36
Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Spécialisées d’Anesthésie et Réanimation Coordonnateur : Monsieur le Professeur M. Samama INCIDENCE ET FACTEURS DE RISQUE DES PNEUMOPATHIES PRECOCES ACQUISES SOUS VENTILATION MECANIQUE A Pseudomonas aeruginosa CHEZ LES PATIENTS POLYTRAUMATISES Présenté et soutenu publiquement le 9 Avril 2009 par Monsieur Chung Hi DO Travail effectué sous la direction de Madame le Docteur Qin LU et Monsieur le Professeur Jean-Jacques ROUBY

Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

Académie de Paris

Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Spécialisées d’Anesthésie et Réanimation

Coordonnateur : Monsieur le Professeur M. Samama

INCIDENCE ET FACTEURS DE RISQUE DES

PNEUMOPATHIES PRECOCES ACQUISES SOUS

VENTILATION MECANIQUE A Pseudomonas

aeruginosa CHEZ LES PATIENTS

POLYTRAUMATISES

Présenté et soutenu publiquement le 9 Avril 2009 par Monsieur Chung Hi DO

Travail effectué sous la direction de

Madame le Docteur Qin LU et

Monsieur le Professeur Jean-Jacques ROUBY

Page 2: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

2

RESUME But de l’étude :

Les recommandations actuelles dans le traitement empirique des pneumopathies acquises sous ventilation mécanique (PAVM) précoces ne prennent pas en compte l’existence de pathogènes multi-résistants dont Pseudomonas aeruginos chez les patients sans facteur de risque préalable. Néanmoins, les études récentes montrent que Pseudomonas aeruginosa est souvent impliqué dans les PAVM précoces, à l’origine d’un retard à une antibiothérapie adaptée. L’objectif de l’étude est d’étudier l’incidence et les facteurs de risque des PAVM précoces à Pseudomonas aeruginosa dans la population de polytraumatisés admis dans le service de réanimation polyvalente du Département d’Anesthésie-Réanimation de l’hôpital Pitié-Salpêtrière. Matériels and Méthodes :

Sur la totalité des patients hospitalisés dans le service de réanimation polyvalente de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris entre Janvier 2001 et Décembre 2008, nous avons mené une analyse rétrospective des données concernant les patients polytraumatisés développant une première PAVM précoce ou tardive. L’incidence des PAVM précoces à Pseudomonas aeruginosa a été évaluée. Les caractéristiques démographiques, les scores de gravité, l’évolution clinique et les facteurs de risques ont été comparés d’abord entre les patients polytraumatisés atteints de PAVM précoces et tardives, et ensuite entre les patients développant une PAVM précoce à Pseudomonas aeruginosa et à un autre pathogène. Résultats :

Parmi 579 patients polytraumatisés admis en réanimation, 25% des patients ont développé une pneumopathie précoce et 23% une pneumopathie tardive. Pseudomonas aeruginosa représente 14,8% des pathogènes retrouvés dans les PAVM précoces et 29,1% dans les PAVM tardives. Les patients présentant une PAVM précoce et une PAVM tardive sont comparables sur les critères étudiés. En revanche, les patients polytraumatisés qui développent une PAVM précoce à Pseudomonas aeruginosa, comparés aux patients développant une PAVM précoce à un autre pathogène sont significativement plus graves en termes de score IGS II [médiane (25-75% interquartiles : 41 (35-54) versus 34 (26-45)] (p=0.008). Conclusion : Dans notre service, l’incidence des PAVM précoces à Pseudomonas aeruginosa chez les patients polytraumatisés est de 15%. Les patients ayant les critères de gravité les plus importants dans les premières 24 heures présentent plus de risque de survenue d’une PAVM précoce à Pseudomonas aeruginosa.

Page 3: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

3

SOMMAIRE INTRODUCTION Page 5

- Pneumopathies acquises sous ventilation mécanique (PAVM) - Microbiologie et PAVM

- Physiopathologie des PAVM

- Facteurs de risque de bactéries multi-résistantes - Pneumopathies à Pseudomonas aeruginosa - PAVM précoces chez le patient polytraumatisé

- Objectif de l’étude

MATERIELS ET METHODES Page 15

- Site et population étudiée - Critères de diagnostic des PAVM - Mesures de prévention des PAVM

- Traitement antibiotique - Paramètres recueillis

§ Démographie et antécédents § Critères relatifs à l’admission § Critères relatifs à la ventilation mécanique § Paramètres spécifiques au patient polytraumatisé § Paramètres infectieux § Critères relatifs à la sortie

- Analyse statistique

Page 4: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

4

RESULTATS Page 21

- De la population générale à la population étudiée : incidence globale des PAVM dans notre service

- Chez les patients polytraumatisés :

o Représentation de Pseudomonas aeruginosa dans les PAVM

précoces et tardives entre 2001 et 2008 o Caractéristiques cliniques en fonction du délai de survenue de

la PAVM o Caractéristiques microbiologiques en fonction du délai de

survenue de la PAVM

o Profils de résistance des souches de Pseudomonas aeruginosa retrouvées dans les PAVM précoces et tardives

o Comparaison des PAVM précoces à Pseudomonas aeruginosa

et des PAVM précoces aux autres pathogènes

o Comparaison des PAVM précoces à Pseudomonas aeruginosa et des PAVM tardives à Pseudomonas aeruginosa

DISCUSSION Page 28

- Incidence des pneumopathies précoces sous ventilation mécanique à Pseudomonas aeruginosa chez les patients polytraumatisés

- Pneumopathies précoces acquises sous ventilation mécanique à

Pseudomonas aeruginosa résistant aux antibiotiques

- Facteurs de risque favorisant la survenue des PAVM précoces à Pseudomonas aeruginosa chez les patients polytraumatisés

CONCLUSION Page 33 REFERENCES Page 34

Page 5: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

5

INTRODUCTION

Les pneumopathies acquises sous ventilation mécanique (PAVM)

représentent la première cause d’infection nosocomiale en réanimation1.

Ceci en fait ainsi un sujet prépondérant de la littérature scientifique médicale

actuelle et par conséquent un champ de recherche et de connaissance en

constante évolution.

La lourde prise en charge qu’imposent ces affections est évidente dans

la pratique clinique quotidienne des services de Réanimation. Les

conséquences à l’échelle individuelle en termes de morbi-mortalité2, et à

l’échelle de la société en termes de coût matériel et humain, sont largement

décrites3,4.

La thérapeutique anti-infectieuse, clef de voûte du traitement des

PAVM, se doit d’être optimale. Une antibiothérapie précoce et adéquate

diminue la mortalité des patients présentant une PAVM5,6. Le traitement

probabiliste doit être le plus adapté possible, dès le diagnostic posé, puis son

efficacité évaluée. L’objectif est d’améliorer le pronostic des malades et de

contrôler l’usage des antibiotiques à large spectre, coûteux, ayant des effets

secondaires, et responsables de l’émergence de germes multi-résistants7.

Pneumopathies acquises sous ventilation mécanique (PAVM)

Les PAVM sont définies par la survenue d’une infection des voies

respiratoires basses chez un patient bénéficiant d’une ventilation assistée

invasive depuis 48 heures ou plus. Elles appartiennent bien sûr aux

pneumopathies nosocomiales, qui sont acquises après plus de 48h

d’hospitalisation, et qui ne sont pas en incubation au moment de l’admission.

Page 6: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

6

En-deçà de cette période, la pneumopathie est considérée et donc traitée

comme toute pneumopathie communautaire, en fonction de la gravité et du

terrain8.

