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ISSN 0299 - 0342 CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS N°318 • décembre 2013 N'oubliez pas : séances supplémentaires le dimanche matin à 11 heures ! THE LUNCHBOX un film de Ritesh Batra

27.11 au 31.12 2013

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Tours • Studio

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ISSN

0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURSN°318 • décembre 2013

N'oubliez pas :séances supplémentaires

le dimanche matin à 11 heures !

THE LUNCHBOXun film de Ritesh Batra

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Horaires d’ouverture :

lundi : de 14h00 à 19h00mercredi : de 14h00 à 17h00

jeudi : de 14h00 à 17h00vendredi : de 14h00 à 19h00samedi : de 14h30 à 17h00

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €.ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat,

Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte,avec la participation de Jean-Claude Stoeckel du CNP et de la commission Jeune Public.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet.ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Cafétéria des Studiogérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studiotous les jours de 16h00 à 21h45sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

Site : www.studiocine.comet un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO

S O M M A I R Edécembre 2013

Les STUDIO sont membresde ces associations professionnelles :

EUROPAREGROUPEMENTDES SALLES POURLA PROMOTIONDU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAEASSOCIATIONFRANÇAISEDES CINÉMASD’ART ET ESSAI

ACORASSOCIATIONDES CINÉMAS DE L’OUESTPOUR LA RECHERCHE

(Membre co-fondateur)

GNCRGROUPEMENTNATIONALDES CINÉMASDE RECHERCHE

ACCASSOCIATIONDES CINÉMAS DU CENTRE(Membre co-fondateur)

Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

L E S F I L M S D E A à Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Bande annonceInitiatives citoyennes et désobéissance . . . . . . . . . . . . . 18

À propos deJimmy P. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Courts lettragesLa Vie d’Adèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

À propos deGrand Central . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Pages & imagesLa Centrale & Grand Central . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

InterférencesLes Beaux jours/Elle s’en va/Gare du Nord . . . . . . . . . . 25

Suivez la route de l’animation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

RencontreDavid Perraud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

RencontreBertrand Tavernier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Vos critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Jeune Public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

FILM DU MOIS : THE LUNCHBOX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

GRILLE PROGRAMME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages centrales

Prix de l’APF 1998

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3Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 2013

éditorial

Lors de la cérémonie anniversaire des50 ans des Studio, le 9 mars dernier,

notre parrain, Bertrand Tavernier, a rap-pelé, devant un beau parterre d’élus, qu’ilétait vrai que la culture coûtait de l’argentmais qu’il ne fallait pas oublier aussiqu’elle en rapportait et qu’on pouvait par-ler en l’occurrence d’une véritable écono-mie. Lors de la rencontre avec le publicautour de sa comédie Quai d’Orsay, ils’est emporté contre « ce crétin deministre du redressement productif » quis’était félicité de l’installation des entre-pôts géants d’Amazon à Chalons-sur-Saône. Nous recommandant la lecture dela passionnante enquête intitulée : EnAmazonie, où le journaliste, Jean-Bap-tiste Malet, s’est infiltré dans l’occultesociété pour en connaître les modes degestion du personnel. Bertrand Taverniera rappelé que, scandaleusement, Amazonne reversait aucun impôt en France.Comme le démontrait J. B. Malet, cesnouvelles sociétés créent certes desemplois (précaires, mal payés, épuisants)mais en détruisant des emplois existantsplus qualifiés et plus enrichissants : dansle cas d’Amazon, la disparition desmétiers des librairies… pour celui demagasinier intérimaire !

L’un des intervenants du débat organisé

par le Collectif de soutien aux cinémasindépendants tourangeaux, le 11 octobredernier le rappelait : les conditions de tra-vail dans les salles des multiplexes etdans les salles des cinémas d’art et essaisont radicalement différentes. Il est vraique nous mettons souvent l’accent sur lavie culturelle et associative des Studio.Pourtant, les Studio sont aussi une entre-prise riche du travail de ses 18 salariés.Comme dans tous les cinémas, on ytrouve des caissiers, des projectionnistes,des femmes de ménage, un comptable, undirecteur, mais les spécificités des ciné-mas de la rue des Ursulines ont permis ledéveloppement d’autres tâches liées ausite internet, à l’organisation des séancesscolaires ou jeune public, au contact avecles correspondants, dans la bibliothèque,avec les distributeurs des films…

Les hommes politiques qui se félicitent del’ouverture de multiplexes font semblantd’oublier que la création d’emplois (auxhoraires fractionnés et peu payés) met-tent en péril des métiers existants… etl’une des spécificités des Studio, depuis50 ans, au-delà de sa richesse culturelleet associative, a été de développer uneimportante équipe de professionnels auservice de spectateurs tourangeaux.

DP

En Amazonie

AVIS : La cafétéria AIR sera fermée du 24 décembre 2013 au 1er janvier 2014. Pendant cettepériode, Indo Emil sera heureux de vous proposer boissons chaudes et spécialités indiennes.

En raison des délais de fabrication des Carnets, cet éditorial a été rédigé avant deconnaître le résultat de la CNAC (Commission nationale d'aménagement commercial)du 15 novembre.

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LA VÉNUSÀ LA FOURRURE

de Roman Polanski

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. www.studiocine.com

Cinémas Stud io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

LES GARÇONS ET GUILLAUME À TABLE !

de Guillaume Gallienne

THE IMMIGRANTde James Gray

AVANT L’HIVER de Philippe Claudel

LA VÉNUSÀ LA FOURRURE

de Roman Polanski

RÊVES D’OR de Diego Quemada Diez

1h25’

1h59’

1h42’

1h35’

1h42’

LES INTERDITS de Anne Weil & Philippe Kotlarski

1h40’

LE DERNIERDES INJUSTES

de Claude Lanzmann

SEMAINE 5 du 25 au 31 décembre 2013 SEMAINE 1 du 27 novembre au 3 décembre 2013

BAS LES MASQUESde Richard Brooks

1h27’

TURBO de David Soren

LA SORCIÈREDANS LES AIRSde Max Lang & Jan Lachauer

SIDEWALK STORIESde Charles Lane

VIOLETTEde Martin Provost

INSIDELLEWYN DAVIS

de Ethan et Joel Coen

QUAI D’ORSAY de Bertrand Tavernier

BORGMAN de Alex Van Warmerdam

BLOOD TIESde Guillaume Canet

LA MAISONÀ LA TOURELLE

de Eva Neymann

1h36’ VF

50’ VF

1h38’ sans paroles

2h19’

1h45’

1h53’

1h58’

2h07’

1h20’ + court métrage 12’

19h30

17h0021h15

17h00

19h30

17h15

mer-sam-dim14h15mer-sam-dim16h15dimanche11h15

21h30

21h45

dimanche11h15

Le film imprévuwww.studiocine.com

14h1517h4519h4521h45dim 11h00

mardi19h45

14h1517h0019h1521h30dim 11h00

14h3019h15

14h1517h4521h30mer-sam-dim16h00dim 11h00

lundi19h30

14h30

CNPjeudi20h00

14h3019h45

C I N É M A T H È Q U E

TEL PÈRETEL FILS

de Hirokazu Kore-eda

LE LOUPDE WALL STREET

de Martin Scorsese

SUZANNEde Katell Quillévéré

ALL IS LOSTde J. C. Chandor

2 AUTOMNES3 HIVERS

de Sébastien Betbeder

I USED TO BEDARKER

de Matthew Porterfield

A TOUCH OF SINde Jia Zhang Ke

CASSE-TÊTE CHINOIS

de Cédric Klapisch

14h1519h45dimanche11h00

17h30

14h15

19h45

14h30

19h45

14h1517h3021h45

14h1517h1521h00

19h30

14h3017h0019h1521h30dim 11h00

2h00’

2h45’

1h34’

1h46’

1h30’ + court métrage 6’

1h30

2h09’

1h57’

14h1516h00dimanche11h15

LOULOUL’INCROYABLE SECRET

de Éric Omond & Grégoire Solotareff

1h20’

21h30dimanche11h00

LEDÉMANTÈLEMENT

de Sébastien Pilote

1h52’

17h45

21h45LE GÉANT ÉGOÏSTE

de Clio Barnard

1h31’

3D17h45

L’EXTRAVAGANT VOYAGE DUJEUNE ET PRODIGIEUX T.S. SPIVET

de Jean-Pierre Jeunet

1h46’ VF

16h00dimanche11h15

L’APPRENTI PÈRE NOËLET LE FLOCON MAGIQUE

de Luc Vinciguerra

1h25’

16h15IL ÉTAITUNE FORÊT

de Luc Jacquet

1h18’

21h45THE LUNCHBOXde Ritesh Batra

1h44’

Le film imprévuwww.studiocine.com

Débat avec Mmes Lorin et Azaria

Un ruban contreles violences30’

Journée Mondiale de Luttecontre les violences faites au x femmes

samedi à 14h15

3h39’

AVANT-PREMIÈRE

samedi à 14h15

Mercredi 25, les séances ne seront assurées qu’à partir de 17 h.Mardi 31 décembre, les dernières séances de 21 h ne seront pas assurées.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

Surprise : mercredi 14h15

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CNPjeudi20h00

lundi19h30

mercredi19h45

14h1517h1521h15

CASSE-TÊTE CHINOIS

de Cédric Klapisch

1h57’

GRAVITYde Alfonso Cuaron

1h31’

14h1517h3019h3021h30dim 11h00

ALL IS LOSTde J C Chandor

1h46’

14h1519h45

AVANT L’HIVER

de Philippe Claudel

1h42’

14h3017h4519h45dim 11h00

THE LUNCHBOXde Ritesh Batra

1h44’

14h3019h30

A TOUCHOF SIN

de Jia Zhang Ke

2h09’

CULTURESEN TRANSITION

de Nils AguilarDÉBAT

1h30’

2h08’

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).www.studiocine.com

Cinémas Stud io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

Film proposé à partir de 10 ans, les parents restant juges.www.studiocine.com

SEMAINE 2 du 4 au 10 décembre 2013 SEMAINE 3 du 11 au 17 décembre 2013 SEMAINE 4 du 18 au 24 décembre 2013

CNPjeudi19h45 1h56’

lundi19h30 1h56’

14h1517h0021h00dim 11h00

THEIMMIGRANT

de James Gray

1h59’

14h1517h0019h1521h30dim 11h00

CASSE-TÊTE CHINOIS

de Cédric Klapisch

1h57’

14h1517h45sauf jeudi

21h45

AVANT L’HIVER

de Philippe Claudel

1h42’

14h3017h3019h30dim 11h00

HENRIde Yolande Moreau

1h47’

14h3019h30+

mer-sam-dim

16h00

LA JALOUSIEde Philippe Garrel

1h17’ + court métrage 9’

14h3019h45

RÊVES D’ORde Diego Quemada Diez

1h42’

LE PÈRE FRIMASde Youri Tcherenkov

LE NOËL DE KOMANEKOde Tsuneo Goda

46’

LOULOUET AUTRES LOUPSde Grégoire Solotareff & Serge Ellisalde

55’

TURBO de David Soren

1h36’ VF

1h20’

LES GARÇONSET GUILLAUME

À TABLE !de Guillaume Gallienne1h25’

THE IMMIGRANT

de James Gray

1h59’

HENRIde Yolande Moreau

1h47’

LA JALOUSIEde Philippe Garrel

1h17’

RÊVES D’ORde Diego Quemada Diez

1h42’ + court métrage 3’

Le film imprévuwww.studiocine.com

mer-sam-dim16h15dimanche11h15

17h15saufjeu-lun

samedi14h00mercredisamedidimanche16h0019h15

17h3021h30

17h4521h45

17h4521h45mer-sam-dim16h15

21h45

52’

lundi19h30

L’ÉVENTAIL DE LADYWINDERMERE

de Ernst Lubitsch 1h25’

14h1517h1519h15sauf lun

ALL IS LOSTde J C Chandor

1h46’

14h1517h4519h30dim 11h00

SUZANNEde Katell Quillévéré

1h34’

14h1517h3019h30dim 11h00

LE GÉANTÉGOÏSTEde Clio Barnard

1h31’

14h3019h45

UNE FEMMEDOUCE

de Robert Bresson

1h28’ + court métrage 8’

14h3021h45

A TOUCHOF SIN

de Jia Zhang Ke

2h09’

19h15sauf jeu

THE IMMIGRANT

de James Gray

1h59’

19h45 HENRIde Yolande Moreau

1h47’

17h1521h15

CASSE-TÊTE CHINOIS

de Cédric Klapisch

1h57’

LOULOUL’INCROYABLE SECRETde Éric Omond & Grégoire Solotareff

1h20’

L’EXTRAVAGANT VOYAGEDU JEUNE ET PRODIGIEUX

T.S. SPIVETde Jean-Pierre Jeunet

1h46’ VO

IL ÉTAITUNE FORÊTde Luc Jacquet

1h18’

LE PÈRE FRIMASde Youri Tcherenkov

LE NOËL DE KOMANEKOde Tsuneo Goda

46’

THE LUNCHBOXde Ritesh Batra

1h44’

PRISONERSde Denis Villeneuve

2h33’

AVANT L’HIVER

de Philippe Claudel

1h42’

GRAVITYde Alfonso Cuaron

1h31’

LES GARÇONSET GUILLAUME

À TABLE !de Guillaume Gallienne1h25’

Le film imprévuwww.studiocine.com

14h1519h15

16h00sauf

jeu-vendim 11h00

16h15sauf

jeu-ven

17h4521h45

21h30dimanche11h00

21h30sauf jeu

3D21h30sauf lun

21h45

CNPjeudi20h00

C I N É M A T H È Q U E

Débat avec le réalisateur

Travail forcé des indochinois enFrance pendant la 2e guerre mondiale

En présence de PhilippeOuzounian, comédien

BALZAC ET LA PETITETAILLEUSE CHINOISE

de Dai Sijie

CONG BIHN, LA LONGUENUIT INDOCHINOISE

de Lam Lê

AVANT-PREMIÈRE

Rencontre avec le réalisateuret Bastien Bouillon, acteur

Transition Energétique :Vision globale, actions locales

52’ C I N É M A T H È Q U E

Soirée présentée par les élèves de lasection audiovisuel du lycée Balzac

LA VIEEST BELLEde Frank Capra

3D19h45dim 11h00

2D

14h15

mer-dim14h15mer-sam-dim16h15dimanche11h15

C I N É M A T H È Q U E

Mardi 24 décembre, les dernières séances de 21 h ne seront pas assurées.

