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www.societe-de-lecture.ch AGENDA Imprimé sur papier FSC issu de forêts bien gérées, FSC ® C008839 JAB 1204 Genève PP / Journal LES LIVRES ONT LA PAROLE Conférences et entretiens 2 oct Rencontre avec Anne Nivat entretien mené par Pascal Schouwey extra-muros, Théâtre de Carouge, 20 h - 21 h 30 7 oct Max Lobe, Bantou à Genève : un acteur et un témoin entretien mené par Pascal Schouwey 9 oct Séductions orientales complet Par Malek Chebel entretien mené par Pascal Schouwey 14 oct Rencontre avec complet Jean d’Ormesson entretien mené par Patrick Ferla 16 oct Gandhi l’Africain complet Par Gilbert Sinoué entretien mené par Pascal Schouwey 16 oct Gandhi l’Africain complet Par Gilbert Sinoué entretien mené par Pascal Schouwey 28 oct Les Couleurs du sultan, complet entre réalité et fiction par Isabelle Hausser 30 oct Quelque part entre complet Guerre et Paix par James Hill Grâce au soutien de Mirabaud & Cie SA, banquiers privés et du Mandarin Oriental Genève ATELIERS 8 et Cercle des amateurs 29 oct de littérature française par Isabelle Stroun mercredi 12 h 15 - 13 h 45 7 et Ont-ils réellement existé ? 28 oct La part du mythe et de l’histoire chez quelques grandes figures de la Bible par Gabriel de Montmollin mardi 18 h 30 - 20 h 1 et Yoga du rire 15 oct par Jean-Dominique Michel mercredi 12 h 30 - 13 h 30 6 et Yoga nidra 27 oct par Sylvain Lonchay lundi 12 h 45 -13 h 45 ou 14 h -15 h 30 10 oct Renouer avec sa voix 1 complet par Aurélie Jaecklé vendredi 11 h 15 - 12 h 15 10 et Renouer avec sa voix 2 complet 31 oct par Aurélie Jaecklé vendredi 12 h 30 - 13 h 45 14 et Atelier d’écriture complet 28 oct Nouvelle ou conte : à vous d’écrire ! par Geoffroy et Sabine de Clavière mardi 18 h 30 - 21 h omme les écoliers qui retrouvent leurs camarades de classe le premier jour d’école, la rentrée littéraire est pour nous l’occasion de renouer avec quelques noms familiers : Frédéric Beigbeder, Emmanuel Carrère, David Foenkinos, Siri Hustvedt, Marc Lévy, Haruki Murakami, Amélie Nothomb, Jean d’Ormesson qui surnagent média- tiquement parmi les 607 nouvelles publications recensées par le journal Le Monde. La presse spécialisée en fait d’ail- leurs la critique avec plus ou moins d’éloges, donnant au lecteur abasourdi et momentanément perdu la sensation d’un écho répétant à l’infini le même son ténu. Sans les omettre – car il s’y trouve des perles – la Société de Lecture vous propose, quant à elle, un choix éclectique de livres souvent moins médiatisés, la rentrée étant aussi l’occasion de faire de nouvelles connaissances : Le mauvais ( LD 424 ) du Japonais Shuichi Yoshida joue, par exemple, avec les codes du polar de façon très originale ; Constellation ( LM 2963 ), d’Adrien Bosc, se penche sur le destin singulier des victimes d’un accident d’avion qui, en 1949, coûta la vie à Marcel Cerdan et Ginette Neveu. Dans Joseph ( LHA 4248 ), Marie-Hélène Lafon saisit avec brio l’indicible agonie du monde rural. Bruno Fuligni nous emmène dans un inou- bliable Tour du monde des terres françaises oubliées ( HG 1815 ). Peut-être vous laisserez-vous même séduire par un roman graphique ? Dans Une affaire de caractères ( RGA 15 ) François Ayroles rend un hommage érudit et facétieux à l’Oulipo. Vous trouverez ainsi dans les pages de Plume au Vent de quoi satisfaire votre appétit de nouveautés et des livres moins récents qui méritent toute votre attention. Ainsi Vivre à présent ( LLB 315/33 ), le dernier roman de Nadine Gordimer, prix Nobel de littérature récemment décédée, qui ne dépare pas le reste de son œuvre talentueuse ; ou encore Guerre et neutralité ( HH 1119 ), de l’historien améri- cain H. R. Reginbogin, qui revient sur l’attitude des pays neutres face à l’Allemagne nazie. Néanmoins, comme dans une cour de récréation, vous ferez peut-être de mauvaises rencontres, et il vous faudra alors, dans votre quête d’écri- vains, prendre le risque de ne croiser que des écrits vains ( loin de là notre intention ). Maxime Canals, bibliothécaire responsable et conservateur des collections C EDITO CERCLES DE LECTURE 6 oct L’actualité du livre animé par Pascal Schouwey lundi 18 h 30 - 20 h 30 13 oct Les pieds dans la page complet animé par Pascal Schouwey lundi 18 h 30 - 20 h 30 27 oct Vous reprendrez bien complet un peu de classiques ? animé par Florent Lézat lundi 18 h 30 - 20 h Grâce au soutien de Valartisbank et de Moser Vernet et Cie LES RENDEZ-VOUS OUISTITI DU MERCREDI 15 oct Récite-moi La Fontaine par Fiami, dès 7 ans mercredi 15 h 30 -17 h, goûter offert Le programme jeunesse est organisé grâce au généreux soutien du Bongénie, de l’Ecole Moser, de la Fondation Coromandel et de Pury Pictet Turrettini & Cie SA Réservations indispensables à la Société de Lecture au 022 311 45 90 ou [email protected] Pour le prix des places, merci de vous référer à notre site www.societe-de-lecture.ch ou auprès de notre secrétariat. n o 386 octobre 2o14 paraît 1o x par an

agenda€¦leurs la critique avec plus ou moins d’éloges, donnant au lecteur abasourdi et momentanément perdu la sensation ... Dans Joseph ( LHA 4248 ),

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SC®

C00

8839

JAB1204 GenèvePP / Journal

les livres ont la parole

Conférences et entretiens 2 oct Rencontre avec Anne Nivat

entretien mené par Pascal Schouwey extra-muros, Théâtre de Carouge,

20 h - 21 h 30

7 oct Max Lobe, Bantou à Genève : un acteur et un témoin

entretien mené par Pascal Schouwey

9 oct Séductions orientales complet

Par Malek Chebel entretien mené par Pascal Schouwey

14 oct Rencontre avec complet

Jean d’Ormesson entretien mené par Patrick Ferla

16 oct Gandhi l’Africain complet

Par Gilbert Sinoué entretien mené par Pascal Schouwey

16 oct Gandhi l’Africain complet

Par Gilbert Sinoué entretien mené par Pascal Schouwey

28 oct Les Couleurs du sultan, complet entre réalité et fiction

par Isabelle Hausser

30 oct Quelque part entre complet

Guerre et Paix par James Hill

Grâce au soutien de Mirabaud & Cie SA, banquiers privés et du Mandarin Oriental Genève

ateliers

8 et Cercle des amateurs 29 oct de littérature française par Isabelle Stroun mercredi 12 h 15 - 13 h 45

7 et Ont-ils réellement existé ? 28 oct La part du mythe et de l’histoire

chez quelques grandes figures de la Bible

par Gabriel de Montmollin mardi 18 h 30 - 20 h

1 et Yoga du rire 15 oct par Jean-Dominique Michel mercredi 12 h 30 - 13 h 30

6 et Yoga nidra 27 oct par Sylvain Lonchay lundi 12 h 45 -13 h 45 ou 14 h -15 h 30

10 oct Renouer avec sa voix 1 complet par Aurélie Jaecklé vendredi 11 h 15 - 12 h 15

10 et Renouer avec sa voix 2 complet 31 oct par Aurélie Jaecklé vendredi 12 h 30 - 13 h 45

14 et Atelier d’écriture complet

28 oct Nouvelle ou conte : à vous d’écrire ! par Geoffroy et Sabine de Clavière mardi 18 h 30 - 21 h

omme les écoliers qui retrouvent leurs camarades de classe le premier jour d’école, la rentrée littéraire

est pour nous l’occasion de renouer avec quelques noms familiers : Frédéric Beigbeder, Emmanuel Carrère, David Foenkinos, Siri Hustvedt, Marc Lévy, Haruki Murakami, Amélie Nothomb, Jean d’Ormesson qui surnagent média-tiquement parmi les 607 nouvelles publications recensées par le journal Le Monde. La presse spécialisée en fait d’ail-leurs la critique avec plus ou moins d’éloges, donnant au lecteur abasourdi et momentanément perdu la sensation d’un écho répétant à l’infini le même son ténu. Sans les omettre – car il s’y trouve des perles – la Société de Lecture vous propose, quant à elle, un choix éclectique de livres souvent moins médiatisés, la rentrée étant aussi l’occasion de faire de nouvelles connaissances : Le mauvais ( LD 424 ) du Japonais Shuichi Yoshida joue, par exemple, avec les codes du polar de façon très originale ; Constellation ( LM 2963 ), d’Adrien Bosc, se penche sur le destin singulier des victimes d’un accident d’avion qui, en 1949, coûta la vie à Marcel Cerdan et Ginette Neveu. Dans Joseph ( LHA 4248 ),

Marie-Hélène Lafon saisit avec brio l’indicible agonie du monde rural. Bruno Fuligni nous emmène dans un inou-bliable Tour du monde des terres françaises oubliées ( HG 1815 ). Peut-être vous laisserez-vous même séduire par un roman graphique ? Dans Une affaire de caractères ( RGA 15 ) François Ayroles rend un hommage érudit et facétieux à l’Oulipo. Vous trouverez ainsi dans les pages de Plume au Vent de quoi satisfaire votre appétit de nouveautés et des livres moins récents qui méritent toute votre attention. Ainsi Vivre à présent ( LLB 315/33 ), le dernier roman de Nadine Gordimer, prix Nobel de littérature récemment décédée, qui ne dépare pas le reste de son œuvre talentueuse ; ou encore Guerre et neutralité ( HH 1119 ), de l’historien améri-cain H. R. Reginbogin, qui revient sur l’attitude des pays neutres face à l’Allemagne nazie. Néanmoins, comme dans une cour de récréation, vous ferez peut-être de mauvaises rencontres, et il vous faudra alors, dans votre quête d’écri-vains, prendre le risque de ne croiser que des écrits vains ( loin de là notre intention ). Maxime Canals, bibliothécaire

responsable et conservateur des collections

C

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cercles de lecture

6 oct L’actualité du livre animé par Pascal Schouwey lundi 18 h 30 - 20 h 30

13 oct Les pieds dans la page complet animé par Pascal Schouwey lundi 18 h 30 - 20 h 30

27 oct Vous reprendrez bien complet

un peu de classiques ? animé par Florent Lézat

lundi 18 h 30 - 20 h

Grâce au soutien de Valartisbank et de Moser Vernet et Cie

les rendez-vous ouistiti du mercredi

15 oct Récite-moi La Fontaine par Fiami, dès 7 ans

mercredi 15 h 30 -17 h, goûter offert

Le programme jeunesse est organisé grâce au généreux soutien du Bongénie, de l’Ecole Moser, de la Fondation Coromandel et de Pury Pictet Turrettini & Cie SA

Réservations indispensables à la Société de Lecture au 022 311 45 90 ou [email protected] le prix des places, merci de vous référer à notre site www.societe-de-lecture.ch ou auprès de notre secrétariat.

no 386 octobre 2o14 paraît 1o x par an

mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture2 ROMANS, LITTéRATuRE

ROMANS,LITTéRATuRELaure ADLER avec la collaboration de Delphine Poplin

Marguerite DurasParis, Flammarion, 2014, 247 p.

A l’occasion du centenaire de la naissance de Marguerite Duras, Laure Adler nous offre une mise en images splendide de la vie et de l’œuvre de cet immense auteur, où se mêlent souvenirs, photographies, manuscrits, facsimilés et correspondances provenant des archives de l’Institut de la mémoire de l’édition contemporaine. Ce bel ouvrage qui s’articule en cinq parties, de l’enfance en Indochine à la consécra-tion, nous dévoile les multiples visages et identités de « ce personnage qui aimait tant se dérober ». Cet album somptueux illustre et complète à merveille la biogra-phie de Marguerite Duras ( LCD 1262 ) dans laquelle Laure Adler avait tenté de distin-guer la vérité de la fiction, et de démêler les différentes versions que cette femme engagée dans les combats de son temps avait données de son existence. « Aurait-elle été écrivain si elle n’avait pas eu à sa disposition cette boîte à images merveil-leuse et cruelle à la fois, de l’enfance indo-chinoise ? » se demande Laure Adler. Cette iconographie fascinante nous invite à redécouvrir l’univers de Marguerite Duras, pour qui l’écriture servait à ré-enchanter le réel. LCD 1688 Laure Adler sera à la Société de Lecture le 11 novembre.

