20
AntiCapitaliste - 1€ - pour le pouvoir des travailleurs - N°6 - Février 2009 GREVE GENERALE 2009 ENSEMBLE TOUS SARKOZY DEVIENT POSSIBLE Virer

AntiCapitaliste n°6

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Le journal en lecture libre

Citation preview

Page 1: AntiCapitaliste n°6

AntiCapitaliste- 1€ - pour le pouvoir des travailleurs - N°6 - Février 2009

GREVE GENERALE2009

ENSEMBLETOUS

SARKOZYDEVIENT

POSSIBLE

Virer

Page 2: AntiCapitaliste n°6

AnticapitalisteEn brèves2

Qui sommes-nous ?NOUS SOMMES COMMUNISTES, nous refusons cettesociété capitaliste où une petite minorité s'enrichit aux dépendsde l'exploitation de l'immense majorité de la population. La pla-nète n'a jamais autant produit de richesses qu'aujourd'hui et lesinégalités et la misère n'ont jamais été aussi criantes. Des popu-lations entières meurent de faim alors que l'on produit 120% desbesoins alimentaires mondiaux. Il y a en France plus de loge-ments vides que de SDF. De nos jours les besoins humains onttrès largement de quoi être satisfaits et pourtant c'est toujoursplus de chômage et de précarité qui nous guettent. La courseau profit conduit à des désastres écologiques qui menacent lasurvie même de l'humanité.NOUS COMBATTONS LE RACISME ET LES OPPRESSIONS,que le régime érige en institution (centres de rétention, rafles etministère de l’identité nationale,a) ainsi que l'extrême droite etses idées. Le capitalisme a toujours besoin d’un bouc émissairepour diviser les travailleurs. Aujourd’hui c’est la carte de l’islamo-phobie qui est brandie sous couvert d’une pseudo-laïcité etd’une guerre dite de civilisation. Le sexisme, l’homophobie et lesoppressions de genre, continuent d'être des outils aux mainsdes capitalistes. NOUS SOMMES INTERNATIONNALISTES car les travail-leurs n'ont pas de patrie. Nous combattons l’impérialisme, le pil-lage par les Etats-Unis en Irak ou par la France dans sesanciennes colonies. Nous soutenons inconditionnellement tousles peuples en résistance en Palestine, au Liban, en Irak, auKurdistan, en Tchétchénie et ailleurs. Chaque défaite de l'impé-rialisme est une victoire pour les travailleurs.NOUS SOMMES ENGAGES DANS LES MOUVEMENTSSOCIAUX où nous défendons les stratégies les plus unitairespossibles tout en affirmant la nécessité de combattre les gou-vernements aux ordres du MEDEF. Nous avons lutté pour ladéfense des retraites et des services publics, contre le CPE,contre la LRUa Nous nous battons pour des revendicationspolitiques dans ces mouvements car c’est la seule manière detriompher.FAIRE EMERGER UNE ALTERNATIVE UNITAIRE AGAUCHE est de plus en plus crucial. Les courants de lagauche antilibérale et anticapitaliste doivent s’unir afin d’offrir uneexpression politique aux mouvements sociaux qui soit une alter-native crédible face à un Parti Socialiste qui n’offre aucune pers-pective si ce n’est l’accompagnement des reculs sociaux etdémocratiques. Nous défendons dans ce cadre la nécessité detransformer les crises sociales en crises politiques afin de désta-biliser davantage le régime.UNE REVOLUTION SOCIALISTE EST NECESSAIRE pourrenverser le capitalisme. Ce n'est pas des institutions des capi-talistes que viendra le changement de société. Les travailleurs,qui créent les richesses, doivent s’emparer du pouvoir, pourabolir la propriété privée des moyens de production et planifiereux-mêmes l’économie afin de répondre aux besoins de tous.Une révolution passe par la lutte internationale des travailleurs.Le socialisme ne peut rester enfermé dans un seul pays. Lespays staliniens n’avaient de socialisme que le nom et prati-quaient un capitalisme d’Etat bien réel. BATIR UN PARTI REVOLUTIONNAIRE centralisé et démo-cratique est indispensable à la réussite d’une révolution des tra-vailleurs. La spontanéité seule est bien trop fragile pour mena-cer durablement le capitalisme. Le patronat est très bien orga-nisé et les travailleurs doivent disposer d’une structure efficacecapable de le combattre.

Réunions de Marxistes UnitairesTous les mercredis à 17h, salle B1204, à TolbiacManifestations et campagnes :Samedi 31 janvierAppel des appels : réunion de coordination de 10 h à 18 h, au 104rue d’Aubervilliers M° StalingradDimanche 1er févrierSolidarité avec les sans domiciles en lutte : marche, 15h rue de labanque M° Bourse Lundi 2 févrierL’université s’arrête : Grève totale, reconductible et illimitée...Du 1er au 5 avril :contre-sommet contre l'Otan

Agenda militant

AntiCapitaliste

VOUS ÊTES ACCRO À CE JOURNAL ?

ABONNEZ-VOUS !

EXCLUSIF

MARX DEPOSE

Pour profiter de notre super promotion

5 numéros pour 5 ¤ au lieu de 5 ¤

Soit 0% de réductionextraordinaire

Comment ?Rien de plus simple !!!

peuvent vous fournir un bulletin d’abonnement.

RDV, tous les mercredis et vendredisà Tolbiac, à 12h, dans la fosse.

Tel : 06 23 50 82 72

Les vendeurs d’AntiCapitaliste

Page 3: AntiCapitaliste n°6

Anticapitaliste 3

Sommaire

Remerciements :Ont participé à ce numéro (par ordre alphabétique), Adrien,Benjamin, Catherine, Daniel, Elise, Farah, John, Laurent,Laure, Otman, Thomas.Nous tenons tout particulièrement à remercier tous-tes lesmilitants-tes qui nous ont accordé des interviews afin derendre plus vivant ce journal.Infos légales :Ce journal est édité par l’association Marxistes Unitaires. Ce journal est tiré à 500 exemplaires pour la première édition (jeudi 29 janvier 2009).La rédaction de AntiCapitaliste reste à votre disposition :[email protected] par téléphone au 06.64.28.04.25.

2... Agenda militant

3... Editorial

4-5... Travailleur

6-7... Crise

8-9... Education

10-15... Dossier : Guere à laguerre

16-17... Répression

18-19... NPA

20... Plan d’actionpour une Grève Générale

EditoL'année nouvelle s'annonce agitée ! Des millions desalariés en grève le 29 janvier, et déjà des reconduc-tions sont prévues, dans les transports, dans les univer-sités qui s'arrêteront de fonctionner dès le 2 février.Nous devons organiser la convergence des luttes, nousdevons lutter tous ensemble !. Sarkozy continue sa distribution de dizaines de milliardsaux banquiers tout en sabrant les services publics et lesbudgets sociaux, il promet secours aux entreprises quilicencient et maintiennent le gel des salaires, mais nebouge pas un petit doigt pour les travailleurs.La seule réponse du gouvernement à la colère quimonte est de criminaliser le mouvement social, comme iltente de le faire avec les cheminots de la gare SaintLazare, en restreignant le droit de grève, en réprimantnos manifestations. Protégé derrière des compagniesentières de CRS, Sarkozy l'ami des patrons n'est plus lecopain des ouvriers.Plus de 7 français sur 10 soutiennent les grèves du 29,car nous sommes des millions à partager la crainte deperdre notre emploi à cause de la crise et des licencie-ments boursiers, car nous constatons tous la dégrada-tion des conditions de travail et de vie. En Italie, enGrèce, la colère monte partout, contre la précarité,contre le système.C'est que le système s'emballe : la crise économiqueatteint chaque jours de nouveaux sommets, les licencie-ments sont de plus en plus massifs et touchent déjà descentaines de milliers de salariés. Pourtant les action-naires n'ont jamais fait autant de bénéfices : 98 milliardsd'euros en 2008 pour les entreprises du CAC 40. Le capitalisme en crise, c'est aussi un monde de plus enplus dangereux. Les massacres israéliens à Gaza mon-trent que le système peut tout à fait sacrifier des milliersde vies pour assurer le contrôle d'une région. La guerreen Géorgie cet été nous rappelle que la concurrencepeut se transformer en temps de crise en confrontationarmée. Autant de raisons de combattre nos gouverne-ments qui nous exploitent ici et mettent la planète à feuet à sang pour leurs profits.

Page 4: AntiCapitaliste n°6

4 Travailleurs Anticapitaliste

Si le gouvernement affiche sa tranquillitéface au mouvement social du 29 janvier, etrisque de continuer ses attaques, c’est quela stratégie « table ouverte aux syndi-cats »1 a l’air de bien marcher. A l’Elysée,on se vante que « Nicolas Sarkozy a plusvu les syndicats en un an que son prédé-cesseur en cinq ans ».2De Bruno Julliard, leader de l’UNEF invitéà déjeuner dans un restaurant du VIIèmeau moment de la discussion sur l’autono-mie des universités, à Jean-Claude Maillyde FO, Bernard Thibault de la CGT, prati-quement tous les dirigeants syndicaux ontété invités par Sarkozy. Et ce n’est pas seu-lement une question de manger dans desrestaurants chics aux frais du contribua-ble : depuis plus d’un an, et pendant tousles conflits sociaux, le mot d’ordre del’Elysée est de choyer Bernard Thibault.« Le Président a gardé un bon souvenir de

ses négociations avec la CGT lors de lafusion EDF-GDF»3, négociations au coursdesquelles Sarkozy avait promis de nejamais privatiser GDF, promesse piétinéeallègrement six mois plus tard.Flattés et attirés par la promesse d’un syn-dicalisme fort, avec SUD banni à toutjamais du paysage syndical, Thibault et sesconfrères n’ont pas pu résister. Et pourtant,il y avait de quoi se méfier. Des syndicatsforts, ce n’est pas vraiment ce que souhaiteSarkozy.Pour mener à bien le changement de statutde France Télécom, Il fallait faire éclater lefront syndical et faire accepter par les sala-riés l’ouverture du capital. Les relations pri-vilégiées de M. Soubie, conseiller de Juppéen 1995 et aujourd’hui conseiller social deSarkozy, avec la CFDT lui ont permis deréussir : « En octobre 1993, le projet avaitsuscité une grève suivie par plus de 75%des agents. En 1996, la mobilisation n’at-teint plus que 40%. Mission accomplie. »4

Mais aujourd’hui, avecles licenciementsqui pleuvent et lacrise sociale quis’approfondit, il ya une pressionde la base quifreine la colla-

b o r a -

tion des leaders syndicaux. Les directionssyndicales ne peuvent plus se permettred’apparaître trop compromises. Échaudépar l’hostilité de sa base en 2003 suite auxaccords avec Raffarin sur les retraites,François Chereque a juré « 2003, plusjamais ça »5, pour prévenir qu’il ne joueraitpas les jaunes encore une fois. (Même s’ilaccepte les invitations au restaurant !).Surtout que les promesses du gouverne-ment, notamment celles de Pécresse pourgagner l’UNEF à LRU, se sont avéréescreuses et vides. Nous avons besoin de

syndicats qui défendent les intérêts dessalariés. Si nous ne maintenons pas lapression, ils vont retourner dîner à la tablede Sarkozy.

