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MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRèRES DE LA CHARITé ap proche s Paraît 4 fois l’an | mars - juin - sep - déc | 3ième année MARS 2013 | N° 13 Lauréat du magazine du personnel de l’année 2012 Bureaucra z y DOSSIER ACTION SPéCIALE POUR VOTRE BéBé Né EN 2013 John Crombez: Un bon soignant n'a pas de montre

Approches 2013-1

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Approches est le magazine du personnel des Frères de la Charité

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MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRèRES DE LA CHARITé

approches Paraît 4 fois l’an | mars - juin - sep - déc | 3ième année MARS 2013 | N° 13

Lauréat

du magazine du

personnel de l’année 2012

Bureaucra zyDOSSIER

Action spéciAle pour votre bébé né en 2013

John Crombez: Un bon soignantn'a pas de montre

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approches mars 2013 > 3

Edito Colophon

Être présent virtuellement Depuis le 2 octobre de l’année dernière, la reconversion du Centre Saint-Lambert s’accompagne d’une décentralisation des milieux de vie et donc d’une adaptation nécessaire de l’organisation du travail.

La distance géographique entre le responsable d’équipe et les éducateurs joue un rôle important dans la modification de l’accompagnement des équipes. Les inter-venants se retrouvant seuls dans leur maison, ils ont dû faire preuve d’autonomie, de prise d’initiatives. Bien qu’il existe des moyens de communication modernes tels que les GSM, les mails, … Le changement de culture entre un responsable souvent accessible physiquement et un responsable présent virtuellement a fait évoluer la culture d’entreprise.

Le changement professionnel est également important pour le responsable lui-mê-me. Il doit faire confiance aux équipes, au potentiel d’adaptabilité des professionnels, apprendre à lâcher prise. Le responsable d’hébergement doit, dans ce cas, pouvoir compter sur une délégation efficace : les référents maisons, garants que les tâches quotidiennes soient prises en charge.

Néanmoins, malgré ces divers outils, plusieurs questions restent en suspens : comment être certain que les tâches ont été réalisées dans les délais impartis ? Le responsable d’hébergement, supérieur hiérarchique, doit-il toujours être la per-sonne de contact ? Qui doit écrire les procédures pour la réalisation des différentes tâches ?, …

Contrôler soi-même ? Déléguer ? Plus ou moins de bureaucratie ? Je songe en tout cas aux pistes de réflexion pour continuer à progresser.

Sommaire

www.approches.be

MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRÈRES DE LA CHARITÉ

approches Paraît 4 fois l’an | mars - juin - sep - déc | 3ième année MARS 2013 | N° 13

Lauréat

du magazine du

personnel de l’année 2012

Bureaucra zyDOSSIER

ACTION SPÉCIALE POUR VOTRE BÉBÉ NÉ EN 2013

John Crombez: Un bon soignantn'a pas de montre

couverture : Jocelyn Deloyerphotographie : François Dehombreux

Tous les collaborateurs des Frères de la Charité en Belgique reçoivent « Approches » (Wallonie) ou « Dichtbij » (Flandre). Les Frères de la Charité constituent une congrégation et une organisation qui se consacrent à l’accompagnement et aux soins des enfants, des jeunes et des adultes, dans les secteurs de l’enseignement, des établis-sements de soins (soins de santé mentale et soins aux personnes âgées), de l’aide sociale (soins orthopédagogiques, garderies d’enfants et ateliers protégés/sociaux) et de l’enseignement spécial.

Conseil de rédactionGisèle Bodart (EPSIS Bonneville), Christian Bodiaux (CFPJT), Jean-Baptiste Butera (Dave), Jacques Canivet (Manage), Lieven Claeys (Gand), Mattias Devriendt (Gand), le Frère Henri Fransen (Les Sauvèrdias), Philippe Hody (Coordinateur du magazine), Annelies Naert (Gand), le Frère Michel Paquet (administrateur), Albert Pfund (Bonneville), Eric Pierrard (CFPJT), Francis Pitz (CFPJT), Edwin Vercruysse (Gand).

Rédacteur en chef et éditeur responsableRaf De Rycke – Stropstraat 119 – 9000 Gand. « Approches » est une publication de l’ASBL Œuvres des Frères de la Charité.

Abonnement« Approches » paraît quatre fois l’an et est gratuit pour tous les collaborateurs des Frères de la Charité. Vous souhaitez un abonnement ? Veuillez prendre contact avec le secrétariat de rédaction.Tirage: 1500 exemplaires

Collaborer?Si vous souhaitez collaborer au magazine « Approches », vous pouvez prendre contact avec le membre du conseil de rédaction de votre établissement ou avec [email protected].

Mise en pages et impressionKliek Creatieve CommunicatieImprimerie De Windroos

> Avez-vous vous-même une idée que vous souhaitez partager par le biais de cet éditorial avec vos collègues ? Prenez alors certainement contact avec la rédaction : [email protected]

3 Edito

4 Quoi de neuf ? Télex

7 In memoriam

8 Un coin à soi Valérie Demeulemeester

10 En image

12 Billet

13 Dossier Bureaucratie ou Bureaucrazy ?

17 Le collègue autrement Luc De Causmaecker

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« Les voyages forment la 

jeunesse dit-on, mais nos 

barnaches et autres bru-

ants nous reviennent, eux, 

avec de nouvelles expéri-

ences humaines et profes-

sionnelles. Découvrons-les 

avec Jocelyn. »

« Auprès de mon arbre, 

je vis heureux ... »

20 Equilibre

21 A l’écoute John Crombez

25 A bon marché

26 Et cetera  Le trèfle à quatre feuilles

27 A qui le prix ?

28 Portrait Le Frère RémyPhilippe Hody est 

notre goûteur ! 

philippe est le coordinateur du magazine Approches et travaille comme bénévole aux sauvèrdias.

> Michaël collignon est né le 8 mai 1977. Il est marié et père de deux petites filles de 6 et 2 ans. Entré au Centre St-Lambert le 1er décembre 2009, il est l’un des deux responsables du premier cluster ouvert à Andenne le 2 octobre 2012. Il apprécie la lecture et passer du temps en famille.

2 > approches décembre 2012

« Un conte d'Andersen pour se connaître ? »

 

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18 Loin et pourtant proche Nos oiseaux migrateurs

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Le goûteur

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4 > approches mars 2013 approches mars 2013 > 5

Quoi de neuf ? TélexAnnonce 

Le retour de la « Fête du Printemps » se fera en 2013 sous la forme d’une belle brocante qui se déroulera autour de SILOE le dimanche 5 mai.Invitation à tous. 

AwArdEffeta, maison d’accueil du Frère Flor pour patients souffrant de VIH, à Renaix, a reçu l’Award Marc De Punt. Ce prix est attribué par Antwerp Diner, une association d’hôtels anversois, comme hommage au feu Marc De Punt, qui s’engageait pour la prévention du Sida et du VIH. Le prix veut encourager une association moins connue.

> Nous avons retrouvé notre féerie de Noël.

> Tous les patients, résidents et accompagnants ont passé un bon moment.

la Féerie de noëlREDACTION ET PHOTOGRAPHIE > C.P. Saint-Bernard, Manage

Le week-end du 8 et 9 décembre, nous avons retrouvé notre Féerie de Noël, la nouvelle appellation depuis 2 ans du Mar-ché de Noël. Dans une belle ambiance, toute en convivialité. Un accueil extérieur avec les personnages de Disney, des exposants, des ateliers (Terre et Impro j’eux). Mais aussi de belles animations grâce à la chorale des résidents, à Freyné-sie et aux ELLUMI-nés. Une nouveauté aussi avec le Bao Pao.

la rencontre de noël REDACTION ET PHOTOGRAPHIE > C.P. Saint-Bernard, Manage

Le mercredi 19 décembre à 16 h 30, à l’église de Solre-sur-Sambre, notre Messe de Noël a eu lieu. Et ensuite, dans la salle attenante, il y avait une réception pour les participants. Tous les patients, résidents et accompagnants ont passé un bon moment : après le repas, musique et animations !

> St-Jean-de-Dieu a dit adieu aux dernières Sœurs de la Charité à Handzame.

