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LE TRAIT D’UNION Automne 2011 www.syndicat-unifie.net Le syndicat unifié agit pour construire ! Syndicat Unifié Éditorial N°105 Chaque année, les partenaires sociaux se réunissent pour une négociation sur les évolutions salariales. Nous constatons que depuis plus de 10 ans, les seuls qui ont profité d’une forte hausse de leur rémunération sont nos dirigeants. L’année 2010 (versée en 2011) a été encore pour eux un super millésime. Leur responsabilité dans la gestion du Groupe et leurs choix stratégiques depuis 2006 ont conduit le groupe a de lourdes pertes depuis cette période mais c’est sans aucun scrupule que les représentants aux conseils de surveillance votent majoritairement, année après année, les rémunérations pharaoniques de nos mandataires sociaux. Dès 2008, nous avions dénoncé la mise en place de la nouvelle formule de part variable des dirigeants, pouvant atteindre jusqu’à 80% de leur part fixe. Ce système les encourage à prendre des risques sans qu’ils aient à en assumer personnellement les conséquences en cas de perte. Car, si en 2008 un Président de caisse percevait un salaire fixe de 290 000€, il peut atteindre aujourd’hui 351 958€. Le pourcentage de la part variable prend alors une tout autre dimension. Lors de notre prochain rendez-vous salarial, la dis- cussion va-t-elle être orientée sur les problèmes bancaires, les obligations de refinancement des banques? Les salariés devront-ils encore supporter un plan d’austérité et regarder les écarts se creuser comme une fatalité? NOS DROITS BAFOUÉS La plus grande escroquerie et régression sociale date de décembre 2003. L’accord collectif qui détermine les RAM (rémunération annuelle minimale) a été appliqué à chaque salarié sans faire la distinction des avantages individuels acquis sur les bulletins de paie des anciens salariés. Ont ainsi été intégrés dans la rémunération globale des avantages acquis nationaux, à savoir «l’ancienneté acquise», le différentiel indemnité de résidence familiale/ prime familiale issus du statut, la prime de durée d’expé- rience, la prime familiale et la prime de vacances issues de l’accord du 19 décembre 1985 dénoncé le 20 juillet 2001 et des avantages locaux. L’intégration de tous les éléments constitutifs de la rémunération sur une seule ligne, méthode censurée par la Cour de cassation dans son arrêt du 1er juillet 2008, a masqué le fait que les salariés titulaires d’avantages acquis individuels au 31 décembre 2003 éventuellement d’avan- tages spécifiques conventionnels, ne percevaient en réalité pas, à compter du 1er janvier 2004, un salaire au moins égal à la RAM, augmenté de ces avantages personnels. Cette position que nous défendons devant les tribunaux serait la cause du refus de toute négociation sur les salaires, l’évolution dans l’emploi, les conditions de travail… Malgré cette posture rigide, nous ferons entendre nos reven- dications pour l’année 2012: une augmentation générale de 3% avec un minimum de 70€ brut mensuel, une prime exceptionnelle de 1 200€, un salaire minimum pour les T3 de 25 500€ et une revalorisation des RAM : de T1 à T3 = 4% de T4 à CM6 = 3,5% CM7 et plus = 3%. Sylvie LIZIARD, Secrétaire générale Les patrons des Caisses d’épargne sont très bien payés. Plus que la plupart de leurs homo- logues dans les autres réseaux bancaires. Surtout, leurs rémunérations ont considérablement pro- gressé dans les quelques dernières années. Dans des proportions sans commune mesure avec celle des salariés lambda dans leurs entreprises. Ils dépensent par ailleurs beaucoup d’énergie à ima- giner tout un tas de petites astuces pour améliorer leur ordinaire. Ces situations ultra-privilégiées sont-elles justifiées ? Au vu de la qua- lité de leur travail, on peut en douter. Tour d’horizon. Nous publions donc dans ce numéro le tableau quasi-complet (il manque une seule Caisse) des salaires des présidents de directoire de Caisse d’épargne. Nous ne le faisons pas par démagogie, ni même parce que nous trouvons ces revenus extravagants en eux-mêmes. Après tout si ces messieurs (pardon, il y a une dame, ce qui est déjà une indication intéressante) investissaient leur propre argent et prenaient réellement des risques, on pourrait presque comprendre. Mais ils ne prennent aucun risque. Et d’ailleurs, pas bêtes, ils ont fait scinder leur salaire en deux, une partie mandat social, pour justifier les gros sous, une partie contrat de travail, pour bénéficier du parapluie de l’État providence et être payés par les ASSEDIC au cas où leurs immenses mérites ne seraient plus reconnus. C’est ce que dans le midi on appelle avoir ceinture et bretelles. Et puis, dans le Groupe, il y a plus coûteux pour nos comptes. M.Pérol émargeait en 2010 à 1,6 million par an (+ 240% par rapport à l’année précédente mais il semblerait que l’augmentation soit plus modeste en 2011). Pire, M. Mignon, le patron de la calamiteuse banque Natixis, émargeait pour la même année à 2 millions (1,2 de part fixe et 800 000 euros de part variable), ce qui est cher payé pour une catastrophe industrielle. Non? Si nous nous agaçons des salaires des présidents de directoire, si nous hésitons entre en pleurer ou en rire (voir l’article Hold-up au COS de Loire Centre), c’est que décidément le rapport qualité/prix n’y est pas. Il n’y est pas parce que les patrons de Caisses d’épargne Editorial Rémunérations «Dirigeants/salariés: du grand écart au gouffre abyssal» (p1 à 3) «Hold-up en bande organisée» (p3) Faits de société «La déconcentration, un mal moderne» (p4) Échos du réseau «La piste aux étoiles a disparu» (p4) «Retour aux urnes» (p 5) Brèves du guichet (p8) Vie du groupe «GPEC» (p5) «Nouvelle DRH à BPCE» (p6) «Carton rouge pour le Groupe» (p6) Vos droits en pratiques (p5) En français dans le texte (p8) Portrait passion «Roland, un écureuil au cœur de la ruche» (p7) Actualités UNSA «L’UNSA contre le cercle vicieux de l’austérité» (p7) «Une belle victoire» (p8) Lu pour vous (p8) SOMMAIRE Les grands patrons aiment beaucoup le football. Il n’est pas certain qu’ils soient capables de disserter sur le 4-3-3 ou sur les techniques du hors-jeu. Non. Ce qui les intéresse ce sont les salaires des footballeurs. C’est en effet le seul moyen qu’ils ont trouvé pour justifier leurs émoluments mirobolants: « Si un footballeur gagne des centaines de milliers d’euros par an, répondent-ils très souvent lorsqu’on les interroge, pourquoi pas nous? » (Voir notre « lu pour vous » pour une réflexion technique très stimulante sur ce parallèle). Les patrons des Caisses d’épargne partagent-ils cet argument spécieux ? Il faudrait en tous cas qu’ils trouvent une bonne raison pour justifier l’invraisemblable progression de leurs rémunérations. Passons sur le fait qu’il n’est sans doute pas plus moral de gagner des sommes folles en tapant dans un ballon qu’en spéculant ou qu’en délocalisant. Encore faut-il admettre que les footballeurs, eux, ont une valeur mesurable. Ils doivent avoir des résultats et on les juge à ces résultats. Ils s’évaluent sur un mercato sur lequel on se les dispute. Jadis, le Real Madrid et la Juventus ont surenchéri pour avoir Zidane. Quelle banque est venue surenchérir sur le salaire de M. Mercier ? Quelle entreprise, hors Caisse d’épargne, a sorti son chéquier pour débaucher M. Maire ? Quel groupe étranger a fait des pieds et des mains pour avoir M. Lacroix ? Simplement poser la question, c’est déjà s’offrir un moment de franche rigolade. La vérité, c’est qu’au vu de leurs piètres prestations, beaucoup de PME n’auraient pas voulu de certains de ces gens-là. «DIRIGEANTS/SALARIéS, DU GRAND éCART AU GOUFFRE ABYSSAL» UN MAUVAIS RAPPORT QUALITÉ/PRIX OUVERTURE DE NÉGOCIATION TENDUE, RELATIONS SOCIALES ET SALARIALES DISTENDUES… RÉMUNÉRATIONS: (suite page 2)

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LE TRAIT D’UNION

A u t o m n e 2 011

w w w . s y n d i c a t - u n i f i e . n e t Le syndicat unifié agit pour construire !

Syndicat

Unifié

ÉditorialN°105

Chaque année, les partenaires sociaux se réunissent pour une négociation sur les évolutions salariales. Nous constatons que depuis plus de 10 ans, les seuls qui ont profité d’une forte hausse de leur rémunération sont nos dirigeants. L’année 2010 (versée en 2011) a été encore pour eux un super millésime. Leur responsabilité dans la gestion du Groupe et leurs choix stratégiques depuis 2006 ont conduit le groupe a de lourdes pertes depuis cette période mais c’est sans aucun scrupule que les représentants aux conseils de surveillance votent majoritairement, année après année, les rémunérations pharaoniques de nos mandataires sociaux. Dès 2008, nous avions dénoncé la mise en place de la nouvelle formule de part variable des dirigeants, pouvant atteindre jusqu’à 80% de leur part fixe. Ce système les encourage à prendre des risques sans qu’ils aient à en assumer personnellement les conséquences en cas de perte. Car, si en 2008 un Président de caisse percevait un salaire fixe de 290 000€, il peut atteindre aujourd’hui 351 958€. Le pourcentage de la part variable prend alors une tout autre dimension. Lors de notre prochain rendez-vous salarial, la dis-cussion va-t-elle être orientée sur les problèmes bancaires, les obligations de refinancement des banques? Les salariés devront-ils encore supporter un plan d’austérité et regarder les écarts se creuser comme une fatalité?

