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MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE, DE L’ÉLEVAGE ET DE LA PÊCHE DANIDA (Bénin) (Danemark) Appui à l’élaboration du Plan d’action « Genre et développement » Bénin Rapport provisoire de mission Volume 2 – Eléments en vue de l’analyse de situation Tine Breinholt Bonaventure Kouakanou Christiane Monsieur Novembre 2002 No. 104.Bénin.19

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MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE, DE L’ÉLEVAGE ET DE LA PÊCHE DANIDA (Bénin) (Danemark)

Appui à l’élaboration du Plan d’action « Genre et développement »

Bénin

Rapport provisoire de mission

Volume 2 – Eléments en vue de l’analyse de situation

Tine Breinholt Bonaventure Kouakanou

Christiane Monsieur

Novembre 2002 No. 104.Bénin.19

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Rapport PA Genre - Volume 2 « Eléments en vue de l’analyse de situation » - MAEP Bénin - nov. 2002

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Sommaire

Liste des sigles et abréviations 3

I- Introduction 5

II- Les grands enjeux 6

1 - Cadre macro-économique et mondialisation 6 2 - Intégration régionale 7 3 – Décentralisation 8 4 - Document de stratégie de réduction de la pauvreté au Bénin (2003 - 2005) 9

III- Dimension "genre" dans les politiques et stratégies du secteur agricole et rural

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1- Dans le cadre de l’appui institutionnel 13 2 - Dans le domaine de la sécurité alimentaire et de la réduction de la pauvreté 14 3 - Dans les sous-secteurs et filières spécifiques 16 4 - En matière de protection de l’environnement et de gestion des ressources naturelles

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5 - Autres projets et programmes du secteur agricole 18 6 - En matière de promotion de la femme 19

IV- Les acteurs dans la mise en œuvre de la stratégie de développement agricole et rural sous l’angle du genre

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1 - Appui aux nouveaux acteurs 25 2 - Appui aux groupes vulnérables 26 3 - Crédit rural 27 4 - Autres services d’appui 29 5 - Programmation et suivi 31

V- Les parties prenantes de la PPFR 32

1 - Dans l’amélioration de l’accès des femmes rurales aux ressources 32 2 - Dans le renforcement des capacités d’action des femmes rurales 34 3 - Dans le développement d’un environnement institutionnel et juridique favorable 36

VI - Leçons à tirer 37

1 - Au niveau des stratégies et autres instruments politiques 37 2 - Au niveau des projets et des acteurs 37 3 - Pistes d’actions 38

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Sigles et abréviations AGR Activités Génératrices de Revenus ACP Afrique - Caraïbes - Pacifique APNV Approche participative niveau village ASF Association des Services Financiers AIC Association interprofessionnelle du Coton CARDER Centre d’Action Régionale pour le Développement Rural CAGEA Centre d’Appui à la Gestion des Exploitations Agricoles CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest CPU Collège Polytechnique Universitaire DSRP Document de Stratégie de Réduction de la pauvreté DCPE Document Cadre de Politiques Economiques DANIDA Mission Danoise de Coopération DGR Direction du Génie Rural D’AGRI Direction de l’Agriculture DE Direction de l’Elevage FMI Fonds Monétaire International FSA Faculté des Sciences Agronomiques FéNURCAR Fédération des Unions Régionales des Coopératives d’aménagement Rural FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture FIDA Fonds International de développement agricole FAC Fonds d’Aide et de Coopération FECECAM Fédération des Caisses d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel FeNACREP Fédération Nationale des Caisses Rurales d’Epargne GF Groupement Féminin GV Groupement Villageois MAEP Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche MFPSS Ministère de la Famille, de la Protection Sociale et de la Solidarité ONG Organisation Non Gouvernementale OMC Organisation Mondiale du Commerce OP Organisation Paysanne OPA Organisation Professionnelle Agricole PPFR Politique de Promotion de la Femme dans le secteur Agricole et Rural PNPF Politique Nationale de Promotion de la Femme PAMF Projet d’Aménagement des Forêts des Monts Kouffè PGTRN Projet Gestion des Terroirs et des Ressources Naturelles PGFTR Projet Gestion des Forêts et des Terroirs Riverains PAS Programme d’Ajustement Structurel PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement PRSA Projet de Restructuration des Services Agricoles PAPME Agence pour la Promotion et l’Appui aux Petites et Moyennes Entreprises PADME Association pour la Promotion et l’Appui au développement

des Micro-Entreprises PDRA Plan Directeur de la Recherche Agricole PNRA Programme National de Recherche Agronomique PILSA Projet d’Interventions Locales pour la Sécurité alimentaire PSSA Programme Spécial de Sécurité Alimentaire PAGER Projet d’Activités Génératrices de Revenus PROMIC Projet de Microfinance et de Commercialisation PAM Programme Alimentaire Mondial PADSA Programme d’Appui au Développement du Secteur Agricole PPMAB Programme de Promotion du Monde Agricole au Bénin PPAB Programme de Professionnalisation de l’Agriculture au Bénin PDFM Programme de Développement de la Filière Manioc

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PDRT Programme de Développement des Racines et Tubercules PDE Projet de Développement de l’Elevage PADEB Projet d’Appui au Développement de l’Elevage dans le Borgou PMEDP Programme pour des Moyens d’Existence Durables dans la Pêche PARP Projet d’Appui à la Recherche Participative PP-FRANC Projet de Promotion de la Filière des Ressources

Alimentaires Non Conventionnelles PSO Plan Stratégique Opérationnel RAMR Recherche Appliquée en Milieu Réel R - D Recherche - Développement SNVA Système National de Vulgarisation Agricole SFL Service Financier Local SPAE Stratégie et Plan d’Action de l’Elevage SNRA Système National de Recherches Agricoles SDDR Schéma Directeur de Développement Rural UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine

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I - Introduction Le présent volume, intitulé « Eléments en vue de l’analyse de situation », constitue la deuxième partie du Rapport provisoire de la mission d’appui à l’élaboration du Plan d’action « Genre et développement ». Le premier Volume, intitulé « « Rapport de la mission d’appui » fait référence au déroulement de la mission et inclut des informations sur les activités réalisées pendant celle-ci, les résultats obtenus et les premières conclusions de la mission d’appui, ainsi que des recommandations pour le suivi du processus. En revanche, on trouvera dans ce volume les éléments qui ont été recueillis et analysés par la mission, dans le but d’améliorer la compréhension de la façon dont la dimension ‘genre’ est intégrée dans :

(i) les principaux documents de politiques et documents opérationnels sur la question, élaborés par les parties prenantes du Plan d’action « Genre et développement » opérant en milieu rural ;

(ii) les actions déjà mises en œuvre par celles-ci, ainsi que l’expérience qui y est liée (succès, difficultés rencontrées, points de blocage, solutions mises en œuvre, etc.).

La mission a rassemblé ces éléments en vue d’une analyse de situation opérationnelle répondant au besoin de mise en œuvre des politiques du MAEP et donc des Plans d’action du Ministère. Le document inclut les premières leçons générales tirées par la mission et quelques pistes qui pourront orienter les actions du Plan d’action ‘Genre et développement’. En outre, ces éléments seront ultérieurement analysés afin de mettre en évidence les liens existant, les forces et les lacunes. L’analyse qui sera dégagée à partir des éléments rassemblés dans ce document (la finalisation de l’analyse de situation est prévue pour la mi-décembre), servira ensuite de base pour bâtir le Plan d’action « Genre et développement » tout en étant utile pour les autres plans d’action du MAEP. La collecte des éléments et l’analyse auxquels elle est liée, repose sur le diagnostic de la situation des groupes vulnérables, dont les femmes, dans le développement agricole et rural, diagnostic qui constitue le fondement des politiques du MAEP (notamment la DPDR et la PPFR). On peut trouver ce diagnostic dans les TdR du Plan d’action « Genre et développement et dans la PPFR.. Le Volume 2 est essentiellement le résultat d’une revue documentaire et d’entretiens réalisés avec différentes parties prenantes (au sein du MAEP et d’autres ministères, ONG, groupements féminins, etc.). On trouvera en annexe 12 du Volume 1 la liste des documents examinés et en annexes 8 et 9, respectivement, les personnes rencontrées et le compte rendu des entretiens. Cette première analyse des éléments collectés a porté sur les questions de genre par rapport :

- à l'environnement institutionnel et l'organisation des services d'appui à la production agricole, avec un accent sur les acteurs impliqués dans la mise en œuvre de la stratégie de développement agricole et rural ;

- aux politiques et stratégies du secteur, avec les programmes et projets y afférents, - à certains enjeux majeurs que constituent aujourd'hui le contexte macro-économique, la

décentralisation, l'intégration régionale et la stratégie de réduction de la pauvreté. Enfin, ce document doit être considéré comme un outil de réflexion dynamique, et donc en évolution constante, devant permettre d’exploiter au mieux ce qui a été réalisé par le passé en matière d’intégration du genre et de programmer les actions de façon concertée avec les acteurs du développement afin de favoriser les synergies.

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II - Les grands enjeux Le Plan d’action ‘Genre et développement’, à l’instar de toutes les actions entreprises au Bénin, doit être situé dans un contexte élargi et tenir compte des importantes tendances qui se dégagent actuellement dans le pays et qui auront un impact sur les hommes et les femmes, à tous les niveaux de la société. Ces tendances incluent la mondialisation, en particulier avec le contexte macro-économique, la décentralisation, l’intégration régionale et la stratégie de réduction de la pauvreté. On trouvera ci-dessous quelques éléments rappelant pourquoi ces grandes tendances présentes aujourd’hui dans le pays représentent de véritables enjeux, en particulier au regard de l’intégration des questions de genre dans les actions de développement rural et agricole. 1 - Cadre macro-économique et mondialisation Dans un contexte mondial de suppression du contrôle de l’Etat sur le commerce et les investissements, une forte expansion des marchés et un accroissement de la commercialisation sont escomptés dans le pays et, partant, la création des conditions d’une croissance économique forte. Depuis 1989, le Bénin a conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale trois Programmes d’ajustement structurels (PAS) et stratégies d’assistance triennaux. Ces programmes ont eu une influence majeure sur les objectifs nationaux de développement et, par conséquent, sur ceux du développement agricole. Le bilan de plus d’une décennie d’ajustement au Bénin a montré qu’en dépit du rétablissement des grands équilibres macro-économiques et des progrès réalisés sur le plan social, le phénomène de pauvreté persiste et s’aggrave en milieu rural. Ce constat a été notamment à l’origine de l’élaboration d’un Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) censé s’attaquer à la pauvreté, en particulier dans le monde rural (voir ci-après pour de plus amples détails sur cette stratégie). Dans le secteur agricole, le cadre macro-économique a déterminé la politique monétaire et de crédit, la politique sur le financement du secteur agricole et la politique commerciale du pays. Des répercussions notables sont à signaler par rapport aux options politiques prises dans les années 90 (ouverture extérieure, dévaluation du franc CFA, intégration régionale, désengagement de l’Etat, déconcentration de certains services publics et décentralisation, autant d’aspects qui seront ici abordés brièvement en relation avec le secteur du développement agricole et rural. Il est donc inévitable que le cadre général proposé pour le développement, en particulier le développement agricole et rural, ait un impact considérable sur les défis à relever dans le secteur rural et sur l’intégration des questions de parité hommes-femmes dans les actions programmées. Le Bénin a défini sa vision stratégique à long terme conformément à trois axes :

• Une démocratisation enracinée dans un pays de bonne gouvernance • Une économie en croissance forte, saine et durable • Une réponse satisfaisante apportée à la demande sociale

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Dans ce contexte, les objectifs assignés au développement rural sont les suivants: • Contribuer à la croissance économique, à l’équilibre de la balance commerciale et à la

création d’emplois. • Contribuer à l’amélioration du niveau de vie des populations par l’augmentation du

pouvoir d’achat des producteurs, la lutte contre la pauvreté, le contrôle de la qualité et l’innocuité des aliments.

• Maintenir la sécurité alimentaire et nutritionnelle d’une population en expansion rapide. • Diversifier et intensifier la production agricole d’une manière durable. • Contribuer, au sein des communautés rurales, à l’amélioration des rapports

hommes/femmes. La stratégie de développement rural a pour priorité la modernisation progressive de l’agriculture familiale afin de lui permettre d’accéder au marché, ce qui demande une diversification des produits, notamment ceux destinés à l’exportation, et l’organisation des circuits de commercialisation (exportation et dynamique de proximité). Les implications de cette stratégie sont importantes dans de nombreux domaines et notamment par rapport aux éléments suivants :

• Les conséquences en terme d’équité, notamment en ce qui concerne la situation des groupes vulnérables dont les femmes.

• Le besoin de faire appel à une approche participative permettant d’assurer la protection de l’environnement et la gestion durable des ressources naturelles.

