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Macroéconomie
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Planning des séances
Séance Formes Thèmes Travaux préparatoires
1 Cours
1-Conférence introductive : 2013, Conjoncture économique encore
perturbée
1.1. Brainstorming : le circuit macroéconomique
- Compte rendu sur
l’actualité (CRA*)
- Analyser Tableau de bord
de l’économie nationale
(Carré Kaldor)
2 Cours
Exercice
2- Théorie et méthodologie d’analyse macroéconomique
2.1- Méthodologie de recherche, d’étude statistique et d’élaboration des
fiches de lecture
2.2- Le Prix Nobel « Economie » 2012.
- CRA
- Analyser Enquêtes HCP
sur les dépenses et sur le
niveau de vie.
3 Cours
Exercices
3- La fonction de production
-Comptes rendus des travaux sur les Dépenses et le niveau de vie au Maroc
- CRA
-Analyse de l’Etude DEPF
sur « le cycle économique
marocain ».
4 Cours
Exercices
4- L’épargne et l’investissement
4.1- les produits de l’épargne au Maroc : simulation de portefeuilles
4.2- Exercices sur le choix d’investissement et analyse statistique FBCF et
IDE au Maroc.
- CRA
-Analyse de la masse
monétaire et de la
structure du système
bancaire.
Contrôle écrit (1H30)
5 Cours
Exercices
5- La fonction de liquidité
- La BVC
- CRA
- Analyser Balance des
paiements du Maroc.
6 Cours
Exercices
6- L’équilibre global en économie ouverte
- Exercices sur l’équilibre global et sur le taux de change nominal et
effectif
- CRA
- Loi des finances 2013
7 Cours
Exercices
7- La politique budgétaire
- Fiscalité - Dette publique - Investissement public
- CRA
- Travaux du CNCE
8 Cours
Exercices
8- La politique monétaire
- Taux d’intérêt
- CRA
- Analyse de l’IPC
9 Cours
Exercices
9- Les prix et l’inflation
- Politiques comparées de lutte- contre l’inflation
- CRA
- Analyse Enquête HCP sur
l’emploi et le chômage.
10 Cours
Exercices
10- L’emploi et le chômage
-Politiques comparées de lutte contre le chômage.
Evaluation générale du
cours
Examen final (3h)
INTRODUCTION GENERALE
Tous les analystes constatent que les crises financières et économiques deviennent répétitives
et les « bulles » de plus en plus graves éclatent au fur et à mesure que l’économie se mondialise
davantage. Quoi d’étonnant ! La concurrence exacerbée à l’échelle mondiale, et l’émergence de
nouveaux pays « émergents », transforment profondément le système économique mondial. Et la
science économique et plus spécialement la macro-économie sont plus que jamais au centre de la
réflexion.
Pourtant, la macroéconomie, en particulier, et l’économie politique, en général, semblent en
crise ! Certains disent que la connaissance économique dont on dispose, aujourd’hui, est insuffisante
pour prévoir à temps les graves dysfonctionnements qui guettent les économies et pour leur trouver
rapidement des solutions, une fois intervenus. En outre, les multiples écoles existantes professent des
théories divergentes et présentent, ainsi, une différence avec le savoir de nombre d’autres disciplines
scientifiques qui très généralement sont dotées d’une large base reconnue et acceptée par l'ensemble
des écoles.
Ne s’agit-il pas, en fait, d’une crise de mutation et d’adaptation à la nouvelle physionomie de
l’économie mondiale, à la globalisation des marchés, aux excès nés de la financiarisation élevée des
économies et à la rapidité de transmission de la conjoncture.
Elle témoigne aussi, de l’éclatement de la recherche économique, en quête d’une adaptation de
ses outils et appareils aux nouvelles données de l’économie mondiale, devenue unipolaire et dominée
par la sphère financière. C’est dire, en fait, que la théorie macro-économique est aujourd’hui en
transition de modes de pensée à d’autres, encore en gestation.
La macroéconomie essaie donc de s’adapter au nouveau contexte. Elle sera plus efficiente
lorsque des passerelles solides auront été érigées entre les réalités micro-économiques et les activités
globales, et entre la science économique et les autres sciences, et que des outils de régulation mondiale
auront été démocratiquement mis en place et appliqués. Aussi, la coupure qui a toujours prévalu entre
l’économique et le social d’un côté, et la prédominance de l’optique d’analyse nationale sur l’optique
internationale, constituent-elles des faiblesses de l’appareil d’analyse macro-économique. Dans ce
contexte mondial, où en est la macroéconomie marocaine ?
A proprement parler, la recherche économique au Maroc reste éparpillée et encore fortement
liée à l’enseignement universitaire. Elle ne constitue, pas encore, un volet de recherche dynamique,
comme elle ne constitue pas un soubassement théorique systématique à l’action tant de
l’Administration que des entreprises privées. Celles-ci, chaque fois que nécessaire, recourent à la
consultation privée, de préférence, encore, malheureusement, étrangère.
Pourtant la production d’articles, de thèses, d’ouvrages, de rapports d’études et d’actes de
colloques, est de plus en plus croissante. Aussi, la création récente de centres de conjoncture et
d’associations de chercheurs, permet-elle désormais de déceler les prémices d’une réflexion macro-
économique marocaine autonome et d’un début d’accumulation des outils d’analyse économétrique.
De son côté, l’Administration est en voie de faire un effort par la création de bases de données,
l’amélioration de l’outil comptable et statistique et la mise sur pied de modèles d’analyse de
l’Economie Nationale.
Il appartient aux universités, aux Associations d’Economistes (AMSE et AMEEN) et aux
groupes de recherche, de faire le bilan de la recherche économique marocaine et d’en orienter la
direction en harmonie avec les nouvelles évolutions des structures de l’Economie nationale.
Bien évidemment, les aspects spécifiques de la macroéconomie marocaine, seront passés en
revue dans ce cours, chaque fois que possible, et ce, pour illustrer la théorie générale, et pour
expliquer, quand c’est le cas, les « particularités » du cas marocain. Il est à rappeler que l’objectif de
ce cours de macroéconomie, tel qu’enseigné dans une école de gestion, consiste, surtout, à permettre
aux étudiants de maîtriser les outils d’analyse de l’environnement de l’entreprise, dans laquelle, ils
sont appelés à exercer ou, mieux, qu’ils seront appelés à créer.
Le cours de macroéconomie leur permettra de faire les liaisons entre les aspects micro et macro-
économiques et de comprendre les orientations prises par la politique économique, et pourquoi pas, les
prévoir. Il va sans dire que l’information économique, macro-économique en particulier, constitue un
outil de gestion de premier ordre, que toute entreprise, et tout gestionnaire, doivent maîtriser. Le
succès en matière de gestion de l’information, constitue le point de départ pour le succès tout court.
Partie1 : Les fonctions économiques globales
Sommaire Chapitre 1 : La Macroéconomie ; contenu et méthodologie
Chapitre 2 : La fonction Globale de Production
Chapitre 3 : La fonction de consommation
Chapitre 4 : La fonction d’épargne et la fonction d’investissement
Chapitre 5 : La répartition des revenus
Chapitre 6 : La fonction de liquidité et le financement de l’économie
Chapitre 7 : La comptabilité nationale et ses agrégats.
Chapitre 1 : LA MACROECONOMIE CONTENU ET METHODOLOGIE
« Tout ce qui est fondamental est microéconomique, tout ce qui est important est macroéconomique. » -
Serge Christophe KOLM.
Section 1 : Définition de l’analyse macro-économique :
La théorie économique tente, entre autres objectifs, d’expliquer le fonctionnement de
l’économie dans son ensemble. Pour ce faire, elle essaye de repérer et, si possible, mesurer les forces
qui déterminent le niveau auquel s’établit le revenu national et le volume de l’emploi des facteurs de
production de la nation.
Pour ramener le problème à des dimensions saisissables, l’économiste le simplifie en procédant
par « agrégation », c’est à dire, en regroupant les millions de produits et services et autant d’agents
économiques qui utilisent ou fournissent ces produits et services, en un petit nombre de catégories
appelées « agrégats ».
La macroéconomie étudie le comportement économique d’un point de vue global. Dans une
économie donnée, elle considère le niveau de revenu, le niveau général des prix, la croissance du
revenu, et analyse leurs principaux déterminants.
En d’autres termes, la macroéconomie traite du mode de comportement des groupes d’unités
économiques par rapport à certaines quantités économiques globales (une économie nationale, un
groupement économique régional... etc)1 .
Il est à souligner que le terme macroéconomie est récent. Il fût utilisé pour la première fois par
Ragnar Frish en 1933.
Section 2 : Les origines de l’AME: L’analyse des phénomènes économiques d’un point de vue global n’est pas nouvelle. Les
penseurs préclassiques arabes (Ibn Khaldoun et Al Makhrizi), les mercantilistes, et surtout les
physiocrates l’ont utilisée.
En effet, le « Tableau Economique » de François Quesnay (1758) traite de « la distribution des
dépenses annuelles d’une nation agricole » et constitue, ainsi, le premier grand modèle du circuit
économique global.
A* Les économistes classiques
A la fin du 18ème et au débat du 19ème siècle, les classiques (Smith, Ricardo, Malthus, Stuart
Mill) ont étudié, en termes globaux, l’évolution de l’économie vers l’état stationnaire ».
Pigou et Marshall… considéraient que l’économie s’équilibrait toute seule par les mécanismes de la
microéconomie traditionnelle. Ils écartaient la possibilité de crises économiques durables.
Effets d’encaissements réels de Pigou : C = C (Y, M/P)
En cas de récession les prix baissent mais comme la masse monétaire (M) reste la
même, le pouvoir d’achat augmente et l’économie repart
En théorie cela fonctionne mais cela peut prendre du temps + lors de récessions,
les banques centrales réduisent souvent la masse monétaire
* J.B.Say affirmait que « L’offre crée sa propre demande ». K. Marx est aussi un macro- économiste en ce sens qu’il étudie les lois d’évolution du
capitalisme et l’influence de l’accumulation du capital sur le taux de profit, le chômage et les crises
économiques.
De 1870 à 1930, la macroéconomie connaît une éclipse au profit de l’analyse micro-économique
dont les marginalistes et, plus tard, les néo-classiques vont être les porte-drapeaux.
B* La révolution keynésienne L’AME va prendre son véritable envol sous l’impulsion des travaux de l’anglais J.M. Keynes
dont l’ouvrage publié en 1936 « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie », a signé
la naissance de l’AME moderne et a exercé une influence profonde et durable sur la théorie et la
politique économiques.
