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DIRECTION REGIONALE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS ET DE LA COHESION SOCIALE MEMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME D’ETAT DE MASSEUR KINESITHERAPEUTE 2015 Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient paraplégique incomplet T6 ASIA D : Intérêt de la prise en charge masso-kinésithérapique Stage temps plein GUILLOUX Karine

Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

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Page 1: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

DIRECTION REGIONALE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS

ET DE LA COHESION SOCIALE

MEMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DU

DIPLOME D’ETAT

DE

MASSEUR KINESITHERAPEUTE

2015

Avantages - inconvénients de la spasticité

chez un patient paraplégique incomplet T6 ASIA D :

Intérêt de la prise en charge masso-kinésithérapique

Stage temps plein

GUILLOUX Karine

Page 2: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

RESUME

M. C, artisan-électricien de 41 ans présente une paraplégie incomplète, ASIA D

(American Spinal Injury Association) de niveau T6, suite à un accident de la voie publique.

Ma prise en charge a débuté trois mois après l’accident.

Les déficits sous lésionnels en lien avec la lésion T6 limitent ses activités debout, le

contraignant à une hospitalisation complète depuis l’accident. En début de prise en charge,

M. C a un périmètre de marche de 100 m avec rollator et est autonome en fauteuil roulant

manuel. La rééducation a consisté d’une part à améliorer l’extensibilité des muscles sous

lésionnels et à limiter les conséquences négatives de la spasticité, d’autre part, à améliorer

la fonction motrice sous lésionnelle, travailler la station debout, les séquences de

redressement et la marche. Au bilan final, le patient a progressé dans de nombreux

domaines : principalement articulaire, motricité, fonctionnel.

Présentant une spasticité importante des membres inférieurs, je me suis demandé quel

était son retentissement sur la prise en charge et les activités quotidiennes de M. C. Parfois

utile, parfois gênante, je me suis servie d’échelles d’évaluations et de la littérature pour

évaluer l’intérêt d’un traitement face à celle-ci. L’analyse nécessite une étude précise des

différents groupes musculaires au cours du mouvement, en plus de la mesure au repos et du

ressenti du patient. L’évaluation et la gestion de la spasticité doit se faire en accord avec

une équipe de soin, pour une prise en charge optimale du patient blessé médullaire.

Mots clés / Keywords

-Blessés médullaires

-Spasticité

-Evaluation

-Activités quotidiennes

-Rééducation

-Spinal cord injury

-Spasticity

-Assessment

-Activities of daily living

-Rehabilitation

Page 3: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

SOMMAIRE

1 INTRODUCTION ........................................................................................................ 1

2 PRESENTATION DU PATIENT ................................................................................ 2

3 BILANS MASSO-KINESITHERAPIQUES REALISES A J+93 ................................ 3

3.1 Objectifs du patient : remarcher et gagner en autonomie ...................................... 3

3.2 Observation du patient : attitude en enroulement du tronc .................................... 4

3.3 Bilan de la douleur : de faibles douleurs neuropathiques et mécaniques .............. 4

3.4 Bilan cutané trophique et vasculaire : peu important ............................................ 4

3.5 Bilan neurovégétatif : rien à signaler ..................................................................... 4

3.6 Bilan articulaire et orthopédique : des déficits sous lésionnels importants ........... 4

3.7 Score ASIA : paraplégie ASIA D de niveau neurologique T6 .............................. 5

3.8 Bilan sensitif : hypoesthésie superficielle à partir de T6 ...................................... 5

3.9 Bilan de la motricité involontaire : spasticité diffuse et spasmes spontanés ......... 6

3.10 Bilan de la motricité volontaire : une faiblesse motrice sous lésionnelle .............. 6

3.11 Bilan fonctionnel : équilibre debout précaire et périmètre de marche limité ....... 8

3.12 Bilan respiratoire : sans problème particulier ...................................................... 10

3.13 Profil psychologique : un patient motivé et volontaire........................................ 10

4 BILAN DIAGNOSTIC KINESITHERAPIQUE ....................................................... 10

5 PRISE EN CHARGE MASSO-KINESITHERAPIQUE .......................................... 12

5.1 Lutter contre les déficits articulaires, améliorer l’extensibilité des muscles sous

lésionnels, limiter les conséquences négatives de la spasticité, ...................................... 12

5.2 Travail musculaire ............................................................................................... 13

5.3 Travail des séquences de redressement : ............................................................. 14

5.4 Travail de la station debout ................................................................................. 15

5.5 Correction des défauts de marche et augmentation du périmètre de marche ...... 16

5.6 Balnéothérapie ..................................................................................................... 16

6 BILANS FINAUX (J+126) ......................................................................................... 16

7 DISCUSSION ............................................................................................................. 19

REFERENCES

ANNEXES

Page 4: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

1

1 INTRODUCTION

En France, il est répertorié 50 000 blessés médullaires [1]. 80% sont d’origine

traumatique : accident de la voie publique (AVP), chute, accident de sport [1,2]. 1200

nouveaux cas en sont victimes chaque année [3,4]. Les personnes touchées sont

majoritairement des hommes et dans 50% des cas, la lésion survient entre 16 et 30 ans [1].

La qualité et la précocité de la prise en charge initiale conditionnent le pronostic ultérieur.

En France, l’organisation de centres régionaux spécifiques de prise en charge, a permis

d’obtenir un taux de survie à la phase aiguë de 94% [4].

La paraplégie résulte d’une atteinte de la moelle épinière, au niveau dorsal ou lombaire,

à l’origine de troubles sensitifs et moteurs des membres inférieurs et plus ou moins du

tronc [5]. Elle entraine également des troubles vésico-sphinctériens et génito-sexuels, des

douleurs et une modification des réflexes ostéo-tendineux [2]. De ce fait, elle modifie le

statut fonctionnel, psychologique et social du patient, ce qui altère sa qualité de vie [6].

M. C présente une paraplégie incomplète suite à un AVP. En le prenant en charge, j’ai

été confrontée au phénomène de spasticité, trouble du tonus le plus fréquent en neurologie.

La spasticité touche 12 millions de personnes dans le monde [7]. Elle a été définie par

Lance en 1980 comme «un trouble moteur, caractérisé par une augmentation vitesse-

dépendante du réflexe tonique d'étirement, accompagnée d'une vivacité des réflexes

tendineux» [8]. Cinq ans après le traumatisme initial, plus de 25 % des patients la

considèrent gênante [9]. Cependant, elle peut aussi potentialiser une motricité déficiente et

faciliter l’indépendance du patient : transfert, passage en position debout, marche [9].

La spasticité diffuse de M. C a alors retenu mon attention. Doit-elle nécessairement

s’accompagner d’un traitement antispastique ? Autrement dit, la spasticité est-elle

bénéfique ou gênante face à l’évolution de ses capacités fonctionnelles ? Comment évaluer

son retentissement d’un point de vue fonctionnel ? Ces questionnements rendent compte de

la place du masseur-kinésithérapeute dans la prise en charge globale de la spasticité.

1.1 Données anatomo-physiopathologiques

La paraplégie désigne une lésion métamérique (myotome + dermatome), le niveau

neurologique ne correspond pas au niveau vertébral.

Page 5: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

2

La moelle épinière, entourée de ses méninges, est divisée en 31 étages appelés métamères.

Elle s’étend de C1 à L2, se continue en haut par le bulbe rachidien et en bas par le filum

terminal. Elle fait partie intégrante du système nerveux central: d’une part, elle assure le

relais des informations entre l’encéphale et le système nerveux périphérique, d’autre part,

elle a un rôle d'intégration et d'émission de signaux nerveux, notamment dans les réflexes

[1].

Le niveau, neurologique, de la lésion médullaire se définit en France par le dernier

métamère sain [4]. Le score ASIA (American Spinal Injury Association) nous permet de

définir ce niveau par un examen sensitif et musculaire systématisé, contenant l’étude des

dermatomes et des myotomes, auxquels correspond un niveau métamérique précis [10].

Chaque dermatome désigne la zone de peau innervée par les axones sensitifs de chaque

racine ; le myotome définit l’ensemble des fibres musculaires innervées par les axones

moteurs de chaque nerf spinal. On en déduit ensuite le caractère complet ou incomplet de

la paraplégie, ainsi que le degré de déficience. On parle de paraplégie incomplète lorsqu’il

y a une préservation partielle des fonctions motrices et/ou sensitives constatée en-dessous

du niveau neurologique, et y compris dans le territoire S4-S5 [4].

2 PRESENTATION DU PATIENT

2.1 Mode de vie : patient de 41 ans artisan électricien

M. C, droitier, âgé de 41 ans, mesure 172 cm pour 91,5 kg. Son indice de masse

corporelle de 31,3 nous indique qu’il est en obésité modérée. Célibataire, sans enfant, il vit

seul dans une maison de plain-pied. Il est artisan électricien, travaillant seul à son compte,

et a pour loisirs la chasse et l’informatique.

Sevré trois mois avant l’accident, M. C a fumé un paquet de cigarettes par jour pendant

23 ans, soit 23 paquets-années.

2.2 Anamnèse

Le 07/12/13, M. C est victime d’un AVP : moto contre fourgon à 80 km/h. Il portait un

casque lors de l’accident. À l’arrivée du service mobile d’urgence et de réanimation, il

présente une paraplégie complète de niveau neurologique T6 avec zone de préservation

partielle sensitive au membre inférieur droit.

Page 6: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

3

L’accident a entraîné une burst fracture1 des 7

ème et 8

ème vertèbres thoraciques, des

fractures des apophyses transverses droites de T5 à T8, des fractures des arcs latéraux de la

3ème

à la 7ème

côte droite, compliquées d’un pneumothorax droit, et une fracture peu

déplacée des branches ilio et ischio-pubiennes gauches.

Initialement hospitalisé en réanimation chirurgicale, le patient a bénéficié d’une

laminectomie avec arthrodèse par voie postérieure de T4 à T10 à H+4 de l’accident2

(compte-rendu opératoire : Annexe I). Il a ensuite été transféré en centre de rééducation à

J+23. Trois jours plus tard, il présente une embolie pulmonaire avec critère de gravité

clinique et scanographique nécessitant un transfert en unité de soins intensifs

cardiologiques. Le patient regagne finalement le centre de rééducation à J+37, sous

traitement anticoagulant à dose efficace pour la suite de la prise en charge

Suite à l’AVP, M. C a été alité strict pendant six semaines, puis a été verticalisé sur

table avec reprise d’appui durant six semaines. Il présentait une escarre de stade 2 sur la

face postérieure du sacrum, une autre de stade 1 au talon droit : elles ont fini de cicatriser

avant le début de ma rééducation. Nous sommes à J+93 (fig. 1); la consolidation osseuse

est acquise Le patient bénéficie de deux séances de kinésithérapie par jour, trois séances

d’ergothérapie par semaine et une séance de verticalisation et d’isocinétisme des genoux

tous les jours.

2.3 Antécédent et traitements médicaux

Antécédent : Fracture de cheville gauche en 2012 (traitement orthopédique).

Traitements médicaux : Une hépatite médicamenteuse à J+81 a nécessité l’arrêt des

médicaments antérieurs (Annexe II). Actuellement : paracétamol 1 g si douleurs et un

anticoagulant : la coumadine, 6 mg le soir, traitement curatif de l’embolie pulmonaire.

3 BILANS MASSO-KINESITHERAPIQUES REALISES A J+93

3.1 Objectifs du patient : remarcher et gagner en autonomie

« Remarcher, récupérer la meilleure autonomie possible comparable à avant

l’accident. »

1 Fracture éclatement. C’est une compression du corps vertébral avec recul du mur postérieur vers le canal

rachidien [11]. 2 Le traitement chirurgical a pour but de décomprimer la moelle dans le canal rachidien et de stabiliser

mécaniquement la colonne vertébrale [12].