Directions syndicalesAssez de compromis

L’opposition de trois syndicats, la CGT, FOet la CFTC à la reforme de l’assurancechômage, après au moins six mois de« concertations » est un échec majeurpour le gouvernement. D’un côté,Laurence Parisot insiste pour que lareforme soit appliquée telle que le patronatl’a négociée, de l’autre côte, les syndicatscraignent la colère qu’ils auront à affronters’ils font un aussi gros cadeau au patronatau moment où l’économie s’effondre et oùles patrons licencient massivement.Si l’accès à l’ouverture des droits sembleêtre plus facile, le gouvernement a tout faitpour que le chômeur accepte n’importequel emploi, et au plusvite possible. Il a

refilé un gros cadeau au patronat en pro-grammant une baisse automatique descotisations lorsque le régime est excéden-taire, comme c’est le cas en ce moment,ce qui appauvrira le régime d’assurance-chômage en pleine crise économique.Selon les prévisions des économistes, letaux de chômage va atteindre les 10%assez rapidement. Le 26 janvier, les entre-prises américaines ont annoncé 76,000licenciements en une seule journée. Lespatrons vont profiter du chômage pourimposer des salaires et des conditions detravail inacceptables aux salariés. C’estparce qu’ils sentent la colère monter queles syndicats ont reculé au derniermoment, laissant la CFDT seule avecSarkozy. Chèreque aussi à commencé à

avoir des doutes.Trahir encore une fois

en plein mouvementsocial, ce serait tropgros ! Seule une luttedéterminée de la basesyndicale peut conserver

nos acquis et nousprotéger collecti-vement.

La réforme del’assurance chômage

1. Les rendez-vous à l’Elysée perturbent les syndicats.http://www.lefigaro.fr/economie/2007/09/18/040012. Le Figaro, 22/05/20083. Thibault, mon nouvel ami. Marianne 2, 21/11/2007http://www.marianne2.fr/-Thibault,-mon-nouvel-ami-a81292.html4. Le Monde Diplomatique, Juin 2003. http://www.monde-diplo-matique.fr/imprimer/10213/5. Sarkozy et les syndicats : les fils secrets du dialogue.http://www.lefigaro.fr/economie/2008/05/22/04001

Page 5: AntiCapitaliste n°6

Anticapitaliste Travailleurs 5

Le 18 décembre, Nicolas Sarkozy aannoncé que " la Poste changera de sta-tut ''1 en la transformant en société ano-nyme. Sarkozy entend passer en force d'icià 2010, malgré les promesses de décembre.Malgré les mobilisations du 22 novembre, etcelle du 10 janvier dernier, le gouvernementn'entend rien au revendication des salariésde la Poste et des usagers. La pétition arecueilli plus de 350 000 signatures. Face à la débâcle boursière actuelle, le gou-vernement exclu tout entrée en Bourse.Mais il y aura quand même ouverture ducapital, dans un premier temps au travers dela Caisse des Dépôts et Consignation(CDC). L'Etat, à travers la CDC, financera laPoste à hauteur de 3 milliards d'euros, pourmieux la privatiser plus tard.La France est l'un des derniers d'Europe àprivatiser ce secteur. En Espagne, il estprévu d'arrêter la distribution de courrier auporte à porte dans les zones rurales, pourlimiter les coûts. En Allemagne, la sépara-tion de la Deutsche Post a amené laPostBank à jouer au loto de la Bourse, elles'attend aujourd'hui à une perte d'un milliardd'euros.Ce que nous demandons à la Poste, c'estd'assurer la distribution du courrier dans lesplus bref délais en respectant les conditionsde travail des salariés. Avec le démantèle-ment de la Poste et son ouverture à laconcurrence, nous n'aurons ni l'un, ni l'autre.Les effets de la privatisation sont déjà visi-bles : des conditions de travail de plus enplus difficiles pour les salariés, et des distri-butions de courriers aléatoires.

Otman Fekar

La Poste :rien n'est acquis

1 ) Pour quelles revendications et com-ment avez-vous organisé la grève à lagare Saint-Lazare ?Les revendications de notre grève était surles moyens donnés aux cheminots de ParisSaint-Lazare pour pouvoir absorber l'aug-mentation des circulations du au nouveaucadencement paris Normandie. Cela fait plusd'un an que tous les services et toutes lesorganisations syndicales discutent avec ladirection SNCF pour la prévenir que cettenouvelle organisation ne tiendra pas, la garede St Lazare étant déjà saturée et que lamoindre perturbation entrainera une gènepour les usagers.2) L'UMP parle de vous « punir » pouravoir fait grève. Comment ressentez-vousles attaques sur le droit de grève, la crimi-nallisation du mouvement social ? Cela ne nous étonne pas du tout. Le gouver-nement doit être bien déçu surtout après latirade de notre président comme quoi lesgrèves étaient devenues invisibles. La ferme-ture de la gare St Lazare le 13 janvier, quin'est pas du fait de SUD-Rail Paris Saint-Lazare, montre bien que ce n'est pas une loissur le service minimum, qui en faite est faitepour restreindre le droit de grève des salarier

qui peuvent encore protester dans ce pays,qui nous empêchera de lutter.3) Un an après la lutte contre la suppres-sion des régimes spéciaux, commentvoyez-vous les perspectives de mobilisa-tion des cheminots ?La lutte des cheminots a toujours été déter-minante, elle le sera encore, même si le gou-vernement ne cesse de faire des lois pour lesatténuer. Le problème n'est pas tellementcheminot, il est que quand des salariés sesentent injustement mis en difficulté, ils semobilisent. 4) Les cheminots ont souventjoué un rôle déterminant pour stopper lesprojets libéraux des gouvernements. Quellerôle pensez-vous pouvoir assumer face auprojet de casse sociale mené par Sarkozy?Nous pouvons en effet être moteur, commeon l'a déjà été, comme en 95, mais cela nepourra se faire sans une véritable mobilisa-tion interprofessionnelle du publique et duprivé, et une vraie coordination avec d'autreorganisation syndicale comme la CGT parexemple. De tout façon nous n'avons tou-jours pas trouvé le secret qui fait qu'un mou-vement d'ampleur prenne, se sont les sala-riés, les citoyens qui le décident.

Grève totaleà la Gare St Lazare

INTERVIEW, Propos recueillis par A.N.

Le 13 janvier dernier, suite à plusieurs semaines de grève à la gare Saint-Lazare, l'agressiond'un cheminot par des usagers mettait le feu aux poudres et entraînait la fermeture de la garepar l'ensemble des salariés. Sous la pression du gouvernement, le directeur de la SNCF a dupromettre des embauches pour faire cesser la grève. Un an après la défaite des cheminotssur les régimes spéciaux de retraite, la grève de Saint-Lazare est révélatrice d'une combati-vité retrouvée. Le journal Anticapitaliste ouvre ses colonnes à un militant de la grève.Gérard Magnin de SUD-Rail, Paris Saint Lazare, a bien voulu répondre à nos question...

Page 6: AntiCapitaliste n°6

Anticapitaliste6

La crise économique montre au grandjour l'absurdité du système capitaliste.Depuis l'accélération de la crise en sep-tembre dernier, les banques sont finan-cées à coup de dizaine de milliards d'eu-ros, afin d'éviter des faillites, mais sur-tout d'éviter une chose : les nationaliser.Ce fameux mot en ''N'' fait peur. Les gou-vernements et les banquiers veulentl'éviter le plus possible. Pensez doncaux actionnaires...Etats des lieuxEn première ligne depuis le début de lacrise, car première responsable, lesbanques de toute la planète sont sous lamenace de faire faillite. Aux Etats Unis,Bank of America vient derecevoir à nouveau 20milliards d'eu-ros, enplus des15 mil-l i a r d sr e ç u ,s o u sforme deprêt en octo-bre dernier. Deplus, l'État fédé-ral se porte garant

de la banque à hauteur de 120 milliardsd'euros. C'est un exemple parmi beau-coup d'autre qui illustre la mort du sys-tème financier actuelle et sa faillite idéo-logique.En France, Nicolas Sarkozy c'est aussifait le père noël des banquiers. Un plande 40 milliards d'euros est mis à leur dis-position, en plus des garanties assuréesà hauteur de 320 milliards d'euros. Surles 40 milliards alignés, 33,5 ont déjà étéutilisé.Ce qui n'empêche pas, par exemple à laBNP Paribas, de dégager un profit de 3milliards d'euros sur l'année 2008 !Pareil pour la Société Générale, qui aannoncé un profit de 2 milliards d'euros,et ainsi de suite.

L'industrie automobile aussitouche le jackpotUne industrie qui vivait sous per-fusion depuis plusieurs annéesse voit aujourd'hui rattrapée par

la réalité. L'industrie automobilevoit ses ventes chuter de façonexceptionnelle, à hauteur de 35%

en moyenne pour les derniersmois de l'année 2008. Elle

aussi bénéficie d'un pland'urgence, lui permettant de

présenter des comptes plus propresaux actionnaires.

Ainsi, Renaultet PSA

(Peugeot-Citroën) vien-nent de recevoir une

aide de 5 à 6 mil-liards d'euros de lapart de l'État.Cependant, cesdeux entreprisescontinuent de met-tre leurs employés

au chômage tech-nique, voir au chômagetout court. Avec retenuesur salaire, à hauteur de

400€ par mois.

Alors que l'argent existe. Des profitsfaramineux ont été réalisé ces dernièreannées. Mais ils allaient avant tout dansla poche des actionnaires. Près de 900millions d'euros de dividendes versé en2008 par Renault, 1300 milliards prévupour l'année 20091.Si Renault est autant touché par la crise,comment cette entreprise peut se per-mettre d'entretenir une écurie deFormule 1 et de payer ses deux pilotes àhauteur de 20 millions d'euros l'année?En plus de l'immoralité des salaires, onest loin de la belle phraséologie écolo.L'indécence de ce systèmeAlors que les services publics sont plusque jamais menacé, alors qu'on a besoinde médecins, d'infirmières, de profes-seurs, de facteurs, ces dernièresannées, on nous a répondu « les caissessont vides ». Et depuis le mois de sep-tembre, on peut s'apercevoir de cettevaste supercherie. Elles sont vides pourfaire tourner les hôpitaux ou faire ensorte de sauver plus de la moitié de lapopulation mondiale de la famine. Maispas pour sauver les actionnaires.Les services publics se doivent de per-dre de l'argent. C'est leur rôle. On nedemande pas à une école de réaliserdes profits, ni à un hôpital. On leurdemande d'élever l'esprit de ses élèveset de sauver des vies.Cette crise donne tort aussi bien auxlibéraux qu'aux sociaux-libéraux. Cesystème n'est pas réformable, n'est pashumain. Les vélléités de vouloir gérer oude moraliser le capitalisme perdent toutsens.Mais cette crise exporte aussi les crisessociales et politiques. Grèves et mani-festations en Italie et en Grèce, démis-sion du gouvernement en Islande, toutcela doit nous inciter à l'optimisme. Lalutte paie. Nous n'avons pas à payerleur crise!

