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Trois de l’o Quatuor Béla Musique de chambre Séance scolaire Vendredi 13 novembr À partir de 8 ans Salle de l’Esplanade Durée : 1h frères orage re 2015 à 14h © Jean-Louis Fernandez Répétition publique

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Trois frèresde l’orageQuatuor Béla Musique de chambre

Séance scolaire Vendredi 13 novembre 2015 à 14hÀ partir de 8 ans Salle de l’Esplanade Durée : 1h

Trois frères de l’orage

Vendredi 13 novembre 2015 à 14h

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Trois frères de l’orage Quatuor Béla

Frédéric Aurier : violon Julien Dieudegard : violon Julian Boutin : alto Luc Dedreuil : violoncelle

« En Allemagne sous le régime nazi, entre 1933 et

1945, toute musique qui ne correspondait pas aux

normes de l’art officiel était considérée comme

musique dégénérée »

Dans le cadre du Festival « Je t'aime... Ich auch nicht », 7e édition

Entartete Musik, musique dégénérée

© Jean-Louis Fernandez

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La répétition Le programme

Trois frères de l’orage Quatuor Béla

HANS KRÁSA : Quatuor no1

ERWIN SCHULHOFF : Quatuor no1

PAVEL HAAS : Quatuor no2

Haas, Krása et Schulhoff étaient intellectuels, modernes, communistes ou homosexuels et tous les trois d’extraordinaires compositeurs. Double et terrible injustice qu’ils ont endurée. Assassinés en pleine jeunesse, ils ont aussi été privés de leur gloire posthume, l’histoire ayant davantage reconnu leur statut de victimes de la barbarie nazie, plutôt que celui des grands musiciens. Le Quatuor Béla a choisi avec ce concert de rendre hommage à ces « trois frères de l’orage » en revisitant leurs œuvres pleines du mystère et de la suavité ironique des cabarets interlopes du Berlin d’avant-guerre.

HANS KRÁSA : Quatuor no1 op. 2 1. Moderato. Piu animato

2. Prestissimo

3. Molto lento e tranquillo

ERWIN SCHULHOFF : Quatuor no1 1. Presto con fuoco

2. Allegretto con moto e con malinconia grotesca

3. Allegro giocoso alla slovacca

4. Andante molto sostenuto

PAVEL HAAS : Quatuor no2 « Zopičíh hor »

(« Des montagnes du singe ») op. 7 1. Krajina (Campagne) - Andante

2. Kočár, kočí a kůň (Cheval, char et charretier) -

Andante

3. Měsíc a já... (La Lune et moi...) - Largo e

misterioso

4. Divá noc (Une nuit sauvage) - Vivace e con

fuoco

© Jean-Louis Fernandez

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Le Quatuor Béla

« Rien de plus naturel que de vouloir jouer la musique de son temps ...

... oui, sans doute et pourtant ...

... le chemin que nous nous proposons de suivre n'est pas tracé à l'avance.

La fréquentation d'un répertoire en perpétuelle mutation - qui interroge nos références culturelles à chaque œuvre - nous invite à une permanente remise en question.

Tous les quatre issus des conservatoires supérieurs de Paris et de Lyon, et formés à cette discipline aujourd'hui ancienne du quatuor, il nous incombe de faire exister cette formation avec la même vivacité et la même audace que par le passé. N'est-elle pas, depuis deux siècles et demi, le creuset d'où les compositeurs ont tiré leurs pages les plus expérimentales et les plus intimes ?

Alors, à l'instar des créateurs d'aujourd'hui, nous voulons nous enrichir des musiques électroacoustiques, improvisées, actuelles et traditionnelles. Nous tentons de réfléchir à nouveau sur les espaces scéniques, les lieux et les situations de concerts, la relation avec le public. Nous cherchons, au gré des rencontres artistiques, à ne pas nous figer sur nos cordes, mais à saisir toutes ces sensibilités qui font la diversité de l'art contemporain.