• Le besoin d’actions bien ciblées en ce qui concerne : • la production (diversification de l’offre, amélioration de la productivité,

disponibilité des facteurs de production, de services d’appui et de crédit). • la conservation, stockage et transformation de la production • l’écoulement et la mise à disposition de la production • l’émergence et le renforcement d’une demande solvable

2 - Intégration régionale

Les questions d’intégration régionale sont étroitement liées à la mondialisation. De plus, les pays de l’espace UEMOA, dont le Bénin, partagent des défis et des enjeux communs, notamment en termes de sécurité alimentaire, de compétitivité de l’agriculture, de lutte contre la pauvreté et de gestion durable des ressources naturelles. Quand on sait que l’agriculture béninoise reste encore l’affaire des petits producteurs, dont font partie les femmes rurales et les jeunes déscolarisés, la question essentielle reste de comprendre dans quelle perspective aborder ces défis dans le cadre de la Politique agricole de l’UEMOA et d’autres traités dont la réalisation a une incidence directe ou indirecte sur l’avenir de ces producteurs. Les dispositions du traité de l’UEMOA affectent le secteur agricole aussi bien en ce qui concerne l’élargissement du marché potentiel que la concurrence des productions agricoles des différents pays : les règlements signés et déjà en application portent notamment sur l’harmonisation de la fiscalité interne afin de disposer de règles communes de concurrence. Les effets économiques de ces règlements sur les populations vulnérables sont pour le moment difficiles à apprécier, car il est possible que le niveau de taxation d’un produit à l’importation engendre une très forte concurrence par rapport aux productions locales, au risque de les faire disparaître, ou que d’autres filières face à la concurrence connaissent plutôt une amélioration de leurs performances. La suppression des taxes sur les échanges entre les pays de l’UEMOA pourrait

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également favoriser la reconquête des marchés (dont une multitude de marchés ruraux essentiellement animés par des femmes) de certains pays. Au-delà de ces enjeux déjà importants sur le plan régional, l’agriculture dans chacun des pays et dans l’ensemble des espaces UEMOA et CEDEAO est déjà et sera davantage sous l’influence d’autres enjeux tels que : (i) les accords de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) sur l’agriculture, en vigueur depuis juillet 1995, avec une reprise des négociations en 2001, et dont un certain nombre d’aspects sont jugés défavorables aux pays en voie de développement ; (ii) l’accord de partenariat entre l’Union Européenne et les pays ACP, signé le 23 juin 2000 à Cotonou, relatif notamment aux zones de libre-échange en matière d’aide et de commerce, avec une réciprocité d’ouverture de marchés d’une zone à une autre. Même si pour le moment les avis sont controversés quant à l’opportunité que constituent ces accords pour les pays de la sous-région, ils revêtent cependant un caractère stratégique pour l’agriculture. En effet, la recherche de compensations avantageuses dans l’ouverture des marchés doit être un souci permanent pour ne pas aggraver la situation des producteurs en général et en particulier celle des femmes rurales dont les revenus pourraient en souffrir énormément. Les contraintes d’accès aux marchés de négociation pour le commerce agricole, vécues différemment selon les catégories sociales, deviennent donc des questions importantes dans les stratégies de croissance agricole et de réduction de la pauvreté. 3 - Décentralisation Le Bénin s’est engagé dans un processus de décentralisation qui entrera dans sa phase active dans les jours à venir. Cette décentralisation relève des prescriptions constitutionnelles consacrant le principe de la libre administration des collectivités territoriales par des conseils élus. Telle que conçue, c’est ‘‘une administration de développement visant à transférer la gestion des localités aux communautés de base’’. Sur le plan national, le processus de décentralisation a déjà connu la phase de mise en place du dispositif institutionnel1, d’adoption des textes de lois, de vulgarisation desdites lois et de sensibilisation des populations. La société civile et les ONG (nationales et internationales) s’impliquent en termes d’appui à la préparation des populations sur les enjeux de la décentralisation et d’accompagnement à la mise en œuvre du processus. Des brochures simples sont éditées et diffusées en guise de support mais leur exploitation reste de toute évidence limitée du fait du taux élevé d’analphabétisme qui prévaut chez les ruraux et plus particulièrement chez les femmes. Ces dernières paraissent d’ailleurs peu impliquées par rapport aux hommes dans les campagnes d’information et de sensibilisation en cours, peut-être parce que le sujet les intéresse peu à cause des relations de pouvoir et de décision qu’il met en jeu.

L’on doit admettre que l’avènement de la décentralisation intervient au Bénin dans un contexte général marqué par l’insuffisance des ressources, l’insuffisance des infrastructures socio-économiques de base, l’accès insuffisant au crédit, à l’éducation, à la santé et la persistance des inégalités dans la participation aux prises de décisions, autant d’éléments qui génèrent et perpétuent 1 Le dispositif institutionnel comprend (i) la Mission de Décentralisation (MD) animée par les représentants des Ministère et institutions concernés par la réforme de l’Administration Territoriale ; (ii) la Direction Générale de l’Administration Territoriale (DGAT) qui participe à la définition des politiques et des stratégies liées au processus de décentralisation et (iii) la Maison des Collectivités Locales (MCL) chargée d’appuyer les Collectivités Locales dans la mise en œuvre desdites politiques stratégiques.

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l’état de pauvreté, plus durement ressenti dans les communautés rurales, et plus particulièrement au niveau des couches défavorisées dont les femmes et les jeunes c’est-à-dire par la frange la plus importante de la population. La loi confère désormais aux collectivités territoriales décentralisées des compétences relatives à l’administration et à l’aménagement du territoire (dont le foncier rural), au développement économique, social, sanitaire, culturel et scientifique ainsi qu’à la protection de l’environnement et à l’amélioration du cadre de vie. La décentralisation, si elle était appliquée dans l’esprit de cette loi, constituerait un atout de premier plan pour le développement du secteur agricole et rural, car elle créerait les conditions favorables à l’émergence d’initiatives paysannes et à l’appui direct des groupes socio-économiques vulnérables que constituent les femmes, les jeunes et les pauvres des milieux ruraux. L’enjeu principal étant la gestion du pouvoir local en vue du développement, c’est-à-dire l’amélioration des conditions de vie et de travail, la responsabilisation des populations, etc., il suscite forcément des interrogations : comment s’assurer qu’aucune couche sociale ne soit marginalisée ? Qui participera réellement à la gestion de ce pouvoir et aux prises de décision ? Comment éviter le risque d’un simple transfert de pouvoir du niveau central seulement aux mains de quelques personnes nanties ? La pertinence de la dimension genre dans le processus de décentralisation au niveau du secteur agricole et rural trouve sa justification dans les réponses qui pourraient être apportées aux questions ci-dessus soulevées. 4 - Document de stratégie de réduction de la pauvreté au Bénin (2003-2005) 4.1- Fondement du DSRP Après une décennie de politiques d'ajustement qui se sont traduites par des résultats macro-économiques satisfaisants en matière de rétablissement des équilibres financiers, le taux de pauvreté n’a pas connu de baisse sensible au Bénin. L'analyse des performances en matière de développement humain (PNUD,2000) fait observer de grandes disparités entre les sexes :

- Taux d'analphabétisme plus élevé chez les femmes; - Malgré les efforts considérables en vue d'une plus grande égalité entre les sexes, l'indice

sexospécifique de développement humain (ISDH) qui mesure la disparité entre hommes et femmes n'est passé que de 0,303 en 1992 à 0,374 en 1998;

- Les femmes sont plus frappées par la pauvreté que les hommes et leur contribution à la richesse nationale apparaît faible ou sous-estimée;

- La situation de forte pauvreté de la femme apparaît davantage sous l'angle de la pauvreté non monétaire.

Ainsi est apparue la nécessité d'élaborer de nouveaux programmes économiques, financiers et sociaux prenant en compte toutes les dimensions du développement et de lutte contre la pauvreté. Le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté remplace désormais le Document cadre de Politiques Economiques (DCPE) et est considéré comme le référentiel unique pour centrer les politiques nationales et les interventions des Partenaires au développement du Bénin sur l'objectif de réduction de la pauvreté.

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4.2. Aspects spécifiques au secteur rural L’analyse des principales causes et des déterminants de la pauvreté dans le pays montre que celle-ci s’est significativement accrue et demeure forte en milieu rural. Les catégories sociales les plus touchées par la pauvreté sont les femmes et artisans du monde rural, les agriculteurs sans terre et les habitants des zones enclavées, les jeunes déscolarisés ou sans emploi, les filles en situation difficile. Parmi les éléments de diagnostic qui ont servi de base à l'identification des domaines prioritaires d'intervention dans le cadre du DSRP, on note les contraintes relatives à : l’accès aux ressources et à l'emploi

- Manque de moyens financiers propres et accès difficile aux micro-crédits ; - Problèmes fonciers plus accentués dans les Départements du sud ; - Techniques et outils de production agricole et halieutique inadaptés; - Faible développement des Activités Génératrices de Revenus (AGR). la capacités des acteurs

- Analphabétisme et déperdition scolaire ; - Faiblesse de l’encadrement des populations rurales ; - Accès difficile à l’eau potable et aux soins de santé primaires ; - Enclavement de certaines localités de production ; - Faiblesse des équipements. la participation aux processus de décision

- Pesanteurs socioculturelles ; - Fortes corrélations entre incidence de la pauvreté et différentes caractéristiques socio-

économiques des ménages (âge, sexe et niveau d'instruction du chef de ménage). L’accent est donc mis sur une accélération et une redistribution judicieuse de la croissance, surtout en direction du monde rural, en vue d’apporter des réponses appropriées aux demandes sociales de base : désenclavement, santé, éducation, sécurité alimentaire, eau potable, etc., ainsi qu’à la promotion de la femme. Il est important de souligner que les aspects relatifs à la participation aux processus de décision devront apparaître de façon explicite dans les axes stratégiques, surtout qu’il est reconnu que «les politiques menées en faveur du monde rural se sont révélées très peu efficaces en raison principalement des problèmes de gouvernance et de synergie, de la faible participation des populations rurales (surtout celle des femmes) à la conception, la mise en œuvre et au suivi-évaluation des projets dont elles sont bénéficiaires, des effets pervers et des lenteurs observées dans la mise en œuvre des réformes du secteur rural». Par ailleurs, dans le cadre des travaux d’actualisation du DSRP, il est prévu une étude en 2003 sur l’impact de ces réformes sur l’évolution du revenu du monde paysan. Il est important que cette étude systématise l’approche genre afin de permettre de cerner cet impact sur les différentes catégories sociales impliquées dans le développement agricole et rural. 4.3- Grands axes et priorités de la stratégie de réduction de la pauvreté au Bénin Quatre grands axes stratégiques sont définis dans le DSRP :

- le renforcement du cadre macro-économique à moyen terme ; - le développement du capital humain et la gestion de l’environnement ; - le renforcement de la gouvernance et des capacités institutionnelles ;

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- la promotion de l’emploi durable et le renforcement des capacités des pauvres à participer au processus de décision et de production.

Les priorités retenues en liaison avec ces axes stratégiques sont :

- la consolidation de la stabilité macro-économique du Bénin ; - l’amélioration de l’accès à l’éducation de base, à l’alphabétisation, aux soins de santé

primaire et à l’eau potable, la lutte contre le VIH/SIDA et le paludisme ; - la lutte contre la corruption, la consolidation de la démocratie et la décentralisation ; - la promotion de l’emploi durable et le renforcement des capacités des pauvres à mener des

activités génératrices de revenus et un bon aménagement du territoire national. Ces axes stratégiques laissent augurer dans leur mise en œuvre d'une meilleure intégration de la dimension Genre dans la mesure où leur contenu se réfère pratiquement aux mêmes domaines pris en compte par la Politique Nationale de Promotion de la Femme (PNPF) et la Politique de Promotion de la Femme dans le Secteur Agricole et Rural (PPFR), respectivement pour les aspects multisectoriels (sous l’égide du MFPSS) et spécifiques (au MAEP). 4.4- Points d’ancrage "Genre" dans les grands axes du DSRP affectant le développement agricole et rural Renforcement du cadre macroéconomique à moyen terme a) Consolidation des sources de croissance : une agriculture diversifiée et valorisée et un artisanat développé auxquels participent les pauvres et les femmes. La stratégie visée est de faire participer les pauvres au processus de production en :

- favorisant l’accès aux micro-crédits, à la terre aux intrants, aux infrastructures de production et aux technologies (accès aux ressources), à la formation et l’alphabétisation (renforcement des capacités) ;

- renforçant leur participation à la gestion durable des ressources naturelles ; - appuyant le développement des marchés agricoles.

b) Renforcement des infrastructures de base pour des facteurs de production disponibles et à coût réduit : * Exemple de l’eau : sa disponibilité permanente et suffisante a effectivement une incidence sur les conditions de vie et de travail des ruraux surtout les femmes,

• réalisation et réhabilitation de retenues d’eau et de micro-barrages • aménagement hydro-agricole (eau pour les cultures maraîchères, pour le petit élevage, pour

la transformation…) * Infrastructures de transport, notamment les pistes rurales : Opportunité d’accès aux services de base (écoles, centres de santé, marchés, points d’eau…) Une attention particulière est accordée à la petite transformation et à l’artisanat qui génèrent des revenus pour les populations pauvres et vulnérables, notamment les femmes. De même, le règlement des problèmes liés au foncier est considéré comme un préalable important (Code Foncier Rural) Toutefois, pour le renforcement du cadre macroéconomique à moyen terme, la participation des populations (pauvres ou défavorisées) à la gestion des ressources naturelles soulève quelques questions importantes : (i) dans quelle mesure tous les concernés (Hommes, Femmes, Jeunes…) pourraient y participer et en tirer des bénéfices équitables dans un contexte socioculturel où terres,

