Situation d’apprentissage : travail en îlot

Concepteur : Céline Borel-Graux

Classe et discipline concernée : seconde - histoire

Thème : nouveaux horizons géographiques et culturels des Européens à l’époque moderne

Sous-thème : l’élargissement du monde – les grandes découvertes

Référence bibliographique : Michel Candeigne et Jean-Paul Duviols (professeur à Paris IV- Sorbonne), Idées reçues sur les Grandes Découvertes, XVè-XVIè siècles, étidions du Cavalier bleu, novembre 2015.

Résumé   :

Les élèves s’interrogent sur les idées reçues véhiculées par les grandes découvertes et sur la manipulation historique à l’origine des mémoires nationales. Ils sont invités à participer à la construction de la leçon par des interventions orales calibrées selon une fiche d’évaluation par pairs orale construire en accompagnement personnalisé. L’attribution des ensembles documentaires est opérée dans le cadre d’une différenciation en fonction des capacités des élèves.

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Cours dialogué – chercher les idées reçues sur les grandes découvertes :

1. Christophe Colomb a découvert l’Amérique 2. Pourquoi l’Amérique s’appelle ainsi ? 3. Le navire des grandes découvertes s’appelle la caravelle 4. Christophe Colomb est italien5. Magellan a prouvé que la terre était ronde en faisant le premier tour du monde 6. En arrivant au Mexique, pour motiver ses troupes Cortès a brûlé ses vaisseaux 7. Vasco de Gama est la figure majeure des découvertes portugaises 8. Les conquêtes espagnoles sont à l’origine de la traite négrière 9. On croyait que la terre était plate au moyen-âge -

Organisation du travail

Travail en ilots bonifiés – groupes de 4 élèves – une heure

H1 : étude des documents et préparation d’une production orale courte (5 minutes maximum)

H2 : finalisation des productions et présentation à la classe dans le cours général.

DOCUMENTS groupe 1 : Christophe Colomb a découvert l’Amérique 

Doc 1 et 2 p 142

La rencontre avec les indiens – citation tirée du journal de bord de Christophe Colomb

« Il me semblait que tous les Indiens étaient des gens pauvres en tout. Tous étaient nus […] même les femmes. Ils ne possédaient rien en fer. Certains se peignaient en noir, d’autres en blanc, en rouge. Je crois qu’ils deviendront facilement chrétiens, car il me semble qu’ils n’ont aucun culte. Je me suis employé à savoir s’ils avaient de l’or. J’ai remarqué que quelques-uns d’entre eux en portaient un petit morceau suspendu au nez. J’ai réussi à apprendre au moyen de signes qu’en naviguant vers le sud, nous trouverions une contrée avec un roi qui possède de grands vases d’or et une grande quantité de ce métal. »

Colomb arrive en Amérique – gravure de Théodore de Bry, XVIe siècle

Document 4 :

Une théorie attribue aux Egyptiens la primeur de cette navigation au vu de la ressemblance entre les pyramides d’Egypte et celles du Mexique (…) ce rapprochement paraît improbable. L’historien Diodore de Sicile (Ier siècle av. J.C.) pare d’un navire phénicien qui a été jeté par la tempête bien loin à l’ouest de l’Afrique sur une terre couverte de grandes forêts, arrosée par des fleuves immenses.

En 2004, un ouvrage du Britannique Gavin Menzies a soutenu que lors de son 6ème voyage, une partie de la flotte du navigateur chinois Zhang Hé (1971-1433) aurait contourné le sud du continent africain pour remonter jusqu’aux Antilles. Le tout corroboré par la découverte inespérée d’une carte du monde datée de 1768, certes de type européenne, mais « se présentant  » comme la copie de la grande carte de git établie Zhang He en 1418.

Plus sérieusement, le surpeuplement avait poussé au IXème siècle les Vikings de Norvège à chercher d’autres terres : après l’Islande et le Groenland leurs navires (knarrs) allèrent jusqu’au Labrador peut être jusqu’à Manhattan. Récemment Erdogan, président de la République de Turquie, proclama dans un discours télévisé en 2014 que « les contacts en l’Amérique latine et l’islam remontent au XIIème siècle. Les musulmans ont découvert l’Amérique en 1178, pas Christophe Colomb ». En effet, Colomb a décrit une colline dans son Journal « semblable à une belle mosquée ». Colomb a peut-être reçu des informations précises et précieuses sur la situation des îles du Ponant. Un « pilote inconnu » Sanchez de Huelva, avant de mourir dans les bras de Colomb lui aurait révélé l’existence de plus à l’ouest d’une « île merveilleuse ». Cette prédécouverte a constitué le « secret de Colomb » qui aurait été à l’origine de sa confiance absolue et de son obstination. Certains historiens pensent que cette information a été diffusée pour minimiser le mérite de Colomb et surtout ne pas accorder à ses héritiers les avantages qu’ils auraient été en droit de réclamer en se référant aux bénéfices octroyés par les Rois catholiques.

