée de l’individu sera mise de côtéet le profil pourrait être admis en preuve, s’ilsemble pertinent au litige.

QU’En EST-IL DU DRoIT à LA LIBERTé D’ExPRESSIon?

Bien que le droit à la liberté d’expression soitreconnu à l’article 3 de la Charte des droits et

libertés de la personne, les salariés ont, envertu de l’article 2088 du Code civil du Québec,une obligation de loyauté vis-à-vis de leuremployeur. Malgré qu’elle ne réduise pas ànéant le droit d’exprimer des critiques à l’endroitde l’employeur, l’obligation de loyauté commandequ’une personne employée évite d’épouserune conduite qui puisse être préjudiciable auxintérêts et à la réputation de son employeur2.

L’UTILISATIon DES RéSEAUxSocIAUx : AvEc MoDéRATIon?

Ces dernières années, les tribunaux ont étéde plus en plus interpellés sur des questionsde mesures disciplinaires, de congédiement,de refus de reconnaître une lésion pro fes -sionnelle, d’atteinte à la réputation ou dediffamation, et ce, en raison d’une mauvaiseutilisation des médias sociaux. Bien que lavenue des médias sociaux constitue uneimpressionnante avancée technologique et unvéritable phénomène sociologique, uneutilisation prudente et réfléchie de ces dernierss’impose.

1. LEWANDOWSKI, René, Le monde du travail à l’èreFacebook, La Presse, [En ligne], 30 novembre 2011,[http://lapresse affaires.cyberpresse.ca/portfolio/droit-des-affaires/201111/30/01-4473115-le-monde-du-travail-a-lere-facebook.php], consulté le 24 janvier 2012.

2. BRUNELLE, C. et M. SAMSON, La liberté d’expressionau travail et l’obligation de loyauté du salarié : plaidoyerpour un espace critique accru, Les Cahiers de droit,vol. 46, n° 4, 2005, p. 852.

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en mai 2011, grâce à la collaboration

de relais-femmes, la Fédération autonome

de l’enseignementorganisait une activité deformation et de réflexion

sur le thème Femmes et pouvoir.

Une soixantaine de femmes issues desdifférents syndicats affiliés à la FAE(le réseau des femmes 2011) ont

identifié bon nombre de difficultés, souventsystémiques, qui font obstacles à leurimplication dans des postes de pouvoir. Leconstat révèle un implacable cercle vicieux :

« Plus les femmes sont accaparées parles responsabilités familiales, moins ellespensent à s’impliquer. Et…… moins elles s’impliquent ; … moins elles sentent la nécessité

de le faire ;… moins elles sont informées ; … moins on leur accorde de crédibilité ; … moins elles ont confiance en elles ; … moins elles se sentent aptes à

intervenir ; … moins elles développent les réseaux

nécessaires pour penser soumettre leurcandidature à des postes décisionnels ;

… moins elles se présentent ;

… moins elles sont élues ; … moins leur nombre justifie la mise

en place de mesures de soutien ;… moins il y a de modèles féminins

auxquels elles peuvent s’identifier. »La précarité au travail, l’absence de

mesures concrètes pour concilier travail etfamille, la surcharge de travail et les retraitstemporaires pour les grossesses accentuentla tendance des femmes, et dans ce cas-cides enseignantes, à ne pas trop s’approcherdes postes de pouvoir.

Ce dossier thématique sur les femmeset le pouvoir traduit notre volonté d’élargir laréflexion dans vos milieux afin d’amorcer lechangement qui s’impose. Bien sûr, lesmembres du comité de la condition desfemmes souhaitent poursuivre la réflexionet proposer des solutions concrètes quipermettront de briser ce cercle vicieux.

TOUT UN DOSSIER.

Marie Pelchat

DOSSIER

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De nombreuses études démontrentque les filles et les garçons ne sontpas socialisés de la même façon. Dès

la naissance, nous apprenons à adopter descomportements associés à notre sexe.Individuellement, notre personnalité, nosgoûts, nos aptitudes et nos réactions sontinfluencés par notre identité sexuelle.Collectivement, nos attentes diffèrent sinotre regard se porte sur un homme ou surune femme. notre socialisation nous amèneà percevoir notre rôle social différemment quel’on soit homme ou femme, et cela orientenos choix. C’est bien connu : la majorité desgarçons est plus disposée aux jeux decompétition, alors qu’un grand nombre defilles réussit mieux sur les bancs d’école.«  Il faut remonter à ce fondement cultureltrès ancien pour comprendre pourquoi,invariablement, le nombre de femmes qui

occupent des postes d’influence déclinelorsque nous n’y portons plus attention  »,explique Lise Gervais.

« RéALISTES » fAcE à LEURS cAPAcITéS

« Très tôt durant l’enfance, les jeux extérieurs,physiques et compétitifs prédisposent lesgarçons à aborder le défi de manière plusactive alors que les filles jouent à des jeuxd’intérieur dans un esprit coopératif qui tientcompte des limites des joueurs. Plus tard,lorsqu’elles font face à un défi, les femmesperçoivent d’abord où sont leurs limites. Ellespensent spontanément à ce qu’elles devraientacquérir pour mieux réussir. Au contraire,plus enclins à entrer dans la compétition, leshommes sont plus conscients de leurs forceset plongent tête première dans la mêlée. »

Ce regard différent porté par les femmessur leurs capacités et leurs limites influence,par exemple, leur manière d’envisager la prisede parole dans une assemblée.

