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AEGE - Réseau d’experts en Intelligence Economique© 1 Ce document d’analyse, d’opinion, d'étude et/ou de recherche a été réalisé par un (ou des) membre(s) de l’AEGE. Préalablement à leurs publications et/ou diffusions, elles ont été soumises au Conseil scientifique de l'Association. L'analyse, l'opinion et/ou la recherche reposent sur l'utilisation de sources éthiquement fiables mais l'exhaustivité et l'exactitude ne peuvent être garantie. Sauf mention contraire, les projections ou autres informations ne sont valables qu'à la date de la publication du document, et sont dès lors sujettes à évolution ou amendement dans le temps. Le contenu de ces documents et/ou études n'a, en aucune manière, vocation à indiquer ou garantir des évolutions futures. Le contenu de cet article n’engage la responsabilité que de ses auteurs, il ne reflète pas nécessairement les opinions du (des) employeur(s), la politique ou l’opinion d’un organisme quelconque, y compris celui de gouvernements, d’administrations ou de ministères pouvant êt res concernés par ces informations. Et, les erreurs éventuelles relèvent de l’entière responsabilité des seuls auteurs. Les droits patrimoniaux de ce document et/ou étude appartiennent à l'Association, voire un organisme auquel les sources auraient pu être empruntées. Toute utilisation, diffusion, citation ou reproduction, en totalité ou en partie, de ce document et/ou étude ne peut se faire sans la permission expresse du(es) rédacteur(s) et du propriétaire des droits patrimoniaux. ANALYSE DE LA STRATEGIE DE GESTION DES MATIERES PREMIERES CRITIQUES DE LA FRANCE Etat des lieux et Analyse Pour assurer la production de nombreux produits technologiquement avancés notamment dans le domaine des « green-technologies » et de l’armement, les sociétés occidentales, sont de plus en plus dépendantes de matériaux identifiés sous le terme générique de métaux rares. 11/12/2010 Auteur(s) : Patrick BLANCHARD, Frederico DA SILVA, Jens DUPONT, Gaëlle FAUTRAT, Bruno HALOPEAU, Séverine LESIEUR, Philippe LKHAOUA, Eve PESESSE Avertissement et Copyright Ce document d’analyse, d’opinion, d'étude et/ou de recherche a été réalisé par un (ou des) membre(s) de l’AEGE. Préalablement à leurs publications et/ou diffusions, elles ont été soumises au Conseil scientifique de l'Association. L'analyse, l'opinion et/ou la recherche reposent sur l'utilisation de sources éthiquement fiables mais l'exhaustivité et l'exactitude ne peuvent être garantie. Sauf mention contraire, les projections ou autres informations ne sont valables qu'à la date de la publication du document, et sont dès lors sujettes à évolution ou amendement dans le temps. Le contenu de ces documents et/ou études n'a, en aucune manière, vocation à indiquer ou garantir des évolutions futures. Le contenu de cet article n’engage la responsabilité que de ses auteurs, il ne reflète pas nécessairement les opinions du(des) employeur(s), la politique ou l’opinion d’un organisme quelconque, y compris celui de gouvernements, d’administrations ou de ministères pouvant êtres concernés par ces informations. Et, les erreurs éventuelles relèvent de l’entière responsabilité des seuls auteurs. Les droits patrimoniaux de ce document et/ou étude appartiennent à l'Association, voire un organisme auquel les sources auraient pu être empruntées. Toute utilisation, diffusion, citation ou reproduction, en totalité ou en partie, de ce document et/ou étude ne peut se faire sans la permission expresse du(es) rédacteur(s) et du propriétaire des droits patrimoniaux.

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Ce document d’analyse, d’opinion, d'étude et/ou de recherche a été réalisé par un (ou des) membre(s) de l’AEGE. Préalablement à leurs publications et/ou diffusions, elles ont été soumises au Conseil scientifique de l'Association. L'analyse, l'opinion et/ou la recherche reposent sur l'utilisation de sources éthiquement fiables mais l'exhaustivité et l'exactitude ne peuvent être garantie. Sauf mention contraire, les projections ou autres informations ne sont valables qu'à la date de la publication du document, et sont dès lors sujettes à évolution ou amendement dans le temps. Le contenu de ces documents et/ou études n'a, en aucune manière, vocation à indiquer ou garantir des évolutions futures. Le contenu de cet article n’engage la responsabilité que de ses auteurs, il ne reflète pas nécessairement les opinions du (des) employeur(s), la politique ou l’opinion d’un organisme quelconque, y compris celui de gouvernements, d’administrations ou de ministères pouvant êtres concernés par ces informations. Et, les erreurs éventuelles relèvent de l’entière responsabilité des seuls auteurs. Les droits patrimoniaux de ce document et/ou étude appartiennent à l'Association, voire un organisme auquel les sources auraient pu être empruntées. Toute utilisation, diffusion, citation ou reproduction, en totalité ou en partie, de ce document et/ou étude ne peut se faire sans la permission expresse du(es) rédacteur(s) et du propriétaire des droits patrimoniaux.

ANALYSE DE LA STRATEGIE DE

GESTION DES MATIERES

PREMIERES CRITIQUES DE LA

FRANCE

Etat des lieux et Analyse

Pour assurer la production de nombreux produits technologiquement avancés notamment dans le domaine des « green-technologies » et de l’armement, les sociétés occidentales, sont de plus en plus dépendantes de matériaux identifiés sous le terme générique de métaux rares.

11/12/2010

Auteur(s) :

Patrick BLANCHARD, Frederico DA SILVA, Jens DUPONT, Gaëlle FAUTRAT, Bruno HALOPEAU, Séverine LESIEUR, Philippe LKHAOUA, Eve PESESSE

Avertissement et Copyright

Ce document d’analyse, d’opinion, d'étude et/ou de recherche a été réalisé par un (ou des) membre(s) de l’AEGE. Préalablement à leurs publications et/ou diffusions, elles ont été soumises au Conseil scientifique de l'Association. L'analyse, l'opinion et/ou la recherche reposent sur l'utilisation de sources éthiquement fiables mais l'exhaustivité et l'exactitude ne peuvent être garantie. Sauf mention contraire, les projections ou autres informations ne sont valables qu'à la date de la publication du document, et sont dès lors sujettes à évolution ou amendement dans le temps. Le contenu de ces documents et/ou études n'a, en aucune manière, vocation à indiquer ou garantir des évolutions futures. Le contenu de cet article n’engage la responsabilité que de ses auteurs, il ne reflète pas nécessairement les opinions du(des) employeur(s), la politique ou l’opinion d’un organisme quelconque, y compris celui de gouvernements, d’administrations ou de ministères pouvant êtres concernés par ces informations. Et, les erreurs éventuelles relèvent de l’entière responsabilité des seuls auteurs.

Les droits patrimoniaux de ce document et/ou étude appartiennent à l'Association, voire un organisme auquel les sources auraient pu être empruntées. Toute utilisation, diffusion, citation ou reproduction, en totalité ou en partie, de ce document et/ou étude ne peut se faire sans la permission expresse du(es) rédacteur(s) et du propriétaire des droits patrimoniaux.

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Mots-clés

Commission européenne, BRGM, Ifremer, COMES, CGIET, François Bersani, MEDD, ADEME, FEDEREC, Eurométaux, Rhodia, ONG, Think Tank, World Economic Forum, Eléments abondants, Eléments rares, Eléments très rares, Réserves, Réserves base, Ressources potentielles, France, Etats-Unis, Japon, Corée du Sud, Chine, Europe, Allemagne, Risques géopolitiques, Approvisionnements stratégiques, Criticité, Dépendance, Stratégie, Défense, Recyclage, Exploration, Gestion des déchets, MPMC, Matières Premières Minérales Critiques, Matières Premières Minérales, Ressources renouvelables, Ressources non-renouvelables, Minerais, Petits métaux, Métaux high-tech, Métaux rares, Marchés, Stocks, Production, offre/demande, Concentration de minerais, Géologique, Technologique, Economique, Nouvelles technologies, Aéronautique, Automobile, photovoltaïque, Nano-technologies, Electronique, Médecine, Armement, Défense, Financier, Produits blancs, Produits bruns, Wallis et Futuna

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Executive Summary ............................................................................................................... 5

Introduction ............................................................................................................................ 6

Les matières premières minérales, des ressources non-renouvelables ............................... 6

Des stocks limités .............................................................................................................. 6

L’accroissement de la demande ........................................................................................ 7

L’exploitation des métaux rares ......................................................................................... 8

En résumé : Les métaux rares, un enjeu majeur ............................................................... 8

Définition des Matières Premières Minérales Critiques ........................................................ 9

La méthodologie ................................................................................................................ 9

Liste des Matières Premières Minérales Critiques .......................................................... 11

Evaluation de la dépendance de la France des MPMC ..................................................... 12

Les inconnues de la situation actuelle de la France ........................................................... 12

La définition de la criticité des 14 Matières Premières Critiques – Par métal ..................... 12

Antimoine ......................................................................................................................... 12

Béryllium .......................................................................................................................... 13

Cobalt .............................................................................................................................. 13

Fluorine ............................................................................................................................ 13

Gallium ............................................................................................................................. 14

Germanium ...................................................................................................................... 14

Graphite ........................................................................................................................... 14

Indium .............................................................................................................................. 15

Magnésium ...................................................................................................................... 15

Niobium ............................................................................................................................ 16

Platinoïdes ....................................................................................................................... 16

Terres rares ..................................................................................................................... 16

Tantale ............................................................................................................................. 17

Tungstène ........................................................................................................................ 17

Données d’analyse de la problématique des MPMC en France ......................................... 18

Etat des lieux de la production actuelle et des réserves mondiales ................................ 18

Un indicateur de risque géopolitique ............................................................................... 21

L’évolution de la demande des MPMC à l’horizon 2030 .................................................. 22

La volatilité des prix ......................................................................................................... 23

Résumé de la dépendance de la France ............................................................................ 24

De l’application de la stratégie du fort au faible – le positionnement français ..................... 24

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Stratégie du Fort .............................................................................................................. 24

La stratégie du Faible ...................................................................................................... 25

Conclusion ....................................................................................................................... 26

Proposition d’outil de monitoring pour le pilotage de la stratégie française des MPMC ..... 26

Le cadre ........................................................................................................................... 27

Le tableau de bord ........................................................................................................... 28

Exposé de la stratégie de la France ................................................................................... 30

Exploration .......................................................................................................................... 31

Analyse .................................................................................................................................. 36

Stratégie / Communication .................................................................................................. 36

Etats-Unis ........................................................................................................................ 36

La Chine .......................................................................................................................... 39

Japon ............................................................................................................................... 42

Corée du Sud ................................................................................................................... 44

Europe ............................................................................................................................. 45

Allemagne ........................................................................................................................ 46

Prospective ......................................................................................................................... 49

Nouvelles technologies demandant nouvelles MPMC ..................................................... 49

Exploration (cas particuliers) ........................................................................................... 60

Conclusion ............................................................................................................................ 69

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Executive Summary

Pour assurer la production de nombreux produits technologiquement avancés notamment dans le domaine des « green-technologies » et de l’armement, les sociétés occidentales, sont de plus en plus dépendantes de matériaux identifiés sous le terme générique de métaux rares. Ces derniers, produits en faible quantité dans quelques zones très localisées dans le monde, sont de par leur rareté, très sensibles à toutes fluctuations. Celle-ci pouvant découler de phénomène aussi simple et surtout aussi fréquent que la commercialisation d’un nouveau produit de consommation. Cependant, leur production, en tant que sous-produits d’extraction est localisée dans un nombre restreint de pays, et ne peut répondre à une forte demande. II en résulte ainsi des épisodes, ponctuels mais récurrents, de déséquilibre offre/demande se traduisant par des fluctuations rapides et importantes, le plus souvent à la hausse, du cours de ces métaux.

A ce mouvement spéculatif il faut ajouter le renforcement d’un « nationalisme de la ressource » imposé par les quotas d’exportation chinoise pour les métaux rares stratégiques. Afin de répondre à cette nouvelle menace, la plupart des nations présentant des addictions technologiques et consuméristes ont été et sont contraintes de mettre en place des stratégies d’anticipation alliant des considérations politiques, économiques, technologiques et sociétales. La contrainte environnementale s’impose via les thèses écologistes défendues par d’importants « stakeholders ». La France fortement dépendante des technologies de pointes et d’une volonté affichée de développer une posture éco-responsable a manifestement fait le choix d’intégrer certaines de ses mesures anticipatrices dans une démarche de politique nationale tentée de « vert ».

Cette réponse sera-t-elle suffisante pour insuffler une dynamique aux acteurs institutionnels et aux principaux acteurs industriels directement concernés par cette contrainte ? Certaines nations qui ont mis en place une stratégie similaire il y a déjà plusieurs années, semble aujourd’hui présenter des résultats encourageants tant du point de vu économique que diplomatique ainsi que l’illustre l’accord récemment conclu entre le Japon et les Etats-Unis.

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Introduction

Les matières premières minérales, des ressources non-renouvelables

Par définition, une ressource non-renouvelable est une ressource qui possède un rythme de renouvellement supérieur à un siècle.

Les matières premières minérales ont des rythmes de renouvellement très longs, pouvant aller de plusieurs millions à plusieurs milliards d’années. C’est notamment le cas des métaux.

Cette quasi-absence de renouvellement fait des matières premières minérales des ressources à stocks limités.

Des stocks limités

De nombreuses recherches et publications traitent du sujet des stocks limités des matières premières minérales. Malgré ces nombreuses études, les données sur les quantités disponibles ne sont pas arrêtées et font l’objet de révisions permanentes avec des degrés de fiabilité et de précisions diverses. Il y a cependant un consensus de la communauté scientifique sur le caractère limité des réserves à l’échelle mondiale.

La limite des stocks soulèvent ainsi deux problématiques concomitantes que sont l’existence de réserves des matières premières minérales et l’accroissement de la demande mondiale.

Les réserves

Lorsque l’on étudie la question des réserves de matières premières minérales, il faut prendre en compte trois dimensions distinctes :

Dimension géologique : La présence des ressources dans le sol ; Dimension technique : La capacité technologique d’extraire les ressources ; Dimension économique : La rentabilité économique de l’exploitation des

ressources.

Sur cette base, on distinguera trois types de réserves (voir figure 1) :

Une réserve est une ressource identifiée et explorée que l’on peut extraire techniquement avec une rentabilité économique ;

Une réserve base est également une ressource identifiée et explorée mais encore non exploitable par défaut de technologie ou de rentabilité économique ;

Les ressources potentielles sont des ressources identifiées mais non explorées, et se basant sur des projections géologiques.

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Figure 1 - Réserves et ressources1

La concentration des minerais

Le traitement de la problématique des réserves des matières premières minérales n’est pas la seule difficulté liée à leur exploitabilité.

La croûte terrestre contient 88 éléments différents qui s’allient en environ 1700 types de roches dont on extrait les matières premières minérales. L’abondance de leur présence potentielle ne suffit cependant pas à en assurer les réserves effectives. Pour rendre la ressource exploitable, une concentration minimale du minerai est nécessaire.

On classe ainsi les minerais en trois grandes familles, selon leur concentration moyenne dans les roches :

Les éléments abondants : présents en concentration moyenne supérieure à 0,1% (ex. : fer, aluminium, silicium, magnésium, manganèse et titane) ;

Les éléments rares : présents en concentration moyenne de 1 à 1000 parties par million (ex. : cuivre, nickel,…)

Les éléments très rares : présents en concentration moyenne inférieure à une partie par million. Se classent dans cette catégorie les petits métaux (métaux rares), et les métaux précieux.

Plus la concentration du minerai est faible, plus son coût d’extraction va augmenter en termes économiques, énergétiques mais également en termes d’impact environnemental.

L’exploitation des métaux rares se heurte par conséquent à une problématique de disponibilité forte, indépendamment des réserves mondiales existantes, alors même que la demande mondiale ne cesse de croître.

L’accroissement de la demande

Au cours des dernières années, l’importante croissance de certains pays, dont la Chine, a provoqué une augmentation sans précédent de la demande mondiale en matières premières minérales.

1 Philippe Bihouix, Benoît de Guillebon, Quel futur pour les métaux, EDP Sciences, 2010

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En parallèle, les nombreuses évolutions technologiques, gourmandes en petits métaux, ont engendrés un accroissement important de la consommation des métaux rares ou encore métaux « high-tech ».

Ainsi, le profil de consommation des métaux a fortement changé. En l’espace de 20 à 30 ans, nous avons plus que triplé le nombre de métaux différents que nous utilisons pour nos applications industrielles.

Comme nous le verrons plus loin en détail, le développement des secteurs aéronautique, nano technologique et électroniques à moyen et long termes renforceront cette tendance et placent aujourd’hui les métaux rares au centre de l’attention.

L’exploitation des métaux rares

Comme susmentionné, l’exploitation des métaux rares possède un coût d’exploitation élevé, en termes économiques et énergétiques, car ils sont présents en faible concentration dans la croûte terrestre.

Deux facteurs supplémentaires viennent complexifier davantage leur exploitation ; l’interdépendance des métaux et la question de la pureté des métaux.

En effet, les applications de plus en plus pointues d’un point de vue technologique exigent souvent un degré de pureté supérieur des métaux rares, qui rendent inexploitables une partie des réserves contenant des traces de métaux indésirables ou encore les métaux issus du recyclage.

L’interdépendance des métaux

Les métaux rares sont des coproduits de l’exploitation de grands métaux. Leurs processus de minéralisation au cours des âges et leurs caractéristiques chimiques les ont souvent liés dans les mêmes minerais. Il en résulte une interdépendance physique et économique entre les métaux rares et les grands métaux.

Ainsi il est extrêmement coûteux en énergie et peu rentable économiquement d’exploiter les métaux rares indépendamment des grands métaux. Ceci explique la concentration géographique de la production mondiale des métaux rares actuelle. En effet, l’industrie minière se concentrant dans les pays émergents tels que la Chine, l’identification et l’exploitation des réserves en métaux rares y est systématique.