Paul AUSTER

Excursions dans la zone intérieureTraduit de l’anglais ( Etats-Unis ) par Pierre FurlanArles, Actes Sud, 2013, 293 p.

une fleur de plus dans le magnifique jar-din que constitue l’œuvre du romancier américain Paul Auster, Excursions dans la zone intérieure est un livre de souve-nirs. Des souvenirs importants aux yeux de l’auteur, car c’est à travers eux que sa personnalité s’est forgée. La petite enfance, la jeunesse et le début de l’âge adulte de Paul se déroulent sous les yeux du lecteur. Les films, les livres, le base-ball, l’école et l’université, les lettres échangées avec sa première femme en font la trame. Que dire de ce recueil ? Peut-être que c’est un livre pour les amis d’Auster. C’est bien une fleur dans son jar-din, mais pas la plus éclatante car rien ne vaut ses romans dans lesquels s’exprime la richesse de son imagination et l’origi-nalité de son inspiration. LM 2933

Jo BAKER

LongbournLondon, Random House, 2014, 443 p.

Longbourn, as any Jane Austen fan will know, is the name of the Bennet family home, and Jo Baker’s new novel is a reim-agining of Pride and Prejudice ( LLB 152/1 ) from servant’s point of view. Whereas in Austen’s book, the servants are merely “ghostly presences”, with the dinners, dresses and carriages simply part of the backdrop to the action, in Longbourn, they

are the principal characters with their own concerns and dramas. The central voice is the housemaid, Sarah, who is the same age as Jane and Elizabeth. An orphan, and although grateful for her position and the stability of life at Longbourn, she sees lit-tle hope for her future, and it is only when the Bingleys arrive at Netherfield, bringing an ex-slave manservant, and when a new footman arrives at Longbourn, does the possibility of a different life arise. Though their story unfolds at the same time as the familiar events upstairs, it is the little details that form the plot of Longbourn ; money earned through trade and a flogged soldier bring slavery and war to their lives. Longbourn is not an affluent household, and Sarah, along with the other servants, Mr. and Mrs. Hill, James, and Polly, is over-worked and exhausted. There is plenty of domestic detail, the early morning fires, meals to be cooked, horses to be taken care of and muddy shoes to be cleaned, and the hardships of washday present a whole new perspective on Elizabeth’s deter-mination to tramp across muddy fields.

LHC 1431 B

Alessandro BARICCO

Mr GwynTraduit de l’italien par Lise CaillatParis, Gallimard, 2011, 183 p.

Jasper Gwyn, Londonien fantaisiste et subtil, écrivain célèbre et apprécié, décide brusquement de cesser d’écrire, au grand désespoir de son agent littéraire et ami. Supportant difficilement le sevrage, il se rend compte alors qu’il lui faut retrou-ver l’écriture, mais autrement. Mr Gwyn deviendra donc portraitiste, ou plutôt

« copiste de gens », révélant ses modèles à eux-mêmes en racontant l’histoire qui les habite, le paysage qu’ils portent en eux. Pour ce faire, un rituel intime et privé s’instaure. Ses modèles, consen-tants puisque clients, doivent être nus pour apparaître dans leur vérité, et se laisser observer pendant un mois plu-sieurs heures par jour dans un atelier minutieusement aménagé. Les ampoules électriques, faites main, produisent une lumière « enfantine » et sont program-mées pour mourir au bout de trente-deux jours. une bande-son de soixante-douze heures crée une ambiance envoûtante. Ecrire dans une solitude totale un texte destiné à une seule personne est la quin-tessence du métier d’auteur, le fantasme de tout écrivain. Pourtant, un client ne jouera pas le jeu, révélera l’entreprise et Mr Gwyn, clandestin dans un monde qui ne lui convient pas, disparaîtra. Ce n’est que bien des années plus tard que Rebecca, son assistante, découvrira l’utilité du pro-jet du copiste. Les portraits sont en effet la pierre angulaire d’une histoire plus large aux tiroirs à double fond. LHE 680

Anne BEREST

Sagan 1954Paris, Stock, 2014, 198 p.

Son précédent roman, Les patriarches, avait été sélectionné pour le prix Sagan. C’est ainsi que le fils de la romancière disparue en 2004 a fait la connaissance d’Anne Berest et qu’il lui a proposé d’écrire sur sa mère. Il voulait qu’elle raconte l’his-toire de la parution de Bonjour tristesse ( LHA 6580 ) – à l’occasion de l’anniver-

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Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 ROMANS, LITTéRATuRE 3

saire de sa sortie – afin que les nouvelles générations apprennent à travers un jeune auteur d’aujourd’hui ce qu’a représenté ce livre dans la société française du début des années cinquante. Et aussi, sans doute, qu’elles découvrent une autre vérité sur Sagan, par-delà la légende du « char-mant petit monstre » dont elle n’était ni responsable ni dupe. Le résultat est tout en fraîcheur et constitue une belle évocation conjuguant l’art de l’essai, de l’autofiction, du roman et de la biographie. En effet, au récit de situations qu’a vécues Sagan, Anne Berest insère dans le plus grand respect des dialogues et des faits de son invention qu’elle émaille d’éléments liés à sa propre vie. En plein désarroi senti-mental, l’auteur lie une amitié improbable avec la grande dame de la littérature… A assortir de la relecture des livres de celle qui était née moderne dans une société encore très figée. LHA 11116

Gérard BONAL

ColetteParis, Perrin, 2014, 361 p.

Gérard Bonal, spécialiste de l’œuvre de Colette, revisite le parcours stupéfiant de cette figure avant-gardiste aux dons excep-tionnels, qui s’est toujours tenue à l’écart des mouvements littéraires de la première moitié du XXe siècle. Tour à tour écrivain, journaliste, scénariste, marchande de produits de beauté, comédienne, critique d’art, découvreuse de talents, Colette a goûté à tout et osé toutes les transgres-sions. En prise directe avec le monde, cette pionnière de génie qui disait « Je veux faire ce que je veux » a mené sa vie et sa car-rière avec audace en se moquant de l’opi-nion publique. Destin fabuleux que celui de cette enfant née dans la campagne bour-guignonne, qui accumulera honneurs et hommages dans ses dernières années. En se basant sur des documents inédits, cette biographie étourdissante explore toutes les facettes de cette éblouissante femme de lettres dont la liberté était le fil conducteur.

LCD 908

Adrien BOSC

ConstellationParis, Stock, 2014, 193 p.

Constellation est le premier roman d’Adrien Bosc, par ailleurs journaliste et fondateur d’une revue sportive. Cet ouvrage, inti-tulé « roman » par son éditeur, tient plus du reportage que d’une fiction ou d’une fibre narrative. En effet, Constellation est l’analyse minutieuse de l’accident du nouvel avion d’Air France, le Constellation, survenu le 27 octobre 1949 dans l’archipel des Açores. Ce crash mystérieux a entraîné la mort de tous les passagers et de l’équi-page. Les circonstances resteront à jamais peu claires, même si une commission d’enquête en a épluché les faits et alors que les pilotes de l’appareil étaient plus que chevronnés. Cette tragédie a fait la

une des journaux de l’époque, en grande partie à cause de l’identité de certains passagers très connus comme le boxeur amoureux d’Edith Piaf, Marcel Cerdan et la violoniste de génie, Ginette Neveu. Bosc revient sur tous ces éléments, et surtout passe au scanner la vie de ces personnes, il décrit leurs dernières heures, pourquoi ils se sont embarqués dans un avion au lieu de prendre un bateau. C’est assez triste et mélancolique et, sans doute, Adrien Bosc a-t-il voulu explorer les notions de destin et de hasard, ce qui fascine et trouble à la fois. En résumé, un livre intéressant et qui se lit bien. LM 2963

Andrea CAMILLERI

La danse de la mouette : une enquête du commissaire MontalbanoTraduit de l’italien ( Sicile ) par Serge QuadruppaniParis, Fleuve noir, 2014, 299 p.

Fazio, le fidèle adjoint du commissaire Montalbano, a disparu. Deux détonations ont été entendues peu avant 4 h du matin sur le port de Vigáta, du côté des entre-pôts. Est-il mort ou prisonnier ? L’heure est grave. Profondément affecté, le célèbre commissaire en oublie Livia, son amie de toujours, avec qui il avait rendez-vous. L’enquête se déroule tambour battant : chantage, assassinats, fusillades, tra-fics et affrontements avec la mafia. En filigrane, l’auteur critique la bureaucra-tie et la corruption qui règnent dans le pays. « L’Italie est une république fondée sur le trafic de drogue, le retard systéma-tique et le bavardage dans le vide ». Les inconditionnels d’Andrea Camilleri seront séduits par ce nouveau roman à l’humour percutant et à la langue savoureuse, qui sont l’image de marque du populaire écrivain sicilien. LHE 676

Patricia CORNWELL

Traînée de poudreTraduit de l’anglais ( Etats-Unis ) par Andrea H. JappArcueil, Editions des Deux Terres, 2014, 478 p.

Gail Shipton est retrouvée assassinée sur le campus du Massachusetts Institute of Technology à Boston. L’illustre médecin légiste Kay Scarpetta est chargé de l’en-quête. Les indices découverts sur la jeune femme indiquent que cette affaire est liée à une série d’homicides sur lesquels investiguent son mari Benton, profiler au FBI, et sa nièce Lucie, experte en informa-tique et technologie légales. Manipulation, corruption au plus haut niveau, magouilles politiques, pouvoir de l’argent et autres secrets sont au cœur de cette intrigue sombre et oppressante. Parviendront-ils à découvrir ce tueur en série et à cerner le véritable ennemi ? LHC 1042

Patrick DEVILLE

VivaParis, Seuil, 2014, 211 p.

un roman bouillonnant de petites histoires qui dérivent de la grande et la rejoignent la plupart du temps. En effet, Patrick Deville a situé son dernier ouvrage dans le Mexico des années trente, au sein de sa commu-nauté artistique et politique qui fourmille d’événements. Frida Kahlo et Diego Rivera accueillent Trotski en fuite qui met sur pied la IVe Internationale et s’efforce de résister aux procès que lui intente Moscou. Sa fin sera tragique comme on le sait. un autre héros, l’écrivain Malcolm Lowry rédige Au-dessous du volcan ( LHC 3572 ) et finira mal, lui aussi. Ce roman est un kaléidos-cope de personnages qui se sont croisés, tous doués et tourmentés, ayant vécu à des moments clés. Le lecteur apprend beau-coup, même si les faits décrits ne le sont pas dans une suite très logique ni claire. Il sera sensible à l’atmosphère qui règne dans ce groupe assez libre de mœurs et porté par la créativité, mais où le talent rejoint souvent le déséquilibre et la folie.

LHA 11110

Jean-Paul DIDIERLAURENT

Le liseur du 6 h 27Vauvert, Au diable vauvert, 2014, 217 p.

La lecture peut changer votre vie ; vous n’ignorez pas cela, chers lecteurs de ces pages, et cette charmante fable le confir-

mera. Le jour, Guylain Vignolles pilonne des livres, des invendus que sa machine dévore par camions entiers. Et chaque matin, il puise un fragile réconfort à lire à haute voix quelques pages échappées du massacre, dans le RER de 6h27. Bientôt, invité par les sœurs Delacôte, conquises à ses lectures, il se transportera devant un auditoire autrement haut en couleurs. un jour, le strapontin du RER laisse échapper une clé uSB ; les soixante-douze textes qu’elle renferme dessinent en creux le portrait d’une mystérieuse jeune fille. Les textes le touchent, ils deviennent ses nou-veaux objets de lecture. Son ami Giuseppe, dont les jambes happées par la machine ont fait l’objet d’une recherche émou-vante et très particulière, se lance à sa recherche. La suite ? Vous la dévorerez fébrilement, touchés par ces personnages croqués sur le vif, dont l’humanité simple sait réenchanter le quotidien, et c’est le sourire aux lèvres que vous refermerez le livre.

Marc DUGAIN

L’empriseParis, Gallimard, 2014, 314 p.

L’intrigue du dernier ouvrage de Marc Dugain se situe au cœur de la politique française. L’auteur a mêlé les rebondisse-ments des campagnes de plusieurs prési-dents, de même que certains aspects de la vie et du caractère de quelques stars du paysage politique hexagonal, sans

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Laurent KOUTAÏSSOFF

Le sourire de ThérèseGenève, Slatkine, 2014, 263 p.