« Lorsque l’on va dans une assembléepublique, évoque Lise Gervais, on constateque les hommes se présentent, d’entréede jeu, au micro pour prendre la parole,tandis que les femmes attendent deformuler leurs idées avant d’y aller. Lesfemmes ont davantage besoin de s’assurerde l’intérêt de leur point de vue, avant dese lancer dans la joute, ce qui fait qu’ellesrisquent d’être moins entendues que leshommes lorsque le débat est limité dansle temps. »

Cette aptitude à respecter ses propreslimites nuit aux femmes quand vient letemps d’accéder à un poste plus important.Ainsi, elles s’appliquent à remplir leurs

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en 2012, les femmes sont encore peu nombreuses à accéder aux plus hautes fonctions.Pourtant, l’égalité entre les femmes et les hommes est considérée comme un acquis dela société québécoise. Comment expliquer le phénomène? Selon la coordonnatrice derelais-femmes, lise Gervais, « les habiletés et les aptitudes que l’on associe auxfemmes ne coïncident pas toujours avec l’idée que l’on se fait du pouvoir. »

Marie Pelchat et Élise Prioleau (Collaboration spéciale)

FEMMES ET POUVOIR : UNE ASSOCIATION QUI NE VA PAS DE SOI

EnTrEVUE

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fonctions avec brio plutôt que de chercherà grimper rapidement les échelons. « Lesentreprises et organisations préfèrent lesmaintenir aux postes qu’elles occupent,où elles sont appréciées pour leurscompétences, plutôt que de risquer unchangement rendant plus incertain la qualitéde leur rendement. Cette réalité, que l’onnomme paroi de verre, tend à confiner lesfemmes dans des fonctions de moindreimportance, moins stratégiques et moinsvisibles. »

Ce « réalisme » des femmes influenceaussi leur choix de vie, explique Lise Gervais.« Elles souhaitent concilier différentesdimensions : le travail, l’engagement, la vieprivée, les loisirs, la culture. Beaucoup defemmes conçoivent la vie idéale commeplurielle, et non seulement axée sur laréussite professionnelle. Or, il y a uneinadéquation entre cet objectif et lesconditions dans lesquelles s’exercent lesplus hautes fonctions, ce qui les pousseparfois à renoncer à des postes-clés. » Bienque les femmes soient nombreuses à vouloirs’impliquer dans les instances, celles-ci neleur permettent pas toujours de poursuivreleurs objectifs et de mettre de l’avant lesaptitudes qui les distinguent des hommes.

LE PoUvoIR InfoRMEL… SE JoUE DAnS L’IMAgInAIRE

Exercer le pouvoir « différemment » n’estpas un mince défi. Les idées préconçues etles stéréotypes sont tenaces, même s’ilssont souvent invisibles et inconscients. L’imageest bien répandue : un gestionnaire est unhomme, directif, compétent, efficace, logiqueet responsable. Les femmes, plus souventreconnues pour leur sensibilité, leur empathie,leur écoute et leur minutie, n’arrivent pastoujours à incarner le rôle du leader, ouinversement, à être reconnues par les autrescomme de potentiels chefs.

Les stéréotypes masculins et fémininsagissent dans tous les domaines de la société,prévient Lise Gervais. « Je me souviens d’une

anecdote à ce sujet, dit-elle. Au cours d’unerecherche sur les jeunes délinquants, leschercheurs ont constaté que les intervenantsétaient choqués par le langage vulgaire desjeunes filles. Les garçons, qui ne parlaient pasmieux que les filles, ne dérangeaient pasautant. On s’est donc aperçu que l’attitudedes jeunes délinquantes heurtait une idéepréconçue : pour être "acceptable", une jeunefille devait être polie, douce, jolie et calme.Le garçon peut plus facilement être débraillé,turbulent, ou transgresser certains codes dulangage. »

Du garçon au politicien, les modèlesse maintiennent. « On tolère collectivementmieux qu’un politicien clame de gros mots,parfois hargneux. Lorsqu’une politiciennese permet une critique acerbe, on s’offusqueplus rapidement. Il est courant d’entendredire : “Les femmes sont hargneuses entreelles”. En réalité, je ne crois pas qu’ellesle soient plus que les hommes, maislorsqu’elles le sont, elles dérangent.Imaginons un instant une femme quiadopterait le comportement de MichelChartrand, le fameux syndicaliste qui adénoncé haut et fort certaines réalitéssociales, de manière parfois très crue. Cettefemme serait à contre-courant du modèleféminin : on lui reprocherait sans doute sa"masculinité". En revanche, il est plus

fréquent d’entendre des commentaires surla tenue vestimentaire d’une politicienne quecelle d’un politicien, car l’apparence agréableest un atout que l’on s’attend à retrouverchez une femme et non spécialement chezun homme. »

L’image et l’attitude que l’on associeà un décideur peuvent nuire aux femmesqui ne correspondent pas à ces attentes,mais qui souhaitent accéder à des fonctionstraditionnellement masculines. C’est ceque l’on appelle le plafond de verre, c’est-à-dire ce sont des préjugés reliés au genrequi ont pour conséquence d’écarter lesfemmes des responsabilités liées au pouvoir.« Cela commence par les lieux de pouvoirinformels. Les terrains de golf et les clubsde chasse, par exemple, sont souvent lethéâtre de décisions stratégiques et departage d’informations informelles. nonseulement les femmes ne s’identifient pasfacilement à ce type de loisir, mais elles neseront pas spontanément invitées à yparticiper. D’autant plus qu’au mitan deleur carrière, celles qui ont de jeunes famillespréféreront s’y consacrer durant leurs tempslibres. »

L’ASSocIATIon fEMME-MAISon

Cas de figure : un poste est à pourvoir auconseil de direction. Qui a du temps? Qui amoins de responsabilités familiales? « À ellesseules, ces deux questions peuvent éliminerun grand nombre de femmes qualifiées, carbien souvent elles sont responsables destâches liées aux soins des enfants et desparents vieillissants. Or, occuper un postedécisionnel nécessite d’être disponible de6h à 19h, les soirs et les fins de semaine. Iln’est pas rare que les réunions au sommetdurent toute la nuit, ou qu’elles nécessitentun déplacement de plusieurs jours, parfoisdécidé à la dernière minute. Les négociationssyndicales-patronales ou les réunions d’affairessont structurées de sorte que les participantsdoivent impérativement avoir derrière eux

Lise Gervais

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quelqu’un qui s’occupe de payer les comptes,de faire manger les enfants et de faire leménage. »

« Ce rôle-là est encore "spontanément"joué par les femmes. Pour nombre d’entreelles, choisir de fonder une famille estsynonyme d’engagement familial, alors quepour les hommes ce rapprochement n’estpas automatique. Il n’est pas rare qu’unefemme renonce à une carrière exigeante oucesse temporairement de hautes études pourse consacrer au soin de la famille. » Lesstatistiques le démontrent  : avant 40 ans,peu de femmes occupent des postesd’administratrices. Elles y accèdent lorsqueles enfants sont grands.