DOCUMENTS GROUPE 2 : LE NOUVEAU MONDE NE PORTE PAS LE NOM DE SON DÉCOUVREUR

Qui est Amerigo Vespucci   ? Amerigo Vespucci (1454 − 1512) est un navigateur italien originaire de Florence. Il est resté célèbre pour avoir été le premier Européen à comprendre que les terres découvertes par Christophe Colomb en 1492 appartenaient à un continent inconnu jusqu'alors, et pour avoir ainsi donné son nom à ce "nouveau" continent, l'Amérique.Amerigo Vespucci étudie la géographie et l'astronomie en Italie avant de se rendre à Séville en Espagne. Il y devient l'ami de Christophe Colomb. En 1499 il participe à une expédition qui atteint les côtes du Venezuela. L'année suivante il s'installe à Lisbonne et se met au service du roi Manuel Ier du Portugal, pour lequel il prend part à une nouvelle expédition. Il retourne ensuite à Séville pour servir à nouveau l'Espagne.Amerigo Vespucci entretient une correspondance avec un noble florentin, Lorenzo Pietro de Médicis. Dans une lettre qu'il lui adresse, il explique que les terres explorées par les Ibériques depuis le voyage de Christophe Colomb appartiennent en vérité à un continent jusqu'alors inconnu. Cette lettre est publiée en latin en 1504, avec pour titre Mundus Novus, ce qui signifie "Nouveau Monde". Le succès de cette publication est immense, et le nom d'Amerigo Vespucci devient célèbre.En 1507, le cartographe allemand Martin Waldeemüller publie sa Cosmographiæ Introductio, un ouvrage dans lequel il intègre plusieurs cartes de régions nouvellement explorées par les navigateurs européens. Une mappemonde (planisphère) intègre le nouveau continent décrit par Amerigo Vespucci dans Mundus Novus : ce continent est appelé "America" par Waldseemüller, en l'honneur d'Amerigo Vespucci.

Extrait de Mundus Novus, lettre adressée par Amerigo Vespucci à Lorenzo Pietro de Médicis, 1504 :"Je vous ai déjà longuement écrit à propos de mon retour de ces régions nouvelles que nous avons découvertes et explorées avec la flotte et le soutien financier du Sérénissime Roi du Portugal, et sous son commandement. Et ces terres, nous pouvons à raison les appeler le nouveau monde. Car en effet nos ancêtres n'en avaient aucune connaissance […]."D'après la traduction anglaise de George Tyler Northup, Princeton University Press, 1916

La première mention du toponyme "America" sur la mappemonde de Martin Waldseemüller (1507)

Document   3   : Texte   :

Ce qui motiva le baptême de l’Amérique fut une circonstance imprévisible et non pas un désir prémédité de minimiser les mérites de Christophe Colomb : Les responsables qui écrivirent le nom d’AMERICA sur une carte géographique en 1507 n’étaient pas des fées, mais des moines géographes qui ne connaissaient pas personnellement Amerigo Vespucci et qui se réunirent à Saint Dié en Lorraine (…) Parmi eux, l’un des savants, Mathias Ringmann, acquit à Paris en 1505 un exemplaire du Mundus Novus d’Amerigo Vespucci, court récit de voyage, riche en renseignement et de lecture agréable. Dès lors, Ringmann considère Vespucci comme a égalité avec Colomb « il y a une terre découverte par Colomb, un capitaine du roi de Castille, et par Amerigo Vespucci, tous deux très capables. » Ce qui semble avoir déterminé le choix des moines géographes de Saint Dié, c’est la lecture du récit de voyage de Vespucci. Qui aurait pu supposer que cette publication pourrait avoir un tel impact ? Le prénom italien Amerigo a été transposé en espagnol sous la forme de Americo. Source : Michel Chandeigne et Jean- Paul Duviols, Idées reçues sur les grandes découvertes XVème-XVIème siècles, éditions du Cavalier Bleu.