Crise :les banquiers se portent bien

Crise

Articles d’Otman Fekar

1. http://www.humanite.fr/2008-12-09

Page 7: AntiCapitaliste n°6

Anticapitaliste Crise 7

Depuis la chute du mur de Berlin et l’effondrementdes régimes staliniens à l’est, la bourgeoisie n’a eude cesse de répéter que le capitalisme avait triomphéet que nous avions atteint « la fin de l’Histoire »1.Pourtant la crise actuelle du capitalisme, la plus gravedepuis 1929, ne cesse de s’aggraver. Des millions d’Américains ont perdu leur logement.Des vagues énormes de licenciement et de chô-mage technique affectent l’industrie automobile,entraînant « dans sa chute l'ensemble de la produc-tion industrielle française, qui a baissé de 2,4% ennovembre après un effondrement de 3,7% en octo-bre, selon l'Insee »2.Les différentes entreprises automobiles (GeneralMotors, Nissan, Renaulta) prévoient des licencie-ments massifs afin de maintenir ou d’augmenterencore leurs marges bénéficiaires. Ainsi, pour CarlosGohn, PDG de Renault, l’objectif pour 2009 est degarantir à ses actionnaires une plus-value de 6%, ensupprimant des milliers d'emploi.Un système en failliteLe but du capitalisme n’a jamais été la satisfactiondes besoins humains mais la course au profit et l’ac-cumulation de capital. Le capitalisme génère de parsa nature des famines, bien que l’on produise 120%des besoins alimentaires mondiaux3, des désastresécologiques et toujours plus de chômage et de pré-carité. Le capitalisme repose sur la compétition : les entre-prises planifient leur propre production pour vendreplus que leurs concurrents. Ainsi, l’ensemble de laproduction cumulé est nécessairement en surplus,ce qui amène un gaspillage des ressources et mèneà des crises régulières du système. Le capitalismeest le premier système qui subit des crises parce quenous produisons trop.Le capitalisme est contradictoire avec une réelledémocratie. La majeure partie des Etats de la pla-nète sont des dictatures et dans les démocratiesoccidentales la population n’a aucun contrôle sur lesreprésentants qu'elle élit à intervalles de plusieursannées. La démocratie s’arrête à la porte des entre-prises. Les travailleurs n'ont jamais à se prononcersur les choix économiques, sur le travail, qui détermi-nent pourtant la majeure partie de notre vie.

Pour le contrôle des entre-prises par les travailleursLorsque quelqu’un émet l’idée

que les entreprises pourraient être contrôlées etgérées par les travailleurs eux-mêmes, on lui répondtrès souvent que cela est utopique et que les salariésn’ont pas les compétences nécessaires. Pourtant de nos jours, en Amérique Latine, plusieursentreprises sont en autogestion. En Argentine, un fortmouvement d’usines autogérées s’est développédepuis le début des années 200. Les ouvriers ontrepris le contrôle d’usines abandonnées par leurspatrons4. Dans le cadre du processus révolution-naire vénézuélien, la question du contrôle des entre-prises par les travailleurs est centrale. Lessalariés de l’usine sidérurgiqueSIDOR au Venezuela ontobtenu en juillet dernier lanationalisation de leurusine et s’investissent danssa gestion. Planifier démocratique-ment l’économieCependant, que ce soit enArgentine ou auVenezuela,le capita-

lisme est toujours présent. Les entreprises autogé-rées doivent faire face malgré elles à la concurrencedes autres entreprises. De plus isolées, elles ne peu-vent ni évaluer, ni produire en fonction des besoinsde la population. La bourgeoisie peut aussi s'appuyersur l'Etat pour en expulser les travailleurs.Une planification démocratique de l’ensemble del’économie passerait par la coordination de l’ensem-ble des travailleurs réunis en conseils dans leursentreprises. Ainsi la politique ne se ferait plus au tra-vers de circonscriptions électorales abstraite, maisdirectement à partir du lieu de travail. Les modalitésde travail seraient décidées par les travailleurs.On pourrait produire en fonction des besoins de lapopulation, éliminant par le coup les gaspillages dusystème capitaliste. Le temps de travail lui-mêmeserait fonction de ce qu’il est nécessaire de produire,supprimant le chômage. Pour une révolution socialisteDes expériences de planification de l’économie parles travailleurs ont déjà eu lieu lors de la Communede Paris en 1871 ou de la Révolution russe de 1917.Dans les deux cas les capitalistes ont fait le choix del’écrasement par la force militaire. La Russie a vu laquasi totalité sa la classe ouvrière exterminée lors dela guerre civile, ce qui a mis un terme au contrôleouvrier.Au XXIe siècle la classe ouvrière est majoritaire surla planète. Nous disposons de formidables moyens

de communications rendant encore plus aisée uneplanification de l’économie à l’échelle mon-diale.

Quelle alternativeface à la crisedu capitalisme ?Articles de Laurent Bauer

1. Francis Fukuyama, La Fin de l’Histoire et le dernier Homme,19922. L’automobile plombe la production industrielle, Le Parisien, 9janvier 20093. Chiffres de la FAO4. Voir à ce sujet le film d’Avi Lewis et Naomi Klein, The Take, 27avril 2005Pour aller plus loin lire : Chris Harman, La Folie du Marché ; JohnMolyneux, La Future Société Socialiste ; Tony Cliff, Le Capitalismed’Etat en URSS de Staline à Gorbatchev

Affiche de la révolution russe de 1917

Page 8: AntiCapitaliste n°6

AnticapitalisteEducation8

L’analyse du budget montre que legouvernement a carrément renoncéaux promesses faites à l'UNEF pourmettre fin à la contestation contre laLRU.« Pour 93% des étudiants, la situationsociale se dégrade : les bourses(+2.5%) augmentent moins vite quel’inflation (+3.6%) et les frais obliga-toires continuent d’augmenter (notam-ment les droits d’inscription qui sont enhausse de 2,5% en Licence et de 5%en Master et Doctorat) Au final, lesboursiers perdent 1% de leur pouvoird’achat, et 4% depuis 2001 ».

On annonce une augmentation dubudget de l’enseignement supérieur etde la recherche de 1,8 milliards d’eu-ros, mais plus de la moitié de celle-cis’évapore dans des exonérations fis-cales et l’inflation. Les 5 milliards pro-mis par Sarkozy pour « l’opérationcampus » ont fait pschitt : 160 millionsseulement sont disponibles dans lebudget 2009. Les 68 millions supplé-mentaires du plan licence équivalent à30 minutes de cours en plus par étu-diant et par an. La suppression de 900postes, annonce surprise de Pécresseà la rentrée.

Gagner contre le gouvernement vanécessiter une alliance de tous ceuxqui sont impliqués dans l’éducationnationale, de l'université à la mater-nelle : enseignants, chercheurs, étu-diants, lycéens, professeurs, familleset parents d’élèves. Il faut suivrel’exemple des lycéens et rester mobili-sés jusqu’au bout, unis dans notredétermination de mettre fin à la LRU,car la fourberie de Pécresse montreque la négociation ne sert qu'à démobi-liser notre camp. Source : Projet loi de finance 2009. Budgetenseignement supérieur et recherche.

BUDGET UNIVERSITAIRELes fausse promesses de Pécresse

Darcos avait présenté sa réforme de l'écoleélémentaire comme devant diminuer lenombre d'élèves en difficulté,mais l'aug-mentation du nombre d'enfants par classe,les suppressions de postes,la suppressiondes ZEP, les programmes alourdis et laréduction du temps de travail hebdoma-daire(108 heures par an)contredisent sesaffirmations. En français et mathématiques,on a réintro-duit l'apprentissage par automatisme,maisl'enseignement de l'histoire,de la géogra-phie et des sciences ainsi que l'éducationartistique est réduit par manque detemps.Par contre,l'éducation civique estportée au pinacle avec les symboles de laRépublique.C'est l'instauration d'un soclecommun minimaliste : français,math,éduca-tion civique,histoire de l'art et sport. Les élèves en difficulté se voient proposer60heures supplémentaires. Alors que l'onsupprime les RASED(personnel spécialisédes réseaux d'aide intervenant dans lesécoles). Des stages de remise à niveau ontdéjà été mis en place lors des vacances duprintemps 2008 pour les élèves de CM1 etCM2 par des enseignants volontaires:c'estle"travailler plus pour gagner plus"du pri-maire.Quand on enseigne, on sait très bienque ce sont les enfants de maternelle ouCP qui doivent etre aidés et non les plusgrands car c'est bien souvent trop tard.

Mais,il y a plus grave encore:la mise enplace d'un fichier centralisé appelé Base-élèves. Pour chaque élève de l'école pri-maire,la direction doit indiquer les nom,pré-nom,date de naissance,profession desparents,adresse,téléphone,absentéisme,aides pédagogiques,évaluations,activitéspériscolaires, et il est prévu d'augmenter lenombre de renseignements demandéspour les années à venir.Toutes ces don-nées doivent etre envoyées à l'inspectiondépartementale et académique,partagéespar les mairies et conservées durant toutela scolarité obligatoire. Auparavant,les ren-seignements res-taient dansl'école,les dossiersscolaires étaient pro-priété des familles.Grace aux luttes,aux grèves mas-sives l'année der-nière, le ministère areculé sur la scola-

rité des enfants en maternelle(pas de jar-dins d'enfants payants pour l'instant), sur lapénalisation de certains enseignants entrésen résistance.Ces reculs indiquent que lerapport de force est favorable à la mobilisa-tion. Il faut donc pousser les directions syn-dicales à appeler à la greve, à refuser degérer ces réformes qui veulent mettre lesenfants des classes défavorisées au niveaudu socle commun.