LA cARRIÈRE oU LA fAMILLE? 

Comment concilier une brillante carrière etune vie familiale saine ? Souvent, c’est auxfemmes qu’incombe la responsabilité derépondre à ce dilemme. D’ailleurs, lesfemmes se sentent encore aujourd’hui plusresponsables que les hommes de la réussitefamiliale. « Certes, il y a eu d’énormeschangements, reconnaît Lise Gervais.

Aujourd’hui, les hommes veulent s’occuperde leurs enfants et prennent du temps etdu plaisir à être avec eux, ce qui n’était pasle cas il y a trente ans. Cependant, la majoritédes tâches quotidiennes sont encoreassumées par les femmes, jugées pluscompétentes en la matière. Or, la conciliationtravail-famille est un défi collectif, qui doitêtre pris en charge par les institutions etles organisations. »

« Certains milieux permettent auxparents de concilier les exigences familialesavec celles du travail en adoptant desmodalités telles que le télétravail ou le travailà domicile, l’assouplissement des horairesde bureau, les services d’aide au ménageou aux courses, les subventions pour lepaiement des services de garde, ou encorel’embauche d’adjoint. Le Casino de Montréal,par exemple, a mis au service de sesemployées et employés, une garderie ouverte24 heures sur 24. Ces mesures, cependant,demeurent marginales et le fait d’entreprisesavant-gardistes. »

Il est vrai que ces stratégies rendenttechniquement service aux femmes, maiselles permettent surtout de porter un

message  : la difficile conciliation travail-famille est une question qui doit être résoluecollectivement et non seulement parchacune des femmes, dans l’ombre dufoyer. Là est le véritable défi !

IMPoSER DES QUoTAS?

Pour atteindre la parité au sein des conseilsd’administration, une autre solution a été misede l’avant : l’imposition d’un nombre minimalde sièges féminins. Est-ce une solution viable?« Oui, dit Lise Gervais, car lorsqu’on tient pouracquis que les femmes y seront intégrées,trop souvent, on se rend compte que lesconseils se masculinisent et pour certainsdeviennent exclusivement masculins. »

« Mais attention, dit-elle : les quotaspeuvent créer des effets pervers. Cela peutdonner l’impression que les femmessont sélectionnées, non pas pour leurscompétences, leurs connaissances et leurapport, mais parce que l’on doit atteindreles quotas. Autre désagrément : il s’agit demesures mécaniques et rigides qui peuvententrer en conflit avec les autres critères àl’embauche. Pour être représentatives dela population réelle, les instances devraienttechniquement élire, par exemple : 50 %de femmes, 25 % d’immigrants, 10 %d’homosexuels, etc. Ce type de normespeut vite devenir complexe à atteindre dansla réalité. »

Le défi est de taille : entre la surveillancerigide et le laisser-aller, il convient de veillerà ce que les femmes ne soient pas évacuéesà 100 % des lieux décisionnels. Car l’absencetotale des femmes est plus répandue qu’onne le pense dans les lieux du pouvoir : 50 %des entreprises canadiennes cotées en boursen’ont aucun membre féminin siégeant auconseil d’administration. Lorsqu’elles y sont,elles représentent seulement 15 % desmembres.

Pour contrer le phénomène de désaf fec - tion des femmes pour les hautes instances,le gouvernement du Québec a réagi. En 2011,la Loi sur la gouvernance des sociétés d’État,

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loi qui assure la parité hommes-femmesaux conseils d’adminis tration des sociétésd’État, a permis d’atteindre un taux de 48 %de femmes au sein de ces instances. Demême en France, en Espagne, en Islandeet en norvège, on a adopté officiellementun quota de 40 % de femmes siégeant auxconseils d’adminis tration des compagnies.À l’opposé, le gouvernement canadien apréféré ne pas adopter officiel lement laparité aux conseils d’administration dessociétés canadiennes, prévue dans le projetde loi S-206. Celui-ci a été rejeté par lesconservateurs en avril 2011.

Outre l’imposition de quotas, le jumelagedes femmes expérimentées à celles qui lesont moins permet de favoriser l’accès d’unplus grand nombre de femmes aux postesdécisionnels. « Souvent, elles ont du mal àse visualiser elles-mêmes dans ce type deposition "autoritaire", relate Lise Gervais. C’estpourquoi, bénéficier d’exemples de parcourset de conseils, permet de motiver certainesfemmes à se lancer dans des carrières plusinfluentes que ce qu’elles prévoyaient au

départ. De même, l’organisation de groupesde formation permet aux femmes d’apprendreà reconnaître leurs compétences spécifiqueset de se rendre compte que celles-ci peuventêtre utiles dans des rôles décisionnels. »

LE PoUvoIR AU féMInIn :D’AUTRES PRéoccUPATIonS?

