48
GéNIE CIVIL Murs de soutènement Evaluation des risques URBANISME L’Atelier d’urbanisme et d’architecture (AUA) Entretien avec Jean-Louis Violeau ACTUALITéS PRIX D’ARCHITECTURE ET D’INGéNIERIE PARASISMIQUE 2015 141 e année / 6 novembre 2015 Bulletin technique de la Suisse romande 21

21 Bulletin technique de la Suisse romande

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

génie civil

Murs de soutènementEvaluation des risques

urbanisme

L’Atelier d’urbanisme et d’architecture (AUA)Entretien avec Jean-Louis Violeau

acTualiTés

Prix d’ArchitectUre et d’ingénierie PArAsisMiqUe 2015

141e année / 6 novembre 2015Bulletin technique de la Suisse romande 2 1

Schindler 3300.Notre ascenseur le plus vendu, désormaissans superstructure de toiture.Dorénavant, le modèle à succès Schindler 3300 est disponible avec une hauteur de

gaine de seulement 2,40 mètres – un record! Sa construction compacte laisse plus de

place à vos idées. Imaginez des toits plats, à une ou deux pentes sans superstructure

de toiture et planifiez-les en toute liberté. Sur planungsnavigator.ch/fr, configurez

votre ascenseur en toute simplicité, à l‘aide de notre navigateur de planification primé.

Un détail de moinsà examiner à la loupe.Avec le Schindler 3300, plus besoin de planifi er une superstructure de toiture.

Inserate_Lupe_220x300_RA_f.indd 1 01.09.15 17:28Unbenannt-1 1 09.09.15 11:12

Paraissent chez le même éditeur :

A9 – Les Curnilles : renforcement d’un mur aval à semelle (photo GUMA)

5 ÉDITOrIal

34 acTualITÉs

36 lIvres

38 Pages sIa

42 cOncOurs

44 agenDa

46 le funambule

47 Offres D’emPlOI

21

Tec21 45/2015 (6. 11. 2015) Design auf der Kurzstreckevom Wohnzimmer ins fahrzeug | «farbe bringen die fahrgäste mit» | neue «Drämmli»Tec21 44/2015 (30. 10. 2015) Orte der ruhebesinnlichkeit mitten im leben | Islamischer friedhof altach: Den Toten eine Heimat arcHi no 5 (10.2015) abitare sotto lo stesso tettoDal territorio alla coesione sociale | vivere interge-nerazionale | case intergenerazionali, un modello che ha futuro?

murs de souTènemenT

6 Vulnérabilité potentielle des ouVrages de soutènement

Stéphane Cuennet et Philippe Schär

10 la menace des murs de soutènement en l Erdjan Opan, Roman Ryser, Frédéric Mayoraz et Yann Smith

16 approche risque et priorisation Frédéric Mayoraz, Erdjan Opan et Roman Ryser

20 retours d’expérience à partir d’exemples réalisés par l’ofrou

Frédéric Mayoraz, Erdjan Opan et Philippe Schär

aTelier d’urbanisme eT d’arcHiTecTure (aua)

24 l’idéalisme pragmatique de l’aua – le cas de la VilleneuVe

Christophe Catsaros

28 le projet urbain de l’aua : un espace pour rendre possible

Entretien avec Jean-Louis Violeau

Schindler 3300.Notre ascenseur le plus vendu, désormaissans superstructure de toiture.Dorénavant, le modèle à succès Schindler 3300 est disponible avec une hauteur de

gaine de seulement 2,40 mètres – un record! Sa construction compacte laisse plus de

place à vos idées. Imaginez des toits plats, à une ou deux pentes sans superstructure

de toiture et planifiez-les en toute liberté. Sur planungsnavigator.ch/fr, configurez

votre ascenseur en toute simplicité, à l‘aide de notre navigateur de planification primé.

Un détail de moinsà examiner à la loupe.Avec le Schindler 3300, plus besoin de planifi er une superstructure de toiture.

Inserate_Lupe_220x300_RA_f.indd 1 01.09.15 17:28Unbenannt-1 1 09.09.15 11:12

29

FASA-03-15.eps

5 Tracés 21/2015

l est superflu de vouloir démontrer les avantages pour un pays de disposer d’infrastructures de transport perfor-mantes. Riche d’un très dense patrimoine de réseaux rou-tiers et ferroviaires, la Suisse se doit d’anticiper les actions nécessaires à son entretien. Il s’agit là d’un travail de longue haleine qui exige des moyens financiers importants, dont la répartition est au centre des discussions entre les défenseurs de la route et ceux du rail. Ce gigantesque et permanent chantier engendre par ailleurs des gênes pour les usagers que ces derniers sont toujours moins enclins à accepter. Ces soucis réels de financement et de disponibilité des réseaux ne peuvent toutefois pas aller jusqu’à remettre en question un élément central : leur sécurité.

Malheureusement pour les responsables de l’entretien, il est souvent délicat d’évaluer rationnellement le risque pour la sécurité des usagers d’une non-intervention sur un ouvrage. A l’opposé, l’application systématique du principe de précaution engendrerait une multiplication des interventions, des dépenses pha-raoniques, tout en ayant des conséquences néfastes pour les usagers des réseaux. Le choix des ouvrages à renforcer préventivement relève donc d’un calcul stratégique qui, compte tenu des enjeux, peut devenir polémique.

C’est bien cette difficulté de « faire la part des choses » qui est au cœur du présent dossier, préparé avec l’Office fédéral des routes (OFROU), consacré aux murs de soutènement non ancrés de la filiale d’Estavayer1. En raison de sa topographie, notre pays possède une quantité inestimable d’ouvrages de soutènement, qui sont tous des cas particuliers. Impossible dès lors d’envisager une évaluation exhaustive de l’état de chaque ouvrage, d’autant plus que cet état ne peut être véritablement estimé qu’avec des méthodes d’investigation relativement lourdes, donc coûteuses et encombrantes. La situation devient plus délicate encore lorsque plusieurs inves-tigations effectuées sur des ouvrages existants révèlent des dégradations récur-rentes qui mettent en cause leur fonctionnement statique : il n’est plus possible de les ignorer et il devient nécessaire d’agir rapidement.

A cet égard, le travail entrepris par l’OFROU doit être salué. On attend avec impa-tience les résultats des recherches complémentaires qui vont être menées à son instigation. Dans cette attente, la méthode basée sur l’évaluation du risque pré-sentée dans ce dossier semble raisonnable. Si elle paraîtra trop prudente aux yeux de certains, il faut espérer que l’avenir leur donnera raison et qu’aucun incident fâcheux ne sera à déplorer. Ce qui ne donnerait pas pour autant tort à ceux qui ont pris la décision de l’appliquer, puisqu’on ne saura jamais ce qu’il serait advenu si rien n’avait été entrepris.

Jacques Perret

Le risqUe de non-intervention

édiTorial

1 Un dossier similaire consacré aux murs ancrés avait été publié en collaboration avec le Service des routes du Canton de Vaud en 2006 (lire TRaCéS 08/2006).

génie civil6 Tracés 21/2015

1

Vulnérabilité potentielle des

ouVrages de soutènement

elément essentiel pour la planification de leur entretien, l’évaluation de l’état réel des ouvrages de soutènement

est l’objet de nombreuses réflexions au sein de l’ofrou. aperçu du programme mis en place.

Stéphane Cuennet et Philippe Schär

murs de soutènement 7 Tracés 21/2015

1

d e par la topographie variée du réseau des voies de communication de notre pays, les ouvrages de soutènement constituent une partie importante

des ouvrages d’art de Suisse. Concernant le réseau des routes nationales, la base de données des ouvrages d’art KUBA-DB1 recense, à ce jour, environ 2500 ouvrages de soutènement pour une surface totale d’environ 600 000 m2. Pour cette raison, la maintenance de ces éléments de l’infrastructure joue un rôle considérable pour l’Office fédéral des routes (OFROU).

Une menace latente à long termeContrairement aux ponts qui sont bien documentés, la

documentation des ouvrages de soutènement du siècle passé est généralement lacunaire au niveau des bases géotechniques, des calculs statiques et des dossiers conformes à l’exécution. Ce constat est problématique pour la maintenance de ces structures : en raison du manque de visibilité, il n’est pas possible d’acquérir des informations complètes sur les éléments statiquement pertinents. De ce fait, l’évaluation du degré de confor-mité structural est rendue difficile.

A l’instar des autres ouvrages d’art, les murs de soutè-nement font l’objet d’une surveillance régulière et d’une inspection principale quinquennale gérée par les filiales de l’OFROU. Conformément à la norme SIA 469, l’ins-pection se fait de manière visuelle, avec des moyens simples. L’expérience acquise ces dernières années par l’OFROU a toutefois montré qu’un contrôle visuel des murs peut donner l’illusion que tout est en ordre alors qu’un processus de dégradation sournois opère discrè-tement. Ces dégradations concernent aussi bien les ouvrages de soutènement ancrés que non ancrés.

Pour les ouvrages ancrés, une étude menée de 2003 à 2007 sur l’A9 entre Lausanne-Vennes et Villeneuve a mis au jour des dégradations inquiétantes de certains tirants d’ancrages. Du fait de la génération des tirants mis en place, il existe en effet un risque important de corrosion des torons sous tension, surtout à proximité de la tête. Ce type de dégâts peut, à terme, conduire à une rupture partielle ou totale d’un ouvrage. Les résultats de cette étude ont amené l’OFROU à intégrer dans sa directive « Tirants d’ancrages »2 une méthode multicritère d’ana-lyse de risques pour ces objets (lire encadré p. 18).

Pour les murs non ancrés, la problématique a été mise à jour pour la première fois en juillet 2007 lors

d’investigations à l’arrière de murs en L situés le long de la route nationale A5 entre La Neuveville et Bienne. Des sondages ont montré une importante corrosion de l’armature principale de flexion concentrée en pied de mur. Cette découverte a engendré la mise en œuvre de mesures d’urgence pour garantir la sécurité des usagers des CFF circulant en contrebas des murs et ceux de la route nationale circulant en amont. A partir de 2008, des investigations similaires entreprises pour les murs de soutènement le long de la route nationale A9 entre Vennes et Villeneuve ont montré le même type de dégâts spécifiques et récurrents.

En mars 2012, un effondrement brutal d’un mur de soutènement s’est produit en Autriche (fig. 2). Cette rupture a été induite par le cumul de plusieurs causes, dont une présence de corrosion – non prépondérante dans ce cas. En l’état actuel de nos connaissances, le mécanisme de ruine constaté s’apparente à ce qui pour-rait se produire en cas d’une perte critique de section d’armature en pied de paroi.

Actuellement, la corrosion n’est pas répartie de manière homogène le long d’un ouvrage. Cet aspect offre un délai suffisant pour analyser les ouvrages à risque et prendre des mesures le cas échéant. Cependant, le processus de dégradation en cours sur certains ouvrages évolue inexorablement et constitue donc une menace latente. Il s’agit de les détecter rapidement pour ne pas être confronté à une dégradation trop importante dans le futur.

Adoption d’une stratégie préventive L’objectif prioritaire de l’OFROU est d’agir de façon

réfléchie avant le déclenchement d’un éventuel sinistre. A cet effet, sur la base des constats décrits ci-dessus et d’une analyse « risque et priorisation », l’OFROU a engagé dès 2010 des mesures d’interventions ciblées, pour un montant d’environ 150 millions de francs sur une période de cinq ans, gérées par sa filiale d’Estavayer-le-Lac. Ceci a été entrepris dans le but de garantir durablement la sécu-rité des usagers et la disponibilité des routes nationales A5 entre La Neuveville et Bienne et A9 entre Vennes et Villeneuve. En parallèle, la stratégie suivante est adoptée :- Maîtriser le patrimoine et la substance (inventaire

exhaustif, adaptation de la base de données KUBA-DB).- Prioriser les ouvrages de soutènements en relation avec

le concept de gestion des risques global de l’OFROU (matrice de risques).

- Evaluer l’état, investiguer proportionnellement à la priorisation.

1 Renforcement d’un mur aval de l’auto-route A9 à proximité de Chexbres

1 KUBA-DB : base de données permettant la saisie de données sur la substance d’ouvrages d’art, sur leurs inspections et interventions de conservation.

2 Directive OFROU 12005 « Tirants d’ancrages », édition 2007

génie civil8 Tracés 21/2015

besoins de recHercHe

Faisant suite aux résultats de l’étude pilote sur les murs en L, le groupe de travail de recherche en matière de ponts (AGB) a évalué les besoins de recherche en relation avec la maintenance des murs de soutènement. Il a abouti à la définition de trois thèmes centraux de recherche, qui ont fait ensuite l’objet d’une procédure spéciale de demandes de projets de recherche de la part de l’AGB publiée sur Internet.

Thème 1 : risques potentiels des murs de soutè-nement existantsCe projet de recherche devra identifier aussi bien les points faibles des différents types de murs de soutènement que les risques géotechniques spécifiques nécessitant un examen approfondi et permettant une priorisation dans le cadre du relevé de l’état et de la maintenance, pour garan-tir l’utilisation efficace des ressources budgé-taires disponibles. Le travail de recherche devra faire référence aux murs de soutènement béton à semelles, aux murs de soutènement ancrés ainsi qu’aux murs de soutènement de type poids, qui à priori pourraient être considérés plus robustes. De même, il faudra traiter les murs de revêtement, qui n’ont en principe pas de fonction porteuse mais peuvent tout de même mettre en danger les voies de communication.

Thème 2 : comportement à la rupture des murs de soutènement béton à semellesCe projet de recherche devra répondre à la ques-tion fondamentale du comportement structural incluant les déformations à la rupture. Il devra en conséquence, sur la base de modèles théoriques fondamentaux, déterminer si une défaillance peut se dérouler avec ou sans signes annonciateurs et si elle risque d’aboutir à une défaillance locale ou générale. Ce projet devra également définir dans quelle mesure des redistributions de sollicitations et une robustesse de la structure porteuse peuvent être admises. Différentes hypothèses et méca-nismes plausibles de défaillance induite par les défauts fréquemment rencontrés seront analysés. D’éventuelles possibilités d’améliorer de manière significative le comportement à la rupture et la capacité de déformation des murs de soutènement béton à semelles seront proposées. Ces améliora-tions pourront s’obtenir au moyen d’une remise en état ou d’une modification de la structure porteuse.

Thème 3 : techniques de mesures de surveillance des murs de soutènement non ancrésLe but de ce travail de recherche sera de définir une ou des techniques de mesures de surveil-lance instrumentées spécifiques aux murs de soutènement non ancrés. Le système proposé

devra être en mesure de détecter les anomalies du comportement du parement du mur. Cette recherche devra plus spécifiquement développer les aspects de dispositifs de mesures automa-tiques couplés avec un système d’alarme. L’étude devra considérer tous les facteurs influençant une variation du déplacement du parement en tête pendant l’exploitation. En fonction de différentes typologies de murs de soutènement, des plans de surveillance standards avec des indications sur le type d’équipement adéquat, de sa disposition et de sa densité seront développés. La forme et les moyens de transmission des données seront également traités.

Dr Manuel alvarez, ingénieur civil EPFZ, responsable des ouvrages d’art à la division Réseaux routiers de l’OFROU / centrale d’Ittigen et président de l’aGB

adapTaTion des sTandards oFrou

Les expériences faites à ce jour permettront d’abou-tir à une méthodologie de traitement harmonisée au niveau de l’OFROU. Les outils suivants permettront d’assurer le traitement de ces problèmes :- Adaptation du logiciel KUBA-DB par l’intégration

d’un standard d’ampleur ainsi qu’une priorisation des interventions.

- Elaboration d’une fiche technique spécifique à la maintenance des murs en L dans le manuel technique « Tunnel/Géotechique »

Des rapports « Etudes et travaux 2006 – 2013 – rétrospective et expériences » et « Evaluation de l’état des murs de soutènement béton à semelles - Etude pilote - Rapport de synthèse des phases 1 et 2 » établis par GUMA seront joints en annexe à la fiche technique de manière à transmettre une information complète sur toute l’expérience acquise.Ces documents seront mis à disposition librement sur le site Internet de l’OFROU : www.astra.admin.ch dans le courant de l’année 2016.

