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Journal de thérapie comportementale et cognitive (2012) 22, 37—39 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ÉDITORIAL AFTCC : l’enseignement Nouvelle vague The AFTCC: New wave education L’enseignement de l’Association franc ¸aise de thérapie comportementale et cognitive (AFTCC) évolue, dans une approche plus large et plus interconnectée, à la manière de la troisième vague des thérapies cognitives et comporte- mentales (TCC) qui s’appuie sur les deux précédentes sans en perdre l’efficacité reconnue. La psychologie positive, considérant la santé mentale non plus comme l’absence de maladie, mais comme la compréhension d’un fonctionnement optimal ou d’un épa- nouissement personnel, cherche à améliorer les prises en charge actuelles. Elle propose de compléter les techniques centrées sur la réduction des dysfonctionnements par de nouvelles méthodes thérapeutiques, qui consolident les points forts des patients pour initier ou renforcer le processus de chan- gement. Les compétences personnelles sont ainsi développées pour augmenter le degré de bien-être et les facteurs de résilience. Et si on appliquait à l’enseignement de l’AFTCC la défi- nition de Gable et Haidt, en 2005 : « La psychologie positive est représentée par l’étude des conditions et des processus qui contribuent à l’épanouissement ou au fonctionnement optimal des individus, des groupes et des institutions » [1]. Lanc ¸ons-nous ! Nos programmes actuels, complets, tant théoriques que pratiques, et toujours réévalués en accord avec le modèle scientifique de référence, vont pouvoir encore s’enrichir et s’épanouir à la lumière des normes nationales et euro- péennes qui viennent de remodeler le paysage de la formation des psychothérapeutes et des thérapeutes en TCC. Nous assistons en effet depuis plusieurs années à de mul- tiples débats concernant le titre de psychothérapeute. Sur le plan national, deux événements essentiels sont à l’origine de cette évolution. Dans un premier temps l’amendement « Accoyer », voté en première lecture à l’Assemblée Nationale le 14 octobre 2003, stipulait que : « La mise en œuvre de psychothérapies ne peut relever que de psychiatres ou de médecins et psychologues ayant les qualifications profession- nelles requises fixées par décret. L’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé apporte son concours à l’élaboration de ces conditions ». Quelques mois plus tard l’Inserm le 26 février 2004 [2], avec les remous que l’on connaît, rendait les conclusions de son expertise collective de trois approches psy- chothérapiques : l’approche psychodynamique, l’approche cognitivo-comportementale, et l’approche familiale et de couple. Les débats parfois fort animés qui ont suivi, ont finale- ment abouti à l’émergence du statut de psychothérapeute [3]. L’AFTCC a souhaité dès les premiers entretiens sur la rédaction de ce décret, comme de nombreuses autres socié- tés savantes ou associations, que soit reconnue la formation préalable effectuée par les psychiatres, les psychologues et que des adaptations soient apportées pour les médecins (non psychiatres) et les psychanalystes (non psychiatres ou non psychologues). Nous avons décidé de tout mettre en œuvre pour que les membres de l’AFTCC et les étudiants qui intègrent notre formation puissent bénéficier de ce titre. Depuis le 20 janvier 2012, l’AFTCC sous le n o 012011 est devenue le premier établissement franc ¸ais à pouvoir dispen- ser une formation en psychopathologie clinique conduisant au titre de psychothérapeute. Dans un premier temps, dès septembre, nous pourrons proposer une formation en un an conduisant à ce titre pour les médecins non psychiatres. Elle comporte huit jours de séminaire abordant les différents courants en psychothéra- pie, les troubles psychiatriques, les structures juridiques... encadrant avant et après nos deux modules de formation initiale regroupés sur un an. Dans la suite logique, nous adaptons nos formats de formation initiale, en espérant satisfaire un maximum de thérapeutes, médecins ou psychologues, désirant se former aux TCC. La formation initiale représente la formation permettant à l’heure actuelle à un psychologue, un psychiatre, ou un 1155-1704/$ – see front matter © 2012 Publi´ e par Elsevier Masson SAS pour l’Association française de thérapie comportementale et cognitive. http://dx.doi.org/10.1016/j.jtcc.2012.04.001

AFTCC : l’enseignement Nouvelle vague

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Journal de thérapie comportementale et cognitive (2012) 22, 37—39

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

ÉDITORIAL

AFTCC : l’enseignement Nouvelle vagueThe AFTCC: New wave education

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L’enseignement de l’Association francaise de thérapiecomportementale et cognitive (AFTCC) évolue, dans uneapproche plus large et plus interconnectée, à la manièrede la troisième vague des thérapies cognitives et comporte-mentales (TCC) qui s’appuie sur les deux précédentes sansen perdre l’efficacité reconnue.