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Peter Degadt, administrateur délégué de Zorgnet Vlaanderen, sur l’adieu de Rik Ouvry comme directeur général du C.P. St-Amand à Beernem.

enquêteIl y a déjà un certain temps qu’Ap-proches a organisé une enquête auprès de tous les collaborateurs wallons. L’enquête a comme objectif de savoir quels articles sont lus et quels thèmes sont apparus être inté-ressants. Pour le conseil de rédac-tion l’enquête est un instrument pour préparer les numéros suivants et les années de parution à venir. Seule-ment par votre voix, Approches peut continuer à croître vers un magazine qui est proche des collaborateurs.

> L’enquête sera jointe à la fiche de paie. Vous pouvez la remplir sur la base de ce numéro du magazine et la déposer dans la boîte qui se trouve à l’accueil. Merci de votre collaboration !

There is a crack, a crack in everything. That’s how the light gets in. » Ces deux phrases simples de l’Anthem de Leonard Cohen sont pour moi la synthèse parfaite de l’esprit avec lequel Rik et les Frères de la Charité donnent forme à leur « culture des soins.»

»

C’est le nombre d’années que les Sœurs de la Charité ont été présentes à Handzame. Cela a maintenant pris fin. Les collègues du C.O. St-Jean-de-Dieu ont salué les dernières sœurs : Lieve, Ann, Marie-Madeleine, Noëlla, Suzanne et Albertine. Elles ont déménagé vers des couvents à Kortemark et Dadizele. Les Sœurs ont été remerciées sincèrement et on les a fleuries pendant une soirée de fête. A côté de la terrasse de l’espace des visiteurs, une œuvre d’art a été placée qui rappelle leur travail.

caraes n’est plusREDACTION > Annelies Naert

Caraes, l’ONG des Frères de la Charité, change de nom. Désormais l’organisation est appelée « Fracarita Belgium ». Ce nouveau nom est évidemment accompagné d’un nouveau logo, accordé aux couleurs de l’ASBL coordonnante ASBL Fracarita International (avant GAAP). « Viva Casa Cosma » est le slogan de la première Action Sud sous le nouveau drapeau.

> Lire davantage sur l’Action Sud ? www.zuidactie.be

pendaison crémaillère !REDACTION > Delphine Fraipont PHOTOGRAPHIE > C.O. Saint-Lambert

Installés maintenant depuis 4 mois, les usagers d’Andenne organisent leur pen-daison de crémail-lère ! Les usagers de la maison « Communi-cation » ont organisé un apéritif dinatoire le samedi 26 janvier. Les usagers de la maison « Bien-être » ont confectionné des pâtisseries. Fiers de faire découvrir leur nouvelle maison, les usagers ont pu rencontrer leurs voisins ! Ces derniers ont pu échanger avec les parents et les équipes éducatives au sujet du projet, des aménagements de jardin, et ont également proposé leurs services (couture par exemple). Ce fut également l’occasion pour les parents de se rencon-trer, d’échanger leurs idées ou leurs aspirations afin d’offrir une vie « de qualité » à leurs proches. Pour l’occasion, les usagers ont reçu un album photos individualisé du dé-ménagement vers Andenne. Le climat était à l’écoute et à la collaboration : participons ensemble, professionnels, famille, citoyens, à l’intégration et à l’épanouissement de nos usagers dans leur nouveau lieu de vie !

> Les usagers de la maison « Bien-être » ont confectionné des pâtisseries.

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6 > approches mars 2013 approches mars 2013 > 7

> Vous êtes curieux de savoir comment le site Internet se présente ? Surfez rapidement sur www.fracarita.org

un nouveau site internet Le site Internet des Frères de la Charité, www.fracarita.org, a un nouveau look. La mise en pages actuelle existe déjà de-puis quelques années et les évolutions rapides dans la TI et le design graphique ont mené à ce que le site Internet doive être rénové. Désormais le site est par conséquent complètement en accord avec le style de maison des Frères de la Charité, dont Approches également est un élément important.

le vert et le brun d’Approches s’expriment clairement dans le nouveau style.

il y a plus d’attention pour les fonctions de recherche de façon à ce que les visiteurs trouvent rapidement leur voie.

la congrégation et l’organisation sont commentées dans des menus qui glissent l’un sur l’autre.

les lettres sont modernes et adaptées à la lisibilité pour écran.

cliquez ici pour savoir tout sur votre magazine du personnel.

In memoriam» Là où est l’amour, il n’existe pas de jadis,

tu es en toute éternité. »

Lucien Barcy (1946-2013)Lucien Barcy était une de ces personnes qui resteront longtemps dans la mémoire de tous ceux qui sont passés par le Centre St-Lambert. Son énergie, sa gentillesse, sa volonté de rendre service étaient légendaires chez cet homme qui aura passé toute sa vie dans une institution. Parce que Lucien pouvait se montrer très généreux. Les cheveux en ba-taille, revêtu de sa salopette, il était toujours là pour prêter main forte quand il le fallait. Le travail était sacré pour lui. Il en attendait quel-que chose qui semble si anodin mais était tel-lement important pour lui : un petit mot, une

valorisation, une reconnaissance que le destin ne lui avait pas permis de trouver dans une famille. Ses collègues, quelques personnes qui ont partagé avec lui son quotidien, auront été ses compagnons de route sur un chemin qui n’aura pas toujours été facile. Jusqu’au jour où Lucien a décidé de quitter la scène. Il n’y aura plus personne au Centre St-Lam-bert pour parler de ce château qui a disparu jadis pour laisser place nette aux bâtiments de l’institution. Tu nous manqueras beaucoup, Lucien.

6 Suite à leur demande auprès du Supérieur Régional, et après un an de formation, la Congrégation a pu accueillir 6 personnes comme membres associés. Roselyne, Monique, Jacques, Lucie, Nicolas et Oliva se sont engagés comme membres associés des Frères de la Charité le 12 novembre 2012 au cours d’une célébration eucharistique en l’église de Jambes-Velaine. A cette occasion, 14 autres membres associés ont renouvelé leur promesse pour une période de 3 ans.

> 6 membres associés

le Frère rené stockman est commandeur dans l’ordre de leopold. REDACTION > Mattias Devriendt PHOTOGRAPHIE > Congrégration

Le mardi soir 29 janvier, le Frère René Stockman (°1954) était invité à l’Ambassade de Belgique près le Saint-Siège avec son Administration Générale, les supérieurs provinciaux et régionaux de sa Congrégation. Les supérieurs des Frères de la Charité étaient à ce moment en réunion à Rome. Pendant la réunion à l’ambassade

le Frère René Stockman a reçu la distinction de Comman-deur dans l’Ordre de Léopold des mains de l’ambassadeur Charles Ghislain. Cet Ordre est la distinction belge la plus importante et la plus haute. Le Frère René Stockman a reçu cette distinction pour ses mérites personnels et les mérités de la Congrégation des Frères de la Charité.

> Br. René Stockman

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8 > approches mars 2013 approches mars 2013 > 9

> Infirmière à l’hôpital psychiatrique St-Bernard à Manage depuis 1996.> 37 ans > Elle est en couple et a 2 enfants.

Un coin à soi

» De plus en plus de messieurs apprécient les bienfaits des soins esthétiques. »

» S’occuper de lui-même peut donner au patient, en même temps qu’un regain d’optimisme, l’envie de s’investir dans sa propre guérison. »

Le but de cette formation en soins infirmiers esthétiques était d’implanter ce type de soin à l’hôpital psychiatrique

St-Bernard. », raconte Valérie. « Le soin infirmier esthétique est une nouvelle pratique de soin qui fait partie d’un retour aux sources du nursing. Cette nouvelle fonction nous permet de retrouver un esprit visant à améliorer la qualité de vie des malades en quête de bien-être, et s’intègre parfaite-ment dans un projet thérapeutique en psychiatrie. Cette fonction est souvent confondue avec celle de l’esthéticienne, mais elle a toute sa spécificité. »

Lutte

Chez Valérie les patients peuvent bénéficier d’un grand éventail de soins : nettoyage et hydratation de la peau, gommage doux, masque, modelage du

Il est important de leur redon-ner confiance en leur image afin qu’ils puissent aller vers l’autre pour promouvoir une réhabilitation sociale, avoir la force de lutter contre les symptômes et en même temps d’accepter la maladie. Ces soins liés à l’image corporelle, au sou-tien émotionnel, à l’amélioration de la communication par le toucher, … sont autant d’atouts pour améliorer le bien-être de la personne hospitalisée, lui rendre dignité, quiétude et surtout l’accompagner dans sa lutte con-tre la maladie. »

Une parenthèse

La vie communautaire n’est pas toujours facile dans les unités de soins. Nous étions pourtant étonnés quand Valérie nous raconte que ce ne sont pas seulement des dames qui font un rendez-vous avec elle.

visage et du dos, mise en beauté des mains et des pieds, conseils divers, … adaptés à la pathologie du patient. Finalement, l’objectif de l’atelier « soins infirmiers esthétiques » est de s’accorder un moment privilégié par des soins adaptés, pour prendre soin de soi et de se sentir mieux dans son corps et dans sa tête. « Pour les pa-tients souffrant de maladies mentales, l’estime de soi est souvent perturbée par la pathologie et par les change-ments qu’entraîne l’hospitalisation.