L’image de la femme qui exerce son pouvoir demanière outrancière, pour démontrer sacapacité à assumer une tâche tradition nelle -ment masculine, pensons ici à MadameThatcher, est bien connue. Cependant, nombrede femmes ont développé des manièresdifférentes d’aborder le pouvoir, a constatéLise Gervais à partir de son expérience dansdifférents organismes. «  Évidemment,prévient-elle, toutes les femmes en situa -tion de pouvoir n’ont pas les mêmescomportements. nous observons que lesfemmes en position de pouvoir n’ont pas lesmêmes motivations que leurs confrères. »

Bien qu’il faille se méfier des généralités,certaines tendances sont identifiées : les

femmes s’impliquent au sein des conseilsd’administration pour participer au dévelop -pement d’une cause, d’une idée ou d’unorganisme auquel elles croient. Leur propreréalisation passe souvent par une causecollective. Elles sont guidées par le sens desresponsabilités. En d’autres mots, les femmesse disent : « Il faut que ça se fasse, donc jevais y aller ». Les hommes quant à eux seraientplus souvent motivés par le fait de relever undéfi personnel, de démontrer leurs capacitéset d’acquérir du prestige.

Lorsqu’elles atteignent les fonctions lesplus hautes, les femmes se distinguentégalement des hommes par le type depréoccupations qui sont les leurs, observeLise Gervais. Elles sont plus sensibles àcertaines problématiques sociales. « Faitmarquant : dans les années 1970, on a vu desfemmes de tous les caucus se mobiliser pourla décriminalisation du droit à l’avortement.À cette époque, il y a eu des alliancestrès surprenantes entre des députéesconservatrices, néo-démocrates et libérales.En revanche, on ne voit pas d’alliances autour

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d’enjeux sociaux aussi précis dans ladéputation masculine. »

« Les femmes sont également portéesvers le travail collaboratif, remarque Lise Gervais,ce qui signifie qu’elles envisagent la hiérarchieautrement que les hommes. Certaines femmesen position de pouvoir vont, par exemple,mettre de l’avant des modes d’organisation dutravail qui tiennent moins directement comptede la hiérarchie des membres. Les groupesde concertation, les tables rondes et la miseen commun des expériences sont desméthodes de travail avec lesquelles les femmesse sentent généralement plus à l’aise. »

QUEL BILAn PoUR LA DécEnnIE 2000?

Au cours des dernières années, les Québécoisont cru que l’égalité entre les sexes était enfinatteinte. La majorité des citoyens voit d’un

bon œil la parité hommes-femmes, elle est unidéal à atteindre. nous nous identifionscollectivement à cette égalité des sexes.D’autant plus que la réussite scolaire plusélevée chez les jeunes femmes peut laisserprésager une société de demain où les femmesauront rejoint les hommes là où les écartsexistent. Mais attention, prévient Lise Gervais :quand on tient cette réalité pour acquise, iln’est pas rare de constater que la tendances’inverse. nous constatons que la présencedes femmes régresse au sein des conseilsd’administration et dans les postes stratégiques.

« L’idéal démocratique qui suppose lareprésentativité de tous les membres de lasociété dans les lieux de pouvoir doit sanscesse être repensé et réactivé au sein denos institutions pour perdurer. Car les modèlesde socialisation agissent eux aussi et favorisentla reproduction de l’exercice traditionnel dupouvoir. À son tour, celui-ci concourt à

repousser les changements incarnés par lesfemmes en périphérie des lieux décisionnels,c’est-à-dire dans le domaine privé.

nous avons intérêt, collectivement, àassurer la participation d’une pluralité decitoyens dans nos organisations publiques etprivées. Cela permet l’éclosion d’une plusgrande variété de points de vue, de perceptionset d’idées nouvelles. La croissance d’uneorganisation, tout comme celle d’une sociétédépend de sa capacité à intégrer de nouvellesidées et de reconnaître les forces dont elle peutbénéficier. Les talents développés par lesfemmes ont le potentiel de faire évoluer nosorganisations à caractère social, politique etéconomique. Il en va de même des acquisdes autres groupes moins influents commeles autochtones et les immigrants, peu entendusdans la sphère publique et dont pourraitbénéficier le Québec. A-t-on comme sociétéles moyens de se passer de tant de richesses? »

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militante de longue date,

nathalie morel a été à la

vice-présidence de l’Alliance desprofesseures etprofesseurs de

montréal (APPm) de 2001 à 2006.

vice-présidente à la vie professionnelle

de la FAe, elle a par la suite assumé la

présidence del’APPm de 2007 à

2009.

Lorsque la FAE m’a contactée pourpartager avec vous mon expérience,je n’ai pas hésité à accepter dans

l’espoir d’inspirer et d’inciter d’autresfemmes à s’impliquer.

D’entrée de jeu, je dois avouer n’avoirjamais milité pour la cause des femmesen particulier. En effet, je pensais et pensetoujours que la meilleure façon pour lesfemmes de s’impliquer est de s’inscriredans toutes les sphères et tous les dossiersqui les intéressent et pour lesquels ellespensent apporter une contribution. J’aitoujours eu la conviction que nos mères etnos grands-mères nous ont enseigné quenotre place est celle où nous choisironsd’aller et le mérite obtenu comme pour leshommes, nos alliés, sera à la mesure desefforts et du travail fournis. Il n’y a jamais euun moment, dans ma carrière profession -nelle, où je me suis sentie exclue en raisonde mon genre et je dois avouer avoir étéencouragée à m’impliquer davantage par

plusieurs hommes, avoir vu mon travail et mavaleur reconnue, au premier plan par monconjoint et mon défunt papa.

Pour me réaliser et occuper cesfonctions pendant neuf ans, je reconnais,toutefois, avoir dû faire un certain nombrede sacrifices. Ma vie familiale et ma viesociale ont été négligées. Les journéesn’ayant toujours que 24 heures, leboulot en grugeait souvent la moitié. Encontrepartie, dans les moments les plusdifficiles, je me disais que j’offrais à mesenfants particulièrement à ma fille, unmodèle d’implication et de prise deconscience sociales. À mes yeux, c’est unprécieux legs.