2 AUTOMNES 3 HIVERS

de Sébastien Betbeder

Débat avec Jérôme Camus

À propos de l’écoleL’ÉCOLE À BOUT DE SOUFFLE

de Marine Juliette

14h15sauf jeu-ven16h00sauf jeu-ven

17h30dim 11h15

TURBO de David Soren

1h36’ VF

LA SORCIÈREDANS LES AIRSde Max Lang & Jan Lachauer

50’ VF

Vented’affiches

aux enchères

LULU FEMME NUEde Solveig Anspach

1h30’

LES GARÇONSET GUILLAUME

À TABLE !de Guillaume Gallienne1h25’

LA VÉNUSÀ LA FOURRUREde Roman Polanski

1h35’

SNOWPIERCERLE TRANSPERCENEIGE

de Bong Joon ho

2h06’

BORGMAN de Alex Van Warmerdam

1h58’

LESINTERDITS

de Anne Weil & Philippe Kotlarski

1h40’

Le film imprévuwww.studiocine.com

17h15sauf jeu-lunmer -sam-dim16h15dim 11h15

jeudide 18h00à 20h30

vendredi

19h45

mercredisamedidimanche16h1517h3019h15

19h45saufjeudi

21h30

21h30

21h45

mer-sam-dim14h15dimanche11h15

AVANT-PREMIÈRE

Rencontre avec la réalisatriceaprès la séance.

AVANT-PREMIÈRE

Rencontre avec Grégoire Solotareff + GOÛTER

LOULOUL’INCROYABLE SECRETde Éric Omond & Grégoire Solotareff

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– Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 20134

Le CNP, le CIDFF 37, le Collectif Féminisme du PCF37, le Planning Familial 37, dans le cadre de la

journée Mondiale de Lutte contre les violences faitesaux femmes, proposent :

Comment combattre réellementles violences faites aux femmes ?

Archaïques, sociétales, sociales ? Quellessont ces violences dont on parle tant ? Trans-versal et toujours actuel, ce fléau interrogenotre société en pointant ses dysfonctionne-ments : non-application de la loi, manque demoyens, opacité du parcours des victimes…La réalité de ces violences, face au déni et autabou trop présent, rappelle que la prise deconscience est individuelle et collective,sociale et sociétale.Après le film Un ruban contre lesviolences, nous échangerons autour d’unétat des lieux et débattrons en présenced’acteurs locaux, de Mme Lorin (déléguéedépartementale aux Droits des femmes età l’égalité) et de Mme Azaria de l’associationFemmes égalité.

Le CNP, Les Amis du Monde diplomatiqueet Touraine-Vietnam proposent :

Công Bihn, la longue nuit indochinoiseEn 1939, 20 000 jeunes Indochinois furentembauchés de force en France, dans lesusines d’armement ou à la campagne, pourremplacer les soldats mobilisés. Ces ouvriers,astreints à un travail épuisant, très malpayés, furent considérés à la fois comme descollaborateurs par les Français et comme destraîtres par les Vietnamiens ! Qu’ont vécu cesmalheureux ? Que sont-ils devenus après laguerre ?Film : Công Bihn, la longue nuit indochi-noise (2013 – 1h56), suivi d’un débat avecle réalisateur Lam Lê.

jeudi 28 novembre - 20h00

jeudi 5 décembre - 19h45

Le CNP, ATTAC et le Réseau Sortir du nucléaire 37proposent :

Transition énergétique :vision globale, actions locales

La triple menace de la raréfaction des éner-gies fossiles, des changements climatiques etde la déchéance imminente de notre systèmeéconomique nous conduit à l’obligation d’unetransition énergétique rapide et profonde.Cette transition peut être subie ou bien choi-sie et anticipée. Face à l’indifférence desmédias dominants et à la quasi-inaction desdirigeants, l’action citoyenne prend toute sonimportance et peut revêtir de multiplesformes. L’important est d’agir.Film :Cultures en transition, de Nils Agui-lar.Débat avec la participation de Châteauneufen transition et Virage-Energie Centre.

Le CNP, la FCPE, ACET, les FRANCAS, les CEMEA,RESF, SPF 37 proposent :

À propos de l’écoleL’école s’est construite sur quelques grandsidéaux qui ont servi de références communes :école laïque, gratuite et obligatoire, accessibleà tous au sein d’un service public garanti parl’État. Parler des missions de l’école aujour-d’hui, c’est envisager les statuts et les activi-tés de la communauté éducative : personnels,élèves, parents et acteurs entourant l’institu-tion. Qu’espère-t-on de notre école dans cemonde libéral, conduisant à une privatisationrampante des services publics et dans uneactualité riche en débats : inégalités territo-riales, rythmes scolaires, mixité sociale, théo-rie des genres... NOUS, citoyens, quelle écolevoulons-nous ?Film : L’école à bout de souffle de MarineJuliette, 2011, 52’.Débat avec la participation de JérômeCamus, maître de conférence en sociologie.

jeudi 12 décembre - 20h00

jeudi 19 décembre - 20h00

Page 7: 27.11 au 31.12 2013

5Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 2013 –

Les films de A à Z08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS DE DÉCEMBRE 2013 :• Traversées de Guillaume de Chassy (studio 1-2-4-5-6) • Hang With You de Steve Shehan

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverezdes présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle.

Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

w w w . s t u d i o c i n e . c o m

À trente-trois ans, Arman a décidé de changerde vie. Pour débuter, il se met à la course et,dans un parc, percute, littéralement, Amélie...C’est le début d’une histoire aux multipleschapitres que l’on va suivre, comme le titrel’indique, pendant cinq saisons. Au départ, on craint un film un peu trop bran-ché avec des tics qui envahissent parfois lejeune cinéma français ; le doute disparaît trèsvite. Deux automnes, trois hivers nousentraîne, nous séduit par sa constructionastucieuse, ses personnages attachants et sonhumour omniprésent. Et plus le film avance,plus il nous emporte, nous touche. Son tonvolontiers badin est l’élégance qui permet detraiter sérieusement les moments graves sansy faire peser de l’esprit de sérieux. Jamaislourd mais infiniment poignant et avec desmoments de grâce, comme celui qui utilise la

2 automnes, 3 hiversFrance – 2013 – 1h30, de Sébastien Betbeder, avec Vincent Macaigne,

Maud Wyler, Bastien Bouillon...

chanson Il est trop tard de Georges Moustaki.On sort de Deux automnes, trois hivers lecœur gros et serré tout en se sentant léger.Sacrée prouesse. JF

+ COURT MÉTRAGE

semaine du 25 au 31 décembreLa Mort du Père Noël

France – 2012 – 6’, de Laurent Firode, avec Irène Ismailoff, Mustapha Abou-rachid, Jean-Michel Marnet, Claudine Jacquemard, Bruno Forget…

Alors qu’il navigue en solitaire dans l’Océanindien, un homme se réveille pour découvrirque sa coque prend l’eau. Commence alorsune lutte de chaque instant pour sauver sonembarcation et sa vie en même temps.

Mercredi 11 décembre, avant-première et rencontreavec Sébastien Betbeder, le réalisateur, et Bastien

Bouillon, acteur, après la séance de 19h45

All Is LostUSA – 2013 – 1h46, de J-C Chandor, avec Robert redford

Jeudi 5 décembre à 18h30, les Studio accueilleront une vente aux enchères d’affichesde cinéma, dont certaines fort rares…Que vous aimiez 2001, Le Guépard, A bout de souffle, West Side Story, ou bien encoreJour de fête ou Pépé le Moko… vous aurez une chance d’y trouver l’affiche (parfoisrare) de votre choix. (Les amateurs de Et Dieu créa la femme, y trouveront aussi dequoi se faire plaisir…)Le catalogue est disponible aux Studio ou à l’étude de Maître Jabot, 246 rue Giraudeau, à Tours.

(Attention, les affiches mises en vente ne sont pas celles du fonds appartenant aux Studio.)

Les fiches paraphées correspondent à des textes dont le rédacteur a vu le film

A

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Un homme seul sur un bateau, pas de flash-backs… voilà qui promet un film peu bavard.Oui, mais l’homme en question c’est RobertRedford lui-même et l’homme qui le filme estcelui qui nous avait donné l’année dernièrel’excellent Margin Call. De quoi attendre avecune certaine impatience ce huis-clos en pleinemer avec l’un des plus grands acteurs quisoient, apparemment au meilleur de lui-même.

Sources : denverpost.com, theglobeandmail.com

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Un mineur, exaspéré par la corruption, décidede passer à l’acte, un travailleur migrantdécouvre les possibilités offertes par son armeà feu, une hôtesse d’accueil dans un saunaest harcelée par un client et un jeune ouvrierpasse d’un travail à un autre dans des condi-tions de plus en plus difficiles...Jia Zhang Ke (The World, Still Life, entreautres) est un très grand réalisateur. Avec ATouch Of Sin il revient à la fiction, même sil’aspect documentaire de I Wish I Knew, sonprécédent film, n’est pas bien loin. Quatre his-toires comme quatre reflets de la chinecontemporaine, quatre aspects surprenants,glaçants, touchants. Par sa mise en scène, labeauté des images et des cadres (même si lefilm est parfois rude et que les irruptions dela violence y sont très abruptes), Jia Zhang Ketouche au très haut. Majestueux et sidérant,tragique et passionnant de bout en bout, cettevision assez noire épate par sa maîtrise, sonsouffle. Un film important de 2013. JF

Après le succès d’Il y a longtemps que je

L’Apprenti Père Noëlet le flocon magique

A Touch Of SinChine – 2013 – 2h13, de Jia Zhang Ke,

avec Wu Jiang, Wang Baogiang, Tao Zhao...

Avant l’hiverFrance – 2013 – 1h43, de Philippe Claudel,

avec Daniel Auteuil, Kristin Scott-Thomas, Leïla Bekhti, Richard Berry.

t’aime, sans oublier le charmant Tous lessoleils, le romancier Philippe Claudel revientpour son troisième film à une tonalité plusautomnale. Paul, neurochirurgien est mariéà Lucie ; ils semblent former un couple idéalqui nage dans le bonheur. Mais un jour, desbouquets de roses commencent à être livrésanonymement chez eux. Au même momentLou, une jeune fille de vingt ans, ne cesse decroiser le chemin de Paul. Sur fond de secretsde famille et de non-dits enfouis depuis desannées, les masques vont tomber. Mais, quiment ? Quel est le vrai ? Philippe Claudel livredans une atmosphère ténébreuse, une étudede mœurs pleine de tendresse et à la précisionchirurgicale.

Sources : dossier de presse

Chris est libéré pour bonne conduite, aprèsneuf ans passés en prison, à New York, dansles années 70. Son frère, Franck, l’attend à lasortie. Il est flic et n’est jamais venu le voir :outre des choix de vie opposés, leur enfanceles sépare. Leur père les a élevés seul, enmanifestant une préférence nette pour Chris,d’où une rivalité forte entre eux. Malgré cela,Franck espère que son frère a changé. Il leloge, lui procure du travail et l’aide à renouerdes liens avec son ex-femme et ses enfants.Chris rencontre Nathalie, mais… son passé lerattrape, et pour Franck, ce sera la dernièretrahison, impardonnable.Ce film, remake des Liens du sang, deJacques Maillot, est un hommage aux polarsdes années 70. Photo gros grain, lumièresdouces, vêtements vintage, c’est un film àl’ancienne, basé sur un scénario classique,mais efficace. Il a été présenté hors compéti-tion au festival de Cannes 2013.

Sources : dossier de presse

Blood TiesFrance – 2012 – 2h07, de Guillaume Canet,

avec Clive Owen, Billy Crudup, Marion Cotillard…

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

B

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Un homme, enfin… ce qui semble être unhomme, surgit de terre. Camiel Borgman,puisque tel est son nom, erre dans les ruesd’une banlieue cossue et finit par sonner auportail d’une demeure bourgeoise. Malmenépar le propriétaire, Borgman parvient tout demême à s’introduire et à s’installer dans lamaison grâce à la commisération de sonépouse. Mais qui est véritablement Borgman ?« Un rêve, un démon, une allégorie ou l’incar-nation bien réelle de nos peurs ? » L’enfer sera,en tous les cas, pavé de mauvaises intentions.Van Wamerdam, défini par certains commeun héritier sombre de Tati, propose donc à lasuite, entre autres de Pasolini ou de Haneke,sa vision du mal : « J’ai voulu montrer com-ment le mal se glisse dans le quotidien. Com-ment il s’incarne dans des hommes et desfemmes ordinaires, normaux, bien élevés… »Filmographie sélective: Abel (1986), La Robe et seseffets sur les femmes qui la portent et les hommesqui la regardent (1996), Les Derniers jours d’EmmaBlank (2009)

Sources : dossier de presse, telerama.fr

Tout a commencé en 2002, à Barcelone, avecL’Auberge espagnole puis a continué en Rus-sie, en 2005, avec Les Poupées russes. Cettefois-ci, destination New York où Xavier a des-tiné de s’installer pour continuer à voir sesenfants après sa séparation d’avec Wendy.Généralement, au cinéma, les suites sontassez calamiteuses. Avec Klapisch, le specta-teur a l’impression de prendre des nouvellesd’amis qui lui sont chers. Ils ont désormais laquarantaine et Klapisch filme le temps desillusions perdues, de l’aspiration à l’apaise-ment et au bonheur, même s’il passe par despéripéties rocambolesques : Xavier doit semarier avec une Chinoise pour lui permettred’obtenir la nationalité française, Martine pro-fite d’un rendez-vous de boulot pour recon-quérir un ex, Isabelle qui a un coup de foudre

Casse-tête chinoisFrance – 2013 – 1h54, de Cédric Klapisch,

avec Romain Duris, Kelly Reilly, Audrey Tautou, Cécile de France…

BorgmanPays-Bas/Belgique/Danemark – 2013 – 1h53, de Alex Van Wamerdam,

avec Jan Bijvoel, Haslewych Minis, Alex Van Wamerdam…

pour la baby sitter de son fils… Un casse têteréjouissant !