Page 7: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

4

3.2 Observation du patient : une attitude en enroulement du tronc

M. C se présente seul en fauteuil roulant manuel, avec roulettes anti-bascule, coussin en

mousse, sans contention pelvienne et se propulse avec ses membres supérieurs. Il porte des

bas de contentions de niveau 3 (prévention de la maladie thromboembolique veineuse).

Debout, il présente une attitude en cyphose dorsale, un enroulement et une élévation

des épaules, ainsi qu’une antéposition de la tête.

Le patient est capable de comprendre des consignes complexes et n’a pas de troubles de

la concentration. Il est parfaitement orienté dans le temps et dans l’espace.

3.3 Bilan de la douleur : de faibles douleurs neuropathiques et mécaniques

M. C décrit deux types de douleurs : une douleur neuropathique de type coup de

poignard et décharge électrique localisée au niveau de T6 (2/10 sur l’échelle numérique

EN) ; et une douleur mécanique en étau localisée aux creux poplité et à la face postérieure

des jambes (2/10 sur l’EN). La première augmente lors de la station assise prolongée et

diminue à l’effort ; la seconde apparait au lever, diminue au repos et est majorée à l’effort

(3/10). Ses douleurs ne le réveillent pas la nuit et sont soulagées par le paracétamol.

3.4 Bilan cutané trophique et vasculaire : peu important

La cicatrice de l’opération chirurgicale se situe au niveau de la colonne

thoracique (T4-T10) et mesure 26 cm (Fig.2). Elle est discrètement

érythémateuse, non adhérente, non douloureuse et non chéloïde.

M. C ne présente pas d’œdèmes des membres inférieurs, pas de signes de

phlébite, pas d’escarre, ni rougeur (en dehors de la cicatrice).

On note une hypersudation généralisée du patient lors des exercices et des mobilisations.

3.5 Bilan neurovégétatif : rien à signaler

Il ne présente pas d’hypotension orthostatique, ni d’hyperréflexie autonome (HRA).

3.6 Bilan articulaire et orthopédique : des déficits sous lésionnels importants

3.6.1 Bilan articulaire des membres inférieurs (Annexe III) :

Il a été réalisé passivement à l’aide d’un goniomètre simple. Nous utiliserons la

retranscription de Brunner : S=plan sagittal Flex/0/ext, F=plan frontal Abd/0/add, et

H=plan horizontal RL/0/RM.

Fig.2 : Cicatrice

de M.C

Page 8: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

5

Hanche : (S) 90/20/0 à gauche et 90/5/0 à droite, (F) 40/0/20 à gauche et 45/0/20 à droite,

(H) 45/0/20 bilatéral. Selon les normes de Dufour et Pillu, M. C a un déficit de flexion de

hanche bilatéral de 50° genou fléchi, un déficit d’extension de hanche de 45° à gauche et

de 25° à droite, et un déficit de rotation médiale bilatéral de 10°.

Genou: (S) 130/10/0 à gauche et 125/0/0 à droite. Il a un déficit de flexion de genou de 30°

à gauche et de 35° à droite, ainsi qu’un flexum de genou à gauche de 10°.

Cheville : (S) 15/0/35 à gauche et 10/0/40 à droite. M. C a un déficit de flexion dorsale de

5° à gauche, et de 10° à droite.

Membres supérieurs : les amplitudes sont physiologiques.

M. C a un flexum de hanche bilatéral majoré à gauche et n’a pas la position de fonction

concernant l’extension de genou gauche (flexum de 10°). Ces limitations articulaires sont

gênantes pour la marche : le déficit d’extension de hanche empêche le pas postérieur et

celui de genou entraîne une diminution du pas antérieur ainsi qu’une perte de l’abattée.

3.6.2 Bilan des hypoextensibilités

Le sujet a une hypoextensibilité des muscles poly-articulaires sous pelviens, et de l’ilio-

psoas (Annexe IV). Les hypoextensibilités prédominent sur les fléchisseurs à gauche et sur

les extenseurs à droite, ce qui est en lien avec l’hypertonie. Il sera important de ne pas

laisser ces raideurs pérenniser car elles pourraient nuire à la station debout et à la marche.

3.7 Score ASIA : paraplégie ASIA D de niveau neurologique T6

M. C présente une paraplégie incomplète ASIA D (Annexe V): la fonction motrice est

préservée en dessous du niveau neurologique et au moins la moitié des muscles clés en

dessous de ce niveau ont une cotation musculaire supérieure ou égale à 3.

Le patient a un score moteur de 77/100 et un score sensitif de 82/100 au «toucher» et à la

«piqûre». Il a pour niveau sensitif3 T6 et pour niveau moteur

4 L2 à droite et à gauche.

3.8 Bilan sensitif : une hypoesthésie superficielle à partir de T6

3.8.1 Sensibilité profonde :

Aucun trouble kinesthésique ni statesthésique.

3 Le niveau sensitif est le dermatome le plus distal ayant une sensibilité normale au piquer et au toucher des

deux côtés [10]. 4 Le niveau moteur est le groupe musculaire clé le plus distal coté à 3 ou plus, les segments plus proximaux

étant tous cotés à 5[10].

Page 9: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

6

3.8.2 Sensibilité superficielle (testée sur les dermatomes en rapport avec la lésion) :

100% de réussite au tact grossier et à la sensibilité thermique. Les scores ASIA sensitifs

au «toucher» et à la «piqûre» sont de 82/112 (Annexe IV). M. C a une hypoesthésie au tact

fin et algique à partir de T6.

3.9 Bilan de la motricité involontaire : une spasticité diffuse et des spasmes spontanés

3.9.1 Evaluation de la spasticité :

M. C présente une spasticité diffuse aux membres inférieurs (Annexe VI). Elle

prédomine sur les ischio-jambiers gauche ainsi que sur le quadriceps et le triceps sural

droit cotés à 3/4 sur l’échelle d’Ashworth modifiée. Elle peut être augmentée par la fatigue

ou une épine irritative. Elle semble l’aider lors de l’équilibre statique et la reprise de la

marche. En revanche, elle constitue une gêne pour lui le matin au réveil et lors du lever

après assise prolongée. De plus, elle limite la vitesse d’exécution du mouvement.

3.9.2 Evaluation des Spasmes :

M. C obtient un score de 2/4 sur l’échelle de Penn (Annexe VII) : il a des spasmes

spontanés occasionnels (10 par jour). Ils créent un mouvement incontrôlé de triple

extension pour le membre inférieur droit et de triple flexion pour le membre inférieur

gauche le matin, la nuit, au fauteuil, lors du passage debout et d’épisodes de stress.

Lorsqu’il est fatigué, la fréquence des spasmes augmente. Ceux-ci constituent un risque de

chute dans les activités debout.

3.9.3 Syncinésie

M. C a une syncinésie d’imitation lors de la flexion de la talo-crurale droite.

3.10 Bilan de la motricité volontaire : une faiblesse motrice sous lésionnelle

3.10.1 Motricité dissociée

Tab. 1 : Motricité dissociée acquise (réalisée en décubitus controlatéral) :

Mouvement Droite Gauche

Flexion hanche, extension genou Légère extension de hanche Bien réalisé

Extension hanche, flexion genou Bien réalisé Triple flexion légère

Extension genou, flexion cheville Bien réalisé Bien réalisé

Flexion genou, extension cheville Bien réalisé Bien réalisé

Page 10: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

7

3.10.2 Motricité volontaire des membres inférieurs (Annexe VIII) :

Cotées à 2/5 sur l’échelle de Held et Pierrot Desseilligny, l’extension de la talo-crurale,

l’inversion et l’éversion du pied ne sont pas fonctionnelles des deux côtés. De plus, on note

une faiblesse globale de la commande motrice des membres inférieurs (avec une majorité

de fonctions motrices cotées à 3/5) prédominante à gauche : les extenseurs et fléchisseurs

de genou, ainsi que les rotateurs de hanche, sont plus faibles à gauche (3/5) qu’à droite

(4/5).

3.10.3 Bilan isocinétique des genoux

Il a été effectué à l’aide d’un dynamomètre isocinétique Contrex

(Annexe IX). En concentrique 180 et 60°/s, comme en excentrique

15°/s, le genou gauche développe moins de force que le droit : de

l’ordre de 30% pour le quadriceps et 37% pour les ischio-jambiers

(IJ). A vitesse rapide 180°/s, les extenseurs développent deux fois

moins de force et les fléchisseurs 1,6 fois moins qu’à vitesse lente

60°/s. Cela met en évidence le retentissement de la spasticité à

vitesse rapide.

De plus, on a une inversion du ratio fléchisseur/extenseur prédominante à droite et en

concentrique à 180°/s, qui témoigne d’une faiblesse du quadriceps par rapport aux ischio-

jambiers. Le coefficient de variation du quadriceps gauche montre une grande irrégularité.

Enfin, le temps de relâchement nécessaire aux IJ et aux quadriceps semble important de

par la spasticité.

3.10.4 Evaluation de la force musculaire du tronc et des membres supérieurs

Elle a été inspirée des cotations du testing.

Au niveau des membres supérieurs, on constate une légère faiblesse des fléchisseurs,

adducteurs et abducteurs de gléno-humérales (cotés à 4/5) (Annexe IX).

Au niveau du tronc, les muscles sont affaiblis (entre 2 et 4/5), en particulier le

transverse de l’abdomen et les spinaux cotés à 2/5 (Annexe X).

On a un ratio fléchisseur/extenseur de 0.7, correspondant à la norme (Tab. 2). Cependant,

on note un déficit d‘endurance de 62 à 90% pour les abdominaux, et de 70% pour les

spinaux, par rapport aux normes [13,14].

Fig3:Bilan

isocinétique

Page 11: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

8

Tab 2 : Evaluation de l’endurance des muscles fléchisseurs et extenseurs du tronc

Test Temps de maintien Norme (sujet sain) Déficit

Shirado (fléchisseurs du tronc) 25 s (183 ± 69 s) 62 à 90%

Sorensen (extenseurs du tronc) 35 s Au moins 120 s 70%

3.11 Bilan fonctionnel : un équilibre debout précaire et un périmètre de marche

limité

3.11.1 Activités de la vie quotidienne et transferts

SCIM : Spinal Cord Independence Measure Scale (Annexe XI) : outil de référence

pour l’évaluation des aptitudes fonctionnelles globales du blessé médullaire. Plus le score

est proche de 100, plus le patient est indépendant dans les activités de la vie quotidienne.

M. C obtient un score de 67/100 : 10/30 pour les déplacements, 14/20 pour

l’indépendance, 34/40 pour la respiration/contrôle des sphincters, 9/10 pour la mobilité

dans la chambre et les transferts. Il est autonome en fauteuil roulant manuel. La toilette est

réalisée assis seul sauf pour le dos et les fesses. M. C est indépendant pour l’habillage

excepté pour mettre ses bas de contentions et ses chaussures. Un rehausseur est utilisé pour

les WC. Il ne fait plus d’autosondage depuis peu et semble être autonome d’un point de

vue vésico-sphinctérien malgré quelques fuites par urgenturie.

M. C maîtrise l’ensemble de ses transferts lui-même. Il utilise le déambulateur lorsqu’il

va au WC, et réalise ses déplacements déambulateur-voiture sous supervision.

3.11.2 Equilibre

Assis : Le patient obtient un score de 6/6 sur l’échelle de Boubée (Annexe XII). Les

réactions d’équilibration sont présentes de chaque côté.

Debout : M. C se lève du premier coup à l’aide de ses membres supérieurs, lentement

pour ne pas déclencher la spasticité. Il déplace son centre de gravité vers l’avant, cherche

son équilibre puis se redresse. On observe une rétropulsion du bassin et des flexums de

hanches et de genoux. Il prend davantage appui sur son membre inférieur droit et n’a pas

un bon contrôle de genoux. Sur sol dur, il tient 2 minutes pieds écartés yeux ouverts et 30

secondes yeux fermés. Les déstabilisations intrinsèques ne perturbent pas son équilibre.

En revanche, lors de déstabilisations extrinsèques, il n’a pas de réactions

d’équilibration lui permettant de maintenir son équilibre : ni balancier, ni stratégie de pas.

