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Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE 1 ADAPTATION A UN HANDICAP ACQUIS : LES BLESSES MEDULLAIRES (EXEMPLE DE LA PARAPLEGIE) « Enfant géopolitique observant la naissance de l'homme nouveau » Huile sur toile de Salvador DALI, 1943 Jean-François CAUX et Florence DELAHOCHE

ADAPTATION A UN HANDICAP ACQUIS : LES …handiplus.ch/fra/quotidien/images/docs/adaptationhP.pdf · Le trouble du tonus le plus courant et le plus gênant est la spasticité : c'est

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Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

1

ADAPTATION A UN HANDICAP ACQUIS : LESBLESSES MEDULLAIRES (EXEMPLE DE LA PARAPLEGIE)

« Enfant géopolitique observant la naissance de l'homme nouveau » Huile sur toile de Salvador DALI,1943

Jean-François CAUX et Florence DELAHOCHE

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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SOMMAIREIntroduction P 4

I - Les atteintes physiologiques et la réadaptation P 5

A – Les atteintes physiologiques P 5

1. La sensibilité P 5

2. Les troubles du tonus P 6

3. Les problèmes osseux P 6

3.1. L'ostéoporose du squelette sous-lésionnel P 6

3.2. Les para-ostéo-arthropathies neurogènes (POAN) P 6

4. Troubles du système neuro-végétatif P 7

4.1. Les sphincters P 7

4.1.1. La fonction urinaire P 7

4.1.2. La fonction anale P 8

4.2. La fonction sexuelle P 8

4.2.1. Chez l'homme P 8

4.2.2. Chez la femme P 8

B - La réadaptation des personnes blessées médullaires P 9

1. De la rééducation à la réadaptation P 10

1.1. Méthodologie P 10

1.2. Résultats P 11

1.3. Conclusion de l’étude P 12

2. Les dispositifs de réadaptations en établissements de réadaptation P 12

2.1. L’attribution d’un fauteuil roulant P 13

2.2. Simuler la phase de retour chez soi P 14

2.3. Une simulation dans le domaine professionnel P 15

2.4. Le permis de conduire symbole et vecteur de réadaptation P 15

II – Les remaniements identitaires P 17

1. Le Moi, support de l'identité P 17

1.1. Qu'est-ce que l'identité ? P 17

1.2. Bref rappel sur la formation du Moi et de ses différentes envelopes

protectrices

P 18

2. Conséquences d'un traumatisme médullaire P 19

III - La phase de Deuil P 21

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1) Prendre conscience de son handicap P 21

2) En quoi consiste la période de deuil ? P 23

2.1. Première phase de deuil P 23

2.2. Deuxième phase : « Le travail du deuil » P 24

CONCLUSION P 26

Bibliographie P 28

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Introduction

Parmi les différents handicaps et situations de handicap? Il est important de ne pas considérer

uniquement le "handicap acquis" mais aussi de prendre en compte le "handicap acquis". C'est

un handicap qui survient brutalement, en particulier lors de lésions de la moëlle épinière

conduisantnà;la paraplégie ou à la tétraplégie. Sa survenue place brutalemant le sujet atteint

dans un état de dépendance, lui, imposant de s'accomoder le plus rapidement possible à la

modification de nombreuses fonctions ( motricité, sensibilité, contrôle des sphincters,

sexualité...). Ces changements, directement inscrit dans le corps, provoquent un profond

changement d'identité puisque le psychisme s'étaye, dès la naissance, sur le corps, ses

sensations et son intégrité;

Parallélement, et ceci après une phase de stress post-traumatique qui sera traitée dans le

dossier concernant la phase de l'annonce du handicap, la personne nouvellement handicapée

doit passer inévitablement par une phase dite de " travail de deuil", concernant à la fois les

pertes physiques et les pertes du statut social. Ce travail de deuil est indispensable étant donné

que s'il ne se fait pas, toute véritable adaptation à un nouveau mode de vie, à un nouveau

mode d'être au monde ne peut se faire.

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I - Les atteintes physiologiques et la réadaptation :

A – Les atteintes physiologiques :

Dans le cas d'un traumatisme spinal, la perte de motricité des jambes n'est que la partie visible

de l'iceberg; elle s'accompagne de nombreux autres problèmes physiologiques que nous allons

décrire ici ainsi que les solutions proposées au patient.

Rappelons la définition de la moëlle épinière du « Petit Larousse illustré »: partie du système

nerveux central située dans la colonne vertébrale, jouant un rôle de centre nerveux

responsable de la conduction des messages entre les nerfs qui lui sont rattachés et

l'encéphale ».

Dans le cadre de ce travail, nous ne parlons que de lésions médullaires totales basses, c'est-à-

dire que la section de la moëlle épinière concerne toutes les fibres situées à une même hauteur

et qu'elle provoque une paraplégie complète où toute récupération est impossible et qui

s'accompagne d'importantes conséquences physiologiques.

1) La sensibilité :

C'est la 1ère fonction que le médecin explore car elle permet un bon diagnostic sur l'ampleur

de la lésion médullaire.

- Dans la paraplégie complète, il y a anesthésie totale de toute la surface sous-lésionnelle

du corps. Cette anesthésie rend impossible l'accès à la conscience des informations que

reçoit la peau et la position dans l'espace ne peut plus être ressentie sans l'intervention du

regard.

- Parallèlement à cette anesthésie, on observe une hypersensibilité locale ou des

douleurs spontanées de type brûlure ou fourmillements, douleurs dont le patient ne peut

connaître la source. Ces phénomènes sont de purs réflexes, mais ils causent parfois de

vains espoirs de récupération.

- La vascularisation capillaire qui intervient dans la réparation automatique de la peau

subit aussi des perturbations. Ces perturbations favorisent l'apparition de nécroses qui

peuvent elle-mêmes donner naissance à des escarres. La présence des escarres est une

des préoccupations majeures du corps médical qui cherche à les prévenir en manipulant

et en massant le patient toutes les 4 heures en moyenne en insistant sur les zones à risque

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que sont le postérieur et les talons.

Si, malgré ces précautions, apparaît une escarre, le patient doit être mis en position de plat-

ventre pendant un temps plus ou moins long.

C'est dire combien la moindre égratignure, le moindre hématome peuvent vite devenir sources

de problèmes importants et nécessitent une surveillance manuelle et visuelle constante.

