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Fiches Pathologie ENVELOPPES ET REVÊTEMENTS EXTÉRIEURS « Désordres des enduits monocouches » Le constat Un support mal préparé, le retrait de l'enduit, les chocs thermiques ou une épaisseur insuffisante peuvent être à l'origine de désordres au niveau des enduits monocouches. Ceux-ci peuvent affecter l'étanchéité de la façade. Le diagnostic des désordres Les maçonneries extérieures des maisons individuelles sont souvent recouvertes d'un enduit monocouche à base de liants hydrauliques. Ce produit appartient à la famille des enduits dits « performanciels », ce terme désignant un mortier dont les caractéristiques et les performance sont fixées a priori et ne peut, de ce fait, qu'être préfabriqué en usine. Avant sa mise en œuvre, il doit être malaxé dans une bétonnière durant le temps indiqué et avec la quantité d'eau mentionnée dans la notice du fabricant. Bien que réalisé en deux passes - la seconde étant appliquée sur la première encore fraîche - l'ensemble est considéré comme une seule couche. Cette technique s'oppose à celles des mortiers dits « courants » (appelés anciennement enduits « traditionnels ») exécutés en deux ou trois couches, échelonnées sur plusieurs semaines. Outre sa fonction décorative, l'enduit monocouche a surtout une fonction d'imperméabilisation des façades. Parmi les défauts d'aspect, on peut distinguer le nuançage, l'apparition de spectres, les efflorescences lors du séchage, la carbonatation différentielle à long terme, les mousses et les salissures. Ils n'ont aucune incidence sur la qualité et la durabilité de l'enduit. Les désordres affectant la durabilité Brûlage 1. La fissuration est due au comportement du support (angles de baies, au droit des planchers, joints mal bourrés ou trop épais,…) mais également aux conditions d'application (excès d'eau, temps de malaxage insuffisant, humidification insuffisante du support, temps sec et chaud, variation d'épaisseur,…) ; 2. Les pénétrations d'eau par porosité sont rares en l'absence de fissures. Elles sont dues à des épaisseurs insuffisantes d'enduit ; 3. Le décollement est consécutif à une mauvaise préparation du support (présence d'huile de décoffrage ou de poussières, humidification insuffisante, support gorgé d'eau, absence de couche d'accrochage,…) ; 4. Le brûlage (ou grillage) est dû à une dessiccation prématurée de l'enduit par absorption d'eau par le support ou du fait des conditions atmosphériques (temps chaud, vent sec). 5. Le cisaillement du support se rencontre sur les supports à faibles caractéristiques mécaniques (béton cellulaire). Il est dû à l'application d'un enduit inadapté à ce type de support. Les points sensibles Cahiers du CSTB n° 2669 (mars 2002) sur les enduits monocouches d'imperméabilité. Les conseils de prévention Nombre de désordres peuvent être évités ou atténués en respectant les conditions de préparation du support et d'application du produit : appliquer un produit adapté au support ; bien nettoyer le support ; utiliser une couche d'accrochage, si nécessaire ; humidifier le support ; respecter la quantité d'eau de gâchage ; respecter le temps de malaxage ; toujours gâcher le produit dans les mêmes conditions sur une même façade ; respecter les épaisseurs recommandées par le fabricant ; privilégier l'application en deux passes ; serrer l'enduit ; réhumidifier l'enduit après application en cas de temps chaud et vent sec. Fiche mise à jour : juillet 2009 © Copyright SMABTP, 2002 - Tous droits réservés © Copyright Agence Qualité Construction, 2006 - Tous droits réservés

Agence Qualité Construction : « Désordres des enduits ...€¦ · Un support mal préparé, le retrait de l'enduit, les chocs thermiques ou une épaisseur insuffisante peuvent

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Fiches Pathologie

ENVELOPPES ET REVÊTEMENTS EXTÉRIEURS

« Désordres des enduits monocouches »

Le constatUn support mal préparé, le retrait de l'enduit, les chocs thermiques ou une épaisseur insuffisante peuvent être à l'origine de désordres au niveau des enduits monocouches.

Ceux-ci peuvent affecter l'étanchéité de la façade.

Le diagnostic des désordresLes maçonneries extérieures des maisons individuelles sont souvent recouvertes d'un enduit monocouche à base de liants hydrauliques. Ce produit appartient à la famille des enduits dits « performanciels », ce terme désignant un mortier dont les caractéristiques et les performance sont fixées a priori et ne peut, de ce fait, qu'être préfabriqué en usine. Avant sa mise en œuvre, il doit être malaxé dans une bétonnière durant le temps indiqué et avec la quantité d'eau mentionnée dans la notice du fabricant. Bien que réalisé en deux passes - la seconde étant appliquée sur la première encore fraîche - l'ensemble est considéré comme une seule couche. Cette technique s'oppose à celles des mortiers dits « courants » (appelés anciennement enduits « traditionnels ») exécutés en deux ou trois couches, échelonnées sur plusieurs semaines. Outre sa fonction décorative, l'enduit monocouche a surtout une fonction d'imperméabilisation des façades.

