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1 Qu’est-ce que l’hindouisme ? Karin Lafont-Miranda - 2013

21 - CG - L'hindouisme la dictée de Vyasa – un avatar de Vishnou), - la mâlâ , un chapelet comportant 50 éléments, les 50 lettres de l’alphabet sanskrit, - le gâteau ou le

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Qu’est-ce que

l’hindouisme ?

Karin Lafont-Miranda - 2013

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L’Inde est un pays où de nombreuses religions sont pratiquées avec ferveur, mais l’hindouisme est la croyance la plus répandue.

C’est la première religion avec 878 millions de fidèles, soit 79.8% de la population.

Généralités

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Les origines

L’hindouisme (« Loi Éternelle ») est l'une des plus vieilles religions du monde encore pratiquées. Son origine remonte à la civilisation de l'Indus(Sindhou), première manifestation de la culture indienne apparue aux environs du 3ème millénaire avant J.-C.

L'hindouisme est actuellement la troisième religion la plus répandue dans le monde, après le christianisme et l‘islam.

La pratique hindouiste est issue d'une tradition orale très ancienne.Sa particularité est qu’il ne s’agit pas d’une religion révélée ; elle n’a pas de dogme sacré valable pour tous les adeptes (comme la foi en Jésus ou en Allah).

Un hindou estime qu’il appartient à l’hindouisme parce qu’il fait partie d’une caste donnée.

La Puja, rituel d'offrande

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Le Veda et les Upanishad

• Le Veda (« connaissance révélée ») a été transmis oralement de brahmane à brahmane jusqu'à nos jours.

• Il exprime les lois selon lesquelles l'énergie créatrice, Brahmâ, a créél'Univers en récitant les quatre Vedas par ses quatre bouches.

• Ces lois ont été "vues" par de très anciens sages, les rishi, qui les ont transportées dans des "hymnes" formant le texte des Veda.

• Les hindous pensent que le Veda est éternel et singulier.– Les quatre Vedas sont considérés comme sacrés et occupent une place

comparable à celle de l’Ancien testament dans la religion chrétienne.• Chaque verset des Vedas peut être considéré comme un mantra : une

invocation qui renfermerait une magie subtile dans ses sons si on la psalmodie correctement.

• Les Upanishad - composées de 255 textes postérieurs rédigés à partir de 6oo avant J.-C. - sont des commentaires des Vedas sous forme de récits symboliques ou de développements philosophiques.

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Les principales croyances

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• Les croyances et principes hindouistes sont essentiellement les suivants :

– la réincarnation ;– l’ascèse ;– la purification rituelle ;– le végétarisme ;– la non-violence (ahimsā).

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La réincarnation

• La croyance en la réincarnation est commune avec les bouddhistes, les jaïns et les parsis.– Les hindous croient en une vie après la mort et avant la naissance, le corps

n'étant qu'une enveloppe matérielle temporaire.

• Contrairement à la pensée occidentale qui considère le Bien et le Mal comme des concepts absolus, en Inde ces derniers varientselon le stade de la vie de l’individu et la caste à laquelle il appartient. – L'homme devient ce qu'il accomplit : les bonnes actions améliorent les

conditions de vie de l'existence à venir, de mauvaises actions les aggravent.– Chaque individu détermine ainsi par ses actes son destin dans la vie future.

• L'âtman demeure l'essence invariable propre à l'individu, malgré la totale mutation de l'être, ce qui représente la continuité du moi dans la migration des âmes. – Pour briser ce cycle perpétuel, les hindous doivent vivre de manière à ce que

leur karma ne soit ni négatif, ni positif.

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Faire cesser la réincarnation

• Il existe plusieurs voies pour faire cesser le cycle des réincarnations : – la connaissance : étude approfondie des textes et

méditation (jnana yoga) ;– l’action désintéressée (karma yoga) ;– la foi (bhakti).

• Parmi les trois voies possibles pour faire cesser les réincarnations, le jnana-yoga jouit toujours d’un grand prestige mais la majorité des hindous, dans une époque matérialiste, choisit la voie du bhakti-yoga : – elle ne nécessite ni l’intervention de prêtres ni qualités

particulières ;– pour pratiquer cette forme de dévotion, amis et voisins

se réunissent, par exemple, pour chanter des chants rituels en l’honneur de leur divinité préférée (souvent Krishna).

