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Badge d'or, 60 ans de dessin pour le scoulisme* Pierre Jmibert. Editions de l'Orme Rond 72 / LA REVUE DES LIVRES POIR ENFANTS

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Badge d'or, 60 ans de dessin pour le scoulisme* Pierre Jmibert. Editions de l'Orme Rond

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« SIGNE DE PISTE » :LE PAYS PERDU

DE LA CHEVALERIE

par Pascal Ory

Collection en direction des adolescents ? Mythe ? s

Œuvre de propagande ?Dans une étude de la genèse de la collection Signe de piste

et des valeurs qu'elle véhicule, l'historien Pascal Ory *fait apparaître l'idéologie réactionnaire de cette littérature.

A ne considérer que l'histoire politiquede ce pays depuis cent ans, on pour-

rait conclure que si, bien entendu, uneforme de culture conservatrice laïcisée estfortement présente dans notre paysage men-tal, la « culture de droite » au sens strict,entendons par là d'essence catholique, demouvement traditionaliste et de vocationhiérarchique, est très minoritaire. Que, parexemple, le moment où elle triomphe, éphé-mèrement, sous le régime de Vichy est toutcirconstanciel. Il suffit pourtant d'examinerde plus près un secteur aussi crucial quecelui des publications à destination de la jeu-nesse pour se convaincre qu'à tout le moinsici cette culture a été longtemps bien implan-tée, et a eu à son actif plusieurs réussitesremarquables. Du côté des périodiques et dela bande dessinée qui leur est originellement

liée, avec l'« école belge », du côté deslivres, avec Signe de piste.

Le réseau

Le succès de Signe de piste pourrait déjà,tout simplement, se mesurer à sa longévité,puisque cette collection existe toujours àl'heure actuelle, alors que son premier titreest paru en 1937. Il s'estime encore mieux aunombre des titres parus, soit deux cent unpour la première série, Signe de piste pro-prement dit, publiée jusqu'en 1969 par leséditions Alsatia. La seule décennie 1950 auravu paraître quatre-vingt-dix-neuf titres, cor-respondant à la moyenne, annoncée en 1954et longtemps tenue, d'un titre nouveau parmois. Rien d'étonnant, alors, à ce que lesventes, déclarées par les intéressés, aientatteint, en 1957, 370 000 exemplaires, pour

* Pascal Ory enseigne à l 'Université de Par is X - Nan te r re et à l 'Institut d 'Etudes Politiques de Paris .

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se retrouver encore, au début des années 60,aux alentours de 200 000.A cette époque, la collection est d'ailleursdevenue le centre d'un complexe éditorialambitieux comprenant aussi, à partir de1957, une collection pour les pré-adolescents(Signe de piste junior, trente quatre titres autotal en 1969), une autre pour leurs aînés(Rubans noirs, destinée « à tous les plus dequinze ans, à tous les adolescents à la têtefroide et au cœur chaud » *), un dialogue avecles lecteurs étant par ailleurs encouragé autravers de tentatives diverses de lien pério-dique (Carrefour Signe de piste, 1955) et deconcours littéraires. En 1966 un sondageopéré par le réseau catholique des Biblio-thèques pour tous auprès de cinq mille de seslecteurs âgés de neuf à quatorze ans plaçait lacollection nettement en tête de leurs préfé-rences. Une dizaine d'années plus tard, dansune conjoncture, on le verra, pourtant trèsdifférente, d était encore question d'un « Prixdes moins de vingt-cinq ans », d'une associa-tion des « Amis du Signe de piste », d'unréseau de « délégués », Signe de piste n'étant« pas seulement une entreprise commerciale,mais une immense chaîne d'amitié qui s'étendà travers le monde entier » 2.Et il est vrai qu'à ce stade il n'est plus ques-tion d'un simple succès commercial, maisd'un véritable mythe, pleinement illustrépar les constantes rééditions, depuis le tempsde leur première apparition, toujours anté-rieure à la mitan du siècle, des deux sériesdu « Prince Eric », de Serge Dalens (quatretitres, 1937-1947) ou des « Chroniques du

Pays perdu », de Jean-Louis Foncine(quatre titres, 1938-1949) 3. Les ventes de lapremière auraient ainsi dépassé les deux mil-lions cinq cent mille exemplaires. Au mêmecourant de sympathie doit être rattachéel'émergence progressive de la figure dePierre Joubert , illustrateur vedette desScouts de France et auteur des vignettes detous les titres célèbres de la collection, quiest devenu, ces dernières années, le centred'une véritable dévotion 4. Certains obser-vateurs ont même avancé l'hypothèse que lavogue, dans les années 40 et 50, du prénomEric pouvait être en partie rattachée à celledu héros éponyme...

