ANTÉCÉDENTS DE TRAUMATISME CRÂNIEN DANS DES … · Thèse de doctorat de l’Université Pierre et Marie Curie Spécialité : Médecine Physique et de Réadaptation École Doctorale

Éric DURAND-BILLAUD

ANTÉCÉDENTS DE TRAUMATISME CRÂNIEN DANS DES POPULATIONS DÉTENUES : ÉTUDE DU LIEN

ENTRE LÉSION CÉRÉBRALE ET DÉLINQUANCE

Thèse de doctorat de l’Université Pierre et Marie Curie

Spécialité : Médecine Physique et de Réadaptation

École Doctorale : Cerveau – Cognition – Comportement (ED3C)

U1146 INSERM-CNRS UMR 7371-UPMC UM ER2

GRC-UPMC n°18 Handicap Cognitif et Réadaptation HanCRe

Directeur de thèse : Pr Pascale PRADAT-DIEHL

Soutenance le 14 décembre 2016

Traumatisme crânien (TC) : définitions

• Perturbation des fonctions cérébrales résultant d'un coup direct à la tête, d’une lésion pénétrante du crâne ou d'une force qui provoque le déplacement du cerveau à l'intérieur du crâne (Centers for Diseases Control [CDC] 2014)

• Causes : chutes (40 %), accidents de la voie publique (20 %), coup

secondaire à un objet (19 %), agressions (11 %) (CDC 2014)

Lobes frontaux/fonctions exécutives: - planification, - résolution de problèmes, - comportement, - contrôle de l’impulsivité, - reconnaissance des émotions…

Hémorragies ContusionsŒdème

Critères de sévérité (d’après Carroll et al. 2004)

Caractéristiques TC léger TC modéré TC sévère

Durée de la perte ou

de l’altération de la

conscience

De 0 à 30 minutes au

maximum

Entre 30 minutes et 6

heures mais durée

limite de 24 heures

Souvent > 24 heures

à plusieurs jours, mais

obligatoirement > 6

heures

Score de coma de

Glasgow à l’urgence

ou 30 minutes après

le traumatisme

De 13 à 15 De 9 à 12 De 3 à 8

Lésions objectivées

(fracture ou lésion

intracrâniennes)

Imagerie cérébrale :

positive ou négative


généralement positive


positive

Examen neurologique Examen neurologique

positif possible

(signes focaux

possibles)

Examen neurologique

positif (signes focaux)

Examen neurologique

positif (signes focaux)

Amnésie post-

traumatique

Variable mais doit être

< 24 heures

Variable, mais

généralement entre 1

et 14 jours

Plusieurs semaines

Délinquance et TC : des constats (1)

• Cliniques

– Patients suivis avec troubles cognitifs et du comportement sévères, et ayant parfois eu des contacts avec les autorités de police ou de justice (Lefevre-Dognin 2015)

– Conséquences médico-légales possibles (SOFMER/HAS 2013)

• Bibliographiques

– Nombre de publications sur l’association délinquance et TC en augmentation constante (Bases de recherche PubMed,

PsycINFO…)

– Aucune donnée disponible en France et données anglo-saxonnes non transposables

Délinquance et TC : des constats (2)

• Criminologiques– La question de la responsabilité pénale dans les

situations où le « discernement » peut être altéré en cas de trouble psychique ou neuropsychique (article 122-1 CP)

• Éthiques– Équivalence des soins entre « intérieur » et

« extérieur » (perte de chance)

• Intérêt de croiser plusieurs approches et de créer des ponts entre différents pôles de connaissances

5

Des préalables et un objectif de recherche

• Des préalables dans le domaine des neurosciences : Dresser un état des lieux des connaissances sur

• la question de l’association et/ou du possible lien entre lésion cérébrale et délinquance

– abord anatomique et neurophysiologique

– abord neuropsychologique et cognitif

• l’épidémiologie des TC et leurs conséquences cognitives et comportementales

• l’association entre traumatisme cranio-cérébral et délinquance

• Un objectif de santé publique : réaliser une enquête de prévalence des antécédents de TC dans un établissement pénitentiaire français









Lésion cérébrale et délinquanceAbord anatomique et neurophysiologique (1)