DOCUMENTS GROUPE 3 LE NAVIRE DES GRANDES DÉCOUVERTES S’APPELLE LA CARAVELLE

1- Les découvertes qui ont permis les grandes découvertes

A partir du site http://lejardindesaromes.blogspot.fr/p/les-instruments-qui-ont-permis-les.html, présentez les instruments qui ont permis les grandes découvertes. Comment vous est présentée la Caravelle ? 2- les caravelles dans les voyages de grandes découvertes

Le mot caravela apparaît dans les textes portugais au XIIIème siècle, il est très difficile de savoir à quel type de navires les documents se référaient. Lors des premiers voyages sur la côte africaine, la caravelle n’apparaît dans les sources qu’en 1440. (…) La caravelle était devenue en ce temps un navire de 15 à 20 mètres, de seulement 50 tonneaux environ, munie d’une deux voire de trois mâts, portant chacun une voile latine triangulaire. Avec une large voilure dont les forme permettait de remonter au vent, elle permit la connaissance et l’exploration de la côte africaine jusqu’au doublement du Cap de bonne Espérance pat Dias en 1488.

Bateau Tonnage (on comptait en tonneaux à l’époque)

Caravelle 50nef 100 Caraque (grosse nef) 20.000 (au début du XVIIème siècle) Explorateur et voyages Bateau utilisé Christophe Colomb 1492 Santa Maria : nef ; Nina et Pinta : caravelles Vasco de Gama 1497 NefMagellan Caraque (grosse nef)3- des caravelles, vraiment ?

DOCUMENTS- GROUPE 4 CHRISTOPHE COLOMB EST ITALIEN

Regardez les premières minutes de ce dessin animé (vous pouvez passer le générique)http://www.dailymotion.com/video/xh615e_christophe-colomb-episode-1-vf_kidsLa statue de Christophe Colomb et la maison de l’explorateur à Gênes :

Biographie de Christophe Colomb issue du site Kartable

Christophe Colomb (1451 − 1506) est un grand navigateur génois, fils d’un modeste tisserand Domenico Colombo e de Susana Fontanarossa, resté célèbre pour avoir été le premier Européen à découvrir le continent américain en 1492, alors qu'il cherche à rejoindre l'Asie.

Il apprend l'art de la navigation au service de commerçants génois. Passionné par la géographie, il lit notamment les ouvrages de Ptolémée (géographe grec du IIe siècle). Il est persuadé qu'il est possible de rejoindre l'est du continent asiatique en traversant l'océan Atlantique.

Le point de vue d’un défenseur de la thèse corse Albert Mattei

Plusieurs thèses sur l’origine de Christophe Colomb. D’après les nombreuses études effectuées.La thèse génoise écrase les autres avec ses références historiques incontournables : l’existence de documents appelés « Raccolta colombiana » datant de 1429 à 1515. La plupart de ces documents sont des actes notariés et révèlent la condition sociale modeste d’un noyau familial portant le nom de Colombo étalé sur 3 générations.Cristoforo Colombo serait né en 1451. Il avait 3 frères et une sœur. La toute première trace de son nom apparaît dans un acte rédigé par un notaire en 1470 relatif à un règlement de dette. Il a alors 19 ans. Un autre document datant de 1479 indique qu’il doit partir pour Lisbonne. Mais si la thèse génoise est universellement connue, un mystère subsiste. C.C. ne savait pas écrire l’italien mais l’espagnol. Ila rédigé sa colossale œuvre littéraire en espagnol. D’où les interrogations sur sa véritable origine. Parmi tous ses écrits, il n’y a guère que 6 lignes qui aient été rédigées dans un italien approximatif. Aucun document ne prouvant sa présence à Gènes avant 1470, il n’est pas impossible que son enfance se soit déroulée ailleurs, et donc peut-être aussi sa naissance, malgré la présence du père Domenico à Gènes.

La signature de Christophe Colomb

DOCUMENTS GROUPE 5 : MAGELLAN A PROUVÉ QUE LA TERRE ÉTAIT RONDE EN FAISANT LE PREMIER TOUR DU MONDE

Quelles sont les hypothèses échafaudées à partir de la signature de Colomb ?

Documents : extrait du manuel d’histoire seconde Nathan (carte et biographie) comment est présenté Magellan

Document 2 : LE TRAITE DE TORDESILLAS (1494)

« Ferdinand et Isabelle, par la grâce de Dieu, Roi et Reine de Castille, de Léon, d'Aragon, de Sicile, de Grenade, De Tolède, de Galice (...). Ainsi, son altesse, le sérénissime Roi de Portugal, notre frère bien aimé, nous a dépêché ses ambassadeurs et mandataires (...) afin d'établir, de prendre acte et de se mettre d'accord avec nous sur ce qui appartient à l'un et à l'autre de l'océan qu'il reste encore à découvrir.