Menaces sur l'école primaireArticles de Elise Bauer

Page 9: AntiCapitaliste n°6

Anticapitaliste Education 9

Depuis le mois de décembre, uneambiance particulière règne surl'université Paris 7 Denis Diderot. Ledépartement d'économie ne se voitpas renouveler ses postes vacants,ce qui aboutit à la suppression deplusieurs enseignements; le planCampus qui ne prévoit rien pour lesSciences Humaines; et enfin ledécret sur les enseignants cher-cheurs. La coupe est pleine.Plusieurs Assemblées Généralesont eu lieu en décembre, seulementau sein des historiens, puis de l'UFRGHSS (Géo, Histoire et Science dela Société), qui appellent à la grèvedès le 20 janvier (début du secondsemestre sur Paris 7). Cependant,le mouvement prends de l'ampleur.Il ne reste pas centré sur Javelot,mais s'étend maintenant surCharles V et Paris-Rive-Gauche. Tout les profs ne sont pas en grève.Nous en sommes encore loin. Mais,c'est la première fois qu'ils se mobi-lisent autant et qu'ils appellent à uneunité avec les IATOSS et les étu-diants. Si cette mobilisation fait plaisir àvoir, la LRU, pierre angulaire de laprivatisation, n'est pas remise encause. Ce sont les étudiants quiargumentent sur le retraît de la LRU.Les IATOSS sont très sceptiquesface à cette mobilisation, aprèsavoir été abandonnés en 2003 parles profs qui parlent aujourd'huid'unité.Il faut faire en sorte que les profs nerestent pas seul. Aujourd'hui, ilsvoient les conséquences de la LRU.Parler de la LRU aujourd'hui et deson abrogation est d'actualité. Sil’Etat a pu s’engager pour sauver lesbanques, il doit pouvoir le faire pourl’ensemble du service public et pourles universités.

Paris 7se mobilise

Le mouvement contre l’application de la LRUdans les universités commence a prendre del’ampleur. En 2007 les syndicats enseignantsont accepté le projet de Valérie Pécresse,laissant les étudiants isolés dans leur luttecontre la privatisation. Dans certains cas,mobilisés sous la houlette des présidentsd’université, ils organisaient des pétitionscontre le blocage des facultés. Maisaujourd’hui la réalité de la LRU sur le terrainpousse le personnel à mobiliser.La LRU rattrape les profsL’année dernière, le personnel était diviséentre ceux qui souhaitaient accepter la LRUmais se mobilisaient pour négocier « pointpar point », et des syndicats qui avaient par-fois une position plus à gauche – oppositionà la LRU – mais ne mobilisaient pas, sousl’influence des poids lourds du PS tels queSégolène Royal ou Dominique Strauss-Kahnqui défendaient la « réforme ».Mais depuis la rentrée, la réalité de la LRU –budgets largement insuffisants, décret sur lamodification des statuts des enseignants-chercheurs, masteurisation des concoursd'enseignement – provoque un tollé, mobili-sant toutes les catégories du personnel,inquiets pour l’avenir de l’université publique. Cette prise de conscience est illustrée dansles paroles de Cécile, enseignante chercheur: « Dans une même université, il y aurait desstars et des tâcherons. Les stars auraient ledroit à la mobilité et à la recherche. Lesautres, jugés moins productifs, seraient can-tonnés à l’enseignement ou à l’administratif.

Avec un raisonnement pareil, le gouverne-ment perd de vue la mission de l’université,qui est la production et la transmission desconnaissances. »1.Personnels, étudiants et enseignants :tous ensemble !La réduction du nombre de postes adminis-tratifs et la suppression des concours serontcompensées par la présence sur les lieuxdes enseignants-chercheurs, qui s’occupe-ront des tâches administratives – répondreau téléphone, « présence » administrative,inscriptions, organisation des emplois detemps et recrutement du personnel vacataire- avec pour objectif unique la réduction desdépenses et l’adaptation à des budgetsréduits. Les doctorants n’auront plusd’heures d’enseignement, les ATER serontsupprimés car les enseignant-chercheursferont 16 heures d’enseignement parsemaine, et donc très peu de recherche.C’est lla logique du privé dans le servicepublique.Pour résister à la privatisation, il faut que lesAG votent la grève à partir du 2 février etimpliquent massivement tous les personnelset les étudiants. Cela passe par revendiquerl'abrogation de LRU, à l'origine de toutes lesattaques sur les conditions de travail, d'ensei-gnement et d'étude. Un tous ensemble et leblocage total du système sont les seulsmoyens de stopper la privatisation et de virerPécresse.

Universitésla lutte prend de l’ampleur

1. L’Humanité, 22/1/09

20 Janvier 2009, 1ère fac mobilisée sur l’Ile de France, Paris 7...

Page 10: AntiCapitaliste n°6

10 Dossier Anticapitaliste

Construire le mouvementcontre la guerreUn monde plus dangereux :le nouvel ordre mondialL'agression israélienne à Gaza a montréque, loin d'offrir un avenir de paix, la domi-nation des USA et de leurs alliés menacetous les peuples qui ont le malheur devivre à coté des richesses que convoitentles multinationales.

La guerre en Géorgie à l'été 2008, qui amis aux prises soldats américains etrusses, a montré qu'en temps de crise, lespuissances peuvent déclencher desguerres ouvertes dès que leurs intérêtssont en jeu. En République démocratiquedu Congo, la concurrence entre sociétésexploitants les mines a abouti à l'arme-ment de factions rivales qui se déchirent et

prennent en otage les populations civiles.En Somalie, les puissances se sont enten-dues pour assiéger la population par uneintervention navale conjointe.La puissance dominante, les USA, agitdepuis 2001 dans le cadre du plan GrandMoyen-Orient, vaste plan impérialiste pourmettre au pas tous les pays du Maroc au

Dossier

NONA L’OTAN

Un article de Adrien Nicolas

L'offensive israélienne menée depuis le 27décembre dans la bande de Gaza a fait près de1 300 morts et plus de 5300 blessés parmi lesPalestiniens, dont une majorité de civils. D'après les premières estimations, le coût desdestructions se monterait à plus d'un milliard dedollars1. Plus de 20.000 immeubles d'habita-tions auraient été endommagés par les bombar-

dements israéliens, soit 14% des immeubles dela bande de Gaza, et plus de 4000 habitationscomplètement détruites. 48 bâtiments gouverne-mentaux, parmi lesquels le siège du Parlement,30 commissariats, 20 mosquées, 18 écoles, 3 cli-niques ont été ravagés, sans compter les dégâtssur les routes ou le réseau d'eau et d'électricité.

A LA GUERRE

NON

Page 11: AntiCapitaliste n°6

Anticapitaliste Guerre à la guerre 11Pakistan, en s'assurant de la servilité desgouvernements en place, en renversantles récalcitrants ou en envahissant directe-ment des pays comme l'Irak etl'Afghanistan. C'est à l'Otan que revient d'appliquer cettepolitique impérialiste, en Afghanistan

comme en Somalie ou en Georgie. C'estdans ce contexte que Sarkozy a choisi deréintégrer le commandement unifié del'Otan et d'envoyer des renforts enAfghanistan. Construire un mouvement contre laguerre : une nécessité pour le mouve-ment socialEn pleine crise, alors que les budgetssociaux sont réduits, queles services publicssont privatisés, lesdépenses militairesexplosent : 1.335Milliards de $dépensés par lespuissances surtoute la pla-

nète. En France, le budget de ladéfense pour 2009 a augmenté de5,4% par rapport à l'année écoulée.Face à « l'ennemi », certains seront tou-jours prêts à s'allier avec ceux quiexploitent ici et qui pillent les ressourcesà travers la planète. En dernier recours,les partisans de l'union sacrée marche-ront toujours avec les patrons. C'est ainsique le PS, dont le gouvernement a parti-cipé à la guerre en Afghanistan tout enmenant les privatisations et le gel dessalaires, s'affiche aujourd'hui aux cotésdes sionistes.Le militarisme est légitimé par un dévelop-pement du racisme, par la lutte contre l'en-nemi intérieur, contre « l'internationale ter-roriste ». En France, les expulsionsd'étrangers se multiplient tandis que desmesures islamophobes sont prises : inter-diction du foulard, suppressions des repasalternatifs au porc. L'arsenal judiciairedéveloppé pour lutter contre les « terro-ristes » (LSQ en 2001, LSI en 2003) estmaintenant utilisé contre les syndicalisteset tous ceux qui combattent le système.Combattre le militarisme devient donc uneurgente nécessité pour les militants dumouvement social.Construire un mouvement contre laguerre massif, sur la duréeEn ce début d'année, le mouvement desolidarité avec la Palestine a montré, àl'occasion des plus grandes manifestationsde son histoire, que la jeunesse des ban-lieues, que l'on prétendait dépolitisée, estprête à se mobiliser massivement, à seconfronter avec la police. En scandant« nous sommes tous des Palestiniens »,ces jeunes font écho au racisme qu'ilssubissent au quotidien.Pour combattre nos gouvernements quifont la guerre aux quatre coins du monde,nous avons besoin d'un mouvementcontre la guerre qui déborde les rangs dela gauche radicale. Nous devons

construire la lutte contre la guerre quemènent nos dirigeants, aux cotés de tous

ceux qui sont sincèrements révoltés parles massacres commis en notre nom.

C'est en manifestant par millions quenous créerons des faits, comme

l'a montré le mouvement internationalcontre la guerre en Irak en 2003.Nous devons construire des comitéscontre la guerre sur nos universités, noslycées, nos quartiers et nos entreprises,en revendiquant l'arrêt des occupationsmilitaires en Afghanistan, en Palestine, enIrak. Nous devons manifester par dizainesde milliers de toute l'Europe contre lamachine de guerre des impérialistes,l'Otan, exiger l'arrêt du financement dessales guerres que mènent nos gouverne-ments.