Hormis l’authentique chagrin, tôt mué en ressentiment, éprouvé à la mort d’une petite sœur, on cherchera en vain un moment de grâce dans l’histoire du mari de Thérèse, un ambitieux qui est « arrivé » à n’importe quel prix, fût-ce celui de basses vilenies. Plus complice que victime, Thérèse a le sourire ironique de qui a découvert le pot-aux-roses, en l’occurrence un cahier mal dissimulé dans lequel un obs-cur cordonnier, le père de son mari, a consigné les faits d’une existence modeste si ce n’est besogneuse. En cruelle contradiction avec la péroraison avantageuse à laquelle Jean s’est livré, en présence de ses invités au nombre des-quels il s’enorgueillissait de compter le Préfet soi-même. Aussi, lorsque la voiture où le couple s’affronte violemment quitte la route, bascule dans un ravin et s’enflamme, le lecteur considère-t-il le spectacle sans plus d’états d’âme que le mystérieux personnage à l’œil purulent – Fantôme ? Fantasme ? – qui assiste à ce dénouement après avoir hanté de ses apparitions inquiétantes les jours et les nuits du champion de l’ascension sociale. Où la comédie humaine, très habilement agencée, finit en tragédie dénuée de grandeur. 16.2 KOU2

mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture4 ROMANS, LITTéRATuRE

tra des moments orageux et passionnés jusqu’à la dérive que l’on devine finale. éric Fottorino est maître de l’analyse de sentiments simples ou compliqués, mais surtout banalement humains. Alcide, lui, voudrait que tout le monde s’aime et vive bien ; Laura, ravissante et charmeuse, évo-lue sur un mode plus séducteur et désé-quilibré. Voilà l’histoire de ce couple et de leurs enfants, campée sans fioritures mais qui va immédiatement accrocher le lecteur. D’épisodes en incidents, celui-ci se laisse entraîner par la finesse de l’auteur et sa compassion pour les humains que nous sommes. un beau livre très touchant et sans pages inutiles. LHA 11115

Nadine GORDIMER

Vivre à présentTraduit de l’anglais ( Afrique du Sud ) par David FauquembergParis, Grasset, 2013, 478 p.

Avec ce roman qui raconte l’histoire d’un couple sud-africain métissé, Nadine Gordimer continue, avec le talent qui lui a valu le prix Nobel de littérature, d’explo-rer en profondeur l’histoire et la société sud-africaines. A la fin de l’apartheid, ce couple qui a lutté et s’est marié dans la clandestinité après avoir connu la prison et l’exil, peut enfin entamer une vie de famille normale à Johannesburg. Steve, blanc mi-juif, enseignant à la faculté des sciences, et Jabulile, d’origine zouloue, qui deviendra avocate, intègrent une banlieue paisible, avec pour voisins les membres d’une communauté gay, également sortie de l’illégalité grâce à la nouvelle situa-tion dans le pays. En compagnie de leurs anciens camarades de lutte, ils assistent à la transformation de l’Afrique du Sud tout en se réjouissant de l’émergence d’une nouvelle classe moyenne noire, et sont aussi témoins des maux qui accom-pagnent la sortie de l’apartheid : corrup-tion, persistance des inégalités sociales, clientélisme et affairisme, xénophobie à l’égard des voisins africains. S’il évoque sans complaisance les dérapages d’une société en devenir, ce roman pose égale-

ment la question de l’identité multiple de la nation arc-en-ciel et célèbre la foi dans un avenir meilleur. LLB 315/33

Simonetta GREGGIO

Les nouveaux monstres ( 1978-2014 )Paris, Stock, 2014, 401 p.

un testament-coup de théâtre, des filia-tions à démêler, la fin d’une lignée aristo-cratique… c’est Le guépard ( LHE 261 B ) qui vient d’abord à l’esprit, mais ces élé-ments romanesques ne sont là que pour servir de cadre à un propos qui est tout autre : raconter, à travers les lettres et les commentaires que vont échanger un grand-oncle jésuite avec sa petite-nièce, journaliste d’investigation de son état, les scandales et autres désordres qui affectent la péninsule italienne. une énu-mération, étayée en fin de volume par un déroulement chronologique qui informera les lecteurs soucieux d’histoire contempo-raine et attristera ceux qui ont des raisons d’aimer l’Italie. C’est en 1978 que sortait le film de Monicelli auquel ce « roman » emprunte son titre, et ces nouveaux monstres-là sont ceux qui ont surgi dans le monde politique au cours des trente-cinq années suivantes, alors qu’implo-saient le PCI et la Démocratie Chrétienne. Scandales de toutes sortes n’épargnant aucun milieu, fût-ce le Vatican, atten-tats, corruption, collusions des pouvoirs avec les différentes mafias, assassinats de magistrats intègres, etc., la liste est longue que couronne l’apothéose berlus-conienne. Si le grand-oncle est moyen-nement crédible en tant que jésuite, sa petite nièce en revanche emprunte visible-ment son expérience à l’auteur, une jour-naliste italienne qui vit à Paris et écrit en français. LM 2961

oublier la référence à un récent scandale. Cela donne un récit à suspense assez cynique et franco-français à vrai dire, mais qui tient le lecteur en haleine et lui permet de passer de bons moments.

LHA 11111

Eric DUPONT

La fiancée américaineParis, Editions du Toucan, 2014, 747 p.

Ces sept cents et quelques pages impri-mées menu ne sont pas de trop pour développer, étendue sur tout le XXe siècle et plusieurs continents, la saga de la famille Lamontagne. Elle commence à La Rivière-au-Loup, une petite ville du Québec où l’emprise de l’Eglise catholique est puissante, pour s’achever à Rome sur une scène inspirée de la Tosca, opéra qu’évoquent d’ailleurs maints autres épisodes dont le moindre n’est pas celui où, tel Cavadarossi à Sant’Andrea della Valle, un jeune prêtre artiste décore d’un chemin de croix l’église de La Rivière-au-Loup. Avec pour conséquences lointaines l’apparition de deux jumeaux aux noms d’archanges dont la correspondance échangée en troisième partie de l’ouvrage livrera les clés de quelques-uns des mystères dont il est habilement jalonné. Ces Lamontagne peu banals ont les yeux couleur sarcelle, ils portent une tache de naissance en forme de clé de fa et il y a chez eux à chaque génération une femme prénommée Madeleine. Faute d’en trouver sur place, la mère d’un Lamontagne à marier en importe une des Etats-unis, et cette fiancée, exotique au point de ne par-ler qu’anglais, amènera avec elle un livre de recettes qui sera pour sa descendance à l’origine d’une éclatante success story. Incarnant Marie dans une crèche vivante, elle pousse l’extravagance – ou le sens de l’à-propos – jusqu’à accoucher en pleine messe de minuit. Cet enfant-là, doué d’une force peu commune, sera surnommé le Cheval et renommé comme conteur d’histoires. C’est sur ses exploits d’her-cule de foire que s’ouvre le roman mais il ne tarde pas à gagner en complexité et en

finesse, et à entraîner le lecteur, intrigué et conquis, dans une suite échevelée de rebondissements. LHA 11114

Fannie FLAGG

Miss Alabama et ses petits secretsTraduit de l’anglais ( Etats-Unis ) par Jean-Louis PiningreParis, Le cherche-midi, 2014, 435 p.

Maggie Fortenberry est une figure très populaire de la ville de Birmingham, dans le sud des Etats-unis. Ex-Miss Alabama, cette sexagénaire élégante qui a conservé tout son charme travaille dans une petite agence immobilière et s’entend très bien avec ses collègues, même si toutes ont été affectées par la mort de leur patronne, l’extraordinaire Hazel, naine dynamique, femme d’affaires avisée et surtout femme au grand cœur. Mais Maggie, ayant fait le bilan de sa vie, a décidé que ses meil-leures années étaient derrière elle et que le temps était venu de mettre fin à ses jours. Toutefois, comme tout ce qu’elle a entre-pris jusqu’à présent, c’est avec méthode et discrétion qu’elle s’apprête à disparaître ; elle s’efforce de mettre ses affaires en ordre, de causer le moins de souci possible à ses proches et même de leur rendre son départ le moins pénible possible. Mais des événements imprévus vont venir boule-verser ses plans. Fannie Flagg déploie de grands talents de conteuse pour évoquer avec beaucoup d’humour et une pointe de nostalgie l’atmosphère particulière d’une ville du sud des Etats-unis en pleine muta-tion, et la belle amitié qui lie les princi-pales figures féminines au centre de cette savoureuse histoire. LHC 1051

Éric FOTTORINO

ChevrotineParis, Gallimard, 2014, 181 p.

Chevrotine… ce titre évoque irrésistible-ment un fusil et la munition qu’il contient. Et le lecteur devine tout de suite que le couple formé par Alcide et Laura connaî-

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Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 ROMANS, LITTéRATuRE 5

tient de se faire un nom, et son éditeur le pousse à exposer la vie sexuelle peu res-pectable de Mamoon. Pour sa part, celui-ci se méfie d’Harry, estimant à juste titre que le genre biographique est inconforta-blement proche de celui de la nécrologie. Néanmoins, Mamoon a sa carte à jouer. Alors qu’Harry se met à écrire la biographie de Mamoon, celui-ci écrit un roman sur un jeune écrivain médiocre qui tente de faire une biographie d’un écrivain célèbre. La guerre se fait sur plusieurs fronts, y com-pris la rivalité sexuelle pour les femmes qui accompagnent chacun des protagonistes. La question ultime reste celle de deviner qui, du biographe ou de son sujet, aura le dernier mot. LHC 1418 B Ce livre est

aussi disponible en anglais ( LHC 1418 )

Camilla LÄCKBERG

La faiseuse d’angesTraduit du suédois par Lena GrumbachArles, Actes Sud, 2014, 437 p.

En 1974, sur l’île de Valö dans les envi-rons de Fjällbacka, une famille disparaît, à l’exception d’Ebba, une fillette d’un an, qui erre dans la maison abandonnée. L’énigme ne sera jamais résolue. Trente ans plus tard, Ebba revient sur l’île, accompagnée de son mari. Peu de temps après, leur propriété est incendiée. Les personnages habituels des huit précédents ouvrages de la reine du polar scandinave, notamment Erica Falck et son mari Patrik Hedström, respectivement écrivain et policier, vont mener l’enquête. Intrigues, passé trouble et secrets de famille s’entremêlent à un rythme haletant et parfois insoutenable. un des meilleurs volets des aventures d’Erica Falck. LHF 971

Marie-Hélène LAFON

JosephParis, Buchet / Chastel, 2014, 140 p.

Solitaire et discret, Joseph est un ouvrier agricole dans la cinquantaine qui a eu une faille dans sa vie mais s’en est sorti doux et vivant. C’est un récit de vie ordinaire dans un Cantal où tout se transforme mais où le pays demeure. « Les gens et les bêtes mouraient mais pas les prés, pas les terres, pas la rivière, tout se conservait ». Ce roman dense, à l’écriture puissante et cadencée, où tout est peuplé de l’intérieur, incarne non seulement la fin d’un monde paysan tel que nous le connaissions, mais symbolise également la mutation de toute une société. Incontournable !

LHA 4248

Elmore LEONARD

RaylanNew York, William Morrow, 2012, 263 p.

A winner of the National Book Award for lifetime achievement, the late Elmore Leonard was a master, first of the western and later of crime fiction. His last novel combines the two genres : its setting in

the hill country of Kentucky has much in common with the freewheeling anarchy of the Far West, while its hero, united States Marshall Raylan Givens, evokes the storied tradition of those real marshalls of the Old West, Wyatt Earp and Bat Masterson. Raylan is a hard-boiled detective in a cow-boy hat. His interest is piqued by a new kind of crime : people are being kidnapped and drugged in order to have their kidneys removed. The organs are offered back to them for a price, or conveyed to a broker for sale on the black market. The initial suspects are a couple of hillbillies from the back country, but who is providing the medical expertise needed to perform the operation ? This is only the first in a series of episodes which serve as a vehicle for the engaging character of Raylan. Fast on the draw and frugal of speech, he asks questions like this : “You threw a dead rat in my car. What’re you trying to tell me ?” Among the many pleasures of this novel is the way Leonard expertly captures the laconic dialect of bootleggers, gamblers, strippers and other modern desperadoes.

LHC 1054

Katarina MAZETTI

Le Viking qui voulait épouser la fille de soieTraduit du suédois par Léna GrumbachMontfort-en-Chalosse, Gaïa, 2014, 254 p.

Möckelö, une île sur la côte Est de la Suède au Xe siècle… Y habitent Säbjörn et ses deux fils. Le père construit des bateaux et s’attend à ce que ses descendants partent naviguer, guerroyer et ramener du butin. L’époque est rude, tant dans le mode de vie que l’habitat et surtout dans les rela-tions humaines. On est très loin d’Ikea et des Volvos… En même temps à Kiev, dans un milieu beaucoup plus raffiné, vivent des marchands dont Radoslav et Milka. Mais Kiev est pillée et détruite par des pirates. On devine par qui ils seront recueillis. Les destins de ces deux familles vont se croiser et s’accrocher ; et Mazetti entraîne derrière elle un lecteur étonné et admiratif de l’histoire sanglante mais passionnante des pays du Nord. Les sorcières prédisent l’avenir et guérissent toutes les plaies, l’atmosphère est propice aux croyances surnaturelles. Ce roman historique semble très bien documenté et Mazetti liste ses sources à la fin du livre. On a donc beau-coup à apprendre et cela en vaut la peine !

