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R EVUE M USICALE de Suisse Romande fondée en 1948 La Revue Musicale de Suisse Romande a le plaisir de mettre à votre disposition ces documents tirés de ses archives. Aidez-nous à poursuivre notre belle aventure : abonnez-vous ! > www.rmsr.ch/abo.htm Chaque trimestre, des articles de fond, des chroniques d’actualités, des recensions de disques et de livres vous feront découvrir de nouveaux horizons musicaux. Nos dernières années de publication sont diffusées exclusivement sous forme imprimée, par abonnement ou par commande au numéro ; elles ne sont pas disponibles en ligne. Visitez notre site : www.rmsr.ch © Revue Musciale de Suisse Romande Toute utilisation commerciale du contenu du présent document est interdite (sauf autorisation écrite préalable de la Revue Musicale de Suisse Romande). Toute citation doit être accompagnée de la référence complète (titre de la revue, auteur et titre de l’article, année, numéro, page).

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R e v u e Mu s i c a l e

d e S u i s s e R o m a n d e fondée en 1948

La Revue Musicale de Suisse Romande a le plaisir de mettre à votre disposition ces documents tirés de ses archives.

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FEUILLES )IUSICALES Secrétaria t : Case 30, Lau­sanne 19. Tél. (021) 28 06 67

Treizième année

Paraissant en janvier. février. mars, mai·juin (numéro double), aoOt·septembre (numéro double), octobre, novembre, décembre, le 25 de chaque mois.

Rédaction : Pierre Meylan et Constantin Regamey

Administration: André Guignard et Jean Schneider. Comité de patronage : Ernest Ansermet (Genève), Edmond

Appia (Genève), Samuel Baud-Bovy (Genève), Jacques Chailley (Paris), Alfr ed Cortot ( l ausanne), Victor Desarzens (Lausanne), Henri Gagnebin (Genève), Hans Haug (Lausanne), Abbé Pierre Kaolin (Fribourg), Frank Martin (Naarden), Vlado Per lemuter (Paris), Francis Poulenc (Paris).

Fondateur: Ed. Roger Pizzoglio.

Publicité : Inter Annonces S.A., 2, rue Oellelontaine, Lausa nne. Tél. 23 25 76

Organe officiel des s ociétés s uivantes : Chœur de Lausanne; Association vaudoise des directeurs de chant; Orchestre symphonique d'amateurs de Lausanne ; Orchestre de chambre de Neuchâtel ; Chœur des Jeunes. La usanne ; Société chorale de Neuchâtel.

ABONNEMENT ANNUEL 1 0.-. COMPTE DE CH~QUES POST AUX Il 62 56

Le prochain numéro paraîtra le 25 octobre

Théâtre de Beaulieu

Lausanne

8 au I5 octobre Festival d'opéras italiens

NABUCCO ORCHESTRE ET CŒURS DE L'OPÉRA DE BOLOGNE (200 artistes)

8 et 11 octobre

TURANDOT sous laa auaplcsa du Mlnletllre dea spectacles du Gouvernement Italien

10 et 14 octobre DIRECTION MUSICALE: Mi!Bstro Oliviero de Fabrlttia Mlllstro Arturo Basile

LA TRAVIATA 13 et 15 octobre Location: Théâ tre Municipal tél. 22 64 33 Innovation Fœtlsch Frères SA.

CONCOURS INTERNATIONAL D ' EXIOCUTION MUSICALE GENËVE 19 60

Samedi 24 septembre Dimanche 25 septembre Mardi 27 septembre Mercredi 28 seplembre

Jeudi 29 septembre Vendredi 30 septembre

Samedi 24 septembre Dimanche 25 saptembre Lundi 26 septembre

Entrée par séance :

Concours finals publics (sous réserve de modifications éventuelles)

VICTORIA-HAll 14at20h.

20 h. 14 at 20 h. (év. 14 h.)

20 h. 14 at 20 h.

20 h.

Chant- Femmes. Chant- Hommes. Piano- Femmes. Piano - Femmes ou hommes. Cor, Clarinetta, Violon et Chant avec orchestre, d ir. Jean Meylan. Piano- Hommes. Piano avec orchestra, dir. Jean Meylan.

SAllE DU CONSERVATOIRE 14 h. Cor (avec lecture à vue). 14 h. Clarinette. 10 h. Clarinette (lecture à vue).

14 et 20 h . Violon.

Numérotée Fr. 2.-, non numérotée Fr. 1.50; pour les séances avec orchestre : numér. Fr. 3.-, non numér. Fr . 2.50

GRAND CONCERT DE GALA Samedi lor octobre, à 20 h. 15 précises, a u VICTORIA-HAll : LES LAURËATS DU CONCOURS, accompagnés par l'Orchestre de la Suisse romande, direction Jean Meylan. Prix des places: de Fr. 3.- è Fr. 9.-

Abonnements concours et concort de gala réunis : Fr. 25.- (le droit des pauvres est compris d ons tous les prix). Location chez le concierge du Conservatoire, tél. 250071, dès le 12 septembre.

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.. ·. J.

Lallsanne; septembre 1960 Treizième année No 7

SOMMA IRE: Claude Chamfray: Da rius Milhaud • 139 La saison 1960-61 141 Maurizio Coroneo : La lutherie ancienne et ses vic issitudes 142

·Carlos Pedrell : Lettre Inédite à Augusto Sér ieyx ' 145 Georges Brandt : 61e Fête des musiciens su isses, La Chaux·de-Fonds . 146 Festiva l de ju in à Lausanne et concerts d'entre -sa ison, à Genève et Lausanne, par .P ierre Meylan, Paul Knecht, Jean Matter . 147 Marcel S énéchaud : Courrier suisse du disque . 153

Nos interviews DARIUS MILHAUD

par Claude Chamfray

Dans un quartier de Paris bien connu dans le monde entier: celui de la Place Pigalle, Darius Milhaud habite depuis plus de vingt ans le :.:nême appar~. tement modeste et vieillot. Le quartier est bruyant ; plusieurs fois chaque année des bastr~ngues, loteries et marchands de fritures s'installent sous ses fenêtres ; mais le compositeur n'en éprouve aucune gêne. Il aime ce quartier pour sa vie, son mouvement, son soleil- ce soleil qui pénètre à flots dans sa pièce de travail et lui rappelle sa Provence natale. .

Darius Milhaud s'exprime d'une voix douce. Il parle avec lenteur, attendant les questions avec une patience, une gentillesse désarmantes, lui que si souvent l'on a dû importunçr- comme j 'allais le faire, et dans le même but. · En présence de l'auteur des « Mariés de la Tour Eiffel» et de<< La Création

du Monde », on souhaite inévitablement évoquer le temps des Six. C'est pourquoi la première question que je posais au compositeur fut :

- Comment jugez-vous cette époque, maintenant que quarante années · nous séparent de ses premières manifestations. Y voyez-vous un mouvement éphé­mère, ou au contraire ayant contribué à l'essor de la musique française ?

- f e considère l'époque des Six telle qu'elle -a toujours été. Chacun de nous a cantinué à suivre son chemin selon ses possibilités personnelles. Il faudra attendre cent cinquante ·ans pour la juger.

- Bien des év~nements musicaux se sont passés depuis vos débuts, en 1910. Constatez-vous que votre style se soit transformé ?

- S'il s'est modifié, il faut en chercher la raison dans une maturité plus grande. Mais je n'ai pas changé. f e continue à ne pas suivre les modes du jour. Les différences que l'on peut relever dans m es compositions sont inhérentes à celles des genres a.uxquels elles appartiennent. Chaque œuvre doit avoir son style, son équilibre. On n'écrit pas une symphonie comme un .opéra, ni une œuvre de musique de chambre comme un oratorio.

- Vous ,avez produ~t. dans tous les genres musicaux : opéras, ballets, musiques de scene, symphomes, concertos, cantates, oratorios, œuvres d'orchestre de musique de chambre, de piano, mélodies. Un seul manque à votre catalogue ; l'opérette. Pourquoi ?

·'

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140 FEUILLES MUSICALES

- L'opérette implique l'observance de certaines conventions; le choix du livret est important, mais surtout, elle n'est pas dans mon tempérament. On ne m'en a d'ailleurs pas demandé. Or le hasard a voulu que mon activité soit depuis longtemps liée à des commandes. En Amérique, on a l'habitude de demander des œuvres aux musiciens. Les instrumentistes eux-mêmes souhaitent avoir des compo­sitions. auxquelles leur nom est attaché. fe ne choisis plus, sauf en musique de chambre.

- Que vous aimez si l'on en juge par l'abondance de votre production dans ce domaine : 18 quatuors, sonates, trio, octuor ...

- r aime écrire pour de petits ensembles et de grands orchestres j j'aime les œuvres courtes, longues, et immenses. Mais je n'aime pàs m'enfermer dans une petite boîte !

- D'où votre éclectisme ! Mais vous avez été considéré comme un compo­siteur d'avant-gll;rde. Plusieurs de vos œuvres ont suscité des scandales lors de leur création. Or aujourd'hui, pendant que tant de musiciens demandent aux instru­ments classiques des sonorités anormales, alors que beaucoup de compositeurs se tournënt vers le dodécaphonisme et la musique concrète ou électronique, vous demeurez simplement vous-même, sans chercher du nouveau à tout prix.

