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éDITO Le journal des jeunes d’Amnesty International 025 Supplément à LA CHRONIQUE n°337 www.amnesty.fr En 2013, 2,3 millions d’actions ont été réalisées par Amnesty International. L’engagement revêt des formes diverses, des plus exigeantes en com- pétences, gourmandes en temps, aux plus simples, comme un partage sur les réseaux sociaux ou une signature. Signer. Un acte simple, qui devient un engagement lorsqu’on lui donne un sens, qu’on attend des résultats concrets. La preuve qu’une signature, réelle ou virtuelle, peut changer les choses, partici- per à mettre la pression sur les dirigeants, parfois Signer, c’est déjà s’engager Illustration du dossier : Marion Dionnet contraints de reculer pour faire avancer les droits humains, Amnesty International l’apporte chaque jour. En choisissant 12 situations emblématiques de personnes menacées ou bafouées dans leurs droits (victimes de torture, de discrimina- tion, d’exactions commises par les multinationales...), Amnesty appelle chacun à passer à l’action pour permettre d’améliorer concrètement le sort des personnes soutenues. Du 3 au 17 dé- cembre, ouvrez les yeux, et saisissez cette formidable chance de faire bouger les choses : signez ! CYRIELLE BALERDI 10 jours pour foncer People positions Danakil « Garder l’œil ouvert sur le monde » Vitavi Les bénévoles et les réseaux sociaux Le pourquoi du comment Ne pas oublier les réfugiés syriens DOSSIER Pour la treizème année consécutive du 3 au 17 décembre 2014 se déroulera en France et à l’étranger, la campagne 10 jours pour signer « Votre regard est une arme. Ne fermons pas les yeux sur les violations des droits humains ». Les dates ont été choisies en clin d’œil à la signature de la Décla- ration universelle des droits de l’homme et aux communautés indiennes qui demandent toujours justice, 30 ans plus tard, pour les conséquences graves environnementales provoquées par la catastrophe de Bhopal.

AJ! Dec 2014

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Le journal des jeunes d’Amnesty International025

Supplément à LA CHRONIQUE n°337

www.amnesty.fr

En 2013, 2,3 millions d’actions ont été réalisées par Amnesty International. L’engagement revêt des formes diverses, des plus exigeantes en com-pétences, gourmandes en temps, aux plus simples, comme un partage sur les réseaux sociaux ou une signature. Signer. Un acte simple, qui devient un engagement lorsqu’on lui donne un sens, qu’on attend des résultats concrets. La preuve qu’une signature, réelle ou virtuelle, peut changer les choses, partici-per à mettre la pression sur les dirigeants, parfois

Signer, c’est déjà s’engagerIllustration du dossier : Marion Dionnet

contraints de reculer pour faire avancer les droits humains, Amnesty International l’apporte chaque jour. En choisissant 12 situations emblématiques de personnes menacées ou bafouées dans leurs droits (victimes de torture, de discrimina-tion, d’exactions commises par les multinationales...), Amnesty appelle chacun à passer à l’action pour permettre d’améliorer concrètement le sort des personnes soutenues. Du 3 au 17 dé-cembre, ouvrez les yeux, et saisissez cette formidable chance de faire bouger les choses : signez ! Cyrielle Balerdi

10 jourspour foncer

People positions Danakil « Garder l’œil ouvert sur le monde »

Vitavi Les bénévoles et les réseaux sociaux

Le pourquoi du comment Ne pas oublier les réfugiés syriens

DossIeR Pour la treizème année consécutive du 3 au 17 décembre 2014 se

déroulera en France et à l’étranger, la campagne 10 jours pour signer « Votre

regard est une arme. Ne fermons pas les yeux sur les violations des droits

humains ». Les dates ont été choisies en clin d’œil à la signature de la Décla-

ration universelle des droits de l’homme et aux communautés indiennes qui

demandent toujours justice, 30 ans plus tard, pour les conséquences graves

environnementales provoquées par la catastrophe de Bhopal.

Décembre 2014 Nº25 AJ!

10 jours pour signerDossIeR

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C’est le nombre de signatures qui fait la force d’une pétition.Plus son nombre est important plus une pétition contribue à renforcer les actions d’Amnesty, comme le travail de plaidoyer auprès des gou-vernements et les élus, les événements de sen-sibilisation, les manifestations, le travail avec les médias et évidemment la recherche et la publication de rapports. La pétition permet de mettre une pression, rapide et efficace, sur les autorités et les décideurs politiques afin qu’ils prennent leurs responsabilités.

A quoi ça sert de signer ?Signer, c’est faire savoir aux responsables de violations que l’on soutient et se sent solidaire des personnes qui en sont victimes, c’est aussi partager la pétition de façon instantanée via les réseaux sociaux pour en décupler l’impact. En s’informant régulièrement de la situation des droits humains en France et à l’étranger et en signant les pétitions diffusées par Amnesty International, nous faisons avancer la cause des droits humains.En 2013, la campagne internationale des 10 jours pour signer a mobilisé plus de 10 000 membres dans 83 pays permettant de mener à bien 2,3 millions d’actions (courriers, sms, messages de soutien, pétitions...) dont 590 000 en France. « Aujourd’hui, la signature est complémentaire des autres moyens d’action. Une signature représente l’engagement per-sonnel d’un individu. C’est un mode d’action à la fois engageant, facile, rapide et symbo-lique » explique Dominique Curis, Coordi-natrice défenseurs des droits humains pour

prisonnier d’opinion a bénéficié d’une libération conditionnelle.

