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2.2 Quelle est la place de l'Union européenne dans l'économie globale ? A. Qu’est-ce que le projet européen ? Suite aux élargissements successifs, l'Union européenne à 28, représente aujourd'hui la première économie au monde en termes de PIB. L’Euro, monnaie stable dans un contexte d’inflation maîtrisée, est attractive pour les investisseurs mondiaux, ce qui lui permet de bénéficier de taux d’intérêts plus bas. L’Euro, adopté par 19 pays, est aujourd’hui une monnaie forte, signe de sa puissance, et a pris une place importante dans les réserves de change mondiales. Pour les pères fondateurs (Schuman, Monnet, Adenauer,…), l’Europe est un projet économique et politique : il s’agit de construire une zone de paix et de prospérité en multipliant les échanges commerciaux, culturels, politiques, humains, entre les pays afin d’augmenter leur interdépendance. Il faut que l’Europe atteigne une taille suffisante pour concurrencer les Etats unis et l’URSS, trouver une voie originale et pacifique entre les deux grandes idéologies (communisme, capitalisme américain). Ils veulent réaliser à terme une union politique, des « Etats-Unis » d’Europe. Pour y parvenir, il faut commencer par l’intégration économique, qui rendra nécessaire une plus grande coopération politique. Selon Bela Belassa, 5 étapes sont nécessaires pour réaliser une intégration économique: zone de libre-échange (suppression des barrières douanières internes), union douanière (zone de libre- échange + politique douanière commune avec l’extérieur de la zone), marché commun (union douanière + libre circulation des facteurs de productions pour obtenir une concurrence pure et parfaite), union économique (marché commun + politiques communes), UEM (union économique + monnaie unique). L’UE a suivi une voie originale puisqu’elle n’a pas suivi la progression de Belassa, n’a pas réalisé de zone de libre-échange et avait des le début des politiques communes (ex. PAC). C’est aussi un processus original du fait de l’élargissement progressif à un nombre toujours plus grand de nations, par la création d'institutions politiques supranationales propres à l'union régionale, et la mise en place de politiques communes, pour favoriser le développement économique et compenser l'hétérogénéité de développement des territoires en Europe. Dans le même temps l’Europe participait aux négociations commerciales multilatérales, réduisait progressivement ses droits de douane et s’ouvrait aux échanges avec les pays tiers, afin de développer à la fois les échanges intra-européens et les échanges avec le reste du monde. B. La mise en œuvre d’une union économique et monétaire Deux grands projets vont être progressivement mis en œuvre : le grand marché intérieur, et la monnaie unique. Le grand marché, né avec le traité de Rome de 1957 et achevé en 1993, est organisé autour des principes d’une concurrence pure et parfaite. Il doit procurer les avantages économiques du libre- échange: effet de concurrence (baisse des prix, innovation,…), de dimension (économies d’échelle) et de diversification (variété de choix), allocation optimale des facteurs, croissance et emploi. La monnaie unique, prévue dans le traité de Maastricht (1992) et mise en circulation en 2002. Dans le contexte monétaire international instable de l’époque (taux de change flottants depuis 1971), l’UEM procure plusieurs avantages. Après avoir fait le choix des taux de change fixes (SME, 1972) et la libre circulation des capitaux, la monnaie unique permet de retrouver une autonomie pour la politique monétaire (triangle d’incompatibilité de Mundell). Grâce à la disparition des taux de changes entre les monnaies européennes, on obtient la disparition des frais de changes et du risque de change, ce qui facilite les exportations, permettant croissance et emploi. Une comparaison des prix simplifiée crée une plus grande concurrence entre les entreprises et permet d’obtenir des prix plus bas pour le consommateur. La politique monétaire unique, appliquée à des économies convergentes, doit faire diminuer l’inflation et les taux d’intérêts. La zone euro, qui inspire confiance grâce à une monnaie forte garantie par une banque centrale indépendante (BCE), doit attirer les investissements. De plus, la monnaie unique rend impossible les stratégies monétaires non-coopératives (dévaluations compétitives).