• Des phrénologues à l’électroencéphalogramme

– Descriptions de lésions frontales et temporales chez des criminels (Gall 1810, Dumoutier 1832, de Rolandis 1835, Lumbroso 1887…)

– L’électroencéphalogramme met en évidence des anomalies électriques temporales et/ou frontales chez des criminels violents (Jenkins et Pacella 1943, Silverman

1943;1944, Gibbs et al. 1945, Stafford-Clark 1949, Williams 1969)

• Des localisationnistes à l’imagerie cérébrale

– Le cas princeps de sociopathie acquise : Phineas Gage (Harlow 1848;1868, Macmillan 1992, Damasio et al. 1994 , Macmillan 1999 ; 1996,

Ratiu et al. 2004, Dunbar 2009, Macmillan & Lena 2010, Van Horn et al. 2012, Thiebaut de Schotten et al. 2015)

PLosOne Mai 2012 volume 7

Lésion cérébrale et délinquanceAbord anatomique et neurophysiologique (2)

• Des localisationnistes à l’imagerie cérébrale (suite)

– Sur les traces de Phineas Gage :

• Description de patients (EVR et JS) atteint de sociopathieacquise dans les suites de lésions frontales (Eslinger et Damasio

1985, Blair et Cipolotti 2000)

• Des lésions dans les régions orbito-basales médiales sont associées à des comportements violents (Lishman 1968, Virkkunen et

al. 1976, Blake et al. 1995, Grafman et al 1996, Brower et Price 2001)

– Les techniques d’imagerie récente

• Confirment l’association entre criminalité/sociopathie et atteinte frontale ou temporale (Yang et Raine 2009, Schiltz et al. 2013)

Manque d’études prospectives, manque de sujets contrôles,

aucun caractère prédictif de l’imagerie, lien non démontré

Lésion cérébrale et délinquanceAbord neuropsychologique et cognitif (1)

• Contribution de la neuropsychologie

– Travaux de Luria sur les blessés de guerre qui vont permettre d’individualiser les fonctions exécutives (Luria 1966, Lezak 1982, Baddeley et Wilson 1988, Shallice 1988, Miyake 2000)

– Rôle des fonctions exécutives dans la régulation du comportement sans atteinte cognitive (Eslinger et

Damasio 1985, Shallice 1988, Blair et Cipolotti 2000, Azouvi et al. 2015)

– Fonctions exécutives et délinquance (Rosse et al. 1993,

Foster et al. 1993, Giancola & Zeichner 1994, Lau et al. 1995, Lapierre et al. 1995, Deckel et al. 1996, Giancola et al. 1996 ; 1998, Westby & Ferraro 1999, Paschall & Fishbein 2002, Marsh & Martinovich 2006, Farrell 2011, Pitman et al. 2015)

Lésion cérébrale et délinquanceAbord neuropsychologique et cognitif (2)

• Théories autour du « cerveau social » qui serait à dissocier du cerveau exécutif (perception et reconnaissance des émotions) (Damasio et al. 1991, Kee et al. 2006,

Frith 2008)

• Études relatives à la cognition sociale (Théorie de l’esprit) chez des « délinquants psychopathes » :

– Troubles de la cognition sociale avec atteinte de la TDE affective ? Violation des règles sociales et absence de prise en compte des émotions d’autrui (Shamay-Tsoory et al. 2010, van Zwieten et al. 2013)

Tests utilisés suffisants pour être prédictifs de conduites anti-sociales ou

agressives ? Rôle de l’environnement et de l’éducation ?

Le TC : une étiologie fréquente de lésions cérébrales









Epidémiologie des TC• France

– 30 000 patients vivant avec des séquelles sévères (Mathe 2005)

– 0,7 % de la population adulte vivrait avec des séquelles (Jourdan 2015)

– Incidence : 8,5 à 13,7/100.000 pour les TC sévères (Masson 2003, Javouhey

2006)

• Europe– 0,2/0,3 % pour les TC hospitalisés (Tagliaferri 2006)

– Incidence : 262/100 000 (Peteers 2015)

• États-Unis– Prévalence moyenne de 2 % (Langlois 2006), 8,5 % à New Haven (Silver