L’implication dans la vie syndicale, dansune profession à prédominance fémininecomme la nôtre, est une voie acceptable etmême enviable. nous devons surmonternos peurs et nos appréhensions et faire lesaut, chacune à sa façon, à la mesure denos capacités physiques et psychologiques.Il faut avoir confiance en soi et être capablede dissocier débats et chicanes. La viesyndicale n’est ni négative ni ennuyante.On y fait de multiples découvertes etapprentissages, autant sur soi que sur lesautres. C’est un engagement hautementvalorisant, car on sent que l’on contribue àfaire avancer la cause, le sort de la professionet celui de l’éducation publique.

Selon moi, l’apport « féminin » résidedans notre prédisposition naturelle auxrapports humains, à la place du cœur etdes sentiments. Dans tous les cas, ce sontles atouts par lesquels j’espère avoir fait unedifférence auprès des personnes avec quij’ai travaillé ainsi qu’auprès de celles etceux que j’ai toujours fièrement représentés.

Nathalie Morel

PARCE QUE NOUS POUVONSTOUTES… CONTRIBUER

Nathalie Morel

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TOUT EST DANS LA MANIÈRE

Àla suite de l’invitation de collègues,je décidais de plonger dans la viesyndicale active. L’année suivante, loin

d’aspirer à ce poste, j’occupe la présidenceintérimaire après avoir été sollicitée par tousles membres du conseil d’administration.J’avais peu d’expérience, mais l’idée de rallierles forces militantes qui se déchiraient entreelles l’emporta. Après tout, ce n’était que pourun an…

Toute personne occupant la présidenced’un syndicat se voit rapidement confrontéeà définir son rapport aux membres, auxpatrons et aux collègues à l’interne commeà l’externe. Hommes et femmes ont desconceptions et des approches fondées surdes valeurs, des convictions, des aspirationsqui souvent se ressemblent. La différencetient dans la manière d’y arriver et lesmodèles font souvent défaut.

remplir le mandat, avec compétenceet efficacité, suppose un bon nombre de

qualités qui sont globalement les mêmespour les femmes et les hommes. On entendsouvent dire que l’exercice d’une fonctionà haut niveau de responsabilité est moinsattrayant ou comporte plus de difficultés pourune femme que pour un homme; qu’il fautgravir les échelons un à un afin de réussirson plan de carrière. On dit que les femmesn’aiment pas le pouvoir; qu’elles préfèrentexercer des mandats en soutien plutôtqu’être à la direction; qu’elles privilégientdavantage la vie de famille et qu’ellesrefusent d’y renoncer, etc.

Personnellement, je n’aime pas lepouvoir, mais j’ai aimé avoir les moyens dechanger la réalité du quotidien professionnel,d’améliorer nos conditions de travail et devie, de soutenir des enseignantes ouenseignants en difficulté ou en détresseen déployant toutes sortes de solutions.Le pouvoir peut corrompre, par contre, ilfournit également des outils extraordinairespour influencer le cours des choses. Toutest dans la manière de le concevoir et del’exercer.

Certes, j’en ai vu qui suivaient un plande carrière. Cette réalité sera toujours présenteet n’est pas exclusive au milieu syndical. Pourma part, même si j’ai occupé la fonctionplusieurs années, je me suis posé la mêmequestion chaque printemps : ai-je encore legoût de continuer et suis-je encore utile ? Laréponse fut oui à 24 reprises.

Bien sûr, la militance demande unebonne dose d’abnégation et de disponibilité.En période de négociation et de mobilisation,il faut être là, c’est incontournable. Savoirs’entourer d’une bonne équipe où separtagent les responsabilités « soulage »la présidence et permet de concilier travail

et vie personnelle. Encore là, tout est dansla manière.

Quant aux difficultés, elles sontnombreuses. Je n’oserais jamais prétendreque c’est une fonction facile et accessibleà toutes et tous. Mais est-ce vraiment plusdifficile pour une femme ?

La réponse varie selon le milieuprofessionnel. Heureusement, en éducation,les mentalités ont évolué. Exception faited’une situation douloureuse, je n’ai jamaisvraiment vécu d’obstacles importants dansmes rapports professionnels avec lesmembres, les patrons, les employées oules collègues. Les désaccords reposaientsur les idées et non sur la base du sexe.Pourtant, je peux témoigner que lemachisme et la misogynie sont une réalitéencore bien présente dans notre société etle milieu syndical n’y échappe pas. Dans detelles situations, il est toujours bon dese rappeler que l’on finit par « s’en sortir »ou «  en sortir  » alors que ceux auxcomportements sexistes s’enlisent dansleur problème.

Le syndicalisme enseignant a besoinque des femmes et des hommess’impliquent à tous les niveaux de lastructure syndicale dans un rapport decomplémentarité. Sans les unes et lesautres, on se prive de cette richesse quipermet d’avancer, de demeurer pertinentet influent.

On a trop longtemps subi un type desyndicalisme particulièrement masculin.La présence des femmes à tous les niveauxde l’organisation a su faire avancer lesyndicalisme, car tout est dans la manière.

Nicole Frascadore

D’abord déléguée de son école, puis membre du conseil d’administration du syndicatet responsable syndicale, nicole Frascadore a assumé la présidence du Syndicat del’ouest de montréal (Seom) avant de devenir la première présidente de la FAe.

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Nicole Frascadore

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En réalité, c’est à peine si elless’entre bâillaient. L’électionde Claire Kirkland-Casgrainreprésente un grand pasdans une marche qui pro -mettait d’être longue.

UnE fEMME AU PoUvoIRSoUS LE JoUg DEL’IncAPAcITé JURIDIQUE

On a peine à y croire, mais au moment oùMarie-Claire Kirkland-Casgrain est éluedéputée, le Code civil lui interdisait de signerelle-même un bail de location. Elle devradonc se résigner à demander à son mari designer le bail du logement de fonction qu’elle

allait occuper à Québec.Il faut dire qu’au débutdes années 60, la femmemariée est encore soumiseà l’autorité de son mari.Ainsi, au même titre qu’une

personne mineure, un interditou un aliéné, la femme mariée

ne peut ouvrir un comptebancaire, ni signer un contrat.