- Le dodécaphonisme est une musique d'avant-hier, et l'accueil qu'on lui fait après plus de quarante ans, comme s'il s'agissait d'une découverte récente, m'amuse! La vérité est que je me suis intéressé au dodécaphonisme à ses débuts. Il a excité ma curiosité. Pendant la guerre de 1914-18, nous étions isolés de l'Autriche. Il était difficile, sinon impossible, de savoir ce qu'on écrivait en Europe Centrale. Aussi, la guerre finie, suis-je allé à Vienne avec Poulenc pour y ren­contrer Schoenberg et ses élèves: Webern, Berg, Wellesz. Si j'avais dû être converti, je l'aurais été à cette époque; non maintenant. Mais je suis resté sur m es positions, parce que le dodécaphonisme est à l'encontre de mon tempérament, et que je n'aime pas les systèmes.

- A l'égard des musiques concrètes et électroniques, quelle est votre attitude? - Elles peuvent avoir un intérêt pour le théâtre et le cinéma. Mais c'est

tout. Avec elles, on tourne en rond. Tout ceci me rappelle l'effort des futuristes de 1910, avec Marinetti et Rousselot, et les bruiteurs ... A ce propos; je vous citerai le cas d'un de mes élèves américains qui, un jour, partit travailler la musique éle.c­tronique. Après deux ou trois ans, il déclarait ne pas comprendre qu'on pût encore écrire sur des portées. Dix ans plus tard, il revenait à l'écriture sur portées ! Ceci ne m'empêche pas de reconnaître que toutes les recherches apportent un appoint aux connaissances. Rien n'est perdu. Je trouve seulement absurde de vouloir présenter ces essais comme pouvant remplacer la musique alors qu'ils ne

. son~ fju:un.e. possibilité supplémentaire. Moi-même, c'est à ce titre qu'il m'est arrwe d utzlzser de la muszque concrète pour une sorte de « Cantate » demandée par une imprimerie à l'occasion de l'anniversaire de Gutenberg. On y voulait représenter le mariage de la feuille et du cliché, avec des personnages. ]'ai donc fait enregistrer des bruits d'imprimerie. /'ai choisi dans ces enregistrements des fragments qui ont été ensuite traités en studio. Mais il y avait là le rythme d'un morceau de musique.

Vous préférez certainement faire appel au folklore ?

FEUILLES MUSICALES 141

(A cette question, Darius Milhaùd a un sourire de satisfaction, comme si ma question avait été attendue, espérée.)

- Oui, je m'intéresse au folklore et il m'est souvent arrivé d'utiliser celui des pays méditerranéens et de l'Amérique du Sud. Egalement des thèmes de la Nou­velle-Orléans~ mais ils étaient d'origine française. Une fois, j'ai composé une petite ouverture sur des thèmes du Kentucky, mais sans être allé dans le pays. Aux U.S.A., le travail est facilité par l'existence de bibliothèques qui vous envoient tous les documents dont on peut avoir besoin.

- Et vous traitez ie folklore à votre manière ? - Je suis contre les harmonisations, qui sont un travail du X xc siècle mal

adapté à des chants anciens. Il faut traiter le folklore de façon libre ; ne pas hésiter à y changer quelques notes afin qu'il devienne une œuvre personnelle. Voyez l'exemple de Bizet dans la Farandole de« L'Arlésienne». On oublie qu'il s'agit d'une très ancienne musique provençale.

Il existe deux attitudes à l'égard du folklore : celle du musicologue qui le recueille avec piété et le range dans sa bibliothèque ; et celle du compositeur qui le prend avec impiété pour en tirer quelque chose de lui. C'est cette dernière que j'ai adoptée en prenant le folklore non comme point d'arrivée, mais de départ.

- Il me reste à vous poser la question rituelle : à quelle œuvre travaillez­vous durant cette année parisienne, puisque désormais votre existence est partagée entre la France et les Etats-Unis, entre le Conservatoire de Paris et le Mill's College?

- fe travaille à ma 9° Symphonie, commandée par un orchestre américain - celui de Fort Landerdale. Quand elle sera achevée, j'entreprendrai ma JO•, destinée au dixième anniversaire de l'Etat d'Oregon.

LA SAISON 1960-61

OCL, Lausanne. - 10 concerts, dirigés par V. Desarzens (8), P. K.lecki et A. Gerecz. Sol.: Aurèle Nicolet (flûtiste) dans Concerto en do min. de Vivaldi, Concertino de Chaminade et Fantai­sie de J.-F. Zbinden ; H . Szeryng, viol. (Concerto de Schumann) ; W. Malcuzynski, pian. (Concerto en fa min. de Chopin); S. François, pian. (Con­certo en la maj. de Mozart) ; E. Cserfalvi, viol. (Concerto en sol min. de Prokofieff); Nouveau Quatuor de Lausanne (Quatuor à cordes avec orch., de M artinu). Premières auditions: Concerto en ré min. et en do maj. pour trois clavecins, de J.-S. Bach (avec G. Vaucher-Clerc, .Chr. }accot­tet M. Perret), Extraits de 1'4: Incoronazione di Po~pea », de Monteverdi, 4: Pulcinella » de Stra­vinsky, Extraits de 1'4: Eventail de Jeanne », de Ravel-Ibert-:tyfilhaud-Poulenc ; Sonate pour ar­chets, de H. W. Henze, Sonatina de C. Beek, Etudes pour cordes de Fr. M artin, 4: La Terra » pour chœur et orch. de chambre de Martinu. En création : Divertimento No 2 pour orchestre, de H. Sutermeister, ainsi que l'œuvre primée au concours de composition Radio-Lausanne 1960.

Le compositeur bâ lois Rudolf Moser s'est tué le 20 aoQt

derni er au Plz Juller (Engadine), à l'Age de 68 ans. Il laisse

une œuvre considérable qui a porté son nom très au· delà

de nos frontières. - Le Concours d'exécution de Genève

1960 a vu s'Inscrire 255 candidats ; les morceaux Imposés

ont été composés par Hermann Haller et Henri Gagnabin. -

Roger Vuataz a écrit une remarquable Suito pour orchestre,

c Estampes genevoises • (hommages è Calvin. Rousseau.

Piachaud, Toepffer et Otto Barblan), créée à Radio·Genève

par I'OSR. - L'oratorio • La vanité du monde • de H. Ge·

gnebln a été donné è Carlsruhe en 1re audition allemande. -

L'organiste lausannoise Marle Dufour a été Invitée è donner

quatre concerts d'orgue en Hollande. - Vlado Perlomutor a

donné col é té un cours consacré surtout à Ravel, au camp

musical JMC de Magog (Canada). - Une statistique nous

Informe que les trois auteurs suisses las plus joués sont

Frank Martin, H. Sutermelstar at R. Llebermann. - Un Ingé­

nieur soviétique, C. Leonti ev, a cons truit un Instrument élac·

Ironique devant produire la musique des couleurs. - La

publication des lettres Inédites da Bee thoven à la comtesse

J oséphine Deym fait sensation : on se rend compta que le

compositeur était profondément épris de la comtasse alors

qu'on na croyait qu'à une Inclination suporflclelle.

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142 FEUILLES MUSICALES Ill' -• o. ,

LA LUTHERIE ANCI-ENNE ET SES VICISSITUDES

. par Maurizio Coroneo, Cagliari (Sardaigne)

_ Dans l'histoire des instruments _de-musique, la lutherie brille d~un éèlat tout particulier, soit par ses aptitudes ~trinsèques à rendre de la façon la plus adéquate ·les in~p?'ation$ musiçales les plus élevées. ~-t les plus pures, soit par l'ancienneté de ·. ses orygmes, qui l'entoure comme d'un mystère impenétrable. Depuis ses sources o~~ntales le~ plus recu~ée~, elle s'est. développée et perfectionnée jusqu'à la pre­miere Renaissance, y atteignant son accomplissement définitif. Elle termine son évolution dans l'âge d'or des grands fâbricants · Gasparo 'da Salo les Amati lès

. ' ' ' s:r~d~":ar~u~, les Guarneri, etc.? san~ parler des autres disciples renommés de cette penode qm, partant ~pproxunativement de 1520-1550, se poursuit jusqu'à l'époque florissante de la première moitié du XVIII• siècle avec le maître Antonio Stradivarius, d~ Crém~ne, déjà en pleine gloire à ce moment-là, pour .s'achever dans une plei]-Itude d'ecoles et d'artistes à la fin de ce même siècle qui peut jus- . tement .être. considéré c_om~e ~elui, .~e, la lutherie classique. ·

Indubitablement, il existait deJa a cette époque une échelle des valeurs, des ?egrés de préférence de la part de la clientèle la plus raffinée qui fondait ses JUgements rion seulement SUr Ja qualité purement esthétique des instruments à co~d~~; c'est-à-dire sur la ~eauté des vernis, les. qualités formelles, l'élégance èt la prec~sw.n de la facture, mais en.core et surtout sur les valeurs acoustiques. Ce n 'est que plus tard, alors que ces m~truments «nouveaux» étaient devenus « clas­siques », objets de collection pour la satisfaction · éminemment esthétique des am~.t~urs, qu'on put remarq~er u~e ?éviation dans les jugements et les ~stimati?ns du fait ·q:ue de tels exemplaires etaient devenus et sont encore avant tout des « objets d'art » - phénomène qui se l!lanifeste depuis plus d'~n siècle à ~artir de l'extinction des anciennes écoles. ·