Pieds joints, il tient 1 minute après plusieurs essais.

Page 12: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

9

La station bipodale sur surface mousse et unipodale sur sol dur sont impossibles. Sur

l’échelle de Berg (Annexe XIII), il obtient un score de 30/56 donc M.C présente un risque

de chute. Le passage de debout à assis est sécurisé.

Bilan de l’équilibre statique sur plateforme stabilométrique (debout) : (Annexe XIV) :

Il a un appui majoré à droite de 39%. La surface et la longueur de déplacement au-dessus

des normes attestent d’un manque d’adaptation posturale important, qui se renforce les

yeux fermés. Le phénomène étant majoré pieds-nus, M. C semble peu utiliser sa sensibilité

plantaire. Ce déficit d’équilibre peut être une anomalie dans la perception et l’intégration

sensitive, ou un déficit des muscles régulateurs de la posture.

3.11.3 Séquence de redressement et relevé du sol :

M. C est autonome pour les retournements et le passage en position quatre pattes. La

position assis talon est impossible en raison d’une douleur diffuse aux triceps. Le passage à

genou dressé est difficile et exige l’aide d’un appui postérieur. Le passage à chevalier

servant est très difficile : il s’effectue à partir de la position quatre pattes et nécessite de

l’aide. Cette position n’est pas tenue en raison de la douleur aux triceps et du manque de

stabilité. Par ailleurs, une lenteur d’exécution du mouvement est observée. M.C ne peut pas

se relever du sol par manque de force sous lésionnelle, manque d’équilibre et spasticité des

membres inférieurs. Ceci constitue un frein à son retour à domicile.

3.11.4 Marche

Le patient utilise seul un rollator deux roues en chambre. Au cours des

séances de kinésithérapie, il utilise un rollator quatre roues (fig. 4). Les

évaluations de sa marche ont été effectuées avec celui-ci.

Evaluation quantitative : Le test du 10 mètres s’effectue en 58 secondes et

25 pas, soit une vitesse maximale de 0.6 km/h. En 6 minutes, M. C a

parcouru 55 mètres. Son périmètre de marche est de 100 mètres en 12

minutes, soit une vitesse moyenne de 0.5 km/h. La norme, pour un homme

sain de son âge, est de 5.2 km/h pour une vitesse confort, et de 8.8 km/h

pour une vitesse maximale [15]. La marche est donc lente. Le time up and

go test a été réalisé en 50 secondes.

Fig. 4 : Marche

avec rollator

quatre roues

Page 13: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

10

Évaluation qualitative: On observe une longueur de pas diminuée, un manque d’impulsion,

et une absence d’attaque par le talon. On trouve un frottement des orteils au sol à gauche et

un léger steppage à droite. En revanche, la largeur, la continuité, la symétrie et le rythme

du pas sont bien réalisés.

Son déficit d’extension de hanche entraîne une boiterie en salutation. Il présente une

attitude cyphosante, penchée en avant avec surélévation des épaules. La tête est antépulsée,

et le regard souvent posé sur les pieds. La double tâche et les demi-tours sont maitrisés.

3.12 Bilan respiratoire : sans problème particulier

M. C présente une respiration physiologique. Il est parfaitement eupnéïque en air

ambiant. La toux est efficace. A l’auscultation, on a un murmure vésiculaire bilatéral et

symétrique sans bruit surajouté. On observe peu d’ampliation thoracique et abdominale

globale lors de la respiration.

3.13 Profil psychologique : un patient motivé et volontaire

M. C est motivé et volontaire dans toutes les activités qui lui sont proposées. Il

s’intéresse à l’avenir et aux nouveaux aménagements nécessaires pour son retour à

domicile. En effet, un passage en hospitalisation de jour est prévu deux semaines après la

fin de ma prise en charge. Entouré par sa famille et ses amis, il devra néanmoins « se

débrouiller » seul chez lui. Il a bénéficié d’une mise en situation à domicile avec un

ergothérapeute pour valider ce projet. Celui-ci sera conditionné par l’aide d’une tierce

personne dans les tâches ménagères ainsi que l’installation de barres d’appuis obliques et

d’un rehausseur de WC dans la salle de bain.

4 BILAN DIAGNOSTIC KINESITHERAPIQUE

4.1 Diagnostic Masso-kinésithérapique

M. C, artisan-électricien de 41 ans vivant seul, se trouve restreint dans ses activités

socio-professionnelles suite à un AVP survenu le 07/12/13 (fig.6) A trois mois de son

accident, date du début de ma prise en charge, il a récupéré une partie de ses capacités

motrices et sensitives et les bilans réalisés à ce jour permettent de caractériser sa paraplégie

par un score ASIA D T6.

Page 14: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

11

La pathologie et le déconditionnement à l’effort ont entrainé chez lui des déficits

articulaires (flexum de hanche bilatéral et flexum de genou gauche), une hypoextensibilité

des muscles sous pelviens, un déficit global de force, une spasticité importante des

membres inférieurs limitant l’exécution du mouvement, des douleurs, et une hypoesthésie

à partir de T6. Cela limite l’activité debout (équilibre, marche avec rollator, risque de chute

et incapacité à se relever du sol) le contraignant à une hospitalisation complète depuis son

accident.

Les déficits sous lésionnels en lien avec la lésion T6 le limitent dans les activités de la

vie quotidienne et restreignent son périmètre de marche (100m avec rollator). Ces

incapacités le contraignent à utiliser un fauteuil roulant manuel, et nécessite un arrêt de

travail ainsi que de certains loisirs (notamment la chasse).

M. C souhaite améliorer la sécurité, l’endurance et le périmètre de sa marche, en

supprimant à long terme les aides techniques. Il aimerait retrouver une indépendance

maximale.

A trois mois de l’accident, le caractère incomplet de la lésion, et l’évolution progressive

dans certains domaines de récupération comme la reprise de la marche, l’équilibre et

l’indépendance dans les activités de la vie quotidienne, nous permettent d’envisager un

pronostic fonctionnel plutôt favorable [1]. Au vu de ces améliorations, M. C devrait passer

en hospitalisation de jour d’ici deux mois.

4.2 Objectifs

À court terme :

1- Récupérer les amplitudes articulaires déficitaires notamment de hanche et de genou, et

améliorer l’extensibilité des muscles sous pelviens

2- Gérer l’influence de la spasticité pendant les exercices, lors de la séance

3- Améliorer la motricité des membres inférieurs et du tronc

4- Améliorer l’équilibre statique et dynamique debout

À moyen terme :

1- Apprendre les relevés du sol

2- Augmenter la qualité, la vitesse et le périmètre de marche

À long terme :

1- Réadapter le patient à l’effort

2- Favoriser la réinsertion socio-professionnelle

Page 15: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

12

4.3 Principes

- Limiter les contractions reflexes par des mobilisations articulaires passives lentes

- Respecter les amplitudes physiologiques

- Protéger les épaules

- Respecter la fatigabilité et la douleur du patient

- Proposer et respecter une progression dans l’intensité et la durée des exercices, tout en

évitant la mise en échec

- Favoriser la motivation du patient qui doit être actif lors des séances de kinésithérapie et

poursuivre une auto-rééducation en dehors de celles-ci

5 PRISE EN CHARGE MASSO-KINESITHERAPIQUE

Tous les exercices sont couplés à des pauses égales au temps de travail.

Pour chaque exercice, je donne au patient des objectifs à atteindre ou des temps

chronométrés lui permettant de mieux s’impliquer au sein de sa rééducation. Il s’agit d’une

prise en charge longue où M. C bénéficie de nombreuses heures de travail ; je resterai à son

écoute pour adapter mes séances et nous garderons un côté ludique pour éviter la lassitude.

5.1 Lutter contre les déficits articulaires, améliorer l’extensibilité des muscles sous

lésionnels, limiter les conséquences négatives de la spasticité,

Les attitudes prolongées dans une même position, la sous-utilisation musculaire, la

spasticité et la présence de déséquilibres entre deux muscles antagonistes favorisent

l’enraidissement des structures péri-articulaires et les rétractions musculaires. Les risques

sont des limitations d’amplitudes pouvant être un frein à l’optimisation des capacités

motrices et fonctionnelles du patient [1].

Pour lutter contre ces complications, chaque séance commence par des mobilisations

passives et actives des membres inférieurs, lentes afin de ne pas déclencher de contractions

réflexes. Puis j’effectue des étirements, associés à l’expiration, des muscles sous pelviens,

en privilégiant davantage ceux des muscles spastiques et hypoextensibles. Ils s’effectuent

progressivement par le patient lui-même afin de les inclure dans sa rééducation en dehors

des séances. À court terme, ces techniques permettent d’inhiber la spasticité durant la

séance pour exploiter au mieux le travail des muscles antagonistes et faciliter le travail

fonctionnel [5] .

Page 16: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

13

Pour lutter contre les flexums de hanches et de genou gauche,

favorisés par la position en fauteuil roulant, je conseille au sujet de

réaliser des cures de procubitus de 20 min tous les jours et de reposer

son genou gauche tendu sur une chaise lorsqu’il est au fauteuil. A

cela, s’ajoutent 30 min de verticalisation chaque jour au stand-up

(fig.5). Des cales allant de 10 à 20° sont ajoutées afin d’accentuer la

posture des gastrocnémiens.

5.2 Travail musculaire

Membres inférieurs :

Un travail analytique des muscles déficitaires est réalisé par le biais d’exercices

nécessitant ou non l’utilisation de résistances manuelles en fonction de la cotation motrice

retrouvée au bilan. L’intérêt de l’analytique est de renforcer les muscles à moindre coût

énergétique chez des patients fatigables [16]. J’ai privilégié le travail excentrique des

muscles du membre inférieur (muscles antigravitaire, releveurs, stabilisateurs latéraux de

hanche); ce mode de contraction vise un meilleur rendement avec un coût énergétique plus

faible que l’exercice concentrique et est bénéfique pour la marche [17,18].

De plus, un travail musculaire global par des chaines de Kabat, explorant les trois plans de

l’espace et se rapprochant de la physiologie de la marche, est effectué [18]. Elles créent un

débordement d’énergie des muscles forts pour solliciter la contraction des muscles faibles

et améliorer la coordination musculaire [19].

Isocinétisme : Un protocole de renforcement musculaire du genou, établi par le centre

et certifié dans la littérature [20], est réalisé tous les jours : 7 fois 8 répétitions en

excentrique à 15°.s-1

puis 20, 25, 30°.s-1

à 70 puis 80, 90 % de la force maximale. Toutes

les deux semaines, on augmente la vitesse et la force musculaire. On réalise ce

renforcement sur un mode excentrique pour une utilisation fonctionnelle et pour éviter

l’incidence de la spasticité de l’antagoniste au muscle travaillé. Au début, seul le genou

gauche est renforcé pour diminuer l’asymétrie droite/gauche. Puis, les deux genoux sont

travaillés. Le feedback visuel permet au sujet de contrôler son travail, ajuster sa force, et de

se donner un objectif.

Fig. 5 :

Verticalisation sur

stand-up

Page 17: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

14

Tronc : Un travail d’endurance des spinaux est réalisé en auto-rééducation. A cela,

s’ajoutent deux exercices d’auto-rééducation, réalisés en décubitus dorsal, ayant pour but

un travail musculaire statique des abdominaux et une amélioration contractile de la sangle

abdominale. Ils permettent d’améliorer les capacités de transferts et d’endurance en

position debout. Je vérifie avec lui régulièrement que les exercices sont correctement

réalisés : pour le travail de la portion infra-ombilical des grands droits, je vérifie que ce

n’est pas l’ilio-psoas qui agit en m’assurant du bon contrôle d’effacement de la lordose

lombaire. En progression, nous diminuons l’angle de flexion de hanche (90°-60°-45°).

Pour la portion supra-ombilicale, nous nous assurons que le rachis cervical reste en

continuité du rachis dorsal et que ce sont les épaules qui décollent. En séance, le pont

fessier, associé à la respiration, complète ces exercices afin de renforcer la chaine

postérieure.