En résumé : Les métaux rares, un enjeu majeur

En conclusion, nous pouvons constater que la problématique des métaux rares constitue un enjeu crucial :

1. La demande mondiale a fortement augmentée au cours des 30 dernières années et cette tendance va s’accroître ;

2. Ce sont des ressources à réserves limitées avec des zones de production fortement concentrées géographiquement ;

3. Ils possèdent une problématique spécifique d’exploitation par une interdépendance physique et économique avec de grands métaux et un coût élevé d’extraction en raison de leur faible concentration dans la croûte terrestre.

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Définition des Matières Premières Minérales Critiques

Suite à l’accroissement de la demande en matières premières due à l’expansion des économies en développement et des nouvelles technologies, l’Union Européenne a lancé en 2008 l’initiative « matières premières ».

Consciente en particulier des enjeux économiques et stratégiques liés aux métaux rares, une commission ad-hoc a été constituée pour traiter spécifiquement du sujet des matières premières minérales. Un rapport a été rendu a ce sujet le 17 juin 2010.

Sur la base de l’étude de 41 matières premières minérales indispensables au développement économique de l’Union Européenne, 14 ont été qualifiées de Matières Premières Minérales Critiques.

La méthodologie

Afin de déterminer la criticité de chacune de 41 matières premières minérales étudiées, le groupe d’experts s’est basé sur la conjonction de deux indicateurs : l’importance économique de la matière première minérale et son risque d’approvisionnement.

L’indicateur « Importance économique »

Le poids de l’indicateur « importance économique » d’une matière première minérale est mesuré en circonscrivant ses principales utilisations industrielles et en attribuant à chacun de ses usages, la valeur ajoutée du secteur économique qui l’utilise comme ressource.

Cette pondération se base sur le concept de chaînes de valeurs. Chaque étape de la chaîne de valeur s’appuie sur l’étape précédente et en est dépendante. Par conséquent, si un goulot d’étranglement survient au niveau de l’approvisionnement des matières premières minérales, toute la chaîne de valeur s’en trouvera menacée.

L’indicateur « risques d’approvisionnement »

Le poids de l’indicateur « risque d’approvisionnement » est mesuré selon plusieurs critères :

a. Le niveau de concentration de la production mondiale : Une concentration de production mondiale élevée implique une faible capacité de concurrence et un pouvoir de marché fort pour les pays producteurs ;

b. Les risques géopolitiques des principaux producteurs mondiaux ; c. La capacité de recyclage : Evaluation de la capacité de recyclage des matières

premières minérales en fonction des technologies actuelles en conjonction avec la capacité de réutilisation des matériaux recyclés ;

d. La substituabilité : Evaluation de la capacité à remplacer la matière première minérale par une autre.

Les 14 Matières Premières Minérales Critiques (MPMC) ont été déterminées dans cette étude par la pondération de ces deux indicateurs.

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Tableau croisement criticité/approvisionnement

Figure 2 - Source: Commission ad-hoc de l’Union Européenne, Critical raw materials for the UE – Report of the ad-hoc Working Group on defining critical raw materials, Juin 2010

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Liste des Matières Premières Minérales Critiques

Liste des 14 Matières Premières Critiques

Antimoine

Fluorine

Béryllium

Cobalt

Gallium

Germanium

Graphite

Indium

Magnésium

Niobium

Platinoïdes platine, palladium, iridium, rhodium, ruthénium, osmium

Terres rares yttrium, scandium, et les lanthanides (lanthane, cérium, praséodyme, néodyme, prométhium, samarium, europium, gadolnium, terbium, dysprosium, holmium, erbium, thulium, ytterbium and lutécium)

Tantale

Tungstène

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Evaluation de la dépendance de la France des

MPMC

Les inconnues de la situation actuelle de la France

En 1996, la France a cédé ses réserves stratégiques à de grandes entreprises privées françaises. Depuis, la position Française repose sur une gestion autonome de l’approvisionnement directement par les industries concernées.

Jusqu’à présent, la politique française, visait à offrir une forte autonomie des industries dans la gestion des matières premières minérales. Il en découle une absence de contrôle et une absence de consolidation de données chiffrées sur le sujet.

Les données nationales n’étant pas disponibles, nous allons utiliser les données au niveau européen comme ressources d’analyse de la problématique des MPMC en France.

La définition de la criticité des 14 Matières Premières Critiques – Par métal

Sur la base de la pondération des indicateurs «importance économique » et «risques d’approvisionnement », la liste des 14 Matières Premières Critiques a été établie pour l’Union Européenne.

Ci-dessous les raisons principales justifiant leur niveau de criticité, par métal.

Antimoine

Absence de substitut efficace pour son application principale qu’est l’ignifugation ; Production mondiale à 91% dominée par la Chine; Réserves mondiales concentrées principalement en Chine ; Faible capacité de recyclage dû à son USAge massif en utilisation dispersive ; En cas de rupture de la chaîne de valeurs à la suite d’une cessation

d’approvisionnement, risque de perte de savoir-faire dans les retardateurs de flamme.

Secteurs d’application

Principal

Retardant feu (vêtements, jouets, sièges avions et voitures, composants en fibre de verre pour aviation) ;

Durcissant d'alliages antifriction de plomb/étain (imprimerie, soudure, cartouches chasse).

Niche

Semi-conducteurs : détection IR, champs magnétiques ; Pharmacie : pommades stibiées ; Réacteurs nucléaires : stabilisation de la chaine de réaction nucléaires.

Autres

Pyrotechnique : scintillement, feu-d’artifice, allumettes de sécurité ; Cosmétologie : mascara ; Verre blanc opaque.

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Béryllium

Près de 99% de la production mondiale est fournie par les Etats-Unis et la Chine ; Faible taux de recyclage ; Peu d’options de substituabilité avec pertes de performances.

Secteurs d’application

Principal

Alliage cuivre : moules pour matières plastiques, anti frottements, clubs de golf, ressorts de montres, gyroscopes ;

Alliage aluminium : applications spatiales et aéronautiques, freins/pistons de F1 ; Electricité : domaine de la haute-tension ; Isolation rayons X.

Niche

Armes nucléaires : enveloppe matériaux fissibles et source de neutrons ; ITER : matériaux d'enveloppages ; Acoustique : enceintes professionnelles.

Autres

Explosifs (explosifs non-déflagrants).

Cobalt

40% de la production mondiale est fournie par la République Démocratique du Congo ;

Non-respect des règles concurrentielles en ce qui concerne la production des minerais primaires dont est issu le cobalt, notamment de la part de la Chine ;

Options de substitution limitées.

Secteurs d’application

Principal

Electrodes batteries (NiCd, NiMH et NiZn, LiCoO2) ; Alliages : turbines à gaz, résistant corrosion, aciers rapides, prothèses dentaires ; Aimants et enregistrements magnétiques ; Catalyseur dans l’industrie chimique et pétrolière ; Médical : radiothérapies, stérilisation de matériel médical et déchets ; Alimentation : stérilisation par radiation de la nourriture (pasteurisation à froid),

additif alimentaire pour les animaux d'élevage tels bovins, ovins et caprins ; Industrie : radiographie industrielle et mesure de densité ; Agent séchant dans les peintures et les encres / Agent colorant et de

pigmentation.

Niche Armes nucléaires (bombe au cobalt).

Fluorine

Nécessité d’importer 75% du total de consommation européen de Fluorine ; La Chine, importateur principal de l’Union Européenne, applique des quotas et taxes

d’exports ; Taux de recyclage estimés à moins de 1% en Europe ; Possibilité de substitutions limitée.

Secteurs d’application

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Principal

Composant de l'aluminium ; Verre opaque ; Lentilles de télescopes appareils photos. Utilisation pour exposition dans la

gamme ultraviolet.

Autres

Ustensiles de cuisine.

Gallium

Le producteur principal est la Chine, à hauteur de 75% ; L’Afrique du Sud, la Chine et la Russie imposent des restrictions commerciales ; Pas de recyclage actuellement en raison de la faible teneur de gallium dans ses

USAges ; Possibilités de substitutions limitées à certains USAges.

Secteurs d’application

Principal

Semi-conducteurs : LED bleu, circuits intégrés, pré-amplifieur micro-ondes pour portables, dopant pour transistors (utilisation très mineure) ;

optoélectronique : IR, diodes laser IR, source de lumière pour le Blu-Ray Disc ;

Spatial : cellules multifonctions photovoltaïques ; Biomédical : solution intraveineuse pour traitement de l'hypercalcemia associé

avec des tumeurs métastase de l'os, agent radio pharmaceutique dans l'imagerie nucléaire médicale aussi appelé scan gallium ;

Energie : stockage hydrogène ; Effet brillant / miroir (verre, porcelaine, ...).

Niche

Biomédical : traitement potentiel du cancer, maladies infectieuses et maladies inflammatoires, traitement potentiel des infections bactériennes des personnes avec cystic fibrosis.

Germanium

L'Union Européenne est fortement dépendante des importations en provenance de la Chine, qui représente près de 71% de la production mondiale ;

Capacité de recyclage de 30%.

Secteurs d’application

Principal

Semi-conducteurs ; Systèmes de fibre optique et infrarouge ; Polymérisant de catalyse en électronique et électricité solaire.

Graphite

Dépendance à l’importation à hauteur de 95% de la consommation européenne ; L’importateur principal de l’Union Européenne est la Chine, avec une production

mondiale de plus de 70% ; Technologies de recyclage peu développées pour le graphite, dû à ses importantes

réserves mondiales.

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Secteurs d’application

Principal

Construction mécanique : pièces de frottement, joints d'étanchéité, produits lubrifiants ;

Construction électrique : balais de moteurs ; Industrie :

o Réducteur, notamment en sidérurgie (coke des hauts-fourneaux) ; o Electrode, par exemple en sidérurgie (acier électrique) ; o Cathode, par exemple dans l'industrie d'électrolyse de l'aluminium ; o Modérateur dans des réacteurs nucléaires ; o Adsorbant, dans les filtres à « charbon actif » ; o Conducteur électrique.

Médecine : absorbant en cas d'intoxication par voie orale ; Arts plastiques : crayons ; Composite d'alliage (Titane / Fibre de verre / Aluminium) dans la fabrication des

cadres de raquettes de tennis.

Indium

81% des importations d’indium dans l’Union Européenne proviennent de la Chine ; Pas de recyclage actuellement en raison de la faible teneur de l’indium dans ses

USAges ; Possibilités de substitutions limitées à certains USAges.

Secteurs d’application

Principal

Télévisions LCD ; Ecrans tactiles ; cellules solaires fines ; LED et diodes laser.

Magnésium

L’Union Européenne est un gros consommateur de magnésium, près 47% de la production mondiale ;

La Chine est le premier producteur mondial à hauteur de 93% ; La Chine, la Russie et l’Afrique du Sud imposent des restrictions commerciales ; La capacité de recyclage du magnésium est limitée.

Secteurs d’application

Principal

Alliage aluminium-magnésium : canettes de boissons, utilisation principale dans l'aéronautique, petites mallettes résistantes, de boîtiers d'ordinateurs portables ou d'appareils photo haut de gamme ;

Réactif dans les industries chimiques et pharmaceutiques ; Composant de la fonte a graphite sphéroïdal ; Garnissage de fours (verre, ciment), dans la métallurgie du fer, de l'acier ou

d'autres métaux non-ferreux ; Médecine : équilibre ionique du corps humain, utilisé pour soigner dépression et

angoisse, diabètes, spasmes musculaires, crampes, troubles cardio-vasculaires, pression artérielle élevée et ostéoporose.

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Niche

Automobile (pièces légères pour la réduction de la consommation énergétique).

Niobium

92% du niobium est produit au Brésil et 7% au Canada ; La capacité de recyclage est estimée à 20% ; Des solutions de substituabilité existent mais induisent des coûts élevés et/ou des

pertes de performances.

Secteurs d’application

Principal

Alliage d'acier ; Aimant supraconducteur ; Métal d'apport pour la soudure à l'arc ; Orthopédie ; Réacteurs nucléaires ; Filtres à onde de surface ; Joaillerie.

Platinoïdes

L’Afrique du Sud est le premier importateur de platinoïdes pour l’Union Européenne à hauteur de 60% ;

La Russie est le second importateur de platinoïdes pour l’Union Européenne à hauteur de 30% ;

Le taux de recyclage dans le domaine des catalyseurs automobiles est en deçà de 50% dans l’Union Européenne ;

Le taux de recyclage dans le domaine des applications électroniques n’est que d’environ 10% ;

Les platinoïdes peuvent se substituer les uns aux autres, mais leurs minerais principaux étant communs cela ne résout pas la problématique d’approvisionnement.

Secteurs d’application

Principal

Bijouterie ; Equipement de laboratoires ; Thermomètres ; Dentiste ; Convertisseurs catalytiques ; Appareils électroniques (ordinateurs, téléphones, capacités céramiques multi-

couches, écrans LCD).

Terres rares

La Chine est le premier producteur mondial à hauteur de 97% ; La Chine applique des restrictions et quotas d’export ; Des processus de recyclage pour les terres rares ont été développés, mais ne sont

actuellement pas viables d’un point de vue économique ; Pour la plupart des utilisations de terres rares, des solutions de substitution existent.

Néanmoins ces dernières entraînent une perte de performance.

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Secteurs d’application

Principal

Véhicules hybrides ; Air conditionné ; Eoliennes ; Lumières fluorescentes ; Ecrans plasma, Ordinateurs et téléphones portables.

Tantale

Faible capacité de recyclage ; Peu de solutions de substitution et ces dernières entraînent des pertes de

performance.

Secteurs d’application

Principal

Composants électroniques ; Outils pour la production de super-alliages pour les composants de moteurs

d'avion, réacteurs nucléaires, et missiles.

Tungstène

Production mondiale dominée par la Chine à 78% ; Réserves mondiales concentrées principalement en Chine ; Possibilités de substitution limitées par le coût des ressources/technologies

alternatives, par la perte de performance et l’augmentation de l’impact environnemental ;

En cas de rupture de l’approvisionnement de tungstène, des industries européennes clés telles que l’automobile, l’aéronautique, des technologies médicales et des applications d’éclairage pourraient être bloquées entraînant une dépendance à l’import sur ces produits.

Secteurs d’application

Principal

Industrie : pièces d'usure dans la métallurgie, l'industrie minière et pétrolière, fabrication filaments des ampoules électriques, des postes de télévision et électrodes ;

Applications spatiales et celles demandant l'utilisation de très hautes températures ;

Alliages de métaux utilisés dans l'armement, les puits de chaleur, ainsi que comme poids et contre-poids ;

Utilisation pour collages de verre sur métal ; Superalliage pour faire des pales de turbine, des outils en acier, ainsi que des

plaquages.

Niche

Armement: DIME (Dense Inert Metal Explosive), nouvel armement performant permettant la décimation humaine avec une zone de dégâts matériels réduite.

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Données d’analyse de la problématique des MPMC en France

Etat des lieux de la production actuelle et des réserves mondiales

Afin de réaliser une évaluation stratégique de la France et donc de fournir les éléments permettant l’élaboration d’un plan visant à assurer à la fois l’autonomie et la souveraineté du pays, une analyse de la situation actuelle en termes de production et de réserves mondiales des MPMC est essentielle.

Ces deux paramètres permettront de définir les forces et faiblesses existantes, mais aussi potentielles, de chaque acteur international.

La production actuelle

Les zones géographiques de production des MPMC sont fortement concentrées, entraînant des risques d’approvisionnement pour l’Union Européenne.

A titre d’illustration, une carte du monde indiquant les principaux producteurs des 14 Matières Premières Critiques Minérales, et leur pourcentage dans la production mondiale actuelle.

Figure 3 - Concentration de la production des MPMC.

Nous noterons une production européenne quasi-inexistante. En effet, l’Union Européenne, et la France en son sein, semble actuellement en dépendance forte de l’étranger en ce qui concerne les MPMC. L’Union Européenne importe la quasi-totalité de sa consommation annuelle de MPMC pour ses applications industrielles et technologies.

En 2006, 100% des besoins parmi les 14 matières premières minérales critiques listées, ont été importés dans l’UE. A noter 3 exceptions constituées par la Fluorine (5% de production locale), le graphite (5% de production locale) et le tungstène (27% de production locale).

Situation d’autant plus préoccupante que la Chine détient la place du premier importateur de l’Union Européenne sur 7 des 14 matières premières critiques.

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Pour mieux analyser ces données, le tableau suivant met en relief permettant de mesurer le poids des importateurs de l’Union Européenne en fonction de la matière première minérale critique concernée (données indisponibles pour le Gallium et le Béryllium):

Figure 4 - Histogramme du poids des principaux pays importateurs de l’UE – données 2006

Les réserves mondiales

L’importance des réserves mondiales est un facteur déterminant des prix de marché mais non le seul, étant entendu que les politiques des pays influent de même massivement. Son pendant est constitué par les estimations de délais d’épuisement, une donnée à analyser.

Outre la quantité des réserves, il est essentiel d’examiner, d’une part, les pays détenteurs de celles-ci et d’autre part, le caractère monopolistique que pourrait prendre un pays détenant une part caractéristique de ces réserves.

Afin de donner une photographie de la situation actuelle et des conséquences de dépendance et de risque géostratégique qu’elle entraine, nous nous sommes basés sur les données des réserves effectives, à savoir les réserves identifiées et exploitables techniquement et économiquement.

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Figure 5 - Histogramme de l’importance des pays majeurs détenteurs des réserves mondiales de MPMC.

Enfin le dernier élément géopolitique et géoéconomique du paramètre « Réserves » est le nombre de catégories de MPMC que possèderait un pays. La politique d’un tel pays serait dans ce cas, forcément différente d’un autre pays ne possédant qu’un seul de ces métaux.

Nous pouvons notamment constater dans le tableau ci-dessous, la large prédominance chinoise :

Figure 6 - Tableau récapitulatif par MPMC des 3 premiers pays détenteurs des réserves mondiales.