Dans les faits, les femmes mariées

sont frappées d’incapacité juridique. Sous lerégime matrimonial légal en vigueur àl’époque, la communauté de biens, le mari,administre seul les biens du ménage commeles biens propres de sa femme. En vertu duCode civil, la femme doit obéissance à sonmari. Celui-ci peut même lui interdire d’exercerune activité professionnelle. D’ailleurs, uneinstitutrice devait démissionner ou étaitcongédiée lorsqu’elle se mariait !

Accédant au cabinet en 1962, ClaireKirkland-Casgrain entreprend la lutte pourfaire évoluer le Code civil. L’adoptiondu projet de loi no 16, en 1964, permetdésormais à la femme mariée de jouir dela pleine capacité juridique et lui donne ledroit d’exercer une profession différentede celle de son mari. De grands chan -gements s’opèrent également au sein desménages, puisque le Code civil affirmedésormais que l’épouse « concoure » àassumer la direction morale et matériellede la famille avec le mari.

Toutefois, la notion de « puissancepaternelle », symbole de la primautémasculine, ne disparaîtra du Code civil qu’en1977. Dans les faits, ce n’est qu’en 1980 quele Code civil reconnaîtra que « les époux ont,

Élyse Turcotte

LE POUVOIR D’INFLUENCER

Claire Kirkland-Casgrain est élue députée de lacirconscription de Jacques-Cartier lors d’une électionpartielle déclenchée à la suite du décès de son père. le 14 décembre 1961, elle devient la première femme àsiéger à l’Assemblée législative du Québec. les portes

du pouvoir, chasse gardée de la gent masculine,s’ouvraient-elles enfin aux femmes?

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en mariage, les mêmes droits et les mêmesobligations », que les époux conservent leurpropre nom de famille, assurent ensemblela direction matérielle et morale de la famille,exercent « l’autorité parentale » et choisissent,de concert, la résidence familiale. C’est cette même année que les enfants dits«  illégitimes » cesseront de l’être, levantainsi le voile de la honte trop souvent portépar les mères d’enfants discriminés, parceque nés hors du mariage.

LA RévoLUTIon DESfEMMES, LEnTEMEnT MAIS SûREMEnT

Ce n’est qu’en 1940 que les femmesobtiennent enfin le droit de vote au Québec.Il faudra tout de même attendre vingt anspour qu’une première d’entre elles soit élue.Jusqu’en 1973, Claire Kirkland-Casgraindemeurera la seule femme à siéger àl’Assemblée nationale du Québec.

Cinq femmes sont élues lors del’élection générale de 1976 qui marque laprise du pouvoir par le Parti Québécois. Parmielles, Lise Payette mène la barre d’un nouveauministère, celui de la condition féminine. Ellesera la première à se faire appeler madame« la ministre » et non madame « le ministre ».

Dès lors, si l’on commence à se faire àl’idée de la présence féminine au sein dugouvernement, l’acceptation ne va pas jusqu’àleur permettre de porter… le pantalon !Jusqu’en 2003, la progression du nombre defemmes au sein de la députation estconstante. En 2007, pour la première foisdans l’histoire, la parité hommes-femmes auConseil des ministres est atteinte. Ce n’esttoutefois que de bien courte durée. On ycompte actuellement douze femmes pourdix-sept hommes.

Malgré la consécration expresse dansla Charte des droits et libertés de la personnedu Québec, garantissant les mêmes droitset libertés pour toutes et tous, la marche versla pleine égalité n’est pas terminée.

La notion d’incapacité juridique désigne l’état d’unecatégorie de personnes qui ne peuvent conclure de contratsou encore gérer leurs biens. Jusqu’en 1964, en se mariant,les femmes étaient frappées d’incapacité juridique. De nosjours, paradoxalement, le mariage permet à une mineure des’émanciper pleinement et d’obtenir la capacité juridique.

Claire Kirkland-Casgrain

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Les comités de condition féminine oules comités de femmes constituentles premiers comités « identitaires »

à être mis sur pied dans les organisationssyndicales au Québec. Souvent peuprésentes, voire carrément absentesdes comités exécutifs ou des bureauxde direction syndicaux, les militantestrouveront dans ces nouvelles structuresun lieu de rassemblement qui permettrade porter leurs revendications.

Mona-Josée Gagnon, sociologuedu travail, a été l’une des premièresà étudier les comités syndicaux decondition féminine. Selon son analyse, lefonctionnement de ces comités oscilleconstamment entre l’autonomie et ladépendance. Ainsi, l’autonomie se traduitpar une marge de manœuvre et un pouvoirréel des militantes dans la définition deleurs objectifs, de leurs revendicationsou encore de leur agenda. À cette auto -nomie s’oppose toutefois la dépendancedu comité aux décisions des bureauxde direction qui parfois restreignentl’impact des orientations dégagéespar les militantes ou recadrent leurs revendications. Malgré cette limitation,le portrait tracé de l’impact et dela pertinence des comités de condi -tion féminine demeure positif. Une

recherche1 réalisée par la revue Recherchesféministes en 2006 confirmait d’ailleursle constat.

Une étude plus récente, conduitedans quatre pays, dont le Canada, révèleque les intérêts des femmes ont eutendance à se superposer à l’agendasyndical. Ces dernières auraient « étéencouragées à s’ajuster aux structureset pratiques syndicales existantes plutôtque de voir les syndicats transformer leurorganisation »2. Si le rapport des femmesau travail est distinct de celui des hommes,comme le soutiennent les auteures decette étude, pour favoriser davantagela participation des femmes à la vie

syndicale, il faudrait élargir les champsd’intérêts des syndicats au-delà du travailet du milieu de travail.

