21
Amitiés dominicaines Lettre de la province de France Noël 2011 53 Prendre soin

Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

A m i t i é s dom in i ca ines

Lettre de la province de France Noël 201153

Prendre soin

Page 2: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

SOMMAIRE

3

Dossier : Prendre soinAuprès des malades, comme un sourire de Dieu. par le frère Jocelyn Dorvault, o.p.

Accompagner jusqu’au bout par le frère Marie-Augustin Laurent-Huyghues-Beaufond, o.p.

Aumônier à l’hôpital militaire par le frère Jean-Claude Husson, o.p.

Laver les plaies de Jésus ressuscité par le frère Marc Millais, o.p.

Monsieur Secret par le frère Xavier Pollart, o.p.

Réf lex ionFaut-il étudier la Bible ? par el frère Etienne Nodet, o.p.

Actual i tés de la province :Le couvent de Lille s’adresse aux familles par le frère Jean-Baptiste Régis

Ne sont-ils pas des hommes ? par le frère Henrik Albérius, o.p.

Béatification du frère Marie Jean-Joseph Lataste, Ordination diaconale du frère Raphaël de Bouillé

Nouvel les des f rères é tudiants :Les Psaumes, Bible & Théâtre par le frère Pascal David, o.p.

En d i rect des f ra tern i tés :Dis, papa, c’est qui Congar ? par Jacques Tyrol

L’agenda

Le carnet

Peu d’entre nous échapperont à cette épreuve redoutable de voir, sou-dainement, la maladie s’inviter dans notre corps, dans notre vie. En un instant, nos projets, nos ambitions, nos assurances sont balayés. Et seuls ceux qui ont traversé l’épreuve de la grande maladie connaissent ce goût si particulier de cette liberté propre à la vie d’après. Et parfois à la vie pendant.

Comme une double peine infligée, l’entrée de la maladie s’accompagne inévitablement de la douloureuse impression de passer de l’autre côté du miroir, comme s’il y avait d’un côté le monde des bien portants devenu inaccessible, et de l’autre celui des malades.

Nous oublions trop souvent que, bien portants et malades, nous formons un seul corps dont certains d’entre nous, parfois plus souvent et plus durement qu’à leur tour, portent le fardeau commun de la maladie. Ils témoignent au nom de tous d’une espérance plus forte que la mort qui n’est plus seulement une idée. Ce témoignage est un apostolat, une véri-table prédication à leur insu.

Il est heureux que des frères soient engagés au côté des malades, et aussi des soignants. Cet apostolat les plonge de façon toute particulière dans un mystère de communion dans lequel la division entre bien portants et malades est abolie. Un mystère de communion à un même corps souffrant dont la tête est le Christ.

L’ÉDITORIAL

Fr. Jean-Paul Vesco, o.p.prieur provincial de la province de France

Page 3: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

Voilà presque deux ans que je suis aumô-nier au CHU de Clermont-Ferrand, au service des personnes malades, de leurs familles et du personnel soignant. Em-bauché à plein temps, j’y passe l’essen-tiel de mes journées. Il arrive que je sois aussi appelé en soirée, la nuit ou le week-end, puisque le service de l’aumônerie, comme tous les services de l’hôpital, as-sure une « permanence de soin ». Je par-tage ces astreintes avec un autre prêtre et l’ensemble des équipes d’aumônerie du secteur (quatre hôpitaux). C’est donc un travail d’équipe.

Quand j’ai accepté cette mission, à la demande du diocèse, je ne savais pas si j’allais être capable de l’assumer. Fré-quenter régulièrement la maladie, avec son lot d’angoisses, avoir sous les yeux

les corps blessés et tordus, parfois des corps sans vie, accompagner des familles en quête d’espérance, ou désemparées, n’est pas sans conséquence sur la perception qu’on a du monde et de soi-même. Le constat d’une humanité extrêmement fragile, contrairement à ce que la société nous fait croire. Non vraiment, l’hôpital n’est pas un lieu

DOSSIER : PRENDRE SOIN

54

S’il est bien un lieu où nous sommes at-tendus, comme chrétiens, c’est auprès des malades et des personnes en souf-france, tant physique que psychologique.

Le monde dans lequel nous vivons n’arri-ve toujours pas à compenser sa brutalité, l’injustice de la maladie et de la mor t, par l’accroissement de ses capacités techni-ques. Dans les hôpitaux ou les centres spécialisés, on diagnostique, on opère, on soigne, on donne des médicaments, avec, la plupar t du temps une compétence in-contestable, et pour tant, ces hommes et ces femmes qu’on traite, qu’on manipule, qu’on panse, continuent d’avoir mal, en dedans ou, pour le moins, ils ont aussi be-soin d’autre chose.

Les frères, comme toute personne en-gagée dans la pastorale de la santé, le savent bien, quand ils prennent le temps de l’écoute, de la présence, de l’attention, ils n’agissent pas comme des soignants, même si parfois on les appelle « médecins des âmes ». Leur mission c’est la rencon-tre, l’accueil de l’autre.Il ne s’agit pas de donner des soins mais de prendre soin.

AuPRèS DES MALADES, cOMME uN SOuRIRE DE DIEu.

Page 4: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

DOSSIER pREnDRE SOIn

76

de mission comme les autres : ça sent mauvais, tout est sou-vent urgent, c’est bruyant, on

y rencontre beaucoup de solitude, et, malgré les efforts des soignants pour humaniser ce lieu de techni-que et de gestion, il y fait toujours un peu froid.

Mais il faut croire qu’il y a des grâces particulières attachées à ce service, comme celle de pouvoir rencontrer des personnes sans les réduire à leur maladie et à leurs souffrances, com-me celle de pouvoir sourire et même rire avec la famille au chevet d’un mourant, comme celle de se laisser entraîner sur les chemins chaque fois nouveaux de chaque nouvelle rencontre. Ma mission tient beau-coup aux personnes qui m’accueillent dans leur chambre, et je veux croire qu’en chacune, Celui qui m’accueille, c’est le Christ lui-même.

Souvent, les jeunes infirmières et les internes me demandent ce que je fais auprès des personnes qui font appel au service de l’aumône-rie. Elles imaginent sans doute quelque invocation secrète et des rites magiques. Je leur réponds souvent que je ne fais pas grand-chose. Je commence par frapper à la porte, j’attends qu’on m’invite à entrer, je me présente, puis je m’assois près de la personne (ou je me tiens de-bout, c’est selon) et j’écoute.

Mon travail est d’abord un travail d’écoute. Je parle de travail car l’écoute demande une vraie implication et une grande énergie. L’at-tention, l’ajustement de soi aux attentes de l’autre (veut-il parler ? Que veut-il dire ? etc…) demande une concentration particulière. Dans le contexte de la maladie en particulier, comme expérience de boule-

versement et de précarité, la relation n’est jamais acquise et il s’agit chaque fois d’être bien présent à l’autre, là où il se trouve et non là où j’aimerais l’amener. Il faut arriver à le suivre.