In J.S. Silva Marques, Découvertes portugaises, vol III

Document 3 : Les ordres du roi d’Espagne à Magellan « vous irez avec la bonne fortune, explorer la mer Océane, dans les limites de notre démarcation »

Le véritable projet de Magellan est une des conséquences du traité de Tordesillas divisant le globe en deux demi-sphères, l’une dévolue au Portugal, l’autre à l’Espagne. Le méridien de séparation était à peu près défini dans l’Atlantique, mais il était beaucoup plus difficile de situer l’antiméridien de l’autre côté de la terre. L’enjeu était les Moluques, producteur exclusif du girofle, cinq petits iles indonésiennes dont les Portugais captaient le commerce depuis 1512 mais que Magellan situait dans la demi-sphère espagnole. Il passa donc au service de l’Espagne. Le but était donc de prendre possession au nom de l’Espagne de ces îles. Dans les documents préparatoires du voyage à aucun moment il n’est question d’un tour du monde. Bien au contraire et les ordres royaux sont clairs à ce sujet : jamais Magellan et sa flotte ne devaient pénétrer dans la partie portugaise.Quand les deux nefs de la flotte initiale de Magellan arrivèrent aux Moluques, l’épuisement des hommes, l’état des navires et le grand vide du Pacifique remirent en cause un retour prévu par la même voie. L’une des deux nefs la Victoria revint donc par la route connue de « l’hémisphère portugais ». L’autre la Trinidad, tenta de revenir vers l’Est avant d’être contrainte de retourner aux Moluques, après trois mois de navigation dans le pacifique nord qui décima l’équipage. La victoria accomplit sa circumnavigation, mais ce fut le fruit du hasard, des contraintes et aussi de la chance.

Quelles sont les motivations du voyage de Magellan et dans quel contexte ?

DOCUMENTS GROUPE 6 EN ARRIVANT AU MEXIQUE, POUR MOTIVER SES TROUPES CORTÈS A BRÛLÉ SES VAISSEAUX

Document 2 : que dit cortès lui-même ?

Les premières expéditions de Cortès se heurtèrent à la résistance acharnée des Mayas et les Espagnols revinrent en ayant perdu la moitié de leurs effectifs. Pour la quatrième expédition Herman Cortès était donc condamné à réussir. C’est pourquoi « craignant donc que si tous ceux qui voulaient me quitter ne se soulevassent et le laissassent à peu près seul, ce qui aurait réduit à néant les services rendus jusqu’à ce jour à Dieu et à Votre Altesse, sous prétexte que les navires n’étaient pas en état de naviguer, je les échouai sir la côte ce qui fit perdre à tous l’espoir de partir de ce pays. » Lettre de Cortès à Charles Quint.

Document 3 : d’où vient la confusion ?

C’est un intellectuel du XVIème siècle qui dans une lettre au seigneur Herman Cortès écrivit pour la première fois que cortès avait brûlé ses navires. Il publie cette lettre dans la préface d’un de ses essais. Cette image devient tout de suite légendaire et dès 1559, des monuments la relatent. Elle devient un des scènes clés de la légende dorée de la conquête espagnole.

« Cortès fit brûler ses vaisseaux afin de couper court au repli de ses hommes : ce fut le début de la conquête espagnol »

Guide du Petit Futé, Mexique, 2008.

Image cadeau offerte par les bouillons LIEBIG, 1924.

DOCUMENTS GROUPE 7 Vasco de Gama est la figure majeure des découvertes portugaises

Document 1 : site eduscol présentant les programmes aux enseignants ressources pour le nouveau programme cycle terminal Portugais

Document 2 : la biographie de Vasco de Gama selon le manuel d’histoire seconde Nathan (édition 2014)

Document 3 : Gama, une figure majeure ?

