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1La mise en tourisme des territoires du Grand Paris : enjeux et perspectives_Mai 2016

La mise en tourisme des territoires du Grand Paris: enjeux et perspectives

Mai 2016

La Mise en tourisMe des territoires du Grand Paris : enjeux et PersPectives

-restitution des travaux de la journée d’étude

organisée le jeudi 21 janvier 2016 par l’atelier international du Grand Paris et le club tourisme de l’union atrium avec

le soutien de la caisse des dépôts.


SOMMAIRE

INTRODUCTION 5

DOSSIER NUMÉRIQUE 6

PROGRAMME DÉVELOPPÉ DE LA JOURNÉE D'ÉTUDE DU 21 JANVIER 2016 9

ENJEUX ET DYNAMIQUES TOURISTIQUES DU GRAND PARIS 21

L’APPORT DES TRAVAUX DES ÉQUIPES DU CONSEIL SCIENTIFIQUE DE L’AIGP AUX PROBLÉMATIQUES DU "TOURISME MÉTROPOLITAIN" 43

TOURISME ET GRAND PARIS QUELLES STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT ET D'AMÉNAGEMENT? 61

CONTRAT DE DESTINATION FICHE DE SYNTHÈSE /DESTINATION PARIS : LA VILLE AUGMENTÉE 92

PRÉSENTATION DES PARTENAIRES 95

La mise en tourisme des territoires du Grand Paris : enjeux et perspectives_Mai 20164


INTRODUCTION

Par Pierre Mansat, Président du Conseil d’administration de l’Atelier International du Grand Paris

Le Tourisme peut-il faire métropole ?

est toute la conviction de l'Atelier International du Grand Paris (AIGP) et de la Caisse des Dépôts que de le montrer et d'engager l’ensemble des parties prenantes à développer une réflexion large et opérante à

partir des territoires du Grand Paris.

Car si le tourisme c'est l'affaire de tous, la métropole l’est aussi, dans toutes ses dimensions.

La métropole du Grand Paris est d'abord une aventure humaine : depuis 15 ans, les responsables des collectivités locales du territoire ont appris à se parler, à mieux se connaître, et ont voulu mettre une partie de leur avenir en commun. C'est parce qu’il y avait cette volonté que le projet du Grand Paris, sur lequel des chercheurs, des économistes et des architectes avaient déjà réfléchi, a pu devenir, avec le soutien de l'État, cette aventure concrète, ce rêve ambitieux dont nous commençons à poser les fondements.

Le tourisme, enjeu économique majeur, y a évidemment toute sa place : mieux, parce qu’il est l’apanage de tous sans être réservé à un échelon particulier, il est peut-être l’exemple par excellence des logiques de collaboration et de projet qui doivent prévaloir dans la construction du Grand Paris.

Construire la métropole de demain, c'est bien entendu se donner le moyen de compter sur la scène internationale en réunissant nos forces et en créant une identité nouvelle. Mais c’est aussi développer simultanément les moyens de la proximité, la taille humaine. Etre plus performant et attractif, mais aussi vivre mieux. Construire de grandes infrastructures, mais aussi valoriser la participation de tous comme les lieux insolites. Faire mieux connaître les destinations de Paris et du Grand Paris, mais aussi découvrir ou redécouvrir la beauté et la particularité de nos territoires et l’hospitalité qu’on sait y déployer.

Quoi de mieux que le tourisme, affaire de tous et affaire métropolitaine, pour illustrer ces convergences ?

Au croisement des problématiques économiques, spatialistes, architecturales, sociologiques, technologiques, paysagères, L'Atelier International du Grand Paris est un espace de mise en commun tout désigné pour effectuer un tel diagnostic partagé et préparer l’avenir.

Merci à Robert Spizzichino, à la Caisse des Dépôts et à l'Union Atrium, d'avoir permis cette rencontre du 21 janvier 2016 sur la mise en tourisme du territoire métropolitain qui a été propice à la présentation - ici restituée - de réflexions et de données, à la fois diversifiées et d'une grande richesse.

Ce travail précieux sert aussi d'appui aux 5 équipes d'architectes urbanistes du Conseil scientifique de l’AIGP, qui, chacune sur un thème et un territoire distinct, nous livreront prochainement leurs perceptions des enjeux et leurs propositions opérationnelles. u

C'


DOSSIER NUMÉRIQUE

Les documents ci-dessous énoncés viennent compléter ceux présentés dans cet ouvrage. En effet, lors de la journée du 21 janvier 2016, un certain nombre de diaporamas et de vidéos ont été présentés et enrichissent le contenu des travaux. De plus, dans la continuité de cette journée, plusieurs intervenants et quelques participants ont tenu à préciser leurs interventions orales. Ce sont ces diverses ressources importantes qui figurent dans ce dossier numérique et qui constituent un complément indispensable de l’ouvrage.

Documents disponibles sur : www.ateliergrandparis.fr/tourisme/

ou directement en scannant le code

Vidéos

• PrésentationstatistiquedutourismeàParisetenIle-de-FranceRéalisation : Paris Région - Comité régional du tourisme

• Tourisme,territoiresetGrandParis:visionscroiséesdequatremaires Interviews croisées de quatre maires du Grand Paris : Patrick Bessac, Maire de Montreuil ; Patrick Jarry, Maire de Nanterre ; Laurent Lafon, Maire de Vincennes ; Emmanuel Lamy, Maire de Saint-Germain-en-Laye

Diaporamas et contributions écrites présentés par les intervenants lors de la journée d’étude du 21 janvier 2016

• GrandParis,icijesuisailleurs Silvia Casi, Architecte urbaniste, membre du Conseil scientifique de l’AIGP, équipe Atelier Roland Castro, Sophie Denissof et Associés, Silvia Casi, Jean- Pierre Le Dantec, Berim, Nexity

• TourismeetGrandParis.Tourismerégional,national,international, patrimonialisationducentreetmondialisationduGrandParis David Mangin, Architecte urbaniste, membre du Conseil scientifique de l’AIGP, équipe SEURA Architectes (D. Mangin, F. Bougnoux, J.-M. Fritz, E. Roncen et M.-H. Simonpoli)

• Lesenjeuxstratégiquesdel’aménagementtouristiqueàl’échelledelaMétropole Dominique Alba, Directrice générale de l’Atelier parisien d’urbanisme

• Tourisme:uneéconomiedemarcheterritorialeetrelationnelle Philippe Maud'Hui, Directeur ingénierie Atout France

• VersunestratégiepartagéededestinationParisIle-de-France.Construiredes destinationsattractivesauseindelarégioncapitale Vincent Gollain, Directeur Développement économique Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de l’Ile-de-France


• Fromthe“BridgeofSpies”totheSmartCity:aBerlinnarrative Ares Kalandides, architecte-urbaniste, fondateur et directeur général d’INPOLIS

• TheChallengeofHostingDifferentVisitors Renard Teipelke, Urbaniste, Consultant en développement régional

• Touristes,visiteurs,habitants:nouvellespratiques,nouvelleshospitalités,nouvelle identité? Saskia Cousin, Anthropologue, maître de conférences à l’Université Paris-

Descartes (canthel.fr) et membre de l’Institut Universitaire de France.

• LadestinationParisÎle-de-France François Navarro, Directeur général du Comité Régional du Tourisme Île-de-France

• DeDisneylandàValD’Europe1952-2015,lanarrationtouristiquecommefabrique duterritoireetdel’architecture Virginie Picon-Lefebvre, Architecte, Professeur à l’ENSA Paris-Belleville, Chercheur au laboratoire IPRAUS, membre du Labex Futurs urbains

• L’UEFAEURO2016:l’innovationaucœurdel’accueiltouristique Olivier Gangnard, Chargé de mission au sein de l'équipe projet chargée d'organiser l'accueil de l'UEFA EURO 2016, Ville de Paris

Contributions complémentaires

• Lesdividendesdudéveloppementtouristiquedesterritoiresaéroportuaires Jacques Grangé, consultant développement- aménagement-urbanisme, Doctorant Paris-Sorbonne

• Lerôlemajeurdel’hébergementdansladécouvertedelavilleparletouriste Christine Bokobza, Directrice Good Morning Paris

• Laconsommationdepassage:uneautrefiguredel’attractivitéetdu développementdesterritoires Jean-François Ruault, géographe–urbaniste, chargé de recherche / Chaire « Nouvelle approche économique des mobilités »

Liens

• Scenariicarboneprospectifsdel’activitétouristiqueàParisIle-de-Franceà l'horizon2050.Rapportdesynthèse(Accenture/CRTIle-de-France)

• Lacartedes1000lieux,réaliséesparl’AIGP Cette carte interactive propose d’identifier et de donner à voir des lieux qui font la richesse de la métropole parisienne: sites d’exception et insolites, lieux patrimoniaux et de mémoire, sites culturels et de loisirs, espaces verts et paysages naturels. u



La journée d’étude du 21 janvier 2016 : programme développé


aris, Versailles, Eurodisney, sont en Ile-de-France des destinations touristiques de niveau mondial, y compris en matière de « tourisme d’affaires ». On vient, de constater, hélas, que la sensibilité aux questions sécuritaires peut toucher à tout moment chaque grande destination, même

si elle prend une place grandissante en raison des tensions mondiales. Mais, de manière générale, rien n’est jamais acquis et les problèmes qui se posent sont nombreux. Les professionnels et les pouvoirs publics s’y attellent d’ailleurs, souvent avec succès.

Aujourd’hui, un autre questionnement émerge : les prévisions faites sur l’évolution des fréquentations mettent en évidence une forte pression quantitative sur la destination. Notamment du fait des aspirations au tourisme des classes moyennes et supérieures des pays émergents, dans un contexte de mutations importantes des pratiques des diverses clientèles et de l’écosystème industriel touristique. D’autre part, Paris aspire à accueillir des évènements majeurs tels que l’Exposition Universelle et les Jeux Olympiques. Une nouvelle infrastructure de transport collectif va faciliter l’accès à de nombreux sites périphériques. Dans le même temps, les pratiques de loisir des habitants de la métropole changent. De même, la montée en charge du numérique dans la gestion des territoires ainsi que la force des exigences environnementales auront des impacts importants sur les activités touristiques. Enfin, de nouvelles institutions se mettent en place dans les territoires du Grand Paris. Tout cela interroge à la fois les pouvoirs publics, les professionnels des secteurs concernés, et même la société civile. Au moment où le Grand Paris, au sens non institutionnel du terme, commence à s’affirmer, n’y a-t-il pas des évolutions importantes à conduire en matière de développement touristique ? Comment les divers territoires, qu’ils soient ou non traditionnellement touristiques, doivent-ils s’y préparer ? Comment le tourisme moderne peut-il contribuer à « faire métropole » ? Le « tourisme métropolitain » est-il en train d’émerger et de changer la donne ? Toutes les grandes métropoles mondiales s’interrogent et entreprennent sur la « mise en tourisme » de leur territoire. Quelle stratégie définir et mettre en œuvre à cet effet ?

S’appuyant sur les travaux de son Conseil scientifique (CS) ainsi que sur ceux de professionnels et de plusieurs équipes de chercheurs, l’Atelier International du Grand Paris (AIGP), conforté par le Club Tourisme de l’Union Atrium (fédération des associations de personnels de la caisse des dépôts), et avec le soutien de la Caisse des Dépôts (CDC), a souhaité amorcer les réponses à donner à ce questionnement. Fidèle à ses missions, il s’est placé en cela du point de vue de l’aménagement et du développement des territoires constitutifs du processus Grand Paris, sans qu’il y ait pour autant de périmètre strict.

Cette « journée d’étude » s'est donc voulue un amorçage en vue d’un programme plus structuré d'un travail pluridisciplinaire et multi-partenarial à construire. Elle a eu pour objet de montrer l’atout que représentent tous les territoires métropolitains dans le développement d’un tourisme multiforme et multi-cibles pour cette « destination augmentée ». Compte tenu de l’importance du sujet, on constatera que tous les thèmes requis n’ont pas été traités. Mais bien d’autres organismes que l’AIGP partagent cette prise de conscience de l’importance du thème et ils ont traité ou traiteront ces thèmes.

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LA JOURNÉE D’ÉTUDE DU 21 JANVIER 2016 : PROGRAMME DÉVELOPPÉ


INTRODUCTION GÉNÉRALEComment le tourisme peut-il aider à faire métropole ? Pourquoi tous les territoires du Grand Paris sont concernés ?Pierre Mansat, Président du Conseil d'administration de l’AIGP, Chargé de mission Métropole à la mairie de Paris

«Noussommesàunmomentsingulierdel’histoireduGrandParis,quifaciliteunchangementderegardetdeparadigme.L’AIGPadéveloppéautraversdesestravauxunevueglobaleenmatièred’aménagementdecetespacemétropolitain,danslequellesactivitéstouristiquesenpleinemutationonttoutesleurplace.Cettejournéedoitmontrercequepourraitapporterauxterritoiresletourismemodernedansunemétropolepolycentriquedonttouteslescomposantesontbesoind’êtremisesenvaleur.»

Comment la Caisse des Dépôts peut-elle aider la métropole et ses territoires dans leurs projets de développement touristique ?Régis Pélissier, Directeur régional Ile-de-France de la Caisse des Dépôts

« LaCaissedesDépôtsestunacteurimportantduGrandParis.Elleconstitueunpartenairestratégique,financieretopérationneldesacteurspublicsetprivésconcernésparl’activitétouristique.Elleacrééennovembre2015uneplateformed’investissement,«Francedéveloppementtourisme»,dotéedeprèsd'unmilliardd’eurospourfinancerl’hébergement,lesinfrastructuresetlesPMEinnovantes.LaCaissedesDépôtsestlepartenaireprivilégiédescollectivitéslocalespourleursprojetsdedéveloppementéconomiqueetd’urbanisme.»

Éclairage prospectif : Les dynamiques du tourisme en ville, les grands enjeux prospectifs de l’aménagement et du développement touristiques en Ile-de-FrancePhilippe Maud’hui, Directeur ingénierie et développement Atout France «L’attractivitéestglobale.C'estunmixd’attractivitésdiversesdenature

économique,résidentielle,numérique,évènementielleettouristique.Danscesconditions,ledéveloppementtouristiqueterritorialnesauraitêtrelimitéàl’activitédusecteur;ildoitseconnecteràtouslesfacteursdedéveloppement.LeGrandParisdutourismeseragrands’ils’ouvreetseconnecteàlaChampagne,àlaNormandie,auValdeLoire...Plusils’ouvrera,plusilsecréeraetenrichirasonrécitennelerésumantpasàundialogueentrelaville-centreetlesautresterritoires.»

François Navarro, Directeur général Comité régional du Tourisme Paris Île-de-France.

«LesprincipauxenjeuxdeladestinationParis-Régionàl’échelon2030sontunepromotiondelaqualitédanstoussesaspects,etdel’imaginairequ’ellesuscite,larecompositiondusecteuréconomiquequ’ellereprésente,larecherched’autresmontagesfinanciers,lerenouvellementdel’offrepourla“désaturer”.Lesquestionsdeladéfinitiond’unestratégieetdupilotagedecettestratégierestentposés.»

ANIMATION GÉNÉRALE DE LA JOURNÉE Jean Mochon

Une « formation permanente » de 25 ans de journalisme économique, puis de 15 ans dans le monde du conseil.

Spécialiste des stratégies d’innovation. Fondateur et animateur de « La Belle Idée ».


PREMIÈRE PARTIE : 3 SÉQUENCESCommentaires et identification des sujets cibles à explorer autour de ce qui bouge en matière d’offre et de demande touristiques au sein du Grand Paris. Un nouveau paradigme de « tourisme métropolitain » n’est-il pas en train de s’affirmer ?

SÉQUENCE 1 / LES ÉVOLUTIONS DE LA DEMANDE ; CLIENTÈLES, ATTENTES, PRATIQUES ET COMPORTEMENTS

Repères et tendances Josette Sicsic, Fondatrice en 1998 et directrice de Touriscopie, observatoire de veille prospective, publiant un mensuel destiné aux professionnels du tourisme soucieux d’élaborer des stratégies d’avenir.

«Ilestimportantenmatièredetourismeurbaindefaireladifférencedanslesobservationsentrelespratiquesrelativementconstantesetlescomportementsquiévoluentsouvent.Actuellement,denouvellestendancessefontjour,notammentfaceàlademandedesécuritéetàlasaturationdecertainsespacestouristiques.»

Le « tourisme de proximité », fluidité tourisme-loisirs : un cas remarquable, celui de l’Aquaboulevard de Paris Michel Corbière, P.-DG groupe Forest Hill.

«Pourunéquipementmajeurcommel’Aquaboulevard,unéventailtrèslargedeclientèlesestnécessaire.Onconstateque,selonlespériodes,uneclientèletouristiquefrançaiseetétrangèrefréquentel’Aquaboulevardetquel’airedechalandises’accroîtpourattirerdesgrandsparisienséloignésquiontdescomportementstouristiques;d’autrepart,surunsitecommeMeudon,noussommessensiblesàlamiseensynergiedefonctionséclatéesquiparviennentàcréeruneattractivitétouristique.»

SÉQUENCE 2/ LES NOUVEAUX TERRITOIRES TOURISTIQUES INCLUANT À LA FOIS DESTINATIONS ÉMERGENTES ET LIEUX INFORMELS SITUÉS DANS DES TERRITOIRES ORDINAIRES. COMMENT LES TERRITOIRES SONT VÉCUS ET PERÇUS, VOIRE RÉ-ENCHANTÉS PAR LES TOURISTES ET PAR LES HABITANTS ?

Les narrations touristiques et la fabrique des territoires Virginie Picon-Lefebvre, Architecte-urbaniste, enseignant-chercheur, membre du LABEX Futurs Urbains.

«Ladiffusionetfusiondutourismeetdesloisirsdanslavilleestportéeparuneoffredeconsommationélargiedansdeslieuxdeplusenplusmultifonctionnelsetdespratiqueshybridesauxcontourschangeants.Nousproposonsdesaisircemouvementparleconceptde“narrationtouristique”pouranalyserlaplacegrandissantequeprennentletourismeetlesloisirsdanslaconstitutiondespratiquesetlieuxurbains.L’illustrationenestfaitesurleparcEurodisneyetlequartierduVald’EuropeàMarne-la-Vallée.D’autrepart,l’analysedesdifférentesformesurbainesetdespratiquessocialesdeshabitants,lamiseenrécitdeslieuxpatrimoniauxplusoumoinsabandonnés,l’évaluationdespossibilitésdereconversionsetdetransformations,larencontreaveclesassociationslocalesetlesélus,permetdedéboucherdansbiendescassurdessituationsdeprojets.»


Lieux phares métropolitains et nouveaux territoires touristiques Silvia Casi, Architecte-urbaniste, Conseil Scientifique AIGP, équipe Castro Denissof et Associés / Silvia Casi, Jean-Pierre Le Dantec, Berim, Nexity.

«Dansunemétropoleoùlaflânerieparticipeduplaisird’habiter,ilfautvaloriseraussidenouveauxespacesdedéambulation,descontinuitésurbaines,enplusdesparcs,jardinsetsquaresexistants.Despromenadespiétonnesquifabriquentdesliaisonsdoucesetmettentenvaleurdessitespaysagersexistants.Lesbergesdufleuveetdesrivières,lesquaisdescanaux,lesroutesnationales,laroutedesforts,lescheminsdegrandesrandonnéesdeviennentautantdelieuxdisponiblespourunnouveautourismemétropolitain.»

Comment les habitants réinventent et ré-enchantent la ville, l’exemple de Charleroi Nicolas Buissart, Créateur et animateur Charleroi Adventure

«Danslecadred’untravaildefind’étudesauxBeaux-Arts-Anvers-Belgiqueetdepuis2009,N.Buissartemmènehebdomadairementdesgroupesàladécouvertedesaville,Charleroi.Surfantsurlesurréalismebelge,ilmetenvaleurlesespacescachés,nontouristiques.Revendiquantledroitàlabeauté,ilfinitpartomberamoureuxdecesespacesaupointdes’ycomplaire.Lesbaladessontdésormaisphilosophiquesetchaquerencontreunpeupluspoétique.»

Les initiatives d’un territoire, l’exemple de la Seine Saint-Denis Daniel Orantin,Directeur du comité départemental du tourisme de la Seine-Saint-Denis depuis sa création en 1998. Il a été auparavant directeur général des services d’une mairie de la petite couronne parisienne. Il est par ailleurs président de l’association Banlieues bleues, qui organise notamment le festival éponyme.

«LedépartementdelaSeine-Saint-Denis,granddépartementdetourismed’affaires,possèdedenombreuxatouts;mais,fautedetraditiontouristique,sesresponsablesenparlaientdifficilementàl’internationaletletourismen’étaitpasperçucommeimportant.Ceciestentraindechangerdansdenombreuxterritoires;deplus,leshabitantsendeviennentdesambassadeursactifsdansdesdispositifsd’accueilindividuelsouassociatifs.Onrestedansunmodèled’économiemixte.»

SÉQUENCE 3 / UNE OFFRE QUI DOIT RÉPONDRE À DES ATTENTES ATOMISÉES ET PARADOXALES.

L’écosystème industriel et les mutations de l’offre: les innovations en gestation Nicolas Lefebvre, Directeur général de l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris, possède une expérience d’aménageur comme directeur général de la SEMAEST et d’exploitant comme directeur général de la Société d’Exploitation de la Tour Eiffel. «Parisfaitfaceàunrelatifreculdesespartsdemarché,pourlesclientèles

européennesdontlafréquentationstagnedepuisunevingtained’années.MaisParissedonnelesmoyensd’inversercettetendance.L’offreévolue(hébergement,transport,loisirs,évènementiel)pours’adapterauxnouvellesattentes,grâceàl’innovationnotamment.LadynamiquemétropolitaineconstitueuneopportunitéfavorableàcemouvementetunechancepourParis.»



Un tourisme pour tous qui s’ouvre à toutes les clientèles Patrick Drouet, Président UNAT Ile de France, directeur général ALUDEO, vice-président de l'Observatoire des Vacances et des Loisirs des Enfants et des Jeunes.

«Laclientèlejeunepèsepour20%destouristesinternationauxetestsouventnégligéeparlesopérateurstraditionnels.Leursattentesetleurspratiquesonténormémentévoluéetchangerontencore.LeGrandParisadescapacitésimportantespourêtreunedestinationpharepourlesjeunes;ilnelesexploitepassuffisamment.»

Les mutations du tourisme d’affaires et d’échanges scientifiques Christophe Guérin, Directeur de la destination Paris chez GL Events.

«Danslagestiondeséquipementsdetourismed’affairesetd’évènementielqu’assureGLEventsàParis,ons’efforcedemettreenvaleurcequelesélémentsdulieufontressentir:LePalaisBrongniartpourlanouvelleéconomie,laMutualitépourlasolidaritéetlesdiscoursfondateurs,etc.LasécuritédevientuncritèredéterminantpourquelesentrepriseschoisissentParis.Parisresteattractifetletouristed’affairesyrevientfréquemmentavecsafamillepourunséjourdeloisirs.Attentionàlasaturationdecertainssitesetàlaqualitédel’accueil.»

Eclairage international : Tourisme en ville et transformation urbaine : le cas de Berlin Arès Kalandides, Architecte-urbaniste, fondateur et directeur général d’INPOLIS, société d’urbanisme, de management de projets et de services. Dans ce cadre, il a mis en œuvre plusieurs projets de développement urbain et régional tant en Allemagne qu’à l’international, et notamment en ce qui concerne la politique touristique du Grand Berlin).

«LetourismeàBerlinsetrouvedansunephasedecroissancedepuismaintenantunedécennie.Enmêmetempsilyadesphénomènesfréquentsderésistancecontrelestouristes,quisontsouventvécuscommedes“envahisseurs”parcertainshabitants.Laprincipalecaractéristiquedutourismeestqu’ilestplusqu’uneforceéconomique:ilestlarencontrededifférentescultures,unpouvoirdetransformationdelasociétéetc’estcommetelquenousdevrionsl’examiner.Deplus,dansuneèredegrandemobilité,ildevientdeplusenplusdifficilededéfinirletouristeetledistinguerdel’autochtone,cequicréedesproblèmesmaisaussidesopportunitéspourlapolitique.Nouspossédonsaujourd’huidesétudesdefondquimontrentcertainesconséquencesdelaprésencedestouristesdanslesquartiersdeBerlinetquiproposentcertainesoptionsdegestiondifférentesdutourismedansnosvilles.»

La journée d'étude du 21 janvier 2016 à la Palmeraie (complexe Aquaboulevard de Paris)


DEUXIÈME PARTIE : 4 SÉQUENCES Pour dresser une sorte de « cahier des charges » des chantiers en vue d’une « métropole touristique augmentée » observée sous différentes facettes

SÉQUENCE A/ LA PRISE EN COMPTE DU TOURISME DANS LES STRATÉGIES D’AMÉNAGEMENT ET DANS LES SYSTÈMES DE DÉPLACEMENTS.

Les enjeux stratégiques de l’aménagement touristique à l’échelle de la métropole : les enjeux stratégiques de l’aménagement touristique à l’échelle de la métropole Dominique Alba, Architecte, directrice générale de l’atelier parisien d’urbanisme-Apur qui réunit aujourd’hui plus de 20 partenaires, au premier rang desquels la ville de Paris, l’Etat, Paris Métropole, des EPCI métropolitains, des syndicats techniques et des établissements publics. L’Apur alimente des bases de données, accompagne les politiques publiques et développe des études prospectives à la double échelle Paris et Métropole du Grand Paris.

«Letourismeestunsujetsuividelonguedateparl’Apur,quecesoitautraversdel’accompagnementduplanhôtelier,desétudesautourdescarsdetourisme,outoutrécemmentd’uneétudemenéeaveclaDRACcroisantlieuxculturelsetaccessibilitédufuturGPE(GrandParisExpress).Considérerletourismedanslesstratégiesd’aménagementetdanslessystèmesdedéplacementtrouveréponsedansl’attentionportéeà5famillesd’actions:l’augmentationdelamatièrepremièreavecdesoffresnouvelles,patrimoinemaisaussicombinaisonsd’offressportculture…;unediversificationdel’hébergementenlienaveclesplateformeswebmaisaussi,endéveloppantuneoffredevacancesavecdesséjourspluslongs;unélargissementdespublics,lesfamillesnereprésententque23%destouristesalorsmêmequelamoyenned’âgeestde42ans,unefacilitéd’accèsenlienavecunemultimobilité:tourismeàvélo,àpied,enautolib…etenfin,grâceàlamétropole,unbenchmarkrenforcéquipeutrendrevisiblecetterichessenouvelle,soutenirdesnouvelleséconomiesàl’imageduWelcomeCityLab,incubateurdédiéautourisme.»

Les apports des équipes du Conseil scientifique de l’AIGP à la métropole hospitalière et augmentée David Mangin, Grand Prix de l’Urbanisme 2008, associé et cofondateur de SEURA architectes, travaille sur de grands projets urbains en France, parmi lesquels l’aménagement du quartier des Halles à Paris. Depuis 2008, il participe à la consultation internationale sur le Grand Paris au sein du groupe Descartes puis comme mandataire de l’équipe SEURA et, plus récemment, à la consultation internationale sur la métropole Aix-Marseille-Provence. Responsable du master « Métropole » à l’EAVT de Marne-la-Vallée, ses recherches avec les étudiants ont donné lieu à l’ouvrage « Paris/Babel, une mégapole européenne » en 2013.

«Faceauxmutationsdanslesattentesetlescomportementsdestouristes,etàleurabsencedepréjugéspoursortirdeParis,nosaxesdetravailsontclairs:révélerleslieuxpharesdelamétropole,prendreencompteletourismedeproximité,alertersurdesprojetsbaséssurdesschémasanciens–commeEuropaCity–,faireplaceàl’informationremontantetouchantlesusages,garderuneagilitédanslesaménagementsurbains,penserparitinérairesetdévelopperdesprojetshybrides.»



SÉQUENCE B/ LA MISE EN TOURISME DE NOUVEAUX TERRITOIRES, UNE DESTINATION SANS MURS. LA VILLE AUGMENTÉE.

