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Abord homéopathique des infections de la conjonctive Homeopathic approach to infections of the conjunctiva Ophtalmologiste homéopathe, 11, rue George-Bernard-Shaw, 75015 Paris, France D ans le cadre d'un exercice quoti- dien les médecins homéopathes non spécialistes peuvent être amenés à traiter des infections d'origine microbienne ou virale : essentiellement des conjonctivites bactériennes et vira- les des maladies infectieuses, de la è- vre adénopharyngoconjonctivale (APC) et des kératoconjonctivites épidémiques (KCE). LES CONJONCTIVITES BACTÉRIENNES DES MALADIES INFECTIEUSES L'ophtalmie purulente du nouveau-né, affection gonococcique redoutable, est devenue exceptionnelle depuis la métho- de de Crédé et la pénicillinothérapie. Quant aux conjonctivites gonococciques de l'adulte et de l'enfant, elles tendent à augmenter avec la recrudescence des maladies sexuellement transmissi- bles ; d'allure aiguë avec œdème palpé- bral, chémosis, sécrétions abondantes, purulentes, jaunâtres ou verdâtres, elles restent graves par leurs complications cornéennes, avec danger de perforation du globe et panophtalmie, et imposent un traitement antibiotique d'urgence. Les conjonctivites à germes banals sont beaucoup plus fréquentes, puisqu'elles représentent le quart des conjonctivites bactériennes. Elles regroupent des affec- tions conjonctivales dont les aspects Odette Duo-Boujard Mots clés Conjonctivites bactériennes Fièvre adénopharyngo- conjonctivale Homéopathie Kératoconjonctivites épidémiques à adénovirus Ophtalmologie Keywords Adenopharyngo- conjunctival fever Bacterial conjunctivitis Epidemic keratoconjunctivitis caused by adenovirus Homeopathy Ophthalmology Adresse e-mail : odettedu[email protected] RÉSUMÉ Les deux localisations des infections microbiennes et virales de l'œil, que les médecins homéo- pathes non spécialistes pourront traiter dans le cadre de leur exercice quotidien, sont essen- tiellement celles touchant les paupières et le segment antérieur de l'œil (la conjonctive). Les affections palpébrales ayant été décrites dans le précédent numéro de La Revue d'Homéo- pathie, cet article aborde les conjonctivites bactériennes et virales, principalement celles des maladies infectieuses, de la èvre adénopharyngoconjonctivale (APC) et des kératoconjoncti- vites épidémiques (KCE), et recense les spécialités homéopathiques permettant de les traiter. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. SUMMARY The two localisations of microbial and viral infections of the eye, which non-specialist homeopathic doctors may treat as part of their daily practice, are mainly those affecting the eyelids and the anterior segment of the eye (conjunctiva). While eyelid conditions have been described in the previous issue of La Revue d'Homéopathie, this article deals with bacterial and viral conjunctivitis, mainly those caused by infectious diseases, adenopharyngoconjunctival fever and epidemic keratoconjunctivitis, and identies the homeopathic specialities which can be used to treat them. © 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. La Revue d'Homéopathie 2012;3:37 Savoirs / Enseignement © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.revhom.2012.01.001 3

Abord homéopathique des infections de la conjonctive

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La Revue d'Homéopathie 2012;3:3–7 Savoirs / Enseignement

© 2012doi:10.

Abord homéopathique desinfections de la conjonctive

Homeopathic approach to infectionsof the conjunctiva

Odette Duflo-Boujard

Ophtalmologiste homéopathe, 11, rue George-Bernard-Shaw, 75015 Paris, France

Mots clésConjonctivitesbactériennesFièvre adénopharyngo-conjonctivaleHoméopathieKératoconjonctivitesépidémiques à adénovirusOphtalmologie

KeywordsAdenopharyngo-conjunctival feverBacterial conjunctivitisEpidemickeratoconjunctivitiscaused by adenovirusHomeopathyOphthalmology