Du 3 au 17 décembre, « ton regard est une arme »Cette année, AIF vous invite à monter sur le ring pour défendre 12 cas d’hommes et de femmes prisonniers d’opinion, victimes de torture ou de discrimination mais aussi pour dénoncer les disparitions forcées, le non-respect des droits des Roms, les crimes de haine, la peine de mort, les procès inéquitables et défendre la liberté d’expression. En signant, chacun d’entre nous devient une source de protection et d’espoir pour les personnes en danger.Au cours de ces deux semaines de campagne participative, diverses actions seront mises en place. Sur le terrain, une expo vivante sera réali-sée en live dans les rues françaises. Ce sera une pétition sous forme de photos de regards des signataires imprimées en temps réel et direc-tement collées par les militants, formant une gigantesque fresque photographique. Parallèlement, sur le web, une pétiton « photos regards » sera mise en ligne ainsi qu’une appli-cation permettant aux participants de prendre une photo de leur regard, de la poster sur le site et de la diffuser sur les résaux sociaux. En partageant instantanément ce cliché, montrez à votre communauté que vous vous engagez et lui demandez d’agir. Enfin, pour toucher le plus grand nombre, un film mettant en scène le regard des militants d’Amnesty sera diffusé au cinéma et à la télé, un spot radio est également prévu.

SaBrina rameSSur

Amnesty International France (AIF). Grâce à ces actions, les avancées et bonnes nouvelles se sont enchainées l’année dernière : libérations, condamnations de responsables de violations de droits humains, améliorations des conditions de détentions… La forte mobilisation interna-tionale, le poids des signatures et le soutien des militants ont concrètement changé des vies : au Cambodge, Yorm Bopha et trois manifestants ont été amnistiés et libérés dans la foulée, le Bir-man Tun Aung, prisonnier d’opinion, a bénéficié de 10 ans de remise de peine, réduisant sa peine à un an pendant laquelle il a eu droit aux visites de sa famille et à des soins médicaux, et Nguyen Tien Trung (voir p4) blogueur vietnamien fait

Vos signatures ont du pouvoirDepuis la première pétition lancée en 1961 pour défendre la liberté d’expression de deux étudiants portugais emprison-nés pour avoir trinqué à la liberté, l’acte de signer s’est imposé comme un symbole fort d’engagement et de mobilisation. Les milliers de signatures récoltées par Amnesty International depuis cette première pétition ont permis, dans de très nombreux cas, d’améliorer le sort des personnes soutenues.

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MOHAMMED AL ROKENÉMIRATS ARABES UNIS

• EMpRI-SONNÉ pOUR AvOIR RÉcLAMÉ DES RÉfORMES

Mohammed al-Roken purge une peine de dix ans de prison à Dubaï. Cet éminent juriste figure parmi les 69 personnes condamnées, en juil-let 2013, à des peines allant de sept à quinze ans au terme d’un procès politique. Mohammed al-Roken était harcelé depuis plusieurs années en raison de son enga-gement public pour les droits humains. Amnesty International le considère comme un prisonnier d’opinion.

JOHN JEANETTENORvÈGE• TRANSGENRE, ELLE

SE BAT pOUR êTRE REcONNUE cOMME UNE fEMME John Jea-

nette, transgenre nor-végienne, s’est toujours sentie femme. Elle a fait carrière dans l’armée en tant que marin, mais dans le civil elle portait des habits de femme pour vivre sa vraie iden-tité. À la retraite, John Jeanette a entamé une procédure pour modifier son état-civil afin d’être officiellement reconnue comme femme. Ses démarches ont échoué car elle a toujours refusé de subir des opérations chirurgicales de « chan-gement de sexe » exigées par les autorités.

LIU pINGcHINE• JETÉE EN pRISON ET

TORTURÉE pOUR AvOIR DÉNONcÉ LA cOR-RUpTION Liu Ping a

été arrêtée en avril 2013 après avoir organisé une manifestation dénonçant la corruption. Membre du Mouvement des nou-veaux citoyens (MNC), elle militait pour plus de transparence gouverne-mentale. Cette mère de famille a été condamnée à une peine de six ans et demi de prison. Liu Ping est une prisonnière d’opi-nion. Torturée pendant sa détention, elle n’a pas accès aux soins médi-caux dont elle a besoin.

pARASKEvI KOKONIGRÈcE• AGRESSÉE ET MENA-

cÉE pARcE qU’ELLE EST ROM Le 13 octobre

2012, Paraskevi Kokoni, mère de famille d’origine Rom, a été agressée en pleine rue à Etoliko avec son fils et son neveu. Plusieurs hommes les ont frappés à coups de pieds, de poings mais aussi avec des bûches. L’intervention de la police a été très tardive et peu efficace. Après cette attaque, ne se sentant plus en sécurité, les Kokoni ont abandonné ce village où ils vivaient depuis longtemps.

LES HABITANTS DE BHOpALINDE

• 30 ANS ApRÈS LA cATAS-TROpHE, ILS DEMANDENT JUS-TIcE Dans la nuit

du 2 décembre 1984, une fuite de gaz toxique se produit dans une usine de pesticides à Bho-pal. Près de 10 000 personnes trouveront la mort dans les heures qui suivent. Ce bilan est aujourd’hui de 22 000 morts et plus de 570 000 personnes ont continué d’être exposées à de fortes concentrations de gaz toxiques. Le site n’a toujours pas été nettoyé et aucune véritable enquête n’a été menée sur les causes de la fuite et ses conséquences. Les survivants attendent que justice leur soit rendue.

EBRIMA B. MANNEHGAMBIE

• JOURNALISTE vIcTIME DE DIS-pARITION fORcÉE En Gambie, il est très dangereux de s’exprimer. Le 11 juil-let 2006, Ebrima Manneh, jeune reporter de 28 ans, est arrêté sur son lieu de travail par des policiers en civil. Depuis, sa famille n’a aucune nouvelle de lui. Amnesty Inter-national le considère comme un prison-nier d’opinion.

dix jours, douzE causEs

DossIeR10 jours pour signer

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AJ! Nº25 Décembre 2014

La route des signatures Loin d’être qu’un simple bout de papier ou un nom apposé sur une page numérique, les signatures jouent un rôle majeur dans la défense des droits humains. Mais, l’acheminement de ces pétitions n’est pas de tout repos. Décorticage des étapes !

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LA ReActIon Des AutoRItes

Première étape : le dépôt des signa-tures sur le site web d’Amnesty International.