Sources : dossier de presse

Gaby est éleveur de moutons dans une fermequ’il a héritée de son père. Il y vit seul depuisque ses filles sont parties s’installer à Mont-réal. Quand l’aînée lui demande de l’aiderfinancièrement, Gaby, chez qui le sentimentde paternité s’est développé jusqu’à la dérai-son, décide, contre l’avis général, son intérêtet même son intime conviction, de vendre sapropriété. C’est dans les paysages immensessuperbement filmés de la région de Saguenay,que l’on contemple un homme qui se défait,sans rien dire et encore moins montrer. Cettevariation du Père Goriot de Balzac, transposéede nos jours au Québec, région où tout lemilieu agricole est en danger, est magnifiqueet poignante. Quant à l’interprétation deGabriel Arcand, toute en émotion contenue,elle est impressionnante. SB

En 1975, Lanzmann filme le dernier présidentdu conseil juif du ghetto de Theresienstadt,ville dont Hitler disait qu’il en avait fait cadeauaux juifs. Benjamin Murmelstein était chargéadministrativement d’organiser l’émigrationforcée des juifs d’Autriche. Rabbin à Vienne,après 1938, il lutta pied à pied avec Eich-mann, fit émigrer 121 000 juifs et réussit ainsià ne pas faire disparaître le ghetto.En 2012, Lanzmann exhume et met en scèneces entretiens de Rome en revenant à There-sienstadt, le « ghetto modèle ». On découvre lapersonnalité fascinante de Benjamin Murmel-stein.Le film éclaire comme jamais auparavant lagenèse de la solution finale, démasque le vraivisage d’Eichmann et dévoile les contradic-tions sauvages des Conseils Juifs. Ce filmnouveau et admirable est un témoignageexemplaire sur le génocide perpétré entre

Le DémantèlementCanada – 2013 – 1h52 – de Sébastien Pilote,

avec Gabriel Arcand, Gilles Renaud, Lucie Laurier…

Le Dernier des injustesFrance – 2013 – 3h38, de Claude Lanzmann, avec Claude Lanzmann.C

D

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1942 et 1945 contre les juifs par les nazis.Filmographie succincte : Pourquoi Israël (1972),Shoah (1985), Tsahal (1994), Sobibor, 14 octobre1943, 16 heures (2001).

Sources : dossier de presse.

Dans la famille de T. S. Spivet, il sembleraitqu’être farfelu corresponde à la normalité : lepère se veut cow-boy, la mère, entomologiste,s’intéresse davantage aux coléoptères qu’à sesenfants, tandis que la sœur se rêve MissAmerica ! Heureusement, il y a Layton sonfaux jumeau qui, selon T. S., aurait pris lesmuscles tandis que lui a eu les neurones ! Etdes neurones, T. S. n’en manque pas et s’ensert brillamment. Passionné par les sciences,il a inventé, entre autres, une machine à mou-vement perpétuel. Peu de temps après la dis-parition accidentelle de Layton, le jeuneprodige se voit invité par le prestigieux muséeSmithsonian afin d’être récompensé pour soninvention. Sans prévenir personne, il décidede quitter son Montana natal pour rejoindreWashington. Muni d’une valise plus grandeque lui, d’un télescope, de quatre compas etd’un squelette de sansonnet, le génial inven-teur certes, mais néanmoins gamin de 10 ans,T. S. Spivet peut entamer son voyage, extrava-gant, forcément !Le livre de Reif Larsen, grand succès delibrairie de 2009, était indéniablement faitpour Jean-Pierre Jeunet, passionné par lespersonnages atypiques, et créateur d’universsinguliers et poétiques. Filmographie : Delicatessen (1991), La Cité desenfants perdus (1995), Alien, la résurrection (1997),Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2001)…

Sources : Première.fr, Marianne.net

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«Quand j’étais enfant, ma mère disait : Lesgarçons et Guillaume. Ce et m’a fait croire

Les Garçons et Guillaume, à table !France – 2013 – 1h25, de Guillaume Gallienne,

avec Guillaume Gallienne, André Marcon, Françoise Fabian...

L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. SpivetFrance/USA – 2013 – 1h45, VO/VF, 2D/3D, de Jean-Pierre Jeunet,avec

Callum Keith Rennie, Helena Bonham Carter, Judy Davis, Dominique Pinon…

que, pour rester unique aux yeux de cetteMaman, pour me distinguer de cette masseanonyme qu’étaient les garçons, il ne fallaitsurtout pas que j’en sois un. J’ai tout fait pourêtre une fille, donc, et quel meilleur modèleque ma mère ? Peu à peu, j’ai pris la mêmevoix qu’elle, les mêmes gestes, les mêmesexpressions. Je ne suis pas devenu efféminé,mais féminin, m’appropriant Maman ».Devant la caméra, Guillaume Gallienne joueà la fois le rôle de sa mère et son propre rôle.À partir d’un one man show où il jouaitcomme un acteur de théâtre, Guillaume Gal-lienne a réussi le tour de force de réaliser unfilm en adoptant une autre voix plus naturelleet sans qu’il y ait de répétition. C’est à la foisun film comique et profond qui se nourrit del’identification à sa mère et de sa propre exis-tence. Guillaume Gallienne considère son pre-mier film comme une déclaration aux femmes.En ces temps où la grisaille domine, laissez-vous offrir humour, tendresse et sincérité !Film récompensé à la Quinzaine des Réalisa-teurs et au festival de Deauville. MS

Arbor et Swifty, deux adolescents, vivent àBradford, une ville défavorisée du nord del’Angleterre. Exclus de l’école, ils décident degagner de l’argent. Avec une carriole et uncheval, ils collectent du métal pour le comptede Kitten, le ferrailleur. Si Arbor est fascinépar l’argent et en veut toujours plus, Swiftylui est attiré par les chevaux et prend part àdes courses clandestines organisées par Kit-ten. Comme aucun des deux adolescents nesait agir sans excès, leur amitié s’en trouveécartelée… jusqu’au drame.Pour cette libre adaptation d’un conte d’OscarWilde, Clio Barnard donne une vision trèsdure de la société britannique, dans la veinede l’école réaliste anglaise à la Ken Loach.Vous ne pourrez qu’être émus et bouleverséspar le ton violent, poignant et juste des deuxjeunes protagonistes du Géant égoïste qui areçu quatre prix et deux nominations aux fes-tivals de Cannes et Dinard 2013. MS

Le Géant égoïsteGrande-Bretagne – 2013 – 1h31, de Clio Barnard,

avec Conner Chapman, Shaun Thomas, Sean Gilder...

G

E

Film proposé à partir de 10 ans, les parents restant juges.

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Pour sa première expédition à bord d’unenavette spatiale, le docteur Ryan Stone,brillante experte en ingénierie médicale,accompagne l’astronaute chevronné MattKowalsky. Mais alors qu’il s’agit apparemmentd’une banale sortie dans l’espace, une catas-trophe se produit. Lorsque la navette est pul-vérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent tota-lement seuls, livrés à eux-mêmes dansl’univers. Le silence assourdissant autourd’eux leur indique qu’ils ont perdu toutcontact avec la Terre – et la moindre chanced’être sauvés.Réalisateur de Y tu mamá también (2001),Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban (2004),La Petite Princesse (1995) et Les Fils del’homme (2006), Alfonso Cuarón est considérécomme l’un des cinéastes mexicains les plusprometteurs de sa génération. Deuil, perte,couple séparé par la mort, Gravity multiplieles prouesses visuelles et techniques. Indé-pendamment de son héritage filmique flam-boyant. Alfonso Cuarón offre au spectateurrien de moins que d’éprouver le temps infinide l’espace.

Sources : lemonde.fr

La Cantina, petit resto aux alentours de Char-leroi, est tenue par Rita et Henri. Peu bavard,Henri, d’origine italienne, cultive l’amitié arro-sée avec Bibi et René, copains parfois un peulourds. Henri partage aussi avec ces piliers debar le goût pour les pigeons voyageurs. Maisle décès brutal de Rita plonge notre hommedans la solitude. Pour l’aider à La Cantina, safille lui suggère de faire appel à un papillonblanc, l’un des résidents déficients mentauxdu foyer proche. C’est ainsi que Rosette, quirêve d’amour et de normalité, débarque dansle quotidien d’Henri… Après Quand la mer monte (2004), YolandeMoreau nous propose la rencontre improbablede deux êtres en marge, l’un, mou et éteint, et

HenriBelgique/France – 2013 – 1h47, de Yolande Moreau,

avec Pippo Delbono, Candy Ming, Jackie Berroyer, Yolande Moreau, Lio…

GravityUSA & Grande-Bretagne – 2013 – 1h30, 2D, 3D, de Alfonso Cuarón,

avec Sandra Bullock, George Clooney, Ed Harris…

l’autre, bien vivante (superbes Pippo Delbonoet Candy Ming). Avec ce film sensible et huma-niste, la réalisatrice nous parle d’amour et decondition humaine avec son regard toujoursaussi généreux. Superbe ! RS

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Dans les années 60, à Greenwich Village,Llewyn Davis, guitare à la main, tente degagner sa vie comme musicien folk. Aides desamis, petits boulots dans le Village new-yor-kais… Llewyn squatte aussi les canapés poursurvivre. Espérant peut-être une auditiondécisive, un jour…Ce nouveau « frères-Coen » ne se situe pasdans la veine noire et saignante de Fargo ouSang pour sang. Avec cette comédie dépres-sive (un genre que les Coen pourraientpresque avoir inventé) on est plus du côté deA serious man. L’humour, toujours très pré-sent, ne s’y pratique jamais au détriment dela proximité d’avec les personnages : loserextraordinaire, Llewyn Davis accumule lesennuis et tout ce qui pourrait sembler lui sou-rire à un moment ou un autre se retournefinalement contre lui (même le chat qu’il perdpuis finit par retrouver (mais, chut, n’endisons pas trop) et, comme la mise en scènen’en rajoute jamais (ou presque), on demeuredans un récit presque réaliste, chronique trèsdouce et très amère d’une non-success storyfinalement assez anti-américaine. ER

En 1979, Carole et Jérôme, 20 ans, partent a�Odessa, en URSS. Cousins, ils se disent fian-cés. Simples touristes le jour, ils faussentcompagnie à leur groupe le soir pour rencon-trer clandestinement des refuzniks, ces Juifsdésireux de s’exiler, harcelés par le régime

Il était une forêt

Inside Llewyn DavisÉtats-Unis – 2013 – 1h44, de Ethan et Joel Coen, avec Oscar Isaac,

Carey Mulligan, Justin Timberlake, Garret Hedlund, John Goodman…

Les InterditsFrance – 2012 – 1h40, de Anne Weil et Philippe Kotlarski,

avec Soko, Jérémie Lippmann…

I

H

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soviétique. Ils découvrent un monde inconnu,brutal et absurde. Carole a le goût du risqueet veut s’engager alors que Jérôme est surtoutfasciné par sa compagne…On retrouve dans ce premier film intrigant etambitieux, la jeune chanteuse Soko, décou-verte dans À l’origine, de Xavier Giannoli, etexceptionnelle dans Augustine de Alice Wino-cour. Il a reçu le Prix de la critique au FestivalInternational du Film indépendant de Bor-deaux.

Sources : dossier de presse

Taryn fuit l’Irlande pour aller se réfugier, àBaltimore, chez Kim et Bill, son oncle et satante musiciens. Mais ces derniers sont enpleine séparation...On a découvert Matt Porterfield il y a deux ansavec l’étrange et beau Putty Hill. S’éloignanttoujours des codes convenus, il part d’uneintrigue qui refuse constamment d’en être uneau sens habituel du terme. Dégagé d’artificeset grâce à l’attention portée aux personnages,on a l’impression, rare, que ceux-ci sont réel-lement écoutés. Est-ce grâce au mélange,comme dans Putty Hill, de fiction et de réel ?Car l’oncle et la tante sont joués par Kim Tay-lor et Ned Oldham, musiciens professionnelset reconnus. I Used To Be Darker mérite vrai-ment que l’on s’y attarde. N’ayez pas peurd’être déconcertés, soyez curieux, en bonus,vous aurez même droit, dans la premièrescène, à l’apparition d’une certaine AE, avantqu’elle n’explose. JF

Louis quitte Clothilde pour Claudia (superbeA. Mouglalis). Louis et Claudia font tous deuxdu théâtre, mais lui enchaîne les rôles quandelle les attend. Amoureuse de Louis, elle apeur qu’il la quitte. Un soir, elle rencontre unarchitecte pour un travail. Louis aime Claudiaet maintenant, il redoute qu’elle le quitte. Il ya aussi Charlotte, l’enfant de Clothilde et de

I Use To Be DarkerUSA – 2013 – 1h30, de Matt Porterfield,

avec Deragh Campbell, Hannah Gross, Ned Oldham, Kim Taylor...

La JalousieFrance – 2013 – 1h17, de Philippe Garrel,

avec Louis Garrel, Anna Mouglalis, Rebecca Convenant…

– Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 201310

Louis…Sur une BO de Jean-Louis Aubert et servi àl’image par un superbe N&B mis au point parle chef opérateur Willy Kurant, La Jalousieporte à l’écran l’histoire d’un amour que Mau-rice, le père du réalisateur – incarné ici par lepetit-fils, Louis – a vécu avec une femme, quePhilippe Garrel, alors enfant, admirait.Comme l’évoque le réalisateur des Amantsréguliers (2004) : « La jalousie est une énigme,à laquelle tout le monde a eu affaire ». LaJalousie, loin d’être superficiel, répandpresque un parfum de légèreté. RS

+ COURT MÉTRAGE

semaine du 4 au 10 décembreLa Femme-squelette

France – 2009 – 9’, Animation, de Sarah Van Den Boom

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On retrouve dans ce 1er dessin animé d’EricOmond, venu de la BD, en collaboration avecGrégoire Solotareff, le créateur des person-nages, Loulou et son ami Tom le lapin, leshéros de Loulou et autres loups. Mais ils ontgrandi et Loulou, qui se croyait orphelin,apprend que sa mère est vivante, dans la prin-cipauté de Wolfendberg, le pays des Loups.L’amitié de Loulou et Tom survivra-t-elle dansce pays où les herbivores finissent esclaves ouau menu du jour ? Inspiré par l’expression-nisme allemand et les grands films en techni-color, ce Loulou a suffisamment de niveaux delecture pour séduire grands et petits. DP

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À 26 ans, Jordan Belfort est un peu triste :l’année passée, il n’a pas tout à fait gagné unmillion de dollars par mois… Voilà… tout oupresque est dit : arriviste et cynique, le per-

Loulou et autres loups

Loulou, l’incroyable secretFrance – 2013 – 1h23, dessin animé de Éric Omond

Le Loup de Wall StreetUSA – 2013 – 2h45, de Martin Scorsese, avec Leonardo Di Caprio,Margot Robbie, Mathew McConaughey, Jonah Hill, Jean Dujardin…

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11Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 2013 –

sonnage central n’inspire pas vraiment unesympathie sans bornes… D’autant plus que,bien sûr, il est difficile de gagner autant d’ar-gent sans tricher un minimum et sans endevenir un peu fou. Pour cette nouvelle colla-boration avec L. Di Caprio, M. Scorsese nouslivre donc une histoire de fous, de faux, de tri-cheurs mais aussi de drogue et peut-êtremême un peu de sexe pour faire bonnemesure. Tous domaines dans lesquels Scor-sese a déjà maintes fois prouvé qu’il excelle.Tous les espoirs sont donc permis pour nous,spectateurs, avant l’arrivée très attendue dece loup de la finance.Un dernier détail tout de même : cette fictions’appuie sur les mémoires d’un certain JordanBelfort qui brilla au firmament de Wall Streetavant d’aller faire un petit séjour en prison.