Nos droits bafouÉs La plus grande escroquerie et régression sociale date de décembre 2003. L’accord collectif qui détermine les RAM (rémunération annuelle minimale) a été appliqué à chaque salarié sans faire la distinction des avantages individuels acquis sur les bulletins de paie des anciens salariés. Ont ainsi été intégrés dans la rémunération globale des avantages acquis nationaux, à savoir « l’ancienneté acquise», le différentiel indemnité de résidence familiale/ prime familiale issus du statut, la prime de durée d’expé-rience, la prime familiale et la prime de vacances issues de l’accord du 19 décembre 1985 dénoncé le 20 juillet 2001 et des avantages locaux. L’intégration de tous les éléments constitutifs de la rémunération sur une seule ligne, méthode censurée par la Cour de cassation dans son arrêt du 1er juillet 2008, a masqué le fait que les salariés titulaires d’avantages acquis individuels au 31 décembre 2003 éventuellement d’avan-tages spécifiques conventionnels, ne percevaient en réalité pas, à compter du 1er janvier 2004, un salaire au moins égal à la RAM, augmenté de ces avantages personnels.Cette position que nous défendons devant les tribunaux serait la cause du refus de toute négociation sur les salaires, l’évolution dans l’emploi, les conditions de travail…Malgré cette posture rigide, nous ferons entendre nos reven-dications pour l’année 2012: une augmentation générale de 3% avec un minimum de 70€ brut mensuel, une prime exceptionnelle de 1 200€, un salaire minimum pour les T3 de 25 500€ et une revalorisation des RAM : • de T1 à T3 = 4% • de T4 à CM6 = 3,5% • CM7 et plus = 3%.

Sylvie LIZIARD,Secrétaire générale

Les patrons des Caisses d’épargne sont très bien payés. Plus que la plupart de leurs homo-logues dans les autres réseaux bancaires. Surtout, leurs rémunérations ont considérablement pro-gressé dans les quelques dernières années. Dans des proport ions sans commune mesure avec celle des salariés lambda dans leurs entreprises. Ils dépensent par ailleurs beaucoup d’énergie à ima-giner tout un tas de petites astuces pour améliorer leur ordinaire. Ces situations ultra-privilégiées sont-elles justifiées ? Au vu de la qua-lité de leur travail, on peut en douter. Tour d’horizon.

Nous publions donc dans ce numéro le tableau quasi-complet (il manque une seule Caisse) des salaires des présidents de directoire de Caisse d’épargne. Nous ne le faisons pas par démagogie, ni même parce que nous trouvons ces revenus extravagants en eux-mêmes. Après tout si ces messieurs (pardon, il y a une dame, ce qui est déjà une indication intéressante) investissaient leur propre argent et prenaient réellement des risques, on pourrait presque comprendre. Mais ils ne prennent aucun risque. Et d’ailleurs, pas bêtes, ils ont fait scinder leur salaire en deux, une partie mandat social, pour justifier les gros sous, une partie contrat de travail, pour bénéficier du parapluie de l’État providence et être payés par les ASSEDIC au cas où leurs immenses mérites ne seraient plus reconnus. C’est ce que dans le midi on appelle avoir ceinture et bretelles. Et puis, dans le Groupe, il y a plus coûteux pour nos comptes. M.Pérol émargeait en 2010 à 1,6 million par an (+ 240% par rapport à l’année précédente mais il semblerait que l’augmentation soit plus modeste en 2011). Pire, M. Mignon, le patron de la calamiteuse banque Natixis, émargeait pour la même année à 2 millions (1,2 de part fixe et 800 000 euros de part variable), ce qui est cher payé pour une catastrophe industrielle. Non? Si nous nous agaçons des salaires des présidents de directoire, si nous hésitons entre en pleurer ou en rire (voir l’article Hold-up au COS de Loire Centre), c’est que décidément le rapport qualité/prix n’y est pas. Il n’y est pas parce que les patrons de Caisses d’épargne

Editorialrémunérations

«dirigeants/salariés: du grand écart au gouffre

abyssal» (p1 à 3)

«Hold-up en bande organisée» (p3)

faits de société

«La déconcentration, un mal

moderne» (p4)

Échos du réseau

«La piste aux étoiles a disparu» (p4)

«retour aux urnes» (p5)

brèves du guichet (p8)

Vie du groupe

«GPEC» (p5)

«Nouvelle drH à bPCE» (p6)

«Carton rouge pour le Groupe» (p6)

Vos droits en pratiques (p5)

En français dans le texte (p8)

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Les grands patrons aiment beaucoup le football. Il n’est pas certain qu’ils soient capables de disserter sur le 4-3-3 ou sur les techniques du hors-jeu. Non. Ce qui les intéresse ce sont les salaires des footballeurs. C’est en effet le seul moyen qu’ils ont trouvé pour justifier leurs émoluments mirobolants: «Si un footballeur gagne des centaines de milliers d’euros par an, répondent-ils très souvent lorsqu’on les interroge, pourquoi pas nous? » (Voir notre « lu pour vous » pour une réflexion technique très stimulante sur ce parallèle). Les patrons des Caisses d’épargne partagent-ils cet argument spécieux ? Il faudrait en tous cas qu’ils trouvent une bonne raison pour justifier l’invraisemblable progression de leurs rémunérations. Passons sur le fait qu’il n’est sans doute pas plus moral de gagner des sommes folles en tapant dans un ballon qu’en spéculant ou qu’en délocalisant. Encore faut-il admettre que les footballeurs, eux, ont une valeur mesurable.

Ils doivent avoir des résultats et on les juge à ces résultats. Ils s’évaluent sur un mercato sur lequel on se les dispute. Jadis, le Real Madrid et la Juventus ont surenchéri pour avoir Zidane. Quelle banque est venue surenchérir sur le salaire de M. Mercier ? Quelle entreprise, hors Caisse d’épargne, a sorti son chéquier pour débaucher M. Maire ? Quel groupe étranger a fait des pieds et des mains pour avoir M. Lacroix ? Simplement poser la question, c’est déjà s’offrir un moment de franche rigolade. La vérité, c’est qu’au vu de leurs piètres prestations, beaucoup de PME n’auraient pas voulu de certains de ces gens-là.

«DIRIgEANTS/SALARIéS,

DU gRAND écART AU

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(suite page 2)

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Rémunérations

sont sensiblement plus payés que leurs homologues dans

d’autres réseaux comparables, parce que nombre d’entre eux, déjà en poste à l’époque, n’ont pas empêché la dégringolade qu’a connu le réseau des Caisses d’épargne en 2008, parce qu’ils ont abandonné certaines de leurs prérogatives au plan national, parce qu’à l’inverse ils empêchent le national d’agir lorsqu’il lui arrive d’avoir des idées intelligentes, parce qu’ils se sont bâti des parts variables aux petits oignons qui sont versées selon des critères plutôt subjectifs, parce qu’ils préfèrent les résultats à court terme pour figurer en bonne place au tableau d’honneur national, parce qu’ils font preuve de bien plus d’imagination pour «gratter» tout un tas de petits avantages que pour bien faire fonctionner leur Caisse. Et surtout, nous n’admettons pas le décalage inadmissible entre l’évolution des salaires des «écureuils» moyens et l’incroyable évolution des salaires des mandataires sociaux ces dernières années qui dépasse toute mesure et que rien n’explique rationnellement.

Qu’est-ce qui justifie par exemple que le salaire du Président en Bretagne et Pays de Loire, ait augmenté de 163% en 7 ans alors que pendant la même période ses salariés voyaient leur salaire moyen progresser de 4,8%? Certainement pas l’aug-mentation de ses responsabilités, puisqu’il a accepté avec ses collègues que la gestion financière soit quasi-totalement remontée des Caisses vers la CNCE, puis aujourd’hui vers BPCE. Qu’est ce qui justifie que la Présidente du directoire de la Caisse de Loire Centre ait vu son salaire augmenter de 27,9% entre 2007 et 2011 ? Certainement pas l’affirmation de son pouvoir de décision, puisque comme tous ses collègues, chaque fois qu’elle est confrontée à une demande de négociation sociale, elle renvoie aux consignes nationales de BPCE. Qu’est-ce qui justifie que le salaire de M.Chassard, le patron de Normandie ait augmenté de 24,32% entre 2008 et 2011 alors que pendant la même période il a fait baisser les effectifs de l’entreprise de plus de 150 salariés? Certainement pas sa capacité à faire preuve d’autonomie en matière commer-ciale, puisque comme les autres, il applique

«DIRIgEANTS/SALARIéS: DU

gRAND écART AU gOUffRE

AbySSAL» avec discipline la catastrophique technique du benchmark inventée par M. Klein (voir article La piste aux étoiles). Qu’est-ce qui justifie que M. Comolet soit augmenté de 8,75 % en un an? Certainement pas son sens du social puisqu’il brille surtout par son obsession à forcer les salariés à muter dans le réseau, avec des dégâts parfois terribles (tentatives de suicide).