2)Les troubles du tonus :

Le segment sous-lésionnel de la moëlle épinière conserve ses capacités de fonctionnement

réflexe et autonome si bien que les muscles qu'il innerve sont le siège de contractures

anarchiques parfois extrêmement douloureuses . On parle alors de troubles du tonus. Ces

troubles sont les réponses non contrôlées par la conscience à des stimulations externes (

manipulation des jambes, attouchement sur la peau...) ou internes (motilité exagérées des

viscères due à une infection,...).

Le trouble du tonus le plus courant et le plus gênant est la spasticité : c'est l'exagération de la

réponse réflexe à l'étirement d'un muscle. Elle provoque des contractures musculaires très

violentes allant parfois jusqu'à renverser la personne qui en souffre. Pour pallier ce trouble, on

a parfois recours à la radicellotomie c'est-à-dire la section des nerfs à leurs racines pour

couper l'arc réflexe.

En présence de troubles du tonus, on parle de paraplégie spastique. En leur absence, on parle

de paraplégie flasque.

3)Les problèmes osseux :

Ils sont de 2 types :

3.1. L'ostéoporose du squelette sous-lésionnel :

L'ostéoporose du squelette sous-lésionnel est la perte de la calcification des os; cette perte est

en moyenne de 33%. Elle entraîne une fragilisation des os, et par suite, des fractures.

Pour la prévenir, on procède à une sollicitation du squelette par des stations debout, ou

verticalisations, 1 à 2 heures par jour dans un « standing ».

3.2. Les para-ostéo-arthropathies neurogènes (POAN) :

Les POAN sont des ossifications partielles des parties molles proches des articulations (le

plus souvent, au niveau des hanches et des genoux qui sont alors bloqués).

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4 .Troubles du système neuro-végétatif :

4.1. Les sphincters :

Qui dit perte du contrôle des muscles sous-entend aussi forcément perte du contrôle des

sphincters anaux et vésicaux. Ceux-ci sont au centre des 1ers actes de la rééducation

fonctionnelle.

La rééducation de la fonction urinaire est celle qui pose le plus de problèmes, le plus de cas de

figures et le plus de risques infectieux.

4.1.1. La fonction urinaire

Une lésion médullaire provoque la perte de la commande du sphincter externe et du détrusor

(muscle qui provoque la contraction de la vessie et l'expulsion de l'urine).

La 1ère solution apportée à la défaillance du contrôle urinaire est un sondage à demeure.

Parallélement est effectué un bilan urodynamique complet pour déterminer l'atteinte

neurologique, la diurèse, l'état des urines et la réflectivité de la vessie; Ces éléments

déterminent les différentes formes de rééducation possibles :

- la miction réflexe : le patient va chercher la stimulation externe capable de provoquer, de

façon réflexe, la contraction de la vessie (tapotements à l'endroit de la vessie ou percussion

vésicale, chatouillements, pincements du gland ou de la verge, des grandes lèvres ou du

clitoris);

- la miction périphérique : pour les lésions basses qui laissent intacte le contrôle des

muscles abdominaux, une poussée abdominale permet l'évacuation forcée des urines;

- les auto-sondages intermittents : le patient introduit lui-même une sonde urinaire dans la

vessie toutes les 3 ou 4 heures;

- quand les sujets refusent les techniques citées ci-dessus et/ou qu'ils présentent une

pathologie de l'appareil urinaire est envisagée la pose d'un briker lors d'une intervention

chirurgicale.

Les troubles de la fonction urinaire sont souvent ceux qui sont vécus comme les plus

invalidants par les sujets. Sa rééducation est, pour une personne paraplégique, une des

préoccupations majeures et une étape importante du retour à l'autonomie.

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4.1.2. La fonction anale :

Ses problèmes sont plus facilement résolus; Après une phase post-traumatique d'arrêt des

matières fécales et d'atonie intestinale se produit une réflectivité autonome (avec toutefois

tendance à la constipation et à la diarrhée). Cette récupération sera suppléée, chez la personne

paraplégique, par un déclenchement réflexe (massage anal), la prise de suppositoires (

glycérine ou laxatifs), ainsi que l'adoption d'habitudes alimentaires adaptées.

4.2. La fonction sexuelle :

4.2.1. Chez l'homme :

- L'érection dépend de 2 systèmes : le système parasympathique et le système somatique

qui naissent tous les 2 au centre de l 'érection au niveau D12-L1 vertébral.

Le système parasympathiqueassure le remplissage veineux de la verge; le blocage du sang

est asuré par le système somatique.

Toute atteinte au-dessus de la vertèbre D12 permet une érection réflexe, indépendante du

contrôle de la volonté.

Une lésion sous D12 risque d'interrompre cet arc réflexe. La perte de l'érection peut alors

être suppléée par l'utilisation de prothèses péniennes ou par la prise de certains

médicaments.

Ce qu'il faut souligner malgré tout, c'est que, quel que soit le niveau de la lésion, il peut

peut-être encore y avoir une érection, mais toute sensibilité est perdue de façon

irréversible.

- L'éjaculation, quant à elle, est possible dans 30 à 50% des paraplégies spastiques et dans

70% des paraplégies flasques.

- L'orgasme reste accessible dans 80% des cas.

Mais, si mécaniquement, les chiffres peuvent être encourageants, il ne faut pas oublier que les

facteurs psychologique entrent pour une large part dans l'accomplissement sexuel, surtout

l'érection.

4.2.2. Chez la femme :

A la suite de la lésion médullaire, il y a interruption des menstruations pendant 2 à 6 cycles,

interruption suiviE d'un retour spontané. La fécondité reste la même et une femme

paraplégique peut supporter une grossesse.

Il y a, chez les femmes paraplégiques, un déplacement des zones érogènes ( sur la pointe des

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seins ou sur le cou par exemple) et le développement d'une excitabilité particulière de ces

zones capable de déclencher un orgasme.

Même si la forme « ordinaire » de la sexualité est définitivement perdue, la sexualité des

personnes paraplégiques existe et reste possible. Le problème se situe au niveau du corps

transformé, des capacités devenues différentes et des facteurs psychologiques importants liés

à cette fonction.

B - La réadaptation des personnes blessées médullaires :

Au départ le soucis de réinsertion professionnel était le pilier du travail de réa-daptation. Le

travail était le lieu de réadaptation dans lequel était mis en place la thérapeutique axée par le

travail lui-même, sachant que dans celui-ci s’incluait la réadaptation sociale, etc.

Puis suite à une évolution, le travail de réadaptation s’est inscrit davantage dans milieu

institutionnel plus spécialisé. Amenant l’activité à être plus ciblée sur le rapport de la

personne handicapée à autrui, au sein de la famille, de la communauté,… De plus le terme de

réadaptation va renvoyer également à la notion d’apprentissage. Cela va impliquer une

participation active de la personne handicapé, faire appel à ses désirs, à sa motivation, etc.