Analyse économique de Keynes
o L’économie peut s’enliser dans une situation de sous-emploi
o Le marché du travail peut être durablement déséquilibré
Keynes et les keynésiens :
o 2 points communs entre tous les keynésiens :
L’économie peut être durablement en déséquilibre
l’Etat peut et doit intervenir pour rééquilibrer l’économie
o Mise à l’épreuve de la théorie keynésienne :
Après guerre : des politiques économiques de relance sont adoptées par les Alliés
et pour la première fois il n’y a pas de dépression après une guerre
Années 60 : le keynésianisme gagne de plus en plus de disciples, notamment dans
les gouvernements
1963 : apogée du keynésianisme
1 On doit insister sur le fait que l’AME est autant une méthode de recherche utilisée par l’économiste (par
opposition à micro-économie) qu’un volet de la théorie économique.
La théorie keynésienne de la croissance :
o Origine :
Prédiction d’un Etat stationnaire démentie
Expliquer les facteurs de la croissance des « 30 Glorieuses »
o Le modèle d’Harrod–Domar : vision pessimiste de la croissance qui est vue comme
instable. Ce modèle néo keynésien suscite des réactions, dont :
Modèle de Solow : estime que la croissance est équilibrée et durable du fait de la
flexibilité du ratio K/L
Comptabilité de la croissance : Denison (USA), Carré, Dubois, Malinvaud
(France) : permet de voir la contribution des différents facteurs de production (K,
L) à la croissance (cf. plus bas).
C* Les années 1970-80 : la contre-révolution monétariste
L’analyse keynésienne s’est avérée incapable d’expliquer la coexistence de l’inflation galopante et
d’une récession. C’est alors que Friedman et les monétaristes, libéraux, contre-attaquent.
1) Les outils de la contre-révolution monétariste
Partant d’une critique des concepts de base keynésiens pour expliquer les dysfonctionnements
économiques, les monétaristes affirment qu’une politique de relance keynésienne ne peut pas
relancer la croissance sur le long terme.
Les outils de la contre-révolution :
o Fonction de Consommation :
Fonction de Consommation keynésienne :
C = C(Y) ; Avec Y = revenu courant
La propension à consommer est donc inversement liée au niveau des
revenus (plus le revenu est élevé, plus on épargne)
Fonction de Consommation de Friedman :
Y = YP (revenu permanent) + Y
T (revenu transitoire : gain ponctuel sur
lequel on ne peut pas compter sur le long terme comme la loterie par
exemple)
Friedman estime que la consommation augmente avec le revenu
permanent (et non le revenu transitoire) et remet ainsi en cause la fonction
de Keynes.
o Théorie quantitative de la monnaie :
Principe : équation de Fisher MV = PT ( Où : M = masse monétaire ; V = vitesse de circulation ; P = niveau des prix ; T : volume des transactions).
Friedman rajoute 2 hypothèses :
V est stable et ne dépend pas de M
Y dépend du stock de K et de L et pas de la monnaie (raisonnement de
Long Terme)
Implication : neutralité de la monnaie (alors que Keynes la présentait comme
instable)
o Taux de chômage naturel :
Définition : le chômage durable est le résultat de caractéristiques structurelles des
Monnaies
Imperfections des marchés
Variabilité de l’Offre et de la Demande
Coût de la collecte d’information et coût de la mobilité des actifs
Propriétés :
Stabilité
Taux effectif gravite autour du taux naturel
2) Le message de la contre révolution monétariste : inefficacité relative des politiques
Critique de la relance monétaire :
o Les Keynésiens basent leurs théories sur la courbe de Phillips, selon laquelle si on accepte
un peu d’inflation on réduit le chômage la politique de relance inflationniste n’est
efficace que si la courbe de Phillips est stable
Mais Friedman démontre que la courbe de Phillips est INSTABLE en introduisant les effets
d’anticipation : (« adaptatives ») :
Pe2009 = P
e2008 + a (P2008 – P
e2008) avec 0<a<1
o Friedman affirme que ce sont les erreurs que les acteurs font dans leurs prévisions des prix
qui rendent la relance budgétaire efficace.
o Mais… avec le temps les acteurs vont corriger leurs prévisions et la relance budgétaire
deviendra inefficace
o Les keynésiens veulent atténuer les fluctuations de l’éco pour la stabiliser (accélérer la
reprise en période de crise). Mais… Friedman estime que ces politiques de relance
budgétaire ne font que prolonger les crises parce qu’elles empêchent les mécanismes
d’ajustement de l’économie de se mettre en place et de rééquilibrer la situation
Critique de la relance budgétaire :
o Effet d’éviction :
Une partie de la relance budgétaire entraîne une baisse de la Demande privée
Pour les keynésiens l’effet d’éviction est partiel parce que le taux d’intérêt est très
élastique au taux d’intérêt alors que pour Friedman l’effet d’éviction est presque
total du fait de l’inélasticité des taux d’intérêts à la Demande.
3/ Radicalisation du monétarisme : la « nouvelle économie classique »
Equilibre naturel de l’économie : les prix étant parfaitement élastiques
o L’économie est toujours en équilibre
o La monnaie est totalement neutre
o Les fluctuations économiques sont la réponse optimale de l’économie à des chocs
exogènes
o Le chômage est donc toujours VOLONTAIRE
a) Les anticipations rationnelles
Principe : anticipations rétrospectives, Pet = E (Pt-1), et prospectives
Propriétés :
o Anticipations fondées sur la théorie économique
o Les agents tirent parti de toute l’information disponible et pertinente
o Ils ne font donc pas d’erreurs de prévisions systématiques (ex : les anticipations
d’inflation)
b) L’inefficacité des politiques conjoncturelles
Déduisent que les politiques conjoncturelles sont TOTALEMENT inefficaces
Relance budgétaire
financée par l’emprunt Hausse des taux
d’intérêts
Baisse de
l’investissement
Politique d’arbitrage entre inflation et chômage : ne peut fonctionner que si le gouvernement prend
la population par surprise mais… cela est impossible du fait des anticipations rationnelles
La relance budgétaire en question :
o Théorème de l’équivalence ricardienne :
Robert Barro (1974)
Equivalence entre financement par l’emprunt et par l’impôt
Absence d’illusion fiscale
o Critique de l’équivalence ricardienne :
Tests empiriques : les agents n’anticipent pas pleinement l’augmentation future
des impôts selon les tests économétriques et donc une augmentation des dépenses
publiques financées par l’emprunt peut avoir quelques effets sur l’activité
Le niveau de déficit budgétaire :
Si le déficit est lourd, les agents savent que l’Etat va tôt ou tard augmenter
les impôts et sont « ricardiens » donc épargnent pour faire face aux
impôts futurs.
Si ceux ci sont faibles, ils ne pensent pas à l’impôt et les agents sont
« keynésiens ».
Le comportement des agents :
Solidarité intergénérationnelle (ricardien) : Les agents ont vision inter-
temporelle et pensent que leurs enfants vont payer les impôts dans futur
(Barrow). Ils vont donc épargner dès maintenant pour que leur héritage
permette à leurs enfants de payer les impôts
Non solidarité (keynésien) : les agents pourraient considérer que cette
richesse créée est nette puisqu’ils seront morts au moment du
remboursement de l’emprunt donc ils consommeraient ce surplus et ne
l’épargneraient pas
Comportements intermédiaires : souvent le cas de la réalité : entre
comportement dynastique et de non solidarité (une partie de richesse
créée est considérée comme richesse nette et ils n’épargnent pas la totalité
des richesses crées.)
Financement du service de la dette :
Ce qui compte c’est le rapport dette / PIB
Si le PIB augmente plus vite que la dette, alors la dette n’est pas un
problème
La politique conjoncturelle prise en défaut de crédibilité :
o Débat sur la crédibilité des politiques de relance « discrétionnaire » (Càd que l’Etat peut
revenir sur ses engagements)
Kydland et Prescott (1977) : exemple d’une politique de lutte contre l’inflation
Négociation des salaires : salariés obtiennent augmentation de 4%
6 mois plus tard le gouvernement peut mener une politique inflationniste
qui entraîne une inflation de 10%, fait baisser le niveau des salaires réels,
fait baisser le coût du T, attire les investisseurs
Mais le gouvernement perd sa crédibilité
o Les effets d’une politique monétaire discrétionnaire :
Barro et Gordon (1983)
Les agents anticipent le niveau de l’inflation pour fixer les salaires
Une fois les salaires fixés la banque centrale mène sa politique monétaire qui
détermine le niveau des prix
Il faut donc que les agents anticipent la politique de la banque centrale
Si les salariés anticipent mal la politique de la banque centrale :
Les salaires vont diminuer
Leurs salaires vont augmenter mais augmentation du coût du T et donc
récession
Comme la politique de relance consiste à tromper les agents, les salariés
surévaluent toujours l’inflation, les salaires augmentent toujours trop
l’économie a donc toujours des tendances inflationnistes (biais inflationniste)
La solution serait une garantie contre toute politique inflationniste de la part de la
banque centrale
o L’incohérence temporelle des politiques optimales : ces politiques ne peuvent pas
fonctionner indéfiniment car à terme elles sont anticipées par les agents
Quelle politique mener ?
La politique économique doit être fondée sur des règles afin d’acquérir une
« bonne réputation »
Règles de comportement : se lier les mains pour s’empêcher de faire des
erreurs (Importer la crédibilité en s’arrimant à une monnaie forte.
Nommer un gouverneur de Droite à la banque centrale par un président de
gauche).
Règles de droit :
Rendre inconstitutionnel le déficit budgétaire
Proclamer l’indépendance de la banque centrale
c- Les effets des-incitatifs de l’intervention étatique : l’école de l’offre
La courbe de Laffer :
o Le niveau des recettes fiscales est inversement lié au niveau de pression fiscale
o Cela permet de dire qu’un même niveau de recette peut être obtenu par un faible niveau de
recettes fiscales
o Effet de substitution :
Une augmentation de la substitution fiscale va réduire la propension à travailler.