« Je suis une folle des études », dit-elle quand nous arrivons au lieu de travail de Valérie Demeu-lemeester. C’était par son grand-père qui travaillait il y a des décennies au C.P. Saint-Bernard à Manage, qu’elle y a commencé sa carrière après l’obtention de son diplôme d’infirmière graduée. Mais elle a continué à suivre des formations. Sophrologie, Certifi-cat d’Aptitude Pédagogique, Cadre de Santé et finalement également la formation d’infirmière conseil en soins infirmiers esthétique. « Je crois que là est ma réelle passion, Apprendre ! » REDACTION ET PHOTOGRAPHIE > Valérie Demeulemeester

Valérie Demeulemeester

QUI est Valérie

Demeulemeester ?

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> L’objectif de l’atelier de Valérie est de prendre soin de soi et de se sentir mieux dans son corps et dans sa tête.

« Les soins et ateliers ne sont pas exclusivement réservés aux dames, de plus en plus de messieurs en appré-cient les bienfaits. Cette parenthèse, le temps d’un soin, permet au patient d’échapper momentanément à son sta-tut de malade. S’occuper de lui-même peut lui donner, en même temps qu’un regain d’optimisme, l’envie de s’investir plus activement dans sa propre guéri-son. »

Nous accompagnons Valérie vers l’espace où elle reçoit les patients.

Il devient rapidement clair qu’elle trou-ve l’ambiance du soin très important et qu’elle y accorde également beaucoup d’attention. « Les 5 sens sont mis en éveil. Les couleurs du local sont chau-des et invitent à la détente. La diffusion d’huiles essentielles permet de faciliter le lâcher prise. Une musique douce et apaisante accompagne le patient durant ce soin. Il n’est pas rare que j’offre une tasse de thé après la séance pour permettre au patient de prolonger ce moment de quiétude. Le toucher est, bien entendu, mis en évidence par les massages et l’application des produits de soin. »

5 semaines

Tout à l’heure Valérie aura quelques rendez-vous et le contact avec les patients pendant la thérapie est très spéciale pour elle. « Les soins infir-miers esthétiques sont une partie de mon travail au sein de l’institution que j’affectionne tout particulièrement. Chaque rencontre est intéressante et

remplie d’échanges. Même si par-fois les difficultés liées au temps de travail limité (1 jour/semaine) sont frustrantes. Le nombre de demandes de prises en charge est important et le délai d’attente entre la demande et le rendez-vous avoisine souvent les 5 semaines. » Mais Valérie regarde l’avenir. « Mes projets sont l’installation d’une baignoire de balnéothérapie qui sera intégrée dans les nouvelles installations de l’Intervalle prévues fin 2013, et peut-être qui sait, mon temps de travail « soins infirmiers esthéti-ques » augmenté … afin de multiplier ces moments de bonheur aux maints bienfaits. » n

» Chaque rencontre est intéressante et remplie d’échanges. »

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10 > approches mars 2013 approches mars 2013 > 11

En image

PROFITER D’UNE NOUVELLE VIEPHOTOGRAPHIE > Rosalie Espinosa

En octobre 2012 un groupe de résidents du C.O. Saint-Lambert se sont installés dans leurs nouvelles maisons au centre de la commune d’Andenne. Tout le déménagement a été mis en images par différents photographes. Pour l’occasion, les usagers ont reçu un album photos individualisé. Après 4 mois les collaborateurs, les usagers et les familles peuvent revoir ces premiers mois avec satisfaction. La tutrice d’un usager l’a formulé ainsi : « Je tiens vraiment à vous remercier pour avoir donné la possibilité à François de bénéficier de ce projet en logement « autonome ». Je n’avais plus en face de moi François timide, taiseux, ne sachant que répondre. Plus affirmé, il s’engageait dans la conversation, exprimait ses projets, son avis sans crainte. Je suis vraiment heureuse pour lui de le voir profiter pleinement de cette nouvelle vie. »

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12 > approches mars 2013

Billet> christian bodiaux est l’agent pastoral central des insti-

tutions wallonnes des Frères de la Charité. Dans le billet, Christian nous fait réfléchir et méditer sur des thèmes qui le touchent et qui nous touchent. Comme se connaître soi-même, inscription au seuil du Temple de Delphes que Socrate a faite sienne.

Connais-toi toi-mêmeLa princesse au petit pois (Andersen)

Quel était le problème de cette princesse ? Eh bien, elle avait le sommeil léger et la peau fine. Elle souffrit toute la nuit de la douleur que lui causait un petit pois, pour-

tant enfoui sous un empilement de matelas et de courtes-poin-tes moelleuses à souhaits. Pour dormir, il lui fallait une literie d’exception. C’est ainsi que la reine, sa future belle-mère, la reconnut comme vraie princesse, et digne d’épouser son fils.

Tel ce petit pois, le connais-toi toi-même tourmente nos nuits et nos jours. Nous entassons tout le possible et tout l’imaginable entre lui et nous … cependant il demeure, exigeant réponse.

Pour s’en tirer à bon compte, l’on adopte volontiers ce que le jargon médical appelle une position antalgique. Si cette façon d’atténuer la douleur apporte, de fait, un certain soulagement à court terme, elle risque néanmoins de s’avérer vicieuse sur la

durée. L’on organise sa vie de façon à ne pas trop sentir de gêne, mais elle reste bancale.

S’ensuit la question épineuse : comment conformer ma vie à ce que je crois percevoir de mon désir ?

Comment trouver le repos ? Si la tentative de réponse ne vient qu’à la maturité, quantité de liens, d’enjeux,

de responsabilités, de questions matérielles, etc., risquent alors de compliquer bigrement les réorientations de vie. Mieux vaut donc creuser le connais-toi toi-même

en sa jeunesse, tout en sachant que l’approche de la réponse prend toute la vie, à supposer que celle-ci

y suffise. En effet, cette question a ceci de particulier, qu’il est impossible d’y répondre : nous resterons un abîme

d’inconnaissance de nous-mêmes, pour reprendre un concept éprouvé.S’approcher de son désir, le deviner, le tenir pour probable tout au plus …

Tout commence là. Tout y finit aussi.

Injonction, autant que question.

On peut l’éluder, s’asseoir dessus, lui apporter un semblant de réponse … toujours, elle revient. Connais-toi toi-même.

Traduite autrement : quel est ton désir ?

Par-delà tes envies, tes passions, tes amours, tes humeurs, quel est ton désir ? Sur quoi (qui) t’appuies-tu, vers quoi (qui) es-tu tendu ?

DOSSIER BUREAUCRAzy

Le plan de travail scolaire - l’agenda - le registre des présences - les avis de maladie - les screenings - le système de suivi de

l’élève - les listes d’observation - les analyses des fautes - le plan de la semaine - le plan mensuel - le cahier aller et retour -

Des papiers, des papiers et encore des papiers. Noter, garder à jour, con-server, amasser la poussière. Est-ce là l’avenir de notre enseignement et de nos soins ? Et surtout, est-ce que nous ne perdons pas beaucoup de temps ainsi ? Ou est-ce là une image trop négative ? Peut-être que garder à jour des trajets de soins, des « log in » de dossiers médicaux, des plans d’action d’élèves, des rapports des réunions d’équipe ou des signatures d’un règlement scolaire sont bien utiles ? Approches s’est penché sur ce thème : le comment et le pourquoi de la « bureaucrazy ».