UMÉeux localisations des infections microbiennes et virales de l'œil, que les médecins homéo-s non spécialistes pourront traiter dans le cadre de leur exercice quotidien, sont essen-ent celles touchant les paupières et le segment antérieur de l'œil (la conjonctive). Les

tions palpébrales ayant été décrites dans le précédent numéro de La Revue d'Homéo-e, cet article aborde les conjonctivites bactériennes et virales, principalement celles desdies infectieuses, de la fièvre adénopharyngoconjonctivale (APC) et des kératoconjoncti-épidémiques (KCE), et recense les spécialités homéopathiques permettant de les traiter.2 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

MARYwo localisations of microbial and viral infections of the eye, which non-specialist homeopathicrs may treat as part of their daily practice, are mainly those affecting the eyelids and theior segment of the eye (conjunctiva). While eyelid conditions have been described in theous issue of La Revue d'Homéopathie, this article deals with bacterial and viral conjunctivitis,ly those caused by infectious diseases, adenopharyngoconjunctival fever and epidemicoconjunctivitis, and identifies the homeopathic specialities which can be used to treat them.2 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

ans le cadre d'un exercice quoti- devenue exceptionnelle depuis la métho-

Ddien les médecins homéopathesnon spécialistes peuvent être

amenés à traiter des infections d'originemicrobienne ou virale : essentiellementdes conjonctivites bactériennes et vira-les des maladies infectieuses, de la fiè-vre adénopharyngoconjonctivale (APC)et des kératoconjonctivites épidémiques(KCE).

Adresse e-mail :[email protected]

LES CONJONCTIVITESBACTÉRIENNES DESMALADIES INFECTIEUSES

L'ophtalmie purulente du nouveau-né,affection gonococcique redoutable, est

Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.1016/j.revhom.2012.01.001

de de Crédé et la pénicillinothérapie.Quant aux conjonctivites gonococciquesde l'adulte et de l'enfant, elles tendentà augmenter avec la recrudescencedes maladies sexuellement transmissi-bles ; d'allure aiguë avec œdème palpé-bral, chémosis, sécrétions abondantes,purulentes, jaunâtres ou verdâtres, ellesrestent graves par leurs complicationscornéennes, avec danger de perforationdu globe et panophtalmie, et imposent untraitement antibiotique d'urgence.Les conjonctivites à germes banals sontbeaucoup plus fréquentes, puisqu'ellesreprésentent le quart des conjonctivitesbactériennes. Elles regroupent des affec-tions conjonctivales dont les aspects

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O. Duflo-BoujardSavoirs / Enseignement

cliniques sont voisins, mais dont le germe responsablesera précisé par l'examen bactériologique.Le tableau clinique le plus fréquent s'installe brutale-ment par une sensation de brûlure, de corps étranger,de photophobie et, très rapidement, une sécrétionabondante, purulente ou mucopurulente apparaît,contrairement aux conjonctivites d'autres étiologiesqui présentent une période précatarhale avant l'appa-rition de la sécrétion d'aspect variable. Les paupières,rouges et tuméfiées, sont souvent bordées de petiteslésions ulcéreuses. La muqueuse oculaire est hyper-hémiée, rouge violacé, avec parfois de petites suffu-sions sanguines. Des complications cornéennespeuvent s'observer : ulcères de cornée ou à l'hypopion.

Formes cliniquesÀ côté de cette forme classique, on décrit :

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des formes pseudomembraneuses : un exsudatgrisâtre recouvre la conjonctive tarsienne ; il sedétache et se reproduit facilement ;

des formes où l'œdème domine ; � des formesen fonction dugerme en cause : staphy-locoque, streptocoque, pneumocoque, méningoco-que ; elles peuvent revêtir la forme prise pour letype de description ou l'une de ses formes cliniques.La conjonctivite à staphylocoque pourra évoluer sousune forme subaiguë ou chronique chez l'adulte ; ellevient alors compliquer une blépharite ou d'autresmanifestations staphylococciques locales ou géné-rales (furonculose) dont la conjonctivite n'est qu'unelocalisation. Si le staphylocoque doré est presquetoujours pathogène, les staphylocoques blancs et cit-rins peuvent le devenir dans certaines conditions, telsles facteurs environnementaux (hygiène, pollution) etde réceptivité de l'hôte.