Sources : imdb.com

Après un entretien d’embauche raté, Luluquitte tout, son mari et ses trois enfants, ets’octroie quelques jours de solitude et deliberté au bord de l’Atlantique. Elle y rencon-trera des personnages tout simples et hors ducommun qui vont l’aider à retrouver uneancienne connaissance qu’elle a perdu devue : elle-même.Auteure de nombreux documentaires (dontMade in USA qui lui avait valu le Prix FrançoisChalais), Solveig Anspach avait déjà travailléavec Karin Viard dans le magnifique Haut lescœurs ! (99) avant de tourner plusieurs filmsentre la France et l’Islande : Stormy Weather(03), Back Soon (07) et le très réussi Queen ofMontreuil (13). Elle a choisi d’adapter unebande dessinée d’Etienne Davodeau, l’un desplus brillants auteurs de la nouvelle BD, cou-vert de prix, lui aussi entre les récits docu-mentaires (Les Mauvaises gens, Les Ignorants)et les récits de pure fiction.

Sources : dossier de presse

Lulu femme nueFrance – 2013 – 1h30, de Solveig Anspach,

avec Karin Viard, Bouli Lanners, Corinne Masiero…

Vendredi 6 décembre, avant-première et rencontreavec Solveig Anspach, la réalisatrice,

après la projection de 19h45

Hiver 1944. Une mère et son fils de huit anstraversent la Russie en train pour rejoindreleur famille. La mère tombe malade et doit êtrehospitalisée. L’enfant se retrouve seul et livréà lui même dans une ville inconnue, tout à lafois hostile et indifférente...On sort de La Maison à la tourelle fortementimpressionné par la puissance des images. Lefilm sidère par sa beauté : images paisibles, etpourtant vibrantes, dont le noir et blanc ren-force l’aspect mystérieux et magnétique. Ilnous transporte dans un monde au tempssuspendu, hypnotique et cotonneux tout enévoquant l’univers des contes et en frôlant,par moments, le fantastique. Ce jeune garçon pris dans la tourmente, si fra-gile et si fort à la fois, vous n’allez pas l’oublierde si tôt. JF

+ COURT MÉTRAGE

BaoFrance – 2012 – 12’, Animation, de Sandra Desmazières.

Voir pages Jeune Public

Anna et Joy, deux fillettes, viennent de dispa-raître, peut-être enlevées en pleine rue. Nonloin de là, on avait repéré un van étrange,conduit par un homme tout aussi bizarre.Peut-être un peu simplet, incapable de s’ex-pliquer clairement, tout le désigne commecoupable, mais l’absence de preuves concrètesoblige la police à le relâcher, à la fureur desparents. L’un d’eux, d’ailleurs, semble biendécidé à prendre la justice entre ses mainsalors même que le temps commence à man-quer pour retrouver les petites disparues.Auteur du stupéfiant Incendies (2010), DenisVilleneuve s’est vu confier les moyens de réa-liser un film américain à budget conséquent.À lire les critiques, il semblerait bien qu’il n’ait

Le Père FrimasLe Noël de Komaneko

PrisonersUSA – 2013 – 2h33, de Denis Villeneuve,

avec Jake Gyllenhall, Hugh Jackman, Viola Davis…

La Maison à la tourelleUkraine – 2012 – 1h20, de Eva Neymann,avec Katerina Golubeva, Albert Filozov...

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en rien renoncé à la complexité de ses situa-tions et à l’ambiguïté de ses personnages pournous livrer ici un thriller tendu à bloc, danslequel l’humain ne le cède jamais au sus-pense.

Sources : dossier de presse

Avis de tempête au quai d’Orsay ! En s’inspi-rant de la BD à succès de Blain et Lanzac (cedernier a participé au scénario), BertrandTavernier nous mène tambour battant dansles pas de Villepin du temps de Chirac. Lepersonnage est flamboyant, charismatique,arrogant et… très agité. Autour de lui,énarques et technocrates rivalisent en joutesverbales pour s’attirer les faveurs du princequi parcourt son palais en brandissant LesFragments d’Héraclite. De quoi déstabiliser lejeune Arthur Vlaminck juste nomméconseiller au langage et qui doit se plier à desconcepts débiles et aux caprices du maître deslieux. Cette parodie des hautes sphères del’état est caustique et hilarante. Et ça n’arrêtejamais : entre les feuillets qui volent, les portesqui claquent, les coups bas, les stabilos quipeluchent, Bertrand Tavernier, au meilleur desa forme, nous offre un film explosif et réjouis-sant, un moment de pur bonheur. SB

Originaires du Guatemala, Juan, Sara etSamuel rêvent de se rendre aux États-Unis.Pendant la traversée du Mexique, ils rencon-trent Chauk, un indien du Chiapas ne parlantpas l’espagnol et qui se joint à eux. Mais, lorsde leur voyage dans des trains de marchan-dises ou le long des voies de chemin de fer, ilsdevront affronter une réalité violente …Pour son premier film, ce réalisateur espagnol

Quai d’OrsayFrance – 2013 – 1h53 – de Bertrand Bertrand Tavernier,

avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup…

Rêves d’orMexique/Espagne – 2013 – 1h48, de Diego Quemada-Diez,avec Brando Lopez, Rodolfo Dominguez, Karen Martinez…

vivant au Mexique, est parvenu à faire de cetteodyssée un film sans excès mélodramatique« où le suspense n’est pas le fait des capricesdu scénario, mais l’effet naturel de l’histoirebanale et terrible qu’on vous raconte. » Trèsbien accueilli au Festival de Cannes, ce Rêvesd’or (dont le titre original est La Cage dorée !)« parvient à une justesse irréprochable, nour-rie de sa colère d’artiste et de témoin. »

Sources : lemonde.fr+ COURT MÉTRAGE

semaine du 11 au 17 décembre Lapsus

Argentine – 2007 – 3’, Animation, de Juan Pablo Zaramella.

New York, l’hiver, un jeune artiste noir tentede gagner sa vie en dessinant le portrait depassants sur les trottoirs et squatte desimmeubles abandonnés pour se loger. Et puis,un soir, ayant assisté malgré lui à l’assassinatd’un homme dans la rue, il recueille sa petitefille et va se débrouiller pour la nourrir, l’ha-biller, la loger… Avec ces Histoires de trottoiren noir et blanc et quasiment muettes,Charles Lane, en suivant le quotidien difficile,mais plein d’humour et de tendresse de cedrôle de couple, rend ouvertement hommageau Kid de Chaplin. Le réalisateur a voulu sai-sir la vie des sans-abri, leur donner une voixet transmettre un message de générosité etd’amour : « Je souhaite que lorsque le publicverra mon film, il commence par rire, maisqu’il finisse par assimiler l’envie de regarderdifféremment les sans-abri. Tout homme estle gardien de son frère ». Le film a reçu moultprix, à Cannes et à Chamrousse notamment,et bénéficie pour cette ressortie d’une versionrestaurée. Rareté à ne pas manquer.Sources : carlottavod.com/film, enfants-de-cinema.com

Voir pages Jeune Public

AVANT PREMIÈRE de Rêves d’or :mardi 3 décembre à 19h45

Sidewalk StoriesUSA – 1989 – 1h37, de Charles Lane,

avec Charles Lane, Nicole Alysia, Sandye Wilson…S

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13Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 2013 –

Voir pages Jeune Public

2031. Une nouvelle ère glaciaire. Les dernierssurvivants ont pris place à bord du Snowpier-cer, un train gigantesque condamné à tournerautour de la Terre sans jamais s’arrêter. Dansce microcosme futuriste de métal fendant laglace, s’est recréée une hiérarchie des classescontre laquelle une poignée d’hommes tentede lutter…Il s’agit d’une adaptation d’une bande dessi-née française créée par Jean-Marc Rochette etJacques Lob en 1984, une allégorie futuristedont le cinéaste n’a gardé que le principe géné-ral tout en transformant le déroulement et lanature du récit. Bong Joon-ho, que The Host(2006) et Mother (2009) ont imposé commel’un des cinéastes asiatiques les plus exci-tants, reprend l’esprit de la BD, sa noirceur etquelques trouvailles. Ce qui risquait d’êtreune lourde et plate métaphore politique estdevenu une œuvre cinématographique à lafois divertissante, spectaculaire et foncière-ment abstraite.

Sources : lemonde.fr, telerama.fr

Depuis la mort de leur mère, Suzanne vit avecson père camionneur et sa sœur. Un jour elletombe amoureuse et abandonne tout…Le destin de Suzanne est celui d’une amou-reuse, aveuglée, peut-être, mais toujours sin-cère, jamais calculatrice, jamais manipula-trice. Pour elle, trouver sa place, un équilibre,est un chemin difficile. Katell Quillévéré l’ac-compagne, elle reste proche de son person-nage tout en se gardant de prendre parti pourou contre elle. Ce très beau film confirme toutle bien que l’on pouvait penser de sa réalisa-

SuzanneFrance – 2013 – 1h34, de Katell Quillévéré,

avec Sara Forestier, François Damiens, Adèle Haenel...

Snowpiercer, Le TransperceneigeCorée du Sud – 2013 – 2h06, de Bong Joon Ho,avec Chris Evans, Song Kang-Ho, Ed Harris…

La Sorcière dans les airs trice après Un poison violent, qui posait déjàla question de l’engagement en amour. Et ladistribution est hors pair. Autour des excel-lents François Damiens et Adèle Haenel,Sarah Forestier contredit tous ceux qui vou-draient la réduire à une jeune actrice tchat-cheuse et énervante. Après avoir été déjàincroyable dans Mes séances de lutte deJacques Doillon le mois dernier, elle montreici une capacité à l’introspection, à la sobriété,très impressionnantes. JF

Au départ, une famille aisée à qui tout sembleréussir : le père, architecte, très pris par sontravail, délègue à la mère l’éducation de Keita,garçon de cinq ans. Mais une nouvelle boule-verse le cours des choses : la maternité danslaquelle est né l’enfant annonce que deuxbébés ont été échangés à la naissance. Keitan’est pas leur enfant biologique. Tous lesrepères s’effondrent. L’autre famille, d’originemodeste, comporte plusieurs enfants. Quelleattitude adopter vis à vis d’elle ? Un échangedoit-il à nouveau se faire ? Kore-Eda abordela question de la paternité avec beaucoup desensibilité : est-ce le fait de partager son sangqui fait d’un homme un père ? Ou est-ce letemps qu’un père et son enfant passentensemble ? Allez, sans hésitation, voir ce filmmagnifique qui a remporté le Prix du Jury àCannes 2013. MSFilmographie sélective : I wish (2011), Still walking(2008), et Nobody knows (2004)

1921, Ewa et sa sœur Magda ont quitté leurPologne natale pour accéder à une nouvellevie à New-York, la terre de tous les espoirs.Mais d’abord, il leur faut, comme pour tousles immigrants, passer par Ellis Island etaffronter le risque, entre autres, d’être mise

Tel père, tel filsJapon – 2013 – 2h00, de Hirokazu Kore-Eda,

avec Masaharu Kukuyama, Machiko Ono, Lily Franky, Keita Ninomiya…

The ImmigrantUSA – 2013 – 1h57, de James Gray,

avec Marion Cotillard, Joaquin Phoenix, Jeremy Renner…

T

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– Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 201314

en quarantaine. Magda, atteinte de tubercu-lose, ne continuera pas la route avec Ewa.Cette dernière, alors, désemparée, perdue,tombe sous la coupe de Bruno, un souteneur,et se prostitue, persuadée qu’elle réussira àsauver sa sœur et qu’elles pourront se retrou-ver. Orlando, un cousin illusionniste deBruno, s’éprend d’elle : on pourrait croirequ’enfin la vie va tenir quelques promesses,mais ce serait faire fi de Bruno, de sa jalousieet de sa violence.Si James Gray s’attache de nouveau au thèmede l’immigration, il le situe pour la premièrefois dans le passé, et s’inscrit dans la grandetradition du mélo (il confie d’ailleurs que levisage de Marion Cotillard lui rappelle celui deLillian Gish, figure emblématique des mélo-drames muets). Il s’est inspiré de l’histoire desa propre famille venue de Russie dans lesannées 20, mais aussi du lieu même d’EllisIsland, traversé de tant de trajectoires, dedrames et porteur de tant d’espoir ! Filmographie : Little Odessa (1994), The Yards(2000), La Nuit nous appartient (2007), Two Lovers(2008)

Sources : dossier de presse, Studio Ciné Live n° 54

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Invisible depuis 30 ans, Une femme doucesort en version restaurée. Cest un évènementet une grande chance pour tous les cinéphilesadeptes de ce réalisateur hors pair et de lafabuleuse Dominique Sanda. Inspiré d’unenouvelle de Dostoïevski, le film commence parla disparition d’un corps, qu’on n’a pas letemps de voir basculer par-dessus un balcon.On retrouve ce corps sur un lit, veillé par unhomme, le mari, et sa vieille servante quil’écoute raconter leur union désastreuse. Elle,

Turbo

Une femme douceFrance – 1969 – 1h28 – de Robert Bresson,

avec Dominique Sanda, Guy Frangin, Jane Lobre.

désargentée était curieuse de tout, enthou-siaste, insatiable ; lui, était froid, réservé, dur.Le film offre en outre un incroyable documentsur le Paris des années 60, ses tonalités, seslumières, ses voitures, ses néons et sesmœurs ; Bresson joue en permanence de l’af-frontement entre la prospérité insolente del’époque et la douleur de son héroïne. « Quelque soit le chemin que l’on prenne pour aimeret admirer Une femme douce, on n’épuiserajamais le puissant mystère humain qui s’ynoie sous nos yeux, et l’on n’évitera jamais dese blesser à sa modernité acérée ». OlivierSiguret (Libération). SB

+ COURT MÉTRAGE

semaine du 18 au 24 décembreMerci mon chien

France –2011 – 8’, Animation, de Nicolas Bianco-Levrin, Julie Rembauville.