Nous avons à cœur de réussir ce grand écart permanent entre tradition et modernité... » — Quatuor Béla

Les interprétations engagées et exigeantes du Quatuor Béla ont été, à plusieurs reprises saluées par la presse. Fondé en 2006 par quatre musiciens des Conservatoires Nationaux Supérieurs de Musique de Lyon et Paris (Julien Dieudegard et Frédéric Aurier, violons, Julian Boutin, alto, Luc Dedreuil, violoncelle), le Quatuor Béla s'est réuni autour du désir de défendre le fabuleux répertoire du XXe siècle ainsi que la création. L'ensemble se produit en France et à l'étranger sur des scènes éclectiques : Cité de la musique à Paris, Arsenal de Metz, Festival d'Aix, Flâneries de Reims, Biennale Musique en Scène de Lyon, Why Note, Les Musiques à Marseille, Villa Médicis, Les Suds à Arles, Jazz Nomades, Africolor, l’Atelier du Plateau, Musique Action, Les Journées Électriques, ainsi que sur les Scènes Nationales. Le Quatuor Béla se distingue par sa volonté d'être à l'initiative de nouvelles compositions et de nourrir le dialogue entre interprètes et compositeurs. Il a créé ou s'apprête à créer les œuvres de Philippe Leroux, Francesco Filidei, Daniel D'Adamo, Thierry Blondeau, Benjamin de la Fuente, Jean-Pierre Drouet, François Sarhan, Nimrod Sahar, Jérôme Combier, Garth Knox, Karl Naegelen, Alvaro Léon Martinez, Sylvain Lemêtre, Frédéric Aurier, Frédéric Pattar, etc. Curieux et enthousiasmés par la diversité des courants qui font la création contemporaine, les membres du Quatuor Béla s'associent souvent à des figures artistiques emblématiques : l'improvisateur et performer Jean-François Vrod, le rockeur inclassable Albert Marcœur,

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L’univers artistique

le griot Moriba Koïta, le jeune maître du oud Ahmad Al Khatib, le trio de jazz surpuissant Jean Louis. En 2013, le Quatuor Béla publie deux disques : le premier, Plier/Déplier (chez Cuicatl/la Buissonne), consacré à une œuvre coécrite par Thierry Blondeau et Daniel D’Adamo et le second, Métamorphoses

Nocturnes, dédié à la musique de Ligeti (chez Aeon), dont la sortie a suscité un grand enthousiasme dans la presse (ffff Télérama, Luister 10 award, Gramophone Cristics’ Choice award, etc.).

Le Quatuor Béla est conventionné par le Conseil Général de la Savoie, il reçoit le soutien de la SACEM, de la Région Rhône Alpes, de la SPEDIDAM, de l’Adami et de Musique Nouvelle en Liberté, ses spectacles Freaks, Violes, Trompes et Tambours et La Musique sans Marteau ont reçu l'aide au projet DRAC Rhône-Alpes. Il est adhérent du Bureau Export. www.quatuorbela.fr

Entartete Musik Dans la terminologie nationale-socialiste, Entartete Musik signifie « musique dégénérée » : une expression qui résume la haine que le régime hitlérien vouait aux musiques qu’il voulait stigmatiser et supprimer, soit symboliquement en ne les programmant plus, soit physiquement en déportant leurs auteurs quand ils étaient encore vivants. Dans un esprit de propagande très manichéenne, Joseph Goebbels opposait ainsi les icônes historiques officielles (les grands compositeurs allemands non juifs comme Bach, Haendel, Mozart, Beethoven, Schubert, Wagner, Bruckner) aux musiciens juifs (Mendelssohn, Offenbach, Meyerbeer, Mahler) ; dans les années 1930, la même séparation est faite entre les musiciens officialisés par le régime (Hans Pfitzner, Carl Orff, Richard Strauss, Werner Egk) et ceux qui seront interdits pour être avant-gardistes, juifs, communistes, homosexuels, noirs, tsiganes…