2.2 Quelle est la place de l'Union européenne dans l ... · PDF filePour réaliser l’UEM puis maintenir la stabilité de l’euro, il faut obtenir une convergence des économies

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Page 1: 2.2 Quelle est la place de l'Union européenne dans l ... · PDF filePour réaliser l’UEM puis maintenir la stabilité de l’euro, il faut obtenir une convergence des économies

2.2 Quelle est la place de l'Union européenne dans l'économie globale ?

A. Qu’est-ce que le projet européen ?

Suite aux élargissements successifs, l'Union européenne à 28, représente aujourd'hui la première

économie au monde en termes de PIB. L’Euro, monnaie stable dans un contexte d’inflation

maîtrisée, est attractive pour les investisseurs mondiaux, ce qui lui permet de bénéficier de taux

d’intérêts plus bas. L’Euro, adopté par 19 pays, est aujourd’hui une monnaie forte, signe de sa

puissance, et a pris une place importante dans les réserves de change mondiales.

Pour les pères fondateurs (Schuman, Monnet, Adenauer,…), l’Europe est un projet économique et

politique : il s’agit de construire une zone de paix et de prospérité en multipliant les échanges

commerciaux, culturels, politiques, humains, entre les pays afin d’augmenter leur interdépendance.

Il faut que l’Europe atteigne une taille suffisante pour concurrencer les Etats unis et l’URSS, trouver

une voie originale et pacifique entre les deux grandes idéologies (communisme, capitalisme

américain). Ils veulent réaliser à terme une union politique, des « Etats-Unis » d’Europe. Pour y

parvenir, il faut commencer par l’intégration économique, qui rendra nécessaire une plus grande

coopération politique.

Selon Bela Belassa, 5 étapes sont nécessaires pour réaliser une intégration économique: zone de

libre-échange (suppression des barrières douanières internes), union douanière (zone de libre-

échange + politique douanière commune avec l’extérieur de la zone), marché commun (union

douanière + libre circulation des facteurs de productions pour obtenir une concurrence pure et

parfaite), union économique (marché commun + politiques communes), UEM (union économique +

monnaie unique).

L’UE a suivi une voie originale puisqu’elle n’a pas suivi la progression de Belassa, n’a pas réalisé

de zone de libre-échange et avait des le début des politiques communes (ex. PAC). C’est aussi un

processus original du fait de l’élargissement progressif à un nombre toujours plus grand de nations,

par la création d'institutions politiques supranationales propres à l'union régionale, et la mise en

place de politiques communes, pour favoriser le développement économique et compenser

l'hétérogénéité de développement des territoires en Europe.

Dans le même temps l’Europe participait aux négociations commerciales multilatérales, réduisait

progressivement ses droits de douane et s’ouvrait aux échanges avec les pays tiers, afin de

développer à la fois les échanges intra-européens et les échanges avec le reste du monde.

B. La mise en œuvre d’une union économique et monétaire

Deux grands projets vont être progressivement mis en œuvre : le grand marché intérieur, et la

monnaie unique.

Le grand marché, né avec le traité de Rome de 1957 et achevé en 1993, est organisé autour des

principes d’une concurrence pure et parfaite. Il doit procurer les avantages économiques du libre-

échange: effet de concurrence (baisse des prix, innovation,…), de dimension (économies d’échelle)

et de diversification (variété de choix), allocation optimale des facteurs, croissance et emploi.

La monnaie unique, prévue dans le traité de Maastricht (1992) et mise en circulation en 2002. Dans

le contexte monétaire international instable de l’époque (taux de change flottants depuis 1971),

l’UEM procure plusieurs avantages. Après avoir fait le choix des taux de change fixes (SME, 1972)

et la libre circulation des capitaux, la monnaie unique permet de retrouver une autonomie pour la

politique monétaire (triangle d’incompatibilité de Mundell). Grâce à la disparition des taux de

changes entre les monnaies européennes, on obtient la disparition des frais de changes et du risque

de change, ce qui facilite les exportations, permettant croissance et emploi. Une comparaison des

prix simplifiée crée une plus grande concurrence entre les entreprises et permet d’obtenir des prix

plus bas pour le consommateur. La politique monétaire unique, appliquée à des économies

convergentes, doit faire diminuer l’inflation et les taux d’intérêts. La zone euro, qui inspire

confiance grâce à une monnaie forte garantie par une banque centrale indépendante (BCE), doit

attirer les investissements. De plus, la monnaie unique rend impossible les stratégies monétaires

non-coopératives (dévaluations compétitives).