Première étape : les militants d’Amnesty International collectent les signatures dans les rues auprès du public.

celle-ci varie d’un pays à l’autre. « Les autorités mexicaines essaient de répondre aux demandes et proposent des rendez-vous », note Nicolas Krameyer. « De très nombreuses fois, [elles] réagissent pub-liquement », poursuit-il, par exemple, via « des

déclarations des médias, des discussions privées avec Amnesty en interne ». Mais, cer-taines ambassades « font la sourde oreille », telle que celle d’Iran « qui refuse systématique-ment toutes rencontres », déplore Nicolas Kra-meyer. Même constat du côté de l’ambassade

de Chine. Comme l’affirme Dominique Curis, « l’ambassade (…) a toujours refusé de nous recevoir ; mais ce n’est pas grave, on y va quand même ».

ingrid gaza

deuxième étape : les signa-tures sont envoyées aux responsables de l’ONG.

troisième étape : les « signa-tures papiers » suivent le même processus que les pétitions enregistrées en ligne. Elles sont envoyées aux autorités respon-sables. « Généralement, on demande un rendez-vous à l’ambassade pour remettre les pétitions(…) ».

deuxième étape : l’envoi des signatures aux autorités respon-sables. Amnesty adresse la pétition par e-mail à l’institution en question, puis à l’ambassade du pays où elle se trouve. Objectif : éviter que le cour-rier termine en spam dans la mes-sagerie aux autorités responsables. Doubler l’envoi permet surtout de s’assurer que la pétition arrive bel et bien chez son destinataire car, comme le précise Nicolas Krameyer (le responsable de la campagne), « l’ambassade a l’obligation légale

de faire remonter [l’information] à l’autorité elle-même ». Exemple : pour l’affaire de Mohammed Al Roken, un avocat détenu aux Emirats Arabes-unis depuis un an pour avoir demandé des réformes, les pétitions seront directement adressées cette année au président, Khalifa ben Zahed Al Nahyane. « Pendant les 10 jours, toutes les signatures partiront vers son adresse e-mail et seront remises ultérieurement à l’ambassade du pays », indique Dominique Curis, la coordinatrice

« Défenseurs des droits humains » pour Amnesty International France. Pour le cas de Liu Ping, défenseure des droits humains emprisonnée depuis six ans en Chine, le processus est similaire.

MOSES AKATUGBANIGÉRIA• pASSÉ à TABAc,

cONTRAINT à AvOUER, cONDAMNÉ à MORT En 2005,

Moses Akatugba a été arrêté par l’armée. Il n’avait que 16 ans. Transféré ensuite dans un poste de police, il a été torturé : frappé, suspendu de longues heures... Il a alors fini par « avouer » sa participation à un vol de téléphone. Après huit ans en détention provisoire pendant lesquels il n’a cessé de clamer son innocence, il a été condamné à mort en 2013.

JUWAN ABD RAHMAN KHALEDSYRIE

• DÉTENU AU SEcRET pAR LES AUTORITÉS SYRIENNES

Juwan Abd Rahman Khaled est un militant des droits des Kurdes en Syrie. Il a été arrêté le 3 septembre 2012, au cours d’une descente dans son quartier de la banlieue de Damas. Les forces de sécurité n’ont fourni aucun motif pour son arrestation, aucune information sur l’endroit où elles l’emmenaient. Depuis, sa famille tente de savoir où il se trouve. Détenu au secret, il risque de subir tortures et mauvais traitements.

AHMED MAHER, MOHAMED ADEL ET AHMED DOUMA

ÉGYpTE• DES fIGURES DE LA RÉvOLU-TION SOUS

LES vERROUS Ahmed Maher, Mohamed Adel et Ahmed Douma sont des figures de proue de la révolution qui a conduit à la chute de Hosni Mou-barak, en février 2011. En décembre 2013, ils ont été condamnés à trois ans de prison pour avoir participé à une mani-festation non autorisée. Elle visait justement à dénoncer une nouvelle loi restreignant drastique-ment et arbitrairement le droit de rassemblement en Égypte.

ERKIN MUSAEvOUZBÉKISTAN• TORTURÉ ET MAINTENU

EN pRISON Ancien fonction-naire à la Défense,

Erkin travaillait pour les Nations unies quand il a été placé en détention en 2006. Après trois pro-cès entre 2006 et 2007, il a été condamné à 20 ans de prison pour « trahison » et « abus de pouvoir ». Aucun des procès n’a été équitable et ses « aveux » ont été extorqués sous la torture. Erkin, son avocat et sa famille ont porté plainte pour dénoncer ces actes et sa détention illégale. Ils continuent d’exiger justice.

SHAKER AAMERÉTATS-UNIS• 13 ANS DANS L’ENfER

DE GUANTá-NAMO Shaker Aamer, résident

britannique, est détenu depuis février 2002 à Guantánamo, sans incul-pation ni procès. Son état de santé psychique et physique se dégrade de jour en jour suite aux tortures et mauvais trai-tements qu’il a subis. Il a été déclaré par deux fois « libérable » par les administrations Bush et Obama. Les demandes réitérées de rapatrie-ment par le gouverne-ment britannique n’ont jamais abouti.

TA pHONG TANvIêTNAM• EMpRISONNÉE pOUR

SON AcTI-vISME EN LIGNE Ta Phong Tan a été

condamnée à 10 ans de prison en sep-tembre 2012 par le Tribunal populaire d’Ho Chi Minh-Ville. Cette blogueuse influente mili-tait pour la liberté d’ex-pression et pour une plus grande transparence des autorités vietnamiennes.Elle a été uniquement condamnée pour avoir exprimé ses idées. Amnesty International la considère comme une prisonnière d’opinion.

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DossIeR 10 jours pour signer

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LIBRES GRÂCE À VOUS

InteRvIew Sabine Gagnier, Coordinatrice projets « Acteurs économiques et droits humains ».

Bhopal, quel est le combat ?