2001), 6 % pour les TC modérés/sévères et 36,4 % pour les TC légers (Whiteneck 2016)

– Incidence : 823/100 000 (CDC)

• Sous estimation probable notamment pour les TC répétés(McKinlay 2002; Langlois et al. 2006)

Conséquences cognitives, comportementales et psychiatriques des TC

• Troubles cognitifs et comportementaux (Azouvi et al. 2009)

– Troubles mnésiques

– Lenteur de traitement de l’information

– Troubles attentionnels et des fonctions exécutives

– Troubles de la cognition sociale…

• Troubles psychologiques et psychiatriques– Anxiété, dépression, difficultés relationnelles, agressivité, actes

violents voire délinquance (Hurley et Taber 2002, Baguley et al. 2006, Elbogen et al. 2014, Schofield et al. 2015)

• Chez l’enfant, troubles parfois « tardifs »– Troubles de l’apprentissage des règles sociales (Lefevre-Dognin 2015)

– Possibilité d’aggravation lors de l’adolescence avec d’authentiques tableaux psychiatriques : comportements impulsifs, désinhibition et

criminalité (Timonen et al. 2002)









Réalisation d’une revue de la littérature(Durand et al. en révision)

Selon recommandations PRISMA (http://www.prisma-statement.org)

Revue de la littérature :

Analyse quantitative (1) (Durand et al. en révision)

• Deux méta-analyses : prévalences

déclaratives entre 40 et 60 % (Shiroma 2010, Farrer

2011)

• Deux revues récentes :

– Pour les jeunes détenus (16 à 72 %) (Hughes 2015)

– Pour les adultes, impossibilité de calculer

prévalence moyenne (26 études) (O’Rourke 2016)

• Définitions du TC différentes selon les études et pas d’outil de

dépistage standardisé

• Populations pénales différentes

• Manque d’études pour les femmes et peu de données sur le devenir

de ces « détenus TC »

Revue de la littérature :

Analyse quantitative (2) (Durand et al. en révision)

Prévalence moyenne : 46 %

0

20

40

60

80

100

120

TC + (pourcentages)

Revue de la littérature :Analyse qualitative (Durand et al. en révision)

• Finlande : 12 058 / données hospitalières et judiciaires (Timonen 2002)

• Un TC pendant l’enfance ou l’adolescence était significativement corrélé au développement de troubles mentaux associés à une criminalité chez les garçons

(X 4,1)

• Suède : 15 000 / suivie pendant 35 ans (Fazel 2011)

• En cas de TC, risque de commettre un crime violent X 3,3

• États-Unis : Cohorte 6 315 TC / Facteurs prédictifs d’arrestation post TC : (Elbogen 2015)

• Genre, âge < 25, statut marital, niveau d’éducation, existence d’une criminalité pré-TC, consommation d’alcool ou de drogues pré-TC, TC secondaire à une cause violente, PDC > 24 heures et MIF < 70

• Australie : « le lien causal entre TC et criminalité est modeste mais justifie que le taux de TC soit diminué en termes de réduction de la criminalité » (Schofield 2015)

Troubles cognitifs

et

comportementaux

secondaires au TC

Criminalité

Prison

Environnement

Co-variables

médicales/

fonctions

organiques

?

Responsabilité

?

Algorithme de la problématique étudiée

Co-variables

Facteurs

personnels

D’après Classification Internationale du Fonctionnement - CIF - 2001

Des points communs

Population Traumatisés crâniens Détenus

Age Population jeune

(pour le pic d’incidence

15-25 ans)

Population relativement

jeune

(30 ans)

Sex-ratio 66 à 75% d’hommes 95,6% d’hommes

Niveau d’éducation Bas = FDR Bas

Statut socio-

économique

Bas = FDR Bas

Consommation de

SPA

Alcool et drogues = FDR

Alcool après le TC

Alcool, tabac, cannabis et

autres

Troubles

psychiatriques et

psychologiques

Plus fréquents avant et après le

TC qu’en population générale

Plus fréquents qu’en

population générale

Troubles cognitifs Possibles séquelles Possibles

FDR = facteurs de risque ; SPA = Substances psycho-actives








• Un objectif de santé publique : réaliser une enquête de prévalence des antécédents de TC dans un établissement pénitentiaire français*

*Financement par la Fondation des Gueules Cassées et le prix SOFMER-COFEMER-Allergan 2015 pour l’innovation en MPR

Objectifs de l’enquête et hypothèses (1)

• Objectif principal– Déterminer la prévalence des antécédents de TC dans une

population consécutive d’entrants en prison• comparer la prévalence retrouvée avec les données connues dans

la population générale française

• comparer nos résultats avec ceux des études anglo-saxonnes.