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eaux et forêts sont gérées à l’exclusion de certaines catégories sociales "n’ayant pas droit" ; (ii) Que pourraient prévoir les programmes et projets (PAMF, PGTRN, PGFTR) comme démarches et outils Genre pour assurer cette participation ? Promotion de l’emploi durable et participation des pauvres aux processus de décision Cet axe se rapporte au renforcement de la capacité des pauvres à générer des revenus et à l’aménagement du territoire. Au delà des actions identifiées relatives au développement communautaire pour l’amélioration des conditions de vie des populations déshéritées et celles relatives à la promotion des activités génératrices de revenus, l’accent est mis sur la protection sociale et la promotion du Genre. Il s’agit à ce niveau de réduire les inégalités entre homme et femme de tous âges et de tous secteurs de développement, par des actions spécifiques en faveur des groupes vulnérables comme la femme. La promotion de l’approche "genre" dans les activités du monde rural est retenue comme un volet important du DSRP et les actions spécifiquement envisagées dans ce cadre pour les trois années à venir s’inspirent en grande partie des stratégies de la PNPF et de la PPFR. Le souci d’application de l’approche Genre qui transparaît déjà dans ces actions spécifiques pour la réduction de la pauvreté dans le secteur rural, devra trouver un renfort à travers d’autres actions plus générales prévues et relatives à : * L’accroissement de l’offre des services sociaux et la protection de l’environnement à travers :

- la santé, avec un accent sur la santé maternelle et infantile notamment dans les zones rurales ;

- l’éducation de base, avec en priorité la réduction des disparités entre les genres et les régions et l’appui à la mise en œuvre de la politique nationale d’alphabétisation des adultes ;

- l’eau potable en milieu rural et l’électrification rurale ; - l’amélioration de la sécurité alimentaire des ménages et la prise en charge sur le plan

nutritionnel des groupes défavorisés. * La gestion des solidarités et la participation aux processus de production, à travers :

- la promotion de l’emploi et des petites AGR, notamment par la mise en place de lignes de crédit remboursable au profit des femmes, des artisans, des petits agriculteurs et autres petits métiers, à des conditions assouplies et assortie de l’accompagnement nécessaire (formation, encadrement, perfectionnement…) ;

- le développement de la microfinance ; - la sécurisation des zones vulnérables grâce à la promotion des AGR et l’amélioration de

l’accès des populations aux services sociaux essentiels ; - la promotion du développement communautaire et de pôle de développement en appui au

processus de la décentralisation. * Au renforcement de la bonne gouvernance et des capacités institutionnelles, dont les actions permettront, entre autres, d’accélérer la décentralisation et de consolider la démocratie à la base et le dialogue social interne dans le sens de la promotion des initiatives privées locales et de la participation des populations au processus de prise de décision.

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III - Dimension Genre dans les politiques et stratégies du secteur agricole et rural L’agriculture béninoise n’est pas restée statique, mais a plutôt connu une certaine évolution au cours de cette dernière décennie. Des stratégies ont été définies et des programmes et projets mis en œuvre dans l’espoir de faire du secteur agricole un véritable moteur de l’économie béninoise et de changer les conditions de vie du monde rural. Quelques indications sont ci-après données sans exhaustivité. 1 - Dans le cadre de l’appui institutionnel Les axes stratégiques préconisés par l’Etat béninois pour soutenir sa politique de désengagement des secteurs productifs sont, entre, autres la redéfinition du rôle de l’Etat, l’amélioration et la réduction du coût de son intervention. Les principaux programmes et projets élaborés et mis en œuvre dans ce cadre sont : Le Projet de restructuration des services agricoles (PRSA) : Pour l’encadrement du monde rural, les années 1970 ont vu naître les Centres d’Action Régionale pour le Développement Rural (CARDER), appuyés durant la décennie 80 par des projets de développement rural intégré dans l’ensemble des départements du pays. Pour réaliser ses projets, l’Etat a consenti d’importants prêts auprès des institutions internationales de financement et s’est également appuyé sur la coopération bilatérale. La revue de tous ces projets a révélé des acquis importants, mais aussi de nombreuses faiblesses parmi lesquelles la prépondérance accordée aux activités de production et de commercialisation aux dépens du service de vulgarisation proprement dit. Le Projet de Restitution des Services Agricoles (PRSA) mis en œuvre à partir de 1993 visait donc à : (i) limiter les CARDER à leur mission de vulgarisation agricole et réduire le coût de leurs prestations ; (ii) assurer la durabilité de la fonction de vulgarisation en réalisant un plan de renforcement technique du personnel d’encadrement et (iii) apporter un appui au Ministère et aux Directions techniques pour une plus grande efficacité . Les résultats obtenus à la fin du projet sont mitigés. On note en particulier que la durabilité de la fonction de vulgarisation agricole s’est trouvée ébranlée par (i) la réduction de l’effectif du personnel d’encadrement sans une relève de qualité, (ii) la suppression de certaines fonctions liées aux missions non exclusives sans une préparation efficace de transfert aux OP et opérateurs privés, (iii) l’incapacité du budget national à assurer le financement pourtant allégé. Les possibilités d’intervention en appui aux groupes pauvres dont notamment les femmes rurales, s’en trouvaient ainsi limitées. Le Projet de recherche appliquée en milieu réel (RAMR) : Ce projet démarré au Bénin depuis 1986 avec la coopération néerlandaise a eu des résultats remarquables qui ont été pris en compte dans le PRSA sous deux aspects : l’appui pour généraliser les acquis et l’appui à la conceptualisation de l’approche participative. Ce deuxième aspect a permis de mettre au point et de vulgariser entre 1994-1999 l’approche participative niveau village (l’APNV) basée sur le diagnostic et la planification participatifs et la connaissance du terroir et la gestion des ressources naturelles. Le Plan directeur de la recherche agricole (PDRA) : Le Plan Directeur de la Recherche Agricole du Bénin adopté par le gouvernement en octobre 1996 devrait permettre à l’Etat de disposer d’une recherche agricole efficace et efficiente, avec un cadre institutionnel adéquat, des mécanismes de financement qui assurent la durabilité des actions, des ressources humaines de qualité, en nombre suffisant et un Programme national de recherche agronomique (PNRA) répondant réellement aux besoins du monde rural. Le PNRA, cadre opérationnel du PDRA, est conçu en tenant compte des

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préoccupations nationales (Programmes sectoriels) et des préoccupations régionales (Programmes régionaux). Les programmes régionaux qui constituent l’originalité du PNRA visent entre autres (i) une plus grande participation des bénéficiaires avec la mise à contribution de leurs connaissances endogènes, et une meilleure gestion des terroirs et des ressources naturelles. La question qui demeure, c’est dans quelle mesure cette participation et mise à contribution se font équitablement au sein des diverses couches sociales concernées. 2 - Dans le domaine de la sécurité alimentaire et de la réduction de la pauvreté De nombreux programmes et projets ont été élaborés et mis en œuvre dans le cadre de la sécurité alimentaire et l’éradication de la pauvreté. On distingue notamment : Le Projet d’interventions locales pour la sécurité alimentaire (PILSA) : Le PILSA est destiné aux zones à risque de l’ensemble du pays avec pour objectifs la réduction de la pauvreté et l’amélioration de la sécurité alimentaire. Il est réalisé de 1994 à 1999 grâce à l’appui financier de la Banque Mondiale, de la Coopération Danoise et du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Pour atteindre ces objectifs, les stratégies utilisées sont les suivantes :

- appuyer des activités simples dans les domaines de l’agriculture, de la pêche, de la nutrition, du commerce et des interventions périurbaines pour améliorer les revenus des populations et leur accès aux vivres dans les régions les plus vulnérables. Tout ceci est fait avec la participation des groupes locaux ;

- contribuer à une meilleure connaissance des ménages et des stratégies locales en maintenant à jour la banque de données sur la sécurité alimentaire ;

- renforcer le partenariat entre le gouvernement et les ONG. Un des acquis importants du PILSA est la mise en place de procédures favorisant l’accès équitable au crédit, ce qui a permis aux femmes rurales de développer leurs activités génératrices de revenus.

Le Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA) : Le PSSA a été lancé officiellement au Bénin en avril 2000 avec l’appui de la FAO pour contribuer à la sécurité alimentaire dans quatre zones à risque (Kandi dans l’Alibori, Dangbo dans l’Ouémé, Tori-Bossito dans l’Atlantique et Glazoué dans les Collines). Les domaines de priorité choisis sont ceux dans lesquels évoluent souvent les groupes à faibles revenus :

- la maîtrise de l’eau : aménagement des bas-fonds et des plans d’eau pour la riziculture, le maraîchage, la pisciculture et les cultures de contre saison ;

- l’intensification de la production agricole pour les principales cultures ; - la diversification de la production par la promotion du petit élevage, de la pisciculture et de

la transformation des produits agricoles . Ici aussi, l’approche participative et la valorisation des connaissances endogènes sont mises en exergue avec des actions ciblées pour les ruraux pauvres. Le Projet d’activités génératrices de revenus (PAGER) :Les objectifs globaux de ce projet sont l’accroissement des revenus et l’amélioration de la sécurité alimentaire des populations des zones à risque du Sud Bénin (Atlantique, Mono, Couffo, Ouémé, Plateau et Zou Sud). La stratégie étant de s’appuyer sur les organisations de producteurs, les ONG et les institutions à la base, le PAGER a orienté ses actions vers (i) le renforcement et l’organisation des Groupements Villageois (GV), des Groupements de femmes (GF), des institutions de base dont celles d’octroi de crédit (Association

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des Services Financiers - ASF) ; (ii) l’intensification de la production vivrière ; (iii) l’amélioration des techniques de stockage et de transformation ; (iv) les aménagements hydro-agricoles ; (v) le développement des systèmes de production respectueux du maintien et de l’amélioration de la fertilité des sols et (vi) le désenclavement des zones de production. Ce projet financé par le FIDA et la Coopération Danoise devait couvrir la période de 1996 à 2001. Le projet de micro-finance et de commercialisation (PROMIC) est d’envergure assez importante et couvre les départements des Collines, du Borgou, de l’Alibori, de l’Atacora et de la Donga. Le PROMIC apporte essentiellement un appui aux activités génératrices de revenus des femmes et aux associations des services financiers (ASF), puis contribue au désenclavement des bassins de production et des marchés. Les actions de ce projet suscitent une très grande mobilisation des femmes rurales. Le Programme d’appui au développement du secteur agricole (PADSA) : Ce programme financé par la Coopération Danoise est structuré en deux composantes : la composante publique pour un appui institutionnel au Ministère en charge de l’agriculture et la composante privée pour un appui direct aux structures de base à travers des ONG. Parmi les composantes développées par ce programme, la lutte contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté rurale occupent une bonne place. Pour réaliser ce thème, le PADSA met à contribution des projets et institutions ayant des objectifs similaires, y compris les institutions de micro-finance à la base pour le renforcement des structures de financement locales offrant plus de facilités d’accès au crédit au profit des communautés touchées. Il est attendu que le PADSA permette :

• le renforcement des capacités d’appui, d’intervention, organisationnelles et productives des structures et organisations appuyées,

• l’amélioration du niveau de vie des populations, • l’amélioration de l’intégration sociale et économique des femmes.

Du fait que le PADSA concentre ses actions essentiellement dans les systèmes post-récoltes qui sont l’apanage des femmes rurales, ces dernières constituent le groupe-cible privilégié au sein duquel ces impacts se mesurent à travers, entre autres :

- les taux d’adoption et de diffusion des technologies améliorées, - le niveau d’autofinancement des OP, - le niveau de représentativité des femmes dans les organes de prise de décision, - l’accès aux ressources (crédit, technologies et équipement).