Construire des destinations attractives au sein de la région capitale Vincent Gollain, Docteur en Sciences Economiques de l’Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne, il dirige le Département Economie de l’IAU Ile-de-France et préside le Club Marketing territorial de l’ADETEM depuis 2011.

«Cinqgrandesrecommandationspourreconquérirlespartsdemarchéautourd’unedestinationParisIle-de-Francerevisitée,unenjeud’organisationdesacteurspublicsetprivéscomposantlachaînedevaleurtouristique,unenjeudecontenudemarquepourladestinationParisIle-de-France,uneévolutiondenosciblagesmarketing,unimpératifderenouvellementdel’offreterritoriale,l’acquisitiondenouvellescompétencesdanslesmétiersdutourismeetdel’hospitalité,pourprendreencomptelesrévolutionsindustriellesencours.»

Le contrat de destination : Paris, la ville augmentéeHélène Sallet-Lavorel, Urbaniste à l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Ile-de-France, elle crée le secteur Tourisme et Loisirs ; elle travaille notamment sur le rapprochement entre les visiteurs et les habitants et est à l’origine du concept de « Tourisme participatif ». Elle a également travaillé pour l’association internationale Metropolis en étudiant l’impact des grands événements sur le développement des métropoles. Après avoir été responsable du développement puis directrice-adjointe du Comité départemental du tourisme de la Seine-Saint-Denis, elle est aujourd'hui directrice de Val-de-Marne Tourisme & Loisirs.

«Lecontratdedestinationsignéentrel’Etatetungroupementdepartenairespublicspoursuittroisprincipauxobjectifs:renouveleretdynamiserl’imagedeladestination,faireémergeretvaloriserunenouvelleoffreenmatièredetourismeurbainetélargirrésolumentl’airegéographiquedespratiquestouristiques.Ilestcentrésurunaxestratégiquemajeur,celuidelareconquêtedesclientèleseuropéennes,notammentlesjeunesetlescity-breakers.»

Un grand évènement comme terrain d’expérimentation touristique, l’Euro 2016Olivier Gangnard, Spécialiste en sociologie des organisations, il possède depuis dix ans un parcours professionnel le qualifiant particulièrement sur les questions événementielles, touristiques et de promotion et d’attractivité internationale : études d’impact de l’organisation d’Expositions universelles, cabinet de l’adjoint au maire de Paris chargé du tourisme et des nouveaux médias locaux, équipe-projet dédiée à la coordination des programmes d’accompagnement pour l’accueil des grands événements sportifs internationaux, notamment l’UEFA Euro 2016.)

«LavilledeParispossèdeunelignepolitiqueclaireconcernantlesgrandsévénements:catalyseuretaccélérateurdepolitiquespubliques,l’événementnevientpasajouterunaxededéveloppementauxautresaxesdedéveloppementdelacollectivité.L’événementvientservird’outiletdepreuveauxpolitiquespubliquesdedéveloppementprogramméesparailleurs.Terraintouristiqueetévénementield’expérimentation,l’UEFAEuro2016seral’occasionpourlavilledeParisd’identifieretdetesterdessolutionsinnovantesenmatièred’accueiletdesignalétiquetouristique–dontcertainespourrontêtreréutiliséesàl’occasiond’autresévénements,voirepérennisées.Cessolutionsdoiventpermettreladécouverteetlaredécouvertedelavilleautrement,enprenantencomptel’enrichissementproposéparlesoutilstechnologiques,demanièrecomplémentaireauxdispositifspréexistants.»


SÉQUENCE C/ ACCÉLÉRER LES MUTATIONS : MODÈLES ÉCONOMIQUES ET FINANCEMENTS, EMPLOIS, COMPÉTENCES ET MÉTIERS.

Les outils de financement Philippe Caïla, ENA, Normale Sup, a occupé divers postes à responsabilité dans l’administration et à la Caisse des Dépôts. Directeur adjoint de cabinet, en charge de la fonction publique au ministère du Budget, directeur général de l’AFPA, Président de France Brevets, coordinateur tourisme à la CDC.

«Endehorsdesesfonctionsdirectementopératricesdanslesecteurdutourisme,vianotammentlaCompagniedesAlpes,laCaissedesDépôtsestunimportantinvestisseurdusecteurquiconstitueundesesaxesstratégiques.Cettefonctionvientd’êtrerenforcéeparlamissionqueluiaconfiél’Etatdanslagestiond’unFondsd’InvestissementTouristiquevisantàrenforcerdesfilièresetdesdestinations.Enmatièred’investissementtouristique,onnemanquepasdeliquidités,onmanqued’outilspouramenerdesprojetsfinançables.Faceàdesexigencesderénovationdel’offreexistanteetàlamiseaupointdeproduitsinnovants,onsedoitdemettreaupointdesmodèleséconomiquesnouveaux,avecuneingénieriefinancièreadaptée.»

Les défis de l’industrie touristique Jean-Robert Reznick, Consultant international Kingford, ex dirigeant Club Med, Maeva, Valtour, Air France, Accor.

«Onattenddenousl’excellence.Maisontardeàcorrigernospointsfaiblesdansl’accueiletcertainsservices.Deplus,lesinvestisseursétrangersontbeaucoupdemalàidentifierunresponsabledanslechapeletd’institutionsquiinstruisentlesprojets.Degroseffortsrestentàfaireenmatièredeformationetdequalificationdesmétiers.Lesopérateursquicomptentontdumalàunirleurseffortsdanslechampopérationnel.Comptetenudesesimmensesatouts,leGrandParispourraitêtrel’occasiondelamiseenplaced’unegouvernanceadaptéeetd’uneffortconjointdemodernisation,àlafoisducôtépublicetducôtéprivé.»

SÉQUENCE D/ DES VISITEURS AUX HABITANTS, L’HOSPITALITÉ MÉTROPOLITAINE

Touristes, visiteurs, habitants : nouvelles pratiques, nouvelles hospitalités, nouvelle identité ? Saskia Cousin, Anthropologue, maître de conférences à l’Université Paris-Descartes et membre de l’Institut Universitaire de France. Elle travaille notamment sur les enjeux sociaux, politiques et urbains de l’hospitalité pour la métropole francilienne. Avec ses étudiants, elle participe au programme européen Migrantour et met en place des circuits qui racontent l’apport des migrations pour la métropole. Au sein de l’équipe Netnographies, ses recherches visent à concilier les enquêtes ethnographiques et l’étude des données massives du tourisme, en particulier les réseaux Tripadvisor et Airbnb.

«Ilfautappréhenderletourismeentantquepratiqueculturelle.Grâceauxtracesnumériques,oncommenceàconnaîtrebeaucoupmieuxlesparcoursdestouristesetàpouvoirreprésenterlesnouvellespratiques.Deplus,leshébergementschezl’habitantpermettentdechangerleregardsurlavilletouristiqueetdevaloriseràcôtéduPariscentralleParisdesenvirons,desimaginaires,desréseaux,desnœudsetdesflux.Celaouvrelavoieàdesactionsinnovantesdediverstypes:densifierdesnœuds,s’appuyersurles“passeursdeculture”,construiredesidentitésdifférentes,travaillersurlaprisedeparoledesvisiteurs,etc.»



La culture dans tous ses états comme marqueur stratégique Jean-Pascal Lanuit, ENA, Cour des comptes, directeur régional adjoint des affaires culturelles pour l’Ile-de-France.

«Mettreenplaceuntourismeintra-métropolitain,c’estforgeruneidentitéculturellequifaciliterauneidentitépolitique.Onpeutdansledomaineculturelutilisercequ’onfaitdéjà,enfaisantl’effortd’allerversl’autre,versl’étranger,versletouriste.Touslesélémentssontréunispourfaireémergerlesconditionsd’unprojetencesens.»

TROISIÈME PARTIE : LA PAROLE AUX ÉLUS Entretiens sur la mise en tourisme de leurs territoires au prisme du Grand Paris Montage audiovisuel d’entretiens avec :

• Patrick Jarry, maire de Nanterre

• Laurent Lafon, maire de Vincennes

• Patrice Bessac, maire de Montreuil

• Emmanuel Lamy, maire de Saint-Germain-en-Laye

Lors de ces entretiens, les quatre élus ont cerné les atouts de leurs villes en matière d’attractivité globale, les actions qu’ils entreprenaient pour y développer l’activité touristique, les difficultés qu’ils rencontraient à ce sujet.

Même si les quatre villes présentent des profils très différents, les analyses des élus sont convergentes sur bien des points. Le tourisme, sous toutes ses formes, y compris renouvelées, doit faire partie du logiciel du Grand Paris ; de nombreux efforts restant à accomplir par des partenaires très divers pour y parvenir.

Il faudra trouver un lieu d’échanges pour faire converger les initiatives. Dans un premier temps, le syndicat Paris-Métropole pourrait être celui-là.



QUATRIÈME PARTIE : RÉPONDRE AUX ATTENTESLes suites à donner, les partenariats à construire.

Jean-François Martins, Adjoint à la maire de Paris, chargé de toutes les questions relatives au sport et au tourisme, dont la candidature de Paris aux Jeux Olympiques de 2024. «LeGrandParisdutourismeexistedéjà,dansladiversitédesréponsesqueles

grandsParispeuventapporterpourrépondreàladiversitédesattentes.Ilfautsedonnerlesmoyensd’absorberunecroissancesurlemoyenetlongtermeenévitantlessaturations.Pourcela,ilfautpouvoirstructureretanimerdesoffresdiversifiées.LapromotiondutourismeàParispeutconstituerunproduitd’appelpourledéveloppementdutourismedansleGrandParis.L’augmentationdeladuréedesséjoursconstitueunepriorité.»

Manuel Bamberger, ENA, HEC, administrateur civil hors classe ministère de la Culture et de la communication, directeur général adjoint de l’AIGP.

«LeGrandParisdutourismenes’arrêtepasàlafrontièredelaMétropoleinstitutionnelle.Ilfautpouvoirs’appuyersurlefaitqueParisestdéjàuneville-monde.Lamiseentourismedesterritoiresdevraconjuguerl’insertiondansunestratégieglobaleetlavalorisationdecequisepassedéjààl’intérieurdesterritoires;elledevraêtreportéeparleshabitantseux-mêmes.Ellerévèleradeslieuxàfaireconnaîtreenautantderécitsconstitutifsdurécitmétropolitain,tantpourlestouristesquepourlesgrandsParisiens.

Démonstration : « Sous les hauts-lieux... le dépaysement », « Mon Grand Paris, une carte sensible des lieux du Grand Paris faite par ses habitants. » Joseph Rabie, Urbaniste-architecte-chercheur, expert en multimédia et infographie pour territoires virtuels et réels.

«L’AIGPetlesyndicatmixteParisMétropolemènentunprojetcollaboratifdénommé“MonGrandparis”,ils’agitderéaliserunecartographiesensibleetinteractivedeslieux,notammentgrâceàlaphotographie.Desatelierscontributifspeuventêtrel’occasiondefaireserencontrerlespublicsenéchangeantàpartird’uneapprochepersonnelleetfinalementtrèsréelledeleurmanièredevivreleGrandParis.L’idéepoursuivieestquel’identitépartagéedelamétropolesoitrévéléedemanièreparticipativeetcollectiveparseshabitantsetconstitueuneplateformed’expressionsurleslieuxdevie,afinquechaquehabitantyapportesesconnaissancessituées.OnpeutpenseràplusieursusagesdeceprojetpourlaconstructionduGrandParistouristique».u





Enjeux et dynamiques touristiques du Grand Paris


uite à divers échanges intervenus entre professionnels à propos du tourisme urbain appliqué à la métropole parisienne, un groupe projet informel (voir sa composition dans l'annexe I) s’est constitué sur la base d’une première note de problématique qui a

fait consensus. Il s’est donné pour but d’approfondir cette note lors d’une démarche brève à caractère exploratoire avant d’entamer le cas échéant dans un autre cadre, des approfondissements plus structurés. Les membres de ce groupe projet ont participé à ces travaux du fait de leur intérêt pour la problématique, de leur expertise, de leur connaissance des terrains et des pratiques ou de leurs travaux scientifiques ; ils n’engagent pas les institutions auxquelles ils appartiennent, même si la démarche présente un intérêt évident pour celles-ci.

u INTRODUCTION

u Partie 1 : ÉLÉMeNtS De DiaGNOStiC

1.1 Les sources et lieux de connaissance : dispersion et faible lisibilité

1.2 Le tourisme urbain dans le monde : le manque de regards comparatifs face à l’essor de ce secteur

1.3 Mutations et enjeux relatifs à la demande : des imaginaires, des représentations et des pratiques en questionnement

1.4 Mutations et enjeux relatifs au système d’offre (hébergements, équipements, attractions, prestataires) : vers une destination transformée

u Partie 2 : PiSteS De traVaiL et OUVertUreS

2.1 Les spécificités du Grand Paris : de la dynamique territoriale à la destination symbolique

2.2 Faire métropole grâce au tourisme

2.3 Un grand chantier à multiples facettes à conduire

u PerSPeCtiVeS

u aNNeXeS

Composition du groupe-projet

Liste des documents produits par le groupe

Bibliographie sélective

SAVANT-PROPOS

SOMMAIRE

ENJEUX ET DYNAMIQUES TOURISTIQUES DU GRAND PARIS


A partir de nos diverses expériences professionnelles, nous avons constaté empiriquement que l’approche métropolitaine du tourisme consistait, le plus souvent et dans le meilleur des cas, à élargir le champ territorial du tourisme urbain, à énoncer la liste des ressources disponibles hors de celles qui sont déjà concentrées dans l’hypercentre touristique, à examiner comment faire évoluer l’offre des grands opérateurs du tourisme de masse et à tenter de répondre au mieux à des questions liées aux transports ou aux dénominations marketing.

Or, nos débats internes nous ont laissé penser que le concept encore à construire de « tourisme métropolitain » nous portait vers un questionnement plus intense et plus large qui intègre la réflexion sur les échelles territoriales pertinentes à celle, plus intense, d’un changement de paradigme : en effet, un changement de paradigme semble effectivement en cours avec l’évolution des mobilités et des systèmes de transports, l’accentuation des processus de métropolisation et l’évolution des pratiques et des imaginaires touristiques. Nous considérons, par conséquent, qu’avant de lancer des travaux opérationnels classiques, il y a lieu de « perdre un peu de temps » pour prendre la mesure de ces changements. Pour y répondre, nous avons convenu de partir du touriste, à la fois comme objet et comme acteur économique et social, car c’est lui qui détient les clés des évolutions prévisibles.

Les pratiques touristiques sont souvent liées à un système de déplacements (nœuds, réseaux) résultant non seulement des modes de transport et de la mise en valeur des ressources touristiques, mais aussi de bien d’autres facteurs comme la qualité de l’information et des ambiances urbaines, le sentiment de sécurité, les profils culturels,… Nous connaissons très peu de choses sur ce système de déplacements, mais empiriquement, nous savons qu’il évolue rapidement dans le sens d’un élargissement de la vision des territoires et des ressources.

De manière générale, les pratiques touristiques à Paris sont souvent limitées aux grands standards patrimoniaux et conditionnées par le plan « Galeries Lafayette » (patrimoine monumental traditionnel de l’hypercentre touristique), alors que la vision de la destination, dans l’esprit des touristes, est celle véhiculée par la carte du métro. Ceci change et va encore davantage changer : le Grand Paris Express va rendre plus accessible de nouveaux sites ; la création institutionnelle de la « Métropole du Grand Paris » va, de fait, élargir les regards ; et on verra plus loin que les motivations et les comportements des touristes évoluent.

Également, les habitants dans leurs pratiques culturelles, de loisirs et sportives, deviennent « touristes » du territoire métropolitain. Ce qui nous amène à reconsidérer le sens du terme tourisme. Et, par un effet miroir, le fait même que le territoire s’élargisse et se requalifie pour l’habitant mais aussi pour autrui, pour « l’étranger », fait que l’habitant regarde avec d’autres yeux ce qu’il avait tendance à négliger ou à ignorer. En ce sens également le touriste « habitant ou étranger » est producteur de métropolisation positive.

Est-ce que la stratégie de développement touristique dans une métropole comme la métropole parisienne ne devrait donc pas être revisitée ? Et ce d’autant plus qu’il existe une opportunité : le battage fait autour du « Grand Paris », et les confusions mêmes que ce terme a générées, permettent cependant d’enclencher

INTRODUCTION


le mouvement qui conférera à la destination Paris le visage et la consistance du Grand Paris. Mais tout dépend ce qu’on y met. En tout état de cause, le tourisme moderne fait partie intégrante de la construction métropolitaine.

La perspective pourrait être de construire au sein de la métropole une nouvelle démarche touristique faisant état des relations entre les individus et les groupes, démarche qui serait basée sur la promotion du « tourisme à vivre », en complément ou en alternative du « tourisme à faire ».

Nostravaux,enl’absenced’unemaîtrised’ouvrageétablieetfautedemoyenssuffisantsd’investigation,ontpermisdecadrerundiagnosticetdetracerdespistespourlefutur.Ilsnesauraientêtreconsidéréscommeaboutisetimmédiatementopératoires.

ÉLÉMENTS DE DIAGNOSTIC

1.1 LeS SOUrCeS et LieUX De CONNaiSSaNCe : DiSPerSiON et faibLe LiSibiLitÉ

En dehors des nombreux travaux qui concernent le tourisme urbain, on dispose depuis peu de quelques recherches et d’études d’intérêt très variable sur le tourisme métropolitain, dont certaines sont le résultat de colloques. Concernant la mise en place de politiques publiques partenariales touristiques adaptées à la dimension métropolitaine, ce sont les métropoles régionales qui ont le plus avancé (Lyon, Nantes, Rennes, Strasbourg,…) ; mais la place de Paris dans le jeu touristique mondial rend peu pertinente la comparaison avec les autres métropoles françaises. De manière générale, on ne part que très rarement du touriste, de ses attentes et de ses comportements. Même s’il existe une bibliographie non négligeable, celle-ci paraît mal connue tant des acteurs du tourisme que des acteurs des territoires, faute de curiosité et de capitalisation appropriée à visée opérationnelle.

Au niveau benchmark international, la matière semble très pauvre : seuls sont connus des classements basés sur des données partielles (par exemple les arrivées hôtelières), ou des récits d’actions limitées et sectorielles touchant les mobilités ou de nouveaux produits touristiques. Rien de vraiment complet et approfondi.

On peut identifier des variations importantes concernant le champ territorial pris en compte : parfois il s’agit de la ville-centre, du département, parfois de l’unité urbaine, ou bien de la région, et voire même au-delà. Lorsqu’on parle de métropole, on ne sait pas toujours de quoi il s’agit. Chaque champ territorial est pertinent en lui-même, mais les comparaisons et les études peuvent parfois les mêler de manière implicite. De plus, la relation entre territoire(s), mobilités, paysages, et ressources n’est presque jamais prise en compte.

En termes statistiques, beaucoup de chercheurs ont signalé les graves lacunes vis-à-vis de ce dont on dispose actuellement : insuffisante prise en compte des hébergements non marchands, très peu de connaissance des itinéraires, agrégation de catégories très différentes de touristes, etc. Les études qualitatives

AVERTISSEMENT

Ce qui suit ne saurait rendre

compte de l’ensemble de nos réflexions, de nos débats, de nos travaux

et des éléments recueillis. Un vrai rapport d’étude

devrait être élaboré pour

ce faire. Il s’agit

seulement à ce stade de donner

des lignes de force de ce qui s’est dégagé de ces travaux et de tracer des pistes

à approfondir. Et ce, sans aucun des

développements analytiques qui ont sous-tendu nos résultats.

PREMIÈRE PARTIE


sur les comportements et les pratiques des touristes urbains sont essentiellement centrées sur la partie la plus traditionnellement touristique de la zone agglomérée, mais très peu sur un champ plus large ; de plus, ces études réalisées pour des firmes privées ne sont pas disponibles. Notre groupe a eu la chance d’avoir parmi ses membres quelques-uns des rares professionnels et chercheurs ayant tenté de saisir des phénomènes émergents ; mais nos investigations restent encore à poursuivre avec d’autres moyens.

A ces insuffisances, se superposent des faiblesses sémantiques : la définition du touriste qui passe une nuit hors de chez lui est dépassée par la diversité des motifs de mobilité et leur accélération. L’habitant qui se comporte en touriste lors de ses loisirs et le touriste d’affaires qui se change en touriste d’agrément selon les heures de la journée restent mal appréhendés. La notion de patrimoine s’élargit à des éléments contemporains et s’écarte des images et des objets traditionnellement associés à ce terme. Cela témoigne bien de l’importance des mutations face à un système de connaissances un peu figé.

Enfin, concernant Paris et sa région, au regard de politiques publiques touristiques concernant la « métropole », on doit noter les travaux de planification ou de marketing ainsi que des productions et des promotions souvent innovantes entreprises par les institutions publiques de tourisme (CRT, CDTs, OTCP et offices de tourisme). C’est un acquis important, mais qui ne relève pas, à ce stade, d’une stratégie globale concertée. Cette description des lacunes à combler d’urgence est suffisante pour alerter sur la relativité de ce qui va suivre ; nous sommes bien dans une période de confusion évoquée par Rémy Knafou (ex-professeur de géographie à Paris I-Sorbonne, associé à l’EIREST).

L’offre culturelle du Grand Paris: vers des accueils personnalisés place de l'Étoile à ParisCollage de l'équipe AIGP STAR Strategies + Architecture, Monu/ Board, Elioth-Egis Group, Lyn Capital.

eNjeUX et DyNaMiqUeS tOUriStiqUeS DU GraND PariS


1.2 Le tOUriSMe UrbaiN DaNS Le MONDe : Le MaNqUe De reGarDS COMParatifS faCe à L’eSSOr DU SeCteUr

Plus le monde s’urbanise, plus les populations urbaines et notamment métropolitaines, ont tendance à visiter et à se rendre dans d’autres villes et d’autres métropoles avec des motifs variés qui s’entrecroisent et se superposent : agrément, découverte, événement, visite chez des parents et amis, affaires, santé, religion, études, achats, échanges scientifiques ou culturels, sans oublier les migrations sans projet préétabli liées à des difficultés dans les pays de résidences. Qu’est-ce qui est tourisme et qu’est-ce qui ne l’est pas dans cet ensemble de motifs ?

Certains avancent que, comme les attractions touristiques sont situées en centre-ville, le tourisme urbain est une manière pour ceux qui habitent ailleurs d’accéder à la centralité. De plus, l’essor du low cost dans les modes de déplacements facilite l’accès aux villes.

On notera en tout cas la faiblesse des analyses comparatives entre métropoles de taille équivalente, au-delà des quelques données statistiques basiques. Ce qu’on sait, c’est que la croissance attendue du tourisme urbain est importante. L’OMT tablait, en 2010, sur une augmentation de 20 % des arrivées internationales en France à échéance de 10 ans. La stratégie régionale du tourisme approuvée en 2011 par le Conseil régional d’Ile de-France projetait, à 10 ans, 5 à 10 millions d’arrivées annuelles supplémentaires. (Données discutables - voir § 1.1).

Ce qu’on peut noter en matière de tourisme urbain, c’est l’affirmation de quelques tendances :

• La multiplication des événements sportifs, culturels, ludiques, commerciaux,… Chaque ville essaie de se distinguer par l’organisation d’événements exceptionnels. De même, l’attribution de labels du type « Capitale européenne de la culture » fournit l’occasion d’un effort particulier public et privé et dynamise les fréquentations.

• L’activité principale du touriste urbain reste, de fait, la déambulation. Dans les espaces du tourisme de masse, les comportements de consommation sont très divers en fonction du pouvoir d’achat des divers groupes sociaux selon les pays. Il doit donc y exister une large palette de réponses commerciales.

• La mode des grands musées de prestige destinés à changer ou à « booster » l’image des villes et à servir de base à des projets urbains importants ne faiblit pas depuis une vingtaine d’années, même si on peut s’interroger sur la poursuite de cette tendance.

• La propension des touristes à revenir visiter plusieurs fois le même lieu (les repeaters) ; même quand cette nouvelle visite sert à faire de nouvelles découvertes, le touriste partira de ce qu’il connaît déjà de manière à être rassuré.

• L’attraction se diversifie : Aux grands lieux traditionnels culturels et festifs viennent s’ajouter des espaces résidentiels ordinaires; l’animation et l’ambiance constituent aussi des facteurs d’attractivité touristique.


Certains travaux (par exemple L. Lefort ou M. Gravari Barbas pour le Club Ville-Aménagement) ont mis l’accent sur les interactions entre le tourisme urbain et les mutations spatio-temporelles. Il peut s’agir d’échapper aux concentrations touristiques par de nouveaux centres d’intérêt, de restructurer les cœurs de villes, ou de cultiver l’insolite et de répondre aux attentes de clientèles réputées marginales par des quartiers spécialisés. Naturellement, les systèmes de transports collectifs permettant l’accroissement des mobilités sont le plus souvent nécessaires pour faciliter ces mutations.

La grande majorité des métropoles cherche à développer le tourisme urbain et donc prend en compte ces divers phénomènes, à tous les niveaux. Mais notre analyse partagée par d’autres est que, même si les évolutions du tourisme urbain sont déjà substantielles, le « tourisme métropolitain » est d’une autre nature : l'existence d’un vaste territoire diversifié à forte activité économique mondialisée amène certes à élargir les centres d’intérêts dans des espaces périphériques, mais surtout ouvre le champ à un renouvellement qualitatif de l’offre touristique permettant de répondre à d’autres attentes : un tourisme de stimulation, un tourisme à vivre qui ne se limite pas à la connaissance ou à la reconnaissance. La réalité affirmée de cette géographie (également administrative) est à l’origine d’un changement de paradigme générateur de plusieurs types d’impacts que nous allons tenter de cerner.

L’offre culturelle du Grand Paris : ballades urbaines. Collage de l'équipe AIGP STAR Strategies + Architecture, Monu/ Board, Elioth-Egis Group, Lyn Capital.



1.3 MUtatiONS et eNjeUX reLatifS à La DeMaNDe : DeS iMaGiNaireS, DeS rePrÉSeNtatiONS et DeS PratiqUeS eN qUeStiONNeMeNt

Il semble que, chez les touristes, commence à se manifester de manière affirmée le souhait de vivre des expériences leur permettant de se différencier et dont ils se souviendront, plutôt que de découvrir les sites de façon académique (être acteur plutôt que spectateur). Le vécu, l'immersion dans le quotidien, dans les pratiques ordinaires des habitants semblent de plus en plus intéresser les touristes : de là, s'affirme la nécessité de traduire et de valoriser plus explicitement les espaces et les temps vécus, les rites du quotidien de certains « quartiers métropolitains » (de Saint-Denis Basilique à Rungis, de la Défense au quartier du Cinéma Etoile Lilas, etc.).

Il ne s'agirait donc pas de parier seulement sur l'insolite mais de valoriser des situations (aussi ordinaires soient-elles) qui font sens. Faire découvrir l'organisation sociale, les rythmes et les activités spécifiques de ses lieux en déclinant des situations demande une diversité et une diversification des médiations. Même la dimension cosmopolite est appréciée comme le montre un récent article du New York Times (cité en annexe).

Nos analyses ne reposent pas sur des données suffisantes (notamment au travers de séries temporelles) ; elles sont donc sujettes à caution : dans les nouvelles pratiques et les comportements des touristes, qu’est-ce qui répond à des tendances de fond liées à des attentes nouvelles et qu’est-ce qui est marginal et destiné à le rester ? On peut avoir des opinions plus ou moins étayées à ce propos, mais pas vraiment de certitudes, même s’il s’agit de la thématique que nous avons tenté le plus d’approfondir, car notre problématique se voulait apriori centrée sur le touriste.

Dans un exposé synthétique de ses travaux fait devant le groupe, D. Pagès tente d’identifier notamment quelques pratiques qualifiées d’attendues ou fantasmées :

• La quête d' « authenticité », de quotidien, d'autres formes de vie (l'idée de lieux non spoliés par le tourisme y est insistante).