Le co~lectionneur, l'am~teur: se lancèrent ain~i dans la rechercJ:te pas.sim:mée et en~hou~Iast~, s_ouvent pleme cl obstacles~ du « vwlon antique», na~urellement . a; pnx.', c, es,t~a-dire cl~ provenance_ des meilleurs luthiers, des écoles les plus répu­tees ~éJa a 1 epo~u,e o.u,elles œuvraient, et c'est ainsi que les anciens chefs-d'reuvre acq~Irept un~ c;I_:bnte enco;e plus co~sidérable longtemps après leur création, susc~ta~lt .un mt.e~et renouvele non plus sèulèment pour leurs qualités de sonorité ~t ~e" trm?re, ~ais surt~ut pour leur valeur esthétique, pour leur ancienneté. Cet mte.ret d,e:ermma 1~ debut de ~eur exode hors d'Italie où, pour la plupart) ~ avaient ete conserves. Ils abouti~ent dans d'~~tres pays sans espoir de retour, vu la de~~~de a,c~arnée .des collectiOnneurs, specialement français et anglais, qui en appreciaient a JUSte titre la ~al~ur et se les disputaient a.vec opiniâtreté, faisant monter pa,r :conséquent .les,P!~ en un crescendo fantastique. .. ·

, La penod; ?,e cet mteret mtense !?our les violons classiques peut se situer au d~but du XIX, siecle, alors que !es anciennes écoles commençaient à s'envelopper d ~~ halo de l~gendes. A cette epoqu~ on signalait déjà un intérêt considérable~ spe~Ialement en Angl;terre, pour les- viOlon~·Amati, lesquels, parmi les classiques, · avaient toutes les preférences. Dans une période antérieure c'était l'école alle­mande qui ~vait connu la vogue, prinçipalement les vi~lons Stainer qui, déjà à la

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-.

,..

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FEUILLES MUSICALES 143

fin du XVIII• siècle, jouissaient parmi les amateu~s et les virtuoses .d'une grande ·faveur à cause de leur forme bombée. Ce fut l'cèuvre du luthier anglais Behjamin Banks d'inc~ter les virtuoses et les artisans de son pays à adopter un modèle plus plat, précisément réalisé par les Amati . (Antonio, Girolamo .et Nicola) , provo~ quant de cette manière UIJ.e hauss~ de prix pour les instruments qu'ils· avaient signés et en général pour: tous les modèles plats (par opposition aux Stainer bombés), déterminant par conséque~t le premier exode massif des Crémones classiques que les collectionneurs anglais estimaient davantage que tous les autres·

· de provenance européenne. . A part les Amati, tous les autres violons de Crémone, en particulier les plus

significatifs comme les Stradivarius, les Guarneri, sans parler de ceux des meilleurs élèves et imitateurs de ceux-ci, augmentèrent prodigieusement de prix, ouvrant ainsi la voie à la grande exportation de:'! instruments classiques, à la spéculation

· et à la ... fàbrication des Crémones sur une é,norme échelle, tandis que jusqù'à çette époque on n'avait pu constater que sporadiquement des cas isolés de contrefaçon. ·

C'est ·alors que se manifesta une mainmise extrêmement rigoureuse-sur les . instruments de prix et déjà les luthiers français, eux aussi, étaient prêts à acquérir des pièces importantes de violons anciens grâce à Vaide d'accapareurs dont l'un,

.Luigi Tarisio, vit son nom passer à l'histoire. Natif de Novare, mais .pendant longtemps établi à Milan, d'humble origine, musicien ambulant à ses hettres, il réussit, au cours de ses longues pérégrinations à travers l'Italie, à repérer avec. un flair singulier les instruments de valeur en possession de gens pau:vres ou ignora,nts et à fournir ses clients de Paris et de Londres, parmi lesquels Albric, Chanot (le vieux ), Thibaut, Vuillaume de Paris et celui de Bruxelles, Gand, et en Angleterre spécialement Davis, Betts, Hart, Corsby, Reade, tous luthiers et connaisseurs de renom.

· Qu~nd Tarisio mourut ( 1854) , dans un taudis de Milan, on trouva chez lui une quantité i;mpressionnante d'instruments anciens de grand prix, parmi lesquels des Stradivarius, Guarneri, Bergonzi, Amati, etc., qui avaient été de toute évidence mis de côté lors d'une livraison projetée au-delà dês Alpes. Toutefois ces instruments eux aussi émigrèrent, ayant été cédés par les héritiers au t.out-puissant Vuillaume. ·

· Et l'histoire de certains de ces instruments passés ainsi entre tant de mains, dans tant de pays, est incroyablement aventureuse, souvent liée aux vicissitudes

· romanesques de leurs possesseurs, souvent porteurs d'un grand nom, ou à cèlles. d'éminents artistes, de violonistes de célébrité internationale. n faudrait men­tionner ici combien d'instruments réputés ont inspiré des œuvres remarquables, soit littéraires soit picturales, sans que l'on ait songé à rappeler à ce sujet à l'ori­gine de combien de conflits ils-se sont trouvés, combien de fraudes, âe substi-

. tutions, de vols, et spécialement de contrefaçons ils ont provoqués, étant donné, comme prétendent les intéressés, que «personne ne les a vus naître, sauf naturel­lement les artisans qui les ont fabriqués ... » mais il y a de cela si longtemps !

Néanmoins, ·malgré toutes les vicissitudes humainement possibles, le patri­moine de cet-antique et noble art de 1a lutherie s'est transmis au cours des siècles et il est toujours en honneur, à cause de son origine absolument ina ttaquable et parce que ses produits ont 'été jalousement conservés par des musées anciens, ou

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144 FEUILLES MUSICALES

des institutions célèbres en Italie et à l'extérieur. Il est naturel que le nombre des instruments classiques ait fatalement diminué à la suite des circonstances histo­riques, mais beaucoup d'exemplaires se trouvent encore en Italie, leur patrie d'origine, bien qu'en moins grande quantité qu'à l'extérieur, et ceci à cause de l'exode inconsidéré du siècle dernier dont nous avons parlé ci-dessus. Ce serait un problème extrêmement ardu, même actuellement, que d'inventorier exactement les exemplaires encore repérables en créant un registre international destiné à les classer, à les cataloguer un par un, selon une méthode absolument rigoureuse et précise, dans tous les cas qui pourraient présenter encore des doutes et des incer­titudes. Pareillement ce serait une entreprise presque impossible, dans l'état actuel des choses, que d'énumérer tous les instruments existants dans chaque partie du monde provenant de tous les auteurs anciens plus ou moins réputés. Pour cerner le problème à deux auteurs, Stradivarius et Guarneri, voici quelques précisions à titre indicatif au sujet de la localisation actuelle, bien entendu de quelques exem­plaires seulement.

En Italie, de Guarneri del Gesù, mentionnons le violon fabriqué en 1742, ayant appartenu au grand violoniste Nicola Paganini qui l'a légué à la Ville de Gênes, où il est aujourd'hui conservé avec un soin jaloux ; aux Etats-Unis, à New York, deux exemplaires de 1729 dans des collections privées ; en France, un de 1733 et un autre de 1742 au Musée du Conservatoire de Paris ; deux autres de 1737 et 1744 dans des collections de Chicago ; un à Vienne de 1739. D'Antonio Stradivarius, en Italie, un violon de 1716, un alto de 1690 ( Medicea), un violoncelle (Medicea) appartenant au.Musée des instruments du Conservatoire « L. Cherubini» à Florence ; de 1690 le célèbre « Toscano » des collections du Conservatoire Sainte-Cécile de Rome ; de 1685 un « longuet » dans une collec­tion d'Aqui (Piémont); à Naples, au Conservatoire de musique <<San Pietro a Majella », une harpe de 1681 ; à Paris, au Musée du Conservatoire un violon de 1699, un autre de 1708 ~x Davidoff, et celui de 1708 ex Tua ; un'e «grande pochette » de 1717 et un Cistre de 1700 ; enfin quelques violoncelles de 1688, 1690, 1692, 16~8 et 1717 respectivement dans des collections privées à Leipzig, Rome, Mannherm, Cologne, sans parler d'une trentaine de violons aux Etats­Unis, en Allemagne, Suisse, Angleterre, Espagne, Hollande.

Q,uant aux,prix actuels rela~~s à la lutherie classique, ils sont fixés ·dans le marche selon lrmportance et 1 etat de conservation des différentes parties. Les cote~ les plu~ élevées. v~mt toujours aux Stradivarius, puis, dans l'ordre, aux Gu~rnen, Amati, Maggmi, Gasparo da Salo, etc. Elles se sont tou jours bien ~a:Ot~nu.es et se trouvent netteme.nt s?périeures aux cotes d'avant-guerre, quand il s .agiSsait. de p~ye: un .bon Stradivanus un million de lires, un Guarneri à peine moms. Aujourd hm ces mstruments ascendent facilement à 10 15 ou 20 millions,

0 • 0 '

surpassant a~si progressiv~ment les meilleurs instruments du siècle passé qui peuvent valorr de 500 000 lires à un ou deux millions au maximum. Les anciens artisa~s auraient-ils jamais imaginé que leurs instruments, vendus à l'origine à des pnx plus que modestes, pussent atteindre « les hauts sommets » ? Il faut dire q?e certai~s, prix de. la lutherie classique crémonaise se justifient par les singu­lieres qualites acoustiques de ses productions - les grands artistes les emploient de préférence -, aussi bien que par leur insurpassable beauté et leur rareté qui en font de précieux objets de collection.

