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Architecture du bâtiment La cité administrative de Tulle voit le jour dans les années 1970. Cette tour est révélatrice d’une certaine tendance architecturale marquée par une grande créativité, une évolution considérable des techniques de construction, et une volonté de traduire une idée de l’architecture en rapport avec les conceptions que ce siècle a pu se faire de la société. Cette architecture est à l’image de son siècle, avec ses élans et audaces, ses certitudes et ses illusions. Elle comporte de grandes réussites avec des perspectives nouvelles et des tentatives dont la rationalité ou l’esthétique nous paraissent aujourd’hui des voies sans issue … Si la construction de grands ensembles reste le fait le plus marquant pour caractériser cette période, l’affirmation de l’Etat dans le paysage se fait de façon verticale. Des villes chef-lieu de département se dotent ainsi, à l’image de Tulle, de tours administratives (à Bordeaux par exemple) La tendance n’est pas à la réhabilitation de bâtiments anciens ; on préfère partir de zéro avec des normes architecturales nouvelles. Ce n’est pas la période qui trouve le plus facilement grâce auprès du public. Pourtant, elle a vu des réalisations qui auront marqué l’histoire de la construction. Plus particulièrement, en ce qui concerne la cité administrative de Tulle : la construction étant placée en 1967 sous la responsabilité du ministère de la culture, apparaît alors la volonté d’aborder le sujet comme une création architecturale. La tour administrative de Tulle est une construction de panneaux en béton essentiellement préfabriqués. Elle est caractérisée par sa rationalité c’est-à-dire qu’il y a une adéquation entre la fonction et l’architecture. Tout concourt à accentuer la verticalité de la tour. La vue globale de la tour semble simple mais sa qualité tient du traitement minutieux des façades. Elle est conçue comme un signe de modernité et de présence affirmée de l’État dans l’espace. Elle est aussi l’une des œuvres les plus marquantes de la cité corrézienne; en effet, par sa monumentalité, elle modifie de façon quasi définitive le paysage tulliste. La tour administrative apparaît alors comme un pendant vertical au clocher de la cathédrale. Ainsi, il y a deux repères verticaux dans le chef-lieu de la Corrèze : un qui est le symbole de la vieille ville (quartier du Trech) et l’autre devait être le fondement de l’architecture de tout un quartier autour de la place Martial Brigouleix (projet finalement avorté). Jacques Sarrabezolles (1923-1991) : Architecte et urbaniste, il est le fils d’un sculpteur renommé, Carlo Sarrabezolles. Membre de la Société Française des Urbanistes, il est nommé en 1956 architecte ordinaire des bâtiments civils et des palais nationaux. Il va en devenir le chef par la suite et c’est à ce titre qu’il s’occupe de la construction de la cité administrative de Tulle. Il est responsable successivement de l’École Supérieure des Beaux-Arts, du palais du Louvre et des Tuileries. En tant qu’urbaniste, il est l’auteur de nombreux plans directeurs de villes du midi de la France et en tant qu’architecte, il construit des équipements publics, des hôtels, des ensembles de logement. Sa réalisation la plus importante reste la tour administrative de Tulle alors même qu’il souffrait de soucis de santé durant sa construction. A titre anecdotique, les réunions de concertation se tenaient dans la chambre de son appartement parisien. Ce qu’il faut retenir : Dans les années 60, la tendance architecturale est à la verticalité. Cette tendance aboutit à l’éclosion de nombreuses tours en France et à l’étranger. La tour de Tulle (90 mètres) est ainsi contemporaine de celles de Bretagne (130m) à Nantes et Montparnasse à Paris (210m) qui fut la plus haute tour de France pendant près de 20 ans. Cette architecture est à l’image du XXe siècle, avec ses élans et audaces, ses certitudes et ses illusions. Elle comporte de grandes réussites avec des perspectives nouvelles et des tentatives dont la rationalité ou l’esthétique nous paraissent aujourd’hui des voies sans issue … La tour de Tulle est une construction de panneaux en béton essentiellement préfabriqués. Elle est caractérisée par sa rationalité c’est-à-dire qu’il y a une adéquation entre la fonction et l’architecture. Tout concourt à accentuer sa verticalité. La vue globale de la tour semble simple mais sa qualité tient du traitement minutieux des façades. Elle est aussi l’une des œuvres les plus marquantes de la cité corrézienne. En effet, par sa monumentalité, elle modifie de façon irrémédiable le paysage tulliste. Nantes – Tour de Bretagne 130 mètres Tulle – Tour Jean Montalat 90 mètres Paris – Tour Montparnasse 210 mètres La cité administrative, une architecture particulière La cité administrative : vue d’en dessous, depuis la Corrèze (photo Agnès Gaudin – journal La Montagne)

