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Pour la Confédération Paysanne… La position de la Confédération paysanne peut sembler paradoxale. Classifié dans la nomenclature institutionnelle syndicat de patrons, de petits patrons employeurs de main d’œuvre parfois temporairement, parfois à temps plein, ce syndicat de patrons se positionne au côté des travailleurs de la terre en lutte contre leurs exploiteurs…. Rien d’étonnant à cela au vu des thèses défendues par la Conf. Mais par ailleurs, il est difficile de transformer cette position de soutien en participation active à la dénonciation et ensuite à la solidarité concrète dans les luttes que mènent parfois les travailleurs saisonniers trop souvent dans la solitude et l’invisibilité. Les idées sont simples et les faits têtus : • La politique agricole libérale engendre la disparition des petites fermes dans les pays riches et dans les pays cibles des exportations des surplus agricoles. Elle est doublement criminelle : en assassinant les savoir faire locaux, elle empêche la production locale qui ne peut plus être rémunérée, et elle organise par là même la déportation de centaines de milliers de personnes, souvent issues du milieu rural, qui vont se trouver pour beaucoup en situation d’esclavage et de servitude dans les «eldorados» promis. • Quand les prix de vente baissent, c’est souvent parce qu’a été organisé, planifié un certain volume de surproduction afin de peser sur le marché. C’est pareil sur le marché des fruits et légumes et sur le marché du travail (national ou international, dont les codes sont chaque jour un peu plus érodés). C’est une évidence que lorsque les prix sont bas, le travail ne peut plus être rémunéré. Celui du paysan, comme celui de l’ouvrier. La lutte pour le respect du droit du travail, au logement, des droits de l’homme pour les salariés (saisonniers ou non) dans les champs est donc le synonyme complémentaire de la lutte du paysan pour un revenu ou des prix rémunérateurs. Une des difficultés rencontrées lors des luttes est celle des intérêts immédiats des uns et des autres, et celle des moyens que chacun a à sa disposition pour poser ses revendications et les négocier (pas de syndicat de travailleurs agricoles au sens strict, corporatisme du syndicat agricole, lié à ses statuts, ses adhérents…). Il faut donc dépasser dans nos rencontres ces contradictions, qui sont réelles mais secondaires. Une fois mis en route le traitement des «urgences», en utilisant tous les outils disponibles, il faut donner du sens au concept de souveraineté alimentaire, et l’imposer dans le corps du discours et des pratiques des politiques. Travail de longue haleine, mais indispensable pour assurer et garantir l’accès à la nourriture des peuples du monde. Pour la Confédération Paysanne…

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Pour la Confédération Paysanne…

La position de la Confédération paysanne peut sembler paradoxale. Classifié dans la nomenclatureinstitutionnelle syndicat de patrons, de petits patrons employeurs de main d’œuvre parfoistemporairement, parfois à temps plein, ce syndicat de patrons se positionne au côté des travailleursde la terre en lutte contre leurs exploiteurs…. Rien d’étonnant à cela au vu des thèses défendues par la Conf. Mais par ailleurs, il est difficile detransformer cette position de soutien en participation active à la dénonciation et ensuite à la solidaritéconcrète dans les luttes que mènent parfois les travailleurs saisonniers trop souvent dans la solitudeet l’invisibilité.

Les idées sont simples et les faits têtus :•La politique agricole libérale engendre la disparition des petites fermes dans les pays riches et dans

les pays cibles des exportations des surplus agricoles. Elle est doublement criminelle : enassassinant les savoir faire locaux, elle empêche la production locale qui ne peut plus êtrerémunérée, et elle organise par là même la déportation de centaines de milliers de personnes,souvent issues du milieu rural, qui vont se trouver pour beaucoup en situation d’esclavage et deservitude dans les «eldorados» promis.

•Quand les prix de vente baissent, c’est souvent parce qu’a été organisé, planifié un certain volumede surproduction afin de peser sur le marché. C’est pareil sur le marché des fruits et légumes etsur le marché du travail (national ou international, dont les codes sont chaque jour un peu plusérodés). C’est une évidence que lorsque les prix sont bas, le travail ne peut plus être rémunéré.Celui du paysan, comme celui de l’ouvrier. La lutte pour le respect du droit du travail, au logement,des droits de l’homme pour les salariés (saisonniers ou non) dans les champs est donc le synonymecomplémentaire de la lutte du paysan pour un revenu ou des prix rémunérateurs.

Une des difficultés rencontrées lors des luttes est celle des intérêts immédiats des uns et des autres,et celle des moyens que chacun a à sa disposition pour poser ses revendications et les négocier (pasde syndicat de travailleurs agricoles au sens strict, corporatisme du syndicat agricole, lié à ses statuts,ses adhérents…). Il faut donc dépasser dans nos rencontres ces contradictions, qui sont réelles maissecondaires. Une fois mis en route le traitement des «urgences», en utilisant tous les outilsdisponibles, il faut donner du sens au concept de souveraineté alimentaire, et l’imposer dans le corpsdu discours et des pratiques des politiques. Travail de longue haleine, mais indispensable pour assureret garantir l’accès à la nourriture des peuples du monde.

Pour la Confédération Paysanne…

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