Le délai de survenue de la PAVM permet de distinguer deux types de

PAVM : les PAVM survenant dans les 96 heures suivant la mise sous

ventilation mécanique sont dites précoces alors que les PAVM survenant au-

delà de la 96ème heure sont définies comme tardives.

Cette distinction est basée sur quatre points essentiels :

o Epidémiologique : le délai moyen de survenue des PAVM se situe dans

les 4 à 6 jours après la mise sous ventilation mécanique, c’est-à-dire

que 50% des PAVM surviennent dans ce délai9.

o Physiopathologique : les mécanismes d’acquisition de la PAVM seraient

différents ; inhalation préalable ou concomitante à l’intubation et

acquisition effective au cours de la ventilation mécanique10.

o Etiologique : les agents pathogènes classiquement décrits dans les

PAVM tardives sont plus à risque d’avoir un phénotype multi-résistant,

alors que les agents retrouvés dans les PAVM précoces restent

généralement sensibles aux antibiotiques11.

o Pronostique : bien que discutée aujourd’hui, une surmortalité est

attribuée aux patients présentant une PAVM tardive12.

Page 7: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

7

Microbiologie et pneumopathies acquises sous ventilation mécanique

Les agents microbiologiques responsables des PAVM sont

communément décrits en fonction du délai d’apparition de la

pneumopathie11. Dans les PAVM précoces, les bactéries sont généralement

sensibles aux antibiotiques ; Bacilles à Gram Négatifs comme E. coli,

Enterobacter spp., Klebsiella spp., Proteus spp., Serratia marcescens,

Haemophilus influenzae, et Cocci à Gram Positifs dont Staphylococcus

aureus sensible à la méthicilline (SASM) et Streptococcus pneumoniae. Dans

les PAVM tardives, on retrouve principalement des germes potentiellement

multi-résistants aux antibiotiques; Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter

spp., Stenotrophomonas maltophilia, Staphylococcus aureus résistant à la

méthicilline (SARM). Les autres étiologies des PAVM, fungiques et virales,

restent rares ou non diagnostiquées, survenant le plus souvent dans des

contextes cliniques particuliers. On retrouve dans la littérature jusqu’à 45%

de pneumopathies polymicrobiennes13.

La distribution des bactéries telle que décrite plus haut se doit d’être

nuancée. En premier lieu, le diagnostic étiologique repose sur des méthodes

de prélèvement bactériologique dont le caractère invasif ou non,

fibroscopique ou à l’aveugle, reste un sujet de controverse opposant les

différents auteurs 14. Ensuite, le terrain, à savoir le type de patient, médical,

chirurgical ou polytraumatisé ainsi que les co-morbidités et la prise

d’antibiotiques dans les jours précédents la survenue de la PAVM, vont avoir

une influence sur le type de bactéries retrouvées7. Et finalement, la

répartition des pathogènes est différente d’un pays à un autre, et même

d’un service à un autre dans le même établissement de soins. C’est la raison

pour laquelle l’étude et le suivi de l’écologie bactérienne dans une unité de

soins intensifs sont indispensables pour optimiser la prise en charge des

PAVM.

Page 8: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

8

Physiopathologie des pneumopathies acquises sous ventilation

mécanique10,13,15

Elle repose classiquement sur trois phénomènes liés aux patients et

aux germes infectants : la colonisation trachéo-bronchique, l’adhésion

bactérienne aux épithéliums ainsi qu’aux surfaces synthétiques et l’altération

des défenses de l’hôte.

La principale source de colonisation provient des bactéries de la sphère

oro-pharyngée. Les souches de bactéries infectantes pulmonaires sont

effectivement les mêmes que celles retrouvées dans la bouche dans une

grande majorité des cas. Il existe initialement une flore commensale

majoritairement composée de bactéries anaérobies. Au cours de

l’hospitalisation elle-même, la flore commensale va être remplacée par une

flore à prédominance digestive et/ou présente dans l’environnement

hospitalier, dont seront issus les futurs germes pathogènes des PAVM. Les

autres facteurs modifiant la flore commensale sont la prise d’une

antibiothérapie, la mauvaise hygiène bucco-dentaire ou l’inhibition de la

clairance salivaire. La modification de la flore peut s’effectuer dans les 24

premières heures d’hospitalisation.

L’inhalation de bactéries d’origine digestive est considérée comme une

importante cause de colonisation trachéo-bronchique étant donné la forte

participation des entérobactéries dans les PAVM. Cette colonisation s’effectue

à la faveur d’une inhalation de contenu gastrique colonisé par des bactéries

en provenance de l’intestin grêle, sous l’effet de l’augmentation du pH

gastrique, et migration rétrograde le long de l’œsophage jusqu’au carrefour

aéro-digestif. L’augmentation du pH gastrique est favorisée par la

prescription d’inhibiteurs de la pompe à proton et l’administration d’une

alimentation entérale continue.

Page 9: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

9

La transmission croisée d’un malade infecté à un autre par

manuportage des personnels soignants représente une troisième source de

colonisation oro-pharyngée. Ce risque, inhérent à l’activité de soins en

Réanimation impose le respect strict de l’hygiène des mains strictes et de la

mise en place de mesures de prévention et d’isolement des patients porteurs

de germes multi-résistants. A noter que la voie de dissémination

hématogène à partir d’un autre foyer septique ou après bactériémie reste

assez rare.

La persistance des bactéries résulte des capacités intrinsèques des

bactéries pathogènes à se fixer et se développer, notamment au sein des

épithéliums buccaux et bronchiques, à la faveur d’une altération de ceux-ci.

Il existe un index d’adhésion des épithéliums à certaines bactéries,

directement corrélé à l’incidence des PAVM. L’adhésion et la prolifération

bactérienne siège également à la surface interne des dispositifs intra-

trachéaux, sous forme de biofilm16. Le biofilm se compose d’une matrice

extra-cellulaire produite et contrôlée (quorum sensing) par les bactéries qu’il

héberge. Il leur confère alors une protection passive (difficulté d’accès au

cœur du biofilm) et active (mécanismes d’efflux) vis-à-vis des antibiotiques

et des défenses immunitaires. Le biofilm représente une source de

colonisation et d’infection persistante à des pathogènes multi-résistants,

provoquant une micro-inhalation de matériel infecté à chaque aspiration

trachéale. Pseudomonas aeruginosa possède des facteurs d’adhésion et la

capacité intrinsèque de produire un biofilm qui expliquent son rôle majeur

dans l’épidémiologie des PAVM et des infections nosocomiales en général.

La défection des mécanismes protecteurs des voies aériennes permet

le développement et la pérennité de la pneumopathie.

Chez le patient intubé, le rôle de filtration, réchauffement et

d’humidification du nez est court-circuité, mettant en relation directe les

Page 10: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

10

voies respiratoires basses avec des gaz secs et froids provenant du

ventilateur. Le réflexe de toux est diminué voire aboli chez les patients

ventilés qui sont souvent sédatés et parfois curarisés. Il existe de plus un

arrêt de la clairance muco-ciliaire favorisée par l’inflation du ballonnet

trachéal et les lésions de l’épithélium bronchique provoquées par la sonde

d’intubation, les aspirations trachéales répétées et l’inhalation de liquide

gastrique.

Les mécanismes de défense biochimiques locaux sont également

altérés : diminution des immunoglobulines de type A dans les secrétions

bronchiques et diminution de la teneur en protéines A dans le surfactant.

Ces deux molécules sont essentielles aux processus de défenses

immunitaires vis-à-vis des infections bactériennes pulmonaires.