Le grand dictionnaire de psychologie Larousse (1999) définit la « réadaptation » de la

manière suivante :

“Elle constitue un « ensemble d’actions, de techniques médicales, sociales et éducatives

susceptibles de permettre à un malade de retrouver, après rémission ou stabilisation de ses

troubles une nouvelle intégration la plus heureuse possible dans son milieu familial et

socioprofessionnel ».

Au travers de cette définition, nous constatons que la notion de réadaptation renvoie à

différents orientations, le travail, une orientation « médicale », une orientation « sociale » et

une orientation « éducative ».

Il apparaît complexe de différencier ce qui relève de la rééducation de ce qui relève de la

réadaptation. Ceci l’est d’autant plus que ces deux versants sont imbriqués l’un dans l’autre.

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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1. De la rééducation à la réadaptation:

Nous pouvons illustrer cette coordination rééducation-réadaptation au travers d’une étude

réalisée par Bilard, J., Bui Xuan, G., Barbin, J.M., Ohana, F. & Gros, C. (1995). Cette étude a

été citée dans Simon, L. (1995).

L’objectif de cette étude était d’étudier les « répercussions psychosociales du ré-entraînement

à l’effort des blessés médullaires en centre de rééducation ». Ce travail a été réalisé à partir du

centre spécialisé de rééducation et de réadaptation « Propara » situé à Montpellier. Ce centre

offre, en plus du travail réalisé régulièrement, la possibilité aux personnes handicapées

d’exercer des pratiques sportives durant la phase de réadaptation ( le choix leur appartient).

Ces activités sportives sont encadrées par un professionnel qui peut conseiller, orienter,

proposer des techniques adaptées pour le réentrainement à l’effort.

1.1. Méthodologie :

Objectif : Déterminer les « conséquences psychologiques et sociales de l’activité sportive

suivant la période de rééducation ».

Matériel : Utilisation d’un questionnaire constitué de 40 interrogations. Le but de celui-ci

étant d’apporter des informations sur les conditions de vie des blessés médullaires après la

phase traumatique.

Variables indépendantes :

- Le sexe, (femme ; homme).

- Le type de handicap, (paraplégie ; tétraplégie ; autre).

- Le temps de transition entre le traumatisme et l’étude, ( 0 à 2ans ; 2 à 4 ans ; 4 à 10

ans ; plus de 10 ans).

La pratique sportive en centre de rééducation, ( sportif ; non sportif).

Sujets :

600 individus blessés médullaires ayant séjournés dans un centre spécialisé se sont vus

recevoir le questionnaire. Seul 291 d’entre eux y ont répondu.

- Soit 64 femmes, 227 hommes.

- 178 paraplégiques, 110 tétraplégique et 3 autres.

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- Et respectivement pour les périodes de transitions : 6 sujets pour la tranche de 0 à 2 ans

puis 55, 140, et enfin 90 sujets dont la transition est supérieur à 10 ans.

- Concernant la pratique sportive en centre spécialisé :

Toutes atteintes confondues, 157 personnes n’étaient pas sportives contre 134.

Parmi les sujets tétraplégiques, 74 non sportifs contre 36 sportifs.

Parmi les sujets paraplégiques, 82 n’étaient pas sportifs contre 96.

1.2. Résultats :

Les données sont regroupées suivant 4 axes défini à partir du questionnaire. Ces données

permettent d’identifier le lien du complément de travail sportif avec ces différents axes.

- le premier axe étudie le lien entre le sport en centre et la reprise ainsi que la poursuite du

sport dans le temps après avoir quitté le centre.

Parmi les données recueillis, nous constatons que 46% des personnes paraplégiques qui

étaient sportifs dans le centre ont repris une activité sportive dès la première année suivant

leur sortie du centre. Tandis que 28% des personnes qui n’étaient pas sportives au centre ont

repris une activité sportive dès la première année suivant leur départ.

Pourcentage de sujets ayant repris le sport durant la première année qui succède à leursortie du centre, suivant leur handicap et leur activité en centre de rééducation.

Pratique sportive au centre de réadaptation.Sportif Non sportif

Tétraplégie 30% 10%Type de

handicap.Paraplégie 46% 28%

Il existe également une forte corrélation entre le fait d’avoir pratiqué le sport au centre et le

fait de poursuivre.

- Le second axe observe le lien entre le fait d’avoir été sportif au centre de réadaptation et le

recours à des « aides médicalisées » suite à la sortie du centre (plus spécifiquement la

kinésithérapie).

Les personnes tétraplégiques non sportives au centre sont les plus demandeurs, soit 30% de

ces personnes. Contre 7% des personnes tétraplégiques sportives au centre.

-Le troisième axe détermine la connexion envisageable entre la pratique sportive en centre de

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réadaptation et « l’insertion professionnel ».

Là encore un lien existe. La plupart des personnes tétraplégiques qui ont trouvées un emploi à

temps partiel pratiquaient le sport au centre. C’est également le cas des personnes

paraplégiques. Corrélation de 0.05 dans les deux cas.

- Le quatrième axe évalue le lien entre la pratique sportive au centre de rééducation et

l’autonomie des personnes interrogées.

Le critère d’autonomie pris en compte ici est la passation du permis de conduire après la

sortie du centre. 57% des sportifs tétraplégiques l’ont repassé et 24% des tétraplégiques non

sportif au centre l’ont repassé.

1.3. Conclusion de l’étude :

L’impact le plus saillant du réentrainement à l’effort en centre de réadaptation s’observe chez

les individus tétraplégiques. En ce qui concerne les personnes paraplégiques, ce

réentrainement aurait une influence plus marquée sur la reprise et la poursuite d’une activité

sportive notamment dans la compétition ; ainsi que sur la réinsertion professionnelle.

Nous pouvons donc percevoir par le biais de cette étude que l’activité sportive s’inscrit à la

fois dans le registre de la rééducation, puis par acquisitions successives d’aptitudes, de

valorisations gratifiantes, l’activité sportive va s’inclure dans un processus plus global de

réadaptation. Ce processus plus global de réadaptation va amener l’individu à s’extérioriser.

Cette étude nous montre également les bénéfices que peuvent engendrer le fait d’intégrer un

établissement qui offre divers services permettant la rééducation et la réadaptation.

Quels autres dispositifs sont à la disposition de la personne handicapée au sein des

établissements, et cela dans le but de vivre bien même en l’absence d’une partie de soi ?

