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Douleurs, 2007, 8, 4 261 ACTUALITÉS BRÈVES DE « DOULEURS » Brefs échos des congrès et des sociétés savantes, notes de lecture des revues spécialisées à l’usage des cliniciens, cette rubrique est ouverte à tous. La revue Douleurs encourage tous ses lecteurs à lui faire parvenir des informations brèves issues de leurs lectures, de leurs rencontres, de leurs expériences, de leurs travaux, de leurs voyages ou de leurs navi- gations sur le web, à l’adresse suivante : [email protected] Une référence bibliographique pour ceux qui souhaitent en savoir plus, un court commentaire critique seront bienvenus. Le cancer s’invite sur scène Le théâtre parisien de la Gaîté Montparnasse met en scène depuis le 13 mars 2007 une pièce intitulée « L’arbre de joie » [1]. Le texte de cette pièce est cosigné par le Pr David Khayat, président de l’Institut National du Can- cer (INCa). Le spectateur ne sera donc pas surpris de constater que le thème abordé est celui du cancer. François Berléand y campe le rôle du professeur de cancérologie en fin de carrière qui atteint enfin son but : découvrir l’anticancéreux le plus efficace jamais développé. Marus- chka Detmers y interprète avec beaucoup de finesse la patiente qui va être la première à bénéficier de la nouvelle molécule. « Cela parle du cancer et l’on pleure ; c’est à la Gaîté et l’on rit » résume la critique du journal Le Point [2], et c’est justement ce qui se passe dans la salle durant la représentation… D’un point de vue médical, plusieurs thèmes sont abordés de façon pertinente par la pièce : – la thématique douleur au travers de la souffrance globale générée par les traitements anticancéreux ; – le regain d’intérêt actuel pour les médecines traditionnel- les orientales : l’anticancéreux miracle est isolé dans cette pièce au sein de l’arbre de joie, réputé en Asie pour être capable de tout guérir ; – la précarité du statut hospitalier pour un médecin de nationalité étrangère, incarné par Marie Parouty ; – la confrontation du professeur parisien à un jeune interne brillant, joué par François-Xavier Demaison, mais qui a le malheur de venir de province… Le jeu des 4 acteurs mérite à lui seul le déplacement. À défaut le texte de la pièce [3] est disponible aux éditions l’Œil du Prince. RÉFÉRENCES 1. Lidon C (metteur en scène). L’arbre de joie. Théâtre de la Gaîté Mont- parnasse. 2. Lécrivain J. Des larmes au rire. Le Point 2007;1808:190. 3. Colla LM, Khayat D. L’arbre de joie. Éditions l’œil du Prince, Paris 2007. Florentin Clère Douleur du cancer : alternatives à l’analgésie par voie orale La prise en charge de la douleur cancéreuse fait l’objet de recommandations internationales ; l’Organisation Mondiale pour la Santé a ainsi pu décrire les fameux 3 paliers, tout en demandant de privilégier la voie orale pour la prise d’antal- giques. Certains auteurs [1] ont pu exprimer leurs critiques face à ces recommandations : il existerait peu d’intérêt à recourir au palier 2 alors que le recours à des techniques invasives pourrait se justifier précocement. Plusieurs arti- cles de la littérature française du premier semestre 2007 se proposent ainsi de faire le point sur l’apport de la technicité moderne en termes d’analgésie du patient cancéreux. En premier lieu c’est l’utilisation de l’analgésie contrôlée par le patient qui fait l’objet d’une mise au point [2] et surtout de recommandations [3]. Ces articles sont signés par C. Mann et P. Giniès pour le premier et par le groupe de travail sur l’utilisation de la PCA pour l’administration de morphine en soins palliatifs de la SFAP. Les auteurs se rejoignent sur les indications de la PCA : difficultés d’utilisation des voies orale et transdermique (non utilisables, insuffisamment effi- caces ou responsables d’effets secondaires limitants) et/ou accès douloureux fréquents nécessitant des suppléments antalgiques rapidement efficaces. Le groupe de travail de la SFAP a ainsi analysé la littérature : en l’absence d’articles de niveau de preuve suffisant, elles reposent essentiellement sur des accords d’experts. Débit continu, dose des bolus, période réfractaire, ordonnances par type de pompe, fiches de surveillance : l’ensemble réalise un guide très pratique destiné à la fois aux prescripteurs, aux paramédicaux, mais aussi à la famille du patient. Plus invasives mais parfois tout à fait justifiées, d’autres techniques nécessitent l’utilisation de cathéters. Ceux-ci peuvent être déployés à différents niveaux : – Au niveau périmédullaire [4] grâce à l’utilisation d’une combinaison de morphinique et d’anesthésique local : les cancers ORL, pulmonaires et pelviens représentent alors les principales indications. Au passage les auteurs de l’article

Actualités brèves de « douleurs »

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Douleurs, 2007, 8, 4

261

A C T U A L I T É S B R È V E S D E « D O U L E U R S »

Brefs échos des congrès et des sociétés savantes, notes de lecture des revues spécialisées à l’usage des cliniciens, cette rubrique est ouverte à tous. La revue Douleurs encourage tous ses lecteurs à lui faire parvenir des informations brèves issues de leurs lectures, de leurs rencontres, de leurs expériences, de leurs travaux, de leurs voyages ou de leurs navi-gations sur le web, à l’adresse suivante : [email protected] référence bibliographique pour ceux qui souhaitent en savoir plus, un court commentaire critique seront bienvenus.