La rencontre n’est d’ailleurs pas toujours paisible. En tant que prêtre, je dois souvent rendre des comp-tes. Pourquoi Dieu nous a-t-il abandonnés ? Qu’est-ce qu’il fiche, votre Bon Dieu ? ça sert à quoi tout ça ? Quel est le sens de ma souffrance ? Ou même « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre.

Il m’arrive d’être là auprès des malades ou de leur famille pour « simplement » leur permettre d’expri-mer leurs angoisses, leurs colères, leurs frustrations, tout ce que le personnel médical n’a pas le temps d’entendre. Parfois il faut que ça explose. Alors je

suis là pour accueillir, j’encaisse. J’essaye d’être une oreille qui ne se dérobe pas. Je sais que c’est un passage nécessaire pour pouvoir aller plus loin.

Aller plus loin c’est-à-dire assumer la deuxième partie de ma mission : la prédication. Mais prêcher quoi ? Rappeler quelques fondamentaux de la foi : l’espérance en la résurrection, la vie plus forte que la mort, le pardon et la miséricorde. Mais il ne m’est pas toujours possible de partager une foi qui m’habite pourtant profondément. Au cœur de la souffrance, de l’angoisse, de la solitude, ces paroles sont souvent inau-dibles par les personnes que je visite. Avant de semer, il faut labourer, c’est-à-dire épierrer faire sortir tout ce qui blesse, tout ce qui empêche, relire l’instant comme on retourne une terre, aérer, mettre de l’air, sans se presser.

Ce que nous annonçons ? C’est en premier lieu la présence de Dieu à leurs côtés. Par la fidélité des visites, par le temps donné sans urgence,

L’équipe d’aumônerie de l’Hôpital G. Montpied au CHU.

Page 5: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

DOSSIER pREnDRE SOIn

98

par la prière partagée, mes collaboratrices et moi-même, nous vou-lons témoigner que Dieu est là. Notre première mission, auprès de celles et ceux qui traversent l’épreuve de la maladie, c’est d’être,

comme un phare au milieu de la mer agitée, le sourire de Dieu.

Comme prêtre, je suis évidemment assez souvent sollicité pour des sacrements : réconciliation et surtout onction des malades. Je célèbre une centaine d’onctions par an. C’est chaque fois un moment que je vis comme un privilège. Ni un rite magique de guérison, ni cette fa-meuse « extrême onction » que le 19ème siècle nous a léguée, mais un geste solennel par lequel Dieu réaffirme son engagement auprès de la personne.

Et j’aime à témoigner de cette dignité irréductible offerte par pure grâce à ceux-là même que, pourtant, tout semble accabler. J’aime à rappeler à celui ou celle que je visite, que dans sa vie bouleversée par la maladie, il reste le visage de Celui qui a choisi notre humanité, fra-gile et courageuse, pour se manifester au monde.

Fr. Jocelyn Dorvault, o.p.

La Maison Médicale Jean XXIII est située dans la banlieue de Lille. Fondée par des religieuses qui vivent toujours dans ses murs, c’est depuis 50 ans une structure pionnière dans les soins palliatifs et l’accompagnement de la fin de vie.

Un après-midi par semaine, je vais y visiter les malades. Entrer en relation avec ces personnes est toujours un travail de haute couture, car chacun réagit très différemment à la perspective de la mort. Mon rôle est d’écouter, mais aussi et surtout d’aider chacun à se reconnaître comme une personne à part entière, qui n’est pas réduite à sa souffrance ou sa maladie, mais qui a une histoire, belle ou cabossée, qui a des relations, une famille, des réussites et des ratés... La mort prochaine fait ressurgir beaucoup de choses, et les récits de vie sont souvent chargés.

AccOMPAgNER juSqu’Au bOuT

Le frère Jocelyn Dorvault, de la Maison Saint-Louis-Bertrand à Clermont-Ferrand, est aumônier d’hôpital au CHU.

Page 6: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

DOSSIER pREnDRE SOIn

1110

En tant qu’aumônier, j’ai une fenêtre privilégiée sur tout cela, car je ne suis pas un médecin qui s’intéresse avant tout à la maladie, ni un membre de la famille, forcément ému et pris affectivement

au plus haut point. Il s’agit moins de calmer l’angoisse de la mort que d’aider chacun à relire sa vie.

Cette présence auprès des personnes à un moment si particulier de leur existence me donne beaucoup de joie, alors que, paradoxalement, je parle assez peu de Dieu. Bien sûr, il m’arrive de donner la communion ou de lire l’Évangile avec un patient (et donner le Pain de Vie au seuil de la mort est toujours un moment beau et fort), mais le plus gros du travail est la «ré-humanisation» : au long de ces après-midi de ces discussions informelles avec chaque malade, je vois le regard changer, le visage s’apaiser, et un ton plus juste arriver dans la discussion quant à sa vie et sa mort.

Combien de demandes d’euthanasie (y compris celles formulées par les proches) s’évanouissent quand on s’occupe correctement d’une personne malade, c’est à dire intégralement, en traitant le corps, l’esprit et l’âme ! Les soins palliatifs, c’est un choix de société qui vaut le coup, qu’on se le dise !

Le travail se fait aussi avec les familles. Il faut préparer mise en bière et funérailles, quand la demande en est faite à l’aumônerie, mais avant cela, il faut connaître l’entourage des malades, et je parle aussi beau-coup avec eux. Il m’arrive de leur proposer une «prière de fin de vie», qui a lieu dans la chambre du patient, avec sa famille.

Le moment le plus poignant est un temps de silence : ce moment est prévu pour que des paroles puissent être échangées entre le malade et ses proches. J’ai ainsi été témoin de pardons donnés et reçus, de réconciliations bouleversantes, de paroles de vérité qui engagent des existences entières... Parce que le temps a été pris pour relire sa vie et l’aimer telle qu’elle a été vécue, la paix peut se faire dans le cœur de chacun de ceux rassemblés autour de celui qui va partir : Dieu les a

travaillés pour qu’il puisse lui-même leur donner sa paix, et c’est une joie que de pouvoir être témoin de ces conversions.

Ce travail est aussi une fenêtre ouverte sur la communion des saints : beaucoup de ceux que je croise sont aujourd’hui morts. Certains m’ont largement ouvert leur cœur, mais je reste silencieux devant le mystère de chacun, que seul Dieu connaît vraiment. Ma prière pour eux et celle que je leur demande, pour les morts comme les vivants, se rejoignent dans le cœur de Dieu et manifestent l’unité de l’Église.

Fr. Marie-Augustin Laurent-Huyghues-Beaufond, o.p.

Le frère Marie-Augustin Laurent-Huyghues-Beaufond, du Couvent Saint-Thomas-d’Aquin à Lille, poursuit ses études de théologie et de philosophie.