L’étude d’impact à mi-parcours réalisée en Août 2000 montre que les résultats obtenus semblent indiquer que le PADSA est sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de développement qu’il s’est fixés. Elle a toutefois mis en évidence des insuffisances qui persistent au niveau de la stabilité des revenus des femmes, du taux de couverture des besoins en crédit, de la fonctionnalité des OP…etc. Les acquis du PADSA devront être consolidés et les insuffisances corrigées dans une deuxième phase dont la formulation est en cours. Le Programme d’insertion des sans-emplois dans l’agriculture (PISEA) : Ce programme a été initié et financé par le Gouvernement béninois dans le but de résorber le chômage des diplômés sans emploi et des déflatés de la fonction publique, par l’encouragement d’initiatives d’entrepreneuriat et de création d’exploitations agricoles. La stratégie consiste à susciter l’élaboration de micro projets, à mettre en place des crédits pour leur réalisation et à apporter aux bénéficiaires le suivi technique et la formation en gestion des entreprises agricoles. Les activités financées jusqu’ici portent sur la production végétale, le petit élevage, la transformation des

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produits agricoles, le commerce de vivriers. Malgré le taux de crédit assez faible (5%), très peu de femmes y ont accédé. Les plus gros problèmes auxquels le programme se trouve déjà confronté sont la faisabilité des micro projets, le niveau de compétence des promoteurs et le faible taux de recouvrement des crédits. Le Programme de promotion du monde agricole au Bénin (PPMAB) : Ce projet fait suite au programme de professionnalisation (PPAB) et comporte 3 volets : (i) appui institutionnel au MAEP ; (ii) valorisation des acquis du PPAB et (iii) consolidation du Centre d’Appui à la Gestion des Exploitations Agricoles (CAGEA) pour le conseil en gestion des exploitations agricoles. Le PPMAB est initié pour une période de trois ans (1999-2001) dans le cadre de la coopération avec la France et bénéficie de l’appui financier du FAC. Il devrait permettre l’émergence d’opérateurs capables d’assurer de manière durable les services d’appui à l’agriculture. Le PPAB oeuvre actuellement avec les OP pour une meilleure intégration des femmes dans les organes de gestion. 3 - Dans les sous-secteurs et filières spécifiques Au niveau de la production végétale La filière Manioc a fait l’objet d’une grande attention au cours des dix dernières années comme moyen de réduction de l’insécurité alimentaire, de résorption du chômage chez les jeunes diplômés sans emploi et déscolarisés, les femmes rurales chez qui la transformation du manioc en divers dérivés est une activité prépondérante, mais aussi dans le cadre de la diversification des produits agricoles d’exportation. Parmi les initiatives en cours, deux paraissent dignes d’intérêt. Il s’agit du : • Projet de développement de la filière manioc au Bénin : Ce projet récemment mise en oeuvre

vise les objectifs spécifiques suivants : (i) accroître la production du manioc par l’amélioration de la productivité, (ii) améliorer la qualité des produits issus de la transformation du manioc, (iii) satisfaire le marché intérieur et conquérir les marchés régional et international. Ce projet, couvre vingt-cinq sous-préfectures réparties sur toute l’étendue du territoire.

• Programme de développement des racines et tubercules (PDRT) : Les objectifs spécifiques

du programme sont assez semblables à ceux du projet précédent, avec une attention particulière à l’amélioration durable de la fertilité du sol et une ouverture sur les autres plantes à racine et tubercule. C’est un programme d’envergure nationale mais avec des actions ciblées sur quatre zones agroécologiques qui correspondent au Sud-Borgou, l’Ouest-Atacora, le Zou et aux terres de barre du Mono, de l’Atlantique et de l’Ouémé. Les groupes-cibles visés sont les ménages ayant peu de terres ou des terres fortement dégradées, les femmes et les jeunes déscolarisés. La stratégie envisagée consiste à mobiliser le maximum de connaissances technologiques disponibles pour la production et la transformation , à rapprocher autant que possible la production des marchés par le désenclavement des zones concernées et à rechercher localement les synergies des acteurs plus informés et plus nantis pour accroître l’efficacité des groupes cibles. La participation des communautés de base et des bénéficiaires est un principe-clé du programme qui s’appuiera sur les services agricoles et les projets existants dans le secteur.

Au niveau de l’élevage : Les propositions de stratégies élaborées en 1994 pour le sous secteur élevage visent à :

- intensifier les productions génératrices de résidus destinés à l’alimentation complémentaire du bétail ;

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- assurer une meilleure maîtrise des épizooties ; - améliorer la productivité de cheptel en modernisant les systèmes de production ; - accorder une grande priorité aux espèces à cycle court (conventionnelles et non

conventionnelles) ; - promouvoir la culture attelée ; - améliorer la rentabilité financière de l’élevage.

Divers projets du sous secteur sont réalisés dans le cadre des options découlant de la stratégie et du plan d’action pour le sous-secteur Elevage (SPAE) dont le Projet de développement de l’élevage (PDE) et le Projet d’appui au développement de l’élevage dans le Borgou (PADEB). Le PDE par exemple est l’un des plus importants projets du sous-secteur élevage, de par sa durée, son coût et sa couverture géographique (20% du territoire national regroupant 15 circonscriptions administratives dans le Borgou, les Collines, le Mono, le Plateau et le Zou). Ses objectifs spécifiques sont (i) l’amélioration des performances des races locales, (ii) l’amélioration de l’aviculture traditionnelle, (iii) l’intégration agriculture-élevage et (iv) la création d’un nouveau type d’éleveur ouvert aux méthodes de gestion rationnelle. Le projet utilise une approche participative avec l’implication des bénéficiaires, des structures locales de développement rural, des autorités et élus locaux. De plus l’approche "Genre" paraît fortement recommandée dans le PDE notamment pour tenir compte de la multitude des femmes impliquées dans le petit élevage, la gestion du lait etc. Au niveau de la pêche : Parmi les projets sous tutelle de la Direction des Pêches, l’on peut distinguer entre autres : • Le projet d’appui institutionnel financé par le Japon sous forme de don de matériels et

d’équipements de pêche en vue de (i) faire des recherches sur les caractéristiques du plateau continental béninois et sur ses ressources dans le cadre d ‘une gestion durable , (ii) améliorer les conditions de travail et le revenu des pêcheurs artisans en leur facilitant l’approvisionnement en matériels à coût réduit et la maintenance des équipements, (iii) former les acteurs de la filière pêche sur la gestion durable des ressources halieutiques et sur les nouvelles technologies de pêche.

• Le Programme pour des moyens d’existence durables dans la pêche qui vise notamment à

renforcer le capital social et humain des communautés de pêcheurs et à développer un environnement politique et institutionnel favorable à l’exercice de la profession. Financé par la Coopération anglaise (DFID), il couvre 25 pays partenaires et comporte des projets réalisés au niveau national et des projets pilotes à l’échelle régionale. Il est exécuté avec l’appui de la FAO. Au niveau national, le programme appuie la promotion des communautés locales des zones de pêcheries. C’est dans ce cadre qu’a été initié en juin 2000 un premier petit projet relatif au « Renforcement des capacités techniques et organisationnelles de la communauté du port de pêche de Cotonou ».

Beaucoup reste à faire au regard de la persistance des pratiques préjudiciables aux ressources halieutiques, ce qui engendre la baisse des volumes de capture et affecte les revenus déjà faibles dans ces communautés de pêche considérées souvent comme des "zones à risques" et où la pauvreté sévit encore plus chez les femmes.

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4 - En matière de protection de l’environnement et de gestion des ressources naturelles Le Bénin a adopté en 1994 une politique forestière qui constitue le cadre d’orientation des programmes et projets dans le domaine de la protection de l’environnement et de gestion des ressources naturelles. Elle vise essentiellement à (i) conserver le potentiel forestier et renforcer la capacité de régénération des écosystèmes, (ii) satisfaire de façon durable les besoins des populations en produits forestiers et (iii) contribuer à la sécurité alimentaire par des interactions entre agriculture, élevage et foresterie. Les stratégies envisagées sont entre autres : l’élaboration et la mise en œuvre avec les communautés rurales des plans simples de gestion des ressources naturelles, la liaison entre le développement forestier et celui d’activités génératrices de revenus, la promotion de l’agroforesterie, l’exploitation et la valorisation des produits forestiers avec le secteur privé. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les projets en cours : Projet de gestion des terroirs et des ressources naturelles (PGTRN), le Projet bois de feu dans le sud-Bénin, le Projet de Gestion des Forêts et des Terroirs riverains, le Projet Aménagement des Forêts des Monts Kouffè. Parmi les stratégies des programmes et projets élaborés et mis en œuvre pour la gestion des ressources en eau et du sol, on peut citer : le Projet de gestion des plans d’eau, formulé à partir du constat d’une dégradation constante des écosystèmes et des ressources des complexes fluvio-lagunaires du Sud Bénin due à une surexploitation des plans d’eau et à leur mauvaise gestion. Ce Projet vise donc à établir une gestion rationnelle des plans d’eau en proposant (i) des mesures écologiques tendant à créer les conditions favorables au développement de la faune aquatique et à proposer des solutions alternatives pour réduire la pression sur les ressources ; (ii) des mesures administratives visant l’amélioration de l’efficacité de l’administration des pêches. 5 - Autres projets et programmes du secteur agricole Projet de Lutte intégrée contre les principaux organismes nuisibles du niébé (Projet NIEBE) Les activités de ce projet démarré en 1997/1998 sont beaucoup plus localisées dans les départements de l’Ouémé et du Plateau. Les objectifs poursuivis sont : (i) l’identification, l’amélioration et la promotion des technologies endogènes de protection durable de la culture du niébé à travers l’utilisation des pesticides botaniques et le développement des pratiques de gestion des écosystèmes entourant les champs de cultures, (ii) la réduction des risques liés à l’utilisation des pesticides de synthèse sur la santé humaine et sur l’environnement et (iii) la contribution au renforcement des capacités institutionnelles dans le domaine de la protection des cultures. L’approche interactive recherche-vulgarisation introduite auprès des producteurs du niébé de la vallée de l’Ouémé et du Plateau grâce à ce projet, devra se renforcer pour offrir effectivement des possibilités égales de participation aux différentes catégories de producteurs et productrices de la zone. Projet d’Appui à la Recherche Participative (PARP) : Le PARP est formulé pour deux ans (octobre 1999 à octobre 2001) et fait partie d’un grand programme de recherche élaboré pour l’ensemble du Système National de Recherche Agricole. L’objectif global de ce projet est l’augmentation de l’impact de la recherche agricole en termes d’innovations technologiques et méthodologiques qui répondent aux besoins des producteurs toutes catégories confondues et qui contribuent au développement agricole durable. Comme éléments novateurs de ce projet, on peut citer, entre autres : (i) le renforcement de l’analyse systémique des systèmes de production, (ii) une évolution progressive de l’approche R-D vers la démarche du Développement Participatif des Technologies, (iii) une meilleure intégration de la recherche thématique et de la R-D et une plus

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grande implication des utilisateurs que sont les organisations paysannes, les ONG et les organismes chargés de la vulgarisation. Projet de promotion de la Filière des Ressources Alimentaires Non Conventionnelles (pp-FRANC) : Ce projet est formulé pour cinq ans (2000-2004), dans le but d’améliorer les conditions de vie des femmes rurales à travers la promotion d’une filière dynamique auto-gérée des ressources alimentaires locales non conventionnelles. Il s’agit notamment de la culture des champignons comestibles et l’élevage des escargots, activités qui s’accommodent bien des travaux domestiques de la femme et de la situation des paysans sans terre. Un centre de formation en élevage des escargots et en culture de champignons comestibles est opérationnel à Togba dans la sous-préfecture d’Abomey-Calavi (Département de l’Atlantique). Plus d’une centaine de paysannes et d’encadreurs ruraux y sont déjà formés tandis que environ 80 productrices pilotes sont installées et suivies dans leurs activités. Projet de promotion apicole et fruitière intégrée : La première phase de ce projet,a permis de former plus de 500 paysans et paysannes aux techniques d’apiculture moderne et d’amener près de 800 apiculteurs et apicultrices à adhérer aux coopératives apicoles formant le réseau de l’Union des coopératives d’apiculteurs-planteurs du nord (UCAP). Les objectifs de la deuxième phase lancée depuis 2000 sont relatifs (i) au renforcement des acquis en matière d’apiculture pour le développement des économies locales, la protection et la valorisation des ressources forestières, (ii) au renforcement des acquis en matière d’appui à l’organisation des producteurs et productrices pour la structuration et la maîtrise de la filière apicole. Il participe à la diversification des filières au profit des paysans et paysannes sans ressources. Projet d’appui à la préparation d’un plan d’actions opérationnel de gestion de la fertilité des sols : Ce projet lancé en 2001 pour une durée de dix (10) mois est formulé pour appuyer la Direction de la Formation Opérationnelle et de la Vulgarisation Agricole du MAEP dans la préparation d’un plan d’action national pour la gestion durable de la fertilité des sols au Bénin. Entre autres actions, il est prévu la réalisation d’études thématiques portant sur les technologies disponibles, les problèmes fonciers et les intrants, puis la mise en œuvre d’actions pilotes villageoises dans huit sites représentatifs des conditions écologiques du Bénin. Les résultats attendus revêtent une importance capitale car touchant de près le premier facteur de production en milieu rural (la terre) qui met en jeu des relations inégales entre hommes et femmes, entre propriétaires terriens et utilisateurs et qui sont lourdes de conséquences. 6 - En matière de promotion de la femme La promotion de la femme béninoise en général et de la femme rurale en particulier, est considérée aujourd’hui comme une priorité. A cet égard, des avancées positives en termes de politiques et stratégies résident dans l’existence de documents officiels à savoir : (i) la Politique nationale de promotion de la femme (PNPF) et (ii) la Politique de promotion de la femme dans le secteur agricole et rural (PPFR). Cette priorité est également réaffirmée dans le DSRP. De la PNPF Le plan d’action de la PNPF vient d’être élaboré et vise les objectifs ultimes suivants :

• promouvoir un développement intégral et équilibré de l'ensemble des couches et catégories sociales du Bénin ;

• créer des conditions dans lesquelles les plus défavorisés peuvent combler leurs besoins quotidiens et participer activement à la définition et à la promotion de leurs propres projets de développement social ;

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• mettre en œuvre les mesures s'adressant spécifiquement aux femmes mais aussi promouvoir les besoins et intérêts spécifiques des femmes et des hommes à travers les programmes généraux.