• Objectifs secondaires– Étudier les co-variables médicales associées

habituellement aux TC en comparant les détenus ayant déclaré un/plusieurs TC avec ceux n’en déclarant pas (cas/contrôles)

– Comparer l’histoire pénale des cas et des contrôles

Objectifs de l’enquête et hypothèses (2)

• Hypothèses– La prévalence des antécédents de TC de cette étude sera

élevée et proche de celles des études anglo-saxonnes

– Les sujets avec antécédent de TC

• déclareront plus souvent une épilepsie

• auront plus de troubles psychiatriques,

• consommeront plus de substances psychoactives

• seront moins bien intégrés socialement et professionnellement

– Les sujets avec antécédent de TC

• auront été incarcérés plus jeunes,

• auront été condamnés plus souvent

• auront passé plus de temps en prison dans les 5 dernières années

– Plus le TC est survenu jeune, plus l’incarcération aura été

précoce

Fleury TBI : méthode

• Questionnaire rempli à l’entrée*

• Tous les entrants pendant la période 01/11/2012 – 31/01/2013

• Choix du questionnaire fait en référence à des études précédentes ayant montré l’intérêt de cette méthode (Schofield et al. 2011)

*Une étude réalisée à Fleury-Mérogis sur la santé des entrants a montré que cette

population est représentative de la population des entrants en prison en France

(Mouquet et al. 1999)

Comité de protection des personnes (Paris VI)

Comité consultatif sur le traitement de l’information

en matière de recherches dans le domaine de la santé

Le questionnaire

• Informations démographiques, santé perçue

• Antécédent de TC et d’épilepsie; suivi psychiatrique et neurologique; consommation d’alcool, de cannabis et autres substances psychoactives durant les 30 derniers jours

“Avez-vous déjà eu une blessure ou un coup à la tête qui a entraîné un KO (boxe ou

bagarre), un étourdissement, un malaise, un endormissement, en rapport avec une chute, un

accident de la voie publique ou de sport ?” (Comprehensive Health Assessment Tool (CHAT))

• En cas de TC rapporté : cause, nombre, âge du premier et du dernier TC, perte de connaissance, hospitalisation, coma…

• Histoire pénale : âge de la première incarcération, nombre total d’incarcérations et durée totale d’incarcération dans les 5 dernières années

Analyses statistiques par le test exact de Fisher et test de Wilcoxon

Résultats :

La population étudiée (Durand et al. 2016a)

• Age moyen :– 29.18 ans +/- 9.57 [18-75]

– 32.41 ans +/- 10.56 [18-67]

– 16.04 ans +/- 1.02 [14-17]

• Niveau d’éducation et socio-professionnel :– Bas niveau (primaire/secondaire)

– Ouvriers/employés/chômeurs

• 1196 questionnaires

• 2 refus de participer

• 46 questionnaires non remplis en raison de la non compréhension du français

• 1148 questionnaires :– 991 hommes

– 88 femmes

– 69 mineurs (57 garçons et 12 filles)

Résultats : n = 1148Caractéristiques pénales

Statut pénal Hommes

n (%)

Femmes

n (%)

Mineurs

n (%)

Prévenus 321 (33,4) 26 (29,5) 38 (55,1)

Condamnés 534 (53,9) 41 (46,6) 16 (23,2)

NA 136 (13,7) 21 (23,9) 15 (21,7)

Procédure Hommes

n (%)

Femmes

n (%)

Mineurs

n (%)

Correctionnelle 854 (86,2) 64 (72,7) 40 (58,0)

Criminelle 75 (7,6) 8 (9,1) 12 (17,4)

NA 62 (6,2) 16 (18,2) 17 (24,6)