L’épuration artistique commence le 10 mai 1933 sur la place de l’Opéra de Berlin, lorsqu’un autodafé fait partir en fumée les textes de Thomas Mann, Erich Maria Remarque, Sigmund Freud… Écrivains de gauche, pacifistes, marxistes étaient ainsi rayés de la mémoire nationale. En 1937, des milliers d’œuvres d’art plastique furent décrochées des musées allemands pour être confisquées, dispersées, vendues. En 1938, succédant à une terrible exposition intitulée Entartete Kunst organisée à Munich sous

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la forme d’un cabinet des horreurs, une exposition sur la musique appelée Entartete

Musik se tient à Düsseldorf pendant les Journées musicales du Reich (Reichmusiktage), un festival censé remplacer les festivals d’avant-garde de la République de Weimar. L’exposition met en scène des slogans haineux s’appuyant sur les concepts de décadence (Untergang), d’impuissance (Impotenz), de décomposition (Verwesung), de folie, de déraillement (Irrsinn, Verwirrung). L’affiche résume cela en présentant un saxophoniste noir portant l’étoile de David : un musicien censé montrer comment le juif aurait du sang « nègre » dans les veines, et devrait donc être exterminé pour qu’il cesse de divertir et pervertir les foules. Pêle-mêle sont réunis des musiques de Giacomo Meyerbeer, Felix Mendelssohn, Gustav Mahler, Béla Bartók, Igor Stravinsky, Darius Milhaud, Arnold Schönberg, Franz Schreker, Kurt Weill, Berthold Goldschmidt, Hanns Eisler, Anton Webern, Paul Hindemith, Alban Berg, Karl Amadeus Hartmann, Boris Blacher, Viktor Ullmann, Joseph Marx, Pavel Haas, Erwin Schulhoff, Erich Korngold, Franz Waxman, Alexander von Zemlinsky…

Cette exposition rencontre en fait un très faible succès ; elle doit même fermer ses portes avant la fin prévue. Les nazis s’étaient d’ailleurs aperçus que le public venait surtout pour écouter avec ravissement L’Opéra de

quatr’sous de Kurt Weill pourtant mis à l’index... L’épuration se mit néanmoins en place systématiquement jusqu’en 1944 : en listant, emprisonnant, déportant et supprimant les musiciens qui ne s’étaient pas exilés. Après 1945, certains ont fait le constat que les musiques censurées avaient subi une

seconde censure : soit parce que certains responsables sont revenus aux postes importants et ont continué à défendre une musique idéologiquement épurée, soit parce que l’entourage des victimes sentait que tout le monde préférait tourner la page et ne plus rappeler ces temps dramatiques. Ce n’est qu’au milieu des années 1990 que ces musiques reprennent vie, grâce au courageux travail de la firme de disques Decca, avec une magnifique collection intitulée Entartete

Musik. Il s’agissait cette fois-ci de « réhabiliter » ces musiques, ce qui est chose faite aujourd’hui. — Corinne Schneider, musicologue

Affiche de l’exposition « Entartete musik » en 1938 à Düsseldorf

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Les compositeurs du programme

Trois destins sont réunis dans ce programme : trois vies de compositeurs juifs brisées par le régime nazi, trois quatuors qui sont là pour rappeler que la raison de leur extermination n’est que confessionnelle, puisque ces trois styles n’ont pas grand chose à voir l’un avec l’autre. Leur musique a été jugée « dégénérée » non parce qu’elle était d’avant-garde ou inspirée du jazz (ce que l’on pouvait d’ailleurs parfois trouver chez les musiciens officiels du régime hitlérien), mais bien parce qu’ils étaient juifs.