Film du mois, voir au dos du carnet.

Après des auditions de comédiennes déce-vantes, Thomas s’apprête à quitter le théâtresans avoir trouvé Wanda, le rôle principal desa pièce. Survient alors une femme à l’allurevulgaire, s’exprimant sans retenue, l’obligeantà rester pour qu’il l’auditionne, elle. Thomasaccepte à contre cœur et lui donne sa chance.Il va devenir le spectateur de la transformationde Vanda la stupide en Wanda l’héroïne. Ellea tous les accessoires pour jouer, connaît letexte par cœur… S’ensuit une formidable per-formance d’acteurs entre Mathieu Amalric etEmmanuelle Seigner, un jeu d’inversion entreeux, doublé d’érotisme et de comique. Plus lefilm avance, plus on se demande qui est l’au-teur ? Le metteur en scène ? L’acteur ? Quifait l’œuvre ? Polanski travaille là sur lethéâtre en adaptant une pièce, (transposition

The lunchbox

La Vénus à la fourrureFrance – 2013 – 1h36, de Roman Polanski,

avec Emmanuelle Seigner, Mathieu Amalric...

U

V

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de celle de David Ives), dans un lieu unique,une œuvre intime, féroce, irrévérencieuse quise joue de ceux qui lui ont fait la morale. Unebelle réussite ! MSFilmographie sélective : Carnage (2011), The ghostwriter (2010), Oliver Twist (2005), Le Pianiste(2002), Lunes de fiel (1992), Le Locataire (1976),Rosemary’s baby (1968), Le Bal des vampires(1967), Répulsion (1965)

Après Séraphine, Martin Provost rend un belhommage à Violette Leduc, écrivaine oubliéeau talent exceptionnel. Laide, bâtarde, nisympathique, ni séduisante, elle se dit « seule,

VioletteFrance, Belgique – 2013 – 2h19 – de Martin Provost, avec Emmanuelle Devos,Sandrine Kiberlain, Olivier Gourmet, Jacques Bonnafé, Catherine Hiégel…

toujours seule »… La relation intense qu’elleva nouer avec Simone de Beauvoir, basée surla quête de la liberté, par l’écriture pour Vio-lette, et la conviction pour Simone d’avoirentre les mains le destin d’un écrivain horsnorme, va être déterminante. Provost signe unfilm rigoureux, à la mise en scène parfaite-ment maitrisée. Et quel bonheur de croiserdans le Paris d’après guerre minutieusementreconstitué, des personnages haut en couleur,de l’écrivain canaille Maurice Sachs à JeanGenet en passant par Louis Jouvet et le par-fumeur Jacques Guérin ! Violette est un filmfort et brillant mené par deux actrices épous-touflantes qui vous donnera envie de plongerau plus vite dans l’œuvre de Violette Leduc.SB

08 92 68 37 01studiocine.com

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

lundi 2 décembre -19h30

lundi 9 décembre -19h30EN ÉCHO À LA RÉOUVERTURE

DE LA BIBLIOTHÈQUE CENTRALE

Soirée introduite parPhilippe Ouzounian, comédien.

Bas les masquesde Richard Brooks (1952) USA Noir et Blanc 1h27

Balzac et la petite tailleuse chinoisede Dai Sijie (2002) Chine-France Couleurs 1h56,

avec Zhou Xun, Chen Kun…

lundi 16 décembre -19h30

Soirée proposée et présentée par lesélèves de la section cinéma et audiovi-suel du lycée Balzac.Tout public à partir de 10 ans.

lundi 23 décembre -19h30CINÉ-CONCERT

Mis en musique par Gaël Mevel, violoncelliste

La Vie est bellede Frank Capra (1946) USA Noir et Blanc 2h08,

avec James Stewart, Donna Reed…

L’Éventail de Lady Windermerede Ernst Lubitsch (1925) USA Noir et Blanc 1h25,

avec May McAvoy, Irene Rich…

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LES CARNETS DU STUDIO – n° 318 décembre 2013 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n° 0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01

FILM

DU MOIS

ÀBombay, les Dabbwallahs sont deslivreurs de repas (les lunchbox du

titre) faisant partie d’un système sanséquivalent, encore assez mal compris parles occidentaux. 175 000 clients par joursont ainsi livrés pour un taux d’erreurestimé à 1 pour 16 millions ! The Lunch-box est l’histoire de cette erreur.

Ila, une jeune femme un peu délaisséepar son mari, se met en quatre pour ten-ter de le reconquérir en lui préparant undélicieux déjeuner qui est livré acciden-tellement à Saajan, un homme solitaireproche de la retraite. Ce dernier, com-prenant qu’une méprise s’est produite,laisse un mot dans le panier repas. Ilarépond. Un flirt épistolaire s’engage…

The Lunchbox donne à voir une image del’Inde de tous les jours sans noirceur etsans misérabilisme. Nous sommes plus,ici, dans le registre de la comédie roman-tique fluide et plaisante mais sansaucune mièvrerie. Évidemment, un vieilours ronchon qui s’humanise et unejeune épouse délaissée qui se met à

rêver, on a déjà vu ça ailleurs. Pourtant,Ritesh Batra, par son talent, arrive às’éloigner des clichés et à créer de l’ori-ginalité.

Il nous offre une œuvre aérienne, trèsdouce, dans laquelle ce sont les mots quiséduisent et qui permettent l’épanouis-sement des personnages. Ila et Saajan,bien sûr, mais aussi Shaikh, le futurremplaçant de Saajan, qui est peut-êtrela figure la plus touchante et la plus ori-ginale du film. Ce trio gracieux évoluedans un univers où les saveurs, lesodeurs de la nourriture, les sons d’am-biance (qui recréent la vitalité, l’énergiede la ville) concourent à l’éveil des senset procurent une mélancolie euphori-sante qui donne du baume au cœur. Cepremier long métrage très réussi estl’exemple parfait de ce que l’on appelleau États-Unis un feel good movie, unfilm qui donne du bonheur. Une fin d’an-née réjouissante à Bombay vous attendpour le prix d’une place, ça vaut le coup,non ? JF

The LunchboxInde – 2013 – 1h44, de Ritesh Batra,avec Irrfan Khan, Nimrat Kaur, Lillete Dubey…

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Cinq films d’animation dont Loulou, moyenmétrage de 27 mn, véritable petit bijou adapté ducélèbre album de Grégoire Solotareff.

Mercredi 27 novembre, pour la séance de 14h15, des surprisesattendent les sorcières et sorciers déguisés à l’entrée de la salle !

À partir de 4 ans

La Sorcière dans les airsSuède/Lettonie/GB – 2013 – 50 mn, trois courts métrages de divers réalisateurs.

VF

Partie camper avec son chat près d’un lac, une gentille sorcière réveille accidentel-lement un dragon alors qu’elle concoctait des potions magiques dans son chaudron.Par les créateurs du Gruffalo.

USA – 1989 – 1h37, de Charles Lane.

Tout publicà partir de 8 ans

Tourné dans l’esprit des films de Charlie Chaplin,Sidewalk stories relate avec malice et tendressel’histoire d’amitié entre un vagabond et une fillette.

SIDEWALK Storiessans

paroles

Turbo USA – 2013 – 1h36,film d’animation de David Soren.

VF Tout publicà partir de 6 ans

Turbo l’escargot rêve de devenir la voiturede course la plus rapide du monde !

Le Père FrimasFrance – 2012 – 26 mn, de Youri Tcherenkov.

À partir de 3 ans

Le Noël de KomanekoJapon – 2009 – 20 mn, de Tsuneo Goda. Sans paroles

Deux histoires pleines de douceur et de fantaisie !

Loulouet autres loups…

À partir de 4 ans

France – 2003 – 55 mn, de Serge Elissalde.

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• Amazonia de Thierry Ragobert• La Reine des neiges de Chris Buck et Jennifer Lee• Sur la terre des dinosaures de Neil Nightingale et Pierre De Lespinois

T. S. Spivet, jeune garçon surdoué vivantdans le Montana, gagne un prix scientifiquede renommée mondiale. Il traverse seul lesÉtats-Unis afin de recevoir sa récompense...

Loulou, l’incroyable secret

À partir de 5 ans

France – 2013 – 1h25, film d’animation de Luc Vinciguerra.

L’Apprenti Père Noël et le flocon magique

Il était une forêtFrance – 2013 – 1h18,

de Luc Jacquet et Francis Hallé.

Tout public à partir de 8 ans

Ce documentaire révèle sept siècles de viesinteractives entre les animaux et la forêt tro-picale restée dans son état originel.

Tout public à partir de 6 ans France – 2013 – 1h20, film d’animation de Grégoire Solotareff et Éric Omond.

Loulou, parti à la recherche de sa mère avec Tom le lapin,découvre le monde cruel des carnassiers. Quel secret cache-t-il aux deux amis ?

Une histoire au graphisme et au scénario très aboutis, pourtous les publics…Après les séances de 14h15 : making of de 10 mn.

Samedi 14, avant-première suivie de larencontre avec Grégoire Solotareff etdu goûter de Noël, offert à tous les enfants.

Nicolas, sept ans, nouveauPère Noël, voit disparaître lamagie de Noël en voulantgrandir trop vite...

2D 3D

Tout public à partir de 10 ans

L’Extravagant voyage du jeuneet prodigieux T. S. Spivet

France/Canada – 2013 – 1h45, de Jean-Pierre Jeunet.

VO VF

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En bref…

Ici…` LES AVIS D’ABDELLATIF :

CHAPITRE 1 Rarement le cinéma français aura servi de cadre

à un tel déballage ; pourtant il semblerait que ce quien constitue la source profonde ne soit pas dit et fasse

remonter chez les deux protagonistes, Léa Seydoux et Abdel-latif Kechiche, de très intimes blessures. Néanmoins dans une

de ses récentes communications (provocations ?), le réalisateur aannoncé qu’il travaillait sur une version… longue de La Vie d’Adèle !

La durée idéale du film ne devrait pas être « beaucoup plus longue, mêmepas une heure », ah bah nous voilà rassurés ! Autre révélation : Abdellatif

Kechiche envisagerait de suivre le personnage d’Adèle jusqu’à un âge avancé,en espaçant les différents épisodes de quatre ou dix années ! On ne sait s’il

s’est déjà entretenu de ce projet avec son interprète, l’époustouflante AdèleExarchopoulos et, si c’est le cas, si cette dernière a manifesté son enthousiasmepour un nouveau tournage Festenesque !

` LES AVIS D’ABDELLATIF : CHAPITRE 2 Adèle n’est pas la seule figure féminine qui hante l’imaginaire d’Abdellatif Kechiche :en effet, elle le partage avec Marilyn Chambers, star du X américain des années 70,pour sa prestation, en particulier, dans Derrière la porte verte. Il précise à Téléramaque le projet de biopic de cette actrice constitue « une histoire magnifique, qui racontel’Amérique moderne et montre comment des hommes et des femmes exerçant unmétier que tout le monde regarde de travers ont fait bouger les mentalités. (Parlerait-il également de lui ?) On m’encourage à la réaliser aujourd’hui, mais je crois que jevais dire non. Je n’ai plus envie de cinéma, j’ai besoin de calme. » Jusqu’à deprochaines interventions médiatiques.

` SUR LES QUAISAprès ses tribulations de « chargé de Langage » au Quai d’Orsay, sous la houlettede Bertrand Tavernier, Raphaël Personnaz va devoir traverser le Pont Neuf pourrejoindre, à son tour, le mythique 36 Quai des orfèvres ! Dans SK1, la Traquede Guy Georges, il incarnera un policier pistant le tueur en série ayant sévidans les années 80-90. Frédéric Tellier, pour cette première réalisation, aégalement choisi de travailler avec Olivier Gourmet, Nathalie Baye, ThierryNeuvic, Michel Vuillermoz, Christa Theret et Louise Monot. Rassurant.

` PETIT TAILLEUR DEVIENDRA GRANDLouis Garrel, récemment admiré dans Un château en Italie de

Valéria Bruni Tedeschi, pour son passage à la réalisationd’un long métrage, a choisi d’adapter un de ses courts,

La Règle de trois : l’histoire d’un homme, qu’ilinterprétera, partagé entre son amitié pour

un type complètement largué incarnépar le comédien qui monte,

Vincent Macaigne

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(La Bataille de Sol-férino) et la femme qu’il aimeGolshifteh Farahani (À propos d’Elly).Espérons que Les Deux amis recevra unaussi bon accueil que le court qui l’a inspiré,puisque ce dernier fut le lauréat du Prix Jean-Vigo ducourt métrage en 2012 !

Et ailleurs…` LA GRANDE CATHERINEL’impériale Cate Blanchett passe à son tour à la réalisation. Pour ce faire,elle a choisi d’adapter le roman de Herman Koch, The Dinner, occasion pourcette spécialiste du théâtre d’expérimenter la règle des trois unités au cinéma.Deux couples se retrouvent au restaurant : leur conversation va s’orchestrerparallèlement au menu, avec la volonté que ce qui devrait être le point d’orgue deleurs échanges soit soigneusement évité. Mais le dessert réserve parfois des sur-prises et il faudra forcément, à un moment, payer l’addition. Nous pouvons gagerque celle qui est à l’origine de la résurrection Allenienne, avec son interprétation touteen nuances dans Blue Jasmine, passera à la mise en scène avec maestria !

` PIÈGE À MYTHESC’était à prévoir : insaisissable de son vivant, le cinéma se devait de fixer l’image deSalinger maintenant qu’il n’était plus là pour mettre son veto. Un chef-d’œuvre, L’At-trape-cœurs, universellement plébiscité, puis le silence, absolu jusqu’à la fin. Le mys-tère, le mythe : pendant cinquante ans, curieux, fanatiques et journalistes chercherontà capturer une image, un écrit, une information quelconques sur l’homme invisible.Ils s’y casseront les dents. Pour ce biopic, Shane Salerno, déjà auteur d’un récentdocumentaire sur Salinger, dans lequel il annonce la publication d’œuvres inéditesdu maître, verrait bien Daniel Day-Lewis endosser le costume passe-muraille dumythique écrivain. La légende continue.