Pour que chacun puisse comparer ces différentes augmentations avec celles dont ont «bénéficié» les salariés qui se coltinent la galère du boulot quotidien, nous publions les tableaux des augmentations des salariés - employés et cadres - des Caisses d’épargne. Comme on le voit, nous, évoluons désormais sur des planètes différentes.

La progression des rémunérations des présidents de directoire des Caisses d’épargne est d’autant plus étonnante qu’il semblerait qu’elle était déjà supérieures à la moyenne des rémunérations des directeurs régionaux des Banques populaires. Nous n’avons pas d’information détaillée concer-nant les Banques populaires, mais nous savons que la moyenne des salaires des patrons de l’ensemble des 37 banques régio-nales (BP+CE), chiffre que nous connais-sons, est inférieure - et même sensiblement inférieure - à la moyenne des patrons des seules Caisses d’épargne, et cela aussi bien en part fixe qu’en part variable. Cela signifie donc que les patrons des Caisses d’épargne gagnent significativement plus que les patrons des Banques populaires.

Oui mais, disent certains, il y a eu des fusions. C’est vrai. Si l’on reprend l’exemple de M. Patault lorsqu’il gagnait il y a sept ans 220 000 euros, il ne dirigeait que la Caisse de Pays de Loire, on lui en attribue 580 000 aujourd’hui pour régner sur le bien plus vaste territoire de Pays de Loire et Bretagne. Cette fusion justifie-t-elle une pareille augmentation de salaire? On peut en douter. «De toute façon, avait communiqué BPCE, ce sont les COS qui décident de ces rémunérations et des représentants des sala-

riés y sont présents». Là aussi l’argument ne tient pas, car ce ne sont pas les COS mais des comités de rémunération desquels sont exclus nos représentants qui décident de ces salaires, les COS ne servant que de chambres d’enregistrement.

Le plus ironique dans cette histoire est que si l’on peut reprocher aux patrons de Caisse cet étonnant rapport entre la progression de leurs salaires et celle de leur déresponsabilisation, les rares fois où d’un seul coup ils se mettent à ruer dans les brancards, c’est pour jouer contre le per-sonnel. Ainsi, M. Pérol était favorable à un intéressement Groupe. C’était une excellente idée qui aurait permis de garantir un minimum à tous les salariés et de faire bénéficier d’une forme d’intéressement les personnels des organismes communs. Cela aurait permis en outre de rééquilibrer les choses avec les banques populaires où tout ce qui est «variable collectif» est beaucoup plus impor-tant que chez nous. Eh bien, pour une fois les bons petits soldats se sont révoltés, pour une fois, ils ont trouvé la force d’interdire à Pérol de mettre en place cet intéressement Groupe. Nous aimerions vraiment qu’ils fassent preuve d’autonomie dans d’autres domaines, en manière d’organisation du Groupe par exemple, en matière d’affirmation des points de vue régionaux, en matière de maîtrise de leur politique Commerciale ou en matière financière.

Mais il n’y a pas que l’argent son-nant et trébuchant ! Les patrons de Caisses, avec la complicité de COS bien dociles, ont multiplié les petits avantages annexes. Pour ça, on peut dire qu’ils font preuve d’initiative et d’imagination! Ils ont tous, bien entendu, logement et voiture de fonction. Concernant le logement, il est comptabilisé comme le prévoit la loi en avantage en nature. Pour des valeurs qui laissent supposer des rési-dences plutôt luxueuses. Ce qui n’empêche pas les quelques petits malins qui achètent leur résidence principale de conserver l’avan-tage lorsqu’ils déménagent. Concernant le véhicule de fonction, on imagine bien qu’il ne s’agit jamais d’une Twingo ou d’une 207. Beaucoup de nos chers dirigeants aiment

les modèles allemands de forte cylindrée, si bien que certains ont proposé de rebaptiser le comité de rémunération comité d’Audi. Tel patron d’une Caisse régionale pousse même la malice jusqu’à laisser sa voiture de fonction à son épouse qui vit à Paris pendant la semaine, et à utiliser lui-même un second véhicule, rebaptisé pour que ça ne se remarque pas trop véhicule de service, mais d’une cylindrée et d’un confort aussi sympathiques que celle qu’utilise madame.

Bien sûr, il faut penser à ses vieux jours et tous les présidents et membres de directoire bénéficient d’un système de retraite supplémentaire dit de type additif. Ce système garantit un certain pourcentage du dernier salaire, en complément de ce qui est versé par les régimes «normaux» (sécu, ARRCO et AGIRC). Si ces régimes normaux assurent par exemple 40% du dernier salaire et que le système additif garantit 75%, ce régime verse à vie 35% de la retraite et cela sans qu’aucune cotisation, qu’on devine d’un niveau très élevé, ne soit versée par l’intéressé.

Nous vous passons les multiples jetons de présence dans les conseils d’admi-nistration de diverses sociétés où les Caisses sont représentées (voir encadré), et les petits voyages aux quatre coins du monde sous divers prétextes qui se résument en général à une petite communication d’une demi-journée entourée par quatre ou cinq jours de tourisme, souvent avec madame.

La belle vie, en quelque sorte. D’autant plus agréable que dans le fond elle ne suppose pas trop d’efforts. «Si ça va mal, c’est à cause de BPCE, si ça va bien, c’est grâce à moi». Cela ne mérite certainement pas que ces gens-là voient leurs rémunéra-tions progresser cinq à six fois plus vite que celle des salariés qui, dans les agences et dans les sièges, assument la réalité de la difficulté du boulot, la pression commerciale, la rancœur des clients et le stress quotidien.

Louis Martin

NoM dE L’ENtrEPrisE (NoM du diriGEaNt) Part fiXE Part VariabLE (01)

totaL

CE Alsace (JP Deramecourt) 260000 131000 391000CE Aquitaine Poitou-Charentes (JF Paillissé) 320000 174000 494000CE Auvergne Limousin (M. Bourrigaud) 285000 165000 450000CE Bourgogne Franche Comté (A. Maire) 310000 190000 500000CE Bretagne-Pays de Loire (D. Patault) 351958 227840 579798CE Côte d’Azur (J.C Créquit) 280000 156800 436800CE Ile de France (B. Comolet) 435000 256000 691000CE Languedoc-Roussillon (JM. Carcélès) 295000 202369 497369CE Loire Drôme Ardèche (JP Levayer) 250000 148000 398000CE Loire-Centre (N. Etchegoinberry) 280000 180320 460320CE Lorraine-Champ. -Ardennes (B. Mercier) 310000 166000 476000CE Midi-Pyrénées (P. Carli) 235000 117000 352000CE Nord France Europe (A. Denizot) 265000 212000 477000CE Normandie (J. Chassard) 286000 152230 438230CE Provence Alpes Corse (A.Lacroix) 355000 269800 624800CE Rhône Alpes (J-B Mateu) 270000 164700(2) 434700

(1) Voir l’encadré «Une règle interprétée a minima»

(2)Pour harmoniser notre présentation, nous donnons concernant M. Mateu un chiffre théorique. M. Mateu ayant été nommé récemment, il n’a pas encore perçu de part variable correspondant à une activité annuelle. La part variable théorique est obtenue en appliquant à sa rémunération fixe le pourcentage concernant son prédécesseur, Olivier « BenchMark » Klein.

LEs PEtits «À CotÉs»

sYMPatHiQuEs

LE PriX dE La

dÉrEsPoNsabiLisatioN

2

pression d’une opinion publique scandalisée par les salaires des banquiers et traders, Mme Lagarde, avant de partir au FMI, avait en effet édicté des règles selon lesquelles les parts variables ne pouvaient être versées qu’à hauteur de 50% la première année, le reste étant versé en deux ans. Ces 50% doivent prendre la forme d’actions dans les sociétés cotées. Pour les CE, qui ne sont pas cotées, les COS ont prévu des conditions. Le problème est que, pour ce que nous en connaissons, les conditions sont telles que le versement sur les deux années suivantes est quasiment acquis. Il faudrait véritablement que les Caisses d’épargne entrent dans une récession inédite pour que le reste de la part variable ne soit pas versé. Pour le coup, la part variable telle que nous la divulguons n’est peut-être pas entièrement versée l’année considérée, mais elle correspond à une réalité qui aura pour seul inconvénient, les trois premières années, d’être lissée dans le temps.

On se demande comment les COS, qui sont constitués de sociétaires, théorique-ment garants de l’esprit mutualiste qui devrait animer nos entreprises, peuvent accepter de voter des salaires aussi disproportionnés. C’est très simple. On les a neutralisés par l’argent. Il n’est pas rare que les présidents de COS soient payés entre 40 et 50 000 euros par an. C’est peu par rapport aux présidents de directoire mais comme ils sont souvent rémunérés par ailleurs, ou retraités, il s’agit là d’un gentil petit complément de revenus qui rendent docile lorsqu’il s’agit d’appliquer les directives de BPCE.