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Au regard des données présentées, on relève que :

La Chine possède les premières réserves mondiales sur 7 des 13 MPMC répertoriés ;

Le Brésil etl’Afrique du Sud sont dans une position similaire, sur 2 MPMC (tantale et niobium pour le Brésil, fluor et platine pour l’Afrique du Sud) ;

La République du Congo est première réserve mondiale de Cobalt ;

La Russie, l’Australie et les USA jouent les positions d’outsider étant mentionné comme 2ème ou 3ème réserves mondiales sur plusieurs MPMC ;

Les USA représentant de plus la 1ère réserve de Béryllium.

Un indicateur de risque géopolitique

Afin de mieux mesurer les risques géopolitiques liés à la concentration de production dans un nombre limité de zones géographiques, nous avons élaboré un indicateur de risque géopolitique appliqué à la liste des 14 Matières Premières Minérales Critiques.

L’indicateur de risque géopolitique résulte de la pondération de deux dimensions :

Le poids de chacun des pays producteurs en %, dans la production mondiale du MPMC concerné ;

Le niveau de stabilité politique de chacun des pays producteurs mesuré à partir des données du Worldwide Governance Indicator 2009.

Si un pays à forte instabilité politique possède un petit pourcentage de la production mondiale, le niveau de risque moyen sera faible et donc l’indicateur de risque géopolitique sera bas.

A contrario, si un pays à forte instabilité possède un pourcentage élevé de la production mondiale, le niveau de risque moyen s’en trouvera accru et l’indicateur de risque géopolitique sera plus élevé.

L’indicateur de risque géopolitique se mesure sur une échelle de 0 à 10, allant des MPMC à risque géopolitique faible aux MPMC à risque élevé.

Figure 7 - Indicateur de risque géopolitique.

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Figure 8 - Indice de risque géopolitique par MPMC.

Nous notons que l’ensemble des 14 MPMC se trouve dans des zones plus ou moins exposées aux risques géopolitiques. Le cobalt, les terres rares et l’antimoine sont ainsi exposés à des risques géopolitiques élevés.

Pour affiner cet indicateur, on prendra en compte les éventuelles restrictions et quotas d’exportation des principaux producteurs mondiaux pour évaluer le risque d’approvisionnement.

L’évolution de la demande des MPMC à l’horizon 2030

Dans son rapport de juin 2010, la commission ad-hoc de la commission Européenne prévoit une forte augmentation de la demande mondiale des MPMC par rapport à la production actuelle. Sur la base des projections des besoins futurs dans les secteurs des technologies émergentes, ils ont estimé la consommation nécessaire à ces technologies en 2030.

Cette estimation a donné lieu à deux indices de mesure :

Indice 2006 : L’indice d’utilisation des MPMC dans les nouvelles technologies en 2006 par rapport à la production mondiale actuelle;

Indice 2030 : L’indice de consommation estimée par les nouvelles technologies en 2030, par rapport à la production mondiale actuelle.

Nous notons que pour 6 des 14 MPMC, la production actuelle mondiale ne suffira pas à couvrir les besoins globaux à l’horizon 2030, rien que dans le domaine des technologies émergentes.

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Figure 9 -Indice de consommation des MPMC dans les nouvelles technologies en 2030, en rapport avec la production mondiale actuelle.

(Les informations sont indisponibles pour les MPMC suivants : Fluorine, Béryllium, Magnésium et Tungstène.)

La volatilité des prix

Théoriquement, le prix est un indicateur de la disponibilité ou de la rareté d’une matière première.

Sur les marchés actuels, le prix est défini par le croisement de deux facteurs :

La raréfaction physique : La mesure de la raréfaction physique s’articule autour du niveau de contrôle de la disponibilité par les producteurs et la capacité de substitution de tout ou partie de ses usages.

La dimension financière : La composante financière se base sur les règles de l’offre et de la demande avec sa dimension spéculative.

La composante financière a été fortement exacerbée ces dernières années et ont contribué à l’envolée de prix de bon nombre de matières premières.

En ce qui concerne les MPMC, on constate une forte augmentation des prix au cours de ces dernières années. Cette explosion s’explique par plusieurs facteurs:

L’augmentation de la concentration des zones de production réduisant la concurrence et orientant les prix à la hausse ;

L’accroissement important des besoins en MPMC lié à l’évolution rapide des nouvelles technologies ;

La tendance spéculative sur les MPMC en réaction aux risques d’approvisionnement.

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Résumé de la dépendance de la France

On constate une forte dépendance de la France dans le domaine des Matières Premières Minérales Critiques et l’émergence d’une problématique qui s’articule autour des dimensions suivantes :

Un fort risque d’approvisionnement lié à la forte concentration géographique des MPMC et leur positionnement dans des pays à risques géopolitiques élevés ;

Un besoin accru dans les prochaines décennies de l’utilisation des MPMC pour le développement des technologies émergentes ;

Une position dominante chinoise dans près de la moitié des MPMC difficile à infléchir en raison de son quasi-monopole de production, voire de réserves ;

Une hausse constante des prix des MPMC qui se poursuivra si la situation mondiale actuelle perdure.

Or les MPMC constituent un enjeu majeur dans le développement des industries technologiques de pointes de demain.

De l’application de la stratégie du fort au faible – le positionnement français

A l’examen des positions des quelques pays détenteurs des réserves de MPMC, les relations géoéconomiques et géopolitiques peuvent positionner les pays dans un schéma du fort au faible et inversement. Selon le pays, la France pourrait être identifiée comme occupant la position du faible.

Stratégie du Fort

Les besoins du marché en termes de MPMC définissent la capacité d’un pays à faire usage de cette puissance dans ses relations.

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Cette souveraineté de fait, le pays peut l’utiliser naturellement comme avantage déterminant dans les « négociations » par l’utilisation de l’ensemble de la panoplie de moyens qui lui est offerte tel que le dictats, cotas définis unilatéralement, conflits plus créés que subis.

Dans un 2ème temps, le pays se doit de préparer, dépendant de son ratio Réserves sur Exploitation, la phase suivante d’actions visant à maintenir de façon durable cette position dominante. Ainsi, le pays en puissance rechercha inévitablement un accroissement de son « territoire de réserves » ; terme couvrant à la fois les éléments géographiques du problème (ex. achats de terres dans d’autres pays) et les éléments technologiques (ex. technologie de recherches minières, de recyclage).

La capacité d’utiliser les moyens financiers dégagés par la 1ère phase de puissance pour associer la 2ème situation, définira le paysage à long terme d’approvisionnement des MPMC dans le monde.

La stratégie du Faible

La consommation de MPMC et la capacité de recycler peuvent définir pour le faible, son degré de dépendance et donc sa capacité de « négociation » en vue de maintenir ses approvisionnements d’une part durablement, et d’autre part à des conditions économiquement raisonnables.

Le caractère stratégique de son industrie consommatrice de MPMC détermine le degré réel d’autonomie ou de souveraineté.

Les seuls recours pouvant à ce stade être envisagés pour changer cette situation, sont :

soit l’exploitation de territoires géographiques nouveaux obtenus par la négociation ou par la contrainte et à même de satisfaire aux besoins en MPMC,

soit la recherche technologique visant à recycler ses propres déchets ou les déchets d’autres pays acquis à un coût faible ;

soit l’initiation de nouveaux comportements de consommation.

Figure 10 - Illustration des mécanismes d’accroissement de puissances en matière de MPMC.

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Conclusion

La situation actuelle des MPMC conduit les acteurs « forts » ou « faibles » vers la découverte impérative de nouveaux « territoires » d’approvisionnement dans le but de :

Pour le fort, maintenir une souveraineté sur le long terme, Pour le faible, dégager des marges de manœuvres indispensables pour reconquérir

une autonomie stratégique et une souveraineté et maintenir sa compétitivité économique.

Proposition d’outil de monitoring pour le pilotage de la stratégie française

des MPMC

La situation stratégique d’un pays au regard de la fourniture des MPMC dépend d’un certain nombre de facteurs. Afin de piloter au mieux les actions garantissant l’autonomie du pays, les dirigeants ont besoin d’intégrer l’ensemble de ces paramètres influents et de les suivre de façon dynamique pour ajuster les politiques court, moyen et long termes du pays. « Diriger, c’est prévoir ».

Une première série de paramètres décrit ‘la source’ des MPMC :

La quantité des réserves mondiales, L’année estimée d’épuisement de ces réserves, Le taux de recyclage des MPMC (permettant de repousser dans le temps le délai

d’épuisement).

Une 2ème série établit la position et les besoins du pays, à savoir :

La consommation totale par MPMC, Le caractère stratégique de l’industrie consommatrice.

Enfin une 3ème série décrit la capacité d’approvisionnement, à savoir :

Les pays détenteurs des réserves, Le caractère hégémonique de ces pays à la fois en termes de « largeur de gamme »

et de situation de monopole sur un ou plusieurs MPMC.

Pour faciliter un tel pilotage, il est proposé un tableau de bord incluant tous ces éléments ; tableau offrant une vue synthétique à un instant donné et dont la mise à jour régulière permettra une planification stratégique et dynamique des actions à mettre en œuvre.

Le tableau de bord est basé sur 5 paramètres:

1. Le délai d’épuisement à savoir, la date à laquelle les réserves actuelles sont considérées comme épuisées. Pour un Etat, ce paramètre peut guider les orientations des politiques de recherches d’alternatives au regard du délai d’exploitation

2. La dépendance de la France calculée comme le ratio Consommation Françaises/Réserves Mondiales et Quantité Recyclée permettant de déterminer le degré d’urgence des actions à mettre en place.

3. L’intérêt stratégique du métal considéré au regard de l’industrie concernée ceparamètre permet de définir les priorités des politiques à mettre en place.

4. Les pays détenteurs des réserves afin de définir la stratégie à mettre en œuvre en y incluant le risque diplomatique et le risque des cours de change.

5. Le Degré de Recyclage sur le territoire afin de diminuer la dépendance du pays.

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Le cadre

En positionnant la dépendance au regard des années estimées d’épuisement des réserves, une première analyse permet de distinguer l’urgent de l’important et ainsi d’apporter un éclairage pour chacune des filières d’approvisionnement.

Figure 11 - Exploitation du cadre du Tableau de Bord des MPMC.

Les 3 indicateurs permettent d’évaluer pour chaque MPMC :

Son degré stratégique au regard de son importance dans l’industrie (ex. : intérêt fort pour les industries d’armement et automobiles),

La répartition des réserves mondiales dirige les travaux d’approvisionnement sur la base d’un 1er regard géopolitique,

Les positions hégémoniques, monopolistiques ou d’outsider des/d’un pays en question

Le degré français de recyclage de cette MPMC afin de connaître et/ou de développer la filière.

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Figure 12 - Caractérisation des 3 indicateurs applicables à chaque MPMC.

Le tableau de bord

Le principe du tableau de bord consiste à donner une image à un instant donné de la situation du pays en matière de MPMC. Cette information n’a de réel intérêt que si elle est suivie et mise à jour, offrant ainsi une vision dynamique de la situation d’approvisionnement des MPMC, une base de réflexion pour une prédéfinition d’orientation stratégique industrielle au sein :

Des industries consommatrices pour la recherche de produits de substitution ; Des industries minières pour la recherche de gisements alternatifs ; De filière recyclage pour la mise en place des mécanismes de récolte et de

traitement, mais aussi pour le développement de technologies nouvelles d’exploitation des produits recyclés.

Ces orientations industrielles possèdent des inerties variables et donc l’approche dynamique d’un tel tableau de bord offre une visibilité dans le temps certes embryonnaire, mais suffisante pour initier des études plus approfondies.

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Figure 13 - Exemple de tableau de bord appliqué à 3 MPMC.

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Exposé de la stratégie de la

France

La plupart des pays industriels ont développés ces dernières années des stratégies visant à réduire leur dépendance en matière de métaux rares. (Japon, Etats-Unis, Corée du Sud, Allemagne…) La France de par la place qu’elle occupe sur l’échiquier économique mondial, ne semble donc pas pouvoir faire exception à cette réalité. Cependant, si quelques pistes d’actions et de réflexions ont été communiquées ces derniers mois, on ne trouve pas trace de l’annonce d’un corpus de mesures ou d’orientations suffisamment marquées pour pouvoir parler d’une stratégie française en matière de gestion des métaux rares. Mais peut-être la prise de conscience de cette problématique est-elle trop récente, puisqu’il semblerait qu’elle ne remonte qu’à l’automne 2009, pour pouvoir y opposer une réponse stratégique ou le sujet est-il considéré comme trop sensible pour faire l’objet d’une communication grand public ? Cette dernière question méritant certainement d’être étudiée à la vue de considérations nationales, notamment politiques, et de considérations internationales.

Présentation du plan d’action français en matière de gestion des métaux rares rendu public

Le 27 avril 2010, le ministre de l’Ecologie et du Développement Durable, a présenté en conseil des ministres quelques mesures, dénommé « plan d’action », visant essentiellement à approfondir, les connaissances françaises sur la question des métaux rares et à désigner quelques organismes spécialisés ou étatiques comme moteurs d’actions de coordination sur le sujet des métaux stratégiques. L’énoncé de la problématique, lors de cette communication gouvernementale, laisse percevoir que cette question emporte des enjeux nationaux de taille mais apparait en décalage par rapport aux « actions » proposées : « (…) Il s’agit de métaux dont certains, peu connus du grand public, sont porteurs d'enjeux industriels, notamment pour les technologies impliquées dans le domaine de la croissance verte. L'accès à ces métaux dans de bonnes conditions est nécessaire pour assurer à l'industrie française les conditions de son développement et lui permettre l'élaboration de produits plus vertueux et plus compétitifs. »

Pourtant si l’on s’attarde sur les principales actions proposées par ce plan, quelques visées stratégiques à court, moyen et long termes semblent se dessiner.

Le BRGM en soutien de l’acquisition d’une meilleure connaissance des métaux stratégiques et du niveau de vulnérabilité de la France.

Si l’on considère l’accord passé il y a quelques semaines entre le constructeur automobile Renault, fer de lance français de la voiture électrique et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) cette mesure prend une dimension beaucoup plus ambitieuse. D’autant que les objectifs annoncés dans le communiqué de presse, reprennent quasiment à l’identique les termes de la communication du 27 avril, levant tout possible doute sur son ancrage2.

2http://www.renault.com/SiteCollectionDocuments/Communiqu%C3%A9%20de%20presse/fr-

FR/Pieces%20jointes/23914_20101028_CP_Accord_BRGM_Renault_FR_8E830E0C.pdf

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Un observateur attentif pourra certainement d’avantage cerner certains volet de la démarche française en s’attelant à suivre les accords conclus entre les industriels et le BRGM.

L'extension de notre connaissance géologique, par des campagnes d'exploration ciblées visant le cas échéant une exploitation raisonnée.

Exploration

Les ZEE, Zones Economiques Exclusives françaises, font l’objet d’exploration des fonds sous marins au large de Wallis & Futuna et de l’ilot Clipperton dans l’Océan Pacifique. Une loi du 16/071976 institue autour des côtes du pays cette zone de 200 miles marins. La zone française représente la seconde au monde avec près de 11 millions de km2.

En Décembre 2008, l’Institut Français de la Mer, ancêtre de l’actuel IFREMER écrivait :

Ces nodules polymétalliques sont globalement cartographiés tel qu’indiqué ci dessous.

Figure 14 - Cartographie des nodules.

Cette année, l’IFREMER lance la campagne Futuna 2010 en collaboration avec entre autres le BRGM, AREVA, ERAMET et TECHNIP en vue de localiser, cartographier et prélever des échantillons de minéraux et de roches dans cette zone. Cette exploitation au bord de l’Atalante inclut aussi une étude de la biodiversité des fonds marins dans le cadre de la Loi Grenelle ; étude qui aboutira sur la définition des méthodes d’exploitation minières tout en préservant la biodiversité du milieu.

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La recherche se concentre sur les nodules polymétalliques renfermant du manganèse, du cuivre, du nickel et du cobalt. En 2008, les études préliminaires ont permis de déterminer des cadences d’exploitation de l’ordre de 1,5 millions de tonnes par an de nodules pendant 20-25 ans. Le taux de récupération étant aux alentours de 90%, les réserves ont été évaluées à 382.000 tonnes de manganèse et de 3.500 tonnes de cobalt par an.

La problématique est essentiellement liée aux technologies de ramassage industriel en milieu sous-marin profond3.

Ces données géologiques ainsi que l’intervention conjuguée d’acteurs industriels tels que Eramet, AREVA et Technip aux côtés de l’IFREMER lors de la campagne d’exploration à Wallis et Futuna, au mois de septembre dernier, semble montrer l’imminence d’une approche plus concrète que la simple extension de nos connaissances.

Une politique de recyclage des métaux stratégiques dont la coordination est confiée à l’ADEME

Il n’est guère surprenant de constater, si l’on considère le contexte politico-sociétal, post Grenelle de l’Environnement, que cette communication portée par le ministère de l’Ecologie semble consacrer le recyclage comme solution. Depuis quelques années, la question du recyclage apparaît sous un nouvel éclairage. En effet, lorsque l’on évoque la solution au recyclage, il ne s’agit plus uniquement de répondre à une préoccupation environnementaliste, mais bien de prendre en compte une « solution alternative » pouvant notamment pallier les problèmes d’approvisionnement et l’épuisement de certaines ressources. Dans ce cadre, les produits « usés » de diverses natures ne sont plus uniquement perçus comme des déchets mais comme une réserve quasi-inépuisable, car sans cesse renouvelée, de ressources. Ainsi par exemple, selon les estimations du professeur Komei Harada de l’Institut de la science des matériaux au Japon, les centres de stockage de déchets contiendraient, via notamment les appareils électroniques mis au rebus, près de 16 % de l’ensemble des réserves d’or exploitables dans le monde et 1 700 tonnes d’iridium. Par le biais de cette nouvelle vision les centres de collecte et de traitement des déchets tendraient ainsi de plus en plus à être assimilés à des « mines urbaines », lieu de ressources et de devenir…

Le recyclage qui se définit comme un procédé de traitement des déchets qui permet de réintroduire, dans le cycle de production, des matériaux qui composaient un produit arrivé en fin de vie, ou des résidus de fabrication, répond en effet à plusieurs préoccupations environnementalistes : réutilisation des biens de consommations en fin de vie, réduction de l’impact écologique lié à l’extraction primaire, gains d’énergie lié à la production initial,… Cependant, le « charme » de cette solution et les nombreux avantages de son approche théorique ne sauraient faire oublier la somme des écueils techniques et économiques qu’elle emporte.