• La recherche d'insolite, d'inédit (l'ethnographe, l'explorateur, l'investigateur, l'autonome des circuits parallèles).

• Le goût des patrimoines oubliés, ordinaires, liés à l'histoire sociale du Grand Paris, des « nouveaux patrimoines » (l'historien amateur, le touriste en quête d'émotions, d'expériences patrimoniales, d'enracinements mémoriels).

• La demande d'écotourisme, de tourisme orienté vers la biodiversité (en termes de savoirs et de connaissances, d'engagement notamment).

• La fréquentation des festivals métropolitains, du festival de l'Oh à celui d'Enghien, de Banlieues Bleues à Futurs en scène, etc. Goût de la mobilité, de l'éphémère, du collectif, de la tension émotionnelle, et de lieux culturels emblématiques (Mac Val, Friches, etc.).

• La quête de solitude, de repli (le touriste nostalgique, fatigué de la ville, en recherche de moment de vie alternatifs, de familiarités aussi).


Mais elle insiste sur le fait qu’il s’agit encore de suggestions et que le travail de qualification, de typologie de ces représentations reste à produire pour identifier plus finement ce que sont ou seraient des « expériences de tourisme métropolitain».

De même, J. Sicsic, à partir des études qualitatives de Touriscopie, met en évidence les motivations des touristes dans les grandes villes : Le touriste urbain cherche un mixte : patrimoine, ambiance, vie… « Dans ville, il y a vie. »

n La quête d’expériences exceptionnelles liées à la grande ville et à son statut de capitale où se font et se défont les modes.

n La découverte de lieux prestigieux et emblématiques : musées, monuments, centres de décision politique, institutions.

n La possibilité pour des jeunes de se construire, de s’inventer de nouvelles vies.

n La possibilité de transgression, de vivre ses fantasmes sans subir le regard des autres.

n La recherche de rencontres avec des anonymes ou des « people » au cours de sorties, fêtes, animations diverses.

n La promenade spectacle illimitée : on marche, on découvre.

n Des possibilités illimitées, elles aussi, de shopping : boutiques inédites, grands magasins…

n La possibilité de vivre une vie nocturne en pleine ébullition : cafés, bars de nuit, discothèques, personnalités originales.

n La grande ville est une « fête » permanente, une « movida » ininterrompue. Concentré du monde, du pouvoir, du savoir, des richesses, elle est un passage obligé surtout pour les jeunes.

Elle met aussi en évidence l’impact des hébergements sur les comportements touristiques et s’interroge sur l’impact d’une offre recomposée pour une part basée sur le partage, et de l’autre située dans des territoires périphériques réputés non touristiques. On découvre ainsi que l’espace autour de l’hébergement change de statut au fur et à mesure du séjour, quel que soit le profil du touriste. Ainsi, par un jeu de proximité et d’appropriation, l’espace de l’hébergement devient pour les touristes leur espace d’une forme de vie quotidienne. Elle met aussi en évidence l’existence de nouvelles populations touristiques, par exemple, celle qui achète un prix low cost sur Internet sans aucune préparation de son voyage. Elle insiste aussi sur l’existence de « gaps culturels » qui gênent certaines clientèles étrangères. Et par-dessus tout, il apparaît que les réseaux relationnels et les nouvelles mobilités bouleversent les concepts du tourisme traditionnel, notamment dans les aires métropolitaines.

S. Cousin a pu, comme sociologue et ethnographe, développer des méthodes originales de connaissance des pratiques touristiques. Pour elle, la nécessité d’un terrain concret n’implique pas pour autant l’inutilité d’un terrain virtuel, c’est-à-dire de l’analyse avec un regard ethnographique des données virtuelles.

Les messages postés sur Tripadvisor et les commentaires des photographies partagées sur les plates-formes spécialisées constituent, par exemple, autant de sources d’informations textuelles passionnantes. L’analyse lexicographique de tels volumes de données peut fournir des informations difficiles à égaler,



quantitativement parlant, par les enquêtes de terrain plus classiques. On peut, grâce à ces méthodes, mieux cerner les nouvelles pratiques touristiques, notamment par une connaissance plus fine des itinéraires et des lieux fréquentés, en relation avec les opinions émises. On peut aussi montrer qu’il existe des pratiques alternatives (comme cela a été fait dans le Nord-Est parisien), sans qu’on puisse encore en mesurer les évolutions et l’importance.

Pour S. Cousin, d'un point de vue touristique, la vraie transformation n'est pas le passage urbain / métropole au sens traditionnel de l'extension. Car, si on réfléchit en termes de pratiques, le tourisme a toujours vu les destinations urbaines, comme un réseau de lieux, de nœuds liés à l'offre de visite en relation avec les transports, quelques axes et itinéraires, le reste étant invisible et inconnu. L'on ne peut pas comprendre les pratiques, quelles qu'elles soient (urbaines, politiques, d'exclusions, etc.) en termes de territoires. Pour le tourisme donc il faut raisonner en termes de pôles, de nœuds, de réseaux, etc., d’une certaine façon, déspatialiser l'analyse.

Il faut aussi signaler le fort développement d’un segment de la demande lié à la croissance des échanges internationaux : les séjours temporaires de plusieurs semaines liés à des stages, des échanges scientifiques ou commerciaux, des missions courtes,… Les résidences de tourisme répondent bien à ce type de demande ; mais elles manquent parfois de convivialité ou sont trop coûteuses pour certaines clientèles et d’autres formes d’hébergements et d’accueil sont recherchées (meublés touristiques, hébergements chez l’habitant, résidences étudiantes...).

Communication réalisée par l’association « A Travers Paris », lors de l’organisation de marches urbaines les 28 et 29 juin 2014, intitulées « Voyages métropolitains »


1.4 MUtatiONS et eNjeUX reLatifS aU SyStèMe D’Offre (hÉberGeMeNtS, ÉqUiPeMeNtS, attraCtiONS, PreStataireS) : VerS UNe DeStiNatiON traNSfOrMÉe

• Au niveau des hébergements, les mutations en cours sont considérables et pourtant mal appréciées :

• Les hébergements marchands chez l’habitant connaissent une progression fulgurante, à côté des hébergements non marchands chez l’habitant (parents, amis, relations, échanges, …). Les deux principales plates-formes Internet que sont AirBnB France et France Lodge voient leurs clientèles s’envoler. La frontière entre le marchand et le non marchand se brouille. Il faut plutôt penser des continuums, dans l’hébergement, comme dans l’offre de culture, et de déplacement. Parallèlement, des habitants deviennent, à titre bénévole, des « greeters » qui valorisent leur territoire auprès de ceux à qui ils le font découvrir.

• Du fait de la pression de la demande et des prix fonciers, l’offre hôtelière et para-hôtelière se développe en périphérie de la capitale. Sans pour autant générer des évolutions significatives dans les quartiers concernés.

Ce phénomène se poursuivra du fait des valeurs foncières, et de l’arrivée du Grand Paris Express ; la prise en compte du nécessaire développement de l’hôtellerie dans les projets d’aménagement ainsi que l’amélioration de l’urbanité dans certains quartiers hôteliers existants constitue un très grand enjeu au niveau de la qualité et de l’attractivité de la métropole ; la pression foncière qui tend souvent à rejeter l’implantation d’hôtels hors des zones de centralité urbaine constitue un défi à relever.

Ce redéploiement du réseau des hébergements constitue un enjeu essentiel de nature métropolitaine.

Grace à l’accroissement des modes de transports et à leur variété, on commence à voir apparaître des offres de parcours thématisés (voir par exemple les 24 h Chrono du ministère de la Culture et de la Communication ou les balades organisées par Val-de-Marne Tourisme & Loisirs et bien d’autres propositions innovantes). Ce type d’offre, encore marginal, devrait sans doute s’affirmer dans les années qui viennent.

Plus encore que dans le tourisme urbain traditionnel, l’élargissement des territoires et donc des lieux de loisirs des citadins génère souvent de véritables attractions touristiques, et ce malgré la faiblesse et l’inadéquation des informations à ce sujet.

Comme l’ont bien montré les travaux de recherche dont nous avons eu connaissance, de nouvelles formes de représentation des lieux touristiques se font jour ; elles prennent en compte la relativité des récits concernant notamment le patrimoine en fonction de ceux qui les racontent et de ceux qui les entendent. On évolue vers des cartographies subjectives et émotionnelles (ou « cartes sensibles »)– S. Cousin – ou factuelles – cartographie des 1000 lieux de l’Atelier International du Grand Paris. Alors que les chercheurs se rendent compte que le touriste ne se meut pas dans un territoire mais avec des chemins et des nœuds, le développement de l'offre d'hébergement hors secteur hôtelier n'est-il pas en train justement de créer du territoire, dans les imaginaires de la métropole, si ce



n'est encore dans la réalité des pratiques. Si cela se confirme alors, oui, on pourrait parler de transformation des pratiques.

Avec ces offres nouvelles de nature métropolitaine, apparaissent des médiations utiles fournies par des associations d’éducation populaire et culturelles, ainsi que par des comités plus ou moins formels d’habitants ou par les services des collectivités elles-mêmes.

Enfin, on ne saurait trop insister sur les nouvelles entreprises qui se créent et qui souvent innovent dans le champ du tourisme métropolitain. Il s’agit souvent de jeunes entrepreneurs qui montent de nouveaux services fondés en totalité ou en partie sur de nouveaux usages du numérique. A côté des professionnels confirmés, parfois un peu conservateurs, émerge une nouvelle classe d’entreprises de type T.-P.E. ou relevant de l’E.S.S. qui pourrait provoquer à moyen terme quelques bouleversement dans l’industrie du tourisme (surtout si des majors de l’économie digitale décident de s’en mêler).

PISTES DE TRAVAIL ET OUVERTURES

2.1 LeS SPÉCifiCitÉS DU GraND PariS : De La DyNaMiqUe territOriaLe à La DeStiNatiON SyMbOLiqUe

• Faute de benchmarking, il est assez difficile d’identifier avec certitude ce qui existe dans d’autres grandes métropoles et ce qui est spécifique du Grand Paris. On devra donc prendre avec précaution ce qui suit.

D’abord, l’offre touristique traditionnelle connaît ces dernières années un essor exceptionnel, sur Paris, mais aussi en périphérie tant proche que lointaine : de nouveaux musées, des événements prestigieux et nombreux, des modernisations remarquables en matière de tourisme d’affaires, sans parler de projets lancés et se voulant novateurs comme « Villages-Nature ». A ce niveau, le concept d’attractivité est dépassé et on peut dire que Paris (et sa région) connaît un nouveau rayonnement dans plusieurs réseaux internationaux de l’art, de la culture, de la mode,… De grands événements programmés (l’Euro de football 2016, la COP 21, et peut-être l’Exposition Universelle de 2025) vont venir sans doute augmenter ce rayonnement.

D’autre part, le concept, même flou, de Grand Paris, a nourri une floraison de projets dont certains relativement assurés (c’est le cas du réseau de transport public du Grand Paris Express) vont avoir un impact conséquent sur les nouvelles tendances identifiées dans les paragraphes précédents : la conception des nouvelles gares, les services qui y sont associés et les aménagements des quartiers de gares représentent un potentiel considérable au plan touristique dont la Société du Grand Paris, avec laquelle nous avons échangé à ce propos, est bien consciente. Ceci se double d’une refonte de l’architecture globale territoriale dont il est prématuré d’indiquer les conséquences en matière de tourisme, même si on peut penser que l’affirmation d’un échelon métropolitain va dynamiser à terme plusieurs projets économiques et spatiaux en relation avec le développement touristique.

DEUXIÈME PARTIE


• La question des mobilités liées au tourisme mérite un approfondissement . De nouvelles mobilités commencent à se faire jour du fait de l’architecture territoriale évolutive des bassins de vie et des bassins d’emploi ainsi que des exigences écologiques ; elles s’appuient plus ou moins bien selon les cas sur de nouveaux modes de déplacements : vélos, véhicules électriques, bus de proximité, auto-partages,… Assez souvent, seuls les habitants connaissent ou vont à la découverte de ces lieux informels non répertoriés et ont facilement accès à ces modes de transports alternatifs (sauf peut-être Vélib). Mais si les touristes ont eux aussi d’autres comportements en matière de visites et de découvertes, comment pourraient-ils avoir accès à ces modes?

• Comme L. Queige, responsable du Welcome City Lab – un incubateur dédié au tourisme qui travaille à la réalisation d’un réseau international – l’a bien montré, il existe en région parisienne un terreau très favorable à l’innovation en matière de services et d’hébergements touristiques : cette région abrite notamment un cluster tourisme en développement, dédié à ce secteur : celui de Marne-la-Vallée autour d’Eurodisney au sein du Val-d’Europe, et plusieurs pôles de compétitivité abordent cette dimension (comme par exemple Advancity à partir des mobilités).

• L'art contemporain, du fait de la richesse de l’offre, constitue un fil conducteur à valoriser pour la destination du Grand Paris. Le réseau TRAM, les initiatives de certains lieux (MAC VAL, CND, la Briquetterie, etc.), de quelques festivals ou performances (spectacle vivant et street art notamment) participent déjà, chacun à sa mesure, à la mise en tourisme du Grand Paris. L'ouverture de la Philharmonique et de la Fondation Vuitton accompagnent ce mouvement de décentrement.Cette thématique de l'art contemporain permet de (re)poser la question centrale des partenariats entre les mondes de la culture et du tourisme, dont les modalités métropolitaines appellent réflexions et suggestions (organisationnelles et institutionnelles) à venir (voir l'exemple de la SPL le Voyage à Nantes mais aussi d'autres dispositifs dans le monde actualisant de nouvelles façons de raisonner la rencontre de la culture et du tourisme).

• Une autre spécificité du Grand Paris à prendre en compte est la richesse de son offre en matière de tourisme d’affaires. Ce positionnement privilégié sur les deux segments du tourisme (affaires et agrément) est d'autant plus à souligner qu'il est relativement rare. Paris et sa région se situent en tête de l'ensemble des classements liés au secteur des salons et congrès. En effet, l'Ile-de-France possède l'offre la plus importante en Europe avec 680 000 m² de surfaces d'expositions. Or, la plus grande partie de cette offre ne se situe pas très à l’écart de l’hypercentre touristique. Le fait est avéré même pour Paris-expo porte de Versailles, le Palais des congrès, le centre d’expositions de la porte de Champerret, celui du Parc Floral ou le centre de congrès de la Cité des sciences qui sont situés intra-muros.

Par ailleurs, l’offre d’aujourd’hui n’est pas hors des limites de la métropole institutionnalisée (Villepinte est dans le 93). Les choses ne changeront qu’avec l'International Trade Center de Roissy; le phénomène d’élargissement est appelé à s’accentuer autour des aéroports et des gares TGV périphériques. Pour satisfaire à la demande de loisirs d’une partie des publics dits d’affaires, ne devrions-nous pas nous appuyer sur cette caractéristique pour inventer une nouvelle offre Grand Paris sur un champ territorial élargi ?

• Bien d’autres spécificités existent dans la localisation de destinations métropolitaines liées aux échanges scientifiques ou aux séjours universitaires. Là aussi des offres nouvelles doivent être mises sur pied.



• Enfin, il apparaît urgent de recueillir le point de vue des touristes sur leur perception d’une offre nouvelle différenciée de l’offre traditionnelle : Paris peut-il rester Paris tout en devenant grand ? Peut-on faire évoluer cette image symbolique de la destination ? Que peut-elle gagner à une démarche de mise en tourisme du Grand Paris ?

2.2 « faire MÉtrOPOLe » GrâCe aU tOUriSMe

Oui, il semble bien qu’une politique touristique active et novatrice pourrait contribuer à « faire métropole », c’est-à-dire souligner aux yeux des habitants de la métropole la valeur des territoires qu’ils pratiquent, de leur quartier à la métropole, et favoriser leur participation à un projet collectif. Cela a déjà fait l’objet de plusieurs échanges et colloques sous des termes divers : métropole créatrice, métropole de l’hospitalité (l’hospitalité est le thème central du projet d’exposition universelle de 2025). Les valeurs de convivialité, l'hospitalité, de partage fondatrices d'une destination Grand Paris gagneraient sans doute à faire partie des caractéristique majeures de la destination Grand Paris. Ces termes sortent du champ strict du tourisme traditionnel et renvoient justement à des problématiques plus larges de la création et de l’intelligence collective ou de l’accueil de tous, ce qui est en phase avec le changement de paradigme pressenti au départ.

Cette problématique se retrouve à trois niveaux : économique, socio-culturel et spatial :

• Économique, dans la mesure où la métropole parisienne se doit de reposer sur une économie diversifiée et territorialisée dans laquelle « l’économie présentielle » (voir travaux récents de L. Davezies sur les systèmes productivo-résidentiels) doit prendre toute sa place. Un développement touristique d’un type nouveau, dépassant les attractions traditionnelles et ancré dans de larges territoires métropolitains peut répondre à ces exigences.

• Socio-culturel, car il peut y avoir mobilisation du tissu local associatif et commerçant autour d’un éco-tourisme éducatif, d’un réel échange culturel et d’une valorisation de territoires qui n’avaient pas l’habitude de recevoir des touristes. Toutes les expériences faites montrent la grande fierté et la capacité énorme de mobilisation qui peuvent se manifester lors de la mise en tourisme de nouveaux territoires. A condition toutefois que cela ne soit pas désigné comme marginal et situé dans des franges, mais que cela fasse partie d’une politique d’ensemble qui concerne toute la métropole.

• Spatial : une telle politique touche profondément l’aménagement du territoire métropolitain qu’il s’agisse de quartiers dans lesquels les hôtels sont et seront implantés, ou de patrimoine à revaloriser, ou de quartiers d’affaires dans lesquels il faut introduire de la mixité fonctionnelle pour qu’ils soient vivants, ou d’espaces naturels et paysagés ou de quartiers de gares nouvelles ou existantes qui doivent être adaptés aux usages et situations diversifiées de la métropole ; là où la porosité entre les secteurs marchands et non marchands contribue à une animation au sens propre (donner une âme).

La découverte des espaces communs, publics, ordinaires et singuliers (gares, marchés, fêtes, lieux de consommation – cafés, bistrots, commerçants) et de pratiques culturelles et sociales locales (musées, galeries, ateliers dits « de la périphérie ») est déjà relativement bien valorisée par les CDT mais de manière


différente selon les territoires, et parfois de manière plus descriptive que véritablement narrative ; il nous faut affirmer l’intérêt d'une mise en réseau plus soutenue et mieux éditorialisée des destinations existantes. La mise en réseau de ces lieux dans des temporalités diversifiées est et sera une activité centrale dans la mise en tourisme du Grand Paris: la réflexion sur les diverses modalités (stratégique, organisationnelle, médiatique, technique) de cette mise en réseau reste à faire.

Il faut ajouter qu’un élargissement à la fois territorial et en contenu attractif permettrait de desserrer la pression sur des espaces hautement touristiques traditionnels où les habitants souffrent de la fréquentation excessive.

De manière générale, la qualité de la relation entre habitants (au sens large) et touristes représente un enjeu essentiel pour l’avenir.

On le perçoit de manière critique dans d’autres métropoles où cette question devient une préoccupation majeure (comme Barcelone et Berlin) ; on commence à le percevoir à Paris. Soit nous sommes dans des processus de rejets, soit nous sommes dans des démarches d’accueil.

Une participation à un projet collectif de « tourisme métropolitain » est de nature à réduire d’éventuelles attitudes négatives mais la mise en tourisme de quartiers périphériques expose également au risque de recrudescence des tensions. Ceci sera très important dans les nouveaux quartiers à composante touristique qu’on se propose de créer.

Enfin, il faut souligner que pourrait naître un cercle vertueux : les Franciliens auraient accès pour leurs loisirs à de nouveaux espaces attractifs de sociabilité et cette animation permettrait un développement du « tourisme participatif » et du « tourisme à vivre » (comme précédemment signalé). La barrière du périphérique, très fortement ressentie par les habitants de la métropole, n’existe pas, a priori, pour les touristes pour qui Paris est souvent perçu à l’échelle de la carte du métro. Mais toute l’information touristique qui leur est destinée projette la vision des habitants. S’appuyer, à l’inverse, sur la perception spontanée des touristes en se référant à l’échelle du métro (d’aujourd’hui et de demain) contribuerait à faire métropole, en effaçant la barrière mentale du périphérique.

2.3 UN GraND ChaNtier De PLUSieUrS faCetteS à CONDUire

De toute évidence, le concept de « tourisme métropolitain », même si la terminologie en est réductrice, et que le travail théorique d’approfondissement reste à faire, est riche de promesses parce que, d’une part, il interroge bien des évolutions tendancielles du tourisme (tant au niveau des pratiques touristiques et de loisirs, que des évolutions du système de production et de distribution) et que, d’autre part, il nourrit plusieurs aspects du processus même de métropolisation. Nos travaux ont permis d’avancer (un peu) sur trois plans complémentaires :

• La métropolisation des politiques touristiques, principalement des acteurs publics, mais aussi des acteurs privés. Cela renvoie à des questions institutionnelles, mais pas seulement ; la question des champs territoriaux pertinents qui s’affranchissent des périmètres administratifs reste posée ;



• Ce que les tourismes (et les loisirs)-déclinés sous des formes diverses- peuvent apporter de manière interactive aux processus métropolitains, tant au niveau économique et social que spatial et culturel ;

• La naissance d’un nouveau paradigme, non complètement réductible à un tourisme urbain qui changerait d’échelle de manière à appréhender la diversité des territoires.

Cette perspective d’une nouvelle politique se fait à l’occasion du corpus législatif lié à la réforme territoriale. Pour autant la nature même du tourisme interdit de se limiter à tel ou tel périmètre institutionnel. On peut même déborder du cadre régional si nécessaire (aires touristiques à une heure de Paris). Par ailleurs, il faut tenir compte de tous les efforts déjà engagés tant par des acteurs institutionnels (en particulier les agences publiques de développement touristique territoriales et les CCI) ; on a affaire à un processus largement mais très inégalement amorcé, qui rencontre des succès très divers et qui est, hélas, assez peu perçu (mais d’une façon générale, le fait touristique est-il perçu dans toutes ses dimensions ?) ; le processus en cours doit être poussé à maturité, accéléré, élargi et sans doute « transmuté » mais ce processus existe déjà. On ne part donc pas de rien, tant s’en faut.

Notre groupe projet, dont il faut rappeler le caractère informel et dont les membres sont présents à titre personnel, s’est interdit de fournir des recommandations sur la gouvernance du chantier à engager ou d’élaborer un plan d’actions à partir du contenu de ses investigations très partielles. Notamment, il était envisagé une phase d’entretiens avec des professionnels et des prescripteurs, laquelle n’a pu se dérouler, faute de moyens. Il nous faut en tout cas signaler comme une priorité absolue l’obtention de données fiables permanentes sur les évolutions en cours, soit par la transformation d’observatoires existants, soit par la mise en place de nouveaux systèmes de recueil de données sur les publics et sur les pratiques touristiques. Notre groupe a avancé des propositions précises à ce sujet.

D’autre part, nous avons mis l’accent sur l’importance des représentations médiatiques culturelles et touristiques du Grand Paris, ainsi que sur leurs évolutions nécessaires (cartes, sites, blogs, magazines et revues innovants, signalétique, mise en exposition des métropoles culturelles et touristiques).

Le travail d'agrégation des contenus, d'éditorialisation et de médiation de la destination sera déterminant (via cartes, médias ludiques, réseaux sociaux, applications riches en contenus originaux, événements) : ce travail faciliterait aussi le renforcement de la thématisation de l'offre, (il actualiserait notamment la prise en compte de la diversité des expériences « possibles » dans le Grand Paris).

Dans ce que nous avons vu jusqu’à présent, on peut affirmer que le développement touristique de la métropole, considéré au travers du prisme des évolutions importantes en cours, représente un enjeu essentiel et jusqu’ici trop peu abordé. Ce développement passe certainement par un élargissement du champ territorial, par la mise en cohérence des actions de plusieurs institutions publiques et par un travail de fond à entreprendre avec le système d’offres. De plus, la relation étroite avec le futur Grand Paris Express et ses gares mérite un approfondissement particulier peu abordé jusqu’ici. Ce questionnement serait à engager dès à présent, compte tenu de l’avancement opérationnel des gares.


Tout au long de nos travaux, plusieurs actions concrètes à entreprendre à court ou à moyen terme ont été avancées. Pour des raisons rappelées plus haut, on n’en fera pas état à ce stade. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’elles s’articulent, assez classiquement, autour des axes suivants :

a) Définir un éventuel plan d’actions adossé à un dispositif de pilotage prenant en compte tout à la fois les éléments de la réforme territoriale en cours, ce qui a déjà été entrepris par divers acteurs et le contenu des divers items du plan d’actions. Définir également l’ingénierie d’un tel plan d’actions ;

b) Mieux faire connaître toutes les dimensions du tourisme dans la métropole francilienne par des systèmes d’informations adaptés, en prenant en compte toutes les évolutions en cours, et ce tant du côté de l’offre que celui de la demande ;

c) Agir sur le système d’offres en sensibilisant les acteurs concernés et en encourageant l’innovation et la création de nouvelles activités et de nouveaux produits viables ; faire percevoir la dimension touristique d’activités non perçues comme telles par ceux qui les portent ; réaliser un plan marketing lié à la mise en tourisme de la métropole en se plaçant dans l’hypothèse d’un pilotage public-privé comme préalablement évoqué ;

d) Préciser les orientations en matière d’aménagement et de sa déclinaison opérationnelle et programmatique, à l’échelle du Grand Paris et en identifiant des situations démonstratives, avec comme priorités le développement d’une offre hôtelière de qualité dans la métropole, l’amélioration de la qualité urbaine de quartiers hôteliers existants et les nouveaux quartiers de gares GPE ;

e) Mener à bien un programme d’études et de de recherches qui permette d’appréhender les tendances en cours autour d’un corps de concepts nouveaux en émergence.

De plus, il faudrait pouvoir mettre en évidence la possible cohabitation (et la complémentarité) de produits viables sur le marché d’une part et d’activités non marchandes, subventionnées, bénévoles ou militantes d’autre part. Un modèle économique spécifique est peut-être à rechercher.

Sur plusieurs des axes évoqués, notre groupe-projet a esquissé des propositions. Mais celles-ci, hors de toute maîtrise d’ouvrage identifiée, n’ont qu’une valeur toute relative.

Mais il nous faut aussi surtout affirmer la nécessité d’une réflexion stratégique préalable, lorsqu’une maîtrise d’ouvrage (ou des maîtrises d’ouvrage) d’une telle politique aura été définie : il est très difficile de tout entreprendre à la fois pour un chantier qui devra se dérouler sur le long terme. Il faudra donc préciser ce qui serait déclencheur de la perception et de la mise en œuvre opératoire du nouveau paradigme que nous avons tenté de cerner. Faut-il par exemple privilégier certains des objectifs stratégiques suivants :

• Elargir, en contenu et en quantité, l'offre touristique (hébergements + activités...) pour éviter les concentrations périmétrales nuisibles sur l'hyper centre; définir les accompagnements nécessaires à un tel élargissement ?

• Mettre en évidence les atouts métropolitains susceptibles d'améliorer l'attractivité de la destination ?


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• Se situer à la pointe des innovations pour répondre aux évolutions des pratiques touristiques ?

• Stimuler le développement des activités touristiques sur les territoires porteurs de potentiel où elles sont insuffisamment développées ?

• « Faire métropole » ?

On voit bien que des choix sont à faire. De même, cette réflexion stratégique devra prendre en compte d’autres facteurs comme les dynamiques territoriales existantes, les résistances institutionnelles qui sont susceptibles de se manifester et les éléments symboliques qui sont véhiculés par les politiques publiques concernées.