Page 7: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

DOSSIER pREnDRE SOIn

1312

Le frère Jean-Claude Husson, du couvent de l’Annonciation à Paris, est aumônier adjoint de l’hôpital militaire Percy (Clamart) pour le Diocèse aux armées. il est aussi aumônier régional des équipes du Rosaire de Bourgogne-Franche-Comté.

Depuis fin 2010, le Diocèse aux armées m’a confié un poste d’aumônier à l’hôpi-tal militaire Percy à Clamart. J’y célèbre une messe chaque jeudi avant de rendre visite aux malades. Le plus dur, dans ce ministère, est d’accueillir les blessés de guerre, ceux qui rentrent d’Afghanistan par exemple, souvent très touchés dans leur corps et dans leur mental et aussi d’accompagner leurs familles.

En novembre 2010, des chrétiens d’Irak, victimes du massacre de la cathédrale de Bagdad, ont aussi été soignés à Percy. Je me souviendrai longtemps du petit Ba-char (quatre ans) qui a vécu la tragédie et dont la maman a dû être amputée. à son arrivée, il était très traumatisé, blotti contre son père, silencieux. Ce fut une grande joie de noter chaque jour les progrès de cet enfant vers l’apaisement. à Noël, ayant su conquérir l’affection de tous, il courait déjà partout, choyé par le personnel et contribuant ainsi à la guérison de sa maman.

De 1991 à 2005, j’avais déjà accompagné des personnes en souffrance en hôpital psychiâtrique. Dans nos continuels échanges revenait sou-vent le terme de «juste distance», nécessaire en psychiâtrie plus encore que dans d’autres relations d’aide. En effet, il y a un risque à trop s’in-vestir dans un échange où l’affectivité prend beaucoup de place, car le malade s’attache à qui lui accorde son attention, lui qui est souvent incompris voire méprisé. Sa souffrance risque alors d’éveiller en nous trop d’échos, au point que la voix de l’autre ne nous est plus audible car

elle est couverte par la nôtre. Inversement, si nous ne sommes pas assez empathiques nous risquons d’émettre des généralités qui ne parlent à personne et qui nous permettent seulement de ne pas nous impliquer du tout. Or, les personnes fragiles ont souvent comme un «sixième sens» qui leur permet intuitivement de percevoir l’authen-ticité ou non de notre écoute.

J’ai reçu beaucoup de l’amitié fidèle de ces frères et sœurs atteints au plus profond de leur être. Paradoxalement je dirais qu’ils m’ont eux-mêmes donné la force de les aider. Souvent, même, je n’ai rien dit, écoutant en silence. Et ces personnes me remerciaient, comme si ma seule présence auprès d’eux avait été plus forte que les mots que je n’avais pas prononcés, parce qu’ils me paraissaient creux ou inadéquats dans cette situation.

Ces expériences fortes continuent à me soutenir chaque jour, à l’hô-pital mais aussi chaque fois que je suis en présence de personnes qui souffrent… et, souvent, font souffrir. Chacun demande à être accueilli comme une personne, une liberté, chacun espère être ac-cepté au-delà des étiquettes dont on l’affuble.

Dans la mesure ou une personne se sent «accueillie», considérée avec amour et espérance comme Dieu la regarde, elle peut alors grandir, s’ouvrir aux autres.

Fr. Jean-Claude Husson, o.p.

AuMôNIER à L’hôPITAL MILITAIRE

Page 8: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

DOSSIER pREnDRE SOIn

1514

Comme frère étudiant et prêtre, après quelques mois de stage, je travaille au service d’aumônerie d’un EPSM (Établissement Public de Santé Mentale). L’équipe est composée de bénévoles et pour le moment, de l’aumônier salarié à mi-temps que je suis.

Comme membre du personnel, je visite les services fermés une fois par semaine, en plus des demandes particulières. C’est l’occasion de rencontres avec les patients et avec le personnel. Une permanence a lieu à côté de la chapelle et permet des moments d’échange ou de silence, les confidences ou la prière. Le jeudi a lieu le partage de l’évangile du dimanche suivant où sera célébrée l’eucharistie.

Souvent, lorsque j’évoque cette mission d’Eglise, j’entends «Ce doit être difficile». Oui, ce sont des moments difficiles que vivent les patients en EPSM. Ce sont des personnes en grande souffrance que j’apprends à entendre,

à écouter et à rencontrer. Certes la souffrance psychique inquiète et dérange et elle peut être terrible. Mais lorsque je pense à l’EPSM, je pense avant tout à des visages et à des noms, à des récits de vies mouvementées et bouleversées, des vies difficiles et aussi à des paroles de foi.

Le jeudi, nous écoutons ensemble l’Évangile. Souvent, je suis frappé combien cette Parole est entendue au plus profond, dans une sorte d’espace intérieur que l’épreuve creuse. Quelques jours avant Noël, à la lecture de l’annonce aux bergers dans Luc, j’entends « ça me fait penser à la résurrection ! Des anges qui parlent d’un sauveur ! » Eh oui, c’est si difficile pour toi de rester et ne pas partir en criant dès que quelque chose ne va pas à ton gré, mais tu as saisi au plus profond de toi que dans ce nouveau né couché sur la pierre d’une mangeoire, dans cette annonce des anges aux bergers aux marges de notre monde, il y a déjà quelque chose de Pâques !

Je suis de passage dans un service et un jeune homme à nouveau hospitalisé, me livre sa détresse «Tu prieras pour moi ?» Je lui réponds «Et toi tu vas prier pour moi ? », histoire de dire que je ne suis pas son délégué mais son frère devant Dieu et que j’ai aussi besoin de sa prière même, et surtout, parce qu’il n’est pas

LAvER LES PLAIES DE jÉSuS RESSuScITÉ

Page 9: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

DOSSIER pREnDRE SOIn

1716

MONSIEuR SEcRET

François n’en démord pas. Pour cet enfant que je reçois au CMPP, je suis Monsieur Secret. J’ai beau l’interroger, lui demander ce qu’il entend par là alors que ce n’est pas mon nom, c’est lui qui l’a choisi. Il me dit : « Un secret, tu sais pas c’est quoi ? » et déclare avec beaucoup d’assurance : «Un secret, c’est un secret.»

De quoi parle-t-il ? Quelle est cette parole placée sous le sceau du secret que François vient partager ? La partage-t-il vraiment d’ailleurs puisqu’on ne peut pas y toucher ? De même, quel peut être pour lui ce grand bonhomme qui se trouve face à lui pour l’écouter et qui semble tout savoir sur son compte ? Ce Monsieur secret cache bien des mystères.

Depuis trois ans, j’exerce le métier de psychologue clinicien dans une structure à Lille qui reçoit des enfants en âge scolaire (Centre Médico

Le frère Marc Millais est assigné au couvent d’étude Saint-Thomas-d’Aquin à Lille. Il est aumônier dans un établissement public de santé mentale.

chrétien. C’est un moment étonnant que de parler ainsi de croyant à croyant, de partager notre foi et nos questions sur Dieu quand tout vacille en soi et autour de soi.

