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Face à des coûts croissants, l'industrie pharmaceutique révise son modèle de recherche (PAPIER D'ANGLE) Pharmacie-recherche,PREV Multiplication des coûts, délais d'homologation rallongés, lutte des Etats contre les déficits sont autant de vents contraires qui contraignent l'industrie pharmaceutique à revoir son modèle de Recherche et développement, en le réorganisant, ou en achetant des sociétés de biotech. "Aujourd'hui, il y a une vraie logique d'amélioration de l'efficience des activités de R&D et de prise en compte de leur retour sur investissement", a souligné à l'AFP Vincent Genet, directeur de l'unité santé du cabinet Alcimed. Car transformer un projet de médicament en remède commercialisable est devenu plus long et plus cher. Les coûts de recherche et développement (R&D) par médicament ont été multipliés par 20 dans le secteur entre 1976 et 2010, de 90 millions de dollars à 1,8 milliard, selon des chiffres communiqués par Sanofi, premier groupe français du secteur. De plus, les délais de développement clinique d'un produit ont doublé en presque trente ans, passant de quatre ans en 1982 ans à huit ans en 2010. Plusieurs facteurs sont en jeu, selon les analystes, qui pointent la complexité des nouveaux médicaments biotechnologiques, par rapport à la filière chimique traditionnelle. Les laboratoires sont aussi confrontés au durcissement des critères d'homologation par les agences du médicament, explique Marc Livinec, analyste du secteur pharmaceutique chez Euler Hermes. "Des études cliniques plus importantes, plus approfondies se reflètent dans le coût global de R&D d'un médicament", note-t-il. "La filière pharmaceutique a sous-estimé la pression (des) Etats" pour "réduire leurs déficits dans les régimes d'assurance maladie publics", juge-t-il. Médicaments biotechnologiques Pour gagner du temps, les laboratoires se sont tournés vers les biotechs où "beaucoup de médicaments biotechnologiques ont été développés en amont", rappelle M. Livinec. Rachats d'entreprises et prises de licence leur ont permis d'étoffer leur portefeuille. Mais pour avoir plus de résultats, les grands groupes s'efforcent aussi de revoir leur organisation interne. "La rationalisation de la R&D de l'ensemble des laboratoires, et notamment de Sanofi, c'est d'arriver à recréer des hubs géographiques qui soient responsabilisés autour d'un axe thérapeutique (...), et mis dans une dynamique entrepreneuriale comme celle qu'on peut retrouver dans les sociétés de biotechnologies", décrypte Vincent Genet. "C'est une logique de mise en concurrence des équipes internes avec le monde extérieur", résume- t-il. Mais "dans la culture française, c'est difficile à accepter, car on est culturellement plus éloignés de 1/2 N° et Date de parution : 20121016 - 16/10/12 07:11 Periodicité : Quotidien piwi-1-10-14506-20121016-511816991.pdf Copyright : AFP Alcimed

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Face à des coûts croissants, l'industrie pharmaceutique réviseson modèle de recherche (PAPIER D'ANGLE)

Pharmacie-recherche,PREV

Multiplication des coûts, délais d'homologation rallongés, lutte des Etats contre les déficits sontautant de vents contraires qui contraignent l'industrie pharmaceutique à revoir son modèle deRecherche et développement, en le réorganisant, ou en achetant des sociétés de biotech.

"Aujourd'hui, il y a une vraie logique d'amélioration de l'efficience des activités de R&D et de prise encompte de leur retour sur investissement", a souligné à l'AFP Vincent Genet, directeur de l'unitésanté du cabinet Alcimed.

Car transformer un projet de médicament en remède commercialisable est devenu plus long et pluscher.

Les coûts de recherche et développement (R&D) par médicament ont été multipliés par 20 dans lesecteur entre 1976 et 2010, de 90 millions de dollars à 1,8 milliard, selon des chiffres communiquéspar Sanofi, premier groupe français du secteur.

De plus, les délais de développement clinique d'un produit ont doublé en presque trente ans,passant de quatre ans en 1982 ans à huit ans en 2010.

Plusieurs facteurs sont en jeu, selon les analystes, qui pointent la complexité des nouveauxmédicaments biotechnologiques, par rapport à la filière chimique traditionnelle.

Les laboratoires sont aussi confrontés au durcissement des critères d'homologation par les agencesdu médicament, explique Marc Livinec, analyste du secteur pharmaceutique chez Euler Hermes.

"Des études cliniques plus importantes, plus approfondies se reflètent dans le coût global de R&Dd'un médicament", note-t-il.

"La filière pharmaceutique a sous-estimé la pression (des) Etats" pour "réduire leurs déficits dansles régimes d'assurance maladie publics", juge-t-il.

  Médicaments biotechnologiques   Pour gagner du temps, les laboratoires se sont tournés vers lesbiotechs où "beaucoup de médicaments biotechnologiques ont été développés en amont", rappelleM. Livinec.

Rachats d'entreprises et prises de licence leur ont permis d'étoffer leur portefeuille.

Mais pour avoir plus de résultats, les grands groupes s'efforcent aussi de revoir leur organisationinterne.

"La rationalisation de la R&D de l'ensemble des laboratoires, et notamment de Sanofi, c'est d'arriverà recréer des hubs géographiques qui soient responsabilisés autour d'un axe thérapeutique (...), etmis dans une dynamique entrepreneuriale comme celle qu'on peut retrouver dans les sociétés debiotechnologies", décrypte Vincent Genet.

"C'est une logique de mise en concurrence des équipes internes avec le monde extérieur", résume-t-il.

Mais "dans la culture française, c'est difficile à accepter, car on est culturellement plus éloignés de

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ce mode de fonctionnement".

La chute de la rentabilité de la R&D dans l'industrie pharmaceutique se traduit par le fait qu'un dollarinvesti ne rapporte plus aujourd'hui que 70 cents, alors qu'il générait 3 dollars dans les années 1980,soulignait en mai Elias Zerhouni, président monde de la R&D de Sanofi.

Sanofi s'est fixé comme objectif de multiplier par deux ou trois la productivité de sa recherche,notamment en développant des partenariats avec le monde académique et les biotechs.

La productivité insuffisante de la R&D concerne "particulièrement Sanofi", estime le groupe dans undocument, vu par l'AFP, préparatoire aux négociations avec les syndicats sur la réorganisationannoncée cet été.

Il faut "faire en sorte que notre recherche produise plus de nouveaux médicaments qu'elle ne le faitactuellement", résumait en juillet le directeur France Christian Lajoux.

Sanofi investit près de 1,9 milliard d'euros en R&D par an en France.

Sur 17 produits en attente de lancement d'ici 2015, 3 ont été conçus en interne.

"Sanofi ne fait pas exception par rapport aux autres leaders en termes de densité de son portefeuillede produits, et contrairement à certains, il a fait le choix de la diversification", observe cependantVincent Genet, qui considère qu'"en ce sens, Sanofi a un cran d'avance par rapport à d'autres".

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