D’après les données rendues publiques par le PNUD récemment, seulement 1 % des métaux rares est recyclé à la fin de vie des produits qui les contiennent. A l'opposé, le taux de recyclage atteint 25 % à 75 % pour des métaux courants comme l'acier, l'aluminium et le cuivre4.

Jusqu’à présent le recyclage des métaux stratégiques contenus dans les produits en fin de vie se limite essentiellement à ceux ayant une très forte valeur comme les métaux précieux (or, argent, platine, palladium) et le cobalt.

3 Source : M. Hoffert. (2008) Les nodules polymétalliques dans les grands fonds océaniques. Société géologique de France /

Vuibert. 4 http://www.unep.fr/scp/rpanel/Metals1.htm

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Mais ce qu’il a été possible de développer comme solutions de traitement pour quelques métaux présents en quantité appréciable dans les produits pourra t-il se dupliquer pour des traces parfois infimes de nombreux métaux ?

Ainsi, si l’on considère qu’à chaque catégorie de métal correspond un procédé de traitement (identifié et développé, ou non) et que les quantités de métal pouvant être récupérées doivent être suffisamment importante pour que la filière de traitement soit rentable et ce dans un délai relativement court pour ne pas risquer que le fabricant passe entre temps à un produit de substitution ou que le produit devenu « obsolète » soit remplacé, on commence à entrevoir la complexité de cette solution5...

De plus, la solution du recyclage dans nos sociétés occidentales se heurte à l’écueil majeur, car culturel, du tri des déchets, dont on imagine sans mal à quel point il pourra être difficile à surmonter sur le court terme.

Si cette solution est largement prônée par le monde universitaire et institutionnel, elle ne correspond pas aujourd’hui à une réalité industrielle suffisante, telle que le démontre d’ailleurs les résultats de l’étude réalisée par l’ADEME en juillet 2010 sur le potentiel de recyclage de certains métaux rares6.

On notera cependant, que cette étude ne mentionne jamais le critère d’usure de ces métaux recyclés, c’est-à-dire la perte de leur qualité première à l’usage.

En théorie, on ne peut donc exclure que le recyclage puisse dans une vision prospective à long terme, trouver sa place aux côtés d’autres solutions tout aussi ambitieuses (cf. § prospective) mais il apparaît qu’elle ne serait représenter la solution universelle à la problématique étudiée, ne serait-ce que parce que certains métaux ne pourront jamais alimenter suffisamment une filière de traitement.

La nomination d’un Haut Fonctionnaire pour l’organisation d’un dialogue entre l’Etat et les industriels sur les questions touchant à la sécurité des approvisionnements

La nomination effective de François Bersani en tant que Haut Fonctionnaire en charge des métaux stratégiques au mois de juin 2010 et son rattachement au CGIET participe au faisceau d’indices sur l’effectivité d’une démarche plus solide que ne pouvait le laisser penser la communication du 27 avril.

Il nous semble également utile de mentionner que suite au remaniement ministériel du mois de novembre, Nathalie Kosciusko-Morizet a estimé utile de préciser dans l’une de ses premières interventions publiques (30 novembre 2010) aux assisses de l’économie de la mer et du littoral que le sujet des métaux rares demeurait dans le portefeuille de son ministère.

Le plan d’action ainsi dévoilé par Jean-Louis Borloo, au mois d’avril 2010 répond-il à une communication politique opportuniste s’inscrivant dans la nécessité de donner une dimension concrète aux accords de Grenelle ou est-il l’un des volets d’une stratégie plus ambitieuse de la France pour réduire sa vulnérabilité face à la problématique de l’alimentation en métaux rares ?

A première vue, si l’on se livre à une comparaison rapide entre les informations communiquées par la France sur cette question et celles données par un pays tel que le Japon force est de constater un criant décalage. Tant sur le panel et la complémentarité des solutions envisagées que, sur l’effectivité des moyens mis en œuvre.

5http://www.pro-environnement.com/environnement/environnement-et-technique/recyclage-des-metaux-rares-contexte-et-

besoins-c634002018706349751i1568.htm 6 http://www.plan-deplacements.net/servlet/getDoc?sort=1&cid=96&m=3&id=73279&ref=14227&nocache=yes&p1=111

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Cependant, au-delà de cette communication, pouvant de prime abord paraître peu ambitieuse, plusieurs éléments nous permettent aujourd’hui de penser, qu’au-delà de ce plan d’actions, inscrit opportunément dans les mesures du Grenelle de l’Environnement, la France a initié des mesures opérationnelles plus stratégiques, répondant davantage à la taille de l’enjeu. Parmi ces éléments, nous pouvons d’ailleurs mentionner la réponse de la FEDEM, la fédération représentant le secteur français des minerais, minéraux industriels et métaux non ferreux (130 entreprises, 25 000 emplois directs et 14 milliards de chiffre d’affaires) à la consultation européenne sur les matières premières «Au niveau français, une réflexion sur les matières premières non énergétiques a été mise en place en 2009 par le Ministère de l’Environnement (MEEDDM), l’objectif étant l’élaboration d’une stratégie matières premières française engagée pour les métaux et minéraux. Les travaux rassemblent pouvoirs publics, représentants d’industries amont et aval, et établissements publics spécialisés »7.

De même, le traitement de la problématique dans le projet de loi de Finance 2011 fait allusion à d’autres pistes de réflexions et d’action que celles mentionnées dans la communication ministérielle du 27 avril 2010.

Le document le plus récent concernant la stratégie du gouvernement vis-à-vis des métaux rares fait l'objet d'un chapitre dans le projet de la loi de finances pour 2011 (no.2824) émanant de la Commission de la Défense Nationale, présidée par M. François Cornut-Gentille.

Dans le chapitre 2, visant la dépendance extérieure, on évoque en préliminaire le rapport des experts de la Commission Européenne du 17 juin 2010 qui ont examiné 41 minéraux et en ont considéré 14 comme critiques (cf. liste).

Face à la volonté de la Chine de renforcer sa maîtrise sur l'exploitation des terres rares, le rapport évoque les mesures prises par les Etats-Unis qui ont commandé une étude sur le recours aux terres rares dans 24 armements et qui préparent, en liaison avec leur Département de l'Energie, une stratégie nationale concernant celles-ci. Dans le même ordre d'idée, la relance des gisements du Nevada de Moly Corp pour limiter la dépendance est préconisée.

Un autre exemple mis en avant vient de l'Australie, qui a opposé son veto à la Chine qui, par l'intermédiaire de la Société China Nonferrous Metal Mining (Group) (CNMC), voulait prendre le contrôle de la Société Lynas Corp. exploitant des terres rares de Mount Weld fin 2009.

Le ministère français de la Défense veille à entretenir la sécurité de nos approvisionnements.

La Commission estime que malgré la tension sur les prix (voir supra) aucune menace précise n'amène à prendre de mesures particulières, en dehors de la normale diversification. On ne note pas de trace dans le rapport de constitution de stocks.

Cependant, le ministère de la Défense accentue sa veille et entretient le dialogue avec les acteurs institutionnels ou industriels concernés.

Il reste aussi attentif aux travaux issus de la commission européenne, suite à son "initiative du 4 novembre 2008", qui a mis en place dans le domaine des approvisionnements stratégiques deux groupes d'experts, dont les propositions devraient être soumises aux Etats membres avant la fin 2010. Cette stratégie française s'appuie aussi sur le plan prospectif à trente ans du Ministère de la Défense, DGA, 2009.

7http://ec.europa.eu/enterprise/policies/raw-materials/files/pc-contributions/org-061-fedem_en.pdf

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Ce plan, après une analyse de la criticité, fait un certain nombre de préconisations :

Traitement de la criticité des composants et matériaux, en disposant d'une cartographie des risques et des dépendances induites ;

Question de la coordination des approches et nécessité de s'inscrire dans un cadre inter-ministériel ;

Question du déphasage de la politique des états et de la mondialisation des marchés La constitution de stocks stratégiques ou l'entretien d'un savoir-faire national pour

tous les constituants critiques n'est pas possible et l'approche nationale ne peut être que limitée.

La conclusion indique clairement que, "au plan national, le niveau d'autonomie stratégique à atteindre doit être géré "en temps réel" dans des secteurs d'activité très sensibles et impliquant de grands groupes désormais souvent transnationaux. Une approche multinationale, par exemple dans un cadre d'interdépendance au niveau européen, serait le plus souvent nécessaire sous forme de club d'acteurs étatiques et industriels partageant au cas par cas les problématiques spécifiques des dépendances stratégiques et de sécurisation des approvisionnements".

In fine, le rapport évoque le recyclage comme réponse à la dépendance sur certains métaux sous réserve d'une crédibilité économique (cas du titane par exemple).

Par ailleurs, le projet de loi évoque aussi les possibilités offertes par les zones polaires, sachant que l'espace maritime des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) représentent plus de 2,5 millions de km², où l'implantation militaire française a été précisée au J.O. du 3 août 2010.

Fort malheureusement, le Livre Blanc sur la Défense ne couvre pas explicitement l'Arctique et l'Antarctique alors que, pour l'Antarctique, le moratoire sur l'exploitation minière s'achèvera en 2048.

Il est notamment intéressant de noter que ce document confirme que la stratégie française repose sur une action concertée des acteurs industriels ainsi que cela avait été décidé en 1996 lors de la liquidation des stocks stratégiques.

De même, il y a quelques jours, le sénateur Jacques Blanc (UMP, Lozère) chargé d'établir un rapport sur la sécurité des approvisionnements stratégiques de la France, a présenté à la Commission des affaires étrangères du Sénat un bilan d'étape de ses travaux dans lequel il traite « des leviers » activés par la France pour faire l'état des lieux de ses ressources et de ces besoins. La version définitive de ce rapport devant être présentée à la commission à la fin du mois de février 2011 on peut penser que ce travail parlementaire permettra d’avoir une meilleure vision de l’ensemble des mesures mises en œuvre8.

On peut cependant imaginer que le contexte extrêmement concurrentiel dans lequel évolue les industries françaises n’a rien à gagner à révéler une problématique qui aurait pour conséquence d’afficher, et peut être un peu trop, certains points faibles de nos industries.

En ce qui concerne la position de la France dans la réflexion menée au niveau européen, les réponses de la FEDEM à la consultation lancée par la Commission sur le sujet sont instructives notamment sur le décalage dénoncé par la Fédération entre la liste des métaux identifiés comme stratégiques par ladite commission et la réalité des besoins industriels actuels et à venir. La Fédération ayant également contribué à l’étude réalisée par l’ADEME, serait-il est possible de penser que les métaux étudiés (étude applications/ métaux) sont une indication des métaux véritablement stratégiques pour la France ?

8http://www.lepost.fr/article/2010/12/07/2332469_energie-eau-minerais-l-avenir-des-approvisionnements-strategiques-

francais.html

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Analyse

Stratégie / Communication

Etats-Unis

L’approvisionnement en matières premières critiques est, à l’image de la communauté internationale, une préoccupation stratégique des Etats-Unis. Cependant, la problématique américaine semble se concentrer davantage sur les terres rares.

Point de situation

Le Conseil national de recherche utilise la matrice de criticité pour évaluer le risque d'approvisionnement minérale (National Research Council, 2008). Cet outil est comparable à la pondération des indicateurs « importance économique » et « risques d’approvisionnement » réalisés par l’Union Européenne pour déterminer la criticité des MPC.

La matrice criticité est un graphe qui reflète en ordonnée le risque d'approvisionnement et en abscisse l'effet de la restriction de l'offre. Les auteurs de l'étude ont classé divers métaux importés, sur une échelle de 1 à 4 (faible à élevé). Les éléments de terres rares ont été classés au niveau 4 (élevé) pour les risques d'approvisionnement et au niveau 3 (modérément élevé) pour un effet de restriction de l'offre. 9

Figure 15 - Matrice de criticité des métaux importés (National Research Council 2008).

9 The Principal Rare Earth Elements Deposits of the United States—A Summary of Domestic Deposits and a Global

Perspective. By Keith R. Long, Bradley S. Van Gosen, Nora K. Foley, and Daniel Cordier

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À l'heure actuelle, les États-Unis importent les terres rares quasi exclusivement en provenance de Chine, qui produit plus de 95% des terres rares mondiales alors qu’eux-mêmes disposent de 36% des réserves mondiales identifiées.

Pourtant, l’Amérique en était le premier producteur avant les années 90, elle produisait alors un bon tiers de l'ensemble de l'offre mondiale de terres rares et satisfaisait sa consommation intérieure. On retiendra entre autres que la mine de Moutain Pass, en Californie, a vu sa production réduite dès 1998 et fut fermée en 2002 en raison de coûts excessifs et de réglementations environnementales. Elle a rouvert en 2007 et a produit des matériaux depuis des stocks de terres rares. Mountain Pass a des réserves prouvées de plus de 30.000.000 de tonnes, soit 13% des réserves en terres rares connues. Néanmoins, aucun nouveau minerai n’a été exploité.

A noter, que les Etats-Unis sont dans une situation comparable à la Chine concernant le béryllium : Une seule mine fournit 86% de la demande mondiale.

La position des politiques

La première partie du mandat d’Obama avec une majorité démocrate dans les deux chambres est marquée par une volonté du camp républicain de se saisir de la question des MPMC. Toutefois, à ce jour, aucun texte n’a reçu l’assentiment des deux chambres.

Trois tentatives illustres ce constat :

Le projet H.R. 4866, introduit par Mike Coffman, membre du parti républicain (R-Colo.) le 17 mars 2010 inclut une clause appelant à la création d’une réserve de sécurité nationale des 11 minéraux qualifiés de stratégiques. Néanmoins, elle n’a pu passer la chambre des représentants. Mike Coffman a été réélu.

Kathleen Dahlkemper, républicaine (D-PA), a rédigé un projet de loi afin de rendre les Etats-Unis autonomes dans les cinq prochaines années : « nous placerions très certainement notre pays dans un grand danger, en termes de sécurité nationale et de sécurité économique si nous ne faisons rien afin de nous assurer que nous disposons bien des réserves adéquates». Le projet H.R. 6160 est ainsi passé devant la chambre des représentants le 19 septembre 2010. Le Sénat n’a pas pris le relais, le projet est resté lettre morte jusqu’à présent.

Le Sénateur Lisa Murkowski, républicaine, (R-Alaska), a introduit en juin 2010 le projet de loi relatif aux terres rares S. 3521 qui a mené à une audition devant le sous comité à l’énergie le 30 septembre dernier. Soutenue par cinq sénateurs républicains, le groupe pourrait mobiliser leurs efforts afin de gagner d’autres appuis au sein de la chambre haute, toujours contrôlée par les Démocrates.

Le changement de majorité à la chambre des représentants est susceptible de faire évoluer les législateurs sur la question des matières premières critiques.

La stratégie américaine

Faciliter sur le territoire national l’extraction, le raffinage, la transformation et la création d’approvisionnements alternatifs écologiques

En mars 2010, David Sandalow, Secrétaire-adjoint pour la politique énergétique et les affaires internationales, avait annoncé qu’une stratégie fédérale relative aux métaux rares était en cours d’étude, déclarant qu’« il était grand temps que l’on développe une réelle vision stratégique dans ce domaine ». Deux mois plus tard, le Département américain de

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l’énergie a publié une requête pour information sur la famille de minéraux utilisés dans les systèmes militaires de haute-technologie. En septembre, Sandalow déclarait : « afin de gérer la chaine de risque, nous avons besoin de multiples ressources de distribution de matériaux d’énergie propre dans les prochaines années. Cela signifie progresser afin de faciliter l’extraction, le raffinage et la transformation ici, aux Etats-Unis. Aussi, nous devons encourager nos partenaires de faciliter la création d’approvisionnements alternatifs écologiques ».10

Clarification de la politique d’importation

Les Etats-Unis ont demandé à la Chine une clarification de sa politique d’exportation. Le 30 octobre, Yang Jiechi, Ministre des affaires étrangères chinois, rassurait Hillary Clinton, son homologue américain : la Chine resterait « un fournisseur digne de confiance » des métaux rares à l’industrie de pointe et n’utiliserait pas ses exportations comme un outil diplomatique, politique ou économique dans leurs relations avec les pays tiers.

Diversification des sources d’approvisionnement

Les ressources disponibles chez les partenaires commerciaux traditionnels (comme le Canada et l'Australie) sont d'un grand intérêt pour la diversification des sources d'approvisionnement. Ainsi, les Etats-Unis se tournent notamment vers l’Australie et le Canada. D’autre part, cette diversification d’approvisionnement passera par des accords avec le Japon11.

Les débats publics

Débats dans les agences gouvernementales

Le débat sur les MPMC a émergé outre-Atlantique : des agences gouvernementales n’hésitent pas à publier les données sur les stocks, réserves, consommation et production des MPMC. Ainsi, la commission des études géologiques établit chaque année un rapport de la production mondiale et nationale des terres rares et de son commerce dans sa publication, l’Annuaire des minéraux et des produits minéraux12.

L’article 843 de la loi sur la défense nationale de l’année fiscale 2010, droit public 111-84, demande au contrôleur général d’établir un rapport détaillé sur les terres rares dans la chaine d’approvisionnement pour la défense américaine. Le Département de Défense examine ainsi l’impact sur la sécurité nationale de la domination chinoise sur l’offre de métaux rares.

Le Bureau de la politique industrielle et l’United States Geological Survey (USGS, Commission des études géologiques américaines) ont établi conjointement un rapport, commandité en 2009, sur l’exploitation et l’approvisionnement en terres rares des USA8.

Cette étude évalue l’utilisation faite des terres rares par le Ministère de la Défense ainsi que le statut et la sécurité des chaines d’approvisionnement nationale et mondiale. Elle a également pour but d’émettre des recommandations afin d’atténuer les risques en cas de rupture de la chaine de valeurs.