Un jour, une personne me confie : «A l’EPSM, il m’est arrivé une chose qui ne m’était jamais arrivé : quelqu’un m’a demandé de prier pour lui !» Cette jeune mère de famille, alors que tout chavire en elle, se découvrait tout à coup, dans sa grande peine, responsable de quelque chose face à Dieu, solidaire d’autres.

L’aumônerie en psychiâtrie est une expérience décapante : sans cesse c’est de l’essentiel qui est en jeu, de l’essentiel qui affleure et qui nous est adressé. Cela demande de laisser tomber beaucoup d’idées toute faites, de peurs et de questions pour se risquer à découvert à la rencontre de l’autre en vérité, un homme une femme en souffrance, un frère, une sœur. Dans la chapelle, un vitrail de saint Jean de Dieu me le rappelle : alors qu’il lave les pieds d’un pauvre, il découvre les plaies rayonnantes de Jésus ressuscité. C’est cette expérience bouleversante que je fais en EPSM : nous nous adressons les uns aux autres quelque chose du Christ vivant.

Fr. Marc Millais, o.p.

Page 10: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

DOSSIER pREnDRE SOIn

1918

Le frère Xavier Pollart, est prieur du couvent Saint-Thomas-d’Aquin à Lille. Il exerce le métier de psychologue auprès des enfants.

mettre à l’écoute produit de l’effet ! Ainsi recevoir des enfants dans le cadre particulier de l’entretien thérapeutique fait bouger quelque chose, pas seulement du côté de l’enfant. Avec lui, il s’agit de repérer l’astuce, trouver le moyen de l’interroger. La question fait ensuite son chemin. Mais en réalité, sa parole nous interroge tout autant.

Interroger et être interrogé par de la parole, n’est-ce pas une bonne école pour un prêcheur ? Le travail au CMPP est particulièrement riche à cause de la pluridisciplinarité des pratiques. Modestement, chacun se laisse interroger par ce qu’il entend, partage sur ce qu’il comprend des situations, et nous travaillons ensemble chaque semaine à partir de nos présentations. Pour le frère dominicain, ce travail en équipe ainsi que ce qui se construit peu à peu au cours des suivis est la source d’un émerveillement constant.

Dans un des derniers numéros de ces Amitiés dominicaines, un frère écrivait cette phrase pleine d’espérance : « la vie finit toujours par trouver son chemin ». Pour François et tant d’autres, c’est un constat que je peux faire moi aussi.

Fr. Xavier Pollart, o.p.

Psycho Pédagogique). Là, j’y rencontre François mais aussi de nombreux autres enfants accompagnés le plus souvent de leurs parents. Pour cet emploi à mi-temps, je travaille en équipe avec

d’autres collègues, psychologues, orthophoniste, psychomotricienne et médecin directeur qui savent tous qui je suis. Avec eux, je reçois les demandes qui sont adressées à cette institution ; ensemble, nous nous laissons interroger par la parole des enfants.

Comment le fait que je sois dominicain intervient-il dans ma manière d’exercer cette profession ? Il est difficile de le dire. Par contre, je sais que c’est au bout d’un long cheminement que cette orientation a vu le jour ; l’Ordre y est pour quelque chose ainsi que l’encouragement des frères.

Il y a dix ans maintenant, après les études de théologie, l’ordination presbytérale, et alors que j’étais engagé auprès des étudiants au sein de l’aumônerie universitaire de Strasbourg, je me suis intéressé à ce domaine des Sciences Humaines qu’est la psychologie. C’est le début d’une aventure marquante et bouleversante. Comme étudiant salarié, j’ai validé la licence et le master avec en parallèle plusieurs stages, en psychiâtrie adulte notamment, pendant un an ; ce stage a été particulièrement formateur. Ce qui devait être au départ une simple ouverture pour me permettre de rejoindre des étudiants en dehors du contexte de l’aumônerie, est devenue progressivement un champ d’étude nouveau, le lieu d’une interpellation et d’une transformation personnelle profonde.

La rencontre clinique, mon attention à la parole des enfants et à leurs situations, les difficultés exposées par les parents modifient quelque chose du frère dominicain que je suis, sa prière et sa prédication. Se

Page 11: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

2120

Pour tenter de répondre à cette question, laissez-moi évoquer un récent pèlerinage en Turquie.

Il s’agissait, avec un groupe d’une quarantaine de personnes, d’un parcours « sur les pas de St Paul » en Asie Mineure, augmenté d’une lucarne sur Jean de Patmos. Évidemment, il manquait le trajet Damas-Tarse-Antioche, mais c’était réellement impraticable.

La Turquie moderne bouillonne d’activité, et son fondateur Atatürk a tenu énergiquement à mettre en valeur son passé préislamique, qui est très vaste. C’est là qu’on a su recueillir du fer météorique tombé du ciel, bien avant l’invention de la céramique. Étant donné son origine, on en a d’abord fait des objets symboliques, en particulier des parures pour les morts. Il a fallu un ou deux millénaires pour qu’on ose en faire des ustensiles ordinaires, c’est-à-dire qu’on jette après un usage profane. Tel est le respect magique qui encore aujourd’hui entoure toute invention notable, mais le rythme est plus rapide.

Paul n’est certainement pas remonté aussi haut. Il s’est contenté de ce qu’il voyait : une opulente civilisation gréco-romaine, avec théâtres, temples, stades, fontaines ornementales, portails d’apparat, et même des aqueducs disciplinés amenant l’eau au premier étage, le tout ouvragé avec un art maîtrisé. Mais en dehors de cercles de philosophes assez fermés, le peuple vivait dans la superstition, craignant le courroux des dieux et s’efforçant de croire les augures. La violence n’était jamais éloignée, plus ou moins exorcisée par des jeux brutaux.

Négligeant ce monde des apparences muet et sans histoire, Paul arrivait avec un discours tranché : la mort est vaincue, il n’y a plus lieu d’être esclave de la peur, de culpabilités sourdes ; les êtres célestes sont futiles, en dehors de celui qui par son sang a réconcilié le ciel et la terre. Ce n’est pas un discours ivre, mais l’aboutissement d’une longue histoire très concrète, faite de promesses, d’échecs et de prophéties. Mais c’est aussi, au contraire d’un théorème bien fourbi, « un scandale pour les Juifs, une folie pour les Grecs », un élan risqué dénonçant les illusions du monde, lequel ne manque pas résister. Jean, relégué à Patmos, île

inutile et sèche, a été éprouvé lui aussi. Il écrit à des frères éprouvés comme lui. Il leur brosse une vision du monde depuis la création, à la fois tragique et pleine de sens : ils ont été constitués « royauté de prêtres régnant sur la terre ». Pas moins, mais c’est toujours fragile.