REMARQUE SUR LA RELATION ENTRE TRAVAIL CONCEPTUEL ET TRAVAIL OPÉRATIONNEL

Le fait d’évoquer un nouveau paradigme derrière le terme de « tourisme métropolitain » ne relève pas seulement d’une approche de recherche. Cela amène à s’interroger aussi sur son impact opérationnel, en matière de gouvernance, d’aménagement, de gestion urbaine, etc. Pour ne prendre qu’un seul exemple, la notion de produit touristique peut être revisitée. Classiquement, un produit touristique, dans un contexte donné de marché, associe un hébergement, des activités, des services voire même des moyens de transports. C’est le package (ou au moins un assemblage de certaines de ces composantes) qui est commercialisé. Dans notre cas, il faut pouvoir combiner une souplesse répondant aux exigences d’un tourisme à vivre, sensible aux ambiances et aux improvisations avec la recherche de sécurité et de facilité d’accès qu’on retrouve derrière la commercialisation de produits touristiques. On peut donc imaginer des séjours libres d’une durée déterminée avec des droits de tirage, non prédéterminés dans le temps, pour des prestations de types variés (traditionnelles ou alternatives). Dans ce cas, l’opérateur doit pouvoir s’appuyer sur les nouvelles technologies pour gérer les flux journaliers en fonction de demandes variables, quitte à proposer des orientations nouvelles en cas de difficultés (trop plein ou insuffisance) dans la gestion de ces flux. De plus, en matière de marketing, on ne vend plus des « produits », mais des « récits » ou des expériences.


PERSPECTIVES

Au terme de cette phase préalable de travaux, nous sentons bien que deux démarches vont sans doute coexister avec l’affirmation du Grand Paris (transport + institutions + discours) :

• Une démarche de réorganisation des compétences et des acteurs permettant de répondre aux demandes des élus, voire même à celles d’opérateurs soucieux de nouveaux marchés.

Cette démarche est en tout état de cause nécessaire à court terme, même si sa valeur ajoutée face à des questions de projet métropolitain et d’identité métropolitaine est relativement faible.


• Une démarche plus inventive et attentive aux mutations en cours. Elle possède l’inconvénient d’être plus risquée au plan des modèles économiques concernés, même si elle prépare l’économie touristique du futur, davantage orientée vers le partage et la recherche de réponses spécifiques aux attentes.

Cette démarche possède l’avantage de contribuer à ce qu’on pourrait appeler pour le Grand Paris un « récit métropolitain d’élaboration d’un modèle de développement original ».

Il est clair que nos travaux sont utiles vis-à-vis de cette deuxième démarche.

Le chantier à conduire, dont nous avons évoqué les grandes lignes n’a de sens que s’il est piloté par des organisations publiques, associatives ou privées qui se sentent concernées et intéressées par elle, et par les axes de travail que nous avons définis. Tout ne se fera pas en un jour, et la dimension temporelle est essentielle.

Notre groupe-projet, qui réunit à la fois des professionnels dirigeant des organisations publiques de développement touristique et des professionnels chercheurs, consultants ou opérationnels, s’inscrit dans une logique d’innovation, fondée sur des valeurs et un regard renouvelé sur le tourisme urbain parisien, mais aussi sur une autre manière de penser, de concevoir, d’observer le tourisme métropolitain, son positionnement et ses modes de production tournés vers les nouvelles attentes des touristes.

Ce groupe peut, sous des formes et même une composition sans doute un peu différentes, poursuivre sa tâche. A condition que la phase d’auto-saisine qui vient de s’achever soit relayée par la constitution d’une maîtrise d’ouvrage, vraisemblablement collective, définissant et validant un programme d’actions prioritaires et s’en donnant les moyens.

De premiers événements sont d’ores et déjà en cours de discussion :

• Un échange approfondi avec les membres fondateurs du comité de pilotage du Welcome City Lab.

• Un Forum sur « le nouveau récit touristique métropolitain du Grand Paris » traîtant notamment de :

a la destination Grand Paris et ses écritures numériques et médiatiques,

a la carte comme narration du Grand Paris,

a l’accompagnement des expériences touristiques métropolitaines,

a l'entrepreneuriat culturel et touristique à la rencontre du Grand Paris,

La suite reste à écrire. Les enjeux en sont importants :

• Il s’agit de s’appuyer sur l’émergence du Grand Paris pour consolider la place mondiale de la métropole en matière de développement touristique en lui permettant d’être à l’avant-garde des mutations en cours ; si on prend en compte toutes les formes de tourisme – dont le tourisme d’affaires –, la relation entre développement touristique et développement économique en général sera de plus en plus forte.

• Il s’agit aussi de faire de la composante touristique un élément fort du projet métropolitain, à la fois en termes d’aménagement des territoires et de participation des habitants à un projet collectif.



1 – Composition du groupe projet (membres actifs)

Saskia Cousin, Université Paris-Descartes, CANTHELNicolas Lefebvre, OTCP,Daniel Orantin, CDT 93,Dominique Pagès, CELSA, Laurent Queige, Welcome City Lab, Hélène Sallet-Lavorel, CDT 94, Josette Sicsic, Touriscopie,Evelyne Smolarski, AIGP,Robert Spizzichino, Opérations et Développement, secrétaire du groupe de travail.

2 – Liste des productions du groupe

• Note préliminaire de questionnement sur le concept de « tourisme métropolitain » et proposition de démarche(RS, mars 2014)

• Les évolutions du tourisme urbain dans les grandes métropoles ; le cas de la métropole francilienne. Etat des lieux (collectif, sept. 2014)

• Les comptes rendus des débats qui contiennent des résumés de certains exposés et plusieurs propositions : 27/06, 15/09, 15/10, 13/11

• Le C.R. de la réunion avec la SGP sur les gares (HSL, nov. 2014)

• Une contribution générale (E.S., 7/07)

• Une note sur des thématiques d’études possibles (D.P., sept. 2014), complétée par un programme structuré d’études et de recherches (D.P., déc. 2014)

• Un résumé de l’exposé fait devant le groupe projet le 15/10 (D. P.)

• Des apports de plusieurs travaux de recherche sur les pratiques touristiques et sur le « tourisme hors des sentiers battus » (S. C.)

• Ouvertures et propositions thématiques (D.P., nov 2014)

• Des pistes de travail à développer (RS, nov 2014)

3 – Sélection bibliographique

• Ville,urbanismeettourisme. Les cahiers Espaces n° 104, mars 2010.

• Mondesurbainsdutourisme, Ph. Duhamel et R. Knafou, Belin éd., 2007.

• Tourismeurbain,référencesbibliographiquesetorganismesressources,MIT Rhône Alpes, 2006.

• Métropolisationettourisme, Maria Gravari-Barbas et Edith Fagnoni (dir.), éd. Belin, 2013

ANNEXES


• Lesimaginairesdelamétropolecréative, Mairie de Paris, n° spécial des Cahiers de la Métropole (sur les trois journées d’étude menées sous la direction de D. Pagès – dir. et responsable éditoriale – et avec la contribution de Saskia Cousin). Disponible sur www.ateliergrandparis.fr/tourisme/

4 – Liens en ligne pour la lecture

• LeTourismemétropolitain,différenciationexpérientielleetintégrationsociale, Boualem Kadri, université du Québec-Montréal, 2010.

• Aménagerlavilleparlacultureetletourisme par Maria Gravari-Barbas. D'après les travaux du Club Ville Aménagement relatifs à la prise en compte de la culture et du tourisme dans les projets urbains – travaux pilotés par Hervé Dupont, Bertrand Ousset et Jean-William Souffront.

•Embarquementpourchezsoi:lesnouvellesformesdetourisme, Mathieu Commet et Mattiu Etcheverry, in Poétiquepublique) – 2010.

• L’espacetouristiquedelagrandeville:uneapprocheparlespratiquesetlesmobilitéstouristiques,lecasdeladestinationParis, Laurie Lepan, thèse de doctorat 2013

• NewYorkTimes 26/12/2014 : DippingIntoaFrenchMeltingPot (Farai Chideya). Disponible sur www.ateliergrandparis.fr/tourisme/

• Observer les pratiques touristiques en croisant traces numériques et observation ethnographique : LeprojetderechercheImagitour, Gaël Chareyron, Jérôme da Rugna, Saskia Cousin, Sairi Piñeros, Bérengère Branchet, Maxime Michaud, Espaces316, janvier-février 2014.

• LesMiroirsdutourisme, Saskia Cousin, Descartes et Cie, 2011.

• Sociologiedutourisme,La Découverte, Saskia Cousin avec Bertrand Réau, 2013.

• EncouragerlerapprochemententrevisiteursetFranciliens.PouruntourismeurbainparticipatifenÎle-de-France, Hélène Sallet-Lavorel, article extrait du CahierEspaces n° 78 - Tourisme urbain, juillet 2003. u




L’apport des travaux des équipes du Conseil scientifique de l'Atelier International du Grand Paris aux problématiques du « tourisme métropolitain »


Note rédigée par Robert Spizzichino (membre du Conseil Scientifique de l’AIGP, équipe Les Urbanistes Associés) avec l’appui d’Evelyne Smolarski (architecte-urbaniste), en amont de la journée d’études et à partir des travaux des équipes du Conseil scientifique de l’AIGP couvrant la période 2014-2015.

Atelier International du Grand Paris (AIGP) se veut le lien entre développement territorial, recherches, projets, communication et initiatives des habitants. Il est aussi l’initiateur d’expositions des projets métropolitains et de grands débats publics. Ce faisant, en définissant des thématiques transversales, en proposant des

sujets de débats sur les questions qui interpellent l'évolution de la métropole, et en communicant largement sur ses propositions et ses recherches, l'AIGP a développé une stratégie génératrice d’innovations économiques, sociales, culturelles, et ce, dans plusieurs directions.

Les travaux de l’AIGP 1 n’ont jamais traité de front la question du tourisme au regard du Grand Paris. Ses travaux ont avant tout porté sur des thématiques liées à l’aménagement et au développement d’une aire métropolitaine aux contours volontairement variables selon les sujets traités. Mais ce thème a été souvent implicite dans ses analyses et ses propositions ; il n’a pas vocation à faire l’objet d’une approche sectorielle, dissociée des enjeux de la métropole.

Néanmoins, comme le tourisme pèse dans l’économie, mais prend aussi une place visible, parfois importante l’espace urbain, dans l’aménagement et la mutation des territoires en général, cela justifie qu’on approfondisse la place qu'il occupe et le rôle qu’il peut jouer pour le futur de la métropole (prise au sens large et non institutionnel). Le tourisme pourrait intéresser des dimensions stratégiques du développement métropolitain et ainsi avoir un rôle actif et d’envergure pour la métropole s’il se situait en position active face à des transformations territoriales locales ou métropolitaines.

Dans cette optique, il est apparu intéressant de voir comment les travaux les plus récents des équipes pluridisciplinaires de l’AIGP1 peuvent finalement interroger les problématiques du tourisme à l’échelle métropolitaine, et réciproquement, comment les évolutions à l’œuvre concernant les activités touristiques peuvent avoir un impact sur le développement et l’aménagement des territoires du Grand Paris.

Cette note explicitera de manière très résumée quelques sujets en débats susceptibles de concerner le tourisme et les réflexions des équipes qui de manière directe ou indirecte posent des questions touchant la mise en tourisme de l’aire urbaine métropolitaine. Pour des raisons de lisibilité, elle ne renvoie pas de manière nominative aux travaux des équipes, d’autant qu’ils témoignent de beaucoup de mise en synergie et de transversalité. Il est clair que cette mise en perspective touristique des travaux des équipes du Conseil Scientifique de l’AIGP mériterait un approfondissement substantiel qui n’a pu être exécuté jusqu’ici. Et ce d’autant que ce qui suit est loin d’être exhaustif.

L'

1. On trouvera en Annexe la liste des travaux réalisés par les équipes membres du Conseil Scientifique de l’AIGP jusqu’en 2015. a noter que, dans ce document, nous avons aussi utilisé les apports d’experts non membres du Conseil Scientifique, mais qui ont participé à certains de ses séminaires. Nous avons cité les apports les plus évidents, sans toutefois être exhaustifs. en effet, lors de mises en évidence de convergences transversales, il est délicat de citer tout le monde.

AVANT-PROPOS

L’APPORT DES TRAVAUX DES ÉQUIPES DU CONSEIL SCIENTIFIQUE DE L’AIGP AUX PROBLÉMATIQUES DU « TOURISME MÉTROPOLITAIN »


LeS iNteraCtiONS eNtre LeS ÉVOLUtiONS DU SeCteUr tOUriStiqUe et LeS OrieNtatiONS PrOPOSÉeS eN Matière De D’aMÉNaGeMeNt DU GraND PariS

La métropole parisienne a longtemps présenté comme caractéristique le fait d’offrir au tourisme de masse un ensemble de sites bien circonscrits de renommée internationale et le plus souvent situés dans Paris intra-muros (sauf quelques rares exceptions). Cette situation est en train de changer pour au moins deux raisons :

• De gros efforts ont été consentis, tant par la Ville de Paris et ses arrondissements que par les autres départements et la région pour ouvrir d’autres sites très variés au tourisme et pour le faire savoir. Ces efforts commencent à porter leurs fruits. La RATP et la SNCF ont aussi mieux pris en compte certaines demandes des touristes et des territoires.

• Les attentes des clientèles touristiques évoluent aussi vers un « tourisme à vivre », et d’autres lieux animés, festifs et évènementiels du Grand Paris deviennent attractifs.

Pour autant, on ne peut se satisfaire de certaines formes urbaines actuelles qui parsèment la métropole, pas plus qu’on ne peut se contenter du manque de fluidité et de possibilités de déplacements dans et entre les territoires. En matière d’aménagement, on se retrouve devant au moins quatre problèmes à traiter :

• Satisfaire une demande quantitative prévisionnelle très élevée dans des conditions qui répondent aux attentes qualitatives (et notamment sécuritaires) des touristes

• Continuer à améliorer l’accueil et l’attractivité de sites existants

• Faire du développement touristique un marqueur des performances des territoires

• Restructurer des zones hôtelières situées dans des espaces commerciaux et d’activités ou dans des zones résidentielles mal desservies et peu attractives. En tout état de cause, s’interroger sur la localisation des hébergements touristiques de divers types.

Les travaux des équipes de l’AIGP n’ont jamais porté sur une stratégie d’aménagement touristique du Grand Paris ; mais ils sont porteurs de quelques propositions intéressantes dont la problématique touristique pourrait s’emparer, parmi lesquelles :

u Plusieurs études 2 ont porté sur la proposition d’une nouvelle architecture territoriale de l’aire métropolitaine. Celle-ci fait apparaître au travers de centralités multiformes (pôles-réseaux-territoires, micro-centralités, etc.), ce qui peut permettre à des territoires de se nourrir de nouvelles narrations qui pourront également être le support de développements touristiques.

De manière générale, l’importance du « local métropolitain » a été mise en évidence. Ainsi, de nouveaux attracteurs touristiques peuvent prendre place sur les marchés. Le nouveau métro Grand Paris Express (GPE) peut y contribuer à condition que les quartiers de gare 3 (considérés avec un diamètre étendu) soient

2. Voir notamment les Urbanistes associés/ Devillers et associés, bMCa/ brès Mariolle et chercheurs associés et LiN/ finn Geipel + Giulia Andi. 3. Voir fGP + ter, MVrDV avec aaf et aCS et SeUra

L'APPORT DES TRAVAUX


pensés en prenant en compte les besoins des populations locales et touristiques simultanément. De même, il faut pouvoir à partir des gares travailler sur des parcours et des modes de déplacement mettant en relation des centralités et des quartiers plus éloignés et non pas seulement sur des espaces périmétrés. u Le Grand Paris est un territoire où il est possible de profiter de toutes les

opportunités : de la ville dense et remuante, des lieux de voyage poétiques, de la ruralité dépaysante... La variété de l’offre métropolitaine et les possibilités de voyage concourent au développement du fait métropolitain et de son assimilation par les habitants, mais aussi à son ouverture à un nouveau tourisme métropolitain. Chaque touriste ou chaque habitant de la métropole a déjà pu expérimenter ce sentiment particulier d’un ailleurs tout en restant dans la métropole : à Montmartre, à Versailles, au lac d’Enghien ou sur les bords de Marne...

C’est cette idée de voyage métropolitain qu’il faut développer 4.

Par le recensement, la transformation, la valorisation et la mise en réseau de tous ces lieux magiques, la métropole assumera une identité et une consistance particulières.

u La mise en valeur de lieux phares dans des tissus urbains contrastés 5 y a fait l’objet d’investigations poussées au sein de l’AIGP. Cela peut ouvrir au tourisme de nouvelles destinations qui correspondent à l’évolution des attentes. Ceci rejoint aussi les capacités à bousculer les critères traditionnels de l’attractivité. Les prochains grands attracteurs seront d’autant plus variés qu’ils répondront à des préoccupations actuelles de la transformation des territoires.

u Il pourrait aussi se dessiner une vision d’ensemble du Grand Paris avec la mise en relation des centralités et lieux d’intensité urbaine ou encore des espaces de nature dits chaînes agrégatives et chaînes vertes branchées sur de grandes infrastructures actuelles 6. Plusieurs de ces « chaînes » et leur intérêt pour raffermir l’identité spatiale de la métropole ont été mis en évidence. Ce serait sans doute un atout supplémentaire pour la lisibilité externe du Grand Paris à caractère international et pour son attractivité globale.

u Des équipes ont aussi travaillé sur l’intérêt que pouvaient présenter de

petits projets urbains co-conçus avec les habitants et les entrepreneurs dans les quartiers de taille modeste. Ces aménagements de quartiers sont potentiellement porteurs d’une mise en tourisme de lieux ordinaires 7. Cela répond bien à un courant de l’aménagement touristique métropolitain anglo-saxon, les « urban tourism precincts » .

u De même, autour de la thématique « occuper mieux », des équipes ont établi des orientations directrices pour des projets concernant les transformations possibles d’espaces commerciaux inadaptés et de zones d’activités fonctionnant mal ou peu soutenables 8. Il est possible que des programmes originaux intégrant la dimension tourisme-loisirs puissent contribuer à la réussite de ces transformations.

u Des réflexions sur les formes de logements 9 pouvant répondre à l’évolution des besoins de populations sédentaires ou de visiteurs temporaires ont été menées ; ces réflexions et propositions ont permis de révéler le potentiel de projets architecturaux pensés pour aborder sous des formes concrètes et nouvelles les notions d’hospitalité et d’habitabilité qui cherchent à conjuguer les trajectoires tant familiales qu’individuelles.

4. Voir tVK/acadie/GüllerGüller/bas Smet.5. Voir Atelier Roland Castro, S. Denissof et associés, Silvia Casi, j-P. Le Dantec, berim, Nexity6. Voir agences 2Portzamparc.7. Voir bMCa/ brès Mariolle et chercheurs associés, Studio_013 b.Secchi et Paloa Vigano.8. Voir tVK/ acadie/ Guller Guller/ bas Smet9. Voir Star Strategies + architecture, Monu/ board, elioth-egis Group, Lyn Capital


u L’accent a largement été mis sur la valorisation des fleuves et notamment de la Seine faisant apparaître des projets fédérateurs 10 : un nouveau parc métropolitain lié à l’eau et au sport (Ile Saint-Denis, façade fluviale de communes des Hauts de Seine), une grammaire commune pour l’aménagement des berges métropolitaines, et plus généralement, un travail sur les continuités spatiales et écologiques pour faire émerger les parcs du Grand Paris.

u Enfin, les relations resserrées et facilitées entre l’aire urbaine et son environnement 11 (exemple de l’Axe Seine et des relations avec le Val de Loire, les relations avec les Yvelines, la Seine et Marne, ainsi que de parties de l’Essonne) pensées dans une vision d’aménagement du territoire permettent de développer des pratiques, voire des produits touristiques adaptés : circuits TGV, itinéraires fluviaux, renforcement des usages touristiques des ports de Rouen et du Havre, produits couplés à des séjours à la campagne et en ville, etc.

Cartes des lieux magiques du nord Grand Paris. Équipe Atelier Roland Castro, Sophie Denissof et Associés, Silvia

Casi, Jean-Pierre Le Dantec, Berim, Nexity

Les lignes de la vie métropolitaine, au sud de Paris, selon des hypothèses de premiers grands maillages, partir de l'existant. Les radiales s'installent plus facilement que les transversales. Équipe AIGP 2Portzamparc / Elizabeth et

Christian de Portzamparc

10. Voir agence antoine Grumbach et associés, agence S'PaCe (j-r. Mazaud), Orgeco (S. ronai)11. Voir agence françois Leclercq/Ateliers Lion & associés/ agence Marc Mimram

L’aPPOrt DeS traVaUX DeS ÉqUiPeS DU CONSeiL SCieNtifiqUe De L’ateLier iNterNatiONaL DU GraND PariS


MUtatiONS DeS PratiqUeS tOUriStiqUeS et MUtatiONS DeS MODeS De Vie MÉtrOPOLitaiNS

u Le « tourisme à vivre » qui se développe s’ancre avant tout dans l’urbanité de quartiers vivants. La convivialité du bistrot du coin, la mise en valeur d’un lieu d’animation du quartier, une supérette avec des produits typiques, une boutique artisanale originale, tout cela pour toute une catégorie des touristes est tout aussi important - et complémentaire – qu’un monument historique à visiter. L’intervention des habitants et la mobilisation des commerçants et artisans dans la transformation des quartiers rencontrent les progrès des pratiques touristiques d’échanges et de découvertes, y compris en relation avec les nouveaux hébergements de l’économie du partage 12.

u Le suburbain éloigné ne peut être considéré comme un espace résiduel . Correspondant globalement à la troisième couronne parisienne à dominante rurale, le suburbain éloigné doit encore affirmer son positionnement métropolitain. Ce péri-urbain ne peut être par ailleurs, considéré comme homogène et indifférencié. Il nécessite la reconnaissance d’un polycentrisme d’un type nouveau 13 (« système métropolitain »), d’un système multipolaire d’échelle et de dynamique métropolitaine qui mette en relation les centres urbains de dimension et de rang différents, locaux et régionaux. Il nécessite aussi des modes de déplacement tournés autant vers le cœur de Paris et les grands pôles structurants que vers des attracteurs locaux plus périphériques ; ceci sera d’autant plus aisé que ces territoires péri-urbains ou suburbains seront attractifs pour ceux qui résident au cœur de la métropole et dans les grands centres urbains. Le tourisme peut y aider dans le cas où ces espaces suburbains peuvent constituer une destination touristique. Touristes et résidents peuvent faire masse pour que des seuils critiques soient atteints dans des services, dans l’offre d’un cadre environnemental qualitatifs ainsi que des modes de déplacement souples.

u Le débat « désenclavement ou ville passante » 14 discuté au sein de l’Atelier rejoint des interrogations en cours sur la mise en tourisme d’une aire métropolitaine de niveau mondial : quelle est la bonne stratégie ? Valoriser une offre variée et changeante répartie dans une multiplicité de lieux viades systèmes d’information performants ou bien se concentrer sur un nombre restreint de pôles attracteurs disposant d’une desserte performante ? Bien des arguments ont été déployés dans un sens ou dans un autre ; ils méritent approfondissement, et surtout, il faut mieux prendre en compte la dimension touristique dans le débat général.

u Le GPE (Grand Paris Express) peut changer la représentation et les comportements en matière de mobilités. Cela fait partie des objectifs assumés. Il peut avoir un impact fort sur les mobilités touristiques. Certains préconisent la fin de la guerre des modes de déplacement par des complémentarités plus affirmées entre modes doux, transports collectifs et véhicules individuels et partagés. Les nouvelles gares GPE pourraient y jouer un rôle essentiel. On voit là se dessiner la trame d’un maillage métropolitain multi-usages que d’autres métropoles pourraient nous envier.

u Il est aussi important de signaler la convergence d’observations de caractère sociologique : l’éclatement en groupes affinitaires et en choix très personnalisés du tourisme de masse traditionnel rencontre les phénomènes d’individuation et de recherche de nouvelles actions collectives de la part des métropolitains. Surtout quand les touristes sont aussi des métropolitains.

12. Voir Atelier Roland Castro, S. Denissof et associés, Silvia Casi, j-P. Le Dantec, berim, Nexity13. Voir les Urbanistes associés/ agence Devillers, Grumbach et associés, agence S'PaCe (j-r. Mazaud), Orgeco (S. ronai), agence 2Portzamparc, agence françois Leclercq/ateliers Lion & associés/ agence Marc Mimram.14. Voir tVK/ acadie/Gûller Güller/ bas Smet


L’Axe Seine, de Paris au Havre. Équipe AIGP Agence Antoine Grumbach et associés, Jean-Robert Mazaud, Simon Ronai

Proposition de transformation. Carte: la Défense sur Seine. Ici, le pont de Neuilly, l’accroche retrouvée à la dalle et une offre de loisirs pour accroître la capacité de la Défense à constituer un lieu de destination 7 jours sur 7.

Équipe AIGP Agence François Leclercq, Ateliers Lion & Associés/Agence Marc Mimram

Proposition de transformation, la Défense sur Seine. Le paysage du fleuve parfaitement ignoré par le quartier d’affaires est surinvesti par l’infrastructure. La redécouverte de la Seine pourrait devenir à terme son premier lieu de destination.

Équipe AIGP Agence François Leclercq, Ateliers Lion & Associés/Agence Marc Mimram



15. Voir Studio 013/b.Secchi et P.Vigano, tVK/ acadie/Gûller Güller/bas Smet et Le Séminaire aiGP Migrations et solidarités. 16.Voir DPA (Dominique Perrault, architecte urbaniste + Une fabrique de la ville)17. Voir les travaux de Raphaëlle Bidault-Waddington, créatrice de laboratoires de recherches artistiques.

UNe MÉtrOPOLe qUi Se CONStrUit UNe iDeNtitÉ : COMMeNt Le tOUriSMe PeUt y CONtribUer ?

Lors des débats qui ont accompagné les discussions sur les textes législatifs relatifs à la création institutionnelle d’une Métropole du Grand Paris, la question de l’existence ou non d’une identité métropolitaine et de ce qu’elle recouvrait est devenue récurrente.

Ce thème est d’ailleurs très souvent revenu dans les divers travaux des équipes pluridisciplinaires. Il a pris diverses formes auxquelles le développement touristique peut apporter une contribution forte :

u Reconnaître une identité métropolitaine suppose le renforcement du « vivre ensemble » et de la cohésion sociale. Bien des politiques publiques peuvent y contribuer, mais également celles touchant le développement touristique ; en effet, lorsqu’on se réunit pour accueillir l’autre, l’étranger, le visiteur, cela participe au rapprochement des groupes sociaux et des communautés.

On note aussi que, de plus en plus, dans les grands évènements sportifs, culturels ou commerciaux, un esprit de résistance au consumérisme et une certaine affirmation du cosmopolitisme ont tendance à s’affirmer. Cela peut faciliter le vivre ensemble ; mais comment faire pour que cela ne s’opère pas au détriment de la construction d’une identité ? Cela nécessite de la part des acteurs concernés une recherche fine de spécificités à valoriser et de signes de reconnaissance pas toujours commodes à identifier.

u Le concept de « métropole hospitalière » 15 également approfondi au sein de l’Atelier dépasse largement les champs relatifs à l’accueil des touristes et des visiteurs. Elle couvre aussi les questions d’asile et de citoyenneté et les réponses aux besoins de sécurité, ainsi que la prise en compte de personnes en difficulté dans les usages de la ville ; l’accessibilité au plus grand nombre des services et des usages de l’espace public fait partie des réponses apportées. Mais une politique visant à construire une métropole hospitalière constitue un plus considérable pour les touristes. On l’a bien vu récemment lors d’échanges consacrés à la sécurité des espaces touristiques : le constat était fait d’une totale symbiose entre les actions en faveur des résidents et celles consacrées aux touristes.

u D’autre part, l’importance des lieux de transition pour toutes les populations nomades qui caractérisent de plus en plus le développement métropolitain ; cela exige de nouvelles structures tant pour l’habitat que pour les espaces publics et les services. C’est ainsi par exemple qu’au sein de l’Atelier, on a tout aussi bien conçu la programmation d’un équipement adapté (« l’hôtel Métropole » 16) que travaillé sur une conception très évolutive et très souple du logement adapté à l’économie du partage.

u Lors des séminaires organisés par l’AIGP, l’importance de la constellation culturelle créatrice 17 qui est en support de la métropole a été soulignée ; des lieux et des événements variés dans leur taille, dans leur objet et dans leurs publics existent en grand nombre ; certains jouent un rôle majeur au sein d’un territoire restreint ; d’autres touchent des publics plus larges et même un petit nombre commencent à exister sur des circuits touristiques. L’art urbain fait partie intégrante de cette constellation et des villes, çà et là, commencent à avoir une certaine réputation en la matière. Il est clair que cette constellation métropolitaine remarquable est un élément fort de son identité, et qu’elle est amenée, de plus en plus, à jouer un rôle éminent en matière d’attractivité touristique.


u Enfin, lors des nombreux débats touchant la construction métropolitaine, ont émergé des ateliers participatifs de divers types qui ont souvent mobilisé des structures locales associatives. De ces processus pourraient sans doute émerger des organismes de médiation nécessaires aux nouveaux types de tourisme : accueil par les habitants (greeters), valorisation des histoires locales, activation de réseaux sociaux affinitaires… Le développement de ces médiations est indispensable pour éviter une situation connue dans plusieurs métropoles mondiales, à savoir le rejet par la population des touristes perçus comme gênants, voire dangereux (et pas seulement dans les quartiers hyper-touristiques).