Une telle réussite eut son revers : à partir desannées 60, Signe de piste se trouva au cœurd'une polémique, d'abord feutrée puis fran-chement ouverte, dans certains milieux catho-liques et dans tous les milieux laïcs, contreune entreprise soupçonnée, entre autres, decompromettre l'image du mouvement scout enen donnant une interprétation étroitementréactionnaire, voire de diffuser dans la jeu-nesse une conception fasciste de l'univers *.Le temps est-il venu de reprendre la questionavec moins de passion, ne serait-ce que parceque le poids de la collection a décliné ?Essayons, du moins, d'y voir plus clair, enrappelant d'abord qui a fait la fortune deSigne de piste, avant de considérer, plus préci-sément, ce qu'en effet on a voulu qu'elle fût.

La genèseL'analyse des conditions de naissanceconfirme le rôle joué d'emblée par les trois

(1) Catalogue des vingt-cinq ans de Signe de piste, 1962. Cinquante-neuf titres au total en 1969.Une collection destinée aux jeunes filles, Joyeuse, lancée en 1947, avait été un échec.(2) Brochure de présentation de la collection Safari-Signe de piste.(3) Ces deux séries n'ont reçu leur titre générique qu 'a posteriori.(4) Cf. l'appréciation de Michel Menu : « On se demande bien ce qu'auraient été les Scouts de France,et en fin de compte le scoutisme en France s'ils n'avaient pas eu Pierre Joubert pour leur conférer unesorte d'image de marque » (préface à : Badge d'or..., voir bibliographie).(5) Cf., en particulier, l'article d'Isabelle Jan et Paul Lidsky dans « Combat » du 3 novembre 1972,fondé sur l'analyse de vingt neuf volumes parus en 1971 et 1972, dont 45 % de classiques réédités.

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auteurs qui, jusqu'à aujourd'hui, ont conti-nué de dominer l'équipe : Pierre Joubert, quien aurait proposé le titre et le premier label,Serge Dalens et Jean-Louis Foncine, qui luidonnent ses premiers titres à succès : Le bra-celet de vermeil du premier, numéro 2 de lacollection, La bande des Ayacks du second,numéro 4. Le choix des éditions Alsatia, dontle siège est à Colmar 6, est en grande partie dûau hasard, précisément au fait que les édi-tions Bayard et De Gigord aient d'abord refu-sé le manuscrit de Serge Dalens et que celui-ciait alors rencontré sur son chemin le projetd'une nouvelle collection scoute, correspon-dant à l'intention de l'éditeur alsacien, recon-nu dans les milieux catholiques et déjà attirépar le scoutisme, de conquérir à cette occa-sion une dimension nationale. C'est ici quejoue son rôle le quatrième homme de la fon-dation, Jacques Michel (pseudonyme deMaurice de Lansaye), qui va mettre au servi-ce de la nouvelle collection l'expérience qu'ila acquise jusque là à la tête de la collectionscoute De Gigord .

En revanche, la période de lancement n'estpas si hasardeuse. Elle correspond d'abordà l'essor de la littérature scoute dans lesannées 30, dominée par l'œuvre de Guy deLarigaudie, dont avant la mort, au combat,en 1940, Signe de piste aura d'ailleurs letemps de publier un titre (Le tigre et la pan-thère, 1938). Mais on peut y voir aussi l'échodes inquiétudes de la culture catholiqueconservatrice face à l'efficacité nouvelle des

initiatives de la gauche en direction de lajeunesse, à l'heure du Front populaire, deJean Zay, de Léo Lagrange, des « auberges »et autres « Faucons rouges ».Après l'épreuve de la guerre, qui aura vuSerge Dalens, fonctionnaire des servicesvichystes de la Jeunesse, prendre nettementposition en faveur de la Révolution nationaleà travers la fiction de La mort d'Eric (1943)8,les éditions Alsatia, reconstituées à laLibération sur de nouvelles bases, s'affirme-ront comme extrêmement liées aux Scouts deFrance. Le commissaire SDF pour la provinced'Alsace en est quelque temps le président, demême qu'entre 1946 et 1948 Jean-LouisFoncine est rédacteur en chef de l'organe dela branche éclaireur des Scouts de France, etl'époque de la plus large audience de la col-lection correspondra en fait à la présence à latête du mouvement, entre 1947 et 1959, ducommissaire national Michel Menu. En 1954Serge Dalens et Jean-Louis Foncine prennenteux-mêmes en main la direction de la collec-tion et la portent à l'apogée que l'on vient devoir, fondé sur un équilibre subtil entre lesoutien officieux des Scouts de France et lavolonté symétrique des éditeurs de sortir ducercle, malgré tout confiné, de la littératurescoute, dans une sorte de mouvement d'évan-gélisation (en termes éthiques, plus que reli-gieux) de toute la jeunesse.Apogée éphémère, cependant, puisqu'onpeut considérer la décennie suivante commecelle d'un repli continu, la collection finis-