5.3 Travail des séquences de redressement :

L’exploration des séquences de redressement permet un équilibre debout de qualité et

une plus grande autonomie afin d’acquérir des réactions adaptées aux situations de la vie

quotidienne [21]. La stabilité recherchée dans les différentes positions est nécessaire à la

mobilité et à la marche. Ce travail a aussi pour but l’apprentissage des relevés de sol afin

de permettre au sujet de se relever seul en cas de chute.

Nous cherchons à aller de la position décubitus dorsal à la position debout en créant des

étapes intermédiaires maitrisées par le patient, y compris en cas de déstabilisations

diverses. Pour cela, je propose, en utilisant des niveaux moteurs validés comme «genoux

dressés» (fig. 7) ou «chevalier servant» (fig. 8), une progression adaptée à ses capacités

tout en prenant en compte ses douleurs, sa fatigue et ses limites articulaires et motrices.

Des aides sont utilisées par le patient (coussin dur, aides manuelles du thérapeute, ballon

de klein, ajustement du plan bobath électrique) lui permettant la tenue ou le passage de

position.

Fig. 7 : position

genoux dressés

Fig. 8 : position

chevalier servant

Fig. 6 : Travail en

position quatre pattes

Page 18: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

15

Au fil du temps, le plan bobath est ajusté à la hauteur d’une chaise afin d’optimiser

l’acquisition des relevés de sol. Je sécurise le patient en ajoutant des coussins et en restant

à proximité immédiate. Je sollicite les réactions parachutes ainsi que les transferts d’appuis

principalement à gauche (par l’intermédiaire de cônes ou de cibles à différentes hauteurs

plus ou moins éloignés). J’augmente la difficulté en diminuant les aides manuelles et le

polygone de sustentation, en supprimant les afférences auditives et visuelles, et en alternant

des déstabilisations intrinsèques et extrinsèques.

5.4 Travail de la station debout

Les exercices sont réalisés entre les barres parallèles pour assurer la sécurité du patient.

Des éléments déséquilibrants sont ajoutés lorsque le patient se maintient debout seul. En

progression, je diminue le polygone de sustentation, puis je provoque des déséquilibres

intrinsèques (mouvements du corps, fermeture des yeux…) ou extrinsèques dans différents

plans (par poussées manuelles sur le patient ou sur un bâton, par lancers de ballon

majoritairement vers la gauche (fig. 9)). La lenteur des gestes du patient, en lien avec la

spasticité, nécessite une adaptation du rythme des déstabilisations. Enfin, des plans

instables sont utilisés pour augmenter la difficulté.

M. C bénéficie d’une séance de Wii™, (fig. 10) et d’une séance d’exercices sur la

plateforme stabilométrique (fig. 11) par semaine. Celles-ci sont pour nous l’occasion de

mettre en œuvre de façon plus ludique les transferts de poids postéro-antérieur et médio-

latéral en limitant au maximum l’appui des membres supérieurs. Le plan sagittal stimule

les releveurs et fléchisseurs plantaires, privilégiant ainsi l’utilisation de stratégies de

cheville pour maintenir l’équilibre; le plan frontal stimule les transferts d’appuis et la

stabilité latérale de la ceinture lombo-pelvienne. Les résultats sont reproductibles grâce à

différents indicateurs (temps mis pour réaliser un exercice, niveau atteint et nombre

d’erreurs sur un même parcours). En plus du choix de l’exercice, je peux choisir la

difficulté et paramétrer la balance pour adapter l’activité et éviter la mise en échec du

patient.

Fig.9:Déstabilisations

extrinsèques Fig. 10: Wii™ Fig.11:Plateforme

stabilométrique

Page 19: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

16

5.5 Correction des défauts de marche et augmentation du périmètre de marche

Dans un premier temps, les exercices sont réalisés entre les barres parallèles pour

rassurer le sujet et assurer sa sécurité. Un miroir est utilisé comme biofeedback. En plus du

travail de marche entre les barres parallèles, j’ai axé la rééducation sur un guidage verbal

permettant de corriger le patient au-fur-et-à-mesure. L’utilisation de commandes ciblées

comme « posez le talon d’abord » me permet de corriger en temps réel les défauts

d’exécution. La progression des exercices est assurée par une diminution des aides

manuelles du patient, une augmentation de la vitesse de marche et des sollicitations

verbales ou encore l’utilisation d’obstacles au sol.

La marche dans les couloirs, plus fonctionnelle, permet d’appliquer les corrections

apportées lors de la marche entre les barres parallèles et de vérifier si elles sont

automatisées. Je cherche à augmenter le périmètre de marche du patient et à diminuer

progressivement les aides techniques. La marche est sécurisée par ma proximité du patient

et le placement de plusieurs assises sur le parcours. Au début, elle s’effectue à l’aide d’un

rollator 4 roues ; ensuite à l’aide de deux cannes anglaises sur un mode 3 temps, puis 2

temps simultanés, afin d’améliorer la dissociation des ceintures, et enfin d’une canne

anglaise. Je corrige la posture du patient pour éviter la surélévation des épaules et l’appui

majoré sur les aides techniques. Un biofeedback est réalisé par vidéo. Pour reproduire des

situations de la vie courante, je positionne des plots à différentes hauteurs afin qu’il les

récupère. Je n’ai pas eu la possibilité d’aller à l’extérieur : l’exercice aurait été un plus pour

préparer le retour à domicile. Une fois que le patient en est capable (après essai sur une

cale d’hauteur variable), il réalise sous supervision la montée et descente d’escalier, de

manière asymétrique, à l’aide d’une rampe et d’une canne anglaise.

5.6 Balnéothérapie

Il aurait été intéressant d’utiliser la balnéothérapie comme moyen de rééducation

(allègement du poids du corps, liberté de mouvements, diminution transitoire de la

spasticité par les bains froids…), mais ce n’était pas encore possible en raison de rares

fuites urinaires par urgenturie que présentait M. C.

6 BILANS FINAUX (J+126)

Seuls les bilans pour lesquels nous observons une amélioration seront mentionnés.

Page 20: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

17

6.1 Bilan articulaire et orthopédique: de nombreuses améliorations

Au bilan articulaire des membres inférieurs (Annexe III), on observe un gain en flexion

(10° à gauche et 20° à droite) et en extension de hanche (de 5° bilatéral) ; un gain de 15° de

flexion de genou, une diminution du flexum de genou gauche de 5° et un gain de flexion

dorsale de la talo-crurale de l’ordre de 5°. À gauche, on observe toujours un flexum de

hanche (15°) et de genou (5°).

On note une augmentation générale de l’extensibilité des muscles du membre inférieur,

en particulier pour les droits fémoraux (15°) et les gastrocnémiens (10°) (Annexe IV).

6.2 Bilan sensitif : une légère amélioration

On constate une amélioration de deux points au score ASIA sensitif. A ce jour, M. C a

une hypoesthésie à partir de T7. La sensibilité superficielle s’est améliorée d’un métamère.

6.3 Parasitages de la motricité : une spasticité toujours importante

On observe une diminution de la spasticité des extenseurs de hanche, des quadriceps et

des IJ gauche d’une cotation (Annexe VI).

La spasticité prédomine sur les IJ et le quadriceps droit (cotés à 2) ainsi que sur le triceps

sural (3 à droite, 2 à gauche).

6.4 Bilan de la motricité : quelques améliorations

Selon l’échelle de Held et Pierrot Desseilligny (Annexe VIII), on a un gain d’une

cotation de manière bilatérale en extension, abduction et adduction de hanche (maintenant

cotés à 4/5) ainsi qu’en extension de la talo-crurale (3/5). Il en va de même pour l’éversion

du pied à droite (3/5). On a toujours une faiblesse motrice du côté gauche par rapport au

côté droit.

Bilan isocinétique du genou: (Annexe XV)

Le gain de force du quadriceps en concentrique est majoritaire à droite. A 180°/s, on a

une amélioration de 54 % à droite, et aucune amélioration à gauche. A vitesse plus faible,

on note une amélioration de 13 % à droite contre 6 % à gauche. En revanche, à gauche, on

constate une augmentation de force du quadriceps en excentrique (37 %). L’absence de

gain de force du quadriceps gauche, en concentrique, peut s’expliquer par des IJ gauche

trop spastiques, gênants ainsi le mouvement volontaire. A droite, le gain peut s’expliquer

par une diminution de spasticité des IJ ou par une amélioration de la commande motrice.

Page 21: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

18

Pour les IJ, l’amélioration est identique de chaque côté (de l’ordre de 20 % en concentrique

60°/s et de 30 % en concentrique 180°/s). Cela peut s’expliquer par une diminution de

spasticité des quadriceps. L’inversion du ratio se trouve donc renforcée.

Bilan musculaire du tronc :

On note une amélioration de l’endurance des fléchisseurs et des extenseurs du tronc :

respectivement de 148 % et 180 % (Tab. 3).

Tab.3 : Evaluation de l’endurance des abdominaux et des spinaux.

6.5 Bilan fonctionnel : des progrès chaque jour

6.5.1 Equilibre

On constate une nette amélioration de l’équilibre debout : (Annexe XVI). Le patient

tient plus de 5 minutes pieds écartés, yeux ouverts et fermés (contre 3 minutes lors du bilan

initial). Les réactions d’équilibration sont présentes lors de déstabilisations frontales mais

pas sagittales. Pieds joints, il tient trois fois plus longtemps yeux ouverts et tient

maintenant 25 secondes yeux fermés. L’équilibre unipodal est possible à droite (7 s), mais

pas à gauche. Sur l’échelle de Berg, le patient gagne 16 points : 46/56 (Annexe X). Enfin,

il peut ramasser un objet au sol sans aide technique.

6.5.2 Activités de la vie quotidienne

Sur la SCIM (Annexe XI), il obtient un score de 89/100 (initialement à 67). Tous les

items ont progressé. Il est indépendant pour les activités de la vie quotidienne au centre. Il

utilise les escaliers sous surveillance.

6.5.3 Marche

M. C utilise un rollator quatre roues pour ses déplacements intérieurs et extérieurs. En

séance, il marche avec deux cannes anglaises sur 300 mètres ou une seule sur 150 mètres.

Il fait quelques pas sans aide technique sur de courtes distances. Les bilans sont réalisés à

l’aide de deux cannes anglaises car la qualité de marche de M. C est moins bonne avec

une seule canne.

Bilan initial Bilan final Amélioration

Sorensen (spinaux) 35 s 98 s 180 %

Ito-shirado (abdominaux) 25 s 62 s 148 %

Page 22: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

19

Il effectue 10 mètres en 20 secondes et 20 pas (vitesse maximale de marche de 1.8 km/h),

160 mètres en 6 minutes et a un périmètre de marche de 300 mètres en 12 minutes donc

une vitesse moyenne de 1.5 km/h. Comparativement au bilan initial : la vitesse d’exécution

a augmenté puisqu’il y a un gain d’1 km/h, mais la marche reste lente. On trouve une

amélioration du déroulement du pas et de l’attaque du talon. Il est moins penché en avant

que lors du bilan initial : le flexum a légèrement diminué et il n’a plus le regard fixé sur ses

pieds, ce qui l’aide à se redresser. La dissociation des ceintures est en cours d’acquisition.

L’hypertonie spastique entraîne un risque de chute, ce qui ne lui permet pas de réaliser ses

déplacements seul avec cannes anglaises.

6.5.4 Séquence de redressement et relevé de sol :

M. C passe sans aide à la position chevalier servant. De plus, il peut se relever seul

avec l’aide de ses membres supérieurs grâce à une chaise dans la pièce. À ce jour, les

relevés de sol en sécurité sont donc en cours d’acquisition.