Facteurs de risque de bactéries multi-résistantes17

Les facteurs de risque actuellement reconnus d’émergence de bactéries

multi-résistantes dans les PAVM sont les suivants :

o Traitement antibiotique dans les 90 jours précédents l’infection

o Hospitalisation depuis 5 jours ou plus

o Forte prévalence de bactéries multi-résistantes dans la communauté

ou dans l’unité d’hospitalisation

o Immunodépression liée à la maladie sous-jacente ou traitement

immunosuppresseur

o Présence d’un facteur de risque de pneumopathie acquise en structure

de soins ou liée aux soins : hospitalisation de plus de 48 heures dans

les 90 jours précédents, instauration d’une dialyse chronique dans les

30 derniers jours, traitement d’une plaie à domicile, membre de la

famille porteur de bactérie multi-résistante

Page 11: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

11

Pneumopathies à Pseudomonas aeruginosa

Pseudomonas aeruginosa appartient à la famille des

Pseudomonadaceae. Il s’agit d’un bacille à gram négatif, à métabolisme

aérobie strict, non fermentant, mobile, très résistant et saprophyte de

l’environnement, se développant dans des zones humides et chaudes comme

l’eau, les sols et la végétation. Principalement impliqué dans les infections

nosocomiales à la faveur d’une lésion locale associée à une

immunodépression, on le retrouve rarement dans le cadre des infections

communautaires des patients immunocompétents. Il s’agit donc d’une

bactérie opportuniste.

La bactérie possède également de nombreux facteurs de virulence18 à

l’origine de la prolifération locale et la dissémination par voie hématogène,

sous forme de bactériémies, qui sont retrouvées dans près de 10% des cas

dans les études cliniques. Les facteurs de virulence cellulaires permettent

l’adhésion à l’épithélium et la prolifération locale. Pseudomonas aeruginosa

possède un pili, ainsi que des adhésines se fixant à la mucine. Le flagelle,

dont le rôle principal reste la mobilité, peut également permettre l’adhésion

aux cellules épithéliales. Les autres facteurs cellulaires sont le liposaccharide

et la production de biofilm. Les facteurs de virulence extra-cellulaires les

plus étudiés sont les protéases dont les élastases, les hémolysines

comprenant la phospholipase C, l’exotoxine A, la pyocyanine et les exo-

enzymes de types U, S, T et Y appartenant au système de sécrétion dit de

type III.

Les mécanismes de résistance aux antibiotiques que peut développer

la bactérie sont multiples. Comme les entérobactéries appartenant au

groupe III, Pseudomonas aeruginosa possède une céphalosporinase

inductible. Elle peut également accueillir une pénicillinase, une

Page 12: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

12

céphalosporinase de haut niveau, une carbapénèmase. La mutation de la

porine D2 va rendre la bactérie résistante à l’Imipénème et enfin, elle peut

développer un mécanisme d’efflux touchant le plus souvent la Ticarcilline,

l’Aztréonam, la Céfépime. La résistance à la Colimycine est extrêmement

rare, mais nécessite une utilisation prudente par voie générale, du fait de

ses effets indésirables, notamment neurologique et rénal.

Pseudomonas aeruginosa s’avère être la première bactérie incriminée

dans les PAVM19, de 15 à 25% en fonction des études, et plus souvent dans

les PAVM tardives. De plus, il s’agit de la première cause de mortalité des

PAVM, avec une mortalité attribuable allant jusqu’à 40%20 surtout chez les

patients à risque ; patients immunodéprimés et insuffisants respiratoires

chroniques, nécessitant une ventilation mécanique prolongée. Malgré un

traitement antibiotique bien conduit, la bactérie est souvent difficile à

éradiquer des voies aériennes supérieures, à l’origine d’infections

persistantes ou récurrentes. Une étude récente a montré l’implication de

certains facteurs de virulence (Système de Sécrétion de type III), à l’origine

de ces infections persistantes21. A l’avenir, le repérage des souches

bactériennes possédant ces facteurs aura très certainement un impact

clinique majeur en terme pronostique mais surtout thérapeutique, aussi bien

à titre curatif que préventif.

Pneumopathies acquises sous ventilation mécanique précoces chez

les patients polytraumatisés

Les recommandations actuelles dans le traitement empirique des PAVM

précoces ne prennent pas en compte l’existence de pathogènes multi-

résistants lorsqu’il n’existe pas de facteurs de risque. Par conséquent,

Pseudomonas aeruginosa, l’agent bactérien principalement impliqué dans les

Page 13: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

13

infections nosocomiales tardives, ne fait pas partie des germes à couvrir par

l’antibiothérapie probabiliste. La Céfotaxime, la Céftriaxone ou l’association

Amoxicilline-Acide Clavulanique sont souvent proposées comme premier

choix pour le traitement des PAVM précoces17,22.

Les patients polytraumatisés se distinguent par leurs caractéristiques

cliniques : le plus souvent jeunes, sans co-morbidité ni hospitalisation

antérieure. Les facteurs favorisant la survenue d’une PAVM précoce sont

multiples. L’état de conscience initial altéré chez les patients traumatisés

crâniens nécessite souvent une ventilation mécanique prolongée et une

sédation profonde pour prévenir l’extension de l’œdème cérébral. Devant un

traumatisme thoracique ou abdominal sévère, l’intubation en urgence en

présence d’un estomac plein est souvent responsable d’une pneumopathie

d’inhalation. Les transfusions massives dans le cadre du choc hémorragique

représentent un facteur de risque indépendant associé à la survenue des

PAVM23,24.

Chez les patients polytraumatisés, les bactéries les plus souvent

retrouvées dans les PAVM précoces sont Staphylococcus aureus sensible à la

Méthicilline, Hemophilus influenzae et les entérobactéries25. Cependant, une

étude récente portant sur 233 patients polytraumatisés rapporte une

proportion non négligeable de PAVM précoces à Pseudomonas

aeruginosa(8%)26.

Au cours des années précédentes, plusieurs PAVM précoces à

Pseudomonas aeruginosa ont été diagnostiqués chez nos patients

polytraumatisés. Chez ces patients, l’antibiothérapie probabiliste initiale

n’était souvent pas adaptée, entraînant alors un retard à la prise en charge

optimale.

Page 14: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

14

Objectif de l’étude

Nous avons ainsi décidé d’étudier, à partir d’une base de données

infectieuses recueillies prospectivement sur une période de 8 ans et

concernant les patients hospitalisés en Réanimation Polyvalente, l’incidence

et les facteurs de risque des PAVM précoces à Pseudomonas aeruginosa chez

les patients polytraumatisés. Les résultats de cette étude devraient

permettre d’optimiser l’antibiothérapie probabiliste prescrite chez les

patients polytraumatisés.

Page 15: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

15

MATERIELS ET METHODES

Notre étude a été réalisée au sein du service de Réanimation

Polyvalente dirigée par le Professeur Jean-Jacques Rouby, du Groupe

Hospitalier Universitaire de la Pitié-Salpêtrière (GHPS) à Paris, sur

l’ensemble des patients admis entre Janvier 2001 et Décembre 2008. Pour

chacun de ces patients, un fichier nominatif dédié aux pathologies

infectieuses a été créé et les différentes données ont été colligées de façon

prospective. Nous avons ensuite effectué une analyse rétrospective de ces

données, ciblée sur la distribution des micro-organismes responsables des

PAVM chez les patients polytraumatisés.

Site et population étudiée

Le service de Réanimation Polyvalente de la Pitié-Salpêtrière

(Département d’Anesthésie-Réanimation) se compose actuellement de deux

unités distinctes comprenant un total de 26 lits d’hospitalisation. Il s’agit

d’une réanimation prenant en charge des patients médicaux, chirurgicaux et

polytraumatisés. Les patients chirurgicaux sont admis en post-opératoire

immédiat de chirurgie lourde : vasculaire, gynécologique, obstétricale, ORL-

ophtalmologique, neurochirugicale, orthopédique, urologique, digestive,

transplantation rénale, cardiaque et hépatique. Les patients

neurochirurgicaux et de chirurgie cardiaque ne sont pris en charge qu’en

seconde intention (services de Soins Intensifs spécifiques), dans le cadre de

défaillances multi-viscérales et notamment de défaillance rénale ou

respiratoire sévère.