Résultats : n = 1148Prévalence déclarative d’antécédent de TC et suivi

32 22,7 23,230,6

Aucun suivi dans 70 % des cas pour ceux ayant déclaré un TC

0%

20%

40%

60%

80%

100%

Populationtotale

Hommes Femmes Mineurs

TC + TC -

Résultats : n = 353Causes des TC

%

0

5

10

15

20

25

30

Violences AVP Chutes Sport Combinaisonsde causes

Autres

AVP = Accidents de la voie publique

28 26 10 7 7 7

Résultats : n = 353Proportion de TC sévères, modérés et légers

0

10

20

30

40

50

60

TC sévères TC modérés TC légers

TC sévères : coma et

hospitalisation

TC modérés : hospitalisation

et perte de connaissance

sans coma

TC légers : tous les autres

% 17 26 57

Résultats : n = 1148Prévalence de l’épilepsie

• La prévalence de l’épilepsie est élevée

• Un tiers n’a aucun traitement

• Un tiers est suivi par un neurologue

0

1

2

3

4

5

6

7

8

%

Résultats : n = 1148Suivi psychiatrique et médicaments psychotropes

%

Suivi psychiatrique

Anxiolytiques

Antidépresseurs

0

5

10

15

20

25

Hommes Femmes Mineurs

Résultats : n = 1148Alcool et cannabis suivant la périodicité

Hommes

Femmes

Mineurs

0

5

10

15

20

25

Alcooloccasionnel

Alcoolrégulier

Cannabisoccasionnel

Cannabisrégulier

%

Résultats : Hommes adultes ; Comparaison TC+ versus TC-

TC+ (n = 317), n(%) TC – (n = 655), n(%) P (χ2 test)

Santé perçue 0,002

Très mauvaise/mauvaise 24 (7,9) 25 (3,9)

Moyenne 80 (26,4) 131 (20,5)

Bonne/très bonne 199 (65,7) 483 (75,6)

Epilepsie 37 (11,8) 22 (3,4) < 0,0001

Suivi psychiatrique 67 (22,3) 63 (10,0) < 0,0001

Traitement anxiolytique 45 (15,0) 53 (8,4) 0,002

Traitement antidépresseur 34 (11,3) 29 (4,6) 0,0002

Consommation d’alcool 192 (61,3) 297 (46,1) < 0,0001

Alcool régulier 102 (33,2) 123 (19,4) < 0,0001

Consommation de cannabis 136 (45,8) 219 (36,0) 0,004

Cannabis régulier 58 (22,1) 61 (11,4) < 0,0001

Pas de différence pour les données démographiques, socio-professionnelles et le statut pénal (prévenu ou condamné)

Résultats : Hommes adultes ; Comparaison TC+ versus TC-

0

0,5

1

1,5

2

2,5

3

3,5

4

Nombre d'incarcérations durantles 5 années précédentes

TC +

TC -

*

P = 0.003

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

Durée totale d'incarcération durant les 5 années précédentes

(mois)

TC +

TC -

*

P < 0.0001

86 % des TC + ont eu leur premier TC avant leur première incarcération

Pas de différence en ce qui concerne l’âge de la première incarcération

Résultats : Population féminine (Durand et al. 2016b)

• 88 femmes + 12 mineures

• 22,7 % de TC

• 1ère cause des TC : violences dans 33 % des cas versus26,2 % pour les hommes

• Plus d’un TC dans 60 % des cas (dans 40 % des cas 3 TC ou plus)

• Sont venues en prison une fois de moins que les hommes en moyenne

Résultats :

Population féminine ; Comparaison TC+ /TC-(Durand et al. 2016b)

TC + (n = 21) TC - (n = 79) P (χ2 test)

Age moyen 35 29 0,01

Santé perçue < 0,0001

Très mauvaise à moyenne (n, %) 14 (67 %) 17 (23 %)

Bonne à très bonne (n, %) 7 (33 %) 57 (77 %)