Rémunérations3

datE CoNditioN tauX d’auGMENtatioN1er janvier 2002 0,00%1er janvier 2003 0,70%1er septembre 2003 0,50%1er octobre 2004 0,70%1er juin 2005 0,70%1er juillet 2006 0,50%1er janvier 2007 0,80%1er avril 2008 Rému. annuelle

brute < 30 000€1,80%

1er avril 2008 Rému. annuelle brute > 30 000€

et < 40 000€

1,20%

1er avril 2008 Rému. annuelle brute > 40 000€

0,80%

1er janvier 2009 minimum annuel 300€

1,00%

1er mars 2010 0,70%

Le tableau que nous publions ne comporte que les rémunérations part fixe et part variable des activités au titre de la Caisse d’épargne considérée. Nos amis dirigeants ont, Dieu merci, de petits pour-boires en supplément, car ils perçoivent divers jetons de présence pour une activité qui se limite en général à la participation le plus souvent passive à quelques conseils d’administration. Pour quels montants ? Les chiffres sont difficiles à compiler car les sources sont diverses. Quelques exemples : au titre de Natixis et des filiales de Natixis, de BPCE et des filiales de BPCE, M. Patault a perçu pour le dernier exercice connu (2010) 58 143 euros. Encore s’agit-il dans son cas d’une somme presque raisonnable, car l’année précédente M. Comolet, au titre des filiales BPCE et CNCE avait perçu la bagatelle de 162 175 euros. Et en 2008 et 2007, M. Crequit avait fait mieux aussi, recevant respectivement 35 500 euros et 73 500 euros pour le même travail, si on peut appeler ça un travail. Et ceci ne tient pas compte de divers compléments, plus difficiles à connaitre, éventuellement versés pour des activités «régionales» dans des sociétés de capital investissement, de développement régional et autres.

Certains présidents de directoire contesteront peut-être nos chiffres. Sous la

1- fauX Et Vrais

JEtoNs

2- uNE rÈGLE iNtErPrÉtÉE

À MiNiMa

3- dEs Cos CoMPLiCEs

Syndicat Unifié

Augmentations des salaires de la branche Caisse d’épargne depuis 2002

datE t1 t2 t3 tM4 tM5 CM61er janvier 2004 15 681 € 17 721 € 20 781 € 23 585 € 25 879 € 30 234 €1er janvier 2006 16 152 € 18 253 € 21 405 € 24 293 € 26 656 € 31 142 €1er janvier 2007 16 475 € 18 618 € 21 833 € 24 779 € 26 923 € 31 454 €1er janvier 2008 17 299 € 19 549 € 22 925 € 25 398 € 27 596 € 31 831 €1er janvier 2009 17 645 € 19 940 € 23 384 € 25 652 € 27 872 € 32 149 €1er janvier 2010 17 909 € 20 239 € 23 734 € 25 908 € 28 150 € 32 470 €1er janvier 2011 18 173 € 20 538 € 24 084 € 26 164 € 28 428 € 32 791 €

Rémunérations annuelles minimales

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HOLD-Up AU cOS

DE LOIRE cENTRE

LE bUTIN EST ESTImé

à 400 000 euros

La réunion étai t commencée depuis environ deux heures et l'assemblée n'avait pas spécialement remarqué le comportement des cinq protagonistes placés en bout de table. Certes, ils étaient restés plutôt discrets se contentant de quelques sourires et de phrases ras-surantes sur les résultats de la Caisse d'Epargne afin de ne pas éveiller les soupçons. Tout s'est alors passé très vite. Profitant du point sur leurs rémunérations qui était à l'ordre du jour et bénéficiant sans doute de complices à l'intérieur du Comité de Rémunération, ils se sont fait voter des montants exor-bitants de part variable : 64 % de sa rémunération annuelle pour la présidente du direc-toire et une moyenne de 40% pour les autres membres. Le montant total est estimé à près de 400 000 euros.A part les représentants du Personnel Syndicat Unifié UNSA qui, n'écoutant que leur courage, ont tenté de s'interposer en votant contre cette proposition, les autres membres du COS ont levé

"haut les mains" pour voter cette résolution.Leur coup étant fait, l'assis-tance s'attendait à ce que les ravisseurs exigent qu'on leur amène une voiture avec le plein d'essence pour pouvoir prendre la fuite. Mais ils ne devaient pas en être à leur coup d'essai car, en profes-sionnels accomplis, ils sont restés très calmes et avaient tout prévu. En effet, ils ont tranquillement attendu la fin de la réunion pour repartir avec leur butin au volant de leurs voitures de fonction.D'après nos sources, la police serait impuissante à agir, car ce hold-up aurait été fait en toute légalité !Une cellule d'aide psycholo-gique a néanmoins été mise en place pour les salariés qui, n'ayant eu pour cette année que les 0,7% d'augmentation octroyés par ces mêmes diri-geants, seraient sous le choc de cette annonce.

Dernière minute : d'après les enquêteurs, cette façon de procéder serait à rapprocher de ce qui s'est passé peu de temps avant au Conseil de surveillance de BPCE où la méthode employée fut la même. Le cerveau de la bande se trouverait probable-ment làbas et se serait fait remettre à lui seul la somme de 1 056 000 euros au titre de sa part variable 2010. Il pourrait donc s'agir d'un véritable gang organisé qui opérerait au nez et à la barbe des salariés.

"La dépêche de Loire Centre"

Syndicat

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faitsde société

LA pISTE AUx éTOILES

A DISpARU

On sait tout le mal qu'il faut penser du bench-mark, « inventé» par l'inef-fable Olivier Klein. Un direc-teur de région de la Caisse d'épargne de Normandie a poussé le zèle jusqu'à inscrire le benchmark dans l'espace spatio-temporel. Il a inventé en effet un challenge opposant les salariés prenant leurs vacances en juillet à ceux prenant leurs vacances au mois d'août. Ce challenge particulièrement absurde portait sur tous les produits: IARD, livrets A, assurances vie, PEL/QUADRETO et même recrutement de socié-taires. Il était accompagné de tout l'appareillage habituel: suivi journalier, affichage des résultats, pressions «amicales», discours soi-disant «mobilisateurs». Et il faisait l'objet de la rhétorique débilitante qui accompagne toujours ces pratiques: «La revanche des Aoûtiens», «Les aoûtiens relèvent le défi!» etc. Les délégués du personnel Syndicat-Unifié/Unsa ont posé une question sur le côté

infantilisant de ce type

de pratique. Réponse, tout aussi débile que la pratique elle-même : «les conditions de cette animation faisaient qu’une grande souplesse était donnée aux équipes compte tenu de cette période de congés».

Comble de l'imbécillité managériale, ce "match de l ’été" n'avait même pas d'intérêt pécuniaire. En effet, les "défis" antérieurs étaient accompagnés de l'attribution d'étoiles d'une valeur de dix euros. Ça n'allait pas bien loin, bien sûr, rares étaient les salariés qui atteignaient les 200€. En plus, ce n'était pas versé en espèces mais en bons d'achat, et ils étaient fiscalisés. Eh bien! Dans le combat homérique des aoû-tiens contre les juilletistes, les étoiles ont disparu! Oubli estival peut-être? Pas du tout, car à la rentrée un "nouveau défi", assorti de la même rhétorique, est mis en place. Et toujours pas d'étoiles ! La piste aux étoiles a disparu ! Peut-être un simple «bon

point» comme du temps de la maternelle sera-t-il attri-bué à la remise officielle des gagnants.La direction de la Caisse d’Épargne Normandie a, dans le cadre d’un accord sur le stress, diligenté une enquête sur les risques psychosociaux. Les résultats sont formels, un pourcentage conséquent des salariés de cette entreprise sont en hyperstress, nombreux sont ceux qui prennent des médicaments pour tenir le coup. Ne pense-t-on pas qu'au moins pendant cette période estivale, on pourrait leur foutre la paix? Et d'ail-leurs, plus généralement, ne pense-t-on pas que des augmentations de salaire seraient préférables à des "étoiles", à des bons d'achats et à tous ces hochets avec lesquels on prétend amuser les salariés?

Pascal BINET-WASILEWSKI.

dEs CHaLLENGEs

CLowNEsQuEs…

dEs CHaLLENGEs À

«zÉro baLLE» !

Le foisonnement médiatique dans la sphère du travail via les téléphones, courriels, internet… génère une dispersion de l’attention des salariés et atteint leur concentration et leur efficacité.

La surcharge de travail, les objectifs démesurés, les injonctions paradoxales… sont les causes communément identifiées des mauvaises conditions de vie au travail. Ces raisons bien concrètes en escamotent de plus sournoises qui contribuent à la dégradation de la qualité de vie au travail. Ces maux se sont insidieusement mis en place avec le développement des moyens modernes de communication et notamment la multiplication des canaux d’information. Skype, Internet, e-mail… génèrent des messages à flot continu que l’individu est de moins en moins en capacité de gérer. Son attention, constamment sollicitée par ce «bruit de fond» ambiant, succombe à une forme d’accoutumance génératrice de dispersion et de déconcentration.