Les patients polytraumatisés, définis comme tout patient ayant au

moins une atteinte traumatique engageant le pronostic vital, représentent

environ 25% des patients admis. Tous les patients polytraumatisés ayant

Page 16: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

16

développé une PAVM au cours de leur hospitalisation en réanimation, dans la

période de Janvier 2001 à Décembre 2008, ont été inclus dans l’analyse.

Diagnostic des pneumopathies acquises sous ventilation mécanique

Le diagnostic des PAVM dans notre service est basé sur les signes

cliniques, radiologiques et microbiologiques suivants:

o une fièvre (température > 38,5°C) ou une hypothermie (<36,5°C)

o des expectorations ou aspirations trachéales purulentes purulentes

o une leucocytose égale ou supérieure à 10 000 éléments par ml ou

inférieure à 4000 éléments par ml.

o L’apparition d’un nouvel infiltrat alvéolo-interstitiel diagnostiqué sur le

cliché thoracique standard de face, le scanner thoracique et/ou une

échographie pulmonaire.

o Un prélèvement bactériologique invasif (prélèvement distal protégé

avec mini lavage broncho alvéolaire, lavage broncho-alvéolaire ou

LBA) positif soit un taux supérieur à 103 UFC/ml ou 104UFC/ml pour le

LBA.

Procédures de prévention des pneumopathies acquises sous

ventilation mécanique

Les mesures préventives instaurées dans notre service chez les

patients intubés visent à diminuer les risques d’inhalation et la transmission

croisée de bactéries multi-résistantes.

En prévention de l’inoculation intra-trachéale de germes pathogènes,

les soins infirmiers comportent systématiquement la mise en position

Page 17: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

17

proclive à 45° certifiée par un niveau à bille intégré à chaque lit, la mesure

régulière de la pression du ballonnet de la sonde d’intubation, l’aspiration

trachéale stérile systématique en circuit fermé et les bains de bouche pluri-

quotidiens à l’aide de solutions antiseptiques. Il n’est pas réalisé de

décontamination digestive sélective.

La transmission croisée de pathogènes, notamment multi-résistants

est prévenue par une friction des mains à l’aide de solutions hydro-

alcooliques avant et après chaque contact avec le malade, en entrant et en

sortant de la chambre, le port de tablier en plastique et de gants non stériles

avant chaque contact. Un isolement de type « contact » est donc instauré

systématiquement. Le port d’une casaque non stérile remplace celui du

tablier dans le cadre de patients porteurs ou infectés par des bactéries multi-

résistantes, dont Pseudomonas aeruginosa. Les matériels de fibroscopie

bronchique et sonde d’échographie trans-oesophagienne subissent un cycle

de stérilisation spécifique après chaque utilisation, ou toutes les 24 heures

en cas de non-utilisation dans ce délai, dans un local intégré au service et

dédié à cet effet. Le matériel d’échographie, ainsi que l’électrocardiographe

sont nettoyés à chaque utilisation.

Antibiothérapie

Après avoir effectué le prélèvement bactériologique pulmonaire,

l’antibiothérapie empirique est instaurée si le diagnostic de PAVM est

fortement suspecté, et ce d’autant plus qu’il existe des signes de défaillance

associée, notamment hémodynamique. Après discussion collégiale prenant

en compte les recommandations récentes17, le choix des antibiotiques

administrés reste à la discrétion du clinicien en charge du patient. Le choix

initial prend en compte le terrain, les co-morbidités, une éventuelle

immunodépression, l’administration préalable et la durée d’une

Page 18: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

18

antibiothérapie, notamment en prophylaxie chirurgicale. Devant la suspicion

de PAVM à bacille pyocyanique, il est utilisé en première intention une béta-

lactamine de type Ticarcilline avec inhibiteur de béta-lactamase type Acide

Clavulanique (Claventin®), en association avec des aminosides (Amikacine).

L’antibiothérapie est adaptée dès réception du résultat des cultures

quantitatives.

La durée d’antibiothérapie des PAVM à Pseudomonas aeruginosa ou à

d’autres germes potentiellement multi-résistants (Acinetobacter baumanii,

Stenotrophomonas maltophilia) est de 15 jours. Dans les autres PAVM, le

traitement n’est poursuivi que pendant 8 jours. Les associations

antibiotiques ne sont pas maintenues au-delà de 3 à 5 jours.

Recueil des Données

Le recueil des données a été réalisé chez tous les patients

polytraumatisés ayant développé une PAVM précoce ou tardive au cours de

leur hospitalisation en réanimation, dans la période de Janvier 2001 à

Décembre 2008. Les PAVM précoces étaient définies comme les PAVM

survenant dans les 96 heures suivant la mise sous ventilation mécanique.

Les PAVM tardives étaient définies comme les PAVM survenant au-delà des

96 heures de ventilation mécanique invasive.

Chez chaque patient polytraumatisé, les paramètres suivants ont été

recueillis :

o Les caractéristiques démographiques:

• Nom, prénom, genre, âge

• Antécédents de broncho-pneumopathie obstructive

chronique et d’immunodépression quelque soit l’origine

Page 19: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

19

o Les critères en rapport avec l’admission en réanimation :

• Date d’hospitalisation, date et motif d’admission en

réanimation

• Scores de gravité SOFA (Sequential Organ Failure

Assessment)27 à l’arrivée et IGS II (Indice de gravité

simplifiée II)28 les premières 24 heures

o Les critères propres aux patients polytraumatisés :

• Existence d’un traumatisme crânien, d’une contusion

pulmonaire

• Injury Severity Score (ISS)29, Revised Trauma Score

(RTS)30, Trauma Related Injury Severity Score (TRISS)31

et Score de Glasgow à la prise en charge initiale

o Les critères en rapport avec la ventilation assistée :

• Durée de ventilation

• Présence initiale ou survenue d’un syndrome de détresse

respiratoire aigu

o Concernant les paramètres infectieux recueillis :

• Antibiothérapie présente à l’admission, en précisant

l’indication curative ou prophylactique

• Délai de survenue de la PAVM par rapport à la mise sous

ventilation mécanique

• Nombre de PAVM et dates de survenue

• Types de bactéries retrouvées dans le premier épisode de

PAVM, profils de résistance

• Existence d’une bactériémie associée au foyer pulmonaire

• Présence d’un état de choc

Page 20: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

20

o Les critères relatifs à la sortie du patient de réanimation :

• Durée d’hospitalisation

• Survie ou décès (et date le cas échéant)

Analyse Statistique

L’analyse statistique porte sur tous les patients polytraumatisés

présentant une première PAVM précoce ou tardive. Les données ayant une

distribution normale sont présentées sous forme de moyenne ± écart-type

et les données n’ayant pas une distribution normale sous forme de médiane

et 25-75ème interquartiles.

Les comparaisons des données démographiques et cliniques entre les

patients polytraumatisés ayant des PAVM précoces et tardives ont été

effectuées par le test de Student-t bilatéral non apparié en cas de

distribution normale et par le test de Mann-Whitney en cas de distribution

anormale. Les variables nominales sont comparées par le test du Chi 2 ou le

test de Fisher.

Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel SPSS

13.0 pour Windows (SPSS Inc., Chicago, IL, USA) avec un p<0,05 considéré

comme statistiquement significatif.