La psychologie positive, considérant la santé mentalenon plus comme l’absence de maladie, mais comme lacompréhension d’un fonctionnement optimal ou d’un épa-nouissement personnel, cherche à améliorer les prises encharge actuelles.

Elle propose de compléter les techniques centrées surla réduction des dysfonctionnements par de nouvellesméthodes thérapeutiques, qui consolident les points fortsdes patients pour initier ou renforcer le processus de chan-gement.

Les compétences personnelles sont ainsi développéespour augmenter le degré de bien-être et les facteurs derésilience.

Et si on appliquait à l’enseignement de l’AFTCC la défi-nition de Gable et Haidt, en 2005 : « La psychologie positiveest représentée par l’étude des conditions et des processusqui contribuent à l’épanouissement ou au fonctionnementoptimal des individus, des groupes et des institutions » [1].

Lancons-nous !Nos programmes actuels, complets, tant théoriques que

pratiques, et toujours réévalués en accord avec le modèlescientifique de référence, vont pouvoir encore s’enrichiret s’épanouir à la lumière des normes nationales et euro-péennes qui viennent de remodeler le paysage de laformation des psychothérapeutes et des thérapeutes enTCC.

Nous assistons en effet depuis plusieurs années à de mul-tiples débats concernant le titre de psychothérapeute.

Sur le plan national, deux événements essentiels sont àl’origine de cette évolution.

Dans un premier temps l’amendement « Accoyer », votéen première lecture à l’Assemblée Nationale le 14 octobre2003, stipulait que : « La mise en œuvre de psychothérapiesne peut relever que de psychiatres ou de médecins et

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à

1155-1704/$ – see front matter © 2012 Publie par Elsevier Masson SAS pourhttp://dx.doi.org/10.1016/j.jtcc.2012.04.001

sychologues ayant les qualifications profession-elles requises fixées par décret. L’Agence nationale’accréditation et d’évaluation en santé apporte sononcours à l’élaboration de ces conditions ».

Quelques mois plus tard l’Inserm le 26 février 2004 [2],vec les remous que l’on connaît, rendait les conclusionse son expertise collective de trois approches psy-hothérapiques : l’approche psychodynamique, l’approcheognitivo-comportementale, et l’approche familiale et deouple.

Les débats parfois fort animés qui ont suivi, ont finale-ent abouti à l’émergence du statut de psychothérapeute

3].L’AFTCC a souhaité dès les premiers entretiens sur la

édaction de ce décret, comme de nombreuses autres socié-és savantes ou associations, que soit reconnue la formationréalable effectuée par les psychiatres, les psychologues etue des adaptations soient apportées pour les médecins (nonsychiatres) et les psychanalystes (non psychiatres ou nonsychologues).

Nous avons décidé de tout mettre en œuvre pour quees membres de l’AFTCC et les étudiants qui intègrent notreormation puissent bénéficier de ce titre.

Depuis le 20 janvier 2012, l’AFTCC sous le no 012011 estevenue le premier établissement francais à pouvoir dispen-er une formation en psychopathologie clinique conduisantu titre de psychothérapeute.

Dans un premier temps, dès septembre, nous pourronsroposer une formation en un an conduisant à ce titre poures médecins non psychiatres. Elle comporte huit jours deéminaire abordant les différents courants en psychothéra-ie, les troubles psychiatriques, les structures juridiques. . .

ncadrant avant et après nos deux modules de formationnitiale regroupés sur un an.

Dans la suite logique, nous adaptons nos formats deormation initiale, en espérant satisfaire un maximum de

hérapeutes, médecins ou psychologues, désirant se formerux TCC.