2. Les dispositifs de réadaptations en établissements de réadaptation :

Nous pouvons évoquer quatre dispositifs qui peuvent apporter beaucoup à la personne

handicapée. Des apports au niveau de l’acquisition de l’autonomie, de l’indépendance, de la

revalorisation de soi, de l’ancrage de l’identité. Nous allons aborder les thèmes du fauteuil

roulant, de la simulation du retour chez soi, de la simulation professionnelle et en dernier

point celui du permis de conduire.

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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2.1. L’attribution d’un fauteuil roulant ( Codine, 1994, p 61-64) .

Pour une personne dont la mobilité est réduite, la possession de cet appareillage semble à

priori l’un des moyens essentiel d’accès à l’autonomie. Pour permettre l’attribution d’un

fauteuil roulant à un individu handicapé, il va falloir dresser un profil qui prend en compte des

informations sur l’individu, « son environnement, ses déplacements » … Notamment

identifier si la personne handicapée se déplacera seul ou à l’aide d’un accompagnateur.

A partir de ces informations un « cahier des charges du fauteuil roulant » est définit. Ce

« cahier des charges » va déterminer la forme, le type de fauteuil qui sera le mieux adapté à

l’individu demandeur. Il est donc vraiment nécessaire d’être précis dans la récolte

d’informations pour le profil du demandeur.

« Le cahier des charges cliniques et fonctionnels du fauteuil roulant ».

Outre les informations personnelles du demandeur sur ses objectifs, un certain nombre de

critères importants sont à inclure d’emblée (Trefler, 1991) :

a- veiller à ne pas réduire la mobilité des membres supérieurs, ni sa capacité d’être

indépendant.

b- Veiller à ce que le « tonus musculaire » ne soit pas trop perturbé.

c- Veiller à ne pas laisser se développer divers troubles squelettiques.

d- Faire en sorte que l’utilisateur soit le plus à l’aise possible.

e- Bien répartir le poids du corps sur le fauteuil afin que l’appui ne se fasse pas que

sur une partie du corps.

f- « améliorer les fonctions physiologiques », alimentation, excrétion,…

g- réduire la gène lors d’interventions médicales,…

h- faire en sorte que la personne handicapée ait une bonne image d’elle-même,

qu’elle soit bien.

Un bilan médical est également intégré dans ce « cahier des charges » dans lequel sont

répertoriées diverses informations concernant l’état physique de la personne handicapée :

i- Les différents troubles corporels.

j- Les « déformations » fixes par rapport aux simples ennuis sujets à correction.

k- Les troubles de la sensibilité.

l- Déterminer les possibilités qu’offrent l’utilisation des membres supérieurs.

m- Déterminer le temps qu’il est possible de passer en position assise.

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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n- Et davantage d’information suivant les caractéristiques de la personne

handicapée.

Un bilan concernant l’environnement de la personne handicapée fait partie du « cahier des

charges du fauteuil roulant ». Il comprend des informations sur :

o- L’habitat de la personne handicapée.

p- Le cadre professionnel.

q- Les structures de loisirs, etc.

Enfin un bilan sur les déplacements est également réalisé. Les données recueillis sont :

r- Les moyens de transports automobiles ou autres.

2.2. Simuler la phase de retour chez soi ( Codine, 1994, p 45-47).

« L’appartement thérapeutique » est un « lieu de préparation et d’entraînement à

l’autonomie ». Celui-ci constitue une interface entre l’établissement et le domicile. La

personne handicapée va être soutenue et aidée par des professionnels, par son entourage afin

de passer différentes étapes.

« L’appartement thérapeutique » est en quelque sorte une maquette qui va permettre à

l’individu handicapé de mettre à l’épreuve les acquis réalisés durant sa rééducation et ses

premiers temps de réadaptation, et de se confronter à d’éventuelles lacunes.

« L’appartement thérapeutique » peut revêtir différentes configurations. Celles-ci dépendent

de ce qu’offre l’établissement et des buts qu’il fixe.

Trois configurations d’appartement ressortent :

- « L’appartement laboratoire ».

Cette configuration est très semblable à un appartement ordinaire. L’individu handicapé y est

placé soit seul soit en groupe. Il apprend à y évoluer comme en condition de « vie normale ».

Il teste ainsi les enseignements qui lui ont été dispensés.

- « L’appartement espace modulaire ».

Dans cette configuration, Les différentes pièces qui constituent l’appartement sont

réorganisable suivant un architecture pré-définit. C’est-à-dire que l’on peut monter, démonter

celui-ci de telle manière qu’il puisse ressembler le plus possible à l’habitat de la personne

handicapée.

Cette configuration permet à l’individu handicapé d’accéder à la dernière étape de sa

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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réadaptation avant de retourner chez lui.

La difficulté ici, sera de reprendre des repères dans ce lieu qu’il côtoyer différemment avant.

L’individu est amené à analyser lui-même les situations problématiques.

- « L’appartement-espace vie ».

Cet appartement est conçu de telle manière que les déplacements en fauteuil roulant sont

envisageable. La personne handicapée et quelques membres de sa famille sont invités à tester

leur évolution à l’intérieur de celui-ci. Ainsi l’ensemble des individus va pouvoir mettre à

l’épreuve leur capacité à cohabiter. Il leur faut alors prendre en compte les changements qu’il

est nécessaire de réaliser dans les habitudes de vie en famille. Cela va nécessiter un temps

d’apprentissage.

2.3. Une simulation dans le domaine professionnel ( Codine, 1994, p 181-182 ).

Un certain nombre d’établissements sont dotés d’un espace de travail qui allie rééducation et

retour à la vie professionnelle. Ce sont les « ateliers de réadaptation préprofessionnelle ».

Ceux-ci vont permettre à l’individu handicapé d’accéder à différents avantages :

- Pour les personnes ayant une faiblesse motrice due à un déficit vont restimuler le membre

défaillant avec des ustensiles de travail, de façon à rééduquer les mouvements.

- Soit il s’agira pour eux de retrouver les gestes de leur métier antérieur, soit de s’initier à

un nouveau métier. Cette étape peut provoquer certaines blessures chez la personne

handicapée. Faire le constat de son inaptitude dans son premier travail. Les sentiments

d’éche, d’incapacité vont être très présent. Le groupe de professionnels accompagnant

ainsi que les proches ont tout intérêt d’être attentif à cela. Valoriser les réussites, aider à

surmonter les échecs, etc, telles sont les aides à apporter. Il en va toujours de la

consolidation de l’identité de l’individu handicapé.