Page 21: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

21

RESULTATS

Incidence des PAVM et des PAVM à Pseudomonas aeruginosa chez les patients polytraumatisés

Comme le montre la figure 1, parmi 2342 patients hospitalisés en

réanimation entre 2001 et 2008, 579 patients ont été admis pour prise en

charge d’un polytraumatisme. 25% des patients ont développé une PAVM

précoce et 23% une PAVM tardive.

L’incidence des PAVM à Pseudomonas aeruginosa chez les patients

polytraumatisés est de 19% dans les PAVM précoces et de 37% dans les

PAVM tardives. Chez les patients non polytraumatisés, les incidences

respectives sont de 24% et 42%.

Figure 1 : Population étudiée de Janvier 2001 à Décembre 2008

2342Patients Admis en Réanimation

579Polytraumatisés

460Patients Ventilés

116PAVM Précoces

105PAVM Tardives

22P. aeruginosa

94 Autres Bacteries

39P. aeruginosa

66Autres Bacteries

Page 22: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

22

Evolution des proportions de Pseudomonas aeruginosa dans les

PAVM précoces et tardives chez les patients polytraumatisés au

cours du temps

La figure 2 montre la distribution des pourcentages de PAVM à

Pseudomonas aeruginosa précoces et tardives chez les patients

polytraumatisés entre 2001 et 2008.

Comparaison des caractéristiques cliniques des patients

polytraumatisés : PAVM précoces vs PAVM tardives

Le tableau 1 montre les caractéristiques des patients polytraumatisés

en fonction du délai de survenue de la PAVM. Les patients polytraumatisés

atteints de PAVM précoces et tardives sont comparables en termes de

critères démographiques, de paramètres mesurés à l’admission et

d’évolution en réanimation (p>0,05). Il n’existe pas de différence

significative en termes de mortalité et de durée de séjour entre les deux

Figure 2. Pourcentage des Pneumopathies à Pseudomonas aeruginosa chez les patients polytraumatisés

0,0

10,0

20,0

30,0

40,0

50,0

60,0

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Année

Pourcentage (%)

Précoces Tardives

Page 23: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

23

groupes (p>0,05). Près de 75% des patients étaient sous antibiotiques

(essentiellement association Amoxicilline/Acide Clavulanique) à leur arrivée.

Tableau 1. Caractéristiques des patients polytraumatisés en fonction du délai de survenue de la pneumopathie acquise sous ventilation mécanique

DS, Deviation Standard; IGS II, Indice de gravité simplifiée II ; IQR, Interquartile Range (25ème à 75ème Percentile), SOFA, Sequential Or-gan Failure Assessment; ISS, Injury Severity Score; TRISS, Trauma injury Severity Score; ID, immudépression; BPCO, Broncho-Pneumo-pathie Chronique Obstructive, SDRA, Syndrome de Détresse Respiratoire Aigu, VM, Ventilation Mécanique. NS, non significatif.

Distribution des micro-organismes responsables des PAVM précoces

et tardives chez les patients polytraumatisés

Le tableau 2 montre la distribution des micro-organismes responsables

des PAVM précoces et tardives chez les patients polytraumatisés.

Sur les 116 épisodes de PAVM précoces, 149 bactéries ont été

identifiées, tandis que 134 souches bactériennes ont été isolées au cours

des 105 PAVM tardives. Les entérobactéries sont les principaux germes

responsables des PAVM précoces et tardives. Pseudomonas aeruginosa

PAVM Précoces

n=116

PAVM tardives

n=105

Significativité

statistique

Age moyenne ± DS 38.4±16.1 41.5 ±17.2 NS Homme n (%) 96 (83) 75 (71) NS

IGS II médiane (IQR) 37 (27-48) 41 (30-54.2) NS

SOFA moyenne ± DS 7.8±3.2 8.4±3.8 NS

ISS moyenne ± DS 40.8±15.1 45.2±16.3 NS

TRISS médiane (IQR) 20.4 (6.2-56.9) 32.9 (12.6-75.8) NS ID n (%) 1 (1) 3 (3) NS

BPCO n (%) 1 (1) 2 (2) NS

Coma n (%) 42 (36) 42 (40) NS

Contusion Pulmonaire n (%) 74 (64) 70 (67) NS

SDRA n (%) 36 (31) 26 (25) NS

Etat de Choc n (%) 68 (59) 67 (64) NS Bactériémie n (%) 7 (6) 7 (7) NS

Antibiothérapie à l’admission n (%) 84 (72) 81 (77) NS

Décès en Réanimation n (%) 15 (13) 12 (11) NS

Durée de VM médiane (IQR) 14.5 (8-24) 17 (10.3-24.8) NS

Durée de Séjour médiane (IQR) 22.5 (15-35) 24 (16.3-34.8) NS

Page 24: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

24

représente 14,8% des étiologies des PAVM précoces et 29,1% des étiologies

des PAVM tardives, la différence étant statistiquement significative entre les

2 groupes (p<0.01). Il n’existe pas de différence significative en ce qui

concerne les autres étiologies entre PAVM précoces et tardives.

Tableau 2. Etiologies des PAVM précoces et tardives chez les patients polytraumatisés

PAVM Précoces

n=116

PAVM Tardives

n=105 Bacilles Gram négatifs, n (%) 109 (73.2) 109 (81.3)

Pseudomonas aeruginosa 22 (14.8) 39 (29.1)* Enterobacteriaceae 65 (43.6) 51 (38.1)

Haemophilus influenzae 19 (12.8) 11(8.2) Acinetobacter baumannii 3 (2.0) 5 (3.7)

Stenotrophomonas maltophilia 0 3 (2.2)

Cocci Gram positifs, n (%) 40 (26.8) 25 (18.7) Staphylococcus aureus Méthi-S 24 (16.1) 16 (11.9) Staphylococcus aureus Méthi-R 3 (2.0) 0

Streptococcus pneumoniae 6 (4.0) 4 (3.0) Autre Bactéries à Gram positif 7 (4.7) 5 (3.7)

Total, n (%)

149 (100)

134 (100) *P<0.01.

Comparaison des caractéristiques cliniques des patients

polytraumatisés présentant une PAVM précoce en fonction de leur

étiologie bactérienne: Pseudomonas aeruginosa versus autres

pathogènes

Le tableau 3 compare les caractéristiques cliniques des patients

polytraumatisés présentant une PAVM précoce à Pseudomonas aeruginosa

aux patients polytraumatisés ayant une PAVM précoce à un autre germe.

La médiane du score IGS II à l’admission est significativement plus

élevée chez les patients présentant une PAVM précoce à Pseudomonas

Page 25: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

25

aeruginosa que chez les patients ayant une PAVM précoce à un autre germe

[médiane (25-75% interquartiles : 41 (35-54) versus 34 (26-45)]

(p=0,008). En d’autres termes, les patients qui ont développé une PAVM

précoce à Pseudomonas aeruginosa sont plus graves que les patients qui ont

développé une PAVM précoce à un autre pathogène.

Dans le même sens, mais sans que cela soit statistiquement

significatif, les patients avec PAVM à Pseudomonas aeruginosa ont tendance

à avoir une mortalité prédite traduite par le TRISS plus importante que les

patients précocement infectés par d’autres bactéries (p=0,06). On retrouve

par ailleurs que les patients avec PAVM à Pseudomonas aeruginosa sont

significativement plus souvent bactériémiques (p=0,003).