EMaiLs À La PELLE

La sollicitation est forte de la part de l’entourage professionnel mais aussi du propre fait de l’individu qui, habitué à un zapping continu, peut à tout instant s’évader de son travail pour suivre, sur Internet, la moindre pensée parasite et consulter à tout moment divers écrans (ordinateur, téléphone, smartphone…)L’Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises (Orse) campe le décor : près de six salariés sur dix consacrent deux heures par jour à gérer leurs boites mail ; quatre sur dix reçoivent plus de cent messages par jour ; près de sept sur dix vérifient leur messagerie toutes les cinq minutes et ont besoin à chaque consultation d’une minute pour reprendre le fil de leur pensée interrompue par un message… L’utilisation souvent excessive et désordonnée de la messagerie aggrave encore la situation. Certains, en effet, multiplient l’édition d’emails pour se rassurer par le biais de ce média rapide et immédiat laissant supposer une réactivité souvent érigée en qualité. Tout aussi néfaste, les utilisations frénétiques conduisant à des échanges de mails entre collègues distants de quelques mètres…

CoNCENtratioN EN bErNE

Combien sont-ils, ces salariés souffrant de pollution attentionnelle, passant d’une tâche à l’autre au point de papillonner en boucle ? Difficile à dire tant la dispersion au travail est un mal feutré que souvent l’individu tait de crainte d’être perçu comme un signe de paresse. Le mal peut néanmoins être profond chez de nombreux individus, constatant sans oser l’avouer, avoir perdu leur capacité à se concentrer et par là-même réduisant leur efficacité dans leur travail.Plusieurs études ont mis en évidence cette évolution et ses effets sur les individus. Elles indiquent que la multiplication des canaux de communication occasionnant une augmentation d’interruptions dans le travail, les périodes de calme, de lenteur et de continuité se fractionnent. Cela conduit à une sur-sollicitation de l’attention dite réactionnelle au détriment de la capacité attentionnelle qui s’atrophie.

uNE sEuLE CHosE À La fois

Cette effervescence médiatique est venue ajouter un handicap supplémen-taire à des femmes et des hommes que l’on a depuis longtemps convaincu de leur capacité à être multitâches. Or, il n’en est rien, l’attention humaine est sélective, donc exclusive. Si nous pensons être en capacité de faire plusieurs choses à la fois, il s’agit d’un leurre. Nos sens, notamment l’ouïe et la vue, ne sont jamais pleinement opérant en un même moment. Ce que nous parvenons néanmoins à exécuter dans ces conditions, n’égale jamais en qualité ce que nous réaliserions si nous nous attachions à l’exécution d’une seule tâche. À défaut d’une marche arrière qui semble utopique, les thérapeutes spécialisés préconisent un remède : la méditation. Selon l’un de ces promoteurs, Christophe André, psychiatre, «la méditation, c’est scientifiquement prouvé, stabilise l’attention, augmente la capacité de concentration et l’habileté à passer d’une tâche à l’autre».Alors, à quand les séances de méditation intégrées dans le temps de travail ?

Serge Huber

LA DécONcENTRATION,

UN mAL mODERNE

échos duréseau

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échos duréseau

Imprimerie 63170 CLERMONT-COMMUNAUTE

Loin d’entrainer une adhé-sion sans retenue, l’accord signé par notre organisation a l’avantage de mettre en place des règles là où jusqu’alors rien n’existait… Cet accord, premier accord au niveau du Groupe BPCE, porte sur cinq points qui sont autant de chapitres : L’observation et l’anticipation des évolutions des emplois et des compétences. Les dispositifs de gestion des ressources humaines et de développement des compétences tout au long de la vie.Promouvoir l’exercice de la mobilité au sein du groupe.Dispositions relatives à l’égalité professionnelle et la promotion de la mixité.Accompagner les séniors et prépa-rer la fin de carrière professionnelle.

GEstioN PrÉVisioNNELLE dEs

EMPLois Et CoMPÉtENCEs.

LE SyNDIcAT UNSA

bpcE SIgNE LE 1ER

AccORD DE gROUpE

Là Où LE

bâT bLESSE

aCCord sur La

PrÉVENtioN du strEss

En 2008, le rapport Nasse-Légéron remis au ministère du tra-vail préconisait des mesures pour inciter les entreprises à prendre en compte les risques dits psy-chosociaux. En caisse d’épargne, l'accord collectif national sur la prévention du stress prévoyait plusieurs phases. Si les premières ont été globalement satisfaisantes (modèle d’évaluation, démarche de diagnostic, recueil des données et restitution des résultats) celle de la mise en œuvre du plan d'action était à redouter.

En effet, une fois les causes déterminées il reste à faire de la prévention efficace. Faut-il réformer l'organisation du travail pour réduire les pressions? Ou apprendre au salarié à gérer lui-même son stress ? Productivité immédiate oblige, nos dirigeants ont privilégié la deuxième solution, rejetant sur le salarié lui-même la responsabilité de son malaise au risque de l'accroître encore plus. C'est le fameux "tu te mets toi-même la pression" dégageant ainsi le manager et le chef d’entreprise de toute responsabilité.

À la Caisse d'épargne Nord France Europe, lorsqu'il s'est agit de faire des propositions, les élus CHSCT du SU UNSA ont présenté à la Direction une liste de mesures concrètes concernant les points ayant été identifiés comme géné-rateurs de stress pour les salariés. Et c'est bien là où le bât blesse car sur la suppression du benchmark, la réduction des objectifs individuels, la refonte des référentiels métiers et l’augmentation des effectifs, nos élus se sont heurtés à un refus catégorique de la Direction pour mettre en œuvre leurs propositions.

Alors aujourd'hui, qu'a-t-il vraiment été fait pour limiter les risques psychosociaux dans nos en t rep r i ses? Que lques « mesurettes » qui permettent à nos directoires d’afficher qu’ils ont traité le problème et respecté l’accord ? Malheureusement, tant que nos dirigeants n'accepteront pas de revoir leurs politiques de résultats à outrance et de diminution des effectifs, rien ne viendra réellement diminuer les ravages du stress au travail. Mais en ont-ils réellement la volonté ?

Thierry PIERSON

Une fois de plus, notre syndicat reste fidèle à sa maxime: « Agir pour construire». Cet accord est une avancée pour une gestion plus prospective de notre avenir professionnel. Notre seule crainte se situe dans les déclinaisons locales de cet accord de Groupe. Certains DRH de Caisses ont déclaré à nos repré-sentants que leur interprétation du texte se ferait moins qu’à minima. Preuve de la qualité de cet accord puisque les dirigeants locaux les plus réactionnaires se positionnent déjà pour l’annihiler. Nous saurons res ter vigilants pour que ces velléités régionales n’enterrent pas l’accord à peine l’encre séchée !

Paul Muscato

• L’accident du travail et la maladie professionnelle sont soumis à un régime d’indemnisation dérogatoire au droit commun (Art. L 451-1 code de la sécurité sociale).Une rente forfaitaire est allouée à la victime. • Seule la faute inexcusable au sens de la sécurité sociale permettait une majoration de la rente allouée à ce titre, ainsi que limitativement «la réparation du préjudice causé par les souffrances physiques et morales par elle endurées, de ses préjudices esthétiques et d'agrément ainsi que celle du préjudice résultant de la perte ou de la diminution de ses possibilités de promotion professionnelle» (art. L. 452-3 du Code de la sécurité sociale).

• La cour de cassation vient de rendre un important arrêt de principe (Cass. 2e civ. 30 juin 2011, n° 10-19.475) qui étend l’indem-nisation des victimes à l’intégralité des dommages subis.«Attendu qu'en cas de faute inexcusable de l'employeur et indépen-damment de la majoration de rente servie à la victime d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle, celle-ci peut demander à l'employeur, devant la juridiction de sécurité sociale, la réparation non seulement des chefs de préjudice énumérés par le texte susvisé, mais aussi de l'ensemble des dommages non couverts par le livre IV du Code de la sécurité sociale» • En l'espèce, ce sont justement les frais d'aménagement d'un logement et d'un véhicule adapté dont la victime demandait le remboursement qui sont couverts. • Le conjoint survivant devrait ainsi obtenir aujourd’hui la réparation de son préjudice économique. • La perte du droit à la retraite (Cass. soc., 26 oct. 2011, n° 10-20.991, FS-P+B, M. H. c/ Sté Adrien Targe : JurisData n° 2011-023244)

L’indemnisation de la victime de la faute inexcusable de l’employeur en matière d’accident du travail ou de maladie profes-sionnelle est désormais calquée sur celle du droit commun. Le seul problème qui subsiste momentanément est celui de la juridiction qui aura à en connaître (civile ou de la sécurité sociale ?). Le code de la sécurité sociale sera probablement modifié de manière à éviter la multiplication des procédures.