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L’ascèse

L’habitude de se

couvrir de cendres

n’est pas

uniquement,

comme en Occident,

un signe de

pénitence :

elle permet

également de se

protéger de la

chaleur provoquée

par les exercices

pratiqués en signe

d’austérité.

• La valeur attribuée à l’ascèse est un élément important, presque exclusif, de l’hindouisme.

• Nombre d’individus s’y soumettent encore actuellement.– Les textes sacrés conseillent à tous les hommes atteignant la

vieillesse de renoncer à la vie mondaine, comme moyen d’éviter le karma et d’accéder à la libération totale.

• Cette philosophie requiert une préparation morale faite– d’abstinence sexuelle, – de pureté rituelle, – de pureté spirituelle,– de dévotion à Dieu.

• La discipline du véritable yoga concerne l’attitude du corps, le contrôle de la respiration et la maîtrise de l’esprit.– La pratique de la méditation fait partie du patrimoine culturel

et religieux • La mythologie illustre l’idée que l’austérité, si elle est

suffisamment ferme et constante, doit obligatoirement recevoir sa récompense.

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La pureté rituelle

La vache est vue en Inde comme une « Mère universelle »

( sous le terme gaya, « vache » veut dire

aussi « douceur »), du fait qu'elle donne son lait à tous, même

à ceux qui ne sont pas ses veaux.

En Inde, la vache n'est pas « sacrée » en tant

que telle, elle représente la sacralitéde toutes les

créatures.

• Ce principe est accepté par l’immense majorité des fidèles. – Il concerne également d’autres religions, surtout le jaïnisme.

• Les dieux hindous exigent autant la pureté du corps que celle de l’âme. – Dans la pratique religieuse, celle du corps l’emporte.

• Le pur et l’impur, en Inde, sont des concepts relatifs et non absolus.

• Les dieux majeurs sont plus purs que les divinités des villages, et plus sourcilleux en matière de pureté.

• Toute prière nécessite une purification préalable.• L’élément purificateur est l’eau, mais on compte aussi :

– l’urine et la bouse de vache, – le lait, – le lait caillé, – le beurre liquide. – un mélange de ces 5 derniers produits est le meilleur agent

purificateur, à usage externe ou interne.

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Végétarisme et non-violence (ahimsā)

« L'ahimsā est le

fondement de la quête de

vérité. Il n'est pas de jour

où je ne m'aperçoive, en

réalité, que cette quête

est vaine, si elle ne se

fonde pas sur l'ahimsā.

S'opposer à un système,

l'attaquer, c'est bien ;

mais s'opposer à son

auteur, et l'attaquer, cela

revient à s'opposer à soi-

même, à devenir son

propre assaillant. Car la

même brosse nous a

peints ; nous avons pour

père le même et unique

Créateur, et de ce fait les

facultés divines que nous

recélons en nous sont

infinies. Manquer à un

seul être humain, c'est

manquer à ces facultés

divines, et par là même

faire tort non seulement

à cet être, mais, avec lui,

au monde entier. »

(Mahatma Gandhi)

• Ces deux principes sont étroitement liés. • L’interdiction de tuer concerne en Inde tout être

vivant. – Les bovins sont sacrés mais aussi les singes, etc. : ils

sont chassés s’ils essaient de manger des légumes à un étalage, mais jamais abattus.

• Le mot ahimsā désigne proprement « l'action ou le fait de ne causer de dommage à personne ». – Il est interprété de diverses manières, le plus souvent

comme une forme de relation pacifique avec tout être vivant.

• L'ahimsā est le cœur de l'hindouisme, du jaïnisme et du bouddhisme, avec des nuances plus ou moins prononcées. – Ceux qui pratiquent l'ahimsā sont, sur le plan

alimentaire, végétariens ou végétaliens.

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Les divinités hindoues :le Brahman

• L’hindouisme comporte le concept de Dieu : le Brahman indescriptible, neutre, inépuisable, omniscient, omniprésent, existence infinie, Absolutranscendant et immanent, éternel, principe ultime sans commencement ni fin.