2 Effondrement du mur de soutènement Schönberg en Autriche, 20.03.2012

(Sauf mention, tous les documents illustrant cet article ont été fournis par les auteurs.)

2

murs de soutènement 9 Tracés 21/2015

- Intervenir selon les objectifs généraux pour l’utilisation et les prescriptions définies dans la convention d’utilisa-tion spécifique à chaque projet.Durant l’élaboration de ces nombreux projets de

renforcements, des points particuliers de conception et de réalisation ont été étudiés en détail et harmonisés (lire article p. 20). En parallèle, une étude pilote réalisée en deux phases, entre 2012 et 2014, a été entreprise afin de répondre à des objectifs prioritaires définis paritai-rement (lire article p. 10). Finalement, trois thèmes centraux de recherche ont été identifiés (voir encadré p. 8).

L’objectif des articles qui suivent est de présenter la stratégie adoptée entre 2009 et 2014 pour l’examen et les interventions de maintenance des ouvrages de soutè-nement des routes nationales A5, A9 et A16 de la filiale 1 de l’OFROU.

Stéphane Cuennet, ingénieur civil HES, spécialiste ouvrages d’art à la division Infrastructure Ouest de l’OFROU / centrale d’Ittigen.Philippe Schär, ingénieur civil EPFL, chef de projet à la division Infrastructure Ouest de l’OFROU / filiale d’Estavayer-le-Lac.

inTervenanTs

Maître d’ouvrage : OFROU, filiale Estavayer-le-Lac

Mandataires : GUMA - Groupement Murs et Ancrages compre-nant les bureaux partenaires :- De Cérenvile Géotechnique SA, à Ecublens- Norbert SA Géologues-Conseils, à Lausanne- OPAN concept SA, à Neuchâtel

En plus des partenaires de GUMA, le Groupe de travail « Evaluation de l’état des murs de soutè-nement » comprenait aussi :- le bureau Dr Vollenweider AG, à Zurich- la société suisse de protection contre la corro-

sion (SGK), à Zurich- le laboratoire TFB, à Widegg- AGB (groupe de travail de recherche en

matière de ponts) pour l’accompagnement

génie civil10 Tracés 21/2015

l’ évaluation de l’état d’un mur de soutènement en béton armé à semelles (appelé mur en L) est délicate, car l’inspection visuelle principale,

à réaliser tous les cinq ans selon la directive OFROU 12002 Surveillance et entretien des ouvrages d’art des routes nationales, ne renseigne pas complètement sur le véritable état de l’ouvrage.

Afin de connaître l’état réel de certains murs sur les A5, A9 et A16, d’importants travaux d’investigations destructifs (carottages, puits amont avec dégagement d’armature, hydrodémolition, etc.) ont été menés sur une cinquantaine de murs entre 2007 et 2012. Ces investiga-tions ont confirmé le danger de ruine soudaine des murs en L en raison des pertes de section par corrosion de l’armature principale, pertes concentrées au droit de la reprise de bétonnage parement-semelle (fig. 2). A noter qu’aucun signe de corrosion (trace de rouille, éclatement du béton) sur le parement côté terre n’a été constaté et seule la mise à nu des armatures par piquage ou hydro-démolition a permis de mettre en évidence les pertes de section. Les résultats obtenus ont également montré que la corrosion peut être présente sans chlorures. Dès lors, tous les murs de ce type, présentant un mauvais béton d’enrobage en pied, peuvent être victime d’une corrosion ponctuelle de l’armature principale au droit de la reprise de bétonnage parement-semelle, ce qui réduit fortement leur sécurité structurale.

Pertes de section dans une zone très critiqueTous les dégâts mis en évidence par des investigations

destructives (en particulier la corrosion avec perte de

section des armatures) se situent dans des zones où le béton d’enrobage présente des défauts locaux tels que nids de graviers ou porosité très élevée, qui se combinent parfois avec un enrobage insuffisant au joint semelle-pare-ment (voir encadré ci-contre). Dans un mur en L, celui-ci est un élément critique dans lequel se superposent des difficultés d’exécution (ségrégation du béton, vibration insuffisante, perte de laitances en fond de coffrage) et des exigences statiques élevées, puisque cette zone est la plus sollicitée d’une structure qui fonctionne de façon isosta-tique. De plus, la présence de nombreux joints de dilata-tion ne permet pas d’assurer, en cas de perte de résistance de l’armature principale, une redistribution des efforts menant à des déplacements importants qui révéleraient le comportement anormal du mur.

De manière générale, le front de carbonatation n’est pas profond dans cette zone critique et aucune substance favorisant la corrosion n’y a été trouvée ni dans le béton, ni dans le sol. La corrosion est uniquement due à un béton poreux et éventuellement à une épaisseur d’enro-bage trop faible des barres. Des dégâts liés à un enro-bage insuffisant ont aussi été constatés sur la semelle de certains ouvrages.

Des statistiques ont été établies à partir de neuf campagnes d’investigations réalisées entre 2007 et 2012 (A5, A9, A16 et H10-NE) au cours desquelles un total de 1281 barres d’armature réparties sur 259 panneaux de 56 murs ont été investiguées. Les statistiques intègrent les éléments suivants :- pourcentage de perte de section,- état du béton,

la menace des murs de soutènement en l

les inspections visuelles étant insuffisantes pour évaluer l’état réel des murs en l, l’ofrou leur a consacré

une étude pilote.

Erdjan Opan, Roman Ryser, Frédéric Mayoraz et Yann Smith

murs de soutènement 11 Tracés 21/2015

Type de rupTure des ouvrages de souTènemenT non ancrés

Selon les conclusions du rapport « Gefährdung von Winkestützmauern durch Korrosion, Untersuchung des Bruchverhaltens », le méca-nisme de rupture étudié en cas de perte de sec-tion de l’armature principale est de type non duc-tile. Cela vaut également pour les murs ayant une armature relativement ductile (par exemple Acier I ou Acier IIb). Les murs ayant une armature moins ductile (en particulier Acier IIIB et S 500b) sont encore plus critiques.Des déplacements mesurables apparaissent seu-lement à partir du moment où les pertes de sec-tion sont si importantes que le degré de confor-mité « n » selon la norme SIA 269 Maintenance des structures porteuses est largement en-dessous de l’unité.

Du fait que le déplacement horizontal maximal de la tête de mur avant rupture est faible (de l’ordre de 0,1 à 0,2 % de la hauteur du mur), un suivi géométrique périodique du déplacement de la tête de mur ne permet vraisemblablement pas de détecter avec suffisamment de fiabilité un état critique du mur. De même, un système de mesures avec des appareils sensibles (tel que cli-nomètre) ne permet un contrôle fiable que dans de rares cas.Bien que des murs ne présentent aucun dépla-cement en tête, ils peuvent avoir de telles pertes de section qu’un cas de charge accidentel (par exemple poussée hydrostatique due à un dys-fonctionnement du drainage) peut induire un effondrement quasi soudain de l’ouvrage.

D’éventuelles réserves de sécurité en raison de l’utilisation d’anciennes normes ou d’un surdimen-sionnement induisent uniquement un report dans le temps du risque de rupture et non une possible modification du mode rupture (le mode de rupture reste non ductile).Une liaison entre panneaux (goujons ou joint à enture simple ou double) amène à priori à un report dans le temps de la rupture, cependant cela induit probablement une rupture non pas d’un panneau mais de plusieurs.

Source Dr Vollenweider SA

génie civil12 Tracés 21/2015

- forme de la perte de section,- année de construction,- position de l’investigation,- présence de chlorures,- enrobage des barres,- position du mur par rapport à l’autoroute ou autre

(amont / aval),- localisation du mur,- présence d’une cravate.

La carbonatation, qui n’est en général pas critique, et l’état du drainage, qui ne fonctionne plus correctement (détérioré ou bouché) dans la plupart des cas, n’ont en revanche pas été analysés.

Selon la statistique, 24 % des barres investiguées présentent de la corrosion avec pertes de section. La perte de section moyenne des barres corrodées est de 37 %, celle de toutes les barres étant de 9 % (fig. 1).

Etude pilote sur les murs en LPour répondre à la problématique des murs en L,

l’ Office fédéral des routes (OFROU) a défini, en colla-boration avec le groupe de travail recherche en matière de ponts (AGB), une série d’objectifs d’étude pour mieux cerner le processus de détérioration des murs de soutè-nement béton armé en L et mieux comprendre leurs comportements à la rupture. Parallèlement, afin d’éva-luer l’état global des ouvrages, des recherches ont été faites pour développer des méthodes d’investigations alternatives aux méthodes ponctuelles et destructives (voir encadré 1) qui soient peu ou pas destructives, rapides, uniformes et peu coûteuses.

Ces objectifs ont fait l’objet d’une étude pilote menée entre 2012 et 2014, dont les principales conclusions sont :

1

2

1 Synthèse des statistiques liées à la corrosion des armatures

2 Armature principale avec perte de sec-tion, localisation de l’armature principale d’un mur en L

3 Carottages Ø 300 mm depuis l’aval de l’ouvrage avec pré-fouille

4 Puits amont avec dégagement d’armature5 Hydrodémolition depuis l’aval de

l’ouvrage avec pré-fouille

murs de soutènement 13 Tracés 21/2015

invesTigaTions sur les murs de souTènemenT

Les investigations doivent impérativement accéder aux armatures principales situées à la reprise de bétonnage mur-semelles, faute de quoi elles sont inutiles, voire trompeuses. Selon les expériences réalisées, la densité (type et nombre) d’investiga-tion à réaliser sur un ouvrage doit être définie en tenant compte des conséquences de la ruine d’un mur : plus ces conséquences sont importantes, plus la densité d’investigation sera élevée.Les méthodes d’investigations destructives sui-vantes ont été appliquées :- Carottages Ø 300 mm depuis l’aval de l’ouvrage

avec pré-fouille (fig. 1)- Puits amont avec dégagement d‘armature (fig. 2)- Hydrodémolition depuis l’aval de l’ouvrage avec

pré-fouille (fig. 3)Si ces investigations permettent d’accéder aux armatures principales au joint parement-semelle,

elles sont difficiles à mettre en œuvre et oné-reuses. En parallèle, les connexions par goujon entre panneaux de murs ont été investigués pour confirmer leur type et leur état. Finalement, au droit du joint parement-semelle, divers essais de laboratoire ont été réalisés (teneur en chlorures, enrobage des barres, profondeur de carbonata-tion du béton).Le coût total de 2,5 million de francs donne une idée de l’ampleur des investigations menées sur les 36 murs en 2010 (env. 500 francs par mètre linéaire de mur). Il est important d’insister sur la qualité de la traçabilité et de la documentation liées à ces investigations. De nombreux formu-laires ont été créés pour l’occasion.Sur la base des investigations menées en 2010 pour des travaux anticipés 2010-2011 des ouvrages de type murs-semelles sur l’A9, une

méthodologie a été appliquée par la filiale de l’OFROU d’Estavayer pour définir si un ouvrage devait faire l’objet de travaux de renforcement en mesures anticipées ou non.Deux critères discriminants (le non-respect d’un seul de ces critères implique de renforcer le mur) ont été retenus :- La perte de section des armatures principales

au droit du joint semelle-parement est-elle supérieure à 15 % ?

- Le degré de conformité « n » de la résistance interne initiale (sans dégâts) est-il inférieur à 0,8 ?

28 des 36 murs analysés nécessitaient un renfor-cement en mesures anticipées.

3

4

5

génie civil14 Tracés 21/2015

- La corrosion constatée à la reprise de bétonnage à l’angle parement-semelle est due à un enrobage des barres par un béton poreux (nid de gravier) qui n’assure pas une protection alcaline des barres. Dès lors, une corrosion électrochimique par macroélément se met en place. Elle est localisée au droit de la reprise de bétonnage pare-ment-semelle. Il est important de noter que ni les chlo-rures, ni la carbonatation du béton, ni la chimie du sol ne sont la cause initiale de cette corrosion. Selon le type de corrosion, sa vitesse de propagation dépend de beaucoup de variables locales. Avant d’aller plus loin, il a été jugé prioritaire de définir une méthode d’évaluation fiable et représentative de l’état réel des ouvrages avant de pour-suivre les recherches sur la vitesse de corrosion.

- Une analyse exhaustive, à échelle réelle sur un ouvrage test, des méthodes peu destructives disponibles sur le marché a été effectuée. Le résultat de cette analyse a mis en évidence une seule méthode prometteuse : les mesures de potentiel ponctuelles associées aux mesures par impulsion galvanostatique. Cependant, cette méthode, appliquée sur trois ouvrages tests de l’A9 en 2013 ne s’est pas révélée concluante : elle n’est actuellement pas suffisamment fiable pour déterminer la présence de corrosion et, de plus, ne permet pas de déterminer les pertes absolues de section d’armature.

- La rupture des ouvrages de soutènement soumis à une dégradation par perte de section de l’armature est à considérer comme non ductile (plastification de l’arma-ture sur une zone très localisée due à une perte ponc-tuelle de section et système isostatique ne permettant pas de redistribuer les efforts). Les ouvrages avec des contreforts sont, à ce stade de connaissance, à consi-dérer de façon analogue à des murs sans contreforts.L’objectif de trouver un moyen d’investigation peu

destructif et moins ponctuel n’ayant pas pu être atteint, le relevé de l’état doit être poursuivi avec des méthodes d’investigations ponctuelles et invasives qui respectent la directive OFROU 12002 Surveillance et entretien des ouvrages d’art des routes nationales.

Erdjan Opan, ing civil dipl EPFZ, maîtrise en génie urbain EPFL. chef de projet et directeur, GUMa – OPaN concept Sa.Roman Ryser, ingénieur civil HES, chef de projet adjoint, GUMa – OPaN concept Sa.Frédéric Mayoraz, ing civil dipl EPFL, dr es sc, tech. chef de projet, GUMa - De Cérenville Géotechnique Sa.Yann Smith, ingénieur civil EPFZ, postgrade en géologie appliquée EPFL, ingénieur projet, GUMa - OPaN concept Sa.

6

6 Renforcement de murs sur l’A9 (photo Groupe Zuttion)

(Sauf mention, tous les documents illustrant cet article ont été fournis par les auteurs.)

génie civil16 Tracés 21/2015

l es ouvrages de soutènement construits ces dernières décennies le long des infrastructures de transport se caractérisent par leur grand

nombre, leur grande variété de dimensions et de types et la difficulté d’évaluer leur état. A titre d’exemple, rien que le long de l’A9 entre Lausanne et Villeneuve, quelque 300 murs pouvant menacer les biens et les personnes ont été recensés par l’Office fédéral des routes (OFROU) dans le cadre d’un inventaire (avec évaluation de l’état) effectué en 2009. Le recensement ne s’est pas limité aux murs appar-tenant à l’OFROU, mais incluait tous les soutènements présentant un danger potentiel pour les routes nationales : seule cette approche permet d’évaluer correctement l’en-semble des risques des murs sur la disponibilité de la route.

Sur le tronçon de l’A9 allant de Lausanne à Villeneuve, deux types de murs ont majoritairement été recensés : les murs de soutènements en béton armé à semelle – ou murs en L – et les murs ancrés.

Pour ces deux types de construction, très répandus le long des infrastructures construites après les années 1950, une simple inspection visuelle ne suffit pas à évaluer leur état, puisque les éléments essentiels à leur stabilité et leur sécurité ne sont souvent ni accessibles ni visibles. Par éléments essentiels, il s’agit principalement des tirants d’ancrages pour les murs ancrés, ainsi que des armatures garantes de la sécurité structurale (au pied du parement, dans le béton et contre terre) et du béton dans les zones les plus sollicitées des murs en L.

Pour les murs ancrés, les investigations se concentrent essentiellement sur les tirants, qui doivent être testés par une mise en tension. La difficulté de localisation de

ces tirants et d’accessibilité des têtes ainsi que leurs types (par exemple tirant à adhérence totale) font que les inves-tigations ne sont pas toujours opportunes.