Vasco de Gama fut en effet le premier à accomplir d’une seule traite, à partir des côtes africaines une grande boucle dans l’océan Atlantique pour dépasser le sud de l’Afrique et gagner sur sa lancée les côtes du Kérala en Inde. Pour la première fois dans l’histoire des navigations européennes, des marins naviguèrent en haute mer plus de trois mois. Cette expédition créa une voie de communication directe et durable entre l’Inde et l’Europe. La ligne des Indes resta quasi inchangée durant trois siècles, et le nom de Vasco de Gama lui demeure à juste titre attaché. Les sources et les chroniques de l’époque le décrivent comme un homme hautain, brutal, paranoïde, obtus, peu courageux, cupide, bref doté de traits de caractère qui réunis, font rarement l’étoffe des héros. Au XIXème siècle, il est encore piètrement considéré « son esprit grossier n’avait pas la largeur de vue d’un homme d’Etat laquelle se réduisant à terrifier l’Inde par la cruauté de ses exploits et à la dominer par l’horreur de ses massacres » Histoire du Portugal, 1879, Oliveira Martins, historien portugais. Comment expliquer alors cette métamorphose ?Les héritiers de Gama ont su faire fructifier les possessions que leur ancêtre se fit offrir notamment en Inde. Les membres de la famille entretiennent le culte de leur ancêtre et compte parmi leurs fidèles dévoués un chroniqueur et un poète Luis de Camoès, le grand orfèvre de la légende de Vasco de Gama.

C’est lui qui avec la parution des Lusiades en 1572 statufie le navigateur en mythe national. Pendant le romantisme et surtout durant la période du dictateur Salazar au XXème siècle, Gama, devient un héros de la patrie.

DOCUMENTS GROUPE 8 Les conquêtes espagnoles sont à l’origine de la traite négrière

Document 1 : le contexte 

À cette époque, l'Amérique précolombienne est dominée par deux empires : l'empire aztèque au Mexique actuel, et l'empire inca centré sur l'actuel Pérou. Hernan Cortes découvre et conquiert l'empire aztèque autour de 1520. Pizarre découvre et conquiert l'empire inca peu après.

En quelques décennies, les Espagnols ont ainsi constitué un vaste empire colonial. Les deux pôles économiques de l'empire espagnol correspondent précisément aux deux anciens centres précolombiens : cela forme deux nouvelles Vice-Royautés, la Nouvelle-Espagne et le Pérou. La colonisation du Brésil par les Portugais ne s'amorce véritablement qu'après 1540, surtout pour contrer les prétentions des Français.

Les maladies apportées par les Européens déciment rapidement la population indienne. Pour obtenir de la main-d'œuvre dans les plantations ou dans les mines, les colons commencent à amener des esclaves noirs d'Afrique. Comme ce sont les Portugais qui ont hérité de l'Afrique au traité de Tordesillas, la traite des esclaves est beaucoup plus massive au Brésil que dans l'Amérique espagnole. Elle ne prendra toute son ampleur qu'au XVIIIe siècle...

- Quelles sont les origines de la traite négrière ?

Document 2 : Las Casas défend les Indiens face aux conquistadors espagnols

Sepulveda et les Indiens

Les Indiens demandent, de par leur nature et dans leur propre intérêt, à être placés sous l’autorité des princes dont la puissance, la sagesse et les institutions leur apprendront une morale plus haute et un mode de vie plus digne.

Comparez ces bienfaits dont jouissent les Espagnols – prudence, invention, magnanimité, tempérance, humanité et religion – avec ceux de ces hommelets si médiocrement humains, dépourvus de toute science et de tout art, sans monument du passé que certaines peintures aux évocations imprécises. Ils n’ont pas de lois écrites mais seulement des coutumes, des traditions barbares. Ils ignorent même le droit de propriété.

Jean Gines Sepulveda, Des justes causes de la guerre, 1541

Las Casas et les Indiens

A ceux qui prétendent que les Indiens sont des barbares, nous répondons que ces gens ont des villages, des cités, des rois, des seigneurs et leur organisation politique est parfois meilleure que la notre.

Si l’on n’a pas longuement exposé la doctrine chrétienne aux Indiens, c’est une grande absurdité que de leur prétendre leur faire abandonner leurs idoles. Car personne n’abandonne de bon cœur les croyances de ses ancêtres. Que l’on sache que ces Indiens sont des hommes et qu’ils doivent être traités comme des hommes libres »

Bartolomé de Las Casas (1484-1566), évêque du Chiapas, Très Bref Exposé de la destruction des Indiens, 1552

Document 3 : Las Casas, l’homme d’un seul combat

Las Casas a pris conscience de l’injustice dont souffraient les Indiens, en voyant les horreurs de la guerre et en lisant les sermons des Dominicains. Il a cherché des remèdes qu’il a proposés à la couronne d’Espagne. Il éprouvait des sentiments de compassion et même d’amour pour ces « bons sauvages », en qui il voyait à la fois le passé et l’avenir de l’homme, mais il restait impuissant à endiguer leur anéantissement.Ce fut alors que les colons lui proposèrent un marché indécent qui consistait à remplacer la main-d’œuvre indigène par des esclaves africains. Ce que Las Casas avait sous les yeux c’était l’ethnocide des Indiens et il n’avait pas encore vu dans quelles conditions se trouvaient les esclaves africains. Dans l’urgence, il n’a pas pris le recul pour envisager ce qu’était la déportation des Africains, même s’il l’a compris par la suite et s’est accusé de sa participation au crime.