' .,

FEUILLES MUSICALES 145

Textes de musiciens (VIII)

UNE LETTRE INÉDITE DE CARLOS PEDRELL A AUGUSTE SÉRIEYX

SUR L'HYMNE NATIONAL ARGENTIN

Carlos Podrell, neveu du compositeur espagnol Felipe Pedrall, est un compositeur uruguayen qui, au dllbut du siècle, lit ses études musicales à la Schola Cantorum avec V. d'Indy. Il y fit la connaissance d'Auguste Sllrleyx. Il vécut à Buenos Aires de 1906 à 1920, y occupant une situation en vue dans le monde musical. Membre du Conseil natlonel de l'éducation, Il fut chargé par le Gouvernement argentin de mettre au point l 'hymne netlonel argentin. A ce titre, ln lettre suivante, à laquelle nous avons apporté quelques · corrections de style et d'orthographe, ne manque pas d'Intérêt. Ajoutons que Carlos Pedrell est mort è Paris en 1941.

Buenos Aires, 15 januier 1910. Mon cher ami,

De retour à Buenos Aires après de très courtes vacances passées à Monteuidéo, j'ai eu la surprise de trouuer le «Cours de composition~ que uous auez eu la gentillesse de m'envoyer. Ma surprise a été plus grande encore quand j'ai uu la dédicace de notre cher maître D'Indy, et uos mots d'amitié si aimables ... · A tout je réponds auec un merci sorti du cœur, parce que tout cela a fait reuiure en moi un passé déjà lointain.

j'attendais de répondre à uotre lettre, parce que je uoulais finir un trauail très important qui m'a été commandé par le président du Conseil national de l'Education : la reconstruction de l'Hymne national argentin, d'après le manuscrit original de l'auteur, un Catalan pas trop fort, ma fois. Je uiens de finir ce trauail, et sitôt publié (premiers jours du mois prochain), je uous enverrai la brochure.

C'est un trauail assez long, une étude analytique, critique et esthétique de l'original. Ensuite une analyse sommaire de deux versions de 1825. Après une autre étude critique et analytique de la uersion d'Esnaola1 (1860), très importante celle-ci parce que tous les traduc­teurs ont puisé d'après lui pour faire leurs versions (20 versions différentes!). Nous sommes en 1910, au premier anniversaire du centenaire de l'indépendance, et nous ne savons pas comment l'on doit chanter la chanson de la patrie.

]'ai tfiché de faire ce travail de mon mieux. Je propose une nouvelle uersion, maï: c~tte fois tout à fait d'accord auec l'original, exception faite, bien entendu, de l'harmomsatton. Je présente une uersion populaire pour piano et chant et une autre pour grand orchestre. Bref, le tout ua apparaître dans la brochure dont je uiens de uous parler.. . .

Je suis en train de finir l'orchestration d'une fantaisie sur troiS th~mes. populatres argent~ns. C'est un trauail de longue haleine, mille et quelques mesures. Je uazs fatre .tout m~n poss1ble pour uous l'envoyer,· je voudrais surtout quelques conseils de d'Indy, au suJet de lmstrumen­tation, où, parfois, j'ai eu quelques surprises, pas toujours agréable~ !

Je uais faire publier chez Demest la plupart de mes mél~d1es, celles ~ue uous ~uez reçues et d'autres que uous ne connaissez pas. Si cela ne uous ennute pas trop, Je uoudra'! q~e uou~ ayez la gentillesse de corriger les épreuves. Cela me fera gagner du temps et, ensu1te, Je serai bien tranquille avec un pareil correcteur.

Donc à bientôt, j'espère de uos nouvelles, une bonne poignée de mains de uotre tout déuoué ami

CARLOS PEDRELL.

t Esnaola (Juan Pedro): Compositeur argentin (1808-1878) qui fit ses études musicales à Madrid et Paris.

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146 FEUILLES MUSICALE~

61• FtTE DES MUSICIENS SUISSES, A LA CHAUX-DE-FONDS

. 21-22 mai 1960

De l'assemblée générale de l' AMS, tenue le samedi après-midi dans les locaux ·du Cl4p 44, nous relèverons l'offre que fit Soleur:e, pour 1961, d'organiser la 62• Fête, on en nomma le jury, puis on but, avec les Autorités et la Presse, le vin d'honneur offert par le Canton et la Ville.

Pour en terminer avec les manifestations extra-musicales (officielles, gastronomiques, oratoires et récréatives) signalons encore :

- la- réception d'après-soirée, samedi soir à l'Ancien-Stand, où les choristes, l'orchestre (de Lausanne), les soli~tes, la presse, joints aux membres de l' AMS et aux officiels ( 450, pet­sonnes environ), furent copieusement restaurés par le comité d'organisation, tandis que se derou­laient discours et sketches humoristico-musicaux d'excellente classe ;

- le déjeuner de dimanche aux bords du Doubs, AMS à la Maison-Monsieur, presse à la Rasse tous réunis ensuite à mi-chemin dans les jardins étagés du Pavillon des Sonneurs 9éploya;t la séduction de leurs marronniers roses, de leurs cyti~es et de leurs lilas, tandis que le soleil, enfin, daignait luire quelques instants.

Le concert de saniedi soir dans une Salle de Musique très revêtue, fut consacré à la ' ' . musique symphonique et chorale. La mise au point des huit œuvres du programme repr~se~t~1t pour Robert Falier, la Chorale mixte du Locle; la Société chorale et le Chœur du Conservatoire de La Chaux-de-Fonds un labeur de très longue haleine, aboutissant d'ailleurs à un résultat d'une étonnante qualité artistique, grâce encore à l'apport précieux de l'Orchestre de chambre de Lausanne, d'André Luy, organiste, et des solistes cités plus bas. · .

Les partitions choisies par le jury se signalaient, plus que par leurs audaces, par des qua­lités d'écriture dé construction d'orchestration très louables. Après un Prélude pour orgue de­belle tenue (R. Moser), le « viri Galilei » pour chœur et orgue d'Oswald J aeggi entre dans la collection d'œuvres liturgiques accessibles à de nombreuses chorales, et renouvelle heureusement ce répertoire par son st;'le robuste, sa sobriété, son inspiration fervente. Les trois Mélodies de Paul Ma they, sur d'admirables textes du XVI• siècle (Cl. Gafner, baryton, accompagné à l'orgue par l'auteur) sont de bons exemples d'exaltation poétique d'un texte par la musique, en contre­point efficace et discret. Les Psaumes de Bernard Reichel pour chœur et orgue témoignent certes d'une belle sensibilité et d'un métier très sûr, mais présentent, chantés à la suite, une certaine monotonie sinon dans l'expression, du moins dans les enchaînements harmoniques. Nous avons

· quelque peine à discerner l'apport personnel du jeune Erik Szekely daris les Chansons du XIII• siècle que le Chœur du Conservatoire chanta à ravir. Pastiche ou adaptation ? L'un ou l'autre fort habile d'~lleurs. Pour n'être pas neuf puisqu'il date de 1942, le Psaume 107 (dédié à Charles Falier) du regretté Jean Binet n'en fut pas moins pour nous le sommet du concert. Œuvre d 'un maître authentique, au langage personnel, tour à tour subtil ou éloquent.

Nous pensons grand bien également de la Cantate de Samuel Ducommun : Siméon, pour baryton, orchestre et orgue. Si l'écriture n'innove guère, l'emploi raffiné des timbres témoigne d'un sens très sûr de l'orchestration, et la partie chantée met en valeur le beau·texte d 'Edmond Jeanneret. Pierre Mollet, de sa belle voix, servit bien l'œuvre.

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FEUILLES MUSICALES 147

Nous étions curieux d'entendre la traduction musicale, par Jean-Frédéric Perrenoud, des élans lyriques de J.-P. Zimmermann dans « Les Vieux-Prés», cantate pour chœur et ·orchestre. Nous avons été un peu déçu. La recherche d'une pâte orchestrale somptueuse entraîne l'auteur à des enflures, à des effets descriptifs faciles et par trop directs, qui servent moins bien le texte que la partie chantée (fort difficile), plus éloquente dans sa sobriété relative .

Dimanche matin : musique de chambre. Le concert s'ouvrait par un court Divertissement pour trio de Martin Wendell, d'un dodécaphonisme de bonne compagnie, rafraîchissant et ingénieusement composé. Interprétation très en place de S. Romasca.no, violon, M.-R. Guiet, alto, et M. Cervera, violoncelle. Lui succéda un cycle de huit Lieder sur l'automne, de Hermann Haller (au piano) , chanté avec beaucoup de sensibilité et un bel organe par B. Geiser-Peyer, contralto ; très agréables à suivre, . d'une inspiration lyrique et généreuse, dans la lignée de Hugo Wolf. Le 3• Quatuor de Caspar Diethelm, marqué par une volonté de concision louable ( 4 mouvements, 10 minutes), est juvénile, · quoique d'une audace encore un peu sage, mais il témoigne d'un vrai tempérament de musicien. (Interprètes : Quatuor de Lausanne, soit en süs du trio cité plus haut : P: Grisoni, deuxième violon, excellents.) ·

Rien à signaler quant à la Sonate de H ans Haug pour violoncelle et piano, jouée avec beaucoup de talent par Ch. Henneberger-Mercier, celliste, et Fr. Haug-Budry, pianiste, sinon qu'elle est d'une écriture singulièrement anachronique, bien que fort habile. ·

Le clou du concert, ce fut la Sonate op. 67 pour hautbois et piano de R . d'Alessandro, œuvre prestigieuse, dynamique, trépidante, peut-être un peu trop bartokienne, mais d'un style éblouissant et défendue avec brio par H. Hollinger et f. Wyttenbach, tr~ juste.ment bissés.