REDACTION > Mattias Devriendt, Delphine Robbezyn, Pierre Wautier, Philippe Hody PHOTOGRAPHIE ET ILLUSTRATION > Mattias Devriendt, Filip Dieusaert

> Hendrik Decroos

approches mars 2013 > 13

Le sens et le non-sensdu travail administratif

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DOSSIER BUREAUCRAzy

1L’intérêt de celui ou de celle dont nous prenons soin ou pour qui nous organisons un enseignement, doit être au centre des préoccupations pour n’importe quelle décision dans notre organisation. Noter et garder à jour un dossier des patients, un trajet de soins d’un élève ou un rapport d’une réunion du groupe de vie, doit donc être à l’avantage de la qualité des soins ou de l’enseignement. « Quand un enfant qui a besoin de soins passe de la quatrième à la cinquième année, c’est un cadeau pour le nouvel enseignant de pouvoir regarder son plan de soins. Quand l’équipe du matin arrive dans un groupe de vie, il est utile de savoir ce qui s’est passé la nuit. Dans une maison de repos, c’est au bénéfice des soins qu’une équipe a l’habitude de noter de façon consé-quente la médication des personnes âgées », explique le conseiller en sécurité de l’information Hendrik Decroos. « Noter, garder à jour et partager de l’information entre les collaborateurs est donc un instrument nécessaire pour dispenser de bons soins ou un bon enseignement. »

Un bon système inspire confiance !

philippe Hody : « Si une démarche adminis-trative est demandée à nos bénévoles, il faut qu’elle participe concrètement à la qualité d’aide. »Structure d’accueil, La Maison d'accueil « Les Sauvèrdias » n'échappe pas à une demande croissante de données administratives. « Outre les documents internes indispensables (comptabilité et gestion administrative) il y a les

nombreuses sollicitudes émanant de tiers. D’abord, l’initiative communique, dans un souci de transpa-rence, certaines données : flux financiers, nombre de repas distribués, services à disposition, activités organisées.Par ailleurs, aussi la banque alimentaire, les administrateurs des hôtes, le CPAS et le réseau social namurois dont la Maison d’Accueil est un partenaire, demandent diverses données écrites.Par respect pour nos hôtes et notre philosophie d’accueil, nous refusons pourtant de collecter des données comme le nombre d’hommes ou de femmes, le nombre de personnes différentes qui se présentent chez nous.Veillons donc, à ce que à l’avenir, l’augmentation du papier serve surtout à améliorer l’accueil des plus démunis. Ce qui reste notre première mission. »  

« La spécificité de notre démarche pour la mise en route du dossier patient informatisé réside dans le fait qu’il a été conçu dès le départ comme un vrai dossier global sur base d’un trajet de soins du patient à l’hôpital. Par ail-leurs, chaque discipline (psychologue, kiné, etc…) a été préalablement consultée afin de définir le contenu néces-saire à chaque pratique professionnelle et au cours de cette expérience, un membre du groupe consulté a accepté d’être le porte-parole et donc la personne de contact avec les concepteurs. La  mise en route de ce dossier a été très

enrichissante pour chacun d’entre nous, même si nous avons parfois été confrontés à des moments de grandes discussions, des défis à relever. »« Après l’implémentation du dossier dans 2 unités pilotes en janvier 2011, toutes les unités hospitalières en profitent à ce jour (166 membres du personnel formés) avec prochai-nement l’Hôpital de jour et les MSP. D’autres défis nous attendent dans le futur, que nous sommes prêts à relever, dans un souci d’une prise en charge de qualité de nos pa-tients/ résidents et de répondre aux exigences futures. »

2Un client, un patient ou un élève qui fait appel à nos soins ou à notre enseignement, veut avoir confiance en le fonctionnement de cette école ou de cette entité. « Cette confiance, il faut la regagner chaque jour, non seulement auprès de l’élève ou du client, mais également auprès des parents ou de la famille », explique Hendrik Decroos. Hen-drik est depuis quelques mois le point d’information central pour la sécurité de l’information. « Un parent veut savoir comment son enfant est traité dans la crèche. Un patient veut être sûr que son dossier médical ne soit pas rendu pu-blic. Un élève qui a besoin de plus de soins veut que l’école parcoure un certain trajet avec lui. Il vaut donc mieux qu’une école ou une entité s’organise de façon à ce qu’elle puisse venir à la rencontre de ces questions, qu’il y ait un système pour suivre un enfant dans une crèche, que l’accès à un dossier public soit noté et qu’un enseignant qui donne plus de soins à un élève garde à jour les démarches qu’il fait avec cet élève », continue-t-il. « Mettre une caméra dans une crè-che de façon à ce que les parents puissent voir leurs enfants en direct, cela va évidemment trop loin. Alors, la confiance est totalement absente. Un parent doit donner confiance à l’enseignant, mais l’enseignant doit également gagner la confiance du parent en montrant par exemple comment il/elle suit et garde à jour les évolutions, les changements ou les comportements de son enfant. C’est une question de ne pas devenir paranoïde, des deux côtés. »

» Un client, un patient ou un élève qui fait appel à nos soins ou à notre enseignement, veut avoir confiance en le fonctionnement de cette école ou de cette entité. »

Le papier comme instrument de bons soins

delphine robbezyn : « Le projet d’informatisation Regas était la raison pour le C.P. Saint-Martin et le C.P. Saint-Ber-nard d’unir les forces. »

Le Dossier Patient Informatisé  est devenu une réalité dans l’institution C.P. Saint-Bernard, avec la création en 2010, d’un groupe de travail

interne, appelé Groupe Regas, en référence au nom du logiciel utilisé. Egalement Delphine Robbezyn fait partie de ce groupe. « Il se veut proche de notre réalité de travail et adaptable aux besoins spécifiques des unités, des patients et aux évolutions futures », raconte Delphine. « C’était vrai-ment du travail en équipe où aussi bien des collègues de Gand, de Dave et de Manage collaboraient. C’est à partir de là qu’également un groupe Regas francophone a vu le jour entre le groupe du C.P. St- Martin et du C.P. St- Bernard afin de partager nos expériences, vécus et de renforcer la collaboration entre nos deux institutions. »

les bulletins - les documents pour priorité de l’enseignement - l’élargissement des soins et la revalidation - les lettres - les inventaires - les formulaires de commande - les chansonniers - les exercices de remédiation - les avis de carrière - les cahiers duo - les tests - les listes - les collectes d’argent - les rapport de concertation multidisciplinaire - des rapports d’accompagnement de stages et de groupes de travail - des pages à remplir du centre d’accompagnement des élèves - les dossiers de subvention

approches mars 2013 > 1514 > approches mars 2013

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approches mars 2013 > 17

DOSSIER BUREAUCRAzy

pierre wautier : « Dans ce monde en change-ment continuel et rapide, tous les soignants se voient obligés d’adapter leurs habitudes de travail. »« Depuis que je dois tout noter dans l’ordinateur, je n’ai plus le temps de m’occuper de mes

patients ! » A l’heure de l’informatisation des processus de soins, nous entendons souvent cette remarque », raconte Pierre Wautier, conseiller en prévention du C.P. Saint-Martin à Dave. « En effet, le temps passé à noter nos observations, nos actions, nous semble souvent démesuré face au temps passé à la clinique du patient. Et nous ne pouvons qu’être (en partie au moins) d’accord. Le dossier patient informatisé est un changement considérable. Même si l’outil peut conserver une logique commune avec le dossier papier de jadis, son appré-hension n’en reste pas moins longue pour certains. L’utilisation du clavier a remplacé le stylo, et pour beaucoup d’entre nous, ce changement ne se fait pas sans un apprentissage parfois laborieux. D’autres logiciels enfin viennent alourdir encore toute la dimension administrative de notre quotidien. Ceci nous donne tantôt l’impression de perdre notre temps, tantôt la crainte d’être « fliqué » tant ces outils modernes laissent des traces évidentes de notre activité « scripturale ». »Pourtant la loi « droit des patients » d’aout 2002 octroie expli-citement le droit au patient à un dossier soigneusement tenu à jour et conservé en lieu sûr. » « Les outils informatiques sont certes imparfaits, et leur ré-cente introduction laisse espérer qu'ils évoluent vers une plus grande convivialité, mais ils sont le virage nécessaire vers plus de qualité, tant il est vrai qu'une transmission de qualité est plus que jamais l'alliée incontournable d'un soin de qualité.Cette information est aussi plus largement disponible, et s’il convient de s’assurer de qui y accède et comment, nous participons maintenant tous au même dossier patient, gage de partage et de communication améliorée. « Alors oui, le temps passé à noter est plus important, mais, corollaire, il nous offre une plus grande quantité d’information disponible, et il nous appartient de rendre cette information aussi pertinente que possible. Et rappelons-nous que l’on change ici des outils, et si on a souvent modifié l’aspect et les matériaux utilisés pour fabriquer les truelles, rien n’a encore remplacé l’art du maçon. »