Tableau 3. Caractéristiques des patients polytraumatisés développant une PAVM précoce : PAVM à Pseudomonas Aeruginosa versus PAVM à autres pathogènes

Pseudomonas

aeruginosa n=22

Autres

Pathogènes n=94

Significativité

statistique (valeur de p)

Age moyenne ± DS 42.4±18.9 37.5±15.4 NS Homme n (%) 20 (91) 74 (79) NS IGS II médiane (IQR) 41 (35-54) 34 (26-45) 0.008 SOFA moyenne ± DS 8.5±3.3 7.7±3.2 NS ISS moyenne ± DS 46.1±17.3 39.5±14.4 NS TRISS médiane (IQR) 42.5 (17.6-65.8) 16.3 (5.7-40.6) 0.06 ID n (%) 1 (5) 0 NS BPCO n (%) 0 1 (1) NS Coma n (%) 10 (45) 32 (34) NS Contusion Pulmonaire n (%) 15 (68) 59 (63) NS SDRA n (%) 8 (36) 28 (30) NS Etat de Choc n (%) 15 (68) 53 (56) NS Bactériémie n (%) 5 (23) 2 (2) 0.003# Antibiothérapie à l’admission n (%) 16 (73) 68 (72) NS Décès en Réanimation n (%) 4 (18) 11 (12) NS Délai de Survenue en jours médiane (IQR) 3 (2-4) 3 (2-3) NS Durée de VM médiane (IQR) 16.5 (12-21) 14 (7.5-24) NS Durée de Séjour médiane (IQR) 22 (16-35) 23 (14-36.5) NS

DS, Deviation Standard; IGS II, Indice de gravité simplifiée II; IQR, Interquartile Range (25ème à 75ème Percentile), SOFA, Se- quential Organ Failure Assessment; ISS, Injury Severity Score; TRISS, Trauma injury Severity Score; ID, immuno-dépression; BPCO, Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive, SDRA, Syndrome de Détresse Respiratoire Aigu ; VM, Ventilation Mé- canique. NS, non significatif. # Test Exact de Fisher.

Page 26: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

26

Profils de Résistance des souches de Pseudomonas aeruginosa

Parmi les souches de Pseudomonas aeruginosa retrouvées dans les

PAVM précoces, la moitié possède un phénotype sauvage, alors que l’autre

moitié est résistante à au moins un des antibiotiques classiquement

efficaces: Ticarcilline, Ceftazidime, Imipénème. 9% sont d’emblée résistants

aux trois antibiotiques. Parmi les souches retrouvées dans les PAVM

tardives, la majorité reste sensible.

Tableau 4. Profils de résistance des souches de Pseudomonas aeruginosa retrouvées dans les

PAVM précoces et tardives

PAVM Précoces

PAVM Tardives

Pseudomonas aeruginosa, Nombre Total

22

39

Phénotype Sauvage (SSS), n (%) 11 (50) 24 (62) Résistant à la Ticarcilline, n (%) 4 (18) 4 (10) Résistant à la Ceftazidime, n (%) 2 (9) 2 (5) Résistant à l’Imipénème, n (%) 10 (45) 14 (36) Multi-Résistants (RRR), n (%) 2 (9) 2 (5)

Nombre de Bactéries

149

134 SSS, Sensible à la ticarcilline, à la ceftazidime, à l’imipénème ; RRR, Résistant à la ticarcilline, à la ceftazidime, à l’imipénème.

Comparaison des caractéristiques cliniques des patients

polytraumatisés présentant une PAVM à Pseudomonas aeruginosa en

fonction du délai de survenue de la PAVM : PAVM précoce vs PAVM

tardive

Il n’existe pas de différence significative entre les patients développant une

pneumopathie précoce et tardive à Pseudomonas aeruginosa (p>0,05). Les

Page 27: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

27

patients sont globalement très graves (IGSII, SOFA, ISS), et leur taux de

mortalité en réanimation avoisine les 15%.

Tableau 5. Caractéristiques des patients infectés à Pseudomonas aeruginosa en fonction du

délai de survenue précoce ou tardif

PAVM Précoces

n=22

PAVM Tardives

n=39

Significativité

statistique

Age moyenne ± DS 42.4±18.9 41.9±17.1 NS Homme n (%) 20 (91) 27 (69) NS IGS II médiane (IQR) 44.5±11.9 43.9±13.6 NS SOFA moyenne ± DS 8.5±3.3 9.0±3.4 NS ISS moyenne ± DS 46.1±17.3 44.7±15.4 NS TRISS médiane (IQR) 42.5 (17.6-65.8) 26.1 (14.1-72.5) NS ID n (%) 1 (5) 2 (5) NS BPCO n (%) 0 0 NS Coma n (%) 10 (45) 15 (38) NS Contusion Pulmonaire n (%) 15 (68) 59 (63) NS SDRA n (%) 8 (36) 9 (23) NS Etat de Choc n (%) 15 (68) 28 (72) NS Bactériémie n (%) 5 (23) 4 (10) NS Antibiothérapie à l’admission n (%) 16 (73) 31 (79) NS Décès en Réanimation n (%) 4 (18) 4 (10) NS Durée de VM médiane (IQR) 16 (12-20.8) 18.5 (11-25.5) NS Durée de Séjour médiane (IQR) 22 (15.3-34) 29.5 (17-34.5) NS

DS, Deviation Standard; IGS II, Indice de gravité simplifiée II; IQR, Interquartile Range (25ème à 75ème Percentile), SOFA, Sequential Organ Failure Assessment; ISS, Injury Severity Score; TRISS, Trauma injury Severity Score; ID, immunodépression; BPCO, Broncho- Pneumopathie Chronique Obstructive, SDRA, Syndrome de Détresse Respiratoire Aigu ; VM, Ventilation Mécanique. NS, non Signifi- catif.

Page 28: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

28

DISCUSSION

Notre étude montre que parmi les 579 patients polytraumatisés admis

en réanimation durant les huit dernières années, 25% des patients ont

développé une PAVM précoce. Malgré l’absence de facteur de risque

d’acquisition de bactérie résistante chez les patients polytraumatisés,

Pseudomonas aeruginosa représente néanmoins 14,8% des bactéries

retrouvées dans ces infections précoces, exprimant de surcroit un phénotype

résistant dans la moitié des cas. Les patients développant une infection

précoce à Pseudomonas aeruginosa sont plus graves à l’admission avec un

score IGS II significativement plus élevé.

Incidence des pneumopathies précoces sous ventilation mécanique à

Pseudomonas aeruginosa chez les patients polytraumatisés

Les pathogènes à l’origine des pneumopathies précoces sont

généralement sensibles aux antibiotiques usuels7,11. Les recommandations

actuelles de l’American Thoracic Society17 se basent sur ce principe pour

orienter le traitement antibiotique empirique, en l’absence de facteurs de

risque de bactéries multi-résistantes, tels que nous les avons rapportés plus

haut.

La PAVM précoce à Pseudomonas aeruginosa chez les patients de

réanimation a fait l’objet de plusieurs publications dans la littérature. Une

étude épidémiologique multicentrique prospective a étudié les PAVM chez

837 patients chirurgicaux et polytraumatisés, répartis sur 230 centres32. Elle

a montré que ces patients avaient une fréquence élevée de PAVM précoces,

avec une grande proportion de germes multi-résistants. Dans le sous-groupe

des PAVM diagnostiquées avant le 5ème jour, Pseudomonas aeruginosa

Page 29: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

29

représentait 51% des souches isolées. Dans cette étude, la proportion de P.

aeruginosa chez les patients polytraumatisés n’a pas été étudiée.