Epilepsie 4 (19 %) 2 (2 %) 0,01

Suivi psychiatrique 2 (10 %) 8 (11 %) 1,00

Consommation d’alcool 8 (38 %) 11 (15 %) 0,03

Consommation régulière d’alcool 5 (23 %) 3 (3,9 %) 0,01

Consommation de cannabis 3 (15 %) 9 (11,3 %) 1,00

Consommation régulière de cannabis 2 (9 %) 4 (5 %) 0,63

Traitement anxiolytique 7 (33 %) 14 (17 %) 0,24

Traitement antidépresseur 5 (23 %) 7 (8 %) 0,14

Age lors de la première incarcération 30,4 26,2 0,21

Durée totale d’incarcération (mois) 10 7,3 0,38

Nombre d’incarcérations 2 1,4 0,41

Résultats :

Comparaison des TC + suivant le sexe (Durand et al. 2016b)

Femmes (n=21) Hommes (n= 317) P (χ2 test)

Traumatisme crânien

Cause (première cause) Violences (35 %) AVP (26.8 %) 0,87

Cause (deuxième cause) AVP (30 %) Violences (26.2 %)

Nombre de TC (moyenne) 2,2 1,79 0,14

Age lors du 1er TC (ans) 20,7 18,5 0,35

Age lors du dernier TC (ans) 28,3 24,1 0,19

Suivi pour le TC 25 % 16,4 % 0,55

Perte de connaissance 40 % 60,9 % 0,64

Coma 25 % 15,8 % 0,18

Hospitalisation 50 % 40,1 % 0,19

Santé perçue 0,008

Très mauvaise à moyenne 66 % 34,3 %

Bonne à très bonne 33 % 65,7 %

Epilepsie 19 % 11,8 % 0,29

Suivi psychiatrique 9 % 23 % 0,27

Traitement anxiolytique 33 % 15 % 0,03

Traitement antidépresseur 23 % 11,3 % 0,07

Consommation d’alcool 38 % 61,3 % 0,10

Consommation régulière d’alcool 23 % 33,2 % 0,62

Consommation de cannabis 14 % 45,8 % 0,03

Consommation régulière de cannabis 9% 22,1 % 0,17

Résultats : Population des jeunes détenus (14-21 ans)(Durand et al. En cours de rédaction)

• 332 détenus (326 avec question TC renseignée) : 80 TC soit 25,8 %

• Première cause : violences (20/80)

• 44/80 ont eu leur TC entre 13 et 21 ans

• TC + / TC - : différences pour la santé perçue, le suivi psychiatrique et l’usage régulier de cannabis

• Dans 92,3% des cas, le premier TC a eu lieu avant la première incarcération

Résultats : Suivant l’âge de survenue déclaré du TC (Dereix 2015)

• TC < 13 ans versus TC -

• Perception d’un état de santé moins satisfaisant

• Suivi psychiatrique plus fréquent

• Consommation d’ATD plus importante

• Tendance à une incarcération plus précoce et une durée totale plus longue

80

59

101

80

0

20

40

60

80

100

120

1-12 ans 13-16 ans 17-23 ans 24-48 ans

Nombrede TC

Discussion

des résultats

Discussion : Prévalence TC

• La prévalence des TC est élevée : 30,6%

• Concordant avec les données de la littérature (Morrel 1998, Walker 2001;2003, Perron et Howard 2008…)

• Comparaison avec la population générale échoue du fait de l’absence de suivi épidémiologique régulier (Jourdan 2015)0

200

400

600

800

1000

1200

1400 TC + TC -

Discussion : Causes et sévérité des TC

• Causes : – Violences

interpersonnelles (environnement violent ?)

– Sous représentation des chutes : population jeune (données INSEE)

• Plus de TC sévères et modérés qu’en population générale : violences ?, AVP ?,environnement ? (Tiret

1990, Berg 2005, Langlois 2006, Jourdan 2013, Whitenek 2016 )

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

TCsévères

TCmodérés

TC légers

Populationgénérale

Fleury TBI

Discussion :Comorbidités / population totale

• Épilepsie : prévalence élevée (WHO 2001) en augmentation constante depuis 15 ans (Mouquet

1999, Durand & de Beaurepaire 2001, Mouquet 2005)

• Proportions

– de traitement psychotropes,

– de suivi psychiatrique,

– de consommation d’alcool et de cannabis

concordantes avec les données de la littérature(Mouquet 1999, Mouquet 2005, Falissard 2006)