Problématique et incertitudesPour les murs en L, qui fonctionnent selon un système

isostatique, aucun signe avant-coureur n’est visible (trace de rouille, éclatement du béton) sur le parement côté terre et seule la mise à nu des armatures par piquage ou hydro-démolition a permis de constater les pertes de section (lire article p. 12). Seules des investigations ponctuelles nécessitant de grands moyens financiers et logistiques permettent à ce jour d’évaluer l’état de l’ouvrage. En effet, au stade actuel des connaissances, seules des investiga-tions destructives, coûteuses et ponctuelles permettent d’évaluer l’état. De plus, le caractère ponctuel de ces investigations nécessite encore une extrapolation des résultats sur la globalité de l’ouvrage qui présente, elle aussi, un important risque d’erreur.

Enfin, une éventuelle vérification par calcul est égale-ment sujette à de grandes incertitudes liées aux carac-téristiques (géométrie, taux d’armature, type de tirant, etc.) de l’ouvrage dû généralement à l’absence de plan conforme et aux hypothèses de calcul liés à la géologie/géotechnique (sondages). Là aussi, seules des investiga-tions complémentaires coûteuses et destructives pour définir la substance de l’ouvrage et du terrain environnant permettraient de lever les incertitudes pour obtenir des aides à la décision fiables.

Ces incertitudes sur l’état de l’ouvrage et les actions effectives rendent le recours à une analyse de risques

approche risque et priorisation

compte tenu de la variété et du nombre d’ouvrages de soutènement, l’ofrou a défini une stratégie basée

sur l’analyse des risques pour prioriser les interventions.

Erdjan Opan, Frédéric Mayoraz et Roman Ryser

murs de soutènement 17 Tracés 21/2015

incontournable. En effet, celle-ci permet de systématiser l’approche de l’ingénieur, prioriser les actions à entre-prendre, attribuer au mieux les investissements et gérer ainsi le patrimoine des ouvrages de soutènement de manière efficiente.

Analyse de risque et priorisationAfin de s’inscrire dans une démarche cohérente face aux

autres risques menaçant les routes nationales, l’OFROU et le groupement d’ingénieurs GUMA se sont basés sur la documentation 89003 de l’OFROU Gestion des risque OFROU – Synthèse du concept de base. Celle-ci permet également d’harmoniser l’approche pour les deux para-mètres clés d’une analyse de risque : la fréquence probable de la ruine et sa conséquence (son ampleur selon la docu-mentation OFROU) sur la disponibilité de l’autoroute.

En admettant une ruine totale de l’ouvrage, l’ampleur des dégâts liés à cette ruine peut être définie de manière déterministe et s’inscrire ainsi dans la partie horizontale de la matrice OFROU (fig. 1). Afin de simplifier la clas-sification, trois standards d’ampleur ont été définis pour les murs :1. Maximal : entrave du trafic de la route nationale et des

infrastructures ferroviaires voisines de longue durée.2. Normal : entrave du trafic de la route nationale et des

infrastructures ferroviaires de courte durée. Entrave des infrastructures routières voisines de type RC ou route de largeur min. 6,00 de longue durée.

3. Minimal : pas d’entrave du trafic de la route nationale et des infrastructures ferroviaires voisines. Entrave du trafic des infrastructures routières voisines de type

route cantonale ou routes de largeur min. 6,00 de courte durée.De plus, les murs de peu d’importance (d’une hauteur

inférieure à 1,5 m dont la ruine serait sans conséquence sur la route nationale) ont été écartés et donc non traités dans l’analyse de risque. La correspondance entre les trois standards d’ampleur définis pour les murs et les catégo-ries d’ampleur de la matrice de risque de l’OFROU est visible sur la figure 1.

Un document permettant de définir précisément le standard d’ampleur d’un mur a été élaboré par l’OFROU avec l’appui du groupement d’ingénieurs GUMA (fig. 3). La pertinence de cette approche par standard d’ampleur a été légitimée par les responsables de la gestion du patri-moine de l’OFROU. Elle s’est traduite par l’ajout, en 2015, dans la base de données permettant la saisie de données sur la substance d’ouvrages d’art, leurs inspections et les interventions de conservation (KUBA), d’un champ permettant de renseigner ce standard. A terme, l’objectif est de compléter KUBA avec tous les murs de soutène-ment, en y incluant le standard d’ampleur. Une première priorisation pourra dès lors être faite automatiquement. Une analyse par un ingénieur y ajoutant des critères comme la hauteur du mur, le trafic journalier moyen, les conditions hydrogéologiques, le degré d’obstruction de la route, etc., permettrait d’atteindre, si nécessaire, un 2e niveau de priorisation.

En ce qui concerne la fréquence, les murs ancrés et les murs en L ont été jugés à haut potentiel de dégradation et ainsi classifiés un peu plus haut dans l’échelle « catégorie de fréquence » de la matrice OFROU que les autres murs

1

Matrice des risques pour les murs de soutènement

1 Matrice de risque OFROU avec domaine de risque des murs de soutènement

Minimal

Normal

Maximal St

anda

rd

d’am

pleu

r

Autres murs

Domaine blanc : Scénarios qui ne requièrent pas de mesures impératives.

Domaine rouge : Scénarios qui requièrent une étude approfondie.

Domaine orange : Scénarios qui impliquent une décision au cas par cas si des mesures complémentaires visant à réduire les risques sont indiquées.

Légende

Murs à haut potentiel de dégradation et à type de rupture fragile. Remarques : - Ce critère peut augmenter la catégorie d’ampleur - Préjudice d’image?

Zone de risques de tous les murs de soutènement

Zone de risques prioritaires Murs à haut potentiel de dégradation avec standard d’ampleur «Maximal»

Minimal

Normal

Maximal St

anda

rd

d’am

pleu

r

Autres murs

Domaine blanc : Scénarios qui ne requièrent pas de mesures impératives.

Domaine rouge : Scénarios qui requièrent une étude approfondie.

Domaine orange : Scénarios qui impliquent une décision au cas par cas si des mesures complémentaires visant à réduire les risques sont indiquées.

Légende

Murs à haut potentiel de dégradation et à type de rupture fragile. Remarques : - Ce critère peut augmenter la catégorie d’ampleur - Préjudice d’image?

Zone de risques de tous les murs de soutènement

Zone de risques prioritaires Murs à haut potentiel de dégradation avec standard d’ampleur «Maximal»

Minimal

Normal

Maximal

Stan

dard

d’

ampl

eur

Autres murs

Domaine blanc : Scénarios qui ne requièrent pas de mesures impératives.

Domaine rouge : Scénarios qui requièrent une étude approfondie.

Domaine orange : Scénarios qui impliquent une décision au cas par cas si des mesures complémentaires visant à réduire les risques sont indiquées.

Légende

Murs à haut potentiel de dégradation et à type de rupture fragile. Remarques : - Ce critère peut augmenter la catégorie d’ampleur - Préjudice d’image?

Zone de risques de tous les murs de soutènement

Zone de risques prioritaires Murs à haut potentiel de dégradation avec standard d’ampleur «Maximal»

Minimal

Normal

Maximal

Stan

dard

d’

ampl

eur

Autres murs

Domaine blanc : Scénarios qui ne requièrent pas de mesures impératives.

Domaine rouge : Scénarios qui requièrent une étude approfondie.

Domaine orange : Scénarios qui impliquent une décision au cas par cas si des mesures complémentaires visant à réduire les risques sont indiquées.

Légende

Murs à haut potentiel de dégradation et à type de rupture fragile. Remarques : - Ce critère peut augmenter la catégorie d’ampleur - Préjudice d’image?

Zone de risques de tous les murs de soutènement

Zone de risques prioritaires Murs à haut potentiel de dégradation avec standard d’ampleur «Maximal»

génie civil18 Tracés 21/2015

(murs en maçonnerie, murs poids, etc.). La catégorie de fréquence à moyen terme pour ces deux types de murs a été estimée de IV à VI. Ceci devra encore être confirmé par les recherches futures (voir encadré p. 8).

En se concentrant sur les murs de standard maximum et la catégorie de fréquence admise, on réalise que l’on agit dans la zone de risque classée orange à rouge (fig. 2) selon la documentation OFROU précitée et que l’on se trouve donc entre des domaines de risque nécessitant une discussion sur l’opportunité d’agir ou l’obligation de réaliser une étude approfondie.

Application concrètePour en revenir à l’exemple de l’A9, l’ensemble des 208

murs non ancrés a été classifié selon les trois standards d’ampleur (voir encadré ci-contre). La priorité s’est logiquement fixée sur les murs de standard d’ampleur maximum (menace directe sur les voies de circulation des routes nationale ou des infrastructures ferroviaires). Parmi les 208 ouvrages initialement identifiés, 61 ont été ainsi sélectionnés en première priorité. Sur ces 61 murs, 38 ont été renforcés de manière anticipée sans inves-tigations préalables, afin de réduire le plus rapidement possible les risques sur ce tronçon très fréquenté (trafic journalier moyen (TJM) 40 000 à 60 000). Les 23 autres ont été investigués en 2010 par des méthodes destruc-tives (voir article p. 13). Le résultat de ces investigations a permis de déterminer que seuls quatre d’entre eux ne nécessitaient pas d’intervention anticipée. Ils retombent de ce fait dans les ouvrages à intégrer dans les prochains UPlaNS.

Beaucoup de travail en perspectiveIndépendamment des avancées de la recherche, beau-

coup d’inconnues demeurent et le nombre des ouvrages à analyser au niveau national est énorme. Ainsi, le recours à l’analyse de risque restera de mise. Néanmoins les futures recherches lancées par le groupe de travail recherche en matière de ponts (AGB) ou d’autres avancées en termes d’évaluation de l’état permettront de mieux quantifier les fréquences et l’ampleur d’une ruine par type de mur. Ceci permettra une priorisation plus fine et ainsi un investisse-ment optimisé des moyens financiers.

Erdjan Opan, ing civil dipl EPFZ, maîtrise en génie urbain EPFL. chef de projet et directeur, GUMa – OPaN concept Sa.Frédéric Mayoraz, ing civil dipl EPFL, dr es sc, tech. chef de projet, GUMa - De Cérenville Géotechnique Sa. Roman Ryser, ingénieur civil HES, chef de projet adjoint, GUMa – OPaN concept Sa.

analyse de risques selon la direcTive oFrou « TiranTs d’ancrages » 2007

Les travaux pilotes menés pour l’évaluation de l’état des ouvrages ancrés entre 2003 et 2006 sur l’A9 entre Lausanne-Vennes et Villeneuve ont conduit l’OFROU à inté-grer dans sa directive « Tirants d’ancrages » une méthode multicritère d’analyse de risques de ces ouvrages. Il s’agit d’une analyse des risques différente de celle des standards d’ampleur et qui aboutit à la définition de mesures d’inter-vention. Cette méthode est utilisée lorsque les investiga-tions sur les tirants sont jugées inopportunes : têtes inaccessibles, tirants à adhérence totale (longueur libre injectée de coulis de ciment). Basée sur l’évaluation du risque inhérent à chaque tirant, à leur importance pour la structure, à la fonction de la structure et à son mécanisme de ruine potentielle, elle permet d’estimer les mesures mini-males à prendre pour assurer la sécurité structurale durant une durée à convenir (d’ordinaire environ vingt-cinq ans). Ces mesures conduisent généralement un renforcement des forces d’ancrages. Elles doivent être couplées à la mise en place – ou au complément – d’un dispositif de surveil-lance permettant de juger de la nécessité de mesures com-plémentaires à l’issue de la durée convenue (méthode observationnelle) initiale. On constate que le pourcentage de renforcement moyen est de l’ordre de 40 %.

2

2 Pourcentage de renforcement tiré de l’étude de risque sur l’ensemble des 55 ouvrages ancrés entre Vennes et Chexbres

3 Définition des standards pour les murs de soutènement

(Sauf mention, tous les documents illustrant cet article ont été fournis par les auteurs.)

murs de soutènement 19 Tracés 21/2015

3

génie civil20 Tracés 21/2015

s uite aux investigations/vérifications et à la prio-risation décrites dans les articles précédents, une phase d’études1 a été menée sur les ouvrages

à risque ou dont l’état était manifestement mauvais. Ces études ont débouché sur diverses solutions d’intervention. Dans le cas des ouvrages de soutènement des tronçons A9 – Vennes-Villeneuve et A5 – La Neuveville – Bienne, ces solutions sont essentiellement de deux types.

Pour les ouvrages ancrés, elles consistent en un renfor-cement de la force d’ancrage nécessaire tiré de l’analyse de risque ou des investigations – éventuellement complétée par des vérifications statiques – et à la mise en œuvre d’un système de surveillance (fig. 1). Le renforcement consiste à mettre en place des tirants actifs permanents et à construire de nouvelles structures (parement, longrine, plaques) pour assurer les diffusions des nouveaux efforts. Le système de surveillance est basé sur les tirants de mesure et de contrôle ainsi que sur des instruments géotechniques (inclinomètres, extensomètres, piézomètres). Une durée de vie résiduelle de l’ordre de soixante ans est admise avec la possibilité de compléter la mesure éventuellement dans environ vingt-cinq ans (méthode observationnelle).

Pour les murs de soutènement en L, elles consistent à renforcer le parement existant selon diverses variantes dont les principales sont les suivantes :- transformation du mur en L en mur poids, par

construction d’un massif à l’arrière du parement, avec ou sans liaison en tête de mur (fig. 2),

- construction d’un nouveau parement en béton armé, devant le parement existant, ancré activement (fig. 3),

- construction d’un nouveau mur semelle devant le mur existant (fig. 4).Pour ces mesures, une durée de vie de 100 ans, iden-

tique à celle d’un ouvrage neuf, a été admise lorsque l’ouvrage renforcé n’utilise statiquement aucun élément de l’ouvrage existant. Cette durée de vie est réduite à soixante ans si des éléments du mur existant sont inté-grés dans le futur système statique.

D’autres variantes, conçues comme des mesures tran-sitoires, ont été élaborées lorsque des interventions UPlaNS étaient planifiées à moyen terme. Il s’agit essen-tiellement de clouages du parement existant (fig. 5), pour des ouvrages de standard minimal ou normal (voir fig. 3, p. 19).

Chaque variante développée a été évaluée afin d’en dégager la plus économique en termes coûts-efficacité selon des critères d’évaluation prédéfinis : - critères d’exploitation : gabarit routier, système de drai-

nage et d’évacuation des eaux (durable et entretenable), système de retenue,

- critères constructifs : statique et résistance, robustesse et durabilité, effet de la liaison entre ancien et nouveau béton, données géotechniques,

- critères de chantier : influence sur le trafic, sécurité, durée des travaux, accès,

- critères fonciers : emprises provisoires ou définitives sur les tiers,

- coûts d’investissement et d’entretien,

retours d’expérience à partir d’exemples réalisés par l’ofrou

l’étude pilote menée par l’ofrou a permis de tirer plusieurs enseignements concernant les possibilités d’intervenir sur les ouvrages de soutènement pour

garantir leur pérennité.

Frédéric Mayoraz, Erdjan Opan et Philippe Schär

1 Concept et projet d’intervention selon terminologie OFROU

murs de soutènement 21 Tracés 21/2015

- autres critères liés à des contraintes cadres comme l’esthétique, l’économie dans l’utilisation de matières premières, les zones de protection, les inventaires patrimoniaux et l’interaction avec les autres domaines OFROU.Aucune convention d’utilisation n’existant pour ces

ouvrages, une telle convention a été établie sur une base unique pour chaque ouvrage, afin d’assurer l’unifor-mité des exigences. Les chapitres principaux sont les suivants :- objectifs généraux pour l’utilisation,- exigences relatives à l’environnement et exigences de

tiers,- besoins spécifiques à l’exploitation et à l’entretien,- prescriptions particulières du maître de l’ouvrage,- risque spéciaux et degrés de protection,- prescriptions réglées par les normes.

Principaux enseignements La remise en état des ouvrages de soutènement a permis

de tirer un certain nombre d’enseignements concernant le béton, les tirants d’ancrage et les drainages.

Conception et bétonD’une part, les nouvelles constructions en béton armé

sont en contact avec des éléments de béton existants, prin-cipalement les parements. Composés de panneaux, les parements existants sont donc discontinus (joints de dila-tation) et leur béton constitutif possède parfois un poten-tiel de développement de réactions alcali-granulats (RAG).