Avant/ Après "Fort Gonesse". Équipe Atelier Roland Castro, Sophie Denissof et Associés, Silvia Casi, Jean-Pierre Le Dantec, Berim, Nexity

Schéma du pôle intense de Sevran et mise en évidence de micro-centralités.

Équipe AIGP LIN/Finn Geipel + Giulia Andi

Mise en évidence de micro-centralités du Grand Paris. Équipe AIGP LIN/Finn Geipel + Giulia Andi



Zoom sur les trois économies.

Équipe AIGP TVK/ Acadie / Güller Güller

/ Bas Smet

Économie

métropolitaine ordinaire

Économie présentielle

Économie d'excellence

à rayonnement mondial

La PLaCe DU tOUriSMe DaNS La NOUVeLLe ÉCONOMie MÉtrOPOLitaiNe : VerS DeS ÉCONOMieS DiffÉreNCiÉeS

L’économie robuste 18 jugée souhaitable pour la métropole décrite par les équipes de l’AIGP s’appuie sur trois piliers :

L’un d’eux est bien l’économie présentielle qui inclut notamment le tourisme et les consommations de passage. Cette économie est dynamique en Ile-de- France 19 et elle possède d’importantes marges de progression bénéfiques pour l’emploi. Dans ce secteur, il faut noter la part croissante de l’économie sociale et solidaire et de l’économie du partage. Dans le cadre de l’économie d’excellence, on n’aurait garde d’oublier le secteur financier et l’importance des ingénieries financières sophistiquées, que ce soit pour l’industrie ou pour les services-dont le tourisme fait partie.

D’autre part, les labos d’excellence internationaux publics et privés, qui tiennent une place essentielle dans une capitale mondiale comme Paris, génèrent de nouvelles formes de tourisme d’affaires 20. En effet, il a été montré que la montée de l’économie digitale ne réduit pas la nécessité des contacts effectifs personnalisés ; elle en transforme la nature : moins d’organisations formelles longuement préparées, davantage de rencontres en petit groupe plus ou moins improvisées. Il faut donc que le tourisme d’affaires s’adapte à ces évolutions. De même, il faut noter la montée de la catégorie des travailleurs mobiles nationaux et internationaux qui ne sont ni touristes, ni vraiment résidents permanents ; la métropole hospitalière doit aussi répondre aux besoins des résidents temporaires.

L’Atelier s’est également appuyé sur des travaux de Nadine Cattan pour le CGET (DATAR) concernant la dimension multi-scalaire de l’économie métropolitaine et les systèmes territoriaux d’interface pour réfléchir à la fois sur une architecture de la gouvernance métropolitaine et sur des repères structurants pour l’aménagement du territoire. Trois catégories de portes d’entrée territoriales ont été distinguées : les infrastructures comme les gares, les ports et les aéroports ; les portes territoires, comme les places financières et les quartiers sas des migrations internationales, et les individus mondialisés eux-mêmes portes de la révolution numérique. Cette distinction peut également éclairer des évolutions à organiser dans la gestion des flux touristiques.

Bien des interrogations se font jour à propos de la « Ville intelligente », ou de la « Smart City » ; deux scénarios s’opposent : ce peut être soit la ville toujours plus marchande et inhospitalière, soit la ville coproduite maximisant les échanges et l’universalité. En tout cas, cela représente pour le tourisme un enjeu majeur : ira-t-on vers plus de services payants et une forme de ségrégation touristique en fonction des équipements et des niveaux de revenus ou vers des coopérations public-social-privé pour améliorer la convivialité et produire des systèmes d’information permettant au plus grand nombre d’accéder aux équipements et aux services des territoires?

18. Voir tVK/ acadie/Gûller Güller/bas Smet.et le SéminaireaiGP Nouvelle économie.19. On trouvera dans le dossier numérique une étude réalisée par un expert J.-F. Ruault : « La consommation de passage : une autre figure de l’attractivité et du développement des territoires » ; elle met en évidence l’importance de son poids pour certains territoires.20. Voir le Séminaire AIGP « Métropole mondiale ».


"L’hôtel Métropole". Équipe DPA (Dominique Perrault Architecture + Une Fabrique de la Ville)

"Les bassins de vie". Équipe AIGP, Les Urbanistes Associés, Devillers et Associés.



DeS DÉfiS GLObaUX à affrONter L’aménagement et le développement urbains, en particulier lorsqu’ils concernent des aires métropolitaines de niveau mondial, se trouvent devant bien des défis à affronter. C’est évidemment également valable lorsque cela concerne une activité spécifique comme le tourisme au XXIe siècle, même s’il peut y avoir des déclinaisons propres :

D’abord, la transition écologique 21 : les bâtiments et les superstructures doivent respecter les mêmes normes que le logement, ce qui implique un gros effort de rénovation, auquel peu d’aides publiques sont attribuées. Mais, au-delà, c’est parfois tout un fonctionnement qui doit être repensé : certains modes de déplacement doivent être adaptés (notamment pour les autocars de tourisme) ; de même pour des attracteurs très consommateurs d’énergie dans des parcs de loisirs ; on doit aussi s’interroger sur ce que pourrait être un éco-tourisme urbain, cette notion étant jusqu’ici le plus souvent appliquée à un tourisme dans les milieux naturels. Pour gérer cette transition écologique dans ce secteur économique, une coopération entre les acteurs privés et publics au niveau local est indispensable.

L’AIGP s’est aussi beaucoup interrogé sur la notion de « résilience » 22 appliquée au Grand Paris. Des recherches soulignent l’importance des réseaux (énergie, eau, transports, déchets, télécommunications…) et les conséquences de leurs interdépendances en termes de vulnérabilité des territoires. Il s’agit donc à tout le moins d’anticiper sur les conséquences qu’auraient, à l’échelle métropolitaine, une crise majeure et une défaillance des réseaux qui maillent les territoires. Tous les secteurs économiques sont concernés, et, en cas de crise majeure, celui du tourisme très fortement, sans doute au-delà de la durée de la crise. Mais les réflexions de l’AIGP se sont étendues au moins dans deux autres directions :

• C’est bien l’ensemble des crises qu’il s’agit de prendre en compte : crise sécuritaire (on vient de le vivre cruellement), crise migratoire-au-delà des mouvements prévisibles-, crise climatique (par exemple épisode caniculaire), etc.

• La « résilience » ne peut être la simple anticipation des réponses à organiser face à des risques prévisibles ; elle doit aussi porter sur les changements de modèles de développement à apporter pour diminuer ou supprimer ces risques.

Les réductions des inégalités spatiales et sociales 23 : elles touchent tout aussi bien le « droit à la ville » que le « droit aux vacances et aux loisirs ». Quel sens peut avoir l’accueil touristique pour ceux qui ne peuvent pas prendre de vacances ? La France a été considérée comme un modèle par beaucoup de pays en matière de tourisme social, pour les jeunes et les familles. Le Grand Paris se doit d’être tout aussi à la pointe en la matière, et, sur ce point, beaucoup reste à faire. Ceci est d’autant plus important qu’en même temps, le tourisme remet en cause un certain nombre de ses fondamentaux et s’oriente vers de nouvelles préoccupations plus démocratiques, solidaires et responsables.

Que ce soit pour ses habitants ou pour les touristes, le système métropolitain se caractérisera de plus en plus par un foisonnement des offres, en matière de services, de loisirs, d’événements, d’opportunités diverses. Cela nécessite des systèmes d’information et d’accès très élaborés pour ne pas créer de fractures sociales supplémentaires. Ils reposeront vraisemblablement sur une base commune avant de se diversifier selon les usages et les usagers.

21. Voir le Séminaire aiGP « La conférence climat 2015 et le Grand Paris feront-ils bon ménage ? » 22. Voir le Séminaire AIGP« Risques et résilience ».23. Voir la Question vive AIGP : "Existe-t-il un modèle européen de la Métropole ? Comment le local équilibre-t-il la mondialisation ?"


L’offre culturelle du Grand Paris : les bouquinistes des berges de la Seine à la Cité des 4000 à La Courneuve (93). Collage de l'équipe AIGP STAR Strategies + Architecture, Monu/ Board, Elioth-Egis Group, Lyn Capital

Catalogue de stratégies de résilience face aux risques de crues, à la pollution et au réchauffement. Équipe AIGP MVRDV avec AAF et ACS



eN GUiSe De CONCLUSiON

Les handicaps et les difficultés de la métropole existante ne s’arrêtent pas aux constats, analyses scientifiques et techniques cloisonnées. Les propositions de l’AIGP, en terme de méthodes, projets, et de posture donnent lieu à une mise en perspective d’une aire métropolitaine élargie et des territoires qui la composent, sous forme de propositions ou énoncés de projets et d’actions territoriales appréhendés simultanément à plusieurs niveaux : à grande échelle comme à l’échelle des territoires et des lieux de proximités, au niveau global mondial comme au niveau local. Le tourisme a tout à gagner à un tel changement de perspective et de posture. En ce sens il y a rencontre entre un changement de paradigme touchant le tourisme urbain dans les grandes métropoles et une nouvelle approche de la construction métropolitaine.

L’AIGP milite en faveur de la construction d’un imaginaire collectif métropolitain ; l’hospitalité et l’accueil touristique doivent y prendre toute leur place ; le tourisme peut et doit devenir une des vitrines des enjeux métropolitains (la métropole vue d’ailleurs, attractive et innovante sur des questions de métropolisation) et il doit contribuer à créer des liens forts et des échanges d’expériences et de visions entre le monde et le local. Mais cela ne se fait pas tout seul ; cela se construit.

Ce qui se fait à l’AIGP et ce qui peut s’engager à propos de la mise en tourisme des territoires, c’est avant tout une libération des énergies tant locales que métropolitaines ou internationales et la volonté de bien prendre en compte les changements sociétaux en cours.

Le Conseil scientifique de l’AIGP en séance plénière


En 2013-2014, les 14 équipes de l’AIGP ont eu à traiter deux thèmes d’études : « Habiter le Grand Paris » et « les systèmes métropolitains ». Ces études ont fait l’objet de 2 ouvrages ; les articles rédigés à partir des études réalisées par les équipes figurent ci-dessous :

OUVraGe aiGP : « habiter Le GraND PariS » artiCLeS et reStitUtiONS D’ÉtUDeS

• Atelier Roland Castro, Sophie Denissof et Associés, Silvia Casi, Jean-Pierre Le Dantec, Berim, Nexity / Embellir,remodeler,développerlespotentielsurbainsdesterritoires

• Les Urbanistes Associés, Devillers et associés /Pôles-Réseaux-Territoires.AménagerleGrandParisàpartirdesesbassinsdevie

• FPG + TER/ Philippe Gazeau, architecte / Habitat,mobilité,paysage.Lesnouveaux«paysagesconstruits»duGrandParis

• Agence Antoine Grumbach et associés, Agence S'PACE (J-R. Mazaud), Orgeco (S. Ronai) / Àlarecherchedel’ADNduGrandParis.Habitersedeplacer@grandparis

• Agence François Leclercq, Ateliers Lion & Associés/Agence Marc Mimram / HabiterleGrandParisdulointain.Repenserl’habitabilitédesterritoiresàtraversl’évolutiondesréseaux

• LIN / Finn Geipel + Giulia Andi / Habiterlavillelégère

• BCMA/ Brès + Mariolle et chercheurs associés /LeGrandParisdesdensitésdispersées

• MVRDV avec AAF et ACS /GrandParispluspetitetplusintense

• DPA (Dominique Perrault, architecte urbaniste + Une fabrique de la ville) /Ledispositif«HôtelMétropole»

• Agence 2Portzamparc/ Elizabeth et Christian de Portzamparc / Habiterlamétropole(Habitatd’urgence,urgenced’habiter/Lesconditionsdel’habiter)

• Rogers Stirk Harbour + Partner /Dixprincipesstratégiques.Uneréponsedurableàlacrisemétropolitainedulogement

• STUDIO_13 Bernardo Secchi et Paola Viganò / L’habitabilitédesterritoires.Cyclesdevie,continuitéurbaine,métropolehorizontale

• SEURA Architectes (D. Mangin, F. Bougnoux, J-M. Fritz, E. Roncen et M-H. Simonpoli) /Lelogement,une«bombeàretardement»

• STAR Strategies + Architecture, Monu/ Board, Elioth-Egis Group, Lyn Capital /Co-résidence™:habiterengrand.Oucommentpayerpourune2CVetremporteruneco-RollsRoyce

• TVK Trévelo et Viger-Kohler/ Acadie / Güller Güller / Bas Smets /Transitions.Habiterlesintermédiaires

ANNEXES



OUVraGe aiGP : « SyStèMeS MÉtrOPOLitaiNS DU GraND PariS » artiCLeS et reStitUtiONS D’ÉtUDeS

• atelier roland Castro, Sophie Denissof et associés, Silvia Casi, jean-Pierre Le Dantec, berim, Nexity /GouvernerleGrandParis

• Les Urbanistes associés, Devillers et associés / LesBassinsdevieduGrandParis

• fPG + ter/ Philippe Gazeau, architecte /AtlasdespaysagescroisésduGrandParis

• agence antoine Grumbach et associés, agence S'PaCe (j-r. Mazaud), Orgeco (S. ronai) / Lesformesdelamétropole.Uninachèvementperpétuel

• agence françois Leclercq, ateliers Lion & associés/agence Marc Mimram /VersuneuniversitélibreduGrandParis/Commentrendrepossiblelechangement?QuelleméthodologiepourimpulserunedynamiqueimmédiatedanstouslesterritoiresduGrandParis?

• LiN, finn Geipel + Giulia andi /Microcentralitésdanslavillelégère:l’inventiondenouveauxmodèlesd’activationpourlestissuspeudensesettrèsmonofonctionnelsdelamétropole

• bCMa/ brès + Mariolle et chercheurs associés / LeGrandParisdesdensitésdispersées/Systèmesmétropolitains/Métropoleenrelations

• MVrDV avec aaf et aCS /StratégiededéveloppementdesquartiersdegareduGPE

• DPa (Dominique Perrault, architecte urbaniste + Une fabrique de la ville) / Enattendantlamétropole.DessinerleGrandParis

• agence 2Portzamparc/ elizabeth et Christian de Portzamparc / identité d’une région métropolitaine/Lamétropolecommesystèmes:systèmedesréseauxdesfonctionssupports;réseauhabitat-travail

• rogers Stirk harbour + Partner / Lesréseauxinvisiblesetleursimpactstangiblessurlamétropole

• StUDiO_13 bernardo Secchi et Paola Viganò / Espacesetprojetsstratégiques

• SeUra architectes (D. Mangin, f. bougnoux, j-M. fritz, e. roncen et M-h. Simonpoli) / Lesrendez-vousdelamégapole_Saison2

• Star Strategies + architecture, Monu/ board, elioth-egis Group, Lyn Capital / ConstruisonsleGrandParisEnsembleoul’histoiredeCommentParisestdevenuGrand

• tVK trévelo et Viger-Kohler/ acadie / Güller Güller / bas Smets / Systèmeouvert,lesnouveauxmondesduGrandParis


LeS PriNCiPaUX thèMeS DeS traVaUX 2014-2015

1. Métropole mondiale / Ancrage global-local

2. Migrations et solidarités

3. Qualité et innovations architecturales et urbaines

4. Mobilité et habitat / habiter se déplacer

5. Gouvernance, formes démocratiques et outils

6. Risques et résilience

7. Nouvelle économie / La robustesse de l'économie

Ces thèmes ont fait l’objet à la fois d’investigations générales via des séminaires internes et publics animés par différentes équipes et auxquels participaient des experts invités, mais aussi de travaux de terrains effectués sur des territoires démonstrateurs.

Les productions ont été de deux natures : par chaque équipe sur ses travaux propres, et par l’ensemble des équipes après un travail collectif, par exemple, « 12 clés pour inventer le projet métropolitain du Grand Paris ».L’AIGP a eu aussi à traiter des missions particulières qui lui ont été confiées par des membres de son CA : réflexion sur l’intérêt métropolitain pour la Mission de préfiguration de la métropole, échanges avec la Société du Grand Paris à propos des espaces publics autour des gares, etc.

Enfin en décembre 2015, l’AIGP s’est vu confier par l’organisation d’une exposition sur la métropole et le climat à l’occasion de la COP 21. Cette grande manifestation citoyenne, culturelle et multi-sites intitulée Le rendez-vous du Grand Paris et du Climat s'est incrit autour de 4 objectifs pour le Grand Paris de demain :

• Occuper mieux l’espace pour s’adapter à l’évolution des modes de vie et freiner l’étalement urbain ;

• Produire autrement, à toutes les échelles, pour tenir compte du nouveau mix économique ;

• Vivre bien partout, à la recherche d’un équilibre entre tous les territoires ;

• Relier les territoires mais aussi leurs synergies et leurs singularités.

Elle s’est efforcée de mettre en valeur la proximité et l’appropriation citoyenne au cœur de la démarche de l’AIGP, indispensable à la « fabrique » de la Métropole du Grand Paris.

aCCèS aUX reSSOUrCeS :

• L'ensemble des travaux de l’AIGP sont accessibles librement sur son site : www.ateliergrandparis.fr

• Le numéro HS de la revue Urbanisme Grand Paris #climat, démonstrations territoriales décrit une large partie des travaux les plus récents des équipes du Conseil Scientifique de l’AIGP.

• Autres documents disponibles en ligne sur le Grand Paris :• L’APUR : www.apur.org• L’IAU Ile-de-France : www.iau-idf.fr u




Tourisme et Grand Paris : quelles stratégies de développement et d'aménagement?


TOURISME ET GRAND PARIS : QUELLES STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT ET D’AMÉNAGEMENT ?

Note de travail à partir des interventions et des débats exposés lors de la journée d’étude sur « la Mise en tourisme des territoires de Grand Paris : enjeux et perspectives », le 21 janvier 2016.

Par R. Spizzichino,Membre du conseil scientifique de l’AIGP, équipe Les Urbanistes Associés

e21janvier2016,l’AtelierInternationalduGrandParis(AIGP)etl’UnionAtrium(FédérationdesassociationsdespersonnelsdelaCaissedesDépôtsetConsignations),aveclesoutiendelaCaissedesDépôts(CDC)organisaientunejournéed’étudesurlamiseentourismedesterritoires

duGrandParis.Cettejournée,quiavu26intervenantsdébattreavecunanimateur,entreeuxetavecprèsde200participants,faitl’objetd’undossiercompletprésentéparailleurs.Cettenote,quiseveutunebasedetravailpourlasuite,senourritdel’ensembleducontenudecesinterventionsetdecesdébats.Elleesttoutefoisdelaseuleresponsabilitédesonauteur,mêmesiparfois,desempruntsontétéfaitsdanscettenoteauxinterventionsoralesouécrites.Maistouteslesinterventionsn’ontpuêtrecitéesoucomplétementutilisées,dufaitdelarichessedespropos.

Lajournéed’étudesaprisplacedansuntempsdoublementsingulier:

u LetempsdelamiseenplacedesnouvellesinstitutionsissuesdelaRéformeTerritorialeetenparticuliercelledelaMétropoleduGrandParis(MGP).Et,au-delà,deceluidel’installationdansdenombreuxespritsdel’existenced’unterritoireélargi,grâceaunouveauréseauenconstruction-leGrandParisExpress-maisaussiavecl'implicationd'uncertainaggiornamentopourdenombreuxconceptsd’aménagementduterritoire.

u Letempsdefortesturbulencessurdegrandesdestinationstouristiques,dontcelledeParis,quicoexistentpourtantavecdesprojetstrèsambitieuxdedéveloppement,notammentàl’occasiond’événementsmondiauxcommelesJeuxOlympiques(JO)2024oul’ExpositionUniverselle2025.

Ilfautnoterque,danscequisuit,aucunpérimètreinstitutionnelneserapriorisé;leGrandParistouristiquepourraenglobertoutaussibiendesterritoiresdeladeuxièmecouronnequeleBassinParisien;c’estlepointdevuedelapratiquetouristiqueeffectivequiprendlepassurleslimitesadministratives.Cettepratiquetouristiqueestleplussouventmulti-scalaire,dupointdevuedesterritoires;ellepeutconcernertoutàlafoisleParistouristiquetraditionnel,denouveauxespacesattractifs,ainsiquedescircuitstrèsdivers.

Enfin,précisonsquecettenoteseveutouvertequantàsesconclusions:elleviseavanttoutàindiquerdesorientationsstratégiques,parfoismêmecontradictoires,plutôtquedesrecommandationsd’actionsdontcertainesseraientlargementprématurées.

L

AVANT-PROPOS


POUr Le GraND PariS COMMe POUr PariS, ON Ne SaUrait NÉGLiGer Le « SOCLe DeS fONDaMeNtaUX »

u Rappel de quelques données statistiques à considérer avec prudence.

u Comment peut-on qualifier de manière synthétique le « socle des fondamentaux » en ce qui concerne l’évolution du tourisme dans le Grand Paris ?

tOUriSMe et MÉtrOPOLe : ZOOM SUr qUeLqUeS eNjeUX MajeUrS à PreNDre eN COMPte

u Les mutations en cours de la demande sont plus ou moins bien cernées ; le « tourisme de proximité » se développe

u Certaines clientèles semblent mal traitées

u La mobilité touristique au sein de l’aire métropolitaine est encore mal cernée

u Les hébergements changent de nature

u Dans l’économie 2.0, bientôt 3.0, le tourisme d’affaires prend de nouveaux visages

u Les nouveaux attracteurs dans une métropole mondiale telle que le Grand Paris : ville intelligente et « tourisme intelligent »

u De nouveaux modèles économiques sont en train d’émerger dans ce secteur

Le GraND PariS DU tOUriSMe eXiSte DÉja, MaiS eNCOre eN MODe MINEUR

u De très nombreuses initiatives lancées débordant du Paris touristique usuel

u Le Grand Paris dispose d’énormes potentialités pour l’élargissement de son offre touristique en direction de clientèles variées

Bien évidemment, les efforts accomplis sont dispersés et ont beaucoup de mal à se faire connaître. Les initiatives prises ne trouvent pas toujours leurs publics. L’industrie touristique internationale éprouve bien des difficultés à tirer parti des potentiels révélés.

LeS DyNaMiqUeS D’aCteUrS a L’ŒUVre eN VUe De La DÉfiNitiON D’UNe StratÉGie POUr Le tOUriSMe aU NiVeaU DU GraND PariS a. – Les institutions territoriales

b. – Le secteur privé (dans lequel on inclura l’économie sociale et solidaire)

c. – Le secteur financier

d. – Et tous les autres

SOMMAIRE


COMMeNt Se POSe Le DÉbat StratÉGiqUe POUr Le GraND PariS tOUriStiqUe ?

u Une stratégie forcément multidimensionnelle et multi-acteurs

u Qu’est-ce qu’une stratégie touristique pour une aire métropolitaine de niveau mondial ?

u Polarité ou gestion de la diversité

u Paris et Grand Paris

u La construction d’une identité

u Qui pour porter la stratégie ?

trOiS GraNDS ChaNtierS eMbLÉMatiqUeS CONCerNaNt La MiSe eN tOUriSMe DeS territOireS DU GraND PariS

A. – Les orientations d’aménagement

B. – La construction d’une destination

C. – Les démarches de différenciation et la gestion de la profusion

L’aPPOrt DU tOUriSMe a L’ÉLabOratiON D’UN PrOjet et D’UN RÉCIT MÉTROPOLITAIN

u L’apport à l’aménagement du territoire

u L’enrichissement des concepts de métropole attractive et de métropole hospitalière

u Le tourisme comme pratique culturelle : l’appui à la construction d’un récit et d’une identité

et MaiNteNaNt, qUe faire ?


POUr Le GraND PariS COMMe POUr PariS, ON Ne SaUrait NÉGLiGer Le « SOCLe DeS fONDaMeNtaUX »

Rappel de quelques données statistiques à considérer avec prudence.

Tous les spécialistes évoquent la très grande relativité des données statistiques relatives au tourisme, et ce, quelle que soit la qualité de la collecte ; surtout lorsqu’il s’agit d’appréhender la demande (profils, motivations...) dans un champ qui demeure extrêmement mouvant, avec des hébergements chez l’habitant ou dans sa famille, des motifs complexes de déplacement, etc.Malgré tout, quelques repères :

Pour l’Ile-de-France (Comité régional du Tourisme-CRT- Ile de France/données 2014),

> 45, 9 millions de nuitées dans l’hôtellerie, mais l’hébergement marchand hôtelier ne représente que 63 % des nuitées, contre 9 % dans le reste du marchand et 28 % dans le non-marchand ; nul doute que les centrales d’hébergement chez l’habitant vont bousculer ces chiffres.

> Le Grand Paris institutionnel représente 70 % des nuitées de l’Ile-de-France, parmi lesquelles 48,4 % à Paris intra-muros.

> Les clientèles sont à 58 % nationales ; dans les clientèles internationales, ce sont largement les européens qui dominent, en particulier les européens proches (79 % de français et d’européens) ; là encore la croissance des migrations internationales va rendre ces données très relatives.

> Les motifs de déplacements touristiques : 62 % personnels, mais pas forcément de loisirs, 25 % professionnels, et 13 % mixtes.

> Les activités pratiquées : 77 % visites de monuments, évidemment les plus célèbres, 63 % déambulations et découvertes, 40 % shopping. Les motifs « parcs et jardins » ou « gastronomie » sont également loin d’être négligeables (autour de 20 %). Les chiffres enregistrés dans Paris intra-muros sont légèrement différents.

> Le pourcentage de « repeaters » (ceux qui reviennent dans la destination) est de l’ordre de 70 %, mais on ne distingue pas entre retour choisi et retour contraint.

> Remarquons aussi l’absence de données fiables sur les visites sans séjour, qu’elles soient touristiques ou de loisirs ou autres.

> Poids économique : 454 € de budget moyen par séjour et par personne, 20, 8 milliards d’euros de recettes, 84 000 entreprises et 516 000 emplois directs ; ce secteur pèse près de 9 % de l’économie francilienne et possède l’avantage d’attirer des investissements, de créer des emplois et des entreprises.

TOURISME ET GRAND PARIS

tOUriSMe et GraND PariS : qUeLLeS StratÉGieS De DÉVeLOPPeMeNt et D’aMÉNaGeMeNt ?


Pour Paris (Office du Tourisme et des Congrès de Paris-OTCP-2014, Observatoire économique du tourisme parisien)

> Dans le Grand Paris (Paris et sa petite couronne), le nombre total de touristes est estimé en 2013 à 46,8 millions de touristes, dont 16,6 millions d’étrangers (35 %)

> Nombre de nuitées d’affaires 2013 : 21,2 millions (– 8 % par rapport à 2012) ; nouvelle baisse constatée en 2014 ; les données 2015 tiendront compte des événements terroristes.