Un collectif national appelle àmanifester à Strasbourg, du 1er au5 avril 2009, lors de la tenue duSommet, contre la réintégration dela France au sein du commande-ment de l'Otan et l'envoi de renfortsen Afghanistan.Des collectifs unitaires ont déjàété crées sur les facs.TOLBIAC : Adrien 06.64.28.04.25,SORBONNE : Sebastian 06.21.34.68.52,PARIS VII : Otman 06.71.97.01.37.Le collectif national affrète un trainet des cars pour la manifestationdu 4 avril. Voyage aller/retour àpartir de 20 € a/r.Pour plus d'info sur la campagneou trouver du matériel de mobilisa-tion :www.appelotanafghanistan.org

MANIFESTATIONContre la tenue

du Sommet de l’Otandu 1er au 5 avril 2009

Page 12: AntiCapitaliste n°6

12 Dossier Anticapitaliste

Les origines du conflit remontent à la fon-dation d'Israël en 1948 et à la campagnede nettoyage ethnique menée par lesmilices sionistes. Il s'en est suivi 60 ansd'oppression pour le peuple palestinien.Les dirigeants sionistes se sont toujoursaddressés aux puissances impérialistespour fonder un Etat juif. En 1947 lesNations-Unies (ONU) mirent sur pied unplan de partition de la Palestine. Celui-cidonnait 55% du pays aux colons sio-nistes qui ne représentaient qu'un tiersde la population.En mars 1948 les sionistes assassinèrentdes centaines de villageois arabes etorganisèrent le nettoyage ethnique de750 000 Palestiniens. Israël s'est emparédu reste de la Palestine historique en1967. Aujourd'hui la « loi du retour » per-met à n'importe qui d'ascendance juived'émigrer en Israël mais refuse tout droitau retour aux palestiniens.Israël, un danger pour la région spon-sorisé par les puissancesEn 1956 Israël s'est associé à la Franceet à la Grande-Bretagne pour lancer uneguerre contre l'Égypte. En 1967 Israël fità nouveau la guerre contre l'Égypte,contre la Syrie et la Jordanie, puis en1973. Il a bombardé les centralesnucléaires irakiennes en 1981.Israël a envahit trois fois le Liban, en1978, 1982 et 2006. Son armée a occupéle sud-Liban de 1978 à 2000 lorsque larésistance conduite par le Hezbollah l'aforcé à se retirer.Le massacre auquel nous assistonsaujourd'hui à Gaza ne sera pas la der-nière guerre d'Israël. La nature colonialeet impérialiste de cet État va inévitable-ment conduire à plus de conflits, debombes et de morts.N'y a t-il pas une histoire emplie dehaine entre juifs et arabes ?Beaucoup affirment que les juifs et lesarabes ne peuvent jamais vivre ensem-ble. Mais avant 1947, chaque capitalearabe avait une communauté de juifsvivant aux côtés de s musulmans et deschrétiens. Il y a des cen-taines de noms juifs ins-crits sur le mémorial dédiéaux irakiens qui sont mortsen combattant le colonia-

lisme britannique dans les années 20. Tout cela changea après la créationd'Israël. Les juifs arabes furent chasséspar les dictateurs et rois arabes mis enplace par l'Occident. Ces juifs arabesdevinrent des citoyens de seconde zoneen Israël. Ainsi que dans beaucoup de régions dumonde, les divisions, les discordes et leshaines entre les peuples au Moyen-Orient sont un triste héritage de l'impéria-lisme occidental.Les Palestiniens ne se sont-ils pas vuoffrir leur propre Etat dans le cadre duprocessus de paix?Les accords d'Oslo, signés en 1993,étaient supposés donner aux palestiniensl'autonomie sur 17% de la Cisjordanie et60% de la Bande de Gaza. Israëlconserva le contrôle des routes, res-sources et de vastes zones occupées en1967. Le nombre de colons israéliensdans les territoires occupés doubla entre1993 et 2000. Les territoires palestiniensressemblent à des bantoustans, cesEtats noirs « autonomes » mis en placepar le régime d'apartheid d'Afrique duSud. Seul un État multi-ethnique unifié peut

résoudre la situation.Israël a ouvert ses frontières à des mil-lions d'immigrants sans aucun pro-blème.La majorité des villages palesti-niens restent vides et beaucoup sont enruines. Ils peuvent facilement êtrereconstruits et rendus à leurs habitantsd'origine. Ceux qui souhaitent revenirdans les villes pourraient être facilementlogés. Quel est le rôle des masses arabes ?C'est l'impérialisme qui a créé Israël etc'est l'impérialisme qui le soutientaujourd'hui. Le gouverneur britannique de Jérusalemdéclara que le nouvel Etat sioniste servi-rait de « petit Ulster juif loyal dans unpotentiel océan de nationalisme arabehostile ». En 1951, un article célèbre duquotidien israélien Haaretz, «Israëldevient le chien de garde » résumait :« Israël peut toujours être utilisé pourpunir un ou plusieurs voisins dont lemanque d'obéissance à l'Occident adépassé les limites de l'acceptable ».L'impérialisme a besoin d'Israël en tantque son « porte avion insubmersible »car les régimes arabes sont en constantdanger d'être renversés par des rébel-lions populaires. La colère dans le mondearabe nait de la manière dont sont acca-parés les richesses par une petite éliteau service de l'occident.Lors des récentes manifestations enÉgypte, les manifestants ont lancés desslogans à la fois contre Israël et contre lerégime d'Hosni Moubarak. Les manifes-tations populaires en soutien à laPalestine pourraient entraîner une vaguede révoltes comme celles qui ont balayéde nombreux régimes corrompus dansles années 50 et 60.C'est pourquoi ces régimes craignent ethaïssent les organisations de la résis-tance comme le Hamas en Palestine oule Hezbollah au Liban. Toute résistanceest un défi pour Israël, l'Occident et lesrégimes arabes.

Article tiré du Socialist Worker,n°2133, du 10 janvier

2009Traduit de l'anglais par

Laurent Bauer

Palestine : une guerre crééepar l'Occident

Page 13: AntiCapitaliste n°6

Anticapitaliste Guerre à la guerre 13

Un article de Tamer Wageeh*libèrera la Palestine ?

Un train lent s'approche au Moyen-Orient : letrain du changement. On a l’impression queles Rois archaïques, les Émirs, les Cheiks etles Présidents perpétuent avec succès leurrègle dynastique. Pourtant, l'agitation et lebouleversement social, signes de troublesmontant, se multiplient.La lutte palestinienne, icône dans les cœurset les âmes des peuples arabes et duMoyen-Orient, joue souvent le rôle de déto-nateur révolutionnaire. Les luttes héroïqueset dramatiques en Jordanie (1970), au Liban(1974-76), les deux grands soulèvementspalestiniens de 1987 et de 2000, ont étéaccompagnés de mouvements de solidaritémassifs.La lutte palestinienne est le Vietnam de la régionEn dépit de la barbarie de la guerre qu’Israëlmène actuellement sur Gaza, la résistance aété capable de défier Israël, de tenir ferme-ment et de maintenir le moral des gens deGaza dans des conditions très dures. Lerésultat de cette guerre, à part la destructioninsensée et la mort, sera un arrangement àcourt terme, instable. Mais le prix à payer est très cher. Hélas,Hamas n’est pas capable d'accomplir desvictoires décisives semblables à celles obte-nues par Hezbollah en 2000 et 2006. La seule réelle solution pour la Palestine estd'établir un état séculaire uni pour les Arabeset pour les Juifs sur l’ensemble de laPalestine historique. Les demandes immé-diates et vitales des Palestiniens ne peuventêtre satisfaites par aucun gouvernementisraélien, même le plus radical. Un politicienisraélien peut-il accepter le droit de retour,rendre Jérusalem-Est aux Palestiniens ? Laréponse est non.Solidarité des travailleurs EgyptiensLes Palestiniens ne peuvent pas rassemblertous seuls les forces sociales, politiques et

militaires capables d'écraser un état haute-ment militarisé, soutenu par l'impérialismeUS, sans élargir leur lutte à d'autres forcessociales de la région qui ont un intérêt biendéterminé de vaincre le Sionisme.La classe ouvrière égyptienne a intérêt àécraser le Sionisme, base la plus forte pourla réaction et la contre-révolution dans larégion. Toutes les tentatives de libérationnationale et progressiste en Egypte, mêmelimitées, ont été considérées comme un actehostile par Israël.Les ouvriers égyptiens ont montré leur soli-darité à la lutte palestinienne. Même avantl'établissement de l'état de l'Israël, “le Comitédes Ouvriers pour la Libération nationale”,établi en 1945, déclarait que le « sionismeest un mouvement raciste qui soutient l'impé-rialisme dans ses efforts contre la libérationnationale palestinienne. »En janvier 1988, pendant le premier soulève-ment palestinien, les ouvriers d'al-Mehalla al-Kobra ont manifesté dans la ville, demandantla cessation des relations diplomatiques avecIsraël. Ces manifestations étaient les signesde solidarité d'ouvriers égyptiens. La classe ouvrière égyptienne est elle-mêmeopprimée, atomisée et intimidée. Depuisdécembre 2006, avec la grande grève d’al-Mehalla al-Kobra, la classe ouvrière égyp-tienne a témoigné d'un regain sans précé-dent de combativité contre Moubarak. Lesouvriers de la Compagnie de Ciment de Toraont recueilli 10 mille livres pour les gens deGaza en juin dernier, au moment où les fron-tières entre l'Egypte et Gaza étaientouvertes. Le syndicat Indépendant desimpôts déclaré sa solidarité avec Gaza, etses chefs ont participé à plusieurs manifesta-tions de solidarité. Ce sont les signes avant-coureurs de la participation active de laclasse ouvrière égyptienne à la lutte contrel'impérialisme et le Sionisme.

* Traduit de l’anglais par Fiona Walsh

Le Hamas doitavoir le droit

de se réarmerNicolas Sarkozy a réagi rapide-ment à l'agression israéliennecontre Gaza, en se rendant auProche Orient pour assurer àl'Égypte, à Israël et au Fatah quele Hamas serait bien désarmé.« Ce n'est pas un retour au statuquo ante puisque les Égyptienssont prêts à travailler sur la sécu-rité aux frontières, puisqu'unepression est faite pour qu'il n'y aitplus de roquettes qui partent deGaza » a souligné le chef de l'Étatfrançais.Vendredi 23 janvier, la Franceenvoyait un bateau au large deGaza. D'abord présenté dans lesmédias français comme un convoihumanitaire, c'est une frégate quia été déployée au large de Gazapour participer à la lutte contre lacontrebande d'armes, en coopéra-tion avec Israël et l'Égypte. Comme en 2006, après l'agressionisraélienne au Liban, la Franceenvoie des troupes pour désarmer... la résistance. Le peuple palesti-nien soutien plus que jamais leHamas, à Gaza, mais aussi enCisjordanie et en Israël (ce qui estplus marqué qu'auparavant). Lavolonté d'en finir avec l'oppressionisraélienne passe par la luttearmée contre armée d'occupation.Les Palestiniens ont le droit à larésistance à l'oppression commeinscrit dans la déclaration desDroits de l'Homme de 1789 : « Lebut de toute association politiqueest la conservation des droits natu-rels et imprescriptibles del'homme. Ces droits sont la liberté,la propriété, la sûreté et la résis-tance à l'oppression. ». Vive la résistance Palestinienne !

Benjamin Lormet

Qui

Pourquoi soutenir la Résistancepalestinienne ?

Le soutien à la résistance des Palestiniens divise lagauche française, dont la majorité se contente demarmonner à propos de la « paix ». Nous soute-nons qu'il ne peut y avoir de paix sans justice, etnous défendons le droit des Palestiniens à résisterpar tous les moyens nécessaires à l'occupationqu'ils subissent depuis 60 ans.