• Le manquement par l’employeur à une obligation de sécurité résultat a le caractère de faute inexcusable. L’organisation du travail dans le groupe BPCE peut générer aujourd’hui un problème de santé au travail (alertes et rapports des médecins du travail, des inspecteurs du travail, des ergonomes et des psychologues du travail). Ne rien faire d’efficace pour y remédier est coupable.La politique de l’autruche ne peut plus prospérer, d’autant que les faits générateurs de la faute inexcusable peuvent aussi constituer une infraction pénale. L’entreprise sera poursuivie, en même temps que les auteurs des délits si tous les éléments de l’infraction pénale sont constitués.

Christian VITALE

VOS DROITS

EN pRATIqUE

L’iNdEMNisatioN dE La ViCtiME

dE La fautE iNEXCusabLE dE

L’EMPLoYEur uNE rÉParatioN

iNtÉGraLE dE sEs

PrÉJudiCEs.

La Vie

Du groupe

Belle victoire pour le Syn-dicat Unifié UNSA aux dernières élections professionnelles dans la région centre. Il y a trois ans (durée des mandats à la CE Loire Centre), les élections faisaient suite à une période post fusion où le SU-UNSA avait «essuyé les plâtres» de la gestion d'un Comité d’Entreprise de transition. Bien que nous ayons eu la plus grande équipe syndicale avec 32 élus titulaires et suppléants (8 CE et 24 DP) nous n'avions pas retrouvé le cumul des anciennes Caisses Val de France Orléanais et Centre Val de Loire, et nous avions perdu la gestion du Comité d’Entreprise pour quelques voix. Un important travail de terrain a été accompli, un travail de défense des intérêts du person-nel (y compris aux prud’hommes)et petit à petit ces efforts ont été récompensés, d'abord aux élec-tions MNCE et CDN, enfin aux élections professionnelles. Nous avons obtenu 39.84% des suf-frages, la CFDT 31,87% et 17,19% pour SUD, 9,58% pour la CGC et 1,52% pour la liste commune FO/CFTC. Avec six élus titulaires sur douze (contre 4 CFDT, 1 SUD et 1 CGC) nous avons repris la gestion du Comité d’Entreprise et Thierry PIERSON est son nouveau secré-taire. Avec 6 membres titulaires au CE et 12 DP titulaires (plus leurs suppléants), le SU-UNSA est la plus grande équipe militante de CELC. Ses 36 élus remercient le personnel pour sa confiance et se sont remis immédiatement au travail pour assurer la défense de ses intérêts.

Les élus SU UNSA de la CELC

RETOUR

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La Vie

Du groupe

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Les Amis de la Terre est une importante association de protection de l'homme et de l'environnement. Elle a eu l'idée d'adresser aux plus grandes banques françaises, un questionnaire afin de mesurer l'impact économique, social et envi-ronnemental de leurs activités. Ce questionnaire citoyen soulevait d'importants problèmes à travers cinq grands axes : la spéculation et la prise de risques, la politique à l'égard des clients, les relations avec les salariés, les impacts sociaux et environnementaux et la démocratie au sein de l'entreprise. On y trouvait une trentaine de questions parmi lesquelles d'aussi passionnantes que : votre banque a-t-elle des filiales dans des paradis fiscaux ? Combien distribuez-vous de bonus et de stock options à vos dirigeants ? Vos conseillers commerciaux sont-ils payés à la commission ? Combien d'interdits bancaires ? Quelle politique de tarification ? Signez-vous des accords avec les syndicats ? Informez-vous votre clientèle sur les risques financiers des produits vendus ? Pratiquez-vous le crédit-revolving auprès des populations pauvres ? Etc. Bon, autant le dire tout de suite, les Amis de la Terre, dans un rapport qui a été largement repris par la presse, adressent un sévère carton jaune à la majorité de la profession bancaire. A part quelques structures peu importantes, comme la Nef ou le Crédit Coopératif, "La plupart des banques françaises ne se comportent pas de manière responsable et ne remplissent pas leurs missions en faveur de l'intérêt général et des parties prenantes concernées par leur activité".

Ben et nous alors ? Eh bien nous avons le regret de vous dire que BPCE est le seul groupe bancaire qui a refusé de répondre à ce questionnaire. François Pérol s'étant, semble-t-il, opposé à ce qu'un travail qui avait été fait par ses services soit exploité. Sans doute parce qu'il craignait de se retrouver couvert du bonnet d'âne. Ce comportement est bien entendu scandaleux. Quand on sait ce qu'est la culture et l'histoire des Caisses d'épargne, lorsqu'on se souvient que la loi leur assigne des missions d'intérêt général, c'est un crève-cœur pour nous que, non seulement nous ne soyons pas distingués par une association comme les amis de la terre, mais que nous ayons même peur de son jugement. C'est là le résultat des abandons de ces dernières années : la financiarisation, la suppression des dispositions légales qui permettaient de financer les PELS, l’âpreté au gain des dirigeants, leur mépris pour la clientèle et leur mépris pour le dialogue social. On peut espérer bien sûr que Caisses d'épargne et Banques Populaire retrouvent un jour l'esprit pionnier de la coopération et du mutualisme. Mais elles n'y arriveront pas avec les dirigeants actuels, leur goût du secret et de l'opacité, leur mépris de l'intérêt général.

Agathe Prévost

Voir le rapport des amis de la terre à l'adresse suivantehttp://www.datapressepremium.com/RMDIFF/2005515/RapportBanquesAtAttac2.pdf

cARTON ROUgE

pOUR bpcEdEs QuEstioNs troP

EMbarrassaNtEs?

f. PÉroL bottE EN

touCHE…

Une femme directrice des Ressources humaines du Groupe BPCE ! Le 19 septembre, Anne MERCIER-GALLAY s’est installée dans le fauteuil de Jean-Luc VERGNE. Cette nomina-tion au féminin s’accompagne-t-elle d’un signe lancé par François PÉROL aux partenaires sociaux ? Nous en serions ravis. Si nous ne savons que peu de choses sur les motivations de François PÉROL dans ce choix de nommer une femme au directoire, en charge des relations sociales, nous connais-sons en revanche les raisons qui ont poussé Jean-Luc VERGNE vers la sortie. La version officielle est politiquement correcte : il a fait valoir ses droits à la retraite ! Quoi de plus normal à 63 ans ? Poli mais

incomplet. La vérité sonnerait plutôt dans une mise au pilori de la part de présidents de directoires de Caisses d’épargne. Pourquoi ? «JLV» s’est vu reprocher ses relations avec les partenaires sociaux. Tout particulière-ment avec le Syndicat Unifié-UNSA. Pensez donc, il dialoguait avec le diable ! Car c’est bien ainsi que certains patrons de Caisses qualifieraient les actions engagées par notre organisation syndicale à propos des AIA : «Ils vont ruiner les entreprises… les Caisses d’épargne vont être KO… ». Et pendant ce temps, que croyez-vous que fit «JLV» ? Il négociait des accords aux conséquences sonnantes et trébuchantes : l’évolution dans l’emploi, les conditions de travail ! Il en vint même à apprécier les propositions du Syndicat Unifié-UNSA sur

le premier thème, au point de les «vendre» à ses DRH ! Voilà un fait d’imposture qui a du mal à passer. Certains dirigeants s’en seraient presque étranglés… PÉROL a donc tranché : bye bye Jean-Luc et bonne retraite. Bienvenue à «AMG» donc. Au-delà de l’anecdotique signature de l’accord GPEC sous son ère, la première femme à entrer au direc-toire de BPCE arrive au cœur d’une actualité chaude brûlante. Deux accords sont en cours de négociation depuis plusieurs mois et stagnent dès avant l’été : l’évolution dans l’emploi et les conditions de travail. Ajoutons une négociation en général très attendue, mais trop souvent source de déception, qui s’annonce pour fin novembre : la NAO où se négocient notamment les augmentations générales de la branche et la revalorisation de la grille des minimas salariaux. Voilà des chantiers d’une extrême importance qui s’ouvrent devant «AMG». Le premier contact en CPN avec la nouvelle directrice des Ressources humaines fut, reconnaissons-le, positif. Présente, attentive aux interventions des délégations syndicales, et n’hésitant pas à prendre position en séance. Pour autant, la bonne impression lais-sée par notre désormais principale interlocutrice en CPN ne produit rien dans l’immédiat. C’est seulement au terme de l’exercice des négo-ciations en cours que l’on s’osera à porter un jugement. Quant à la NAO, la politique salariale