Après bien des soubresauts, les splendeurs antiques sont mortes. Reconstituées à grands frais, elles restent impressionnantes, mais elles attestent un passé différent, alors que les écrits de Paul et Jean se transmettent et ne vieillissent pas. Il y a eu des eucharisties très vivantes dans les ruines.

Alors, étudier la Bible ? Oui, s’en imbiber, sur le terrain et ailleurs, car c’est le seul moyen de découvrir le Dieu de Paul et de Jean, mais c’est une tâche sans fin, toujours à reprendre, parfois une lutte. Avec son langage restreint, elle enterre vaillamment ses commentateurs, car elle est bien autre chose qu’un journal mal transmis ou que des poèmes approximatifs.

Fr. Etienne Nodet, o.p.

RÉfLExION : fAuT- IL ÉTuDIER LA bIbLE ?

Le frère Etienne Nodet, du couvent de Saint-Etienne-Protomar tyr à Jérusalem, est vice directeur de l’Ecole Biblique et professeur de littérature inter testamentaire.

Bibliothèque de Celsus à Ephèse

Page 12: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

2322

AcTuALITÉ DE LA PROvINcEla journée se poursuit même par un pique-nique dans le parc du couvent. La formule permet ainsi de concilier temps en famille et formation chrétienne dans le cadre du couvent qui s’ouvre pour l’occasion. Et frères et fidèles peuvent aussi resserrer leur lien par un échange nourri avant de se retrouver pour l’eucharistie dominicale.

Comme le disait le frère Thierry Hubert dans son topo lors de l’école du dimanche du mois d’octobre sur l’Eglise : « On peut comprendre nos communautés religieuses ou paroissiales comme le lieu de l’ac-tualisation concrète et effective du message d’amour et de communion de l’Eglise. » Rien ne vaut un petit dej’ pour actualiser la charité dans nos familles et un échange entre frères et sœurs pour faire grandir la communion entre nous.

Fr. Jean-Baptiste Régis

LE cOuvENT DE LILLE S’ADRESSE Aux fAMILLES

Le frère Jean-Baptiste Régis, du couvent Saint-Thomas-d’Aquin à Lille, y poursuit ses étude de théologie et de philosophie.

Comment échanger avec des familles sur des questions de foi ? Com-ment étoffer la prédication dominicale adressée à nos fidèles sans sur-charger leurs obligations familiales ou professionnelles ? Les frères du couvent de Lille ont mené une consultation pour définir une nouvelle formule adressée spécialement aux familles.

La question s’était déjà posée il y a bien des années. Le frère Pierre Gaugué avait alors créé les « week-end parents – enfants ». La formule a été simplifiée et actualisée pour proposer, un dimanche matin par mois, une « école du dimanche ». Ainsi le couvent ouvre ses portes dès 9h30 pour offrir le petit-déjeuner à tous les fidèles qui le souhaitent. Voilà un nouveau cadre pour le bienheureux p’tit dej’ du dimanche matin en famille !

A partir de 10h, les enfants sont pris en charge par une équipe de frères et étudiants du foyer du couvent tandis que les parents et fidèles présents peuvent suivre un enseignement sur des thèmes variés autour de la messe, de la foi ou d’éthique. L’échange se poursuit jusqu’à 11h. Puis tout le mon-de se retrouve pour célébrer l’eucharistie. Au début et à la fin de l’année,

Page 13: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

2524

Nous déclarons que le problème des mi-grations tant internationales qu’à l’inté-rieur de chaque pays est une des caracté-ristiques de notre époque. Ces migrations ont un impact sur le changement social, économique, politique, culturel et reli-gieux pour les peuples et toute l’humani-té. Aujourd’hui, comme y invite la ques-tion de Montesinos « Ne sont-ils pas des hommes ? », nous devons redoubler de vigilance devant ce défi devenu universel par son amplitude et qui se manifeste de manières diverses, depuis l’accueil et la solidarité jusqu’à la xénophobie. Actes du Chapitre Général de l’Ordre des Prê-cheurs, 2010, n° 173

Cette année, nous fêtons le cinquième centenaire du Sermon de Montesinos. C’est la raison pour laquelle ce sermon prononcé par Antonio de Montesinos sur l’île d’Hispaniola le quatrième dimanche de l’Avent 1511 a été lu dans toutes les églises dominicai-nes en ce quatrième dimanche de l’Avent 2011. Pourquoi faire mémoire d’un vieux sermon ? Parce qu’il a marqué une avancée majeure dans l’évolution des droits de l’Homme.

Le dimanche venu, à l’heure de la prédication, frère Antonio de Monte-sinos monta en chaire. Il prit pour thème de son sermon, qui était écrit et qui avait été signé par tous les autres frères, la parole de l’Évangile :

Je suis la voix qui crie dans le désert, écrit frère Bartolomé de las Casas dans son Histoire des Indes (Tome III, chapitre 4).

Frère Antonio y critique sévèrement le traitement des Indiens par les Es-pagnols qui avaient reçu un enco-mienda (un titre de propriété des ter-res indigènes y compris les habitants qui y étaient rattachés) en arrivant au Nouveau Monde.

La gestion des esclaves ressemblait en effet plutôt à un génocide. Pour parler plus exactement, vous les tuez pour obtenir chaque jour un peu plus d’or. Et quel soin prenez-vous de les instruire de notre religion pour qu’ils connaissent Dieu leur créateur, pour qu’ils soient bapti-sés ? Ne sont-ils pas des hommes ? N’ont-ils pas une âme raisonnable ? N’êtes-vous pas obligés de les aimer comme vous-même ?

Que quelqu’un se mette ainsi à défen-dre la dignité humaine et les droits de

peuples jugés «inférieurs» est, à l’époque, une chose plus qu’étonnante.

Dans l’église se trouvait Bartolomé de las Casas, lui-même propriétaire d’un encomienda. Il n’était pas d’accord avec les dominicians ce jour-là.

NE SONT-ILS PAS DES hOMMES ?

actualIté DE la pROvIncE

Page 14: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

Les dominicains de l’Université de Salamanque, où l’École de Salamanque est née au 16e siècle avec notre frère Francisco de Vitoria, le père du droit in-ternational, a continué le travail de las Casas. Cette École a reformulé le concept de « droit naturel » si-gnifiant la fin des concepts médiévaux du Droit, avec une revendication de liberté inhabituelle dans l’Eu-rope de l’époque. Les droits naturels de l’homme deviennent alors le centre d’intérêt, tant ceux relatifs au corps (droit à la vie, à la propriété) que ceux liés à l’esprit (droit à la liberté de pensée, à la dignité).

Et depuis ? A travers les siècles des frères dominicains ont prêché cou-rageusement. Ils ont recherché la vérité, et quand ils en ont trouvé des graines, ils l’ont proclamé d’une manière ou d’une autre, les semant à nouveau.