Une brochure Marque Page, 2 €

Page 14: AntiCapitaliste n°6

AnticapitalisteDossier14

Après 29 ans de guerres et 18 ans d’embargo, plus de 2 mil-lions d'Irakiens sont morts et 4 millions déplacés ou exilés1.Cependant, depuis un an, le nombre d’attentats entre les com-munautés et contre les troupes de la Coalition a fortementdiminué. Les véritables causes de cette accalmie relative nesont pas durables.Suite aux déplacements de populations la majorité desIrakiens vivent dans un quartier ou un village dont la compo-sition religieuse ou « ethnique » est homogène. Dans certainsquartiers de Bagdad sont apparus des groupes d’autodéfensemulti-confessionnels.Une partie de la résistance sunnite s’est retournée contre lesmouvements islamistes les plus radicaux. Les Américains ontcréé les milices « Sahwa » qui recrutent des anciens résis-tants sunnites pour « maintenir l’ordre ». Les Américains réin-tègrent les anciens partisans de Saddam Hussein dans l’ad-ministration et dans l’armée. Pour obtenir la paix, lesAméricains ont distribué des armes et de l’argent à tout lemonde, créant ainsi les conditions d’un affrontement plus violent. Trois milices chiites rivales se disputent le contrôle du port etdes installations pétrolières de la province de Bassorah où setrouvent 60% des réserves pétrolières. La région pétrolière deKirkouk est disputée entre deux milices kurdes et des milicesarabes et turcomanes. La chute des revenus pétroliers n’ar-range pas les choses.N’ayant pas réussi à vaincre militairement la résistance, lesÉtats-Unis se retrouvent dépendants des miliciens islamistes,de l’Iran et de la Syrie pour pérenniser leur occupation de Irak.La Turquie, est tentée de participer au pillage de l’Irak. Lesmercenaires sont désormais plus nombreux sur le terrain queles soldats US. Aucune politique stable ne peut être construitesur un édifice pareil. Les élections provinciales, initialement prévues pour le 1eroctobre 2008, ont été reportées au 31 janvier 2009. Le codedu travail hérité de Saddam Hussein, datant de 1987, trèsdéfavorable aux travailleurs, est toujours en place. Malgré lechômage et les assassinats, des grèves ont éclaté dans l'in-dustrie pétrolière dans la région de Bassorah. Les Syndicatsen Irak comptent 350 000 membres (coton, cuir, bois, agro-ali-mentaire, transports, services publics et chômeurs). Dans desconditions extrêmes, un syndicalisme nouveau est en train d'émerger.

IRAKSituationstabilisée ?

La situation en Afghanistan se dégrade pour les troupes de l'Otan,et la guerre s’étend désormais aux zones tribales frontalières duPakistan. Le gouvernement pakistanais joue aussi un double-jeu,utilisant les islamistes comme moyen de pression sur les États-Unisdans leurs négociations commerciales, tout en menant une guerre« au nom de la lutte contre le terrorisme » contre les populations dela Province Frontalière du Nord-Ouest. Les Américains sont totalement dépendants de la main-d’œuvrepakistanaise pour acheminer leur matériel, leurs troupes et leur ravi-taillement. C’est pourquoi, ils ont besoin que le Pakistan reste sta-ble. Plusieurs attentats ont visé des convois acheminant du matérielmilitaire en Afghanistan ces dernières semaines. La situation économique du Pakistan est catastrophique. Le prix desdenrées alimentaires explose alors que le pays est au bord de labanqueroute financière. C’est pourquoi, les Américains ont encou-ragé le retour de la gauche au pouvoir. Le principal parti de gaucheest le Parti Populaire du Pakistan. Ses dirigeants sont liés aux inté-rêts industriels et aux grands propriétaires terriens mais il garde uneimportante base populaire, ouvrière et paysanne. A la veille de sonassassinat, sa dirigeante Benazir Bhutto pouvait mobiliser des cen-taines de milliers de personnes. Aujourd’hui, c’est son mari, Ali AsifZardari qui est président de la république. Les Américains attendent de Zardari qu’il maintienne la paix socialetout en en appliquant les plans du FMI. Privatisations, licencie-ments, destruction des services publiques et expropriations forcéesdes paysans doivent accompagner la poursuite d’une guerre impo-pulairea Cette mission impossible provoquera inévitablement unéclatement du Parti Populaire et ouvrira à un espace pour unerecomposition du mouvement ouvrier. Le Pakistan compte une importante classe ouvrière ainsi qu’un syn-dicalisme paysan notamment dans les régions du Punjab et duSindh. La majorité des travailleurs sont hostiles aux États-Uniscomme aux mouvements islamistes, ce que les médias occidentauxoublient souvent de préciser. Les grèves et les luttes sociales auPakistan depuis plusieurs années témoignent de la vitalité du mou-vement ouvrier, qui peut potentiellement paralyser les opérationsmilitaires en Afghanistan.

Saïd Fourat

1. Parmi lesquels 1 million en Syrie (sur 18 millions d’habitants) et plus d’1 millions en Jordanie (pour5 millions d’habitants) menaçant à terme de provoquer l’implosion de ces deux pays.

Un article de Saïd Fourat

La guerre en Afghanistan

déstabilise un peuplus le Pakistan

Page 15: AntiCapitaliste n°6

Anticapitaliste Guerre à la guerre 15

Depuis octobre 2008, quatre navires de guerre del'OTAN patrouillent dans les eaux somaliennes sousle prétexte d'escorter les convois d'aide alimentaire.La « communauté internationale » entend surtoutdéfendre ses biens et ses intérêts politiques. Réunisà Kuala Lumpur fin novembre, les armateurs pétro-liers ont sommé l'ONU de bloquer les côtes soma-liennes. La marine américaine est intervenue aprèsla capture du navire ukrainien le Faïna, qui transpor-tait 33 chars T-72. Une grande partie du matériel deguerre que les Américains, les Russes, lesEuropéens vendent aux Africains passe par lescôtes somaliennes.Début décembre l'OTAN a été rejoint par une forcede 1200 hommes de l'Union Européenne, envoyéeà l'initiative de N. Sarkozy et de G. Brown. Mi-décembre, le conseil de sécurité de l'ONU aapprouvé à l'unanimité la prolongation d'un an desopérations internationales pour « prendre toutes lesmesures nécessaires en Somalie pour empêcherd'agir ceux qui utilisent son territoire pour préparer,faciliter ou entreprendre des actes de piraterie enmer »1.

Multinationales, déchets etempoisonnements Quand le tsunami asiatique

de décembre 2005 s'est abattu sur les côtes del'Afrique de l'est, des tonnes de déchets radioactifset de produits chimiques toxiques sont remontés surles plages somaliennes, déterrés du fond del'océan. Les nations unies ont constaté un grandnombre de problèmes médicaux : hémorragiesabdominales, saignements de la bouche, pro-blèmes de respiration et maladies de la peau. Aumoins 300 personnes sont déjà mortes. Au début des années 1990, de nombreux arma-teurs européens, américains et asiatiques, notam-ment la compagnie Suisse Achair et l'ItalienProgresso ont utilisé les côtes somaliennes commedéchetterie pour produits toxiques : de l'uraniumradioactif, du plomb, du cadmium et du mercureainsi que des déchets industriels et hospitaliers. Lestarifs somaliens étaient de l'ordre de 2$ la tonne,alors que les tarifs européens sont de 800$ latonne2. L'enquête de l'ONU a été abandonnée. Aucunecompensation n'a jamais été reversée auxSomaliens. Aucun nettoyage du littoral n'a été entre-pris. Les navires de guerres qui patrouillaient dans le

golfe d'Aden n'ont pris aucune mesure contre cesbateaux qui larguaient des déchets toxiques. Pillards et piratesEn 2006, des pêcheurs somaliens ont porté plaintedevant l'ONU : des bateaux de pêche étrangers pil-laient leurs réserves de poisson, recrutant desmilices locales pour intimider les pêcheurs. L'ONU arefusé d'agir. Ainsi, les somaliens en colèreont décide de prendreles choses en main. Les pêcheurs, qui voyaient leurlittoral empoisonné, et leur moyens de gagner leurvie menacées, se sont armés. Fin 2005, ils ont com-mencé à saisir des navires,yachts de luxe, cargo etthoniers qu'ils relâchaient contre rançon. SelonJanuna Ali Jama, un pirate somalien : « Le littoralsomalien a été détruit. Nous considérons que cetteargent n 'est rien par rapport à la destruction de notremer ».En juillet 2006, le gouvernement des chefs deguerre a été renversé par un soulèvement populairedirigé par l'Union des Cours Islamistes. Quelquesmois plus tard, les États-Unis ont soutenu l'invasionde la Somalie par les Éthiopiens. Ceci a provoquéune vague de résistance, le « troisième front » de la« guerre contre la terreur ». Aujourd'hui, des navires de guerre indiens, améri-cains et français participent à la chasse aux pirates.La Chine envisage de participer aussi. Ces puis-sances militaires tirent librement sur les pêcheurssomaliens. Et ils laissent tranquille les pilleurs desstocks de poisson et les transporteurs de déchetstoxiques.

En Géorgie les Etats-Unis ont mis en placeMikhaïl Saakachvili à la tête du pays en2004. Celui-ci déclarait dans son discours deprise de fonction qu’il était « temps pour legouvernement d’avoir peur du peuple ».L’objectif étant de faire de cet Etat un alliéstratégique des Etats-Unis pour le contrôledes oléoducs duCaucase, permettant àla fois de contourner etd’encercler la Russie. La Géorgie est un alliéfidèle de Washington,multipliant les associa-tions et coopérationavec Israël. Lors dusoulèvement de 2007,Saakachvili a fait tirerdans la foule. L’UnionEuropéenne n'a eu decesse de présenter laGéorgie comme unmodèle de démocratiequi est donc sujette àrejoindre l’OTAN.Les USA et Israël ontarmé la Géorgie, qui a

fait usage de cette forcecontre les populationssud-ossètes et abkhazes

lançant ainsi la guerre d’août 2008. .L’OTANa ainsi failli risquer une confrontation arméeavec la Russie.Ukraine : l’OTAN contre le peupleL’OTAN tente aussi d’intégrer l’Ukraine. Le

gouvernement de Iouchtchenko a demandéà rejoindre l’OTAN bien que 60% desUkrainiens y soient opposés.L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN renforceraitl’encerclement de la Russie. L’expansion del’OTAN est intrinsèquement liée au conflitstratégique sur les ressources en hydrocar-bures. Le récent conflit gazier entre Kiev etMoscou est l’illustration de ces tensions entre

les impérialismes.Si l’OTAN a décidé dereculer l’adhésion deces deux pays c’est àcause de la situation decrise économique etpotentiellement poli-tique de ces pays. Maisselon le secrétairegénéral de l’OTANJaap de Hoop Schefferl’Ukraine et la Géorgieont vocation a terme arejoindre l’alliance.Cette politique d’hosti-lité envers la Russie aconduit à la mise enplace du bouclier stra-tégique anti-missileaméricain.