` REFLET DANS UN ŒIL D’OR*Les titres de ses films racontent une histoire, d’une certaine façon la sienne :Les Anges marqués, La Ville écartelée, Une place au soleil, La Loi du silence,Le Bal des maudits, Coeurs brisés, Soudain l’été dernier, Les Désaxés,Freud, passions secrètes… Montgomery Clift demeure dans la mémoirede ceux qui ont pu voir son travail, un immense comédien ayantinfluencé, par la subtilité et l’intensité de son jeu, James Dean etMarlon Brandon entre autres. Il mourra à quarante-six ans, usépar ses démons, l’alcool et les médicaments. Espérons queLarry Moss soit à la hauteur et lui rende justice dans le bio-pic qu’il veut lui consacrer ! IG

(*film de John Huston dans lequel il aurait dû tourneren compagnie d’Elizabeth Taylor, sapartenaire de prédilection).

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– Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 201318

Bande annonce

Selon les mots de Lacordaire : « C’est laliberté qui opprime et la loi qui affran-

chit. »

Un exemple ? L’abolition de la peine demort, largement admise maintenant, a étépromulguée contre l’opinion publique fran-çaise majoritaire d’alors.

Inversement, prenons les cinquante der-nières années : des citoyen(ne)s , collective-ment ou individuellement, ont légitime-ment et vigoureusement combattu des loisdémocratiquement voulues par nos élus.

Certes, le refus par tout agent de la fonc-tion publique, tout soldat, tout(e)citoyen(ne) d’exécuter un ordre qu’il appré-cie illégal ou contraire aux Droits del’homme est un droit reconnu. Mais laconscience citoyenne reste seule pour légi-timer la subversion contre l’injusticesociale ou le mépris de l’humain : telle celledes Justes sous l’Occupation falsifiantl’identité et cachant des enfants juifs contreles lois Pétain, telle aujourd’hui celle dessimples citoyen(ne)s hébergeant, nourris-sant et protègeant les sans-papiers dans lajungle de Calais. Tout récemment encore,un juré d’assises tenu au secret absolu dudélibéré a osé dénoncer les manipulationsde la présidente de la Cour empêchant unverdict équitable.

En 1967, lors de la dure et longue grève desRhodia à Besançon, un collectif d’ouvrierss’intitulant Groupe Medvedkine est né desanimations et des exigences culturellesaccompagnant les revendications tradition-nelles, véritable acte d’éducation populaire.Ces ouvriers ont créé une bibliothèque, ontorganisé des spectacles (Colette Magny,Ariane Mnouchkine…) Formés sur le taspar Chris Marker et d’autres cinéastes, ilssont devenus autonomes pour écrire, réali-ser et monter des films, affichant leursluttes. Un membre fondateur se souvient :« Tout est parti de cette idée que, la cultureétant ce qui nous manquait, elle représen-tait pour nous un besoin, elle [...] devaitnous permettre d’exister dans la dignité. »

La désobéissance légitime d’un(e) ou de plu-sieurs citoyen(ne)s ne se justifie que parl’intérêt général : les préceptes – parexemple religieux – fussent-ils majoritaires,ne peuvent s’mposer comme modèle de viesociale.

Alors, jusqu’où respecter la légalité ?

Si les citoyens prennent l’initiative légitimede s’organiser contre la loi, quelles en sontles limites ?

J-C S, pour le CNP

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…

Initiatives citoyenneset désobéissance

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19Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 2013 –

À propos deJimmy P.

On peut voir Jimmy P. comme un filmsur la psychanalyse, sur l’anthropolo-

gie, l’ethnopsychiatrie ou encore surGeorges Devereux. Ce qu’il est, bien sûr.Mais on peut aussi le voir comme un filmtout simplement. Un film magnifique, portépar deux grands acteurs et réalisé par uncinéaste inspiré.On peut même voir Jimmy P. comme uneœuvre dont l’objet serait le cinéma lui-même et qui mettrait en parallèle le travaildu réalisateur et celui du psychanalyste.C’est peu de dire que le cinéma est un artdu mensonge (voir l’article de D P dans lesprécédents Carnets), c’est évidemment unart de la manipulation. Le but est de créeravec les artifices qui lui sont propres(décors, jeu des acteurs, montage…) uneréalité plus juste que la vraie, celle de l’art.Cela semble bien loin de la psychanalyse,dont on pourrait dire de manière simplifiéequ’elle a pour but de guérir le sujet en luifaisant découvrir sa vérité.La maîtresse de Devereux est d’ailleurs sur-prise que celui-ci ait triché sur son identitéet ait caché ses origines juives et rou-maines, ainsi que son nom primitif. MaisDevereux juge que la Vérité n’est pas néces-saire pour son travail. Le patient Jimmy P.livre une version de sa vérité à Devereux. Ilest (dit-il) lâche, dangereux pour lesfemmes, voire peu moral. Il se pense comme

un parasite. C’est sa vérité première, quil’empêche de vivre. Puis a lieu sa thérapie.Tout comme un cinéaste crée son person-nage en l’incarnant dans un acteur, le psy-chanalyste va créer un nouveau Jimmy P. àpartir de l’ancien : celui-ci est humain, ilmérite de vivre et d’être respecté. Il suffit(presque) qu’il accepte sa nouvelle vérité.Mais, de ces deux Jimmy P., quel est levrai ? Au choix : les deux ou aucun. Autantdire qu’il n’y a pas de vérité absolue. Desbribes, multiples, éclatées, qu’il nous fautrecoller ensemble pour vivre. Qu’il nousfaut accepter, les bonnes comme les mau-vaises, pour construire notre humanité.D’ailleurs, Jimmy, qui est indien, doit sefaire passer pour mexicain quand il va aucafé : son identité est brouillée, et l’appa-rence l’emporte sur la réalité (Benicio delToro est par ailleurs portoricain !) C’est peut-être ainsi que thérapie psycha-nalytique (manière Devereux) et créationcinématographique se rejoignent : l’un etl’autre créent à partir du faux (le sujetmalade pour l’un, l’acteur pour l’autre) denouveaux personnages dont on ne peutaffirmer qu’ils sont vrais ! Mais ils sont ter-riblement humains ainsi. CdP

* Le titre de cet article est une citation tirée de l’ar-ticle de Nicolas Bauche dans la revue Positif de sep-tembre 2013, p.13.

Une place où le faux est roi *

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– Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 201320

de son personnage sans un moment delassitude. À la fois flamboyant et rai-sonné, Abdellatif Kéchiche bouscule enmêlant les émotions, le trivial et le crucomme on le voit rarement. JF

Abdellatif Kechiche nous livre unfilm fort. On se croit embarqué dans ducinéma tranche de vie, comme le titrel’annonce d’ailleurs. Et puis on voit Adèleen classe, avec ses camarades, sesparents, et on sent s’installer une fêlure,on sent qu’Adèle est en décalage, qu’elleest ailleurs et que le monde lui échappe.S’installent gros plans échevelés, étour-dissants : ou on craque, étourdi, ou onaccroche à cette histoire superbement fil-mée. Et on est alors fasciné, entraîné,bouleversé. D’autant que les actrices ysont remarquables. CdP

Il faudrait inventer, pour Adèle, nonpas un court lettrage mais un courtimagé avec peu ou pas de mots, mais des

Ce qui fait l’intérêt du cinéma de A.Kechiche, c’est que l’on voit très bien oùil veut en venir avec ses séquences trèslongues et très réussies. On comprendbien la tentative (réussie !) de faireconfiance à ses acteurs, de les laisseraller au bout de leurs retranchements. Etça marche. L’ennui, c’est que tout cela nesuffit pas à faire un film et que la trèsgrande confiance (justifiée) qu’il a en sesacteurs en arrive à se retourner contre lerésultat final. D’où le paradoxe qui veutque ce qui fait l’intérêt du cinéma de A.Kechiche en fait aussi (pour l’instant) seslimites. A. Kechiche est probablementcapable de nous livrer, un jour, un vraigrand film. On continue de l’attendre avecimpatience. Et c’est ce qui fait de A.Kechiche un cinéaste passionnant àsuivre ! ER

La Vie d’Adèle a du souffle. Cettefresque, qui s’étale sur une dizaine d’an-nées, suit l’éveil sentimental et charnel,le passage de l’adolescence à l’âge adulte

Courts lettrages

Les rédacteurs ont vu :LA VIE D’ADÈLE

de Abdellatif Kechiche

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21Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 2013 –

regards, des grains de peau, des bouches,des sexes, à la limite du possible… dansune intimité révélée si troublante que jeme sens lasse, après trois heures de pro-jection, comme si j’avais été voyeuse d’unvol charnel. MS

1er chapitre passionnant sur lestourments de l’adolescence et la nais-sance d’une passion amoureuse :Kechiche a un formidable talent pour fil-mer la jeunesse (réelle ou rêvée). Le 2e

chapitre m’a moins plu peut-être parceque j’avais préféré l’histoire racontée parl’excellente bande dessinée de JulieMaroh et que les scènes de rupture et l’ai-greur sociale m’ont moins touché. Quantaux scènes de sexe ? Interminables ? Poi-gnantes ? Trop crues ? Bouleversantes ?Voyeuses ? Y aurait-il autant d’avis quede spectateurs parce que chacun les voitavec sa propre expérience, ses propresdésirs, sa sensibilité… à fleur de peau ?DP

On signale l’apparition d’un aliendans le cinéma français : il revêt l’aspectd’une toute jeune femme dont la caméra,comme notre regard, ne peut se détacherdès qu’elle est à l’écran. Peu nous chautde savoir si elle est belle, elle est mieuxque ça : elle est. Elle peut pas tomber, y’arien qui la protège… À minuit quand tousses bracelets sonnent, elle est commepersonne. Adèle Exarchopoulos est à cepoint exceptionnelle qu’elle a dû inspirerce texte à Jean-Patrick Capdevielle desannées avant même sa naissance. IG

La princesse de Clèves, Antigone,Marianne… la littérature et la mythologieviennent éclairer les méandres de l’amouret du désir chez la jeune Adèle question-nant la Carte de Tendre. L’initiation estrude, l’émotion très palpable à l’écran.Comment Adèle Exarchopoulos, elle, va-t-elle pouvoir émerger de ce rôle sublimeet incandescent après cette expérience dela caméra amoureuse et exigeante deKechiche ? RS

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– Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 201322

Si l’adage : « Le temps, c’est de l’argent » exis-tait avant le développement du capitalisme

et du travail salarié comme norme de nos exis-tences, il n’en reste pas moins vrai qu’il en apris une réalité de plus en plus criante et quel’heure de travail, le nombre de trimestres tra-vaillés, et le nombre d’annuités accumuléessont devenus une sorte de cadre de référencepermanent, pratiquement indépassable pourune énorme majorité des populations contem-poraines. Ils rythment nos existences, allantparfois jusqu’à déterminer la « valeur » d’unindividu et déterminant sans ambigüité pos-sible la « valeur » d’un travail (une heure du tra-vail d’un ouvrier valant x% de celle d’un cadre,d’un prof, d’un médecin ou autre, sans réfé-rence à l’utilité sociale du travail en question).Le débat autour de la pénibilité des métiers etde sa prise en compte dans le calcul desretraites illustre bien cette difficulté à compta-biliser des carottes et des choux, du temps devie et de l’argent.Or, le temps de vie est cruellement au centredu nouveau film de Rebecca Zlotowski, GrandCentral, qui nous emmène faire un tour chezles galériens intérimaires de l’entretien des cen-trales nucléaires. Ici, le temps de travail semesure aussi à une aune différente, celle del’exposition aux radiations. Plus vous passezde temps dans une zone contaminée, plus cettezone est contaminée et plus votre durée de vieréelle va s’en prendre un grand coup dans lesos (on ne parle pas ici de vie de loisirs opposéeà une vie salariée, mais bien du temps qui va

vous rester à demeurer en vie, tout court).La dose, métaphore permanente au sein dufilm pour exprimer les ravages de l’amour et ladégradation de votre santé, est une expressioncouramment débattue et utilisée : « Ça fait quoila dose ? » « C’est quoi la dose ? ». À tel pointque n’est jamais expliqué ce que la dose est enréalité, de manière scientifique, comment elleest calculée…Et pourtant…Pourtant un moment du film vient remettretout cela en place : alors que le jeune protago-niste du film, Gary, vient de suivre sa rapideformation aux mesures de radioprotection, unde ses collègues lui explique pourquoi ilconvient de travailler vite. Il a pour cela uneformule lapidaire et d’une efficacité redoutable :« Le temps c’est de la dose ». En disant cela, ilréactive la vieille expression : « Le temps, c’estde l’argent »1, court-circuite le passage de leursvies par la case argent pour en arriver directe-ment à l’essentiel : le temps passé à ce travail,c’est de la mort qui avance, c’est de la vie quifiche le camp. Ces travailleurs du suicide quo-tidien ont dépassé la seule mise en rapport dutemps avec l’argent, pour illustrer, en un rac-courci saisissant, que le temps passé au travailest, pour eux tout au moins, de la non-vie. ER

NB : L’ironie pressante de Grand central veut que,parallèlement à cela, parallèlement à cette mise enévidence, plusieurs des protagonistes trouvent dansle milieu des soutiers du nucléaire, une famille, unesolidarité, bref… une vie…

À propos deGrand Central

De la mesureen toutes choses

1 D’ailleurs, on nous dit sans ambages que ces galériens sont particulièrement mal payés…

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C’est une armée invisible. Casquée,masquée, caparaçonnée, peu payée,

nomade, qui disparait derrière le sidérantdécor où elle travaille, dans l’ombre. Legrand public ne la connaît pas vraimentmême si on en a tous entendu parler audétour d’une enquête sur l’état de santé duparc nucléaire hexagonal. L’armée desvacataires qui, de chantier en chantier,hors statut EDF, permet l’entretien descentrales. À trois ans de distance semblentse répondre le passionnant premier romand’Elisabeth Filhol intitulé La Centrale,paru en 2010 et l’intense deuxième longmétrage de Rebecca Zlotowski intituléGrand Central. Dans l’un et l’autre, le per-sonnage principal est un jeune homme quiaccepte une mission lors d’un arrêt detranche, Loïc à la centrale de Chinon puisdu Blayais et Gary à celle du Tricastin. Lefilm comme le livre ne sont absolumentpas militants. Ils décrivent, sous formed’une narration à la première personne,plutôt factuelle, ou sous la forme d’unehistoire d’amour, le quotidien des tra-vailleurs du nucléaire, dans et hors de l’en-ceinte. Les mots de la romancière semblentfaire écho aux images du film : « Métiers àrisques. Pourquoi certains franchissent lepas et d’autres non ? Il y a la nécessité,l’urgence, mais pas seulement. Ce qui està l’œuvre là-bas, au cœur de la centrale,en fascinera d’autres après nous, cemélange des genres. Comme d’avoir une

tension en soi, une crainte sourde, ça n’en-lève rien… pour aller jusqu’au bout, pouratteindre ce point vers lequel tous lesdésirs convergent dans leur ambiguïté, cepoint central d’où tout part, d’où toutel’énergie primaire est issue. S’en approcherau plus près, sentir son souffle. D’une tellepuissance. Dont on connait bien les effetsdévastateurs. » Dans un décor de science-fiction, aux gestes totalement ritualisés, ledanger totalement invisible, toujours là.« Vous intervenez sur le circuit primaire.Chacun sait à quoi s’en tenir. Des parti-cules radioactives se déposent sur lemétal. Il faut faire équipe à trois ou quatrepour se répartir la dose, et limiter à deuxou trois minutes les temps d’intervention.Après huit jours de maquette, on vouslâche en zone contrôlée sous la silhouettetutélaire du générateur à vapeur qui vousdomine du haut de ses vingt-deux mètresd’acier, tel un sous-marin de poche de l’èresoviétique planté à la verticale, la tête enbas. À la base la boîte à eau. Et un troud’homme de quarante-cinq centimètres dediamètre. Vous entrez, vous avez quelquesminutes pour faire ce que vous avez à faire,c’est serré, vous le faites, vous sortez, unautre prend la relève, etc. Techniquement,ça n’est pas difficile, mais au moindresouci, à la moindre complication, vous pre-nez un coup de chaud, parce que le comp-teur, là sur votre poitrine s’emballe, ledosimètre, et en dessous, ça s’emballe

Pages & imagesLa Centrale/Grand Central

Centr les

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aussi, et la respiration sous le heaume secale sur un autre rythme. Point chaud. Oucomment ce qui est simple dans son prin-cipe devient compliqué dans la consciencequ’a chacun d’être exposé aux radiationset la communication du stress à l’intérieurde l’équipe. » Travail d’équipe, histoire dedoses partagées, de communautés provi-soires qui vivent dans des caravanes pourdiminuer les frais, soudées un temps parle partage du danger, tribu d’intouchables,mis à l’écart par la présence des rayons. Sile roman raconte une histoire d’hommesen route vers la solitude, au cœur du filmbrûle une passion dévorante.