Quant au Cycle sur des poèmes persans de Hafiz, signé d'Ernest Pfiffner, ( G. Kurth, baryton, trio et timbales), d 'inspiration fort noble et orchestré de manière intéressante, il pro­cède de cette tradition métaphysique post-beethovénienne dans laquelle notre incurable soif latine de clarté a quelque peine à se mouvoir.

Nous ne voudrions pas terminer sans signaler le magnifique effort de J.-M. Nussbaum, journaliste et président de la Commission de presse de la Fête, grâce au.quel la presse locale et celle du pays tout entier ont été renseignées sur ces manifestations musicales avec une précision et une clarté exceptionnelles et dignes d 'être imitées à l'avenir.

Georges Brandt.

CONCERTS D'ENTRE-SAISON ET FESTIVAL DE LAUSANNE

Le Théâtre municipal de Lausanne n'entrete­nant pas de troupe. lyrique permanente, les ama­teurs vaudois d'opéra ou d'opérette en étaient réduits, cette année, à un court intermède lyrique entre la saison théâtrale proprement dite et le Festival de Lausanne. Cet intermède consistait en la représentation par des artistes français de trois opéras du répertoire d 'outre-Jura, sous la direc!ion franchement capricieuse d'un jeune chef italien, Bruno Bogo, et avec l'appui de l'Orchestre de chambre de Lausanne renforcé. Pour « Werther » et « Manon », cette mosaïque dessinée par trois na tions n'aboutit pas à un résultat bien probant. Le chef n'était pas sûr, l'orchestre hésitant (on ne soude pas des éléments hétérogènes en un tour de main, à moins d'être un Ansermet ou un

. Karajan), les solistes inégaux. Au surplus, la mu­sique de Massenet, si prisée en France, apparaît ici plus . fertile en défauts qu'en qualités et son sentimentalisme douceâtre prend trop souvent le pas sur ses réels dons inventifs et son senS' inné du théâtre. Par contre, la représentation de «Lakmé»,

intrinsèquement d'ailleurs œu'vr~ plus dynamique et au découpage plus adroit, satisfit les plus dif­ficiles. Mado Robin, dans le rôle de l'héroïne, fit admirer son registre étendu bien qu'inégal aussi bien que son style remarquable, supérieur à celui de Suzanne Brumaire, qui se révéla d'ailleurs une Manon de bonne classe. Michel Dens parut le plus complet de tous quanf à la voix et la présence

· -scénique, tandis qÜe Henri Legay, incapable d 'épouser l'uniforme anglais dont on l'avait revêtu dans « Lakmé », devenait un chevalier Des Grieux aû naturel amoureux si authentique qu'il devait correspondre sans doute à son propre tempéra­ment.

A part ces restrictions, on peut se demander si le but de la saison lyrique a été atteint cette année. Pour ma part, j'avoue que l'on devrait offrir au public lausannois des chefs-d'œuvre d 'un répertoire moins éculé, où, aux côtés de « Car­men », ~u. «Médecin malgré lui » (de Gounod), de « M1re1lle » et « Véronique », on verrait figu-

, ..

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148 FEUILLES MUSICALES

rer, outre les plus fameux des Gluck, certaines pièces du répertoire moderne, comme « Ariane et Barbe-Bleue », « Les aventures du roi Pausole », « Les mamelles de Tirésias » et « La voix hu­maine ». La ville de Lausanne, dont les deniers sont destinés généralement à des entreprises à rendemen! presque assuré, devrait en consacrer quelques-uns à fonds perdu pour donner à la saison lyrique un relief et une valeur qui seraient loin d 'être quantités négligeables en ma tière de propagande touristique et culturelle.

Dans ce sens, le Festival de Lausanne, tel qu'il était conçu cette année, représentait un atout maître, mais qui ne devrait pas être le seul. Basé sur la collaboration de la troupe, des solistes et des chœurs de l' Opéra de Belgrade, il fut d'une qualité à proprement parler insurpassable. A part une reprise de « Boris Godounov », les Lausannois se mirent pour la première fois sous la dent « Eu­gène Onéguine » et « La Khovantchina ». Le pre­mier, bien qu'on puisse lui reprocher quelques longueurs, est de l'excellent théâtre, réussissant mieux dans le tragique que dans la gaieté. Cela ne saurait étonner quand on connaît les circons­tances dans lesquelles il a été composé et quand on sait que son message humain a été profondé­ment vécu par T chaikovsky à l'époque de son mariage malheureux. Encore plus que les acteurs et actrices - notons ici Radmila Bakocevic, char­mante dans Tatjana, l'excellent Drago Starc da ns Lenski, bien supérieur à un Dusan Popovic véri­tablement dépourvu de nuances dans le rôle prin­cipal - les décors et jeux de lumières dont Friedrich Schramm était responsable créèrent une

GIUSEPPE CAMPORA

atmosphère d 'originale poes1e, par des moyens pourtant sobres, qui mérite une mention parti­culière. Oublierons-nous j amais ces arrière-plans mystérieux s'ouvrant sur de lointains et impal­pables horizons? Retrouverons-nous cette synthèse de tous les essais de décora tion de l'après-guerre, où l'expressionnisme donne ce qu'il a jamais eu de meilleur ? L'empreinte de Friedrich Schramm (un Bâlois, entre parenthèses) est tellement effi­cace qu'à côté les décors de « La Khovantchina » para issaient lourds et souvent maladroits.

Par contre, « La Khovantchina » - à quand la version tant promise Stravinsky-Ravel ? - a beau fourmiller d 'épisodes confus et vagues - dus d'ailleurs au.x mutilations opérées par Rimski -, eLle a beau ne pas posséder l'agilité psychologique d'« Eugène Onéguine », elle n'en est pas moins le produit d'une inspiration plus géniale que celle de Tchaïkowsky. « Eugène Onéguine » est un chef-d'œuvre de style, mais musicalement parlant ce n'est pas une date dans l'histoire de l'opéra. « La Khovantchina » en est une, malgré d'affreux défauts. On y retrouva Starc .. (Galitzine), Popouic (Chakloviti ) et surtout l'extraordinaire Miroslav Cangalovic, ce nouveau Chaliapine, dans Je rôle de Dossiféi. Quant aux nombreux «son et lumière> de l'auditoire, ils purent se rassasier les yeux en détaillant, au 4c acte, un ballet persan particuliè­rement lascif.

C 'est dans ces scènes d'ensembles, ces mouve­ments de foule - qui sont l'essence même de « La Khovantchina », symbole de la sainte et tourmentée Russie - qu'on apprécie les vastes dimensions du plateau de Beaulieu. J'y pensais en

MAFALDA MICHELUZZI

seront parmi les vedettes du Festival d'opéras italiens de Lausanne.

FEUILLES MU SI CALES 149

me remémorant la soirée passée à entendre « Le R oi David » au Casino de Genève, quelques jours avant. Au premier abord, on pouvait se demander pourquoi ce « Roi David » n'a été qu'une demi­réussite, car le texte musical fut parfaitement rendu hormis ce souffle lyrique et sensuellement mystique que seul un Ansermet sait rendre. Quant au texte littéraire de Morax, il résiste, dans ses envolées lyriques, à l'outrage des ans. Mais, si les interventions de Consttelo Rubio, Solange Michel et Pierre Mollet furent la perfection même, les acteurs n'avaient pas la classe nécessaire. Il faut dire une fois ce qui est : la scène du Casino est beaucoup trop exiguë pour une œuvre exigeant de l'espace et de l'air. Certaines figures dansées étaient navrantes, comme un veston trop étriqué. Certains épisodes, dont les détails se trouvaient finement étudiés, n'engendraient aucune réaction parce que déployés sur quelques mètres carrés. Il paraît que le Théâtre du Jorat reprendra ce qui est probablement un chef-d'œuvre en 1964, pour l'Exposition Nationale. On verra seulement alors si les détracteurs de ce « Roi David » scé­nique auquel ils reprochent d 'être une mosaïque t rop statique d'épisodes trop hachés ont raison contre les laudateurs du « Roi David » oratorio. Protagonistes de cette œuvre qui a fait tant couler d'encre: l'OSR (dir. Jean M eylan), le Chœur des Jeunes (dir. A. Charlet), le Chœur de la Société romande de Spectacles (dir. Jean M eylan), le Théâtre de Carouge.