Descendant des survivants de la catastrophe de Bhopal interviewées par Amnesty International.

Décembre 2014 Nº25 AJ!

Le 30e anniversaire de la catastrophe de Bhopal (2-3 décembre 1984) doit offrir l’occa-sion de recentrer l’attention du monde sur le plus grave accident industriel de l’histoire. Trente après, le drame perdure pour les survi-vants : aucun audit environnemental et sani-taire n’a jamais été réalisé à Bhopal depuis l’explosion de son usine de pesticides tandis que la contamination provoque toujours de graves problèmes de santé (fausses couches, malformations, problèmes respiratoires...). En cause, l’usine et ses déchets laissés à l’abandon qui continuent à polluer les nappes phréatiques de la région insuffisamment approvisionnée en eau potable. Enfin, les in-demnisations ont été largement insuffisantes.Rampyari Bai, 90 ans et Safreen Khan, par exemple, se battent toujours pour obtenir répa-ration. Survivante ou descendante de victimes, ces personnes ont perdu une partie de leurs familles la nuit du drame et continuent à souffrir de graves problèmes de santé.Amnesty International veut sensibiliser un

vIETNAMNGUYEN TIEN TRUNG• NGUYEN TIEN TRUNG a passé plus de quatre ans en prison. Ingénieur en infor-matique âgé de 30 ans,

blogueur et militant pour la démocratie, Nguyen Tien Trung avait été condamné en 2010 pour « tentative de renversement du gouvernement du peuple ». Il a été libéré le 12 avril dernier. En jan-vier 2013, plus de 50 000 signatures avaient été remises à l’ambassade du Viêtnam à Paris par une délégation d’Amnesty International pour demander la libération de ce prisonnier d’opinion.

BIRMANIEDOcTEUR TUN AUNG• LE DOcTEUR TUN AUNG, prisonnier d’opinion initialement condamné à 13 ans et demi de

prison, n’a plus qu’un an et un mois de pri-son à purger. Le président du Myanmar lui a accordé deux remises de peine d’un total de 10 ans, juste après la campagne « 10 jours pour signer », lors de laquelle plus de 160 000 cour-riers et pétitions de sympathisants d’Amnesty lui avaient été adressées. Le combat continue pour que Tun Aung soit définitivement libéré.

cAMBODGEYORM BOpHA• ApRÈS UNE INTENSE cAMpAGNE INTERNATIO-NALE pOUR SA LIBÉRA-TION, la Cour suprême

du Cambodge a annoncé le 22 novembre 2013 la libération sous caution de Yorm Bopha à l’is-sue de son audition. Cette militante du droit au logement, considérée comme prisonnière d’opi-nion par Amnesty International, était empri-sonnée depuis septembre 2012. Le combat continue pour que les charges à son encontre soient complètement abandonnées.

large public pour faire pression sur les gouver-nements indiens et américains pour inciter les sociétés Union Carbide Corporation et Dow Chemical à prendre leurs responsabilités.

Où en est-on aujourd’hui ?Les nombreuses années de travail sur la ques-tion n’ont abouti qu’à une parodie de justice. Les compensations obtenues sont largement insuf-fisantes et l’usine constitue toujours un risque grave pour la santé des habitants de la région de Bhopal. AI lutte auprès des partenaires locaux et accentue la mobilisation pour éviter que les droits des victimes ne tombent dans l’oubli et que justice soit enfin rendue.

Qu’attend Amnesty International ?AI revendique l’indemnisation adéquate des familles et l’amélioration de leurs soins, la pour-suite pénale des entreprises responsables Union Carbide Corp. et Dow Chemical, qui ont racheté UCC en 2001. Celles-ci doivent se rendre devant un tribunal et répondre aux charges pénales

qui pèsent contre UCC. Enfin, nous réclamons l’assainissement du site : une dépollution totale de l’usine de Bhopal et des régions avoisinantes après une évaluation scientifique de la toxicité des eaux souterraines.

Que peuvent apporter les jeunes dans cette campagne ?Pour l’anniversaire, le 3 décembre prochain, les habitants de Bhopal organisent une procession aux flambeaux. Nous tenons à manifester notre soutien en demandant aux militants de rejoindre « virtuellement » cette marche pour la justice. Chacun peut se prendre en photo en tenant une lumière (bougie, torche, cierge, lanterne) et la poster sur twitter à l’attention du premier ministre indien Narendra Modi (https :/twitter.com/narendramodi), pour montrer aux autori-tés indiennes que le monde entier se mobilise !

Quelles sont les prochaines échéances ?Du 26 octobre au 12 novembre, une action en ligne a été lancée contre la société Dow Che-mical, pour lui demander de répondre aux in-jonctions judiciaires et d’expliquer pourquoi sa filiale (Union Carbide Corp.) n’a jamais fait face aux accusations dont elle fait l’objet. Aussi, les sections indiennes d’Amnesty International ont manifesté devant le siège social de Dow Che-mical à Delhi, une démarche symbolique pour lancer les 10 jours pour signer. Elle a coïncidé avec la sortie en avant-première du film Bhopal - A Prayer for Rain, le 7 novembre aux Etats-Unis, une fiction réalisée en collaboration avec Amnesty International.Enfin, du 3 au 17 décembre, ce sont Les 10 jours pour signer. La pétition demandant la décon-tamination du site et un suivi sanitaire des habitants de Bhopal sera adressée aux gouver-nements indien et américain pour soutenir les victimes. Rendez-vous sur le site des 10 jours pour signer ! Bénédicte Mingot

Du 3 au 17 décembre 2014 retrouvez les cas défendus par AI sur le site www.10jourspoursigner.org pour connaître leur histoire, découvrir leur visage et mettre un nom sur les victimes d’injus-tice à travers le monde. Chaque signature compte.