Beaucoup de données ou de rapports doivent actuellement être notés ou conservés. Depuis la loi sur la vie privée du 8 décembre 1992, il faut pouvoir montrer qu’on gère l’administration d’une façon correcte. Hendrik Decroos explique : « Partant du principe que « mesurer, c’est savoir », les pouvoirs publics et la justice veulent des éléments de mesurage clairs. Quand un élève conteste un bulletin devant le tribunal et l’école peut montrer clai-rement les efforts qu’elle a faits pour cet élève, par des données et des plans de remédiation etc., elle aura des arguments forts dans cette affaire. Quand un politicien arrive à l’hôpital et que des données de son dossier mé-dical paraissent dans les médias, il est important qu’un hôpital puisse retrouver qui a consulté ce dossier médical pour dépister qui a passé l’information aux médias. Pour toutes ces choses il faut que l’administration paperassière tourne de façon optimale. En d’autres termes, il faut donc un bon système dans lequel les collaborateurs peuvent noter, introduire et garder à jour des données de façon conséquente. C’est de cette façon qu’une école ou une entité peut se préserver juridiquement lors de contes-tations », dit Hendrik.

Qui se livre à l’écriture, perdure …3

» Les outils informatiques sont le virage nécessaire vers plus de qualité. »

> Le samedi 26 novembre 2011, l’Union de la Jeunesse pour la Nature et l’Environnement, en collaboration avec le Point Nature, a planté à 9 endroits environ 3.000 arbres. Dans la même année notre organisation a acheté centra-lement 31.591.300 feuilles de papier. La « Conserva-tree Paper Company », un ancien distributeur de papier établi à San Francisco, a calculé qu’un arbre fournit environ 8.333 feuilles de papier. Il s’agit donc d’à peu près 3.791 arbres ou environ 3.000 tonnes de papier.

3791

les dossiers des patients - les formulaires d’enregistrement - des documents de feedback - des plans d’action - des bons de travail - des formulaires pour le transport en bus - les grilles d’horaire - le plan stratégique de soins - l’administration du personnel

16 > approches mars 2013

Le collègue autrement

« étudiez, étudiez, disait notre père, le travail à la ferme, ce n’est pas une vie … ». Ainsi, avons-nous passé notre enfance, partagés entre travail à la ferme et études. C’est que, pour les gamins que nous étions à l’époque, vivre à la ferme était un paradis sans trop de temps de jeu …

les années ont passé. Je suis devenu infirmier. Notre mère zézayait dans un délicieux accent dialectal flamand du « Meetjesland (région rurale entre Gand et Bruges) » que son mari était « un fermier » mais que son fils était devenu « infermier » … Bien plus tard, notre fille cadette, assistante sociale, épouse un … fermier.

une exploitation agricole, c’est 75 vaches à soigner et à traire. Ce sont des champs à cultiver, des BBB (race bovine belge) à élever, des milliers de cochons à engraisser, sans répit, 7 jours sur 7. Un travail, à bout de souffle, qui exige-rait, en PME dans le monde actuel, 4 à 5 travailleurs … pour un prix du lait qui permet juste de nourrir … la vache.

c’est vrai que « tombé dedans tout petit », je reste naturellement à l’aise dans l’approche de la vache ou au volant d’un engin agricole. Quand la journée du fermier ne compte pas assez d’heures pour faire « la besogne » alors, volontiers, je troque le cérébral tablier blanc aseptisé pour une salopette embousée et m’en vais manier la trayeuse, le tracteur ou la désensileuse …

bien que lourd physiquement, la traite est une activité que j’affectionne. La tâche est très contraignante, 2 fois 2 heures par jour, et particulièrement complexe parce qu’il faut maîtriser de très nombreux paramètres simultané-ment. Cependant, le rapport à la vache est, certes basique et primaire, mais « vrai » et sans fioritures.

se montrer disponible, être attentif et réceptif à l’autre et … rester engagé. Les valeurs de l’agriculture paysanne ne sont pas si loin des valeurs qui sous-tendent ma vie profes-sionnelle soignante.

REDACTION > Luc De Causmaecker PHOTOGRAPHIE > François Dehombreux

Luc De Causmaecker (57) (infirmier-chef, Revivo A, HNP Saint-Martin depuis 1977) est l’époux de Marie-Paule, infirmière à Revivo B. Ils habitent Gesves et ont 3 enfants et 5 petites-filles.

I

Luc De Causmaecker, « infermier »

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18 > approches mars 2013 approches mars 2013 > 19

Nos oiseaux migrateurs

Loin et pourtant proche

Chaque année nous les voyons aller et venir au gré du vent. Ils sillonnent l’Europe, paraît-il, en quête d’un mystérieux Graal mais si nous savons parfois où ils atterrissent, nous connaissons peu le but de leurs voyages. Ces bernaches psychologues et autres bruants infirmiers prennent en fait part à différents projets du « Leonardo Lifelong Learning Programme » (le Programme Leonardo de formation tout au long de le vie). L’objectif ? Observer le travail de leurs homo-logues européens sur le terrain, ce qui a plus d’impact que les simples ouï-dire, les rencontrer et profiter de leur expérience. Obtenir l’aide et le soutien de personnes extérieures. Profiter d’un autre regard sur leur fonctionnement. Découvrir de nouvelles pratiques et prendre de nouvelles idées à adapter.

REDACTION > Isabelle Colyn PHOTOGRAPHIE> François Dehombreux

approches : Quel est l’objectif du programme Leonardo ? De l’avis de tous nos baroudeurs, par-ticiper au programme Leonardo c’est s’ouvrir l’esprit, renforcer la cohésion des équipes, se donner une chance d’améliorer son fonctionnement, échanger, expérimenter et développer son réseau professionnel et si l’emploi de la langue anglaise non maîtrisée

> Le prochain séminaire se déroulera en Grèce, à Athènes, les 22 et 23 avril 2013. Vous pouvez obtenir plus d’informations auprès de Marie Igot et Nicolas Mincier. Les questions administratives doivent quant à elles être adressées à Nicolas Hustinx.

Les mots « découverte », « échange », « convivialité » et « expérience » résonnent agréablement à vos oreilles ? Inscrivez-vous ! Le guide de la prochaine migration vous prendra sous son aile.

qu’avant d’adopter une nouvelle mé-thode, il faut toujours tenir compte du contexte politique, environnemental et économique car il n’est pas tou-jours possible de copier exactement ce que l’on a découvert. Ainsi, des mobilités qui paraissent semblables sont différentes car on ne parle pas toujours de la même chose suivant la réalité du partenaire accueillant. Ces périples conduisent également les participants à remettre en question des fonctionnements de base, ce qui ne se produirait pas dans un cadre purement sédentaire.

Alter ego

approches : Comment le programme d’un tel voyage d’étude se présente-t-il ? En pratique, l’organisme hôte prépare un programme officiel avec des visites professionnelles et culturelles et des séminaires mais aussi des moments pour rencontrer ses alter ego. Toute-fois, le programme est toujours souple et s’adapte à la demande des partici-pants.

approches : y a-t-il encore d’autres échanges intéressants en cours ? Le projet autour du logement des personnes handicapées psychiques (GRUNDTVIG) étudie la réintégration de ces personnes dans la communauté et est coordonné par la Fédération Agapsy France et ses cinq partenaires : le Luxembourg, la Grèce, la Roumanie, la Suisse et la Belgique. Il est ouvert à tous les professionnels confrontés aux problèmes de logement et diffère d'autres projets par la longueur des séjours (deux jours en début ou en fin de semaine contre huit) et par son programme toujours prévu en français et non en anglais quel que soit le pays d’accueil.