Le substitut au T étant les loisirs, il deviendra plus intéressant de se distraire que
de travailler si le niveau des revenus tirés du T effectué diminue
Une augmentation de la pression fiscale incitera les agents à épargner moins
o Effet de revenu : certaines personnes dont les salaires baissent doivent travailler plus pour
garder le même niveau de vie donc ils vont augmenter offre de travail = hausse Offre de L
(bas salaires plus touchés)
Critiques de la courbe de Laffer :
o Elle suppose une courbe d’offre de T coudée
o Difficulté de connaître la forme de la courbe et le taux d’imposition optimal et de savoir
où on se situe sur la courbe
o Une analyse partielle :
Elle ne conçoit l’impôt que comme une ponction sur le revenu des agents
Dans la réalité l’impôt va entraîner des dépenses publiques qui stimulent l’activité
économique
o Malgré ces critiques, cette courbe a inspirée de nombreuses réformes fiscales (Reagan aux
USA, Thatcher en GB) :
En bref :
La contre-révolution néoclassique a exercé une influence importante
Elle n’a pas totalement évincé les thèses keynésiennes
o La contre-révolution monétariste est surtout une critique externe de l’analyse keynésienne,
car elle ne considère pas les problèmes évoqués par Keynes et développe une théorie
parallèle, se contentant de dire que l’économie est toujours en équilibre sans expliquer la
persistance du chômage, etc…(en dehors de la critique de Friedman)
o Certains des « outils » de la contre-révolution monétariste ont été très largement accepté
par les Keynésiens et ont permis de leur ouvrir de nouvelles perspectives.
D* Les années 80: la réaffirmation du Keynésianisme
1/ La théorie de la croissance endogène
Un regain d’intérêt pour la théorie de la croissance :
o Faible croissance dans les principaux pays industrialisés au cours des années 70
o De nombreux secteurs connaissent de plus en plus de difficultés (notamment du fait de la
concurrence étrangère)
o Les économistes se sont posés deux questions :
Pourquoi est-ce que le taux de croissance est irrégulier ? (très fort durant les 30
glorieuses puis faible pendant les années 70)
Pourquoi a un instant donné la croissance est beaucoup plus forte dans certains
pays que dans d’autres ?
La nouvelle économie de la croissance :
o Paul Romer qui va prolonger l’analyse de Robert Solow développée dans les années 60
en y intégrant les développements les plus récents de l’analyse économique :
La concurrence imparfaite (secteur auto par exemple dominé par grands leaders
industrialisés)
La théorie du changement technique ou de l’innovation technique (années 70-
80 ont vu une révolution technologique comme les théories de l’information et de
la communication
Le commerce international a un rôle central dans la croissance économique
alors que les économies ne sont pas encore beaucoup tournées vers extérieur mais
comme concurrence internationale mine anciens secteurs moteurs, on commence à
s’intéresser au commerce international
o Le progrès technique :
Romer critique la théorie de Solow qui présente le progrès technique comme un
facteur exogène :
Le progrès technique exogène est une « boîte noire »
Le progrès technique exogène suppose une convergence
L’hypothèse centrale :
Le rendement du K est constant et non pas décroissant plus on investit
plus la croissance va augmenter (Solow avait estimé que le rendement du
K était décroissant et que donc l’investissement ne pouvait pas
indéfiniment stimuler la croissance)
externalités positives effets bénéfiques dans la société qui se répercutent
dans l’ensemble de l’économie (source d’externalités positives : R&D,
politique économique, infrastructures)
o Les implications en matière de politique économique : Réhabilitation du rôle économique de l’E :
Les externalités font que le rendement privé de l’investissement est
différent de son rendement social
L’E peut inciter les entreprises à investir (par un système de subventions
ou de détaxe)
L’E peut procéder à des investissements lui-même
Interventions sélectives en Corée, au Japon
L’idée n’est plus que l’Etat peut rééquilibrer (stabiliser l’économie) mais relancer
la croissance
2/ La nouvelle économie keynésienne
Le problème du chômage :
o 1980 : plus importante récession depuis 1930 aux USA et en Europe la situation est
également difficile (plusieurs pays ont des taux de chômage élevés)
o Les économistes pensent que si le chômage est durable c’est qu’il y a un sous-emploi
durable des facteurs de production lié à des rigidités dans le Marché du Travail
o Les nouveaux keynésiens se demandent pourquoi les prix et les salaires ne s’ajustent pas
vers le bas pour endiguer le chômage ils cherchent donc parmi les fondements
microéconomiques de la rigidité des prix et des salaires
Les fondements de la Nouvelle économie keynésienne : l’analyse des rigidités
o Deux sortes de rigidités :
Rigidité des salaires nominaux, des taux d’intérêts et des prix
Rigidité des salaires réels, taux intérêt réel ou prix relatif
o Contrats, syndicats et « insiders »:
L’existence de contrats de travail explique la rigidité à court terme des salaires
nominaux
La théorie des contrats implicites (Azariadis, 1975) :
Un contrat de travail a deux composantes :
o Il rémunère une activité salariée
o Il offre une « assurance » aux salariés lorsque conjoncture éco est
mauvaise et que risque de baisse des salaires et de perte de
l’emploi est présente ALORS que les chefs d’entreprise ont
moins peur du risque (baisse de profit ou disparition d’une
branche) car ils sont plus riches et qu’ils ont accès aux marchés
financiers et peuvent obtenir aides de la part des banques donc
contrat implicite entre chefs d’entreprises en employés : en
période de récession, les entreprises vont limiter baisse de
salaires/renvoi des employés mais en contrepartie, quand éco en
forte croissance, employés s’engagent à demander hausses de
salaires plus faibles que celle fixées par le marché du travail
salaires ne baissent donc pas assez quand offre de travail est élevé alors
que demande des entreprises est faible ne baissent pas assez pour
qu’entreprise soient incitées à embaucher donc chômage persiste
Le rôle des syndicats : représentent uniquement les actifs qui ont un emploi et
donc bloquent l’ajustement des salaires
La théorie insiders/outsiders (Lindbeck et Snower, 1988) :
Les insiders ont un pouvoir de négociation
En période de récession ils bloquent les salaires donc les entreprises
licencient
En période de croissance, ils demandent des hausses de salaires et donc
les ouvriers qui avaient été licenciés ne sont pas réembauchés
o Asymétrie d’information et « salaire d’efficience » :
Plus une entreprise paye bien ses salariés, plus ils sont incités à bien travailler
Qu’est-ce qui détermine le niveau des salaires qui sera versé ?
Plus on peut observer les efforts du travailleur, moins il y a de chance
qu’elle soit payée plus que le salaire du M
o Une femme de ménage dans un hôtel payée à la chambre pourra
facilement être contrôlée on peut évaluer le T fournit
facilement et appliquer une contrainte extérieure)
o Un cadre peut difficilement être observé, son effort est
difficilement quantifiable et il faut donc le surpayer pour le
motiver il y a donc sous-emplois dans les catégories ayant des
salaires élevés
o « Coûts de menu » et quasi-rationalité (Akerlof et Yellen) :
Changer les prix implique des coûts qui peuvent décourager l’ajustement (ex :
restaurant imprime un menu avec les prix et ne va pas les réimprimer tous les
deux jours, la vente par correspondance a le même problème : on ne va pas
réimprimer le catalogue de « Marjane » tous les jours)
Il peut donc être rationnel de ne pas changer les prix (du fait des coûts) et seul une
variation très importante des prix pourrait justifier un changement (réimpression
des menus, du catalogue)
o Asymétrie d’information et marchés de clientèle :
Il peut ne pas y avoir d’équilibre sur un marché du fait des asymétries
d’information
Exemple de la vente de voitures d’occasion :
Vendeur connaît la qualité précise de son véhicule mais l’acheteur ne la
connaît pas tant qu’il ne l’a pas acheté et utilisée
L’acheteur propose donc le prix moyen de ce type de véhicule dans le
pays en question mais le vendeur peut refuser de le vendre pour ce prix là
et décider d’attendre que son véhicule soit plus usé avant de le vendre
De ce fait, le marché des véhicules d’occasion ne va proposer que des
véhicules de mauvaise qualité (à cause de l’asymétrie d’information)
o Rationnement du crédit (Stiglitz et Weiss) :
Asymétrie d’information entre le prêteur et l’emprunteur : quand une banque
prête, elle ne sait pas si l’emprunteur a une véritable solidité financière et va être
remboursé de l’emprunt
Deux types d’emprunteurs :
Emprunteurs ayant des projets peu risqués : faible rémunération pour le
banquier mais peu de risques
Emprunteurs ayant des projets très risqués : forte rémunération pour le
banquier mais risques très élevé
Relation entre risques et récupération du capital : plus un projet est risqué,
plus il a tendance à être profitable (plus on prend un risque élevé, plus on a
anticipé des profits élevés)
Si hausse du taux d’intérêt dans l’économie, les agents qui avaient des projets peu
risqués et donc peu rentables renoncent à emprunter puisqu’au final le projet n’est
plus profitable. Individus qui ont projets très risqués et n’envisagent pas de
rembourser la banque ne changent pas d’avis. Donc quand une banque
augmente ses taux d’intérêts, elle aura à faire face à « problème de sélection
défavorable » et elle ne garde que sa mauvaise clientèle (risques de défauts de
paiement)
Les enseignements de la nouvelle économie keynésienne :
o La rigidité est inhérente à l’économie de marché (contrairement à ce que pensaient les
Classiques)
o Développent donc une théorie très différente de celle de Keynes :
Cela ne sert à rien de relancer l’économie si celle-ci est rigide
Il faut donc s’attaquer aux rigidités de l’économie (flexibilité des marchés,
transparence, renforcement de la concurrence etc…)
o La N.E.K propose donc des solutions qui améliorent l’Offre et non la Demande.
o
3/ Le lien entre la Macroéconomie et la politique économique
Les objectifs économiques :
o 4 objectifs principaux : stabilité des prix, plein emploi, croissance économique élevée et
stable, équilibre extérieur de l’économie (Carré magique de Kaldor)
o Objectifs secondaires : problème de répartition des revenus, politique salariale
o Conflits entre les objectifs : il y a par exemple un conflit entre la politique de plein
emploi et celle de stabilité des prix (politique de relance pour assurer le plein emploi peut
entraîner de l’inflation)
o Hiérarchie entre les objectifs :
La France estimait dans les années 1960-70 que la priorité était l’emploi
(fréquentes réévaluation du franc français)
Allemagne donnait la priorité à la maîtrise de l’inflation, quitte à avoir un peu plus
de chômage
Politiques de « stop and go » : changement des priorités dans le temps ; cela n’est
toutefois pas bon pour l’économie.