L’individu handicapé dans ce contexte va être évalué, rééduqué, et un réamorçage de la vie

professionnelle va s’entamer. Ainsi l’un des intérêt essentiel de cet atelier est de « leur donner

ou leur rendre une identité sociale et professionnelle ».

2.4. Le permis de conduire symbole et vecteur de réadaptation ( Codine, 1994, p 103 ).

Dans le « journal officiel de la république française » (1988) a été divulgué un « arrêté du

ministère des transports ». Cet disposition fait état d’un certain nombre d’ « incapacités

physiques incompatibles avec l’obtention ou le maintient du permis de conduire, et les

affections susceptibles de donner lieu à sa délivrance de façon définitive ou pour une durée de

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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validité temporaire ».

Il définit également les exigences physiques associées aux différents types de moyen de

transport automobile.

Que ce soit pour conserver son permis ou alors l’obtenir, une personne handicapée va voir sa

demande passer devant une « commission médicale départementale du permis de conduire ».

Cette commission va mettre en application les exigences de l’arrêté ministériel et déterminer

les modifications à réaliser sur le véhicule afin de l’adapté au sujet handicapé.

L’enseignement de la conduite se fera en école spécialisée ou dans des centres habilités de

rééducation.

L’acquisition du permis de conduire ou le maintien de celui-ci peut symboliser au yeux de la

personne handicapée la réussite de différentes épreuves de réadaptation. La possibilité d’être

mobil permet d’accéder davantage à ce que le monde extérieur offre ; un plus grand espace

d’ouverture sociale lui est à porté de main ( encore faut-il que cet espace fasse un effort

d’adaptation également ).

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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II – Les remaniements identitaires :

Nous venons de voir, dans la partie consacrée aux répercussions physiologiques d'une lésion

médullaire, que la paraplégie provoque un bouleversement corporel extrême. Or, comme l'ont

montré de nombreux auteurs d'orientation essentiellement psychanalytique (notamment S.

Freud,D.W. Winnicott, F. Dolto, D. Anzieu), le corps, dans son intégrité, est à la base de la

construction de l'identité. On peut donc dire que la paraplégie constitue aussi une véritable

remise en question des fondements psychologiques; elle entraîne une crise d'identité

fondamentale, une défaillance des structures du Moi et, comme nous le verrons, une

confrontation accidentelle aux émotions refoulées. Une bonne adaptation à cette nouvelle

façon d'exister passe nécessairement par un réajustement de l'identité, ce qui constitue le plus

gros travail que doit effectuer la personne blessée dans son corps.

1) Le Moi, support de l'identité :

1.1. Qu'est-ce que l'identité ?

C'est un concept qu'il a été très difficile de définir et sur lequel les auteurs ont souvent des

points de vue divergents. Nous retiendrons cependant trois définitions qui permettent

d'éclairer notre propos. Leur point commun est notamment d'envisager l'identité comme un

concept multifactoriel, reposant sur l'intégration de nombreux vécus, sentiments et processus.

En 1937, G.W. Allport propose un concept d'identité en sept dimensions : le sentiment

corporel, l'identité du Moi dans le temps, l'estime de soi, le sentiment des appréciations

sociales de notre valeur, le sentiment de pouvoir raisonner, l'intentionnalité de l'être, le

sentiment de possession.

En 1950, Erik Erickson, dans "Enfance et société", en fait lui aussi un concept à multiples

facettes : un sentiment subjectif d'unité personnelle, un sentiment de continuité temporelle,

un sentiment de participation affective, un sentiment de différence, un sentiment de confiance

ontologique, un sentiment d'autonomie, un sentiment de self contrôle, un processus

d'évaluation par rapport à autrui et enfin un processus d'intégration de valeurs et

d'identifications.

En 1968, il la décrit comme la résultante des différentes identifications.

D'après le Dictionnaire de la Psychologie, "l'identité personnelle résulte de l'expérience qu'a

un sujet de se sentir exister et reconnu par autrui en tant qu'être singulier mais identique

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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dans sa réalité physique, psychique et sociale..."C'est la connaissance de ses limites

psychiques et l'assurance que ces limites sont fiables. Elle s'appuie d'une part sur le corps

biologique et d'autre part sur les différentes identifications aux autres individus. Cette

définition est importante dans le sens où elle met en avant à la fois la permanence du soi

corporel et de l'intégrité psychique; eux-mêmes en étroite relation avec la structuration du

Moi et de ses différentes enveloppes.

Si ces deux constantes, intégrités corporelle et psychique, sont interrompues, comme c'est le

cas dans la survenue du handicap, il y a obligatoirement perturbation de l'identité personnelle.

1.2. Bref rappel sur la formation du Moi et de ses différentes envelopes protectrices :

- A sa naissance, le bébé est animé par ses pulsions et ses besoins et il est "indifférencié"

c'est-à-dire qu'il est à la fois lui, sa mère, le monde...Il n'y a pas de séparation entre l'extérieur

et l'intérieur.

Grâce à la présence de la mère (ou d'un substitut maternel aussi puissant), à ses soins, au

"holding" ( décrit par Winnicott ), la mère propose un Moi auxiliaire au nourrisson qui

acquiert ainsi un premier sentiment de sécurité. A ce stade, mère et enfants partagent la

même peau et le même Moi. Et c'est grâce à cette relation symbiotique que l'enfant va pouvoir

progressivement découvrir sa propre unité corporelle; découverte renforcée à l'âge de 5-6

mois par l'expérience du sevrage. C'est là que se constitue la première couche de l'identité

délimitée par ce que D. Anzieu a qualifié de Moi-peau.

– L'apprentissage de la station debout, de la marche puis du contrôle de ses sorties

(acquisition de la propreté) vont permettre à l'enfant d'élaborer sa deuxième barrière

psychique : l' "image du Corps", limite psychique qui lui donne une représentation et

une maîtrise de son corps suffisamment fiables pour instaurer les premiers fondements de

son identité et lui permettre d'entrer en relation avec l'autre.

– La dernière limite psychique, et donc la dernière couche de l'identité, se constitue à

l'adolescence quand la limite que représente le groupe familial est remplacée par celle

donnée par le ( ou les ) groupes d'appartenance. Elle est appelée "Image de Soi", se fait

notamment grâce aux nombreuse identifications propres à cet âge de la vie et permet à

l'adolescent de construire la dernière composante de son identité.

La première barrière du Moi, le Moi-peau, directement étayée sur la peau, a pour fonction de

maintenir refoulées dans l'Inconscient des représentations (pensées, images, souvenirs)

pouvant générer une trop grande quantité d'excitation, ingérable par le psychisme et

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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incompatible avec la réalité.