Choix thérapeutique et traitementclassiqueLes traitements classiques des conjonctivites bacté-riennes incluent l'utilisation immodérée des antibiotiqueset corticoïdes locaux, également responsables du désé-quilibre de la flore microbienne. C'est pourquoi, bien quedans ces conjonctivites purulentes, l'antibiothérapie soitla thérapeutique la plus largement utilise, car elle mini-mise le danger des complications cornéennes, nousévitons de l'appliquer en première intention.À la condition d'une surveillance étroite, et en fonctionde la forme clinique, nous procédons schématiquementde la façon suivante :

� localement : nettoyage des sécrétions au sérumphysiologique, instillation d'antiseptiques locaux telsque sulfate de zinc, picloxydine (Vitabact®), bromurede céthexonium (Biocidan®) ;

par voie interne : prescription d'un des principauxmédicaments homéopathiques des sécrétions

purulentes, répété à une fréquence variable en fonctiondu mode évolutif.

Traitement homéopathique des formesaiguësLes médicaments homéopathiques des formes aiguësde conjonctivites bactériennes sont :

� Hepar sulfur, lorsque :� les paupières sont enflées, contractées, très dou-loureuses au toucher et ont tendance à saignerquand on essaye de les retourner,

� la sécrétion est purulente, épaisse, abondante, par-fois sanguinolente,

� les symptômes sont majorés par le froid.

Hepar sulfur sera toujours prescrit en dilution basse, en5 à 7 CH. � Argentum nitricum, lorsqu'à l'abondance de l'écoule-ment, qui peut être mucopurulent ou franchementpurulent, non irritant, s'ajoutent :� la prédominance de l'œdème et de l'hyperhémiedans l'angle interne, au niveau des caroncules,

� l'importance de la photophobie, aggravée dans uneatmosphère chaude alors qu'elle est améliorée augrand air (modalité opposée à celle d'Hepar sulfur) ;

Mercurius solubilis peut convenir aux conjonctivitesdont l'écoulement mucopurulent est abondant et irri-tant, avec aggravation des symptômes par la chaleuret surtout la nuit.

Traitement homéopathique des formessubaiguësLes médicaments homéopathiques des formes sub-aiguës de conjonctivites bactériennes sont :

� Pulsatilla, lorsqu'il y a un écoulement non irritant, bienlié et profus. Les symptômes sont aggravés par lachaleur, améliorés par le grand air ;

Calcarea sulfurica, lorsqu'une sécrétion jaunâtre etépaisse caractérisée par son aspect grumeleux estprésente. C'est un médicament qui convient aux indi-vidus à la peau malsaine, couverte d'acné et siège desuppurations cutanées comme Hepar sulfur dont il serapproche mais se distingue par son améliorationà l'air frais et une beaucoup moins grande hypersen-sibilité au toucher.

Traitement homéopathique des formeschroniquesLes médicaments homéopathiques des formes chroni-ques de conjonctivites bactériennes sont :

� Natrum phosphoricum, en présence d'une sécrétionjaune d'or, crémeuse, est prescrit chez des sujets quisouffrent de dyspepsie acide ;

Picricum acidum convient aux conjonctivites chroni-ques avec sécrétion abondante, jaunâtre et épaisse,d'autant qu'il s'agit de sujets épuisés par le moindre
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effort, atteints de furonculose chronique, spéciale-ment du conduit auditif externe ;

Natrum sulfuricum s'adresse aux conjonctivites chro-niques dont les écoulements épais, jaune verdâtre,sont provoqués ou aggravés par l'humidité, avec lar-moiement et photophobie importante ;

Dulcamara est indiqué en présence d'une sécrétionjaunâtre, épaisse, aggravée par le froid humide, sou-vent associée à une adénopathie satellite.

Ces deux derniers médicaments (Natrum sulfuricum etDulcamara) conviendront aux conjonctivites purulenteschroniques sur terrain sycotique.

Figure 1. Stade de début d'une kératoconjonctivite épidémiqueà adénovirus avec œdème et hyperhémie.

©Atlas d'ophtalmologie clinique, Groupe Liaisons.