Les politiques économiques :
o Affectation des politiques aux objectifs
Le nombre de politiques (règle de Tinbergen) : il faut autant de politiques que
d’objectifs
Assignation d’une politique à un objectif (règle de Mundell) : il faut affecter la
politique qui agit le plus directement sur l’objectif
o Une économie ouverte en changes fixes
Instruments : taux d’intérêts (i) et déficit budgétaire (D)
Objectifs : équilibre interne (EI) et équilibre externe (EE)
Assignation des instruments aux objectifs :
EI : hausse de D a relativement plus d’effet qu’une baisse de i (baisse
des taux d’intérêts agit indirectement sur EI parce que doit relancer la C°
alors que D agit directement)
EE : hausse de i a relativement plus d’effet qu’une baisse de D
(augmentation des taux d’intérêts agit directement sur EE puisque permet
d’attirer les capitaux étrangers, ce qui améliore EE)
o Quelle est l’influence de la situation économique sur les choix politiques :
Indicateur de malaise : la population se focalise sur certains indicateurs
(inflation, chômage) et plus ces indicateurs sont mauvais plus la situation
économique du pays est perçue comme étant négative
Indicateur de malaise : inflation + chômage
Les électeurs ont donc tendance à rendre responsables les gouvernements lorsque
l’indicateur de malaise est mauvais et cela se traduit par le renvoi du
gouvernement lors des élections
Analyses économétriques de Fair :
Objectif est de prévoir le résultat des élections américaines
Plusieurs variables :
o Parti au pouvoir au moment de l’élection
o Président en place se représente-t-il ?
o Taux de croissance durant les 6 mois précédant les élections
o Taux d’inflation pendant les 2 années avant l’élection.
E* Depuis la décennie 1990 : Regain du libéralisme dans un contexte instable de mondialisation
La révolution sans précédent que les technologies de l’information et des télécommunications
ont réalisé, va profondément impacter le système économique mondial. La conjoncture économique
devient facilement transmissible, accentuant la volatilité économique et l’instabilité des marchés. Les
marchés financiers, dont l’activité atteint des niveaux excessifs, deviennent très fébriles. La
compétition mondiale s’exacerbe sous la pression de nouvelles zones de production émergentes. Le
gap entre pays riches et pays en retard de développement, s’approfondit davantage, surtout que ces
derniers restent fortement endettés et soumis à des programmes de stabilisation lourds de
conséquences sociales et économiques.
Parallèlement, la mondialisation s’approfondit et marque sa date symbolique avec la signature
à Marrakech en 1994 de l’acte de naissance de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), qui
sera chargée d’ouvrir davantage les marchés et de les élargir aux services, après que le GATT ait
beaucoup agi en faveur des produits, avec succès certes mais beaucoup de difficultés persistantes
(Agriculture, monopoles, etc …). La dérégulation économique et la recherche effrénée de la
compétitivité, va accélérer la naissance de « bulles » qui éclatent de plus en plus vite et de manière
grave.
Les politiques économiques ultralibérales triomphent et entretiennent une économie
d’endettement, pendant plus d’une décennie, qui finit par connaître une forte crise à partir de 2007.
La science économique semble, ainsi, en expectative face aux profondes mutations que
connaît l’économie mondiale. Ce qui est sûr, c’est que l’interventionnisme keynésien revient en force
et redonne aux états-nations un pouvoir important, dans un contexte de gouvernance mondiale à la
recherche d’un nouvel équilibre.
Conclusion :
l’AME connaît, ces dernières années, un renouveau, marqué par l’interventionnisme étatique
qui s’exerce sans complexes même dans les pays les plus libéraux pour tenter d’éviter l’exacerbation
des problèmes économiques et l’accélération des fluctuations économiques. La crise 2007/10 ne l’a
que plus confirmé.
Aussi, le prix Nobel 2008 a-t-il été décerné au Professeur américain, Paul KRUGMAN, qui est
considéré comme étant macro économiste, pionnier dans le domaine de la nouvelle théorie du
commerce et de la finance internationaux, et ce, en récompense à «son analyse des schémas
commerciaux et de la localisation de l’activité économique ».
Force est cependant de remarquer que depuis que ce Nobel est décerné pour la première fois en
1969, il a consacré 40 américains… sur 58 lauréats !
Fait rare, il est important de rappeler le Prix Nobel décerné, en 1998, à un économiste originaire
d’un pays en développement, Amartya SEN (Economiste originaire d’Inde) qui récompense cet
analyste macro-économique qui a intégré dans ses analyses des aspects qualitatifs liées à la pauvreté et
à l’impact de la mondialisation sur les économies en développement.
Section 3 : Spécificité et champ d’application de l’AME :
L’analyse économique se subdivise en deux branches : l’analyse macro-économique et l’analyse
micro-économique.
La Microéconomie :
o Tente d’expliquer le comportement des unités ou des agents économiques particuliers
o Concentre ses études sur le marché d’un bien en particulier
o Le souci principal de la micro est l’allocation des ressources rares
La Macroéconomie :
o S’intéresse aux phénomènes économiques globaux (échelle nationale ou internationale)
o Le souci principal de la macro est d’étudier les effets de la politique économique afin de
voir comment elle pourrait stabiliser l’économie
o La macro se divise en plusieurs branches. Un problème classique se pose : comment passer du niveau micro-économique à la
macroéconomie. En d’autres termes, comment faire « l’agrégation » ?
A- Le passage de la microéconomie à la macroéconomie :
On considère, en général, que le comportement économique global est la somme des
comportements individuels. Toutefois, on s’accorde à dire aussi que la réalité globale n’est pas la
simple somme arithmétique des parties. La difficulté d’analyse provient justement des réalités
qualitatives intrinsèques que recèlent les situations globales.
Concrètement, les deux exemples suivants permettent d’être fixé sur cette question.
1er Exemple 1 : On considère une économie composée de 5 ménages dont le comportement de dépense est
comme suit :
Ménages
Fonction de consommation
A CA = 1,00 Yd A B CB = 10 + 0,90 Yd B Avec C CC = 10 + 0,80 Yd C C : Consommation D CD = 5 + 0,85 Yd D Yd : Revenu disponible
E CE = 0,95 Yd E
Les fonctions individuelles de consommation ne suffisent pas pour établir, par addition, la
fonction de consommation globale : encore faut-il connaître la répartition du revenu disponible global
entre tous les ménages, c’est-à-dire la fraction de celui-ci perçue par chaque famille. Il est assez clair,
en effet, que le « poids » de chacune sur la demande de biens de consommation en est affecté, et, par
conséquent, la contribution de chaque comportement élémentaire au comportement global.
2 cas se présentent alors :
a- Nous devons donc supposer une distribution inégale du revenu disponible total entre les
cinq ménages : par exemple, les revenus disponibles de B et de C valent deux fois ceux de A, D, E.
Ainsi :
YdA = YdD = YdE = (1/2) YdB = (1/2) YdC (1)
Appelons Yd le revenu disponible global, somme des revenus individuels ; des égalités (1), il
vient alors :
YdA = YdD = YdE = Yd
1 Source : Macroéconomique - E. DIULIO - Page 12
7
YdB = YdC = 2 Yd
7
Nous pouvons réécrire comme suit les fonctions de consommation et faire leur somme :
CA = 1 Yd (2)
7
CB = 10 2 0,90 Yd
7
CC = 10 2 0,80 Yd
7
CD = 5 1 0,85 Yd
7
CE = 1 0,95 Yd
7
______________________________________
Consommation globale = 25 + 6,20 Yd
7
= 25 + 0,8857 Yd
Ce procédé se généralise aisément. Il revient à pondérer les coefficients d’attitude de chaque
ménage, selon sa part dans la distribution du revenu global. Dans l’exemple considéré, comme le
montrent les égalités (1) et (2), nous attribuerions un poids unitaire aux coefficients de A, D, E, un
poids 2 à ceux de B et C. Les coefficients d’attitude individuels pondérés, divisés par la somme des
poids (moyenne pondérée). Naturellement, la consommation autonome globale est la somme
arithmétique des consommations autonomes élémentaires, puisqu’elles sont indépendantes du revenu.
b- Dans le cas d’une répartition uniforme du revenu disponible, le calcul se simplifie. Tous les
poids sont égaux à un et le coefficient d’attitude global est évidemment la moyenne arithmétique des
consommations autonomes élémentaires, puisqu’elles sont indépendantes du revenu.
1 + 0,9 + 0,8 + 0,85 + 0,95 = 0,90
5
La consommation autonome globale reste la même, d’où :
Consommation globale = 25 + 0,90 Yd
Les fonctions de consommation ont la même forme, C = a + bYd, qu’il s’agisse des unités
élémentaires, les ménages, ou de leur ensemble dans l’économie. On aura soin, cependant, de bien
distinguer la variable exogène Yd dans l’un et l’autre cas ; car, si elle relève toujours du même
concept, le « revenu disponible », elle ne désigne pas ici et là une même réalité, représentant ici des
grandeurs élémentaires, là une grandeur agrégée, somme des précédentes.
2ème Exemple : Les producteurs 1 ; 2 ; 3… n, utilisent divers facteurs de production pour fournir des outputs
P1 ; P2 ; P3… Pn.
La fonction de production micro-économique se présente de la même forme que la fonction
macro-économique (sa signification est, toutefois, qualitativement différente).
P1 = f(x1, x2, ...., xn)
P2 = f(x1, x2, ...., xn)
.
.
.
Pn = f(x1, x2, ...., xn)
A la fin de l’année on peut calculer la production nationale en procédant par agrégation. Ainsi
on aura :
Pn = f(x1, x2, ...., xn)
Soit : PT = (P1 + P2 + ..... Pn) - CIi
(avec PT : Produit Total et CI : Consommations Intermédiaires).
ou encore : PT = VA
avec (VA = Valeur Ajoutée
VA = P - CI)
NB : la mesure de la production agrégée se fait selon plusieurs méthodes :
Calcul du PIB par la production finale o Distinction biens finals – biens intermédiaires
o La valeur des biens intermédiaires entre dans la valeur des biens intermédiaires (ex : une
voiture vendue 100 000 Dh peut inclure 2000 Dh de pneus
o Dans l’optique de la P° finale : le PIB est la somme des B&S produits dans une économie
sur une année mais il faut éviter le recomptage des biens intermédiaires produits par une
entreprise et incorporés par la suite dans le produit d’un bien final
Calcul du PIB par la valeur ajoutée
o Le PIB est le somme des VA de chaque entreprise à chaque étape des processus de
production
o La VA est une forme de comptabilisation qui exclut les biens intermédiaires
VA = recette – coûts des biens intermédiaires
VA = salaires + intérêts + profits + impôts directs
Calcul du PIB par le revenu des facteurs :
o Les revenus crées par la P°: Recettes = salaires + revenus + coût des biens intermédiaires
+ profits + impôts indirects
o La valeur ajoutée : VA = recette – coûts des biens intermédiaires = salaires + intérêts +
profits + impôts indirects
o PIB = salaires + intérêts + profits + impôts indirects
Ce mode de calcul mesure les revenus générés par l’activité économique
PIB nominal et PIB réel
PIB nominal : quantités produites de biens finals x prix courants
PIB réel élimine l’effet de l’inflation (hausse des prix)
Principe de construction du PIB réel :
o Choix d’une année de base (année 0)
o Calcul du PIB réel d’une année particulière (année 1)
Somme des quantités produites durant cette année (Q1)
Multipliés par leurs prix dans l’année de base (P0)
PIB réel = Q1 x P0
o La croissance du PIB réel dépend donc de l’année de base qui est choisi pour effectuer le
calcul
o Annotations :
PIB réel de l’année t : Yt
PIB nominal de l’année t : (Dh) Yt
Taux de croissance du PIB réel pour l’année t :
gt = (Yt – Yt-1)/ Yt – 1
PIB effectif et PIB potentiel
PIB effectif : taux de croissance effectivement enregistré
PIB potentiel :
o Max que peut produire une économie lorsque tous les facteurs de P° sont utilisés (situation
de plein emploi)
o Il s’agit du taux de croissance soutenable sans enregistrer d’inflation
o Indicateur de l’offre
o La France bute sur une croissance potentielle de 2%, le Maroc 5%.