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Architecture du bâtimentLa cité administrative de Tulle voit le jour dans les années 1970. Cette tour estrévélatrice d’une certaine tendance architecturale marquée par une grande créativité,une évolution considérable des techniques de construction, et une volonté de traduireune idée de l’architecture en rapport avec les conceptions que ce siècle a pu se faire dela société. Cette architecture est à l’image de son siècle, avec ses élans et audaces, sescertitudes et ses illusions. Elle comporte de grandes réussites avec des perspectivesnouvelles et des tentatives dont la rationalité ou l’esthétique nous paraissentaujourd’hui des voies sans issue …

Si la construction de grands ensembles reste le fait le plus marquant pour caractérisercette période, l’affirmation de l’Etat dans le paysage se fait de façon verticale. Desvilles chef-lieu de département se dotent ainsi, à l’image de Tulle, de toursadministratives (à Bordeaux par exemple) La tendance n’est pas à la réhabilitation debâtiments anciens ; on préfère partir de zéro avec des normes architecturalesnouvelles. Ce n’est pas la période qui trouve le plus facilement grâce auprès dupublic. Pourtant, elle a vu des réalisations qui auront marqué l’histoire de laconstruction.

Plus particulièrement, en ce qui concerne la cité administrative de Tulle : laconstruction étant placée en 1967 sous la responsabilité du ministère de la culture,apparaît alors la volonté d’aborder le sujet comme une création architecturale. La touradministrative de Tulle est une construction de panneaux en béton essentiellementpréfabriqués. Elle est caractérisée par sa rationalité c’est-à-dire qu’il y a uneadéquation entre la fonction et l’architecture. Tout concourt à accentuer la verticalitéde la tour. La vue globale de la tour semble simple mais sa qualité tient du traitementminutieux des façades. Elle est conçue comme un signe de modernité et de présenceaffirmée de l’État dans l’espace. Elle est aussi l’une des œuvres les plus marquantesde la cité corrézienne; en effet, par sa monumentalité, elle modifie de façon quasidéfinitive le paysage tulliste.La tour administrative apparaît alors comme un pendant vertical au clocher de lacathédrale. Ainsi, il y a deux repères verticaux dans le chef-lieu de la Corrèze : un quiest le symbole de la vieille ville (quartier du Trech) et l’autre devait être le fondementde l’architecture de tout un quartier autour de la place Martial Brigouleix (projetfinalement avorté).

Jacques Sarrabezolles (1923-1991) :

Architecte et urbaniste, il est le fils d’un sculpteur renommé, CarloSarrabezolles. Membre de la Société Française des Urbanistes, il est nommé en1956 architecte ordinaire des bâtiments civils et des palais nationaux. Il va endevenir le chef par la suite et c’est à ce titre qu’il s’occupe de la construction dela cité administrative de Tulle. Il est responsable successivement de l’ÉcoleSupérieure des Beaux-Arts, du palais du Louvre et des Tuileries.

En tant qu’urbaniste, il est l’auteur de nombreux plans directeurs de villes dumidi de la France et en tant qu’architecte, il construit des équipements publics,des hôtels, des ensembles de logement. Sa réalisation la plus importante reste latour administrative de Tulle alors même qu’il souffrait de soucis de santé durantsa construction. A titre anecdotique, les réunions de concertation se tenaientdans la chambre de son appartement parisien.

Ce qu’il faut retenir :

Dans les années 60, la tendance architecturale est à la verticalité. Cettetendance aboutit à l’éclosion de nombreuses tours en France et à l’étranger. Latour de Tulle (90 mètres) est ainsi contemporaine de celles de Bretagne (130m)à Nantes et Montparnasse à Paris (210m) qui fut la plus haute tour de Francependant près de 20 ans.

Cette architecture est à l’image du XXe siècle, avec ses élans et audaces, sescertitudes et ses illusions. Elle comporte de grandes réussites avec desperspectives nouvelles et des tentatives dont la rationalité ou l’esthétique nousparaissent aujourd’hui des voies sans issue …

La tour de Tulle est une construction de panneaux en béton essentiellementpréfabriqués. Elle est caractérisée par sa rationalité c’est-à-dire qu’il y a uneadéquation entre la fonction et l’architecture. Tout concourt à accentuer saverticalité. La vue globale de la tour semble simple mais sa qualité tient dutraitement minutieux des façades. Elle est aussi l’une des œuvres les plusmarquantes de la cité corrézienne. En effet, par sa monumentalité, elle modifiede façon irrémédiable le paysage tulliste.

Nantes – Tour de Bretagne130 mètres

Tulle – Tour Jean Montalat90 mètres

Paris – Tour Montparnasse210 mètres

La cité administrative, une architecture particulière

La cité administrative : vue d’en dessous, depuis la Corrèze (photo Agnès Gaudin – journal La Montagne)