D’autre part, afin de garantir une meilleure durabilité et une certaine hyperstaticité du système, les nouvelles constructions ont été conçues de manière monolithique (sans joints de dilatation). Elles ne requièrent pas des performances particulières en termes de résistance, mais sont en revanche fortement exposées aux sels de déver-glaçage et aux cycles de gel/dégel, ce qui a un impact sur le choix des recettes de béton, la définition des arma-tures minimales (exigences élevées) et le traitement de l’interface entre l’ancien et le nouveau béton.

Recettes et RAGDe manière générale, étant donné le niveau de solli-

citation auquel un mur est soumis, un béton de classe de résistance à la compression C25/30 ou C30/37 est suffisant. Le choix d’une classe de résistance plutôt faible permet de limiter l’armature minimale de fissu-ration. Malheureusement, la résistance au gel et au sel XF4 exigée pour ces bétons en raison de leur exposition implique un fort dosage en ciment, ce qui induit deux effets : des résistances effectives beaucoup plus élevées que la classe de béton souhaitée (surrésistance pouvant aller jusqu’à 4 classes, selon les essais de compression réalisés) et une augmentation du retrait du béton. Ces deux effets conduisent à augmenter d’autant l’armature minimale de fissuration, ce qui crée des surcoûts et une consommation de matière première non souhaitée.

C’est pourquoi, tout en conservant des bétons à propriétés spécifiées, des recettes privilégiant une dimi-nution du dosage en ciment, l’utilisation de CEM II/A-L

1 A9 – Le Lanciau : renforcement d’un mur amont ancré à l’aide d’un nouveau pare-ment en béton armé ancré activement (photo Groupe Zuttion)

2 A9 – Chardonne : transformation d’un mur aval à semelle en mur poids (photo SD ingénierie SA)1

2

génie civil22 Tracés 21/2015

et de cendres volantes, le maintien d’un E/C proche de 0,45 et l’utilisation d’entraîneur d’air ont été élaborées en collaboration avec les fournisseurs. Ces interventions ont permis de limiter les surrésistances à 2 classes et donc de diminuer l’armature minimale de fissuration.Les bétons existants des parements de murs de l’A9 ont été répartis en cinq classes en fonction de leur compo-sition, des dégâts constatés et de leur potentiel de développement de la RAG. L’évolution des propriétés mécaniques du béton après développement de la RAG (diminution des valeurs de résistance et du module d’élasticité, gonflement résiduel) a été estimée, sans que l’on puisse extrapoler de manière satisfaisante ces résultats de laboratoire aux structures. Une liaison structurelle entre l’ancien et le nouveau béton doit si possible être évitée, afin de permettre le retrait sans entrave du nouveau matériau et de ne pas transmettre les expansions résiduelles de l’ancien béton vers le nouveau. De manière pragmatique, cette séparation a été effectuée à l’aide de lé bitume polymère (LBP) pour les variantes sans ancrages actifs ; pour ces dernières, une attention particulière a été portée à la définition de l’armature minimale et des détails autour des niches d’ancrages.

Tirants d’ancrages actifsDes détails types d’exécution des têtes d’ancrages,

des niches y compris de leur cachetage, ainsi que de la protection des drainages existants ont été développés

lors des études sur les murs de l’A9 pour garantir la durabilité de ces derniers (fig. 6). Les exigences sur le contrôle des coulis (rapport E/C, fluidité, variation de volume, ressuage et résistance à la compression) ont été précisées selon les documents normatifs en vigueur.

Pour chaque ouvrage ancré, des tirants d’essais ont été réalisés afin de valider les capacités portantes et les méthodes d’exécution des scellements, notamment dans les molasses. Dans certains cas, le recours à l’étanche-ment préalable de la zone de scellement a été nécessaire.

Pour faciliter la surveillance, les cellules de mesure et les dispositifs de contrôle de l’isolation électrique des tirants de mesures ont été câblés vers des coffrets en acier inox facilement accessibles.

DrainagesFace à la difficulté d’évaluer correctement l’état des

drainages existants, un nouveau système de drainage basé sur des forages drainants a été mis en place. Pour guider les eaux vers les collecteurs et non sur la bande d’arrêt d’urgence (risque de gel) et permettre son entretien, ces systèmes de forages drainants sont reliés à des pipes de rinçage verticales placées dans le nouveau béton.

Vérification statique des murs existantsLa vérification générale ou détaillée des ouvrages selon

les directives de l’OFROU 12002 sur la surveillance et entretien des ouvrages d’art des routes a pour but d’éva-luer l’état du mur étudié. La vérification intègre les

3 4

murs de soutènement 23 Tracés 21/2015

résultats des investigations et des vérifications statiques (ou calculs de vérification). Pour la vérification statique, des méthodologies ont été mises en place afin d’assurer l’uniformité des hypothèses de vérification entre les différents mandataires chargés des vérifications.

Murs ancrésEn l’absence de documents de justification du projet

(note de calcul, base de projet, etc.), il est important d’identifier l’état-limite déterminant pour une situa-tion de projet correspondant à l’état initial du mur. En effet, si l’ouvrage est destiné à stabiliser une pente (état-limite de type 3 ou stabilité générale), une vérification au séisme est nécessaire. Pour un ouvrage possédant moins de 30 tirants et se comportant de manière satis-faisante, la détermination de la force d’ancrage néces-saire et sa comparaison avec la force existante n’est pas exigée.

Murs non ancrésLes poussées des terres sont définies de manière diffé-

rente selon que l’on vérifie la stabilité d’ensemble de l’ouvrage (basculement, renversement, poinçonnement) ou la résistance interne (béton armé). Conformément à la norme SIA 261 Actions sur les structures porteuses, la poussée active est retenue dans le premier cas, alors que dans le deuxième, c’est une poussée majorée (moyenne entre la poussée active et la poussée au repos) qui est prise en compte.

Murs en maçonnerieComme l’évaluation de l’état peut se faire sur la base

des inspections visuelles et d’une analyse empirique, les vérifications statiques sont limitées aux cas où les classes d’état sont mauvaises et lorsque les dégâts constatés sont structuraux (dimensions insuffisantes). Etant donné la variabilité spatiale des paramètres structuraux (épais-seur, poids volumique), une approche probabiliste est possible si les coefficients de variation sont connus. Cette approche peut conduire à une vérification satisfaite alors que cette même vérification ne le serait pas de manière déterministe.

Des tâches nouvellesLes interventions d’assainissement ou de renforce-

ment sur les murs de soutènement existants font partie des nouvelles tâches de l’ingénieur civil. C’est pourquoi, diverses méthodologies et détails types ont été déve-loppés dans le cadre de ces projets.

Toutes les solutions d’interventions exécutées dans le cadre de ces travaux sont le fruit de méthodes uniformes et cohérentes de vérifications et d’établissement de variantes.

Frédéric Mayoraz, ing civil dipl EPFL, dr es sc, tech. chef de projet, GUMa - De Cérenville Géotechnique Sa.Erdjan Opan, ing civil dipl EPFZ, maîtrise en génie urbain EPFL. chef de projet et directeur, GUMa – OPaN concept Sa.Philippe Schär, ingénieur civil EPFL, chef de projet à la division Infrastructure Ouest de l’OFROU / filiale d’Estavayer-le-Lac.

3 A9 – Les Curnilles : renforcement d’un mur aval à semelle avec un nouveau parement en béton armé ancré active-ment. Travaux exécutés dans un gabarit restreint (présence d’un pont)

4 A9 – Perraudettaz : renforcement d’un mur central à semelle avant par un nou-veau mur semelle. Vue de l’armature du parement, de la cravate au joint semelle/parement et du rehaussement faisant office de parapet

5 A9 – Chardonne : renforcement d’un mur central par clouage du parement existant (photo SD ingénierie SA)

6 Détail type de tête de tirant d’ancrage actif permanent

(Sauf mention, tous les documents illustrant cet article ont été fournis par les auteurs.)

5 6

24 Tracés 21/2015urbanisme

1

l’idéalisme pragmatique de l’aua – le cas de la VilleneuVe

la grande exposition qui s’est ouverte le vendredi 30 octobre à la cité de l’architecture et du patrimoine à paris invite à se replonger dans l’histoire singulière d’une coopérative qui a marqué son époque en france.

l’atelier d’urbanisme et d’architecture (aua) reste dans les annales comme l’association fructueuse d’architectes,

d’urbanistes et d’ingénieurs ayant su négocier avec le politique la mise en œuvre de projets d’envergure en

matière d’aménagement urbain.

Christophe Catsaros

25 Tracés 21/2015 aTelier d’urbanisme eT d’arcHiTecTure (aua)

2

3

1 Georges Loiseau, Jean Tribel et Jean-François Parent, quartier de l’Arlequin, Villeneuve de Grenoble, 1968-1973, vue d’ensemble (© Alexandra Lebon)

2 Georges Loiseau, Jean Tribel et Jean-François Parent en collaboration avec Henri Ciriani, Michel Corajoud et Borja Huidobro, rue piétonne, quartier de l’Arle-quin, Villeneuve de Grenoble, 1973. Vue de la rue piétonne (© Fonds DAU. SIAF / Cité de l’architecture & du patrimoine / Archives d’architecture du 20e siècle)

3 Georges Loiseau, Jean Tribel et Jean-François Parent - quartier de l’Arlequin, Villeneuve de Grenoble, 1968-1973, vue d’ensemble (© Archives Jean Tribel)

l e grand ensemble de la Villeneuve à Grenoble occupe une place importante dans l’histoire des tentatives de réinvention de la forme urbaine dans

la seconde moitié du 20e siècle. Il fait preuve d’une volonté réelle de rompre avec les a priori du fonctionnalisme standard pour expérimenter de nouvelles configurations et accroître le rôle des habitants dans la planification.

En cela, il est caractéristique de la démarche de l’AUA qui a tenté de marier le pragmatisme de la gouvernance municipale et les idéaux communautaires des années 1960. Travaillant comme une agence de service public, l’AUA s’efforça en effet de reconfigurer l’alliance entre les décideurs et les concepteurs, non plus sur la base d’une connivence affairiste, mais sur celle d’un véritable engagement politique. Proches des communistes, mais pas seulement, les membres de l’AUA deviennent ainsi les planificateurs attitrés de certaines communes enga-gées dans la voie du réalisme socialiste municipal à la française. Ainsi, l’arrivée en 1965 d’une gauche unie et plurielle aux commandes de la ville de Grenoble scelle leur engagement dans la construction de nouveaux quar-tiers au sud de l’agglomération.

La Villeneuve est dense. Elle l’est d’autant plus que la densité et la complexité ont fait partie, dès le commence-ment, des outils mobilisés pour constituer une nouvelle forme urbaine. Le mot d’ordre était de rompre avec la non-ville des barres et des tours et de mettre en place un plan capable de devenir le support de la vie collective. Le rejet du modèle fonctionnaliste n’est plus alors que l’apanage de quelques spécialistes. Au cours des années 1970, sa dénonciation se répand chez les politiques, tous bords confondus (sans parler du cinéma, qui en fait un

leitmotiv). « La sarcellite », ce mal de la ville rectiligne, appelle un remède. C’est précisément sur ce terrain que l’AUA va déployer ses efforts collectifs.

La ville unitaireLe premier renversement, qui explique les grandes lignes

de leur intervention, repose sur l’idée selon laquelle il faut cesser de séparer les fonctions (l’habitat, les espaces de travail, les lieux d’éducation). Au contraire, il s’agit d’orga-niser des télescopages, de rechercher la complexité et de créer, dans les interstices, le support d’une vie sociale.

Si la mixité programmatique n’a pas encore le caractère prescriptif qu’elle acquerra quelques années plus tard1, elle est au cœur du travail de planification de l’AUA. Le quartier administratif, les quartiers résidentiels et le centre commercial sont reliés par des axes piétons. Quant aux groupes scolaires, quand ils ne sont pas assimilés aux ensembles d’habitation (les Géants), ils les jouxtent.

Dans le texte du catalogue consacré à la Villeneuve, Sibylle Le Vot mentionne le caractère tâtonnant de leur démarche. Amenés à repenser le plan directeur à la fin des années 1960, les membres de l’AUA hésitent entre une centralité conventionnelle et une conception polycen-trique. Ils optent finalement pour un schéma polynucléaire.

L’ensemble prend la forme d’une mégastructure au déploiement organique et aux typologies hétéroclites. Des quartiers très différents les uns des autres sont parcourus d’une rue piétonne souvent surélevée, qui fonctionne comme un espace public à investir (fig. 2).

1 Un quota (jamais atteint) de sept postes de travail pour dix habitants avait tout de même été fixé pour les villes nouvelles de la région parisienne.

26 Tracés 21/2015

Les urbanistes de l’AUA recherchent plutôt des façons de créer un contexte de vie intéressant. La proximité, les vis-à-vis assumés, les effets d’empilement, les décalages, les retraits, les porte-à-faux, les ouvertures soudaines sont autant de moyens devant apporter à la nouvelle ville la diversité souhaitée. Les différents quartiers sont disposés autour d’un parc paysager et varient de l’ensemble inter-médiaire bas noyé dans une végétation luxuriante, au labyrinthique Géants, ou à l’Arlequin, ce front bâti de plusieurs centaines de mètres, surélevé sur pilotis et dont la hauteur peut atteindre quinze étages.

A l’Arlequin l’innovation prend la forme d’une théâtra-lité du rez-de-chaussée (fig. 5). Polychrome, évoquant la Ville dans l’espace de Kiesler, la place sous les immeubles constitue, encore aujourd’hui, un décor urbain des plus stimulants. Une véritable rue abritée, colonne vertébrale du projet urbain de l’AUA, et qui n’est pas sans évoquer les expérimentations situationnistes et le principe d’une construction spatiale continue susceptible de servir de support à des expériences collectives. L’Arlequin n’est peut-être pas la nouvelle Babylone, mais l’ensemble s’amuse à recréer des effets de labyrinthe ludique. Les rues qui serpentent, se croisent, se superposent sont autant d’atteintes portées à l’efficacité rectiligne du chemin de desserte.

L’art critique au service de la villeL’art doit prendre part au projet d’émancipation par la

ville. Loin d’être ornementale, l’intervention artistique au sein des quatre quartiers se veut critique, à l’instar de cette fresque des Malassis (fig. 4) mettant en scène les naufragés de Géricault sur un radeau en forme de côte de bœuf, perdus sur une mer de frites. Aussi surprenant que cela puisse paraître à une époque où les grandes enseignes commerciales décident des grands aménage-ments urbains2, cette fresque imposante signalait l’entrée du centre commercial. Elle fut recouverte dans la plus grande indifférence en 2000.

L’écart inconciliable entre une fresque murale critique et le haut lieu du consumérisme qu’elle recouvre est caractéristique des contradictions qui traversent le projet urbain progressiste de l’AUA. Vouloir construire la vie collective sans se donner les moyens de restructurer la vie quotidienne est aussi vain que de vouloir éveiller par une image l’esprit critique de celui qui pousse son chariot rempli de provisions vers le coffre de sa voiture. Malgré ses qualités, l’habitat collectif expérimental des années 1970-1980 n’est pas parvenu à élever la vie collective au rang de modèle de société enviable. Les années 1980 et

le vent d’individualisme qu’elles font souffler vont para-chever la débâcle idéologique du modèle collectif. En 1973, Jean Luc Godard réalise Numéro deux (fig. 7) à la Villeneuve et radiographie la domestication de la classe ouvrière par l’habitat collectif. Si le film ne s’aventure que rarement en dehors du huis-clos domestique, il porte un jugement sévère sur le rôle de l’habitat social dans l’instauration de rapports d’individualisation au sein d’une famille. La politique du logement serait vouée à l’édification d’un ethos individuel par des moyens méca-niques. Et pourtant, si la Villeneuve n’échappe pas à la sentence godardienne, elle se défend plutôt bien comparé à d’autres « utopies » transformées aujourd’hui en ghettos. Contre tous les oiseaux de malheur qui la pourchassent, la Villeneuve a su maintenir une véritable mixité sociale qui fait aujourd’hui son principal attrait.

Aux séquences alarmistes de reportages en quête d’émo-tions3 répondent des dizaines d’initiatives citoyennes qui tissent à la Villeneuve un réseau associatif d’une grande diversité. Cela va des ateliers populaires d’urbanisme au collectif d’artistes VILL9 la série dont un court métrage a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes. Cette initiative s’inscrit dans la continuité de la télé participative qui existait à la Villeneuve dans les années 1970.