Ecart de production :
o PIB effectif – PIB potentiel
o Lorsque l’écart de P° est positif cela signifie est en surchauffe : D supérieure à O (cela ne
pourra pas durer longtemps)
o Lorsqu’il est négatif cela signifie que l’économie est en récession (D inférieure à l’offre)
o Ecart de P° est un indicateur de D
Le taux de croissance effectif peut être supérieur au taux de croissance potentielle.
En conclusion, la compréhension d’un problème macro-économique passe par l’analyse de ses
soubassements micro-économiques et vice versa. D’où la complémentarité nécessaire entre les deux
approches micro et macro-économique. Auquel cas, on ne peut considérer la macro-économie comme
une simple partie de la microéconomie, comme le veut une certaine conception.
B- Le circuit économique : Le circuit, ou sphère économique, commence par l’activité productive, qui donne lieu à un
échange des biens et services directement, ou par monnaie interposée, moyennant des revenus créés
par l’acte productif. Ces revenus donnent lieu, soit, à la consommation, soit, à l’épargne. A son tour,
l’épargne se transforme en investissement qui permettra de renouveler le cycle économique sur une
base élargie.
De manière comptable, on peut schématiser le fonctionnement du circuit économique comme
suite :
Le Circuit fermé :
Le circuit est dit fermé ou simplifié car il n’intègre ni le secteur des administrations ni celui de
l’Extérieur (ce qui constitue bien évidemment une très grande simplification). En outre, il est supposé
que les ménages effectuent toutes les dépenses de consommation et que les entreprises sont à l’origine
de toutes les dépenses d’investissement.
Le circuit met en relief deux types de flux : des flux réels et des flux monétaires. Ces flux
s’équilibrent à chaque pôle en ce sens que les flux entrants sont égaux aux flux sortants.
Les entreprises se procurent les services des facteurs de production (flux réel allant des ménages
aux entreprises) pour fabriquer des biens de consommation et d’équipement qui transitent par le
marché : les biens de consommation sont achetés par les ménages et les biens d’équipement sont
acquis par les entreprises. Ce flux de biens et de services représente le produit national (PN). Il est
compensé en sens inverse par un flux monétaire : il s’agit des dépenses de consommation (des
ménages au marché). Ce flux monétaire constitue la dépense nationale (DN).
1- On part, par définition, de l’identité suivante :
PN DN C + I (1)
2- Les entreprises accordent aux ménages des rémunérations en échange des services des
facteurs de production sous formes de salaires, de rentes et de profits. Ces revenus des ménages
constituent des coûts de facteurs pour les entreprises.
Il faut, cependant, noter que si les salaires et les rentes sont des revenus contractuels (fixés par
contrat), le profit et un résidu : c’est ce qui reste de la valeur du produit après avoir rémunéré le travail
(W) et la rente (R) :
Pr = PN - (W + R) (2)
ou
PN = W + R + Pr (3)
(avec W : salaires ; R : rentes et loyers ; Pr : profits).
3- Or la somme des revenus des facteurs correspond au revenu national (RN) : W + R + Pr
RN PN (4)
4- En combinant les identités (1) et (4) on obtient :
RN PN W + R + Pr C + I DN
Ainsi PN, RN et DN matérialisent trois formes différentes pour caractériser une même réalité.
5- Enfin, les ménages qui n’investissent pas, ne consomment qu’une partie de leurs revenus. La
partie non consommée est épargnée:
RN W + R + Pr C + S (avec S : épargne)
Etant donné que RN et DN sont identiques, on peut écrire
PN DN RN C+S DN C+I
Par conséquent: I = S
Cette dernière identité constitue la condition d’équilibre de l’économie. D’après le circuit on
peut constater que ce sont les institutions financières qui recueillent l’épargne des ménages pour
permettre aux entreprises de financer leurs investissements. Par conséquent, c’est par le truchement du
marché que s’effectuent les échanges entre les ménages et les entreprises aidés par les intermédiaires
financiers.
Le circuit ouvert :
En introduisant les deux agents économiques restants : les Administrations et l’Extérieur, nous
allons nous rapprocher de la réalité et décrire le circuit économique ouvert.
- Les Administrations exercent deux activités économiques essentielles : la dépense publique
(G) qu’elles financent en prélevant des impôts (Tx). Les Administrations participent, ainsi, à l’activité
économique par la consommation publique (achats de biens de consommation) et en réalisant des
infrastructures économiques et sociales (autoroutes, hôpitaux...) Ces dépenses sont financées par des
impôts (Tx) que l’Etat prélève sur les contribuables.
L’Etat assure aussi une redistribution des revenus.
- L’Extérieur, intervient dans le circuit par l’exportation (X) et l’importation (M) et par des
transferts financiers publics et privés.
L’Equation macro-économique de base devient ainsi :
Ressources = Emplois.
P + M = C + G + I + X
C- Instruments et méthode de travail de l’AME :
1- Elaboration des modèles :
Un modèle économique est une représentation simplifiée d’une réalité économique (une
économie nationale ; un phénomène économique...). Lorsqu’ils construisent de tels modèles, les
économistes ne retiennent que les déterminants qu’ils jugent majeurs dans le phénomène étudié.
Exemple : La fonction de production : P = f (K , T).
(ou P = Quantité produite ; K = capital ; T = travail).
Un modèle peut décrire des relations soit théoriques (modèle théorique), soit des relations
quantifiées, auquel cas le modèle devient économétrique.
2- Equations, fonctions et diagrammes :
Considérons, par exemple, le secteur des ménages : les économistes rapportent habituellement
le volume de sa consommation au revenu disponible perçu. Pareil comportement est spécifié en disant
que la consommation C est un fonction f du revenu disponible Yd, soit C = f(Yd) ; cela signifie que la
consommation globale dépend systématiquement du montant du revenu disponible.
La notation fonctionnelle donne un moyen à la fois concis et commode pour exprimer une
hypothèse sur un comportement économique. De plus, elle définit la relation économique à l’étude : en
d’autres termes, elle permet de distinguer la variable dépendante de la variable indépendante.
L’expression C = f(Yd) montre que la consommation globale dépend du revenu disponible perçu : par
conséquent, la consommation est la variable dépendante ; le revenu disponible, la variable
indépendante.
Lorsqu’une estimation statistique a permis d’établir la relation entre consommation globale et
revenu disponible global, il est possible de préciser le comportement de consommation à l’aide d’une
équation, d’un diagramme ou d’un tableau.
Exemple : Supposons que la mesure de la relation entre consommation et revenu disponible
ait conduit à l’équation C = 40 + 0,80 Yd. Le tableau 1 et le Schéma 1 fournissent d’autres modes
d’accès, pus concrets, à cette relation, mesurée entre la consommation globale et le revenu disponible
global.
En l’absence de mesures statistiques, il est possible cependant de caractériser la forme de la
fonction, c’est-à-dire la relation entre les variables dépendante et indépendante. Par exemple, nous
pouvons présumer que C =a1 + a2 Yd, où a1 et a2 ont des valeurs positives. Dans ce cas, la
consommation globale est une fonction linéaire et positive du revenu disponible global. Le coefficient
d’attitude à l’égard du revenu disponible, a2, mesure l’influence du revenu disponible sur le niveau de
la consommation globale (de fait, a2 est la pente de la droite représentative de la fonction de
consommation). Le paramètre a1 est positif, il est indépendant du revenu disponible.
On distingue généralement :
Les équations de définition :
exemple : C + I = Y
Les équations de comportement :
exemple : C = Co + bYd
Les équations techniques :
exemple : P = f (K , T)
3- Variables endogènes et exogènes :
Une variable est dite endogène lorsque sa valeur est déterminée par les caractéristiques internes
du modèle ; elle est dite exogène lorsque sa valeur est déterminée par des conditions extérieures au
modèle. S’agissant d’une variable exogène, toute modification de sa valeur est classée dans la
catégorie des variations autonomes.
Exemple : Reprenons l’équation de consommation envisagée dans l’exemple précédent : C = 40
+ 0,80 Yd. En macroéconomie, le niveau du revenu n’est pas déterminé par le modèle, ce qui désigne
Yd comme variable exogène. Pour sa part, la constante 40 exprime des conditions exogènes puisqu’il
n’est pas spécifié d’effet sur la consommation de facteurs autres que le revenu. Si des conditions
externes modifient la fonction de consommation de C = 40 + 0,80 Yd à C = 50 + 0,80 Yd, la dépense
de consommation présente un accroissement autonome de 10.
L’économiste admet que les paramètres des équations restent constants (c’est-à-dire que les
relations endogènes gardent la même forme et que les facteurs exogènes ne changent pas, sauf
indication contraire). Cette supposition est indiquée par la formule « toutes choses égales par
ailleurs ».
4- Valeur monétaire et valeur réelle :
La valeur de la production globale est la valeur en monnaie des produits et services finaux
qu’une économie fournit durant un laps donné. C’est la somme des valeurs pq associées chacune à un
bien final (prix p x quantité q), soit pq. Manifestement, un changement dans la valeur de la production
signifie que se sont modifiées les prix ou les quantités, ou les deux, ensemble. Une variation des prix
et/ou des quantités est classée comme variation des prix et/ou des quantités comme variation de la
valeur monétaire de la production. Mais seuls les changements quantitatifs intervenant dans la
production affectent sa valeur réelle.