> Les arrivées hôtelières dans le Grand Paris ont progressé de 11,7 % entre 2003 et 2014 pour atteindre 22,4 millions d’arrivées. La clientèle étrangère enregistre la plus forte augmentation (11,6 millions d’arrivées en 2014, soit une progression de 14,2 % par rapport à 2003). Les arrivées françaises ont progressé de 9,2 % au cours de la même période. Mais entre 2003 et 2014, on a constaté une augmentation des arrivées hôtelières dans le Grand Paris de 11, 4%, ce qui représente une performance relativement modeste par rapport à l’augmentation des capacités, avec une certaine stagnation des clientèles européennes.

Malgré les efforts tant de l’INSEE que des organismes comme l’OTCP et le CRT, on a beaucoup de mal à dresser un tableau signifiant du tourisme dans le Grand Paris et de ses évolutions, surtout du point de vue de la demande. L’élaboration d’une politique concertée nécessitera certainement de nouveaux efforts. Dans la suite de la note, on se basera donc beaucoup sur du « dire d’expert » à partir des interventions de la journée et on y ajoutera des observations qualitatives, ce qui permettra de mieux apprécier les phénomènes en cours.

Carte de l’hébergement

hôtelier dans quatre départements d’Ile-de-France (il comprend la résidence de tourisme,

l’hébergement de plein air, le gîte, la chambre d’hôtes,

l’auberge de jeunesse et la location de

meublé touristique). Extrait de la

présentation de Dominique Alba,

Directrice de l’Apur, « Les enjeux

stratégiques de l’aménagement

touristique à l’échelle de la Métropole ». (Source : Mission de préfiguration

Métropole du Grand Paris – tourisme

20/10/15).


Comment peut-on qualifier de manière synthétique le « socle des fondamentaux » en ce qui concerne l’évolution du tourisme dans le Grand Paris ?

a) L’attractivité de la destination est globale : à côté des atouts patrimoniaux et culturels connus, il existe une gamme d’équipements (avec un niveau de standards mondiaux)de tous types, notamment en matière de tourisme d’affaires ; mais aussi, le poids économique de la Région, la qualité des services publics, la gastronomie, les paysages urbains, l’ambiance, les commerces, la mode, l’architecture, les grands évènements, les universités, l’histoire cinématographique, les infrastructures numériques… tout cela forme un ensemble complexe et indissociable. On ne peut pas envisager une démarche d’attractivité touristique sans concevoir une démarche d’attractivité globale s’appuyant sur un système d’acteurs mobilisés.

b) De plus en plus, la variété des attentes des clientèles exige des traitements différenciés, voire personnalisés. Pour une large part, ces clientèles sont urbaines et même métropolitaines ; elles disposent de solides repères en matière d’usages de la ville. Les enquêtes de satisfaction mettent en évidence que la qualité de l’accueil n’est pas aussi mauvaise qu'on le dit souvent, même s’il y a toujours des progrès à opérer, par exemple dans les aéroports et les gares. On attend de nous l’excellence. De même, les insuffisances des liaisons entre les aéroports et la capitale sont souvent dénoncées.

c) Un des principaux points faibles de la destination est une durée de séjour plus ténue que dans d’autres grandes villes touristiques, ainsi qu’une dépense plus faible, les deux effets se combinant. Ceci est dû notamment à l’importance des clientèles françaises qui font de courts séjours à Paris pour des raisons diverses, et au fait que Paris est pour les étrangers une porte d’entrée pour des voyages européens.

d) Les prévisions de fréquentation (voir analyses CRT) laissent à penser qu’il y aura entre 5 et 10 millions de touristes supplémentaires qui viendront en Ile-de-France d’ici 2020 (fourchette bien large !). Or, du fait de la concentration des visites sur les grands monuments classiques du Paris touristique, il se produit de plus en plus de phénomènes sérieux de saturation de plus en plus difficiles à gérer, et ce d’autant plus que les contraintes liées à la sécurité vont peser plus lourd. La prolongation des tendances actuelles n’est pas soutenable.

e) La promotion de la destination reste centrée de fait sur Paris intra-muros. Il n’existe pas d’organisme ayant pour le Grand Paris les mêmes fonctions que celles de l’OTCP, et aucune politique d’image et de marketing territorial n’existe encore pour le Grand Paris et ce, à un moment où la concurrence internationale s’accroît et s’améliore, dans un contexte de mondialisation accrue, tant sur le tourisme d’affaires que sur le tourisme d’agrément : Berlin, Amsterdam, Barcelone, Lisbonne, Prague, sans parler de Dubaï et de Singapour.



tOUriSMe et MÉtrOPOLe : ZOOM SUr qUeLqUeS eNjeUX MajeUrS à PreNDre eN COMPte

Les mutations en cours de la demande, avec trois niveaux concernés, sont plus ou moins bien cernées :

v Les pratiques, elles, changent peu : marcher, visiter, faire du shopping, aller au bistrot, etc.

v Les comportements évoluent : Paris n’est plus seulement le voyage préparé d’une vie. On constate que de nouvelles clientèles arrivent sans beaucoup d’informations préalables et improvisent sur place au dernier moment. Il est en revanche possible avec les transports intelligents que certaines pratiques évoluent rapidement [voirplusloin].

v Les attentes changent dans plusieurs directions : si, évidemment, le besoin de sécurité est important, même en matière de santé et de pollution, on se trouve aussi devant des demandes d’authenticité, d’échanges, de vivre la vie en ville comme les habitants (« tourisme à vivre »). De plus, la très grande diversité des groupes sociaux, la relation avec les réseaux numériques, l’impact des phénomènes migratoires, débouchent sur une multiplicité de profils de visites et de voyages, qui se laissent difficilement cerner par des typologies rigoureuses. On parle de plusieurs récits qui peuvent se superposer, au détriment d’un récit commun.

Le « tourisme de proximité » se développe.

Les interférences entre tourisme et loisirs sont nombreuses : on voit des clientèles internationales fréquenter de grands équipements de loisirs franciliens (exemple de l’Aquaboulevard de Paris) ; on voit aussi des Franciliens développer à certains moments des comportements touristiques dans les consommations, dans les flâneries, dans les visites de monuments, sans pour autant qu’il y ait une nuitée permettant de les classer comme « touristes ».

Certaines clientèles semblent « mal traitées » :

v Les seniors : ils sont trop souvent étiquetés comme tels vis-à-vis d’une offre de groupes qui les cantonne à des visites traditionnelles, alors qu’au contraire, ils sont de plus en plus sensibles à l’originalité des thématiques et à la qualité des échanges. Ils sont aussi attentifs à ne pas dépenser trop et se trouvent pourtant devant des systèmes de tarification inadaptés (pas de tarif senior dans les musées en général).

v Les jeunes, dont on néglige l’importance et les attentes spécifiques : ils souhaitent voyager avec des séjours courts dans le monde entier, avec des groupes d’amis, veulent retrouver en matière d’achats et de visites des signes de la planète mondialisée qui constitue leur univers. Or, si Paris a fait des efforts importants en matière d’hébergements adaptés pour combler son retard, ce sont surtout le laissez-faire, voire la méfiance - ils sont censés consommer peu - qui président à leur accueil.


La mobilité touristique au sein de l’aire métropolitaine est encore mal cernée et mal prise en compte, alors que le sujet est essentiel.

(Voir aussi à ce sujet « La mobilité touristique à l’épreuve des transports publics : plaidoyer pour une vision intégrée de la mobilité et du tourisme » Guillaume Ficat-Andrieu SYSTRA congrès ATEC ITS 2015).

Notre époque se caractérise par un mélange de souhait de vitesse, donc de demande de facilité en matière d’accessibilité et de lenteur alliée à la notion de flânerie, de déambulation et de contemplation. Les enquêtes récentes effectuées à partir des tracés numériques ont mis en évidence des déplacements plus diversifiés et plus nombreux qu’on ne le pensait apriori. On perçoit mieux la logique des itinéraires.

Et dans le même temps, les pratiques de tourisme sont en train de changer de structure : les motifs se transforment, des temporalités différentes se font jour, les territoires s’élargissent. À l’heure actuelle, deux tendances remarquées et remarquables affectent les comportements de mobilité des touristes :

o Le développement des excursions et du tourisme de « proximité » que nous venons d’évoquer.

o L’autonomie croissante des touristes permise par les nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Bien que le poids considérable du motif loisirs/tourisme dans la mobilité ait été précédemment démontré, le transport et le tourisme sont encore aujourd’hui l’objet d’un triple clivage (académique, administratif et opérationnel) qui contribue au fait que ces deux thématiques soient, dans la pratique, rarement associées.

C’est d’ailleurs ce qu’on constate en partie dans la définition du Grand Paris Express. Certes, un effort remarquable va être consenti pour l’information, la signalétique et l’aménagement de plateformes multimodales du dernier kilomètre à la sortie des gares. Pour autant, les besoins des touristes en matière de mobilité et leurs évolutions restent peu pris en compte de manière spécifique.

Pour tendre vers une écomobilité touristique, les acteurs publics comme privés pourront sans doute s’appuyer sur les transports intelligents. Si leurs apports portent plutôt sur la connaissance et la compréhension du phénomène, à travers l’utilisation des traces numériques et du Big Data, les développements en matière d’information multimodale et de billettique représentent également de réels atouts pour améliorer l’expérience touristique et l’attrait des destinations.

Les hébergements changent de nature

L’essor spectaculaire, notamment dans le Grand Paris, des diverses formes d’hébergements chez l’habitant amène à se réinterroger plus avant sur les objectifs assurés par les hébergements touristiques.

Au départ, on se trouvait avant tout devant une série de produits immobiliers destinés à assurer le gîte et éventuellement le couvert aux touristes. On s’est efforcé de disposer d’une gamme de prix et de prestations adaptés aux typologies des clientèles.



On a beaucoup travaillé sur les qualités techniques et architecturales des bâtiments ; les contraintes environnementales à prendre en compte sont venues complexifier les programmes. Les services offerts pour répondre aux besoins des touristes allaient de la mise à disposition de prospectus à la mise en service de conciergeries performantes.

L’emplacement a été dans les intentions l’alpha et l’oméga des grandes chaînes hôtelières, mais les réponses données ont varié selon les produits proposés : ici, on recherchait un emplacement prestigieux très central ; là, on acceptait un emplacement périphérique dans une zone d’activité mais proche de nœuds de communication, du fait d’une charge foncière faible.

Or, selon l'endroit où l'on séjourne, on ne découvre pas la même chose de la ville, on ne fait pas les mêmes déplacements, on ne s'intéresse pas aux mêmes lieux de visite. C'est sans doute moins vrai pour les primo-visiteurs qui vont de toute façon visiter les « incontournables »… encore que pour leurs sorties le soir, ils peuvent privilégier le quartier où ils séjournent.

Mais ensuite, dans des villes aussi riches en vie et diversité de quartiers que Paris, Londres ou New York, on ne verra pas la même ville selon le quartier dans lequel on choisit de séjourner. Il y a toute une offre de proximité, qu'il s'agisse de musées, de lieux culturels, d'espaces verts, de restaurants, de boutiques, de balades dans les rues (ambiance et architecture)... , qui pourrait grandement être mise en valeur par les lieux d'hébergements, hôtels ou résidences de tourisme comme chambres d'hôtes, car le touriste qui est déjà venu est ouvert à la découverte d'autre chose, et il faut l'inciter à partir découvrir la ville à pied depuis son lieu d'hébergement. L'hébergement peut être structurant dans la manière dont le touriste découvre la ville, une certaine ville. Les propriétaires de chambres d'hôtes assurent naturellement ce rôle auprès de leurs visiteurs car ils connaissent et sont en général fiers de leur quartier. En revanche bien souvent les réceptionnistes dans les hôtels et dans les résidences hôtelières connaissent mal le quartier dans lequel ils travaillent, car ce n'est pas celui où ils habitent. Cela devrait inciter non seulement à travailler sur les prestations proposées, mais surtout à établir des relations plus étroites avec des environnements de proximité. C’est d’ailleurs dans cette perspective d’ouverture sur les territoires au sein d’une métropole hospitalière que l’équipe de Dominique Perrault a conçu, dans le cadre de ses travaux au sein de l’AIGP, un nouveau type d’équipement dit « hôtel métropole » appelé à s’implanter en relation avec les gares du Grand Paris Express.

D’autre part, dans une aire métropolitaine telle que le Grand Paris, la variété des clientèles et de leurs attentes devrait amener à des innovations en termes de produits d’hébergements. C’est ainsi par exemple que les promoteurs d’une nouvelle gamme moderne d’auberges de jeunesse (« le Generator ») ont pu constater que celle-ci était fréquentée par de jeunes entrepreneurs et des salariés de la génération numérique, à condition de se trouver dans des emplacements très urbains. Soyons sensibles aussi au fait que toute une gamme d’hôtels économiques s’est transformée de fait en logements pour migrants, réfugiés et mal logés. L’hôtellerie elle-même (voir par exemple les « Mamma Shelters » et autres boutique-hôtels), ainsi que les résidences urbaines sont appelées à des transformations pour mieux répondre à des besoins plus spécifiques et moins banalisés.


Dans l’économie 2.0, bientôt 3.0, le tourisme d’affaires prend de nouveaux visages.

Chacun sait à présent que le développement des échanges par les réseaux numériques et des plateformes collaboratives ne supprime pas les besoins de rencontres interpersonnelles. A côté des traditionnels congrès et séminaires, se développent aussi des rencontres plus spécifiques par petits groupes autour de projets communs. Dans ces rencontres, on souhaite travailler, s’informer, apprendre, mais aussi vivre ensemble la ville. Ces rencontres, qui concernent souvent les TPE et les start-up, ne nécessitent pas l’usage d’équipements spécialisés, des lieux plus usuels pouvant parfaitement convenir. Cette forme de tourisme d’affaires (encore non quantifiée) est liée à l’attractivité globale de la métropole, du fait de ses composantes universitaires, des centres de recherche, des outils spécialisés qui y figurent (Fab Labs, incubateurs, centres de ressources, campus ouverts d’entreprises…), mais aussi de son urbanité. Il n’est pas impossible que de nouveaux types d’équipements se créent à partir de ces évolutions. C’est ainsi par exemple que le 6B à Saint-Denis, conçu à partir de la récupération d’une friche urbaine, combine accueil de réunions, accueil de jeunes pousses, accueil de personnes et évènements culturels.

Certains opérateurs (comme GL Events par exemple) sont sensibles à ces évolutions. Ils ont bien compris l’intérêt de créer des ambiances spécifiques à propos des équipements qu’ils gèrent : autour de la nouvelle économie, autour de la solidarité et de l’innovations sociale, etc.

Les nouveaux attracteurs dans une métropole mondiale telle que le Grand Paris : ville intelligente et « tourisme intelligent ».

A côté des attracteurs classiques (un musée, une grande salle de concert…), se développent de nouvelles catégories d’attracteurs que les réseaux sociaux aident à valoriser à l’international : des projets hybrides mêlant commerces, loisirs et culture, des espaces polyvalents réhabilités permettant d’accueillir des évènements et s’adressant à des types d’usages diversifiés (par exemple à Paris le Cent Quatre et le Carreau du Temple).

Dans la périphérie, quelques tentatives encore isolées se déroulent afin de mettre en synergie (gestions coordonnées et promotion commune) des équipements spécifiques (un centre commercial, un hôtel, un équipement sportif, un équipement culturel) pour créer un attracteur permettant d’identifier une destination.

Ces nouveaux attracteurs illustrent une tendance de fond : la ville intelligente ne se limite pas à une gestion urbaine rendue plus performante et plus économe par le numérique et des infrastructures de télécommunications : elle donne à voir, elle facilite des échanges, des rapprochements, des mises en réseaux, elle renforce l’intelligence collective. Cette ville attire un tourisme qu’on pourrait qualifier de « tourisme intelligent », permettant à chacun de se brancher sur ce qui l’attire et de se composer facilement des itinéraires spatiaux et temporels qui seront un jour très classiques et un autre jour hors des sentiers battus en fonction de sa propre culture.



De nouveaux modèles économiques sont en train d’émerger dans ce secteur.

L’économie du partage, appliquée au tourisme, en dehors du fait qu’elle favorise l’apparition de nouveaux opérateurs, est avant tout celle qui permet à des personnes de tirer des revenus à partir de la mise sur le marché de ses biens privés. Ceci peut introduire à l’avenir des changements considérables dans les comportements des ménages. On peut penser que des patrimoines privés vont changer de nature ou que des acquisitions se feront dans la perspective d’une mise sur le marché. Il est également envisageable, comme cela a été le cas concernant les chambres d’hôtes, que cela devienne une activité comportant une part de professionnalisation marché (c’est déjà le cas avec des agences immobilières spécialisées dans l’achat airbnb). On est sans doute au début d’un mouvement aux conséquences encore incertaines. Dans certains territoires (pas encore en Ile-de-France), la territorialisation croissante de l’économie peut aller de pair avec la mise en place d’une monnaie locale qui facilite les échanges et incite aux achats locaux. Si ce mouvement se développe, il est probable que des hébergements chez l’habitant proposeront aux touristes cette monnaie locale à des conditions avantageuses.

D’autre part, pour toute une série de prestations non traditionnelles visant à faire découvrir de nouveaux sites ou à promouvoir des activités originales grâce par exemple à la mobilisation du secteur associatif, il est clair qu’on ne se trouve pas dans le secteur marchand usuel. On ne pourra pas se passer soit d’une aide publique soit d’un appel au bénévolat. De même, la réalisation de nouveaux hébergements ou d’équipements de loisirs nécessiteront des aides à la charge foncière pour inciter les investisseurs privés à prendre quelques risques. Dans une métropole comme le Grand Paris, l’économie mixte et l’économie sociale et solidaire accompagneront sans doute des phases de montée en régime ou des expérimentations territoriales.

Saskia Cousin, « Nouveaux comportements et économie du partage ». Ici, une publicité pour Airbnb dans le métro parisien. Extrait de la présentation de S. Cousin : « Touristes, visiteurs, habitants : nouvelles pratiques, nouvelles hospitalités, nouvelle identité ? »


Le GraND PariS DU tOUriSMe eXiSte DÉja, MaiS eNCOre eN MODe MiNeUr

La journée du 21 janvier, par les témoignages qu’elle a pu rassembler, a mis en évidence que de très nombreuses initiatives débordant du Paris touristique usuel (incluant Versailles et Eurodisney) étaient lancées et qu’elles rencontraient leurs publics. On pourrait citer en vrac, quelques exemples :

v Les efforts faits par des villes touristiques de grande périphérie (comme Saint-Germain-en-Laye ou Auvers-sur-Oise) pour s’organiser comme destinations touristiques à part entière.

v Le fait qu’une très grande partie de l’offre de tourisme d’affaires se situe en dehors du périmètre parisien.

v Les actions menées par les comités départementaux du tourisme (CDT) de la petite couronne pour valoriser leurs atouts à la fois sur des registres connus (Exemple : les guinguettes des bords de Marne, des châteaux-musées), mais aussi en testant des produits s’adressant à des clientèles de niches (exemples : des visites d’entreprises, des balades urbaines couvrant des paysages variés incluant des grands ensembles ou du street art).

v Un marketing territorial renforçant l’attractivité globale et mettant en valeur ce qui peut intéresser et des visiteurs et des touristes (exemple de Plaine Commune, pays d’Art et d’Histoire, territoire de la culture et de la création).

v L’organisation d’évènements de portée nationale, voire internationale (exemples : le salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil, la foire nationale antiquités-brocante de Chatou).

v Le réaménagement urbain de quartiers entiers pour les rendre attractifs et « branchés », et pouvant figurer sur des guides touristiques (exemples : le quartier Oberkampf ou le quartier Bercy à Paris, la Défense, le centre-ville de Vincennes).

Le Grand Paris dispose d’énormes potentialités pour l’élargissement de son offre touristique en direction de clientèles variées, et plusieurs communications l’ont mis en évidence :

o Dans les travaux de l’AIGP (voir la communication de Silvia Casi en particulier), on insiste sur la révélation de lieux magiques et sur l’idée de voyage métropolitain :

«Dansunemétropoleoùlaflânerieparticipeduplaisird’habiter,ilfautvaloriseraussidenouveauxespacesdedéambulation,descontinuitésurbaines,enplusdesparcs,jardinsetsquaresexistants.Cespromenadespiétonnesdoiventfabriquerdesliaisonsdoucesetmettreenvaleurdessitespaysagersexistants.Lesbergesdufleuveetdesrivières,lesquaisdescanaux,lesroutesnationales,laroutedesforts,lescheminsdegrandesrandonnées,deviennentautantdelieuxdisponiblespourunnouveautourismemétropolitain.Valoriserceslieuxrevientàfavoriserl’appropriationpartousd’unterritoireencoreaujourd’huiméconnu.»



o Grâce aux nouveaux types de guides touristiques et aux réseaux sociaux, certains sites jusque-là réservés aux résidents s’ouvrent à des visiteurs. C’est le cas par exemple de la cathédrale de Créteil, rénovée récemment, « cathédrale pour le monde présent », qui organise de nombreux évènements culturels de qualité, fréquentés par des touristes internationaux.

o D’autre part, et de nombreux travaux l’ont mis en évidence, l’offre culturelle touchant tous les publics a connu ces dernières années un développement spectaculaire. Il peut s’agir de nouveaux équipements spécialisés (théâtres, cinémas, salles de concerts, cirques, musées, salles polyvalentes…) ; il peut s’agir aussi de manifestations qui se déroulent dans des lieux non spécialisés, voire provisoires ou dans l’espace public minéral ou végétal. Certains lieux ont la capacité de fédérer une offre autour d’eux, d’autres non. D’où, à l’heure actuelle, un manque de visibilité et des difficultés à trouver les publics concernés. Malgré cela, il faut considérer cette floraison comme un atout, en particulier en direction de ceux qui reviennent (« repeaters »).

o Le Grand Paris, dans toutes ses dimensions, est aussi un lieu de création cinématographique. Du Paris assez traditionnel de Woody Allen au Grand Paris de Asghar Farahdi (LePassé, 2013) qui nous fait vivre des lieux de vie quotidienne au travers d’un drame qui secoue des personnages avec un regard intérieur de résident et de travailleur et un regard de « touriste » (en l’occurrence un Iranien qui vient pour gérer un divorce), l’imaginaire joue à plein et les récits se superposent. La ville imaginaire est la ville réelle. Paris possède, comme d’autres grandes villes-mondes cette capacité à susciter des images en nous. Comme dans bon nombre de représentations, nous sortons des images convenues, cela donne corps à une autre dimension de la perception de paris par les touristes.

o Le cosmopolitisme parisien entraîne naturellement des voyages de type communautaire : on vient voir ses parents et amis. On aurait tort de négliger ce tourisme un peu particulier. Les idées reçues veulent que ce regroupement communautaire temporaire soit une sorte d’enfermement et ne génère aucune dépense majeure. A noter qu‘on ne dispose que de très peu de données fiables à ce sujet. De plus, ces situations sont très évolutives dans le monde globalisé et des continents africain et asiatique en pleins bouleversements. Ces « touristes communautaires » seront et sont déjà aussi des entrepreneurs, des étudiants, des chercheurs et tout simplement des touristes internationaux classiques qui voudront visiter Paris et qui auront comme spécificité de loger en périphérie et de porter un autre regard sur la géographie parisienne.

Bien évidemment, les efforts accomplis sont dispersés et ont beaucoup de mal à se faire connaître. Les initiatives prises ne trouvent pas toujours leur public. L’industrie touristique internationale éprouve bien des difficultés à tirer parti des potentiels révélés. Les institutions se chevauchent et les demandes extérieures ont du mal à se repérer. Il n’existe aucune stratégie d’ensemble pour ce Grand Paris touristique, et pour cause : il n’existait jusqu’ici aucune maîtrise d’ouvrage, aucun système de gouvernance pour exprimer une telle stratégie. Dans ce qui suit, on montrera l’utilité d’un tel débat stratégique et les termes dans lesquels il se pose, à la lumière des attentes et des positions des divers acteurs concernés.


LeS DyNaMiqUeS D’aCteUrS a L’ŒUVre eN VUe De La DÉfiNitiON D’UNe StratÉGie POUr Le tOUriSMe aU NiVeaU DU GraND PariS

Comment se positionnent les divers groupes d’acteurs concernés au regard des quelques grands enjeux rappelés précédemment ? C’est à partir d’un tel constat qu’un débat stratégique peut s'engager.

A) Les institutions territorialesDe manière générale, au niveau des compétences, rappelons que la loi NOTRE dit qu’il s’agit d’une compétence partagée. Donc le jeu institutionnel reste très ouvert.

v Le contrat de destination

Il s'agit d'un contrat entre l’État et un groupe d’acteurs ; acteurs concernés : OTCP, CDT 92, 93, 94, Welcome City Lab, IREST, Atout France) : « destination Paris, la ville augmentée ».

C’est le dispositif qui s’efforce de prendre à bras le corps la question de la destination Grand Paris (voir notamment exposé d’Hélène Sallet-Lavorel). La stratégie sur laquelle ce contrat est bâti est centrée sur les clientèles européennes afin d’augmenter les fréquences de retours.

Les axes d’action cités dans ce contrat portent notamment sur la structuration de l’offre, le marketing et la promotion, la qualité de l’accueil, et l’observation touristique. Les crédits d’études sur ces sujets devront s’inscrire à l’intérieur d’une enveloppe de 360 000 € pour les deux prochaines années à venir.

v La Métropole du Grand Paris (MGP) et ses territoires

S’il existe bien une vice-présidence en charge du sujet, du fait de la mise en place récente de l’institution, il est trop tôt pour dire quelle priorité lui sera accordée et quelle démarche sera mise en place. Les sujets devront être en tout cas abordés dans le cadre des documents d’urbanisme à mettre au point. En tout état de cause, les grands projets à caractère touristique, et notamment ceux liés aux J. O. ou à l’Expo France 2025, passeront par la MGP qui a compétence d’aménagement.

v Les Conseils départementaux

Compte tenu de l’acquis des CDT, les départements de la petite couronne ne souhaiteront sans doute pas abandonner rapidement la compétence tourisme, mais le fait que la MGP s’en saisisse rapidement risque de créer des difficultés. En tout cas, les autres départements franciliens voudront poursuivre leurs efforts en la matière.

v Le Syndicat d’études Paris-Métropole

Le nouveau Président de ce Syndicat, lors de son entretien en vue de la journée d’études, a avancé comme proposition le fait que Paris Métropole serve, au moins lors d’une période de mise en place, de lieu de dialogue pour l’élaboration d’une stratégie de mise en tourisme des territoires. Ceci reste à confirmer par les instances syndicales lors de la définition de leur programme de travail.



v La Ville de Paris

Elle élabore actuellement son schéma de développement touristique qui sera présenté en juin mais dont le diagnostic stratégique est terminé. Elle devra alors s’attaquer ensuite à sa mise en œuvre. Lors de la journée du 21 janvier, J.-F. Martins, adjoint en charge du tourisme et des sports à la Ville de Paris, en a donné les premières orientations. On y reviendra à propos du débat stratégique ci-après. La ville dispose avec l’OTCP d’un outil très performant à l’international.

v Le Conseil Régional et ses outils (notamment le Comité Régional du Tourisme)

Dans un premier exposé devant le monde économique, la nouvelle présidente a retenu le tourisme parmi les filières à conforter. Le Conseil régional devra au moins traiter le sujet dans le cadre de l’élaboration du Schéma de développement économique (SDRAET) dont il a la charge. Par ailleurs, le CRT Ile-de-France continuera sans doute ses efforts de mise en marché étendus à tous les territoires de la Région. Il est probable que des réajustements instrumentaux soient mis à l’étude prochainement.

v Le Plan Urbanisme Construction et Architecture (PUCA)

Il lance en 2016 une série de séminaires sur la mise en tourisme des lieux ordinaires et des territoires touristiques en déclin, en relation avec l’implication des habitants.

v La recherche académique

Quatre unités de recherche publique méritent d’être signalées :

— L’IREST (Paris-Sorbonne), présent dans le Contrat de destination ;

— Le Canthel (Paris-Descartes) et son master d’ethnologie « patrimoine, culture tourisme » ;

— Le cluster tourisme de Marne-la-Vallée ;

— Le CELSA (Paris-Sorbonne).