Tout son scénario repose sur la correspon-dance poétique entre la contaminationradioactive des corps et la contaminationamoureuse des cœurs, la radiation dudésir. Le schématisme du parallèle pour-rait être artificiel mais il fonctionne d’en-trée grâce au jeu intense des acteurs. Et àla mise en scène qui oppose systématique-ment les scènes d’intérieur (l’enfer dunucléaire, confiné, à la fois glacial et étouf-fant) et l’extérieur (l’île du Rhône où Gary

et Karole se cachent, havre de paix lumi-neux à l’opulence naturelle paradisiaque).Dès l’arrivée de Gary dans le groupe, lacorrespondance s’installe : pour lui expli-quer ce qu’est la dose, la pulpeuse Karolel’embrasse fougueusement, dangereuse-ment, sous le regard de son homme etdans les rires du groupe. « On en prend lamesure à ce moment-là dans le bombarde-ment des atomes au cœur du réacteur,l’exacte mesure d’une énergie de liaisonquand le noyau se casse, une brèche s’estouverte, un tabou est tombé par le gested’un seul, et c’est la réaction en chaîne. »Au départ, les deux mondes fonctionnenten parallèle : le danger permanent du tra-vail, strictement régi par des gestes préciset des durées contrôlées, soude le groupeet s’oppose à l’insouciance des soiréesinterminables, chaleureuses et enjouées.On veut croire à la stricte séparation entreles deux circuits, comme dans la centrale.Mais la contamination est déjà là, le stressdu travail désagrège la belle entente dugroupe et le danger du désir, invisible,détruit tout. Au-delà de certaines doses,plus rien n’est maitrisable… DP

Pages & imagesLa Centrale/Grand Central

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fole comme celui d’une fille de quinze ans.)Remarquons que dans les trois histoires,elles le sont par des hommes beaucoup plusjeunes qu’elles. Comme s’il restait toujoursun tabou difficilement franchissable :l’amour entre deux personnages âgés(même si nous avons pu voir en 2008 le trèsbeau film allemand intitulé 7e ciel, d’An-dreas Dresen, l’histoire d’un coup de foudreentre une femme de 60 ans et un homme de76 ans). Notons également que ces troisfilms ont été réalisés par… des femmes :Marion Vernoux, Claire Simon et Emma-nuelle Bercot. Est-ce qu’un réalisateurhomme aurait pu avoir ce genre de regardsur ces trois magnifiques actrices ?Est-ce qu’au travers du regard que cestrois réalisatrices s’expriment le désir(forcément un peu teinté d’inquiétude)que l’amour et le désir restent possiblesmalgré le temps qui passe ? Peu importefinalement : réjouissons-nous du plaisird’avoir une nouvelle fois pu voir cesfemmes remarquables dans des rôles depremier plan, belles, toujours. DP

InterférencesLes Beaux jours/Elle s’en va/Gare du nord

Quand une figure inattendue se répètedans plusieurs films, sur une courte

période, est-ce l’effet du hasard ou l’indiced’un changement dans les représentationscollectives ? Souvent, j’ai tendance à penserque le cinéma n’est pas tendre avec lesactrices, qu’il ne les aime que radieuses,jeunes et jolies et que, pour toute comé-dienne, vieillir est un véritable défi profes-sionnel, les propositions se raréfiant, lapalette des rôles se recentrant autour de lafigure de la grand-mère. Mais les mamiesne sont plus ce qu’elles étaient ! C’est dumoins ce que l’on peut se dire après avoirvu les personnages joués par Fanny Ardantdans Les beaux jours, Nicole Garcia dansGare du nord et Catherine Deneuve dansElle s’en va. Aucun de ses trois films n’es-saie de cacher l’âge des personnages, maisà 64, 67 et 69 ans, elles sont vues à la foiscomme des mères, des grands-mères maisaussi comme des femmes. Désirables. Dansles bras de Laurent Laffite, de Reda Katebet de Paul Hamy. Si les trois magnifiquesactrices ne font plus partie des séductrices,ces trois rôles inventent des personnages defemmes séduites (avec de touchantes timi-dités d’adolescentes – c’est Nicole Garciaqui répète plusieurs fois que son cœur s’af-

Les beaux jours,elle s'en va Gare du Nord

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– Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 201326

Le réalisateur était ému parce qu’au bout de deux ansde travail, c’était enfin la rencontre avec le réel : le

public. Après 15 ans derrière sa planche de BD avec sonToto l’ornithorynque, il a eu envie de voir autre chose. Il atravaillé sur L’Illusionniste, sur Zarafa avant de réaliserson 1er film. « J’étais au service de l’univers de GrégoireSolotareff, mais celui-ci était très à l’écoute de ce que jepouvais apporter. Il n’y a pas eu de tension car nous avionsénormément de goûts communs », mais aussi au niveaudu cinéma (expressionnisme allemand avec ses cadrages,ses ombres portées et l’imagerie technicolor des grandsfilms hollywoodiens). « Je me suis retrouvé dans (…) cetunivers entre les mondes des hommes et des animaux… »C’est la suite de Loulou : les personnages sont devenusadolescents. « Loulou a été élevé dans le pays des lapins.

C’est un monde naïf. Il va au pays des loups sans idée derrière la tête ». Un film très beau visuel-lement, à la fois comique et plein d’actions et qui joue sur différents niveaux de lecture (« Lefestival de carnes ! ») Il a semblé beaucoup plaire aux 140 participants, petits et grands, de ceCiné p’tit déj’ organisé par la commission Jeune Public. DP

nateur pour Quête, un bijou de poésie aqua-tique. Tandis que Chen Xi rend hommage à laChine de 1910 à 1940, dans Mahjong et Win-ter Solstice, et que Lei Lei, en tandem avecThomas Sauvin, propose, dans Recycled, unmontage de milliers d’images vraisemblable-ment prises par des photo-filmeurs (photo-graphes professionnels sur les lieux touris-tiques). On a pu découvrir aussi la relecturepar Cheng Ming d’un texte du quatrièmesiècle, Legend of the Peach Garden, mêlanttechniques informatiques et techniques tradi-tionnelles du théâtre d’ombres et du lavis,

La Cinémathèque proposait un programmede courts-métrages d’animation chinois

réalisés entre 2006 et 2013. L’un d’eux, ChenChen, actuellement en résidence à Fonte-vraud, est venu évoquer son parcours et celuidu cinéma d’animation de son pays.Il explique qu’en Chine, malgré l’absence destudios pour travailler en groupe, le manquede distributeurs et de producteurs… lesjeunes créateurs parviennent à conjuguercréativité et références aux anciennes tech-niques. Ainsi, Zhiyi Zhang a su créer desimpressions de lavis animé à partir d’un ordi-

À propos deSuivez la route de l’animation

Lundi 7 octobre : panorama chinois

Loulou l’incroyable secret.

Éric Omond aux Studio © Nicole Joulin

L’Abbaye de Fontevraud accueille régulièrement desréalisateurs de films d’animation. Xavier Kawa-Topor, son directeur, a mis en place cette actionpour que ces auteurs aillent à la rencontre desspectateurs de la région.

Dimanche 6 octobre : Rencontre avec Éric Omond pour l’avant-première de

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mation lui a permis de prendre de la distance.« Norfolk est un endroit très peu stimulant »,dit-il, et le noir et blanc l’a aidé à en exprimertoute la morosité. Pour C. Devaux, la violenceest inhérente à l’histoire qu’elle raconte (la viede Raspoutine), son utilisation du noir etblanc est liée à une volonté de rappeler l’es-thétique de l’époque. Mais tous deux précisentaussi que le noir et blanc allie, de façon pluspragmatique, deux avantages : il est plus éco-nomique et permet d’aller deux fois plus vite.Ce mois à l’Abbaye de Fontevraud est poureux un moment privilégié. Passionnés par leurart, ils comptent bien pouvoir continuer à lepratiquer longtemps et réussir à en vivre. C’esttout le mal qu’on leur souhaite. JF

Ce soir, projection de courts métrages réa-lisés par de jeunes cinéastes en résidence

à l’abbaye de Fontevraud. Le principe de cesrésidences Écriture et recherche est simple :offrir aux sélectionnés un mois de totaleliberté. Un mois pour se poser, afin de favori-ser les interactions et stimulations avec lesautres résidents.Deux de ces privilégiés sont présents, KristianAndrews, anglais, réalisateur de Rabbit punchet Céline Devaux, auteure de Vie et mort del’illustre Grigori Efimovitch Raspoutine.Il se dégage des films, la plupart en noir etblanc, une grande créativité et aussi de la vio-lence, comme dans Rabbit punch. K. Andrewsmet en avant l’aspect autobiographique de sonfilm, il a vécu tous les faits qu’il y relate. L’ani-

Mardi 8 octobre : soirée courts métrages

son regard : une mise en dessins du sentimentde honte vécu par un homme confronté auregard d’un… poulet. L’animation chinoisesemble avoir, de nouveau, un futur et c’esttant mieux ! IG

ainsi que Double Fikret, de Haiyang Ming,étonnant maraboutdeficelle surréaliste aupastel. Chen Chen quant à lui, élève à l’écolede La Poudrière à Valence, jusqu’en 2010, pré-sente son film de fin d’études, M’échapper de

Kristian An

drew

s & Céline Devaux ©Fontevraud

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– Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 201328

D’emblée le contact est établi. DavidPerrault est un cinéaste cinéphile. Il

définit la cinéphilie tout simplementcomme l’amour du cinéma. Et il le connaîtà fond.Les personnages principaux de son filmsont deux catcheurs des années 60. Maisle cinéaste avertit le public : ce n’est pasun film sur le catch, mais sur le passé, lanostalgie du passé qui est souvent celle ducinéma. Il espère avoir porté un regardmoderne sur cette époque.Il ajoute qu’il faut prendre le film commeun plaisir chorégraphique, comme unimmense rêve éveillé (ce qu’est le cinémaselon lui).Le point de départ a été une photo de cat-cheur de 1960, qui portait un masqueblanc. Il était un peu ridicule sur la photo,qui dénotait un mauvais goût bien fran-çais. C’était bien sûr la photo de l’Angeblanc. David Perrault est tenté de l’oublier,puis une question chemine dans sonesprit : que sont devenues ces célébritésdu passé, brusquement disparues etoubliées ? Qu’est-ce qu’être un héros ?Puis ne plus l’être ? Être dans la lumière,puis dans l’ombre ? S’y ajoute alors uneinterrogation de cinéphile : que sont deve-

nues les grandes figures du cinéma de cesannées-là ?D’où la nécessité de mettre en parallèleforme et sujet : par exemple noir et blanccomme célébrité et oubli, ombre et lumière.En se documentant, le cinéaste a décou-vert qu’il y avait eu au moins sept Angesblancs. Le vrai, l’original, était italien et ila bien enlevé un jour son masque pour sefaire connaître : ça a été la fin de sa car-rière, le rêve avait disparu.À une question d’un spectateur sur lemasque noir dont veut se défaire Victor,David Perrault répond que c’est un rêvecentral. Victor vit dans un cauchemar dontil ne peut se débarrasser. Sur scène, le rôlenoir qu’il doit tenir (l’Étrangleur de Belle-ville) l’étouffe. C’est pourquoi, dans le cau-chemar des masques noirs, il y a soncopain Simon. Simon, c’est son double delumière : Victor ne peut accéder à larédemption qu’en l’éliminant et en le rem-plaçant. C’est un transfert de personna-lité : pour sortir du cauchemar, il doitsacrifier son meilleur ami.Leur amitié est d’ailleurs étrange. Ils sefont écho sans tout-à-fait se confondre.Un spectateur fait remarquer que le filmest truffé de références cinéphiliques (on

Rencontre avecDavid Perrault

Ce vendredi 25 octobre David Perraultest venu parler avec le publicde son très beau film :Les Héros sont morts ce soir.C’est son premier long métrage.