Le but est de contribuer à la réduction à court terme et à l'éradication à long terme des disparités entre les deux composantes de la société (hommes et femmes) dans tous les secteurs d'activités pour le développement équitable et durable. L’objet est de contribuer à la création environnement favorable à la mise en œuvre des politiques et plans de développement, notamment en ce qui concerne la promotion de l’équité et de l’égalité entre homme et femme. Pour le secteur agricole et rural et tirant les éléments de la PPFR, trois principaux domaines ont été retenus à savoir : (i) Genre et Agriculture, (ii) Genre et Elevage et (iii) Genre et Pêche. Tableau n° 1 : Genre et agriculture

Problématique principale

Causes des inégalités

Mesures et actions

difficultés d’accès aux biens et aux ressources de développement, bas niveau

d’instruction difficulté d’accès

aux prises de décision de tous genres situation encore

plus difficile pour les femmes chefs de ménage

faible productivité du travail agricole des femmes insuffisance des

terres fertiles agricoles précarité de

l’aménagement de l’espace rural Faibles revenus

agricoles

1) Amélioration des revenus agricoles des hommes et des femmes → amélioration de la production (quantité et qualité) en diversifiant les cultures ; → organisation de l’encadrement technique des agriculteurs et agricultrices ; → création de marchés intérieurs ; → promotion de petites unités de transformation et de conservation. 2) Amélioration de la productivité du travail agricole des femmes → améliorer l’accès des femmes à tous les intrants ; → accroître leur accès aux terres fertiles ; → accroître le rendement des terres cultivées ; → renforcer l’encadrement technique par la vulgarisation de nouvelles techniques culturales et l’alphabétisation fonctionnelle des femmes. 3) Aménagement de l’espace rural → création d’unités industrielles constituant des pôles de développement ; → accès aux équipements collectifs (écoles, dispensaires, points d’eau, énergie électrique, centres de loisirs et d’animation) ; → organisation de marchés périodiques dans les zones rurales.

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Tableau n° 2 : Genre et élevage

Problématique principale

Causes des inégalités

Mesures et actions

difficultés d’accès au crédit faiblesse

d’encadrement technique insuffisance des

activités de recherche (bas niveau de savoir technique et de la production)

D’où : - faible productivité des animaux - faible fécondité des vaches - mortalités élevées petits ruminants et porcs - insuffisance quanti- tative et qualitative des aliments du bétail - faible production d’intrants locaux (coûts de production élevés) - forte dépendance de l’extérieur pour facteurs de production et matières premières

difficultés d’accès aux biens et ressources de développement bas niveau

d’instruction difficulté d’accès

aux décisions de tous genre

1) Dégagement de l’Etat → Réduction de la place de l’Etat dans le secteur ; → Responsabilisation de chaque partenaire afin de garantir une efficacité ; → Décentralisation des activités avec toutes les garanties nécessaires.

2) Restructuration de filières → Inventaire des effectifs existants au niveau national ; → Mise en place d’une politique de couverture sanitaire vétérinaire ; → Formation de petits éleveurs aux techniques d’hygiène ; → Vulgarisation des techniques d’organisation en association pour les petits éleveurs.

3) Revalorisation de la place de l’élevage dans l’économie nationale → Mise en place d’une politique visant à réduire les coûts de la production ; → Mise en place des mesures incitatives ; → Encadrement des éleveurs (hommes et femmes) ; → Mise en place de structures et de programmes d’appui aux éleveurs ; → Promotion de la transformation des produits de l’élevage par les femmes. 4) Gestion du problème foncier → Mise en place d’une législation garantissant l’accès égal et équitable des hommes et des femmes aux terres fertiles ; → Gestion rationnelle des terroirs 5) La promotion de l’intégration des groupements d’éleveurs → Promouvoir des coopératives d’éleveurs ; → Sensibilisation des éleveurs ; → Promotion du couplage agriculture-élevage.

Tableau n° 3 : Genre et pêche

Problématique principale

Causes des inégalités

Mesures et actions

Conditions actuel- les d’exploitation et de commercia- lisation limitées et élémentaires ; Bas niveau de

modernisation des techniques de pêche ; Techniques

d’exploitation obsolètes ; Faible production.

Encadrement des pêcheurs défici- taire ; Techniques et

équipements de production et de conservation souvent défaillants ; Promotion des

pêcheurs insuffisante (manque de ressources et de motivation, niveau de formation insuffisant …)

1° Renforcement de la flotte par l’acquisition de nouvelles unités → Elaboration de projet pour le renforcement de la flotte ; → Etude de la sélectivité des engins ; → Achat ou location de nouvelles unités de capacité importante pour que la flotte soit plus performante et soit capable d’accéder à la haute mer ; → Formation du personnel (pêcheur professionnel) à l’utilisation des nouvelles acquisitions. 2° Formation des pêcheurs → Identification des besoins en formation par une enquête auprès des pêcheurs ; → Elaboration des modules de formation et de vulgarisation ; → Identification des personnes à former et/ou à sensibiliser ; → Réalisation de la formation/sensibilisation. 3° Construction d’un centre de recherches halieutiques, support indispensable à l’application des politiques d’aménagement → Etude de faisabilité et de rentabilité du centre de recherche ; → Mise en place des fonds nécessaires ; → Implantation des structures et leur mise en activité.

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De la PPFR Les éléments de diagnostic qui ont servi de base à l’élaboration de la PPFR sont:

- le statut social qui maintient la femme rurale dans une situation de dépendance socio-économique et culturelle permanente par rapport à l’homme ;

- le manque de confiance en soi qui empêche la femme de prendre des initiatives propres à modifier son état d’esprit de dominé ;

- les difficultés d’accès à l’alphabétisation, à l’instruction et aux technologies ; - le faible accès aux ressources productives (terre, crédit…) qui freine la prise d’initiatives.

L’état des lieux du secteur agricole et rural montre que les femmes sont très actives dans les divers domaines de la vie économique et sociale, notamment ceux liés à la production (végétale, animale, halieutique), à la reproduction et à la collectivité. Malgré les efforts entrepris pour améliorer la participation des femmes béninoises en général et celles rurales en particulier aux actions de développement, beaucoup reste encore à faire pour rendre visibles et irréfutables la complémentarité et la spécificité de ce groupe social en liaison avec celui des hommes. En dépit des nombreux atouts et au-delà des difficultés généralement ressenties par l’ensemble des populations rurales la femme continue d’être spécifiquement confrontée à de multiples contraintes dans les domaines de l’éducation/formation, de l’emploi, de l’accès aux ressources productives, de participation aux organes de prise de décision. La raison d’être de la Politique de Promotion de la Femme dans le Secteur Agricole et Rural (PPFR) est : • d’inscrire de façon cohérente la prise en compte explicite des femmes rurales dans la

planification globale dudit secteur par une intégration étroite des aspects « genre » dans l’ensemble des politiques et programmes du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP),

• de définir des stratégies nécessaires à la mise en œuvre de cette politique en faveur des femmes rurales et de servir de base pour la formulation des plans d’actions concertés avec l’ensemble des acteurs dans les différents sous-secteurs agricoles du pays, de manière à adapter les activités, les appuis et les ressources aux besoins et intérêts des hommes et des femmes à la fois.

La PPFR part du principe que ″la modernisation de l’agriculture familiale pour son accès aux marchés″, telle qu’envisagée par le Schéma Directeur du Secteur de Développement Rural au Bénin, s’inscrirait mieux dans la durabilité si des dispositions étaient prises pour corriger les inégalités entre hommes et femmes du monde rural dans l’accès et le contrôle des ressources, le partage des avantages de la croissance, la responsabilisation et la participation effective aux prises de décision. A cet égard, l’objectif global est de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des ruraux en donnant aux femmes et aux hommes des possibilités égales afin que tous participent au même titre au processus de développement du Bénin. Elle met en relief que loin de procéder d’une vision séparée, la PPFR vient plutôt en appui au Schéma Directeur du Développement Rural (SDDR) et au Plan stratégique opérationnel (PSO) qui a déjà mis en relief l’importance et la place que le MAEP souhaite donner au thème « Genre et Développement » dans le cadre de sa stratégie de développement du secteur. Il s’agit donc de s’assurer que l’intention clairement affirmée de prendre en compte les besoins et intérêts des femmes rurales se traduit concrètement dans les différents plans sectoriels qui seront formulés.

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Les objectifs spécifiques définis sont les suivants : • Assurer l’accès des femmes rurales aux ressources productives et aux opportunités d’emploi

de façon durable en vue de l’amélioration de leurs revenus ; • Renforcer les capacités d’action des femmes rurales pour une utilisation durable des

ressources disponibles et une exploitation rationnelle des opportunités existantes ; • Donner aux femmes rurales les possibilités d’influencer le cours du développement grâce à

l’usage de leurs droits et l’amélioration de leur participation aux processus de décision. En conformité avec ces objectifs spécifiques, trois grands axes stratégiques sont retenus et de grandes lignes d’actions sont proposées aux différents intervenants : Axe n° 1 Axe n° 2 Axe n° 3 Amélioration de l’accès des femmes aux ressources ▪ Favoriser l’accès des femmes

rurales à la terre de façon sécurisante

▪ Rendre le crédit plus accessible aux femmes rurales

▪ Améliorer l’accès des femmes rurales aux intrants agricoles en les intégrant dans les réseaux d’approvisionnement et de distribution

▪ Promouvoir la valorisation des productions agricoles au profit des femmes rurales

- amélioration des structures de stockage et des pratiques de conservation

- amélioration des conditions et procédés de transformation chez les femmes rurales

- intégration des femmes rurales dans les réseaux de commercialisation plus structurés:

▪ Favoriser l’accès des femmes rurales aux emplois rémunérateurs

Renforcement des capacités d’action des femmes rurales ▪ Renforcer les programmes

d’éducation et de formation professionnelle des femmes rurales

▪ Encourager la scolarisation et la formation durable des filles en milieu rural

▪ Encourager le développement et le transfert des technologies appropriées en faveur des femmes

- Orientation de la recherche et recherche-développement pour des solutions alternatives aux contraintes des agricultrices.

- Appui à la diffusion et l’adoption des acquis technologiques à travers des dispositifs de vulgarisation réellement accessibles aux femmes rurales

- Réduction de la surcharge de travail des femmes rurales

▪ Développer l’information et la communication en faveur des femmes rurales pour un changement social

▪ Renforcer les capacités d’organisation des femmes rurales et leur participation au sein des organisations paysannes et autres associations

Développement d’un environnement institutionnel et juridique favorable ▪ Assurer l’appui institutionnel

requis pour rendre l’agriculture accessible, attrayante et rémunératrice pour les femmes rurales

▪ Soutenir l’émergence

politique des femmes rurales et leur participation aux prises de décision

▪ Apporter un appui à

l’amélioration du statut juridique des femmes rurales

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IV- Les acteurs dans la mise en œuvre de la stratégie de développement agricole et rural sous l’angle du genre

Les tableaux présentés ci-après font état des acteurs concernés par les différentes actions prévues pour la mise en œuvre de la stratégie de développement agricole et rural du Bénin dans une optique genre. Ils sont donc basés sur les références de la politique du secteur, notamment le Schéma directeur du secteur de développement agricole et rural (SDRR, avril 2000), le Plan stratégique opérationnel (PSO, août 2000) et la Politique de promotion des femmes dans le secteur agricole et rural (PPFR, septembre 2001). Les informations tiennent compte des conséquences institutionnelles des options politiques choisies (libéralisation, désengagement de l’Etat , décentralisation) et de l’émergence de rôles et d’acteurs nouveaux: • L’Etat s’est recentré autour de ses fonctions régaliennes, de programmation et de coordination,

de fonctions d’appui et d’accompagnement, de facilitateur du rôle des autres acteurs. Il conserve les missions qu’il est le seul à pouvoir exercer (exclusives), et celles qu’il partage avec les organisations paysannes (OP), le secteur privé et les ONG (missions non-exclusives). L’Etat lui-même se scinde en deux : les administrations de l’Etat central et déconcentré et les collectivités décentralisées.

• Les organisations paysannes (OP) ont désormais un rôle élargi s’accompagnant d’un renforcement des services qu’elles assurent (services mutuels, approvisionnement, transformation, conservation, organisation , financement, etc.) tandis que les Chambres d’agriculture sont appelées à jouer un rôle important, complémentaire des OP qui y sont représentées.

• Le secteur privé et les ONG sont appelés à prendre progressivement le relais des fonctions sur lesquelles l’Etat s’est désengagé, telles que services d’appui agricole, approvisionnement en amont de la production et prestations de services, etc.