(6) Sous l'occupation allemande les éditions Alsatia seront sous contrôle nazi. Grâce à leur directriced'avant-guerre, Madeleine Gilleron, installée à Paris, la collection continuera à paraîtreindépendamment (?). Une demi-douzaine de titres sortiront ainsi entre 1940 et 1944.(7) Cette collection, Le feu de camp, a vraiment lancé en France le genre du roman scout, illustréprincipalement, jusqu'en cette année 1937, par l'œuvre de Larigaudie et certains livres du jésuiteAlbert Hublet, parus, eux, chez Desclée de Brouwer.(8) On fait évidemment allusion ici à l'édition originale, et non aux versions qui ont été diffuséesdepuis lors, où l'on ne retrouve plus trace de la préface de Serge Dalens, qui demande à son lecteur dese « donner » au Maréchal « comme il s'est donné à la France ». Idem pour la préface de Louis Hellerà la première édition (1941) du Relais de la Chance au Roy, qui n'hésite pas à mettre en scène lesAyacks s'en allant présenter leur plan de sauvetage de la nation à leur admirable " Grand père ".

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sant par tomber, en 1969, au neuvième deses ventes de 1957. Dès lors, l'histoire deSigne de piste allait être une série de redé-marrages pénibles : Safari-Signe de piste, Lenouveau Signe de piste, derechef Signe depiste... Solutions hybrides dont la fragilitéest attestée par la rapidité des changementsd'éditeurs : 1971, association avec Hachette,dénoncée en 1974 ; 1975, L'épi ; 1981,Editions universitaires ; 1987, EditionsSigne de piste...

Reste que la collection n'est pas morte, et quel'on doit considérer, tout autant que son per-manent état de crise depuis maintenant unquart de siècle, son exceptionnelle capacité derésistance, et de résurrection. Sans doutefaut-il chercher l'explication de ce résistibledéclin, comme d'ailleurs du succès qui l'avaitprécédé, dans le contenu même de cesœuvres, et dans ce qui a pu, à ce point, yséduire plusieurs millions de jeunes Français.

La société Signe-de-pisteOn en apprend toujours beaucoup sur uneidéologie fictionnelle en considérant d'abordles caractérisques qu'elle attribue à sesadversaires, au monde qu'elle rejette.L'anti-Signe de piste, à cet égard, est sanséquivoque, et d'une grande cohérence. Danssa caricature initiale, il prend la forme, res-tée fameuse dans les annales de la collection,des bourgeois de la petite ville de Malaïac.Une société mesquine, sans idéal, encroûtéedans le matérialisme, au reste plus bête (pie

méchante, bien propre à être bernée par« La bande des Ayacks. » Par la suite, lesconsidérations ne manqueront pas, quicloueront au pilori la déshumanisationmachiniste de la société moderne ?,Que cette dénonciation s'accompagne d'undiagnostic de décadence ^ permet de préci-ser le type de discours qui, au fond, sous-tend toute cette littérature : très subtile-ment, cette exaltation du jeune contre levieux H et de l'esprit contre la matière asso-cie le camp des adversaires à celui des sup-posés progressistes, des prétendus révolu-tionnaires. Le maire de Malaïac est unanticlérical imbécile (ceci à cause de cela),qu'on peut supposer d'étiquette radicale-socialiste, et le Collège de l'Arquebuse, têtede Turc des Ayaeks, est clairement spécifiécomme étant tout à la fois bourgeois etlaïque. A la même époque, dans Le mystèredu lac de Laffrey les adversaires de la trou-pe scoute mise en vedette, et dont on tient àsouligner que les membres sont d'originepopulaire, sont explicitement présentéscomme « jeunes anarchistes ».Avec des nuances qui iront en progressantavec le temps, le modèle répulsif proposé aujeune lecteur réunira les traits de ce qu'aufond exécrait la culture de droite, soumise àce qu'elle considérait comme la dictature dela Illème république : un pouvoir d'Etatsans spiritualité, dont les représentants fic-tionnels sont généralement ridicules ou hos-tiles 12. A contrario, on peut déjà noter, en