Aujourd’hui, les frères sont encore amenés à se poser à leur tour la question : Le frère Antonio de Montesinos demandait dans son célèbre sermon de l’Avent 1511 : « Ne sont-ils pas des hommes ? ». Quelles questions adressons-nous aujourd’hui aux destinataires de notre pré-dication ? Rapport du Maître de l’Ordre » chapitre 4, n° 34 (2010)

Fr. Henrik Albérius, o.p.

2726

actualIté DE la pROvIncEMais la prédication du frère Antonio a semé une graine de vérité dans son cœur : Dieu a créé tout être humain à son image et chacun reçoit ainsi de son Créateur une égale dignité.

Une dizaine d’années plus tard, le levain de la vérité ayant fait monter la pâte, Bartolomé de las Casas décide de se joindre aux dominicians, y compris dans leur lutte en faveur des Indiens.

En 1537, il arrive à convaincre le pape Paul III de promulger la bulle Sublimus Dei , qui déclare que les Indiens sont des êtres raisonnables et qu’ils doivent être amenés à la foi, en paix. Et en 1542, il convainc aussi Charles Quint de promulger les Lois Nouvelles, qui proclament entre autres la liberté naturelle des Indiens et obligent la remise en liberté des esclaves. Voilà un bel exemple de ce que peut donner un travail assidu de prédication !

Le frère Henrik Alberius, récemment assigné au couvent de Saint-Dominique à Poitiers, est Promoteur provincial de Jus-tice et Paix et Vice secrétaire de la Conférence des commis-sions Justice et Paix Europe.

actualIté DE la pROvIncE

Antonio de Montesinos, à Santo Domingo en République Dominicaine

Page 15: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

2928

Le 27 juin 2011, le Pape Benoît XVI a autorisé la Congrégation pour les causes des saints à publier un dé-cret concernant un miracle attribué à l’intercession du Vénérable Servant de Dieu Jean-Joseph Lataste.

C’est le 3 juin 2012, à Besançon, diocèse où eut lieu la fondation de la congrégation des Dominicaines de Béthanie, que la Béatification de notre frère sera célébrée. Cette béa-tification est la conclusion d’un très long processus, commencé en 1937, et auquel ont participé de nombreuses sœurs de Béthanie et quelques frères dont le frère Jean-Marie Gueullette, Vice-postulateur de la cause du père Lataste.

Le Père Lataste est né à Cadillac-sur-Garonne (Gironde), le 5 septembre 1832. Très jeune, il se sent appelé au sacerdoce. Après beaucoup d’hésita-tions, et un combat profond, il entre en 1857 dans l’Ordre Dominicain. Il priait ainsi : Mon Dieu, faites de moi un prêtre toujours fidèle, un reli-gieux selon votre cœur, un saint !

En 1864, il est envoyé prêcher une retraite aux détenues de la prison de Cadillac. Il dé-couvrit en elles les merveilleux effets de la grâce et, en certaines, un réel appel à se don-ner à Dieu dans une vie consacrée.

C’est dans cette prison, devant l’Eucharistie, qu’il reçut l’inspiration de fonder une nou-velle famille religieuse, qui pourrait aussi accueillir de telles femmes à leur sortie de prison et leur permettre ainsi de devenir re-ligieuses, sans distinction entre elles et les autres sœurs. Ainsi toutes les Sœurs, quel que soit leur passé, seraient unies dans un même amour et une même consécration. Le père La-taste disait en effet : Les plus grands pécheurs ont en eux ce qui fait les plus grands saints. Qui sait s’ils ne le deviendront pas un jour ?

Deux ans plus tard, en dépit des préjugés et des résistances dans l’Eglise, il ouvrait la première communauté des Dominicaines de Béthanie, sous le patronage de Sainte Marie Magde-leine, exhortant ainsi les soeurs : Quel que soit votre passé, ne vous considérez plus comme des prisonnières, mais comme des âmes vouées à Dieu, vous aussi, à la suite des âmes religieuses. Deux ans après cette fondation, il tombe malade et meurt le 10 mars 1869. Sur sa tombe, il est écrit : Parvenu à la perfection en peu de temps, il a connu la plénitude des longues vies.

bÉATIfIcATION Du fRèRE MARIE jEAN-jOSEPh LATASTE, apôtre des prisons, et fondateur des Dominicaines de béthanie

La congrégation des Sœurs domini-caines de Béthanie a été fondée en 1866 par le père Lataste. Les sœurs font vœu de chasteté, d’obéissance et de pauvreté, dans la plus parfaite discrétion du passé de chacune et le respect de tous. Leurs activités apostoliques sont variées : de la visite aux détenus à l’animation de maison d’accueil pour pélerins ou retraitants.La maison généralice, située à Saint-Sulpice-de-Favières dans l’Essonne, compte dix-huit sœurs. Un autre couvent se trouve dans le Doubs, à Montferrand-le-Château, mais les sœurs sont aussi hors de France, en Italie à Turin, et en Suisse.La congrégation des Dominicaines de Béthanie compte environ 145 re-ligieuses.À leur contact, des détenus améri-cains se sont récemment engagés, eux aussi, à la suite du Christ avec le père Lataste, en fondant une fraternité laï-que dominicaine dans leur prison !Plus d’information :www.dominicainesdebethanie.org

actualIté DE la pROvIncE

A lire :

Le père LATASTE, Prêcheur de la misé-ricorde, « Épiphanie », Cerf, 1992.

Jean-Marie GUEULLETTE, Ces fem-mes qui étaient mes sœurs, « Épiphanie », Cerf, 2009.

Page 16: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

31

Le 29 octobre 2011, le fr. Raphaël de Bouillé a été ordonné diacre dans la pa-roisse de la Sainte-Trinité, dans laquelle il effectue son stage diaconal. L’Eglise Saint-Michel était remplie et de nom-breux membres de la famille domini-caine étaient présents.

ORDINATION DIAcONALE Du fRèRE RAPhAëL DE bOuILLÉ

Le diacre - serviteur - a la mission d’assister les évêques et les prêtres dans leur ministère d’annonce de la Parole, de célébration des sacrements et de soutien de tous, et spécialement des plus fragiles.

+ de photos sur notre site :www.dominica ins . fr

30

actualIté DE la pROvIncE

Page 17: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

3332

DES NOuvELLES DES fRèRES ÉTuDIANTS

Comment aider à découvrir qu’il y a dans la Bible une pa-role qui fait vivre ? Comment transmettre le goût de la Parole de Dieu ? Ces questions me préoccupent. La rencontre avec Stéphane Daclon, un comédien et metteur en scène, m’a permis d’élaborer une proposition : « Les Psaumes, Bible & Théâtre ».

Il s’agit de stages qui permettent de découvrir les psaumes en apprenant à les dire. Les psaumes s’adressent à Dieu pour le louer et reconnaître qu’il est à la source de notre vie ou pour le supplier d’intervenir en cas de détresse. Les psaumes ne sont pas faits pour être parcourus du regard, ils sont faits pour être énoncés à haute voix. Ce sont des actions orales.