Hans Krása est né en 1899 à Prague où il étudie auprès d’Alexandre von Zemlinsky avant de s’installer à Berlin, ville où il compose en 1938 ce qui deviendra son chef-d’œuvre : un opéra pour enfants, Brundibar. Annulée en raison de l’invasion de la Pologne, la création de cet opéra n’aura lieu que le 23 septembre 1943 dans le ghetto de Terezín. Krása y avait été interné le 10 août 1942, car sa mère était une juive allemande. Il aurait pu tout aussi bien être interné pour avoir écrit une musique jugée trop expérimentale dans ses années de jeunesse, comme en témoigne le Quatuor n° 1 de 1921 influencé par les musiciens français (Debussy, Ravel) et

Stravinsky. On y entend aussi un côté sarcastique et acide proche des citations populaires que Mahler faisait dans ses symphonies ou du style de Leoš Janáček. Hans Krása est déporté le 16 octobre 1944 et est gazé dès son arrivée au camp d’extermination d’Auschwitz.

Pavel Haas est né en 1899 à Brno. Son Quatuor

n° 2 (1925) est assez proche de la musique de son professeur Leoš Janáček, avec ses mélodies débordantes de lyrisme et ses harmonies modales. Le sous-titre « Depuis les

Montagnes du singe » est une expression utilisée par la jeunesse de Brno pour désigner la chaîne de collines qui s’échelonnent depuis la frontière tchéco-morave jusqu’aux confins de Brno. Le second mouvement cite des mélodies hébraïques avec des glissandos très étonnants. « Cette partition insouciante, écrit Pavel Haas en 1926, est entièrement dominée par le mouvement, qu’il s’agisse du rythme de la campagne et des chants d’oiseaux, de l’avancée irrégulière de charrettes de village, de la chaleureuse mélodie du cœur humain, du jeu froid des rayons de lune ou encore de l’équipée sauvage d’un soir de bamboche ». Notons enfin que le finale « Une nuit

sauvage » indique le renfort ad libitum d'une percussion de rythmique jazz (grosse caisse, caisse claire, tambour arabe, cymbales à pied, baguettes de percussion et blocs

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métalliques)… ce qui ne sera pas tellement apprécié lors de la création à Brno le 16 mars 1926. En décembre 1941, Pavel Haas est enfermé à Terezín car son père était d’origine juive. Il compose très peu de musique en captivité. Pavel Haas est déporté au camp d’extermination d’Auschwitz le 16 octobre 1944 ; il est gazé le lendemain.

Erwin Schulhoff est né en 1894 en Bavière dans une famille tchèque. Juif, pacifiste, communiste, homosexuel et avant-gardiste, il a très vite été ciblé par les propagandistes hitlériens. De janvier 1919 à l’été 1920, il est à Dresde, avec sa sœur Viola, qui étudie les arts plastiques. Il y fonde avec des amis artistes de toutes disciplines la société Werkstatt der Zeit (L'Atelier du temps). On y retrouve les peintres Otto Dix (1891-1969) et Otto Griebel (1895-1972), le poète constructiviste Theodor Däubler (1876-1934). Il met en œuvre une série de concerts « progressistes » (Fortschrittskonzerten) qui fournissent un point d’appui à la modernité de la seconde École de Vienne (Schönberg, Webern, Berg). Il est intéressé par l’atonalité comme dépassement du romantisme. Il se rapproche du mouvement dadaïste de Berlin, et découvre grâce au peintre George Grosz (1893-1959), également membre du Parti communiste, le jazz américain. Son Quatuor

n° 1 a été écrit en 1918. On n’y entend pas

encore l’influence du jazz qui sera ensuite sa signature, mais plutôt des expériences sonores très inventives et inclassables. Erwin Schulhoff tente de s’enfuir en Union soviétique en 1941; mais les nazis l’interceptent et l’enferment en Allemagne à la forteresse de Wülzburg. Il y meurt le 18 août 1942, de tuberculose et d’épuisement.

Exposition « Entartete Kunst » (Art génégéré), 1937

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L’interview de… Julian Boutin, altiste du

Quatuor Béla

Avec Trois frères de l’orage, vous offrez au public l’opportunité de (re)découvrir Hans Krása, Pavel Haas et Erwin Schulhoff. Comment vous est venue l’idée de ce programme spécifique et pourquoi avoir choisi ce titre ?