LES CONJONCTIVITESET KÉRATO-CONJONCTIVITESÀ VIRUS ET À ADÉNOVIRUS

Il s'agit d'affections épidémiques dont la premièreconnue semble être l'épidémie de kératoconjonctivitequi atteignit en 1942 tous les travailleurs des chantiersnavals américains et fut responsable d'un ralentisse-ment considérable de la construction des Liberty ships,d'où son surnom de kératoconjonctivite des Libertyships [1]. Elle arriva en France en 1946.Parmi lesnombreusesautresépidémiesqui luifirentsuite,la plus retentissante (car elle prit la dimension d'unepandémie mondiale) fut la conjonctivite aiguë hémor-ragique, type « Apollo » ; partie du Ghana en 1969, ellearriva en France en 1973 ; liée à l'entérovirus 70 et trans-mise par le bétail, elle semble avoir disparu depuis 1974.Actuellement, le groupe des virus responsables de lamajorité des conjonctivites et kératoconjonctivites viralesest celui des adénovirus. Connus depuis 1953, on en adénombré plus d'une quarantaine ; ils sont à l'origine denombreuses affections des voies respiratoires supé-rieures. Les plus fréquemment en cause dans les affec-tions conjonctivales et cornéennes sont les adénovirus detypes 3 et 8, mais d'autres types peuvent être retrouvés.Ces affections se traduisent par un certain nombre defacteurs communs : une conjonctivite aiguë de typefolliculaire, une adénopathie, une atteinte cornéennefréquemment associée, la présence, dans les produitsde raclage conjonctival, de cellules mononucléaires,l'ascension du taux des anticorps du sérum à deuxexamens espacés de 15 jours qui confirmera le diag-nostic : le virus mettant en moyenne quatre à six semai-nes à se développer.Les deux types d'affection conjonctivo-cornéenneà adénovirus les plus fréquents sont la fièvre adéno-pharyngoconjonctivale, ou fièvre APC, et les KCE.

La fièvre adénopharyngoconjonctivale(APC)Rattachée à un adénovirus de types 2, 4 et 7, la fièvreAPC débute brusquement après une incubation de cinqà six jours par :

une fièvre entre 38 et 39 8C avec malaise général etcéphalée ;

une pharyngite ; � une adénopathie cervicale ; � une conjonctivite, le plus souvent d'emblée bilatérale,aiguë, de type papillofolliculaire ;

une kératite ponctuée superficielle (KPS) dans envi-ron lamoitié des cas, les lésions cornéennes restant leplus souvent épithéliales, c'est-à-dire superficielles.

La guérison survient généralement sans séquelles aubout de 15 jours.

Traitement classique de la fièvre APC

Il est essentiellement symptomatique : désinfection desvoies respiratoires supérieures et de la muqueuse ocu-laire, antibiothérapie en cas de surinfection.

Traitement homéopathique de la fièvre APC

Les médicaments couvrent en même temps les symp-tômes locaux de différentes muqueuses et les symp-tômes généraux, tels : Aconitum napellus, Belladonna,Ferrum phosphoricum, Bryonia, Arsenicum album, Rhustoxicodendron, Dulcamara.Leur choix revient aux médecins homéopathes géné-ralistes ; leur façon d'aborder la fièvre APC par un traite-ment s'adressant au type réactionnel du sujet atteintpermet, dans de nombreux cas, d'en écourter l'évolutionet d'en minimiser l'expression symptomatique.

Les kératoconjonctivites épidémiquesà adénovirus (KCE)Les KCE à adénovirus sont, comme nous l'avons vu,des affections très contagieuses. Les adénovirus detypes 8, 9 et 17 sont le plus fréquemment en cause.La forme la plus typique (Fig. 1) débute brutalement parun tableau de conjonctivite folliculaire aiguë unilatéraleavec :

� un larmoiement ; � un gonflement des paupières ; � une conjonctive rouge et œdématiée, avec des folli-cules nombreux quasi constants (Fig. 2) et parfois unefausse membrane ;

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Figure 2. Follicules dans une kératoconjonctivite épidémiqueà adénovirus.

©Pocket atlas of ophtalmology. Georg Thieme Verlag.

