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48  L’ActuALité Poitou-chArentes n° 96 48 olérn d anslanuidu27au28février2010, la emp ê e X yn h ia dév as ai une partie de la côte de l’île d’Oléron, laissant derrière elle des habitants traumatisés. Un retour sur l’histoire du rivage est néces- saire pour comprendre la catastrophe, car les habitants avaient oublié le ris que lié à la mer. Pendant des siècles, les Oléronais ont vécu au cœur de l’île. La colonisation du littoral fut amené e par le développement du tourisme. Les habitants prirent douce- ment conscience des transformations de la côte et les techniques se sont multipliées pour enrayer l’érosio n littorale. Le danger sur les côtes fut progressivement ignoré  jusqu’ àX ynhia. Aurai-on oublié la puis - sance de la mer ? Oui, mais les histor iens ont pu démontrer que de tels événements s’é aien déjà produi s, souven sans conséquences aussi dramatiques. Il faut donc maintenant changer les pratiques et «révolutionner » le littora l, a vec davantage de prudence et d’humilité. Dans ce contexte, le musée de l’île d’Olé- ron revient sur la conquête littorale et les techniques historiques de protection marine. Dans cette exposition didactique et bien scénographiée – [R]évolution littorale –, une table interactive permet auvisieurd ’enler lecosumed’ aména - geurpouréchiràl’implanaiond’une infrastructure à proximité du rivage. L ’ou vrage publié à cette o ccasion propose de comprendre l’évolution des paysages du littoral . C’est un travail collectif de différensaceursdel’Ofcenaionaldes forêts, des Archives départementales de la Charente-Mar itime, des universités de LaRochellee dePoiiers. Onyrerouve l’hisorienthierrySauzeauquiavaidéjà attiré l’attention sur la perte de mémoire liée au risque 1 et qui décrit ici la construc- tion des marais du sud-est de l’île. Les onze auteurs décortiquent tous les aspects du littoral, notamment la formation des dunesdaande3 000 à 5 000ans–,leur gestion actuelle face à l’au gmentation des empêes,lefaçonnemendesmaraispar les activités humaines comme la salicul- ture et l’ostréiculture, la biodiversité, le regard des peintres… LA PERCEPtioN DES RiSqUES LiéS À la meryesnieparÉmilieNéron, étudiante en Sciences pour l’Environ- nemen à l’ Uni versi é de La Roc hel le , «comme le fr uit d’une opération mentale dans la quelle l’individu fait […] une double esimaion:degraviéedepuissance». Mais cette perception, liée à des connais- sances et des souvenirs imprécis, devient une notion abstraite qui dépend de chaque individu. Les habitants de l’île connaiss ent lerisquedesubmersioneidenienles zones à risque. C’est l’érosion, due à la pénurie sédimentaire, qui est sous-esti- mée.VirginieDuva,géographe,explique que le développement du tourisme dans lesannées1960s’eseffecropprès des plages. Le recul du trait de côte a mis en danger ces construct ions et a forcé les autorités à réaliser des dispositifs de défense contre la mer, comme des murs et des digues de protection. Mais ces ouvrages accroissent l’érosion car les vagues se cassent brutalement dessus et creusenlepieddesédices,ruisan les plages. Les auteurs conseillent pour l’avenir d’apprivoiser la côte plutôt que de tenter de la soumettre. Elsa Dorey Expsitin a mse de e d’orn, à Saint-Pierre-d’orn, jsq’a 7 ctbre. T. 05 46 75 05 16 [R]évolution littorale , vrage cectif,  112 p., 22 1. Dossier Xynthia dans le spécial Mer de L’Actualité Poitou-Charentes (n° 89, juillet 2010), avec notam- ment Thierry Sauzeau (Université de Poitiers) et les chercheurs du laboratoire Littoral, environnement et société (Université de La Rochelle / CNRS). MuSéE DE l’îlE D’oléRoN [R]évluin lirale    B   e   n    j   a   m    i   n    C   a    i    l    l   a   u    d La pine de Maumussn, sur la cmmune de Sain-trjan- les-bains, le 8 mai 2011.