• Le Brahman est vu comme l'Âme Cosmique.– Ne pas confondre avec la divinité Brahmâ ou le nom des

prêtres hindous, les brâhmanes.• Il peut être envisagé …

– sans attributs, sans forme, d'une façon totalement abstraite, – ou bien avec des attributs et une forme, au travers d’une

multitude de divinités.

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La trinité hindoue : la Trimurti

• Le Brahman peut également se manifester sous la forme de divinités, notamment celles de la Trimurti.

• C’est la combinaison de trois divinités en une seule représentation à trois faces :– Brahmâ, le créateur, – Vishnou, le conservateur– Shiva, le destructeur.

• Ces deux dernières sont les plus vénérées.

Brahmâ

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Ganesh

Les attributs de Ganesh :

- la hache, qui détruit désir et

attachement, et donc supprime

agitation et chagrin,

- le nœud coulant qui sert à capturer

l’erreur,

- l’aiguillon à éléphant, symbole de

sa maîtrise sur le monde,

- la défense cassée (il l’utilisa pour

écrire les Veda ou le Mahâbhârata

sous la dictée de Vyasa – un avatar

de Vishnou),

- la mâlâ, un chapelet comportant 50

éléments, les 50 lettres de l’alphabet

sanskrit,

- le gâteau ou le bol de friandises, la

douceur qui récompense le

chercheur de vérité.

• Ganesh est le fils de Shiva. C’est le dieu le plus vénéré, sans distinction de caste ou de secte. – Il compte d’innombrables sanctuaires.

• Parvati, la femme de Shiva, conçut deux enfants avec la sueur de ses aisselles. Shiva, informé et croyant à une infidélité, coupa la tête du fils. Revenu de son erreur, il ressuscita l’enfant et lui mit la première tête du premier être vivant qu’il vit, un éléphant.

• Ganesh est le dieu de la sagesse, de l’intelligence, de l’éducation et de la prudence, le patron des écoles et des travailleurs du savoir. – C’est le dieu qui lève les obstacles des illusions et

de l'ignorance.

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Vishnou

Porte de temple

représentant les dix

avatars de Vishnou

• Vishnou est un dieu de caractère affable. – Sa divinité associée est Lakshmi, la déesse de la richesse et de la

bonne fortune.• Sans grand relief dans sa forme primaire, il revêt une grande

variété d’aspects dans ses avatars. • Selon la tradition, Vishnou s'incarne régulièrement lorsque le

monde est menacé par le chaos. • La Bhagavad-Gita (un des écrits fondamentaux de

l’hindouisme) évoque dix avatars, sous forme humaine, animale ou mixte :– Matsya, le poisson ;– Kurma, la tortue ;– Varâha, le sanglier ;– Narasimha, l'homme-lion ;– Vamana, le nain ;– Parashurama (Rāma à la hache, apparu pour lutter contre la caste

des Guerriers qui ne reconnaissaient plus l’autorité des Brahmanes) ;

– Rāma;– Krishna ;– Bouddha (qui serait une expression de la contre-réforme

brahmanique au bouddhisme, entamée au IIe siècle av. J.-C.) ;– Kalkî, figure apocalyptique.

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Krishna• Le premier avatar important de Vishnou est Krishna.• Divinité champêtre, Krishna est considéré comme

l’auteur de la Bhagavad Gita (« Le chant de l’adorable »), l’équivalent du Nouveau Testament pour les hindous.

• Ses principaux aspects sont :– Krishna-enfant : les épisodes de son enfance dans la

forêt sont un thème central des discours dévotionnels en Inde.

– Krishna-berger : le dieu des bergers. • Il est différent en cela à son frère Balarâma, dieu des

cultivateurs, qui s'appelle parfois Haladhar (le seigneur àla charrue).

• On retrouve ici l'opposition structurelle entre le cultivateur sédentaire et l'éleveur nomade, présente aussi dans la Bible avec la dualité Abel / Caïn, ainsi que la différence a contrario entre les sacrifices animaux (holocaustes) dans l'Ancien Testament et les symboles de la terre (le pain et le vin), dans le Nouveau Testament.

– Krishna l'amoureux, le séducteur, le joueur de flûte. • Il est fréquemment montré jouant de la flûte, séduisant

les gopis (gardiennes de troupeaux).