Dans une étude prospective grecque concernant 408 patients médico-

chirurgicaux présentant une PAVM, Giantsou et al. ont retrouvé un taux de

42% de Pseudomonas aeruginosa dans les PAVM précoces33, menant à des

changements d’antibiotiques plus fréquents (58% vs 36%) par rapport aux

PAVM tardives, et donc à une antibiothérapie initiale inadaptée. Une autre

étude récente portant sur 57 patients traumatisés crâniens avec PAVM

précoces ou tardives montre une prévalence de Pseudomonas aeruginosa de

37%34. En ce qui concerne les patients polytraumatisés, Hedrick et Al26 ont

réalisé une étude rétrospective comparant les PAVM précoces et les PAVM

tardives. Soixante-dix-sept patients ont développé une PAVM précoce et 156

patients une PAVM tardive. Les critères démographiques, la mortalité, la

durée de séjour et la durée de ventilation étaient comparables, ce que

confirme notre étude. Seul l’âge et la transfusion sanguine étaient

significativement moindres dans les PAVM précoces. Nous n’avons pu étudier

ce dernier critère par manque de données. Dans cette étude, Ils retrouvent

respectivement 8 % et 17% de Pseudomonas aeruginosa dans les PAVM

précoces et tardives. Cependant, les PAVM précoces à Pseudomonas

aeruginosa n’ont pas été comparées aux PAVM précoces aux autres

pathogènes. L’incidence des PAVM à Pseudomonas aeruginosa est plus

élevée dans notre unité de réanimation par rapport à cette étude.

Pneumopathies précoces acquises sous ventilation mécanique à Pseudomonas aeruginosa résistant aux antibiotiques

La moitié des souches de Pseudomonas aeruginosa que nous avons

isolé est résistante aux antibiotiques habituellement actifs sur les souches

sauvages.

Page 30: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

30

Sur toutes les études décrivant la survenue de bactéries multi-

résistantes dans les PAVM précoces, seules certaines33 se sont intéressées

au profil de résistance de Pseudomonas aeruginosa, mais sans expliquer les

mécanismes menant à des souches multi-résistantes. Les autres études

s’attachent plutôt à différencier les germes sensibles des bactéries dites

« potentiellement » multi-résistantes dans leur globalité, comprenant ainsi

Pseudomonas aeruginosa, mais aussi Acinetobacter baumanii et

Staphylococcus aureus méti-R. Le profil de sensibilité aux antibiotiques du

bacille pyocyanique est pourtant un critère majeur dans le choix du

traitement antibiotique empirique. La littérature ne nous permet donc pas de

déterminer pourquoi seule la moitié des souches reste de phénotype

sauvage.

La première hypothèse reste liée à la prise préalable d’antibiotique,

même à titre prophylactique36, sélectionnant les bactéries potentiellement

résistantes en souches réellement résistantes.

Une autre hypothèse pourrait être avancée en se basant sur l’étude du

parcours de nos malades, corrélé aux mécanismes physiopathologiques

menant à l’apparition d’une PAVM précoce. Le développement d’une PAVM

précoce nécessite une colonisation bactérienne trachéo-bronchique,

également précoce, par inhalation avant ou au moment de l’intubation. Dans

notre établissement de soins, tous les patients polytraumatisés sont

initialement pris en charge en salle de réveil, où ils sont mis en condition en

vue du bilan lésionnel et si nécessaire en vue d’un traitement chirurgical. Les

patients sont souvent intubés en salle de réveil, opérés, puis surveillés

encore une fois en salle se surveillance post-interventionnelle où ils peuvent

séjourner ventilés plus de 48 heures. En cas de défaillance d’organe, les

patients sont transférés en réanimation. La salle de réveil est commune aux

blocs opératoires de chirurgie réglée, les personnels médicaux et para-

Page 31: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

31

médicaux sont communs, pouvant favoriser la transmission croisée de

pathogènes multi-résistants issus des différents services d’origine des

patients opérés. Cette hypothèse ne peut être confirmée qu’en réalisant une

étude spécifique épidémiologique en salle de réveil.

Facteurs de risque favorisant la survenue des pneumopathies

précoces à Pseudomonas aeruginosa chez les patients

polytraumatisés

Les facteurs de risque de survenue de bactéries multi-résistantes dans

les PAVM les plus souvent rapportés sont l’utilisation préalable

d’antibiotiques, la ventilation mécanique prolongée et la corticothérapie 33 34.

Par ailleurs, il a été démontré que la mortalité est significativement plus

importante chez les patients où des germes multi-résistants sont

retrouvés34.

Les facteurs de risque favorisant la survenue de la PAVM à

Pseudomonas aeruginosa ont été étudiés par Rello et al35. Dans cette étude

rétrospective chez des patients de réanimation polyvalente, une

hospitalisation supérieure à 5 jours et l’absence de coma sont les deux

facteurs indépendants associés à la survenue des PAVM à Pseudomonas

aeruginosa. Ainsi, les auteurs recommandent d’utiliser les antibiotiques sans

activité anti-Pseudomonas aeruginosa pour l’antibiothérapie probabiliste

dans les PAVM précoces.

A notre connaissance, il n’existe pas d’étude comparant

spécifiquement les PAVM précoces à Pseudomonas aeruginosa avec les PAVM

à un autre pathogène chez les patients polytraumatisés. Dans notre étude,

la présence de coma, l’utilisation préalable d’antibiotiques et l’état

d’immunodépression (comprenant la prise de corticoïdes) ne sont pas

significativement différentes entre les patients avec PAVM à Pseudomonas

aeruginosa ou à un autre pathogène.

Page 32: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

32

En revanche, les patients avec PAVM précoces à Pseudomonas

aeruginosa ont un score IGS II significativement plus élevé que les patients

développant une PAVM précoce à un autre pathogène. Le score IGS II28 est

un score de gravité calculé dans les 24 heures de l’admission, reposant sur

différents critères : antécédents, paramètres cliniques et biologiques,

reflétant les atteintes organiques majeures. Parmi ces paramètres, l’âge, les

maladies chroniques (patients jeunes) et le motif d’admission, ici en

chirurgie urgente, ne sont pas discriminants. Par conséquent, la différence

de score IGS II entre les 2 groupes de patients repose essentiellement sur

les plus mauvaises mesures biologiques des premières 24 heures.

De plus, le TRISS, score traduisant la gravité du polytraumatisme et

prédictif de la mortalité des patients polytraumatisés, présente aussi une

tendance plus élevée chez les patients développant une PAVM à

Pseudomonas aeruginosa. On peut ainsi dire que parmi les patients qui

développent une PAVM précoce, ce sont ceux qui présentent des critères de

gravité plus importants dans les premières 24 heures qui développent une

pneumopathie à Pseudomonas aeruginosa.

La moitié des souches de Pseudomonas aeruginosa que nous avons

isolé est résistante aux antibiotiques habituellement actifs sur les souches

sauvages. Les mécanismes menant très précocement à des souches multi-

résistantes dans les pneumopathies sont peu connus. La prise préalable

d’antibiotique à titre prophylactique chez les patients polytraumatisés

semble être un facteur contribuant à la sélection des souches

résistantes34,36. On sait également que Pseudomonas aeruginosa se

comporte comme une bactérie opportuniste, profitant d’une altération des

défenses immunitaires pour proliférer. Dans le cadre des patients

polytraumatisés, il est assez simple de concevoir que plus l’état du patient

est grave, plus le risque de développer une PAVM précoce à Pseudomonas

aeruginosa est grand.

Page 33: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

33

CONCLUSION

Dans notre unité de réanimation, l’incidence des pneumopathies

acquises sous ventilation mécanique précoces à Pseudomonas aeruginosa

chez les patients polytraumatisés est de 15%. Les patients ayant les critères

de gravité les plus importants dans les premières 24 heures présentent plus

de risque de survenue d’une pneumopathie à Pseudomonas aeruginosa. Ces

résultats plaident en faveur d’un élargissement de l’antibiothérapie

probabiliste en fonction de la gravité initiale du polytraumatisme.