(9) Exemple : « Nous sommes dépassés et asservis par la machine (...) Nous vivons une époqued'indiscipline : indiscipline au cœur des nations, indiscipline d'un monde qui voudrait se réaliser, mais quis'est fixé aux pattes des boulets impossibles à remuer » (Pierre Henry, Le signe dans la pierre, p. 152).(10) Exemple : « C'est terrible d'être les héritiers d'un vieux monde. (...) Comme malgré lui le regard duChef de patrouille restait fixé sur la fenêtre par où l'on apercevait l'édifice de pierre usé par les vents, lesharmonieuses fenêtres romanes toutes habillées de lierre (...}. Avec nos mentalités de petits boutiquiers, cen'est pas demain qu'on arrivera à rebâtir des trucs qui aient autant de gueule » (Jean-Louis Foncine, LesForts et les Purs, p. 62).(11) « Le chef parle : il parle des temps nouveaux qui montent, de ces temps qui paraissent si difficile à vivreaux hommes faits, parce qu'ils ont perdu la clef du mystère de la vie » (Ibid., p. 214). etc.(12) Sondage d'Agathe Georges-Picot (voir bibliographie) : sur les 58 % de titres où figurent cespersonnages, la moitié les présente sous un angle nettement négatif, un tiers sous un angle nettement positif.

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reprenant le même exemple des Ayacks, quele médiateur adulte positif est explicitementprésenté comme un jeune journaliste« réactionnaire » mais antibourgeois.Compte tenu de la date où ce roman est écrit(parution en 1938), ce type de personnageemprunte beaucoup à celui du « jeune non-conformiste d'extrême droite » dont à lamême époque des titres comme « Combat »ou « Je suis partout », des auteurs commeBrasillach, Maxence, Maulnier ou Rebatetcherchaient à accréditer l'image.En face, il n'est pas difficile de dresser le por-trait des « Forts » et des « Purs », pour parlercomme Jean-Louis Foncine, qui, au reste,dédiera son roman à Michel Menu. Ils ont dela « race », écho jusqu'au plus profond descorps et des âmes d'une tradition multisécu-laire 1>5, et s'ils ne sont pas nécessairement desmembres de la noblesse - mais cela aide " -ils ont « cette nostalgie d'un Ordre chevale-resque qui habite le cœur de chaque garçonbien doué » 1"\ \\ n 'est rien de plus beau àleurs yeux que le nom de chef, pas de pirepunition qu « un certain regard du Chef » ^ .« Eux, au moins, n'ont pas perdu la clef dumystère de la vie, qui était fidélité de l'hommeà l'homme, même quand elle s'exprimait dansune hiérarchie du service ».

ValeursDerrière ces figures de la hiérarchie seprofilent aisément les valeurs proprementScouts de France, mais dans leur acception laplus conservatrice, ce qui explique d'ailleursqu'à compter de 1960 un personnage aussireprésentatif (dans tous les sens du mot) quePierre Joubert ait choisi de travailler pour la

dissidence des Scouts d'Europe. A l'idéologiescoute proprement dite, naturiste, commu-nautaire et autodisciplinaire, cette configura-tion ajoutait évidemment une focalisationtoute particulière sur deux dimensions sansdoute présentes dans le patrimoine scout ori-ginel mais de plus en plus minorées par lesbranches « neutres », façon Eclaireurs deFrance : l'exaltation des valeurs viriles, etune insistante référence religieuse.Dans un tel système, il ne suffit pas au Chefd'être le plus sage, il a souvent bien besoind'être le plus fort, ou du moins d'en donnerle signe. Si Gali, leader des Ayacks, n'hésitepas à défendre sa prééminence menacée àcoup de gifles, le C.P. (chef de patrouille)Signe-de-piste affectionne à tout le moins lepor t sévère-mais-juste véhiculé par lamythologie militaire. C'est, au reste, dansune ambiance volontiers guerrière que sedéroulent un bon nombre d'intrigues de lagrande époque, à commencer, bien entendu,par toutes celles qui se situent dans le passé.Mais si, dans ce cas, l'époque des Croisadesreprésente une référence privilégiée, un épi-sode comme celui de l'assaut donné, dans Laforêt qui n'en finit pas, de Jean-LouisFoncine, aux Salines d'Arc et Senans, mor-ceau d'anthologie en la matière, se situedans un présent d'autant plus proche qu'ilest moins précisément daté, et dans uneperspective d'autant plus virile que le romanétait, initialement, destiné aux filles.Bien entendu, il y a virilité et virilité. D'uncôté, qu'y aurait-il de surprenant à ce quedes romans écrits par des hommes à destina-tion d'une branche scoute masculine (dis-tinction étrangère aux Eclaireurs de France)