ANNE mERcIER-gALLAy

pEUT-ELLE RéUSSIR

Là Où JEAN-LUc VERgNE

A écHOUé?pratiquée par ses prédécesseurs (VERGNE, COTTRET, …) lui ouvre une voie royale pour marquer sa différence avec le passé. Et gagner l’estime des salariés, les premiers concernés ! A lire sa carte de visite, «AMG» pré-sente un parcours mouvementé. De passage à la CNCE entre 2001 et 2005 en provenance du Crédit Mutuel et avant encore de HSBC, elle sévira ensuite à la SNCF puis chez Monoprix. Elle jouit d’une riche expérience en matière de Ressources humaines, dans la Banque, dans les Transports, dans la Grande distribution. Elle dispose également d’une bonne connaissance des cadres et dirigeants. Il reste à savoir quelle sera sa feuille de route en matière de relations sociales dans une période où austérité et rigueur habitent les propos des principaux dirigeants de notre pays. La crise pourrait-elle enfouir toute velléité de sa part en matière salariale ? Trop facile et peu convaincant car dans nos entreprises, les résultats sont là ! Les AIA bloqueraient-ils toute progression du dossier Évolution dans l’emploi ? Argument déjà servi à l’encontre de «JLV» et sans lien pertinent avec l’objet ! Le Benchmark serait-il antinomique avec l’Amé-lioration de conditions de travail ? C’est une certitude et nous demandons son retrait comme signe fort de la volonté de BPCE d’avancer sur ce dossier ! Là où VERGNE a échoué, Anne MERCIER-GALLAY réussira-t-elle ? Pas sûr. A sa demande, l’UNSA l’a rencontrée afin de procéder à une «mise à jour» des dossiers en cours. La question des AIA (Avantages Individuels Acquis) revint régulièrement au cœur des échanges et apparaît aujourd’hui comme l’épicentre des relations sociales dans la branche : «Sans retrait de vos dossiers de contentieux, il est à craindre que l’essentiel des négociations se passent au niveau du Groupe et non plus à celui de la Branche… J’ai besoin d’un signe fort de votre part à faire valoir aux présidents de directoire. Si vous ne pouvez pas aller jusqu’au retrait des dossiers, donnez moi a minima une ouverture». A croire que la signature par l’UNSA de l’accord GPEC (avec les seules CFDT et FO) ne constituerait pas une preuve suffisante de notre volonté historique d’inscrire les relations sociales sur une dynamique constructive ! De prime abord, «AMG» ne semble pas décidée, ou pas en capacité à tenir tête d’entrée de jeu aux présidents de directoire qui, pour certains particulièrement influents, entendent faire valoir leurs desiderata en matière de politique RH en Caisses d’épargne. Cette fermeté envers les présidents de Caisses constituerait pourtant une des clés de la réussite d’«AMG» au chapitre des relations sociales. Une autre serait de bien prêter attention aux suggestions, analyses, propositions, revendica-tions et déclarations du Syndicat Unifié-UNSA !

Jean-David CAMUS

dirECtioN dEs rEssourCEs

HuMaiNE GrouPE bPCE

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Lorsque les membres du Personnel du Crédit Mutuel Bretagne apprirent que les 126 plus hauts cadres de l’Eta-blissement s’étaient regroupés en «Société Anonyme» pour gérer leur carrière, leur sang ne fit qu’un tour. La mobilisation fut immédiate. A l’instigation des représentants du Personnel, dont l’UNSA fut l’un des élé-ments moteurs, une grève dure, suivie à son apogée par 70 % des employés, obligea la Direction à négocier !Ils ont obtenu une augmentation, par tranche de salaire, qui représente globalement 2500 € annuels… Le Syndicat Unifié UNSA adresse ses plus vives félicitations au Personnel et ses représentants qui ont su se mobiliser pour l’amélioration de leurs rémunérations.

Est-il encore besoin de prouver que seule la mobilisation paie ! Paul MUSCATO

Le gouvernement v ient d’annoncer une nouvelle série de mesures pour ajuster le budget aux perspectives de croissance 2012 ramenées à 1%. Alors que, dans une situa-tion d’incertitude économique complète, des réajustements d’hypothèses de croissance interviennent tous les 2 mois, la fixation d’un horizon à 2016 relève d’une curiosité bud-gétaire… Pour le reste, le contenu des mesures annoncées obéit toujours à la même logique que l’UNSA avait dénoncée lors du précédent plan. En refusant de remettre en cause les mesures TEPA sur les heures supplémentaires, au moment où le chômage se développe, le gouvernement fait l’impasse sur une recette possible de 4,5 milliards d’euros. À contrario, il annonce un panier de réduction des dépenses de protection sociale qui impactera les plus fragiles, notamment par une désindexation de nombreuses prestations sociales. C’est une des mesures les plus injustes de ce plan qui aura des effets extrêmement graves à court et moyen terme. L’accélération de la mise en en œuvre de la réforme des retraites alourdira un des dispositifs les plus durs d’Europe en pénalisant les salariés seniors dont le taux de chômage s’est pourtant accru de 17,2 % sur un an ! Ces plans d’austérité, qui se multiplient partout en Europe, vont avoir pour effet de nous amener à une récession généralisée. Si l’UNSA est favorable à un assainissement des comptes publics, elle ne peut cautionner une politique qui n’ouvre aucune perspective de croissance et condamne à une augmentation du chômage.

Déclaration de Luc Bérille, Secrétaire Général de l’UNSA, sur le second plan Fillon

TU: Comment se fabrique le miel ?L’abeille a une durée de vie de six semaines. Durant ce temps, elle passe par tous les «métiers» : nourrisseuse, ventileuse, nettoyeuse, gardienne, cireuse, butineuse… La butineuse cherche du nectar et du pollen. Celui-ci sert à nourrir les larves alors que le nectar va être traité dans la ruche : déposé dans les alvéoles, il sera à plusieurs reprises ingurgité puis régurgité par d’autres abeilles, placé dans les alvéoles, ventilé pour l’assécher et une fois arrivé à maturité, les abeilles cireuses vont fermer l’alvéole. Le miel est alors prêt et stocké, le processus ayant duré 5 à 6 semaines. TU: On retrouve qui à l’intérieur de la ruche ?Dans la ruche on rencontre 3 types d’insectes : la reine qui vit 6 ans et passe tout son temps à pondre (1 œuf toutes les 3 secondes), l’ouvrière qui vit 6 semaines, le faux bourdon qui est une abeille mâle qui sert uniquement à féconder la nouvelle reine (il est tué à l’approche de l’hiver pour éviter de devoir nourrir des bouches inutiles). TU: Livre nous le secret de la Reine…Quand l’œuf est pondu, s’il est élevé avec du nectar, du miel ou du pollen, ça devient une ouvrière. Quand l’essaimage devient nécessaire, les nourricières prennent la décision d’élever 6 reines au cas où il y aurait de la mortalité et elles nourrissent les larves avec de la gelée royale. La gelée royale, c’est une sécrétion spécifique des nourricières. La première reine qui naît tue les autres larves de manière à rester seule. TU: Pour s’occuper d’autant d’abeilles, ça demande beaucoup de temps libre ?Une ruche est autonome, l’apiculteur n’est que l’exploiteur. C’est une maison en bois avec 10 cadres verticaux où vivent les abeilles : les 4 cadres centraux servent à la reproduction et les 3 cadres extérieurs servent de garde manger. Je peux les visiter souvent mais une ruche peut rester 6 mois à un an sans que j’intervienne. TU: Comment donne-t-on le goût au miel ?Il y a les miels de nectar qui prennent le goût des fleurs butinées (tilleul, thym, lavande…). Le goût du miel de miel-lat provient quant à lui de la «traite des pucerons» par les abeilles, tel le miel de sapin (végétal sans fleurs). Enfin, le miel industriel où l’apiculteur nourrit les abeilles avec du glucose (moins bonne qualité). TU: On prête des tas de vertus au miel !Le miel en particulier, mais tous les produits de la ruche ont des vertus médicinales. On se sert de différents miels pour la cicatrisation de plaies, les brûlures, le traitement de l’eczéma, etc. La propolis (résine récoltée par les abeilles qui sert à boucher les trous de la ruche) est un puissant antiseptique ingérable (bombons, gélules, sirops) et présente des effets anesthésiants très puissants. Sans oublier les pouvoirs du pollen et de la gelée royale aux vertus revitalisantes et anti vieillissement. Enfin, l’abeille dont le venin est efficace dans le traitement des rhumatismes et de la sclérose en plaque.

TU: Écureuil et abeilles font-ils bon ménage ?Au siècle dernier, certaines Caisses d’épargne avaient le surnom de ruche. Je trouve qu’il y avait une sorte de similitude entre l’organisation d’une ruche et les Caisses d’épargne d’alors. Les choses ont bien changé aujourd’hui…

Propos recueillis par Jean-David CAMUS

ROLAND, UN

écUREUIL AU

cœUR DE LA

RUcHE

Portrait PassioN

Le monde des abeilles n’a plus guère de secret pour lui. Entré à la Caisse d’épargne de Narbonne il y a 30 ans, roland rivet, conseiller commercial et membre Syndicat Unifié-UNSA au CHSCT produit aujourd’hui son miel par passion pour les abeilles. d’une ruche il y a 15 ans, il en possède 25 aujourd’hui. Soit plus de 1.500.000 abeilles ! Vol d’initiation au cœur de la ruche…