LHF 150

Jo NESBØ

PoliceTraduit du norvégien par Alain GnaedigParis, Gallimard, 2014, 595 p.

A Oslo, un inspecteur est tué sur les lieux d’un crime non élucidé et sur lequel il avait investigué. S’ensuivent deux autres assas-sinats d’officiers de police qui ont égale-ment participé à des affaires non résolues. Quel est le mobile de ce tueur en série, son

Arnaldur INDRIDASON

Hiver arctiqueTraduit de l’islandais par Eric BouryParis, Métailié, 2009, 405 p.

Par une nuit glaciale de janvier, en plein hiver arctique, le corps d’un petit garçon de dix ans, d’origine thaïlandaise, est retrouvé sans vie au pied d’un immeuble de Reykjavik. Crime odieux dont la victime, de l’avis de tous, était un enfant ado-rable. L’enquête menée par le commissaire Erlandur, assisté de ses collègues Elinborg et Sigurdur Oli, s’annonce particulière-ment pénible. Le froid qui pénètre les corps semble également avoir gagné les cœurs. Au-delà d’une apparence lisse de tolérance, on découvre une société islan-daise renfermée sur elle-même, méfiante à l’égard de tout ce qui lui est étranger, parfois même ouvertement hostile vis-à-vis d’une communauté étrangère qui peine à s’adapter. En filigrane, l’histoire personnelle d’Erlandur, qui porte en lui le traumatisme du drame de son enfance au cours de laquelle son petit frère a disparu à jamais, et ses relations difficiles avec sa fille, ajoutent à l’ambiance pesante du récit, allégée cependant par quelques

pointes d’humour. Au-delà de l’intrigue policière, c’est par l’atmosphère très par-ticulière d’une cité et de ses habitants qui semblent envahis par le froid et la solitude, et par son style sobre et concis, que ce livre retient l’attention. LHF 64

Hanif KUREISHI

Le dernier motTraduit de l’anglais par Florence CabaretParis, Christian Bourgois, 2014, 374 p.

Le cinquième roman de Kureishi depuis la publication, en 1990, du brillant Buddha de banlieue démontre que l’auteur pos-sède encore un vrai talent pour l’écriture comique, tout en excellant en tant que chroniqueur ironique de la société britan-nique multi-ethnique. Ce roman met en scène une confrontation classique entre deux antagonistes : un auteur renommé et son biographe aspirant. Le premier, un certain Mamoon Azam, est un écrivain bri-tannique d’origine indienne, célèbre pour son génie, son irascibilité et son mépris du politiquement correct. Il ressemble à V.S. Naipaul. Le biographe, Harry Johnson, est un jeune diplômé d’Oxford qui vénère le grand homme. Mais il est également impa-

François AYROLES

Une affaire de caractèresParis, Delcourt, 2014, 71 p.

On peut, en toute candeur, lire au premier degré ce polar dessiné, en s’amusant des astucieux jeux de mots qui en font l’originalité, des lettres non pas délivrées par le facteur mais livrées une à une par une fabrique d’enseignes, des jumeaux qui se partagent l’énoncé d’une phrase unique, de l’épitaphe de l’érudit cul-de-jatte où l’on a eu le tact d’éviter les lettres à jambages, du prince des ( ph ) raseurs qui se nomme Fraser ou de Narrator, la machine à résoudre les problèmes de l’écrivain, qui entre en surchauffe quand on lui introduit la première phrase de la Recherche. Cependant, le personnage mutique qui, avec sa barbiche rapportée, semble un clone de Georges Perec, intrigue d’emblée. Georges Perec ? On pense à l’Oulipo. Justement, l’Oulipo a servi de modèle à l’Oubapo, l’Ouvroir de BAnde dessinée POtentielle, dont François Ayroles se trouve être membre. La particularité de ces ouvroirs-là est que les auteurs qui y travaillent s’imposent librement des contraintes, telle celle d’écrire tout un livre en proscrivant une lettre de l’alphabet. Dès lors, il s’agit d’ouvrir l’œil et par exemple de s’interroger sur les couleurs utilisées ici, car l’identité du tueur en série qui sévit à Bibelosse, ce village de fous de la langue, n’est pas le seul mystère à découvrir. A découvrir selon ses moyens... Car allusions et clins d’œil abondent, croyons-nous, dans cette « affaire de caractères » et leur décryptage, à la mesure des compétences de chacun, devrait faire le bonheur des connaisseurs et autres fervents de la bande dessinée. RGA 15

mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture6 ROMANS, LITTéRATuRE

electronic, and his job consists of ensuring that the members of the family for which he works do not steal from one another. He is “the dog” in more ways than one. In his relationship with the ambitious New York woman, he was constantly “in the dog-house.” Now he is treated like a dog by his employers, who want him to do everything from organize private parties to tutoring one of their obese, obtuse kids. In many ways the young narrator is the ultimate figure of the 21st century in his lifestyle, work, opin-ions, and language, which is interspersed with idioms of the social media. He knows intimately the corruption and social ine-qualities of the gulf state where he works, but finds ways to rationalize his participa-tion in them. Among these is the aware-

ness that Dubai is merely the concentrated essence of the effects of globalized finance capital on human society throughout the world. Such reflections are woven seam-lessly into the entertaining story of this sympathetic loser. LHC 1055

Jean d’ORMESSON

Comme un chant d’espéranceParis, Héloïse d’Ormesson, 2014, 121 p.

Dernier d’une longue lignée, Comme un chant d’espérance ne dépare pas cette somme d’ouvrages profonds et si proches de nos réflexions les plus intimes. Comme à l’accoutumée, Jean d’Ormesson met sa culture et sa curiosité au service de ses interrogations. Il est intrigué par la notion du rien qui attira des écrivains comme Flaubert ou Gide, rêvant de ne se ser-vir que des mots. Alors, allant plus loin, d’Ormesson explore ce rien. Pour lui, il se trouve dans l’avant ou l’après, précédant le Big Bang, ou suivant notre mort. A son invite nous nous risquons dans l’ana-lyse du processus de création, et Dieu, par son autorité et son pouvoir, devient le sujet principal de ce livre. D’Ormesson se dit catholique agnostique, et pourtant Dieu l’accompagne pas à pas. Grâce à sa Création, les hommes vivent dans le temps et l’espace et sont dans la lumière. Cette évidence le met dans un état de récepti-vité en le laissant toutefois au bord de la foi. Voilà un beau livre qu’il faut lire à plusieurs reprises tant nos réactions vont être différentes à chaque passage. Jean d’Ormesson parle de sujets graves avec

profil psychologique ? Au même moment, un mystérieux patient dont on ignore l’identité est dans le coma à l’hôpital d’Oslo sous étroite surveillance policière, ce qui laisse à penser que c’est un témoin capital. Le légendaire enquêteur Harry Hole, qui enseigne désormais à l’Ecole de Police, est contacté par un des membres de la Brigade criminelle pour reprendre du service. Personnages ambigus, fausses pistes, rebondissements, corruption, vio-lence, final inattendu sont plus que jamais à l’ordre du jour des dernières aventures du personnage fétiche de l’auteur norvé-gien. Cependant, la relative lenteur du démarrage de ce dixième épisode entache quelque peu la bonne facture de l’intrigue.

LHF 407

Amélie NOTHOMB

PétronilleParis, Albin Michel, 2014, 169 p.

La narratrice, qui a une passion pour le champagne, aimerait en partager la volupté avec quelqu’un. Lors d’une séance de dédicaces, elle fait la connaissance de Pétronille aux allures de titi parisien et spécialiste en littérature élisabéthaine, avec qui elle a une relation épistolaire. Après réflexion, elle l’invite à déguster du Roederer brut dans un troquet parisien. C’est la naissance d’une amitié improbable et tumultueuse entre deux personnages que tout oppose, et d’une série d’aventures savoureuses, voire dangereuses. En partie autobiographique, ce conte étonnant et audacieux se démarque des précédents

ouvrages de la célèbre romancière, qui nous entraîne avec humour et brio vers de nouveaux horizons. LHA 4245

Joseph O’NEILL

The DogLondon, Fourth Estate, 2014, 241 p.

The narrator of this comic novel works in Dubai as attorney for the “family office” of a wealthy Middle Eastern clan with worldwide financial holdings. Having been dumped by his New York girlfriend for fail-ing to father a child by her, he lives alone in one of the gleaming high-rises overlooking the Persian Gulf. His sex life, personal, and professional communications are mostly

mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture2 ROMANS, LITTéRATuRE

ROMANS,LITTéRATuREPierre ASSOULINE

SigmaringenParis, Gallimard, 2014, 360 p.

Mêlant réalité historique et fiction roma-nesque avec son grand talent de conteur, Pierre Assouline fait revivre l’un des ultimes épisodes de la collaboration, lorsque le maré-chal Pétain, accompagné de Pierre Laval et de son gouvernement, gagnèrent le châ-teau de Sigmaringen, propriété des princes de Hohenzollern mise à leur disposition par Hitler, suivis d’un certain nombre de mili-ciens et de civils, qui résidèrent dans la petite ville allemande d’octobre 1944 à la chute du régime nazi en avril 1945. Julius, fidèle majordome des Hohenzollern, gardien exem-plaire des lieux et observateur avisé, sera le fil conducteur et le narrateur de cette histoire où le tragique et le comique se mêlent et où évolue toute une clique de personnages intri-gant les uns contre les autres. On y croise le vieux maréchal, hautain et isolé dans sa posture de déni ; Laval et ses ministres « passifs », convaincus de la défaite immi-nente ; les ministres « actifs » voulant croire à un retournement de situation pourtant bien incertain. On y côtoie l’intendance, Allemands et Français confondus. Dans les couloirs du château, on complote, on s’évite ou on chasse l’ennui grâce aux ressources de la bibliothèque. On y rencontre aussi le docteur Destouches, alias Céline, cynique et désabusé mais compatissant envers les souffrances des plus démunis. La musique joue un rôle important et rédempteur dans

cette évocation qui est aussi l’histoire d’un amour discret et de l’ébauche d’une réconci-liation franco-allemande. LHA 11071

Paul AUSTER, J. M. COETZEE

Ici et maintenant : correspondance ( 2008-2011 )Traduit de l’anglais par Céline Curiol et Catherine Lauga du PlessisArles, Actes Sud, 2013, 315 p.

Paul Auster et J. M. Coetzee se sont connus au Festival d’Adélaïde ( Australie ) en 2008. Depuis, ils sont amis et éprouvent le besoin d’échanger des nouvelles et des opinions qui leur tiennent à cœur. Voici donc les lettres qu’ils se sont écrites pendant trois ans. Le lecteur aura l’occasion de prendre connais-sance des soucis et des préoccupations de ces deux écrivains ; cela concerne autant leurs supports techniques que leur inspira-tion, ou même les festivals auxquels ils sont invités. La santé, l’amitié sont largement évo-quées ainsi que la politique mondiale, Israël et ses voisins, une rencontre avec Charlton Heston, champion aux Etats-unis du port libre d’armes à feu. Le lecteur sera charmé d’entrer dans la relation fraternelle et ami-cale qui s’est tissée entre Coetzee et Auster, cette correspondance venant agréable-ment compléter la connaissance de l’œuvre de chacun. LK 376

Julian BARNES

Quand tout est déjà arrivéTraduit de l’anglais par Jean-Pierre AoustinParis, Mercure de France, 2013, 128 p.

Trois courts récits, que relient de subtiles correspondances. Le premier, Le péché d’élévation, met en scène Félix Tournachon,

alias Nadar, qui pratique la photographie aérienne du haut d’une montgolfière. Nadar avait réuni deux inventions nouvelles, la photographie et l’aéronautique, et on sait quels développements seraient promis à cette conjonction. « Vous réunissez deux choses qui n’avaient encore jamais été mises ensemble, et le monde est changé », remarque Julian Barnes. Dans le second, A hauteur d’homme, ce sont deux êtres qui sont réunis dans une montgolfière, la frêle Sarah Bernhardt et son soupirant, un officier anglais de cent kilos ; mais le monde en fut-il changé ? « Parfois cela marche, parfois non », commente l’auteur. Dans le dernier récit, La perte de profondeur, l’amour que se portaient un homme et une femme avait changé le monde, celui de Julian Barnes, mais elle est morte après trente ans de vie commune et ce texte émouvant et retenu dit le monde qui change encore une fois, le vide irréparable, la perte d’un vocabu-laire commun, d’une complicité, l’irritation que peuvent provoquer l’incompréhension, la maladresse, voire les bonnes intentions des autres, la tentation de se tuer, aussitôt repoussée car étant celui qui se souvient le mieux d’elle, se tuer serait la tuer aussi. Trois récits qu’un fil relie, certes, mais la beauté grave du dernier fait paraître légère, légère, encore que pleine de grâce, la mont-golfière des deux premiers. LHC 1024

Elvire de BRISSAC

La corde et le ventParis, Grasset, 2013, 215 p.

une famille hétéroclite où l’éducation est tout sauf conventionnelle : tel est l’objet du dernier ouvrage d’Elvire de Brissac. Romancière et biographe, lauréate de plu-

sieurs prix littéraires dont le prix Femina de l’essai pour Ô dix-neuvième ( HG 1533 ), l’auteur nous entraîne à un rythme endiablé et avec un humour décapant dans une folle aventure familiale où « l’existence n’est que l’action contrariée du vent et de la corde ». Léger en apparence, ce roman irrésistible et surprenant donne matière à un véri-table voyage intérieur. LHA 11074

Paula BYRNE

The Real Jane Austen : A Life in Small ThingsLondon, William Collins, 2013, 380 p.