(13) Exemple (parmi tant d'autres...) : « ...son élégance native était ('elle d'une race vieille, façonnéepar une longue hérédité de commandement » (X. B. Leprince, Le raid des quatre châteaux, p. 21).(14) Sondage d'Agathe Georges-Picot : 43 % de héros aristocrates dans les titres antérieurs à 1950,contre seulement 19 % de bourgeois, et encore 30 % dans le corpus postérieur (1950-1969).(15) Jean-Louis Foncine, Les Forts et les Purs, préface.(16) Jean-Louis Foncine, Le foulard de sang, p. 30.

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mettent en scène un monde où la femme, etaussi les valeurs supposées féminines, nejouent à peu près aucun rôle 17 ? Mais, del'autre, suivant une pente qu'on peut croireaccentuée par le choix traditionaliste dumilieu porteur, et dont on retrouverait deséquivalences dans l'« école belge » de labande dessinée, la fiction Signe-de-pistemanifeste, surtout à ses débuts, une si piètreidée de la jeune fille, elle se complait si évi-demment dans l'hypothèse du héros mascu-lin orphelin de mère (47 % de l'échantillonsondé par Agathe Georges-Picot), elle accor-de une telle importance à l'image du corpsmasculin en majesté et à l'amitié entre gar-çons 1" qu'elle n'a pas manqué de susciterdes commentaires de plus en plus distants dela part de certaines autorités de l'Eglise, desScouts de France et des Guides de France.Il y fallut cependant d'autant plus de tempsque, jusqu 'à l 'orée des années 60 et del'aggiornamento de l'Eglise catholique, toutecritique venue des institutions de patronageofficieux se heurtait au renfort appréciableque paraissait apporter au bon combat uneéquipe dont le catholicisme avait été, à lahaute époque (titres antérieurs à 1950, maissouvent réédités), ostentatoire. Quand ilquitte son Moyen âge affectionné, le hérosSigne-de-piste originel n'oublie pas de dire lebenedicite à table, sert volontiers la messe,entonne l'hymne à « Notre - Dame des éclai-reurs ». En 1954 encore, à un garçon qui luidit : « Tu es formidable, Marc, où vas-tuchercher toutes ces idées ? », il est de ceuxqui sont capables de répondre : « Je ne vaispas les chercher, Gert. Ces idées nous lesavons, nous autres Chrétiens, sans nous

forcer »19. Un personnage un peu en retraitjoue à cet égard le rôle de médiateur qu'ons'attend à lui voir tenir, celui de l'aumônier,fonction qu'au reste remplissaient réelle-ment plusieurs auteurs de la collection, telsJean d'Izieu et Jean Valbert (huit titres àeux deux). Mais ici aussi, tout finira par sedistendre. Il y a à cet égard plus d'un sym-bole à ce que dans un texte aussi classiqueque Le Relais de la Chance au Roy (Jean-Louis Foncine, 1941), un tel actant ait été siévidemment remisé hors du jeu qu'il n'inter-vînt, comme un Deus ex machina, qu'à latoute dernière minute - et que, dans les édi-tions postérieures aux années 60, il fût mêmecomplètement supprimé par l'auteur.A cette disparition on peut, bien entendu,donner plusieurs explications, entre la volon-té de tenir compte de la laïcisation croissantedes sociétés occidentales, et le signe du refroi-dissement des relations avec l'Eglise. Restequ'en l'occurrence Signe de piste parut dèslors suivre - toutes choses égales d'ailleurs -la logique a-religieuse de l'Action françaiselors de sa condamnation de 1926 : désormais,on put imaginer une fiction Signe-de-pisteprivée, à la rigueur, de la bénédiction de laCroix. Il suffit de poursuivre le sondagejusqu'à des périodes plus récentes pour serendre compte qu'on pouvait beaucoupmoins aisément se passer de Croisade.