Articles de Laurent BauerGeorgie : l'Otan, c'est la guerre

SOMALIE :« le troisième front »Articles de Catherine Curran

1. Le Monde, 17/12/082.Nick Nuttall du programme pour l'environnement des Nations Unies

Page 16: AntiCapitaliste n°6

AnticapitalisteRépression16

Sarkozy a promis la suppression des jugesd’instruction, pour les remplacer par lesjuges de l’instruction, qui auront pour rôle desurveiller le déroulement de l’instruction,mais n’auront aucun pouvoir. Le rôle desjuges d’instruction est de mener l’enquêtejudiciaire à charge et à décharge. Ce juge,malgré le fait qu’il est souvent vu comme lejuge de l’accusation, a quand même pourrôle de garantir la recherche de preuve àdécharge de l’accusé. Le procureur a unrôle d’accusateur, il récolte les preuves àcharge contre l’inculpé.Seul le parquet, c'est-à-dire le procureur,sera responsable de l’enquête. Le procureurn’est pas indépendant. Rachida Dati a ditd’elle-même qu’elle était « la patronne desprocureurs ». C’est un réel contrôle que lepouvoir exécutif va exercer sur le pouvoirjudiciaire. Pourquoi n’octroie-t’on pas alorsle pouvoir judiciaire directement au prési-dent de la République ?Plus personne n’aura pour rôle de récolter

les preuves à décharge, l’accusé devra lefaire à ses frais. C’est une mise en placeofficielle d’une justice à deux vitesses : sil’accusé est riche il pourra se défendre, etuniquement à cette condition. C’est doncune justice en faveur des plus riches qui estinstaurée, une justice sous contrôle quasi-total du pouvoir exécutif. Avec l’abaissement de l’age de la responsa-bilité pénale à 12 ans, l'instaurations despeines planchers, la justice va devenir lemoyen pour l’Etat de se débarrasser desplus pauvres et des opposants.

SUPPRESSIONdes juges

d’instruction

Depuis l'arrestation le 11 novembre sous lescaméras d'un complot d'ultra-gauche qui ter-rorisait les voyageurs de la SNCF en éditantdes livres anarchistes, en détenant deshoraires de chemin de fer, des gants etmême une échelle, les arrestations de mili-tants se multiplient. Des jeunes de Levallois comparaissant le 19février devant le tribunal pour mineur pouravoir participé à un conseil municipal pourdéfendre le droit au logement, aux lycéens deJoliot-Curie à Nanterre jugés pour avoir dés-obéi à leur proviseur, à l'inspecteur du travailGérard Filoche comparaissant en correction-nelle pour avoir fait son travail ... la liste estlongue des sanctions prises contre ceux quiosent critiquer la politique du gouvernementactuel.La criminallisation du mouvement social s'estlongtemps limitée aux militants les plus« radicaux », soutiens de causes peu défen-dues par la gauche, comme la lutte contre lescentres de rétention et les expulsions, contrele fichage adn et la vidéo-surveillance. C'estmaintenant au tours des grévistes d'êtremenacés de sanctions, après la victoire descheminots de la gare Saint-Lazare.Le gouvernement et le patronat ont mainte-nant suffisamment confiance pour s'attaquerdirectement au mouvement social et syndi-cal. Les licenciements de délégués syndi-caux se multiplient, en toute illégalité ou souscouvert d'une « séparation conventionnelle ».La police s'affiche de plus en plus dans lesuniversités occupées, intervient pour briserles piquets de grève.

Loin d'être un simple « dégât collatéral » desmobilisations sociales, la répression policièreet judiciaire est un symptôme du durcisse-ment des conflits sociaux. Alors que le droitdes affaires est dépénalisé, que se multi-plient les scandales financiers, c'est larévolte contre ce système immoral qui estréprimée.Le simple fait de manifester devient risqué,comme en ont fait l'expérience six jeunesarrêtés le 12 décembre dernier pendant unemanifestation de solidarité avec la jeunessegrecque : inculpés de dégradations, d'agres-sion et de jet de projectile sur force de l'ordre,ils ont passés 48 heures en garde à vueavant d'être transférés au dépôt pour passeren comparution immédiate après 72 heuresde détention. La solidarité entre les accusés et la constitu-tion d'un comité de soutien qui manifestaittous les soirs devant le commissariat et lepalais de justice ont permis d'obtenir le reportdu procès au 19 janvier. La mobilisation et lesoutien d'organisations syndicales (soli-daires) et politiques (NPA, PCF) ont permisde limiter les peines à deux mois de prisonavec sursis pour l'un, un mois pour un autreet des heures de TIG pour les autres. Unaccusé a été relaxé, fait rare dans ce type deprocès contre les militants du mouvementsocial. L'État voulait diviser les manifestants, notremobilisation a permis d'affirmer notre unitéface à la répression. L'État voulait faire peuraux jeunes qui se révoltent, les punir pourl'exemple, notre mobilisation nous a donnéconfiance en notre force de résistance.

Répression :Agir contre la criminallisationdu mouvement social

Articles de Laure Sabler

Rassemblement de soutien aux 6 inculpés après la manif du 12 décembre, devant l’ambassade grec

Page 17: AntiCapitaliste n°6

Anticapitaliste NPA 17

Depuis que la LCR a lancé le projet decréation d’un Nouveau PartiAnticapitaliste (NPA), celui-ci a suscitél’intérêt de milliers de travailleurs,notamment des syndicalistes et desmilitants associatifs. MarxistesUnitaires contribue à l’émergence decette alternative et y défend les idéesrévolutionnaires.Le NPA, un frontunique politiqueLe NPA est un partiqui rassemble lesdiverses sensibili-tés anticapitalistesqu’elles soientrévolutionnaires,réformistes, alter-mondialistes, pourrépondre auxattentes d’unitépour lutter contre lesystème.Le NPA un frontunique politique dela gauche anticapi-taliste afin de dis-puter au PS l’hégé-monie politique, quece soit dans les luttes sociales ou sur leterrain électoral. Le NPA doit proposerune direction alternative au PS dans lemouvement social et au sein des syndi-cats, renforcer la confiance des travail-leurs en eux-mêmes pour en finir avecce gouvernement. Le NPA constitue un front unique poli-tique anticapitaliste. Il n’est ni révolu-tionnaire, ni réformiste mais oscilleentre les deux. Il rassemble des frac-tions assez avancées de la classe pourchanger la donne politique à gauchemais aussi contre le régime. Un particentriste de masse doit avoir un profillarge et unitaire pour que tous ceux quiveulent sincèrement lutter contre lecapitalisme puissent y faire des testspolitiques en commun. Le NPA doit être à l'initiative del'unité des opposants au libéralisme

Les travailleurs, victimes de lapolitique de Sarkozy, des hésita-

tions des directions syndicales, aspirentà l'unité d'une gauche qui ne se com-promette pas avec le libéralisme. LeParti Socialiste (PS) n’a plus rien à offrirsi ce n’est la prétention d’être un meil-leur gestionnaire du système quel’UMP. Les travailleurs continuent de

s’en saisir pour battre la droite aux élec-tions en l'absence d’alternative crédibleà sa gauche. Le NPA doit être le premier à proposerdes listes d’union à gauche du PS sur labase du rejet du libéralisme tout ensoulevant la question de l’indépen-dance vis-à-vis du PS. Si le Parti deGauche (PG) et le Parti Communiste(PCF) s’affirment contre le capitalismetout en ayant participé au gouverne-ment avec le PS, c'est à nous de lesforcer à assumer les contradictions deleur position. Si l’union ne peut avoir lieu cela ne doitpas être la responsabilité du NPA. Avoirun profil unitaire tout en affirmant claire-ment ses positions ne peut que renfor-cer la crédibilité du NPA. Un renforce-ment électoral, sans illusion de notrepart sur ce type d’échéances, permet-trait de donner davantage confiance

aux travailleurs et d’éroder la domina-tion du PS sur la gauche.Construire une fraction révolution-naireUn parti centriste de masse donneraitune opportunité aux révolutionnaires dediffuser les idées du marxisme et de la

révolution à uneéchelle de masse,de les appliquer àla lutte concrètecontre Sarkozy.Une organisationcentriste ne serapas capable derépondre à dessituations de crisepolitique et socialed’importance depar sa nature floue.Sans courant révo-lutionnaire struc-turé, l’oscillationentre réforme etrévolution conduirainévitablement auréformisme et à laconciliation avecles capitalistes.

Le refus de touteconciliation avec nos capitalistes a desimplications concrètes que nousdevons défendre dans le mouvementsocial : il est crucial d’affirmer notresoutien à la résistance palestinienne,de construire la lutte contre l’islamopho-bie, notamment face aux nombreuxpréjugés qu’il y a au sein même de lagauche.Pour en finir avec le capitalisme, les tra-vailleurs devront détruire l'État descapitalistes pour bâtir un État basé surle pouvoir des travailleurs dans lesentreprises, prendre le pouvoir confis-qué par les patrons, faire une révolu-tion. Afin de vaincre le capitalisme nousavons besoin d’une direction révolution-naire rassemblant les travailleurs lesplus déterminés à en finir avec le sys-tème, reconnue dans la lutte pour sacapacité à s'adresser largement auxtravailleurs.