A red silk shawl from East India. A pair of topaz crosses. Three vellum notebooks. A card of lace. A set of crimson velvet cush-ions. These are among the small things that have survived of Jane Austen’s possessions, and that serve Paula Byrne as respective points of departure for this highly congenial biographical work. Each object introduces a chapter, and serves as a synecdoche for a part of Austen’s world in a way that consist-ently sheds light on her novels. The shawl, similar to that desired by the languorous Lady Bertram in Mansfield Park ( LLB 152/1 ), allows Byrne to explain the extent of Austen’s indirect connections to India through friends and relatives who went there to serve the Empire. The topaz crosses were a gift from her brother, Lt. Charles Austen, bought with prize money he won for heroic action at sea. They remind us of the importance of the Royal Navy in Persuasion ( LLB 152/1 ), among other novels. The vellum notebooks, all written by the time Austen was 17, show her early pen-chant for satire. The velvet cushions are rem-iniscent of Austen’s visits to the great country houses which served as models for estates

mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture2 ROMANS, LIttéRAtuRE

ROMANS,LIttéRAtuREEtienne BARILIER

Piano chinois Genève, Zoé, 2011, 133 p.

Peinture, musique et littérature sont au cœur du travail de l’écrivain, philosophe et essayiste suisse qu’est Etienne Barilier. Ainsi, après avoir enchanté ses lecteurs avec Un Véronèse, il ne séduira pas que les mélomanes d’entre eux avec son intri-gant et délicieux Piano chinois. En effet, ce roman épistolaire moderne fait dialoguer, par blogs interposés puis par courriels, deux critiques célèbres qui s’affrontent à propos de la qualité de l’interprétation d’une jeune pianiste chinoise. Dans un débat d’abord courtois et professionnel qui cependant prend vite une tournure passionnelle, les deux protagonistes s’affrontent. L’un trouve Mei Jin « divine » cependant que l’autre ne voit en elle « qu’un automate qui récite un cours de culture occidentale ». Les propos lyriques et enflammés des deux protagonistes tournent rapidement aux sarcasmes et à l’affrontement personnel - ce qui donne au propos son intrigue - tout en permettant au romancier de distiller de façon habile, pétillante mais jamais pédante, quelques réflexions de l’essayiste qu’il est aussi. Les thèmes tels que la mondialisation dans le domaine artistique, la beauté qui subjugue l’ouïe - surtout dans notre monde télévisuel - la question de l’objectivité d’un jugement et, bien sûr, le rôle du critique d’art sont

ainsi subtilement et savamment abordés sans pour autant faire perdre au propos sa fluidité et son côté alerte. Par ailleurs, ce roman est d’autant plus séduisant qu’aux dimensions évoquées, il ajoute celle de son invitation à écouter les morceaux qu’inter-prète Mei Jin qui n’est peut-être pas qu’un personnage de fiction… LHA 2562

J.-M. COETZEE

De la lecture à l’écriture : chroniques littéraires, 2000-2005Paris, Seuil, 2012, 313 p.

Au fil de ces chroniques – certaines déjà parues dans la New York Review of Books – le prix Nobel de littérature ( 2003 ) Sud-africain confirme la pensée de Madame de Sévigné : « La lecture apprend aussi, ce me semble, à écrire ». Guidés par la prose déli-cate et érudite de J.-M. Coetzee, nous abor-dons l’œuvre d’une quinzaine de grands auteurs qui ont marqué l’histoire des Lettres : Samuel Beckett, William Faulkner, Günter Grass, Nadine Gordimer, Graham Greene, Sándor Márai, Joseph Roth, Robert Walser. Chaque écrivain est d’abord pré-senté par quelques repères biographiques. La chronique s’attelle ensuite à esquisser les contours d’une œuvre qui fait partie du patrimoine littéraire mondial, ou aussi à décortiquer un livre particulier de chaque auteur, sans jargon, avec le savoir-faire du simple amateur devenu capable, à force de travail, de réaliser un chef-d’œuvre. Il s’at-tardera, pour certains, sur les problèmes de traduction ; pour d’autres, sur l’importance du contexte historique, politique et culturel dans lequel l’ouvrage a été composé. Ces

chroniques instructives sont une invitation à relire de nombreux textes d’un œil neuf et désormais initié. LBB 20

Charles DANTZIG

A propos des chefs-d’œuvreParis, Grasset, 2013, 272 p.

Romancier, poète, chroniqueur, essayiste, Charles Dantzig est un auteur bien connu en France. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont le Dictionnaire égoïste de la littérature française ( LCD 1369 ). Celui-ci est de la même veine car, basé sur la vaste culture de Dantzig, il passe en revue tout ce qui a trait au concept de chef-d’œuvre. C’est vivant et plein d’allant, humoristique par moments, et construit selon une grande souplesse de style. Certaines phrases ou titres de chapitres sont remarquables et pourraient servir de titre à des disserta-tions françaises, tels « la perfection tue » ou « un détail peut être un chef-d’œuvre » parmi beaucoup d’autres. Mais voilà, le lecteur peut aussi se demander où cela mène : pour l’auteur, à faire le tour de son raisonnement, mais qu’en est-il pour celui qui s’efforce de survivre à ces 272 pages ? Il faut sans doute se laisser aller à la verve de Dantzig et se souvenir de quelques réflexions particulièrement intéressantes ou porteuses de questionnement. Et appré-cier le dernier chapitre qui se termine sur le moment d’enchantement que vit le lecteur d’un chef-d’œuvre. LBB 10

Charly DELWART

Citoyen ParkParis, Seuil, 2012, 487 p.

Ce roman met en scène le « Citoyen » Park Jun-wan, dans lequel chacun reconnaîtra Kim Jong-il, fils de Kim Il-sung, Premier leader de la Corée du Nord – appelée ici Kamcha. Cette dictature étrange – pre-mier Etat communiste héréditaire – a été dirigée d’une main de fer par le Grand Meneur, Président pour l’éternité bien qu’il se soit éteint en 1994, puis par son fils le Cher Gouvernant. Elle représente une énigme et un objet de préoccupation pour la communauté internationale par son iso-lement, son intransigeance dogmatique, sa politique de répression impitoyable envers toute dissidence ou déviance, fût-elle du fait de l’origine sociale « non-révolutionnaire » des citoyens, sa gestion économique désastreuse qui provoqua une famine dans les années 90. Surtout, elle se distingue par l’état de veille révo-lutionnaire permanent dans lequel les habitants sont maintenus à force de slo-gans, de glorification et quasi-déification de la famille dirigeante. L’auteur rappelle les moments forts de l’histoire kam-chéenne et démonte les rouages animant Park, personnage sans charisme, auteur et acteur d’une histoire fictive qu’il a lui-même mise en scène avec la passion d’un cinéaste au service d’une cause inventée de toutes pièces. Mais le style saccadé et l’absence de dialogues peut rendre ardue la lecture de ce long roman au sujet ori-ginal mais où fiction et réalité restent parfois trop proches pour une œuvre d’imagination. LHA 5010

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Amélie PLUME

Tu n’es plus dans le coupCarouge, Zoé, 2014, 94 p.

Lily est une journaliste à la retraite qui peut enfin vivre à sa guise. Avec lucidité et humour, elle s’interroge sur ces années qui lui restent à vivre auprès d’Oscar, son compa-gnon. C’est pour eux l’opportunité d’une nouvelle existence agréable, sereine et sans contrainte. Voir passer les saisons, refleurir le mimosa, avoir le temps de prendre son temps, des plaisirs à l’infini qui agrémentent ses derniers prin-temps. Avec une allégresse et une légèreté communicatives, Amélie Plume nous propulse dans le domaine du rêve et de la tendresse. 16.2 PLUM 9

Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 ROMANS, LITTéRATuRE 7

personnel a brisée. Elle ne peint plus mais passe son temps en forêt d’où elle rap-porte des branches et des lichens avec lesquels elle tresse désormais des œuvres inquiétantes. Son compagnon Mathias, habile gynécologue, essaie de survivre à ses côtés et se consacre à son métier. On sent un malheur dont les protagonistes ne parviennent pas à sortir, Nikos le fils adoré de Nora ayant été assassiné… Raphaël, l’archange, voudrait s’en mêler et les aider, et c’est bien. Mais le lecteur, quant à lui, suit chaque protagoniste dans son évolu-tion humaine, et c’est cela qu’il attend de Péju. un très bon roman qui comporte des pages fortes et prenantes, les sentiments étant décrits avec profondeur et subti-lité, et les atmosphères particulièrement bien rendues. LHA 11107

Véronique POULAIN

Les mots qu’on ne me dit pasParis, Stock, 2014, 140 p.

Premier livre de Véronique Poulain, cet ouvrage autobiographique démarre sur les chapeaux de roues et aborde un sujet grave et touchant. Comment vivent les malenten-dants ? Et surtout comment est-ce d’exister à leurs côtés ? En l’occurrence Véronique Poulain vient au monde dans une famille de sourds, la mère, le père, l’oncle, la tante, et raconte son enfance, ses révoltes, ses attendrissements, ses adaptations néces-saires et sa terreur quand elle a elle-même

fondé une famille. Les mots employés, les expressions utilisées sont durs et crus, mais il y a beaucoup de bon sens et de courage chez cette enfant qui devient une femme. Finalement elle les aime, ces parents si impossibles à vivre avec leurs voix et leurs réactions incongrues. une fin compassionnelle clôt harmonieusement ce récit, et permet à l’auteur de s’ouvrir à un amour vrai et réciproque.

Jean PRUVOST

À vélo ou à bicyclette, nom d’un tour !Paris, Honoré Champion, 2014, 141 p.

Faire le tour d’un animal, le loup ou le chat, de la dent-de-lion ou du chocolat, explo-rer l’origine et l’histoire du sujet lui-même mais surtout des termes qui le désignent, rassembler les expressions, proverbes, locutions et citations où ils figurent est un exercice où l’auteur excelle. C’est au tour du vélo de passer à la moulinette du lexi-cologue et, comme ceux qui l’ont précédé, ce petit volume séduit par une apparente simplicité qui cache une grande érudition, et par la richesse de la documentation sur laquelle il repose. Nombreuses sont les découvertes qu’il réserve. La « petite reine » devrait ses lettres de noblesse à la jeune Wilhelmine qui, enfant, pédalait aux Pays-Bas mêlée à ses sujets. Et quelle place de choix la bicyclette n’occupe-t-elle pas dans la langue courante, qu’il s’agisse de moustaches en guidon de vélo, de

poésie et malice, ce qui fait de nous ses complices et ses amis. LM 2962 Jean d’Ormesson sera à la Société de Lecture le 14 octobre.

Ludmila OULITSKAÏA

Le chapiteau vertTraduit du russe par Sophie BenechParis, Gallimard, 2014, 498 p.

Ce roman touffu, aux multiples person-nages, se situe dans la grande tradition de la littérature russe. A travers les histoires croisées de trois amis d’enfance, c’est le destin de plusieurs générations sous le régime communiste en union Soviétique que l’auteur évoque. Des années Staline à la fin de l’ère soviétique, elle dépeint le quotidien d’hommes et de femmes en proie aux soubresauts de l’histoire : les purges staliniennes, l’éphémère dégel de Khrouchtchev et le durcissement progres-sif à partir des années soixante. Le livre est un hommage aux dissidents qui ont dénoncé le système en dépit de grandes difficultés, tant matérielles qu’intellec-tuelles. On y croise Sakharov, Soljenitsyne et Brodsky, on évoque les noms célèbres de la littérature, de Pouchkine à Mandelstam et Pasternak, on suit l’évolution des mou-vements musicaux d’avant-garde, on est témoin des obstacles rencontrés par les chercheurs et les scientifiques dont la pensée s’écarte de l’orthodoxie marxiste. Dans cet univers complexe, les compro-missions et les trahisons contrastent avec le courage et la persévérance des diffu-seurs de samizdat qui risquent l’incitation à l’émigration, la déportation en camp ou l’internement en asile psychiatrique. Ludmila Oulitskaïa brosse un portrait atta-chant de personnages tantôt héroïques et tantôt victimes des circonstances, qui tentent, chacun à sa façon, de traverser des temps difficiles en trouvant un sens à leur vie. LHF 972

Orhan PAMUK

Cevdet Bey et ses filsTraduit du turc par Valérie Gay-AksoyParis, Gallimard, 2014, 768 p.