Entre le Moi-peau et l'image du Corps se situe le Préconscient.

Quant à la zone du psychisme située entre l'image du Corps et l'image de Soi, elle correspond

davantage à la partie consciente. Elle est la part sociale du psychisme qui permet l'échange

avec autrui.

2) Conséquences d'un traumatisme médullaire :

Le vécu lié au traumatisme médullaire est l'occasion d'une terrible régression psychologique

parrallèle à la régression somatique. Le sujet traumatisé revit les mêmes expériences que

celles qu'il a traversées pendant son enfance :

– sortie du coma ou réveil après les opérations qui ramènent à l'émergence du conscient au

moment de la naissance;

– sevrage lors de l'enlèvement des sondes gastriques ou des perfusions et ré-apprentissage

de l'auto-alimentation;

– découverte et fabrication d'une image corporelle correspondant à son corps assis en

fauteuil roulant;

– apprentissage de la locomotion : il faut que le sujet apprenne à se déplacer en fauteuil

roulant;

– apprentissage du contrôle sphinctérien;

– découverte d'une nouvelle forme de sexualité et de nouvelles zones érogènes.

Les réussites et les échecs de la réadaptation sont en grande partie liés au vécu des différentes

étapes de la 1ère structuration de la personnalité et les éléments jusqu'alors refoulés sont

autant de facteurs susceptibles de freiner, voire d'empêcher le retour à l'autonomie.

Les différentes traces plus ou moins traumatisantes qui ont fait l'objet d'un refoulement

pendant la petite enfance sont réactivées et remises à jour.

A la suite d'un traumatisme spinal, la partie de la peau sous-lésionnelle perd une partie de ses

fonctions et, surtout, est privée de sa liaison avec la conscience. La perte de la sensibilité

sous-lésionnelle représente une perte de la conscience de la frontière entre l'intérieur et

l'extérieur.

La brèche dans l'enveloppe corporelle entraîne une brèche identique du Moi, car le Moi, privé

de son étayage corporel, présente alors un certain nombre de défaillances. Il n'est plus en

mesure de remplir son rôle de frontière entre réalité interne et réalité externe.

La perte d'identité et l'absence d'image corporelle font du traumatisé médullaire récent un

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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sujet sans limite psychique fiable et qui est donc confronté à une situation proche des états

psychotiques.

Cet aspect aléatoire des limites renvoie le sujet aux impressions et aux angoisses de

séparation, d'absence de la mère, qu'il a vécues lors de sa première expérience d'individuation.

Mais la différence entre le nouveau-né et une personne traumatisée médullaire, c'est que le

sujet traumatisé est à la mercie de souvenirs inconscients qui déferlent à la surface et qui, s'ils

sont tirés d'une expérience primaire vécue comme traumatique, peuvent submerger l'individu

jusqu'à retarder ou empêcher toute adaptation.

En fait, la réhabilitation consiste, pour les personnes traumatisées médullaires, à trouver de

nouveaux appuis, de nouveaux étayages qui permettent la suture des brèches psychiques :

– Elles ont besoin, en premier lieu, comme le nouveau-né, de trouver un "Moi auxiliaire"

qui remplisse le rôle de pare-excitation c'est-à-dire qui "protège l'organisme contre les

excitations en provenance du monde extérieur qui, par leur intensité, risqueraient de le

détruire"("Vocabulaire de la psychanalyse" de J. Laplanche et J.-B. Pontalis). Cette

fonction est alors remplie par le (la) conjoint(e), la mère, l'institution, l'infirmière...

– La seconde étape correspond à la découverte des nouvelles limites corporelles qui

serviront d'étayage aux nouvelles limites psychiques.

– Enfin, le sujet doit se créer un nouveau modèle postural, cette fois-ci, en intégrant le

modèle postural des autres, par identifications.

L'individu repasse en fait par les différentes étapes qui ont jalonné son existence depuis sa

naissance jusqu'à l'adolescence et ne pourra en sortir "vainqueur" que s'il réussit à comprendre

et à dépasser les obstacles qui se présentent à lui en tant que réactivation de traumatismes

infantiles précoces.

Mais heureusement, chacun n'a pas forcément connu, au cours de ses apprentissages

primordiaux, de chocs tels qu'ils puissent entraver leur réadaptation dans sa totalité.

C'est le cas d'une minorité; mais cette minorité est alors, en plus du traumatisme physique,

victime du retour des éléments refoulés jusqu'alors et doit absolument accepter de les

"regarder en face" pour pouvoir vivre sa nouvelle condition.

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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III - La phase de Deuil :

Quelque soit le contexte (perte d’un individu, maladie, handicap,…) le travail de deuil est

toujours délicat et difficile.

Délicat, en effet l’individu va se trouver au cœur d’une phase au cours de laquelle il va se

sentir fragilisé, enclin à la dépression. Un certain nombre de ses acquisitions vont se trouvées

remises en question, l’identité, le rapport à la réalité…

Les bases existentielles de l’individu s’en trouvent extrêmement fragilisées.

Dans la mise en place d’un processus d’aide, de soutien, de rééducation, de réadaptation…,

il sera primordial de garder à l’esprit cet état d’être de l’individu ; et cela dans l’idée de

représenter une stabilité à l’individu, lui permettant de garder contact avec la réalité, avec

autrui,…

Difficile parce que cette phase de deuil nécessite de la part de l’individu handicapé

d’effectuer un énorme travail psychique. Cette phase de deuil fait l’objet de diverses ré-

élaborations mentales. Un certain nombre de représentations va s’en trouvé modifié, celles-ci

vont atteindre la perception de sa vie, de son avenir…

L’objectif étant, pour la personne handicapée, pourrions nous dire, de s’ouvrir à de nouvelles

perspectives d’existence, d’exécuter une « métamorphose ».

1. Prendre conscience de son handicap.

Afin que puisse débuter ce travail de deuil, un travail préalable doit être réalisé. Cette

opération fait suite à l’annonce du handicap, ou tout au moins à l’apparition du handicap. Il

s’agit pour la personne devenue handicapée de prendre conscience de la perte d’une (ou

plusieurs) aptitude(s).

Dans le cas d’un individu devenu paraplégique, la perte de l’usage de ses membres inférieurs

n’est pas encore reconnue, « car in-intégrables par rapport à l’idée consciente et inconsciente

qu’il se fait de lui-même et de son fonctionnement psychique » (Oppenheim-Gluckman, 2006,

p170-172).