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Rama

Rama, image de l'homme

parfait, est adoré au même

titre que son compagnon

Hanuman, la fidélité

incarnée, le dieu-singe qui

l'aide dans ses aventures.

La princesse Sītā dans une

version dansée javanaise du

Ramayana

• Le deuxième avatar important de Vishnou, Rāma, fait aussi l’objet d’une grande épopée, la Ramayana.

• Ce récit narre l’exil du prince Rāma dans la forêt, l’enlèvement de sa femme Sita et sa délivrance avec l’aide d’Hanuman, général des singes. – Ce dieu-singe est très populaire chez les fidèles

masculins de Vishnou.– De nombreux hindous préfèrent adorer Rāma sous

sa forme féminine. • Sītā est un des avatars de Lakshmi, la compagne

de Vishnou.• Dans le Rāmāyana, Sītā est l'épouse de Rāma.

– Elle symbolise la nature, la divinité féminine inhérente à chacun.

– Rāma, son mari, représente la culture, la dévotion et la force parfaite inhérente à chacun.

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Les déesses de l’hindouisme

• Les déesses font partie intégrante de l‘hindouisme et leur culte est un aspect important de cette religion.

• Chacune de ces déesses possède sa propre mythologie.– Certains courants pensent que toutes ces divinités sont des

manifestations d'une entité supérieure, la Déesse, dont sont issues toutes les autres divinités féminines.

– D'autres pensent qu'elles représentent diverses facettes d'une plus grande et unique entité divine.

• Aditi est la déesse mère personnifiant la nature, l'espace sans limites, l'énergie universelle pure et libre.– Elle est l’œil de la connaissance.

• Lakshmi est la déesse de la fortune, de la prospérité, de la richesse et de l'abondance. Elle est l'épouse de Vishnou. – Cette bienfaitrice aide à développer la richesse intérieure.

Elle s'incarne sur terre, à la suite de Vishnou, sous les traits de Sītā dans le Rāmāyana.

Aditi sur son coq

Lakshmi sur un lotus

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Les déesses de l’hindouisme

• Parvati, appelée aussi Gauri (la Blanche) ou Uma (la Lumière)– en tant qu’énergie féminine de Shiva, elle est à la fois puissance

de procréation et de destruction.

• Sarasvati est à la fois l'épouse et la fille de Brahma, le dieu créateur – déesse de la connaissance et maîtresse des arts, les

possessions matérielles ne l'intéressent pas, aussi elle est habillée d'un simple sari blanc et porte peu de bijoux.

• Kali est la déesse de la préservation, de la transformation et de la destruction. C'est une forme terrifiante de Parvati représentant le pouvoir destructeur du temps. – Celui qui la vénère est libéré de la peur de la destruction. Elle

détruit le mal sous toutes ses formes et notamment les branches de l'ignorance comme la jalousie ou la passion.

– Elle est considérée comme la force qui détruit les esprits mauvais et qui protège les dévots. Elle est l’énergie féminine noire de Shiva, le principe actif et extériorisé de cette divinitémasculine.

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Masculin et féminin : le tantrisme

• La déesse-mère en tant que force (shakti) occupe une place prédominante dans le tantrisme, qui introduit l’élément sexuel dans le rite afin de le transcender. – Devenu plus rare, il était prédominant il y a environ mille ans.

• Un principe masculin statique et un principe féminin, en s'intégrant l'un àl'autre, créent continuellement la vie. – Le principe créatif masculin, l'esprit, et la nature matérielle, identifiés avec Shiva et

Shakti, constituent les deux aspects de l'Un originaire, symbolisé par le lingam(« phallus », littéralement « signe ») et la yoni (« vagin », littéralement, « lieu »).

– De l'union de ces deux principes jaillit le monde et naît la vie.

• L'union des deux sexes élimine la polarité des contraires et conduit àl'indivisible originel qui précéda la création. – Le dépassement de tout dualisme, qui coïncide avec la libération ultime, est obtenu à

travers des rites et des formes de méditation particulières.

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Les pratiques de l’hindouisme imprègnent chaque instant de la vie

quotidienne en Inde.

Ce pays compte d’autres religions (islam, christianisme, bouddhisme,

jaïnisme …) mais l’hindouisme y revêt une importance culturelle toute

particulière.Karin Lafont-Miranda - 2013