Après Le Livre noir ( fabuleuse plongée dans les entrailles d’Istanbul ), Mon nom est rouge ( un polar à la umberto Eco qui se situe dans les ateliers d’enluminure du XVIe siècle – LHF 882 ), Neige ( tableau d’une Turquie déchirée entre laïcité et isla-misme – LHF 882 ) et Le Musée de l’inno-cence ( brûlant éloge de l’amour fou – LHF 969B ), voici, enfin traduit en français, le volumineux Cevdet Bey et ses fils. C’est le tout premier roman d’O. Pamuk, prix Nobel de littérature en 2006, publié en Turquie en 1982. Soit une gigantesque tapisserie couvrant sept décennies et trois généra-tions, au carrefour de la saga familiale, de l’autobiographie déguisée – multiples emprunts à sa propre généalogie – de la fresque sociale, du roman existentiel et du panorama politique, ceci entre l’aboli-

tion du sultanat et les années d’agitation qui précédèrent le coup d’Etat militaire de septembre 1980. Le talent du jeune auteur d’alors consiste à faire sentir le souffle de la grande Histoire dans la multitude des minuscules histoires relatives à la vie quo-tidienne d’une famille stambouliote deve-nue, grâce à un grand-père entrepreneur, bourgeoise et aisée. Pamuk parvient à faire de son personnage central le reflet de tous les tâtonnements de la Turquie de ces années-là. Bouleversement des mœurs, questionnements à propos de la laïcisa-tion, désir de s’affranchir des pesants ata-vismes de la tradition tourmentent en effet Refik. Malgré des longueurs, le roman fas-cine ( avec pour écrin Istanbul… ) et jette brillamment les fondations d’une œuvre chevillée au destin de la patrie de l’auteur.

LHF 973

Pierre PÉJU

L’état du cielParis, Gallimard, 2013, 253 p.

Beaucoup de romanesque dans le der-nier livre de Pierre Péju qui met en scène l’archange Raphaël occupé à contempler avec désolation la Terre et ses habitants. Ce n’est pas pour autant que le Ciel soit en pleine forme, bien au contraire… Mais laissons là ces considérations qui peuvent sembler naïves car le rideau se lève sur une intrigue bien plus réaliste et atta-chante. Nora se réveille au terme d’une nuit agitée, c’est une artiste qu’un drame

accueil

Pierre Salinger ( 1925 - 2004 )Il y a dix ans disparaissait le journaliste américain, proche du clan Kennedy.

Maurice Constantin-Weyer ( 1881 - 1964 )Maurice Constantin-Weyer fut un écrivain français à succès. Ayant passé dix ans de sa vie dans l’Ouest du Canada entre 1904 et 1914, il est surtout connu pour ses romans d’aventures inspirés de cette période mouvementée.

salle de géographie Cerveau et méditation La méditation est une pratique spirituelle dont la médecine reconnaît les bienfaits sur le bon fonctionnement du cerveau.

salle genève

Guy de Pourtalès ( 1881 - 1941 )Les œuvres de l’homme de lettres sont mises en valeur dans la vitrine d’exposition.

salle d’histoire Gandhi ( 1869 - 1948 )Pour accompagner la conférence de Gilbert Sinoué, l’évocation de l’homme politique et guide spirituel indien, apôtre de la non-vio-lence, se poursuivra au 2e étage.

salle de théologieIslam et érotismeL’érotisme arabe est le fruit d’une tradition millénaire qui a pris son essor bien avant l’ar-rivée de l’islam. Pendant de siècles, l’érotisme fut un art de vivre arabo-musulman.

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mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture8 HISTOIRE, BIOGRAPHIES

Erik Axl SUND

Trauma. Les visages de Victoria Bergman, 2Traduit du suédois par Rémi CassaigneArles, Actes sud, 2014, 473 p.

Le précédent épisode, Persona ( LF 970 ), s’était achevé par les meurtres non résolus de jeunes sans-papiers. Dans le deuxième tome, un homme d’affaires important est retrouvé sauvagement assassiné dans son appartement à Stockholm. L’inspectrice Jeanette Kihlberg, chargée de l’enquête, fait appel à la psychothérapeute Sofia Zetterlund, dont la double personnalité est de plus en plus inquiétante, pour établir le profil du meurtrier. Parallèlement, Jeanette Kihlberg continue ses recherches sur l’in-trouvable Victoria Bergman. Cet inquié-tant deuxième volet nous entraîne dans le labyrinthe de la psyché humaine, les trau-matismes de l’enfance, les personnalités multiples et les eaux troubles de la haute société suédoise. Quels sont les liens entre tous ces crimes ? Le mystère reste entier.

LHF 970/2

Erik Axl SUND

Catharsis. Les visages de Victoria Bergman, 3Traduit du suédois par Rémi CassagneArles, Actes sud, 2014, 438 p.

Les corps calcinés de deux femmes sont retrouvés au sommet de Tantoberget. Ce sont les principales suspectes de la série de meurtres touchant d’anciennes élèves de l’internat de Sigtuna où Victoria Bergman avait passé une partie de sa sco-larité. L’enquête sur l’abominable secte Sihtunum Diaspora et ses secrets va-t-elle permettre à l’inspectrice Jeanette Kihlberg de découvrir la vérité ? Ce dernier tome clôt une trilogie sombre et hors-norme, oscillant entre rationnel et irrationnel, assassinat, trahison et vengeance, sur fond de délire, de paranoïa et d’hallucinations. une trame narrative exceptionnelle et vertigineuse qui tient le lecteur en haleine jusqu’au dénouement final. LHF 970/3

Shuichi YOSHIDA

Le mauvaisTraduit du japonais par Gérard Siary et Mieko Nakajima-SiaryArles, Philippe Picquier, 2014, 510 p.

Par une nuit de neige, Yoshimo Ishibashi est étranglée au col de Mitsuse. Dans ce « roman du crime » captivant, l’intrigue n’est qu’un prétexte pour explorer toutes les existences et les psychés des différents protagonistes associés à l’enquête. C’est cette approche singulière qui crée le sus-pense et laisse le lecteur modeler librement son opinion sur les personnages. L’enjeu est de déterminer qui est le mauvais dans l’affaire. Couronné de nombreux prix pour ses précédents ouvrages, le jeune écrivain analyse sans concession la société japo-naise et considère le meurtre comme un fait social. Le Mauvais, porté à l’écran en 2010, a été pré-publié en feuilleton dans le quotidien Asahi-Shinbun. LD 424

HISTOIRE,BIOGRAPHIESBruno FULIGNI

Tour du monde des terres françaises oubliéesParis, Editions du Trésor, 2014, 144 p.

Bruno Fuligni, écrivain et historien, nous embarque avec beaucoup de verve et d’humour à la découverte de ces nombreux territoires exotiques souvent ignorés et inhabités, où flotte le drapeau tricolore. Grâce à ces extensions méconnues, la France, qui est présente sur trois conti-nents, double sa surface terrestre et mul-tiplie par vingt sa superficie maritime. Enclaves, minuscules territoires, restes de l’empire colonial sont parsemés dans tous les coins du globe, de Rome à Jérusalem en passant par la République tchèque et Sainte-Hélène. L’île de Clipperton à l’ouest du Mexique a un code postal mais aucune

grand-mères dont on questionne le moyen de transport, de perdre les pédales ou de pédaler dans la semoule, d’être déjanté ou au contraire de mettre le grand braquet, une expression peut-être promise à l’obso-lescence tant il est vrai que la plupart des cyclistes que l’on observe dans les rues d’aujourd’hui roulent – moteur électrique aidant ? – avec un braquet mal adapté.

LAE 241

José Rodrigues dos SANTOS

L’ultime secret du ChristTraduit du portugais par Carlos BatistaParis, Hervé Chopin, 2013, 567 p.

Confronté à une série de meurtres à carac-tère rituel frappant successivement une experte en manuscrits anciens, un pro-fesseur d’archéologie, et un chercheur en médecine moléculaire, l’historien et cryp-tologue Tomas Noronha se trouve entraîné dans une enquête qui le mènera successi-vement à la Bibliothèque vaticane à Rome, en Irlande, en Bulgarie et finalement en Israël. Déchiffrant les messages codés laissés par l’assassin auprès de ses vic-times, Noronha va procéder à une analyse quasi-scientifique des textes bibliques, à la lumière de laquelle la figure de Jésus-Christ va apparaître dans sa vérité histo-rique, bien éloignée de certaines croyances. Démontant un certain nombre d’assertions qui apparaissent dans la Bible, Noronha en souligne les erreurs et réfute certains mythes, apparus selon lui au fil du temps dans le but de magnifier les faits et gestes du Christ, et d’en faire le porteur d’une religion nouvelle. Ainsi par exemple se trouvent contestés le dogme de la virginité de Marie, ou certains faits et paroles attri-bués à Jésus. Fruit de sérieuses recherches en exégèse et en archéologie, ce nouveau best-seller de dos Santos, auteur de La for-mule de Dieu ( LHD 546 ), s’efforce d’appli-quer une méthode d’analyse historique aux textes bibliques. Si l’intrigue policière et la narration littéraire laissent quelque peu à désirer, le livre a le mérite de soulever

d’importantes questions sur l’évolution de la religion et l’interprétation qui en est donnée par les hommes et les institutions.

LHD 567

José Rodrigues dos SANTOS

La clé de SalomonTraduit du portugais par Adelino Pereira, avec la collaboration de Cécile GassanParis, Hervé Chopin, 2014, 510 p.

Dans ce nouveau thriller mettant en scène l’universitaire et cryptologue Tomas Noronha, José Rodiguez dos Santos reprend certaines des grandes questions abordées dans La formule de Dieu ( LHD 546 ), dont la trame était prétexte à une vaste interroga-tion sur le sens profond et les origines de l’univers. Cette fois-ci, l’intrigue démarre à Genève, au CERN, quand un directeur du département Science et Technologie de la CIA, Frank Bellamy, avec lequel Noronha avait collaboré lors d’une précédente aventure, est retrouvé mort dans un accé-lérateur de particules. Tout semble accu-ser le malheureux Noronha, qui va devoir mener l’enquête pour écarter les soupçons qui pèsent sur lui et découvrir le véritable responsable. Il se trouvera ainsi entraîné dans une quête afin de mettre la main sur un projet top secret, l’œil quantique, sur lequel travaillait Bellamy. Au cours de ses tribulations, Noronha sera confronté aux grands mystères de la physique, ce qui donnera à l’auteur l’occasion d’évoquer, dans un langage abordable et illustré d’exemples concrets, les grandes théories scientifiques contemporaines. Rappelant les controverses relatives à l’interpréta-tion de la théorie des quanta qui ont sus-cité de nombreux débats entre de grands scientifiques comme Einstein, Bohr ou Schrödinger, il aborde le grand mystère de l’existence et le rôle de l’observation consciente dans la création de la réalité.

LHD 568

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Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 DIVERS 9

boîte aux lettres. Au large de la Sicile, la capricieuse île volcanique Julia, qui a émergé en 1831, a disparu sous les eaux. Du côté d’Hendaye, l’île des Faisans, en indivision perpétuelle entre la France et l’Espagne, change d’administration tous les six mois. Cependant, toutes ces pos-sessions maritimes isolées, qui ne lèsent ou n’oppriment aucun peuple, suscitent les convoitises. Elles ont une importance majeure, l’avenir de l’humanité se jouant sous les mers où résident des richesses inexplorées. Ce petit ouvrage exquis et insolite fourmille d’anecdotes historiques savoureuses basées sur des documents d’archive extraordinaires. La jaquette du livre magnifiquement dessinée et illustrée se révèle, une fois dépliée, être une carte localisant toutes ces terres françaises oubliées. un petit bijou qui éblouira les amateurs d’histoire et de géographie.

HG 1815

Herbert R. REGINBOGIN

Guerre et neutralité. Les neutres face à HitlerYens-sur-Morges, Cabédita ( Archives vivantes ), 2008, 363 p.

Pendant de nombreuses années, le « Swiss bashing » était à la mode par rapport au rôle et à l’attitude de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, il est trop facile de pontifier – a posteriori – sur ce que la Suisse aurait pu faire, aurait dû faire, n’a pas fait, etc… Ce livre apporte au débat une contribution très intéres-sante, puisqu’il décortique, de façon factuelle et historique, la situation de la Suisse durant cette période difficile, et pré-sente une analyse historique comparée de l’attitude de tous les pays neutres pendant la Deuxième Guerre mondiale, permettant à chacun de se faire son opinion. Cette lec-ture occasionne quelques surprises et offre une conclusion intéressante ayant trait à la différence entre culpabilité objective et culpabilité subjective. Ecrite à la demande du Groupe de Travail Histoire Vécue ( GTHV ), cette enquête scientifique, menée avec soin par l’historien américain Herbert R. Reginbogin, repose sur une vaste docu-mentation et présente une multitude de faits passionnants sur l’attitude des uns et des autres. HH 1119

Eric TALADOIRE

D’Amérique en Europe. Quand les Indiens découvraient l’Ancien-Monde ( 1493-1892 )Paris, CNRS Editions, 2014, 286 p.