Politique Signe-de-pisteL'intérêt de ce corpus est donc de témoigner,en plein XXème siècle, d'un projet politiquefoncièrement « réactionnaire ». Car c'estbien sur les deux modes du passéisme et dela nostalgie que l'auteur Signe-de-piste décli-

(17) Sondage d'Agathe Georges-Picot : des personnages de sexe féminin ne jouent un rôle réel quedans 16 % des titres dépouillés ; ils sont absents de 40 % d'entre eux.(18) Exemple : « Un long temps, je ne pus détacher mon regard de ce corps mince et tout emperlé derosée, de ces yeux verts prometteurs d'amitié. Il cessa de sourire. Je commençais à l'aimer » (SergeDalens, Les fils de Christian, p. 17).(19) Serge Dalens, « Les enfants de Berlin » (in : Les fils de Christian, p . 148).

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Page 8: 72 / LA REVUE DES LIVRES POIR ENFANTS - CNLJcnlj.bnf.fr/sites/default/files/revues_document_joint/PUBLICATION_3318.pdfAlbert Hublet, parus, eux, chez Desclée de Brouwer. (8) On fait

ne son discours politique, entendons par làcelui qui a pour objet le système socialauquel vont ses visibles préférences.L'un des traits les plus frappants, pour quise penche sur le contenu de ces œuvres, rési-de en effet dans le poids qu'y pèse la réfé-rence au passé. Sans doute la grande majori-té des textes se situe-t-elle quand même àl'époque contemporaine. Mais il ne s'agitsouvent que d'un point de départ. L'un desressorts d'intrigue les plus spécifiques 0̂tient dans la circulation permanente quis'établit entre une intrigue contemporaine etdes intrigues antérieures, comme si, au fond,la clé d'explication ultime du présent, de sesénigmes, de ses inquiétudes, gisait nécessai-rement dans le passé, et souvent un passéfort lointain, un passé d'« Ancien régime ».A côté de variantes diverses de la « course autrésor », à côté d'histoires où le passé resteun décor, nombreuses et, surtout, remar-quées sont les aventures dans lesquelles lesjeunes héros du XXème siècle sont conduits àrevivre, plus ou moins initiatiquement, unedémarche antérieure (Le raid des quatrechâteaux, La patrouille des Saints inno-cents,...) ou, pour le moins, à la ressusciter,souvent en reconstituant, et jusque dansl'apparat, un ordre de chevalerie médiéval(Les Forts et les Purs, Le foulard de sang,La châsse de Saint Agapit, Le manteaublanc, Crozaguil,...). Le rôle imparti ici auxmembres de l'ancienne noblesse, même etsurtout déchue, se trouve ainsi justifié par larelation directe qu'ils sont supposés entrete-

nir, dans leur « sang » même, avec le passémultiséculaire des vrais traditions (Le brace-let de vermeil, Le foulard de sang, La forêtqui n'en finit pas,...).

L'idéologie Signe-de-piste est donc facile àcaractériser : toute féodaliste. Malgré sonnimbe religieux, sa principale préoccupationest d'ordre social ; elle tient dans la relationhiérarchique, de suzerain à vassal, qui struc-ture son imaginaire, dans la méfiance ata-vique qui l'anime à l'égard de la démocratie,principes et résultats 21. On voit, dès lors,tout ce qui la conduit à l'orée de la grandeforêt noire du fascisme, sans l'y faire tout àfait entrer. La tentation fasciste a ici la formequ^en aura connu par exemple un RobertBrasillach : un fascisme de la communautévirile et de la poésie juvénile, un romantismemusclé, d'un modernisme tout d'apparence,car radicalement nostalgique. Mais l'expé-rience Dalens, qui conduit en ligne droite dupétainisme au Front national en passant parles « raiders » de Michel Menu et par lesScouts d'Europe, montre aussi la frontière àlaquelle les arrête une généalogie catholiqueet monarchiste, qui trouve son épanouisse-ment dans la figure du Prince Eric 22.Il est cependant deux points sur lesquels lesfictions Signe-de-piste avancent un pas endirection de la sombre « poésie du XXèmesiècle » : un très vif européisme, il est vraiépanoui après la seconde guerre mondiale, etun tropisme culturel germanique, encoreplus original que le précédent par rapport àce à quoi nous a habitué la production litté-

(20) Sondage d'Agathe Georges-Picot : 45 % des intrigues sont connectées au passé ; dans 60 %environ ledit passé fonde l'intrigue.(21) Exemple : « L'état-major revient au centre du fort et fait connaître ses décisions : on ne laisserapas le commandement du fort à un soviet, si bien organisé soit-il. Dans les circonstances graves où setrouve la garnison, le commandement unique s'impose (Le Relais de la Chance au Roy, p. 168nouvelle édition). Une telle conception débouche tout naturellement sur le paternalisme, ici à l'égarddes paysans (« car la fidélité des manants, fils des vieux loups, est une chose étrange qui a franchi lesannées » (Ibid., p . 204), là des ouvriers (Philippe Avron, Le coup d'envoi), ailleurs, des populationscolonisées (Georges Ferney, Le prince des sables, Pierre Labat, Le manteau blanc,...).