Cependant, il semble souhaitable de chercher une éventuelle relation

existant entre la gravité initiale du polytraumatisme et la durée de séjour

dans l’unité de Réveil avant l’admission en Réanimation où la

contamination/infection pourrait avoir lieu.

Page 34: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

34

REFERENCES

1 Vincent JL, Bihari DJ, Suter PM, et al. The prevalence of nosocomial infection in

intensive care units in Europe. Results of the European Prevalence of Infection in Intensive Care (EPIC) Study. EPIC International Advisory Committee. Jama 1995; 274:639-644

2 Fagon JY, Chastre J, Vuagnat A, et al. Nosocomial pneumonia and mortality among

patients in intensive care units. Jama 1996; 275:866-869 3 Warren DK, Shukla SJ, Olsen MA, et al. Outcome and attributable cost of ventilator-

associated pneumonia among intensive care unit patients in a suburban medical center. Crit Care Med 2003; 31:1312-1317

4 Safdar N, Dezfulian C, Collard HR, et al. Clinical and economic consequences of

ventilator-associated pneumonia: a systematic review. Crit Care Med 2005; 33:2184-2193

5 Moine P, Timsit JF, De Lassence A, et al. Mortality associated with late-onset

pneumonia in the intensive care unit: results of a multi-center cohort study. Intensive Care Med 2002; 28:154-163

6 Luna CM, Vujacich P, Niederman MS, et al. Impact of BAL data on the therapy and

outcome of ventilator-associated pneumonia. Chest 1997; 111:676-685 7 Trouillet JL, Chastre J, Vuagnat A, et al. Ventilator-associated pneumonia caused by

potentially drug-resistant bacteria. Am J Respir Crit Care Med 1998; 157:531-539 8 Mandell LA, Wunderink RG, Anzueto A, et al. Infectious Diseases Society of

America/American Thoracic Society consensus guidelines on the management of community-acquired pneumonia in adults. Clin Infect Dis 2007; 44 Suppl 2:S27-72

9 Cook DJ, Walter SD, Cook RJ, et al. Incidence of and risk factors for ventilator-

associated pneumonia in critically ill patients. Ann Intern Med 1998; 129:433-440 10 Donati. Pneumopathies nosocomiales acquises sous ventilation mécanique:

Encyclopédie Medico-Chirurgicale, 2008 11 Chastre J, Fagon JY. Ventilator-associated pneumonia. Am J Respir Crit Care Med

2002; 165:867-903 12 Kollef MH, Silver P, Murphy DM, et al. The effect of late-onset ventilator-associated

pneumonia in determining patient mortality. Chest 1995; 108:1655-1662 13 Rouby JJ, Martin De Lassale E, Poete P, et al. Nosocomial bronchopneumonia in the

critically ill. Histologic and bacteriologic aspects. Am Rev Respir Dis 1992; 146:1059-1066

14 Clec'h C, Jaureguy F, Hamza L, et al. Agreement between quantitative cultures of

postintubation tracheal aspiration and plugged telescoping catheter, protected specimen brush, or BAL for the diagnosis of nosocomial pneumonia. Chest 2006; 130:956-961

15 Safdar N, Crnich CJ, Maki DG. The pathogenesis of ventilator-associated pneumonia:

its relevance to developing effective strategies for prevention. Respir Care 2005; 50:725-739; discussion 739-741

Page 35: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

35

16 Berra L, Panigada M, De Marchi L, et al. New approaches for the prevention of airway infection in ventilated patients. Lessons learned from laboratory animal studies at the National Institutes of Health. Minerva Anestesiol 2003; 69:342-347

17 Guidelines for the management of adults with hospital-acquired, ventilator-

associated, and healthcare-associated pneumonia. Am J Respir Crit Care Med 2005; 171:388-416

18 VanDelden. Cell-to-Cell Signaling and Pseudomonas aeruginosa Infections. Emerging

Infectious Diseases, National Center for Infectious Diseases, Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta, GA 1998

19 Park DR. The microbiology of ventilator-associated pneumonia. Respir Care 2005;

50:742-763; discussion 763-745 20 Crouch Brewer S, Wunderink RG, Jones CB, et al. Ventilator-associated pneumonia

due to Pseudomonas aeruginosa. Chest 1996; 109:1019-1029 21 El Solh AA, Akinnusi ME, Wiener-Kronish JP, et al. Persistent infection with

Pseudomonas aeruginosa in ventilator-associated pneumonia. Am J Respir Crit Care Med 2008; 178:513-519

22 SFAR/SRLF. Antibiothérapie probabiliste des états septiques graves - Conférence

d’experts. 2004 23 Zilberberg MD, Carter C, Lefebvre P, et al. Red blood cell transfusions and the risk of

acute respiratory distress syndrome among the critically ill: a cohort study. Crit Care 2007; 11:R63

24 Shorr AF, Duh MS, Kelly KM, et al. Red blood cell transfusion and ventilator-

associated pneumonia: A potential link? Crit Care Med 2004; 32:666-674 25 Agbaht K, Lisboa T, Pobo A, et al. Management of ventilator-associated pneumonia in

a multidisciplinary intensive care unit: does trauma make a difference? Intensive Care Med 2007; 33:1387-1395

26 Hedrick TL, Smith RL, McElearney ST, et al. Differences in early- and late-onset

ventilator-associated pneumonia between surgical and trauma patients in a combined surgical or trauma intensive care unit. J Trauma 2008; 64:714-720

27 Vincent JL, Moreno R, Takala J, et al. The SOFA (Sepsis-related Organ Failure

Assessment) score to describe organ dysfunction/failure. On behalf of the Working Group on Sepsis-Related Problems of the European Society of Intensive Care Medicine. Intensive Care Med 1996; 22:707-710

28 Le Gall JR, Lemeshow S, Saulnier F. A new Simplified Acute Physiology Score (SAPS

II) based on a European/North American multicenter study. Jama 1993; 270:2957-2963

29 Baker SP, O'Neill B, Haddon W, Jr., et al. The injury severity score: a method for

describing patients with multiple injuries and evaluating emergency care. J Trauma 1974; 14:187-196

30 Champion HR, Sacco WJ, Copes WS, et al. A revision of the Trauma Score. J Trauma

1989; 29:623-629 31 Boyd CR, Tolson MA, Copes WS. Evaluating trauma care: the TRISS method. Trauma

Score and the Injury Severity Score. J Trauma 1987; 27:370-378 32 Montravers P, Veber B, Auboyer C, et al. Diagnostic and therapeutic management of

nosocomial pneumonia in surgical patients: results of the Eole study. Crit Care Med 2002; 30:368-375

Page 36: Académie de Paris Mémoire pour l’obtention du Diplôme d

36

33 Giantsou E, Liratzopoulos N, Efraimidou E, et al. Both early-onset and late-onset

ventilator-associated pneumonia are caused mainly by potentially multiresistant bacteria. Intensive Care Med 2005; 31:1488-1494

34 Kallel H, Chelly H, Bahloul M, et al. The effect of ventilator-associated pneumonia on

the prognosis of head trauma patients. J Trauma 2005; 59:705-710 35 Rello J, Allegri C, Rodriguez A, et al. Risk factors for ventilator-associated pneumonia

by Pseudomonas aeruginosa in presence of recent antibiotic exposure. Anesthesiology 2006; 105:709-714

36 Verhamme KM, De Coster W, De Roo L, et al. Pathogens in early-onset and late-onset

intensive care unit-acquired pneumonia. Infect Control Hosp Epidemiol 2007; 28:389-397

Pr Jean-Jacques Rouby