Parmi les défauts d'aspect, on peut distinguer le nuançage, l'apparition de spectres, les efflorescences lors du séchage, la carbonatation différentielle à long terme, les mousses et les salissures. Ils n'ont aucune incidence sur la qualité et la durabilité de l'enduit.

Les désordres affectant la durabilité

Brûlage

1. La fissuration est due au comportement du support (angles de baies, au droit des planchers, joints mal bourrés ou trop épais,…) mais également aux conditions d'application (excès d'eau, temps de malaxage insuffisant, humidification insuffisante du support, temps sec et chaud, variation d'épaisseur,…) ;

2. Les pénétrations d'eau par porosité sont rares en l'absence de fissures. Elles sont dues à des épaisseurs insuffisantes d'enduit ; 3. Le décollement est consécutif à une mauvaise préparation du support (présence d'huile de décoffrage ou de poussières, humidification insuffisante, support

gorgé d'eau, absence de couche d'accrochage,…) ; 4. Le brûlage (ou grillage) est dû à une dessiccation prématurée de l'enduit par absorption d'eau par le support ou du fait des conditions atmosphériques (temps

chaud, vent sec). 5. Le cisaillement du support se rencontre sur les supports à faibles caractéristiques mécaniques (béton cellulaire). Il est dû à l'application d'un enduit inadapté

à ce type de support.

Les points sensibles

● Cahiers du CSTB n° 2669 (mars 2002) sur les enduits monocouches d'imperméabilité.

Les conseils de prévention

Nombre de désordres peuvent être évités ou atténués en respectant les conditions de préparation du support et d'application du produit :

● appliquer un produit adapté au support ;

● bien nettoyer le support ;

● utiliser une couche d'accrochage, si nécessaire ;

● humidifier le support ;

● respecter la quantité d'eau de gâchage ;

● respecter le temps de malaxage ;

● toujours gâcher le produit dans les mêmes conditions sur une même façade ;

● respecter les épaisseurs recommandées par le fabricant ;

● privilégier l'application en deux passes ;

● serrer l'enduit ;

● réhumidifier l'enduit après application en cas de temps chaud et vent sec.

Fiche mise à jour : juillet 2009

© Copyright SMABTP, 2002 - Tous droits réservés © Copyright Agence Qualité Construction, 2006 - Tous droits réservés

Fiches Pathologie - Glossaire

ENVELOPPES ET REVÊTEMENTS EXTÉRIEURS

« Désordres des enduits monocouches »

RetraitContraction d'un matériau provoquée soit par son refroidissement (métaux) soit par un abaissement de taux d'humidité (bois, argiles), soit par élimination de l'eau de gâchage excédentaire (bétons, enduits), soit par évaporation d'un solvant (colles, peintures, enduits plastiques), soit encore par dessiccation ou par cuisson (poteries, briques...).

Choc thermiqueElévation ou baisse soudaine de température qui ne s'applique pas de façon uniforme à la surface ou dans la masse d'un élément ; il s'ensuit des tensions internes qui, pour les matériaux sujets à dilatation ou à retrait thermique, peuvent provoquer leur rupture (par ex. casse thermique du verre).

Les chocs thermiques sont à l'origine de certaines fissurations des maçonneries, en particulier au droit des cheminées.

Enduit monocoucheDésigne un enduit extérieur de façade, qui possède là une triple fonction d'imperméabilisation, d'uniformisation des parois de maçonnerie, et de finition esthétique des façades et se distingue des enduits de mortiers courants par les caractéristiques suivantes :

● il s'agit d'enduits performanciels, c'est-à-dire exclusivement dosés et adjuvantés avec précision, mélangés en usine, et livrés en sacs prêts à gâcher (parfois en silos mobiles) ;

● leur application par projection mécanique (pompe à mortier, parfois pompe à plâtre ou pot de projection) se fait en deux passes successives (en général avec 2 à 5 heures d'intervalle) ;

● un seul et même mélange, teinté dans la masse, sert à réaliser aussi bien la première que la seconde passe ;

● l'épaisseur cumulée des deux passes avoisine 12 à 15 mm (pour assurer l'imperméabilisation, aucun point de l'enduit fini ne doit avoir moins de 10 mm) ;

La mise en œuvre des enduits monocouche est traditionnelle et relève du DTU 26.1, leur homologation relève de la certification « certifié CSTB certified ».