On retrouvera donc dans les tableaux les grands axes des politiques agricoles et rurales assorties de leurs implications en terme de ‘genre’ et des expériences déjà vécues dans les différents domaines. Des tableaux séparés sont également présentés sur les parties prenantes des pistes d’action proposées dans la Politique de promotion de la femme dans le secteur agricole et rural.

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Intervention de l’Etat (forte, mais non exclusive)

Appui aux nouveaux acteurs

Organisations paysannes • Reconnaissance officielle (pour la

modernisation du cadre juridique et la responsabilisation dans la co-gestion des filières et l’élaboration des politiques)

• Actions d’accompagnement (pour encourager l’émergence de nouvelles OP, appuyer la réflexion sur leur identité et rôle, appuyer l’organisation, alphabétiser, appuyer les formations techniques et formations aux fonctions des OP, mettre à disposition des ressources.

MAEP Problèmes rencontrés : • Insuffisance de moyens humains,

financiers et matériels • Manque d’adéquation entre profil de

poste et profil des agents • Gestion du personnel inadéquate

(incitations, plan de carrière) • Défaillance du système d’appui conseil

vers les structures décentralisées.

Secteur privé Quatre domaines de contraintes : • Réglementation : simplification du

cadre réglementaire • Fiscalité : simplification et

rationalisation de la fiscalité • Financement du secteur privé par:

création de banques de financement agricole, développement de partenariats public-privé, mise en place de crédits à moyen terme, d’un mécanisme de soutien ou garantie des crédits agricoles, octroi de crédits de campagne aux productions autres que le coton, accès des femmes et jeunes au crédit

• Capacités organisationnelles : renforcement

Collectivités locales Nouvelle articulation entre Etat et collectivités locales

Actions : • Définir le système de procédures de

fonctionnement qui devront régir les Directions concernées et CARDER

• Définir rôles techniques et tâches des agents

• Améliorer la collaboration entre CARDER et ONG

Actions : • Réforme en profondeur de la gestion

du personnel et important programme de formation

• Mettre en place des mécanismes budgétaires pour garantir le financement régulier des frais de fonctionnement des agents du MAEP

Actions : Résoudre les contraintes relevées ci-haut.

Actions : • Promouvoir des méthodes et procédures

de décision permettant de faire des choix publics efficaces (formation)

• Inciter à la réalisation d’investissements en apportant des cofinancements publics nationaux et en facilitant l’apport de cofinancements interna- tionaux (finances publiques et contrôle)

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Implications pour le genre : étant donné l’importance de garantir l’émergence d’OP mixtes représentatives des différentes couches socio-économiques et de groupements féminins et pour aider ceux-ci à jouer pleinement leur rôle, les agents du MAEP, à tous les niveaux, devront recevoir des formations particulières, en particulier sur les questions ‘genre’ et les outils nécessaires. Il est en effet indispensable que les Directions techniques et les CARDER incluent de façon constante la dimension ″genre″ dans les mesures qu’ils ont la responsabilité de proposer, dans l’appui qu’ils ont le devoir d’apporter aux autres acteurs et dans les relations fonctionnelles qu’ils doivent développer avec d’autres structures. De plus, le dispositif institutionnel du MAEP en lui-même oriente d’office certaines de ses structures vers la prise en compte des relations entre différents groupes sociaux notamment pour des activités faisant des femmes rurales un groupe cible privilégié du fait de la division traditionnelle des rôles. L’on pourrait citer à titre illustratif les cas de (i) la Direction du Génie Rural et l’Institut des Recherches Agricoles du Bénin, pour les technologies appropriées de transformation des produits agricoles et l’aménagement des infrastructures de production ; (ii) La Direction de l’Elevage pour l’appui à la promotion de l’élevage des espèces à cycle court s’accommodant bien des charges domestiques des femmes et des moyens limités des paysans sans terre et des jeunes ; (iii) la Direction des Pêches qui intervient dans un sous-secteur où les activités des hommes (pêche maritime et continentale artisanale) sont fortement interdépendantes avec celles des femmes (gestion post-capture)…etc. La présence des femmes aux postes de responsabilité sera encouragée. Les formations tiendront compte des nouveaux besoins du personnel pour réaliser ses fonctions en les plaçant systématiquement dans une optique ″genre″. Par rapport aux ressources humaines, le nombre restreint de femmes agronomes et de candidatures féminines aux postes techniques se reflète au niveau du personnel de direction. Un cas illustratif est celui de la Direction de la formation opérationnelle et de la vulgarisation (DIFOV), où on ne trouve pas de femmes. La même situation se reflète sur le terrain. Pour le dernier recrutement d’Agents polyvalents de vulgarisation (APV) financé par l’AIC, sur 240 candidats, il n’y avait que 27 femmes. Cette différence est encore plus marquée chez les Techniciens spécialisés (TS) avec une seule femme sur 60 candidats retenus. La situation est un peu meilleure au niveau des Agents permanents de l’Etat (34 femmes sur 139). Tous les techniciens devront être formés et/ou recyclés à l’approche ″genre et développement″. Appui aux groupes vulnérables Cet appui est requis pour éviter une paupérisation des groupes les plus vulnérables et concerne aussi différents domaines tels que : la lutte contre la pauvreté, la sécurité alimentaire, la nutrition et l’alimentation et les préoccupations liées à la promotion des femmes. Etant donné que ces questions sont transversales et sont abordées dans la activités génératrices de revenus et autres chapitres du schéma directeur, c’est surtout sur les questions de sécurité alimentaire et de nutrition que cet appui est axé. Différentes réalités sont à considérer : hypothèse d’un déficit vivrier (à étudier); prise en compte des disparités géographiques; état nutritionnel de la population resté insuffisant. La question des poches d’insécurité est importante et liée aux caractéristiques de l’économie rurale de ces zones: faible productivité, faible connexion au marché (approvisionnement et commercialisation), problèmes de stockage, absence de possibilités de transformation, transport insuffisant, enclavement, etc. Actions : • Elaborer des politiques et programmes d’action conformément à la DPDR et aux éléments tels que la libéralisation, le désengagement de l’Etat, la décentralisation et la promotion

du secteur privé pour les deux problématiques soulevées (poches locales d’insécurité alimentaire et problèmes de nutrition). • Poches locales d’insécurité alimentaire : préservation et amélioration du Système d’information et d’alerte rapide (SIAR); reconstitution des stocks nationaux de sécurité et

évaluation du mécanisme; gestion des stocks par le secteur privé (avec contrôle de l’ONASA); réalisation des investissements prioritaires en matière d’infrastructures ; interventions locales pour la sécurité alimentaire (augmenter les revenus des populations) avec l’accent sur la production vivrière (recherche agronomique, vulgarisation , organisations de producteurs) ; réduction des pertes post-récoltes ; petits ouvrages hydrauliques ; diversification ; amélioration de la productivité de l’élevage ; micro-crédit.

• Problèmes de nutrition : curatif (services sociaux); préventif (éducation : information nutritionnelle, conseil alimentaire, diversification horticole, etc. par les services sociaux de proximité) et promotionnel (promotion des activités génératrices de revenus, alphabétisation, recherche en nutrition, évaluation et surveillance nutritionnelle).

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Implications pour le genre : L’appui aux groupes vulnérables s’inscrit de façon naturelle dans une démarche ‘genre’, en particulier pour ce qui concerne les mesures spéciales à prendre pour garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour tous. Dans ce sens, le rôle des femmes est particulièrement important dans la mesure où ce sont surtout elles qui subviennent directement aux besoins nutritionnels de leur famille. Reconnaître les rôles distincts des hommes et des femmes à l’égard de la nutrition des familles est essentiel pour améliorer la sécurité alimentaire des ménages. Une large gamme d’acteurs doit être impliquée avec le MAEP, comme les ONG, le secteur privé. Les domaines d’intervention des ONG sont extrêmement variés et peuvent être d’appui technique et financier ou se rapporter à des questions comme l’éducation civique, la défense des droits économiques et sociaux, la participation aux processus décisionnels et la gestion du pouvoir politique par les femmes béninoises en général. Ces ONG travaillent avec les femmes (individuelles ou en groupements), selon des démarches centrées sur le développement des AGR, l’alphabétisation, les campagnes de sensibilisation, le plaidoyer dans le but d’améliorer les conditions de vie des femmes tout en éveillant leur conscience pour la participation à la gestion de la Nation aux côtés des hommes. Les contraintes et obstacles à affronter incluent : les pesanteurs socioculturelles ; la surcharge de travail des femmes (faible disponibilité) ; le faible enthousiasme des hommes (réticence) ; l’analphabétisme très marqué chez les femmes ; la complexité et la délicatesse des aspects relatifs au droit et au pouvoir ; l’insuffisance de ressources (propres aux ONG) d’où les actions sont ponctuelles et très limitées dans le temps et l’espace. Malgré quelques avancées positives, notamment dans l’éveil progressif des consciences, l’impact des actions menées, notamment en milieu rural, reste encore faible. La nécessité d’impliquer davantage toutes les catégories sociales et surtout les hommes (intégration plus large de la dimension genre) et d’inscrire les actions dans le long terme, paraît clairement perçue. Crédit rural • Inadaptation aux besoins et contraintes de la demande en raison de la dégradation du réseau du crédit ; • Insuffisance d’accès au crédit pour les petits paysans ; • Absence de banques de développement agricole complémentaires du micro-financement et du crédit à court terme ; • Manque de sécurisation des crédits-intrants, surtout dans le cas des cultures autres que le coton, depuis la libéralisation progressive des filières agricoles. Les principaux acteurs concernés sont la FECECAM et la FeNACREP pour le crédit rural et, pour l’appui à la mobilisation des ressources, l’Agence de Promotion et d’appui aux petites et moyennes entreprises (PAPME) ; Agence de promotion et d’appui au développement des moyennes entreprises (PADME) ; le Centre de promotion des petites entreprises (CEPEPE) ; les Associations de services financiers (ASF) créées sous l’égide des projets (PAGER, PROMIC, PADSA…) et des ONG ; les Organisations paysannes (OP) et la Cellule ‘micro-finance’ du Ministère des Finances et de l’Economie.

Actions : • Adapter le crédit rural aux besoins des populations paysannes, améliorer et pérenniser le ‘crédit de l’Etat sur les cultures vivrières’ accordé aux producteurs agricoles à faible taux

d’intérêt et renforcer les structures de crédit de proximité (ASF, SFL…) • Décentraliser les structures d’appui à la mobilisation des ressources (PAPME, PADME, CEPEDE) vers l’intérieur du pays. • Mettre en place une Banque de développement agricole. • Appuyer les Organisations professionnelles et interprofessionnelles dans la création de systèmes de sécurisation des crédits des intrants.

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Implications pour le genre : En ce qui concerne le Réseau FECECAM, il compte actuellement plus de 400 000 sociétaires dont le tiers au moins sont des femmes. Avec le produit dénommé « Tout petit crédit aux femmes » mis en place depuis environ 8 ans grâce à un appui de l’ACDI, (montant variant entre 10.000 et 50.000 FCFA) à des conditions très souples, les femmes rurales ont pu accéder au crédit plus facilement que par le passé pour mener des AGR. La mise de fond est passé de 2.000.000 FCFA au départ à plus d’un milliard aujourd’hui. Dans l’optique de faire accéder davantage les femmes à ce crédit, à tous autres services des CLCAM et de les faire participer activement à leur gestion, la FECECAM a suscité en son propre sein la création de l’Organisation Nationale des femmes des Caisses Agricoles et Mutuelles (ONAFECAM). Les femmes ne sont pas nombreuses dans les organes du CA et donc ne participent pas activement aux réunions ni aux prises de décision (à cause des pesanteurs socioculturelles et de l’analphabétisme) et les sessions de formation organisées s’adressent beaucoup plus aux hommes qu’aux femmes membres du réseau. L’ONAFECAM vise donc à mener des actions à la fois pour améliorer l’accès des femmes au crédit (accès aux ressources), donner la possibilité à un plus grand nombre de femmes d’intégrer les organes de gestion (participation au processus de décision). Elle vient d’exiger à une AG récente la révision des Statuts afin qu’un quota d’au moins 1/3 de sièges soit réservé aux femmes de façon systématique. Il est noté que la FECECAM a révisé certaines procédures et conditions d’octroi pour faciliter de plus en plus l’accès des couches défavorisées au crédit, par exemple en supprimant les intermédiaires, en acceptant la seule caution solidaire pour des crédits allant de 50.000 à 200.000 FCFA, en encourageant le remboursement échelonné qui permet de réduire le taux d’intérêt. De nouvelles perspectives sont envisagées aussi pour diversifier les produits en direction des hommes et des femmes, au regard de la capacité financière du réseau qui s’élève actuellement à plus de 26 milliards FCFA. On trouve des éléments similaires dans les organisations non gouvernementales (ONG) qui jouent un rôle d’intermédiaire financier, notamment les partenaires du Programme d’appui au développement du secteur agricole (PADSA), composante privée. Pour l’ensemble de ces ONG (voir entretiens détaillés), l’approche choisie est de cibler essentiellement les femmes ( 80 pour cent) et de ne pas exiger de commission, ou de frais supplémentaires. Les montants prêtés tournent généralement autour de 10.000 Francs CFA (maximum 25 000 FCFA) et les caisses villageoises d’épargne et de crédit rural sont autogérées. Les taux de remboursement du crédit du PADSA tournent autour de 75 pour cent. Une des difficultés réside dans l’absence des femmes aux postes à responsabilité (présidence, secrétariat, trésorerie) dans les comités des structures financières créées au niveau local et communal. De plus, au sein des groupements féminins, la tenue des documents de gestion est souvent dans les mains des hommes. Ce constat reflète la réalité du milieu, tels que le manque de volonté, la timidité, l’analphabétisme, etc. Ainsi, des actions d’accompagnement visant à favoriser la participation des femmes et des populations vulnérables aux instances de décision -- alphabétisation (gestion), renforcement des pouvoirs, formation en vue de la décentralisation, formations techniques etc. sont intégrées dans les activités des ONG. Une autre contrainte doit être surmontée : il faut modifier les lois et textes régissant la micro-finance et qui excluent les pauvres. Les ONG s’assurent que la voix des vulnérables est entendue en identifiant les cibles sur le terrain (approche participative au niveau des villages), en réalisant ou consultant les études socio-économiques (intersecteurs). La nature même du petit crédit est déterminante (crédit limité), ainsi que les réunions d’accompagnement qui sont obligatoires. Les thèmes suivants doivent être abordés : impact réel de l’alphabétisation; résultats limités car crédits limités; pas de réinvestissement des petits bénéfices; accès foncier; décentralisation.