David Perrault aux Stud

io© Roselyne Guérineau

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29Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 2013 –

pense à Tarantino, mais dans un toutautre style). Le cinéaste assume ce côtécinéphile. Mais pour faire bouger leslignes, les frontières des genres, pas pourreproduire fidèlement. Ainsi la scène de lachambre, avec Simon et Anna : c’est unecitation de la scène de À bout de souffle,qui réunit Belmondo et Jean Seberg. Maisdétournée, portant sur le passage du passé(l’après-guerre pour Simon) à la modernitédéfendue par Anna avec son disque deGainsbourg.David Perrault s’explique ensuite sur lascène, près de la fin, où les statues de ciresont incendiées. Ce ne sont pas desimages numériques, le cinéasten’aime pas y recourir. Les décorsont vraiment été brûlés. D’oùune scène cauchemardesque(on pense à Franju, cinéastede l’époque). Le réalisateura trouvé magnifiques cesmasques qui fondent réelle-ment, ces images terri-fiantes. Mais il fallait tout fil-mer en une seule prise : le décordisparaissait avec l’incendie. Le

tournage avait quelque chose d’infernal,avec la chaleur et les odeurs étouffantes,sans compter les émanations asphyxiantesdu plastique en train de fondre.La séquence où apparaissent les archivesde l’Ina et où Pierre Dumayet interviewe uncatcheur auteur d’un livre iconoclaste surson sport a été un élément déclencheur :cet homme à qui on a imposé un rôle, celuid’Étrangleur juif, pose le problème del’identité et des rôles qu’on nous force àjouer : c’est aussi un sujet du film.David Perrault revient sur l’épilogue qu’ila choisi. La scène se passe dix ans après,dans un cabaret non identifiable. On nesait rien du spectacle. Victor est enfinl’Ange blanc, mais dans un spectacle decabaret (pas au catch, qu’il a dû abandon-ner). Il veut aller vers la lumière, alors qu’ila sacrifié son meilleur ami. Le spectacle estsans gloire.C’est une fin déstabilisante, que le cinéastea voulu poétique plutôt que narrative. Ellene s’inscrit pas, précise-t-il, dans unecontinuité narrative, mais dans une sortede fantasme poétique.Une belle soirée d’échange, avec un jeuneréalisateur convaincu et convaincant. Etun très beau film. CdP

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– Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 201330

Sur la préparation du film, le contexte etles conditions de tournage :« Le personnage de Vlaminck et auteur de laBD – Antonin Baudry (alias Abel Lanzac) –connaissait parfaitement le ministère et sesrouages… Ce sont les personnages qui m’in-téressaient ; je n’ai pas cherché à rencontrerDominique de Villepin ; la vérité on la prendailleurs, en s’imprégnant des lieux, en posantdes questions… Il y a dans le film des chosesqui ne sont pas dans la BD mais que nousavons découvertes comme, par exemple, lesquestions posées à l’assemblée qui, commeles réponses, sont préparées à l’avance parles conseillers…Nous avons tourné onze jours au quai d’Or-say : ce sont des décors de style Napoléon 3,parmi les plus beaux de la République.Quand on avait des pauses, on passait notretemps à visiter les lieux et on nous a laissénous promener partout… Il y a une grandedisparité entre les espaces immenses de cer-tains bureaux et les mansardes étriquées oùsont la plupart des conseillers. Ça crée desrancœurs et des jalousies. Pour le bureau deClaude Maupas que nous ne pouvions occu-per (Arestrup dans le rôle du premierconseiller), nous avons tourné à l’ambassadede Suisse dont le décor a exactement lemême style ».

Sur le personnage de Taillard de Worms (leministre) et la politique étrangère de laFrance :« Dès qu’il est seul cinq minutes, il s’ennuie,donc il est en déplacement perpétuel– contrairement à l’actuel occupant du lieu,Fabius, qui ne sort guère de son bureau.Pour retrouver le langage de la BD (le person-nage se dédouble en marchant), nous avonsopté pour les portes qui claquent et lesfeuilles qui volent ; il fallait que ses appari-tions soient tonitruantes : nous les avonsprécédées d’un gigantesque courant d’air.Les effets spéciaux mis au point ont demandéune longue préparation ». (Il est question desoufflerie difficile à orienter…)Taillard a une réelle vision de la France,même s’il exprime tout d’une manière extra-vagante. J’ai du respect pour son courage, sasincérité et sa conviction absolue… Le per-sonnage est peut-être léger, il n’empêche qu’ilsort de sa voiture pour affronter les manifes-tants en Afrique et qu’on lui doit le fameuxdiscours de l’Onu Sur les deux dossiers vusdans le film (l’Afrique et l’engagement de laFrance en Irak), ses prises de position pro-gressistes sont remarquables. Elles sontpourtant nées dans la folie du ministère : çareste une énigme !

Rencontre avecBertrand Tavernier

Rencontre avec Bertrand Tavernierle mercredi 9 octobre 2013

Bertrand Tavernier aime les Studio ! Après avoir tenu avec fougue et passion le rôle deparrain à l’occasion de nos cinquante ans, il était de retour près d’un mois avant la sortieofficielle de Quai d’Orsay pour rencontrer nos publics : les étudiants et lycéens l’après-midi, les spectateurs le soir. Est-il besoin de préciser que la grande salle était remplieplus d’une demi-heure avant le début de la séance ?Comme d’habitude le réalisateur s’est prêté avec bonheur au jeu des questions réponses,apportant une foule de détails et précisions, n’hésitant pas à déborder sur tout ce qui atrait à la culture avec un franc-parler et une vision critique que nous partageons…

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Le quai d’Orsay a gardé le même cap,quelques soient les gouvernements, degauche comme de droite, depuis De Gaulle :une ligne d’indépendance vis-à-vis des USA,entre Israël et la Palestine… Le film se situeà un moment très fort de notre histoire…Dans le discours aux Nations Unies, Villepina défendu la notion de “vieux pays” décriéepar tout le monde, y compris par Chirac. Il atenu bon… C’est le sujet de mon film : com-ment un ministère, complètement libre,arrive à faire passer une politique malgré lesautres ?Le changement est venu avec Sarkozy, hyperatlantiste et sioniste. On a du mal à seremettre de cette rupture très forte ».

Tony Blair en prend aussi pour son grade :« Il a manipulé l’info, a menti. C’est un indi-vidu méprisable, pourtant bien propre surlui, à l’apparence démocrate. » Malgré l’admiration qu’il porte à la personnedu ministre, Bertrand Tavernier ne se privepas de souligner ses travers avec malice : « Ilne donne pas, mais jette. Sa secrétaire est enpermanence bombardée de livres, feuilles…Il ne sait pas répondre à un téléphone por-table, est en véritable état de panique devantun ordinateur d’où le “papier collé” ou le

“regarder plus haut” qui le fait chercher audessus de l’écran… Il parle tout le tempsd’écrire mais il se contente de “stabiloter”.C’est Thierry Lhermitte qui endosse le cos-tume du ministre : « Au début j’ai eu un peupeur. L’acteur s’était semi-retiré, voulait cas-ser l’image qui l’avait fait connaître et nejouait plus qu’avec beaucoup de réserve. Jecraignais qu’il ne veuille plus interpréter desrôles de “dingo”. En fait, ça a été un bon-heur : dès qu’il a lu le scénario, il a donnéson accord et foncé ».

Sur les autres protagonistes (acteurs etpersonnages) :Raphael Personnaz (Arthur, le « langage »du ministère) : « Il joue très finement. J’aivoulu lui offrir un rôle très différent de celuiqu’il tenait dans La princesse de Montpen-sier. Progressivement il arrive à tenir tête àson ministre avec la complicité de Maupas.Anaïs Demoustier (Marina) : « Le person-nage qu’elle interprète, la compagne d’Ar-thur, est très différent de celui de la BD oùelle est geignarde et véhicule le cliché de lafemme délaissée par la carrière de son com-pagnon. J’avais peu de femmes dans le film ;Je voulais qu’elles existent. Marina est vive,sexy, intelligente et remet en cause l’admira-

Bertrand Tavernier aux Stud

io, le 9 octobre 2013 © Nicole Joulin

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tion d’Arthur pour son ministre. Son métierd’institutrice en banlieue permet de montrerun autre monde ».Niels Arestrup (Claude Maupas, premierconseiller) : « J’ai croisé cet homme une fois.C’est quelqu’un de formidable qui a servil’État (premier conseiller de plusieursministres des affaires étrangères) pendant delongues années ; il a aussi été ambassadeuret a soutenu Obama. Il fallait être comme luiface à Villepin : il réussit à faire tout passersans s’opposer frontalement… Aujourd’huien poste à Bruxelles, il s’ennuie… J’ai de l’ad-miration pour ces serviteurs qui travaillentdans l’ombre et ne vont pas “jacqueter” à latélé sur n’importe quoi. S’ensuit une grossecolère sur « ce crétin de Montebourg » qui sevantait sur les médias de l’installationd’Amazone dans sa région au mépris deslibraires qui ferment et des conditions de tra-vail inacceptables des employés ; « Une entre-prise qui ne paie pas d’impôts en France ! »À ce sujet, Tavernier nous conseille de lire :En Amazonie, infiltré dans le meilleur desmondes, de Jean-Baptiste Malet.Jane Birkin (Molly Hutchinson, prix Nobelde littérature) : « La scène narrée estauthentique. C’est une des légendes du quaid’Orsay : le ministre s’est lancé dans unmonologue interminable jusqu’à ce que sonchef du cabinet lui glisse un petit mot.Quand il finit par lui donner la parole, elle neparle pas de littérature mais de politique !Thierry était fou de joie de jouer avec Jane :ils avaient été partenaires au théâtre et s’en-tendaient très bien ».Julie Gayet (Valérie Dumontheil,conseillère Afrique) : « Cette femme esthyper connue au ministère où elle est quali-fiée de “salope”. Mais on la sait bosseuse etcourageuse ».Sur Héraclite : « Les titres chapitres sous laréférence du philosophe sont des phrasessouvent incompréhensibles mais formidablespour leur beauté ! Il n’y a pas de rapport avecce qui précède et ce qui suit… Le ministre

croit dans la force des mots et attache de l’im-portance à la culture ».Comme d’habitude, le cinéaste a été soucieuxdu moindre détail : les costumes, parexemple : « Très conformes à ceux portés auministère – tissu épais mais souple, ni tweed,ni tergal. Je m’en suis fait faire un ; ça m’abeaucoup amusé… » Quant aux chaus-sures : « Elles sont glacées ».Sur la diversité de ses films et cette nou-velle expérience : « J’ai besoin de m’épatermoi-même, de faire chaque fois un premierfilm, que mes films ne soient pas seulementdu savoir-faire. J’aime découvrir des universque je ne connaissais pas. Chaque fois cesont des rencontres inédites. Avec Quai d’Or-say, toutes m’ont plu : des créateurs de la BDaux fonctionnaires du ministère… Nousavons tous eu plaisir à jouer, à tourner… Legénérique de fin montre quelques uns desnombreux fous rires pris pendant le tour-nage. Les acteurs étaient heureux. Je n’aipas eu besoin de les “doper” pour qu’ilssoient énergiques… Rien n’est accéléré : lerythme est celui qu’amène le ministre et qu’ilimpose à Arthur ».

Quai d’Orsay a été très favorablementaccueilli au sein du ministère lors des diffé-rentes pré-projections. Les occupants du lieuont confirmé « l’ambiance lubrique dans lesbureaux et la folie de l’ère Villepin »…

Décidément, à 72 ans, Bertrand Tavernier atoujours une sacrée pêche ! Son film tonique,drôle et riche a continué à faire parler, dansle hall, les nombreux spectateurs qui ne serésolvaient pas à quitter les lieux. Il était tardet le réalisateur continuait à échanger avecles uns et les autres. Merci une nouvelle fois,Monsieur Tavernier de nous transmettre vospassions, nous faire partager vos coups degueule salutaires, d’être aussi disponible etgénéreux. Pourtant, vous nous avezavoué : « J’ai eu souvent des désillusions,surtout avec les hommes politiques ». SB

Rencontre avecBertrand Tavernier

Page 38: 27.11 au 31.12 2013

33Les CARNETS du STUDIO n°318 – décembre 2013 –

LA VIE DOMESTIQUEde Isabelle Czajka

Effroyables jardins aurait puêtre le titre du film, tant lesespaces verts aseptisés de

cette banlieue chic, illustrent avec jus-tesse l’ennui quotidien des femmes aufoyer qui y vivent. Isabelle Czajka nousmontre une journée de la vie de Juliette,fraîchement débarquée dans le quartier,et de ses voisines toutes faussement heu-reuses, qui cachent leur vide intérieurderrière des sourires polis et des maisonsexemptes de toute trace de vie. […]Juliette ne trouve pas sa place et voudraitretrouver sa vie d’avant, celle où elle tra-vaillait encore, avait un statut social et ledroit de parole à table. […] Julie Ferrier[est] méconnaissable dans son rôle debobo au bord de la dépression pour unetache sur son canapé blanc. Avec ce film,Isabelle Czajka parvient parfaitement ànous retranscrire l’ennui de ces vies sansbut… à tel point qu’à la sortie de la salle,il m’a été difficile de distinguer si l’ennuique je ressentais était le fruit d’un filmparfaitement réussi ou le résultat d’unmanque de finalité dans cette histoire.Christel G.

LA VIE D’ADÈLE – Cha-pitres 1 & 2de Abdellatif Kechiche

[…] rien n’abolit cette diffé-rence [de classe], pas même

la passion. […] La lucidité de Kechichemérite d’être saluée. Il a perçu le cri dumonde ou plutôt le fracas produit par sa

Vos critiques

dérive et nous le clame en filmant l’incan-descence des corps pour nous permettrede supporter l’idée de l’errance de notremonde sur l’océan des faux-semblants etdu trompe-l’œil. Jean-Pierre L.

[…] Abdelatif Kechiche est un met-teur en scène qui sait mettre enavant les corps, les visages et

gestes du quotidien. […] C’est un cinéastede l’intime et les scènes dites de sexe nesont absolument pas gênantes car parfai-tement intégrées dans l’histoire d’amourdes deux héroïnes. […] Adèle Exarcho-poulos [qui] se donne sans aucune limite.Elle m’a fait penser à Sandrine Bonnairedans À nos amours de Pialat. Un des plusbeaux films de ces dernières années.Christophe L.

On frôle le film érotique parmoment (pour moi ce film devraitêtre interdit aux mpoins de 16

ans) et ces scènes crues, sans pudeur,gâchent tout. C’est très bien tourné, quoique parfois un peu long et les actricessont sublimes mais je reste déçue par lemalaise engendré par les scènes à monavis déplacées qui n’apportent rien aufilm. On peut filmer de l’intime et de lapassion sans tomber dans le voyeurismemalsain. L.P.

C’est un beau film… Adèle Exar-chopoulos est magnifique dans lerôle de cette jeune fille qui se

cherche. Nous la voyons sortir de l’ado-lescence et devenir une jeune femme sûrede ses désirs mais qui se confronte à laréalité. […] M.B.

Rubrique réalisée par RS