Enduit traditionnelLes enduits de mortiers courants d'imperméabilisation sont exécutés en mortier de ciment, de chaux hydraulique ou de chaux aérienne, ou, par mélange de liants, en mortier bâtard. Ils peuvent être performanciels (donc fabriqués en usine) ou de recette (c'est à dire fabriqué in-situ suivant un dosage à respecter). Ils se composent de trois couches successives, dont chacune a un rôle précis :

● une couche d'accrochage rugueuse, ou gobetis. Fortement dosée en ciment ;

● une couche épaisse, dite corps d'enduit, de 15 à 20 mm d'épaisseur. Cette seconde couche doit assurer l'essentiel de l'imperméabilisation, tout en donnant à l'ouvrage sa planéité générale ; son dosage moyen en ciment et en eau doit rendre le corps d'enduit peu sensible à la fissuration par retrait. Cette couche est dressée à la règle sur repères, et resserrée par talochage, mais non lissée ;

● une couche de finition, de 3 à 8 mm d'épaisseur, qui donne son aspect esthétique à l'enduit, et peut constituer un complément d'imperméabilisation. Appliquée au moins 15 jours après le corps d'enduit, cette couche est la moins dosée en ciment, pour être peu sensible au faïençage.

Les enduits de mortiers courants relèvent également du DTU 26.1.

Certifié CSTB certifiedLa certification certification « certifié CSTB certified » atteste :

● de la compatibilité de l'enduit avec les supports en maçonnerie ;

● la catégorie de l'enduit (OC1 enduit applicable sur tous supports en maçonnerie Rt1, Rt2 ou t 3, OC2 enduit applicable sur supports de maçonnerie Rt2 et Rt3, OC3 enduit applicable sur supports en maçonnerie Rt3). L'indice Rt traduisant la résistance à l'arrachement de la surface à enduire.

Elle informe, par ailleurs, sur les caractéristiques de l'enduit : CS (résistance à la compression), W (absorption d'eau par capillarité) et Re (rétention d'eau)

NuançageAltération plus ou moins localisée de la couleur d'un revêtement ou d'un ouvrage de peinture, caractérisée par une modification graduelle de leur teinte.

Le nuançage peut aussi être seulement dû à une différence de relief superficiel qui "accroche" la lumière de façon différente, produisant une impression visuelle de différence de teinte.

EfflorescenceFormation d'un dépôt cristallin blanchâtre à la surface des enduits hydrauliques, des briques, des pierres ; sur les enduits, il s'agit le plus souvent d'une carbonatation, formation de cristaux de carbonate de chaux.

De façon générale, les efflorescences traduisent une migration de sels solubles, qui sont entraînés par l'humidité vers la surface des murs oú ils cristallisent lorsque l'eau s'évapore.

La plupart des efflorescences peuvent être éliminées par brossage des surfaces avec une solution légèrement acide (acide sulfurique, ou muriatique dilué), suivi d'un rincage abondant à l'eau claire.

Carbonatation

Phénomène de carbonatation (source DICOBAT)

Transformation de l'oxyde de calcium (CaO), c'est-à-dire de la chaux en carbonate de calcium (CaCO3), sous l'action acide du gaz carbonique de l'air.

Cette réaction accompagne la prise de tous les liants hydrauliques (ciments et chaux) : la chaux libre dégagée par la prise, qui est partiellement soluble, est entraînée par l'eau en excès vers la surface des bétons, mortiers et enduits, à travers leurs capillaires.

Au contact de l'air, cette eau s'évapore en déposant des cristaux de carbonate. Sous certaines conditions hygrothermiques (température inférieure à 8°C et forte humidité), l'évaporation de l'eau chargée de carbonate s'effectue à l'orifice des capillaires : dans ce cas, les cristaux déposés sont visibles, sous la forme d'efflorescences de carbonatation, blanchâtres, particulièrement fâcheuses sur les enduits de parement teintés.

Dans le cas contraire, le dépôt de cristaux s'effectue à l'intérieur des capillaires, et reste donc non visible à la surface, mais s'accompagne d'une réduction du pH.

GrillageConséquence pathologique de la dessiccation d'un enduit dont l'eau de gâchage a été éliminée prématurément (absorption par le support ou évaporation externe), avant qu'il ait pu terminer sa prise. Le grillage se traduit par un manque de cohésion et un effritement plus ou moins spontané de l'enduit grillé.

Couche d'accrochageCouche de produit fluide (impression, primaire, etc.) ou de mortier (gobetis d'accrochage) appliqué sur un subjectile avant la mise en oeuvre d'un revêtement, pour favoriser ou améliorer son adhérence.