TU: Roland, tu ne manques pas de dérivatifs pour t’aérer l’esprit au sortir de ta journée de travail à l’agence 48 de Narbonne.J’ai toujours eu d’autres activités en dehors de mon travail. Je fais du théâtre avec une troupe amateur. Il m’arrive aussi de tenir des rôles de figurant pour le cinéma. J’ai été un des précurseurs dans la création des radios libres dans les années 70. Sans oublier un engagement politique et philosophique autrefois. TU: Tu as une véritable passion…Je suis apiculteur à mes heures perdues. Ma première approche avec les abeilles date d’une colonie de vacances où j’étais moniteur avec un directeur qui était intarissable quand il parlait des abeilles. Il y a 15 ans, j’ai eu l’occasion d’acheter une ruche avec l’idée de produire du miel pour ma famille. Ainsi, 20 ans après mon initiation aux abeilles, je mettais les choses en pratique en installant «ma» ruche au fond du jardin. La première année, j’ai récolté 30 kilos de miel «toutes fleurs». Quel plaisir de déguster sa production. TU: Un beau matin, on se réveille apiculteur, sans formation particulière ? Pourtant les abeilles ça peut être dangereux !J’avais glané quelques informations utiles avant de me lan-cer, mais mes connaissances étaient limitées. D’ailleurs les premiers déboires sont vite arrivés. Un jour, j’ai voulu récolter le miel sans avoir préalablement fermé la ruche et les abeilles se sont toutes envolées. Une autre fois, je suis intervenu sur une ruche alors que l’orage grondait ; les abeilles étaient très excitées. Je m’en suis tiré avec une trentaine de piqûres ! TU: Cela ne t’a pas «vacciné» des abeilles ?Au contraire, j’ai enrichi mes connaissances en me rappro-chant d’apiculteurs amateurs comme moi mais plutôt che-vronnés. Je possède aujourd’hui 25 ruches pour 1.500.000 abeilles. Pour cela, je me suis fais connaître des mairies et des pompiers pour être alerté en cas d’essaim à récupérer dans un arbre ou sur un mur. C’est simple à faire… il suffit de l’atteindre et de le faire tomber dans un sac. Avec l’habitude, j’interviens sans équipement particulier, mais ça n’est pas sans risque de piqûres multiples. TU: Une piqûre d’abeille peut-elle être mortelle ?Oui, en cas d’allergie. Mon épouse est d’ailleurs allergique ; elle évite de s’approcher des ruches à moins de 5 mètres. L’abeille, contrairement à la guêpe, ne pique pas par agres-sivité mais par peur. TU: Maintenant que l’on te connaît un peu mieux, fais nous pénétrer dans le secret de la ruche.Une ruche, c’est une organisation dont pourraient s’inspirer bien des entreprises ! Elle est gérée avec une hiérarchie parfaite. Indispensable pour que 60.000 individus vivent en communauté et travaillent en harmonie pour le bien de la collectivité, dans un espace restreint. Il n’y a pas de conflit entre abeilles d’une même ruche. Mais le pillage de ruche par une autre ruche existe. Les abeilles «soldats» placées à l’entrée filtrent les entrantes. La reine émet des phéromones (substances chimiques émises par la plupart des animaux) qui identifient les occupantes d’une même ruche, ce qui permet d’éliminer des abeilles d’une autre ruche.

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À l'origine, un acrostiche est un poème dans lequel les initiales de chaque vers, lues verticalement composent un mot clé.Habituée à cet exercice, G. Sand dans le poème ci-après a corsé la difficulté. Saurez-vous retrouver le poème dans le poème ? La lecture en est …coquine…

Pour les amoureux des subtilités de la langue française, voici la lettre que George Sand envoya à Alfred de Musset après leur première rencontre.

Charmant, non ? Romantique ! Euh ! Peut être pas si romantique que ça ! Pourquoi ?

Reprenez cette lettre en ne lisant qu'une ligne sur deux, et vous verrez si elle est romantique. Il semblerait cependant qu'on ne prête qu'aux riches car l'authenticité de ce courrier est aujourd'hui controversée. On soupçonne qu'elle a été bien écrite par un farceur après la mort de la bonne dame de Nohant.

EN fRANÇAIS

DANS LE TExTE CruditÉ CaCHÉE

Un client demande au Conseiller le plafond du Livret A :

Le conseiller lui répond "15 300 €" !

Après réflexion le client répond : "Mettez ma femme au plafond, s'il vous plait"...

Un client demande au Conseiller de vérifier si le remboursement de la sécurité

sociale pour son appareil dentaire a été crédité sur son livret A:

"Vous pouvez voir si mes dents sont arrivées sur mon Livret ?"

Un client demande au Conseiller le plafond du Livret A:

Le conseiller lui répond "15 300 €"!

Après réflexion le client répond: "Mettez ma femme au plafond, s'il vous plait "...

Un client demande au Conseiller de vérifier si le remboursement de la sécurité

sociale pour son appareil dentaire a été crédité sur son livret A :

"Vous pouvez voir si mes dents sont arrivées sur mon Livret?"

Les brèves

de guichet

Cher ami, Je suis toute émue de vous dire que j’ai bien compris l’autre jour que vous aviez

toujours une envie folle de me fairedanser. Je garde le souvenir de votrebaiser et je voudrais bien que ce soitune preuve que je puisse être aimée

par vous. Je suis prête à montrer monaffection toute désintéressée et sans cal-

cul, et si vous voulez me voir ainsivous dévoiler, sans artifice, mon âme

toute nue, daignez me faire visite,nous causerons et en amis franchementje vous prouverai que je suis la femme

sincère, capable de vous offrir l’affectionla plus profonde, comme la plus étroiteamitié, en un mot : la meilleure épousedont vous puissiez rêver. Puisque votre

âme est libre, pensez que l’abandon où jevis est bien long, bien dur et souvent bien

insupportable. Mon chagrin est tropgros. Accourez bien vite et venez me le

faire oublier. À vous je veux me sou-mettre entièrement.

Votre poupée

Phi l ippe Vi l lemus est diplômé de l'école supérieure de commerce de Paris. Après une pre-mière partie de carrière conforme à son diplôme (il a dirigé Helena Rubinstein et l'Oréal Luxe), il se consacre à l'écriture. Et on peut dire que ce qu'il écrit décoiffe. Difficile de résumer un livre vif et original, riche en informations de toutes natures sur la rémunération des grands patrons, et sur la dérive qui depuis une vingtaine d'années a conduit à des inégalités de salaires comme nous n'en n’avions pas connu depuis un siècle. Au fil de cette lecture - qui complétera utilement notre dossier sur les salaires des patrons des Caisses d’épargne - vous apprendrez que la compa-raison qu'affectionnent les grands dirigeants d'entreprise avec les footballeurs est absurde, car il s'agit de modes de rémunération d'une nature totalement différente, que 30 % des français gagnent le SMIC ou moins que le SMIC, qu'en dix ans les rémunérations des patrons du CAC 40 ont été multipliées par 2,5 alors que la capitalisation de leurs entreprises était divisée par deux, que c'est en France que la part des stock-options est la plus élevée au monde, que le nombre de grands patrons débauchés par une autre entreprise depuis 1986 (date de création du CAC 40) est égal à ...zéro, que 21 sur 40 sont énarques et polytechniciens, que le nombre de "pantouflards" ("héliportés" depuis l'administration ou les cabi-nets ministériels, comme M.Pérol) est plus important en France que dans n'importe quel autre pays du monde etc.Mais le livre ne se contente pas d'aligner les anecdotes piquantes.

Il pose une question fondamen-tale : quelle est la juste valeur du travail ? Et ses corollaires: les patrons des grands groupes sont-ils justement rémunérés ? Pourquoi sont-ils mieux payés qu’une infirmière, un instituteur ou un paysan ? Le salaire d’un seul homme peut-il valoir celui de mille smicards ? Au passage, Vi l le -mus dénonce avec verve les parachutes dorés (injustes et immoraux, car ils récompensent l'échec et l'incompétence), les retraites chapeaux (exorbitantes en montant et qui viennent payer quelqu'un qui ne travaille plus), la consanguinité des conseils d'administration (les patrons en réalité se désignent les uns les autres) etc.Le plus grave est que ce système mine désormais la cohésion du

LU pOUR

VOUS

pays. A partir du moment où la valeur financière prend le pas sur l'utilité sociale, la valeur travail est dépréciée aux yeux de tous les travailleurs et les fondements mêmes de la vie en commun sont menacés. L'auteur bien entendu ne dénonce pas "les" patrons. Il rappelle d'ailleurs qu'il y a dans l'hexagone 300.000 dirigeants salariés, qui touchent une rémunération moyenne annuelle de 55.000 euros nets. À comparer aux centaines de milliers d'euros, aux millions, que gagnent la poignée d'hyperprivi-légiés qui, dans le fond, ruinent notre économie.

"Le patron, le footballeur et le smicard" Philippe Villemus

(éditions-dialogue, 19,90 euros).

Louis Martin

LE TRAIT D’UNION – LE JOURNAL DU SYNDICAT-UNIFIE/UNSAPour toute information et contacts: tel 0684362886 e-mail: traitdunion@syndicat-unifie-netDirecteur de la publication : Sylvie Liziard – Caisse d’Epargne 5 avenue Anatole France 56100 LorientMaquettes: «Les jeunes créateurs» illustrations Jac PETEN, Antoine ORAND. TACTIC IMPRESSIONS-RoissyDépôt légal: 4e trimestre 2011 Commission paritaire No 358 D 73 ISSN 2114-9399 www.syndicat-unifié.net