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Acidoses Rations hivernales : attention aux fibres ! Un manque de fibres dans la ration, des fourrages hachés trop finement, un déséquilibre dans rapport de concentrés ou une ration trop énergétique sont susceptibles d'occasionner une acidose chez le bovin. Poury pallier, la ration d'hiver doit être bien adaptée aux objectifs de l'élevage, et suffisamment riche en fibres pour faire ruminer. ( oiteries, fourbures, diminution de l'ingestion, bouses liquides et 'jaunâtres avec présence de grains ou de fibres non digérées... Voici autant de symptômes possibles chez les bovins, qui peuvent être induits par une acidose. Au-delà de ses effets sur la santé de l'animal, elle se traduit également par une diminution de la qualité du lait et une baisse de la production laitière. « Uacidose est provoquée par un manque de rumination de Vanimal, ce qui entraîne une production moindre de salive, qui est riche en substances tampon. Le bovin ne peut alors plus maintenir son pH ruminai dans la zone optimale, située entre 6,4 et 6,8, et Vacidose apparaît », explique Benoît Rouillé, spécialiste en production laitière à l'Institut de l'élevage. Cette infec- tion concerne régulièrement les animaux au potentiel laitier élevé, dont la ration est riche en énergie. La qualité de l'en- silage de maïs et la composition de la ration peuvent également en être la cause. Ainsi, un fourrage ensilé trop fin est un facteur qui contribue au risque d'acidose. « Pour donner un ordre de grandeur, nous estimons qu 'ilfaut envi- ron 7 à 8 fois moins de grosses fibres (plus de 2 centimètres) que de fibres moyennes (1 à 2 centimètres), qui doivent être à leur tour 7 à 8 fois moins nom- breuses que les fibres les plus fines (moins d'un centimètre). Ces paramè- tres dépendent bien sûr des réglages du matériel, mais aussi du respect du stade optimum de récolte, qui se situe autour de 33 % de matière sèche. Nous ne saurons donc trop conseiller à Véleveur d'aller contrôler l'évolution du maïs avant récolte ! Il est aussi important d'utiliser un tamis secoueur au moment de la récolte du maïs par exemple, en suivant Vensileuse pour corriger rapidement des erreurs de réglages de la machine. Au-delà de la finesse de hachage, il faut donc aussi jouer sur la qualité intrinsèque de l'en- silage. Ainsi, un ensilage trop riche en amidon sera acidogène », précise Benoît Rouillé. Veiller à l'équilibre en concentrés de la ration Une quantité excessive de concentrés ou un déséquilibre entre les fourrages et les concentrés est également un facteur de risque d'acidose. Ces risques s'accentuent notamment au-delà de 35 à 40 % de concentrés, ce qui pose des problèmes dans les rations sèches. « Ces rations com- prennent généralement près de 70 % de concentrés, explique Benoît Rouillé. La répartition des concentrés sur la journée est également nécessaire dans le cas d'apports conséquents (généralement effec- tués au Dac ou à l'auge). Un étalement en deux à trois fois dans la journée permet, en effet, de limiter le risque d'acidose, qui se produit après un repas en apport unique. » La nature du concentré joue elle aussi un rôle. Ainsi, les concentrés rapidement fermentescibles (blé, orge) sont davantage susceptibles de déclencher des acidoses que des concentrés qui mettent plus de temps à être digérés, comme le maïs grain. Les périodes de transition sont particulièrement des phases àrisque,notam- ment avant vêlage. « L'animal passe d'un Pour corriger les défauts d'une ration hivernale et limiter les risques d'acidose, il faut veiller à apporter suffisamment de fibres. Un apport sous forme de paille broyée bien mélangée à la ration se montre alors idéal. Le foin est également une source de fibres intéressante. 42 «

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Sur les rations hivernales, attention à l'apport de fibre et à l'acidose

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Page 1: Acidose

Acidoses

Rations hivernales : attention aux fibres ! Un manque de fibres dans la ration, des fourrages hachés trop finement, un déséquilibre dans rapport de concentrés ou une ration trop énergétique sont susceptibles d'occasionner une acidose chez le bovin. Poury pallier, la ration d'hiver doit être bien adaptée aux objectifs de l'élevage, et suffisamment riche en fibres pour faire ruminer.

( oiteries, fourbures, diminution de l'ingestion, bouses liquides et

'jaunâtres avec présence de grains ou de fibres non digérées... Voici autant de symptômes possibles chez les bovins, qui peuvent être induits par une acidose. Au-delà de ses effets sur la santé de l'animal, elle se traduit également par une diminution de la qualité du lait et une baisse de la production laitière. « Uacidose est provoquée par un manque de rumination de Vanimal, ce qui entraîne une production moindre de salive, qui est riche en substances tampon. Le bovin ne peut alors plus maintenir son pH ruminai dans la zone optimale, située entre 6,4 et 6,8, et Vacidose apparaît », explique Benoît Rouillé, spécialiste en production laitière à l'Institut de l'élevage. Cette infec­tion concerne régulièrement les animaux au potentiel laitier élevé, dont la ration est riche en énergie. La qualité de l'en­silage de maïs et la composition de la ration peuvent également en être la cause. Ainsi, un fourrage ensilé trop fin est un facteur qui contribue au risque d'acidose. « Pour donner un ordre de grandeur, nous estimons qu 'ilfaut envi­ron 7 à 8 fois moins de grosses fibres (plus de 2 centimètres) que de fibres moyennes (1 à 2 centimètres), qui doivent être à leur tour 7 à 8 fois moins nom­breuses que les fibres les plus fines (moins d'un centimètre). Ces paramè­tres dépendent bien sûr des réglages du matériel, mais aussi du respect du stade optimum de récolte, qui se situe autour de 33 % de matière sèche. Nous ne saurons donc trop conseiller à Véleveur d'aller contrôler l'évolution du maïs avant récolte ! Il est aussi important d'utiliser un tamis secoueur

au moment de la récolte du maïs par exemple, en suivant Vensileuse pour corriger rapidement des erreurs de réglages de la machine. Au-delà de la finesse de hachage, il faut donc aussi jouer sur la qualité intrinsèque de l'en­silage. Ainsi, un ensilage trop riche en amidon sera acidogène », précise Benoît Rouillé.