Le juste équilibre

approches : Qui sont les leaders du projet actuel ? Le premier séminaire du présent projet a été organisé par Marie Igot et Nicolas Mincier au sein de notre hôpi-tal les 21 et 22 novembre 2012. D’après eux, la principale difficulté fut de trouver le juste équilibre entre montrer

de dé-stigmatiser la pathologie et d’échanger des informations. Le suivi des patients est facilité pour les pro-fessionnels car ce sont les mêmes qui les prennent en charge et qui animent le groupe de parole. Cette façon de travailler intéresse tous les soignants, tant psys, qu’assistants sociaux, infirmièr(e)s, ergothérapeutes, … Le projet Leonardo associé, lui, concerne surtout les psychologues qui souhai-tent mieux comprendre la dynamique du groupe, apprendre comment ouvrir ce type d’atelier dans leur propre institution ou aborder les familles dif-féremment.

approches : Et inversement : pouvez-vous donner un exemple d’un établissement qui a été inspirant pour le C.P. Saint-Martin ? Le projet « Alternatives au long séjour en psychiatrie » avec son étape mal-taise, est particulièrement intéressant puisque l’hôpital Mount Carmel est un pionnier en matière de soins en ambulatoire. Nicolas Hustinx souligne

par tous rend la communication moins nuancée, elle incite à l’entraide entre voyageurs.

approches : Quel est le thème central cette année ? Cette année nos oiseaux migrateurs s’intéressent plus particulièrement aux thérapies multifamiliales, aux alternatives au long séjour en psychi-

atrie et au logement des personnes handicapées psychiques. Chacune de ces thématiques est explorée en groupe avec les différents partenaires européens.

Islande

approches : Avez-vous le sentiment que le C.P. Saint-Martin peut avoir dans le projet Leonardo une fonction d’exemple pour des établissements de l’étranger ? Le projet « Leonardo Thérapies multifamiliales », initié par messieurs Javier Sempere et Claudio Fuenza-lida, nos partenaires espagnols, a débuté en 2012 et s’étendra jusqu’en 2014. Le prochain vol aboutira à Akureyri, en Islande, à la mi-février 2013. Dans ce projet, notre hôpital fait figure d’exemple puisque notre unité Saint-Roch gère depuis quatre ans un groupe de parole destiné aux patients psychotiques et à leurs proches. Ce dispositif permet d’impliquer les familles dans le processus de soin,

un maximum de choses et laisser des moments de détente aux visiteurs. Le bilan de ce premier évènement, qui a alterné séminaires et visites culturel-les, est positif et nos organisateurs ont été agréablement touchés par la forte implication des participants et leur volonté d’échanger. n

> De gauche à droite : Christine Denis, Cécile Daphné, Jocelyn Deloyer, Isabelle Colyn

Une expérience surprenante » Lors de notre première visite à Elche (Espagne), j’ai été très surpri-se par la façon dont les intervenantss’impliquent dans le processus de soin et les groupes de thérapie mul-tifamiliale. Ils sont dans un rapporthorizontal avec les patients, ils se tutoient par exemple. C’est très dif-férent d’une relation paternalisteou d’autorité qui peut exister entre les soignants et « leurs » patients, en Belgique ou ailleurs. »

Lola Regniault, Coordinatrice du projet d’échange sur la Thérapie Multifamiliale pour l’HNP St-Martin.

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Equilibre

Attitude « Beaucoup de plaintes dorsales sont en rapport avec une attitude fautive du corps », raconte Birger Picavet. « C’est pourquoi il faut essayer de conserver à tout temps les courbures naturelles de son dos et éviter de rester trop long-temps dans une même attitude. »

1. debout : chercher de temps en temps un point d’appui et assurez une hau-teur correcte du travail (=hauteur des hanches), de façon à ce que vous ne deviez pas vous courber.

2. couché : prenez soin d’avoir un bon matelas. Veillez à ce que vous adop-tiez une attitude de repos correcte : sur le côté ou sur le dos, pas sur le ventre !

Vous avez travaillé toute la journée, vous rentrez et vous devez encore faire des courses. Ensuite vous aidez encore rapidement pour les tâches ménagères et quand le temps est là de vous asseoir dans votre siège, vous avez du mal au dos. Vous reconnaissez cette situation ? Alors consultez certainement les tuyaux suivants du kinésithérapeute Birger Picavet.

REDACTION > Annelies Naert PHOTOGRAPHIE > Mattias Devriendt

sinon vous n’arriverez plus à vous redresser !) et gardez le dos droit. Gardez les bras le plus possible étirés, alors il ne faut pas courber trop les jambes.Evitez de tourner le torse, tournez avec les pieds. Essayez d’organiser votre cave, votre remise, … de façon à devoir le moins possible soulever sous la hauteur des genoux ou au-dessus de la hauteur des épaules.

Travail de bureau et informatique « Une bonne attitude est également importante pour qui se trouve souvent devant le pc », raconte Birger.

Réglez bien la hauteur de votre chaise de bureau. Asseyez-vous droit devant votre écran, à une distance de 50 à 70 cm avec les yeux presque à hauteur du bord supérieur de votre écran.Assurez que les avant-bras sont sou-tenus par la table ou par les accoudoirs de la chaise. Assurez de pouvoir travailler avec souplesse avec la souris et assurez d’avoir suffisamment d’espace pour mouvoir. Mettez votre clavier le plus plat possible.Etirez-vous régulièrement.

> Birger Picavet (33) est kinésithéra-

peute au C.P. Dr Guislain à Gand. > Il est originaire de Ménin, mais

comme beaucoup de personnes de la Flandre Occidentale il est resté à Gand après ses études.

> Avec sa femme Nathalie il a 3 enfants : Noa 5 ans, Daan 3 ans, Manou 7 mois.

QUI EST Birger Picavet?

Pour un dos sans douleur !

3. Assis : adoptez de temps en temps une autre attitude d’assise.

Soulever et hisser « Comment déplacer au mieux une charge ? Avez-vous des outils ou y a-t-il quelqu’un dans les environs pour vous aider ? Beaucoup de gens forcent leur dos quand ils doivent soulever quelque chose », dit Birger. Quand vous vous trouvez seul(e) devant la besogne, faites attention aux choses suivantes :

Mettez votre centre de gravité le plus près possible de la charge. Mettez vos pieds le plus près pos-sible contre ce qu’il faut soulever ou autour. Fléchissez les jambes (mais pas trop,

> Birger montre comment soulever un bac à eau ne peut pas se faire, mais heureusement aussi com-ment il faut bien le faire.

« Un bon soignant n’a pas de montre. »

John Crombez

A l’écoute

« C’est rarement qu’il est tellement heureux avec une demande d’interview », dit son porte-parole avant que l’interview commence. Et en effet, encore avant que l’interview a bel et bien commencé, John Crombez (Secrétaire d’Etat pour la Lutte contre la Fraude) nous indique déjà que 4 pages ne suffiront pas à écrire tous ses souvenirs des Frères de la Charité. « Je pourrais certainement remplir la moitié d’un livre », dit-il en riant.