Le dimanche, dans le parc aux grands arbres à la croisée des quartiers, le tableau est tout sauf celui d’une cité à la dérive. Il fait encore bon vivre à la Villeneuve et l’archi-tecture y est pour beaucoup. Les cris d’orfraie xénophobes d’un président décidé à pêcher dans les eaux troubles de l’extrême droite ont dû résonner comme une double agression. Le fameux « Discours de Grenoble » de Nicolas Sarkozy sur l’immigration, ce grand moment agitprop du néolibéralisme des années 2000, offensait tant ceux qu’il stigmatisait que ceux qu’il était supposé défendre.

Reste l’ensemble, aujourd’hui classé, engagé dans une longue rénovation contestée qui entame le caractère unitaire de l’Arlequin, sans que l’on puisse pour autant parler de résidentialisation : ce saucissonnage des grands ensembles en parties distinctes inaccessibles aux non-rési-dents. A la Villeneuve, la privatisation de l’espace partagé n’est pas encore à l’ordre du jour, tant il semble que ses habitants y demeurent attachés.

2 Les Halles de Paris entreront dans l’histoire comme une affaire d’ingérence d’une société privée –Unibail – dans un projet d’aménagement du centre effectif d’une ville de 10 millions d’habitants.

3 En 2015, des habitants ont décidé de poursuivre France Télévisions en justice suite à un reportage d’Envoyé spécial dressant un portait peu flatteur de leur cité. Déboutés, ils ont tout de même remporté une victoire médiatique en réagissant à la stigmatisation.

4

urbanisme

27 Tracés 21/2015

7

5

6

4 Le naufrage, la crise sur la richesse même, 1974, Coopérative des malassis (photogra-phie © Musée de Grenoble)

5 Georges Loiseau, Jean Tribel et Jean-François Parent, quartier de l’Arlequin,

Villeneuve de Grenoble, 1968-1973. Le rez-de-chaussée (© Alexandra Lebon)

6 Georges Loiseau, Jean Tribel et Jean-François Parent, quartier de l’Arlequin, Villeneuve de Grenoble, 1968-1973, vue d’ensemble (© Alexandra Lebon)

7 Photogramme du film Numéro Deux, 1975, Jean-Luc Godard

aTelier d’urbanisme eT d’arcHiTecTure (aua)

28 Tracés 21/2015

Tracés : Qu’est-ce qui fait la particularité, selon vous, de l’intervention de l’AUA à Grenoble ?

Jean-Louis Violeau : En premier lieu, un lien très fort avec le politique, concerté, partagé, avec, chevillé aux esprits l’espoir d’une vie meilleure en ville. On a beau-coup parlé des liens que l’AUA a entretenus avec le Parti communiste français (PCF), mais ce serait oublier la présence de Jean Verlhac, l’adjoint à l’urbanisme d’Hubert Dubedout, tous deux charismatiques et atypiques et tous deux d’abord liés au Parti socialiste unifié (PSU). Et au sein de l’AUA elle-même, les membres ou sympathisants de ce parti typique des « années 1968 » étaient nombreux, peut-être pas autant que les proches du PCF, mais tout de même. Sans ces affinités avec le PSU, par exemple, la coopérative des Malassis aurait-elle pu réaliser sa grande fresque anti-société de consommation sur… le centre commercial Grand-Place ? Est-ce le déclin du PCF ou la fin du PSU qui accompagna la mort de l’AUA ? Autre modalité très forte de l’expérience grenobloise, et liée à ce qui précède, c’est le rêve d’autonomie et d’autogestion à tous les niveaux, celui des individus comme celui d’un projet urbain comme la Villeneuve. Récupérant l’héritage du PSU après 1974, le Parti socialiste a d’ailleurs réguliè-rement fait référence à cette expérience pour asseoir son idée d’« autogestion dans les décisions publiques ».

La matière urbaine que produit l’AUA est-elle à carac-tère pédagogique ? A-t-elle vocation à susciter chez l’habitant un certain ethos ?

Fatalité de la culture, limites de la contre-culture : j’ai emprunté cette formule à Roland Barthes lorsque j’ai dû trouver un titre pour mon article paru dans le catalogue AUA, une architecture de l’engagement 1960-1985. J’ai pensé en effet que c’était une manière de résumer l’am-bitieuse politique urbaine développée de 1965 à 1983 dans le Grenoble de la modernité alpine. On y perçoit en effet le déchirement de la culture bourgeoise de l’habiter, la question de l’avant-garde – et sa récupération –, les chocs culturels, les hiérarchies et les dissonances cultu-relles… Bref, tout y était, jusqu’au détournement poten-tiel des dispositifs ouverts en espaces de trafics divers ! Dire ensuite que la matière urbaine produite par l’AUA se devait d’être pédagogique, certainement dans l’esprit des architectes, des politiques aussi, et des services muni-cipaux qui accompagnèrent l’opération. Mais penser qu’il s’agit d’un échec parce que les pratiques qui s’y sont développées n’ont pas toujours répondu aux ambitions initiales, ce serait faire preuve du spatialisme le plus béat – souvent le péché mignon des architectes, d’ail-leurs, mais comment les en blâmer ? C’est leur métier. Par spatialisme, j’entends l’idéologie qui voudrait que l’espace interfère directement sur le social, que l’espace change la société. On sait pertinemment que ce n’est pas (toujours) le cas. Un même dispositif spatial livré à des usagers armés d’une culture, de pratiques et d’habitudes diffé-rentes sera différemment employé. Des personnes aux revenus contrastés feront un usage radicalement différent d’un espace donné.

le projet urbain de l’aua : un espace pour

rendre possiblejean-louis Violeau signe un des articles du catalogue

consacré à l’exposition Une architecture de l’engagement : l’AUA (1960-1985), qui se tient jusqu’à fin février à la cité de l’architecture et du patrimoine à paris. nous lui avons

posé quelques questions sur l’actualité de l’urbanisme progressiste de l’aua.

Jean-Louis Violeau Propos recueillis par Christophe Catsaros

urbanisme

29 Tracés 21/2015

Qu’est ce qui distingue l’implication de l’AUA à Grenoble d’autres grands chantiers urbains novateurs, notamment ceux des villes nouvelles en région parisienne ?

Les membres de l’AUA ont imaginé la Villeneuve à Grenoble, mais ils ont en effet aussi beaucoup travaillé quelques années plus tard dans les villes nouvelles de la région parisienne, cependant jamais avec un tel degré de complexité et de maîtrise, plutôt au gré d’opérations ponctuelles et planifiées à l’avance. Même à l’échelle de la Noiseraie, à Marne-la-Vallée, Henri Ciriani n’a pas eu la maîtrise qu’il a pu avoir à Grenoble. Il pose l’opération comme un front d’urbanisation, l’organise autour d’une rue intérieure, mais il reste à l’échelle d’une opération de logements, certes imposante. Plus concrètement, l’instal-lation de quelques-uns des membres de l’AUA sur place, à Grenoble, sur le chantier de la Villeneuve, demeure un trait distinctif. Certains, pour quelques années seulement, et d’autres pour très longtemps, comme Jean-François Parent qui très vite prit le relais de l’urbaniste Michel Steinebach à la tête de l’Agence d’urbanisme de la région grenobloise (AURG), après avoir conduit les études opéra-tionnelles de la Villeneuve. Quelques pionniers des villes nouvelles se sont aussi installés au milieu de leurs « créa-tions » ; l’ingénieur des ponts et chaussées Bernard Hirsch, par exemple, le raconte dans ses mémoires sur la naissance de Cergy-Pontoise. Mais à Grenoble, l’engouement semble mieux partagé et surtout il n’est pas le fruit d’une décision planificatrice autoritaire, incarnée en région parisienne par la figure de Paul Delouvrier. Revoir aujourd’hui La

forme d’une ville, le film d’Eric Rohmer et Jean-Paul Pigeat, est très touchant : on y voit, en 1975, ces jeunes architectes de l’AUA tourner avec passion autour de leur maquette. On les sent habités, possédés par leur projet. Les relances de Michel Corajoud sont superbes. Un urbanisme qui créerait sa propre contestation, dit-il ! Elles incarnent en quelque sorte l’esprit « soixante-huitard » dans ce qu’il avait de meilleur : structurer l’espace et afficher clairement ses intentions au risque de les voir contestées. Georges Loiseau y parle d’« une sorte de tout cohérent », linéaire et sinueux, avec des criques et des équipements. Voilà, tout est dit. Jean Tribel souhaitait empiler pour animer, et penser un nouveau quartier plutôt qu’une ville nouvelle. Borja Huidobro parle d’un espace pour « rendre possible ».

Comment comprendre que l’AUA se soit tenu à l’écart d’un groupe de travail comme la Team 10, qui dévelop-pait pourtant des réflexions proches des siennes sur la qualité urbaine et les moyens de l’atteindre ?

L’urbanisme de l’AUA apparaît plus structuré, vertébré en somme, que celui du Team 10, où parfois la trame devait devenir le support de libres appropriations alors que dans les projets urbains de l’AUA, l’organisation est plus linéaire et monumentale. Elle s’organise, à Grenoble ou pour le projet Evry, le long d’un axe majeur, plus précisément d’une rue intérieure, souvent très dessinée. La flexibilité et la modularité étaient également moins présentes à l’AUA qui s’est toujours un peu défié de la grille, neutre et ouverte. En outre, pour le Team 10, un

1

1 Paul Chemetov et Jean Deroche. Atelier d’urbanisme et d’architecture, Bagnolet, 1968. La salle de dessin. Annie Tribel au premier plan et Jean Perrottet en arrière-plan (© Fonds Fabre Perrottet. SIAF / Cité de l’architecture & du patrimoine / Archives d’architecture du 20e siècle)

aTelier d’urbanisme eT d’arcHiTecTure (aua)

30 Tracés 21/2015

édifice ne devait pas précisément entretenir de lien avec un langage architectural spécifique, alors que l’AUA s’était résolument inscrite dans le sillon de la modernité.

Ce qui les réunit en revanche, c’est l’idée de continuité des activités, entre privé et public, ainsi que la volonté d’intégration, entre le logement et les équipements, et l’articulation de programmes hétérogènes au sein d’un même ensemble. Le soin, également, apporté aux circu-lations différenciées et hiérarchisées, et l’attention aux seuils. Ensuite, que l’AUA soit restée un peu à l’écart du Team 10 (qui ne concerna directement, en France, que l’équipe Candilis-Josic-Woods, auteurs notamment du Mirail) est aussi à mon sens l’affaire d’une question d’âge, bref une certaine coupure générationnelle.

Le storytelling des grands ensembles qui cherchent à humaniser la ville moderne dans les années 1960-1980 (les anti-Sarcelles) se termine souvent par un constat de déclin.

Ce récit est-il une fatalité ? Faut il une politique de quotas socioéconomiques pour maintenir un équi-libre dans ces ensembles ? Faut il les penser comme des écosystèmes fragiles qui basculent ?

A la fin de la séquence que Rohmer et Pigeat consacrent à la Villeneuve, les architectes s’interrogent soudain, un peu inquiets : et les emplois, viendront-ils ? Je crois qu’il ne faut malheureusement guère chercher plus loin si l’on souhaite expliquer une bonne part des déboires de la Villeneuve… Que l’on peut en effet généraliser à toute une série d’en-sembles plus ou moins « grands ». Les chiffres de la parti-cipation électorale au sein de ces quartiers sont de plus en plus alarmants. De scrutins en scrutins, nous touchons le fond de la participation. Même les maires ne sont plus élus que par une frange de la population de plus en plus mince. Ne parlons pas de la participation aux élections européennes ou cantonales ! Ce basculement est à l’œuvre, c’est indéniable et il s’étend désormais à la notion même de « logement social » en France. Jusqu’ici géographiquement localisée, la désaffection est aujourd’hui générique, pour ainsi dire. Un article d’Isabelle Rey-Lefebvre, spécialiste du logement, paru hier [20 octobre] dans Le Monde m’a parti-culièrement inquiété : sous le titre « Les classes moyennes boudent les HLM » à Paris, il y était question de conduites d’évitement particulièrement inquiétantes dans une ville où le marché est très tendu et où 67 % de la population y est éligible… Au-delà de la notion de quartier « difficile », c’est la notion même de « logement social » qui devient aujourd’hui stigmatisée. Cela fait quinze ans que je m’in-téresse aux déboires de l’application de la SRU1 et de son fameux quota de 20 % de logements sociaux par commune, aujourd’hui 25 %, et l’on peut craindre le pire pour le devenir de la notion de mixité, quelles que soient les réquisi-tions volontaristes de terrains que le politique semble enfin prêt à consentir. Certes, la ville a toujours été ségrégée, c’est Venise qui a inventé le ghetto et la première socio-logie urbaine, celle de l’Ecole de Chicago, est née au siècle dernier à partir la notion de spécialisation des quartiers, mais la mixité semble ne s’être jamais aussi mal portée.

Il existe une nouvelle éthique du faire ensemble chez

de nombreux jeunes architectes. Je pense à des collectifs comme Etc, Exyzt, encore heureux ou Coloco. Entre la « construction urbaine politisée » qui qualifie l’époque de l’AUA et celle d’aujourd’hui, il y a comme une

scission. Une rupture inconciliable. Serait-il possible de faire le pont entre le savoir faire de cette génération et l’éthique des nouveaux architectes militants ? Comment faire en sorte que les architectes engagés d’aujourd’hui puissent travailler à la même échelle que ceux des années 1970 et 1980 ?

Je crois que l’on se heurte là à la question intemporelle de l’auteur en architecture. D’une part subsistera toujours un désir d’auteur, l’incarnation d’une œuvre à travers une figure. Cinq ans après avoir tenté de le « tuer », Roland Barthes lui-même reconnaissait ce désir qui nous habite tous. Comment naît et quelles formes peut prendre une « pensée collective » en architecture ? On a beau dormir dans le même lit, on fait des rêves différents. C’était l’une des citations préférées du petit timonier Mao ! Difficile, n’est-ce pas, de parler d’artiste lorsqu’il s’agit de fabri-quer l’œuvre collective qu’est la ville. La notion d’auteur sous-entend en dernier ressort l’autorité, bref le choix. Le mot auteur vient du latin auctoritas qui signifie propriété. Voilà, c’est dit. Responsabilité, aussi. L’architecture peut-elle être une œuvre collective lorsque l’on sait que les

sociologues butent toujours (et irrémédiablement ?) sur les notions d’opinion publique ou de pensée collective et que la notion d’auteur donne régulièrement lieu à des stratégies d’auteur-anti-auteur ? C’est Michel Houellebecq ou son disciple Aurélien Bellanger qui s’inspirent, sinon recopient sciemment des pages entières de Wikipédia, l’écriture neutre, collective et « sans auteur » par excel-lence. Des stratégies semblables ont pu être mises en œuvre dans l’univers des architectes, autour de la « parti-cipation » dans les années 1970 – avec Lucien Kroll, pour l’auteur-architecte le plus célèbre, qui partait du principe qu’un bâtiment qui change est un bâtiment qui vit. Plus près de nous, dans les années 2000, Patrick Bouchain a brillamment pris le relais, auteur récompensé ou nominé à maintes reprises à l’occasion de prix d’architecture, et qui mit en scène cette dimension du « collectif » (avec Exyzt) à l’occasion de la Biennale d’architecture de Venise où il fut responsable en 2006 du pavillon français, y produisant une étonnante Metavilla. Aujourd’hui, les Julien Beller, Christophe Hutin, Coloco, Bruit du frigo, l’Atelier d’archi-tecture autogérée, sans oublier les Rural Studio, Elemental Architecture, Diébédo Francis Kéré, Anna Heringer ont tous pris le relais de cette première génération des « stars de l’œuvre collective »… Ils ont tous été awardés quelque part ces dernières années. Mais ont-ils pour autant

1 La loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, couramment appelée loi SRU, impose aux communes de plus de 1500 habitants en Ile-de-France, et de plus de 3500 habitants pour les autres régions, de disposer d’au moins 20 % de logement sociaux.