5- La notion d’équilibre :
En matière d’économie, l’équilibre existe quand les intentions de différentes catégories d’agents
se contrebalancent. C’est pourquoi le déséquilibre indique l’effet contraire : un écart par rapport à la
situation courante.
Exemple les entreprises fournissent des produits et des services dans la perspective de les
vendre à des prix spécifiés. Si les consommateurs ne désirent pas acheter aux prix attendus, il y a
déséquilibre : les prix et/ou le niveau de production vont changer. Si les consommateurs acquièrent la
production aux prix attendus, il y a équilibre et, par conséquent, stabilité des prix et de la production.
6- Statique et dynamique :
La constatation de l’équilibre sans référence au temps relève de la méthode statique. Celle-ci a
pour objet de découvrir si l’équilibre existe ou non, sans se préoccuper de savoir ce qui s’est passé
avant, ni ce qui se passera après.
En fait, au plan macro-économique, l’équilibre statique correspond à une situation tout à fait
imaginaire. L’équilibre ne peut valablement être appréhendé qu’en dynamique.
D’où l’intérêt de l’analyse dynamique qui se réfère au temps et étudie les engendrements et
interactions mutuelles entre les variables dans le temps.
Entre les deux méthodes d’analyses, on retrouve la statique comparative dont Keynes a
souvent usé dans ses démonstrations.
D- L’Entreprise et son environnement macro-économique
Toute organisation et, à fortiori, toute entreprise, baigne dans un environnement qu’elle se doit
de connaître et de gérer. Aussi, l’information constitue-t-elle pour l’entreprise un « input » nécessaire
en même temps qu’un « output » qu’elle fournit à ses partenaires.
Le gestionnaire se doit, par conséquent, en plus de ses aptitudes techniques, de maîtriser la
gestion de l’information et disposer d’aptitudes irréprochables à la communication interne et externe.
Parmi toutes les facettes de l’environnement de l’entreprise (environnement technique,
politique, juridique...), l’environnement macro-économique constitue l’une des plus importantes pour
la vie de l’entreprise. Elle constitue, en quelque sorte, une « contrainte » ou une donnée que les
gestionnaires se doivent de suivre et de gérer.
Il appartient aussi aux gestionnaires d’essayer, bien entendu, d’infléchir cette « contrainte ».
C’est ce qu’ils essayent, d’ailleurs, de faire par eux-mêmes ou dans le cadre des Chambres de
Commerce et des Associations Professionnelles.
E- Contenu de la macro-économie
En résumé, l’analyse macro-économique utilise, selon des procédures autonomes, un certain
nombre d’instruments en vue de rechercher comment et pourquoi l’économie parvient à un équilibre
correspondant à un niveau plus ou moins élevé du produit global et comment et pourquoi ce niveau
d’équilibre se modifie dans le temps en enregistrant des fluctuations plus ou moins importantes.
Questions à approfondir :
1- Apports des techniques quantitatives à la macroéconomie?
2- Relations entre économistes, ingénieurs et gestionnaires
Chapitre 2 : La Fonction de Production
Section 1 : Définitions
A- La production peut être définie comme étant l’activité humaine qui consiste en la création de biens
et services destinés à la satisfaction des besoins de l’homme pris individuellement ou collectivement.
Précisions :
Un déséquilibre existe entre les besoins illimités de l’homme et les moyens limités pour
fabriquer les biens nécessaires à leur satisfaction.
La combinaison des ressources productives correspond aux relations techniques de la
production : il s’agit du dosage des quantités de facteurs de production et de leur mise en commun
pour réaliser le maximum de production possible, pour accroître la productivité.
Les relations de production ne se limitent pas seulement aux relations techniques. Elles
comprennent aussi des relations sociales.
B- Les Facteurs de Production :
La Nature : elle comprend la terre et les ressources naturelles, c’est-à-dire, les ressources du
sous-sol et des fonds marins. L’offre totale de terre cultivable ne peut être considérée comme étant
inélastique ; elle peut être accrue par l’irrigation et par d’autres formes de régénérations (assolements,
engrais...) et peut être réduite fortement et rapidement en négligeant les principes de conservation des
sols.
Lorsqu’on examine un certain nombre de parcelles de terre, on constate que leur degré de
fertilité n’est pas le même. Néanmoins, la théorie de la production fait l’hypothèse d’homogénéité de
la terre, c’est-à-dire qu’elle considère que la terre possède la même qualité quelque soit la localisation.
Remarques: - La rente foncière rémunère la propriété du sol. Elle se décompose en rente absolue
et relative ;
- Problématique du développement durable).
Le travail : il correspond au nombre total d’heures de travail consacré à la production. Il s’agit
du travail manuel et non manuel (direction, organisation, supervision...), donc un stock de travail
différencié. Mais, là aussi, on suppose que le travail est homogène c’est-à-dire que tous les travailleurs
possèdent la même qualification.
Le capital : le capital est un facteur de production composite. Il se compose du stock de
machines existant, des usines... etc. Ce capital s’use au cours de la production et le stock se trouve
donc réduit chaque année du montant de l’usure (dépréciation). Cependant, chaque année, ce stock est
accru par la production de nouveaux biens de capital. Dans la mesure où les nouveaux équipements
sont rarement les mêmes que ceux qu’ils remplacent, la nature du stock de capital d’un pays donné est
en constant changement. Mais comme pour la terre et le travail, on considère que le stock de capital
est homogène.
Dans le langage courant, on assimile souvent l’argent à du capital, mais l’argent en lui même
n’est pas un facteur de production. Il peut être investi dans l’achat d’équipement et dans ce cas il se
transforme en facteur de production. Mais il peut être utilisé également à des fins sans rapport avec le
stock de capital (achat de biens immobiliers, loisirs...).
Remarques : - on distingue entre capital fixe et capital circulant. K Marx distingue entre capital
constant et capital variable
- la question de l’immatériel (60% environ de la valeur des entreprises modernes).
C- La Fonction de Production :
La fonction de production exprime la relation d’ensemble entre des combinaisons d’inputs
technologiquement efficaces et l’output. Les inputs correspondent aux divers facteurs de production
utilisés au cours du processus de production pour réaliser un output, c’est-à-dire une production.
On peut l’écrire sous sa forme générale.
Q = f(X1, X2, .... ; Xn)
avec x1, x2, xn : facteurs de production.
D’une utilisation courante en microéconomie, cette fonction est également utilisée en
macroéconomie ; mais sa transposition du premier niveau au deuxième, soulève des problèmes et
contraint les théoriciens à adopter des hypothèses de travail :
1-le raisonnement moyennant deux facteurs de production : le travail et le capital. Cette
simplification est acceptable quand on raisonne sur le secteur industriel ; elle l’est moins lorsqu’on
généralise la fonction à l’ensemble de l’économie.
Dans ces conditions, la fonction s’écrit : Q ou P = f(K,T).
2- L’homogénéité des facteurs de production : tous les facteurs de production sont homogènes,
c’est-à-dire qu’ils ne sont pas différenciés. Les diverses unités de travail ont la même qualification et
les diverses unités de capital sont identiques.
3- La divisibilité : en général, les facteurs de production sont considérés divisibles. La
divisibilité n’est certes pas vérifiée pour tous les biens, mais cette hypothèse simplificatrice conduit à
l’hypothèse de continuité de la fonction de production. Le raisonnement est identique au plan
microéconomique.
L’analyse économique envisage successivement l’hypothèse d’une fonction à coefficients fixes
de production, puis celle des coefficients variables en courte et en longue période. Elle traite, ensuite,
la place du progrès technique dans la fonction de production.
Section 2 : La fonction de production à coefficients fixes :
2.1 : Expressions de la fonction :
En supposant que pour obtenir une unité de produit, il soit nécessaire d’utiliser un montant v de capital
et un montant u de travail, nous pouvons écrire :
K= v Q et T= u Q ; ou encore : Q= K/v= L/u ;
(avec v et u: constantes positives).
Le rapport v/u indique la proportion selon laquelle T et K doivent être combinés dans la production.
Les quantités utilisées de T et de K pour obtenir Q étant fixes, toute quantité excédentaire de T et de K
reste inutilisée.
La fonction de production se présente alors comme suit :
Q= Min(K/v, L/u)
Ce qui signifie que la production s’établira à un niveau défini par la quantité disponible du facteur le
plus rare.
L’hypothèse des coefficients fixes de production peut être illustrée au moyen d’isoquants particuliers.
Supposons que pour produire une unité de produit (Q=1), 2K et 4T soient nécessaires, de sorte que le
K et le T soient combinés selon le rapport v/u= ½. Pour fabriquer 2Q, il faudra nécessairement 4K et
8T et ainsi de suite, le rapport v/u étant toujours égal à ½ :
K
R
Q3
Q2
Q1
O T
Les quantités produites se situent sur un segment OR issu de l’origine et dont la pente mesure le
rapport fixe v/u selon lequel K et T sont combinés. Les isoquants sont formés par les segments se
coupant à angle droit aux points correspondants aux différentes valeurs de Q.
Cette représentation illustre le fait que si la quantité de l’un des facteurs s’accroît, la quantité de
l’autre facteur restant inchangée, aucune production additionnelle n’est obtenue ; autrement dit, le
produit marginal de ce facteur est nul.
2.2 : Signification de la fonction à coefficients fixes :
Les fonctions de production de la forme: Q= Min (K/v, T/u) sont généralement utilisées en
macroéconomie en identifiant la quantité produite Q avec le produit P ou le revenu national Y et en
mettant l’accent sur le stock de capital existant plutôt que sur la quantité de travail disponible.
Dans ce cas, la fonction globale de production prend la forme simplifiée : Y= K/v, dans laquelle K est
le stock de capital et Y le produit global correspondant à une pleine utilisation de la capacité de
production.
S’agissant du coefficient v=K/Y, c’est un coefficient fixe qui exprime un rapport capital/produit (ou
coefficient de capital) constant.
Section 3 : La fonction de production à coefficients variables en courte période
La courte période de l’analyse économique correspond à un délai suffisamment court pour que
la quantité disponible d’un(ou plusieurs) facteur puisse être considérée comme fixe ; la production ne
peut donc être modifiée que sous l’effet des variations des quantités du(ou des) facteur variable.
L’analyse macroéconomique de la production retient, à juste titre, la convention qu’en court
terme, c’est le capital qui est fixe et que c’est le travail qui varie. La production atteint, donc, son
volume maximum lorsque le plein emploi du facteur travail est réalisé.
La fonction s’écrit : Q= (K, T) ;
K représentant un stock fixe de capital.
Ou encore : Q= a T ; formule dans laquelle aT= f(K,T).
Avec la convention retenue, les deux facteurs sont analysés différemment : le capital comme stock de
biens et le travail comme un flux de services utilisés par les entreprises.
Là aussi, c’est une transposition du raisonnement microéconomique au niveau macro.
Propriétés de la fonction :
Il résulte de la convention retenue que la fonction globale de production est du même type que la
fonction microéconomique de courte période.
Toute augmentation de la quantité de travail appliquée à la quantité fixe de capital se traduira d’abord
par un accroissement plus que proportionnel de la production et donc par un produit marginal
physique du travail croissant ; puis, après un seuil rapidement atteint, l’accroissement de la quantité de
travail donnera lieu à une augmentation moins que proportionnelle de la production et à un produit
marginal physique du travail décroissant.
En représentant graphiquement le produit total (Pt), le produit moyen(PM) et le produit marginal du
travail(Pm), nous obtenons un schéma similaire à celui obtenu au niveau microéconomique :
P1
A
L’observation de ce graphique permet de faire les remarques suivantes :
- la partie de gauche de ce graphique (patrie 1), située à gauche du point B, ou le produit
marginal (rouge) coupe le produit moyen son maximum (vert), se caractérise par un produit
moyen croissant. Cette croissance du PM signifie que le facteur fixe, le capital, est
surabondant par rapport au travail. Elle signifie un gaspillage de ressources.
- La partie 2, située à droite du maximum du produit total, se caractérise par un Pt décroissant et
un Pm négatif. Il y a là, surabondance antiéconomique du travail.
- La partie 3, située entre les deux premières, correspond seule à une activité économique
rationnelle. L’analyse macroéconomique de la production, se ramène fréquemment à l’étude
de la fonction de production à l’intérieur de cette zone, qui se caractérise par un Pm du travail
positif, mais décroissant lorsque les quantités de travail employées augmentent :
- La production maximum susceptible d’être atteinte au niveau global, dépend des quantités de
travail disponible. Or celle-ci n’est pas illimitée en courte période dans une économie sans
relations avec l’extérieur. On se heurte, tôt ou tard, à la barrière du plein-emploi.
Section 4 : La fonction de production à coefficients variables en longue période
En longue période, les deux facteurs varient et sont combinés dans des proportions variables. Se
posent alors les questions de la substitution entres facteurs de production et les rendements d’échelle.
4.1 : la substitution entre facteurs :
rendement
sts A
P2
C
P3
P2 P3 P1
B
C
Cette question s’analyse par le taux marginal de substitution technique et par l’élasticité de
substitution.
- le TMST :
La fonction de production s’écrit: Q= f (K,T), elle est représentée par une carte d’isoquants.
K
T
Le taux marginal de substitution entre facteurs de production exprime le taux suivant lequel un facteur
peut remplacer l’autre pour maintenir un niveau donné de production.
Ce taux est mesuré par la valeur absolue de la tangente en un point d’un isoquant (soit dK/dT) ;
comme cette pente est négative, le TMST est défini par le rapport :-dK/dt.
Il revêt 2 caractères :
° il est égal au rapport des produits marginaux des facteurs :
Si on a une fonction de production f(K, T), on calcule la différentielle totale :
df (K, T) = f dk + f dT
k T
f dk = - f dT
k T
f
- dk = T
dT f
k
TMST = - dk = f’T
dT f’k
° le TMST diminue au fur et à mesure que la substitution a lieu.
-l’élasticité de substitution :
Elle est définie par le rapport de la variation relative du rapport K/Y à la variation relative du TMST.
Elle permet de dire dans quelle mesure une modification du rapport des productivités marginales
physiques des deux facteurs provoque une modification de la combinaison utilisée de ces facteurs.
Q 3
Q2
Q1
Carte d’isoquants
Fig. 3 : Courbes d’iso produit.
En désignant par c le rapport K/T et par s le TMST, on peut écrire , l’élasticité de substitution,
comme suit :
= dc/c / ds/s = ds/s . s/c
Le coefficient est positif, puisque le TMSTt/k varie dans le même sens que le rapport K/T.
Il est supérieur, égal ou inférieur à l’unité suivant qu’une variation relative donnée du TMST
s’accompagne d’une variation relative plus importante, égale ou moins importante du rapport K/T.
On rappellera qu’en analyse microéconomique, la maximisation de la production et la minimisation
des coûts en concurrence parfaite est conditionnée par l’égalité entre le TMST et le rapport des prix
des facteurs de production.
4.2 : les rendements d’échelle :
Lorsque l’on multiplie les quantités utilisées des facteurs de production par un multiple entier m, la
production obtenue se trouve multipliée par un multiple m’.
Si m’ = m, les rendements sont constants à l’échelle.
Si m’ > m, les rendements sont croissants à l’échelle.
Si m’ < m, les rendements sont décroissants à l’échelle.
On peut illustrer cela par les fonctions homogènes :
Une fonction Q = f(K,T) est dite homogène de degré , lorsque pour tout nombre réel positif m,
si on multiplie les facteurs de production par m, la production est multipliée par m : f(mK, mT) =
m f(K,T)
Exemple :
Q = K² + 4KT + 3T²
f (mK,mT) = m²K² + 4m²KT+3m²T²
= m²f(K,T)
= 2, c’est donc une fonction homogène de degré 2.
Lorsque = 1 ; c’est-à-dire que la fonction est homogène de degré 1, les rendements sont dits
constants à l’échelle. En effet si l’on augmente de façon proportionnelle les quantités employées des
deux facteurs K et T, on obtient un accroissement de production également proportionnel.
Les fonctions de production homogènes de degré un sont appelées« Cobb-Douglas » du nom
des économistes américains qui les ont utilisées pour la première fois vers 1930. Elles se présentent
comme suit :
Q = bT K
Où b est un paramètre constant qui dépend des unités employées pour mesurer le produit, le
travail et le capital ;
et étant des paramètre positifs représentant les élasticités de la production par rapport au
travail et au capital et qui indiquent par conséquent de quelle façon la production réagit aux variations
des quantités de travail et de capital mises en oeuvre ;
avec + = 1 ou : = 1 -
Q = bT K1-
Lorsque > 1 ; c’est-à-dire que la fonction de production est de degré deux ou trois par
exemple, les rendements sont croissants à l’échelle puisque les quantités de facteurs utilisées étant
multipliées par m, le volume de produit obtenu est multiplié par m² ou m3.
Lorsque < 1 ; c’est-à-dire que la fonction de production est de degré zéro par exemple, les
rendements sont décroissants à l’échelle puisqu’en multipliant les quantités de facteurs par m, on
obtient une production inchangée.
4.3 : les principales fonctions de production :
- Fonction de production Cobb-Douglas : Comme déjà souligné, c’est la plus utilisée par les
économistes. Sa forme générale s’écrit Q = bT K
- Fonction C.E.S (Constant Elasticity of Substitution) : Elle fut introduite par les
économistes américains ARROW, CHENERY, MINHAS et SOLOW pour rendre des cas où
l’élasticité de substitution, est constante mais différente de l’unité. Elle s’écrit :
Q = (a K- + b T- )1- ; où les coefficients a et b sont des constantes
positives.
La fonction C.E.S est un moyen commode d’étudier toutes les formes de substituabilité entre
facteurs. On notera en particulier que lorsque tend vers 0, l’élasticité de substitution tend vers 1 ;
dans ce cas, la fonction se réduit en une fonction Cobb-Douglas. De même, lorsque tend vers l’infini
et vers 0, la substituabilité disparaît et la fonction devient une fonction à coefficients fixes.
EN RESUME
- Lorsqu’il y a à la fois rendements constants à l’échelle et élasticité de substitution = 1, la
fonction de production est une fonction Cobb-Douglas de la forme : Q = b T
K1-
- Lorsque e=1 et les rendements ne sont pas constants, la fonction est de type Cobb-
Douglas générale : Q = b T K
- Si les rendements sont constants et constante différente de 1, la fonction est de type C.E.S
- Si les rendements ne sont pas constants et est différente de 1, on est dans le cas d’ une
fonction C.E.S générale.
P.S : Il faut noter que les économistes utilisent généralement dans leur raisonnement la fonction
Cobb-Douglas, en justifiant leur attitude par le fait que les conclusions tirées de cette dernière sont très
proches de celles obtenues à partir de formes plus complexes du type C.E.S.
Section 5 : Le progrès technique dans la fonction de production
En termes généraux, le progrès technique peut être considéré comme un facteur qui permet
d’augmenter la production globale, les quantités de K et de T restant inchangées. En d’autres termes,
le progrès technique accroît dans le temps la production Q que fourniraient des quantités K et T
données. Sa conséquence est de déformer continuellement la fonction de production.
Dans ce cas, on écrit la fonction de production sous la forme :
Q= f (K,T,t).
L’introduction de la variable t a pour but de tenir compte du fait que la fonction change dans le temps.
L’analyse envisage 3 cas : le progrès technique « neutre », « incorporé » et « induit».
5.1 : le progrès technique « neutre » :
Le progrès technique peut exercer ses effets, soit principalement sur le capital, soit principalement sur
le travail, soit les deux facteurs à la fois.
Lorsque le progrès technique agit de manière égale sur les 2 facteurs et laisse inchangé le rapport des
produits marginaux, c’est à dire le TMST, il est dit neutre, en ce sens que la combinaison productive
n’est pas modifiée.
La fonction de production s’écrit : Q = b(t) f (K,T) ; dans laquelle le terme b(t) est un indice du
progrès technique.
Si par exemple, b(t) passe de valeur de base 1 à la valeur 2 dans une période ultérieure, la même
combinaison de K et de T permet d’obtenir une production double grâce au progrès technique.
Deux formulations existent :
- le progrès technique est neutre au sens de l’économiste HICKS lorsque son influence revient
à multiplier la fonction de production par un facteur croissant d’une période à l’autre. Si la fonction est
linéaire et homogène, on écrira : Q = f[b(t) . k , b(t) . T] pour toute valeur
positive de b(t).
- L’économiste néo-keynésien HARROD, adopte une autre définition du progrès technique
neutre : pour lui, c’est lorsque le rapport capital-production (K/Q) ou capital-produit (K/Y) reste
inchangé. Dans ce cas, la fonction de production s’écrit :
Q ou Y = f [K, b(t) . T] ; le terme b(t) est un indice de la qualité de la seule main-d’œuvre.
Autrement dit, pour HARROD, le progrès technique s’exprime par la seule amélioration de la
productivité de la main-d’œuvre et équivaut à une augmentation de la quantité de travail disponible.
5.2 : le progrès technique incorporé au capital :
Dans ce cas on admet que le progrès technique a besoin, pour faire sentir ses effets, d’un support
matériel, c’est à dire d’un investissement nouveau permettant de mettre en oeuvre la nouvelle
technique.
La prise en considération de cet état de fait modifie la fonction de production qui devient avec
SOLOW : Qt = b’t ( Tt , Jt1- ); dans laquelle Qt représente la production au cours de la
période t et Kt la quantité de travail utilisée pendant la même période. Tt se substitue à Kt, le stock
de capital, et exprime le nombre de machines pondéré par leur qualité ; l’indice b’t est un indice
d’efficacité économique différent de bt, précédemment considéré, puisque bt regroupait des éléments
de progrès technique qui sont désormais inclus dans le capital exprimé par Jt.
Il est à souligner qu’au niveau théorique, ce raisonnement pose un problème méthodologique,
puisque le capital sur lequel on raisonne n’est plus homogène.
5.3 : le progrès technique incorporé au travail :
De même que SOLOW a attiré l’attention sur l’amélioration de la qualité du capital, DENISON,
propose de tenir compte de l’amélioration de la qualité du travail utilisé.
La fonction de production peut s’écrire : Qt = b’’t (T tet) Jt1- ; où (Ttet) représente
l’amélioration de la qualité de la population active.. Cet élément va à son tour être exclu de l’apport b’t
non expliqué du progrès technique, de sorte que cet apport résiduel se réduit et peut désormais être
représenté par b’’t.
Plutôt que de dégager le progrès technique sous la forme d’un facteur résiduel après avoir estimé
successivement la contribution de toute une série de composantes, il paraît préférable de mettre
l’accent sur l’interdépendance des différentes variables recensées. Dans cette perspective, il devient
difficile de considérer le progrès technique comme facteur autonome et il importe de se demander s’il
n’est pas, au moins en partie, un effet du développement de l’activité économique, c’est à dire un
phénomène induit.
5.4 : le progrès technique « induit »:
C’est l’accélération du processus du progrès technique dans les pays développés qui incite à
faire ce raisonnement. En effet, plus le pays est développé, plus les inventions augmentent ainsi que la
qualification de la main- d’œuvre. Ce qui approfondit le fossé entre les pays développés et les pays
sous-développés.
On a ainsi songé à relier le rythme de croissance de la productivité au rythme de croissance du produit
national.
La fonction de production peut s’écrire : Y = e mt K T 1 - ; où e= 2,71828, base des
logarithmes népériens ; t représente le temps ; m le taux annuel de progrès technique considéré comme
constant, est une constante indépendante du temps.
Avec cette formulation, le progrès technique apparaît comme un facteur autonome. Sa transformation
en phénomène induit suppose que l’on cesse de considérer m comme une constante et que l’on en
fasse une fonction du niveau du produit : m=m(Y).
Séction 6 : La production intérieure et sa structure au Maroc
6.1 : Estimation de la fonction de production:
Différentes études ont été faites pour estimer la fonction de production globale du Maroc.
6.1.1- le Centre Marocain de Conjoncture (CMC), a repris une étude faite pour analyser
les moteurs de la croissance économique marocaine qui adopte la forme Cobb-Douglas de la
fonction de production avec progrès technique neutre de type HICKS :
Y(t) = b (t) FK(t) , T (t)
où : Y est la produit global
K, le stock de capital
T, le travail
t, le temps
et b(t), un paramètre d’efficience lié au temps et représentant l’effet du progrès
technique sur la technologie de production.
En calculant la différentielle logarithmique de la fonction de production, l’étude a pu estimer la
contribution de chaque facteur de production à la croissance économique.
La croissance de la production se répartit, en effet, comme suite :
(dY)/(dt) Y = db/dt/b + K (dK/dt/K) + L (dT/dt/T .
où : l’expression dX/dt/X mesure le taux de variation de la variable X.
K , T désignent les élasticités de la production respectivement par rapport au K et au T
soit :
K = dY/Y dK/K et T = dY/Y dT/T.
Sous l’hypothèse que la rémunération de chaque facteur de production considéré est égale à sa
productivité marginale et l’hypothèse des rendements d’échelle constants, on a évalué les paramètres
K et T comme suit :
Paramètres d’élasticité K et T
Période 1969-96 1969-80 1981-96
Capital 0,274 0,827 0,431
Travail 0,726 0,173 0,569
6.1.2- Dans le cadre d’une étude nationale dite « RDH 50 » faite en marge du
cinquantenaire de l’Indépendance du Maroc, BARAKA et BENRIDA ont, également, fait
état d’une fonction de production macroéconomique, de type Cobb-Douglas pour analyser les
moteurs de la croissance économique marocaine. Sur la base des données couvrant la période
1970-2001, ils aboutissent à des élasticités de la production par rapport aux facteurs, capital
et travail, respectivement de 0,38 et 0,62. À partir de celle-ci les contributions des facteurs de
production à la croissance économique ont été déterminées.
Tableau : Contributions des facteurs de production à la croissance économique (en %)
1960-1966 1967-1974 1975-1981 1982-1987 1988-1995 1996-2003
PIB 2,9 5,7 4,6 4,1 2,7 4,0
Capital 1,5 1,2 3,2 1,5 1,2 1,5
Emploi 1,1 1,6 1,9 1,6 1,5 1, 5
PGF 0,3 - 2,9 0,5 1,1 0,0 1,0
Il en ressort ce qui suit :
a- Rôle moteur du facteur travail dans la production nationale
Le capital humain est le facteur de production le plus important au Maroc. C’est d’ailleurs le cas de la
plupart des pays en développement qui, bénéficiant d’une main d’oeuvre nombreuse et peu coûteuse,
ont tendance à se spécialiser dans des productions intensives en emplois. La contribution du travail à
la croissance économique a enregistré une amélioration de 0,4 point du PIB, passant de 1,1 point du
PIB durant la période 1960-1966 à 1,5 point entre 1996 et 2003. Entre 1975 et 1981, le facteur travail
a atteint son niveau record avec presque 2 points du PIB en raison du lancement de la politique des
grands chantiers publics.
b- Amélioration de la contribution du facteur capital
La participation du facteur capital à la production nationale s’est maintenue autour de 1,5 point du PIB
en moyenne annuelle sur la période 1960-2003. Ce facteur a fortement contribué à la croissance
économique entre 1975 et 1981 (à hauteur de 3,2 points du PIB), étant donnée la progression de 10 %
en
volume du niveau des investissements réalisés au cours de cette période. Entre 1982 et 1985, et suite à
la contraction de l’investissement public, la FBCF s’est repliée en termes réels de 2 % pour enregistrer
une nouvelle accélération de son rythme de progression en 1986-1995 passant de 3,9 % à 7,8 % en
1996-2003.
Le changement de régime de croissance des investissements au cours du dernier cycle est
imputable à une accumulation sensible du capital liée à l’extension des capacités productives du pays,
et à la substitution du capital au travail. Cette substitution peut être appréhendée à travers l’évolution
du rapport entre le total du capital et l’effectif des travailleurs.
c- Volatilité de l’évolution de la productivité globale des facteurs de production
La productivité globale des facteurs(1) mesure le lien entre la production des biens et services
et la mobilisation des ressources humaines et du capital dans le processus de production.
Elle a enregistré une évolution volatile sur la période 1960-2003 imputable
aux chocs internes (aléas climatiques) et externes (fluctuations de la demande étrangère adressée au
Maroc, des prix des matières premières et des principales devises) que l’économie nationale a subis au
cours de ces années ainsi qu’à des raisons structurelles liées à la valorisation insuffisante du capital
humain et à la sous utilisation des capacités de production. Hormis la période 1967-1974 durant
laquelle la productivité globale des facteurs a participé fortement à la croissance économique (2,9
points du PIB), sa contribution à la croissance est restée limitée : elle s’est établie entre 0,5 % entre
1975 et 1981 et 1,1 point entre 1982 et 1987.
La productivité globale des facteurs étant la moyenne pondérée des productivités du travail et du
capital, son taux de croissance peut être décomposé en effet productivité du travail et en effet
productivité du capital.
Tableau : contribution des productivités apparentes à la croissance de la PGF 1960-1966 1967-1974 1975-1981 1982-1987 1988-1995 1996-2003
Productivité du capital -0,3 1,0 1,3 0,1 - 0,1 0, 1
Productivité du travail 0,6 1,9 0,9 0, 9 0,1 0,9
PGF 0,3 2,9 - 0,5 1,1 0,0 1,0
Ainsi, la productivité du travail a été le facteur déterminant dans l’évolution de la croissance
de la productivité globale des facteurs depuis l’Indépendance. La baisse de la productivité du travail à
partir de 1975 est liée à la forte croissance de l’emploi tertiaire, qui se caractérise par une faible
productivité. Celle-ci résulte d’une part de la baisse des salaires réels dans la fonction publique durant
les années 80 et d’autre part de la forte poussée des « emplois informels » dans les zones urbaines
correspondant, le plus souvent, à des commerces et services à faible productivité.
Le processus de tertiarisation de l’emploi au Maroc est donc en réalité une conséquence du chômage.
Du fait de la contraction de l’emploi formel, et de l’absence de prestations de chômage, un nombre
croissant d’actifs ont des activités de subsistance.
(1) Il convient toutefois de préciser que l’analyse précédente est basée sur des productivités apparentes
dont le calcul comporte un certain nombre de limites. En effet, il ne tient pas compte des corrections à
faire sur les volumes du travail et du capital réellement utilisés en introduisant le nombre d’heures
travaillées, la durée d’utilisation des équipements et le délai d’ajustement de l’emploi).
6.2 : La structure de la production intérieure :
L’analyse des statistiques nationales permet de donner une idée sur les grandeurs
caractéristiques de la production marocaine (évaluée par l’agrégat PIB), sur sa structure (secteurs
d’activités, branches et régions) et sur son dynamisme (taux de croissance du PIB).
Les principaux traits marquants suivants sont à vérifier par une analyse statistique appropriée :
- diversité de la production marocaine.
- déséquilibre entre les secteurs d’activités (dominance du tertiaire).
- déséquilibre au sein du secteur secondaire entre les activités légères et celles produisant les
biens d’équipement.
- disparité régionale, avec forte concentration des activités dans l’axe Kénitra - El Jadida ;
- domination de la PME et persistance de l’informel ;
- faiblesse de la productivité en général et dans les activités primaires en particulier.
- inconstance du taux de croissance de la production et sa faiblesse relative en long terme.
Questions à approfondir :
1- Productivité du travail au Maroc.
2- Coûts des facteurs de production et compétitivité.
3- Plan « Emergence » de développement industriel.