Ce qui est proprement génial, dans le cas de ces poèmes bibliques, c’est leur « actualité » : le contexte de leur première énonciation n’en sature pas le sens et le « je » du psaume est une place vide qui peut ainsi être occupée à nouveau par chaque personne qui veut dire ce qu’elle vit avec ces mots-là. Dire un psaume, le dire à haute voix, apprendre à le dire de la manière la plus ajustée possible, c’est se laisser transformer par lui.

Le psaume nous donne les mots pour dire ces sentiments qui nous ha-bitent : la détresse et le besoin de consolation, la violence que l’on subit et celle qui est en nous, la joie de la rencontre avec l’autre, la beauté de la création, le désir de conversion et d’un nouveau départ. Les psau-mes empêchent l’enfermement dans le malheur, ils donnent la parole, ils

LES PSAuMES, bIbLE & ThÉâTRE

orientent le regard vers un chemin de vie. Les psaumes sont ainsi une littérature de résilience et de construction de soi.

Ces stages sont ouverts à tous. Ils s’adressent à ceux et celles qui veulent découvrir les psaumes et la Bible. Ils ne sont pas réservés aux chrétiens. Tout homme, toute femme est concerné par ce qui se passe dans les psaumes. Le temps d’une semaine, avec une douzaine de personnes, nous alternons exposés d’introduction à la Bible et exercices pratiques pour apprendre à dire ou à vivre le psaume. Il s’agit d’apprendre à dire un psaume, à lui prêter sa voix et son corps pour que la Parole de Dieu s’incarne. C’est aussi l’oc-casion de découvrir la magnifique traduction de Paul Claudel : « Mes lèvres donnent issue en moi à ce flot de poésie qui monte ! » (Psaume 62).

J’anime ces stages depuis deux ans. Le prochain stage aura lieu chez les clarisses de Reims, du 16 au 21 avril 2012.

Fr. Pascal David, o.p.

Pour tout renseignement : [email protected]

Le frère Pascal David, du couvent de Sainte-Marie de La Tou-rette à Eveux, est professeur de philosophie.

Page 18: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

3534

EN DIREcT DES fRATERNITÉS

- Qui ça ?- Le monsieur tout en blanc sur la couverture du livre. On dirait le pape.- Mais non, c’est le père Yves Congar ! Il est en blanc parce que c’est un dominicain, comme ceux qu’on retrouve à la messe le dimanche.- Il est mort ?- Oui ! Il a vécu de 1904 à 1995. C’est l’un des plus grands théologiens du XXe siècle.- C’est quoi un théologien ?- Une personne qui met son intelligence au service des croyants. Il prie, étudie pour mieux connaître Dieu et aider les croyants à appro-fondir leur foi.- Et Congar, parce qu’il était plus intelligent que la moyenne, il connaissait Dieu mieux que tout le monde...- Non, pas du tout ! Mais les livres de Congar, écrits avec intelligence, ont réveillé les catholiques.- Il a beaucoup écrit ?- Tellement que quelqu’un a dit : « ll n’est pas sûr que le père Congar a lu tout ce qu’il a écrit. »

Un œcuméniste- Et qu’est-ce qu’il a écrit de si important ?- Un livre prophétique1 sur l’oecuménisme.- L’euh quoi ?- Quand on parle d’œcuménisme, on parle du mouvement qui cherche à faire l’unité entre les chrétiens. - Qu’est-ce qu’il a dit le père Congar là-dessus ?- Il a fait prendre conscience à l’Eglise que pour être tout à fait catho-lique, universelle, elle avait besoin des dons des autres. Il devait son sens de l’œcuménisme à un événement marquant de son enfance : à Sedan, sa ville natale, l’église de sa paroisse catholique ayant été brû-lée en 1914, le pasteur du quartier avait proposé à son curé une petite chapelle protestante.

Dis, papa, c’est qui congar ?

- Eh alors ?- Alors, cette expérience a joué un grand rôle dans son désir et sa capacité d’aller au-delà de ce qui sépare et divise.

Un ecclésiologue- Il a écrit sur quoi encore ? - Sur l’ecclésiologie.- Sur les clés quoi ? Je comprends rien. Il pouvait pas utiliser des mots plus simples ?- ça vient encore du grec. C’est la partie de la théologie qui essaie de dire ce qu’est l’Eglise. - Et alors, il a dit quoi de spécial sur l’Eglise ? - Sous un titre un peu provocateur, il a publié un très grand livre2. Selon lui, l’Eglise devait se réfor-mer, non pas pour chercher à être à la mode, mais pour que l’Evangile puisse réellement rejoindre les hommes et les femmes tels qu’ils sont. Ce li-vre et d’autres positions, trop longues à expliquer, lui ont valu d’être soupconné de «théologie nou-velle» et de se retrouver exilé par Rome.- Exilé ? Prisonnier ? - Non ! Mais à partir de 1954, il a été mis à l’écart pendant des années à Jérusalem, à Rome, en An-gleterre puis à Strasbourg où il n’avait pas le droit d’enseigner la théologie. - Pourquoi il n’a pas tout envoyé balader ?- Je sais pas... Sa foi, bien sûr, et sa résistance au nazisme, qui lui a valu d’être prisonnier en Alle-magne pendant cinq ans, l’ont sûrement aidé à du-rer dans l’épreuve et le silence.

Un prophète - Et qu’est-il est devenu ?- L’un des plus grands théologiens du XXe siècle.- Ça, je sais. J’ai entendu, mais ça veut dire quoi ?- En 1962, le pape Jean XXIII a ouvert le concile Vatican II pour que l’Eglise se réforme, cherche des réponses aux questions de la culture contempo-raine. Cette sorte de réunion des églises du monde

Page 19: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

3736

Jacques Tyrol est consultant en communication. Il est membre du groupe fraternel dominicain «Yves Congar», à Lyon.

entier a duré jusqu’en 1965. Et tu sais quoi ? Le père Congar y a joué un rôle si important qu’il sera appelé « concile de Congar ». Rome a fini

par comprendre...

Une figure dominicaine majeure- Je comprends mieux pourquoi on va chez les do-minicains. Mais c’est quoi ton truc là-bas ?- La fraternité laïque dominicaine «Yves Congar». On se réunit à plusieurs pour approfondir notre foi, prier, étudier et échanger dans un souci de dia-logue avec le monde contemporain. - Vous êtes un peu gonflés. Le plus grand théolo-gien du XXe siècle...- Du calme ! On cherche pas à devenir des spé-cialistes de Congar, des théologiens. On a choisi son nom en toute simplicité car notre groupe s’est constitué quasiment à l’occasion du 50e anniver-saire de l’ouverture de Vatican II qui, d’après nous, reste à mettre en œuvre. - OK ! Au fait, après Vatican II, il a fait quoi Congar ?- Il a énormément écrit... Et Rome en a fait un cardinal, en 1994, un an avant sa mort.- Excellent !