REDACTION > Mattias Devriendt PHOTOGRAPHIE > John Crombez, Jef Boes

C’est à l’âge de 15 ans que mon lien avec les Frères de la Charité a commencé. Mon professeur de

néerlandais m’a demandé à accom-pagner Bloemenstad (Ville fleurie), une ASBL des Frères de la Charité qui orga-nise des vacances pour des personnes avec une déficience. Je ne connaissais pas l’ASBL, les camps et les Frères de la Charité, mais je l’ai fait. C’était le début de 10 années fantastiques. » John Crombez connaît particulièrement bien l’organisation et la Congrégation. Le Quai du Strop, le C.O. Frère Eber-

avec les gens qui dirigeaient le camp avec moi, qu’avec certains usagers, entre autres de Vurste.

approches : Est-ce que les camps avec Bloemenstad ont eu une grande influ-ence sur votre travail actuel ?« Oui, cette influence est immense. J’ai donc été dans les camps pendant les années cruciales entre mes 15 et 25 ans. Ces 10 ans m’ont formé. Mon aversion de l’inégalité s’est encore ac-crue par cela. Cette indignation déter-mine encore beaucoup de mes choix, de mes opinions et de mes réflexes. L’intolérance face à l’inégalité – qu’ils s’agisse de personnes en pauvreté ou de personnes handicapées -, est ren-forcée quand on vit vraiment un temps avec elles. »  

Honte

approches : Comment regardez-vous des personnes avec une déficience ?« Je ne suis pas un partisan du mot

giste à Vurste, le couvent à Knesselare, le noviciat à Ste-Maria-Aalter, le C.O. St-Ferdinand à Lummen : il a des souvenirs de partout. « Je m’engageais pour les camps, les cours de formation pour moniteurs et les préparations du camp. J’y investissais tout mon temps. J’ai même décidé d’étudier à Gand parce que notre fonctionnement pour le camp se situait à Zwijnaarde. Pen-dant 4 ans j’étais un mauvais étudiant, parce que Bloemenstad avait la priorité sur mes études. Plus tard j’ai toujours continué à garder contact, aussi bien

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2011 était que ni un changement des jeunes, ni de leur comportement était à la base de cette augmentation. Il y a donc quelque chose de fondamentale-ment erroné dans notre système. Il y a en effet un groupe d’enfants qui ont un trouble et qui doivent être approchés et aidés en tant que tels. Pourtant, il y a également un autre groupe de jeunes qui ne sont pas accompagnés suffisamment et qui arrivent ainsi sur l’endroit fautif. Ces enfants ont souvent un historique d’ « échecs ». Il est cru-cial qu’ils rencontrent quelqu’un qui ne les laisse pas tomber. »

approches : Que feriez-vous si vous aviez en tant que ministre la compé-tence pour cela ?« Nous ne pouvons pas mettre tous les enfants dans l’aide spéciale à la jeunesse dans le même panier. Le stade de football Jan Breydel à Bruges est environ suffisamment grand

« Je ne suis pas un partisan du mot « déficience ».

« Pendant 4 ans j’étais un mauvais étudiant, parce que Bloemenstad avait la priorité sur mes études. » > John Crombez a participé pendant

10 ans au camp de Bloemenstad. « Ces années m’ont formé », dit-il.

pour rassembler tous les enfants de l’aide spéciale à la jeunesse. Com-mençons par mettre tous ces enfants d’abord et surtout dans la bonne case. Ainsi nous pourrions utiliser les bud-gets beaucoup plus sur la mesure des jeunes, de façon que les personnes qui travaillent avec eux déterminent eux-mêmes ce qui se passe avec l’argent. »« En outre, le problème est très médi-calisé. Nous avons créé une industrie de personnes qui convainquent les parents que leur enfant a un problème.

qu’ils passent peu de temps avec leurs enfants. Est-ce que les ménages sont exploités ?« La vitesse de la société et la pression sur les parents sont transférées vers les enfants. Les personnes qui à un âge relativement jeune démontrent une usure sociale, ce sont précisément les parents de ces enfants. Quand eux ils éprouvent des difficultés à courir à la vitesse qui leur est demandée, cela a une influence sur leurs enfants. Il est important que chacun s’engage fonda-mentalement dans cette discussion. »

approches : Il me semble que vous êtes un homme mû socialement, mais vous avez étudié l’économie, la statistique et vous avez obtenu un doctorat sur les marchés financiers ? D’où vient l’intérêt pour cela ?« Dans le temps j’ai choisi pour l’économie parce que je voulais quelque chose qui contenait tout. Finalement j’ai été très content de ce choix. Plus je m’occupais d’économie, de statistique et de données, plus cette microbe m’a saisi. Mais bon, est-il nécessaire qu’il y ait une explication complète pour des gens qui répondent à deux schémas ? Lorsque j’étais en train de travailler sur mon doctorat sur les marchés financiers, je compensais cela en faisant du vélo avec un garçon gravement autistique de Lovendegem.

Le nombre de personnes avec ADHD ou des enfants avec un trouble du spectre autistique ne peut être qu’exagéré. Si mon collègue (Johan Vande Lanotte, ndlr) était maintenant à l’école primaire, on l’aurait donné des pilules parce qu’ils ne pouvait pas res-ter assis tranquillement. Le renforce-ment des Centres d’Accompagnement des Elèves est une solution possible pour cela. La question est aussi de savoir si des enfants trouvent cela difficile qu’il y ait dans leur classe une personne avec une déficience. Ma fille de 5 ans trouve entre-temps qu’il est normal que les « nouveaux Belges » parlent parfois une autre langue en classe. Ce sont souvent les adultes qui en font un problème. Mais la question de l’aide spéciale à la jeunesse est plus large que seulement la classe. Les villes doivent par exemple également réfléchir sur l’aménagement de leur territoire. Un enfant qui n’a pas de moyens et qui lors de températures hivernales ne trouve pas un lieu de jeu, devient évidemment difficile quand il doit passer les deux semaines des vacances de Noël dans un petit appar-tement. En tant que politicien on peut depuis bien des angles de vue amener des changements. »

approches : Beaucoup de parents travaillent à deux, temps plein, pour amortir l’emprunt pour leur maison et ensuite on les montre du doigt parce

« Plus tard, je veux retourner au secteur social. »

J’ai donc toujours été à la recherche de façons pour intégrer ce dualisme dans ma vie. C’est plus logique d’être depuis la politique occupée des deux traces, que depuis le monde académique. Si j’étais resté à l’université, j’aurais eu plus de difficultés à maintenir le contact avec la partie sociale, douce de moi-même. » Montre

approches : Quelles sont les caractéris-tiques d’un bon soignant ?« C’est une question très difficile, car

« déficience ». Des déficiences sont des déficiences parce que l’on les qualifie telles. La zone grise entre nous et ces personnes avec ce qu’on appelle une déficience, je l’ai toujours trouvée terrible. Un handicap mental léger est constaté au jeune âge de façon non scientifique sur la base d’un test d' QI : c’est quand même étrange, qu’on doive « constater » cela. Au camp, nous ne voyions plus les déficiences de nos usagers. Quand ils faisaient l’idiot, on riait. Il y a avait des personnes qui regardaient choquées parce que nous riions avec la blague d’une personne handicapée, pendant que pour nous c’était la chose la plus normale qui soit. Par le fait de ne plus voir le han-dicap, un lien fantastique prend forme. Je me suis amusé comme un fou chez Bloemenstad. »

approches : Est-ce que notre société est prête pour l’inclusion de personnes

avec une déficience, quelle que soit cette déficience ?« Aujourd’hui il est bon ton de dire que « des personnes pour qui cela ne va pas bien, ne font pas de leur mieux ». Ce discours populiste est une pure honte. Une telle chose est seulement dite de personnes que l’on ne connaît pas. Elles font dix fois plus de leur mi-eux pendant qu’ils récoltent beaucoup moins de succès, précisément parce qu’elles sont confrontées à leurs défi-ciences : un manque d’information, la pauvreté, un handicap. Les profiteurs existent, mais qualifier tels tout un groupe de la société, je n’ai pas de compréhension pour cela. Un tel dis-cours, c’est de la bêtise choisie. C’est ignorer un côté de la société. Mal-heureusement on lit et on entend de plus en plus cette opinion. Je défends l’inverse. Quand en tant que société on enlève la déficience de quelqu’un, cette déficience n’existe plus. Il y a eu

une période où les pouvoirs publics ont travaillé dur pour par exemple améli-orer l’accessibilité de bâtiments, mais cela s’est arrêté là. Prendre le bus reste un problème pour quelqu’un qui est aveugle ou qui est dans un fauteuil roulant. Les déficiences naissent donc surtout là où l’environnement n’est pas prêt à s’adapter. »

Jan Breydel

approches : En 2011 vous étiez pour l’aide spéciale à la jeunesse dans un panel de la Table Ronde, organisée par les Frères de la Charité. Comment regardez-vous actuellement des pro-blèmes comportementaux et affectifs chez des jeunes ?Le nombre de jeunes dans l’aide spé-ciale à la jeunesse s’est doublé entre 2000 et 2012 et ces jeunes deviennent de plus en plus jeunes. Cela est alar-mant. La conclusion des experts en

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> Savoir plus sur Bloemenstad  ?www.bloemenstad.be

> Pendant 10 années, John Crombez

était moniteur de Bloemenstad.