Veiller à l'équilibre en concentrés de la ration

Une quantité excessive de concentrés ou un déséquilibre entre les fourrages et les concentrés est également un facteur de risque d'acidose. Ces risques s'accentuent notamment au-delà de 35 à 40 % de concentrés, ce qui pose des problèmes dans les rations sèches. « Ces rations com­prennent généralement près de 70 % de concentrés, explique Benoît Rouillé. La répartition des concentrés sur la journée est également nécessaire dans le cas d'apports conséquents (généralement effec­tués au Dac ou à l'auge). Un étalement en deux à trois fois dans la journée permet, en effet, de limiter le risque d'acidose, qui se produit après un repas en apport unique. » La nature du concentré joue elle aussi un rôle. Ainsi, les concentrés rapidement fermentescibles (blé, orge) sont davantage susceptibles de déclencher des acidoses que des concentrés qui mettent plus de temps à être digérés, comme le maïs grain. Les périodes de transition sont particulièrement des phases àrisque,notam-ment avant vêlage. « L'animal passe d'un

Pour corriger les défauts d'une ration hivernale et limiter les risques d'acidose, il faut veiller à apporter suffisamment de fibres. Un apport sous forme de paille broyée bien mélangée à la ration se montre alors idéal. Le foin est également une source de fibres intéressante.

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régime peu énergétique et riche en fibres à une ration à nouveau riche en énergie. Il est nécessaire de préparer le rumen et sa microflore à ce changement de régime ali­mentaire en respectant une transition de 10 à 15 jours. Durant cette période inter­médiaire, Vanimal pourra consommer le tiers puis la moitié de la ration d'une vache laitière », recommande Benoît Rouillé. La surveillance des animaux et les analyses de lait permettent de déceler les premiers effets de l'acidose et d'y remédier rapidement. En plus des signes cliniques décrits plus haut, l'un des points facile­ment observables, mais néanmoins rare­ment contrôlés par manque de temps, est la fréquence de mastication de l'ani­mal. Ce contrôle consiste à compter le nombre de coups de dents donnés à la remontée du bol alimentaire. « Le moment idéal pour réaliser cette observation se situe entre 13 heures et 15 heures, sur un échantillon de trois à cinq animaux, explique Benoît Rouillé. L'animal doit donner de 60 à 70 coups de mâchoire à chaque remontée du bol alimentaire. Ce nombre est assez révélateur de la qua­lité de la rumination. En dessous de 55 cela commence à être un signe éventuel d'acidose. Toutefois, il est préférable de cumuler les signaux d'alerte pour établir un dia­gnostic . », souligne-t-il. La baisse du taux butyreux - TB- (généralement en dessous du seuil de 35 à 36 g/1, qui est à rappro­cher du niveau habituel du troupeau), cons­titue aussi un signal d'alerte.

Des fibres bien mélangées à la ration

« Le rapport TP sur TB est révélateur de Vorientation des fermentations dans le rumen, ajoute Benoît Rouillé. Lors d'une acidose, le tauxprotéique est favorisé avec la dégradation des concentrés. Dans l'idéal, ce rapport se situe autour de 0,8 (avec un TP de 32-34 g/l et un TB de 42-44 g/l). »

Pour corriger les défauts d'une ration hiver­nale et limiter ainsi les risques d'aci­dose, il faut veiller à apporter suffisam­ment de fibres. Les préconisations font ainsi état de 17 à 18 % de cellulose brute dans la ration totale (relation CB-NDF avec les valeurs des tables Inra). L'ap­port doit se faire préférentiellement en mélange plutôt qu'en libre-service, afin de favoriser l'ingestion. « Lafibre de paille broyée et bien mélangée à la ration est idéale, précise Benoît Rouillé. Attention néanmoins aux fibres trop longues, qui sont triées dans l'ensilage d'herbe ou de maïs et occasionneront des refus. Toutefois, comme la paille « déconcen­tre » la ration, il est nécessaire d'apporter un peu plus de concentrés énergétiques. Le foin se montre également intéressant comme source de fibres, les pailles de colza sont en revanche moins appréciées par l'animal. » Les fibres peuvent améliorer une ration, par exemple dans le cas d'un ensilage de maïs haché trop finement, où elles pourront permettre de ralentir le transit de l'animal. « // est évidemment préférable d'être vigilant sur la qualité du fourrage au moment de la récolte», souligne Benoît Rouillé. Des substances tampon, voire des levures, peuvent être utilisées ponctuellement pour aider les ani­maux à lutter contre 1 ' acidose. « Mais cela ne traitera pas la cause initiale du dés­équilibre, insiste Benoît Rouillé. Si le tampon est arrêté sans que la ration soit modifiée, le troupeau risque de retour­ner en acidose.. .La solution réside en une ration équilibrée selon les objectifs de l'éleveur et avec un apport en fibres suffisant. Lafibrositédoit provenir du four­rage principal distribué aux animaux, car il est le constituant majeur de la ration. Et en règle générale, un fourrage de qualité ne nécessite pas d'apport complémentaire en fibres dans la ration. Mais ce ne sont pas les fibres qui font le lait, c'est avant tout une ration équilibrée ! »

C.MLOU