Jacques Tyrol

1 Yves CONGAR, Chrétiens désunis. Principes d’un «oecuménisme» catholique, Paris, Cerf, coll. «Unam Sanctam», 1, 1937.2 Yves CONGAR, Vraie et fausse réforme dans l’Egli-se, Paris, Cerf, coll. «Unam Sanctam», 20, 1950.

L’AgENDA

Jeudi 5 Janvier 2012 à 19h30. Conférence de Matthieu DUBOST - L’amour à l’heure du Net. Agora tête d’or, 93 rue Tête d’Or, 69600 Lyon.

Jeudi 12 Janvier 2012 à 19h30. Conférence de Jean-Claude Guille-baud - La Vie vivante : contre les nouveaux pudibonds. Agora tête d’or, 93 rue Tête d’Or, 69600 Lyon.

Vendredi 20 janvier 2012 à 14:00. Conf. de Paul Thibaud - Le chris-tianisme est-il une ressource pour la modernité ? Centre d’études du Saulchoir, 45 rue de la Glacière, 75013 Paris.

Samedi 21 janvier 2012 à 15h00. Rencontre - Les communautés chré-tiennes du Proche-Orient. Couvent des dominicains, 41 boulevard de la Victoire, 67000 Strasbourg.

Lundi 23 janvier 2012 à 20h30. Conférence d’Emile Shoufani - La religion peut-elle servir la paix en Terre Sainte? Couvent des domini-cains, 41 boulevard de la Victoire, 67000 Strasbourg.

Mardi 24 Janvier 2012 à 19h30. Conférence de Philippe DAVEZIES - La souffrance au travail, repères pour la compréhension et l’action. Agora tête d’or, 93 rue Tête d’Or, 69600 Lyon.

Jeudi 26 janvier 2012 à 18h30. Cours d’iconographie - La figure de David dans les arts. Couvent des dominicains, 41 boulevard de la Vic-toire, 67000 Strasbourg.

Mercredi 1er février 2012 à 20h30. Conférence animé par Jacob Ro-gozinski - Le sacré et le religieux chez Freud. Couvent des domini-cains, 41 boulevard de la Victoire, 67000 Strasbourg.

Jeudi 2 Février 2012 à 19h30. Conférence de Martin STEFFENS - Amour et engagement. Agora tête d’or, 93 rue Tête d’Or, 69600 Lyon.

Mercredi 08 février 2012 à 20h30. Conférences animé par Jacob Ro-gozinski - Heidegger et la question de Dieu. Couvent des dominicains, 41 boulevard de la Victoire, 67000 Strasbourg.

Lundi 13 février 2012 à 20h30. Conf. par Pascal Perrineau - La mar-ge du politique dans un contexte mondialisé. Couvent des dominicains 8 rue Bernard Palissy, 37000 Tours.

Quelques rendez-vous parmi tant d’autres proposés par nos communautés ...

Page 20: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

38

«Amitiés dominicaines», nouvelle série, n° 53ISSN 1637-3847 - Dépôt légal : IV-11

Prix indicatif de ce numéro : 5 €Directeur de la publication : Province dominicaine de France

Rédacteur en chef : fr. Jocelyn Dorvault o.p.© Province dominicaine de France

Maquette : [email protected]é en France par : MG Imprimerie (04 90 670 670)

Collaboration impression : Atelier du monastère Sainte-Catherine, 2 rue du Pont, 43300 Langeac

LE cARNET

Assignat ions Le 17 octobre 2011, le frère John Gabriel KHALIL1 a été assigné au cou-vent de l’Annonciation à Paris. Le 6 novembre 2011, le frère François-Dominique FORQUIN2 a été assi-gné au couvent de l’Annonciation à Paris.Le 21 novembre 2011 le frère Jacques d’HANENS a été assigné au cou-vent de l’Annonciation à Paris.Le 21 novembre 2011 le frère Charles NOIRAY3 a été assigné à la maison de Saint-Louis-Bertrand à Clermont-Ferrand.

Nominat ions Le 1er septembre 2011, le frère Thierry-Marie COURAU4 a été nommé doyen du Theologicum, faculté de Théologie et de Sciences religieuses de l‘Institut catholique de Paris, pour une durée de trois ans. Le 9 septembre 2011, le frère Bernard DUREL5 a été nommé assistant religieux régional des fraternités laïques dominicaines de la région Est-Franche-Comté. Le même jour, le frère Jean-Christophe de NADAÏ a été nommé assistant religieux régional des fraternités laïques dominicaines de la région Nord-Pas-de-Calais. Le même jour, le frère Alain RIOU a été nommé assistant religieux régional des fraternités laïques dominicaines de la région Rhône-Alpes-Auvergne.

Élect ions Le frère Jean-Paul VESCO a été élu président de l’assemblée des provin-ciaux et vicaires généraux d’Europe (IEOP) pour trois ans.Le 15 octobre 2011, le frère Étienne MBAS a été élu prieur du couvent de Saint-Joseph à Douala (Cameroun).

jubi lésLe 23 septembre 2011, les frères Gérard-Marie KETTERER6, Jean-Pierre MANIGNE et René STEPHAN ont célébré les cin-quante ans de leur profession dans l’Ordre.Le 12 novembre 2011, le frère Pierre TAILLIEZ a célébré les soixante ans de sa profession dans l’Ordre.

Décès Le 12 octobre 2011, est décédé à Paris, Jacques LEMAIRE, frère du frère Albert-Marie Lemaire. Le 13 octobre 2011, est décédé à Montréal, Monsieur Euclide DESCOTEAUX, le père du frère André Descôteaux.Le 26 octobre 2011, est décédé le frère Pascal DEBONGNIE, du couvent de l’Annonciation à Paris. Il était né le 9 mai 1924, avait profession dans l’Ordre des Prêcheurs en 1953 et avait reçu l’ordination presbytérale en 1958. Le 31 octobre 2011, est décédé le frère Henri LECAPITAINE, du couvent de Saint-Dominique à Poitiers. Il était né le 23 août 1920, avait profession dans l’Ordre des Prêcheurs en 1940 et avait reçu l’ordination presbytérale en 1948. Le 1er novembre 2011, est décédé Monsieur Jean-Paul FOR-QUIN, père de notre frère François-Dominique Forquin. Le 11 novembre 2011, est décédée Marie MORELON (1911-2011), née Deguerry, mère de notre frère Régis Morelon.

1

2

3

4

5

6

Page 21: Amitiés dominicainesxml.epiphanie.org/Dominicains/AD 53.pdf · « Qu’est-ce qu’Il attend pour venir me chercher ? » Pas toujours facile de répondre. Il m’arrive d’être

Les frères dominicains de la province de France vous souhaitent

de belles fêtes de Noël et une très bonne année 2012.

Emmanuel, Bon Dieu avec nous !, Nativité haïtienne, dessin sur papier.