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Le PouRquoI Du commentSyrie

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Nous Ne deVoNs Pas oubLier Les réfugiés syrieNs 

n habitant sur quatre. Voilà ce que représentent les réfu-giés syriens au Liban. Depuis plus de trois ans, le pays du cèdre accueille ces familles qui ont tout laissé derrière elles. Mais la situation est difficile tant pour les Syriens

que pour leurs hôtes libanais dans un pays qui n’a pas signé la Convention de Genève de 19512 relative au statut des réfugiés. Officiellement, souligne Nina Walch, « on les appelle des visiteurs ou des migrants car les nommer réfugiés entrainerait la nécessité de créer des camps, alors qu’il n’y a aucun ». Accueillant des réfugiés palestiniens depuis 1948 dans douze camps, le Liban n’a pas voulu réitérer l’expérience face à l’afflux de Syriens qui sont près de 9 000 à arriver chaque semaine. Alors les réfugiés louent des appartements ou se rassemblent en camps informels où les conditions sont pénibles. Manque d’eau, de nourriture mais aussi difficultés d’accès aux soins face à des structures de santé locales débordées concourent à aggraver une situation sociale et économique instable. « Les loyers montent, le chômage aug-mente, et malheureusement on assiste à des actes de vengeance aveugles contre les réfugiés syriens avec des tabassages dans la rue ou des logements incendiés » déplore Nina.Nina Walch et des membres d’Amnesty International se sont

rendus au Liban début septembre pour rencontrer les autorités libanaises mais aussi les organisations internationales sur place et les militants libanais et syriens. « Ce qui m’a le plus marqué, c’est de voir que les gens ont la volonté de survivre malgré tout et qu’ils ont envie de témoigner, de raconter leur histoire. » confie la juriste. Au camp de Chatila, Nina a recueilli le témoignage d’une réfugiée syrienne qui a créé une association de femmes : « elle a fui la Syrie il y a un an avec son mari et ses deux filles mais pendant leur fuite, son époux a été tué par les forces du gouvernement syrien devant sa famille. Maintenant elle anime un atelier pour les femmes. Elle dit “Mon mari est mort mais pas mon engagement.” Elle le fait pour cet idéal de liberté »A l’approche de l’hiver, les inquiétudes augmentent « j’ai vu la mère d’une activiste qui après trois infarctus, est assise sur le sol, sans matelas et intubée » déplore Nina, qui ajoute qu’une crise en chasse une autre et qu’il ne faut pas oublier les réfugiés syriens. Amnesty International appelle la communauté interna-tionale à sortir de l’inertie, car seule la moitié du financement du plan régional de réponse à la crise syrienne a été financé et il manque plus de 1,8 milliards de dollars de fonds.

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Fuyant la guerre qui ravage la syrie depuis mars 2011, ils sont près de 1,2 millions selon le Hcr1 à avoir trouvé refuge au Liban. Nina Walch, coordinatrice crise et réactivité à amnesty international, est allée à la rencontre de ces réfugiés syriens qui tentent de survivre dans un pays débordé par leur nombre.

Nina Walch, coordinatrice crise et réactivité à Amnesty International, au millieu d’une famille de réfugiés syriens au Liban.

AJ! Nº25 Décembre 2014

1/Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, crée en 1949, assume des fonctions de protection internationale ainsi que la recherche de solutions pour les réfugiés.2/Convention de Genève de 1951 relative au statut de réfugié. Est considérée comme réfugiée, toute personne « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ». Les États signataires s’engagent à respecter les principes de non-refoulement et de non-expulsion. Ils ne doivent pénaliser l’entrée et le séjour irrégulier d’un réfugié s’étant présenté aux autorités locales. Ils s’engagent également à faciliter aux réfugiés l’obtention de documents administratifs et officiels tels le passeport ou l’état civil.

« Les réfugiés syriens ont vécu des choses horribles, mais leur engagement n’a pas été brisé »

Le Liban n’est pas le seul pays hôte des réfugiés syriens, la Turquie accueille près de 1,4 millions de personnes fuyant le conflit et les exactions. Dans un rapport publié en Novembre, Amnesty International

• A SUIvRE En janvier, Amnesty International dévoilera sa nou-velle campagne sur la réinstal-lation des réfugiés syriens en France. Pour dénoncer l’apathie de la communauté internatio-nale, Amnesty avait déjà réalisé un film The Apathetic à revoir, en attendant, sur http://www.amnesty.org/en/theapathetics

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dénonce le fait que, malgré la position officielle d’ouverture des frontières de la Turquie, de nombreux réfugiés se voient interdire le droit d’entrée. Seulement 200 000 personnes ont pu être prises en charge dans des camps débordés et certains réfugiés envisagent même un retour dans leur pays ravagé.

a LirE sur http://www.amnesty.fr

A. I

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Les yeux, les oreilles

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amnesty international – service Jeunes76 boulevard de la Villette – 75940 Paris cedex 19Tél : 01 53 38 65 52 – [email protected] www.amnesty.fr

dans toutes les régions de france, les antennes Jeunes d’amnesty international ont besoin de toi ! avec nous, agis sur le terrain : sensibilisation aux droits humains dans les écoles, organisation de conférences, tenue de stands, manifestations, campagnes pour faire

libérer des prisonniers… on a tous quelque chose à apporter pour faire avancer les droits humains !

www.amnesty.fr

engAgez-vous !L’une touche la corde sensible des djihadistes qui attaquent son peuple, l’autre dénonce le sort des femmes dans son pays. La popstar Kurde Helly Luv et Paradise sorouri, première rappeuse afghane, tiennent tête aux menaces de mort proférées contre elles. Elles ont grandi en exil puis sont rentrées au pays, le foulard noué autour du cou, comme un symbole de rébellion. Sur un rythme R & B oriental, Helly Luv joue la provocation jusqu’à son paroxysme, exacerbant tenues et déhanchés sulfureux, tel un pied de nez à l’Etat Islamique en Irak et au Levant qui replonge le peuple Kurde dans la guerre. Les paroles de ses chansons ne sont pas moins équivoques. Son dernier titre « Tout risquer », qui a atteint les 3 millions de vues sur internet, est un véritable défi lancé aux isla-mistes irakiens. Une liberté également revendiquée par Paradise, qui chante sa révolte et son combat pour la dignité des femmes afghanes, pour faire évoluer les mentalités dans un pays traumatisé par le régime taliban. Sa dernière chanson raconte l’histoire de deux cousines qui, pour échapper aux violences de leur mari épousé de force, se sont immolées par le feu. L’une d’elle a succombé. Les deux artistes sont des proies faciles pour les groupes radicaux, mais ce danger qui les guette nourrira leur inspiration jusqu’à ce que le mot « citoyenne » retrouve sa place dans le langage courant. Bénédicte Mingot