Plus explicitement, cette reconnaissance du changement corporel est rendue difficile pour

différentes raisons :

- Il y a ce que l’on pourrait appeler un court-circuit entre le vécu passé de l’individu et la

réalité nouvelle à laquelle il doit faire face. Cela peut renvoyer à l’idée d’une renaissance

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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de l’individu handicapé. Il y aurait comme une incompatibilité entre des images issues de

sa « vie antérieur » et sa vie actuelle. Il est demandé à cet individu de prendre d’emblée

acte de ce(s) changement(s) corporel(s) et psychique(s). cela provoque une peur intense…

Cela renvoie au choc traumatique, à l’état de sidération.

- L’individu handicapé mettrait en place « un mécanisme de défense » (Nadeau, 2002). Ce

mécanisme se mettrait en place parce qu’à ce moment là, la personne handicapée ne peut

intégrer de nouvelles représentations de son corps, de nouvelles pensées… Cela peut être

perçu comme une demande d’imaginer ce qui à ce moment là est inimaginable. Parmi ces

mécanismes, nous pouvons évoquer le « refoulement », c'est-à-dire bloquer l’accès de

pensées à la conscience.

Le « déni » en est un autre, la personne handicapée n’intègre pas le handicap, elle continue

à se percevoir comme si aucun changement n’était apparu dans sa vie. Les représentations

que ses personnes handicapées ont d’elles-mêmes ne changent pas. (cette période préface

du deuil peut s’accompagner d’un trouble psychique important).

- La « colère », toutes formes d’émotion suivant leur intensité peut cloisonner les processus

de pensées des individus handicapés. Cela peut repousser le travail préalable de

reconnaissance du handicap.

- Dans le cas de personnes dont le handicap touche les processus en jeu dans la conscience

(cognition, perception,…), cette étape d’avant deuil s’en trouve entravée, voir même

rendue impossible.

Fiszlewicz (1967) a identifié la progression que suit l’individu handicapé avant d’atteindre

cette capacité à reconnaître le handicap. Durant cette progression, l’individu handicapé

élabore des plans d’avenir, des « projets », correspondant toujours à ce qu’il était capable de

réaliser avant l’apparition du handicap. L’impossibilité qu’a cet individu d’atteindre ses

objectifs le confronte petit à petit aux nouvelles limites que lui impose le handicap. Au travers

de cela et d’autres expériences, la personne handicapée va prendre la pleine connaissance du

handicap. La prise de conscience du handicap se fera ainsi de manière progressive suivant la

confrontation avec la nouvelle réalité physique. Cette confrontation à cette nouvelle réalité

physique va induire la formation progressive d’une nouvelle « réalité psychique ».

(Oppenheim-Gluckman,2006) laquelle va permettre un ré-ajustage du rapport à la réalité dans

son ensemble.

Pour Fiszlewicz (1967), la personne handicapée peut se représenter le handicap à partir du

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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moment où celle-ci « peut reconnaître le manque,…mais se reconnaître comme lieu de ce

manque…et comme sujet de ce manque » (cité par Oppenheim-Gluckman,2006).

Il semblerait que l’intégration de la perte et du manque serait moins difficile par la possibilité

que l’individu a d’accéder à la visualisation, au sens propre du terme, de la portion du corps

sujette au handicap et des limitations physiques induites par celui-ci.

A partir du moment où l’individu lésé commence à intégrer les bouleversements, dont il est

emprunt, le deuil va pouvoir s’opérer.

2. En quoi consiste la période de deuil ?

Le deuil se définit comme un « état de perte d’un être cher s’accompagnant de détresse et de

douleur morale, pouvant entraîner une véritable réaction dépressive et nécessitant un travail

intrapsychique, dit « travail de deuil » pour être surmonté » (Grand dictionnaire de la

psychologie, 1999).

Freud (1915) définit le deuil non pas comme un état mais comme une « réaction à la perte ».

« Le travail de deuil » prend forme à partir du moment où « la réalité a montré que l’objet

aimé n’existe plus et édicte l’exigence de retirer toute la libido des liens qui la retiennent à cet

objet ».

En d’autres termes, il s’agit pour l’individu de détacher l’énergie de la libido d’un certain

nombre de représentations inconscientes en lien avec l’objet perdu.

Seules subsistent les traces de la relation à l’objet (les souvenirs, les images, etc). La libido

pourrait être le vecteur, l’énergie qui pousse l’individu à avoir une relation avec tout ce qui est

de l’ordre du vivant. Tel est le rapprochement que nous pourrions faire entre libido et pulsion

de vie. Cette libido, ainsi libérée de la relation à l’objet, va être rapportée à l’individu lui-

même. L’individu pourra par la suite s’intéresser à un autre objet.

Le deuil de l’individu va s’articuler suivant deux phases

2.1. Première phase du deuil

Durant la première phase, l’existence de l’objet perdu se poursuit psychiquement. En effet,

cet objet perdu sera sujet à un « sur-investissement », cela signifie que l’individu va se

focaliser de manière excessive sur la relation antérieure qu’il avait avec l’objet, sur le manque

qui y est associé,… A ce stade, l’individu sera enclin à la dépression, tous les symptômes de

celle-ci y étant associés (perte d’intérêts, ralentissement, réduction de l’estime de soi…)

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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(Nadeau, 2002). Ainsi pouvons nous dire que l’individu va s’isoler le temps de réaliser ce

travail.

Nous comprenons mieux pourquoi le préalable, que constitue la prise de conscience, la

reconnaissance du handicap, est à ce point nécessaire (2.a).

Comment l’individu pourrait-il sur-investir le membre perdu, la capacité perdu, s’il n’a pas

intégrer le « manque » comme étant une nouvelle configuration de son enveloppe physique ?

2.2. Deuxième phase : « Le travail du deuil » (Steichen, 2003,p144-148).

La personne, du fait de la perte quelle qu’elle soit, va réaliser « une déconstruction des

représentations par lesquelles l’être ou la chose existe dans sa réalité psychique ». Il est donc

question de la « de- construction » d’une partie de la « réalité psychique » de cette personne.

Par « réalité psychique », nous définissons la réalisation d’un édifice, d’un ouvrage, d’« un

système de représentations en mots et en images dont les éléments sont sélectionnés dans la

série des mémoires conservatrices de souvenirs et de fictions ».

A chaque épreuve de la vie survient une phase de deuil. Il s’agit pour l’individu d’aborder

une phase de « déconstruction ».