Changeant de nom, l'Orchestre symphonique lausannois va bientôt changer de chef. Quel regret avons-nous de voir pour la dernière fois monter au pupitre de cet excellent ensemble la silhouette sympathique d'Hermann Hertel ! Prodigieux ani­mateur, il a fait de cet orchestre d'amateurs -aidé de quelques professionnels - une phalange d'une redoutable cohésion. Ce qui est redoutable aussi, c'est qu'elle s'attaque à des pages qui sont généralement l'apanage des grands ensembles symphoniques. C'est dire que, si la 4• Symphonie de Schumann souffrit parfois de cer taines appro­ximations, la 4• Suite de Bach fut une révélation en ce sens que, dans la lettre comme dans l'esprit, I'OSL récolta le fruit de ses efforts. Sous la direc­tion de celui qui sera, paraît-il, son nouveau chef, Charles Dutoit, la «Petite suite grisonne» de J ean Binet fut détaillée avec allégresse et beau­coup de charm e, tandis que l'accompagnement du Concerto en ré min. pour piano, de Mendelssohn, atteignit un haut niveau. L e soliste en était Michel Perret, qui en donna une version pleine de brillant et d'exubérance, mais auquel on pourrait reprocher, dans l'Adagio dit sostenuto, de man­quer d'intériorité et de poésie. Un peu trop lisztien, ce Mendelssohn ! :rout en reconnaissant

que la technique de Michel Perret est absolument étonnante de sûreté.

Le Ballet 11ational hongrois termina en apo­théose, devant une salle bondée et délirante, le Festival de Lausanne. Avec ses csardas et ses danses tziganes, il nous révélait aussi bien que les trouvailles ct les recherches d'un Bartok et d'un K odaly la richesse du folklore hongrois. Frénésies rythmiques, somptuosité des costumes, tout fut un rég_al pour les yeux et les oreilles, bien que dans ce spectacle un peu long - il dura deux heures et demie - l'élément contemplatif ait été sacrifié au profit des évocations exubérantes et contras­tées. Mais quel naturel, quelle vie, quelle allé­gr!!SSe dans cette troupe si proche de l'âme du peuple ! Plus raffinées au point de vue artistique, les exhibitions du chœur mixte dans des chansons de Kodaly, Csenki et Bartok f'uent une profonde impression.

Dans Je cadre plus modeste du Temple de Pully, « Ricercare » présentait deux concerts de musique de chambre ancienne, dans l'esprit de la plus haute ferveur et de la plus f'me musicalité, ressuscitant des œuvres valables de Lœillet, Fischer Rameau, sans oublier une sonate pour clavec~ (avec flû te et violoncelle) du jeune Mozart et ce ravissant « Rossignol en amour > de Couperin que l'animateur Raymond Meylan ren­dit avec une exquise émotion. Les autres et très remarquables interprètes se nommaient: Chr. Jac­cottet (clavecin), P. Fuchs (hautbois), Marc~l Ger­vera (violoncelle) et Montserrat Cerv~ra (viOlon).

P. M.

Le 6 avril, Basia Retchitzka donna, à la Salle de Villamont, un récital de chant dont le pro­gramme représentait une espèc~ d'intr?duction .à la musique vocale contemporame qw, à partir des épigones du lied, cherche. à s'intég;er les techniques nouvelles et à se pher aux eXIgences des systèmes et théories de notre époque. A part Monteverdi, en effet, ce furent de F alla, Stra: vinsky, Berg, Prokofief, Webern et Regamey qw eurent la parole - avec ou sans paroles, selon les cas. Nous fûmes prodigieusement intéressé par ces expériences - les deux versions du même poème, par exemple,. d'Alban Be~g - et par ces jeux spirituels. L'auditeur ~averti », en no.us, eut donc de quoi prendre un au entendu. MaiS nous eussions préféré que l'auditeur « naïf » eilt été touché. Car il nous semble que le chant, de par son origine de par sa nature doit atteindre ces régions ém~tionnelles ancestrales qu'en langage courant on appelle «le cœur» : c'est alors seule­ment qu'il peut y avoir incantation et communion.

Basia Retchitzka se dépensa généreusement : l'interprétation de telles œuvres exige beaucoup

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150 FEUILLES MUSiCALES

de métier et une sûreté d'intonation extordinaire. Constantin Regamey· fut un accompagnateur en tous points remarquable ; il faut applaudi au double titre de pianiste et de compositeur, ce soir-là, ses Cinq études pour voix de femme et piano figurant au programme.

Des amis, des fervents, beaucoup de jeunes, le soir du 31 mai, au Conservatoire ; jacqueline Blancard et Paul Burger donnèrent un concert au profit du fonds. de prévoyance des professeurs de l'institut. Beethoven, avec la Son;tte en sol min. op. 5, No 2, et Brahms, avec la Sonate en fa maj. op. 99, encadraient la Sonate de Deoussy, point culminant de la soirée, ce nous semble. L'éloge des deux artistes n'est plus à faire. Nous nous plaisons simplement à leur 'elire notre. gratitude : c<: fut une très belle soirée dont ils nous firent présent.

Dans le cadre du Festival international, l'Or­chestre Philharmonique de Varsovie se produisit au Théâtre de Beaulieu le .3 juin. Une seul~ œ11yre inédite figurait au · programme : la Sinfonietta pour deux orchestres à cordes de Kazimierz Serocki, œuvre bien charpentée, bien· équilibrée, attachante, où le dialo~e entre les deux ensem­bles se poursuit sans faille, les parties lyriques alternant harmonieusement avec des architectures compliquées bâties sur des rythmes inexorables. Le quatuor de la Philharmon!e de Varsovie y fit une démonstration irréfutable de ses qualités exceptionnelles. C'est sans doute le meilleur registre. de cet ensemble. Dans l'« Eroica » de Beethoven, les anches eurent certaines lourdeurs, peut-être parce que trop sollicitées par le chef. Mais le point faible de l'orchestre, ce sont les cuivres, lourds, à l' intonation parfois hasardeuse (cors). Nous nous plaisons à relever, en revanche, la bonne volonté et l'enthousiasme de ces musi­ciens, toujours prêts à suivre la baguette du chef, à répondre à ses gestes. Le public sentit cette qualité humaine : il applaudit frénétiquement l'orchestre malgré les surprises que comportait

disOrêt

l'interprétation, par le jeune chef Stanislaw· Wislocki, de la 3• Symphonie ( « Eroica » ) de Beethoven. Witold Mizlcuzynski, le soliste de la soirée, joua Je 2• Concerto (fa mineur, op. 21 ) de Chopin con maestria : une technique à toute épreuve, un sens du rythme étourdissant, un goût jamais en défaut. Paul Knecht.

Le temps de Pâques nous a ramené, comme chaque année, quelques concerts de circonstance. A Notre-Dame du Valentin, la Schola des Petits Chanteurs de Notre-Dame de Sio1i, dirigés ·par j oseph Baruchet, interpréta avec. beaucoup de fraîcheur et d'exactitude quelques pièces de son répertoire. Louons en particulier un « Angelus » de Monteverdi et deux extraits d'une messe · de Jannequin, qui 'firent preuve d'une préparation très soignée. Un ténor solo se mêla. au chœur dans un petit oratorio de del Cavaliere. En intermède, on entendit à plusieurs reprises joseph R eveyron,

·organiste de la cathédrale de Lyon, dans des pièces de Pachelbel, d'Olivier Messiaen, de Jean­Sébastien Bach et de sa composition. Il y témoi­gna d'un beau tempérament et d'un grand sens de la couleur. '

Une œuvre comme la «Passion selon saint Jean», de Bach, revient traditionnellement trop souvent au programme des concerts de musique d'église pour ne pas susciter de.s comparaisons qui ne sont ·p·as toujours à l'avantage de la plus récente audition. On n'a pas·oublié celle de l'an dernier sous la direction d'Alain Milhaud. Celle que Robert Falier et ses chanteurs fit entendre cette année à la Cathédrale n'approcha pas de cet équilibre et de cette perfection ; elle n'en fut pas moins chal~ureusc et fervente. Les pages désolées, en particulier, leur réussirent mieux que les dé­chaînements de la foule ironique et haineuse. Les solistes, excellents dans l'ensemble, comptaient Basia Retchitzka, Lucienne Devallier, Eric Tappy, . André V essières et Arthur Loosli.

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FEUILLES MUSICALES .151

Un concert a été donné au Conservatoire, au profit de la bourse des élèves, par la Guilde de la musique de chambre. Çette organisation s'est do.nné, pour but de d.iffuser son répertoire hors des

· .. grands centres et compte déjà plusieurs concerts dans Je canton à son actif. Le programme pré­-~~pté à Lausanne comprenait un remarquable Tr-io de Moz~rt, la 2• Sonate pour piano et violon de Brahms (op. 100) et Je Quintette de Schu­mann. André Loew, Samuel Delessert, Splett, Buvelot et Burger junior ne parvinrent pas d'em- .

· blée à créer ·une ambiance chaleureuse et commu­nicative, en dépit d'un jeu sincère, parfois d'une réelle a isance. La Sonate de Brahms, elle, parut pâtir d'un i!'lsuffisant travail d'ensemble, de la

· part du pianiste en particulier, et d'une exécutio_n quelque peu flottante et 'laborieuse. En revanche, ces cinq artistes furent emportés par l'enthou­siasme schuma;mien, et le fameu.'< Quintette en mi bémol trouva grâce à eux des accents d'une beauté vibrante. Le Scherzo en fut bissé.