6.6 Conclusion des bilans de fin de prise en charge :

On observe une nette amélioration de l’équilibre, des relevés de sol et de la marche

d’un point de vue qualitatif et quantitatif. Ceci, grâce à une augmentation de l’extensibilité

des muscles des membres inférieurs lui permettant de se redresser, à une légère diminution

de la spasticité et à un gain de force et d’endurance général. Enfin, M. C est indépendant

pour l’habillage et la toilette. A noter qu’il y a également une amélioration spontanée de sa

pathologie ; on a accompagné la récupération pour optimiser ce qui fonctionne avec un

faible coût énergétique et une sécurité optimale. Cependant, on note des flexums de hanche

et de genou gauche persistants, une hypoesthésie à partir de T7, une spasticité encore

importante, un équilibre précaire surtout dans le plan sagittal, ainsi que la nécessité d’aides

techniques lors de la marche. M. C n’utilise pas les cannes seul, car son hypertonie lui

entraîne un risque de chute.

7 DISCUSSION

La spasticité de M. C a retenu mon attention durant ma prise en charge. Elle constitue

une déficience très fréquente après une lésion médullaire [9,22]. Souvent source de

complications, parfois utile, elle est fondamentale à prendre en compte lors de la prise en

charge des blessés médullaires.

Page 23: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

20

En effet, quel est le retentissement de celle-ci sur la réalisation ou non des actes de la vie

quotidienne de M. C ? Est-elle source d’avantage ou d’inconvénient ? Autrement dit, doit-

on nécessairement l’inhiber? Au terme de ce travail, j’ai aussi pu observer plusieurs limites

dans l’évaluation de la spasticité. Comment l’évaluer d’un point de vue fonctionnel ?

Ces questionnements rendent compte de la place du masseur-kinésithérapeute dans la prise

en charge de la spasticité d’un patient blessé médullaire.

7.1 La spasticité

7.1.1 Définitions et physiopathologie:

La spasticité est un concept complexe dont la définition la plus utilisée est celle de

Lance (1980) : « La spasticité est un trouble moteur caractérisé par une augmentation,

vitesse-dépendante, du réflexe tonique d'étirement, accompagnée d'une exagération des

réflexes tendineux, liée à l'hyperexcitabilité de l'arc réflexe myotatique, formant une

composante du syndrome pyramidal » [23,24]. Le réflexe tonique d’étirement correspond à

la contraction réflexe d’un muscle en réponse à son propre étirement [25]. Elle est souvent

localisée sur les muscles antigravitaires [26,27]. Cliniquement, la spasticité est caractérisée

comme une résistance à l’étirement passif du muscle [25].

Certains auteurs [8,24,25,28–32] incluent les symptômes tels que clonus, hyper-

réfléxie tendineuse, et spasmes dans le terme de « spasticité » élargi ; tandis que d’autres

[23,33,34] parlent de ces mêmes symptômes en tant qu’augmentation du tonus musculaire

mais distincts de la spasticité. Nous utiliserons ici le terme de spasticité au sens large, en

incluant les spasmes.

Les spasmes en flexion ou en extension, quasi systématiques chez le blessé médullaire,

sont des contractions musculaires brusques involontaires de courte durée d'un muscle ou

d'un groupe de muscles. Ils sont secondaires à une libération des réflexes polysynaptiques,

indépendants du réflexe myotatique [35].

Les mécanismes de la spasticité restent ambigus, et l’origine de celle-ci est

multifactorielle [36]. Elle pourrait s’expliquer par 3 grands mécanismes [7,24,35] : des

modifications du muscle dans ses propriétés mécaniques, une absence de contrôle des

structures supra-spinale des réflexes médullaires, et, un bourgeonnement collatéral au

niveau du segment médullaire. Ce dernier correspond à un réagencement synaptique autour

du motoneurone alpha, au détriment des connexions avec les voies descendantes; les

contacts synaptiques sont plus nombreux d’où une réponse musculaire plus importante.

Page 24: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

21

Des trois symptômes du syndrome pyramidal (déficit moteur, spasticité, perte de

sélectivité du mouvement), la spasticité est pour le moment le seul symptôme à être

accessible aux thérapeutiques pharmacologiques [22,24–26].

7.1.2 Quels traitements existe-t’il actuellement pour traiter la spasticité ?

A- Traitement kinésithérapique

Le kinésithérapeute peut diminuer et limiter les complications orthopédiques liées à la

spasticité par des installations, des postures, des mobilisations passives et des étirements

des muscles spastiques, s’effectuant lentement pour être sous le seuil de déclenchement du

réflexe myotatique [7,9,37,38]. Il évite l’installation de rétractions, qui serait gênante à

long terme. Lorsqu’elles sont installées, il ne faut pas les laisser pérenniser. Les techniques

sensitivomotrices et neuromotrices : Perfetti, ou encore Bobath par des points clés

d’inhibition permettent de faciliter le mouvement volontaire en inhibant la spasticité qui

s’oppose au mouvement [7,35,37,38]. La cryothérapie, le biofeedback, les vibrations

tendineuses et l’auto rééducation sont aussi utilisés pour lutter contre la spasticité [7,35].

De plus, l’électrostimulation classique 20min/jour à basse fréquence ainsi que la

stimulation électrique fonctionnelle sur les muscles antagonistes permettent un

relâchement des muscles spastiques par inhibition réciproque [35,39].

Toutes ces techniques permettent de diminuer la spasticité pendant leur application ou

dans les heures suivantes, mais leur efficacité à long terme n’a pas été prouvée [9,35,37].

Durant la séance, elles nous permettent d’exploiter le travail des antagonistes et ainsi

faciliter le travail fonctionnel [5]. À plus long terme, nous luttons contre

l’hypoextensibilité et l’apparition de rétractions musculaires qui s’installent

progressivement sur les muscles spastiques.

La prise en charge masso-kinésithérapique est indispensable mais souvent d’efficacité

limitée, en particulier à long terme [38]. Elle permet souvent d’éviter les hypoextensibilités

et les rétractions musculaires mais ne peut atténuer la spasticité au long cours [32]. C’est

pourquoi, elle est souvent associée à des moyens médicamenteux et/ou chirurgicaux.

B- Traitements médicamenteux et chirurgicaux

La spasticité diffuse est traitée grâce à des traitements pharmacologiques (par voie

orale ou intrathécale) de première intention : le Baclofène (Liorésal®) dont le site d’action

est médullaire, ou le Dantrolène (Dantrium®) : anti-spastique à action musculaire.

Page 25: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

22

D’autres traitements de seconde intention existent comme le Diazepam (Valium®). Son

emploi est davantage limité par ses effets secondaires [7,37,38].

Lorsque la spasticité est focale, on utilise un traitement qui peut être soit chimique pour

un effet transitoire : injection de toxine, d’alcool 50 % ou de phénol 5 % ; soit chirurgical

pour un effet prolongé : neurotomie, radicotomie postérieure (exceptionnelle), Drezotomie

(pour traiter la spasticité limitée à certains métamères) [11,17,23]. Le traitement

pharmacologique réversible peut servir de test fonctionnel avant un traitement chirurgical

qui serait plus invasif.

Le traitement de la spasticité demeure un sujet complexe. Bien qu’accessible à la

thérapeutique, cela ne signifie pas que toute spasticité doive être traitée [27]. Ces

traitements, plus ou moins agressifs, entrainent un coût de santé et ne sont pas toujours

bénéfiques au patient. Il s’agit alors d’évaluer le bénéfice thérapeutique.

7.2 Quels sont les avantages et les inconvénients de la spasticité ?

Durant ma prise en charge, je me suis souvent demandé si la spasticité de M. C était

utile ou gênante. D’autant plus qu’il n’avait aucun traitement médicamenteux contre la

spasticité. En effet, il avait fait une hépatite médicamenteuse, après la prise initiale de

Baclofène, ce qui l’avait obligé à arrêter ce traitement.

7.2.1 Inconvénients

D’après la littérature, la spasticité induit à moyen et à long terme des complications

orthopédiques : hypoextensibilités, rétractions musculaires, enraidissement capsulo-

ligamentaire [5,35,37,38]. M. C présente des déficits articulaires et des hypoextensibilités

des muscles spastiques. Il convient de ne pas les laisser pérenniser car elles pourraient

perturber les activités fonctionnelles, en particulier la marche. L’apprentissage d’auto-

étirements au patient apparait donc bénéfique pour limiter ces complications. Une

spasticité des adducteurs implique un risque de subluxation de hanche [35,37,38] et une

gêne pour l’hygiène, le sondage vésical et la sexualité [22,40]. Le patient ne se sonde plus

et semble peu concerné par ces risques, car la spasticité de ses adducteurs est seulement

cotée à 1 sur l’échelle d’Ashworth modifiée. Par l’intermédiaire de ces troubles

orthopédiques, la spasticité peut provoquer l’apparition d’hyper appuis et majorer le risque

d’altération de l’état cutané (rougeurs, escarres) [7–9,35,37]. Néanmoins, la récupération

sensitive et motrice du patient lui permet maintenant de limiter ces risques.

Page 26: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

23

La spasticité empêche le relâchement des muscles concernés et entraine une

augmentation de dépenses énergétiques dans les activités de la vie quotidienne [5].

Lorsqu’elle est importante, elle peut être responsable d’une baisse des capacités motrices

du patient car les muscles antagonistes aux muscles spastiques doivent lutter contre cette

hypertonie [9,41]. La force des muscles antagonistes doit donc être suffisante pour réaliser

le mouvement souhaité. Aussi, l’association spasticité et déficit de force a un impact

délétère sur l’équilibre debout et la marche [5,9] La gêne se traduit par une limitation de la

vitesse de marche ou de l’amplitude du mouvement [35], une longueur de pas réduite, et un

risque de chute [26,29,40]. Ces conséquences se retrouvent chez M. C. En effet, on

retrouve une lenteur de la marche (0.5km/h lors du bilan initial, 1.5 km/h lors du bilan

final) et une réduction de longueur de pas. Il se concentre beaucoup pour que sa spasticité

atteigne au minimum son indépendance. Il peut difficilement accélérer sa marche (0.1

km/h maximum). Dès lors qu’on augmente sa vitesse de marche, cela le met en difficulté

(spasmes et spasticité augmentent) et le contrôle de genou est plus difficile. Responsable

d’une vitesse d’exécution plus lente [27], la spasticité perturbe ses réactions d’équilibration

debout. La présence de spasmes, notamment en triple flexion à gauche, entraine un risque

de chute l’obligeant, en fin de prise en charge, à garder son rollator pour marcher seul.

S’ils persistent, ils pourraient conditionner l’utilisation d’aide technique à long terme. De

plus, l’association d’un quadriceps et d’un triceps spastique favorise un récurvatum de

genou à la phase d’appui, surtout si le patient a un déficit de contrôle du quadriceps, un

déficit de force des ischio-jambiers et des troubles de la sensibilité profonde du genou [5].

Enfin, la spasticité peut entraîner des douleurs [5,25,26,38], de la fatigue et perturber le

sommeil [29,40]. On peut alors se demander si les douleurs en étau de M. C, aux creux

poplité et à la face postérieure des jambes, proviennent de la spasticité des ischio-jambiers

et du triceps, cotées entre 2 et 3 sur l’échelle d’Ashworth modifiée. Ces douleurs gênent le

patient au lever et lors d’efforts. Elles l’empêchent notamment de se mettre en position

assis talon. Le phénomène de fatigue est présent bien qu’il soit parfois masqué par la

motivation du patient. Par ailleurs, M. C ne m’a pas fait part de troubles du sommeil.

Finalement, chez M. C les inconvénients arrivent surtout après une certaine récupération.

7.2.2 Avantages

Malgré ses inconvénients, la spasticité peut parfois pallier le déficit de commande

motrice et se révéler utile à certains patients par l’hypertonie qu’elle entraîne.

Page 27: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

24

Elle peut diminuer l’atrophie musculaire, favoriser le transit ainsi que le retour veineux, et

avoir un rôle de signal d’alarme en indiquant, par son augmentation, la présence d’une

épine irritative [9,29]. Une hypertonie des muscles périnéaux permettrait une meilleure

continence et une hypertonie des muscles abdominaux améliorerait la fonction ventilatoire

[35]. Enfin, elle peut être utile lors de l’habillage, des transferts, de la station debout ou de

la marche [22,24,26]. En effet, des quadriceps spastiques peuvent être responsables d’un

verrouillage des genoux qui rend possible la station debout voire la marche [9,35,38].