Si l’impact de la conquête du Nouveau-Monde sur le continent européen, por-teuse d’importants bouleversements pour l’Occident, a fait l’objet de nombreuses analyses, les chercheurs se sont moins souvent penchés sur l’autre versant de

cet événement, à savoir les conséquences pour les Amérindiens de l’arrivée des Conquistadors. Avec cet ouvrage érudit, Eric Taladoire s’efforce de combler cette lacune en documentant les multiples contacts qui ont conduit à une accultura-tion mutuelle, fruit d’échanges entre les deux mondes. Il évoque les milliers d’Amé-rindiens qui visitèrent l’Ancien-Monde, de l’aube du XVIe siècle à la fin du XIXe, à divers titres : esclaves, otages, espions, interprètes, tantôt reçus comme de hauts dignitaires et instrumentalisés dans le cadre des rivalités entre colonisateurs, tantôt sublimés dans la littérature avec le mythe du « bon sauvage », et parfois exhibés comme des curiosités et exposés en spectacle. En analysant les réactions des visiteurs Amérindiens confrontés à la misère et aux inégalités sociales courantes dans l’Ancien-Monde, ainsi que les béné-fices qu’ils sont parvenus à tirer du choc culturel qu’a représenté l’irruption chez eux des Européens, comme l’utilisation des juridictions européennes, la maîtrise de l’écriture, ou l’apprentissage de techno-logies nouvelles, l’auteur démonte un cer-tain nombre d’idées reçues et apporte une perspective nouvelle sur une découverte à deux sens. HL 1006

David TREUER

Indian roads : un voyage dans l’Amérique indienneTraduit de l’anglais ( Etats-Unis ) par Danièle LaruelleParis, Albin Michel ( Terres d’Amérique ), 2014, 420 p.

Ojibwé d’origine, ce jeune écrivain est né et a grandi à Leech Lake dans le Minnesota. Il nous présente de façon vivante sa vision du vécu dans les réserves indiennes. Foisonnant d’anecdotes, ce récit familial, historique et politique nous entraîne dans un voyage bouleversant à la rencontre des Indiens d’Amérique. Il nous parle des ten-tatives d’extermination, de l’assimilation forcée qui a eu des effets dramatiques sur la vie des tribus dépouillées de leurs terres, du racisme à leur égard et des mul-tiples traités négociés avec Washington qui ont été régulièrement violés au nom de l’expansion américaine. Il y a un siècle ce peuple était censé disparaître. Cependant, sa résistance opiniâtre et son pragmatisme lui ont permis non seulement de survivre en conciliant traditionalisme et modernisme mais d’affirmer ses propres valeurs et son identité. Ce récit puissant et authentique,

vu sous l’angle des Amérindiens, permet de mieux appréhender cette communauté qui « a participé à la naissance même de l’Amérique ». HL 1005

Michel WINOCK

Les derniers feux de la Belle Epoque : chronique culturelle d’une avant-guerre, 1913-1914Paris, Seuil, 2014, 199 p.

Dans cette fresque de dix-neuf chroniques, Michel Winock retrace les événements marquants de cette période où l’insou-ciance était de mise. Ecrivains, peintres, musiciens, danseurs affluent dans la Ville Lumière qui est à son apogée et qui reflète toute la culture mondiale. Nous croisons entre autres André Gide, Charles Péguy, les ballets russes de Diaghilev, le personnage de Fantômas, et Roland Garros qui réalisa la première traversée de la Méditerranée en avion et sans escale. Le sport y a pris une nouvelle dimension et les rencontres internationales se multiplient. « En 1913, et même en 1914, on a vécu dans ce qu’on pourrait appeler l’inconscience – un mot que seul notre savoir postérieur auto-rise ». La guerre était inimaginable. C’est toute l’effervescence des Derniers Feux de la Belle Epoque, un incroyable foison-nement culturel brillamment restitué par Michel Winock. HG 1814

DIVERSGiorgio AGAMBEN

De la très haute pauvretéTraduit de l’italien par Joël GayraudParis, Payot & Rivages, 2013, 183 p.

Le philosophe italien tente de définir, par l’étude des règles monastiques, ce que serait une communauté en deçà du droit – une société dont la structure serait consubstantielle à ses normes plutôt que mise en forme par elles. Spécialiste de l’étude des catégories du droit et de la théologie, Agamben se penche de manière extrêmement minutieuse sur les préceptes par lesquels le cénobitisme se constitue comme une « vie régulière ». Si ces règles peuvent paraître aux modernes de nature juridique, la grande tentation des moines a néanmoins été la volonté de construire leur vie comme une liturgie totale et ininter-rompue. La deuxième partie de cet ouvrage exigeant, mais passionnant, s’attache à saisir l’essence des mouvements spirituels des XIIe et XIIIe siècle, qui culminent avec le franciscanisme. François d’Assise invente l’idée géniale de « très haute pauvreté », qui arrache la communauté à toute pro-priété. Consacrée à Dieu, la vie elle-même

Catel MULLER, dite CATEL

Ainsi soit Benoîte GroultParis, Grasset, 2013, 326 p.

Il s’agit d’un genre inédit : une biographie graphique réalisée du vivant et avec le consentement de son sujet, la féministe Benoîte Groult laquelle, parce qu’elle en est restée aux albums de Bécassine de son enfance, déclare pourtant en page de couverture : « Je n’aime pas la bande dessinée ». Il est piquant d’ailleurs que la question de savoir si le roman graphique est ou non de la littérature se pose tout au long de l’ouvrage, mais peu importe la réponse car on ne boude pas son plaisir. Les dessins, très lisibles, sont excellents. La journaliste-dessinatrice qui n’a pas ménagé son temps ( cinq années de rencontres ) procède avec tact et une empathie voisine de la tendresse. Son modèle se prête avec la franchise d’une femme libre à son questionnement pour raconter une existence peu banale, dont il n’est pas inutile de rappeler, sous cette forme plaisante, les étapes et les combats, à l’heure où le féminisme, assoupi sur de réels acquis, risquerait de relâcher sa vigilance. Ce gros livre n’est pas exempt de quelques longueurs dues non pas à la longévité de Benoîte Groult qui a fêté ses 93 ans, mais à certaines conversations teintées de parisianisme qui n’ajoutent rien au portrait si ce n’est qu’elles restituent une ambiance. Car on rencontre ici du beau monde : le couturier Paul Poiret, Marie Laurencin, le président Mitterrand, Paul Guimard qui fut l’un des trois maris de Benoîte et dont l’entrée en scène vaut le détour, comme on le dit des sites surprenants. RGA 14

mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture10 DIVERS

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vésenAz, Tél. 022 752 18 38 Centre com. Manor - 1222 Vésenaz

n’appartient plus à personne : on ne peut qu’en faire usage – et toujours pour le bien de tous. La revendication franciscaine de la pauvreté, directement issue du com-munisme apostolique, constitue un défi. La radicalité des théologiens franciscains se heurtera bien sûr à la curie romaine et aux maîtres séculiers. Aujourd’hui encore, l’affirmation d’une renonciation à toute propriété et du droit de n’avoir aucun droit sape les bases de tout l’édifice du néocapitalisme. TE 66

Jean-François BERGER

BalkanoïaVevey, l’Aire, 2013, 150 p.

Balkanoïa est un livre kaléidoscopique où plusieurs éléments colorés se superposent et jouent entre eux pour composer un pay-sage. Jean-François Berger, délégué du CICR, historien, peintre et scénariste, en est l’auteur. Les combats de la guerre des Balkans et la douloureuse épopée de sa fille Morgane forment la trame de ce récit. L’assassinat d’un ami délégué, le drame de la bataille de Vukovar vécu par un compa-gnon du CICR cohabitent avec les difficul-tés de Morgane à vivre son handicap et à s’habituer à des séjours hospitaliers loin de sa famille. Pour Jean-François Berger la vie triomphe, semble-t-il, avec ses couleurs parfois tragiques mais toujours vives et fortes. Il sait toucher son lecteur par des lignes sincères et un témoignage sans faux-semblant. L’espoir vacille par moments mais la flamme ne s’éteint pas.

EI 47

Patrick Leigh FERMOR

The Broken Road : from the Iron Gates to Mount AthosLondon, John Murray, 2013, 362 p.

In December 1933, at the age of 18, Fermor walked across Europe from the Hook of Holland to Constantinople. The journey took him 14 months, and gave him material for some of the best travel writ-

ing of the last century. As he approached old age, Fermor began to set down the impressions made on him by that youthful adventure. In 1977 he published A Time of Gifts ( GVL 579/1 ), the first of the three books recounting that journey. This was followed by Between the Woods and the Water ( GVL 579/2 ) in 1986, and finally by the present edition, left unfinished at the time of the author’s death in 2011. In this volume we follow Fermor down the Danube into Bulgaria, then to Bucharest and the Black Sea before the narrative leaves off in mid-sentence. The editors have added entries from Fermor’s diaries to record his arrival in Constantinople, as well as more diary material from a visit to the monaster-ies of Mount Athos, Greece, in 1935. Fermor writes in one of the finest prose styles in English, but his writing also recaptures the innocence and freedom of a young man setting out to discover the world, and find-ing cause for wonder in all that he encoun-ters, from life in a Bulgarian peasant cottage to the bright lights of Bucharest, that second Paris, before the war. Fermor recovers the romance of the Old Europe in its final moments, before it all changed.

GVL 579/4

Alfred FIERRO et Jean-Yves SARAZIN

Le Paris des Lumières, d’après le plan de TurgotParis, Réunion des Musées Nationaux, 2005, 143 p.

En 1734, Michel Etienne Turgot, prévôt de Paris, commissionna le peintre Louis Bretez pour dessiner un plan de la capitale en trois dimensions. Pendant cinq ans cet artiste infatigable parcourut les rues et pénétra dans les cours afin de reproduire, en pers-pective et en élévation, les bâtiments de la ville entière. Paris alors s’étendait de la Porte Saint-Denis au nord ( aujourd’hui Boulevard Saint-Martin ) jusqu’au Jardin du Luxembourg au sud, de la massive et sombre Bastille à l’est jusqu’au « Champs

Elizzées » encore agricoles, à l’ouest. En 1739 cette œuvre magistrale fut impri-mée sous forme de vingt planches gravées de 48 x 80 cm, chacune consacrée à un quartier de la ville. Ce volume reproduit ces gravures à une échelle suffisamment ample pour étaler tous les détails de l’ori-ginal : les barques voguant sur la Seine, le dôme des Invalides, la statue de Louis XIII sur la Place Royale ( aujourd’hui Place des Vosges ). une très riche sélection d’autres images, de tableaux et de dessins colo-rés, accompagnée d’un texte éclairant, représente la vie quotidienne de Paris au XVIIIe siècle dont les rues, les ponts, et les maisons sont beaucoup plus diverses que celles de la capitale « haussmannisée ». un livre somptueusement édité, réjouis-sant pour tout amateur de Paris et du temps des Lumières. BB 137

Alain FINKIELKRAUT

L’identité malheureuseParis, Stock, 2013, 240 p.

On ne présente plus Alain Finkielkraut. Osons dire cependant que son dernier livre a été vilipendé par une certaine presse pour avoir eu l’audace de s’interroger sur la crise du « vivre ensemble » et sur la déliquescence de « l’identité française » dont l’auteur est un respectueux défen-seur, en tant que grand amoureux de sa culture. Pourtant, cet essai a le mérite de proposer une réflexion plutôt nuancée sur un sujet qu’il est urgent d’aborder sans se laisser museler d’avance par la pensée politiquement correcte dont nous payons les conséquences dans les urnes… Ainsi, poser les termes du problème ( délitement de l’enseignement, remplacement du livre par les tablettes, repentance alimentée par les fantômes de Vichy et de la décolonisa-tion ) en l’ancrant – c’est la grande origi-nalité de l’auteur – dans la profondeur de la réflexion de grands penseurs – Hobbes, Tocqueville, Barrès, Levi-Strauss… le tout appuyé par des exemples actuels, séduit. Les travers du monde contemporain : esprit mercantile de la classe dirigeante, déclin des valeurs de notre démocratie, recul de

la morale, médiatisation facile, futilité de notre époque, école déboussolée (…) qu’aucune politique n’arrive à infléchir servent de support au déroulement d’une pensée au charme nostalgique. Si la séduction opère, on ne peut s’empêcher de songer que l’auteur, qui défend une iden-tité perdue – ou presque – grâce à un pro-pos soutenu et érudit, est lui-même du côté de « ce qui s’en va » puisque sa façon de réfléchir n’est plus en phase avec celle de « Petite Poucette » ( le suit-elle seulement dans ses développements ! ). Ceci d’autant plus que l’aspect économique du problème n’est pas traité. Néanmoins, il faut lire et faire lire cet essai car il amorce posé-ment, malgré les critiques précitées, une réflexion que les citoyens – et pas seule-ment les Français – doivent exiger en dépit de medias qui ne font plus toujours un vrai travail d’information et d’investigation.