Julian Boutin : « Le titre nous a tout naturellement été inspiré par la notion de fraternité. Une fraternité naturelle que tout le monde ressent face à la double peine que ces artistes ont subi : leurs jeune vies fauchées par la barbarie, et leur art, si plein de promesses, stoppé net alors qu’il était voué à atteindre les sommets du monde de la musique. Ces musiques absolument sublimes ne sont pas assez jouées et devaient sortir de l’oubli. » Quel est l’apport de ces œuvres à la musique du XXe siècle ? J. B. : « Il s’agit d’œuvres spontanées et très colorées. Ces jeunes gens écoutaient du jazz dans les cabarets, côtoyaient des artistes populaires tels que Kurt Weill et restaient tout à la fois pétris de l’héritage classique des « grands » comme Bartók ou Stravinsky. Leur musique navigue entre les mondes, elle est tour à tour sensuelle et charmeuse ou sardonique et méchante. L’apport de ces œuvres à la musique du XXe siècle est immense, ne serait-ce qu’au regard des centaines de chefs-d’œuvre écrits pour le cinéma américain durant tout le siècle et qui doit très largement à cette génération. » Qu’est-ce que vous évoque la ville de Metz ? J. B. : « Pour nous, Metz, c’est avant tout l’Arsenal. Lorsque nous avons été invités pour la première fois à jouer dans cette salle dont la renommée n’est plus à faire, il y a cinq ans

déjà, cela a été un moment très important dans l’histoire du Quatuor. Mais la première chose qui nous a frappés en arrivant pour la toute première fois à Metz, c’est la gare. Elle est très impressionnante, presque magique. » Un souvenir particulier de l’Arsenal à partager avec nos spectateurs ? J. B. : « Juste avant d’entrer en scène pour notre tout premier concert à l’Arsenal, Frédéric (ndlr : Frédéric Aurier, violoniste) – qui est certainement la personne la plus rigoureuse et la plus fiable de nous quatre – ne retrouvait pas sa partition des Harpes de Beethoven que nous devions interpréter à peine quelques minutes plus tard. Il a fouillé sa loge de fond en comble, vidant l’intégralité de ses sacs et valises sur le sol, pris par une panique de plus en plus terrible. Il fallut – la mort dans l’âme – entrer sur scène, espérant que les « fées » des bureaux de l’Arsenal parviendraient en quelques minutes à dénicher la partition sur internet. Arrivé à son pupitre, Frédéric s’aperçut qu’il avait tout simplement laissé sa partition dessus. Le sourire qu’il nous lança à ce moment fut l’un des plus beaux, en dix ans de camaraderie pourtant très joyeuse. » Si vous n’aviez pas été musicien, à quoi auriez-vous pu consacrer votre vie ?

J. B. : « Enfant, je voulais être instituteur et paysan. Luc (ndlr : Luc Dedreuil) notre violoncelliste aurait pu, je pense, épouser n’importe quelle carrière avec un brio égal. Frédéric (ndlr : Frédéric Aurier, violoniste) eut fait un savant fou très crédible et Julien (ndlr : Julien Dieudegard, violoniste) un danseur étoile ou un champion d’échec particulièrement convaincant. »

— Propos recueillis en juin 2015.

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DÉCOUVRIR L’ARSENAL lors d’une répétition

DÉCOUVRIR L’ARSENAL lors d’une répétition

L’Arsenal, bâtiment militaire construit entre 1860 et 1864, par le célèbre architecte Ricardo Bofill en 1989, est un ensemble de salles de spectacles et d’espaces de production dédiés à la musique et à la danse contemporaine.

L’Arsenal est constitué de plusieurs espaces : la Grande Salle, la Salle de l’Esplanade, le Studio du Gouverneur, la Salle de l’Orangerie, la Galerie d’Exposition, la Boutique et le Salon Claude Lefebvre.