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48 ■ L’ActuALité Poitou-chArentes ■ n° 96 ■48

olérn

danslanuidu27au28février2010,la empêe Xynhia dévasai une

partie de la côte de l’île d’Oléron, laissant

derrière elle des habitants traumatisés. Un

retour sur l’histoire du rivage est néces-

saire pour comprendre la catastrophe, car

les habitants avaient oublié le risque lié à la

mer. Pendant des siècles, les Oléronais ont

vécu au cœur de l’île. La colonisation du

littoral fut amenée par le développement

du tourisme. Les habitants prirent douce-

ment conscience des transformations de la

côte et les techniques se sont multipliées

pour enrayer l’érosion littorale. Le danger

sur les côtes fut progressivement ignoré

 jusqu’àXynhia.Aurai-onoubliélapuis-sance de la mer ? Oui, mais les historiens

ont pu démontrer que de tels événements

s’éaien déjà produis, souven sansconséquences aussi dramatiques. Il faut

donc maintenant changer les pratiques et

«révolutionner» le littoral, avec davantage

de prudence et d’humilité.

Dans ce contexte, le musée de l’île d’Olé-

ron revient sur la conquête littorale et

les techniques historiques de protection

marine. Dans cette exposition didactique

et bien scénographiée – [R]évolution

littorale –, une table interactive permetauvisieurd’enlerlecosumed’aména-

geurpourrééchiràl’implanaiond’une

infrastructure à proximité du rivage.

L’ouvrage publié à cette occasion propose

de comprendre l’évolution des paysages

du littoral. C’est un travail collectif de

différensaceursdel’Ofcenaionaldesforêts, des Archives départementales de

la Charente-Mar itime, des universités de

LaRochelleedePoiiers.Onyrerouvel’hisorienthierrySauzeauquiavaidéjàattiré l’attention sur la perte de mémoire

liée au risque1 et qui décrit ici la construc-

tion des marais du sud-est de l’île. Les

onze auteurs décortiquent tous les aspects

du littoral, notamment la formation des

dunes–daande3000à5000ans–,leurgestion actuelle face à l’augmentation des

empêes,lefaçonnemendesmaraisparles activités humaines comme la salicul-

ture et l’ostréiculture, la biodiversité, le

regard des peintres…

LA PERCEPtioN DES RiSqUES LiéS À

la meryesdénieparÉmilieNéron,étudiante en Sciences pour l’Environ-

nemen à l’Universié de La Rochelle,«comme le fruit d’une opération mentale

dans laquelle l’individu fait […] une double

esimaion:degraviéedepuissance».

Mais cette perception, liée à des connais-sances et des souvenirs imprécis, devient

une notion abstraite qui dépend de chaque

individu. Les habitants de l’île connaissent

lerisquedesubmersioneidenienleszones à risque. C’est l’érosion, due à la

pénurie sédimentaire, qui est sous-esti-

mée.VirginieDuva,géographe,expliqueque le développement du tourisme dans

lesannées1960s’eseffecuéropprèsdes plages. Le recul du trait de côte a

mis en danger ces construct ions et a forcé

les autorités à réaliser des dispositifs de

défense contre la mer, comme des murs

et des digues de protection. Mais ces

ouvrages accroissent l’érosion car les

vagues se cassent brutalement dessus et

creusenlepieddesédices,déruisanles plages. Les auteurs conseillent pour

l’avenir d’apprivoiser la côte plutôt que

de tenter de la soumettre.

Elsa Dorey 

Expsitin a mse de ’e d’orn,à Saint-Pierre-d’orn, jsq’a 7ctbre. T. 05 46 75 05 16[R]évolution littorale , vrage cectif, 112 p., 22 €

1. Dossier Xynthia dans le spécial Mer de L’Actualité 

Poitou-Charentes (n° 89, juillet 2010), avec notam-

ment Thierry Sauzeau (Université de Poitiers) et les

chercheurs du laboratoire Littoral, environnement et

société (Université de La Rochelle / CNRS).

MuSéE DE l’îlE D’oléRoN

[R]évluin lirale

   B  e  n   j  a  m   i  n   C  a   i   l   l  a  u   d

La pine de

Maumussn,

sur la cmmunede Sain-trjan-

les-bains,

le 8 mai 2011.