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Autres services d’appui

Formation et conseil agricoles Intégration de l’Approche participative au niveau village (APNV). Acteurs concernés : OP, CARDER, Interprofession, ONG et secteur privé, communautés de base.

Recherche et recherche-développement L’approche ‘recherche-développement’ a établi un contact permanent entre la recherche agricole et la vulgarisation ; elle apporte une contribution méthodologique importante au SNVA avec l’APNV Acteurs concernés : OP, CARDER, Interprofession, SNVA, INRAB, FSA, CPU

Communication et information Des services d’information, éducation et communication (IEC) existent dans plusieurs ministères, avec les contraintes suivantes: faible taux d’alphabétisation, absence d’un mécanisme central de coordination stratégique ; absence de suivi et d’évaluation des activités

Actions : • Inciter les OP, ONG et secteur privé à prendre en

charge une partie de la vulgarisation agricole • Envisager un vulgarisation agricole à la demande • Pérenniser le financement du système de

vulgarisation.

Actions :

• Développer les contributions de la recherche-développement au SNVA en la complétant par des outils de gestion

• Elaborer avec le SNVA un système d’évaluation pour disposer d’indicateurs mesurables

• Rendre opérationnels les sites de R-D. • Poursuivre la mise en œuvre du Plan directeur de la

recherche agricole

Actions :

• Renforcer les programmes d’alphabétisation, d’alphabétisation fonctionnelle et post-alphabétisation (consolider et traduire les documents).

• Consolidation d’un mécanisme de concertation et de coordination interministériel

• Extension de la téléphonie rurale et des réseaux de radios rurales locales.

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Implications pour le genre : a) En matière de formation et conseil agricoles Etant donné sa fonction non exclusive, la Direction de la formation opérationnelle et de la vulgarisation (DIFOV) recherche tous types de partenariats, public et privé, notamment avec les distributeurs d’intrants, les associations interprofessionnelles…etc. Les comités de vulgarisation créés au niveau national, départemental et sous-préfectoral constituent en principe un tremplin pour mobiliser tous ces partenaires en tant que sources multisectorielles et/ou pluridisciplinaires. L’objectif est de définir les thèmes de vulgarisation ainsi que les moyens et méthodes appropriées de leur diffusion avec la participation la plus large possible de tous les acteurs concernés, y compris les femmes et les jeunes. Le dispositif d’appui-conseil devra s’élargit davantage avec l’implication des ONG dans les interventions auprès des producteurs et productrices à la base et aussi avec la mise en place de plus en plus de centres de formation ou de promotion rurales prioritairement destinés aux jeunes ruraux et aux femmes. L’expérience de la Direction en terme de genre montre qu’il est difficile d’avoir des femmes aux formations et que l’approche participative est indispensable pour prendre en compte les besoins des femmes et des groupes vulnérables et faire un diagnostic. La démarche privilégiée est l’Approche participative niveau village (APNV) qui implique les différentes couches sociales, groupes sociaux minoritaires ou marginalisés, afin de prendre en compte l’ensemble des problèmes de développement de la communauté (technique, économique, social…). L’APNV est considérée comme l’outil permettant de susciter une demande structurée en appui-conseil de la part des producteurs et productrices à travers l’élaboration d’un plan local et la mise en place d’un ‘‘Comité de concertation’’, organe de pilotage du Plan et qui inclut des représentants des différentes couches. Au sein de ces Comités, on trouve peu de femmes, en tant que trésorières ou conseillères et pratiquement pas comme présidente à cause souvent de leur faible disponibilité (honoraires, surcharge de travail). Il est donc important de bien cibler les groupes socio-professionnels et de renforcer les positions qui s’affirment. Favoriser la participation des couches vulnérables et des femmes demande de : bien connaître les disponibilités des personnes ; prévoir des contributions selon des quotas liés aux capacités en terme de ressources ; tenir compte des perceptions et préoccupations de chaque couche.

Par rapport aux OP et GF, l’analyse de genre devrait être approfondie. La question de la gestion est importante. Il y a dans les OP des catégories de producteurs différentes, avec des intérêts divers. Il faut favoriser le développement endogène. La question des statistiques demande aussi d’être approfondie pour mieux traiter les questions à partir d’informations reflétant la réalité.. b/- En matière de recherche et Recherche-Développement Le plan directeur de recherche agricole permet d’établir des programmes plus cohérents avec des axes d’interventions prioritaires en adéquation avec les besoins du plus grand nombre de producteurs. Les quatre équipes R-D qui évoluent actuellement dans les différentes zones agroécologiques retenues (Sud, Centre, Borgou et Atacora) ont la responsabilité d’assurer cette adéquation de concert avec les comités régionaux de R-D mis en place. Pour atteindre le degré d’opérationnalité souhaitée, une analyse différentielle selon le genre s’impose aux équipes et comités R-D, en vue d’une meilleure connaissance des différents agro-systèmes villageois et des contraintes différemment vécues selon le groupe social, d’une appréciation plus juste des priorités des hommes et des femmes et de leurs besoins en innovation et de la participation réelle de tous les concernés au choix des thèmes de pré-vulgarisation et de vulgarisation. c/- En matière de communication et information Les questions liées à la communication et à l’information sont de plus en plus importantes pour l’ensemble des communautés et au sein des différents groupes sociaux (notables, leaders paysans, hommes, femmes, jeunes) et dans les groupements professionnels de producteurs/productrices agricoles. En tant qu’éléments catalyseurs de la formation et du conseil agricoles, elles trouvent de plus en plus un terrain favorable avec la libéralisation de l’espace audio-visuel. Le renforcement des canaux traditionnels d’échange et de communication par la pluralité de médias (notamment les radios rurales et communautaires), devra contribuer non seulement à l’évolution des savoirs et savoirs-faire agricoles des hommes et des femmes, mais aussi à l’évolution des attitudes et comportements sociaux pour plus d’équité. Il est nécessaire d’exploiter de façon synergique tous les canaux médiatiques disponibles (programmes participatifs adéquats et technologies de communication appropriées) afin d’instaurer dans le secteur agricole et rural un cadre de partage de connaissances et d’élargir le dialogue sur les questions liées au genre.

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Programmation et suivi Manque de données fiables, continues, désagrégées selon le sexe/ Acteurs concernés : DPP Actions • Disposer des données statistiques fiables et régulières concernant des indicateurs de filières et des indicateurs transversaux. Ces données proviendront du Système national intégré

de statistique agricole (SNISA) et encourager la standardisation des instruments de collecte et la mise en commun des données de tous les acteurs. • Diffuser ces données sous forme brute et synthétisée à l’ensemble des utilisateurs potentiels, publics et privés, au niveau central et régional. • Développer les capacités d’analyse des différents acteurs. • Développer la capacité de définition des politiques à partir de ces choix et capacité d’analyse d’impact et d’évaluation. • Améliorer les capacités de négociation dans les enceintes internationales. • Mettre en place un système de suivi interne des actions au sein du MAEP. Implications pour le genre : Elles sont très nombreuses vu les objectifs globaux du MAEP et la dimension ‘genre’ inhérente à ceux-ci. Tout le système de suivi-évaluation doit par conséquent inclure des indicateurs permettant de suivre les avancées en la matière. Jusqu’à présent, les efforts menés par la CFDAR ont consisté en la réalisation d’une étude sur les statistiques agricoles différenciées par sexe, la proposition de canevas aux Directions techniques du MAEP et aux CARDER pour faire ressortir les rapports Homme/Femme dans les plans de campagne, les rapports d’activités et plans d’action. Elle a organisé également des rencontres périodiques de suivi de l’application de l’approche Genre et Développement. Mais les résultats dans l’ensemble sont encore peu satisfaisants, en raison des insuffisances à divers niveaux (ressources humaines, méthodologie…). Pour cela, la mise en place d’un système de collecte et d’utilisation des données ventilées par sexe, groupe d’age et groupe socioéconomique est impératif.

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V- Les parties prenantes de la PPFR On trouvera ci-après une liste indicative des acteurs concernés par l’application de la Politique de promotion de la femme dans le secteur agricole et rural, notamment à travers les pistes proposées pour chacun des axes majeurs de la PPFR, à savoir : 1. l’amélioration de l’accès des femmes rurales aux ressources ; 2. le renforcement des capacités d’action des femmes rurales ; 3. le développement d’un environnement institutionnel et juridique favorable. Amélioration de l’accès des femmes rurales aux ressources

Aspects légaux et plaidoyer MAEP avec le Comité d’Experts et du Comité Interministériel de Suivi2 et avec la collaboration du Ministère de la Famille, de la Protection Sociale et de la Solidarité (MFPSS)

Mécanismes, participatifs, crédits fonciers MAEP, projets de développement sous tutelle ou départements ministériels

Redistribution des terres du domaine privé ou public de l’Etat

autorités politico-administratives

Favoriser l’accès des femmes rurales à la terre de façon sécurisante

Négociations (baux), sensibilisation MAEP et communautés de base (hommes), comités de gestion foncière

Concertation pour l’assouplissement des critères de sélection

MAEP, Cellule de micro-finance/MFE Consortium Alafia, Association des praticiens de la microfinance, Fédération des caisses d’épargne et de crédit agricole mutuel (FECECAM) Fédération nationale des caisses rurales d’épargne et de prêt (FENACREP)

Rendre le crédit plus accessible aux femmes rurales

Promotion de systèmes de crédit répondant aux besoins locaux, sensibilisation des GF ; appui en vue de l’épargne et du crédit

structures décentralisées et des ONG, groupements de femmes, ONG et projets ASF mises en place dans le cadre de certains projets (PILSA, PAGER, PROMIC) agences du PAPME, du PADME et de l’AGeFIB

Promouvoir un mécanisme d’approvisionnement et de crédits intrants

USPGF, UDGF et autres Améliorer l’accès des femmes rurales aux intrants agricoles en les intégrant dans les réseaux

Mettre en place un programme cohérent de fourniture d’aliments, de produits vétérinaires et de matériels d’élevage selon des procédures accessibles aux femmes rurales

Services publics d’Elevage, projets en cours, officines vétérinaires privées, structures et ONG spécialisées

2 Ces Comités sont sous la supervision conjointe du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, du Ministère de la Justice, de la Législation et des Droits de l’Homme et du Ministère des Finances et de l’Economie

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d’approvisionnement et de distribution

Promouvoir une filière « semences maraîchères » en intégrant les groupements féminins dans l’approvisionnement et la distribution des semences de bonne qualité.

associations de producteurs de fruits et légumes en partenariat avec les Services d’Etat et le secteur privé (ONG, importateurs privés, structures de production et de distribution)

Amélioration des structures de stockage et des pratiques de conservation information et sensibilisation des GF sur la construction des structures de stockage, les techniques appropriées de conservation et de gestion des stocks de produits agricoles ; meilleure intégration des femmes dans les structures de gestion de magasins collectifs ; accès au financement approprié pour la construction d’infrastructures et pour l’acquisition d’équipements de conservation.

Projet CTC, structures du MAEP, associations professionnelles, promoteurs privés, OP et ONG

Amélioration des conditions et procédés de transformation chez les femmes rurales : technologies endogènes et technologies adaptées de transformation et stockage/ conservation ; vulgarisation ; promotion des équipements de transformation déjà disponibles et en faciliter l’accès des GF; appui-conseil sur label, respect des normes de qualité des produits de transformation et institutions; actions de promotion de leurs produits de transformation ; appui aux structures chargées de la certification et du contrôle et diffusion en milieu rural (médias de masse et les structures d’information) avec une attention particulière aux femmes.