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L’Arsenal, bâtiment militaire construit entre 1860 et 1864, réinventé par le célèbre architecte Ricardo Bofill en 1989, est un ensemble de salles de spectacles et d’espaces de production dédiés à la musique et à

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le Salon Claude Lefebvre.

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L’UNIVERS D’UNE SALLE DE CONCERT

Les mots de la salleLes mots de la salleLes mots de la salleLes mots de la salle :::: Le plateau : c’est le terme technique qui désigne la scène. La trappe : élément du plancher d’un plateau pouvant s’ouvrir pour laisser un vide sur toute la profondeur du dessous. Les coulisses : parties de la salle de spectacle se trouvant de part et d’autres et derrière la scène. La loge : vestiaire dans lequel les artistes se préparent avant le spectacle. Les pendrillons : grands rideaux de velours noir qui sont installés sur les côtés du plateau et servant à cacher les coulisses. Il y a différents types d’installations : à l’italienne et à l’allemande. La cage de scène : ensemble des pendrillons qui entourent la scène. Tous les pendrillons attachés les uns aux autres sont relevés au-dessus du plateau et forment une cage tout autour de la scène. On dit aussi « boite noire ».

Les mots du spectacleLes mots du spectacleLes mots du spectacleLes mots du spectacle :::: La création : se dit d’une œuvre qui vient tout juste d’être inventée par le metteur en scène ou le chorégraphe et qui est jouée pour la première fois. Le filage : répétition du spectacle en entier sans costumes ni accessoires. C’est à ce moment-là que l’on voit si des modifications doivent être apportées. La générale : on appelle « générale », la dernière répétition la veille du spectacle aux même horaires et dans les mêmes conditions (musique, costumes, entracte, saluts…). La première : on appelle « première », la toute première représentation d’un spectacle.

FOCUS SUR DEUX SALLES

:::: La Grande Salle

La Grande Salle est le cœur de l’Arsenal : 1 354 places pour un volume de 13 000 m3. Ses murs sont recouverts de deux sortes de bois : du hêtre clair et du sycomore, reliés avec des joints de laiton doré. Ces éléments de constructions jouent un rôle important dans la qualité acoustique de cette salle. La Grande Salle a été construite en forme de « boîte à chaussures », selon l’expression des acousticiens. Il s’agit du type de salle où les artistes sont au centre de l’espace et du public.

La Salle de l’Esplanade

La salle de l’Esplanade est la salle qui accueille le plus de spectacle jeune public. Elle contient 352 places en disposition frontale pour un volume de 3 800 m3. Son parquet est en hêtre, les murs sont en stuc et le plafond en staff. Cette salle est équipée de porte à isolation phonique ce qui signifie qu’aucun son ne sort de cette salle durant les concerts.

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Arsenal Metz en Scènes

Direction Générale : Jean-François Ramon

Déléguée Artistique : Michèle Paradon

3 avenue Ney F-57000 Metz

Bill. : +33 (0)3 87 74 16 16 Adm. : +33 (0)3 87 39 92 00

Bientôt à l’Arsenal

Toute la saison sur www.arsenal

Baroque Mardi 8 décembre 2015, 20h LUMIÈRES DE NOËL DANS LES CARAÏBES Ars Longa

Ce spectacle musical est une invitation au voyage vers des contrées où Noël se fête sous le soleil. Cuba par exemple, où les chants rythmés et colorés mélangeaient traditions populaire et religieuses. Tandis qu'à minuit pendant la Noche buena, les retablesdes églises devenaient de véritables décors de théâtre. Maintes traditions qui survécurent longtemps et que feront revivre les quatorze musiciens cubains d'Ars Longa, faisant partager un dépaysement complet et magique.

Bientôt à l’Arsenal

www.arsenal-metz.fr

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Reviens avec tes parents !

À ton tour de leur faire découvrir

l’Arsenal.

Reviens avec

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