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Depuis le début des années 80,le secteur bancaire a connu de profondes mutations caractérisées principalement par le décloisonnement des marchés des capitaux, la libéralisation et la modernisation des opération financières et qui l’ont certes plongé dans un environnement économiques très concurrentiel et turbulent. Dans un tel contexte, de nouvelles tendances apparaissent autour du paysage financier telles que la désintermédiation, la vulnérabilité des comptes de résultat des banques mais surtout la montée des risques. C’est dans ce cadre-là que s’inscrit une profonde mutation des systèmes de mesure et de suivi des risques dans les banques, une mutation qui a pour objectif primordial de renforcer leur solidité et de les rendre plus attentives aux crédits qu’elles accordent. De plus les nouvelles exigences des accords de Bâle préconisent aux banques d’avoir des outils de surveillance de leur risque de crédit auprès des entreprises. Il est vrai que la distribution du crédit implique une prise de risque, principalement du risque de défaillance de l’emprunteur.. Or, le risque est inhérent à l’activité de crédit, celui- ci doit être bien évalué afin de permettre la survie de l’établissement de crédit et le respect de certaines règles prudentielles dont celle su ratio de solvabilité. Il faut également noter qu’on assiste aujourd’hui à une multiplication des incidents de paiement et des situations de défaillances des entreprises.

45653304 Article Credit Scoring Le 17 Avril 2006

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Depuis le début des années 80,le secteur bancaire a connu de profondes mutations

caractérisées principalement par le décloisonnement des marchés des capitaux, la

libéralisation et la modernisation des opération financières et qui l’ont certes plongé dans un

environnement économiques très concurrentiel et turbulent.

Dans un tel contexte, de nouvelles tendances apparaissent autour du paysage financier telles

que la désintermédiation, la vulnérabilité des comptes de résultat des banques mais surtout la

montée des risques.

C’est dans ce cadre-là que s’inscrit une profonde mutation des systèmes de mesure et de suivi

des risques dans les banques, une mutation qui a pour objectif primordial de renforcer leur

solidité et de les rendre plus attentives aux crédits qu’elles accordent.

De plus les nouvelles exigences des accords de Bâle préconisent aux banques d’avoir des

outils de surveillance de leur risque de crédit auprès des entreprises.

Il est vrai que la distribution du crédit implique une prise de risque, principalement du risque

de défaillance de l’emprunteur..

Or, le risque est inhérent à l’activité de crédit, celui- ci doit être bien évalué afin de permettre

la survie de l’établissement de crédit et le respect de certaines règles prudentielles dont celle

su ratio de solvabilité.

Il faut également noter qu’on assiste aujourd’hui à une multiplication des incidents de

paiement et des situations de défaillances des entreprises.

La recherche d’un moindre risque de défaillance ou de crédit couplée au besoin de constituer

un portefeuille de crédit de qualité a conduit les établissement de crédit à se pencher sur des

méthodes développées soit par des économistes, soit par des agences de notation et même par

les services de Recherche et développement des institutions financières afin d’évaluer le

risque de crédit d’un emprunteur.

C’est ainsi qu’on a assisté à l’émergence du crédit scoring.

Née dans les années 50aux Etats-Unis, et mises en œuvre en France dans les années 80,la

méthode des scores ou crédit scoring constitue un outil de mesure du risque qui utilise des

données historiques et des techniques statistiques.

Le scoring permet, grâce à l’affectation de points à des différentes variables et à leur

croisement, de donner une idée précise sur l’aptitude d’un emprunteur à honorer à terme ses

engagements .

Le crédit scoring est de plus en plus utilisée dans ces institutions financières, notamment dans

les banques de détail. Il sert à classer les emprunteurs en groupes de risques.

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Au Maroc, nous avons assisté au développement de ces techniques principalement et

préalablement au niveau du crédit à la consommation et ce depuis le début des années 90.

L’usage du crédit scoring a été favorisé par l’arrivée des grands opérateurs français du crédit à

la consommation et qui contrôlent actuellement, directement ou en partenariat avec des

institutions financières ou bancaires près de 70% de parts de marché.

La présence de ces sociétés françaises a de plus en plus intensifié la concurrence au niveau du

crédit à la consommation.

Dès lors, ces établissements n’ont cessé d’améliorer et de diversifier leurs offres.

On retrouve à ce niveau, la location avec option d’achat, la vente à tempérament…etc.

Or, cette augmentation de la concurrence et la diversité des offres ont engendré d’une part un

accroissement des coûts commerciaux lié à une moindre productivité des réseaux et à une

augmentation des investissements publicitaires et d’autre part, une concurrence certaine sur

les taux d’intérêt. Il en a donc résulté une réduction des marges des établissements de crédit.