10

Thehill.com : 30 septembre 2010 11

Le Parisien, 28 octobre 2010 – Washington et Tokyo vont diversifier les sources de terres rares. 12

Minerals Yearbook and Mineral Commodity Summaries, United States Geological Survey.

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L’USGS a dressé un bilan sur les réserves américaines en terres rares et sur les ressources mondiales existantes. Les possibilités d'utilisation de ces ressources sont abordées13.

Débats menés par les Think-Tanks

Certains think-tanks se sont approprié le sujet, avec des analyses et conclusions plus ou moins pragmatiques selon le bord politique. En octobre 2009, l’Américain Molycorp, l’un des derniers producteurs du pays, a créé la Rare Earth Industry and Technology Association, afin de peser sur le débat national et faire prendre conscience aux politiques de l’intérêt stratégique de favoriser la production américaine (site de Mountain Pass en Californie, fermé en 2002), via des aides financières et des dispositions législatives favorables, en termes de niveaux de pollution autorisés14.

Le débat dans l’opinion publique américaine

Depuis un an, les Etats-Unis ont pris conscience de la dimension stratégique des terres rares. De nombreux arguments d’économistes ou de géopolitologues peuvent ainsi être relevés, de manière non-exhaustive, afin de témoigner de l’ampleur qu’a prise la question des terres rares dans le débat américain.

Par exemple, en septembre 2009, John Lee, chercheur à l’Hudson Institute, avait souligné la maîtrise chinoise en matière de terres rares et l’impossibilité de considérer la Chine comme un partenaire commercial de confiance15. Remarquant que le prix du travail, l’absence de réglementation environnementale et de standards de qualité peu capricieux permettaient à la Chine de produire des métaux rares à un prix dérisoire, chassant du marché ses compétiteurs en une quinzaine d’années.

Au contraire, Elisabeth C. Economy, analyste du Council au Foreign Relations, tentait de relativiser la menace pour l’Amérique et de ne pas accuser outrancièrement la Chine, qui chercherait avant tout à garantir son approvisionnement pour le futur : « Il est estimé que s’ils n’agissent pas, la Chine n’aura plus de ressources en terres rares d’ici vingt ans »16.

La Chine

Point de situation

La Chine est aujourd’hui le premier producteur de métaux rares. Une part importante de la production dans le monde provient de Chine (antimoine, fluorine, gallium, germanium, graphite, indium, magnésium, terres rares, tungstène).

Plus particulièrement dans le cas des terres rares, malgré d’importantes réserves dans d’autres pays (Australie, États-Unis, Brésil, Russie, Canada, Inde, Viêtnam, …). Les mines chinoises fournissent 97% de ces 17 minéraux stratégiques, et la Chine contrôle actuellement 95% du commerce mondial de ces métaux, soit une production de 120.000 tonnes par an.

13

The Principal Rare Earth Elements Deposits of the United States—A Summary of Domestic Deposits and a Global

Perspective. By Keith R. Long, Bradley S. Van Gosen, Nora K. Foley, and Daniel Cordier 14

http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article3750 15

China’s Ring of Power, John Lee, Sept. 9, 2009, Foreignpolicy.com. 16

China and Rare Earths Metals: The good, the bad and the not as ugly as it seems, Elisabeth C. Economy, Oct 23, 2010,

cfr.org.

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Figure 16 - Répartition de la production mondiale en terres rares.

Les gisements de terres rares sont concentrés dans les provinces de Guangdong et de Jiangxi ainsi qu’en Mongolie-Intérieure. La Mongolie intérieure produit 50 000 tonnes métriques de terres rares, chaque année dont 6 % est exporté.

Au cours des quinze dernières années, l’Occident a fermé tous ses sites de raffinement des terres rares. Le marché mondial, estimé à 1,4 milliard de dollars par an, encore très restreint, est cependant en forte croissance et qui devrait peser 3 milliards en 2015 a été cédé à la Chine, pour des nombreuses raisons (économiques, salariales, environnementales, etc.).

En effet, les besoins liés aux secteurs gourmands en terres rares restent considérables. Pour les voitures hybride et électrique par exemple, Toyota prévoit de doubler sa production de Prius à 2 millions d'unités par an ; BYD, un concurrent chinois qui produit 800 000 unités par an, ambitionne de dépasser le constructeur Japonais d'ici à 2025...

Dans les autres secteurs - lampes basse consommation, écrans plats, industries high tech du verre, industrie pétrochimique, énergies solaire et éolienne - la demande décolle également.

La demande actuelle encourage la Chine à maintenir sa situation de quasi-monopole, mais aussi à commencer à réduire de 5 % à 10 % ses exportations de terres rares dès 2006 afin de garantir à ses industriels un approvisionnement régulier de ces métaux stratégiques.

En septembre 2010, un incident diplomatique entre la Chine et le Japon portant sur l'arraisonnement d'un bateau de pêche chinois avait rapidement dérapé sur le sujet des terres rares, Tokyo accUSAnt Pékin d'avoir décrété un embargo sur ses exportations de terres rares.

Il existe actuellement 73 entreprises d’exploitations minières et le gouvernement souhaiterait que ce nombre passe à 20. L’objectif est de pouvoir contrôler la production de métaux rares et l’exportation de métaux rares (éviter que des petites entreprises chinoises ne parasitent la politique du gouvernement en acceptant d’exporter à bas prix).

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Stratégie de puissance

Compte tenu de l’appauvrissement de ses réserves de métaux rares, notamment à cause d’une demande mondiale toujours croissante (le Japon à lui seul consomme 28 000 tonnes de ses métaux par an), la Chine a décidé de limiter ses exportations de métaux rares en imposant des quotas, de manière à satisfaire, en priorité, sa demande intérieure qui connaît elle aussi une forte croissance.

Pour limiter ses capacités d’exportation et pour décourager la demande extérieure, la Chine a pris les mesures suivantes :

123 mines de métaux rares sont aujourd’hui exploitées en Chine et le gouvernement a décidé faire passer ce nombre à 10 mines ;

La Chine cherche à se constituer un stock important de métaux rares. BAOTOU RARE EARTH, l’une des principales entreprises exploitantes chinoises a ainsi créé six sites stockant de 5 000 à 6 000 tonnes de métaux rares (BAOTOU RARE EARTH produit 55 000 tonnes annuellement ce qui représente 44% de la production mondiale).

L’objectif affiché par la Chine est de se constituer dans les années qui viennent une réserve de métaux rares de 300 000 tonnes.

Des droits de douanes ont été mis en place pour décourager l’exportation (allant jusqu’à 25%) ;

Des quotas ont également été mis en place pour limiter l’exportation (en 2009, la Chine n’a exporté que 25% de sa production annuelle, soit 22 500 tonnes). Ces derniers devraient encore se restreindre d’ici 2011.

Notons que les deux dernières mesures ne constituent pas une entorse à la réglementation du commerce internationale édictée par l’OMC (dont la Chine est membre depuis le 11/12/2001). Effectivement les barrières non tarifaires et tarifaires, considérées en temps normal comme une forme de protectionnisme, sont applicables dans le cas des ressources épuisables.

La Chine mène également une politique de croissance de ses réserves externes.

Effectivement, de plus en plus d’entreprises chinoises tentent de prendre le contrôle de groupes miniers étrangers, notamment d’origine australienne et ont signé des contrats importants avec la République Démocratique du Congo.

Cependant, la politique menée sur les métaux rares risque de limiter l’offre alors que parallèlement, la demande explosera, ce qui se traduira bien évidemment par une envolée impressionnante des cours. Cela risque d’être en partie préjudiciable aux Chinois puisque ces derniers fondent leur avantage concurrentiel sur les prix bas.

Néanmoins, les politiques menées par la Chine pour limiter ses exportations de métaux rares semblent cacher une autre stratégie :

Laisser s’envoler les cours et laisser les autres réserves mondiales s’épuiser puis s’imposer comme le fournisseur numéro un de ces matières premières ce qui lui permettrai de vendre à terme ces dernières à prix d’or.

Via la politique de satisfaction en priorité de la demande intérieure, la Chine peut inciter les entreprises étrangères fortes consommatrices de ces métaux rares à venir s’implanter sur son territoire. Rappelons que la majorité des entreprises, dont la production dépend des métaux rares, sont majoritairement des entreprises spécialisées dans les hautes technologies. Cela pourrait donc faciliter et accélérer le transfert de technologies des entreprises étrangères vers les entreprises chinoises.

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Ainsi d’une stratégie de monopole, la Chine souhaite mettre en place à terme une stratégie d’étranglement grâce à la présence de ces industries tout au long de la chaine de production: de l’extraction à la distribution des technologies, en passant par la transformation et la fabrication.

La Chine et les autres acteurs militaires asiatiques

Les métaux rares ont un vaste champ d’application dans le domaine militaire, des réacteurs nucléaires, en passant par les alliages résistants aux hautes températures (tuyères, tètes de missiles), ou encore la spectroscopie (appareils de vision nocturnes, furtivité radar) et les différents types de munitions (bombes aux graphites, munitions hautement pénétrantes).

La Chine se trouvant actuellement dans une phase de fort développement et de modernisation de son armée, elle a évidemment un besoin grandissant en métaux rares. Ceux-ci se trouvent être à sa disposition puisque les terres rares sont fournies massivement sur le marché mondial par la Chine. Ce besoin interne n’est pas sans provoquer des frictions dans les complexes militaro-industriels occidentaux qui en ont également besoin.

Les industries militaires occidentales étant les principaux fournisseurs de matériel militaire de haute technologie auprès des armées asiatiques, ces dernières se retrouvent donc directement impactées par les restrictions d’exportation de la Chine, malgré la proximité géographique de celle-ci. La seule exception notable étant le Japon qui détient sa propre industrie autonome technologiquement mais dépendante en matières premières.

Japon

Point de situation

De par la pauvreté de ses sols et sa spécialisation dans l’industrie de haute technologie, le Japon est un pays fortement demandeur de métaux rares. Il consomme avec la Corée 1/5ème de la production mondiale.

Directement touché par les quotas d’exportations chinois, notamment à cause du différend diplomatique entre les deux pays suite à l’arraisonnement d’un navire de pêche chinois par la marine japonaise début septembre 2010, le Japon cherche aujourd’hui à diversifier ses sources d’approvisionnement.

Stratégie de puissance

Que ce soit le lithium pour les batteries, le néodyme pour les aimants des éoliennes ou encore l'indium pour les panneaux solaires, l'utilisation des métaux et terres rares se fait grandissante avec le développement des nouvelles technologies. Même si ces matériaux sont présents sur l'ensemble du globe, leur extraction n'est économiquement viable que dans un nombre limité de pays. La maitrise des filières d'approvisionnement est donc devenue un enjeu majeur pour les pays développés et en voie de développement.

Le Japon a élaboré depuis plusieurs années une stratégie pour sécuriser son approvisionnement en matières premières devenues indispensables au développement de son industrie. Elle se décline en quatre axes : la sécurisation de l'importation des ressources, le recyclage, le développement de matériaux de remplacement, et la constitution de réserves stratégiques.

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Le gouvernement japonais cherche avant tout à diversifier ses fournisseurs. Actuellement, la Chine, bien qu'elle ne détienne qu'un tiers des ressources mondiales, représente 95% du marché des terres rares. Cette situation rend les pays importateurs dépendants des caprices de l'empire du milieu qui a décidé récemment de limiter ses exportations, réservant ses ressources aux entreprises présentes sur son sol. Le Japon se tourne donc vers d'autres pays, à qui il peut offrir son savoir-faire technologique et écologique pour la construction d'infrastructures minières. L'archipel a ainsi signé un partenariat avec le Vietnam en 2009. Cependant, même si le Japon pouvait importer l'intégralité des réserves de ce pays, seul le quart de ses besoins seraient satisfaits. Il a donc chargé des organismes tels que la JOGMEC (Japan Oil, Gas and Metals National Corporation) de prospecter de nouvelles voies d'importation de manière à diversifier l'origine de ses approvisionnements. Il pourrait également mettre en valeur ses fonds sous-marins, tels ceux situés dans sa zone économique exclusive en Mer de Chine Orientale et dans l'Océan Pacifique. Cette zone est cependant contestée par ses voisins.

Afin de garantir leur bon approvisionnement le Japon prospecte auprès des pays dont les sols sont riches en métaux rares notamment, comme le Viêtnam, l’Inde et également l’Indonésie. Ils usent également de moyens diplomatiques importants. Par exemple, les Japonais ont consenti à apporter leur soutien logistique, technologique et financier pour le développement du nucléaire civil indien en échange d’un approvisionnement continu en métaux rares.

Mais c'est surtout sur le thème de l'approvisionnement que la diplomatie nippone a porté ses fruits. En effet, le Premier Ministre japonais Kan Naoto a signé un accord avec son homologue Nguyen Tan Dung lors de son déplacement fin octobre 2010 au Vietnam. L'accord officialise la collaboration l'extraction de terres rares dans le nord du pays, deuxième fournisseur du Japon (6%) derrière la Chine (93%). Des discussions avec une délégation vietnamienne sont en cours pour étendre cette collaboration à une mine située dans le sud. D'autre part, la compagnie japonaise Sojitz a annoncé avoir signé un accord avec la compagnie minière australienne Lynas Corp. concernant la fourniture prioritaire de 9.000 tonnes de terres rares par an, dans le cadre du projet de développement du Mont Weld, en Australie de l'Ouest. Enfin, le Président mongol Tsakhia Elbegdorj a appelé, lors d'un forum à Tokyo sur le commerce entre le Japon et la Mongolie, à un renforcement de la collaboration entre les deux pays. Il a notamment demandé aux compagnies japonaises de participer à un développement commun de l'extraction des terres rares dans son pays.

La Maison de commerce japonais Toyota Tsusho a conclu un accord stratégique avec l'Inde pour sécuriser des terres rares, les minéraux essentiels pour les marchandises de haute technologie d'ordinateurs aux voitures électriques, dans un mouvement qui aidera à réduire sa dépendance sur la Chine, le principal producteur au monde.

Toyota Tsusho, qui appartient en partie par Toyota Motors, a déclaré qu'il avait conclu une entente de terres rares avec les Indiens, permettant de construire une usine dans l'est de l'état d'Orissa qui devrait assurer au Japon environ 3 000 à 4 000 tonnes par an d'ici 2012.

En novembre, le plus gros importateur du Japon, de terres rares, Sojitz a initié un groupe «d’alliance stratégique » avec Lynas, une entreprise australienne pour sécuriser les 9 000 tonnes de terres rares par an au cours des 10 prochaines années.

Colorado Moly Corp. a signé un contrat afin de vendre des terres rares à Mitsubishi Corp., et a été en pourparlers avec Sumitomo Corp., plus gros importateur du Japon, pour investir dans la production aux États-Unis.

L'accord fait suite à un précédent accord signé en octobre entre New Delhi et à Tokyo, de collaborer à l'élaboration et à la réutilisation des matériaux rares au sein de l'Inde. Les

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décideurs à New Delhi croient que l’assombrissement des relations commerciales entre le Japon et la Chine représentent une occasion pour l'Inde, de développer et d'accroître sa production de terres rares. Le pays, qui produit 2 700 tonnes de terres rares, espère tripler sa production d'ici 2012, selon R.N. Patra, Président de l'Indian Terres Rares, une unité de la Centrale Nucléaire de l'Inde Corp. L’usine d'indienne de Toyota Tsusho commencera à construire au début de l'année prochaine, extrait les terres rares par le traitement de l'uranium et le thorium au long des rives de la côte orientale de l'Inde. Par ailleurs, Toyota Tsusho élabore une mine de terres rares au Vietnam dans une coentreprise avec plus gros importateur du Japon, Sojitz de minéraux, qui devrait démarrer la production en 2013 et devrait pour produire des 7 000 tonnes de terres rares par an.

En matière de recherche, l'Organisation pour le Développement des Energies Nouvelles et des Technologies Industrielles (NEDO) a annoncé le 10 novembre que sera porté 12 milliards de yens, soit le double du budget révisé de l'année 2010, à la part consacrée à son « projet de développement de matériaux et remplacement des métaux rares »

Le blocage par la Chine de ses exportations au Japon de "terres rares", ces matériaux vitaux pour les industries de haute technologie, pousse Tokyo à redoubler d'efforts afin de trouver un moyen de les recycler pour assurer ses ressources.

Pour remédier à la situation, Tokyo a fait appel à ses scientifiques et a des chercheurs de l'Institut des Sciences Industrielles de l'université de Tokyo qui ont trouvé un procédé permettant de recycler une terre rare dite "néodyme", contenue dans des aimants utilisés dans des moteurs de voitures hybrides et dans des disques durs. Jusqu'à présent, les aimants étaient jetés une fois que l'appareil n'était plus opérationnel, et le néodyme était perdu. Les chercheurs ont trouvé un moyen pour extraire jusqu'à 80% du métal précieux par un procédé utilisant de hautes températures.

Toshiba a développé une nouvelle méthode d'extraction de terres et métaux rares à partir d'un rejet liquide issu de l'extraction de l'uranium. La compagnie va tester son procédé dans une mine située au Kazakhstan, en partenariat avec la compagnie nationale kazakhe Kazatomprom et l'Organisation du Pétrole, du Gaz Naturel et des Ressources Minérales Métalliques.

Cette annonce montre la détermination des acteurs japonais de différents secteurs de réduire leur dépendance aux importations de ces précieux métaux. Car même si le 24 novembre, la Chine (qui représente 95% de la production mondiale) a de nouveau autorisé leur exportation vers le Japon (elle avait été suspendue en septembre à la suite d'un conflit territorial autour des îles Senkaku), celui-ci n'est pas à l'abri d'une nouvelle crise qui entraverait le développement de son industrie très consommatrice de ces éléments.

Mais si le recyclage permet en partie de s'affranchir de la dépendance vis-à-vis des pays exportateurs de métaux et terres rares, développer des solutions techniques alternatives qui n'utilisent pas ou peu de ces matériaux est un moyen tout aussi efficace.

Corée du Sud

Généralités

Au même titre que le Japon, la Corée du Sud, de par sa spécialisation internationale et le développement de son industrie éolienne, est un gros consommateur de métaux rares.

Néanmoins, la Corée du Sud ne possède aucune réserve naturelle de métaux rares sur son territoire.