ButInAges vItAvI

Amnesty, raconte-nous une histoire

WEEK END DES AJ

Musique du mondeportrait croisé… et menacé

Amnesty International France a lancé cette année Amnesty Stories, un nouveau format mul-timédia pour informer sur les droits humains au travers de quatre numéros par an. A chacun d’eux, une série d’articles et de reportages interactifs esthétiquement agencés au service d’une seule exigence : informer sur l’actualité d’une situation de violation des droits humains.

LEs 15&16 NovEmbrE dErNiEr, LEs aj dE toutE La FraNcE sE soNt mobiLiséEs Pour PartagEr LEurs ExPériENcEs daNs

uNE atmosPHèrE cHaLEurEusE, EmPrEiNtE d’écoutE Et d’aLtruismE. rEtour EN imagEs.

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Décembre 2014 Nº25 AJ!

www.stories.amnesty.fr

Helly Luv https://www.youtube.com/watch?v=33Zd1c4QDIs Paradise Sorouri https://www.youtube.com/watch?v=7-Cb36ybhEI

A chaque histoire son site dédiéUne fois arrivé sur la page stories. amnesty. fr, il suffit de se laisser guider en faisant glisser sa souris. Au fil de notre chemin, des citations pour éveiller notre curiosité et nous tenir en haleine, des notes de vocabulaire en marge pour bien garder en tête les repères propres au conflit, des articles de presse, des infographies, des cartes interactives pour visualiser la géographie de ces enjeux, des témoignages pour rappeler que l’humain reste au coeur de nos préoccupations, des portfolios pour nous montrer -parfois crue-ment- la réalité décrite, des émissions audios et des vidéos pour nous plonger dans un repor-tage... le tout pour nous donner toutes les clefs pour comprendre l’actualité et facilement saisir la complexité de la crise exposée.En expérimentant ce nouveau format collabo-ratif (en partenariat avec France 24, RFI, Nou-velObs. com et Polka Magazine) et interactif, ce qui marque le plus l’utilisateur est le style épuré et design de l’outil et la facilité avec laquelle on circule entre les différentes sources qui viennent enrichir la thématique. L’outil est modulable selon le temps et l’envie de chacun d’approfondir ou non la question : on clique seulement là où on veut voir, écouter ou lire plus. Ce format nova-teur présente d’ailleurs l’avantage qu’il pourra évoluer au fil du temps pour en faire une véri-table source pérenne et pour maintenir ce lien d’information entre Amnesty et le public.

Un format accessible à tousEn optant pour une approche pédagogique sur des situations actuelles complexes de violations des droits humains, Amnesty a réussi à rendre intelligible pour tous les grands enjeux interna-tionaux traités. L’œuvre collaborative offre des regards croisés sur une même situation, permet de responsabiliser le grand public sur des sujets complexes et difficilement appréhendables via les supports classiques. Toutefois, alors que l’on est bien loin des rapports parfois indigestes qui ont fait et font encore la réputation d’Amnesty, Amnesty Stories garde la même exigence de qualité et d’objectivité sur le fond. Et, évidem-ment, on reconnaît la patte de la maison à sa volonté de nous faire nous-mêmes acteurs de dénonciation des violations des droits humains. Tout au long de la visite – disponible sur tablettes et smartphones –, nous sommes incités à partager sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Google +) pour participer à l’effet boule de neige au nom des droits humains. Avant de quitter la page, nous sommes invités à lais-ser notre adresse mail pour restés informés... notamment sur les prochains numéros de la série Amnesty Stories ! Après les migrants en Union Européenne et les populations civiles en RCA, l’histoire #3 devrait nous en dire plus sur l’état des droits humains en Russie. Et on a déjà hâte de pouvoir y accéder !

Charlène martin

C’est vous qui le faites c’est vous qui le dites

AJ! Nº25 Décembre 2014

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Liens utiles :• Coojeune Amnesty-International : https://www.facebook.com/coojeune.amnesty?fref=ts • Jeunes d’Amnesty International France : https://www.facebook.com/JeunesAmnestyInternationalFrance?fref=ts• Humans of Amnesty International : https://www.facebook.com/Humansofamnesty?fref=ts

Humans of Amnesty InternationalNous ne pouvions pas passer à côté ! Le but de cette page Facebook, créée et tenue par Djamila Denguir, membre de l’AJ de Bordeaux, est simple : recueillir des témoignages afi n de diffuser au plus grand nombre l’activité et l’engagement des membres et sympathisants d’Amnesty, les jeunes notamment. L’idée lui est venue lors du Human Rights Camp de juillet der-nier en Bulgarie : « J’ai rencontré beaucoup de personnes et nous avons échangé sur nos différentes expériences. J’ai sou-haité les partager et ainsi montrer que s’investir dans la défense des Droits Humains est à la portée de tous [...] Chacun a son histoire et une raison qui le pousse à agir. Alors j’ai eu envie de provoquer cette réfl exion chez les gens. Et comment toucher le plus de monde si ce n’est par les réseaux sociaux ? »