> John Crombez aura cette année

40 ans. Il est secrétaire de l’Etat pour la lutte contre la fraude. Sa soupape de sûreté, c’est la musique, il joue de la guitare et il représente avec son ensem-ble pendant les Fêtes Gantoises cet été. Il habite avec sa famille à Ostende.

QUI EST John Crombez ?

toutes les informations sur ces actions et d’autres sur www.approches.be

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il n’existe pas quelque chose comme le prototype d’un soignant, et cela vaut mieux. J’en ai rencontré déjà un grand nombre, mais ils n’ont certainement pas tous les mêmes caractéristiques. Il est bien ainsi que les tout meilleurs soignants n’ont pas de montre et cette caractéristique ne va pas avec le système. Quand on voit quel chrono-métrage est utilisé pour les soins, on constate que tout est bien très limité. De bons soignants ne veulent pas ce chronomètre. »

approches : Est-ce que les bons soins ont la même caractéristique ?« Certainement. On peut voir « les soins » comme quelque chose que l’on fait parce que c’est nécessaire ou comme quelque chose qui est très nor-mal. Quand cela ne se remarque plus que quelqu’un a une déficience, alors cela ne se remarque pas non plus que l’on est en train de le langer. Si pourtant on met les langes parce que c’est son métier, cela devient dur. Mais il y a bien un bon nombre de bons soignants. Ils travaillent sous une pression énorme, et il n’y a pas de bonus ou un salaire considérable comme dans le secteur privé. J’ai beaucoup de respect pour cela. »

approches : Est-ce que des personnes qui ne travaillent pas dans le secteur sont conscients de la pression du travail ?« Celles qui entrent en contact avec le secteur le sont. Quand notre fille était malade, nous avions à l’hôpital une in-firmière d’or. On n’oublie plus ces gens et c’est cela que beaucoup de gens expérimentent. Mais notre société est souvent trop ignorante sur ce plan pour regarder cela d’une façon normale. Le secteur non marchand n’a pas les groupes de pression typiques comme par exemple le secteur des banques ou Electrabel qui assurent d’avoir une voix claire dans le monde politique. Les gens du secteur ont souvent des discussions importantes entre eux, mais aussi longtemps qu’ils le font seulement entre eux, il est difficile pour le monde extérieur de les comprendre. Cela arrive trop souvent. »

approches : Actuellement vous êtes secrétaire d’Etat pour la lutte contre la

fraude. De quel côté vous voulez aller après ?« Si je pouvais choisir moi-même, ce serait certainement le domaine de « l’aide sociale ». Malheureusement on ne peut pas choisir soi-même (rit). Je n’hésiterais pas une seconde. Quand on a le bonheur de pouvoir tracer les lignes politiques, de préférence dans l’aide sociale. Je sais aussi que plus tard je veux retourner au secteur social. Je l’ai promis à moi-même, comme parole rassurante. »

approches : Avez-vous une montre dans votre tâche actuelle ?« Oui, certainement. C’est une montre difficile qui tourne sept jours sur sept et jusque tard dans le soir. Le fait d’avoir trop peu de temps pour ceux qui vous sont le plus chers, en est le revers. Ma femme connaît heureusement ce monde et par ce fait elle peut - de temps en temps – avoir de la compré-hension pour cela, sinon ce ne serait pas faisable. Mais bon, ce travail on ne peut le faire à 95 %. C’est comme dans les camps de Bloemenstad de jadis. J’aime le faire et je veux le faire. Et c’est pour cela que cela doit se faire de la meilleure façon. Je ne peux pas me l’imaginer différemment. » n

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ChristianBodiaux

Et cetera

Le trèfle à quatre feuilles

Mille cinq cents membres du personnel, deux hôpitaux psychiatriques, un centre orthopédagogique, une école d’enseignement spécial et encore quelques initiatives d’échelle plus petite. Ce sont les Frères de la Charité en Wallonie. Mais l’ASBL a également un Centre de Formation Pierre-Joseph Triest (CFPJT). C’est situé dans l’hôpital psychiatrique Saint-Martin à Dave. C’est aussi le lieu de travail de quatre collaborateurs qui constituent ensemble l’administration centrale.

REDACTION > Annelies Naert PHOTOGRAPHIE > Filip Erkens

l’intention est que nous travaillons de façon coordonnante, au-delà du ni-veau des établissements et des secteurs particuliers. De cette façon nous pouvons être des personnes de liaison dans l’organisation des Frères de

la Charité », expliquent-ils. « Nous, les quatre occupants du CFPJT, nous nous côtoyons régulièrement, soit de manière informelle, au hasard des journées, ou bien de façon formelle, quand nous nous réunissons autour d’une question spécifique requérant toutes nos compétences. »

Francis pitz, Administrateur délégué de l’ASBL Œuvres des Frères de la Charité, est le garant de la défini-tion des orientations stratégiques et de l’évaluation des politiques mises en œuvre par rapport à ces orientations ; pour ce qui a trait au C.P. Saint-Martin à Dave (dont il est aussi le Directeur Général), au C.P. Saint-Bernard à Manage, au C.O. Saint-Lambert et à l’école EPSIS, à Bonneville. Il assure le relais des ac-tivités wallonnes au sein du Groupe des Frères de la Charité, ainsi que la représentation de notre organisation dans certains organes officiels.

Enfin, en bout de couloir, se trouve le bureau de christian bodiaux, agent pastoral central. Il assume diverses missions en lien avec les équipes pastorales locales, ce qui implique, de facto, sa présence auprès des patients. « Une des caractéristiques de notre organisation,

c’est que quelle que soit sa position, sa fonction ou quel que soit son rôle, nous sommes tous au contact direct des patients ou usagers. En outre, sérieux et professionnalisme dans le travail doivent s’accompagner de convivialité et plaisir de le faire ensemble. »Francis Pitz est marié et père de quatre enfants.

26 > approches mars 2013

Francis Pitz

Le Frère  Emmanuel  Brys

A l’entrée du Centre, vous accueille le Frère emmanuel brys, coordina-teur logistique, qui assure en même temps le secrétariat de l’ASBL OFC. Il se charge aussi de la gestion de la bibliothèque du centre de formation.

« Je veux que quiconque qui entre ici se sente bienvenu. »Célibataire heureux, et Frère de la Charité.

A côté du bureau de M. Pitz, vous trouverez celui de eric pierrard, Coordinateur central pour la qualité et la formation. Lui-même dis-pense des formations, anime le QualPsy, entretient des contacts entre les trois insti-tutions wallonnes et avec des instances extérieures pour ce qui concerne la démarche qualité en psychiatrie.

A qui le prix ?

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« Formation et recherche de plus de qualité vont de toute évidence de pair … ! Car la qualité, c’est l’affaire de chacun ! » Eric Pierrard est marié, et père de trois grands enfants.

Eric  Pierrard

« J’écoute des patients, je m’occupe de l’animation spirituelle des équipes pastorales, de l’accompagnement de diverses activités, de la liturgie et j’écris de temps en temps des billets pour Approches … »Christian Bodiaux est marié, et père de deux petites filles.

Dans chaque numéro, Approches a de beaux cadeaux à offrir. Cette fois vous avez la possibilité de gagner un service à fondue pour du chocolat. Répondez aux trois questions ci-dessous et envoyez les réponses à [email protected]. Une main innocente choisira le lauréat !

Plein succès ! participer est également possible par www.approches.be

1. combien de sens valérie demeulemeester veut-elle mettre en éveil ?

2. Qu’est-ce qui avait priorité aux études de John crombez ?

3. comment s’appellent les quatre membres du centre de Formation pierre-Joseph triest ?

Page 15: Approches 2013-1

Le Frère Rémy Vieillir ensemblePHOTOGRAPHIE > Mattias Devriendt

Le Frère Rémy réside depuis de nombreuses années au centre Saint-Lambert à Bonneville. Il rend encore de petits services à l’institution. Les choses ont bien changé depuis son arrivée. Les usagers, les membres du personnel se sont succédé. La communauté des Frères s’est réduite mais Rémy est toujours présent. Avec le temps qui a passé, il a vu grandir le thuya à l’arrière-plan. Au point d’atteindre une trentaine de mètres de hauteur et de devenir un arbre classé « remarquable » par la Région Wallonne. Ou comment un arbre et un homme peuvent vieillir ensemble.

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