Cela va correspondre au fait d’isoler chaque élément de la « réalité psychique », c’est-à-dire

chaque représentation, en éléments distincts de manière à les réorganiser au cours de la phase

de « reconstruction ». C’est ce qui est réalisé dans les cures analytiques. Freud (1917) appelle

l’ensemble de ces activités (« construction , déconstruction, reconstruction ») l’ « élaboration

psychique ». Insistons sur le fait que « déconstruction » et « reconstruction » se font en

parallèle. Ces deux activités renvoient à la manière dont toutes les représentations sont

connectées entre elles. Ainsi à toute deconstruction succède une reconstruction. L’individu va

réorganiser ces représentations de manière différente, sa réalité psychique s’en trouvant par

conséquent modifiée.

La profondeur qu’il faudra atteindre dans le travail du deuil, c'est-à-dire le niveau

d’ « élaboration psychique » va dépendre de l’espace investi par l’objet (une personne, un

membre, une aptitude, etc) dans la réalité psychique.

« Placée en position périphérique, la perte n’affecte que faiblement la réalité subjective ; par

contre, plus l’objet est proche du « fantasme fondamental », plus on doit s’attendre à ce que le

travail de deuil soit radical »(Steichen, 2003). Par « fantasme fondamental », nous pouvons

inclure tous les fantasmes depuis la naissance de l’individu, soit des fantasmes sur lesquels se

sont appuyés différentes étapes de développement.

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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La perte d’une capacité motrice au niveau des membres inférieurs peut être identifiée comme

la perte d’un objet en zone proche du fantasme fondamental.

Dans un premier temps, l’individu né avec un parfait état de fonctionnement de ces membres

va apprendre à vivre, va évoluer, va faire des projets, va se construire, jusqu’à ce qu’un

incident survienne (voir la partie sur les remaniements identitaires).

Durant toutes ses années de vie avec ses pleines capacités, rares sont les moments où il s’est

posé la question de savoir si quoique se soit chez lui ne lui permettrait pas d’effectuer ne

serait-ce qu’une activité quotidienne. Celui-ci vivait sa vie paisiblement car les différentes

aptitudes qui le caractérisaient aller de soi dans son esprit, marcher, nager, monter les

escaliers, aller au cinéma,…. Toutes ces activités « banales » sont inscrites dans la « réalité

psychique de l’individu désormais handicapé. Il lui faudra faire le deuil d’une grande partie

de ce qui lui était facilement accessible antérieurement. Le plus difficile est de faire le deuil

de « la maîtrise d’une partie de soi-même »(Nadeau, 2002).

Il sera question pour la personne du « désinvestissement d’une partie de soi d’un point de vue

à la fois physique et psychologique »(Oppenheim-Gluckman, 2006). L’image de l’individu

s’en trouve ébranlée. Cela va provoquer une grande remise en question d’ordre identitaire.

Etant donné le chemin que doit parcourir la personne handicapée, le travail de deuil va

s’étendre sur un continuum temporel plus ou moins important. La durée de cette période de

deuil va dépendre de confrontations antérieures de l’individu à diverse épreuves de la vie à la

fois au travers du vécu conscient et à la fois au travers du vécu inconscient. Puis voir si une

correspondance pourrait être faite entre ses histoires et le vécu du handicap, dans l’espoir d’y

trouver un support facilitant le deuil ou dans la crainte d’y découvrir une nuisance (cette

activité est en grande partie inconsciente).

Vouloir pousser l’individu à accélérer l’évolution de son deuil peut provoquer de graves

conséquences sur l’état de santé psychique de l’individu. « En effet tant que le sujet n’est pas

assuré d’une continuité psychique et moïque, tant que l’accident ébranle trop ses fondements

narcissiques, tant qu’il n’a pas pu intégrer cet évènement dans son espace psychique, la

confrontation au handicap risque de le faire basculer dans la mélancolie dans la mesure ou la

perte concerne le moi lui-même »(Freud, 1917).

« Le travail de deuil serait le passage d’un savoir de connaissance sur la maladie ou

l’accident » (2,a) « à un savoir éprouvé avec intégration dans son système propre de

représentation et dans ses fantasmes inconscients de la perte et du manque liés à l’accident et

ses conséquences » (2,b), (Oppenheim-Gluckman, 2006, p 174).

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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CONCLUSION

Les phases de rééducation et de réadaptation vont être des étapes importantes au cours

desquelles les travaux de reconstruction identitaire et de deuil d’une partie de Soi vont

pouvoir s’effectuer de manière plus soutenue :

- soutenue parce que les épreuves à surmonter vont mobiliser une grande partie de

l’énergie de l’individu handicapé, sur une période plus ou moins longue de sa vie.

- soutenue, parce que dans un autre sens, les membres du personnel, impliqués dans la

rééducation et la réadaptation, vont soutenir la personne handicapée au cours de sa phase

d’acceptation du changement physique due à la blessure médullaire.

Les activités que l’individu handicapé sera amené à faire durant la rééducation et la

réadaptation telles que le ré-apprentissage à uriner, à coordonner ses membres supérieurs, à

vivre de façon autonome, à travailler, etc., vont lui permettre de se revaloriser, de se

reconstruire, l’amenant progressivement à envisager un avenir compatible avec ce qu’il a de

nouveau.

Au travers le travail effectué en établissement spécialisé, l’individu handicapé va également

être amené à rencontrer des personnes au vécu similaire. A partir de ces rencontres, celui-ci

pourra éventuellement isoler quelques objets d’identification sur lesquels il pourra étayer sa

reconstruction identitaire.

La reconstruction s’envisage à différents niveaux. A un niveau de prise en compte des

modifications du corps (sensibilité, troubles du tonus, problèmes osseux, etc.) sur lesquelles

s’appuieront, à un autre niveau la reconstruction identitaire. Cette reconstruction identitaire va

s’appuyer également sur le deuil progressif des images de Soi, de toutes les activités

antérieurement accessibles (fonctions sexuelles ,…), les projets antérieurs,… Cette phase de

deuil va permettre à l’individu d’incorporer à l’être ses nouvelles caractéristiques, tant

physiquement ,en « pré-étape de deuil », que psychologiquement durant le deuil lui-même.

Tous ces processus - rééducation, réadaptation, reconstruction identitaire et deuil - sont donc

interdépendants et se réalisent en parallèle.

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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Ainsi après avoir déterminé, en partie, ce à quoi l’individu doit faire face suite à une blessure

médullaire, il serait intéressant d’orienter davantage notre attention, dans une étude ultérieure,

sur le rapport qu’entretient la personne blessée médullaire avec le monde social.

Une des questions que l’on pourrait se poser serait de savoir en quoi la société favorise ou non

le retour des personnes blessées médullaires au sein de son organisation.

Adaptation à un handicap acquis ; exemple de la paraplégie. JF.CAUX et F.DELAHOCHE

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