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La Corée Du Sud ne possède aucune entreprise d’extraction de métaux rares. Néanmoins, certaines entreprises coréennes prennent des participations dans des entreprises chinoises spécialisées dans les métaux rares. C’est le cas de POSCO (entreprise coréenne spécialisée dans l’extraction de l’acier) et de KOREA RESSOURCES CORP qui ont pris le contrôle de YONGXIN RARE METAL CO à hauteur de 60%.

Stratégie de puissance

Au travers des fusions-acquisitions d’entreprises chinoises par les entreprises coréennes, la Corée du Sud a trouvé le moyen de contourner les politiques de restriction chinoises.

Bien que la seule possession de YONGXIN RARE METAL ne permette pas de satisfaire entièrement sa demande intérieure, cela peut marquer le début d’une stratégie au sujet des métaux rares menée par la Corée Du Sud.

L’autre éventualité souvent évoquée est la constitution de stocks stratégiques de métaux rares afin d’assurer la pérennité d’approvisionnement dans ces ressources. Encore faut-il trouver les fournisseurs acceptant de constituer ces stocks.

Le recyclage est une des voies alternatives pour moins dépendre des approvisionnements chinois.

L’industrie de récupération et de recyclage des terres rares n’est pratiquement pas mise en place mais commence à évoluer.

La Corée du Sud suit de près l’exemple japonais à investir massivement dans le développement de système de recyclage, afin de mettre en place à des moyens de substitutions et ainsi assurer son auto-approvisionnement.

Europe

Point de situation

Comme nous l’avons vu au premier chapitre, l'Europe est dans une position particulièrement vulnérable :

Dépendance très forte de l’Europe : l'Europe est fortement dépendante des importations pour la majorité des MPMC qui sont de plus en plus touchés par la pression de la demande croissante des économies émergentes et par un nombre croissant de mesures de politique nationale qui perturbent le fonctionnement normal des marchés mondiaux ;

Concentration géographiques des zones de production : Les MPMC sont concentrés dans un petit nombre de pays, par exemple, plus de 90 % des terres rares et l'antimoine et plus de 75 % de germanium et de tungstène sont produites en Chine, ou 90 % de niobium au Brésil et 77 % du platine en Afrique du Sud ;

L’interdépendance des MPMC : les métaux de haute technologie sont souvent les sous-produits de l'extraction et de traitement des principaux métaux industriels, tels que le cuivre, le zinc et d'aluminium, ce qui signifie que leur disponibilité est largement déterminée par la disponibilité du produit principal ;

Difficultés d’exploitation : en raison de sa faible élasticité (p. ex. il faut 9 à 25 ans pour développer un grand projet de cuivre), la production des mines ne peuvent pas s'adapter rapidement pour répondre aux changements structurels dans le modèle de la demande.

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Cela accroît le risque de l'occurrence de crises, comme la ruée de tantale en 2000 en raison de l'essor des téléphones mobiles.

Il apparaît aujourd’hui crucial d’élaborer une stratégie commune qui puisse être mise en œuvre de manière ferme dans l’ensemble de l’Union Européenne.

L’Europe doit s’attacher à réduire sa dépendance actuelle à l’égard des MPMC grâce au développement de substituts artificiels et à l’accroissement de l’efficacité de l’utilisation des matières premiers au moyen de l’innovation chimique et technologique.

Stratégie et communication européenne

Face à l’augmentation permanente de la demande intérieure et mondiale en matière de produits technologiques et la prise de conscience des risques liés à la dépendance actuelle de l’UE aux MPMC, une initiative «Matières Premières » a été initiée en 2008.

Dans le cadre de cette initiative plusieurs groupes de travail ont été constitués, dont une commission ad-hoc chargés de déterminer la liste des 14 MPMC. Dans la conclusion du rapport publié en Juin 2010 par cette commission, les guidelines de la future stratégie européenne sont indiquées :

Un monitoring précis des données relatives aux MPMC afin de réévaluer régulièrement leur niveau de criticité ;

La mise en place de mesures politiques permettant l’amélioration des accès aux MPMC ;

Des recherches technologiques en vue d’accroître l’efficacité de recyclage des MPMC ;

Le développement de la Recherche & Développement sur les produits de substitution des MPMC ;

Le développement des techniques permettant d’accroître l’efficience d’utilisation des MPMC dans leurs diverses applications.

Allemagne

Point de situation

En tant que première puissance économique de l'Union européenne et quatrième mondiale depuis 2008 (derrière les États-Unis, le Japon, et la Chine), de très nombreux secteurs de l’économie allemande sont concernés par les matières premières critiques. La construction automobile, les télécommunications (produits de NTIC), la sidérurgie, l’industrie pharmaceutique, etc., l’Allemagne a énormément basé son industrie sur des produits requérant l’utilisation de matières premières minérales critiques. Elle est donc complètement dépendante de ces matières premières.

Les matières premières critiques sont présents dans tous les secteurs de l’économie allemande, que ce soit en terme de matériaux de construction (Bauer, Bilfinger Berger, Hochtief, etc.), de la construction mécanique (GEA Group), automobile (Audi, BMW, Mercedes-Benz, Opel, Porsche, Volkswagen pour ne citer que les plus gros), électronique (Bosch, Loewe, Miele, Sennheiser, Siemens, etc.), aéronautique (Dornier Flugzeugwerke, EADS, etc.), ou chimique/pharmaceutique (B. Braun, BASF, Bayer, Boehringer-Ingelheim, Henkel, UHU, etc.).

Il faut compter en plus de ces grandes entreprises allemandes l’ensemble des PME, qui constituent la vraie force de l’économie allemande.

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Comme une bonne représentation du tissu économique allemand, les sociétés minières de matières premières critiques en Allemagne sont à l’échelle des ressources nationales : petites.

Aura Metallurgie GmbH Gesellschaft für Elektometallurgie mbH Nickelhütte Aue GmbH

L’Allemagne est un pays riche en matériaux de construction, en minéraux industriels, en sels minéraux, en sel de potassium et en lignite. Cependant, l’Allemagne dépend, des importations à un très haut degré pour son énergie et même à 100% pour les matières premières métalliques. L’approvisionnement en matières premières est le talon d’Achille de son économie, notamment à l’égard des technologies clés et de pointe. Avec le progrès – surtout dans les domaines des énergies renouvelables et de l’électromobilité – il faut s’attendre dans les années à venir à une constante augmentation des besoins en matières premières métalliques et, plus particulièrement, dans celles qui sont indispensables aux applications de pointe, telles que terres rares, lithium, tantale, indium, germanium, etc.

Cette situation peut perturber, à moyen terme, l’accès aux matières premières des entreprises allemandes comme de celles du reste de l’Europe. La grande majorité des experts estime qu’il ne sera pas possible de couvrir dans un avenir prévisible l’ensemble de la demande avec des matériaux de recyclage. Dans l’industrie de transformation des matières premières, l’idée que des marchés frappés de pénurie peuvent contrarier la production et faire obstacle à l’innovation est de plus en plus répandue. La hausse des prix des matières premières et les problèmes que pose leur accessibilité exigent donc une action politique concrète.

Actuellement, la consommation de matières premières primaires en Allemagne recule d’une part grâce au recyclage et aux efforts de la R&D pour mettre au point des méthodes de substitution et d’amélioration de l’efficience des matériaux.

Stratégie

Une stratégie sur les matières premières, a été élaborée en 2007, par le gouvernement allemand, sous la responsabilité du ministère fédéral de l’économie, et après un intense dialogue entre le monde économique et politique. Cette stratégie s’accorde sur la stratégie de l’Union Européenne.

Ainsi, la première réponse de cette stratégie est la formation d’un comité interministériel «Matières Premières». En parallèle, l’UE devrait présenter, avant la fin de 2010, ses conclusions et recommandations dans une nouvelle communication. C’est dans ce cadre que le ministre de l’Economie, Rainer Brüderle, a inauguré le 4 octobre 2010 l’Agence allemande des matières premières, rattachée à l’Office fédéral des géosciences et des ressources naturelles (BGR : Bundesanstalt für Geowissenschaften und Rohstoffe). Cette agence sert d’interface ainsi que de centre d’information et de conseil pour le monde économique et politique.

Le but du comité interministériel est d’assurer l’accès aux matières premières sans discrimination sur le marché mondial – en faisant surtout appel à des mesures ressortant de la politique commerciale et de celle de la concurrence – et d’accroitre ainsi la part des fournisseurs européens, en effet, en Allemagne, il est conforme aux principes fondamentaux que l’économie assure elle-même son approvisionnement en matières premières. ; l’Etat allemand, en principe, se limite à définir les cadres politique, juridique et institutionnel qui permettent que cela se fasse dans des conditions internationalement compétitives.

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Le principe de cette stratégie est également de coopérer avec des pays tiers riches en matières premières – essentiellement des pays en développement – afin de les aider à exploiter durablement leur potentiel et à s’intégrer aux marchés internationaux des matières premières.

En plus, l’Agence servira de conseil économique des secteurs public comme privé concernant toutes les questions techniques sur les métaux, les minéraux industriels, les roches et la terre ainsi que les agents énergétiques primaires.

Sur le fond, l’agence consacre l’essentiel de ses efforts à l’évaluation des ressources mondiales de matières premières et à la sécurité des approvisionnements allemands. Ses autres sujets d’intérêt sont les nouveaux potentiels des matières premières ainsi que leur exploitation efficace et durable.

L’agence pose sa stratégie sur une organisation à cinq modules :

Un système d’information sur les matières premières : dans la compétition internationale qui fait rage sur ces marchés, l’information est un bien précieux qui améliore leur transparence et permet de prendre des décisions matériellement fondées en faveur de la sécurité des approvisionnements.

L’agence est exclusivement au service de l’économie allemande : L’agence allemande est en situation favorable, puisqu’elle peut utiliser tout à la fois le savoir-faire du BGR et son expérience des pays en matière de conseil direct aux entreprises. Les évaluations personnalisées de la situation du marché des matières premières, l’analyse des risques d’acquisition en fonction des produits et l’accompagnement des mesures visant la sécurité et la diversification des matières premières offrent aux entreprises «clientes» la chance de se positionner individuellement face au marché et de s’engager de façon ciblée dans des projets liés aux matières premières. L’agence a particulièrement pour ambition d’aider les petites et moyennes entreprises (PME).

Un appui technique aux programmes du gouvernement : L’agence veut offrir un accompagnement d’expertise aux instruments de promotion actuels et futurs du gouvernement visant la prospection et l’extraction, l’utilisation rationnelle des matières premières et du matériel, etc. Le gouvernement fédéral soutient à l’étranger certains projets concernant les matières premières à l’aide de garanties d’investissement, destinées en particulier à des crédits non affectés.

Des travaux exploratoires et des projets impliquant l’industrie : Les travaux de recherche et de développement (R&D) portant sur la prospection de gisements, l’exploration marine et l’industrie minière et des matières premières sont une longue tradition au BGR. On compte leur consacrer davantage d’efforts que par le passé dans le cadre de l’Agence des matières premières, avec comme sujets d’intérêt prioritaires :

o les ressources océaniques en matières premières o les concepts innovants portant sur l’exploitation de gisements et les sources

d’énergie non conventionnelles

Une coopération avec les pays producteurs : il s’agit principalement de créer des partenariats en matières premières avec un certain nombre de pays – principalement les pays en développement et les pays émergents –. L’organisation commune de projets phares en lien étroit avec la coopération au développement ouvrira des perspectives intéressantes à la fois pour l’intégration des pays concernés aux marchés internationaux des matières premières et pour la durabilité des activités minières. Le but est d’assurer une situation où tout le monde est gagnant. Le fil rouge des projets communs, auxquels il convient aussi d’associer l’économie, est le développement durable.

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Prospective

Nouvelles technologies demandant nouvelles MPMC

Les états, les industriels et les constructeurs cherchent des solutions.

Pour exemple, les besoins en Lithium ou Nickel des véhicules hybrides et électriques sont capitaux et indispensables pour leur développement.

Les métaux rares sont stratégiques à la conception et à la fabrication des batteries nouvelles générations tant ventées par les constructeurs. C’est d’ailleurs le point faible dont la R&D devra être convaincante pour « booster » l’autonomie des voitures électrique. D’après le centre de recherche de SAFT–ABB (GV commune en R&D) ces terres rares viendront à manquer d’ici 2013 sans intervention française ou européen. BASF et Sion Power s’associent pour développer des batteries lithium-soufre pour des voitures hybrides et électriques. Le principal avantage de cette technologie provient de sa capacité à augmenter l'autonomie des véhicules concernés.

Ce sont des ressources naturelles rares et localisées dans certaines régions très éloignées du monde. Nous nous interrogeons donc souvent sur la pérennité de ces technologies. Mais on oublie en revanche d’autres métaux, tout aussi essentiels pour ces véhicules truffés de technologies et tout aussi rares.

Et en plus d’être rares, ces éléments sont principalement localisés en Chine. On estime que le pays regroupe plus de 95% des ressources mondiales. Récemment, le gouvernement chinois a interdit l’exportation de certains « terres rares » et a restreint le volume annuel exporté.

Selon certaines sources concordantes, les constructeurs Japonais auraient alors intensifié leurs démarches auprès d’autres fournisseurs secondaires, canadiens et vietnamiens. Mais de toute évidence un problème d’approvisionnement teinté de démêlés géopolitiques se profile, avec une échéance bien plus proche que celle de la pénurie de Lithium tant annoncée.

17

Figure 17 - Ruée vers les terres rares18

17

Source : Article de Benoît Solivellas du 01/09/2009 (http://www.cartech.fr/news/penurie-terre-rare-automobile-hybride-39705564.htm) 18

Source : Article de Jérémie Marais du 18/11/2010 (http://www.agefi.fr/articles/Ruee-terres-rares-1157919.html)

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Ces « terres rares » ne sont pas utilisés que dans l’automobile, on les retrouve dans de nombreuses autres applications : ampoules basse consommation ou turbine électrique par exemple. Mais la concentration de ces métaux dans une voiture hybride comme la Toyota Prius en fait, selon Jack Liftons, consultant en métaux rares, le produit de consommation courante qui en utilise le plus.

“La Chine comprend 95 % de la production globale et environ 60 % de la consommation des terres rares, qui inclut de tels minerais, comme le dysprosium, terbium, thulium, lutécium et yttrium, selon l'enquête géologique de l’USGS. La Chine fournit plus de 90 % des matières employées par industrie des USA » ont indiqué Wang Caifeng à la conférence 2009 des mentaux rares et de terres rares, Pékin, Chine, 23 septembre 2009.

Technologies issues de l’industrie spatiale vieillissante

Véritable élément de progrès de diffusion technologique les MPMC sont intégrés dans les besoins de l’industrie et des Etats consommateurs. Ainsi les technologies issues de l’aéronautique des années 1960 sont transférées vers des applications de bien être ou des problématiques mondiales (gaz a effets de serre, réduction massique des véhicules, etc…).

Figure 18 - Technologies vieillissantes des MPMC.

Cependant, leurs crises répétées des MPMC révéleront qu’elles s’intègrent dans de nouveaux défis technologique pouvant déboucher sur de la dématérialisation des matières (exemple tubes nano-carbone).

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Technologies innovantes

Le développement technologique mondial s’est construit de tout temps avec l’émergence de nouvelle technologie associée à des transferts plus ou moins diffus, dans le domaine du charbon, de l’acier, de la vapeur, de l’électricité et du nucléaire.

Figure 19 – Exemples de biens de grande consommation utilisant des MPMC.

Il s’en crée chaque jour et aujourd’hui plus de 18.000 désignations sont connues et brevetés au niveau de l’Europe19. Issu de produits historiques (le fer, l’aluminium, le manganèse, le zinc) à base d’acier ils subissent sous l’effet de la « Coopetition » de nombreuses innovations.

Au XX° siècle et en ce début de XXI° siècle, les recherches et les innovations donnent des avantages concurrentiels certains aux acteurs qui les maitrisent.

Issue de l’industrie Aéronautique/Spatiale puis décliné au secteur de l’Automobile/ Transport pour ensuite s’étendre en masse au secteur de bien de grande consommation (NTIC, Produit Brun, domotique, etc..) les matériaux « métalliques » sont en phase de bouleverser le quotidien des pays les plus riches.

Figure 20 - Transfert technologique et innovation.

Produit géologique issus de la terre par extraction, les matériaux sont combinés pour donner des caractéristiques (Physique, chimique, mécanique, sensoriel, etc…) recherchées pour des technologies High-tech (Innovantes, composite et hybride) répondant a des besoins de l’industrie.

19

http://www.europa.eu

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Figure 21 - Evolution de la demande suivant le PNB.20

D’abord utilisés en aéronautique pour quelques Happy-few, ils passent directement dans l’automobile puis dans les biens de consommation de la vie courante avec une baisse des prix a chaque stade sous l’effet de la « masse-consommation ».

Figure 22 - Prospective de crises potentielles a court, moyen et long termes.21

Employés pour des pièces simples dans le blindage des aciers ou les combustible, ils deviennent par assemblage physique ou mécanique des matériaux intelligent et innovants aussi bien que dans la conception les écrans plats, des téléphones portables ou par exemple des ampoules LED. Les sociologues les nomment par ailleurs les « friendly products » car jouant un rôle dans la maitrise des enjeux mondiaux (réchauffement climatiques, etc..).

20

Source : BRGM 21

BRGM – C. Hocquard 2004

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Figure 23 - Pièces basiques / Produits intelligents et « cooresponsables ».

Les nouveaux matériaux combineront légèreté et solidité comme les composite MMC (Métaux à Matrice Composite) utilisés dans la conception de l’Airbus A380 ou le futur Boeing Dreamliner contenant plus de 80 % de MMC au détriment de l’Aluminium et les composites classiques.

Les céramiques, aussi combinées à des métaux rares, excellent dans les nouveaux matériaux nommés les Céramiques à Composite Métallique (CMC – Composite Metallic Ceramics) pour des engins spatiaux (résistance thermique élevée pour les rentrées atmosphériques).