« Une manière de résumer l’ambitieuse politique urbaine

développée de 1965 à 1983 dans le Grenoble de la modernité alpine : le déchirement de la

culture bourgeoise de l’habiter. »

urbanisme

31 Tracés 21/2015

radicalement modifié la fabrique de la ville dans sa bana-lité ? J’ai le sentiment d’une victoire à la Pyrrhus : une véritable reconnaissance symbolique au prix d’une rela-tive défaite matérielle. Et s’il s’agissait plutôt de changer les termes de la réflexion en y instaurant de la discussion : faire, par exemple, du rapport entre privé et public l’objet d’un parlement plutôt que d’un faux partenariat où c’est toujours le même terme (le public) qui assume les risques ? Un parlement qui apporterait un codicille à toute loi qu’il voterait : voilà les scénarios possibles, tout ce que l’on peut raisonnablement envisager à l’aune du projet de loi que nous venons de voter. Bref, un nouveau partenariat public privé ? Le sociologue Bruno Latour a imaginé un « parle-ment des choses » et des objets, des animaux aussi, et puis de la Terre et du climat, pour que chaque voix puisse être entendue dans une affaire qui les concerne toutes. Il en a même fait récemment une pièce de théâtre. Pourquoi ne pas imaginer, sur ce mode-là, une dramaturgie où public et privé s’entendraient enfin sur les liens et les motifs qui les réunissant inéluctablement ?

Jean-Louis Violeau est sociologue. Enseignant à l’école d’architecture de Paris-Malaquais, il anime le Laboratoire architecture Culture Société (aCS).

2

3

2 Extrait du livre rouge de l’AUA. Cité de l’architecture & du patrimoine / Archives d’architecture du 20e siècle

3 La couverture du livre rouge de l’AUA. Cité de l’architecture & du patrimoine / Archives d’architecture du 20e siècle

aTelier d’urbanisme eT d’arcHiTecTure (aua)

AwAy From All SunS, isa Willinger

Ce long métrage sur le patrimoine constructiviste soviétique inaugurera le cycle L’architecture à l’écran, en partenariat avec la Cinémathèque suisse, les cinémas du Grütli et la Maison de l’architecture de Genève.

A Genève, aux cinémas du Grütli, mercredi 18 novembre à 20 h 45. A Lausanne, à la Cinémathèque suisse, au casino de Montbenon, jeudi 19 novembre à 21 h.

Tracés à la cinémathèque suisse

PLUS RAPIDE ET COMMUNICANT QUE JAMAIS

Grâce à sa technologie 64-bits multi-cœurs en tâche de fond – une première dans le monde du BIM – et ses nombreuses innovations, les mises à jour de vos projets sont immédiates, les IFC parfaitement gérés et la navigation 3D d’une grande fluidité.

www.abvent.ch

PIONNIER DU BIM & OPEN BIM DEPUIS 2010

43

ABVENT-10-15.pdf

34 Tracés 21/2015acTualiTés

La Fondation pour la dynamique des struc-tures et le génie parasismique a attribué pour la quatrième fois le Prix d’architecture et d’in-génierie parasismique. Le jury interdiscipli-naire, composé d’architectes et d’ingénieurs, a évalué huit projets réalisés entre 2009 et 2014. Ceux-ci devaient apporter une réponse adéquate à la problématique sismique, tout en assurant des qualités architecturales de fonc-tionnalité et d’esthétique.

Cette année, le jury a choisi de récompen-ser la réhabilitation d’un ouvrage existant. Le bâtiment de l’école Quader, à Coire, illustre de façon exemplaire comment les planifica-teurs peuvent concilier patrimoine et sécurité sismique. Avec deux mentions honorables, le jury thématise d’autres sujets d’actualité rela-tifs au séisme.

De la cloison au mur porteurL’école Quader a été érigée dès 1913 et

reste aujourd’hui une digne représentante de la mouvance grisonne du Heimatstil. Sa réno-vation entre 2012 et 2014 avait notamment pour but de renouer avec la substance et le caractère originaux, altérés par une rénova-tion peu habile dans les années 1970.

En outre, la sécurité structurale dans le sens latéral de l’ouvrage était compromise : les ingé-nieurs de Bänziger Partner ont calculé un fac-teur de conformité eff= 0,20 par rapport aux normes en vigueur pour des ouvrages neufs.

Une analyse coûts-bénéfices à trois variantes de degrés d’intervention différents a permis de choisir la plus efficace. Le noyau d’ascenseur en brique a été remplacé par un noyau en béton armé en retrait par rapport au couloir principal. Les cloisons délimitant les salles de classe, en béton damé de résistance médiocre, ont été remplaçées par des murs en

béton armé. Afin de transmettre les charges sismiques dans le sol, des micropieux ont été forés au droit de ces murs.

Les coûts du renforcement sismique ont été estimés à 1 million de francs selon la directive SIA 2018 Vérification de la sécurité parasismique des bâtiments exis-tants. Le coût de l’intervention s’éleva finalement à 0,7 million, soit 5 % des coûts totaux de la rénovation, et permit d’augmenter le facteur de conformité de

min= 0,25 à un degré acceptable de int= 0,65.

Ancrage des éléments secondairesLe nouvel ouvrage LEE de l’Ecole poly-

technique fédérale de Zurich (EPFZ) a reçu une mention honorable pour son système statique optimal vis-à-vis du séisme : plan-chers préfabriqués de masse faible ainsi que des refends symétriques en plan, continus en élévation et fortement sollicités dans le sens vertical. Avant tout, les ingénieurs de Walt + Galmarini ont vérifié l’ancrage des éléments de façade de sept tonnes sous charge sismique et conçu un système redondant capable de compenser la rupture d’un élément. Ainsi, le jury porte son attention sur la vérifica-tion structurale des éléments secondaires au séisme, souvent négligée dans la pratique mais qui figure dans la norme SIA 261 Actions sur les structures porteuses depuis 2003.

Dans le cadre de la réhabilitation du cam-pus scolaire Feldli à Saint-Gall, l’aile ouest a été renforcée dans le sens de la longueur et les joints de dilatation entre les ouvrages scellés. Ici, le jury a récompensé une approche peu conventionnelle initiée par l’architecte Andy Senn qui proposa d’attribuer un mandat d’in-génieur et d’artiste pour la conception du ren-forcement sismique. L’équipe, composée de

l’ingénieur Jürg Conzett et de l’artiste Michel Pfister, a proposé de placer le refend stabi-lisateur à l’extérieur du bâtiment pour pré-server l’architecture des espaces intérieurs. La connexion entre le refend extérieur et les dalles intérieures est assurée par une « sculp-ture ». Cet élément rigide en acier moulé rend visible le cheminement des forces et attisera sans doute l’imagination des écoliers.Thomas Ekwall

Ecole Quader de Coire : respect du patrimoine et sécurité sismique (photos Karin Vonow)

lauréaT Rénovation du lycée Quader, Coire : Schwander & Sutter Architekten, Coire ; Bänziger Partner, Coire (ingénieurs civils) ; Balzer Ingenieure, Coire (planificateurs CVSE) ; ville de Coire (maître de l’ouvrage). menTions HonorablesEPF Zurich – nouvel ouvrage LEE, Zurich : Fawad Kazi Architekt, Zurich ; Walt + Galmarini, Zurich (ingénieurs civils) ; Amstein + Walthert, Zurich (planificateurs CVSE) ; EPF Zurich – infrastructures immobilières (maître de l’ouvrage).

Réhabilitation campus scolaire Feldli, Saint-Gall : Andy Senn Architekt, Saint-Gall ; Michel Pfister, Bâle (artiste) ; Conzett Bronzini Gartmann, Coire (ingénieurs civils) ; Ville de Saint-Gall – Service des bâtiments (maître de l’ouvrage).

JuryMartin Koller, ingénieur civil, Carouge (présidence) ; Pablo Horváth, architecte, Coire ; Luca Selva, architecte, Bâle ; Kerstin Lang, ingénieure civile, Zurich ; Martin Deuring, ingénieur civil, Winterthour

prix d’architecture et d’ingénierie parasismique 2015Patrimoine renforcé

Unbenannt-1 1 26.08.15 13:03

36 Tracés 21/2015livres

les Fleurs de verre (1909) suivi de concernant l’exposition de verre de pékin (1912) Paul Scheerbart, Editions B2, Paris, 2015 / € 13

histoire de ma maison John Soane, Editions B2, Paris, 2015 / € 12

l’ikebana après hiroshima. manuel de composition Florale japonaise (éd. 1947) Josui Oshikawa & Hazel H. Gorham, Editions B2, Paris, 2015 / € 15

les fleurs de Verre

Suivi de Concernant l’Exposition de verre de Pékin (1912)

histoire de ma maison

Postface d’Emmanuel Rubio

l’ikebana après hiroshima

Manuel de composition florale japonaise

Le 18 novembre 1905, plusieurs années avant de visiter l’Exposition de verre de Pékin, le baron de Münchhausen et sa compagne, Clarissa von Rabenstein, se rendent au Japon, à la résidence du ministre Mikamura. S’ensuit alors la description du domaine australien de William Weller. A l’issue d’un parcours initiatique ponctué de cristallines compositions florales, l’hôte mène son visiteur à travers une succession d’espaces décoratifs et joaillers. Mort il y a exactement un siècle, auteur d’architecture de verre (1914), Paul Scheerbart (1863-1915) est un écrivain allemand méconnu – pourtant à la confluence de nombreux courants littéraires et artistiques. Véritable curiosité architecturale, sa nouvelle Les fleurs de verre (1909) restait inédite en français. réd.

1812 : John Soane, architecte accompli de la Banque d’Angleterre, est à l’apogée de sa gloire et s’attache à aménager sa fascinante maison-musée. Un manuscrit, resté longtemps inédit, révèle pourtant l’envers de ce succès. Un véritable roman d’architecture et de mort : dans un futur indéterminé, la maison n’offre déjà plus que ses ruines oubliées et tragiques. Remis en contexte et commenté par Emmanuel Rubio, Histoire de ma maison se révèle une fiction architecturale de premier ordre, à même d’éclairer la crise qui touche son auteur, tout comme la période qu’il incarne. Un document rare, dont les enjeux – fictionnalisation de l’architecture, traversée de la catastrophe et esthétique de l’assemblage – résonnent encore dans l’architecture de notre temps. réd.

Initialement paru à Tokyo en 1936 sous le titre Manuel de composition florale japonaise, les Editions B2 ne se sont pourtant intéressées qu’à son édition suivante (1947), la première à faire suite aux deux seules bombes atomiques tombées sur une population civile. Car c’est bien la possibilité même de l’ikebana après Hiroshima qui les interpellait : un nouveau regard porté sur le vivre ensemble. Car n’est-ce pas à Hiroshima que l’on a tout (re)vu : les mots, les choses, les êtres vivants, l’espèce humaine, eux, nous, vous ? Quelle place alors donner à ce simple et émouvant raffinement qui consiste à placer une fleur dans l’espace, surtout s’il faut l’interpréter à travers un prisme occidental, moderne, vainqueur et historique ? Un livre à lire « à la japonaise ». réd.

Unbenannt-1 1 09.09.15 11:22

génie civil38 Tracés 21/201538 Tracés 21/2015

pages d’information de la sia - société suisse des ingénieurs et des architectes

MisE En œUVrE DU MEssAgE cULtUrE 2016-20 : L’OFc inDiqUE DEs chAMPs D’intErVEntiOn POUr LA cULtUrE DU Bâti

A l’occasion d’une réunion de session organi-sée par la SIA à Berne en septembre, Isabelle Chassot, directrice de l’Office fédéral de la culture, a expliqué comment elle souhaitait articuler le nouveau domaine de la culture du bâti.

Voici bientôt quarante ans, la France fut le pre-mier pays européen à reconnaître l’architecture comme partie intégrante du domaine culturel. Adoptée en 1977, la loi française sur l’architec-ture énonce : « L’architecture est une expres-sion de la culture. » Dans son Message culture 2016-20, le Parlement helvétique a à son tour ancré la culture architecturale contemporaine et le domaine général Culture du bâti dans la politique culturelle de la Confédération. L’objectif principal est d’élaborer une stratégie interdépartementale pour ce domaine. Celle-ci doit esquisser des visions « pour le renforcement de la culture du bâti en Suisse » et englober un « plan d’action, à réviser périodiquement, pré-voyant des mesures concrètes ». Parallèlement à l’élaboration de cette stratégie, des mesures initiales de sensibilisation seront déployées. Lors de la réunion de session organisée par la SIA à Berne en septembre, Isabelle Chassot, directrice de l’Office fédéral de la culture (OFC), a fourni des explications sur ce qui est concrète-ment envisagé.

Cette année encore, l’OFC mettra ainsi sur pied un groupe de travail interdépartemen-tal, au sein duquel seront représentés tous les offices et services fédéraux dont les acti-vités ont des incidences sur l’environnement construit. Un comité consultatif veillera en outre à insuff ler une expertise externe dans la stratégie à articuler. Les interventions de l’OFC se concentreront sur trois axes : primo l’exemplarité des constructions fédérales, secundo l’aménagement territorial et tertio la médiation et le développement des savoirs.

Concrètement, l’OFC souhaite accompa-gner la mise en œuvre de quelques bâtiments fédéraux choisis, dont celle d’une ambassade à l’étranger. Ces réalisations devront se démar-quer par une qualité architecturale particu-lièrement élevée. En matière d’aménagement territorial, l’OFC envisage l’établissement de modèles de bonnes pratiques (Best practices). Quant au troisième champ d’intervention, la médiation de la culture du bâti, des projets inté-grant les gymnases sont notamment prévus en

collaboration avec la protection du patrimoine. Des mesures de sensibilisation sont également programmées au niveau de la formation profes-sionnelle, par exemple auprès des artisans de la construction. Enfin, il est prévu de soutenir les communes pour l’organisation de concours.

Isabelle Chassot a laissé ouverte la question de savoir si l’OFC créera un prix de la culture contemporaine du bâti, comme le demandent la Table ronde Culture du bâti suisse et la SIA. Elle a toutefois souligné qu’elle-même consi-dère aussi l’acte de bâtir comme une expres-sion culturelle : « La culture du bâti est source d’identité et d’appartenance. »

Douze parlementaires ont saisi l’occasion de venir s’informer de la mise en œuvre du pro-chain Message culture : Matthias Aebischer (PS), Jacqueline Badran (PS), Beat Flach (VL), Felix Gutzwiller (PLR), Philipp Hadorn (PS), Markus Hausmann (UDC), Maja Ingold (PEV), Hans Killer (UDC), Giovanni Merlini (PLR), Martina Munz (PS), Kathy Riklin (PDC) et Silva Semadeni (PS). Lors du débat qui a suivi la présentation, Markus Hausmann a posé la question de l’attention accordée aux coûts de suivi d’un immeuble dans le cadre de concours d’architecture. Quant à Silva Semadeni, elle a évoqué celle des espaces interstitiels, en constatant que nous avons beaucoup de beaux bâtiments, mais pas de quartiers.

Dr Claudia Schwalfenberg, responsable SIa pour la culture du bâti ; [email protected]

construction de remplacement | rénovation, critères de décision Le congrès « Construction de remplacement | rénovation, critères de décision » du conseil d’experts Energie de la SIA s’est tenu le 24 septembre 2015 à Berne. Ce congrès a mar-qué une étape importante dans l’élaboration systématique de possibilités d’action et de critères de décision en matière de rénovation du parc immobilier. Les personnes intéres-sées peuvent consulter le compte rendu du congrès sur le site www.sia.ch/remplacement-renovation.

(SIA)

sia online

form

LignE DirEctricE POUr LE règLEMEnt siA 144 : MisE En cOncUrrEncE DE PrEstAtiOns intELLEctUELLEs

La ligne directrice qui accompagne le règle-ment des appels d’offres de prestations d’in-génierie et d’architecture SIA 144 est sur le point d’être publiée. Andreas Steiger, membre de la commission compétente, explique la finalité de cette ligne directrice et son impor-tance pour l’acceptation du règlement.