Stella Budry et H élène Fackler se produisirent au Conservatoire dans un programme consacré à des œuvres originales pour piano à quatre mains. Ce genre qui tend à tomber en désuétude et que le public tend à sous-esti!ller, en raison peut-être · de mauvais souvenirs · scolaires, a pourtant suscité des pages remarquables, en particulier chez Schu-

bert qu'on regrettait de ~e pas voir figurer à ce programme. L es « Klavierstücke :l) de Schumann pour quatre mains .ne :valent .certes pas ceux de Schubert. Par contre, · les 10 Variations sur un thème de Schumann, de Brahms,· sont très · atta­chantes. Quant à la « Ma mère l'Oye :l) de Ravel, .la ·forme pianiste a le mérite d'en constituer .)a version originale. Les deu.'< artistes donnèrent · Ûne exécution sensible et équilibrée de ces pièces, d'une mise au point parfois ingrate.

Les œuvres pour i~struments à vent ne consti­tuent pas non plus un genre très goûté du public. Le concert de ia SIMC donné par le .Quintetté à vent de Lausa'nne, dans la petite salle de la Maison de' là Rad.io, pro'cura néanmoins des plai- · sirs variés aux trop. rares auditeurs qui ne ·bou- · dèrent pas cette manifestation. D'autre part, l'effort très Jouable, ·mais bien mal récompensé, d'intéresser le public mélomane au répertoire contemporain, explique plus encore cette défec­tion. Le programme comprenait un Quintette du Danois Nielsen, datant de 1923, d'un romantisme sans audaces, Cinq Pièces en Trio, de Jacques Ibert, beaucoup plus drues et savoureuses, . une Suite de Darius Milhaud, transposant l'esprit du XVIII• siècle à l'âge de l'atonalité, Q uatre minia- ­tures pour flû te, de Julien-Fr. Zbinden, et, pour finir, une œuvre de Hindemith qui remonte à

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152 FEUILLES MUSICALES

1922, la Kleine Kammermusik für 5 Bliiser, dont ses excellents interprètes traduisirent la carrure et la verve colorée.

Le dernier des concerts de la SIMC nous per­mit d'entendre l'excellent ensemble de musique de chambre que constitue le Nouveau Quatuor de Lausanne, avec deux quatuors à cordes de com­positeurs suisses et un quatuor tchèque. Celui de Conrad Beek ( 1934) est une œuvre claire, légère et plus sereine qu'on pouvait s'y attendre. Celui d' Armin Schibler ( 1958) a un certain caractère dramatique et même descriptif ; il se compose de sept brefs morceaux, à l'allure de récitatifs, sans développements, et où les recherches pittoresques insolites dominent. Quant à l'œuvre de Karel Husa ( 1948), elle baigne en plein lyrisme et déploie beaucoup de charme. Ce programme fut joué avec une belle maîtrise devant un auditoire malheureusement restreint.

Le principal intérêt du dernier concert de la Société des concerts Notre-Dame du Valentin, sous la direction de Robert Falier, fut de présen­ter une œuvre du XVIIIe siècle en première audi­tion suisse : le Requiem de Jean Gilles, pour soli, chœur, orchestre et orgue. Œuvre solide, chaleu­reuse, à la polyphonie légère, inégale certes, sur­tout en sa conclusion, mais souvent d'une inspi-

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ration très pure et d'une émouvante simplicité. Le « Lux aeterna ~ en est peut-être la plus belle page. Le Requiem de Gilles était précédé de Pièces grégoriennes chantées sous la direction du chanoine Bruchez et de la Cantate No 35 de Bach, qui n'est pas des meilleures du cantor de Leipzig. En plus du chœur, il convient de louer l'Orchestre de chambre de Lausanne et les solistes de ce concert : Juliette Bise, Lucienne D evallier, Marc Burgat, Gaston Presset, Roger Girard, et Dante Granato, à. l'orgue. jean Matter.

ECHOS

Pour des raisons techniques - mais serolt·ce aussi à causo du dlfférand dparant Herbert do Karajan de la direc­tion du Fes tival de Salzbourg ? - l'œuvre do W. H. Henze prévue on création pour 1960 à Sa lzbourg, •Antlfono por Il Fes tival dl Sallsburgo •, n'y sera présentée qu'on 1961. -La Suisse muslcolo fête le 70o anniversaire de Frank Martin ot le SOe anniversaire d'Heinrich Sutermelstar. - Dans notre numéro de juin, •Lo Oime• a été attribuée par erreur à Gustavo Doret : elle est d'Alexandra Danéréez. - Un muséo d'Instruments anciens vient d'êt re Inauguré à Genàvo, grâce aux efforts de Elisa 1. Clerc at Fritz Ernst. - Carlo Hem­marllng rononca à la direction de l' importante •Union Cho­ralo do Lousonno•. - On vient d'éditer à Vienne une sonate Inconnue da S chumann pour violon et piano: lo mouvoment lont ot lo flnolo sont les mêmes que ceux de lo soneto composée conjointement par Schumann, Diedrlch ot Brahms.

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1, rua du Mid i LAUSANNE

olAME AVERTI EN~(! \ ~ LA 'f J ~~ .FAIT DES H EURVAfJ'.

Tirage : 5 octobre 1960

Sacr6tarlot cantonal vaudola: Place Bal-Air 4, Lauaanno, chèque• postaux Il 7500

FEUILLES MUSICALES

Courrier suisse du disque L. V AN BEETHOVEN : CONCERTO POUR VIOLON

Une bonne douzaine d'entregistrements mo­dernes existent actuellement du Concerto op. 61, « concerto des rois et roi des concertos » : je ne signalerais certainement pas celui-ci, dernier venu, s'il ne présentait un intérêt spécial. Le violoniste, Roman Totenberg, possède un son d'une merveil­leuse pureté. Il joue de plus d'une façon admi­rable, sans aucune recherche d'effet (même dans l'attaque du Rondo qui est pris ici dans un mou­vement modéré certes inhabituel). L'orchestre qui l'accompagne est celui de Posen que dirige Sta­nislaw Wislocki, le jeune chef polonais qui fit si grande impression à la tête de la Philharmonie de Varsovie au Festiva l international de Lausanne 1960. (Heliodor 479 006.)

SCHUBERT: QUINTE'ITE DE LA TRUITE

Cette nouvelle version du fameux Quintette en La maj. a été demandée à Hephzibàh Menuhin, à Norbert Brainin, Peter Schildof et Martin Lowett du Quatuor Amadeus et à J. Edward Merrett, contrebassiste : merveilleux artistes qui joignent la grâce à la plus fraîche sensibilité. La pianiste possède toujours cette sonorité cristalline qui, dans les duos avec son illustre frère, rendait son jeu irrésistible. A peine quelques accords un peu trop arrachés: à cela près, c'est une exécution parfaite. (HMV, ALP 1733.)

RICHARD STRAUSS : LE CHEV ALlER A LA ROSE

Encore une version disquée de la grande comé­die musique d'Hofmannsthal et Richard Strauss, s'ajoutant à celle de Decca (direction Kleiber) et de Columbia (direction Karajan) , laquelle ne saurait évidemment être considérée ici que com­para tivement à celles-là.

Une première remarque s'impose: Bèihm est moins brillant, moins extérieur plutôt, mais plus sensible que Karajan et, à défaut d'une version Krauss ou Kempe, je préférerai toujours la ma­nière de Kleiber (mais la prise de son de la ver­sion Kleiber accuse un vieillissement comparative­ment à celle des deux versions plus récentes, dont, rappelons-le, celle de Karajan a été analysée dans notre numéro de mai/juin).

La Maréchale de Marianne Schech, quoique nullement dépourvue de qualités - je la préfère personnellement à celle de Maria Reining chez Decca - est fort inférieure à celle d'Elisabeth

JOSEPH HA YON : Les Symphonies « Salomon »

ALP 1693 No 99, en Mi bémol majeur. No100, en Sol maj. ( « L'Hor­

loge»). ALP 1694 No 101, en Ré maj. ( « Mili­

taire ») . No 102, en Si I>émol majeur.

ALP 1695 No 103, en Mi b. maj. ( «Rou­lement de timbale»).

No 104, en Ré majeur ( «Lon­dres »).

The Royal Philharmonie Orchestra, dir. Sir Thomas Beecham.

LUDWIG VAN BEETHOVEN: F ALP 572 Symphonie No 4, en Si bémol

majeur, op. 60. Symphonie No 8, en Fa mnj., op. 93.

Orchestre de ln Société des Concerts du Conserv. de Paris, dir. Carl Schuricht.

PETER TCHAIKOWSKY : Capriccio italien. Andante cantabile (du Qua­tuor N• 1, op. 11).

NICOLA RIMSKY-KORSAKOW : Suite, op. 57 (extraite de « Tsar Sa !tan »}.

MICHAIL IVANOVITCH GLINKA: ALP 1679 Jota aragonesa. Philharmonia Orchestra, dir. PaulKletzki.

SERGEI RACHMANINOFF : FALP 624 Concerto No 2, en ut mineur,

pour piano et orchestre. Gabriel Tacchino, pianiste, et l'Orchestre de la Société des Concerts du Conser­vatoire de Paris, dir. André Cluytens.