CoMMeNT raLLuMer La fLaMMe ?Comment, après deux ou trois mois de

vacances d’été, certainement quelques départs ou une rentrée un peu abrupte,

attirer de nouveau, faire parler de son AJ ? C’est la question que nous avons posé à Léa Antoni et Marion Legras, corespon-sables de l’AJ de l’Université à Paris 13. Selon elles, lorsqu’il reste, comme souvent, quelques amnestiens présents dans l’établissement, il faut, dès le début de l’année, monter une action de visibilité : « On ne peut que voir un stand avec ses nappes et nos “super-bes” dossards jaunes ». Léa nous assure que le moment idéal pour tenir un stand est le Forum des Associations, organisé par la plupart des universités.Cependant y participer n’est pas toujours une mince

affaire : une AJ n’est le plus souvent pas constituée en association étudiante, seul titre véritablement reconnu au sein de certaines universités. Obtenir une autorisation peut s’avérer diffi cile. Selda Yasar

de Lorient nous le confi rme : « nous ne pouvons pas tenir un stand, l’université ne répond pas à nos mails ». Le cas a également été vécu à Dijon, où après trois demandes successives en avril dernier l’AJ a renoncé à participer à la Journée Culturelle et Associative début septembre. Si une présence tarde à être acceptée, il est possible de se rabattre

sur les manifestations proposées par la ville.C’est ainsi que l’AJ de Dijon participe au Grand Dej’, une agréable journée où se rencontrent les asso-ciations de l’agglomération dijonnaise. À Paris, Léa

insiste sur l’importance de rappeler son existence, au moyen d’affi ches, de tracts : « C’est par ce biais que j’ai moi-même rejoint l’AJ il y a plus de deux ans ». Prenez en compte le conseil de Marion : « Ce qui mobilise c’est de citer tout de suite concrète-ment des actions menées [...] et surtout de mon-trer qu’Amnesty ça marche ! ». Enfi n il faut parler des projets, les axer sur ce qui est susceptible de toucher les élèves ou étudiants. N’hésitez pas faire passer des messages dans les journaux, locaux ou régionaux.Faites-vous connaître via les radios : beaucoup de petites émissions offrent un temps de parole aux jeunes. Et puis n’oubliez pas, la convivialité et la diversité de vos actions donneront envie aux bénévoles de rester !

V. P.

Focus sur La rENtréE dEs aj. LEs

boNNEs idéEs Pour rELaNcEr

L’activité !

Les JeuNes béNéVoLes eT Les réseauX soCiauX«L a présence sur les

réseaux sociaux me parait incon-

tournable » témoigne Carmen Bailly de la toute jeune AJ du Lycée Lakanal de Sceaux. Aujourd’hui, nous nous accor-dons en effet tous sur ce point : militantisme de terrain et en ligne sont complémentaires. Beaucoup de structures ont leurs propres compte Twit-ter, ou, surtout, leurs propres pages Facebook. La gestion d’une page peut être une activité prenante toutefois. Mathilde Ribeaux de Lori-ent confi e que les études et emplois du temps de chacun ne permettent pas toujours une mise à jour constante de la page de son AJ. Cepen-dant la Maison De l’Étudiant de son campus possède un compte Facebook, et les jeunes militants prévoient un arrangement pour que celle-ci relaie leurs actions. Une bonne idée qui ne peut que renforcer le lien entre l’Université, ses structures, et l’AJ ! Et puis une page “offi ci-elle”, c’est très bien, mais tous ont bien compris que ça ne suffi t pas : « Nous l’utilisons comme un outil de sensi-

bilisation et d’information. Mais comme chacun relaie sur son propre profi l ce qui apparait sur notre page, beaucoup de monde reçoit l’information. » Établir ainsi un réseau « c’est pour nous un outil de visibilité majeur ! » (rappelle Carmen). Ainsi que le démontre Morgane Tymen de Nice – se chargeant par ailleurs de prendre les pho-tos des différentes actions auxquelles participe, ou que monte, l’AJ – : « Une jour on a organisé une soirée sur les Droits Humains [...]. Une fois le fl yer sur la page de l’AJ j’ai demandé à mes amis de le partager. Pub’ garantie et gratuite. Pour ça, les réseaux sociaux, c’est vraiment cool ! » À Rennes, on aime poster des photos, relayer les publications des autres pages d’Amnesty, insérer les liens vers les pétitions en ligne, etc. Pour Caroline Volent, « c’est une fi erté mais aussi un engagement que je prends très au sérieux et que je trouve nécessaire ». À Lorient de nouveau, Selda Yasar insiste sur l’importance de diffuser les photos d’actions, pouvant attirer,

pouvant faire naître une réac-tion positive chez celles et ceux les voyant. « Je poste souvent des photos sur mon compte perso, et si chaque membre d’AJ fait de même elles peuvent peut-être sus-citer un peu plus d’intérêt que si l’on se contente de les faire apparaître sur une page. Après tout, rester discret dans ce que nous faisons au sein d’AI est contradictoire avec le besoin des AJ de se faire connaître. Ce n’est pas ce qui marche forcément ! » Outre faire connaître et rendre visible son AJ, Facebook est aussi, le dit Océanne Zénasni de Langres, un bon outil pour faciliter la communica-tion entre membres, sym-pathisants, ou encore curieux : « Notre AJ s’agrandissant, nous avons créé un groupe ouvert à tous. Nous pouvons ainsi non-seulement com-muniquer entre nous, mais il est également possible à chaque personne partageant les valeurs d’AI de suivre nos informations et, si elle le sou-haite, nous aider à mettre en place tel ou tel projet ». Une page Facebook néanmoins est peu utilisée : Jeunes d’Amnesty

International France. Ne négli-geons pas son intérêt : com-mune à toutes les AJ, elle peut

leur permettre de mieux se connaître entre elles !

VALentin PicHon

Unité, partage, altruisme... des valeurs et des vertus que les Danakil s’efforcent d’étendre afin de défendre la dignité des plus faibles. Entrons dans cette musique qui endort le corps en éveillant l’esprit à travers l’oeil de Balik. Parolier et interprète, il voit dans la quête d’une «vérité universelle» un moyen de faire naître la Paix en dirigeant les yeux du monde dans la même direction.