(22) Cf. l'homélie de l'évêque de « Swedenborg », dans Le prince Eric (p. 143-145).

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raire française pour la jeunesse. On peutpenser, à cet égard, que la Seconde guerremondiale a été un ébranlement sensible, etnoter qu'elle s'ouvre, pour la collection,sous les doubles auspices d'un Prince Eric(1940, paru pendant la drôle de guerre, sansfaire l'objet, bizarrement, d'aucune censu-re) où figure une étrange rencontre frater-nelle entre Scouts de France et Jeunesseshitlériennes (adornée d'un plus personneléchange de poignards entre deux héros) etd'une Mort d'Eric où, à côté de considéra-tions politiques explicites, on peut lire lacrise idéologique d'un auteur qui « tue » sonhéros comme si, désormais, ce n'était plus làqu'on devait, sinon trouver, du moins cher-cher la solution aux grandes questions pen-dantes du monde moderne.

Arrêtons nous ici. Contentons nous de souli-gner, au-delà de toute polémique, combien ilest facile de montrer à partir de cet exemplenon seulement qu'une collection d'ouvrages« destinés à la jeunesse » ne cherche nulle-ment à respecter une quelconque neutralitéidéologique 23, sans doute par définitioninatteignable, que, bien au contraire, lanécessité supposée de forcer les traits à des-tination des jeunes esprits transforme biensouvent de tels ouvrages en de très explicitesouvrages de propagande. La démonstrationn'est pas nouvelle ; elle mérite, cependant,d'être sans cesse renouvelée.

Mort et résurrection

II est vrai qu'on peut se demander si ce n'estpas cette sensibilité à la conjoncture qui,

depuis les années 60, s'est retournée contrela collection. En 1959, Michel Menu est rem-placé à la tête des Scouts de France etl'esprit « raider » qu'il avait promu depuisune dizaine d'années, fondé sur l'émergenced'une super-élite de chevaliers du mondemoderne, chargés d'entretenir en son seinpar une vie de dévouement la flamme del'idéal chrétien, se trouve remis en cause.Simultanément, l'institution sort de sonexpectative à l'égard des collections scoutes.Dès 1956 elle avait demandé que lui fussentsoumis tous les manuscrits mettant en scènedes Scouts de France ^4. Un communiquélaconique de 1960, détaillé deux ans plustard, explicita la rupture des liens en « rap-pelant » que Signe de piste n'assurait aucunereprésentation officieuse du mouvement.Dès la décennie 60, la figure du scout passaitau second plan des intrigues (30 % seule-ment des titres sondés par Agathe Georges-Picot à partir de cette date). Dans la décen-nie suivante, l'association Alsatia-Hachetteconduisait à la significative mutation termi-nologique de Signe de piste en Safari-Signede piste. Plusieurs des caractéristiques del'esprit ancien parurent alors définitivementfrappées d'obsolescence. La ruralité, sur-représentée 2o, s'effaçait derrière la ville, levirilisme derrière la mixité assumée, le « faitde société » tendit à se substituer au faitd'histoire ; le passé se culturalisait, la reli-gion se folklorisa, ou disparut purement etsimplement. Ln temps favorablement sanc-tionné par le public (380 000 exemplairesvendus en 1972 ?), un tel choix ne suffitbientôt plus à arrêter l'érosion des ventes.

(23) Une proportion significative des romans comprend une ou plusieurs allusions explicites àl 'actual i té politique, depuis les piques anticommunistes du Mystère du Lac de Laffrey (1938)jusqu'aux nombreuses intrigues récentes situées dans le tiers-monde, en passant par l'attaque rai règlecontre les nationalisations que le lecteur (le La tache de vin, de Serge Dalens, a la surprise dedécouvrir au détour de la page 72 (le texte date de 1947...).(24) « Le chef », novembre 1956. La mise au point touchait aussi l 'autre collection scoute catholique,Jamboree, éditée par Spes.(25) Sondage d'Agathe Georges-Picot : 67 % des titres d'avant 1950.