La formation initiale représente la formation permettantl’heure actuelle à un psychologue, un psychiatre, ou un

l’Association française de thérapie comportementale et cognitive.

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édecin d’acquérir en trois ans les compétences nécessairesla pratique des TCC.Ainsi, la formation initiale pourra, également dès sep-

embre, être réalisée plus rapidement, en deux années auieu des trois habituelles, la première année concentrant,omme pour le titre de psychothérapeute, les deux pre-ières années de la formation classique.Nous aurons ainsi quatre cursus de formation :

deux formations initiales « praticien en TCC », à réaliseren deux, ou en trois ans ;une formation conduisant au titre de « psychothérapeute »en un an ;enfin, une formation de « psychothérapeute praticien enTCC », en deux ans, si les « étudiants » précédents sontsuffisamment convaincus par l’intérêt de nos pratiquesthérapeutiques, ce que nous espérons, pour compléterleur titre de psychothérapeute par notre module 3, fina-lisant leur formation en TCC.

Pour une vision d’ensemble, reportez-vous à notre pré-entation en quatrième de couverture de ce même journal !

Bien sûr, l’ensemble de ces modifications apparaîtra dansotre nouvelle brochure d’enseignement.

L’ensemble de ces adaptations est réalisé en respec-ant la nécessaire adéquation aux normes européennes.’Association européenne de psychiatrie (AEP) contribue à laise en place de la profession de psychothérapeute en ins-

aurant un niveau de formation élevé, et comparable d’unays à l’autre. Celui-ci est reconnu sous forme d’un cer-ificat européen de psychothérapie [4], encouragé par laommission de Bruxelles, et destiné à favoriser l’échangee professionnels entre les pays d’Europe.

L’accréditation par l’EABCT [5] va dans le même sens,’assurant qu’une personne dispose des compétences néces-aires à appliquer les principes des TCC dans son travailn tant que psychologue clinicien, psychiatre, infirmier ouravailleur social.

Poursuivons avec nos modules et ateliers, là aussi enéveloppement, sur les thèmes, la diversité, et les lieuxe formation. Ceux-ci permettent à des thérapeutes formésux TCC de renforcer leurs compétences pour des prises enharge spécifiques.

Neuf ateliers optionnels sont proposés durant l’année,’une durée variant d’une à deux journées. Sans les dévelop-er, nous pourrons nous former ou nous perfectionner danses domaines variés de l’affirmation de soi, la gestion dutress, le traitement des addictions, des phobies socialesdont une journée de supervision), l’observance thérapeu-ique, la prise en charge de la douleur, la création de groupeshérapeutiques et la manipulation au travail et dans la vierivée.

Ce dernier thème est également proposé à Orléans. Et sious restez en région Centre, vous pourrez aussi vous inscrire« TCC pour les couples et les familles ».Si vous souhaitez vous former encore plus loin, l’AFTCC

’exporte. . . avec divers projets de formation, au Liban, en

ouvelle Calédonie, et sur d’autres sites. . . toujours dans leut de promouvoir et diffuser les TCC.

Mais revenons aux formations dispensées à Paris !

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Éditorial

Cinq modules de spécialité sont proposés pour la rentréerochaine. Leur durée est supérieure à celle des ateliers,inq à dix jours, sur une, voire deux années.

Le module « Troubles dépressifs » se poursuit, et changee format : il aura lieu le lundi. Le module « Troubles psy-hotiques », au vu du succès remporté il y a deux ans, estenouvelé. C’est également le cas du module Supervision,eproduit sur cinq jours. Et nous proposons un nouveauodule de spécialité, consacré aux « TCC appliquées à laersonne âgée ».

Enfin le quatrième est un module de formation interne.l est destiné à améliorer les compétences des formateurst superviseurs de l’AFTCC et s’intitule « Formation desuperviseurs ». Il s’agit de la seconde vague de cette for-ation, la première prenant fin en octobre. La commission’enseignement, consciente de l’importance primordialee l’accompagnement de ses intervenants, souhaite queous ses superviseurs puissent bénéficier de cette forma-ion afin d’accroître leurs compétences dans ce domainet de pouvoir en faire bénéficier les thérapeutes en course formation. Le train est en marche, et les superviseurshargés de cours en troisième année sont tous formés à ceour.