Mais, bien d’autres laboratoires, travaillant notamment sur des questions d’aménagement et d’urbanisme, peuvent aussi se saisir de ces sujets (exemple du groupe tourisme du LABEX Futurs urbains). On peut aussi évoquer ASTRES qui regroupe les formations en tourisme dans une dizaine d’universités et écoles dont le CNAM.

Les projets de recherche en cours ou en négociation ne nous sont pas connus avec précision, mais, compte tenu des personnalités qui ont contribué à la journée d’études, il y a fort à parier qu’elles souhaitent poursuivre leurs recherches sur ces questions.

v La Chambre de Commerce et d’Industrie Paris-Ile-de-France (CCIP) , et son prolongement Paris Ile-de-France capitale économique

En tant qu’acteur du développement local, la CCI Paris Île-de-France participe activement à l'animation régionale de la filière tourisme. Elle accompagne les entreprises du secteur, notamment au niveau de la formation et aide à la mise en œuvre d'une politique touristique. Son mot d’ordre : améliorer l'attractivité et la compétitivité de la région dans cet environnement hautement concurrentiel.


B) Le secteur privé (dans lequel on inclura l’économie sociale et solidaire)

Le secteur privé est en pleine évolution : de nombreux jeunes entrepreneurs ont bien pris la mesure des évolutions en cours du secteur. Ils cherchent à innover tant dans la fourniture de services aux touristes que dans l’animation et dans la construction de nouveaux produits susceptibles de s’adresser à des segments très spécifiques de clientèles ; l’usage des technologies du numérique est parfaitement maîtrisée par cette génération d’entrepreneurs. Le succès mondial du Welcome City Lab (incubateur parisien de jeunes entreprises touristiques innovantes) illustre bien cette tendance. Les politiques pratiquées vis-à-vis du Grand Paris par les grands opérateurs traditionnels, et notamment ceux de niveau mondial, sont évidemment très spécifiques et contrastées, qu’il s’agisse des hébergeurs, des voyagistes, des transporteurs, des agences de réceptif, etc. Il n’est pas possible dans cette note d’en faire une description adaptée. Ce qu’on peut dire, c’est que les enjeux d’un tourisme de caractère métropolitain n’ont été que très partiellement pris en compte. C’est ainsi par exemple qu’Alliance 46.2 (regroupement-lobby de grandes entreprises touristiques internationales) n’a jusqu’ici affiché aucun programme dans ce secteur. Nous savons néanmoins que de grands opérateurs entreprennent des recherches-développement sur plusieurs questions citées, mais pour leur propre compte. Néanmoins, certains se sont dit ouverts à une démarche plus collaborative, en particulier dans le cadre de relations public-privé.

C) Le secteur financier

La grande nouveauté réside dans la mise en place, à la suite des Assises du tourisme organisées par le gouvernement, d’une plateforme d’investissement - France Développement Tourisme - dont la gestion a été confiée à la CDC et qui comprend trois volets :

o Un fonds pour aider les entreprises innovantes géré par BPI France ;

o Une foncière ayant pour objectif de faciliter la présence d’investisseurs institutionnels dans les tours de table immobiliers ;

o Une enveloppe de fonds propres susceptible d’aider au montage d’opérations (Hébergements et équipements, neuf ou rénovation).

Reste à savoir comment le Grand Paris touristique va pouvoir tirer parti de cette ingénierie financière remarquable.

D) Et tous les autres

Les acteurs cités ci-dessus sont bien loin de représenter tous ceux qui sont concernés par les évolutions touristiques de l’aire métropolitaine francilienne. On pourrait aussi citer par exemple les organismes de formation professionnelle, les syndicats professionnels, les médias, toutes les structures de médiation formelles ou informelles qui font œuvre de « passeurs de cultures », sans oublier les touristes et tous ceux qui les accueillent, des commerçants aux habitants du Grand Paris. Sans oublier non plus la multitude des concurrences anciennes et nouvelles. Finalement, dans une démarche aussi neuve, le rôle de chacun reste encore très indéterminé et les jeux d’acteurs restent à construire.



SILVIA CASI - Equipe Castro & Denissof, Silvia Casi, Jean Pierre le Dantec, Berim, Nexity

Révéler la richesse de l’offre métropolitaine

GRAND PARIS : ici je suis ailleurs

Révéler la richesse de l’offre touristique métropolitaine. Carte des lieux remarquables. Extrait de la présentation de Silvia Casi, membre de l’équipe du Conseil scientifique, Atelier Roland Castro, Sophie

Denissof et Associés, Silvia Casi, Jean-Pierre Le Dantec, Berim, Nexity.

Grand Paris : sites connectés par les utilisateurs de Flickr. Extrait de la présentation de Saskia Cousin : « Touristes, visiteurs, habitants : nouvelles pratiques, nouvelles hospitalités, nouvelle identité ? »


COMMeNt Se POSe Le DÉbat StratÉGiqUe POUr Le GraND PariS tOUriStiqUe ?

Une stratégie forcément multidimensionnelle et multi-acteurs

Dans ce qui suit, on n’aura garde de définir à dire d’expert telle ou telle stratégie, car celle-ci n’a d’intérêt que si elle est l’aboutissement d’une démarche collective. On imagine mal au niveau du Grand Paris une stratégie d’aménagement et de développement fixée par une autorité publique pour le seul secteur touristique. En premier lieu, plusieurs éléments doivent intervenir au niveau du territoire métropolitain : la place accordée au tourisme dans une politique de développement économique, la vision même qu’on peut avoir du tourisme et de ses impacts territoriaux (y compris en termes sociaux et culturels), les grandes orientations d’aménagement du territoire, etc. De même, même si le rôle de la puissance publique est important, il faut une stratégie partagée à la fois par les entreprises du secteur, mais aussi par les habitants (on commence à connaître dans des grandes métropoles mondiales des phénomènes de rejet du tourisme par les résidents ou les actifs).

Qu’est-ce qu’une stratégie touristique au niveau d’une aire métropolitaine de renommée mondiale ?

Pour y répondre, le cas de Berlin, exposé par Arès Kalandides lors de la journée a été éclairant : à partir de la chute du Mur, deux mouvements attractifs se combinent : l’un volontariste lié aux grands projets urbains de la ville et de l’agglomération, l’autre spontané résultat de l’usage de friches urbaines par des groupes de musique techno. Dans un deuxième temps, dans le cadre de la politique de développement économique, Berlin est devenu un pôle pour l’économie créative, consolider ultérieurement par un Master Plan. Cela a eu pour effet d'attirer progressivement des créateurs et a confèré à l’agglomération une certaine réputation. L’avènement du numérique attire depuis, une nouvelle génération d’entrepreneurs, visiteurs d’abord, résidents ensuite. Une politique spécifique d’accueil touristique s'est développée, ancrée sur une réalité déjà présente et sur une image bien établie. Cette politique est avant tout une structuration intelligente de l’existant et une valorisation des potentiels. Si le cas de Berlin n’est évidemment pas transposable à Paris, il met en évidence quatre composantes de la construction stratégique : le caractère multidimensionnel, l’importance de la création d’une identité forte, la relativité de la notion de touriste, un mix entre le volontarisme et l’opportunisme.

Tout cela se combine naturellement à ce que la puissance publique sait bien faire en termes de marketing : choisir à un moment donné des cibles de clientèles à privilégier, organiser des promotions à leur usage et mobiliser les acteurs privés pour y concourir. C’est ce que fait notamment le contrat de destination. Mais une politique marketing ne vient qu’en support d’une stratégie générale, elle ne la remplace pas.

Polarité ou gestion de la diversité ?

On sent très bien qu’un choix stratégique se présente : faut-il pour passer de Paris au Grand Paris mettre l’accent sur quelques attracteurs majeurs situés hors du périmètre touristique central et susceptibles de faire destination par un rassemblement de plusieurs offres complémentaires ? Ou bien faut-il prendre en compte la profusion des offres concourant à l’attraction touristique et mettre l’accent - notamment grâce au numérique - sur la facilité d’accès à ce qui intéresse chacun ? Chaque possibilité possède ses partisans.



Paris et Grand Paris

J.-F. Martins, adjoint chargé du tourisme à la Ville de Paris, a bien exprimé le 21 janvier un point de vue très répandu chez de nombreux professionnels : ce qui est mondialement connu, c’est Paris : plus Paris se développera au niveau touristique de manière novatrice et performante, plus il entraînera dans son sillage une fréquentation se situant dans le Grand Paris, à condition que les territoires concernés se mettent en position d’accueil. Un autre point de vue plus minoritaire existe : le Paris touristique a déjà d’énormes problèmes à résoudre : gestion des pointes, sécurité, réponses à une variété d’attentes, qualité d’accueil, nouveaux hébergements… Un certain nombre de ces problèmes ne peuvent être résolus que s’il existe un élargissement territorial accentué et une coopération étroite entre Paris et les territoires métropolitains.

La construction d’une identité

Comme les travaux de l’AIGP l’ont bien montré, ce point est central pour la construction d’une métropole qui soit autre chose qu’un centre et une périphérie. Certes, ceci touche l’urbanisme et l’aménagement du territoire, mais aussi et surtout le sentiment d’appartenance à un ensemble territorial cohérent de la part des habitants. Si une telle identité existe, elle est forcément perçue par l’extérieur, donc par les visiteurs et les touristes. En dehors même de la construction institutionnelle qui vient d’être mise en place, on peut penser que la construction du Grand Paris Express, ainsi que le déroulement éventuel d’évènements internationaux majeurs comme les Jeux Olympiques sur un territoire élargi peuvent contribuer à forger une identité métropolitaine. On y reviendra ci-après.

Quelle instance pour construire et porter une stratégie ?

Une stratégie n’a de sens que si elle est assumée par un acteur ou une coalition d’acteurs. Dans notre cas, la réponse est loin d’être évidente : la loi NOTRE ne donne aucune indication décisive en ce qui concerne la compétence tourisme aux autorités publiques territoriales et chacun peut se sentir légitime. D’autre part, même si le dialogue entre les outils publics et les professionnels est continu, cela ne permet pas pour autant d’identifier une quelconque coalition d’acteurs. Et ce d’autant plus qu’il est de mise, dans le secteur touristique, de considérer que l’élaboration d’une telle stratégie est inutile. A chacun de faire son métier le mieux possible et les coordinations seront naturelles.

Dans l’état actuel, la question du débat stratégique ne pourra se traiter puis se résoudre que si une autorité politique en voit la nécessité et l’intérêt. Dans ce cas, les réponses à apporter aux sujets évoqués ci-dessus trouveront plus facilement des réponses.


trOiS GraNDS ChaNtierS eMbLÉMatiqUeS CONCerNaNt La MiSe eN tOUriSMe DeS territOireS

De manière liminaire : qu’est-ce que « la mise en tourisme d’un territoire » dans un contexte métropolitain ?

Il s’agit d’un processus opérationnel visant à améliorer l’attractivité touristique d’un territoire dans un environnement donné. Cette attractivité repose sur une combinatoire dont certains facteurs urbains, culturels, économiques peuvent déborder du cadre touristique strictosensu.

Le diagnostic préalable porte non seulement sur les atouts et les handicaps du territoire considéré, mais aussi sur tout ce qui peut constituer un déclencheur d’une dynamique touristique : lieu-phare, événement, animation culturelle ou sportive, personnalité historique, etc. Il faut aussi considérer tout ce qui, aux alentours et à différentes échelles, est susceptible de compléter et d’entrer en résonnance avec les attracteurs du territoire. Ce travail débouche sur des objectifs prioritaires et sur un plan d’action qui s'y superpose :

u Des interventions urbaines soit sur des quartiers, soit sur des itinéraires

u Des consolidations en matière d’offre d’hébergements

u Des facilités de déplacements et d’accès

u Des actions d’information et de guidage

u Une promotion-adaptation d’outils existants, et notamment d’un Office du Tourisme s’il existe

u De définition d’animations ou d’évènements

u De mises en place de coopérations

Cette démarche peut concerner des territoires réputés touristiques, mais aussi des territoires qui ne le sont pas, mais qui peuvent s’insérer dans des dynamiques plus larges.

La mise en tourisme d’un territoire s’accompagne d’une implication des habitants, des commerçants et de certains prestataires de services pour qu’ils adhèrent et participent au projet.

Chantier A / L’aménagement touristique

Il ne peut être dissocié de l’aménagement général des espaces concernés et de la géographie de l’aire métropolitaine (polycentrisme, fleuves, espaces verts…).

Lors de son intervention, D. Alba a bien situé les enjeux auxquels on est confronté :

1 / Augmenter la matière première, notamment :

o Élargir l’offre en mixant tout ce qui fait l’attrait de la métropole : promenades, patrimoine, culture, shopping, gastronomie, numérique et innovation, festivals, l’expérience fluviale…

o Désaturer le centre et élargir la fréquentation



2 / Planifier le développement de l’hébergement touristique et en accompagner les mutations

3 / Élargir les publics

4 / Renforcer l’accessibilité

5 / Développer un tourisme éco-responsable

Naturellement, chacun de ces items mérite un approfondissement et évoque des choix stratégiques. D’où une étude devant être poursuivie.

D. Mangin y ajoute quelques dimensions supplémentaires :

v La nécessité de raisonner à plusieurs échelles imbriquées.

v Un accent à mettre sur certains itinéraires.

v L’importance de ce qui peut se passer autour de quelques futurs quartiers de gares du GPE.

v L’intérêt de sortir d’une marchandisation et d’une massification excessives.

v La prise en compte des loisirs péri-urbains comme apports à un tourisme de proximité.

Ce chantier est primordial et nécessite un travail très important. Reste à l’inscrire dans un cadre de maîtrise d’ouvrage et de partenariat, et surtout dans une stratégie globale, pour éviter d’en faire un exercice technocratique. Chantier B/ La construction d’une destination

De manière lancinante, depuis plusieurs années, la question se pose de la définition d’une destination pour tout ce qui est proche de Paris en Ile-de-France. Paris a une telle renommée mondiale que, sauf pour Versailles et Eurodisney, elle masque toutes les autres destinations connexes. Peut-il y avoir une carte touristique du Grand Paris ou faut-il un ensemble de cartes touristiques diversifiées correspondant à des segments de clientèles ?

Construire une offre pour le Grand Paris (et en quoi le Grand Paris diffère-t-il de Paris Ile-de-France?), ce n’est pas pour autant construire une destination perceptible en tant que telle par les professionnels et par les touristes. On revient ainsi aux éléments du débat stratégique évoqué plus haut. Alors, faut-il dire qu’il s’agit de la destination Paris et que celle-ci change de nature ou faut-il évoquer une destination, sinon nouvelle, du moins transformée et présentant une valeur ajoutée vis-à-vis de Paris? C’est un problème marketing, certes, mais pas seulement. Vincent Gollain l’a bien évoqué le 21 janvier, en indiquant notamment :

u L’image perçue est-elle celle que nous voulons? Toutes les enquêtes montrent une image internationale forte mais marquée par des spécificités traditionnelles très patrimoniales et culturelles. Voulons-nous rester positionnés sur cet ancrage ? Comment faire évoluer le contenu de la destination Paris Ile-de-France pour gagner de nouvelles clientèles sans perdre celles qui font notre compétitivité? Quelles inspirations tirer des exemples réussis de Londres ou de New York?


u Un impératif de renouvellement de l’offre territoriale de Paris Ile-de-France afin d’offrir de nouvelles « gammes de produits » au sein de l’offre francilienne. Quels sites et/ou projets d’équipements, d’infrastructures, attractions, événements, etc. faut-il pousser ou développer pour renouveler l’offre de la destination Paris Ile-de-France auprès des clientèles visées? Comment rendre ces lieux hospitaliers et désirables, au sens international, vis-à-vis de ces nouvelles clientèles?

Pour répondre à ces questions, on se trouve devant un enjeu majeur d’organisation des acteurs publics et privés composant la chaîne de valeur touristique de la destination touristique, de la stratégie marketing amont à l’accueil des clientèles en aval (opérateurs touristiques, entreprises, agences d’urbanisme, financeurs, associations, etc.). Des progrès ont été accomplis mais il reste à poursuivre les efforts tant pour aboutir à un projet commun porté par les acteurs publics, privés et associatifs. A quel niveau et comment? La réponse reste actuellement en suspens.

Chantier C/ Les démarches de différenciation et la gestion de la profusion

Quelle que soit la stratégie finalement adoptée, l’extension territoriale et la politique active de développement d’une offre d’hébergements, d’activités, d’événements et de sites à visiter dans une métropole telle que Paris, pose des problèmes importants. Comment faire connaître cette offre, lui faire rencontrer ses publics, en faciliter l’accès…? Et ceci, en évitant des labellisations ou des sélections susceptibles de limiter l’inventivité et les initiatives.

Les réponses générales sont connues :

o Des systèmes d’information performants.

o Une politique marketing ciblée.

o Des espaces de dialogue entre professionnels pour éviter les recouvrements et faciliter des complémentarités.

Ceci est commode à énoncer, plus compliqué à réaliser, faute d’organisation adaptée. Un travail à ce sujet semble nécessaire.

Mais la journée du 21 janvier a montré que d’autres pistes de réflexion méritaient d’être explorées :

C’est avant tout le contact humain et le dialogue oral qui permettent aux touristes et aux visiteurs de savoir ce qui existe et ce qui correspond à ce qu’ils recherchent. D'où l’intérêt de multiplier des structures de médiation de divers types : greeters (habitants qui accueillent), réseaux associatifs s’organisant pour l’accueil et l’information de niveau international, regroupements professionnels qui montent des produits nouveaux et qui élaborent pour les faire connaître des plateformes communes ou des centres d’appel avec des assistants qualifiés, etc. Il y a sans doute d’autres modes de médiation à inventer.

Une profusion trop étendue peut être contre-productive : c’est grand le Grand Paris! Il est clair que travailler à l’échelle de territoires plus restreints permet de mieux structurer l’offre et de mieux organiser sa diffusion. C’est ce que les CDT ont commencé à faire depuis longtemps, seulement, leur territoire est institutionnel (un département) et il est possible qu’à l’échelle du Grand Paris on puisse dessiner une autre architecture territoriale au niveau touristique. La réflexion mérite d’être menée.



Le fait de jouer la carte du « tourisme de proximité » (des habitants proches comme touristes) contribue curieusement à répondre en même temps aux nouvelles attentes d’une partie des clientèles internationales. C’est l’occasion pour chacun de découvrir ou redécouvrir les richesses de son propre territoire.

Pour accompagner le voyage de chacun au cœur de sa région, de nombreuses offres, souvent méconnues, sont à valoriser. Ainsi, que ce soit dans la restauration, l’hébergement ou les loisirs, des initiatives locales permettent de redécouvrir notre région. L’occasion de devenir explorateur de notre propre territoire de vie.

De manière plus générale, il faut tenir compte des prescripteurs et travailler avec eux pour mieux comprendre les réseaux qui fonctionnent, les attentes et les pratiques de ceux qu’ils peuvent atteindre. Le tourisme est une pratique culturelle. On peut identifier cinq types de prescripteurs (voir : « Embarquement pour chez soi : les nouvelles formes de tourisme », Mathieu Commet et Mattiu Etcheverry, in Poétiquepublique) :

— Les élites culturelles et artistiques de la métropole ; c’est elles qui font et défont la mode.

— Les « desserrés » de la métropole, cette catégorie comprend les nouveaux arrivants d’un quartier, qu’ils soient contraints – poussés par les prix de l’immobilier – ou volontaires, ils représentent en tout cas un enjeu majeur pour le vivre-ensemble métropolitain par la diversification sociale qu’ils permettent. Ils peuvent ainsi servir de « défricheurs » pour certains territoires marginaux.

— Les « communautés » de la métropole : leurs fêtes et leurs rituels, à condition qu’ils soient partagés, peuvent favoriser l’appropriation symbolique des lieux par les habitants. Des événements nous y invitent tels que le festival de la Soupe, le nouvel an Chinois ou la fête de Ganesh par exemple. Mais, ils ne constituent pas encore des marqueurs métropolitains au sens où ils combineraient à la fois dimension politique, culturelle et festive.

— Les « touristes alternatifs » : dans sa typologie des nouveaux prescripteurs, Dominique Pagès repère notamment les repeaters, « ceux qui connaissent bien la destination de Paris et veulent aller au-delà » et les « gate keepers », « ceux qui innovent et diffusent, ceux qui cherchent l’inédit, l’insolite, la sortie des clichés des stéréotypes, du « déjà vu », ceux qui revendiquent un « regard décalé » (souvent dans la mouvance de mouvements artistiques et/ou alternatifs), qui ont le goût des marges et des périphéries ».

— Les opérateurs touristiques de la métropole, y compris les « imprévus » : en effet, les pratiques touristiques métropolitaines mettent aussi en lumière une série d’« opérateurs imprévus ». RATP, Decaux, iPhone, Google, etc., tous participent de manière spécifique ou non au système touristique de la métropole parisienne. Saskia Cousin rapporte qu’Euler David de Siqueira, un sociologue brésilien auteur d’une étude sur les « icônes » de Paris et de Rio, notait en 2007 que l’affichage publicitaire du métro parisien parlait toujours d’ailleurs, jamais d’ici. Les choses ont un peu changé, puisque l’Ile-de-France a mené campagne en ce sens, le plus souvent autour du thème du « bol d’air », de la redécouverte des forêts et espaces naturels franciliens. Pas de politique coordonnée en matière de communication culturelle – chaque institution fait sa promotion. Ce n’est d’ailleurs pas souhaitable mais il pourrait être justifié de se poser la question.


Extrait de la présentation de David Mangin, membre de l’équipe du Conseil scientifique SEURA Architectes (D. Mangin, F. Bougnoux, J.-M. Fritz, E. Roncen et M.-H. Simonpoli), « Tourisme et Grand Paris : Tourisme régional, national,

international / Patrimonialisation du centre et mondialisation du Grand Paris ».

Améliorer l’accueil sur le territoire. Développer les capacités d’hébergement, la formation des professionnels, la bienveillance envers les touristes et leur sécurité. Extrait de la présentation de Dominique Alba, Directrice de l’Apur, « Les

enjeux stratégiques de l’aménagement touristique à l’échelle de la Métropole ».



L’aPPOrt DU tOUriSMe aU PrOjet MÉtrOPOLitaiN

On ne redira pas ici, malgré l’importance du sujet, l’impact du tourisme comme activité économique créatrice d’emplois. Ceci a été évoqué d’entrée. On décrira sommairement en priorité ce qui a été souligné lors de la journée du 21 janvier et qui pourrait être largement développé :

— L’apport du tourisme à l’aménagement des territoires.

— L’enrichissement des concepts de métropole attractive et de métropole hospitalière.

— L’appui à la construction d’un récit et d’une identité.

A) L’apport du tourisme à l’aménagement des territoires

Il ne s’agit pas simplement d’évoquer la réalisation de nouveaux hébergements et de nouveaux équipements de loisirs et de culture. Il faut d’abord redire à quel point la révélation de lieux et d’itinéraires à caractère métropolitain doit faire partie de la construction du Grand Paris touristique. Cela mérite un travail spécifique qui peut et qui doit s’opérer à plusieurs échelles. D’autre part, la « mise en tourisme » de quartiers non considérés comme des attractions touristiques de premier plan (telle que définie ci-dessus), est un plus considérable. Il s’agit d’un travail sur l’urbanité et le paysagement urbain qui sont susceptibles de devenir une image de marque du Grand Paris.

Il s’agit aussi de conserver la mémoire des lieux anciens dans les grands bouleversements urbains qui s’engagent. Par exemple, en conservant et en valorisant des immeubles anciens dans les futurs quartiers de gares. Tout ce qui assume les relations passé-présent-futur sera bienvenu (mémoires des lieux et lieux de mémoires), à lier au récit et à l’identité.

B) L’enrichissement des concepts de métropole attractive et de métropole hospitalière

L’attractivité a trop souvent été réduite à des éléments touchant la compétitivité économique : investissements, sièges sociaux, entreprises et centres de recherche attirés, classement des universités… On peut aussi ajouter d’autres dimensions à cette attractivité : nombre et qualités des touristes et des visiteurs, congrès, salons et séminaires, événements de portée nationale ou internationale, attractivité culturelle et scientifique, etc. L’attractivité est globale et le développement touristique y contribue grandement. Mais il ne peut y avoir d’attractivité sans pratique sensible de la solidarité. Beaucoup de chercheurs ont montré que le progrès en matière d’inclusion sociale est une composante essentielle de l’attractivité. Un tourisme qui implique les habitants, les commerçants et les entreprises dans la construction d’une destination peut y contribuer. De même le concept de métropole hospitalière.

Le concept d’hospitalité urbaine développé ces dernières années, consiste à mettre en place, tant dans la conception des équipements (par exemple non seulement les gares du GPE, mais leurs parvis et leurs environnements immédiats) que dans leur fonctionnement, des dispositifs propres à renforcer le sentiment qu’on est accueilli dans un environnement convivial et tranquille, et ceci pour tous


les types de populations. Si ceci est fait pour les visiteurs et les touristes, on doit aussi penser à des populations en difficulté dans la grande ville, et notamment aux migrants. Les actions engagées portent sur informations, signalétique, services, traitement des espaces, formation du personnel, etc, et ceci dans le cadre de chaque projet territorial.

La définition et la mise en œuvre d’une politique d’hospitalité métropolitaine, qui d’ailleurs ne peut se limiter aux gares et aux quartiers de gares, malgré l’importance de ces sites, relèvent clairement de la future Métropole du Grand Paris (MGP) et de ses territoires, dans le cadre de ses compétences d’aménagement. Elle devra de plus mobiliser à cet effet la société civile, car une telle politique n’a de sens que co-construite et co-réalisée. C’est pourquoi les « visiteurs-touristes » franciliens doivent avoir toute leur place dans cette démarche.

C) L’appui à la construction d’un récit et d’une identité

Beaucoup s’interrogent aujourd’hui sur l’identité métropolitaine : la métropole, est-ce Paris en grand, est-ce l’intégration des banlieues dans la capitale, est-ce un échelon institutionnel peu démocratique en plus, est-ce une opportunité pour le mieux vivre…? Les habitants du Grand Paris vivent la métropole au quotidien : ils habitent ici, travaillent ailleurs, font leurs courses dans d’autres endroits,… Des travaux de l’AIGP ont bien montré à la fois l’existence croissante de « bassins de vie », mais aussi de relations complexes avec des environnements multiples (les « pôles-réseaux-territoires »).

C’est pourquoi, certains insistent sur le fait que le Grand Paris, c’est avant tout la multiplicité des cartes que se construit chacun pour avoir accès aux ressources métropolitaines. D’autres en revanche estiment que c’est insuffisant, qu’une métropole comme Paris doit parler au monde et pas seulement au travers de clichés dépassés. A cet égard, il faut une identité métropolitaine basée sur un récit : ce que la métropole dit aux métropolitains et ce qu’elle dit au monde, les deux aspects restant interconnectés. Disons-le : ce récit n’est pas écrit, cette identité reste sans doute à construire.