Organismes d’appui au monde rural, les structures faîtières des OP, le réseau TPA, l’Association Nationale des Industriels du Bénin (ASNIB) et autres promoteurs privés ainsi que les institutions de financement.

Intégration des femmes rurales dans les réseaux de commercialisation plus structurés : établissement de cadre de partenariat avec les opérateurs économiques pour l’approvisionnement des unités de transformation gérées par les femmes et/ou la mise en marché des produits du crû qu’elles commercialisent ; la sensibilisation des femmes pour leur adhésion à ces associations ; renforcement des capacités financières des femmes impliquées dans ces transactions. Organisation et gestion pour la collecte et la mise en marché des produits agricoles de qualité marchande.

Organisations paysannes faîtières telles que FUPRO, GEA, FeNURCAR, USPGF, UDGF et opérateurs privés à travers leurs groupements professionnels.

Promouvoir la valorisation des productions agricoles au profit des femmes rurales ___________________ Favoriser l’accès des femmes rurales aux emplois rémunérateurs

Campagnes de sensibilisation en direction des opérateurs économiques privés utilisant abondamment le salariat féminin du milieu rural (grandes fermes agropastorales, unités agroalimentaires, structures de commercialisation) ; soutien aux promoteurs désireux d’installer des entreprises agricoles/rurales génératrices d’emplois rémunérateurs pour les femmes.

Structures déconcentrées du MAEP, du MFPSS, du MFPTRA et du MICPE, des Associations de Développement , des professionnels de médias et des OPA, opérateurs du secteur privé, Services d’Etat, ONG et Projets intervenant dans les zones à risques

ou à faible potentiel.

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Renforcement des capacités d’action des femmes rurales

Renforcer les programmes d’éducation et de formation professionnelle des femmes rurales

Participation des femmes aux programmes d’alphabétisation, cadre de collaboration et d’appuis mutuels entre toutes les institutions qui s’investissent dans l’alphabétisation, formation professionnelle, conditions de formation, formation sur droits et devoirs, encourager les initiatives d’auto-emploi.

Projets et ONG, Direction Nationale de l’Alphabétisation et de l’Education des Adultes (DNAEA), DPLR, CARDER, programmes et projets du MAEP et autres institutions;

Encourager la scolarisation et la formation durable des filles en milieu rural

Renforcer les actions pour limiter la déperdition scolaire chez les filles ; promouvoir des structures de récupération ; encourager la mise en place de centres d’orientation des jeunes filles rurales déscolarisées et/ou diplômées sans emploi.

MAEP, avec les autres départements ministériels (enseignements, promotion de la famille), ONG

Orientation de la recherche et recherche-développement pour des solutions alternatives aux contraintes des agricultrices : expérimentations participatives sur cultures et autres productions, petit élevage et valorisation des productions (conservation, transformation) ; systèmes de production intégrés; diffusion d’informations Appui à la diffusion et l’adoption des acquis technologiques à travers des dispositifs de vulgarisation réellement accessibles aux femmes rurales: alternatives pour pallier l’insuffisance en vulgarisatrices; participation des femmes rurales au sein du dispositif à tous les niveaux (national, départemental, sous-préfectoral et villageois) selon des modalités à étudier au cas par cas.

Encourager le développement et le transfert des technologies appropriées en faveur des femmes

Réduction de la surcharge de travail des femmes rurales : outils simples et adaptés et formation aux techniques sommaires de maintenance des infrastructures, équipements et matériels.

Les systèmes de vulgarisation et de Recherche-Développement, ainsi que le Conseil National, les Comités départementaux et Sous-préfectoraux de vulgarisation ,ONG et/ou Bureaux d’étude institutions impliquées dans le Système National de la Recherche Agronomique (SNRA) et OP dont les GF, secteur privé

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Développer l’information et la communication en faveur des femmes rurales pour un changement social

Séances régulières d’informations et d’échanges de connaissances, plaidoyer, sensibilisation, réseaux traditionnels de communication, groupes d’écoute

Responsables des départements ministériels (notamment MAEP, MFPSS et MCTN), agents de développement à la base (CARDER, ONG, Projets, etc.), chefs traditionnels, autorités politico-administratives locales, OP et autres associations villageoises; professionnels des médias (ORTB, radios communautaires), leaders d’opinion, femmes rurales.

Renforcer les capacités d’organisation des femmes rurales et leur participation au sein des organisations paysannes et autres associations

Reconnaissance officielle des diverses associations féminines ou mixtes ; appui-conseils à la base pour la démocratie interne, la prise en compte des aspects liés au genre, la gestion transparente, la capacité de formulation et de mise en oeuvre de programmes basés sur l’équité; renforcement de la capacité de négociation et de représentation des membres féminins des Unions. Implication des femmes dans les organes de décision et de contrôle ; concertations inter-professionnelles et inter-réseaux pour lobbying et plaidoyer en faveur des femmes rurales.

MAEP (CARDER) et société civile, Unions et fédérations

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Développement d’un environnement institutionnel et juridique favorable

Assurer l’appui institutionnel requis pour rendre l’agriculture accessible, attrayante et rémunératrice pour les femmes rurales

Asseoir la légitimité institutionnelle de l’approche genre : concertations périodiques englobant toutes les structures concernées sur l’application de l’approche « genre » ; sensibilisation, information et formation des organismes d’appui publics et privés sur la situation de la femme rurale, procédures de planification et de traitement différenciés par sexe des données sur les activités agricoles et plaidoyer ; études pour actualiser et/ou renforcer la base de données.

Directions Techniques et structures déconcentrées du MAEP, structures publiques et privées d’appui au développement, Services d’Etat, ONG, projets en cours ou en formulation, ONG, OP faîtières, CAB, experts, médias de masse ou ciblés

Soutenir l’émergence politique des femmes rurales et leur participation aux prises de décision

Réflexions sur stratégies et appuis nécessaires pour faire participer la femme rurale au pouvoir local ; élargissement des campagnes d’information/sensibilisation et de plaidoyer visant une participation plus accrue des femmes rurales dans les instances de décision crées à différents niveaux.

MAEP et autres institutions (MFPSS, MISD ; MECCAGPD), ainsi qu’aux OP et aux ONG.

Apporter un appui à l’amélioration du statut juridique des femmes rurales

Révision du Code foncier rural et de la Législation Coopérative ; vulgarisation et plaidoyer pour l’application effective des dispositions du Code des personnes et de la famille ; sécurisation de l’accès des femmes à la terre. Relecture systématique des textes réglementaires régissant différents sous-secteurs de développement agricole et rural afin qu’ils tiennent compte des questions liées au « genre » là où cela apparaît nécessaire.

Commission nationale de la codification et de la législation, Association des femmes juristes du Bénin (AFJB), Commission nationale de promotion de la femme (CNPF et des points focaux), ONG

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VI - Leçons à tirer Cette section reprend les éléments dégagés à partir de l’analyse de situation effectuée, notamment en les situant dans la perspective du Plan d’action ‘Genre et développement’. Elle fournit en quelque sorte des pistes qui seront utiles pour orienter le processus d’élaboration du Plan d’action, notamment la recherche d’actions pertinentes en fonction de différentes options. Il ressort de cette analyse que : Au niveau des stratégies et autres instruments politiques • Les idées-forces sur lesquelles l'Etat béninois s’est centré, avec l'appui des partenaires au

développement, pour initier les divers programmes et projets du secteur au cours de cette dernière décennie, sont axées, entre autres, sur (1) la réduction de la pauvreté ; (2) la prise en compte des femmes rurales ; (3) le renforcement de la sécurité alimentaire ; (4) la conservation du patrimoine écologique.

• Les implications des nouvelles stratégies et politiques, du MAEP et autres secteurs (MFPSS, MECCAG-PD, MMEH, etc.), sont importantes en terme d'équité, notamment en ce qui concerne la situation des groupes défavorisés, dont les femmes rurales.

• Une étroite collaboration et communication entre les secteurs et les sous-secteurs est indispensable pour coordonner au mieux les actions et profiter des synergies possibles.

Au niveau des projets et des acteurs agissant en tant qu’intermédiaires entre le niveau stratégique et politique et le niveau du terrain (bénéficiaires ultimes des actions) • La prise en compte de la dimension genre dans les programmes et projets commence à faire son

chemin, mais n'a pas encore atteint le niveau souhaité. Toutefois, en raison du renouvellement du rôle de l’Etat et des nouveaux partenaires désormais impliqués dans les actions, le moment est propice pour rendre véritablement opérationnelle l’intégration du genre.

• En règle générale, les responsables rencontrés dans les sous-secteurs des ministères sont conscients de l’enjeu que représente l’intégration de la dimension ‘genre’. Toutefois, la question se pose de savoir si cette ‘sensibilité’ genre est présente à tous les niveaux du Ministère et si elle est réellement motivée par la reconnaissance de la femme en tant que partenaire actif et indispensable du développement. Des actions de sensibilisation, à tous les niveaux, restent encore à organiser pour garantir la mise en pratique des questions de genre dans les activités.

• Les agents de développement rencontrés, essentiellement les ONG, sont sensibilisés aux questions de genre.

• Beaucoup d'ONG et d'autres organismes d'appui s'investissent selon les domaines d'intervention variés pour une amélioration des conditions de vie et du statut social des couches défavorisées, mais leurs actions sont souvent ponctuelles et très limitées dans le temps et dans l'espace, en raison des contraintes et obstacles que constituent les pesanteurs socioculturelles, la surcharge de travail des femmes, la réticence des hommes, l'insuffisance de ressources, l'analphabétisme, etc.

• Il apparaît clairement que l'appui aux groupes vulnérables pour éviter leur paupérisation doit nécessairement s'inscrire dans une démarche "genre", en particulier pour ce qui concerne les mesures spéciales à prendre pour garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour tous.

• Il faut garantir que les couches vulnérables sont réellement informées des actions qui les concernent et impliquées à part entière dans les processus. La question de l’information est un point essentiel à traiter et un travail de longue haleine qui doit être poursuivi de façon continue.

• La nécessité s'impose d'impliquer davantage toutes les catégories sociales (hommes et femmes) pour une intégration plus large de la dimension "genre" et d'inscrire les actions dans le long terme.

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• La reconnaissance insuffisante du rôle des femmes passe souvent par la méconnaissance de la réalité : disposer de données fiables ventilées par sexe est essentiel et est une action importante qui touche tous les sous-secteurs du MAEP.

Une analyse des différentes actions et activités recensées dans les projets ayant une forte composante genre fait apparaître que quatre types d’action (dans leur sens le plus large) sont généralement préconisés, souvent mis en œuvre de façon complémentaire. Ces quatre domaines d’action sont les suivants : (i) information et communication ; (ii) formation ; (iii) mise en réseau ; (iv) recherche. On trouvera dans le tableau ci-après des détails non exhaustifs sur ces domaines d’action qui doivent être envisagés de façon souple. Par exemple, si l’on prend les aspects liés au suivi, ceux-ci requièrent des actions relevant des quatre domaines suivants : information, diffusion des données, indicateurs participatifs ; formation, à tous les niveaux, notamment sur le suivi participatif ; mise en réseau entre les niveaux d’organisation (terrain-intermédiaire-décideurs) et recherche d’outils et d’indicateurs appropriés pour le suivi et collecte des données. Ces quatre domaines d’action devraient faciliter l’élaboration du plan (des plans) sur le plan méthodologique, mais ils ne constituent en rien les axes du Plan d’action « Genre et développement » ou même les points d’ancrage spécifiques aux domaines sectoriels qui seront traités dans les autres Plans d’action. Ils doivent plutôt être considérés comme des repères sur lesquels s’interroger chaque fois que des actions ou groupes d’action sont programmés pour atteindre les objectifs fixés.

Domaines d’action Exemples de pistes d’action relevant de chaque domaine Information et Communication

Stratégie de communication, information des populations, en particulier les groupes vulnérables, dont les femmes, du personnel des projets et du Ministère; mise en place de systèmes de communication (internes et externes) ; campagnes d’information pour le grand public ; diffusion de données et information dans les deux sens sur les parties prenantes (femmes et hommes ruraux, médias, services techniques, etc.)

Formation Renforcement des capacités des populations et du personnel sur les questions de

genre, les méthodes participatives, la recherche-action. Autres formations : formation de formateurs, données ventilées par sexe, gestion des ressources humaines selon des critères intégrant la dimension du genre et les compétences ; gestion des projets/programmes, indicateurs de suivi/évaluation tenant compte du genre, formations techniques, etc.

Mise en réseau Constitution et/ou redynamisation des réseaux et dispositifs organisationnels

(locaux et nationaux) pour que les partenaires associés (secteur public, privé, société civile, bailleurs de fonds) bénéficient des expériences des uns et des autres ; renforcement du pouvoir de négociation et de décision (organisation faîtières, groupements féminins, etc.)

Recherche

Collecte d’informations quantitatives et qualitatives désagrégées selon le sexe ; traitement des informations dans une perspective de genre ; mise en place d’une base de données sur les questions de genre; analyse d’impact, élaboration d’indicateurs pour enquêtes, études des systèmes sociaux d’organisation