Il était très en avance sur ses contemporains d’Europe, puisqu’il faudra attendre Montesquieu et les Lumières pour la prise de conscience et le seconde moitié du XVIIIème siècle pour que soit décrtée par la Convention la première abolition. Las Casas aura l’homme d’un seul combat, dans l’urgence absolue. Idées reçues sur les grandes découvertes, Michel Chandeigne, Jean-Paul Duviols.

DOCUMENTS GROUPE 9 On croyait que la terre était plate au moyen-âge

La terre est sphérique déjà sous l’antiquité Ainsi, ou bien la terre est sphérique, ou du moins sa nature est de l’être, puisqu’il faut, pour bien déterminer chaque chose, la prendre telle que naturellement elle doit être et subsister, et non pas telle qu’elle est par force et contre sa nature. On peut encore démontrer la sphéricité de la terre par les phénomèmes qui frappent nos sens. Ainsi, si l’on supposait que la terre n’est pas sphérique, les éclipses de lune ne présenteraient par les sections qu’elles présentent, dans l’état actuel des choses ; car la lune, dans ses transformations mensuelles, affecte toutes les divisions possibles, tantôt demi-pleine, tantôt en croissant, tantôt pleine aux trois quarts; mais dans les éclipses, la ligne qui la termine est toujours courbe. Par conséquent, comme la lune ne s’éclipse que par l’interposition de la terre, il faut bien que ce soit la circonférence de la terre, qui, étant sphérique, soit cause de cette forme et de cette apparence.

Œuvres d’Aristote – Le Traité du Ciel (1866) // Traduit par Jules Barthélemy Saint-Hilaire

Documents 2, 3 et 4 Le mythe d’une croyance médiévale en une « terre plate »,

Pourquoi une telle croyance   ?

A rebours des idées reçues, le savoir sur la sphéricité de la terre ne disparut jamais en Europe. Durant tout le Moyen-âge la terre est décrite comme un globe. Dans la première moitié du XIIIème siècle un mathématicien anglais Joannes Sacrobosco, professeur à la Sorbonne compose le Traité de la Sphère du monde, un livre jamais contesté par l’Eglise et- aussitôt adopté par l’université de Paris.

En occident, la période médiévale rompt avec la tradition cartographique de l’Antiquité. La fonction de la carte change du tout au tout. Alors qu’auparavant, il s’agissait de renseigner le réel, la carte devient dorénavant un support de réflexion philosophique une illustration du monde tel qu’il devrait être. Apparaissent alors à partir du VIIIème siècle les cartes dites TO terrarum Orbis.

Ces cartes ont servi d’illustrations aux théoriciens qui pensant que le Moyen âge voyait la Terre plate comme une pizza !

Extrait d’un article du monde du 7 février 2007.

«Lorsque Galilée a conclu que la Terre était ronde, le consensus unanime était contre lui, s´accordant sur la platitude de la Terre».

Cette phrase, était signée d’un éminent épistémologiste, chercheur au CNRS et à Polytechnique, titulaire de… deux doctorats de physique.

Le mythe de la terre plate au moyen-âge, « apparaît en sourdine au XVIème siècle – nous expliquent Michel Changeigne et Jean-Paul Duviols - : dans son retour à l’Antiquité, modèle du beau qu’il convient d’imiter et de la vérité, la Renaissance jette en effet un voile d’oubli, voire l’anathème, sur les acquis du Moyen Age. A l’époque des lumières, on fustige l’église pour son obscurantisme, dont l’Inquisition et l’affaire Galilée étaient  les symptômes les plus évidents. »  P 21 (1)

Christophe Colomb, en découvrant le continent américain, était persuadé d'avoir découvert les Indes. En toute logique, il n'aurait pas tenu ce raisonnement s'il était convaincu que la Terre était plate. A noter par ailleurs que contrairement à une idée répandue, avant son départ, Colomb n'eut pas à convaincre les théologiens de la Cour de la rotondité de la Terre, mais bien de la faisabilité de son voyage.