Mais plusieurs intervenants lors de la journée du 21 janvier (notamment Virginie Picon-Lefebvre et Saskia Cousin) ont insisté sur les relations entre les milieux d’accueil et « les tourismes » et sur la prise en compte du tourisme comme pratique culturelle permettant de forger un regard sur une destination, mais aussi de permettre à d’autres de partager des visions et des récits au travers de pratiques renouvelées. Des narrations territoriales émanant des habitants (comme le cas de Charleroi l’a bien montré) permettent de savoir dépasser ses propres complexes et de susciter l’imaginaire au travers des multiples visages de la réalité. Ainsi les habitants ou des associations locales agissent comme des « passeurs de culture ». L’observation fine à la fois de ces itinéraires, de ces nouvelles pratiques et des récits (ou des photos) correspondant aux usages touristiques en mutation contribuent à la construction d’une identité différente. Surtout si on y ajoute des pratiques culturelles facilitées par la richesse et la diversité des offres du Grand Paris ainsi que le développement du tourisme de proximité. On peut citer ici le rôle de la maison de la banlieue du Val-de-Marne qui organise des formations pour que les jeunes soient en mesure de faire visiter leur quartier. On doit aussi souligner, en relation avec l’aménagement, le rôle de l’espace public qui doit s’appuyer sur les perceptions et sur l’histoire locale, prendre en compte les conceptions architecturales à l’origine



de ces quartiers. C’est par exemple ce qu’on retrouve à Lisbonne, qui offre aux touristes un repérage des ressources très locales, restaurants avec un appui sur des personnes âgées comme porteurs de l’histoire des quartiers…

L’ambition affirmée de certains est que l’identité culturelle qui peut ainsi s’affirmer au travers de ces récits et de ces pratiques puisse aider à forger une identité politique métropolitaine dépassant les cadres institutionnels actuels et permettant l’émergence d’un projet.

L’offre culturelle du Grand Paris: les tours Aillaud (ou tours Nuage) à Nanterre. Collage de l'équipe AIGP STAR Strategies + Architecture, Monu/ Board, Elioth-Egis Group, Lyn Capital.

L’offre culturelle du Grand Paris: "Mona Lisa au Chêne-Pointu à Clichy-sous-Bois".Collage de l'équipe AIGP STAR Strategies + Architecture, Monu/ Board, Elioth-Egis Group, Lyn Capital.


et MaiNteNaNt, qUe faire ?

Cette note relate un état des lieux sur le tourisme métropolitain à l’échelle du Grand Paris tel qu’une journée d’études a permis d’en dresser les contours. Elle montre en tout cas l’importance des enjeux et, de fait, interpelle les politiques et les professionnels sur l’importance, voire l’urgence des suites à y apporter. Certes, on n’a pas attendu la journée du 21 janvier pour travailler et réfléchir sur ce sujet. Tant au niveau de la recherche que des initiatives professionnelles et territoriales, beaucoup a déjà été entrepris, mais leur assemblage est encore déficient et surtout, il existe un grand déficit d’élaboration stratégique à caractère opérationnel. Beaucoup ont réclamé soit une coalition d’acteurs, soit une instance fédératrice, soit une mise en réseau, c’est-à-dire une forme de « gouvernance » adaptée aux enjeux à traiter. Celle-ci n’existe pas encore, mais on peut quand même avancer sur bien des points. En tout état de cause, il faut déjà donner à voir ce qui est en cours. Cette note et les documents rassemblés à l’occasion du 21 janvier peuvent y contribuer.

Sur le plan conceptuel d’abord : nous avions avant cette journée, avec le groupe-projet ayant participé à son cadrage, émis l’hypothèse que le tourisme métropolitain en émergence traduisait un changement de paradigme par rapport au tourisme urbain, du fait de la prise en compte de valeurs nouvelles, de mécanismes économiques collaboratifs, de pratiques différentes et multiples favorisant des innovations au niveau de l’offre et des structures industrielles ; de plus la notion même de touriste gagnait à être revisitée.

Nous ne pouvons pas dire que cette hypothèse a été confirmée de manière sérieuse, mais nous cernons bien les recherches nécessaires à conduire pour tracer ce nouveau cadre conceptuel qui apparaît nécessaire. De plus, comme une série de phénomènes sont très rapides du fait des transitions écologiques, numériques et géopolitiques notamment, une vision prospective se doit d’être projetée pour les acteurs concernés.

Sur le plan opérationnel, il y a urgence, même si elle n’est pas encore vraiment ressentie. D’abord parce que la destination Paris traditionnelle devient moins compétitive, pour plusieurs raisons, dont notamment la saturation de certains sites et de certains équipements, jugée de plus en plus insupportable par les touristes. Ensuite, parce qu'il y a une certaine difficulté, de la part de l’industrie du tourisme à répondre à des attentes individualisées et diversifiées. Le fait, non seulement d’élargir le territoire touristique, mais d’y développer d’autres modes de production, peut s’avérer comme un plus considérable.

L’urgence vient aussi d’une exigence de planification : avec en ligne de mire de grands événements internationaux, une certaine cohérence dans l’aménagement touristique est nécessaire. Le SCOT de la métropole devra à tout le moins s’y employer. Sans parler du futur Schéma Régional de Développement Economique qui va fournir des orientations stratégiques essentielles. Il faudrait éviter des initiatives territoriales déconnectées d’orientations stratégiques d’ensemble pour l’aire urbaine parisienne.



A titre indicatif, et dans l’attente d’une discussion plus élaborée sur le sujet, on peut indiquer les thèmes qui ont été évoqués comme pouvant faire l’objet d’approfondissements de la part de diverses organisations, chacune dans sa sphère de compétences.

Thème « Aménagement du territoire » (hors JO et Expo 2025)

1. Planification du développement : au niveau de l’aire urbaine, doit-on envisager des points forts d’attraction touristique à cristalliser ou est-il préférable de diluer les flux et les attracteurs en fonction des dynamiques territoriales? Doit-on envisager par exemple un schéma directeur incitatif pour l’implantation des nouveaux lits d’hébergements? Quelles relations avec les mobilités en fonction du Grand Paris Express? Quelles véritables fonctions touristiques peut-on développer autour de certaines gares et quartiers de gares? Quelles relations avec les grandes orientations de l’aménagement et du développement de la Métropole?

2. Qu’est-ce que signifie en termes opérationnels la mise en tourisme d’un territoire métropolitain ? Selon quelle typologie ? Peut-on parler, comme dans d’autres sites en France ou à l’international, de la mise en tourisme de l’aire urbaine? Quels processus envisager mêlant à la fois le hard et le soft? Quels partenariats organiser? Comment faire en sorte que la dimension environnementale soit prise en compte de manière structurante dans ces processus? Que faire pour les espaces qui abritent des équipements et des hébergements en fort déclin?

3. Au moment où se mêlent dans les projets des investissements publics, privés et sociaux, où tout ce qui concerne l’animation et l’intermédiation a une importance accrue, mais où le succès et la rentabilité dépendent de la bonne mise en synergie des divers éléments. N’y a-t-il pas des modes de financement particuliers à inventer pour favoriser ces synergies et ces solidarités de fait? Ceci est vrai tant pour des destinations nouvelles que pour des revalorisations de l’existant.

4. En matière d’emploi et de formation professionnelle, comment optimiser l’effort considérable qui reste à faire et qui nécessite une étroite coopération entre plusieurs parties? Comment le faire tout en tenant compte des impératifs de diffusion de ces emplois sur l’ensemble de l’aire urbaine?

Thème « Mise en marché »

1. La nécessité d’un vrai benchmarking de la mise en tourisme des grandes métropoles a été soulignée.

2. Si l’évolution des attentes et des pratiques est profondément ressentie, tant pour le tourisme d’agrément que pour le tourisme d’affaires, si l’évolution des types de clientèles est constatée, aucune véritable étude de marché liée aux réalités et aux spécificités du Grand Paris n’a été réalisée. Est-elle nécessaire? En tout cas, elle n’aurait de sens que si sa dimension sociologique était pleinement prise en compte.

3. Que signifie « vendre le Grand Paris »? Autour de quelle identité et de quel positionnement? Comment gérer, rendre lisible et attractif le foisonnement? Y a-t-il des thèmes structurants (la culture dans tous ses états...? ) Le tourisme peut-il contribuer, et si oui comment, à forger une identité métropolitaine?


Thème « Innovation touristique »

1. Comment faire en sorte que, dès l’amont, la conception des « smarts cities » prenne en compte les exigences des applications tourisme-loisirs pour des publics très divers?

2. On se doit d’innover en matière d’hébergements touristiques, du fait des impératifs écologiques et liés à la révolution digitale certes, mais aussi pour mieux répondre aux attentes des diverses clientèles, tant dans le low cost que dans le luxe. Un mouvement en ce sens existe déjà, aussi bien dans les grandes entreprises que chez des start-ups et des PME. Comment mieux insérer ces nouveaux hébergements en gestation dans la variété des environnements urbains du Grand Paris?

3. L’innovation des services. Si tout ce qui est lié au numérique trouve des cadres d’aide assez bien adaptés, l’innovation service non-technologique - pourtant essentielle au secteur - a toujours du mal à se développer. Y a-t-il des dispositifs spécifiques à créer? Ne peut-on adapter ce qui existe déjà?

Thème « Avancées conceptuelles »

1. L’ailleurs chez soi, le tourisme de proximité… tout autant de dénominations qui traduisent des interférences accrues entre tourisme et loisirs et une évolution sensible des pratiques et des clientèles. Ce qui est en jeu derrière ce concept, c’est sans doute une nouvelle manière de vivre et de ressentir son environnement naturel et culturel, ce sont de nouveaux rapports aux territoires. Cela mérite des approfondissements basés sur des observations sociologiques et ethnologiques fines.

2. Sécurité et hospitalité : toute grande destination touristique sera forcément « insecure » dans les années à venir, à un titre ou à un autre. Le tourisme urbain, en liaison avec ses spécificités et les phénomènes de congestion qu’il génère, est particulièrement concerné. Cela a déjà fait l’objet de plusieurs analyses via les rencontres de l’EFUS (European Forum for Urban Security), mais la relation reste à faire entre métropole « secure » et métropole hospitalière. Comment les orientations et actions prises en matière d’hospitalité urbaine renforcent-elles le sentiment de sécurité et même la sécurité objective?

3. Le tourisme métropolitain, tel qu’il commence à se développer, exige des processus de médiations, soit de la part d’associations facilitatrices, soit autour de lieux de culture, soit à partir des habitants eux-mêmes et de leurs récits. Comment caractériser ces processus? Faut-il les consolider? Pour quels objectifs?

Evidemment, le souhait qu’on peut formuler est que, dans l’esprit des échanges qui se sont déroulés le 21 janvier, ces travaux éventuels puissent être conduits de manière décloisonnée, et qu’il existe une sorte de comité de liaison permettant d’établir les passerelles qui s’imposent. Certes, ceci renvoie aux questions évoquées sur le pilotage stratégique et à la constitution éventuelle d’une coalition d’acteurs. Rien n’empêche néanmoins d’entamer une démarche de travail avec une attitude pragmatique.

En tout état de cause,nous espèrons que la journée du 21 janvier a été une sorte de coup d’envoi d’une démarche audacieuse et partenariale d’une mise en tourisme concertée et intelligente des territoires du Grand Paris. u



Office du tourisme et des congrès de Paris / Hauts-de-Seine Tourisme, Seine-Saint-Denis Tourisme / Val-de-Marne Tourisme & Loisirs RATP / Welcome City Lab - Paris and Co / IREST / Atout France

n projet pour renouveler et dynamiser l’image de la destination Paris, faire émerger et valoriser une nouvelle offre en matière de tourisme urbain et élargir résolument l’aire géographique des pratiques

touristiques. Des actions qui concernent en priorité les jeunes (20-35 ans) et les city-breakers (séjours de 2 à 5 jours) des marchés européens. Une première expérimentation à l’échelle de la zone urbaine dense.

Le CONteXte et Le PÉriMètre DU PrOjet

Alors que le tourisme urbain tient une place de plus en plus importante, Paris est une des villes les plus visitées au monde et sans doute la destination urbaine la plus désirée. Sa notoriété touristique n’est plus à faire, fondée sur son patrimoine monumental exceptionnel, l’harmonie unique de son urbanisme et de son architecture des XVIIIe et XIXe siècles notamment, son hôtellerie haut de gamme, son offre gastronomique de tout premier plan, ses grands magasins, ses marques de luxe et le rayonnement culturel de la France qu’elle porte.

Cependant, la puissance du Paris classique et la force de ses magnifiques musées et monuments éclipsent aux yeux du public touristique mondial le Paris d’aujourd’hui, moderne et innovant. La destination se doit donc de renouveler l’approche traditionnelle du tourisme urbain pour ne plus céder ce terrain à des villes comme Berlin, Londres, Barcelone ou Amsterdam.

Partant de ces constats et désireux de travailler ensemble sur ces grands enjeux, les partenaires de ce projet (l’OTCP, le CDT92, le CDT93, le CDT94, la RATP, le Welcome City Lab, l’IREST, Atout France) ont souhaité réunir leurs compétences et leurs moyens pour oeuvrer en commun à la valorisation touristique de la modernité et de l’innovation urbaine de la métropole parisienne et expérimenter un certain nombre d’actions en matière de tourisme urbain, à l’échelle de la zone urbaine dense desservie par le métro.

En effet, Paris et sa banlieue forment une grande métropole mondiale, moderne et innovante, une ville cosmopolite où s’invente la ville du XXIe siècle. Les nouvelles formes d’urbanisme, d’architecture, de culture, de création, les nouveaux modes de déplacement, de loisirs, de vie plus généralement, s’y développent dans les différents quartiers et communes qui la composent. Or, ce Grand Paris d’aujourd’hui et de demain est peu valorisé sur le plan touristique et donc peu connu.

CONTRAT DE DESTINATION : FICHE DE SYNTHÈSE / DESTINATION PARIS : LA VILLE AUGMENTÉE

U


LeS ObjeCtifS DU CONtrat De DeStiNatiON

Ce projet constitue un outil pour renouveler et dynamiser l’image de la destination et pour élargir résolument l’aire géographique des pratiques touristiques.

Il vise notamment à répondre aux nouvelles attentes des clientèles jeunes et européennes, à renforcer les parts de marchés de Paris, en particulier auprès de ces clientèles et à les fidéliser sur le long terme.

Les principaux objectifs de ce contrat sont de faire évoluer l’image de la destination, renforcer la diffusion des flux touristiques depuis le cœur touristique fréquemment saturé vers les quartiers et territoires périphériques, valoriser de nouveaux territoires (qu’il s’agisse des arrondissements périphériques de Paris ou des communes situées en proche couronne) et de nouveaux sites d’intérêt touristique que l’arrivée du réseau du Grand Paris Express permettra de desservir facilement, accroître les retombées économiques directes, indirectes et induites notamment dans les quartiers et territoires périphériques, intégrer les start-up proposant une innovation utile à l’attractivité de la destination, créer un contexte favorable au développement de capacités d’hébergement de qualité pour la destination et enfin, renforcer le travail, la coopération et l’intelligence collectifs.

Zoom sur la fresque de l'artiste de street-art Némo entre Belleville et Ménilmontant à Paris


LeS PriNCiPaUX aXeS D’aCtiON qUi SerONt DÉVeLOPPÉS DaNS Ce CONtrat De DeStiNatiON

En matière de structuration de l’offre et d’ingénierie, les grands axes d’actions concerneront :

D’une part la façon dont la métropole parisienne envisage ses développements touristiques et renouvelle son offre de produits : accompagner la mise en tourisme et la qualification d’une offre touristique nouvelle (parcours urbains, visites de quartiers, visites insolites…), accompagner les collectivités et leurs partenaires sur le développement de l’hôtellerie et des nouvelles formes d’hébergement, structurer les initiatives innovantes issues des start-up, travailler en vue de la prise en compte du tourisme dans les futures gares et nouveaux quartiers du Grand Paris Express, etc.

D’autre part, la façon dont la métropole parisienne donne à voir et vivre ses lieux : accompagner la mise en valeur et l’ouverture aux touristes de lieux du quotidien et de lieux de spectacle et d’animation permanente, mettre en valeur les expérimentations artistiques, viser au développement d’outils de valorisation des événements, encourager l’implication dans le tourisme des acteurs de la ville (habitants, commerçants etc.), valoriser l’économie collaborative etc.

En matière de marketing et promotion, les partenaires s’engagent à mettre en avant un autre Paris en termes d’offres touristiques et de périmètre géographique. Les actions concerneront en priorité les jeunes et les city-breakers des marchés européens. Les notions d’innovation, d’altérité, de contemporain et d’expérimentation seront au cœur de cette stratégie marketing.

En termes de communication, il s’agira de construire des messages simples, percutants et décalés s’appuyant sur le contraste entre les images mondialement connues du Paris éternel et celles plus surprenantes et moins attendues de la métropole urbaine du XXIe siècle (architecture, street art, nuit…). Les partenaires créeront un discours et des récits cohérents et ils scénariseront l’offre en rendant exceptionnelle l’expérience liée à la visite de Paris. Ils sensibiliseront les distributeurs à l’attrait des offres renouvelant la destination et utiliseront les nouveaux canaux de communication ainsi que les relais spécialisés pour la cible jeune. Enfin, ils animeront des communautés d’ambassadeurs et capitaliseront sur l’effervescence créative et événementielle de la destination, dont notamment les temps forts comme l’Euro 2016.

Enfin, en matière de qualité de l’offre et de l’accueil, le contrat de destination a pour ambition de s’appuyer sur la dimension humaine de l’accueil touristique. Les partenaires sensibiliseront les acteurs, et notamment ceux qui sont encore éloignés de la fonction touristique, aux démarches de qualité et ils développeront les réseaux d’ambassadeurs (et notamment les habitants ambassadeurs).

En termes d’observation et d’évaluation, les partenaires mettront en place des outils mesurant régulièrement les impacts des actions mises en œuvre en utilisant notamment les systèmes de mesure et d’analyse des flux et des mobilités (flux vision tourisme d’Orange), les traces numériques laissées par les touristes sur les réseaux sociaux (photos postées et avis - commentaires analysés par l’IREST). Ils proposent également d’expérimenter certains outils innovants développés par les start-ups du Welcome City Lab.

LE BUDGET GLOBAL

Le contrat présente un budget global de 375.000 € sur 3 ans, financé à hauteur de 300.000 € par les partenaires et 75.000 € par l’Etat. u

CONtrat De DeStiNatiON : fiChe De SyNthèSe / DeStiNatiON PariS : La ViLLe aUGMeNtÉe


Union - Atrium

L'UNION DES ASSOCIATIONS DES COLLABORATEURS DE LA CAISSE DES DÉPÔTS ET DE SES FILIALES Association régie par la loi de 1901, l'Union Atrium fédère les associations créées par les collaborateurs du Groupe Caisse des Dépôts. C'est une instance de dialogue et de mise en commun d’activités et de moyens qui accueille tous les collaborateurs de la Caisse et de ses filiales (associations, adhérents individuels, en activité professionnelle ou retraités). Objectifs de l'association

u Entretenir les relations entre le réseau de l’association et la Caisse des Dépôts et s’informer de l’évolution de l’entreprise ;

u Développer la qualité des liens entre la Caisse des Dépôts et ses collaborateurs et anciens collaborateurs ;

u Représenter efficacement les intérêts de ses adhérents ;

u Renforcer le sentiment d’appartenance à une même communauté de valeurs en offrant aux adhérents une véritable structure d’accueil, d’écoute et de conseil.

Les activités au service des adhérents

u La promotion d’actions et de rencontres au niveau national et international pour faire rayonner le réseau de l’association ;

u La constitution de groupes de réflexion sur des sujets liés aux métiers et domaines d’intérêts des adhérents (le club tourisme, le club international) ;

u La participation à l’élaboration de documents relatifs aux entretiens menés par les groupes de réflexion ;

u La recherche de mutualisation de projets entre partenaires pour optimiser les coûts ;

u Une participation, avec la collaboration des associations, à des travaux universitaires ;

u Des initiatives pour accompagner le départ à la retraite ;

u Des conseils sur les aspects sociaux, délivrés à ses membres.

www.union-atrium.com

LES PARTENAIRES


À la suite de la consultation internationale de 2008 intitulée « Le Grand Pari(s) de l’agglomération parisienne », l’Atelier International du Grand Paris (AIGP) est créé dans le but de poursuivre les réflexions développées à cette occasion.

Doté d’un Conseil scientifique, l’AIGP est au service des acteurs et des citoyens du Grand Paris. Il définit de grandes thématiques transversales par le lancement d’appels à projets. Il développe des stratégies génératrices d’innovations architecturales et urbaines, paysagères, culturelles, économiques et sociales. Il initie des expositions sur des projets métropolitains et de grands débats publics.

Avec cette approche et fort de son ouverture internationale, il constitue un lieu unique de travail, d’expérimentation, de création et de diffusion sur les enjeux de la nouvelle Métropole en construction.

L’AIGP revêt la forme d’un groupement d’intérêt public.

Sa gouvernance associe à parité l’État (ministère de la Culture et de la Communication, ministère du Logement et de l’Égalité des Territoires, Préfecture de Paris et d’Île-de-France) et les collectivités territoriales (ville de Paris, région Île-de-France, syndicat Paris Métropole et l'Association des maires d’Île-de-France).

Son président est M. Pierre Mansat et sa directrice générale est Mme Mireille Ferri.

Le Conseil scientifique de l’AIGP, renouvelé en juin 2012 à la suite d'un appel d’offre international, est aujourd’hui composé de quatorze équipes pluridisciplinaires d’architectes, d’urbanistes, de chercheurs et d’experts.

Ce Conseil est sollicité à travers des commandes, sur les enjeux prospectifs et de portée immédiate du Grand Paris.

Équipes membres du Conseil scientifique

• Agence Francois Leclercq / Ateliers Lion & Associés / Agence Marc Mimram

• Antoine Grumbach et Associés - S’PACE, J-R. Mazaud - ORGECO, S. Ronai

• MVRDV avec AAF et ACS - W. Mass, A. Feraru, M. Eleb

• STAR Strategies + Architecture - MONU Magazine - Elioth-Egis Group - Lyn Capital

• DPA (Dominique Perrault, architecte-urbaniste + Une Fabrique de la Ville)

• Atelier Roland Castro, Sophie Denissof et Associés / Silvia Casi, Jean-Pierre Le Dantec, Berim, Nexity

• Studio_016 Bernardo Secchi et Paola Viganò

• FGP + TER, Philippe Gazeau, architecte

• BMCA / Brès + Mariolle et Chercheurs Associés

• LIN, Finn Geipel + Giulia Andi

• Les Urbanistes Associés / Devillers et associés

• Agence 2Portzamparc / Elizabeth et Christian de Portzamparc

• Seura Architectes ((D. Mangin, F. Bougnoux, J-M. Fritz, E. Roncen et M-H. Simonpoli)

• TVK Trévelo et Viger-Kohler / Acadie / Güller Güller / Bas Smets

www.ateliergrandparis.fr

LeS ParteNaireS


AVEC LA CRÉATION DE FRANCE DÉVELOPPEMENT TOURISME LE GROUPE CAISSE DES DÉPÔTS MOBILISERA

1 MILLIARD D’EUROS POUR LE TOURISME

Paris, le 8 octobre 2015. Annoncé par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international, à l’occasion de la conférence annuelle du tourisme, le groupe Caisse des Dépôts lance officiellement sa plateforme d’investissements, France Développement Tourisme, dédiée au développement du secteur du tourisme en France.

Afin de répondre aux objectifs d’accueil de 100 millions de touristes étrangers par an d’ici 2020 (85 millions en 2015), le groupe Caisse des Dépôts se donne l’ambition de mobiliser une capacité d’investissement de près d’un milliard d’euros sur les cinq prochaines années au service de l’économie du tourisme, avec trois cibles prioritaires : l’hébergement, les équipements et infrastructures, et les entreprises.

La plateforme d’investissements comportera trois dispositifs, avec des cibles et des thèses d’investissement distinctes.

1. Une Foncière dédiée à l’hébergement touristique pour accroître les capacités d’hébergementLa création de cette foncière, ouverte aux investisseurs, vise à répondre aux besoins d’amélioration des capacités et de la qualité de l’hébergement dans les sites touristiques. Elle aura vocation à investir dans les murs de projets de construction ou de rénovation lourde d’hôtels et de résidences de tourisme dans des destinations dotées d’un fort potentiel. Une levée de fonds sera lancée à destination des investisseurs institutionnels avec une cible de 500 millions d’euros, le groupe CDC ayant vocation à participer à la mise de fonds initiale.

2. Une enveloppe d’intervention dédiée aux territoiresUne enveloppe de fonds propres de la Caisse des Dépôts sera dégagée pour les investissements dans les infrastructures et les équipements touristiques (ports de plaisance, parcs d’exposition, thermalisme, tourisme culturel…) dans les territoires, y compris les hébergements qui ne seraient pas dans la cible de la Foncière hébergement. Son montant devrait approcher les 400 millions d’euros et les thèses d’investissement feront intervenir, au cas par cas, des co-investisseurs privés.

3. Un fonds de capital développement - France investissement tourisme - pour soutenir les entreprises françaises du secteurUn fonds de capital développement (FPCI) sera créé par Bpifrance pour les PME (France Investissement tourisme) de la filière, dont une partie des investissements seront fléchés pour le financement de l’innovation et du e-tourisme. Ce fonds sera ouvert à des souscripteurs tiers et une levée de fonds entre 80 millions d’euros et 100 millions d’euros est visée avec un engagement de Bpifrance pour 50 millions d’euros. u

La Caisse des Dépôts et ses filiales constituent un groupe public, investisseur de long terme au service de l’intérêt général et du développement économique des territoires. Sa mission a été réaffirmée par la loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008.

Reconnu pour son expertise dans la gestion de mandats, le Groupe concentre son action sur quatre transitions stratégiques pour le développement à long terme de la France : les transitions territoriale, écologique et énergétique, numérique et démographique.

Outre l’appel à projets dédié à l’architecture de la transformation, la Caisse des Dépôts orientera une partie de sa politique de mécénat sur les secteurs de l’architecture et du paysagisme. Des initiatives dédiées à la recherche et aux jeunes architectes seront prochainement lancées.

www.caissedesdepots.fr

LeS ParteNaireS


Cet ouvrage a été publié à l'occasion de la commande passée au Conseil scientifique de l'Atelier International du Grand Paris (AIGP) sur la "Mise en tourisme des territoires du Grand Paris". Il se veut une restitution augmentée de la journée d'étude du 21 janvier 2016 organisée conjointement par l'AIGP et le Club Tourisme de l'Union Atrium, avec la soutien de la Caisse des Dépôts.

RemerciementsL’Atelier International du Grand Paris adresse ses plus vifs remerciements à la Caisse des Dépôts, partenaire de l’AIGP et cofinanceur de cet ouvrage, de la journée d’étude du 21 janvier 2016 et de la commande du mois d'avril 2016 aux équipes du Conseil scientifique de l'AIGP.

Nous remercions également Robert Spizzichino pour son rôle moteur, ainsi que l’ensemble des chercheurs, spécialistes et professionnels du secteur, contributeurs directs et indirects de cet ouvrage et des contributions liées disponibles sur le site internet de l’AIGP.

Enfin, nous adressons nos remerciements au ministère de la Culture et de la Communication, au ministère du Logement et de l'Habitat durable, à la Ville de Paris, à la Région Île-de-France, à Paris Métropole, l’AMIF, la DRIEA, l’IAU, l’APUR, la Société du Grand Paris et à l’ensemble de nos partenaires.

La mise en tourisme des territoires du Grand Paris:enjeux et perspectives

Édition : AIGP - Caisse des Dépôts

Coordination éditoriale : Aurélien Lazerges

Conception éditoriale : Robert Spizzichino

Réalisation graphique : Serge Marquis

Impression : BSMD AVANT-GARDE

© Atelier International du Grand Paris (AIGP)

Atelier International du Grand ParisPrésident : Pierre MansatDirectrice générale : Mireille FerriDirecteur général adjoint : Manuel Bamberger

Caisse des Dépôts Direction régionale Ile-de-FranceDirecteur régional : Régis PélissierDirecteur régional adjoint : François ÉliaChargé de mission Grand Paris : Jean-Dominique Piani

Achevé d’imprimer en juin 2016


www.ateliergrandparis.fr/tourisme/

ATELIER INTERNATIONAL DU GRAND PARIS Palais de tokyo 13 avenue du Président Wilson75116 Paris téléphone: + 33 (0) 1 76 21 04 [email protected]

www.ateliergrandparis.fr

CAISSE DES DÉPÔTS56, rue de Lille75356 Paris cedex 07DIRECTION RÉGIONALE ILE-DE-FRANCE2, avenue Pierre Mendès france75648 Paris cedex [email protected]

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