Vous pouvez, encore une fois, pour une vision’ensemble, vous reporter à notre plaquette en quatrièmee couverture de ce même journal !

Maintenant les projets en cours.Tout d’abord il nous apparaît indispensable de poursuivre

t de développer davantage les actions de supervision desti-ées aux thérapeutes. Il s’agit de répondre à des exigences’adéquation aux normes européennes de l’European Asso-iation for Behavioural and Cognitive Therapies (EABCT),ais avant tout de consolider les compétences acquises au

ours des cycles de formation.L’EABCT propose d’évaluer régulièrement les com-

étences des thérapeutes pendant leur formation, parnregistrement des séances, et/ou par supervision en petitroupe ou en individuel, à concurrence de 200 heures. Desompétences supplémentaires sont requises pour les super-iseurs.

L’objectif des supervisions consiste, à travers une rela-ion collaborative, centrée sur le travail avec le patient etrolongée dans le temps, à encourager et aider le praticiendévelopper et maintenir ses compétences, et surmonter

es difficultés. Cela inclut le respect des règles éthiquesar le biais de l’abord des implications personnelles dansa relation thérapeutique.

En résumé, une supervision de qualité permet de mieuxoigner les patients, d’homogénéiser les pratiques vers destandards validés, mais également de prendre soin des thé-apeutes.

Ensuite cet autre projet à développer : celui de la for-ation des paramédicaux. Des infirmiers « sensibilisés » ou

ormés aux techniques de TCC sont des aides appréciablesoire indispensables en milieu hospitalier. Je m’appuie ainsiersonnellement sur quelques collaborateurs depuis uneizaine d’années. Cela explique et justifie mon implica-ion dans ce projet. Une formation spécifique sera proposéear la commission d’enseignement, adaptée à la pratique

e ces paramédicaux travaillant au sein d’une équipe psy-hiatrique, comportant un psychiatre et/ou un psychologueormé aux TCC et pouvant superviser la part de prise en
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charge effectuée par ces infirmiers ainsi formés à l’approcheTCC.

Si nous récapitulions et inventorions tout ca, nousaurions :

• quatre formations initiales ;• deux formations initiales en région ;• cinq modules de spécialité ;• neuf ateliers optionnels ;• deux ateliers optionnels en région ;• 30 superviseurs en fin de formation ;• 23 superviseurs inscrits au prochain module de formation.

Et surtout. . . :

• 360 étudiants inscrits en formation initiale ;• 125 étudiants inscrits en ateliers optionnels et modules de

spécialité ;• 97 enseignants ;• 20 superviseurs sollicités en région.

Participant à :

• 1386 heures de cours de formation initiale ;• 315 heures de cours de formation conduisant au titre de

psychothérapeute ;• 336 heures de cours d’ateliers optionnels et modules de

spécialité.

Voilà ! Nous empilons les formations et leurs aména-

gements, imbriquant des composants complémentaires,espérant ainsi reproduire le « Broaden and build model » deFredrickson et accroître encore notre capacité à résoudreles problèmes.

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Nous souhaitons ainsi répondre au mieux aux besoins’un plus grand nombre et former les meilleurs psycho-hérapeutes et thérapeutes TCC, capables d’exercer danses meilleures conditions possibles, et d’en retirer la plusrande satisfaction.

Je crois que la commission d’enseignement a sauté àieds joints dans l’optimisme appris !

éclaration d’intérêts

’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-ion avec cet article.

éférences

1] Gable S, Haidt J. What (and why) is Positive Psychology. Rev GenPsychol 2005;9:103—10.

2] Expertise collective Inserm. Psychothérapie : trois approchesévaluées. Paris: Les Editions Inserm; 2004.

3] Décret no 2010-534 du 20 mai 2010 relatif à l’usage du titre depsychothérapeute et de l’arrêté du 8 juin 2010 relatif à la for-mation en psychopathologie clinique conduisant au titre depsychothérapeute.

4] Certificat européen de psychothérapie, EAP, 2008.5] http://www.eabct.com.

Evelyne Cahena,∗,b

a CMP, 2, rue de Médreville, 54000 Nancy, Franceb Centre psychothérapique de Nancy, 54521 Laxou cedex,

France

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] sur Internet le 8 mai 2012