PeoPLe PosItIons

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Peut-on dire que vous êtes des reggae-men à la philosophie rasta ?Oui bien-sûr étant donné que le rastafarisme est une philosophie voire une religion intrinsèque au reggae. Mais nous n’abordons pas ce côté religieux. Ce qui m’intéresse plus largement c’est de mettre en adéquation des mots et des mélodies pour partager des sentiments. La philosophie rasta est une philosophie d’unité, de rapprochement, de compréhension du monde, du vivre ensemble... Ces idées de cohésion ne sont pas uniquement celles de la religion rasta, elles sont communes à toutes. Le problème – et c’est pour cela que je ne veux pas et que je n’ai pas d’étiquette religieuse – réside dans l’interprétation des textes sacrés. Certes sur le papier, les religions sont belles, mais c’est à l’homme de les saisir correc-tement sans en pervertir la portée.

On sent en vous une volonté certaine de libérer les consciences, quelles sont vos influences ?Le premier à m’avoir fasciné fut Marley, mais je pense aussi à Gandhi, Mandela ou encore un anonyme pour nous Français : Tierno Bokar. Gandhi inspire sur de nombreux tableaux : celui de la politique, de l’amour de son prochain, sur la négation de sa propre personne en faveur du collectif. Gandhi est immortel car il est dans l’esprit humain, mais prenons garde à l’influence des fossoyeurs d’idées guidées par leurs intérêts égoïstes. Gandhi est aujourd’hui dans le cœur et l’esprit des Hongkongais qui mani-festent pacifiquement, par une désobéissance civile, leurs idées.Mandela quant à lui m’a donné un exemple fort de ce que pouvait être l’abnégation, la conviction, la force des idées et l’intégrité d’un homme qui a quelque-chose en tête.Enfin je pense à Tierno Bokar dit le Sage de Bandiagara que j’ai découvert à travers les écrits de son élève Amadou Hampâté Bâ. Tierno Bokar dans l’Islam comme Gandhi dans l’Hindouisme ar-rivent à exprimer de la meilleure des façons que toutes les religions partent d’une branche commune : la quête de Vérité Universelle. Cette recherche est ma religion.

« Libre de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme » dans le préambule de la DUDH, texte fondateur de l’action d’AI. Ces mots doivent vous parler...C’est génial, mais c’est tout le paradoxe des droits de l’homme dans leur intégralité. C’est d’un côté indispensable qu’ils existent et soient défendus mais d’un autre côté cela paraît être une hypo-crisie générale puisqu’aucun Etat ne peut se targuer de respecter la Déclaration dans son intégralité. Où est le pouvoir aujourd’hui ? Aux Etats, à ce qu’on appelle les Démocraties or on va vendre des porte-avions à la Russie qui maltraite les droits de l’homme, les Etats-Unis maintiennent Guantanamo. Malgré cela, le rôle des droits de l’homme est primordial car c’est une arme institutionnelle et juridique indispensable dans les combats de justice interna-tionale. Le passage que tu m’as cité est magnifique, on aimerait tous pouvoir penser et croire librement. Malheureusement ce préambule n’est pas défendu dans les hautes sphères de la poli-

tique qui s’aliènent dans cette quête du pouvoir et des intérêts économiques. Il est faux de penser que l’on est libre lorsqu’on jouit du pouvoir politique.

L’Occident doit donc pratiquer sévèrement son autocri-tique afin d’éviter que « les générations passent et les crimes d’Etats s’enchaînent » ?Absolument, ce travail est nécessaire car si l’on fait quelque chose quelque-part et que personne ne dit rien, même si c’est complè-tement contraire aux droits de l’homme, demain le pays voisin va faire pareil pour y gagner la même chose. C’est en cela qu’il est important de garder l’œil ouvert sur le monde, ses abus et de montrer l’exemple.

L’expérience est au service de tes chansons comme les idées le sont à ta philosophie. L’application nécessaire des droits humains mêlent ces deux aspects, pourrais-tu en faire une chanson ?Les droits de l’homme sont des sources intarissables d’inspiration. Je pourrais en faire 50 chansons. Mais en tant qu’artiste j’essaye de ne pas faire une myriade de paroles qui traitent du même sujet. D’une certaine façon je pense que la notion est présente dans beaucoup de mes couplets.

Pierre Fougerat

Danakil

Garder l’œil

2000-2001 : naissance du collectif, première répétition, premier concert

2006 : premier album, les frontières de Marly-le-Roi sont repoussées

2009 : premier Olympia, des portes s’ouvrent

2011 : premier Zénith de Paris 2012 : création du label

BacoRecord permettant de produire des talents

2014 : Quatrième album « Entre les lignes »

BIo exPRess

Julie

Arn

oux

OUVERt SUR LE mOnDE

Décembre 2014 Nº25 AJ!

ZE EQUIPE direction de la publication : Geneviève Garrigos et Cécile Coudriou. rédaction en chef : Cyrielle Balerdi ([email protected]) conception maquette et iconographie : Jean-Jacques Farré ([email protected]) ont écrit dans ce numéro : Léa Vollet, Bénédicte Mingot, Valentin Pichon, Charlène Martin, Sabrina Ramessur, Pierre Fougerat et Ingrid Gaza. coordination : Pascale Guillier et Rémi Farge. secrétariat de rédaction et suivi de fabrication : Josette Debord. impression : Les Presses de Bretagne. Photogravure : Faure &co Retrouvez-nous sur facebook http://www.facebook.com/pages /AJ-Le-magazine-des-jeunes-dAmnesty N° de commission paritaire : 0419G84664/ISSN : 0761-9359. Dépôt légal 4e trimestre 2014. Pour nous contacter/féliciter/engueuler : Amnesty International – Journal AJ !, 76, bd de la Villette - 75940 Paris cedex 19 – Tél : 01 53 38 65 52 – [email protected] - www.amnesty.fr AJ!, supplément trimestriel à La Chronique d’Amnesty International. Ne peut être vendu séparément. Les articles signés dans AJ! n’engagent que leurs auteurs et pas nécessairement Amnesty International.