De nouvelles utilisations sont nées des laboratoires comme les nanotechnologies hybrides utilisant les métaux rares ou les métaux sensoriels faisant appel au toucher, à l’aspect de surface, la transparence ou même d’effacement de matière.

Ainsi les nanotubes de carbone hybrides (Carbone , Rhénium Tellures) sont incorporés et le seront de plus en plus aux alliages métallique pour donner naissance a des revêtement carbone transparent, ultra léger ,1000 fois plus résistant a l’acier mais surtout malléable a toute sorte de forme et moule pouvant par exemple servir de combinaison blindée transparente.

Historiquement, produit peu élaboré à base d’acier (fer + carbone) les avancées technologiques sont associées au transport (automobile, train, aviation) et au bien être des consommateurs américains, Japonais et européens.

Ainsi de la R&D, sont issues les processus d’industrialisation et la consommation jusqu'à l’hyperconsommation des produits issues de cette phase. Mais ils dépendent aussi de l’état de l’art (sécurité, coûts, gestion environnementale) en matière d’extraction géologique et minière.

En effet, les crises passées et les mannes financière dérivées de la flambés des prix (retombées directes des investissements) orientent les acteurs de l’extraction et de la production.

Figure 24 - ONERA: Feuille transparente composée de nano-tubes de carbone.

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A ce titre Plusieurs « ancienne mines » redémarrent dans le monde du fait de la crise de juillet 2010.

A ce titre, l’exemple des Terres Rares est éloquent :

Figure 25 - Processus de production des Terres Rares

Analyse PESTE des technologies-produit familles

Politique :

Les conséquences politiques de l’offre et de la demande des chinois (globalement les « BRIC »), des pays de l’ASEAN constituent une donnée majeure de la politique des gouvernements. Le rôle essentiel des métaux rares dans le développement mondiale est une donnée clé pour la domination technologie et financière du XXI° siècle de certains états comme la Chine ou la Corée du sud. La production et le circuit de distribution montrent plusieurs menaces et surtout un déséquilibre pour l’indépendance pour l’Union Européenne, le Japon, les USA et le Brésil.

Dans cette guerre « asymétrique » des matières premières minérales, les déséquilibres entre l’offre et la demande et les contraintes environnementales pèsent sur les dirigeants mondiaux.

De ce fait, les métaux high-tech deviennent de plus en plus stratégiques pour les pays développés. C’est la raison pour laquelle une instance mondiale de gestion de ressources rares est fortement soutenue par les diplomaties occidentales et Japonaises.

Les crises de l’été 2010 entre le Japon et la Chine ou entre la Russie et le Danemark en Arctique révèlent qu’une infime partie de l’iceberg. Ils soulèvent des problèmes qui s’intensifieront dans les dix prochaines années. La présidence par la France du G20, sera d’ « impacte moindre sur le déséquilibre entre l’hyper puissance chinoise et les pays « use end » ».

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De fait, les contraintes environnementales impliqueront des politiques drastiques de réductions des addictions énergivores des pays développés. Les consommations d’hier et d’aujourd’hui en matériaux métalliques ne suffiront pas pour les besoins de demain. C’est pourquoi les politiques devront orienter leurs produits « vache à lait » vers non seulement une substitualitée des minéraux primaires tel que l’aluminium, le magnésium, et le Carbonne et les métaux rares en composites ou en alliages. Ils devront aussi mettre en place des règles pour chaque filière. Ainsi par exemple les alliages MPMC seront privilégiés plutôt pour des éléments d’hélicoptères que des écrans téléviseurs.

La miniaturisation des composants électronique et des composites hybrides devraient s’appuyer sur des politiques drastiques de recyclages à long terme ceci est d’autant plus vrai que l’avènement des nanotechnologies et des alliages risque de se disperser dans la nature.

Economique : De l’offre et de la demande des marches mondiaux

La mise en place de fonds mondiaux (ETF/ETC, LFE life stock exchange, outils de trading de certificats gage sur du métal) résume à elle seul l’aspect spéculatif et opportuniste des marchés sur cette ressource mondiale.

Ainsi, en quatre ans, les prix ont souvent été multiplié par 50 voir 60. Ce facteur spéculatif n’est pas anodin et le sera encore plus sur la détermination des prix sur ces marchés. Ainsi le platine et le palladium réunis ont une inflation de 90% sur 2 ans.

Ces métaux rares ou critiques sont au centre de spéculation physique (fermeture des exportations chinoise devenant nul pour 2013) mais aussi de spéculations financières (fonds spéculatifs). De plus, le mimétisme des acteurs du marché n’est pas sans conséquence de l’inflation économique, politique et technologique pour ces années futures.

Habitué à des crises récurrentes depuis plus de trente ans (crise du tantale en 2002) les nouveaux matériaux devront non seulement se concurrencer entre eux (titane et platine) mais aussi livrer une concurrence féroce avec les matériaux traditionnels comme l’aluminium, l’acier, le titane et le magnésium.

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Figure 26 - Tableau produits principaux et produits rares.22

L’aluminium comme l’acier et le magnésium ont vu leur prix baisser au cours des trente dernière années de croissance économique. Ils subissent de plein fouet la concurrence des métaux rares alliés à l’acier ou à l’aluminium.

Certains fournisseurs (aciéristes, fabricants ou producteurs d’aluminium) sont contraints à mettre au point des aciers spécifiques à chaque utilisation (l’automobile ou l’aéronautique). Pour exemple, le titane devrait se développer beaucoup plus qu’aujourd’hui du fait des nouveaux procédés d’extraction.

L’automobile mais surtout l’aéronautique devra trouver de nouveaux substitues aux métaux rares utilisés (cobalt, nikel, tantale, niobium, etc…) mais aussi les biens de grandes consommations tel que les écrans plats utilisant l’indium ou le germanium et galium.

De fait, les prix des métaux rares ne tiendront guère longtemps à « l’hyper compétition » actuelle sans l’ingéniosité des chercheurs des laboratoires qui combineront des « coopétitions » et des substitutions entre matériaux.

En conclusion, les métaux rares subissent et subiront des crises provoquées (par exemple par la Chine), structurelles (conso « masse » tion) et conjoncturelles (catastrophe naturelle). Nous devons nous y contraindre et nous y adapter.

Les industriels ou les états devront mettre en place des indicateurs avancés de crises potentiels (tableaux de bords interministériels, indicateurs avancés de la consommation des concurrents ou firmes, et surveillances drastique des stocks des intermédiaires).

La veille économique jouera un rôle important dans ce secteur afin de déterminer les signaux faibles des crises à venir. Plusieurs acteurs y travaillent comme l’USGS (aux USA) et le BRGM, très précurseur en France.

22

Source : C. Hocquart, BRGM

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Figure 27 - Modele de "Early Warning System" proposé par le BRGM.

"Assiste-t-on à la constitution d’une bulle" ?

Jack Lifton23

: Oui. Les fondamentaux du marché ne justifient pas les niveaux actuels des prix. L’offre et la demande sont faussées par des actions politiques. Les investisseurs, y compris des institutionnels, achètent des histoires. Il y a eu plus de 100 introductions en Bourse ces trois dernières années. Molycorp a une capitalisation de 3 milliards de dollars, ce niveau n’est pas soutenable. Le jour où Lynas commencera à produire, la bulle éclatera (cette entreprise australienne prévoit de le faire au troisième trimestre 2011, NDLR). Les prix des terres rares s’effondreront et toutes ces entreprises minières qui arrivent en ce moment sur le marché se rachèteront les unes les autres ou seront rachetées par des fabricants comme Hitachi ou General Electric, qui voudront sécuriser leur approvisionnement. Ces entreprises minières ne peuvent pas rester rentables, sauf dans les deux prochaines années. D’autant qu’elles produiront des terres rares légères, qui ont moins de valeur.

24

Sociétale

Les contraintes de développement économique (300 millions de pauvres en Chine ou en Inde), environnementales impliqueront de fait les états sous la double contrainte éthique et technologique. Non seulement ils devront les prendre en considération massivement tous ministères confondus mais orienteront leur politique territoriale future (investissement, urbanisme, transport et éducation).

Ainsi la réduction des GES (gaz à effet de serre) implique l’utilisation massive d’énergie alternative telle que l’énergie solaire photovoltaïque. Cette technologie verte est à base de silicium et de métaux rares (cadmium et de telmium) associé à l’aluminium, indium, celenium

23

Jack Lifton : Directeur de Technology Metals Research, société de conseil 24

Extrait interview par Jérémie Marais de Jack Lifton du 18/11/2010 (http://www.agefi.fr/articles/-Le-jour-Lynas-commencera-produire-bulle-eclatera-1157924.html)

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et galium) difficilement stockable en très grande quantité dû à la volatilité de leur prix et de la géolocalisation de production.

« Le coût globale en vaut-il la chandelle ? » proclame des ONG telles que T&E (Technology & Environnent).

La crise mondiale actuelle en Europe et aux USA sera déterminante pour toute une population qui est et sera obligatoirement hors circuit du marketing des grandes marques.

Comment, en période de pénurie énergétique électrique, certains media et l’ensemble des journalistes ne dénoncent pas cette illusion de voitures électriques ou d’énergies photovoltaïque dont l’emprunt carbone est bien supérieure à celles des services et produits traditionnels (énergie nucléaire et transports).

A l’avenir, certains faux pas des « Market Maker » (media, lobbying, agence de pub) se payeront au prix fort par les générations futures.

Technologique & Environnementale

Le « time to market » et la pénétration des produits dans les pays développés sont de plus en plus accélérer. Jamais autant de laboratoire (R&D et R&T) n’ont foisonne d’idée pour gagner cette course a l’hyper consommation. Serait-ce cette indépendance (scientifique, technologique) tant mise en œuvre par Charles de Gaulle dans les années 1950, ou une volonté addictive aux profits sous couvert d’innovations technologiques.

Le Japon s’est engagé dans cette voie des sa défaite contre les alliés mais n’a pas totalement réussi malgré son identité nationaliste exacerbe dans tous les domaines technologiques (Industrie financière, automobile, nucléaire, médicale, éducation). L’étude de la volonté et des ressorts nationaux nippons montre bien cette dualité dépassée aujourd’hui par des nouveaux entrants et le contexte international.

L’innovation engendre une génération de sacrifices (investissement étatique et privé, politique de natalité, emprunts d’état, etc..) avec l’incertitude de bénéficier des retombés. C’est ainsi que les retraites américains ayant investit leur retraite dans les fonds tel que TCL ou Enron l’ont appris a leur dépend. Ce sont aussi les fonds de pensions dans le cadre d’une rentabilité financière extrême de court terme demandant aux entreprises de rationaliser au maximum leurs processus de production par des plans sociaux multiples.

Une organisation « para-européen » ou « paraétatique » serait une réponse à la suprématie de certains laboratoires financer par des fonds belliqueux, ou appartenant à des agences para-étatiques ou à des actionnaires proche des gouvernants.

Du point de vue environnemental, les éléments ou les métaux rares seront décisifs aux innovations technologiques. Ainsi conformément au tableau ci-joint, les développements technologiques participent à tous les stades de l’éco-industrie. Ainsi l’utilisation des métaux rares combinés aux aciers traditionnels est une réponse concrète aux défis du réchauffement climatique (automobile, énergie solaire et éoliens, batterie, énergie fossile).

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Figure 28 - Migration technologie vieillisante vers technologie innovante.

Industries de niche et matériaux intelligents (smarts-materials) impliqueront une accélération des délocalisations des zones traditionnelles de « masse »productions (Europe, USA) vers les zones a faibles coût salariaux ; d’ou une désindustrialisation continue depuis 25 ans des pays développés. Véritable paradoxe cette désindustrialisation est bénéfique pour les laboratoires qui « regorgent » d’idées pour donner de la valeur ajouté à l’industrie « non- migratrice ».

L’autre bénéfice est la mise au point de certains centres de recherches de produits traditionnels mais devenu très élaborés (les composites a base de céramique CMC et de Terres Rares).

Quoi qu’il en soit, l’humanité devra composer avec la stratégie du coup le G2 (Chine-USA) pour équilibrer son équation avec la raréfaction des ressources, des besoins expansionnistes du marketing et avec le recyclage des matériaux.

Cela est et devrait être la préoccupation majeure de tout responsable ou gouvernant soucieux de l’avenir de millions voir de milliards de personnes.

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Conclusion

En réduisant ses exportations, la Chine exhortes les pays développés a des alternatives porteuses d’espoir pour les nations « used end ». Elle développe aussi les tensions intra et extra concurrence (au sens de la dynamique Porter) et alimente une bulle spéculative sur les marchées actions et obligataire.

Figure 29 - Investissements et innovations mondiaux dictés par la Chine.

Protectionnisme, vu du coté des importateurs et simples réajustements des quotas par les autorités chinoises, cette « real » diplomatie alimente les dépêches des agences de presse provoquant la hausse vertigineuse des cours.

« Les fondamentaux ne justifient en rien les cours sur les marches ainsi… » il est légitime de se poser cette question comme Jack Lifton, Directeur Metals Research, USA société de conseils.

Diversification et sécurité des approvisionnements (production et stockage), achats de couverture de risque, pilotage des déchets, substitutions sont ban des futures négociations mondiales et multilatérales.

Entendant les mesures européennes de la zone euro en décembre 2010, les spéculations vont encore alimenter cette bulle menaçant les pays développés.

Exploration (cas particuliers)

Lune

Nous assistons depuis quelques années à des déclarations de différentes nations sur la volonté de retourner sur la Lune. Ainsi les USA, la Chine, l'agence intergouvernementale ESA, le Japon et l'Inde ont depuis 2004 émis à plusieurs reprises l'idée de lancer ou relancer un programme de vols habités vers la Lune pour aboutir à une colonisation à plus long terme. Entre temps, des programmes de dépose de Rover et de rapatriement d'échantillons sont prévu.

RPC RUSSIE USA INDE

« Used End »

Market Maker

USAJapon

EU

NANO TechInteligent Products,

COMPOSITEALLIAGE, Dématérialisation.

Normes, lois, OMC, WEF,

G20; TT,ONG

?

Crise

Crise

元 CN.Y

PIB50 ans 30 ans 10 ans

ACCELATION DE L’INNOVATION & SUBSTITION TECHNOLOGIQUES

1 yuan = 0.150254 U.S. dollars

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En 2007, la Chine découvre un gaz rare l'hélium-3 qui est vu comme un élément majeur pour la solution de gaz à effets de serre en tant que combustible pour la fusion nucléaire dans des centrales de production d’énergie du type ITER. Nous voyons donc que la Lune commence à avoir un attrait commercial mais est-ce pour autant le début d’une course ?

Bien que dans le principe, une exploitation du sol lunaire pourrait justifier un retour sur investissement, il y a cependant d'énormes défis à relever tels que la colonisation (semi-permanente ou permanente), la détection, l'extraction et éventuellement la transformation et/ou le traitement sur place, et enfin le rapatriement des métaux rares intéressants.

D’après Carle Pieters, une scientifique au Department of Geological Sciences de la Brown University, et investigateur principal pour le projet Moon Mineralogy Mapper de la NASA, il est concevable qu’une exploitation minière sur la Lune soit possible des l’horizon 2030-2060. Et toujours selon elle, dans une interview donnée à space.com « Nous savons [d’après des échantillons lunaire] qu’il y a des concentrations locales de terres-rares sur la Lune » bien qu’il ne soit pas possible actuellement de le mesurer à distance. Reste à savoir en quelle quantité et si les concentrations sont supérieures à celle trouvées sur Terre. Donc même si en théorie la perspective d'extraction de métaux rares sur la Lune semble alléchante et est une alternative possible à l'épuisement des ressources sur Terre, il n’en demeure pas moins que ce sera très difficile à réaliser et que cette stratégie ne peut s'inscrire que dans un futur lointain et en dernier recours. Ce dernier recours crucial arrivera lorsqu’une combinaison des facteurs seront réunis tel que : l’extinction du métal rare en question, non-existence à court terme de matériaux de remplacement ou de substitution et que sa présence soit avérée en quantité suffisante sur la Lune pour que ce soit économiquement rentable.

Avec une estimation de la NASA de 60 voyages sur la Lune pour l'installation d'une base, le coût parait donc aujourd'hui exorbitant pour envisager une exploitation.

Cependant, pour un Etat, la réflexion et la préparation d'une stratégie à long terme parait être un bon raisonnement. Surtout que les coûts du spatial en général devraient baisser de façon significatives grâce notamment à des projets privés qui commencent à sortir comme les voyages privés en orbite terrestre basse offert par VirginGalatic ou encore le Google Lunar X Prize qui consiste à développer des méthodes économiques d'exploration spatiale robotisée et a plus long terme de « ramener l'homme à la surface de la Lune et d'explorer cet environnement » suivant Peter H. Diamandis, PDG de la Fondation X Prize.

La convergence réduction des coûts du spatial et augmentation des courts des MPMC sera le point clé du démarrage de l’exploitation lunaire et donc seul les états déjà préparés avec une stratégie définie auront une avance primordiale.

Groenland / Océan Arctique

Quelques éléments historiques

Véritable mer « méditerranée » du Nord (pays riverains : le Canada, le Danemark, la Norvège, la Russie et les États-Unis) et bien que proche de l'Amérique du Nord, le Groenland est rattaché à l'Union européenne (UE) en tant que territoire autonome du Danemark auquel le statut d'autonomie interne de 1979 accordait la gouvernance locale.

En 1982, les Groenlandais avaient choisi par référendum de ne plus faire partie de la Communauté européenne à partir de 1985. Dès 1984, une commission Groenland-danoise a eu pour objectif d’élaborer une proposition de loi sur l’autonomie renforcée débouchant sur le référendum du 25 novembre 2008 qui a vu la victoire du "Oui" à l'autonomie avec plus de 75% des votants.

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Cette autonomie renforcée, effective depuis le 21 juin 2009, peut ouvrir la voie à une indépendance totale car elle reconnaît au peuple groenlandais le droit à l’autodétermination, conformément au droit international. D'ores et déjà, elle accorde au territoire une trentaine de domaines de compétences dont la police, la justice, le droit de la famille, et aussi la gestion de ses matières premières et de ses ressources. De plus, l'inuit kalaallisut est devenu la langue officielle du Groenland.