Le cancer s’invite sur scène

Le théâtre parisien de la Gaîté Montparnasse met en scène depuis le 13 mars 2007 une pièce intitulée « L’arbre de joie » [1]. Le texte de cette pièce est cosigné par le Pr David Khayat, président de l’Institut National du Can-cer (INCa). Le spectateur ne sera donc pas surpris de constater que le thème abordé est celui du cancer. FrançoisBerléand y campe le rôle du professeur de cancérologie en fin de carrière qui atteint enfin son but : découvrir l’anticancéreux le plus efficace jamais développé. Marus-chka Detmers y interprète avec beaucoup de finesse la patiente qui va être la première à bénéficier de la nouvelle molécule. « Cela parle du cancer et l’on pleure ; c’est à la Gaîté et l’on rit » résume la critique du journal Le Point [2], et c’est justement ce qui se passe dans la salle durant la représentation…D’un point de vue médical, plusieurs thèmes sont abordés de façon pertinente par la pièce :– la thématique douleur au travers de la souffrance globale générée par les traitements anticancéreux ;– le regain d’intérêt actuel pour les médecines traditionnel-les orientales : l’anticancéreux miracle est isolé dans cette pièce au sein de l’arbre de joie, réputé en Asie pour être capable de tout guérir ;– la précarité du statut hospitalier pour un médecin de nationalité étrangère, incarné par Marie Parouty ;– la confrontation du professeur parisien à un jeune interne brillant, joué par François-Xavier Demaison, mais qui a le malheur de venir de province…Le jeu des 4 acteurs mérite à lui seul le déplacement. À défaut le texte de la pièce [3] est disponible aux éditions l’Œil du Prince. ■

RÉFÉRENCES1. Lidon C (metteur en scène). L’arbre de joie. Théâtre de la Gaîté Mont-

parnasse.2. Lécrivain J. Des larmes au rire. Le Point 2007;1808:190.3. Colla LM, Khayat D. L’arbre de joie. Éditions l’œil du Prince, Paris 2007.

Florentin Clère

Douleur du cancer : alternatives à l’analgésie par voie orale

La prise en charge de la douleur cancéreuse fait l’objet de recommandations internationales ; l’Organisation Mondiale pour la Santé a ainsi pu décrire les fameux 3 paliers, tout en demandant de privilégier la voie orale pour la prise d’antal-giques. Certains auteurs [1] ont pu exprimer leurs critiques face à ces recommandations : il existerait peu d’intérêt à recourir au palier 2 alors que le recours à des techniques invasives pourrait se justifier précocement. Plusieurs arti-cles de la littérature française du premier semestre 2007 se proposent ainsi de faire le point sur l’apport de la technicité moderne en termes d’analgésie du patient cancéreux. En premier lieu c’est l’utilisation de l’analgésie contrôlée par le patient qui fait l’objet d’une mise au point [2] et surtout de recommandations [3]. Ces articles sont signés par C. Mann et P. Giniès pour le premier et par le groupe de travail sur l’utilisation de la PCA pour l’administration de morphine en soins palliatifs de la SFAP. Les auteurs se rejoignent sur les indications de la PCA : difficultés d’utilisation des voies orale et transdermique (non utilisables, insuffisamment effi-caces ou responsables d’effets secondaires limitants) et/ou accès douloureux fréquents nécessitant des suppléments antalgiques rapidement efficaces. Le groupe de travail de la SFAP a ainsi analysé la littérature : en l’absence d’articles de niveau de preuve suffisant, elles reposent essentiellement sur des accords d’experts. Débit continu, dose des bolus, période réfractaire, ordonnances par type de pompe, fiches de surveillance : l’ensemble réalise un guide très pratique destiné à la fois aux prescripteurs, aux paramédicaux, mais aussi à la famille du patient.

Plus invasives mais parfois tout à fait justifiées, d’autres techniques nécessitent l’utilisation de cathéters. Ceux-ci peuvent être déployés à différents niveaux :

– Au niveau périmédullaire [4] grâce à l’utilisation d’une combinaison de morphinique et d’anesthésique local : les cancers ORL, pulmonaires et pelviens représentent alors les principales indications. Au passage les auteurs de l’article