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153

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154 FEUILLES MUSICALE&

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G~hon 9.eseUfc1zatt

JIIOUVEAUT~S mono et stéréo 33 tours

UNE SOIRÉE DE -LIEDER " SCHUBERT-GOETHE ,, :

Wanderers Nachtlied - Ei1~ Gleiches -Ganymecl- - ]iigers Abendlied - Am Sclnvager Kronos - Meeres Stille- -Prometheus - _Gesünge d es Harfners -An den Mond - Au/ dem See - Erster Verlust- Der Musensofm. Dietrich Fischer-Dieskau, baryton -Jorg Demus, piano.

mono 33 = 18 617 LPM stéréo 33 = 138 117 SLPM

FRANÇOIS-ADRIEN BOIELDIEU: Concerto pour harpe et orchestre, en Ut majéur.

JOACHIN RODRIGO : Concert-sérénade pour harpe et orch. Nicanor Zahaleta, harpe - Orchestre Radio-Symphonie, Berlin, dir. Ernst Miirzendorfer.

mono 33 = 18 618 LPM stéréo 33 = 138 118 SLPM

WOLFGANG-AMADEUS MOZART : Grande Messe inachevée, en ut min., KV. 427. Kyrie - Gloria - Credo - SanctusKaK KV. 427. - Kyrie - Gloria - Credo -Sanctus - Benedictus. Maria Stader, soprano - Hertha Top­per,contralto - Ernst Haefl iger, ténor ­Ivan Sardi, hasse - Chœurs de la Ca­thédrale Sainte-Hedwige et Orchestre Radio-Symphonie, Berlin, dir. Ferenc Fricsay.

mono 33 = 18 624 LPM stéréo 33 = 138 124 SLPM

JOHANNES BRAHMS : Quatuor à cordef en Si bémol maj., op. 67.

,ANTON DVORAK : Quatuor à cordes en Fa maj., op. 96. Qua tuor Amadeus (Norbert Brainin, Siegmund Nissel, Peter Schildhof, Mart in Lovett).

mono 33 = 18 626 LPM s téréo 33 ~ 138 126 SLPM

Catalogu es e t listes des nouveaut é.t che: votre distJuaire

Schwarzkopf chez Columbia. Par contre, I'Ochs de Kurt Bohme mé paraît dépasser celui "d'Edel­marui, surtout quant à la finesse du j eu. Avec un artiste de cette sorte, ~n a pu_ san~ danger rétablir le récit du ler acte qui est pénible à supporter avec certains inte~prètes et que la version Colum­bia avait supprimé sans dommages ... Irm~aard Seefried dessine un Octavian-soprano,

ce qu1 ne manque pas· de charme, ·surtout avec une telle artiste, mais cette distribution cause à l'audition aveugle, des confusions avec la v~ix trop semblable de la Maréchale. La Sophie de Rita Streich est délicieuse de .fraîcheur et de grâce. Rien de particulier à signa ler dans le reste de la distribution qui est bonne - avec Fischer­Dieskau en Faninal - si ce n'est que le trio des Orphelines est infiniment mieux réalisé ici que dans la version Karajan. (DGG, LPM 18570/73.)

AIRS MOZARTIENS

Anna Moffo est une jeune chanteuse d'origine · américaine, dotée d'une technique accomplie (quoique son souffle demeure encore un peu court), qui s'essaie aux soubrettes mozartiennes et même à Constance, alors que les emplois légers lui conviennent, pour le moment du m'oins, beau­coup mieux : ne fut-elle pas à la scène comme au disque une inoubliable Nanette dans le Falstaff dirigé par Karajan? Je sais bien qu'elle a déjà chanté L ucia di Lammermoor, mais cela ne prouve rien, des erreurs de ce genre se cp~e~~ tant chaque jour.

Ses deux disques mozartiens (de 25 cm.) chez Columbia ne sont pàs entièrement c·oiwaincarlts. La technique est irréprochable certes mais dans 1,. , . , ' ' mterpretat10n, le sentiment na turel est remplacé

par l'adresse et le calcul. L'insatisfaction - de l'amateur difficile seulement - découle ici du manque d'émotion réelle, de sensibilité : de cette sensibilité qui nous inondait chez Irmgard Seefried par exemple. (33 ex 1061/62.)

TCHAïKOWSKY : LA DAME D E PIQUE

La Guilde du disque nous a proposé une version abrégée de la Dame de Pique de Tchaikowsky: solu tion «économique », fort discutable cer tes (le personnage titulaire ne figure même pas dans ce résumé ! ) mais qui, par son habile découpage et l'esprit qui l'a nime a l'immense mérite de conser­ver l'atmosphère vivante de la représentation théâtrale : d'une représentation théâtrale excep­tionnelle, celle du Théâtre Bolshoi de Moscou. L'intérêt de ce disque en devient, je l'avoue, extraordinaire, chanteurs et choris.tes aux voix

1,

FEUILLES MUSICALES

vibrantes et naturellement expressives imprimant à cette interprétation un caractère inconnu dans les (rares) exécutions occidentales du grand ouvrage dramatique de Tchaïkowsky. Le « charme slave » règne constamment ici, avec sa « tristesse sensuelle » qui est proprement irrésistible. (MMS-2012. )

BÉLA BARTOK: LE CHÂTEAU DE BARBE-BLEUE

Cet opéra de Bartok, qui se rattache à la période initiale de l'activité créatrice du grand musicien hongrois, semble avoir été écrit spécia­lement pour l'audition aveugle. L'action, de carac­tère symbolique, y est réduite à peu de chose : c'est un long dialogue accompagné par l'orchestre, dans une atmosphère tour à tour de passion, de mystère et d'angoisse. La musique agit ici avec une force suggestive extraordinaire, faisant surgir des visions sans cesse changeantes. L'œuvre -amputée du Prologue qui doit en préciser le caractère - tient tout entière sur les deux faces d'un microsillon de 30 cm. L'inteprétation en a été confiée à D ietrich Fischer-Dieskau dans le rôle de Barbe-Bleue et à Herta Topper dans celui de Judith. L'orchestre est Je Radio-Symphonique de Berlin, conduit pa r Ferenc Fricsay. On ne sau­rait évidemment trouver interprètes plus accom­plis, plus soucieux de la juste restitution de cet ouvrage mystérieux et sévère, qui compte pa rmi les plus valables du théâtre lyrique de ce siècle. (DGG, LPM 18 565.)

MAURICE RAVEL : DAPHNIS ET CHLOt

De ce grand ballet-pantomime avec chant, on connaît surtout les deux Suites d'orchestre qui en furent extraites, et tout pa rticulièrement la se­conde avec son éblouissant L ever du jour. Decca a tenu à en graver, à côté de la version de con­cer~, la version théâtrale complète, dont l'exé­cution a été confiée au London Symphony Or­chestra et a ux Chœurs de J'Opéra de Covent­Garden, sous la direction de celui qui fut le créateur de l'ouvrage en 1912 a ux Ballets russes, Pierre Monteux. Ce chef, d~nt la vieillesse n'a diminu~ ni le prestige ni l'autorité, en donne une traductiOn excellente. L'enregistrement, d'une dynamique étendue, lui a permis de fa ire un sort magnifique a ux grandes « clameurs » ravéliennes dont cette partition abonde, en même temps qu'il a ménagé la délicatesse des soli (particulièrement ceux de flûte dans la dernière partie) dont les dessins sont très bien mis en valeur dans la somp­tuosité de l'ensemble. (LXT 5536.)

M. S .

L. VAN BEETHOVEN: Symphonie No a, en Fa majeur , op. 93.

FRANZ SCHUBERT : Symphonie No 8, en •i mi· ne ur ( « lnac!.cvéc»). Orchestre Philbarmoniqu e d e Vienne, dir. Karl Bübm. ACL 86 (LP 30 cm. Fr. 15.-)

• L, V AN BEETHOVEN : Sonate pour piano e l vio­lon Na 9, en La majeur, op. 47 , dire cSonare à Kreut:en~ . Sonate pour piano e t violon No 5, en Fa maj., op. 24, dite c Sonate du Prin temps•. Henryk Szeryng, violon · Art hur Rubio­&tein , piano.

LM 2377-C (LP 30 cm. Fr. 24.-)

(SËRIE ·COLLECTIONNEUR·) PAUL DUKAS: L'Apprenli-aorcler. G. ROSSINI : Ouverture de • Sémlramide •· G. VERDI : La Tr ...... tata, Prélude• 1 el 3. R. WAGNER: Siegfried-Idylle.

The Philharmonic -Symphony Orchestra of New York, dir. Auuro To.!lcanini. CAL 309 (LP 30 cm. Fr. 16.-)

L'ART DE SERGE! RACHMANINOFF, Vol. 1: Chopin : Sonate en .si bémol majeur . op. 35. Schumann : Carnaval, op. 9.

CAL 396 (LP 30 cm. Fr. 16.-)

L'ART DE GALLI-CURCI : Proch : Moore: Verdi:

Gounod: Bizet:

Bishop : Payne: Meyerbeer : Foster: Verdi :

Air et Variations. La dernière rose de l' été. Le Travlata (c Ali, for~' è lui ... • Semprelibera - Addiodelpauato•). Roméo et Juliette ( Vol&e). Les Pêcheurs de perles ( c Comme autrefoi.s ... -,.). Lo, hear the gentle lark. Home, sweet home. Dlnorah ( c Ombra leggera ... • ). My old Kentucky home - La Copinera. Rlgoletto ( c Caro n ome • ) .

CAL 410 (LP 30 cm, Fr. 16.-)

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