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Page 10: 72 / LA REVUE DES LIVRES POIR ENFANTS - CNLJcnlj.bnf.fr/sites/default/files/revues_document_joint/PUBLICATION_3318.pdfAlbert Hublet, parus, eux, chez Desclée de Brouwer. (8) On fait

Depuis lors, il semble que la collection fonc-tionne en partie double : elle survit commer-cialement grâce aux rééditions, elle survitculturellement grâce à un public de nostal-giques, parfois politisé ; mais elle n'a plus, niau sein des catholiques ni au sein du mouve-ment scout ni surtout au sein du lectoratadolescent le poids qu'elle avait pu atteindreà la fin des années 50.

Bien entendu, il en est, au fond, de cette col-lection comme de toute littérature destinée àla jeunesse : comment faire, par exemple, lapart de l'idéologie des adultes dans le succèsauprès de leurs jeunes contemporains ? Etquelle conclusion en tirer sur son rôle, rétros-pectif, dans la mise en condition politique ?Mais la question est compliquée ici de ce quele succès de Signe de piste pendant environ unquart de siècle a certainement tenu, entreautres raisons, à l'ambiguïté des valeurs véhi-culées par le mouvement scout : valeursd 'Ordre , jusqu 'à la militarisation, etd'Autonomie à la fois. Le triple objectif scout,qui est tout à la fois physique (santé, vigueur,habileté manuelle), intellectuel (astuce, carac-tère), moral (esprit collectif, altruisme), esten effet d'une grande banalité pédagogique ;en revanche sa méthode, ramenée à ses trois

éléments les plus spécifiques, si elle n'estguère originale en jouant sur le jeu, si ellel'est un peu plus en faisant appel à la nature,l'est tout à fait en associant ce qui précède àl'auto-discipline, dès lors qu'on met cettedémarche de responsabilisation en relationdirecte avec une philosophie non pas libertai-re mais au contraire profondément autoritai-re. L'histoire de La bande des Ayacks fonc-tionne clairement en ce sens comme unemétaphore, en même temps qu'un aveu : lesjeunes « anar-ehiques » de Malaïac n'ont tantdroit à la sympathie de l'auteur et du lecteurque parce qu'ils sont récupérables « in fine »par un Ordre qui leur donnera la Règle queces jeunes sauvages cherchaient obscurémentdans leur quête agressive, virile.Mais peut-être tient-on là la vraie limite del'expérience, et l'échec du projet, à travers lapropension de ses auteurs, au moins les plussouvent lus et relus, à chercher, comme déses-pérément, un refuge dans l'espace d'uneForêt qui n'en finit pas, dans le temps d'unPays Perdu où les horloges se sont arrêtées en1773 (dernière année avant le commencementdu règne de Louis XVI : est-ce involontaire ?).D'où la fascination de nombreux lecteurs.D'où aussi un déclin, lent mais sans douteirréversible.

Bibliographie

• Sur tes Scouts de France

Philippe Laneyrie, Les Scouts de France. Evolution

du mouvement des origines aux années 80, Paris, Le

cerf, 1985.

• Principales études sur la collection

Isabelle Jan, Paul Lidsky, Faux roman scout ? Vrai

roman de classe ? « Combat », 3 novembre 1972 (29

ouvrages analysés).

Jacques Scheer, Signe de piste et Scouts de France,

mémoire de maîtrise, Université de Paris VIII, 1983

(trois « classiques » analysés).

Alain Goût dir., Les chemins de l'aventure, Paris ,

Editions Signe de piste, 1987.

Agathe Georges-Picot, Analyse historique de la collec-

tion Signe de piste, mémoire de maîtrise, Université de

Paris X, 1988 (45 ouvrages analysés, dont 53 % ont

fait l'objet de rééditions).

• Sur Pierre Jouhert

Pierre Jouhert, illustrateur de l'adoles-cence, Paris,

Editions de l'Epi, 1979.

Badge d'or, 60 ans de dessins pour le scoutisme, Paris,

Editions de l'orme rond, 1986.

Pierre Joubert, chefs d'œuvre, quatre volumes, Paris,

Alain Littaye, 1981 sqq.

• Souvenirs

Jean-Louis Foncine, Entr'acte, chronique d'une jeu-

nesse 1918-1940, Paris, Alsatia/Epi, 1981.

N° 134-135 AUTOMNE 1990 / 81