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Christelle CLÉRANDEAU Éditions Déracontés Dessins Texte À Mamirabelle Et à toutes les prunes de la terre — Dis Mamirabelle, les prunes qui étaient tellement sages de maturité et qui se sont détachées de l’arbre de vie, elles sont allées où ? Au ciel ? — Je m’attendais un jour ou l’autre à ce que tu me poses cette question. Eh bien regarde en bas, ma Prunelle. 5 — Comme fin bien pire, tu veux parler de nos oncles d’Agen ? 7
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Mamirabelle
Christelle CLÉRANDEAUTexte
Marianne SOLTANI AZAD
Dessins
Éditions Déracontés
À Mamirabelle
Et à toutes les prunes de la terre
5
— Dis Mamirabelle, les prunes qui étaient tellement sages de maturité et qui se sont détachées de l’arbre de vie, elles sont allées où ? Au ciel ?
— Je m’attendais un jour ou l’autre à ce que tu me poses cette question. Eh bien regarde en bas, ma Prunelle.
— Quoi ? Ces petits tas gluants, pleins de vers, de moisi et de mouches sont les grandes sages ? Mais c’est révoltant Mamirabelle. Ne me dis pas que nous allons toutes finir ainsi !
7
— Hélas, non ma Prunelle, c’est souvent bien pire. Ce que tu peux voir en bas, c’est la fin la plus douce et naturelle que je puisse te souhaiter.
— Comme fin bien pire, tu veux parler de nos oncles d’Agen ?
— Oui, par exemple…
À pleine maturité, nos oncles d’Agen sont violemment éjectés des arbres de vie. Leur substantifique moëlle est prélevée par dénoyautage. Puis, ils se font rôtir au soleil sur toutes les faces dans des claies. Et - cerise sur le gâteau - on leur fourre, dans le tréfond, de la pâte d’amandes. Tu peux également finir pétrifiée dans une jeunesse éternelle. Des prunes vertes cueillies en pleine jeunesse - si ce n’est pas honteux - sont jetées dans un liquide, appelé effrontément eau de vie ! Pendant que ton corps se gonfle lentement d’alcool et que ta peau se tend comme un tam-bour, tout ton être intérieur, par osmose inverse, se dissout dans de l’eau de vie.
Et tant de fins possibles et inimaginables que je ne te dévoilerai pas plus : tranchées, découpées, dénoyautées, mi-jotées à l’étouffée, cuites dans d’énormes chaudrons, ébouil-lantées, pressées, séchées, piquées, pulvérisées, mixées, rô-ties, frites, brulées, frappées, congelées, croquées, digérées…
Tout cela ma belle, en vérité je te le dis. Ce n’est point pour t’effrayer ou remplir tes nuits d’horribles cauche-mars. C’est pour que tu prennes conscience du bonheur. Profite intensément de la chaleur d’un rayon de soleil.
— Dis Mamirabelle, toi qui n’as jamais quitté l’arbre de vie, d’où connais-tu tout cela ?
— Mon enfant, l’histoire du monde est portée par le bruisse-ment du vent dans les feuilles. L’histoire du monde est in-scrite dans la rosée et les gouttes de pluie. La mémoire de la terre remonte par la sève de l’arbre de vie.
— Alors tu dois savoir toi, du noyau ou de la prune, qui était là le premier ?
Le sourire de Mamirabelle fut sa seule réponse, car soudain...
12
ALERTE ROUGE ! ALERTE ROUGE !
Vol d’étourneaux à l’horizon !
Toutes en formation
Opération camouflage
Mise à l’ombre des prunes par les feuilles
Les prunes,Face visible, exposition des côtés verts, piqués et malades
L’assaut est prévu dans 5 secondes 5... 4… 3… 2… 1…
PARER !
TACATAC TAC TAC TAC TAC…
This is the endMy only friend
The end *
* Sur l’air de “The end” du groupe The Doors.
Septembre 2008
Tous droits réservés C. Clérandeau et M. Soltani Azad
ISBN 978-2-7466-3252-3
Éditions Déracontés
Programme d’une “soirée raconter” :
Chaque conteur-écouteur fait partager aux autres Avec espièglerie et bonne humeur
Un bout de sa créativité
Sur le thème, toutes les variations sont possibles Des paroles vécues, inventées, écrites, parlées, chantées
Jouées, mimées, improvisées
Cette fois, le thème est “Prune”
Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter ?