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Un appui venu du monde associatif
1
Vous prendrez bien un café ?
1
Infos du CAPE 1
Introduction de Daniel COMTE
2
Parole donnée à l’association Culture et Progrès
2-3
Les échanges 3-4
Retour des trois observatrices
5
Les infos du CAPE 5
Compléments 6
Dans ce p’tit grain :
Le p’tit grain
Un appui venu du monde
associatif
Le 3ème café de l’éducation
organisé par le CRAP en
partenariat avec CANOPE et
DJSCS s’est tenu ce mercredi 12
avril dans les locaux de Canopé.
Notre café a réuni 13
participants dont 4 qui s’étaient
pré-inscrits, plus exactement 9
que nous avons eu le plaisir
d’accueillir hors pré-inscription.
Une des participantes est
repartie en cours de débat. Deux
autres personnes se sont
présentées à l’accueil, ont
demandé si Philippe MEIRIEU
était présent et la réponse ayant
été négative, ne se sont pas
installées parmi nous.
Notre collaboratrice et co-
animatrice Alexandra
MAURER étant
retenue par une
formation à l’ESPE du
Tampon, j’ai assuré
seul l’animation..
Après le café d’accueil
et les remerciements
d’usage, j’ai rappelé le
fonctionnement du
d i s p o s i t i f e t l e c ad r e
d’observation « à la De Péretti »
qui avait été très apprécié lors du
premier café et que je souhaitais
poursuivre ce jour et lors des
prochains cafés :
- Un-e observateur-trice des
notions abordées
- Un-e observateur-trice de
l’éthique
- Un gestionnaire du temps
J’ai rappelé le rôle des
animateurs :
- La distribution de la parole, le
plus équitablement possible
(sous l’œil de l’observateur
d’éthique)
- La reformulation et de temps
en temps le déplacement du
questionnement vers de
nouveaux champs (ce qui
alimente l’observateur des
notions abordées).
Les infos du 3ème café de l’éducation CRAP-CANOPE à la Réunion COMMENT FAIRE S’EXPRIMER LES JEUNES DANS ET HORS DE L’ÉCOLE ?
Année 1 n°2 Avril 2017
Le café de l’éducation de
Saint-Denis de la Réunion
proposé le 2ème mercredi de
chaque mois par le CRAP—
Cahiers pédagogiques et
CANOPE de la Réunion est un
des nombreux ateliers que ce
dernier a mis en place.
La café est ouvert à toute
personne intéressée par les
questions de l’éducation.
Pré-inscription conseillée sur le
site de CANOPE.
Toutes les informations sur le
prochain café en page 5
C’est le Collectif des Associations Partenaires de l’Ecole qui
existe au niveau national.
Qu’elles soient association complémentaire de l’École,
mouvement pédagogique, mouvement d’éducation
populaire, parfois les deux ou les trois en même temps, elles
situent leur action avec, dans et autour de l’École.
Outre
le CRAP (Cercle de Recherche et d’Action Pédagogique)
se trouvent à la Réunion :
La Ligue de l’Enseignement
Les CEMEA (Centres d’Entraînement aux Méthodes
d’Education Active)
L’ICEM Freinet (Institut Coopératif de l’Ecole Moderne
et d’autres associations qui se manifesteront pour nous
permettre d’actualiser notre rubrique CAPE avec
notamment quelques informations de ce collectif.
Quelques infos du réseau en page 5
Vous connaissez le ? Vous prendrez
bien un ?
La première formulation de la problématique de ce café était limitée à la parole et nous avions à l’esprit quelques exemples éloquents où faire surgir la parole est un moyen de limiter les actes de violence. Le bons sens populaire dit que celui qui n’a pas les mots pour le dire a toujours les poings.
Mais très vite, il nous est apparu que la parole n’était que la partie émergée de l’iceberg des expressions.
Remémorons nous le mime Marceau s’exprimant sans mots devant un auditoire captif : il n’y a pas plus éloquent que cette absence de parole.
Aussi allons-nous ouvrir le débat à toutes les formes d’expression des jeunes.
Pour nous recentrer sur un sujet aussi large, nous avons été contraints d’éluder deux questions que vous avez toutes et tous dû vous poser :
- D’abord le pourquoi ? Pourquoi faire s’exprimer les jeunes.
Si j’ai ouvert une piste de réponse en évoquant une des conséquences qui serait la diminution de la violence, il en reste beaucoup d’autres autour du bien-être, du plaisir et de ces 3ème et 4ème «é» de cette Ecole Educatrice, Emancipatrice et Epanouissante, cette 4é qui a été ce que nous avons esquissé comme horizon à ces
cafés de l’éducation. Je vous renvoie à l’article paru dans le numéro de mars avril des Cahiers pédagogiques.
- Autre question éludée dans ce débat à venir : le « faire » dans faire s’exprimer.
Les jeunes ont-ils besoin qu’on les fasse s’exprimer ? Ne peuvent-ils s’exprimer sans nous ?
A l’évidence, c’est bien sûr qu’ils sont capables d’expression par eux-mêmes ; il
suffit de penser à tous ces spectacles musicaux ou de hip-hop où les adultes ont assez peu à dire.
Alors pourquoi ce faire dans la question de départ ?
Le « faire s’exprimer », c’est seulement notre action d’éducateur, que nous soyons parents, acteurs assoc iatifs ou professionnels de l’éducation. Nous leur offrons un cadre, notre regard, notre bienveillance j’espère et nos compétences certainement.
Pour lancer le débat, nous allons donc avoir deux points d’appui qui mettent en exergue des outils ou des dispositifs reconnus pour faciliter les expressions des jeunes.
Les premiers sont dans le champ de l’Ecole ; il s’agit d’une courte vidéo filmée dans une école REP+ de la banlieue montpelliéraine. Dans une classe du 1er degré, vous verrez fonctionner la pratique du Débat Philosophique à Visée Educative.
Le deuxième dispositif sera présenté par Guillaine et Annick, de l’association Culture et Progrès, qui mettent en avant un travail conduit en partenariat avec la Cité des Arts à partir d’un outil extrêmement intéressant : le théâtre forum.
Vous serez bien sûr tout à fait libres d’ouvrir les échanges à d’autres formes d’expression si elles sont au s e r v i c e d e l ’ Ed u ca t i o n , d e l ’ E m a n c i p a t i o n e t d e l’Epanouissement du jeune.
Je terminerai cette introduction en situant nos interrogations dans le cadre de cette société du 21ème siècle où les avancées technologiques permettent de multiples formes de communication dont sont friands les jeunes :
- Qu’en faisons-nous, parents, éducateurs pour faire de nos jeunes les citoyens responsables de la société de demain ?
- Est-ce une chasse gardée, une bulle d’évasion pour nos jeunes ?
Voyez, les sujets à creuser pour nos échanges à venir ne manqueront pas.
Mais commençons par la 1ère vidéo.
Page 2 Le p ’ t i t grain Année 1 n°2
L’intervention de Daniel COMTE, Cahiers Pédagogiques
Parole donnée à Guillaine et Annick de l’association Culture et Progrès
Il s’agit d’un extrait de 6 minutes d’une discussion à visée philosophique (DVP) dans la classe de Sylvain CONNAC professeur des écoles dans une école élémentaire de la banlieue nord de Montpellier. A l’école Balard, l’innovation pédagogique est un axe majeur du projet de l’établissement au service des élèves de ce quartier prioritaire de La Paillade à Montpellier. La classe que l’on voit à l’écran est une classe coopérative, multi niveaux, du CP au CM2.
Sur la forme, on remarque l’institutionnalisation de la DVP avec
des rôles attribués à plusieurs élèves : le président de séance, un
distributeur de parole, un reformulateur, un synthétiseur …. Le
président, Yassine, 10 ans en CM2, annonce les règles : « on ne
se moque pas, on écoute celui qui parle et les gêneurs au bout de
trois fois seront exclus ».
Il lance un tour de table qui s’ouvre par l’enseignant.
Sylvain C. annonce le thème de la discussion du jour « Qu’est-ce
qu’une insulte ? » et fait rappeler les exigences de la DVP :
définir, poser des questions, ne pas répéter ce qui a déjà été dit
… L’écoute est optimale, chacun attend son tour pour
s’exprimer.
Sur le fond, des temps se succèdent où le sent des mots est
interrogé, des définitions proposées. Des exemples donnés. Les
reformulations permettent de clore une partie et d’entrer dans
une autre en élargissant à partir de questions d’élèves. Une
synthèse finale permet à chacun d’avoir une idée claire autant de
ce qui a été défini que rejeté et, en l’occurrence, de mesures à
prendre pour éviter d’user d’insultes.
Annick s’appuie sur un diaporama
pour présenter l’association dont
quelques éléments sont rapportés ci-
après :
Premier élément mis en avant :
des valeurs et des principes
Deuxième entrée : 4 axes porteurs
pour les actions développées :
La parole n’est que la partie
émergée de l’iceberg des expressions
3-culture et éthique :
Valorisation du patrimoine culturel ET naturel
de l’île en développant la bienveillance et
l’altérité
2-social :
Favoriser la mixité sociale,
développer une démarche
d’éducation à la citoyenneté
et au vivre ensemble
1-écologique :
Projets EEDD innovants, promotion d’une conscience
écologique, sensibilisation à l’écocitoyenneté, prise de conscience
de la relation entre besoins physiologiques et appauvrissement
des ressources
4-éducatif :
Favoriser toute initiative de projets éducatifs
et pédagogiques de qualité afin de
rendre les apprenants autonomes.
Page 3 Le p ’ t i t grain Année 1 n°2
.Adapter les savoirs au contexte sociétal … … sans oublier la famille
Avant que ne soit lancé le débat, les observateurs se désignent : Isabelle BERTIL pour les Notions Abordées, Catherine LE GUILLOUX
pour l’éthique et Fabienne CUQ pour la gestion du temps.
En 2016 et 2017, quoi de neuf ?
~ Evolution du concept Petits Rangers vers des éco camps colos
à Cilaos et à la Rivière des Remparts
~ Participation à la semaine créole
~ Partenariats avec la direction de la Politique de la Ville de St
Denis (Projets de quartiers PRUNEL)
~ Soutien à la parentalité
~ Ateliers de soutien scolaire
~ Accompagnement des écoles de la Source sur des actions
EEDD
~ Mise en place d’une action Théâtre Forum « Jeunesse-
Education-santé » / conduites à risques chez les adolescents de
quartiers prioritaires
Quelques exemples de projets réalisés
Le projet construit collectivement lors de la journée des
associations du centre ville.
L’organisation du projet s’appuie sur l’élaboration d’une carte
mentale
Théâtre forum
Le théâtre de l’opprimé a été invité à La Réunion pour former des
personnes (ex. Thématique « Violences faites aux femmes ») ; des
partenaires sont associés : la Cité des Arts, Théâtre Grand
Marché. Une formation de 5 jours qui est beaucoup plus qu’un
outil mais une méthode de travail particulière.
Annick lance une vidéo présentant l’action du théâtre forum.
On retiendra :
~ Les objectifs : faire parler des jeunes sur des questions qui
les concernent ; réfléchir ensemble de façon ludique
~ Les moyens : l’expression de comportements asociaux dans un
périmètre sécurisé
~ Les thématiques : les conduites à risques
Le théâtre forum permet de jouer un rôle pour travailler sur les
comportements, de se mettre à la place de l’autre ; c’est une
pratique collaboratrice, un outil d’intelligence collective.
Il n’y a pas de spectateurs mais des « spect-acteurs ».
Dans le théâtre forum, le joker est neutre, il évite que l’acteur ne
sorte de ses gongs ; il n’y a pas de solutions préétablies. La 2ème
partie, c’est l’improvisation.
Le théâtre forum renvoie à l’essence du théâtre : chez les Grecs,
le théâtre se déroulait dans le forum.
Pour en savoir davantage sur le Théâtre Forum une présentation plus approfondie que ce qui a été projeté lors du café ici
Quand on joue un personnage, on se joue
quelque part. C’est une thérapie par la
mise à distance, par l’altérité
Les échanges
1ère question : donnez votre point de vue sur l’utilité des dispositifs présentés
Pour lancer le débat, je souhaiterais que vous me disiez en quoi les outils présentés peuvent faire grandir les jeunes.
Mireille pense que dans tous les cas, hors
ou dans l’école, les outils présentés
proposent un cadre de sécurité. Ils
sécurisent parce qu’ils fixent les limites de
ce qui peut être dit. Ce qui se dit ne sort
pas du cadre de la classe (confidentialité).
Elle confirme, ce qui
n’est pas visible dans la
vidéo, qu’un écrit restitue
l a d i s c u s s i o n
philosophique. Elle
reconnaît que, le public
étant fortement défavorisée (95 % dans
cette école de La Paillade ), il y a un risque
face aux croyances de la famille ; ce qui est
discuté à l’école peut être à contresens des
pensées familiales.
Annick précise que le théâtre forum doit
émerger sur quelque chose dans
l’interaction avec les acteurs et elle
convient que certaines choses ne sont pas
entendables dans certains cultures.
Fabienne (de Culture et Progrès) indique
qu’en ne faisant qu’un seul et même
groupe, on réduit au même niveau pour
renforcement philosophique en disant que
cela fait écho à ce
qu’écrit Paul Ricoeur
qui situe le «soi-même
comme un autre» : il y
a deux faces dit-il dans
l’identité : l’identité-
mêmeté et l’identité–
ipséité, c’est là qu’on
se déplace pour être
un autre soi-même.
Guillaine prend
l’exemple du théâtre
forum mis en place au
collège Bourbon sur la thématique du
s e x i s m e . C ’ e s t u n e e s p a c e
d’expérimentation, dit-elle, un laboratoire
où on interagit : le jeune, en opposition
dans le public, se retrouvant en situation
sur scène, est en butée, en difficulté par
rapport à ce qu’il avait prévu de dire. C’est
donc un espace qui lui est donné pour
s’entraîner, ouvrir le champ des
possibles.
faciliter l’expression.
Catherine est convaincue que le théâtre
forum développe l’empathie : « je joue ce
qu’on me demande de jouer, je suis un
personnage » et donc cela aide à grandir.
Patrick ne croit pas à la sécurité complète,
il y a
toujours
des fuites.
Pour
autant il
faut que le
jeune se sente en sécurité, dit-il. La valeur
de la parole est la même pour tous : c’est là
aussi un cadre sécurisant. La non-parole
est également importante, le spectateur
observateur non participant exprime
beaucoup. D’où l’importance de regarder
ce qui se passe dans le public.
Catherine poursuit la notion du jeu de
personnage : « Quand on joue un
personnage, on se joue quelque part. »
Pour elle, c’est une thérapie par la mise à
distance, par l’altérité.
Daniel (animateur) apporte un
Quand on joue un personnage, on se
joue quelque part. C’est une thérapie
par la mise à distance, par l’altérité
Les échanges (suite)
Page 4 Le p ’ t i t gra in Année 1 n°2 Avr i l 2017
Les échanges (suite)
Page 4 Le p ’ t i t grain Année 1 n°2
à l’Hôtel de ville : à l’entrée à l’école
maternelle, un enfant maîtrise de 180 mots
à 2000 ou 3000 mots selon qu’il est issu
d’un milieu où le code de langage restreint
ou élaboré est en usage. (cf. B.
BERNSTEIN)
Mireille précise le fonctionnement de
l’école Balard qui montre dans la vidéo un
des dispositifs innovants. Pendant six ans
le débat philosophique, appuyé par
Michel TOZZI, se déroule en
simultané dans cinq classes de
l ’école. L’enseignant est un
animateur sans prise de position. Le
débat philosophique est devenu au
cours des six années la Discussion à
V i s é e s D é m o c r a t i q u e e t
Philosophique (donc DVDP).
Guillaine renforce le message sur
l’importance du champ lexical : le sens des
mots valeurs, respect ; il faut un champ
commun de compréhension.
A Dominique qui lui demande si les
jeunes peuvent s’exprimer en créole, elle
répond que le créole est la langue des
émotions ; donc on ne freine pas. Chacun
s’expose.
Dominique note que la langue
créole est une question à laquelle
elle est confrontée en tant
qu’enseignante.
Patrick nuance l’aspect émotion
de cette langue : est-ce émotionnel
ou politique ? demande-t-il. Il y a
des utilisations stratégiques du créole.
Serge fait un lien avec le premier outil qui
était présenté : la discussion
philosophique. Il reconnaît avoir été
surpris par la maîtrise de mots, tels
«reformulation», dans la bouche de jeunes
écoliers de milieux défavorisés. Cela
ressort du code élaboré de langage.
Daniel (animateur) indique que Serge
rappelle les propos de Philippe MEIRIEU,
dans la conférence qu’il a donnée la veille
s’exprime, sort ce qu’il a sur le
cœur. Dès le jour même, tout se
passe mieux en classe avec cet
élève. Analyse de F. Imbert :
l’attente de l’enseignante remplissait
le vide dans lequel elle espérait très
fortement l’inscription de cet élève
et où il ne pouvait donc pas entrer.
Annick demande ce qu’on met dans les mots : quel champ lexical ?
Isabelle rappelle qu’il faut bien être conscient que donner la parole,
c’est avoir un pouvoir. Il faut apprendre aux jeunes à prendre la
parole.
Annick acquiesce et dit qu’il
faut laisser l’espace pour que la
parole soit prise.
Daniel apporte un nouveau
complément : « ce qui est dit est
extrêmement important et a été
étudié par Francis Imbert ;
c’est un psycho-sociologue qui
a travaillé sur les « quoi de neuf », ces temps d’échanges mis en place
dans le 1er degré. Il raconte le cas d’une enseignante qui a dans sa
classe un enfant-bolide (il définit ces enfants comme incapables de se
cadrer, de se discipliner tant ils sont chargés de problèmes et
questionnements internes). Elle attend chaque semaine qu’il vienne
s’exprimer dans son « quoi de neuf » hebdomadaire et jamais il ne s’y
inscrit. Un jour il s’inscrit dans le quoi de neuf de la classe voisine,
Complément / Francis Imbert
Enseignant-chercheur en sciences de l'éducation. Agrégé de
philosophie. Maitre de conférences à l'Institut universitaire
de formation des maîtres de Créteil, et psychanalyste,
fondateur en Seine-Saint-Denis du Groupe de recherche en
pédagogie institutionnelle (GRPI).
L’ouvrage cité est : « Médiations, institutions et loi dans la
classe / pratiques de pédagogie institutionnelle » de Francis
Imbert, Groupe de recherche en pédagogie institutionnelle,
Éditions Sociales Françaises – ESF
Un extrait de l’analyse de cet ouvrage en page 6 par Claudine
Blanchard-Laville, Université Paris-
X Nanterre
La parole et la langue
La langue utilisée, que nous dit-elle?
A l’entrée à l’école maternelle, un enfant maî-
trise de 180 mots à 2000 ou 3000 mots selon
qu’il est issu d’un milieu où le code de langage
restreint ou élaboré est en usage.
D’autres formes d’expression que la parole
Utilisez-vous ou connaissez-vous d’autres dispositifs, outils, moyens qui favorisent d’autres formes d’expression des jeunes ?
nuance toutefois en disant que parfois le
sens est perdu dans la sonorité.
Il y a donc un vrai travail à accomplir sur
ce mode
d’expression
qu’est le
slam.
Serge indique plusieurs dispositifs mis en
Isabelle aux CEMEA, organise des
ateliers sur l’expression écrite, le slam, la
poésie, même si le public est illettré.
Patrick qui anime
lui aussi des ateliers
d’écriture est
d’accord sur le
slam comme mode d’expression ; il
place par la JPA (Jeunesse au Plein Air), tel
« Kriké, kraké la Konpani » ou l’édition de
petits livrets dans les centres de loisirs.
Il confirme que la JPA contribue à la lutte
contre l’illettrisme et pense qu’il faut
poursuivre la formation continue des
animateurs qui sont en prise de risque par
rapport à l’écriture des jeunes.
Des animateurs peuvent être en prise de
risque par rapport à l’écriture des jeunes.
Page 5 Le p ’ t i t gra in Année 1 n°2 Avr i l 2017
La synthèse de l’observatrice des notions abordées par Isabelle
Le retour de l’observatrice de l’éthique du dispositif par Catherine
Catherine n’a relevé aucun manquement à l’éthique de nos débats. Elle retient
une grande bienveillance qui a baigné tous les échanges.
Le retour de la gestionnaire du temps par Fabienne
Fabienne a tenu le temps avec sérieux et
efficacité
Isabelle nous rapporte un cheminement de la réflexion qui
démarre dans la notion de cadre sécurisant apportés
par les outils présentés : la confidentialité, les interactions
entre acteurs pour le théâtre forum, la parole au même niveau,
l’empathie mais aussi la non-parole sont au service de cette
sécurisation.
Le débat s’est orienté ensuite vers l’expérience de
l’altérité : se mettre dans le rôle de l’autre, connaître les
difficultés de la prise de parole se produisent dans un espace
d’expérimentation, un laboratoire pour les expressions.
Un troisième temps d’échanges a creusé la notion de champ
lexical : les mots, la prise de parole et la langue ont
été interrogés. Le champ lexical est facilitateur en ce sens qu’il
sécurise l’espace ; encore faut-il que la parole soit prise et celui
qui la donne la détenant comme un pouvoir peut, par ses
attentes, empêcher l’expression. Est ensuite posée la question
de la langue utilisée : le créole, langue des émotions mais
également de revendication.
Le volet éducatif est réinvité dans le débat : plus important
que la langue elle-même, ce qui fait grandir, c’est le
code de langage en usage dans la famille ou les lieux
d’éducation. Le développement des modes d’expression est un
outil de lutte contre l’illettrisme.
Enfin, liberté d’expression et risques encourus constituent le dernier temps du débat. Le nécessaire
apprentissage du traitement de l’information, l’éthique des
dispositifs comme garante de la protection du jeune
constituent une base à construire pour éviter les dérives de
l’expression. Plusieurs sont citées lors de cette synthèse : la
colère qui s’exprime, la confiscation de la parole et le risque
d’expression du croire et non du savoir, comme si c’était un
savoir.
Les arts de la rue ont conclu ce retour de l’observatrice en
écho à la parole confisquée : doit on l’entendre comme un
moyen de détour pour l’expression ?
Quand prendrez-vous
votre prochain ?
Page 5 Le p ’ t i t grain Année 1 n°2
Quelques infos des associations du
La Ligue de l’Enseignement a
été le partenaire privilégié de la
ville de Saint Denis et du
Conseil pour la Culture,
l’Education et l’Environnement
(CCEE) dans l’organisation des 1ères Rencontres de
l’Education de l’Océan Indien.
Le CRAJEP, le CRAP - Cahiers Pédagogiques, l’Université et
le Rectorat ont fait partie du Comité de pilotage de cet
événement qui a permis d’accueillir Philippe
MEIRIEU les 13 et 14 avril 2017.
Le n° 536
de mars - avril 2017->
Hors série
numérique ->
"Le numérique de la Société à l'Ecole :
un bien commun à partager ?"
Une introduction inédite pour ce 4ème café de l’année placée sous le signe de la connexion
Le numérique abordé, de la Société vers l’Ecole, sous différents angles qui répondront aux profils dégagés lors de la mise en situation des premières minutes
Les dernières parutions
Page 6 Le p ’ t i t grain Année 1 n°2
L’ouvrage de Francis Imbert (cf note de bas de page, p.5) et plus
globalement le travail qu’il conduit avec le GRPI font
remarquablement écho aux dispositifs présentés puisque le quoi de neuf
est une des institutions de l’école coopérative comme la discussion
philosophique vue en vidéo.
Extrait de la recension de Claudine Blanchard-Laville dans la
Revue française de pédagogie, volume 112, 1995. Didactique des
sciences économiques et sociales. pp. 130-132:
Le livre est entièrement fabriqué à partir de vingt-cinq « petites
histoires », comme Francis Imbert aime à dire, qui se sont
réellement passées dans des vraies classes, avec des vraies
maîtresses qui ont acquis à ses côtés la manière de raconter. Des
micromonographies, rassemblées presque à la queue leu leu,
même si les commentaires interprétatifs entrecoupent les récits,
cela transporte une telle densité de vécu que cela fait force de
preuve. La charge émotionnelle que ces cas rapportés charrient
ne peut nous laisser indifférents. Ces récits que l'on pourrait tous
nommer des « récits de passages » nous transmettent une telle
énergie vivante que l'on arrive à sentir, comme si on les touchait,
des zones restées mortes chez des sujets vivants, à la fois chez les
élèves et chez les maîtresses, en train de s'éveiller, de se dégeler et
de se désenkyster. Cela ne peut manquer de produire un effet
bouleversant chez le lecteur.
Cet « exercice », faire écrire des histoires de cas par les maîtresses
d'école elles-mêmes et les travailler avec elles, Francis Imbert le
conduit avec le Groupe de Recherche en Pédagogie
Institutionnelle pratiquement inchangé depuis 1992. Ces récits
sont travaillés dans le cadre de ce qu'il appelle un atelier de
pédagogie institutionnelle.
Cet ouvrage arrive en particulier à bien nous faire saisir comment
les dispositifs institutionnels mis en place dans la classe se
constituent en supports de médiation, à condition que
l'enseignant se risque, remette sa maîtrise en jeu et assume les
effets d'ouverture, à condition qu'il ne laisse pas la parole
s'engourdir ou devenir une parole captive. Pour que l'institution
finisse par supporter une réalité vivante, l'enseignant doit accepter
de se confronter à l'imprévu, il doit se risquer à tenir la place de
«passeur ».
Pour justifier la nécessité de telles pratiques scolaires, Francis
Imbert estime que le problème prioritaire aujourd'hui pour l'École
est celui de la socialisation des élèves et que la fonction éducative
est passée, en partie, de la famille à l'école. Pour lui, cette
socialisation, qu'il distingue de la moralisation aussi bien que de la
normalisation, suppose « une mise en pratique de la loi », à travers
l'articulation de dispositifs de médiations. Les histoires racontées
dans l'ouvrage nous montrent comment « le face à face quotidien
de l'enseignant avec les élèves peut devenir autre chose qu'un
rapport de forces qui dégénère en violence réciproque ». Ainsi
l'enfant « bolide » pourra apprendre à vivre en société et on
assistera au réveil de Narcisse.
Les quelques pages d'introduction théorique et de conclusion qui
encadrent ces récits me semblent avoir acquis une qualité
didactique certaine, dans le sens où j'ai l'impression que Francis
Imbert a fait l'effort de nous fournir des références éclairantes sur
les notions lacaniennes qu'il utilise dans ses analyses. Il a su
trouver des citations extraites de textes signés par des analystes
lacaniens qui apportent de réelles élucidations sur cette approche
souvent opaque pour le lecteur débutant et qui manifeste ici toute
sa force interprétative.
Le livre est organisé en regroupant les histoires selon une
cohérence thématique.
Dans les commentaires qui accompagnent les récits, le lecteur
verra peut-être son attention attirée par tel ou tel fait, alors que
l'accent est mis sur tout autre chose. Au fond, cela prouve bien
que toute interprétation supporte une part de projection mais que
l'intérêt prédominant ici réside dans le partage du travail
d'élucidation avec les institutrices elles-mêmes dans cet espace de
pensée et d'écriture que Francis Imbert a su imaginer et faire
vivre.
Appuyons-nous sur son exemple pour créer à notre tour des
ateliers-laboratoires favorables à l'émergence d'un espace pour
sentir et pour penser, où la parole puisse être mise au travail et où
une rencontre féconde et vivante puisse s'effectuer entre
chercheurs et enseignants.
Claudine Blanchard-Laville, Université Paris-X Nanterre
1
Compléments aux débats
Le rôle du maître dans la discussion philosophique, article
paru dans « Pratiques philosophiques »
par Daniel COMTE : lien
Rapportée ici : la pratique de l’enseignant qui organise des débats
philosophiques en classe de CM1 de la périphérie montpelliéraine. Cet article apporte les éléments d’une pratique de débat
philosophique assez proche (localement et sur le fond) que l’extrait vidéo lors du café n’a pu présenter. Elément intéressan t : cela se
passe le jour où l’inspectrice a répondu à ma demande d’inspection. C’est la première fois qu’elle assiste à un débat philosophique en
école primaire et c’est, je ne le savais pas alors, mon dernier jour d’enseignement, clôture d’une première partie de vie
professionnelle.
Des moments à visée philosophique avec des enfants en ZEP par Sylvain CONNAC (présent sur vidéo) lien
Ce texte présente le travail d'une équipe d'enseignants de l'école élémentaire Antoine Balard de Montpellier. Il tend à présenter la
mise en place et la pratique de discussions à visée philosophique avec des enfants en ZEP. Cette étude est le fruit d'une valorisation
par le service des innovations pédagogiques du MEN, en particulier, sur le Languedoc Roussillon, par la DAFPI. Dans chaque
académie, un tel service existe et se met à disposition des éventuelles équipes qui souhaitent s'engager dans une pratique innovante.
Pour les lecteurs de la version papier du P’tit Grain, voici l’adresse du site ci-dessus :http://pratiquesphilo.free.fr Ensuite recherche / auteurs
2
3