En mai 2013, l’assemblée des délégués de la SIA a approuvé le règlement 144, qui est devenu effectif le 1er août 2013. L’entrée en vigueur de la législation relative aux marchés publics remontant à 1996, on était parvenu à un résultat après dix-sept ans de lutte autour de ce règlement.

une adoption timide dans la pratiqueLe règlement 144 n’était plus attendu

avec grand enthousiasme par les utilisateurs (notamment les pouvoirs publics), ce qui n’était pas totalement inattendu. On peut diplomati-quement qualifier l’accueil des entités adju-dicatrices de réservé. Le nouveau règlement a toutefois suscité plus d’une discussion lors de congrès. Il est aujourd’hui difficile d’estimer avec certitude son effet à moyen et long terme. On ne peut toutefois ignorer que les entités adjudicatrices publiques émettent des réserves sur certaines de ses dispositions et renoncent donc à l’appliquer.

des problèmes inchangésIl suffit de jeter un regard sur le paysage des

marchés publics pour constater que, deux ans après son entrée en vigueur, le règlement SIA 144 n’a apporté que peu, voire aucun change-ment dans la pratique. Les anciennes problé-matiques persistent avec la même virulence, notamment sur les sujets suivants :- pression sur les prix : la pression sur les prix

lors de mises en concurrence par appels d’offres de prestations est toujours très forte, surtout dans le domaine de l’ingé-nierie. Liée à une certaine spéculation, la problématique des bas prix est particuliè-rement répandue en cas d’appel d’offres important.

- critères : on assiste à une prolifération peu claire des critères d’aptitude et d’adjudica-tion.

- exigences : des exigences élevées, voire très pointues, et souvent non justifiées induisent des distorsions de concurrence.

En discussion sur le nouveau champ politique Culture du bâti : Claudia Schwalfenberg, Isabelle Chassot (OFC) et le président de la SIA Stefan Cadosch (photo Philipp Zinniker)

murs de soutènement 39 Tracés 21/2015 pages sia 39 Tracés 21/2015

pages d’information de la sia - société suisse des ingénieurs et des architectes

- déroulement de la procédure : de nombreux appels d’offres comportent des incohé-rences pouvant léser le soumissionnaire.

lignes directricesLa commission SIA 144 a déjà fait part,

dans le nouveau règlement, de son intention d’élaborer des lignes directrices visant à faci-liter l’adoption et l’application du règlement. La première ligne directrice à être publiée prochainement est axée sur les principes de la procédure de mise en concurrence, dans le but de pallier les manquements observés dans la pratique.

principes relatifs au déroulement de la mise en concurrence de prestations intellectuelles

Le titre de la nouvelle ligne directrice Principes relatifs au déroulement de la mise en concurrence de prestations intellectuelles dans le domaine de l’ingénierie, de l’architecture et de l’environnement conformément au règlement 144 est long, mais chaque partie a son impor-tance. Outre le contenu du document, à savoir le « déroulement de la mise en concurrence », le titre entend en préciser le cadre « prestations intellectuelles » et le champ d’application « le domaine de l’ingénierie, de l’architecture et de l’environnement ».

Ces dernières années, de nombreux guides techniques ont été publiés sur le thème de la mise en concurrence. La ligne directrice contient donc en annexe des renvois à ces outils spécialisés, ventilés selon les règle-ments SIA 102, 103, 105, 108, 110 et les normes 111 et 112.

objectif de la ligne directriceL’objectif est à la fois simple et ambitieux:

réduire significativement le nombre d’irrégu-larités dans le déroulement de procédures de mise en concurrence.

Pour atteindre cet objectif, la ligne direc-trice mise sur la prise effective des décisions nécessaires au cours de la procédure. Une approche planifiée et structurée doit garantir la transparence et l’égalité de traitement.

structuration par phasesOn distingue quatre phases partielles dans

la procédure de mise en concurrence :- phase préparatoire ;- phase de l’offre ;- examen et évaluation des offres ;- adjudication et achèvement.

La phase préparatoire occupe une place pré-pondérante dans la ligne directrice, car c’est lors de cette étape que sont posés les jalons, mais aussi que surviennent régulièrement de graves erreurs ayant une incidence négative sur la suite de la procédure pour l’une ou l’autre partie. En règle générale, le maître de l’ouvrage est également sollicité à ce niveau.

phase préparatoireLa ligne directrice doit assister les entités

adjudicatrices en deux points essentiels de la phase préparatoire : clarifier les besoins réels de l’entité adjudicatrice pour pouvoir ensuite définir les prestations à acquérir. Etant donné qu’à ce stade le fait de renoncer à une mise en concurrence n’a encore que des conséquences limitées, il est recommandé aux institutions de prendre sciemment une décision de principe pour ou contre la mise en concurrence. Ce n’est qu’une fois cette décision prise que le dossier d’appel d’offres pourra être préparé.

La commission SIA 144 espère que cette première ligne directrice apportera une aide précieuse dans la pratique, notamment aux maîtres d’ouvrage moins expérimentés, et fera ainsi mieux connaître le règlement SIA 144.

andreas Steiger, ingénieur civil dipl. EPF, membre de la commission SIa 144 Règlement des appels d’offres de prestations d’ingénierie et d’architecture ; [email protected]

systèMEs DE PrécOntrAintE Et DE tirAnts D’AncrAgE PrécOntrAints

Les registres actuels des systèmes de pré-contrainte et de tirants d’ancrage précon-traints peuvent désormais être consultés sur www.sia.ch/registre. Ces registres sont publiés tous les six mois et répertorient les systèmes de précontrainte et de tirants d’ancrage pré-contraints dont l’aptitude à l’emploi dans la construction en béton ou la géotechnique en Suisse a été démontrée par des essais initiaux d’aptitude et une évaluation de conformité selon les normes SIA 262/1 Construction en béton – Spécifications complémentaires et SIA 267/1 Géotechnique – Spécifications complé-mentaires. Les demandes d’inscription dans ces registres sont à adresser par écrit par le fabricant des systèmes au groupe de travail Acier et systèmes de précontrainte de la com-mission SIA 262 ou à la commission SIA 267.

Les essais initiaux d’aptitude des systèmes sont effectués conformément aux règles énon-cées dans les registres. Il convient d’apporter la preuve d’un contrôle périodique par un orga-nisme d’évaluation de conformité.

Les registres renseignent sur le fabricant, les systèmes de précontrainte et de tirants d’ancrage précontraints, la dénomination com-merciale des systèmes, la catégorie de protec-tion contre la corrosion (a, b, c) des systèmes de précontrainte et le degré de protection contre

la corrosion (PL1, PL2, PL3) des systèmes de tirants d’ancrage précontraints, l’unité de pro-duction et la désignation de la documentation technique relative aux systèmes.

(SIa)

cAhiEr tEchniqUE : OPtiMisAtiOn énErgétiqUE DE L’ExPLOitAtiOn

Le cahier technique SIA 2048 qui vient de paraître a vocation d’aide et de liste de contrôle afin d’atteindre un accroissement systématique de l’efficacité des installations énergétiques.

Le modèle énergétique SIA pour le domaine de la construction exige que le parc immobi-lier suisse soit géré de manière efficace, mais aussi cohérente et durable. Pour ce faire, il est important d’exploiter avec intelligence cette ressource précieuse qu’est l’énergie. L’objectif visé à long terme est de parvenir à une puis-sance moyenne d’énergie primaire de 2000 watts par personne et à l’émission d’une tonne d’équivalent CO2 par personne et par an au maximum. L’exploitation correcte d’installa-tions et d’appareils techniques dans les bâti-ments existants permet déjà des économies et un accroissement de l’efficacité énergé-tique, susceptibles de fournir une contribution essentielle à la réalisation de ces objectifs ambitieux. Le nouveau cahier technique 2048 Optimisation énergétique de l’exploitation sert de base à la mise en œuvre systématique de ces améliorations.

En 1997, l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) a publié un catalogue de mesures pour l’exploi-tation optimale des installations complexes (EOc). Cette publication sert de fondement majeur au cahier technique 2048 qui vient de paraître. Lors de son élaboration, les concepts et méthodes ont pu être affinés en s’appuyant sur les expériences réalisées avec le catalogue. L’optimisation énergétique de l’exploitation (OéE) dans le domaine de la construction joue un rôle crucial dans la stratégie énergétique 2050 de la Confédération. Tous les acteurs politiques ont depuis reconnu l’utilité et l’effi-cacité de cette mesure. Le cahier technique présenté ici explique les méthodes à l’œuvre dans l’optimisation énergétique des exploita-tions, les conditions qui doivent être réunies pour ce faire et les approches susceptibles de réussir.

Un modèle d’appel d’offres peut être téléchargé sous le lien suivant : www.sia.ch/144i.

génie civil40 Tracés 21/2015pages sia40 Tracés 21/2015

d’équipements géothermiques faisait encore défaut en Suisse.

Afin de couvrir également l’utilisation de la chaleur de l’eau souterraine comme seconde forme la plus répandue d’exploitation géother-mique, la Société suisse pour la géothermie (SSG-SVG) s’est donc tournée vers l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) et vers la SIA pour l’élaboration commune d’une norme suisse dans le domaine de l’exploitation énergétique des ressources phréatiques. Se voulant interdisci-plinaire, cette norme s’adresse à tous les inter-venants concernés par la planification, la mise en œuvre et la gestion d’installations exploitant la chaleur des eaux souterraines. Les aspects légaux, administratifs et environnementaux qui s’y rattachent y sont traités en détail, avec des renvois aux prescriptions fédérales, cantonales et communales qui s’y appliquent.

Pour ce qui touche à la couverture des besoins thermiques dans les bâtiments, la nouvelle norme a aussi des interfaces avec la SIA 384/1 Installations de chauffage dans les bâtiments – Bases générales et performances requises, parue en 2009, et la SIA 382/1 révi-sée Installations de ventilation et de climatisa-tion – Bases générales et performances requises, publiée en 2014.

adrian altenburger, président de la commission SIa 384/7

La norme 384/7 Utilisation de la chaleur de l’eau souter-raine est en vente sur www.sia.ch/shop ou par e-mail à [email protected]

Il s’adresse à toutes les personnes travail-lant sur des installations, des équipements et des appareils, contrôlables ou réglables, liés à l’énergie, comme des propriétaires de biens immobiliers, des investisseurs, des concep-teurs, des exploitants, des administrateurs et des spécialistes en technique du bâtiment. Ce cahier fournit aux donneurs d’ordre des indi-cations sur les phases de travail à respecter pour les mandats OéE et, aux spécialistes, un inventaire des domaines où appliquer l’opti-misation. Il contient également des listes de contrôle et autres notices de travail.

Prof. Dr Zoran alimpiç, président de la commission SIa 2048

Le cahier technique SIA 2048 Optimisation énergétique de l’exploitation est en vente sur www.shop.sia.ch ou par e-mail à [email protected]

qUAtrièME PEtit-DéjEUnEr EnErgiE AU PALAis FéDérAL : LE cOnsEiL DEs étAts cOnFirME LA VOiE DU tOUrnAnt énErgétiqUE

Le 9 septembre, les parlementaires ont été invités pour la quatrième fois à partager le traditionnel petit-déjeuner Energie organisé par la SIA à Berne – soit quelques jours avant l’ouverture, fixée au 21 septembre, du débat du Conseil des Etats jugé décisif pour la mise en œuvre de la stratégie énergétique nationale.

Neuf parlementaires de toutes les obé-diences se sont cette fois retrouvés de bon matin avec la délégation de la SIA menée par son vice-président Adrian Altenburger et son directeur Hans-Georg Bächtold. Altenburger a réaffirmé la conviction de la SIA que le tour-nant planifié selon la Stratégie énergétique 2050 est faisable et sensé, et qu’il n’y a selon elle pas lieu d’alléger les objectifs de poli-tique énergétique qui en découlent. Rosmarie Quadranti du PBD a salué l’attitude ferme de la SIA, notamment par rapport à d’autres asso-ciations plus enclines à freiner le processus. Hans Killer (président de constructionsuisse), élu UDC, dit partager la position de la SIA sur le fond, mais il a soulevé la question des impor-tantes charges financières que les mesures énergétiques envisagées feraient peser sur beaucoup de propriétaires immobiliers privés. A quoi Adrian Altenburger a répondu que la réhabilitation du parc immobilier étant une tâche générationnelle, les investissements nécessaires pourraient être ventilés sur un nombre d’années également compatible avec la durabilité sociale.

Aux yeux de la SIA, ce sont notamment la consommation domestique d’électricité auto-produite, les performances prescrites pour les appareils et les dispositifs de chauffage, l’opti-malisation de l’exploitation et la mise en ser-vice techniquement conforme des bâtiments qui joueront un rôle décisif dans la mise en œuvre des objectifs fixés – par le biais de lois cantonales, mais aussi fédérales. La SIA se réjouit donc que l’ouverture des débats sur la Stratégie énergétique 2050 ait trouvé un large consensus le 21 septembre et que les requêtes de non-entrée en matière (à 39 voix contre 2) ou de renvoi du paquet énergétique (39 contre 3) se soient vues clairement rejetées. Elle se réjouit que les manifestations qu’elle organise dans cette perspective depuis le début de 2014 aient finalement peu ou prou contribué à paver la voie de cette nette acceptation.

(SIa)

nOUVELLE nOrME siA 384/7 Utilisation de la chaleUr de l’eaU soUterraine : LAcUnE régLEMEntAirE éLiMinéE

Dans le domaine de l’exploitation géother-mique peu profonde, la norme SIA 384/7 publiée en français en août 2015 complète la SIA 384/6 sur les sondes géothermiques, elle-même parue en 2010, et comble ainsi une lacune réglementaire.

Avec cette seconde norme complétant la SIA 384/6, les deux modes les plus courants d’ex-ploitation géothermique peu profonde en Suisse sont ainsi définis et l’observation des exigences qualitatives liées à ces utilisations toujours plus répandues de l’énergie environnementale est garantie. La nouvelle norme fixe les standards pour l’étude, la réalisation et l’exploitation de la chaleur des eaux souterraines pour le chauffage et la climatisation de bâtiments.

Depuis 1984, plusieurs documentations ont été publiées par la SIA dans le domaine de la géothermie peu profonde.

La brochure sur l’exploitation de la chaleur tirée du sol et du sous-sol éditée par l’Office fédé-ral de l’environnement (OFEV) en 2009 aborde l’exploitation des sources d’énergie phréatiques avant tout du point de vue de la législation rela-tive à la protection des eaux. D’autres directives, telles que le vade-mecum pour la protection des eaux souterraines de 2004, émanent de l’ex- Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP), ainsi que de cantons ou d’associations (Groupement pompes à chaleur, etc.). Toutefois, une normalisation traitant l’ensemble des aspects techniques liés à l’étude, à la réalisation et à l’exploitation de divers types

Fondation d’un bureau d’architecture / d’ingénierie – sociétés de personnes11 novembre 2015, Lausanne, 13h00 – 18h00Code GP17-15, informations et inscription : www.sia.ch/form

la norme sia118 dans la pratique12 et 13 novembre 2015, 2 jours, Genève, 9h00 – 17h30Code AB84-15, informations et inscription : www.sia.ch/form

Gestion des ressources humaines et conduite 18 et 23 novembre 2015, 2 jours, Lausanne, 9h00 – 17h30Code MF07-15, informations et inscription : www.sia.ch/form

le contrat de planification et de direction des travaux 17 novembre 2015, Lausanne, 14h00 – 18h00Code LHO23-15, informations et inscription : www.sia.ch/form

soigner l’image de mon entreprise, maintenir et déve-lopper sa visibilité sur le marché 19 novembre 2015, Lausanne, 13h30 – 17h30Code SIE01-15, informations et inscription : www.sia.ch/form

journée d’information marchés publics24 novembre 2015, Genève, 9h00 – 17h30Code WB14-15, informations et inscription : www.sia.ch/form

sia online

form

OMC EXTRAMUROSGENÈVE

Unbenannt-1 1 09.09.15 12:59

génie civil42 Tracés 21/2015concours

Cette rubrique est destinée à informer nos lecteurs des concours organisés selon le réglement SIA 142 ou UIA. Les informations qu’elle contient ne font pas foi sur le plan juridique. Pour tout renseignement, prière de consul-ter les sites www.konkurado.ch et www.sia.ch/142i. Les résultats des concours importants sont présentés sur www.espazium.ch.