En début de prise en charge, la spasticité diffuse de M. C lui a peut-être permis de pallier le

déficit de commande motrice, lui permettant une station debout précoce. Ses récupérations

motrices et fonctionnelles ont donné lieu à un retour à une marche précautionneuse.

Cependant, la pathologie a aussi évolué dans le bon sens pour entraîner cette récupération.

Manifestement, les avantages se sont retrouvés surtout en début de prise en charge.

7.2.3 Conclusion :

La spasticité de M. C parait bénéfique à court terme : masquant les déficits de

commande motrice, elle lui a permis un retour à la station debout précoce et à la marche.

L'éducation du patient permet de lutter contre certains effets négatifs. Il doit contrôler son

état cutané et orthopédique, savoir repérer une épine irritative et s'auto-étirer. Au fauteuil,

il est impératif de se soulever régulièrement pour soulager ses points d’appuis. Par la suite,

l’association de l’hypertonie et des déficits de force présente des inconvénients :

hypoextensibilités, douleurs, risque de chute empêchant le sevrage d’aide technique,

surcroît de dépense énergétique et lenteur d’exécution lors de la marche.

L’objectif principal étant l’amélioration des capacités fonctionnelles, le traitement ne se

conçoit que si la spasticité interfère avec les fonctions du patient, avec sa posture et son

confort, ou lorsqu’elle est source de douleurs. Il faudra donc veiller à ce que les bénéfices

du traitement soient supérieurs à leurs inconvénients : un traitement de la spasticité peut

dans certains cas s’accompagner d’une perte de la marche [5]. L’évaluation fonctionnelle

est donc primordiale avant de décider d’un traitement de la spasticité. Inhiber ici la

spasticité du quadriceps entrainerait une faiblesse musculaire de celui-ci et serait négatif

pour la marche. Cependant, l’inhibition de la spasticité des ischio-jambiers, et des triceps

serait peut-être une solution intéressante face à son évolution. De plus, la diminution des

spasmes, augmentant la sécurité du patient, pourrait permettre d’améliorer son

indépendance.

Page 28: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

25

7.3 Comment évaluer la spasticité ?

Au cours des séances, la spasticité de M. C variait beaucoup selon sa fatigue, l’horaire

de la journée, et son état émotionnel. Parfois, la station debout s’en trouvait perturbée, et

des exercices réalisés la veille devenaient plus difficiles. Il faut donc toujours l’évaluer

dans les mêmes conditions (position du corps, horaire de la journée, température…)[41].

7.3.1 Quelles sont les échelles d’évaluation couramment utilisées ?

Dans la pratique quotidienne et dans la littérature scientifique, la spasticité est

couramment évaluée selon l’échelle d’Ashworth modifiée [25,27,41]. Cette évaluation

consiste à mesurer la résistance et son secteur angulaire d’apparition survenant lors d’un

étirement passif du muscle, à vitesse rapide, et la coter entre 0 et 4. Elle est rapide à

réaliser, mais ne permet pas d’évaluer l’influence de la vitesse sur la spasticité [41]. J’ai

utilisé cette échelle en notant les positions utilisées lors de l’évaluation pour davantage de

reproductibilité lors du bilan suivant. Elle me paraissait être l’échelle de référence, plus

simple et plus rapide.

L’échelle de Held et Tardieu, est moins utilisée car elle est plus coûteuse en temps. En

revanche, elle est plus précise et l’évaluation inter-examinateur est meilleure que celle

d’Ashworth modifiée. En effet, elle tient compte de la vitesse d’étirement, de la position du

sujet, de l’importance de la réponse et de son angle d’apparition [41]. Je n’avais pas choisi

cette échelle car il me semblait difficile de tenir compte de tous les paramètres à la fois,

notamment l’angle exact d’apparition de la spasticité. Toutefois, l’échelle d’Ashworth

modifiée m’a permis de cibler les groupes musculaires les plus hypertoniques avec un

caractère quantitatif et d’objectiver l’aspect diffus de cette spasticité.

Les spasmes sont évalués selon l’échelle de Penn [25] : le patient doit évaluer la présence

de « spasmes » et quantifier leur fréquence. Ils sont cotés entre 0 et 4. La recherche d’épine

irritative complète ces échelles.

Le pendulum test, bien que moins utilisé, peut permettre d’évaluer la spasticité du

quadriceps [25,27]: chez un patient assis, la jambe est amenée passivement en extension,

puis lâchée. On analyse l’amortissement des oscillations pendulaires de la jambe sous

l’effet de la gravité, en comptant le nombre d’oscillations avant que le segment jambier

s’immobilise. Plus le nombre et l’amplitude d’oscillation sont faibles, plus le membre est

spastique [25,41].

Page 29: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

26

L’objectif global de la prise en charge kinésithérapique est d’optimiser les capacités du

patient afin de récupérer un maximum d’indépendance. Ainsi, analyser le retentissement de

la spasticité sur les activités de la vie quotidienne devrait faire partie de l’évaluation et de

la prise en charge de la spasticité. Les échelles utilisées mesurent quantitativement la

spasticité chez un patient au repos : elles ne reflètent pas son retentissement lors du

mouvement [27,41]. Ainsi, lorsque le patient se met en mouvement, il faut analyser les

différentes composantes du trouble moteur et en évaluer la part respective dans la gêne

fonctionnelle et douloureuse.

7.3.2 Comment évaluer le retentissement fonctionnel de la spasticité ?

Il n’est pas toujours évident de distinguer la part de responsabilité de la spasticité ou

des autres déficits dans la réalisation ou non des actes de la vie quotidienne. Alors existe-t-

il des échelles permettant d’évaluer le retentissement fonctionnel de la spasticité ?

Les échelles d’autonomie globale (Mesure d’indépendance fonctionnelle (MIF), score

de Barthel ou encore Spinal Cord Independence Measure (SCIM) plus spécifique pour les

blessés médullaires) nous renseignent peu sur l’impact fonctionnel de la spasticité [24,27].

Il s’agirait alors noter le plus d’informations possibles directement liées à la gêne évaluée.

On a vu que la spasticité d’un muscle peut influer sur la réalisation du mouvement de son

muscle antagoniste [9,41]. Chez M. C, on constate une faiblesse globale de la commande

motrice des membres inférieurs. On pourra se demander si une faiblesse motrice provient

d’un déficit de commande, d’une conséquence de la spasticité ou des deux ?

Dans la littérature, il n’existe pas d’échelle idéale validée permettant de nous orienter

précisément sur la gêne fonctionnelle de la spasticité et son impact dans la vie quotidienne.

Cependant, j’ai pu prendre connaissance de plusieurs techniques permettant de l’évaluer.

Tout d’abord, l’évaluation des amplitudes articulaires passives peut permettre de faire la

part entre spasticité et rétraction musculaire, sauf en cas de spasticité sévère où seul un

essai médicamenteux pourra nous aider à distinguer la part de l’un ou l’autre [7,25,42].

Lors de mon évaluation avec Ashworth modifiée, j’ai donc évalué l’amplitude articulaire

passive (effectuée lentement) avant de coter la spasticité. De plus, l’évaluation des

amplitudes articulaires actives peut être le reflet de l’incidence de la spasticité au cours du

mouvement volontaire [25] ou le manque de commande motrice.

Page 30: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

27

Des échelles d’auto-évaluation peuvent être utilisées pour fournir un aspect qualitatif de

la spasticité sur le ressenti et les capacités fonctionnelles du patient. Pour cela, on interroge

le patient et son entourage sur la gêne perçue (sensations de confort, douleur, fonction, que

ferait-il s’il n’avait pas cette gêne ?). L’échelle visuelle analogique peut être utilisée pour

quantifier la douleur et le ressenti du patient face à sa spasticité lors de gestes fonctionnels

cibles [25,40,42]. M. C se plaignait peu de sa spasticité, il voyait surtout sa chance de

récupérer ainsi après son accident. Mais lorsque je l’interrogeais sur celle-ci, il me fit part

d’une gêne le matin au réveil, lors du lever après station assise prolongée et lors de

l’apparition des spasmes. Un certain temps lui était nécessaire le matin pour pouvoir

bouger ses membres inférieurs, et sortir de son lit. Les spasmes constituaient une gêne de

part leur caractère brutal et imprévisible. Ils constituent un risque important de chute.

Malgré tout, son objectif principal étant de remarcher, cette hypertonie était pour lui, au

départ, un élément positif pour sa récupération.

Le test de marche des 10 mètres, chronométré à deux allures différentes : la vitesse

confort et la vitesse maximale, révèle la capacité du patient à augmenter sa vitesse

[7,25,42]. La spasticité étant vitesse dépendante, ce test aurait été intéressant pour évaluer

l’impact de la spasticité et les stratégies employées par le patient pour accélérer le pas.

Nous comptons le nombre de pas. La difficulté pour un patient déficitaire et spastique à

allonger le pas, le conduit fréquemment à multiplier son nombre. C’est le cas de M. C. De

plus, évaluer la marche à vitesse rapide permet de renforcer les défauts de marche du sujet

pour mieux cibler les déficits. Un test simple aurait pu être de chronométrer et mesurer la

distance parcourue avant et après une séance où j’aurai diminué transitoirement la

spasticité.

On peut aussi avoir recours à des outils instrumentés pour objectiver les résultats

obtenus, comme l’isocinétisme ou l’analyse quantifiée du mouvement.

L’isocinétisme est un outil fiable et reproductible [27,41]. Avec un mode passif, le membre

est mobilisé par le dynamomètre et la résistance passive à l’étirement est mesurée [41]. On

utilise trois vitesses d’étirement (v1<v2<v3). Le pic de couple maximum (N/m) correspond

à la résistance maximale opposée à l’étirement : cette valeur sert donc d’évaluation de la

spasticité. Pour v2 et v3, on soustrait la valeur pic de couple de v1, pour éliminer

l’élasticité liée à la mise en tension des tissus de soutien du muscle. On peut noter l’angle

Page 31: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

28

d’apparition de la spasticité. En revanche, le coût de l’appareil limite cette évaluation à

quelques centres équipés.

L’analyse quantifiée du mouvement 3D mesure les paramètres spatiaux temporels,

cinétiques, cinématiques, et électromyographiques au cours de la marche [42]. L’analyse

du déplacement des capteurs, complétée par les données de l’électromyogramme et le

calcul des couples articulaires, permet de déterminer si certains muscles se contractent de

façon inappropriée [43]. Elle permet de préciser que la spasticité clinique observée au

repos chez le sujet est retrouvée pendant la marche. Malheureusement, lors de mon stage,

l’établissement ne disposait pas de cet appareil.

L’examen final doit nous permettre de savoir si la spasticité est gênante. Un traitement

la supprimant ou la diminuant, de façon réversible, peut alors permettre de mettre en

évidence ses bénéfices ou ses inconvénients [9,41]. Aujourd’hui, les blocs nerveux

périphériques rapidement réversibles (agents anesthésiants bloquant temporairement la

conduction nerveuse) et le traitement médical sélectif par toxine botulique ouvrent la voie

à un « tri sélectif » des muscles spastiques. On choisit ceux qui nous paraissent utiles, au

chef près, et on inhibe ceux qui nous semblent gênants, de façon transitoire. On peut ainsi

faire la part entre spasticité et rétraction musculaire dans les cas difficiles et mimer sur

quelques heures l’effet d’un traitement de plus longue durée d’action [25,42]. Par ailleurs,

des tests au Baclofène intrathécal sont réalisés lors de spasticité diffuse des membres

inférieurs, avant la mise en place d’une pompe à baclofène. On établit toujours une

comparaison avant/après le geste médical. La plupart des études évaluant l’effet d’une

thérapeutique antispastique montrent une diminution du score Ashworth modifiée et des

spasmes, mais rares sont celles qui renseignent un effet sur une fonction [25]. Bien

entendu, la diminution du score d’Ashworth nous permet de comprendre qu’une

amélioration est due à une réduction de l’hypertonie [25]. Le médecin peut ensuite changer

son traitement au bout de quelques mois suivant l’évolution de la pathologie.