Serrer (un enduit)Parlant d'un enduit, c'est reprendre sa finition et le compacter à la taloche, à la lisseuse ou au bouclier lorsqu'il commence à s'affermir (à tirer) : resserrage d'un enduit

Préparation du supportExtraits du NF DTU 26.1 Travaux d'enduits de mortiers (avril 2008) Partie 1-1 : cahier des clauses techniques

6.1 État et préparation des supports

Les supports en maçonnerie destinés à recevoir un enduit adhérent doivent être solides et cohésifs. Ils seront propres, exempts d'efflorescences, de salpêtre, de plâtre, terre, peinture, produit de décoffrage ou tout produit pouvant nuire à l'adhérence de l'enduit.

Les balèvres de hourdage trop saillantes doivent être arasées.

Les maçonneries de briques de terre cuites, sont arrosées moins d'une demi heure avant l'enduisage ou à l'avancement. Cet arrosage est indépendant des conditions atmosphériques et de la rétention d'eau du mortier frais. Si les conditions de chantier font que ce délai est dépassé, les maçonneries seront de nouveau arrosées.

La surface du support ne doit pas être ruisselante d'eau lors de l'application du mortier frais.

6.1.1 Préparation des surfaces localisées présentant des défauts de planéité

Suivant l'importance des épaisseurs à recharger, il est exécuté un dressement en surcharge ou renformis au mortier ayant la même composition que le corps d'enduit.

Une armature de renfort, conforme aux dispositions de NF DTU 26.1 P1-2 (CGM), doit être incorporée lorsque l'épaisseur du redressement dépasse 30 mm. Le délai minimal de durcissement avant l'application de l'enduit est de 2 à 7 jours suivant la nature du liant et l'épaisseur.

Lorsque l'épaisseur à recharger dépasse 5 cm, le redressement en surcharge est remplacé par un ouvrage en maçonnerie compatible avec celui de la paroi du support.

6.1.2 Gobetis d'accrochage

La réalisation d'un gobetis d'accrochage permettant la bonne adhérence au support de maçonnerie des couches ultérieures d'enduit est nécessaire :

● pour l'application manuelle ou par projection d'enduits multicouches ou monocouche sur maçonnerie d'éléments présentant des défauts tels que des joints de hourdage disproportionnés (≥ 15 mm) ou irréguliers, des porosités différentes (ex. briques de différentes natures) ;

● en cas de maçonnerie hétérogène (ex. blocs de béton et briques).

Conditions d'applicationExtraits du NF DTU 26.1 Travaux d'enduits de mortiers (avril 2008) Partie 1-1 : cahier des clauses techniques

4.2 Conditions climatiques

On admet habituellement que les travaux d'enduit minéral peuvent être exécutés lorsque la température est comprise entre + 5 °C et + 30 °C pour les mortiers contenant un liant hydraulique (ciment ou chaux et ciment) ou entre + 8 °C et + 30 °C pour les mortiers exclusivement à base de chaux, et les enduits colorés de finition décorative.

Les travaux d'enduits ne doivent pas être entrepris en période de gel, sauf précautions spéciales :

● sur des supports chauds ou desséchés ;

● par vent sec ;

● pour les enduits colorés de parement, par temps de pluie, brouillard, ou forte humidité et température inférieure à + 8 °C ; ceci afin d'éviter la formation d'efflorescences blanchâtres.

Parmi les précautions spéciales à prendre au-dessus de + 30 °C, on peut citer :

● la protection des supports (ex. bâches ou filets) contre un échauffement excessif dû au rayonnement solaire ;

● l'humidification dans la masse des supports desséchés ;

● l'application sur les surfaces à l'ombre.

Bibliographie

Textes de référence

● NF DTU 26.1 Travaux d'enduits de mortiers - Partie 1-1 : cahier des clauses techniques (avril 2008).

● Liste des certificats « certifié CSTB certified ».

Documentation

Edition Juillet 2009 des Communiqués de la Commission Prévention Produits mis en oeuvre (C2P) de l'AQC :

● Communiqué n° 42 « Application de revêtements minces ou à base d'enduits hydrauliques sur des panneaux de façade travaillants à base de bois, en l'absence de lame d'air (NT) », suspendu en juillet 2009.

Note : Lorsqu'une famille visée par un communiqué ne contient plus d'Avis Technique en cours de validité, le communiqué correspondant est suspendu. L'intitulé du communiqué subsiste dans la liste pour rappeler le risque possible si un produit ou procédé proche venait à réapparaître.

Fiche mise à jour : juillet 2009

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