O. Duflo-BoujardSavoirs / Enseignement

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une sécrétion le plus souvent discrète et séreuse,jamais purulente ;

une adénopathie prétragienne (en avant du tragus del'oreille).

L'évolution se fait d'abord vers la bilatéralisation dessignes conjonctivaux au bout de quelques jours à unesemaine, puis vers leur sédation en dix à 15 jours enmoyenne.L'atteinte de la cornée peut être :

� soit précoce, quelques jours après le début dessignes conjonctivaux, s'installe une KPS qui disparaîtgénéralement rapidement ;

soit tardive : au bout d'une quinzaine de jours aprèsla sédation des signes conjonctivaux apparaissentsous l'épithélium, c'est-à-dire sous la couche super-ficielle de la cornée, ce que l'on décrit comme des« nodules sous-épithéliaux » groupés en médaillon,de diamètre et de nombre variables ; ils peuvent per-sister plusieurs mois, voire des années, et sont trèsgênants lorsqu'ils sont au centre de la cornée (Fig. 3).

Les deux formes peuvent d'ailleurs se succéder chez lemême malade.

igure 3. Infiltrats sous-épithéliaux, signes d'une atteinte tardive de

a cornée lors d'une kératoconjonctivite épidémique à adénovirus.©Atlas d'ophtalmologie clinique, Groupe Liaisons.

Traitement classique des KCE

La table ronde traitant du traitement classique des KCE,en décembre 1974 à l'Hôtel-Dieu de Paris, préconisaitschématiquement :

� demouiller au maximum la conjonctive et la cornée aumoyen d'instillations répétées de sérum physiologiqueou d'un système d'irrigation ;

de n'utiliser des corticoïdes qu'à la phase tardive denodules sous-épithéliaux ; leur efficacité semble d'ail-leurs controversée.

L'attitude thérapeutique a peu évolué depuis, l'utilisationd'antiviraux n'ayant pas fait la preuve de leur efficacité.

Traitement homéopathique des KCE

Les médicaments homéopathiques les plus fréquem-ment indiqués sont :

� au stade d'œdème et d'hyperhémie :� Apis mellifica, car l'œdème est quasi constant,� Belladonna, car l'hyperhémie est importante, laconjonctive rouge vernissé, et une sécheresse ocu-laireest fréquemmentassociée.Belladonnaconvientégalement dans les formes hémorragiques.

Ces deux médicaments homéopathiques seront pres-crits alternativement dès le début de l'affection en 5 CH,trois granules toutes les deux heures, puis espacés aufur et à mesure de l'amélioration :

� au stade des follicules : Belladonna peut être rem-placé par Rhus toxicodendron 4 ou 5 CH, trois granu-les, trois fois par jour ;

au stade d'infiltrats sous-épithéliaux : en présencede nodules sous-épithéliaux, l'ophtalmologiste est sou-vent désarmé ; la cortisone risque de favoriser la dupli-cation du virus. Les médicaments suivants semblentavoir uneaction favorable :Kaliummuriaticum,Euphra-sia et Thiosinaminum. Nous les préconisons à la dosede deux granules de chaque en 5 CH, une à deux foispar jour pendant des semaines, voire des mois.

L'approche faite par le docteur Frédérique Bisch [2]concernant les résultats comparatifs de 40 cas deconjonctivites et de kératoconjonctivites à adénovirusest très intéressante : 20 cas furent traités par allopathieet 20 cas par homéopathie. Le bénéfice s'avéra large-ment au profit de l'homéopathie : moindre nombre deconsultations, durée d'évolution deux fois moins impor-tante, évitement des médicaments à retentissement se-condaire, diminution des complications cornéennes.

Déclaration d'intérêts

L'auteur déclare ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cetarticle.

RÉFÉRENCES

[1] Offret G. Kérato-conjonctivite épidémique. Table ronde de la clini-que ophtalmologique Hôtel-Dieu Paris; 1974.

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La Revue d'Homéopathie 2012;3:3–7 Savoirs / Enseignement

[2] Bisch F. Conjonctivites et kerato-conjonctivites à adénovirus.

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