Dans ce contexte là, le niveau d’incidents de paiement et d’impayés a également accru,

contribuant encore davantage à la baisse des marges des établissements de crédit.

Or, en vue d’améliorer sinon maintenir leur productivité, les établissements de crédit ont dû

impérativement mettre en place une politique rigoureuse d’évaluation a priori des capacités

d’endettement et de la solvabilité des clients.

Le scoring est donc apparu comme étant vital pour la pérennité et la performance des sociétés

d’anticiper et de mesurer les risques d’impayés clients.

Le crédit scoring tend actuellement à se développer également pour la mesure du risque de

crédits à l’habitat, des crédits aux professionnels et des crédits aux petites et moyennes

entreprises.

Comme pour le crédit aux particuliers, les établissements de crédit ont eu recours au crédit

scoring pour le financement des activités économique.

Cette méthode permet de donner à l’établissement de crédit un avis sur la qualité d’une

entreprise en la situant automatiquement dans une population de risques comparables.

L’idée de base consiste à déterminer, à partir des comptes des sociétés, des ratios qui soient

des indicateurs avancés ( deux à trois ans à l’avance) des difficultés des entreprises.

Une fois ces ratios établis, il suffit de calculer leurs valeurs pour une entreprise donnée et de

les comparer à la valeur des ratios des entreprises ayant connu des difficultés ou des

défaillances.

Prévoir le risque de défaillance de l’entreprise devient une préoccupation majeure des

établissements de crédit et des agences de notation.

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Néanmoins, il faut admettre que c’est une tâche plutôt difficile vu la multitude des raisons

pour lesquelles les entreprises peuvent avoir des difficultés. Certaines sont externes à

l’entreprise à travers les crises économiques ou monétaires, mais aussi suite à des difficultés

sectorielles telles la surcapacité, l’évolution des techniques, un marché en baisse, concurrence

de nouveaux producteurs…etc.

D’autres causes peuvent également provenir d’une mauvaise organisation, déclin de la qualité

du produit, vieillissement des dirigeants ou même d’un climat social difficile et qui peuvent

par la suite entraîner l’entreprise en situation précaire.

Le principaux scores développés jusqu’à nos jours pour la détection des risques sont :

- le score d’ALTMAN :

Développée outre atlantique lors des années 60, ce score est appliquée pour la première fois

pour prévoir les défaillances d’entreprises. L’intérêt principal étant de comparer les

performances entre entreprises d’un même secteur.

Il a fallu attendre la fin des années 70 pour prévoir d’autres travaux développés notamment en

France.

- le score de CONAN et HOLDER (1979) permet un classement des sociétés des plus

risquées (score inférieur à 6.8) aux plus saines ( score supérieur à 16.4).

Ces travaux retiennent une batterie de 50 ratios classées en sept catégories (structure des actifs

dépendance financière, fonds de roulement, exploitation, rentabilité financière).

Les entreprises étudiées, petites et moyennes, ont été regroupés par secteur d’activité.

A côté de ces travaux, la Banque de France élaboré elle-même en 1995 un score dit «  score

Banque de France » et qui a d’ailleurs été récemment modifié.

- le score de la Banque de France s’intéresse plus particulièrement à l’endettement

financier et repose sur des éléments tels que la rentabilité de l’entreprise, les dettes

fiscales et sociales, les délais du crédit fournisseur le taux d’endettement et enfin le

taux d’intérêt.

La formule aboutira à un score dont la valeur peut aller de –5 ( le plus risqué) à +3 ( le moins

risqué).

- le score AFDCC2 ( 1999) :

il comprend 11 fonctions pour 7 secteurs d’activité en différenciant les TPE des PME et

s’adresse plus particulièrement au Credit Manager, étant plus axé sur la solvabilité de

l’entreprise à court terme.

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Le crédit scoring a su s’implanter et convaincre le monde bancaire et ceci en raison des

qualités que cette technique inspire :

Tout d’abord, cette technique offre une sorte de souplesse à l’établissement de crédit

concepteur . Chaque client accepté a donc été noté par le score , ainsi sa probabilité de défaut

est connue. La masse totale des impayés ou des contentieux peut être estimée à partir du

cumul des probabilités d’impayés sur l’ensemble des encours.

Ces prévisions permettent donc de déterminer avec précisions les provisions à effectuer.

De plus , le crédit scoring a permis au banquier d’allier rapidité et efficacité en réduisant les

délais de réponse et les coûts de traitement des dossiers.