C’est par l’action des comités decondition féminine que les organisationssyndicales se sont intéressées à desrevendications comme les congés dematernité et les droits parentaux, laconciliation travail-famille, l’équité enemploi, l’équité salariale ou la mise enplace de mesures d’accès à l’égalité. Lesgains découlant des luttes menéesd’abord par des militantes s’ajoutent auxnombreuses batailles menées côte à côteavec les mouvements de femmes pourle droit à l’avortement, la lutte contre laviolence conjugale ou celle contre leharcèlement. Les militantes qui ont missur pied les comités de condition féminineont tracé la voie. C’est à nous toutes,aujourd’hui, de poursuivre ensemble laroute pour mener à terme les luttesinachevées.

1. ADIB, Sherazad. Et elles, qu’en pensent-elles ?Table ronde sur les comités de condition féminine,Revue Recherches féministes, Volume 19, no 1,2006, p. 129-146.

2. YATES, Charlotte A.B. Organizing Women in theSpaces between Home, Work and Community[Résumé], Revue Relations industrielles, Volume 66no 4, 2011, p. 602.

UN OUTIL ESSENTIELPOUR POURSUIVRE LA LUTTE

Nancy Hénault

l’arrivée massive des femmes sur le marché du travail a forcé de nombreusesorganisations syndicales à s’adapter et à revoir leurs structures. Sous l’impulsion dumouvement féministe, les syndiquées revendiquent leur place dans un monde syndicaloù la gent masculine domine les structures du pouvoir. la création de comités decondition féminine vient, en partie du moins, répondre aux besoins.

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Elles allaient vite découvrir que deux« 15 secondes » à produire, c’estune bonne journée de travail ! Les

incontournables : le maquillage, la coiffure,le choix des vêtements sans oublier lenettoyage des chaussures !

Subir la chaleur grandissante desprojecteurs, soutenir longuement à bout debras des cartons, reprendre ad nauseam lamême séquence, savoir patienter de longues

minutes pour que la technique s’ajuste entrechaque prise de vue, harmoniser son petit boutde chorégraphie avec les autres, et surtout,ne pas mêler son alphabet, voilà toute unecorvée !

Mais elles ont gardé le cap sur l’essentielet toujours avec le sourire !

MISSION ACCOMPLIE!

BRAVO ET MERCI À VOUS TOUTES!

« UN VRAI PROGRAMME DEFRANÇAIS, C’EST ESSENTIEL »

elles sont arrivées en studio avec une certaine anxiété età la fois avec un grand enthousiasme. ne sachant trop àquoi s’attendre, en étant à leur première « télé-réalité »,elles avaient dans leur bagage un élément essentiel : la volonté de bien faire et la conviction de participer à la livraison d’un important message.

Dans l’ordre habituel : Christiane Lalande (SESMI), Christine Fähndrich (SEOM),Marie-France Levac (FAE), Claudine Fournier (SESMI), Kateri Corbeil (SERL), ArmandDubois (FAE) et Annie Primeau (APPM). Devant le groupe, l’auteur Yves Beauchemin.

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Armand Dubois

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Souffrir pour être prof?Wilfried Cordeau

Dans les milieux, on le voit, on le vit, onle sent. Mais pour l’opinion publique,c’est encore un fait divers. Et puis,

tous n’acceptent pas nécessairement d’enparler. C’est difficile. Et mal vu. Pourtant,malgré leur passion et leurs compé tences,trop d’enseignantes et d’enseignantssouffrent en silence.

Peu de données sont disponibles pouren rendre compte. On sait depuis le début desannées 2000 qu’une part importante desenseignantes et enseignants en début decarrière abandonne la profession dans les cinqpremières années de pratique (environ 20 %au Québec). En 2010, une étude de l’Écolenationale d’administration publique (EnAP),réalisée pour le compte de la FAE, révélait que19 % des profs évaluent leur santé mentalecomme moyenne ou médiocre (contrairementà 8,1 % au sein la population en général), et que60 % d’entre eux présentent des symptômesd’épuisement professionnel au moins unefois par mois. Ultimement, cette détressepsychologique se traduit en absentéisme ou endépart ; la moitié des congés de maladie dansle réseau scolaire résultent de problèmes desanté mentale (épuisement professionnel,anxiété, etc.), et près du quart des enseignantspensent quitter la profession dans les cinqprochaines années…

LA SoUffRAncE DES PRofS :MALADIE oU SyMPTôME?

Malgré leur ampleur, la détresse psychologiqueet le décrochage des profs ne deviennentque lentement « objet d’études » ou depréoccupations de la part des chercheurs oudes autorités. Dans L’école en souffrance,Maranda et Viviers y vont d’une contributionmodeste, mais pertinente. Leur constat : lesexigences actuelles de l’éducation créent belet bien une pression quotidienne importantesur les membres du personnel scolaire.

Malgré elle, l’école est devenue le lieuoù se déchargent toutes les exigences sociales,particulièrement en matière de socialisation,

de transmission des valeurs morales, éthiqueset comportementales liées au vivre-ensemble.Dès lors, le rôle des acteurs au sein de l’écolea changé. Les enseignantes et enseignantsconsacrent de plus en plus de temps etd’énergie à la discipline, au maintien de l’ordre,au climat d’apprentissage, à la gestion desrelations et conflits interpersonnels, et demoins en moins directement à leur spécialité :l’enseignement et l’encadrement desapprentissages. En fait, dans plusieurs milieux,la création, l’encadrement et le maintien dulien social avec les élèves constituent unpréalable incontournable sur lequel asseoirl’enseignement. Dans son ensemble, cetravail s’impose comme une nécessitéfonctionnelle. Pourtant, il s’exerce dans uncontexte difficile et sous une pressioninsoutenable : charge de travail croissante,manque de soutien de la part des directionsd’établissement, insertion professionnelledéfaillante, classes bondées, intégration desélèves handicapés ou en difficulté d’adaptationou d’apprentissage (EHDAA) sans servicesadéquats, etc. Ce à quoi il faut ajouter leclimat au sein de l’école, alors que 85 % desprofs ont déjà été victimes de violencepsychologique ou verbale.