En attendant, le Danemark continue de diriger la politique étrangère du Groenland malgré les revendications des nationalistes. En 2009, Il a verse une subvention annuelle de 457 millions d’euros représentant les 2/3 du budget groenlandais. En vertu de l’accord de partenariat 2007-2013 avec l’UE, le territoire bénéficie aujourd’hui du statut de "pays et territoire d’outre-mer" (PTOM) et d’aides s'élevant à environ 25 millions d’euros par an. Bien que formellement exclu de la zone Schengen, le pays y est intégré dans la pratique.

Conciliation internationale ou calme avant la tempête?

La Déclaration d’Ilulissat, (du 28 mai 2008 au Groenland), stipulent que tous les états continueront à s’y référer pour « les droits et obligations concernant la délimitation des limites du plateau continental, la protection de l’environnement marin incluant les zones couvertes de glace, la liberté de navigation, la recherche scientifique et les autres USAges de l’océan. […] Nous ne voyons donc pas de besoin de développer un nouveau cadre législatif international pour gouverner l’océan Arctique. »

Les cinq pays réaffirment que les revendications concurrentes dans l’Arctique seront réglées selon le cadre établi par les traités internationaux régissant la région.

Les commentaires et les communiques diplomatiques fonts états de la conférence d'Ilulissat font état « d'un nouveau esprit de conciliation ». Quelques exemples :

1. Le litige entre le Danemark et le Canada sur la possession de l’île Hans au milieu du détroit entre l’île Ellesmere et le Groenland ne semble plus faire obstacle à la collaboration des deux pays qui entendent finaliser leurs activités cartographiques conjointes dans le Nord.

2. La Russie aussi a changé d’attitude en revenant sur la controverse relative au drapeau déposé à l'aplomb du pôle Nord dans le cadre de l'opération Arktika 2007 : « ce geste n’était pas une revendication territoriale mais plutôt une démonstration de notre savoir-faire technologique et de notre contribution à la recherche scientifique » a déclaré le ministère en charge de l’industrie Russe.

Figure 30 - Journal La Croix / Avril 2008

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L’adoption d’un traité international sur l'océan Arctique est peu probable à court terme car Les cinq pays riverains de l’Arctique (Canada, le Danemark, la Norvège, la Russie et les États-Unis) travaillent sur un projet piloté par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (élaborée en 1982 à Montego Bay, et entrée en vigueur en 1994, définit les principes généraux de l’exploitation des ressources maritimes.).

Les cours futurs des matières premières viendront sans aucun doute contredire toutes ses bonnes intentions comme en témoigne la cartographie des conflits.

Fonte des glaces, réchauffement climatique, Haut potentiel en hydrocarbure et trafic maritime

La recherche et l’exploitation des ressources pétrolières mais aussi minières de l’Arctique, induisent de fait un accroissement du trafic maritime au cours des cinquante prochaines années. Devant les projets des compagnies minières et pétrolières, les sociétés de navigation envisagent d’accélérer la construction de navires pouvant assurer le transport des ressources naturelles, puisque les coûts de transport et de construction pourront être rentabilisés face à une demande en expansion et à l’envol des cours des matières premières.

« Le rallongement de la saison moyenne de navigation de 20 à 30 jours en 2005 à 200 jours si l'océan Arctique était libre de glaces en été aux environs de 2050.

Pour anticiper les investisseurs privés et entreprises de transport construisent déjà des navires-citernes spéciaux, capables d'atteindre les futurs champs pétroliers et gaziers de l'Arctique

sans avoir recours aux brise-glaces. Toutefois, les nouvelles technologies de la construction navale pourraient réduire la nécessité du recours aux brise-glaces. Le Conseil

de l'Arctique a procédé à une "Évaluation de la navigation maritime dans l'Arctique" (Arctic Marine Shipping Assessment, AMSA, 2005-2009) afin d'identifier les facteurs déterminants de la navigation dans cette zone d'ici 2050.

Figure 31 - AMAP 2009, "Update on selected climate issues of concern".

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La course aux ressources s’accéléra, le réchauffement aussi…

Figure 32 - AMAP 2009, "Update on selected climate issues of concern".

L’empressement actuel et futur des pays riverains de l’océan Arctique à cartographier les fonds marins, outre la découverte, possible mais peu probable, de bassins sédimentaires encore inconnus, réside sans doute dans l'anticipation de précautions et des besoins futurs en ressources rares ( hydrocarbures, minerais, métaux lourds et rares) , au cas où de nouvelles ressources y seraient découvertes, et dans la perspective de l'exploitation future des gisements .

Or, la plupart de ces gisements se trouveraient au-delà de la limite des 200 milles nautiques.

Notons que leur exploitation libèrerait de très grandes quantités de méthane, important de GES (gaz à effet de serre).

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Figure 33 - P. Rekacewicz / Octobre 2007

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Quid des métaux rares ?

On a constaté que les minéralisations sont nombreuses dans les terrains groenlandais datés du Précambrien (début de la formation de la Terre, il y a 4,5 milliards d’années jusqu’à - 540 millions d’années) ainsi que dans des terrains datés du Paléogène (-65 à - 23,5 millions d’années). Les prix de certains métaux entraînent une prospection intensive dans le monde entier et un redémarrage de certaines mines fermées depuis des décennies.

Le Groenland ne fait pas exception à cette recherche acharnée par les pays « user-end » (USA, Brésil, France, Canada, pays européens). La flambée actuelle des prix de certains métaux, en particulier le platine (Pt), le palladium (Pd) et le rhodium (Rh), entraîne une prospection jamais égale de ces éléments dans le monde entier et en particulier au Groenland sans compter le Caladium et le plutonium pour lesquels les gisements sont déjà acquis au Groenland (carte AMAP, Avril 2008).

Cependant les ressources de cette zone, en métaux rares restent très confidentielles et peu documenté comme en témoignent les experts de l’ONU et l’USGS25. La partie sud ouest présente des concentrations importantes en Pt en Pd et en Rh. Certaines régions possèdent des roches présentant des réserves pouvant atteindre plusieurs centaines de tonnes de ces métaux. A l’avenir, le Groenland devrait donc bénéficier de prospections supplémentaires afin de découvrir de nouveaux gisements de ces métaux parmi les plus précieux et devenant stratégique pour la croissance verte.

Figure 34 - AMAP: Gisement de plutonium / Gisement en Cd et en Pu (Avril 2008)

Contrairement à l’Antarctique, l'Arctique n'est pas protégé par une convention ou un traité international, d’autant que les conflits se sont multiplies et se sont enchaînés depuis 2007 témoignant de cette récente course aux territoires et aux ressources de l'océan Arctique.

25

United States Geological Survey

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CONFIDENTIEL

1- Le 2 août 2007, dans le cadre d'une expédition russe (Arktika 2007), des submersibles de type MIR ont atteint, pour la première fois, le plancher océanique à la verticale du pôle Nord, sur la dorsale Lomonossov. De manière symbolique et très médiatique, un drapeau russe fut planté et des échantillons du fond sous-marin furent prélevés. En effet, dans le cadre des procédures internationales suivies par la Commission des limites du plateau continental (voir infra), il est déterminant de connaître les structures géologiques des plateaux continentaux pour établir leur continuité avec les pays riverains.

2- En août 2007, le premier ministre canadien, Stephen Harper, a annoncé l'adoption par son gouvernement d'une "stratégie intégrée pour le Nord", stratégie inspirée du principe suivant : l'exploiter ou le perdre (use it or lose it). Le discours du Trône d’octobre 2007 a consacré la "stratégie pour le Nord" à titre de priorité fondamentale du gouvernement. Cette stratégie passerait par la mise en service d'une patrouille de navires dédiés à l'Arctique (huit navires extracôtiers de classe polaire 5), par un centre d'entraînement militaire à Resolute Bay (localisé près de l'entrée orientale du passage du Nord-Ouest), par la construction d'un port en eau profonde à Nanisivik, ancien site minier encore utilisé pour des dépôts de matériaux et carburants. La construction du port devrait commencer en 2010 pour s'achever cinq ans plus tard. Par ailleurs, un fond de 100 millions $ à été attribué à la réalisation de cartes géologiques d'inventaire des ressources énergétiques et minérales de l'arctique canadien.

3- En août et septembre 2008, le brise-glace Louis S. Saint-Laurent de la garde côtière canadienne et le garde-côte américain Healy ont appareillé pour une mission conjointe de collecte de données géologiques, sédimentologiques et bathymétriques en mer de Beaufort (confins du Yukon et de l'Alaska) afin de délimiter le plateau continental de ce secteur de l'Arctique (documents ci-dessous) et de trouver un terrain d'entente pour le partager.

Ainsi, les États riverains de l'océan Arctique se sont engagés dans les processus de la juridiction internationale destinés à faire valoir leurs droits tout en faisant l'inventaire des ressources réelles ou potentielles du plateau continental au large de leurs côtes.

En 2009, tous, sauf les États-Unis, ont ratifié la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS, entrée en vigueur en 1994). Les États peuvent alors revendiquer, au titre de l’article 76 de la Convention, la souveraineté économique sur les ressources des fonds marins au-delà de la limite initiale des 200 milles nautiques de la Zone économique exclusive (ZEE). Cette extension peut aller jusqu'à 350 milles nautiques des lignes de base ou jusqu'à 100 milles de l'isobathe 2 500 mètres.

Les États doivent déposer leur revendication, fondée sur un dossier technique (données géologiques, sédimentologiques et bathymétriques) et juridique, auprès de la Commission des limites du plateau continental (CLPC - Commission on the Limits of the Continental Shelf / CLCS).

Composée de 21 membres issus de tous les continents, la Commission compte dans ses rangs sept experts scientifiques (géophysiciens, hydrographes, sédimentologies, géographe, etc.) chargés d’étudier les dossiers déposés et elle se réunit deux fois par an à New York pour examiner et statuer sur les demandes. Les États ayant ratifié la Convention avant 1999 devaient avoir déposé leur dossier pour 2009 au plus tard.

Avec l’intensification globale des échanges commerciaux présents et futurs les frontières maritimes arctiques sont devenues des enjeux géostratégiques.

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Ils seront objets de grandes manœuvres internationales car l'accès facilité (fonte des icebergs, nouvelle route maritime, etc..) aux ressources d’hydrocarbures et métaux rares probables ou prouvées, attise les convoitises et exacerbe les tensions sur le plan politique, économique, technologique, technologique et environnementale.

Politiquement : cette « terra incognita » symbole d’un bien « commun Humain » est devenu un enjeu diplomatique stratégique pour les pays riverains.

Economiquement : les prix des matières premières justifieront les coûts exorbitants d’exploitation facilités par le dégel des routes du Nord.

Sociétale : la population autochtone est favorable a une indépendance souveraine et diplomatique.

Technologiquement : les « used end » sont plus que jamais décidé à garder le rythme effréné des consommations pour tous les domaines : aéronautique, transport, bien être et NTIC.

Environnemental : la faible densité de population ne peut faire face aux « hyper » diplomaties avec le corolaire de lobbyistes et de parties prenantes. L’éloignement et la méconnaissance de cette région tant étendue participe a cette idée occidentale qu’un accident n’aurait qu’un impact mineur sur nos plages dorées. C’est en tous les cas la vision « off » des diplomates américains aux différentes conférences sur le climat.

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Conclusion

Pour assurer la production de nombreux produits technologiquement avancés notamment dans le domaine des green-technologies, les sociétés occidentales sont de plus en plus dépendantes de matériaux identifiés sous le terme générique de métaux rares. Ces derniers, produits en faible quantité, sont de par leur rareté, très sensibles à toute hausse de la demande. Celle-ci pouvant découler de phénomène aussi simple et surtout aussi fréquent que la commercialisation d’un nouveau produit de consommation. Cependant, leur production, en tant que sous-produits d’extraction est localisée dans un nombre restreint de pays, et ne peut répondre à une forte demande. II en résulte ainsi des épisodes, ponctuels mais récurrents, de déséquilibre offre/demande se traduisant par des fluctuations rapides et importantes, le plus souvent à la hausse, du cours de ces métaux. A ce mouvement spéculatif quasi-substantiel, il faut maintenant ajouter la montée d’un « nationalisme de la ressource » qui se traduit par exemple par les quotas d’exportation instaurés par la Chine pour quasiment tous les métaux rares, quotas qui de plus sont en diminution régulière (cf. antimoine, tungstène, terres rares…).

Ainsi, les grands pays industriels (le Japon, la Chine, les Etats-Unis …) ont été contraints ces dernières années, à une prise de conscience, parfois rapide, de la vulnérabilité de leur tissu industriel notamment « high-tech », face à la faible disponibilité de ces métaux stratégiques, rares. Or, pour nombre de ces pays, leur système économique repose en grande partie sur la capacité de leurs industries à demeurer actives dans la course aux innovations et à intégrer des technologies plus green-friendly… Ainsi, le « risque métal », notion évoquée par Christian Hocquard, se situe au niveau économique avec un déséquilibre entre l'offre et la demande et un niveau de prix fréquemment lié au niveau de disponibilité du métal mais également au niveau environnemental avec les impacts de l’extraction de ces métaux et la problématique du recyclage de matériaux de plus en plus complexes (produits miniaturisés, métaux présents en très faibles quantités, etc.).

En réaction, la plupart des pays industriels ont développés ces dernières années des stratégies visant à réduire leur dépendance (Japon, Etats-Unis, Corée du Sud, Allemagne…)

La France, de par la place qu’elle occupe sur l’échiquier économique mondial, ne semble donc pas pouvoir faire exception à cette réalité. Cependant, si quelques pistes d’actions et de réflexions ont été communiquées ces derniers mois, on ne trouve pas trace de l’annonce d’un corpus de mesures ou d’orientations suffisamment marquées pour pouvoir parler d’une stratégie française en matière de gestion des métaux rares. Mais peut-être la prise de conscience de cette problématique est-elle trop récente, puisqu’il semblerait qu’elle ne remonte qu’à l’automne 2009, pour pouvoir y opposer une réponse stratégique ou le sujet est-il considéré comme trop sensible pour faire l’objet d’une communication grand public ? Cette dernière question mériterait certainement d’être étudiée à la vue de considérations nationales, notamment politiques, et de considérations internationales.

A ce titre, le marché des Matières Premières Minérales Critiques (MPMC) obéit aux mêmes règles de marché que les autres matières premières à savoir :

La fixation des prix de marché sur la base de l’offre et de la demande avec les

problématiques de spéculation inévitables sur un marché dit libre,

La raréfaction des matières au fur et à mesure de l’exploitation des gisements ; cette

raréfaction impliquant,

Les stratégies industrielles d’exploration de nouveaux gisements impliquant

Les enjeux politiques des nations.

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CONFIDENTIEL

En revanche, ce marché des MPMC possèdent des particularités inhérentes à son fonctionnement et aux enjeux industrielles ou nationaux. Les éléments particuliers liés à la problématique des MPMC sont :

La dynamique des besoins du marché lié au fait que les MPMC sont plus

particulièrement utilisés au sein des industries de nouvelles technologies dont les

volumes sont eux-mêmes en forte croissance,

La localisation de cette consommation sur des industries a minima stratégiques pour

les pays ou en liaison direct avec la souveraineté de ces mêmes pays (industries

d’armement notamment),

Un marché encore en devenir de maturité quant à aux volumes de consommations

dans les produits finis, et enfin

Un positionnement de la Chine sur une majorité des MPMC ; dans ce cadre, la Chine

par sa puissance économique influe de manière significative sur les relations inter-

états (ex. : tension sino-japonaise où les MPMC n’étaient pas étrangers à la

situation).

Afin d’assurer la souveraineté de leur pays ainsi que la pérennité de son tissu industriel, les gouvernements ont adoptés des politiques dont les éléments constitutifs peuvent être synthétisés de la manière suivent :

1. Recherche de sources alternatives par :

a. L’exploration de gisements nouveaux via des coopérations inter-états ou via

l’exploitation de territoires géographiques anciennement exploités mais

abandonnés ou connus mais dont les couts rendaient l’exploitation non-

rentable

b. La recherche de produits de substitution aux MPMC actuels

c. Le développement du recyclage incluant d’une part la récupération direct des

MPMC rejetés et d’autres les travaux concernant d’éventuelles nouvelles

technologies de récupération (ex. : extraction de MPMC dans les aimants)

2. La constitution des stocks de réserves stratégiques pour certains pays

3. Le développement de partenariat avec le tissu industriel pour l’ensemble des

éléments où l’industrie possède le savoir-faire et l’intérêt économique à terme,

4. La gestion des relations extérieures de pays à pays soit en direct avec la Chine, soit

en alternative à ces relations.

Tel qu’indiqué dans le tableau récapitulatif ci-dessous, les pays majeurs incluent tous dans leurs politiques tout ou partie de ces éléments, la France et l’Allemagne incluant de plus des éléments de pilotage affichés.

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CONFIDENTIEL

Pays Exploration gisements

Produits de substitution

Recyclage Stocks Partenariat industriel

Relations Extérieurs

USA X X X X X

Japon X X X X X X

Corée X X

Allemagne X X X

France X X X

En ce qui concerne la France,

La partie exploratrice de nouveaux gisements s’oriente vers la recherche des

gisements de nodules polymétalliques dans les ZEE de Wallis & Futuna et de l’îlot

Clipperton,

La question du recyclage, même si la problématique est accompagné d’un discours

environnementale au sein du Grenelle, ne semble pas représenter un élément

essentiel de cette politique,

L’orientation vers des partenariats industriels date des années 70 où la constitution

des stocks stratégiques a été déléguée au monde industriel et perdure aujourd’hui

dans les programmes de recherche de gisements notamment,

La mise en place d’un pilotage grâce à la création d’un Comité Interministériel et à la

nomination d’un haut fonctionnaire en charge du dossier, mais semble-t-il revêtu

d’une grande discrétion.

On peut s’interroger sur la nécessité d’une coopération au sein de l’Union Européenne dans le but d’apporter une plus grande envergure aux projets de recherche sur les produits de substitution ou sur les technologies liées au recyclage.