42 TracÉs 19/2015

daTe reddiTion suJeT organisaTeur eT renseignemenTs

procédure

13.11.2015nouveau

muralto-comparto stazione FFs ferrovie federali svizzere ffs Immobili Development Oggetti di investimentoa l’attention de giovanni realiniviale stazione 25cH – 6500 [email protected]

concours de projets

Procédure sélective

11.12.2015nouveau

aménagements de la Thielle Direction générale de l’environnementressources en eau et économie hydraulique (Dge-eau)a l’attention de stéphane bovierrue du valentin 10cH – 1014 [email protected]

marché de services

Procédure ouverte

23.12.2015 maison des vins de la côte glatz & Delachaux sagrand-rue 13 cH – 1260 [email protected]

concours de projets

Procédure ouverte

27.01.2016 concours château 17 ville de renenscentre technique communalrue du lac 14cH – 1020 renens

concours de projets

Procédure ouverte

28.01.2016 (plans)11.02.2016 (maquette)nouveau

construction d’un complexe scolaire, classes enfantines et primaires avec salle de sport à châtel-st-denis

Ocsa o charrière architectes sarue de l’europe 12case postale 2194cH – 1630 bulle [email protected]

concours de projets

Procédure ouverte

19.02.2016nouveau

château de la Tour-de-peilz et musée du jeu ville de la Tour-de-Peilzservice domaines & bâtiments a l’attention de m. Yves rouletgrand-rue 46cH – 1814 la Tour-de-Peilzdomaines.batiments@ la-tour-de peilz.ch

concours de projets

Procédure ouverte

18.12.2015 (inscription) 26.02.2016 (plans) 11.03.2016 (maquette)nouveau

agrandissement Home les Tilleuls à monthey commune de montheyHôtel-de-ville 2cP 512cH – 1870 monthey [email protected]

concours de projets

Procédure ouverte

25.03.2016 réaménagement du sorbier urbaplan a l’attention de marcos Weilrue abraham-gevray 6cP 1722cH – 1211 genève [email protected]

concours de projets

Procédure sélective

La nouvelle adresse pour votre publicité.

Pour les informations et les réservations:Téléphon 044 928 56 11 · [email protected] · www.zs-werbeag.ch

44 Tracés 21/2015agenda

Jusqu’au 28.02.16 ExPOSITION THe bauHaus #iTsalldesign Vitra Design Museum, Weil-am-Rhein www.design-museum.de

Jusqu’au 10.01.16 ExPOSITION biWak#14: consTrucTive alps 2015 Musée alpin Suisse, Berne www.alpinesmuseum.ch

Jusqu’au 02.12 ExPOSITION D’URBANISME HorizonTal meTropolis. a radical proJecT Archizoom, EPFL archizoom.epfl.ch

Jusqu’au 28.02.16 ExPOSITION Filmbau. scHWeizer arcHi-TekTur im beWegTen bild S AM, Basel www.sam-basel.org

Jusqu’au 04.12 ExPOSITION book For arcHiTecTs EPFZ www.ausstellungen.gta.arch.ethz.ch

Jusqu’au 10.01.16 ExPOSITION À la recHercHe de 0,10 – kasimir maleviTcH eT l’avanT-garde russe Fondation Beyeler, Bâle www.fondationbeyeler.ch

18.11 / 13:00-17:30 11e FORUM BâTIR ET PLANIFIER les démarcHes parTicipa-Tives, un passage obligé SwissTech Convention Center, EPFL www.vd.sia.ch/forumBP

12.11 / 18:00 CONFéRENCE ceva – les Tunnels hepia, Genève http://hepia.hesge.ch

24.11 - 19.12 ExPOSITION marco de Francesco. arcHipels vernissage : 21.11, 15:00-19:00 Davel 14 galerie, Cully www.davel14.ch

26.11 / 08:00-13:00 JOURNéE D’éTUDE conFérence Jeri « problèmes insolubles résolus » SwissTech Convention Center, EPFL, Lausanne www.confjeri.ch

Jusqu’au 12.12 ExPOSITION la ville expose sa maqueTTe 2/3: réalisation de constructions et d’aménagements 25, rue du Stand, Genève www.ville-geneve.ch

Jusqu’au 03.01.16 MANIFESTATION 13e biennale de lyon la vie moderne www.biennaledelyon.com

Jusqu’au 14.02.16 ExPOSITION Taiyo onoraTo & nico krebs. eurasia Fotomuseum Winterthur www.fotomuseum.ch

07.11 / 18:00-22:00 éVéNEMENT nuiT valaisanne des musées Soirée autour du paysage Musée de Bagnes, Le Châble www.museedebagnes.ch

© F

eder

ico

Ber

ardi

12.11 / 18:30 éVéNEMENT lancemenT du guide eT de l’applicaTion sur l’arcHiTec-Ture eT l’ingénierie conTem-poraines À genève Pavillon Sicli, Genève www.gvarchi.ch

16.11 / 18:30 CONFéRENCE manuel aires maTeus, du bureau portugais aires mateus, lauréat de la phase 2 du pôle muséal de lausanne Project room, EPFL http://archizoom.epfl.ch

04-05.12 FESTIVAL les urbaines Arts vivants, arts visuels et musique en ville, Lausanne et Renens www.urbaines.ch

28.01 / 18:30 CONFéRENCE bureau a architectes, suisse et portugal Pavillon Sicli, Genève www.a-bureau.ch

16-17.01 VISITE visiTe de la ville iTalienne de Turin Groupement professionnel des architectes http://www.gpa-so.ch

11.12 / 20:00 éVéNEMENT lancemenT du livre « 30 ans À paris », pour célébrer les 30 ans du cenTre culTurel suisse CCS, Paris www.ccsparis.com

46

Zyed était Arabe, Bouna était Noir, ils vivaient tous deux dans la cité du Chêne Pointu à Clichy-sous-Bois, comme de nombreuses familles dont l’histoire est liée à l’ancien empire colonial de la France. Bien que leur cité ne se trouve qu’à 15 kilomètres du centre de Paris, s’ils avaient voulu s’y rendre, il leur aurait fallu prendre un bus, puis un tramway (qui n’existait d’ailleurs pas en 2005) puis enfin le RER. Ce jour tragique du 27 octobre 2005, Zyed, Bouna et leurs amis revenaient d’un match de foot organisé « parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire ». Les policiers qui les ont poursuivis, n’avaient manifestement eux non plus rien d’autre à faire. Ainsi se reproduit au quotidien un antago-nisme qui n’a pas lieu d’être et que l’architecture et l’urbanisme conditionnent.

Dans son livre Opération banlieues (La Découverte, 2010), Hacène Belmessous décrit la manière dont les représentants de la police sont de plus en plus appelés à participer à la rénova-tion urbaine de cités des banlieues françaises « en renfort », aux côtés des urbanistes, architectes, bailleurs sociaux et représentants associatifs. Belmessous nous parle ainsi d’une route qu’on amé-nage au milieu de la prairie de la Grande Borne ou d’un immeuble qu’on détruit plutôt qu’un autre pour faciliter l’accès des véhicules de police, des halls d’immeubles repensés dans l’optique d’une intervention policière future, des circuits de camé-ras de surveillance des bailleurs sociaux appropriés, etc. A cela, nous pouvons ajouter les entraînements réguliers des gendarmes français dans l’environ-nement urbain « potemkine » qu’incarne le centre de Saint-Astier qui reproduit notamment un quar-tier de banlieues. Lors d’une visite de Bernard Caseneuve, l’actuel ministre de l’Intérieur, les gen-darmes jouant le rôle d’émeutiers potentiels au sein d’une simulation de combat ont cru bon crier des « Viva Algeria », indiquant ainsi le profil ethnique de ceux qu’ils pensaient être leur prochains adversaires sur le terrain. Nous reconnaissons ici les anticipa-tions racistes des derniers représentants de l’Etat dans les banlieues.

L’architecture est donc appropriée par la police mais nous aurions tort de croire qu’il s’agit ici d’une association oxymorique : l’architecture n’est pas cette noble discipline qui ne saurait se rendre com-plice du contrôle policier de la ville. Nous pouvons même émettre l’hypothèse selon laquelle l’archi-tecture réalise le plus son essence lorsque elle est conçue par des « représentants de l’ordre », dans la mesure où nous l’envisageons comme la discipline

qui organise les corps dans l’espace, ce qui corres-pond également à la fonction de la police. Devrions-nous pour autant cesser la pratique de l’architec-ture ? Je ne le crois pas, mais nous devons nous efforcer de penser l’architecture contre elle-même, permettre ainsi aux corps de s’échapper de son schéma organisationnel, échapper à la ségrégation spatiale créée par ses différentes formes de murs.

A l’échelle territoriale des banlieues, un tel mani-feste implique la fin de ce que le premier ministre, Manuel Valls, a lui-même qualifié d’« apartheid social » en janvier dernier. Bien que cette notion soit problématique dans le contexte français et que nous ne puissions l’interpréter que comme un effet d’annonce de la part d’un gouvernement qui ne s’est démarqué en rien des précédents pour démante-ler le racisme spatialisé que représente cette ges-tion du territoire urbain, nous pouvons néanmoins reconnaître les mécanismes spatiaux sous-jacents à ce terme. Vingt ans après La haine de Mathieu Kassovitz, dix ans après la révolte des banlieues, rien ne semble avoir changé pour les habitants des cités. Il est temps que l’ensemble des acteurs liés aux politiques urbaines et sociétales du pays tra-vaillent pour et avec eux. Comme le disait récem-ment Sihame Assbague, responsable associative fer-mement opposée au contrôle policier au faciès : « Si vous travaillez pour nous sans nous, vous travaillez contre nous. » (Mediapart, 22.10.15).

Léopold Lambert

banlieues françaises, dix ans après la réVolte : pour une architecture non policière

Il y a dix ans, les banlieues s’enflammaient

Tr

ac

és b

ulle

tin

tech

niqu

e de

la s

uiss

e ro

man

de r

evue

fond

ée e

n 18

75, p

araî

t tou

s le

s qu

inze

jour

s.r

édac

tion

rue

de

bas

seng

es 4

, 10

24 e

cubl

ens,

tél.

021

693

20

98, c

cP

80-6

110

-6, w

ww

.esp

aziu

m.c

h ed

iteu

r es

pazi

um –

les

édi

tions

de

la c

ultu

re d

u bâ

ti, s

taff

elst

rass

e 12

, 804

5 Zu

rich,

tél.

044

380

21 5

5, v

erla

g@es

pazi

um.c

h

mar

tin H

elle

r, pr

ésid

ent ;

Kat

hari

na s

chob

er, d

irec

tric

e ; H

edi K

nöpf

el, a

ssis

tant

e de

dir

ecti

onr

égie

des

ann

once

s Zü

rich

see

Wer

be a

g, s

eest

rass

e 86

, 871

2 st

äfa,

tél.

044

928

56

11 |

rég

ie d

es a

nnon

ces

en

suis

se r

oman

de : I

nédi

t Pub

licat

ions

sa

, ave

nue

edou

ard

Dap

ples

7, 1

00

6 la

usan

ne. s

erge

bor

nand

, tél

. 021

695

95

95o

rgan

e de

la s

ia s

ocié

té s

uiss

e de

s in

géni

eurs

et d

es a

rchi

tect

es w

ww

.sia

.ch

ass

ocia

tion

s pa

rten

aire

s Fo

ndat

ion

AC

UB

E, a

ssoc

iati

on d

es d

iplô

més

de

l’ePf

l w

ww

.epf

lalu

mni

.ch/

fr/p

retw

s-dh

onne

ur ;

ETH

Alu

mni

, anc

iens

élè

ves

de l’

ePfZ

ww

w.a

lum

ni.e

thz.

ch ; U

SIC

, uni

on s

uiss

e de

s in

géni

eurs

-con

seils

w

ww

.usi

c-en

gine

ers.

ch ; F

AS,

féd

érat

ion

des

arch

itec

tes

suis

ses

ww

w.a

rchi

tekt

en-b

sa.c

h

réd

acti

on e

t édi

tion

Réd

acte

ur e

n ch

ef : c

hris

toph

e c

atsa

ros,

mas

. phi

l. Pa

ris

X |

Réd

acte

ur e

n ch

ef a

djoi

nt : c

edri

c

van

der P

oel,

lic. p

hil.

un

Ine,

ma

s ur

bani

sme

un

Il |

R

édac

teur

s : m

ouni

r ayo

ub, a

rchi

tect

e | P

hilip

pe m

orel

, lic

. ès

scie

nces

un

Ine 

| Jac

ques

Per

ret,

dr in

g. c

ivil

dipl

. ePf

l |

Paul

ine

rap

paz,

bac

. ès

lett

res

et m

as. j

ourn

alis

me

un

Ige,

jour

nalis

te r

P To

us le

s ré

dact

eurs

peu

vent

êtr

e at

tein

ts p

ar e

mai

l : pr

énom

.nom

de

fam

ille@

revu

e-tr

aces

.ch

Mis

e en

pag

e /

Gra

phis

me

: val

érie

bov

ay, b

ache

lor o

f art

s H

es-s

O e

n co

mm

unic

atio

n vi

suel

le

Réd

acti

on d

es p

ages

SIA

: fra

nk J

äger

, réd

acte

ur, f

rank

.jaeg

er@

sia.

chc

onse

il éd

itor

ial e

ugen

brü

hwile

r, dr

ing.

civ

il, p

rof.

ePfl

; lor

ette

coe

n, e

ssay

iste

, jou

rnal

iste

, le

Tem

ps ; e

lena

 cog

ato

lanz

a, a

rch,

pro

f. eP

fl ; D

anie

l de

rou

let,

rom

anci

er ; b

lais

e fl

eury

, ing

. civ

il di

pl. e

Pfl

; eri

c fr

ei, a

rchi

tect

e ; c

hris

toph

e g

uign

ard,

arc

hite

cte

ePf,

pro

f. ec

al

; cyr

il v

eillo

n, d

irec

teur

d’a

rchi

zoom

; Pie

rre

vey

a, r

édac

teur

en

chef

adj

oint

en

char

ge

de l’

écon

omie

Le

Mat

in D

iman

che.

maq

uett

e a

telie

r Poi

sson

ww

w.a

telie

rpoi

sson

.ch

| let

trin

es e

t illu

stra

tion

s b

runo

sou

être

ww

w.b

runo

soue

tre.

net

ada

ptat

ion

de la

maq

uett

e v

alér

ie b

ovay

im

pres

sion

stä

mpf

li P

ublik

atio

nen

ag

, cp

8326

, 30

01

ber

ne, w

ww

.sta

empf

li.co

m

para

îsse

nt c

hez

le m

ême

édit

eur

Tec

21, s

taff

elst

rass

e 12

, cp

1267

, 80

21 Z

uric

h, w

ww

.esp

aziu

m.c

h a

rc

HI,

via

can

tona

le 1

5, 6

900

luga

no, w

ww

.esp

aziu

m.c

h. T

ra

cÉs

, arc

hi e

t Tec

21 s

ont l

es o

rgan

es o

ffic

iels

de

la s

Ia.

abo

nnem

ent,

ven

te a

u nu

mér

o st

ämpf

li P

ublik

atio

nen

ag

, r. O

ehrl

i, té

l. 0

31 3

00

62 5

4v

ente

en

libra

irie

Lau

sann

e : f

’ar,

la f

onta

ine

(ePf

l) G

enèv

e : a

rchi

grap

hyTa

rif (

Tv

a 2

.6 %

com

pris

e –

no d

e co

ntri

buab

le 2

49 6

19) a

bonn

emen

t d’u

n an

fr.

190

.– (

suis

se)/

fr.

195.

– (e

tran

ger)

n

umér

os is

olés

fr.

12.–

(po

rt e

n su

s)

cha

ngem

ent d

’adr

esse

pou

r mem

bres

sia

sIa

-sg

, sel

naus

tras

se 1

6, c

p 18

84, 8

027

Zur

ich,

tél.

044

283

15

15,

fax

044

283

15

16, m

utat

ione

n@si

a.ch

Tir

age

rem

p T

irag

e di

ffus

é : 3

726

dont

143

gra

tuit

s (I

ssn

025

1-0

979)

Tout

e re

prod

uctio

n du

text

e et

des

illu

stra

tions

n’e

st a

utor

isée

qu’

avec

l’ac

cord

de

la ré

dact

ion

et l’

indi

catio

n de

la s

ourc

e.

La mort de deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, suite à une course poursuite injustifiée avait été l’événement déclencheur de la grande révolte des banlieues françaises.

47 Tracés 21/2015 oFFres d’emploi