7.4 Intérêt d’une approche pluridisciplinaires pour une prise en charge optimale de

la spasticité

L’évaluation et la gestion de la spasticité doit se faire en accord avec une équipe de

soins afin de regrouper les champs de compétence de chacun.

Page 32: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

29

Le masseur-kinésithérapeute donne son avis sur la fonction, sur l’intérêt ou non d’un

traitement antispastique grâce à l’analyse des groupes musculaires spastiques et de leurs

répercussions fonctionnelles. Son rôle d’écoute permet de connaitre le ressenti du patient

face à celle-ci. Cette analyse doit être réalisée sur le plan individuel, selon les besoins de

chaque patient. Le fait de voir le patient tous les jours dans différentes activités nous donne

du temps pour analyser sa gêne. Cela exige au rééducateur des compétences d’analyses et

de transmissions précises au médecin. Comme on a pu le voir, différentes options pour la

gestion de la spasticité sont disponibles. Cependant, le choix du traitement repose sur

l'importance des symptômes, la préférence du patient, et la disponibilité des services. On

peut donc participer à des consultations pluridisciplinaires qui envisagent de manière

concertée les avantages et les inconvénients des différentes options thérapeutiques, aidant

le médecin dans la décision de son traitement.

La pathologie de M. C évoluant encore, certains des traitements décrits ne seront

envisageables qu’en cas de persistance de la spasticité. Mais on peut se demander si

l’injection de toxine botulique, au niveau des ischio-jambiers et des triceps, pourrait avoir

un effet sur ses douleurs et sa raideur, ainsi que sur la commande motrice des extenseurs de

genou. Les quadriceps, bien que spastiques, sont responsables du verrouillage des genoux

lors de la marche. Leur injecter de la toxine risquerait d’entraîner plus d’inconvénients que

de bénéfices. Enfin, les gastrocnémiens étant extenseurs de genou en chaine fermée, la

condition nécessaire pour pouvoir appliquer ce traitement serait d’avoir un quadriceps à 3

minimum. Si les spasmes persistent, un traitement permettant de les diminuer serait

intéressant, afin d’obtenir une marche la plus fonctionnelle et sécuritaire possible.

7.5 Conclusion :

La spasticité est un trouble complexe présentant des avantages et des inconvénients, qui

peuvent différer selon le moment de la prise en charge. Chez M. C, elle est bénéfique à

court terme : suppléant les déficits de commande motrice, elle permet un retour à la station

debout précoce et à la marche. En revanche, après ce stade, la spasticité limite la poursuite

des améliorations en lien avec son indépendance. En effet, elle entraine un risque de chute,

une lenteur d’exécution du mouvement, un surcroît de dépense énergétique, des douleurs et

des hypoextensibilités.

Page 33: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

30

Le masseur-kinésithérapeute détient un rôle essentiel dans la gestion de la spasticité du

patient. Pendant la séance, ses techniques permettent de soulager le sujet et d’exploiter le

travail des antagonistes aux muscles spastiques. À plus long terme, nous luttons

principalement contre les conséquences négatives de la spasticité en évitant par exemple

l’apparition de rétractions. Bien qu’indispensable, le traitement masso-kinésithérapique est

souvent d’efficacité limitée. L’association avec un traitement médicamenteux ou

chirurgical est parfois nécessaire. L’objectif de notre rééducation est ensuite d’optimiser

l’acte médical. Par ailleurs, un traitement ne se conçoit que si la spasticité interagit avec les

fonctions du patient, avec sa posture et son confort, ou lorsqu’elle est source de douleurs.

L’évaluation de la spasticité est donc primordiale.

Il existe différentes échelles pour évaluer la spasticité. Cependant, aucune n’inclut à la

fois l’aspect quantitatif et qualitatif de la spasticité. Elles ne sont donc pas totalement

satisfaisantes à ce jour. Néanmoins, j’ai pu prendre connaissance de plusieurs moyens

permettant d’affiner l’évaluation (tests de marche à différentes allures, auto-évaluation du

patient, analyse quantifiée de la marche, blocs nerveux périphériques). L’analyse nécessite

une étude précise des besoins et du ressenti du patient ainsi que des différents groupes

musculaires au cours du mouvement, en plus de l’évaluation au repos.

Il est donc dans la responsabilité du masseur-kinésithérapeute d’évaluer régulièrement

les avantages et les inconvénients de la spasticité, au cas par cas, selon le patient. Aussi, il

convient de savoir les communiquer à l’équipe pluridisciplinaire, et notamment au médecin

qui prendra la décision d’un traitement antispastique, pour agir judicieusement et

efficacement.

La réflexion entreprise dans le cas de M. C peut s’appliquer à de nombreuses

pathologies, notamment l’hémiplégie, la sclérose en plaque, les traumatismes crâniens. Il

s’agit de s’adapter à chaque tableau clinique, et surtout aux plaintes et aux besoins réels du

patient, en définissant avec lui et l’équipe de soins, des objectifs réalistes et précis. Ainsi,

la prise en charge de la spasticité ne doit pas être un but en soi, mais une façon d’optimiser

les capacités fonctionnelles du patient et sa qualité de vie. Il pourrait donc être intéressant

de comparer les différents outils d’analyse qui permettent d’évaluer la spasticité au cours

de la gestuelle quotidienne afin de déterminer lequel est le plus adapté.

Page 34: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

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Page 37: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXES

ANNEXE I: COMPTE-RENDU OPERATOIRE

ANNEXE II: TRAITEMENT DU 13/01/14 AU 26/02/14 (AVANT MA PRISE EN CHARGE)

ANNEXE III: BILANS ARTICULAIRES

ANNEXE IV : BILAN DES HYPOEXTENSIBILITES MUSCULAIRES

ANNEXE V: SCORE ASIA A J+94

ANNEXE VI : EVALUATION DE LA SPASTICITE SELON L’ECHELLE D’ASHWORTH

MODIFIEE

ANNEXE VII: ECHELLE DE PENN

ANNEXE VIII : EVALUATION DE LA COMMANDE MOTRICE SELON L’ECHELLE DE

HELD ET PIERROT DESSEILLIGNY

ANNEXE IX : BILANS ISOCINETIQUES INITIAUX,

ANNEXE X: BILAN MUSCULAIRE DU TRONC ET DES MEMBRES SUPERIEURS

ANNEXE XI : SPINAL CORD INDEPENDENCE MEASURE (SCIM)

ANNEXE XII : ECHELLE DE BOUBEE

ANNEXE XIII : ECHELLE DE BERG

ANNEXE XIV : STABILOMETRIE STATIQUE (J+94)

ANNEXE XV : BILAN ISOCINETIQUE FINAL

ANNEXE XVI : AMELIORATION DE L’EQUILIBRE DEBOUT

Page 38: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE I: COMPTE-RENDU OPERATOIRE

Compte-rendu opératoire :

- Incision cutanée médiane s’étendant du processus épineux de T4 à T10

- On dégage ensuite les masses musculaires pour exposer l’arc postérieur de T4 à

T10.

- On visualise un hématome au niveau des parties molles au milieu de la cicatrice,

très probablement en regard de T7-T8.

- On commence par réaliser une laminectomie de T6, T7, T8 étant donné que le

patient à des signes neurologiques déficitaires.

- Il existe un bombement du fourreau dural en regard de la laminectomie, il n’y a pas

de brèche méningée.

- On garde tous les petits morceaux d’os.

- On met en place quatre crochets lamaires : deux en supra lamaire, et deux en infra

lamaire au niveau des lames de T4 et de T5 et on met en place quatre crochets :

deux en supra lamaire et deux infra lamaire au niveau de T9 et T10.

- On relie ensuite ces huit crochets à l’aide de deux tiges que l’on aura légèrement pré

cintrées pour s’adapter à la cyphose locale.

- On met en place ensuite deux dispositifs de liaison transverse en regard de T4 et en

regard de T9.

- On réalise ensuite une greffe postéro-latérale à l’aide d’os autologue mélangée à de

l’Hydroxyapatite.

- On met ensuite en place du Surgicel sur la paroi postérieure du fourreau dural.

- On ferme les muscles à points séparés.

- On ferme l’aponévrose à points séparés.

- Puis on ferme la peau en deux plans, la peau étant fermée par un surjet simple aux

fils résorbables sur un surjet semi aspiratif.

Conclusion :

- Fracture du corps vertébral de T7 et de T8 responsable d’une paraplégie

- Arthrodèse par voie postérieure T4-T10 par crochets Lamaire (Système Legacy)

Page 39: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE II: TRAITEMENT DU 13/01/14 AU 26/02/14 (AVANT MA PRISE EN

CHARGE)

Tab 1 : Traitement de M. C avant son hépatite médicamenteuse

Nom du médicament Catégorie Dose prescrite

Coumadine Anticoagulant (traitement

préventif puis curatif des

accidents thromboemboliques)

6mg le soir pendant 6 mois

Paracétamol Antalgique et antipyrétique

1g, trois fois par jour si

douleur

Actiskenan Antalgique puissant contenant de

la morphine

10mg maximum, 4 fois par

jour avant mobilisation

Forlax Laxatif Toutes les 8h si besoin

Primperan Neuroleptique, effet antiémétique

et stimulant de la motricité du

tube digestif

10mg toutes les 8h si besoin

Baclofène Myorelaxant contre la spasticité

diffuse

10mg matin, midi et soir

Une hépatite médicamenteuse à J+81 a nécessité l’arrêt de ces médicaments (Annexe

II). Actuellement : paracétamol 1g si douleurs et un anticoagulant : la coumadine, 6mg le

soir, traitement curatif de l’embolie pulmonaire.

Page 40: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE III: BILANS ARTICULAIRES

Tab 2 : Bilans articulaires initial et final des membres inférieurs réalisés passivement par

goniométrie simple :

Bilan initial à

J+94

Valeurs

théoriques5

Bilan final à

J+126

Gauche Droite Gauche Droite

Hanche Flexion (genou fléchi) 90° 90° 140° 100° 110°

Flexion (genou tendu) 80° 85° 100 à 110° 85° 90°

Extension (genou tendu) -20° -5° 20° -15° 0°

Abduction 40° 45° 45° 45° 45°

Adduction 20° 30° 30° 25° 30°

Rotation latérale 45° 45° 45° 45° 45°

Rotation médiale 20° 20° 30° 20° 20°

Genou Flexion (hanche fléchie) 130° 125° 160° 145° 140°

Flexion (hanche tendue) 120° 115° 140° 135° 130°

extension -10° 0° 0° -5° 0°

Talo-

crurale

Flexion dorsale (genou

fléchi)

15° 10° 20° 20° 15°

Flexion dorsale (genou

tendu)

10° 5° 20° 15°

Flexion plantaire 35° 40° 40° 35° 40°

En rouge, les amplitudes déficitaires. En gras, les améliorations.

5 Selon les normes de Dufour et Pillu

Page 41: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE IV : BILAN DES HYPOEXTENSIBILITES MUSCULAIRES

Tab 3 : Bilans des hypoextensibilités musculaires à J+94 et J+126.

Description technique Bilan initial J+94 Bilan final J+126

Gauche Droite Gauche Droite

Ilio-

psoas

Patient en bord de table. Hanche

controlatérale fléchie. On emmène

la hanche homolatérale en

extension, et on mesure l’angle

entre le fémur et l’horizontale.

-20° -5° -15° 0°

Ischio-

jambiers

Patient en décubitus dorsal. Genou

tendu, on fait une flexion de

hanche, et on mesure l’angle

parcouru entre la parallèle au plan

de la table passant par le centre du

cotyle et l’axe du fémur.