LM 2964

Etienne KLEIN

Le monde selon Etienne KleinSainte-Marguerite-sur-Mer, Equateurs ( Essais ), 2014, 283 p.

Dans ses chroniques diffusées sur France Culture, le célèbre physicien aborde des sujets aussi variés que surprenants tels que les moutons de Dirac, le retournement des poussettes, le rugby quantique, les grandes leçons d’un petit boson, l’effet Rolling Stones, les neutrinos ou le concept de néant. Avec beaucoup d’humour et une façon toute personnelle de regarder le monde, Etienne Klein attire notre attention sur un contresens à corriger ou une idée à creuser. Citant umberto Eco « Autrefois, j’étais indécis, mais à présent, je n’en suis plus aussi sûr », il souligne l’indétermina-tion qui s’est emparée de la société deve-nue un peu quantique. Subjugué, on se laisse embarquer dans les déambulations de ce penseur hors norme pour qui tout est matière à discussion, et où le plausible n’est pas forcément un bon indice. une source de réflexion infinie. SHA 211

Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 DIVERS 11

Pascal LAMY

Quand la France s’éveilleraParis, Odile Jacob, 2014, 170 p.

En choisissant le titre de son livre, Pascal Lamy a été bien inspiré de laisser tomber la deuxième partie de la maxime à laquelle il faisait référence. Et la mission de « civi-liser la mondialisation » qu’il confie à la France paraît ambitieuse. Construit en trois parties, son texte commence par dresser un bilan nuancé mais globalement positif des développements récents de l’économie mondiale, avant d’exposer le rôle qu’y joue l’Europe et d’envisager le cas particulier de la France. Les succès passés de l’Europe ne garantissent pas la péren-nité d’un projet qui suscite l’inquiétude des peuples. Elle devra se métamorphoser pour s’unir davantage, faute de quoi elle se décomposera. L’auteur s’enflamme quand il parle de son pays, qui lui semble plongé dans une dépression collective, difficile à comprendre au vu des nombreux atouts dont il dispose. Ses incantations – « Oui, la

France peut se remettre en mouvement » – ne masquent cependant pas certaines fai-blesses de son analyse qu’il centre sur les aspects institutionnels en n’évoquant que superficiellement la nature et l’origine des blocages de la société française. L’appel final à la relance de la coopération franco-allemande est représentatif d’une élite technocratique, animée de bonne volonté, habile à la production de synthèses bril-lantes, et qui croit plutôt à la méthode Coué qu’aux traitements de choc.

Philippe RAYNAUD

La politesse des LumièresParis, Gallimard, 2013, 248 p.

Dans notre époque démocratique, les bonnes manières semblent une relique désuète des temps anciens, même si la dénonciation des « incivilités » a récemment gagné en vigueur. Pourtant la politesse était au centre de la conver-sation qu’ont entretenue les penseurs

des Lumières concernant l’organisa-tion politique des sociétés humaines. P. Raynaud rend compte de ces arguments, notamment ceux qu’échangèrent Hume et Montesquieu. Alors que le Français fait l’éloge de la liberté anglaise, l’Anglais sou-ligne les compensations que les manières françaises apportent au manque de liberté. Hume observe que les bonnes manières sont un moyen de contenir les abus de la puissance, politique notamment. « Ainsi comme nous sommes communément fiers, égoïstes et portés à nous préférer à autrui, la politesse nous apprend à nous conduire avec déférence envers nos compagnons ». Il relève que la condition des femmes est probablement meilleure à Paris qu’à Londres, protégée par l’empire des bonnes manières dans un régime politique qui pourtant ignore la liberté. Au nom de la sincérité, Rousseau fit le procès de la civi-lité qu’il accusait de pervertir la nature. La Révolution Française lui donna raison en consacrant l’effacement des formes. Le livre de Philippe Raynaud rappelle uti-lement la justification morale et philoso-phique des manières qui adoucissent la vie, mais qui, par les exigences qu’elles imposent, ne s’opposent pas forcément à la vérité. PA 2

Thomas RÖMER

L’invention de DieuParis, Seuil, 2014, 331 p.

Comment Yahvé est-il devenu le dieu d’Israël ? C’est à la lumière des plus récentes découvertes archéologiques et d’une lec-ture de textes bibliques replacés dans leur perspective historique que Thomas Römer, professeur de Bible hébraïque à la Faculté de théologie de l’université de Lausanne, tente de reconstituer la carrière de celui qui devint l’unique. Yahvé n’est certaine-ment pas un dieu autochtone, et les récits bibliques montrent bien que la relation entre Yahvé et Israël n’a pas existé de tout temps. Le nom même d’Isra-El montre que ce peuple a vénéré un autre dieu, El, le dieu de Canaan, avant que Yahvé ne s’impose. En fait, de nombreux textes dans la Bible

s’accordent pour dire que Yahvé vient du Sud. Soit d’Egypte, soit de Madian, un pays que l’on situe dans la péninsule arabique. La tribu semi-nomade des Shasous, dans le Sud, a eu une relation conflictuelle avec les Egyptiens, qui se reflète peut-être dans la tradition de l’Exode. Ils auraient ren-contré après leur fuite d’Egypte un autre groupe, du nom d’Israël, auquel ils ont fait connaître leur dieu, Yahvé. Dieu guerrier, il correspond au Seth des Egyptiens et au Baal du nord du Levant. Quittant le Sud, il aurait migré lentement vers le royaume de Juda, s’établissant dans le Temple de Jérusalem. Après une cohabitation avec les divinités locales, Yahvé allait prendre toute la place. Le royaume d’Israël, au nord, est quant à lui critiqué dans la Bible pour avoir adoré Yahvé sous la forme d’un taureau, le fameux veau d’or. TC 155

Frank SCHIRRMACHER

Le réveil de MathusalemTraduit de l’allemand par Olivier MannoniParis, Robert Laffont, 2006, 220 p.

Alors que l’union des villes suisses présen-tait le 18 août à Berne une étude sur les défis liés au vieillissement de la popula-tion – dont un quart aura plus de 65 ans en 2030 – comment ignorer un phénomène indéniable que le sous-titre de ce livre définit ainsi : l’avenir appartient à ceux qui savent vieillir ? Cette constatation est aussi l’occasion de rendre hommage à son auteur, Frank Schirrmacher, décédé le 12 juin dernier, qui fut non seulement l’un des plus célèbres journalistes et intellectuels allemands ( Gunther Grass lui avoua avoir servi dans les Waffen-SS ), mais surtout celui qui a succédé au redoutable critique littéraire, Marcel Reich-Ranicki, pour deve-nir par la suite le responsable du cahier Feuilleton – qui réunit les pages Débats et Culture – de la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ce livre analyse avec brio le choc démographique qui est en train de mena-cer non seulement l’Allemagne ( l’objet de cette étude ) mais aussi notre société de

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Guy METTAN, François BUGNION, Jean-François PITTELOUP, Serge NESSI, Philippe BENDER, Serge BIMPAGE

150 ans de passion humanitaire : la Croix-Rouge genevoise de 1864 à 2014Genève, Slatkine, 2014, 155 p.

un beau titre pour ce recueil écrit à plusieurs mains et retra-çant l’histoire de la Croix Rouge genevoise. Cent-cinquante ans d’engagement, de soins, de secours apportés aux plus démunis et aux plus vulnérables. La Croix Rouge genevoise a existé à côté du CICR et a complété, par son activité plus locale, les enjeux tracés par le Comité International initié par Henry Dunant, Guillaume-Henri Dufour et Gustave Moynier.

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mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture12 DIVERS

reconnu par les concepteurs de ce monu-ment. Dans son introduction à cette édi-tion savante d’une sélection de textes du pasteur Williams, réalisée par le théologien Marc Boss, le professeur Baubérot replace son apport dans la tradition calviniste. « Son mérite est d’avoir libéré le protestan-tisme réformé de la gangue théocratique dans laquelle Calvin l’avait enfermée. » Sous le magistère de Williams, l’Etat de Rhode Island accueillit des réfugiés, notamment juifs et quakers, qui fuyaient les politiques répressives des colonies voisines. Les textes choisis montrent que la doctrine du « séparatisme » entre le trône et l’autel ne correspond pas à une relativisation des convictions religieuses

consommation qui tend à discriminer les personnes de plus de soixante ans. En prenant l’exemple des voitures dans la rue pour illustrer sa démarche « …on ne voit plus rouler que les modèles les plus récents… », il dénonce une nouvelle vague de mondialisation où « …d’un côté cha-cun cherche à se maintenir en vie le plus longtemps possible alors que, de l’autre, le monde s’efforce de façon plus ou moins explicite de dissuader les gens de s’accro-cher à l’existence. » Et de suggérer la solu-tion suivante : « …la société qui réussira le mieux sera celle dont les convictions religieuses ou culturelles parviendront à rendre la vieillesse créative. » EQ 71

John VAILLANT

L’arbre d’or : vie et mort d’un géant canadienTraduit de l’anglais par Valérie LegendreLausanne, Noir sur blanc, 2014, 334 p.

En 1997, sur les îles de la reine Charlotte, Grant Hadwin, forestier expérimenté, dis-paraît après avoir abattu, en signe de pro-testation contre la déforestation massive, un épicéa Sitka vieux de 300 ans recouvert d’aiguilles dorées et vénéré par les Indiens

de Williams. C’est au contraire parce que toutes les convictions religieuses ont leur place dans sa colonie qu’il veut com-battre par les armes de l’esprit – et par elles seules – les doctrines qu’il estime contraires à la foi salutaire des « vrais protestants ». Cette proto-laïcité n’est pas destinée à contrôler les expressions de la foi religieuse, mais bien au contraire à leur permettre de rayonner en toute liberté, au nom de l’universalité du message religieux.

DI 762

Haïdas. Le narrateur retrace l’histoire de la Colombie britannique et des Haïdas qui luttent pour leur survie devant la dégrada-tion de leur habitat naturel. Il dépeint avec passion la beauté sauvage et luxuriante des forêts primaires qui s’étendaient autrefois sur tout le territoire et qui ont été décimées sans aucun état d’âme par l’industrie du bois dont le profit est le seul but. L’auteur dénonce cette destruction intensive et les conséquences néfastes du comportement humain sur la nature et la civilisation. Dans cette épopée impression-nante et bien documentée, John Vaillant, collaborateur au National Geographic et au New Yorker, nous propose une excellente réflexion au cœur de l’actualité. SFA 1

Roger WILLIAMS

Genèse religieuse de l’Etat laïqueTextes choisis et édités par Marc BossGenève, Labor et Fides, 2013, 184 p.

Ce livre rend justice à Roger Williams, père fondateur de la colonie de Rhode Island, qui, le premier, a énoncé et mis en œuvre les principes fondateurs de la laï-cité. La présence de sa statue sur le mur de la Réformation du parc des Bastions révèle que son rôle de pionnier était déjà

bienvenueAdhérer à la Société de Lecture, c’est redécouvrirle plaisir de lire dans un cadre somptueux et profiter de :

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lu-ve 9h00 - 18h30 sa 9h00 - 12h00réservation de livres 022 310 67 46

et encoreCecilia ATTIAS, Une envie de vérité, Flammarion, 2013, 301 p.

Alexander DANCHEV, Cézanne : a life, Profile books, 2013, 488 p. Bc 828

Antoine LEFÉBURE, L’affaire Snowden : comment les Etats-Unis espionnent le monde, La Découverte, 2014, 275 p. HL 1004

Bernard LESCAZE et Liliane de Toledo, Pharmacie principale, 100 ans à Genève,

Pharmacie principale, 2013, 143 p. 12.3 LESC 1

Max LOBE, La trinité bantoue, Zoé, 2014, 199 p. 16.2 LOBE 1

Catherine MILLET, Une enfance de rêve, Flammarion, 2014, 283 p. Frédéric PAJAK, Manifeste incertain, vol. 3, Noir sur Blanc, 2014, 221 p. RGA 8

James SALTER, Et rien d’autre, Ed. de l’Olivier, 2014, 364 p. LHC 912 B

David SPURR, Joyce and the scene of modernity, University Press of Florida,

2002, 151 p. LBA 291

David SPURR, The rhetoric of empire : colonial discourse in journalism, travel writing, and imperial administration, Duke University Press, 1993, 212 p. LBD 5

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HomèreL’Iliade L’Odyssée

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