Discussion : Différences entre TC+/TC – (Hommes)

• Différences significatives pour les co-variables

étudiées (Walker 2003, Elbogen

2015, Schofield 2015)

• Caractère polypathologique de ces patients

• Consommation de substances psychoactives = Possibles facteurs de récidive (Williams 2010, Elbogen

2015)

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

TC +

TC -

Délinquance et TC, de multiples cofacteurs

Discussion : Absence de différence notable suivant le sexe

• Chez les femmes TC+/TC -* :

– Différences pour l’âge, la santé perçue et la consommation d’alcool

• Chez les femmes / hommes

– Santé perçue plus mauvaise

– Plus de traitements anxiolytiques

– Moins de consommation de cannabis

• Fleury TBI semble confirmer l’absence de différence

suivant le sexe (Kirkness 2004, Bayir 2004, Wagner 2004, Wright 2007, Xiao

2008, Slewa-Younan 2008)

*pas de différence concernant l’histoire pénale

Discussion : Histoire pénale chez les hommes TC +

• Éléments en faveur de l’association entre délinquance et TC (Lewis 1986 et 1988, Barnfield 1998a et b, Sarapata 1998, Turkstra 2003, Shiroma

2010, Williams 2010, Fazel 2011, Farrer 2011) :

– plus d’incarcérations et de temps passé en prison pour les cas que les contrôles (Williams 2010, Shiroma 2010a)

– 86 % des détenus qui ont déclaré un TC l’ont eu avant la première incarcération

• Pas d’information sur l’état clinique avant

l’incarcération donc prudence (Nordstrom 2013)

• Responsabilité pénale (Price et al. 1990) ?

Discussion : Quelques réflexions autour de la notion de responsabilité

• Responsabilité régie par article 122-1 du Code Pénal (abolition ou altération du « discernement »)

• Troubles psychiatriques plus fréquents chez les TC +

• Fleury TBI : procédure correctionnelle dans la majorité des cas

• Expertise ?

Discussion : Forces et limites de l’étude

• Forces :

– Première étude en France

– Étude publiée ayant inclus le plus grand nombre de détenus (des 2 sexes + mineurs)

• Limites :

– Méthodologie du questionnaire (Diamond 2007, Schofield

2011)

– Biais de mémorisation ?

– Absence de sujets contrôles non détenus.

Discussion : Perspectives en termes de recherches

• Épidémiologiques :

Poursuite de l’analyse des données de Fleury TBI

Revue/Méta -analyse populations féminines

Comparaison avec d’autres populations précaires (évaluation du risque social)

• Imagerie :

Fonctionnelle à privilégier (difficultés pratiques)

• Neuropsychologiques :

Analyse des fonctions exécutives/troubles de la cognition sociale chez des détenus ayant un antécédent de TC

Discussion : Perspectives en termes de prise en charge et conséquences pratiques

• Impact pour la prise en charge• Médicale (dépistage à mettre en place) / équivalence des soins

• Médico-sociale (Unité d’évaluation, de réentraînement et d’orientation sociale et/ou professionnelle pour personnes cérébro-lésées – UEROS ?)

• Développer les formations

• Conséquences pratiques : • Rencontre avec le cabinet de la Garde des Sceaux et le conseiller

santé de la direction de l’Administration pénitentiaire en 2015

• Sensibilisation des avocats (juillet 2015)

• Journée Centre Ressources Francilien du TC (CRFTC) consacrée au thème délinquance et TC (juin 2015)

• Diffusion des connaissances par des communications orales et affichées lors de colloques scientifiques

Conclusion

• Prévalence élevée confirmant association entre délinquance et TC

• Aucune conclusion possible sur le lien entre TC et délinquance

• Nécessité de prendre en compte des considérations éthiques

– Poursuite des études afin de mieux comprendre les déterminants

– Veiller à l’absence de stigmatisation des TC

Merci de votre attention

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ANTÉCÉDENTS DE TRAUMATISME CRÂNIEN DANS DES … · Thèse de doctorat de l’Université Pierre et Marie Curie Spécialité : Médecine Physique et de Réadaptation École Doctorale