80° 85° 85° 90°

Droit

fémoral

Patient en procubitus. On fléchit le

genou et on mesure l’angle

parcouru entre l’axe du fémur et

l’axe de la jambe.

120° 115° 135° 130°

Triceps Soléaire: en décubitus dorsal,

genou fléchi, on réalise une flexion

de cheville et on mesure l’angle

parcouru entre l’axe du pied et

l’axe de la jambe.

15° 10° 20° 15°

Gastrocnémiens : en décubitus

dorsal, genou tendu, on réalise une

flexion de cheville et on mesure

l’angle parcouru.

10° 5° 20° 15°

Page 42: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE V : SCORE ASIA A J+94

Page 43: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE VI : EVALUATION DE LA SPASTICITE SELON L’ECHELLE

D’ASHWORTH MODIFIEE

Echelle d’Ashworth modifiée (MAS: Modified Asworth Scale)

0 : Pas d’augmentation du tonus musculaire.

1 : Augmentation discrète du tonus musculaire se manifestant par un ressaut suivi d’un

relâchement ou par une résistance minime à la fin du mouvement.

1+ : Augmentation discrète du tonus musculaire se manifestant par un ressaut suivi d’une

résistance minime perçue sur moins de la moitié de l’amplitude articulaire.

2 : Augmentation plus marquée du tonus musculaire touchant la majeure partie de

l’amplitude articulaire, l’articulation pouvant être mobilisée facilement.

3 : Augmentation importante du tonus musculaire rendant la mobilisation passive difficile.

4 : Hypertonie majeure. Mouvement passif impossible.

Tab 4 : Evaluation de la spasticité selon l’échelle d’Ashworth modifié

Bilan initial J+94 Bilan final J+126

Gauche Droite Gauche Droite

ADD 1+ 1 1 1

Quadriceps 2 3 1+ 2

IJ 3 2 2 2

Triceps sural 2 3 2 3

Tibial ant 1 1 1 1

Tibial post 1+ 1+ 1+ 1+

Grand fessier 2 2 1 1

ANNEXE VII: ECHELLE DE PENN

Echelle de spasme de Penn ( Penn R.D., 1989)

0 : Absence de spasme.

1 : Absence de spasme spontané : présence de spasmes induits par stimulation sensorielle

ou mobilisation passive.

2 : Spasmes spontanés occasionnels.

3 : Nombre de spasmes spontanés compris entre 1 et 10 par heure.

4 : plus de 10 spasmes spontanés par heure.

Page 44: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE VIII : EVALUATION DE LA COMMANDE MOTRICE SELON

L’ECHELLE DE HELD ET PIERROT DESSEILLIGNY

Echelle de Held et Pierrot Desseilligny (Lacote M. et al., 1996)

0 : Absence de contraction

1 : Contraction perceptible sans déplacement du segment

2 : Contraction entraînant un déplacement du segment quelle que soit l’importance de

l’angle parcouru.

3 : Le déplacement peut s’effectuer contre une légère résistance.

4 : Le déplacement s’effectue contre une résistance plus importante.

5 : Le mouvement est d’une force identique à celle du côté sain.

Tab 5 : Bilan moteur par fonction musculaire d’après l’échelle Held et Pierrot

Desseilligny

Bilan initial J+94 Bilan final J+126

Articulation Mouvement Droite Gauche Droite Gauche

Hanche Flexion 4 4 4 4

Extension 3 3 4+ 4

Abduction 3 3 4 3+

Adduction 3 3 4 4

Rotation latérale 4 3 4 3

Rotation médiale 4 3 4 3

Genou Flexion 4 3 4 3

Extension 4 3 4 3

Talo crurale Flexion 3 3 3 3

Extension 2 2 3 3

Pied Inversion 3 2 3 2

Eversion 2 2 3 2

En rouge, le fonctions motrices non fonctionnelles. En gras, les améliorations lors du bilan

final.

Page 45: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE IX : BILANS ISOCINETIQUES INITIAUX, REALISES AVEC UN

DYNAMOMETRE ISOCINETIQUE CONTREX DE TYPE MJ.

Evaluation comparée des deux genoux sur un mode concentrique à 180° par secondes

Evaluation comparée des deux genoux sur un mode concentrique à 60° par secondes

Page 46: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

Evaluation comparée des deux genoux sur le mode excentrique à 15° par secondes

Tab 6 : Evaluation comparée des deux genoux en concentrique 180°/s, concentrique 60°/s,

et excentrique 15°/s

Description Genou Droit Genou gauche Gauche/droit (%)

Conc

180°/s

Conc

60°/s

Exc

15°/s

Conc

180°/s

Conc

60°/s

Exc

15°/s

Conc

180°/s

Conc

60°/s

Exc

15°/s

Mouvement

max Ext (°)

-5.9 -5.9 -5.9 -5.4 -5.4 -5.4

Mouvement

max Flex (°)

-85.9 -85.9 -85.9 -77.8 -77.8 -77.8

Couple max

Ext (Nm)

25.8 52.6 -66.8 17.7 38.2 -41.4 68.6 72.6 62.0

Couple max

flex (Nm)

-33.9 -54.1 -41.1 -21.7 -34.2 -22.8 64.0 63.2 55.5

Ratio

IJ/quadriceps

1.31 1.02 0.61 1.22 0.89 0.55

Coeff.variation

pic couple Ext

12.4 3.93 4.50 32.49 12.82 3.47

Coeff.variation

pic couple flex

3.53 5.96 14.9 2.18 8.30 11.5

Page 47: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

Mesures des temps de relâchement du quadriceps et des IJ :

Genou gauche, ext/flex 500 Nm conc/conc 180°/sec :

Genou gauche, ext/flex 500 Nm conc/conc 60°/sec :

Page 48: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

Genou droit, ext/flex 500 Nm conc/conc 180°/sec

Genou droit, ext/flex 500 Nm conc/conc 60°/sec :

Tab 7 : Mesures du temps de relâchement des quadriceps et IJ d’après les graphique

ci-dessus :

Temps de relâchement Quadriceps Temps de relâchement IJ

Droit Gauche Droit Gauche

Concentrique 180°/s 0.3 puis 0.2 s 0.3 s 0.25 s 0.2 s

Concentrique 60°/s 0.1 s 0.15 puis 0.2 s 0.1 s 0.15 s

Page 49: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE X: BILAN MUSCULAIRE QUANTITATIF DU TRONC ET DES

MEMBRES SUPERIEURS INSPIRE DU TESTING.

Tab. 8: Evaluation motrice quantitative du tronc inspiré du testing.

Bilan initial

J+93

Bilan final

J+126

Grands droits supérieurs 3 3

Grands droits inférieurs 4 5

Obliques interne 3 4

Oblique externe 3 4

Transverse de l’abdomen 2 3

spinaux 2 2

En rouge, les muscles non fonctionnels. En gras, les améliorations lors du bilan final.

Tab. 9: Bilan musculaire du membre supérieur inspiré du testing

Bilan initial J+93 Bilan final J+126

Gauche droite Gauche droite

Flexion GH 4 4 4+ 4+

Extension GH 5 5 5 5

Abduction GH 4 4 4+ 4+

Adduction GH 4 4 4+ 4+

RM 5 5 5 5

RL 5 5 5 5

Flexion coude 5 5 5 5

Extension coude 5 5 5 5

Pronation 5 5 5 5

Supination 5 5 5 5

Flexion carpe 5 5 5 5

Extension carpe 5 5 5 5

En gras, les améliorations par rapport au bilan initial.

Page 50: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE XI : SPINAL CORD INDEPENDENCE MEASURE (SCIM)

Page 51: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient
Page 52: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE XII : ECHELLE DE BOUBEE

M. C présente un score de 6/6 sur l’échelle de Boubée.

Page 53: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE XIII : ECHELLE DE BERG

Page 54: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient
Page 55: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE XIV : STABILOMETRIE STATIQUE (J+94)

Remarque : les tests ont été faits avec une barre sur l’avant et sur les côtés par mesure de

sécurité car la plateforme est davantage utilisée pour des exercices de rééducation que

pour des bilans. Cependant la précision des tests sans barre d’appui aurait été meilleure.

Yeux ouverts (Tab 10) : Avec les chaussures, on note une asymétrie d’appui de 39%

(69.5% à droite contre 39.5% à gauche). L’appui est latéralisé à droite par rapport à la

norme (44mm de trop à droite) et plutôt en avant (avancée de 25 mm par rapport à la

norme, mais reste dans la fourchette de normalité.) La longueur du statokinésogramme

(1137mm) est 2.65 fois plus élevée que la norme (429mm). La surface est 5.4 fois plus

élevée que la norme. Sans chaussures : le patient est plus centré qu’avec chaussure (20 mm

de trop à droite par rapport à la moyenne), et un peu moins en avant. Cependant, La

longueur (1637,39mm) est 30% plus grande et la surface 50% plus élevée qu’avec

chaussure, donc M.C est moins stable pieds nus.

Tab 10 : Evaluation de l’équilibre statique de M. C yeux ouverts

En rouge, les déficits. Les normes sont données par la plateforme stabilométrique

Fig. 1 : Evaluation stabilométrique de l’équilibre statique de M.C yeux ouverts (à gauche

avec chaussures, à droite pieds nus)

Avec

chaussures

Pieds nus Normes

X moyen 44,75 mm 20,90 mm 1,1 (9,6 / 11,7)

Y moyen -3,75 mm -17,71 mm -29,2 (-1,5 / -57)

Longueur 1136,51 mm 1637,39 mm 429 (307/599)

Surface 493.02 mm² 913,68 mm² 91 (39/210)

Page 56: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

Yeux fermés : avec chaussures, la concentration est maximum, le patient souffle

beaucoup et a touché 7 fois la barre devant lors du test. L’appui est latéralisé à droite

(39mm d’écart), et en avant (39mm plus avancé que la moyenne). La longueur du

statokinésogramme est 4.45 fois plus élevée que la norme, et la surface 14 fois plus élevée

que la norme. Le quotient de Romberg est correct.

Sans chaussures, M.C se rattrape 3 fois sur la barre avec toute la paume d’une main. Il est

aussi plus centré qu’avec chaussures et moins stable. (18% de plus pour la longueur, et

26% de plus pour la surface lorsqu’il est pieds nus.)

Tab 11 : Evaluation de l’équilibre statique de M. C yeux fermés

Avec chaussures Pieds nus Normes

X moyen 39, 32 mm 19,21 mm 0,3 ( -10,5 / 11,1)

Y moyen 11,79 mm -3,06 mm -27,5 (-3,6/ -51,4)

Longueur 2732,01 mm 3320,34 mm 613 ( 341 / 880)

Surface 3098,73 mm² 4159,66 mm² 225 (79 / 638 )

Coef. de

Romberg

6,29 4,55 2,88 (1,12 / 6,77)

Fig. 2 : Evaluation stabilométrique de l’équilibre de M. C yeux fermés (à gauche avec

chaussures, à droite pieds nus)

Page 57: Avantages - inconvénients de la spasticité chez un patient

ANNEXE XV : BILAN ISOCINETIQUE FINAL

Tab 3 : Amélioration de la fonction motrice du genou.

Gain de force du quadriceps Gain de force des IJ

Gauche +37 % en excentrique 15°/s

+6 % en concentrique 60°/s

+22 % en concentrique 60° /s

+31 % en concentrique 180°/s

Droite +13 % en concentrique 60°/s

+54 % en concentrique 180°/s

+19 % en concentrique 60°/s

+33 % en concentrique 180°/s

ANNEXE XVI : AMELIORATION DE L’EQUILIBRE DEBOUT

Tab. 4 : Temps de maintien de l’équilibre debout

J+94/J+126 Pieds écartés Pieds joints Unipodal Droit Unipodal Gauche

Yeux ouverts 2 min/ + de 5

min

1 min/ 3 min Impossible/ 7 s Impossible/

impossible

Yeux fermés 30 sec/ + de 5

min

Impossible / 25 s Impossible/

Impossible

Impossible/

impossible

En italique : J+94, en caractère normal : J+126, en gras : les améliorations.