Page 2: 2.2 Quelle est la place de l'Union européenne dans l ... · PDF filePour réaliser l’UEM puis maintenir la stabilité de l’euro, il faut obtenir une convergence des économies

Pour réaliser l’UEM puis maintenir la stabilité de l’euro, il faut obtenir une convergence des

économies européennes. Ainsi, une politique monétaire unique pourra leur être appliquée. C’est le

rôle des critères de convergence (5 jusqu’à la création de l’euro, 3 aujourd’hui : déficit du budget

des administrations publiques qui ne doit pas dépasser 3% du PIB, dette publique inférieure à 60%

du PIB, inflation maîtrisée).

C. La difficile coordination des politiques économiques dans l'Union européenne

Malgré ces contraintes, les pays de la zone euro ont connu des situations divergentes, du fait des

élargissements successifs à des pays présentant des productivités et des coûts salariaux plus faibles,

mais aussi en raison des politiques non coopératives, fiscales ou sociales, menées par différents

pays (réformes Hartz en Allemagne,…). De plus, les taux bas permis par la monnaie unique, ont

conduit plusieurs pays à s’endetter au-delà du raisonnable, pour financer une croissance reposant

sur la consommation, ce qui a conduit à la dégradation de leur balance commerciale.

L’UEM renforce l’interdépendance entre les pays de la zone. D’une part, leur croissance dépend en

partie de leurs exportations dans les pays voisins, si bien que les fluctuations de la croissance (par

exemple consécutives à un choc de demande négatif) se transmettent d’un pays à l’autre. D’autre

part, leurs politiques conjoncturelles sont liées. Par exemple, une politique budgétaire de rigueur

dans un pays va entrainer une baisse de la consommation, et donc une baisse des importations ce

qui pénalise les pays voisins. Inversement, une politique de relance budgétaire non coordonnée

stimule les importations ce qui diminue son effet sur l’économie nationale (contrainte extérieure).

Cela rend difficile la coordination des politiques économiques. La zone euro n’est pas une « zone

monétaire optimale » : en effet, pour fonctionner, une zone monétaire dotée d’une monnaie unique

ne dispose plus de l’instrument des taux de change pour corriger les déséquilibres. Elle doit donc

pouvoir compenser cette absence par une forte mobilité des facteurs de production (les chômeurs et

les usines sont censés se déplacer des zones les plus touchées vers celles qui restent dynamiques),

ou bien des mécanismes de compensation fiscale qui impliquent l’existence d’un budget fédéral.

Face aux divergences entre économies, l’UE ne dispose pas des outils appropriés (pas de budget

fédéral pour transférer des richesses a des zones en difficultés). La mobilité du travail est faible. De

plus, le PSC limite les relances budgétaires. La politique monétaire unique n’est pas adaptée lorsque

les pays sont dans des situations d’inflation différentes.

Il est donc impossible de mener une véritable politique mixte dans l'UEM, comme le font d’autres

zones (USA, Japon,…). En effet la zone euro a une politique monétaire unique confiée à une

banque centrale indépendante, la BCE, dont l'objectif prioritaire est la lutte contre l'inflation, mais

des politiques budgétaires qui restent de la compétence des Etats-membres, qui sont contraintes par

le PSC. Enfin, la coordination des politiques économiques souffre de la difficulté de prise de

décision dans une Europe à 28 : l’élargissement a été plus rapide que l’approfondissement

institutionnel, et de nombreux domaines essentiels restent du ressort exclusif des Etats-membres

(salaires, fiscalité,…).

Ainsi, la zone euro souffre sans doute d’un déficit d’intégration. Ses partisans réclament un

gouvernement économique de la zone, la mise en place d’un budget fédéral permettant de

redistribuer des ressources entre Etats membres afin de réduire les déséquilibres, ainsi qu’une

harmonisation fiscale et sociale entre Etats membre. Il est cependant difficile de trouver un

consensus politique sur ces questions.

Aujourd’hui, la zone euro subit une crise de la dette publique. Pour faire face à la crise des

subprimes, les états se sont beaucoup endettés au point que les marchés ont commencé à douter de

la capacité de certains états à rembourser leurs dettes (ex Grèce). Cependant, des mécanismes

nouveaux ont été mis en place pour remédier à la crise des dettes souveraines: une règle d’or de

stabilité budgétaire qui renforce le PCS (déficit structurel inférieur à 0,5%), ainsi qu’un mécanisme

européen de stabilité (MES), fonds de secours destiné à faire baisser les taux d'intérêt des pays les

plus fragiles en achetant leur dette souveraine. La BCE a baissé ses taux directeurs (0%) et mis en

œuvre une politique d’assouplissement quantitatif pour lutter contre le risque déflationniste.