Déjà dévalorisée, la profession ensei -gnante est soumise à un stress constant. Pours’en protéger, les profs adoptent, consciemmentou non, divers comportements envers leurtravail ou leur milieu. Ces « stratégies défen -sives » peuvent varier considérablement, d’unindividu à l’autre, selon la nature et l’ampleurdu stress psychologique subi. Le désen ga -gement, le repli sur soi ou la révolte, parexemple, peuvent constituer des moyens pourtenir le coup. Ultimement, la détresse mèneà l’absentéisme, au décrochage, à la désertionprofessionnelle, voire au suicide.

SoIgnER L’écoLE PUBLIQUE

La détresse psychologique des profs est elle-même le symptôme d’une institutionpublique malade. Bien plus qu’un problème

d’organisation du travail, elle découle d’unconflit de vision sociale. Manifestement, lesattentes institutionnelles et politiques enversl’éducation et le modèle actuel de l’écolesont en train d’épuiser les profs, car elles necorrespondent pas à la réalité et aux besoinsdu milieu. Implicitement, et par défautd’organisation viable du travail éducatif, onattend des enseignantes et enseignants unsurinvestissement permanent qui ne peutque mettre en péril leur santé.

Dans ce contexte, il est bien difficile dedéfendre la nécessité d’exiger davantage de« performance », d’investissement personnelet de reddition de comptes de la part dupersonnel enseignant. Encore moins d’enfaire la pierre angulaire de la persévérancescolaire. La solution n’est pas tant dansl’augmentation des exigences, mais dansl’augmentation des moyens mis à la dispositiondu personnel scolaire, et dans un meilleurpartage des responsabilités. Et avant qu’il nesoit trop tard, il serait urgent que les autoritésse penchent sérieusement sur le lien directentre le décrochage des profs et celui desélèves, et comprennent que lutter contre lepremier, c’est lutter contre le second.

MARANDA, Marie-France et Simon VIVIERS,sous la dir. de. L’école en souffrance.Psychodynamique du travail en milieuscolaire, Québec, PUL, 2011, 177 p.

JUSTE POUR LIRE

l’Autonome vol. 5 no 3 Février 201217

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conSULTATIon SUR L’AUTonoMIE PRofESSIonnELLE 

La FAE place l’autonomie professionnelle au centre de ses préoccupations. nouscroyons que le personnel enseignant n’est pas en mesure de l’exercer pleinement ausein des structures scolaires actuelles. Pour asseoir les positions de la FAE à ce sujet,

vous êtes invités à participer à la consultation électronique qui se déroulera du 19 au 30 marsprochain. Votre opinion est importante!

BRÈVESLe Collectif 8mars, Huguette Latulippe/Promotion inc. Illustration: Julie Rocheleau

DéfI PRévEnTIon JEUnESSE ET SécURITé PREMIER EMPLoI

Vous avez été nombreuses et nombreuxà soumettre des projets dans le cadredes programmes Défi prévention

jeunesse et Sécurité premier emploi de laCommission de la santé et de la sécurité dutravail (CSST). C’est à la fin du mois de févrierque la CSST remettra une aide financière aux

projets retenus. La FAE tient à vous rappelerque les projets ayant intégré des pratiquesenvironnementales et répondant à un critèred’« écoconditionnalité » se mériteront unecertification héros. Pour plus de détails, nousvous invitons à consulter le site héros auwww.héros-mouvement.ca.

L’AUTONOME VOL. 5 NO 3 FÉVRIER 201218

LE féMInISME?… PLUS AcTUEL QUE JAMAIS!

Le chemin parcouru est impressionnant, mais il restebeaucoup à faire pour améliorer les conditions de vie desfemmes; l’égalité est loin d’être atteinte. En 2012, les acquis

sont encore fragilisés et il y a encore tout lieu de s’indigner devantles inégalités qui subsistent.

Plus que jamais, il faut redoubler d’effort pour contrer lesreculs éventuels se répercutant directement sur les droits et lesconditions de vie des femmes. Plus que jamais, la solidaritédes féministes et des forces progressistes est essentielle pourcontinuer, ensemble, à avancer.

Certains voudraient bien faire croire que l’égalité estdésormais atteinte et que le féminisme est dépassé. Au contraire,les faits démontrent qu’il est plus actuel que jamais !

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L’AUTONOME VOL. 5 NO 3 FÉVRIER 201219

O

N

Le 24 janvier dernier s’est tenu le premier réseauenvironnement de la FAE. À cette occasion, vingt-sixenseignantes et enseignants assistaient à une journée de

formation leur permettant de devenir, dans leur milieu, lesambassadrices et ambassadeurs du mouvement héros.

La journée a permis aux membres du comité environnementde la Fédération de présenter les nouveaux outils de formationet de promotion héros. Un guide de présentation ainsi qu’undocument électronique de formation ont été remis auxambassadrices et ambassadeurs afin de faciliter leur rôle depersonne-ressource dans leur école.

Le lancement officiel du nouveausite (www.heros-mouvement.ca) a étéréalisé lors de la rencontre. Ce nouvel outilrassemble toutes les informations sur lemouvement et constitue une vitrine pourtous les projets certifiés héros. Lenouveau site est d’ailleurs le moyen leplus rapide pour enregistrer vos projets.

n’hésitez pas ! Allez y jeter un coup d’oeil, vous y trouverezplusieurs idées pour éveiller les héros de votre classe !

www.heros-mouvement.ca

LE rÉSEAU EnVIrOnnEMEnT

Un REnDEz-voUS RéUSSI

BRÈVES

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Page 20: 18889 Autonome vol5-no3 Layout 3 12-02-16 14:43 … · Marie Pelchat Pierre St-Germain Elyse Turcotte 100 % PC Cette revue est imprimée sur un papier certifié Éco-Logo, blanchi

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