Quelle stratégie pour le NPA?Articles de Laurent Bauer

1ère rencontre nationale des collectifs pour la création d’un NPA, les 28 et 29 juin dernier, à St Denis

Page 18: AntiCapitaliste n°6

AnticapitalisteNPA18

Pourrais-tu nous présenter ton par-cours militant ? Comment t'a-t-il menéau NPA, et avec quelles attentes ?Mon engagement dans la vie sociale ad’abord été une implication en faveur desdroits humains fondamentaux, individuelset collectifs ; je suis devenu sensible pro-gressivement aux questions écologiquesà mesure de l’amoindrissement des res-sources naturelles, de la disparition crois-sante des espèces et des dégâts à l’envi-ronnement mettant en cause la santé duplus grand nombre. Il y a dix ans, je suisdevenu un militant altermondialiste et j’aipris progressivement conscience que l’ex-ploitation des humains et l’exploitation dela terre ont une même cause : le capita-lisme. Jusque-là je mettais en cause lenéo-libéralisme, qui n’est que la phaseactuelle du capitalisme. Le livre d’HervéKempf « Comment les riches détruisentla planète » m’a fait passer de la contes-tation du néolibéralisme à la remise encause du capitalisme.Aux élections européennes, penses-tuqu'il faut aboutir à une coalition électo-rale avec les autres forces de lagauche "radicale" ? Pourquoi ou pour-quoi pas ? La question n’est pas de faire une coali-tion pour faire une coalition. La questionest de donner du poids politique à un pro-jet alternatif sur l’Europe. Donc pour moi,le contenu est prioritaire dans la questionde l’unité de la gauche à la gauche du PS. Une unité qui ne soit pas seulement élec-toraliste et qui se retrouve sur le terrain,dans les luttes sociales et écologiques,contre la casse sociale, contre le déman-tèlement du droit du travail et des servicespublics, mais aussi contre le producti-

visme, le nucléaire, lamarchandisation du

vivant. La crise du capitalisme exploiteuret productiviste est une crise de civilisationque la démarche électorale seule nepourra résoudre. Les résultats historiquesdu Front populaire ont dépassé le pro-gramme électoral limité du Front popu-laire parce qu’il y a eu un puissant mouve-ment social accompagnant le processusélectoral et son résultat. Mais au final, leFront populaire a échoué parce qu’il neremettait pas en cause la capitalisme ettentait, provisoirement, d’en atténuer leseffets. Comment voudrais-tu voir évoluer lagauche radicale et anticapitaliste àmoyen terme ? Comment envisages-tu l'évolution du NPA ?Je suis convaincu qu’à la gauche du PS,et même au sein du PS, il y a beaucoupde femmes et d’hommes qui, s’ils pren-nent la peine de lire les textes que nousallons adopter au congrès fondateur duNPA, se sentiront en accord avec cestextes. Même si le NPA n’a pas le mono-pole des bonnes idées, j’espère qu’il vales rassembler pour qu’une force politiquepuissante qui rejette sans concession lecapitalisme puisse émerger. Nous créons le NPA comme une struc-ture ouverte où toutes celles et tous ceuxqui n’acceptent pas que le capitalisme soitl’ordre naturel des choses peuvent seretrouver et donner à leur volonté transfor-matrice l’efficacité d’une force politiquesusceptible de peser. Quelles sont à ton avis les actionsprioritaires à mener ? Les sujets ne manquent pas. Avec« Demolition man » à la tête du pays, ondétruit les services publics : les écoles, les

hôpitaux, la poste, etc. Toutes les activitésde service qui contribuent à l’exercice partous des droits collectifs sont en traind’être privatisées. Le régime connaît unetrès dangereuse dérive autoritaire : au fildes contre-réformes qu’il impose, le prési-dent contrôle le gouvernement, le parle-ment, la justice, les médias. La répressionde la contestation politique et sociales’amplifie. On envoie des flics avec deschiens dans les écoles ; on invente deprétendus groupes terroristes. On arrêtedes gens non pas pour qu’ils ont fait, maispour ce qu’ils pourraient faire. Au fur et àmesure que croît l’exploitation et la paupé-risation, l'État de droit recule gravementen France comme dans plusieurs autrespays d’Europe. Il nous faut donc être pré-sent dans toutes les luttes que réclame larésistance à cette évolution. Il nous fautaussi combattre les ravages du capita-lisme et particulièrement avec la crise quia éclaté, dénoncer les mensonges dontnous intoxiquent les média : il n'y a pas debon capitalisme. On ne moralise pas cequi, par essence, est immoral. Il fautdénoncer un discours qui veut faire croirequ'on va changer le système alors quedans le même temps on consacre desmilliards d'argent public pour le perpétuer.

Militant de la première heure des collectifs pour le Non à la ConstitutionEuropéenne, Raoul Marc Jennar a répondu présent à l'appel deConstitution du Nouveau Parti Anticapitaliste. La rédactiond'Anticapitaliste a souhaité connaître son opinion sur le lancement duNPA et sur l'unité de la gauche radicale...

Interview de Raoul Marc Jennar

Le NPA c’est PartiInterview de militant(es) du NPA

INTERVIEW, Propos recueillis par Daniel Lartichaux

Page 19: AntiCapitaliste n°6

Anticapitaliste NPA 19

Portraits de militantsdu NPA d’AgenLe nouveau parti anticapitaliste regroupe des militants aux idées dif-férentes. Nous avons interviewé quelques militant(e)s du comitéNPA Agen, dans le Sud Ouest. Voici quelques extraits. Les inter-views (bien plus longues) seront mises en ligne sur le blog desmarxistes unitaires http://marxistesunitaires.blogspot.com/INTERVIEW, Propos recueillis par John Mullen

Comment as-tu vécu la préparationdu congrès fondateur ?Anne : Cette préparation m'a paru êtreun formidable chantier à cielouvert, auquel ont pu apporter leurpierre tous les aspirants NPA, venusd'horizons divers avec leurs histoirespersonnelles, des expériences poli-tiques différentes.Vincent : J'ai tout de suite trouvé quecela allait nous empêcher d'être forte-ment présent sur le terrain. J'avoue quej'aurai dû plus travailler les textes et lesdébats ... Jean-Marie : C’est une période extraor-dinairea J’y ai participé avec beaucoupd’enthousiasme, mais je suis maintenantun peu sceptique sur le résultat.Quelles sont à ton avis les actionsprioritaires que le NPA doit mener ?

Jean-Marie : Notre prin-cipal défi consiste à

montrer que nousne sommes pas uni-

quement une forced’opposition, quenous avons des

solutions.Il estdonc

prioritaire de mettre sur pied le plan d’ur-gence.Anne : L'urgence me paraît être la for-mation des adhérents de tous les comi-tés pour leur permettre d'accéder à untronc commun de connaissances et d'unniveau homogène de culturepolitique pour les aider à faire apparaî-tre et évoluer le NPA.Albert : La recherche d'un front unitairedes gauches syndicales etpolitiques contre les attaques pour nousfaire payer les frais de la crise du capita-lisme aVincent : Le NPA devra faire desénormes efforts si nous voulons réussiret surtout concentrer un temps certain àla formation politique.Laurent : Faire venir des nouveaux mili-tants, les convaincre qu'ils ont quelquechose à dire et à faire dans le NPA. Céline : Assurer une vie décente à cha-cun : la santé, la nourriture, l'éducation...Il faut renverser cet Etat qui nous étouffeet nous tue à petit feu.Comment voudrais-tu voir évoluer lagauche radicale et anticapitaliste àmoyen terme ?Céline : Une vraie gauche,

grande, forte et

rassembleuse, une gauche sociale etégalitaire, une gauche plus forte que lestous les autres partis.Jean-Marie : Il faut rassembler, ne plusse battre entre anticapitalistes, pour desquestions secondaires. Le projet duNPA doit être assez fort et précis pourconvaincre une partie des sympathi-sants de l’ex-gauche plurielle, et beau-coup de militants syndicalistes ou asso-ciatifs.Anne : Un NPA qui marque savolonté de bâtir, durablement, un frontunitaire qui se dégagerait de préoccupa-tions exclusivement électoralistes maissur la base de principes et d'axes poli-tiques résolument anticapitalistes avecles forces de la gauche non gouverne-mentale qui partagent les mêmesvaleurs. Laurent : Devenir une force politiqueincontournable ! Quelle(s) raison(s) donnerais-tu auxlecteurs d'Anticapitaliste pour rejoin-dre le NPA ?Jean-Marie :Tout d’abord l’urgence, lasituation s’aggrave de jour en jour Anne : Le NPA sera ce que nous enferons et ce serait tellement mieux avecVOUS.Albert : Plus nous serons nombreuxdans un même force collective plusnous pèserons dans la lutte desclasses.Laurent : C'est une modeste expé-rience, mais elle est unique. Ceux quidéplorent que la véritable gauche n'aitpas de représentation/issue politiquedevraient la tenterCéline : S'ils lisent une revue qui s'ap-pelle Anticapitaliste, ils ont déjà la

réponse!

Page 20: AntiCapitaliste n°6

Grève Générale Anticapitaliste24

Des millions de travailleurs montrent qu'ilsn'entendent pas payer la crise, qu'ils ren-dront coup sur coup face aux attaques dugouvernement et du patronat : licencie-ments, baisses des salaires, destructiondu code du travail et des services publics. La grève interprofessionnelle du 29 jan-vier rompt avec des mois de passivité,c'est un encouragement, une démonstra-tion de la capacité des travailleurs à semobiliser tous ensemble. Une telle unitésyndicale est inédite depuis 1966. Maisune seule journée de grève ne suffira pasà faire plier un gouvernement décidé àdétruire l'ensemble de nos droits. Le 29janvier ne doit être qu'un début.Un gouvernement affaibliSarkozy a déjà du lâcher du lest face à lamobilisation des lycéens en décembre.Mais ça ne suffit pas, la réforme du bacn'est que reportée, les suppressions depostes continuent :moins 13000 postesdans l'éducation cette

année. Tous ensemble, nous pouvons luifaire lâcher l'ensemble de son programmeanti-social. A chaque fois que nous avonsété unis dans la grève, sur la durée, nousavons fait reculer les gouvernements,comme pendant le CPE en 2006 ou endécembre 95. Face à ce gouvernement de requins,négocier les reculs sociaux aujourd'hui,c'est préparer de plus graves défaites. Secontenter de différer les contre-réformeslibérales, comme à la pose ou dans l'édu-cation, c'est laisser du temps au gouver-nement pour nous diviser, c'est laisser augouvernement l'initiative.A chaque fois, le gouvernement a fait despromesses pour calmer la colère des gré-vistes, mais n'en a tenu aucune : les bud-gets promis aux étudiants en grève contrela LRU ont fondu comme neige au soleil,le retrait de la privatisation de LaPostes'est transformé en simple report, lescompensations promises aux cheminotsse sont avérées n'être que de l'esbroufe.En finir avec ce systèmeNous devons nous appuyer sur la colèrede millions de salariés pour dégager cegouvernement aux ordres du MEDEF.

Le gouvernement, si arrogant l'année der-nière quand il cassait les retraites descheminots ou menait la privatisation del'université, est aujourd'hui fragilisé par lacolère que sa politique de casse sociale aengendré : cheminots, salariés de lamétallurgie, professeurs de la maternelleà l'université, lycéens et étudiants, travail-leurs sans-papiers. Au projet libéral du gouvernement, au ral-liement du PS au libéralisme, nousdevons opposer un projet qui ne s'accom-mode pas de ce système de crise et demisère. A la dictature des actionnaires quilicencient pour assurer leurs profits, nousdevons opposer le contrôle des travail-leurs sur l'économie. Aux hésitations desdirections syndicales, nous devons oppo-ser l'auto-organisation des travailleurs,

les assemblées générales degrévistes qui ne négocient pasdans le dos des travailleurs.

GRÈVE INTERPRO LE 29 JANVIER :LE DÉBUT D'UNE LUTTE DÉCISIVE.